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MODULE II: APPROCHE

SEQUENTIELLE DES PP
Introduction
Séance 2: analyse et conception de l’action
publique
• Analyse et conception des politiques
publiques
• Emergence des problèmes publics
• Formulation et adoption des politiques
publiques
Analyse et conception des politiques publiques
Qu’est-ce que l’analyse de politiques publiques (typologie) ?

Pour Michel Bellavance, il y a deux façons de voir l’analyse des PPP


• L’analyse prospective et prescriptive : est essentiellement une
analyse prospective c’est-à-dire orientée essentiellement vers la
production et la transformation des informations pertinentes en
vue de l’action (analyse perçue comme étant un outil).

• L’analyse rétrospective et empirique : type d’analyse qui vise la


production d’information après que certains choix ont été faits
et certaines actions réalisées. Son caractère empirique l’amène à
se préoccuper de vérifier le bienfondé des théories existantes, à
fondements disciplinaires la plupart du temps.
L’analyste de politiques et programmes
publics

• Son rôle
• Une typologie des analystes
• Les qualités d’un bon analyste
L’ANALYSTE : SON RÔLE
Selon Michèle Bellavance (1985) il y a trois types d’analystes dont la
nature du travail varie considérablement, mais tous sont concernés
par :
• La pertinence des décisions gouvernementales
• La qualité de la traduction des intentions politiques en
actions administratives
• Les résultats ou les effets de ces actions sur les clientèles
bénéficiaires, et de façon générale sur la société dans son
ensemble.
D’après Hogwood et Gunn (1984), il doit
• Identifier les modèles particuliers ou les ensembles
d’hypothèses qui influencent les différents acteurs
• Identifier les modèles de politiques pertinents.
Les trois types de Bellavance :
1. Analystes politiques
• Parsemés au sein des appareils politico-administratives (organismes
centraux, cabinets ministériels, ou à la périphérie)
• Centre d’intérêt : élaboration de politiques et programmes,
analyses de la rentabilité politique des décisions gouvernementales
2. Analystes plus spécialisés (professionnels ou techniques)
• Dispersés au sein de l’administration publique et parapublique
• centre d’intérêt : gestion des PPP (limitée à certains aspects
seulement), situent au sein des organismes administratifs.
Centraux, directions générales des ministres, directions des services
3. Analystes universitaires
• Se retrouvent à la périphérie des appareils administratifs :
universitaires ou membres des groupes ou firmes de consultants
• Ont des « spécialistés » différentes et leur approche de l’analyse
reflète le plus souvent leur biais disciplinaire
L’ANALYSE DES PP : GENESE ET SPECIFICITE
Questions choisies

Genèse et identité

Contribution des différentes disciplines,

Défis et difficultés
QUANT À LA GENESE

1. Policy Sciences
2. Policy analysis
3. La discipline aujourd’hui
1. Naissance dans les Policy sciences
Lerner et Lasswell, The Policy Sciences,
1951
- Articulation entre pratique et analyse
- Optique d’optimisation des ressources
publiques
- Visée d’amélioration des politiques publiques
par une rationalisation de l’action étatique
- Perspective économique et gestionnaire

NB. Au-delà des sciences sociales, ingénieurs, analystes des systèmes,


mathématiciens, etc., œuvrant surtout dans le secteur privé sont mis à contribution
2. Structuration dans la Policy Analysis

Une « bonne » décision est-elle nécessaire suivie


d’une action efficace ? C’est autour d’une double
critique que la policy analysis émerge. Elle porte
sur :
- Le postulat de la rationalité de la décision
- Le postulat d’une mise en œuvre
automatique des décision

Il faut comprendre pourquoi ça ne marche


pas toujours !
Structuration dans la Policy Analysis (suite)
L’analyse des politiques publiques s’interroge sur le
pourquoi, le comment et les effets de l’action étatique,
ce que les autorités pourraient faire avec ou sans
d’autres types d’acteurs dans une démarche de
coproduction
Plus largement,
- Pourquoi les politiques publiques sont-elles
mises en place?
- Comment les acteurs impliqués agissent-ils?
- Quels sont les effets de l’action publique?
- Comment les politiques publiques permettent
de connaître l’Etat
L’analyse des PPP aujourd’hui
L’analyse des PPP permet d’interroger le
développement de l’action publique en rapport avec
les mutations dans les formes étatiques. C’est à ce titre
que l’on peut rendre compte des changements dans les
types de politiques publiques. On peut voir ainsi que :
 L’Etat naît dans la monopolisation de la violence
physique légitime et des ressources fiscales
(Elias, 1975)?
 L’Etat se développe et étend son emprise sur la
société à travers l’avènement de l’Etat providence
 La crise de l’intervention publique donne lieu à
l’émergence de l’Etat régulateur
L’analyse des PPP aujourd’hui
L’évolution récente correspond également à une plus
grande attention portée, au-delà de l’action, sur les
producteurs de PPP appréhendées dans une double
perspective stratégique et cognitive

Elle reprend de plus en plus les interrogations de la


Sociologie politique en se situant dans les débats
contemporains sur les transformations des formes du
pouvoir politique et de sa légitimation

Elle donne lieu à un questionnement sur les modes de


régulation politique à partir de la notion de gouvernance
QUANT À L’IDENTITÉ

1. Phénomène social et politique


2. Phénomène empiriquement fondé
3. Phénomène analytiquement
construit

Pour Penser l’Etat en action…


… Au cœur d’un projet politique et scientifique
Evolution historique de l’analyse des politiques publiques

 Contribution des différentes disciplines


1. Apport de quelques disciplines
- Sociologie : démarche méthodologique
- Sciences cognitives: dimension symbolique et cognitive
- Economie : schéma explicatifs de la décision,
rationalité, régulation. (apport déterminant de
l’économie politique)
- Sociologie des organisations: organisations, acteurs,
stratégies, intérêts,
- Management public
- Science administrative
Contribution des différentes disciplines

Une science carrefour s’appuyant sur des savoirs


déjà existants

 Apport de la sociologie des organisations


 Apport de l’économie
 Apport des sciences cognitives
 Apport de la science administrative
 Apport du management public
Evolution historique de l’analyse des politiques publiques

 Défis et difficultés
1. Les défis
- Adapter les outils théoriques à des contextes non
marqués par le schéma de l’Etat wébérien
- Élaborer des outils permettant de suivre les
transformations au cœur de l’Etat (action de moins
en moins stato-centrée, et de plus en plus multi-
niveaux)
2. Les difficultés
- La sur-spécialisation
- Forte tendance à la monographie
- Dérive vers une expertise technique au service de l’action
La sélection et la construction des
problèmes publics: Les processus
d’émergence des politiques publiques
Patrick Hassenteufel – politiste
Comment une question devient-elle un
sujet de préoccupation politique ?
• Par un processus de mise en visibilité, plus ou
moins publicisé ou discret, auquel une
certaine diversité d’acteurs est susceptible de
contribuer.
• Le rôle de ces derniers dans la formulation des
problèmes a un impact décisif sur les
politiques publiques élaborées pour les
prendre en compte.
Agenda: Définition
• « l’ensemble des problèmes faisant l’objet
d’un traitement, sous quelque forme que ce
soit, de la part des autorités publiques et donc
susceptibles de faire l’objet d’une ou plusieurs
décisions » (Garraud,1990, p. 27),
La sélection des problèmes
• Avant de décider de mesures de politiques publiques, les autorités
publiques choisissent de traiter plutôt tels problèmes et de ne pas en
traiter tels autres,
• La compréhension des processus de sélection des problèmes constitue
donc le premier apport des analyses en termes de mise à l’agenda,
• D’où nécessité :
– de prendre en compte les logiques de mobilisation collective, de médiatisation
et de politisation,
– et d’élargir le spectre des acteurs aux mouvements sociaux, aux médias et aux
élus
• ces acteurs participe ainsi au cadrage de l’action publique, y compris
dans sa phase décisionnelle, en formulant et en construisant des
problèmes publics
La sélection des problèmes (suite)
Mais deux risques majeurs des analyses en
termes d’agenda existent:
• celui de la focalisation sur les dynamiques de
publicisation (en négligeant des formes de mise
sur agenda plus souterraines ou silencieuses)
• et celui de l’occultation des contraintes qui
pèsent sur les acteurs porteurs et constructeurs
de problèmes.
Selon Stephen Hilgartner et Charles Bosk (1988),
les autorités publiques ne peuvent pas mettre
sur agenda l’ensemble des problèmes car «
l’attention publique est une ressource rare, dont
l’allocation dépend de la compétition au sein
d’un système d’arènes publiques » (p. 55).
De ce fait, les « problèmes doivent lutter pour
• occuper un espace dans les arènes publiques.
Cette compétition est permanente ; [ils]
doivent à la fois lutter pour entrer et pour
Les dynamiques de prise en charge d’un
problème public
• La mobilisation ou modèle de mise sur agenda basé
sur la participation (Garraud, 1990):
– Le soutien de l’opinion publique est recherché afin de
faire pression sur l’État et de légitimer des revendications
– Recours aux relais afin de porter un problème au sein
d’arènes publiques : acteurs politiques, acteurs
économiques, personnalités scientifiques, porte-parole
d’associations ou de syndicats,journalistes, intellectuels,
vedettes de cinéma, de la musique ou du sport, autorités
morales et religieuses
Les dynamiques de prise en charge d’un
problème public (suite)
• La médiatisation
– La mise sur agenda d’un problème trouve souvent son origine
dans des faits auxquels la promotion médiatique donne une
forte audience.
– Même si parfois liée à la précédente, elle peut aussi avoir une
certaine autonomie et dépendre principalement des logiques
du champ médiatique :
• stratégies professionnelles, stratégies éditoriales, structure de
l’actualité
– Toutefois, les médias jouent le plus souvent un rôle de relais
par rapport à des problèmes portés par d’autres acteurs qu’un
rôle d’initiateur.
Les dynamiques de prise en charge d’un
problème public (suite)
• La politisation
– La mise sur agenda dépend aussi des bénéfices
politiques (électoraux,symboliques, stratégiques…)
attendus, mais ne s’y limite pas,
La politisation (suite)
– Selon le modèle de John Kingdon (1984):
• La mise sur agenda s’opère dans un contexte spécifique où
l’existence de trois types de flux indépendants déterminent
l’agenda des politiques publiques, à savoir:
– Le flux des problèmes (problem stream): ensemble des problèmes
attirant l’attention des autorités publiques
– Le flux des politiques publiques (policy stream): ensemble des
solutions d’action publique disponibles et susceptibles d’être
adoptées
– Le flux de la politique (political stream): l’opinion publique, les
forces politiques organisées (les partis politiques en particulier), le
pouvoir exécutif et la négociation collective.
Selon Kingdon,
• La mise sur agenda s’opère au moment de la conjonction de ces
trois flux, lorsqu’
« un problème est reconnu, [qu’]une solution est
développée et disponible au sein de la communauté des politiques
publiques, [qu’]un changement politique en fait le moment
adéquat pour un changement de politique et [que] les contraintes
potentielles ne sont pas trop fortes » (Kingdon, 1984, p. 174),
• Ce moment singulier est qualifié par J. Kingdon de « policy
window », traduit habituellement par l’expression « fenêtre
d’opportunité politique ».
• Ainsi ce sont moins les propriétés intrinsèques d’un
problème (sa gravité, le nombre de personnes
concernées, son urgence…) que sa mise en visibilité
par différents acteurs (à travers des mouvements
sociaux, des médias, des experts…), les ressources de
ceux qui le portent et le relaient, les réponses
disponibles en termes d’action publique et son
adéquation avec des valeurs dominantes dans une
société donnée et à un moment donné qui expliquent
sa mise sur agenda par des autorités publiques
La construction des problèmes publics
• Aucun problème n’est intrinsèquement public, du
fait de propriétés spécifiques.
• Il n’existe pas de seuil objectif, mesurable, à partir
duquel un problème devient un sujet de
préoccupations collectives.
• Les problèmes sont le fruit d’un travail d’étiquetage,
de labellisation accompli par des acteurs collectifs
(que H. Becker qualifie d’« entrepreneurs moraux
»), dans le cadre d’un processus politique.
La construction des problèmes publics :
les étapes
• La mobilisation des acteurs sociaux afin de construire un
problème en problème public
• Le processus de publicisation
• Inspiration du modèle ternaire développé par William
Felstiner, Richard Abel et Austin Sarat (1980-1981) pour
décrire l’émergence et la transformation des litiges, à savoir:
– Naming ou la prise de conscience et la désignation d’un problème
– Blaming ou la transformation d’une expérience offensante en grief
(attribution de cette offense par une ou plusieurs pers à un autre ind
ou groupe)
– Claiming ou formulation d’une revendication, d’une demande auprès
des autorites publiques
La construction des problèmes publics :
les étapes (suite)
Modèle aisément adapté à la construction des problèmes
publics en distinguant les trois phases suivantes :
• phase 1 : la formulation du problème en problème public.
Autrement dit, la construction intellectuelle d’un problème
individuel en problème collectif ;
• phase 2 : l’imputation de responsabilité du problème,
c’est-à-dire la désignation des causes collectives du
problème
• phase 3 : l’expression d’une demande auprès d’autorités
publiques, qui correspond, au sens propre, à la
publicisation du problème
Les mises sur agenda silencieuses et
contraintes
Le modèle silencieux
• Il existe des modèles de mise sur agenda que Philippe Garraud
(1990) qualifie de « silencieux » :
• la controverse publique est quasi inexistante, la médiatisation
faible et les actions visibles très limitées
• Dans certains cas, le rôle moteur appartient aux autorités
publiques, les structures d’expertise auprès des ministères jouant
un rôle central
• L’initiative gouvernementale est décisive : c’est elle qui rend le
problème visible
• En revanche, la médiatisation est faible, la politisation également,
et la mobilisation est absente
• L’initiative peut aussi appartenir à un groupe
organisé bénéficiant d’un accès privilégié aux
autorités publiques
• Le huis clos est recherché par les acteurs
concernés
• Ces deux aspects à savoir, les initiatives
administratives et le rôle de lobby) peuvent
être liés
Le modèle contraint
• la mise sur agenda n’est pas forcément
directement liée à l’intervention d’acteurs
• Elle peut être contrainte, car non maîtrisée
par les acteurs habituels de la publicisation de
problèmes
• Elle est parfois liée à des décisions judiciaires
Les types d’émergence/mise sur agenda
(Boussaguet 2008)

• Par la mobilisation
• Par l’offre politique
• Instantanée
• Par anticipation
• captée
Formulation et adoption des politiques
publiques

Plan de la discussion
1. La formulation: notions, processus, outils

2. Les enjeux de la formulation

3. L’adoption et la légitimation des options retenues

4. Échanges autour du contexte camerounais de formulation et

d’adoption des politiques publiques


Éléments notionnels
Qu’est-ce que la formulation?
« Il y a formulation d'une politique quand des mesures visant à
réguler les situations mises à l'agenda sont élaborées puis
finalement adoptées par l'instance compétente en ce domaine.  »
(Lemieux, 1994)

La formulation d’une politique implique la définition des objectifs


de cette politique et la sélection des instruments les plus
appropriés, et de leur configuration. (Hall, 1994)

Couplage (« serrée ») du courant des politiques et du courant des


solutions
Processus de formulation
1. Décider des questions prioritaires à traiter
dans le cadre d’une politique donnée;
2. Identifier les options politiques pour
répondre aux priorités retenues:
a) Définir les options alternatives
b) Évaluer les options alternatives
3. Prendre une décision
c) Les critères d’une « bonne décision »
Le choix des questions prioritaires: un processus
inclusif
Niveau de concertation Qui? Quoi? Comment?

National/sectoriel Entre le ministère Identification des Groupes de


sectoriel et: principaux enjeux, travail,
-Les partenaires sociaux options politiques, ateliers
(syndicats, organisations validation des priorités tripartites,
d’employeurs) et du retenues et mode de conférences
secteur privé; mise en œuvre de ces tripartites.
-Les autres ministres priorités.
sectoriels: ministères
transversaux (Economie
et Finances, planification)
ou ayant un enjeu dans la
politique;
- des groupes de la
société civile; des
groupes d’intérêt
Le choix des questions prioritaires: un
processus inclusif
Niveau de Qui? Quoi? Comment?
concertation
Régional Entre le ministère Identification des Ateliers,
sectoriel et: principaux enjeux, discussions
-Ses antennes validation des thématiques
régionales; priorités de groupe.
-Les partenaires retenues et mode
sociaux et privés de
régionaux; mise en œuvre de
-Instances ces
gouvernementales priorités
décentralisées
ayant un enjeu;
-Groupes de la
société civile; des
groupes d’intérêt
Le choix des questions prioritaires: un
processus inclusif
Niveau de Qui? Quoi? Comment?
concertation
Local Animation par les Identification des Réunions de
antennes régionales principaux enjeux, village,
du validation des discussions
ministère sectoriel priorités thématiques
impliquant retenues et mode de de groupe,
les communautés mise en œuvre de ces entretiens.
locales, des ONG priorités.
actives
au niveau local, des
responsables de
projets spécifiques
ayant un impact sur le
problème, les
bénéficiaires
(individus).
Considérations sur le processus
« inclusif »
1. Complexité et fragmentation du contexte institutionnel
camerounais:
- Multiplicité des acteurs: niveau national (pluralité d’acteurs
ministériels et de niveaux d’organisation hiérarchiques,
multiplication de structures ministérielles ou étatiques
transversales); niveau régional (autorités centralisées et CTD);
niveau local (prolifération d’ONG et d’associations de la société
civile); niveau international (multiplicité de bailleurs de fonds)
- Multiplicité des intérêts et complexification du processus
décisionnel
Considérations sur le processus
« inclusif »
• 2. Technicité et complexité de l’enjeu comme facteur
structurant les modalités et le niveau d’inclusion. Exemple:
politique étrangère, politique de défense, politique minière.
• 3. Superposition thématique: thématique de la gouvernance
transversale et incluse de facto à la majorité des Programmes
de politiques publiques.
• 4. Fonction intégratrice des politiques publiques: style et
niveau d’inclusion révélateurs du style de gouvernance d’un
pays, de la base de légitimité des décideurs publics et de l’état
du contrat social.
Identifier des solutions: définir des
alternatives
Les sources des alternatives:
- Les expériences issues d’autres contextes (pays, régions,
communautés locales ayant rencontré des problèmes
similaires)
- Le passé
- Les points de vue adverses: opposants à la politique, etc.
- La grille « dégressive »: définir l’idéal de la politique puis
appliquer les différentes contraintes (politiques, économiques,
sociales)
- Études exploratoires, revues de la littérature,
« brainstorming », consultations d’experts, etc.
Identifier des solutions: évaluer les
alternatives
Quelques outils analytiques:
- Analyse coût/bénéfices
- Analyse des risques
- Analyse de l’impact environnemental
Prendre une décision: la « soupe primitive »
de Kingdon, 1984 ; P.123
« Plusieurs idées sont possibles. Certaines idées deviennent
prééminentes puis pâlissent. Il y a un long processus
d’affinement : des idées sont flottantes, des projets de loi
déposés, des discours prononcés, des propositions ébauchées,
amendées en réponse aux réactions, puis laissées flottantes. Des
idées se confrontent les unes avec les autres et se combinent les
unes avec les autres, de façon variée. La « soupe » change non
seulement à travers l’apparition de nouveaux éléments, mais
encore plus par la recombinaison des éléments existant
précédemment. Alors que plusieurs idées flottent dans cette
« soupe primitive »,…, celles qui survivent satisfont certains
critères…
Prendre une décision: Les critères d’une
« bonne décision »
Les critères de survie: (Prédictions sur les alternatives
"gagnantes" Kingdon 84 : 138 – 146):
• Faisabilité technique (critère technique, critère administratif)
• Acceptation par la communauté des spécialistes des valeurs
qu'elle véhicule (critère technique, critère normatif)
• Coûts tolérables (critère économique)
• Adhésion anticipée du public (critère social, critère d’équité)
• Chance raisonnable d'être reçu par la population et
adéquation avec le contexte social (critère politique)
Les enjeux de la formulation: que nous

enseigne la formulation pour l’APP?
Rompre avec l’unicité de l’ Etat: idée selon laquelle loin d’être un bloc, un
monolithe agissant de manière uniforme, l’Etat renvoie à une multiplicité de
ramifications, de secteurs de régulations institués et organisés, chacun ayant sa
rationalité et sa logique propre. Parallèle entre division du travail gouvernemental
et division du travail social.
 Rompre avec le fétichisme de la décision: idée selon laquelle une décision
n’est pas l’apanage d’un acteur bien identifié et isolé; elle ne correspond de même
pas à un moment particulier. La décision traverse tout le processus des PP, à partir
du moment où on décide de l’inscription d’un problème spécifique à l’agenda, on
choisit de lui donner une orientation: nommer, c’est choisir; choisir, c’est décider;
décider, c’est justifier. La décision correspond à une série de micro décisions.
 La dimension instituante des politiques publiques: idée selon laquelle les
politiques publiques assurent la cohésion et l’intégration horizontale des ministères
ou organisations publiques à travers un référentiel commun.
Les enjeux de la formulation: les acteurs
concernés (Walt et Gilson, 1994)
Intervenants Rôle

Technocrates Connaissances

Bureaucrates Institutions

Groupes d’intérêt Représentation

Politiciens Pouvoir

Bailleurs de fonds Influence


Les enjeux de la formulation: le
problème de la rationalité
• Est-ce que l’action de l’Etat est rationnelle?
Une politique publique est-elle le produit d’un
processus rationnel?
• Solutions théoriques:
– La rationalité pure et parfaite
– La rationalité limitée et l’incrémentalisme
– Le modèle de la poubelle
La rationalité pure et parfaite du décideur
public
Origines: modèle de l’homo economicus et
modèle de la rationalité bureaucratique
Caractéristiques:
Connaissance parfaite de l’information au moment du choix, ce qui
nourrit un critère objectif de choix
 Les préférences sont explicites, non-ambigües et stables
 Les choix possibles sont connus et maîtrisables (= l’administration
sait ce qu’elle veut)
Le comportement du décideur s’apparente à celui d’un pur intellect
(mettre de côté ses pulsions et ses
affects)
La rationalité limitée (H. Simon) et
l’incrémentalisme (C. Lindblom)
• Limites de la rationalité humaine:
• La connaissance a une nature incomplète et fragmentée;
• Il est difficile de connaître les conséquences des décisions à l’avance;
• L’attention est limitée: les problèmes sont traités de manière sériée (un à la
fois); il est impossible à un décideur d’avoir une vue large de tous les
paramètres possibles et de les évaluer au même moment;
• Limites cognitives de l’être humain: mémoire limitée, limite des capacités
d’apprentissage
• Limites de l’action et de l’initiative qui sont contraintes par la configuration
de l’environnement
• Distinction entre « choix satisfaisant » (satisficing) et maximisation
(maximization)
L’incrémentalisme ou la science de la
« débrouillardise »
1. Les politiques publiques évoluent le plus souvent de
façon graduelle, et par un mécanisme de « petits pas »;
2. Les décideurs publics réalisent généralement des
changements de l’action publique qui ne modifient que
de façon marginale la situation en cours ou le statu
quo;
3. Une décision est juste si elle arrive à susciter un
consensus entre plusieurs acteurs;
4. L’analyse en termes de moyens à employer et de
résultats à obtenir n’est pas réellement praticable.
FORMULATION : CINQ ILLUSIONS (Mintzberg
1980)
 
• Un processus statique
• L'analyse peut contenir toutes les données
pertinentes
• L'analyse est un processus objectif et amoral
• L'analyse s'adapte à tous les types
d'organisation
• L'approche convient aux contraintes de
l'ébauche des stratégies
Le modèle de la poubelle et la figure de
l’anarchie organisée: March et Cohen
(1972)
• Le processus décisionnel est marqué par une triple ambigüité:
«celles des préférences des acteurs, ce qui a pour conséquence essentielle que l’action
tend à précéder la formation des préférences; celle affectant la technologie, ou,
dans une formulation plus abstraite, les processus de transformation des inputs en
outputs, ce qui a pour conséquence l’ambigüité des résultats qui ne peuvent être
évalués facilement; enfin, une faible structuration des processus de décision
entraînant l’ambigüité des appartenances des acteurs (l’entrée ou la sortie sont
faciles) et des pertinences des problèmes (il est relativement facile d’introduire de
nouveaux problèmes dans le processus en les liant à ceux déjà en discussion) et des
solutions (il est relativement facile de «charger» le processus de décision par de
nouvelles solutions en faisant apparaître leur pertinence pour les problèmes en
discussion).» (Friedberg, ibid., p. 282).
• La prise de décision est irrationnelle.
Outils pratiques de l’analyste des PP: phase de la formulation

1.Identifier le critère central de la décision (quel est le facteur le plus important dans la définition
des solutions?)
2.Identifier quels types d’instruments et d’interventions publics peuvent être appliqués: taxation,
dépenses, éducation, sanctions, incitations, persuasion morale, etc.
3.Apprendre à faire face à l’incertitude, notamment des données actuelles et passées; assister le
décideur politique dans ce cas;
4.Éviter l’approche du « One Best way »: multiplier les outils et stratégies d’analyse;
5.Être conscient du manque inévitable de données et de connaissances précises sur l’ensemble
des processus en jeu;
6.Explorer les implications des options politiques;
7.Visualiser et matérialiser le problème: à l’aide de tableaux, de cartes, de chartes, de données
statistiques;
8.Apprenez à anticiper les objections des opposants;
9.Faire des hypothèses explicites, simples, transparentes, mais rigoureuses;
10.
Tenir compte des limites de temps et de coûts: prévoir des marges de prévision relativement à
ces deux éléments. Soyez innovants.

Inspiré de Hogwood et Gunn chap. 8, mais adapté.


Adoption des Politiques Publiques :
Processus
• L’adoption, c’est quoi ?
• C’est la phase décisionnelle, c’est –à-dire:
◦ Phase de légitimation du ou des choix
gouvernementaux ;
◦ Processus d’interaction sociale ;
◦ Prolongement de la phase de formulation,
notamment en ce qui concerne la validation
du contenu des politiques
Adoption des Politiques Publiques :
Processus
• Les acteurs :

◦ Intéressés :
- partis politiques (au pouvoir ou dans
l’opposition),
- groupes d’intérêt,
- Elites,
- opinion publique,
- Etc.
Adoption des Politiques Publiques :
processus (suite)
• Les acteurs (suite) :
– Responsables : PR, PM, Ministres,
Conseillers, Directeurs, etc…
– Agents : administrateurs, juristes,
économistes, autres fonctionnaires, etc…
– Particuliers : votants, éventuellement en cas
de référendum
Adoption des Politiques Publiques :
processus (suite)
• Les options (voies) d’adoption et de sanction
:
◦ La voie parlementaire ou législative (en plénière,
en Comités ou en Commissions) : Lois ;
◦ La voie gouvernementale (Cabinet du PR ou du
PM, Conseil des Ministres) : par Ordonnance,
Décrets ;
◦ La voie administrative : Règlement, politiques ou
procédures administratives ;
◦ La voie internationale (cas des politiques de
coopération impliquant les Bailleurs de Fonds )
Adoption des Politiques Publiques :
processus (suite)

• Les arrangements institutionnels :


– En régime parlementaire : rôle prépondérant du
Parlement, mais influence du Parti au pouvoir (discipline
ou Parti) qui peut tout avoir ;
– En régime présidentiel (séparation des pouvoirs) : rôle
du Chef de l’Exécutif (PR) vs rôle et impact des
Commissions Spécialisées du Parlement sur le Contenu
des politiques, nécessité de formation et de constitution
de majorités numériques au Parlement (Congrès)
Adoption des Politiques Publiques : processus (suite)

• Les arrangements institutionnels (suite) :


– Régime présidentialiste : prépondérance de l’Exécutif
(PR, PM) qui élabore les projets de loi, légifère par
ordonnance et prend les Décrets ;
– Mi-parlementaire ou Mi-présidentiel

• Les règles d’adoption et leur paradoxes ;


– Promulgation des lois par le PR après adoption par les
législateurs ;
– Sanction par ordonnance ou par Décret ;
– Usage du Droit de Veto, Exigence des 2/3 ;
Adoption des Politiques Publiques :
processus (suite)
• Le marchandage politique ou Logrolling
– En vue du couplage des courants de politique
et de solutions ;
– Négociations, compétition, persuasion ;
– Compromission entre groupes d’intérêts et
gouvernement/administration, entre le PR et
le Congrès/Parlement, entre parties politique
;
– Compromis dans le cas des gouvernements
minoritaires en régime parlementaire.
Adoption des Politiques : cas du Cameroun

• Contexte camerounais: décrivez et analysez le


contexte de formulation et d’adoption
– Identifier les Acteurs dominants (individuels ou
organisationnels) ;
– Énumérer les Options ou voies d’adoption;
– Décrire les règles d’adoption ;
– Que vous inspire ce contexte?
Merci de votre aimable
attention

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