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Max DUFOUR - KAY
Venez découvrir ce nouvel Ebook de ce romancier de l'étrange sur le site des éditions Wood - Ebook - Paper.
212 pages d'aventures aux frontière du monde réél... à lire absolument !!!
Le plein de plaisirs pour un tout petit prix !!!
http://woodebookpaper.com
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Ce livre est une oeuvre de fiction. Les noms, les personnages,
les lieux et les événements sont le fruit de l’imagination de l’auteur et toute ressemblance avec des personnes réelles, vivantes ou mortes, serait pure coïncidence.
Infographie: Christine Villeneuve
1er lecteur: Claude Therrien
Max Dufour 2010. Tous droits réservés.
Les éditions du «TREIZE» Lac St-Paul, Québec J0W 1K0 christine.villeneuve@xplornet.com
ISBN: 978-2-9811658-0-0
Dépôt légal 1er trimestre 2010
Bibliothèques nationales du Québec et du Canada. Pour vous donner l’envie … Un premier extrait …
- Moi…? Moi? C’est… c’est Kay. Kay Lemmon.
Elle se tourne vers moi, elle a retrouvé son sourire qui m’enveloppe tel un gant de satin qui s’enroule et s’empare de mon cœur. Je suis subjugué par son innocence teintée d’une appa- rente fragilité. Sensation fugace, je pense avoir rêvé tant cela a été vite, mais j’ai ressenti un élan de tristesse qui a fait déferler un torrent de glace dans mes veines. Je ne sais pas si mes copains l’ont remarqué, perdus qu’ils sont dans leur brouillard alcoolisé, mais moi, j’en suis presque sûr. Le climat est à la rigolade, les plaisanteries défilent les unes après les autres, quelquefois cochonnes et accompagnées de rires grasseyants, mais ça ne semble pas gêner notre passagère qui participe volontiers à la gaieté générale. - Et tu vas où, comme ça, cocotte? Voir ton p’tit copain? À nouveau, l’air triste qui disparaît aussi vite qu’il est apparu. - Non! Je n’ai plus de petit copain. Sylvain tente une timide approche, mais je le vois qui retire sa main brusquement, comme s’il s’était brûlé, et se rencogne au fond de son dossier. Pourtant, Kay n’a pas eu de mouvement de recul, ne l’a pas repoussé. Il se met subitement à faire froid dans l’auto, comme si l’un de nous avait ouvert une vitre. La jeune femme s’assied au bord de la banquette, pose un bras sur chacun des sièges avant, se penche, fixant la route avec des yeux immenses. Sa proximité me trouble, et n’eut été l’appareil que j’ai dans les mains, j’aurais osé effleurer cette peau que je devine si douce. Elle est silencieuse puis: - c’est là, à cent mètres… La voix de Jacques marque de l’étonnement, il n’y a rien, en tout cas pas avant une trentaine de kilomètres! - Y a rien, là! Juste des arbres et aucune baraque! - Si, si, regarde! C’est là. C’est là que je suis morte il y a exactement vingt ans!
Sous l’effet de la surprise, Jacques donne
un grand coup de volant. La seconde qui suit, la voiture mord le bas côté et part en dérapage brutal, l’arrière heurte un arbre qui nous repousse de l’autre côté de la route. Je n’ai pas le temps de me raccrocher à quoi que ce soit, c’est la chute sur le côté, puis la glissade sur le toit dans un hurlement de tôles maltraitées. Étincelles du métal sur l’asphalte, les rochers. Dégringolade vertigineuse qui m’amène le cœur au bord des lèvres, sensation identique à celle ressentie dans les montagnes russes. Je reçois une pluie de verre cassé qui me déchire le visage et les mains avec lesquelles je tente désespérément de me protéger. Je suis catapulté contre le tableau de bord, le montant de pare-brise vient à la rencontre de ma tête, explosion brutale de lumières sous mes paupières fermées. Je n’ai que le temps de penser que je vais mourir, puis c’est le trou noir… Puis un second …
La cerise sur le gâteau tient au fait qu’il va nous
falloir parler de fantômes. C’est là que cela va se compliquer sérieusement, car je ne suis pas sûr du tout que la police soit prête à entendre notre histoire ! Je ne peux être coupable et directement impliqué, compte tenu de mon âge au moment des évènements, mais je peux très bien tenter de protéger quelqu’un. La seule chose qui infirme cette théorie, c’est que c’est moi qui ai, dirons-nous, rouvert l’affaire. Rien ne me dit, par contre, que Tetrault ne m’ait pas manipulé pour se couvrir, car sitôt après notre rencontre, je ramenais le projecteur de l’actualité en plein sur une disparition dont il avait été suspecté. J’ai peut-être après tout sous-estimé l’individu, surtout s’il est aux abois ! Pas besoin de me faire un dessin, je suis, et Amélie aussi par ma faute, dans les problèmes jusqu’au cou ! Pour l’heure, j’ignore totalement ce que cela peut me valoir. Ce que je sais, en revanche, c’est que je ne recevrai certainement pas de roses, mais les épines, peut-être ? Ils ont dû se tromper, nos deux flics, Lallois ne nous attend pas, c’est nous qui l’attendons ! Et un très long moment, en plus ! La gorge serrée, nous n’osons pas converser. Je vois, à la tête qu’elle fait, que la douce Amélie en a ras le pompon de cette histoire qui commence à lui coûter cher. Elle est au bord de lâcher la rampe et de m’envoyer promener comme elle l’a fait après la mort de mon frère. Je ne saurais lui en vouloir, même si cela me fait un peu peur. Il est plus de 18 heures quand notre inspecteur préféré montre, enfin, le bout de son nez. Le moins qu’on en puisse dire est qu’il a l’air de très mauvaise humeur. Ça n’augure pas bien pour la suite des opérations. Il traverse à grands pas le hall où nous attendons et, sans s’arrêter, nous fait signe de le suivre d’un doigt impérieux. Il s’efface, nous maintenant la porte ouverte. J’exagère quelque peu mes difficultés de déplacement, espérant intérieurement que, peut-être, il me prendra un peu en pitié. Des clous! Il a un regard glacial. Il nous indique, toujours en silence, deux mauvaises chaises. Il enlève son manteau et le dépose soigneusement dans le placard puis contourne son bureau et s’installe posément dans son fauteuil. Les coudes appuyés sur le bord de la table de travail, les poings sous le menton, il nous regarde tour à tour, d’un air pensif. Je suis liquéfié et muet comme une carpe. J’attends la chute du couperet qu’il laisse tomber, d’un air blasé. - Entrave à la justice, dissimulation de preuves (il compte sur ses doigts) je pourrais sûrement trouver autre chose… et comptez sur moi, je n’en ai pas fini avec vous ! -… - Figurez-vous que je savais, intuition de flic, M. Lay, que vous me dissimuliez quelque chose. J’ai réfléchi très souvent à votre accident depuis que le dossier est ouvert. Quoique banal accident, ayant tout de même tué deux personnes, soit dit en passant, je n’ai pas fermé le dossier. Je ne vous trouvais pas… pardon, je ne vous trouve pas franc du collier ! Il débite son laïus d’une voix très basse, presque un murmure : - Ce qui m’a intrigué, c’est votre histoire de jeune femme vous accompagnant. J’ai renvoyé une équipe sur les lieux du crash, rien. J’ai fait passer la Buick de M. Amiot au peigne fin, jusqu’aux empreintes, figurez-vous! Toujours rien ! J’ai manqué un tant soit peu de jugement en vous autorisant à aller voir l’épave avant. Je crois que vous en avez profité pour faire disparaître quelque chose... Hé là ! Ça se corse ! De quoi me soupçonne-t-il, au juste ? - J’ai même questionné le patron du bar que vous avez quitté vers vingt-trois heures trente.
Heureusement pour vous, il semblerait que vous
n’étiez que trois dans le stationnement quand il a quitté les lieux. M. Amiot aurait même pissé dans son cendrier, chose dont votre ami était, paraît-il, coutumier. Maintenant, j’espère que vous avez une explication solide à tout ceci. Je suis impatient d’entendre ce qui vous a amené chez les Lemmon avec dans les mains, un objet ayant appartenu à leur fille disparue depuis vingt ans. Je regarde Amélie, je peux voir le sempiternel « je te l’avais bien dit » inscrit sur son front. - Je vous préviens, vous ne me croirez pas, mais j’ai une preuve. Ça le fait bien rigoler, qui ne peut s’empêcher de sourire d’un air entendu. - C’est ce que tous les coupables disent lorsqu’ils ont des alibis farfelus, allez-y, j’ai l’habitude. Il s’installe confortablement dans le fond de son fauteuil, un gros « MENSONGE » clignotant flotte au-dessus de sa tête, je suis donc passablement déstabilisé et je bégaie. Je passe les quarante-cinq minutes suivantes à débiter mon histoire à dormir debout. À aucun moment, il n’a manifesté le moindre désir de m’interrompre, n’a posé aucune question, il se contente de me regarder avec un demi-sourire. Le panneau « MENSONGE » est d’un beau rouge vif et ne clignote même plus! Pas besoin d’être devin pour comprendre que mon cas s’aggrave de minute en minute ! - Et bien entendu, le film que vous avez pris est sur votre ordinateur. Mais avec les évènements qui se sont, selon vous, produits la nuit dernière, je suis prêt à gager ma retraite qu’il sera comme par magie, effacé de votre disque dur ! Je ne sais pas où vous voulez en venir ni pourquoi, mais vous vous rendez compte, j’espère, que je ne mords pas dans ce genre de balivernes! Et pour finir …
Une demi-heure plus tard, Amélie déver-
rouille la porte et nous laisse pénétrer, l’inspecteur et moi, dans le logement. Ce que nous voyons défie toute logique. Nous restons stupidement la bouche ouverte. Tous les meubles ont été empilés dans le centre de la pièce, mais pas tout à fait n’importe comment. Ils forment un tas qui ressemble vaguement aux pierres entassées que Kay m’a montrées à plusieurs reprises, d’autant plus que sur la droite de l’invraisemblable échafaudage se trouve, accrochée au plafonnier, la plante suspendue soigneusement débarrassée de ses feuilles et dons les branches ont été brisées et placées de façon à former un W. À la vue du spectacle, Amélie a éclaté en sanglots et se précipite vers la porte que j’entends se fermer. Deux minutes après, le moteur de la Mini rugit et s’éloigne rageusement dans la nuit encore jeune. Lallois a les mains dans les poches et l’incompréhension se lit sur son visage. - Et ce serait l’œuvre d’un esprit ? Ou de quoi essayer de me faire avaler vos sornettes ? Au même instant, la pile s’effondre comme si on avait coupé la ficelle les retenant, suivie de la plante qui s’écrase au sol, projetant alentour ce qui lui reste de terre. L’inspecteur a sauté en arrière, un vrai saut de champion olympique ! Je n’ai pas bougé, blasé que je suis. Je ris convulsivement. - Et ça ? C’est impressionnant, non ? Avouez que vous aimeriez savoir comment j’ai fait. Je peux bien vous le révéler, j’ai pris des cours de prestidigitation, étant jeune ! - Admettons… Il est secoué, même s’il ne l’avoue pas, une petite faille s’est ouverte dans sa cuirasse d’incrédulité. Je lui remets le Mac contre reçu dûment signé et le raccompagne à la porte.
- Je vous tiens au courant, d’ici là, ne vous
éloignez pas. Comme si j’allais prendre la poudre d’escampette ! J’ai, comme on dit, le moral dans les baskets… Amélie n’est pas revenue, je ne sais pas où la joindre et je me couche, le cœur gros, je me rappelle que trop bien ce que j’ai ressenti lorsqu’elle m’a planté là, deux ans plus tôt. Je dors d’un sommeil lourd et sans rêves, Kay ne se manifeste pas, c’est tant mieux, car je me serais rendu coupable d’un crime odieux !
Mais au fait, peut-on zigouiller un fantôme…?
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