6 MASARD. ORDRE ET FINALITA
pour cette raison que l'on a tant discuté depuis les
's mémes de la philosophie sur le grand probléme
que se posent depuis toujours les hommes : la recherche
par analogie de Ja cause premigre du cosmos.
IHL. Les finalistes classiques —
leurs arguments - la théorie
synthétique de l’évolution
DD) #v%s longtemps, certains philosophes ou biologis-
tes admirant les perfections de
‘évolution au cours des ages en agissant sur
les séries causales qui ont entrainé son développement.
Elle aurait done perturbé la chaine déterminée des causes
rappelonsle, en Vabsence d’action
ou 1a des « coups de
pouce >, Les t soutent ces theses sont des
fis Je courant auquel ils se
rattachent de « finalisme classique ».
On peut penser que la théorie synthétique de l’évo-
na rendu caduque cette position. Certes la théorie6 HASARD, ORDRE ET FINALITE
synthétique n'est qu’une théorie,
se aux vicissitudes de
majorité des spé
elle risque d°étre soumi-
Ja grande
du développement des espices,-et que ses fondements ne
seront pas perturbés mais seulement complétés par les
découvertes ultéricures de la science. C’est done par rap-
port aux données de la théorie synthétique que nous al-
ons critiquer les arguments des finalistes, en considérant
que ces données sont suffisamment solides pour que cet-
des arguments des finalistes et la
complexité non moins grande des réponses nécessitent un
assez long développement. Nous allons . schématiser
@'abord les arguments des « fina assiques > et en-
ique.
A, LES ARGUMENTS DES FINALISTES
Les premi
fi
stes — les plus anci
tes, d'autres seulement
fendaient que la cellule vivante ne po
pas vivre par le seul jeu de forces physico-chimiques, que
le fone assuré par une sorte de
« psyché » élémentaire qui n’appartenait pas au domaine
de la science. Dans cette o}
EN sroLoGiE C)
ment plus. aujourd’h
tionniste. Tl nous a semblé inutile de tenir compte de ces
auteurs dans la discussion des arguments des finalistes.
Les finalistes classiques, ceux de.ces demnitres dé-
cennies, s/appuient sur des arguments et des obser
plus architecturés et beaucoup plus di
Certains de ces arguments, du
puis les origines mémes de la philosophie,
616 formulés de-
oA se rapporte & Ia constitu.
tion des organes complexes. L’existence de V'ceil empé-
chait, diton, Darwin de dormir. Qui de nous ne s'est
x appareil ? Et
jouter qu’ll ne peut
ion non moins com-
sont associées,
La deuxitme observation concerne les organes coap-
‘és, Elle a €t6 particulitrement analysée par Cuénot,
tamment dans son ouvrage de 1941 :
en biologie.
complexe, il faut
nner que grace a la structure
plexe des cellules eérébrales qui
exemple le plus classi des boutons-
sectes. Chez, certains insectes, les hémély-
fachés au thorax par un petit appareil que
Yon peut comparer, écrit Cuénot, au bouton-pressi
é en 1886 par un fabricant de gants de Grenoble. En
¥ a, d’un c6té, sur Je mésoép:
saillant recouvert d’une70 ASARD, ORDRE EP FINALITE
frottement dans une loge creusée visiblement pour lui sur
la face inférieure de I'hémélytre. Le bouton et 1a loge
sont garnis sur toute leur surface d’un pavage écailleux
qui renforce I'adhérence des deux organes. Qui plus est,
écrit Cuénot, « quand on les sépare l'un de l'autre par
une traction convenable, on entend un petit claquement
caractéristique, exactement comme celui que V'on produit
en défaisant un bouton de gant »
Aprés avoir Jonguement décrit ces organes, il con-
clut de ces observations :
Je pense que si les pages précédentes laissent
une impression dans I'esprit, celle-ci ne peut
Gre que défavorable A une explication par le
hasard tout court ou le hasard dirigé par la
sélection ; les quelques organes que j'ai exa-
minés (j‘aurais pu multiplier les exemples)
sont trop compliqués, trop bien organisés, trop
efficaces, pour étre Vceuvre du hasard put
n’étant pas indispensables, loin de Ia, ef ne
pouvant fonctionner que dans leur état parfait,
ils n’ont pu donner prétexte & un choix sélectif.
Mls nous apparaissent comme des ceuvres d’ar-
oursuivant un but, et Je réalisant par
fon ; c'est V'examen des plus petits
feits pour une fonction, qui prouve
leur finalité : un piquant droit qui s'acoroche
a des barbelures (Bidens) ; un poil courbe sur
lequel doit étre enfilé un morceau d’Algue a
des barbelures écailleuses (crabes qui s*habil-
lent) ; des rapes ou des pavages revétent des
surfaces qui frottent ou s'engrénent (pattes des
Pagures, coaptation d’ailes), etc.
SN BIOLocLE
Lioutil ou Ia coaptation est contentt en puis
sance dans I'ceuf fécondé qui donnera nais-
sance & un organisme, exactement comme les
autres organes, les instincts, le chimisme per-
sonnel, Ia couleur des cheveux et des yeux,
etc, C'est un prodige étonnant que ces innom:
brables détails soient en dépét a I’état potentiel
dans cette cellule, de structure apparemment
assez simple, mais cela ne nous étonne plus.
1 a fallu & un moment donné qu'il y ait eu
dans la cellule germinale quelques changements
préludant a Tinvention d'une nouveauté; si
cette modification n'est pas déterminée par le
dehors, c’esta-dire par un hasard quelconque,
elle ne peut I’étre que par le dedans, Nous en
arrivons done & une conception que l'on quali-
fiera probablement de mythique, en attribuant
4 Ia cellule germinale une sorte d'intelligence
combinatrice, un pouvoir immanent équivalent
4 Tintentionnalité qui se trouve & la base de
Youtil humain, répondant au besoin par une
création non pas parfaite, mais fonctionnelle
du premier coup ; la cellule, dit Von Uexhiill,
n’est pas une machine, mais un machiniste.
Comment ne seraiton pas tenté par cette hy-
pothése, quand on constate T'identité entre Ia
production humaine et celle de Ia Nature ? En
quoi Ie filet-pige d’une larve d’Hydropsychide,
tendu dans l'eau courante, et celui d'une Arai.
anée, tendu dans Yair, différentils du filet des
pécheurs et des chasseurs ? Un cristallin, par
sa forme et sa parfaite transparence, n'estil
pas identique a Ja Ientille biconvexe d'une
loupe ou d’un appareil photographique ? L’ai-