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Max Dufour

«Kay…»

Les éditions du «TREIZE»


Catalogage avant publication de Bibliothèque et Archives
nationales du Québec et Bibliothèque et Archives Canada

Dufour, Max, 1958-


« Kay …»

1. Titre.
PS8607.U362K39 2010 C843’.6 C2010-940271-5
PS9607.U362K39 2010

Ce livre est une oeuvre de fiction. Les noms, les personnages,


les lieux et les événements sont le fruit de l’imagination de
l’auteur et toute ressemblance avec des personnes réelles,
vivantes ou mortes, serait pure coïncidence.

Infographie: Christine Villeneuve


1er lecteur: Claude Therrien

Max Dufour 2010. Tous droits réservés.


Les éditions du «TREIZE»
Lac St-Paul, Québec J0W 1K0
christine.villeneuve@xplornet.com

ISBN: 978-2-9811658-0-0

Dépôt légal 1er trimestre 2010


Bibliothèques nationales du Québec et du Canada.
Pour vous donner l’envie …
Un premier extrait …

- Moi…? Moi? C’est… c’est Kay. Kay Lemmon.


Elle se tourne vers moi, elle a retrouvé son
sourire qui m’enveloppe tel un gant de satin qui
s’enroule et s’empare de mon cœur. Je suis
subjugué par son innocence teintée d’une appa-
rente fragilité.
Sensation fugace, je pense avoir rêvé tant cela a
été vite, mais j’ai ressenti un élan de tristesse
qui a fait déferler un torrent de glace dans
mes veines. Je ne sais pas si mes copains
l’ont remarqué, perdus qu’ils sont dans leur
brouillard alcoolisé, mais moi, j’en suis presque
sûr.
Le climat est à la rigolade, les plaisanteries
défilent les unes après les autres, quelquefois
cochonnes et accompagnées de rires grasseyants,
mais ça ne semble pas gêner notre passagère qui
participe volontiers à la gaieté générale.
- Et tu vas où, comme ça, cocotte? Voir ton
p’tit copain?
À nouveau, l’air triste qui disparaît aussi vite
qu’il est apparu.
- Non! Je n’ai plus de petit copain.
Sylvain tente une timide approche, mais je le
vois qui retire sa main brusquement, comme s’il
s’était brûlé, et se rencogne au fond de son dossier.
Pourtant, Kay n’a pas eu de mouvement de
recul, ne l’a pas repoussé. Il se met subitement à
faire froid dans l’auto, comme si l’un de nous avait
ouvert une vitre.
La jeune femme s’assied au bord de la
banquette, pose un bras sur chacun des sièges
avant, se penche, fixant la route avec des yeux
immenses. Sa proximité me trouble, et n’eut été
l’appareil que j’ai dans les mains, j’aurais osé
effleurer cette peau que je devine si douce.
Elle est silencieuse puis:
- c’est là, à cent mètres…
La voix de Jacques marque de l’étonnement, il
n’y a rien, en tout cas pas avant une trentaine
de kilomètres!
- Y a rien, là! Juste des arbres et aucune
baraque!
- Si, si, regarde! C’est là. C’est là que je suis
morte il y a exactement vingt ans!

Sous l’effet de la surprise, Jacques donne


un grand coup de volant. La seconde qui suit,
la voiture mord le bas côté et part en dérapage
brutal, l’arrière heurte un arbre qui nous repousse
de l’autre côté de la route. Je n’ai pas le temps de
me raccrocher à quoi que ce soit, c’est la chute sur
le côté, puis la glissade sur le toit dans un
hurlement de tôles maltraitées. Étincelles du métal
sur l’asphalte, les rochers.
Dégringolade vertigineuse qui m’amène le
cœur au bord des lèvres,
sensation identique à celle ressentie dans les
montagnes russes.
Je reçois une pluie de verre cassé qui me
déchire le visage et les mains avec lesquelles je
tente désespérément de me protéger. Je suis
catapulté contre le tableau de bord, le montant de
pare-brise vient à la rencontre de ma tête,
explosion brutale de lumières sous mes paupières
fermées.
Je n’ai que le temps de penser que je vais
mourir, puis c’est le trou noir…
Puis un second …

La cerise sur le gâteau tient au fait qu’il va nous


falloir parler de fantômes. C’est là que cela va se
compliquer sérieusement, car je ne suis pas sûr du
tout que la police soit prête à entendre notre
histoire !
Je ne peux être coupable et directement
impliqué, compte tenu de mon âge au moment des
évènements, mais je peux très bien tenter de
protéger quelqu’un.
La seule chose qui infirme cette théorie,
c’est que c’est moi qui ai, dirons-nous, rouvert
l’affaire. Rien ne me dit, par contre, que Tetrault ne
m’ait pas manipulé pour se couvrir, car sitôt après
notre rencontre, je ramenais le projecteur de
l’actualité en plein sur une disparition dont il avait
été suspecté. J’ai peut-être après tout sous-estimé
l’individu, surtout s’il est aux abois !
Pas besoin de me faire un dessin, je suis, et
Amélie aussi par ma faute, dans les problèmes
jusqu’au cou ! Pour l’heure, j’ignore totalement ce
que cela peut me valoir. Ce que je sais, en
revanche, c’est que je ne recevrai certainement pas
de roses, mais les épines, peut-être ?
Ils ont dû se tromper, nos deux flics, Lallois ne
nous attend pas, c’est nous qui l’attendons ! Et un
très long moment, en plus !
La gorge serrée, nous n’osons pas converser. Je
vois, à la tête qu’elle fait, que la douce Amélie
en a ras le pompon de cette histoire qui commence
à lui coûter cher. Elle est au bord de lâcher la
rampe et de m’envoyer promener comme elle l’a
fait après la mort de mon frère. Je ne saurais lui
en vouloir, même si cela me fait un peu peur.
Il est plus de 18 heures quand notre inspecteur
préféré montre, enfin, le bout de son nez. Le
moins qu’on en puisse dire est qu’il a l’air de très
mauvaise humeur. Ça n’augure pas bien pour la
suite des opérations.
Il traverse à grands pas le hall où nous
attendons et, sans s’arrêter, nous fait signe de le
suivre d’un doigt impérieux. Il s’efface, nous
maintenant la porte ouverte. J’exagère quelque
peu mes difficultés de déplacement, espérant
intérieurement que, peut-être, il me prendra un peu
en pitié.
Des clous! Il a un regard glacial. Il nous
indique, toujours en silence, deux mauvaises
chaises. Il enlève son manteau et le dépose
soigneusement dans le placard puis contourne
son bureau et s’installe posément dans son
fauteuil. Les coudes appuyés sur le bord de la
table de travail, les poings sous le menton, il nous
regarde tour à tour, d’un air pensif. Je suis liquéfié
et muet comme une carpe. J’attends la chute du
couperet qu’il laisse tomber, d’un air blasé.
- Entrave à la justice, dissimulation de preuves
(il compte sur ses doigts) je pourrais sûrement
trouver autre chose… et comptez sur moi, je n’en
ai pas fini avec vous !
-…
- Figurez-vous que je savais, intuition de flic,
M. Lay, que vous me dissimuliez quelque chose.
J’ai réfléchi très souvent à votre accident
depuis que le dossier est ouvert. Quoique
banal accident, ayant tout de même tué deux
personnes, soit dit en passant, je n’ai pas fermé le
dossier.
Je ne vous trouvais pas… pardon, je ne vous
trouve pas franc du collier !
Il débite son laïus d’une voix très basse, presque
un murmure :
- Ce qui m’a intrigué, c’est votre histoire de
jeune femme vous accompagnant. J’ai renvoyé
une équipe sur les lieux du crash, rien. J’ai
fait passer la Buick de M. Amiot au peigne fin,
jusqu’aux empreintes, figurez-vous! Toujours
rien ! J’ai manqué un tant soit peu de jugement en
vous autorisant à aller voir l’épave avant. Je crois
que vous en avez profité pour faire disparaître
quelque chose...
Hé là ! Ça se corse ! De quoi me soupçonne-t-il,
au juste ?
- J’ai même questionné le patron du bar que
vous avez quitté vers vingt-trois heures trente.

Heureusement pour vous, il semblerait que vous


n’étiez que trois dans le stationnement quand il a
quitté les lieux. M. Amiot aurait même pissé dans
son cendrier, chose dont votre ami était, paraît-il,
coutumier. Maintenant, j’espère que vous avez
une explication solide à tout ceci. Je suis
impatient d’entendre ce qui vous a amené chez les
Lemmon avec dans les mains, un objet ayant
appartenu à leur fille disparue depuis vingt ans.
Je regarde Amélie, je peux voir le sempiternel «
je te l’avais bien dit » inscrit sur son front.
- Je vous préviens, vous ne me croirez pas, mais
j’ai une preuve.
Ça le fait bien rigoler, qui ne peut s’empêcher
de sourire d’un air entendu.
- C’est ce que tous les coupables disent
lorsqu’ils ont des alibis farfelus, allez-y, j’ai
l’habitude.
Il s’installe confortablement dans le fond de son
fauteuil, un gros « MENSONGE » clignotant
flotte au-dessus de sa tête, je suis donc
passablement déstabilisé et je bégaie. Je passe
les quarante-cinq minutes suivantes à débiter mon
histoire à dormir debout.
À aucun moment, il n’a manifesté le
moindre désir de m’interrompre, n’a posé
aucune question, il se contente de me regarder avec
un demi-sourire.
Le panneau « MENSONGE » est d’un beau
rouge vif et ne clignote même plus! Pas besoin
d’être devin pour comprendre que mon cas
s’aggrave de minute en minute !
- Et bien entendu, le film que vous avez
pris est sur votre ordinateur. Mais avec les
évènements qui se sont, selon vous, produits la nuit
dernière, je suis prêt à gager ma retraite qu’il sera
comme par magie, effacé de votre disque dur ! Je
ne sais pas où vous voulez en venir ni pourquoi,
mais vous vous rendez compte, j’espère, que je
ne mords pas dans ce genre de balivernes!
Et pour finir …

Une demi-heure plus tard, Amélie déver-


rouille la porte et nous laisse pénétrer,
l’inspecteur et moi, dans le logement. Ce que
nous voyons défie toute logique. Nous restons
stupidement la bouche ouverte. Tous les meubles
ont été empilés dans le centre de la pièce, mais
pas tout à fait n’importe comment. Ils forment un
tas qui ressemble vaguement aux pierres entassées
que Kay m’a montrées à plusieurs reprises,
d’autant plus que sur la droite de l’invraisemblable
échafaudage se trouve, accrochée au plafonnier, la
plante suspendue soigneusement débarrassée de
ses feuilles et dons les branches ont été brisées et
placées de façon à former un W. À la vue du
spectacle, Amélie a éclaté en sanglots et se
précipite vers la porte que j’entends se fermer.
Deux minutes après, le moteur de la Mini
rugit et s’éloigne rageusement dans la nuit encore
jeune. Lallois a les mains dans les poches et
l’incompréhension se lit sur son visage.
- Et ce serait l’œuvre d’un esprit ? Ou de quoi
essayer de me faire avaler vos sornettes ?
Au même instant, la pile s’effondre comme si
on avait coupé la ficelle les retenant, suivie de
la plante qui s’écrase au sol, projetant alentour ce
qui lui reste de terre.
L’inspecteur a sauté en arrière, un vrai saut de
champion olympique ! Je n’ai pas bougé, blasé
que je suis. Je ris convulsivement.
- Et ça ? C’est impressionnant, non ? Avouez
que vous aimeriez savoir comment j’ai fait. Je
peux bien vous le révéler, j’ai pris des cours de
prestidigitation, étant jeune !
- Admettons…
Il est secoué, même s’il ne l’avoue pas,
une petite faille s’est ouverte dans sa cuirasse
d’incrédulité. Je lui remets le Mac contre reçu
dûment signé et le raccompagne à la porte.

- Je vous tiens au courant, d’ici là, ne vous


éloignez pas.
Comme si j’allais prendre la poudre
d’escampette !
J’ai, comme on dit, le moral dans les baskets…
Amélie n’est pas revenue, je ne sais pas où la
joindre et je me couche, le cœur gros, je me
rappelle que trop bien ce que j’ai ressenti
lorsqu’elle m’a planté là, deux ans plus tôt. Je
dors d’un sommeil lourd et sans rêves, Kay ne se
manifeste pas, c’est tant mieux, car je me serais
rendu coupable d’un crime odieux !

Mais au fait, peut-on zigouiller un fantôme…?


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