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R E V U E D ’ H I S TO I R E D E S T E X T E S

  

Guillaume BONNET, Pascale BOURGAIN, Jacques DALARUN, François


DOLBEAU, Anne-Marie EDDÉ, Bernard FLUSIN, Patrick GAUTIER DALCHÉ,
Jean GASCOU, Louis HOLTZ, Pierre LARDET, Brigitte MONDRAIN, Pierre
PETITMENGIN, Françoise VIEILLARD



Patrick GAUTIER DALCHÉ



Malachie B-A, Bibliothèque nationale et universitaire, Jérusalem.


Mgr Paul C, Bibliothèque Vaticane.
Jürgen D, Berlin-Brandenburgische Akademie der Wissenschaften.
Dieter H, Universität Hamburg.
Sylvie L, Columbia University.
Birger M O, Université de Copenhague.
Michael D. R, Pembroke College, Cambridge.
Richard H. R, University of California, Los Angeles.
Stig R, Université de Lund.
Paul-Gerhard S, Albert-Ludwigs-Universität Freiburg.
Richard S, University of Oxford.
Peter S, Universität Zürich.
Nigel W, Lincoln College, Oxford.

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Pour tout ce qui concerne la rédaction, s’adresser à Luigi-Alberto Sanchi, Revue d’histoire des
textes, Institut de Recherche et d’Histoire des Textes, Centre Félix-Grat, 40, avenue d’Iéna,
F-75116 Paris - France, ou aux correspondants.

La revue ne publie pas de comptes rendus.

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REVUE
D’HISTOIRE DES TEXTES

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REVU E
D ’HISTO I R E
D ES TE XTE S

nouvelle série
TOME V
2010

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All rights reserved. No part of this publication may be reproduced,
stored in a retrieval system or transmitted, in any form or by any means,
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without prior permission of the publisher.

ß 2010 º , Turnhout (Belgium)

Printed in Belgium
D/2009/0095/16
ISBN 978-2-503-53062-8
ISSN 0373-6075
SOMMAIRE

ARTICLES

Gabrielle Lherminier, Un eèpisode de l'histoire du texte de Paul


d'Eè gine au xiv sieécle : les deux copies de Pierre Teèleèmaque . . .
e
1

Duarte,
Perí stàsewn
Rui Miguel The transmission of the text of the P
scholia to Hermogenes' . . . . . . . . . . . . . 25

Alexander Sideras, Die codices Escur. 265 (Y II 10) und Marc.


XI 22 als Ûberlieferungszeugen der Lobrede des Gregorios
Antiochos an den Patriarchen Basileios Kamateros . . . . . . . 43

Guillaume Bonnet, Remarques sur la diffusion et les origines


des Graeca collecta ex Hieronymo . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 65

Anne-Marie Turcan-Verkerk, Le Liber artis omnigenum dictami-


num de ma|être Bernard (vers 1145) : eètats successifs et probleémes
d'attribution . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 99

Giovanna Murano, Le opere di Acardo di San Vittore


(À 1170/1171) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 159

Elsa Marguin-Hamon, Jean de Garlande, entre poeètique et


musique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 175

Patricia Canìizares Ferriz, Edicioèn y estudio de un florilegio


del Vademecum de la biblioteca del conde de Haro . . . . . . . . 199

Courtney M. Booker, An early humanist edition of Nithard's


De dissensionibus filiorum Ludovici Pii . . . . . . . . . . . . . . . . 231

Antonia R|èsquez, Revisioèn de un manuscrito de Lucrecio :


Savignano sul Rubicone, Bibl. Accad. 68 . . . . . . . . . . . . . . . 259

NOTES

Stefano Trovato, Sallust's Historiae in Eumenius' Pro instauran-


dis scholis. A new source for fragment I.11 Maurenbrecher . . . 281
Yann Sordet, Sur un fragment de la Passio sancti Alexandri . . . 291

Magdalena Kozèluk, Jean-Paul Pittion, Une mysteèrieuse eèdi-


tion de Galien : les Opuscula varia eèditeès par Theèodore Goulston
et Thomas Gataker (Londres, 1640) . . . . . . . . . . . . . . . 295

MEè THODES ET DEè BATS

Philipp Roelli, Dieter Bachmann, Towards generating a


stemma of complicated manuscript traditions : Petrus Alfonsi's
Dialogus . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 307

Didier Marcotte, Le Papyrus d'Arteèmidore : le livre, le texte, le


deèbat . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 333
UN ËPISODE DE L'HISTOIRE DU TEXTE

DE PAUL D'ËGINE AU XIVe SIE© CLE :

LES DEUX COPIES DE PIERRE TËLËMAQUE*

La tradition du texte des Epitomae Medicae de Paul d'Ëgine,


complexe, comprend une soixantaine de manuscrits, parmi lesquels
figurent, outre ceux qui contiennent la totaliteè des sept livres, des frag-
e
ments du ix sieécle et des excerpta nombreux contenus dans les compila-
e 1
tions meèdicales deés le xiv sieécle . Dans son eèdition, J. L. Heiberg en
e e 2
retient un bon quart, qui datent pour l'essentiel du x et du xi sieécles .
Cependant, il n'a pas toujours proceèdeè aé l'examen direct de ces
manuscrits et eètablit entre les manuscrits des relations stemmatiques
qu'il subodore graêce aux collations effectueèes et aé la chronologie, mais
sans pour autant les approfondir.
Il eètablit notamment, aé juste titre, le rapprochement de trois manus-
crits lieès par une lacune commune, celle du prooimion geèneèral et du
3
pinax du livre I . Il s'agit des manuscrits Athous Lavra G 90, du x
e
sieécle,
Salmanticensis gr. 7 (olim 1.1.14) que plusieurs catalogues attribuent au
xiiie sieécle
4
et Paris. Coislinianus 168 acheveè le 7 septembre 1355 par

(*) Je remercie vivement Madame B. Mondrain pour la relecture du preè sent

article et les remarques qu'elle a formuleeè .

(1) Il faut exclure deés aé preèsent la tradition du livre VI sur la chirurgie, plus

complexe compte tenu de l'attrait tout particulier qu'a susciteè le texte. De fait, cer-

tains manuscrits ne comportent des Epitomae Medicae que ce livre VI, et ce, treé s toêt :
e
c'est le cas du Parisinus suppl. gr. 446, datable du x sieécle. De plus, les remarques qui

suivent concernent pour l'essentiel le livre V dont l'eè dition critique fait l'objet de

mon doctorat, meême si la collation sporadique des autres livres a eè teè effectueè e, en

particulier pour le prooimion et le pinax geèneèral.

(2) Pauli Aeginetae Epitomae Medicae, eèd. J. L. Heiberg in Corpus Medicorum

Graecorum, IX, 1-2, Leipzig-Berlin, 1921 -1924.

(3) Elle est combleèe ulteèrieurement dans le Paris. Coislinianus 168.


e e e
(4) Tovar le date du xiii sieécle. Graux heè site entre le xiii et le xiv sieécle ;

O. Lilao Franca et C. Castrillo Gonzalez, Catalogo de manuscritos de la biblioteca

universitaria de Salamanca, Salamanque, 1997 ; A. Tovar, Catalogus codicum Graecorum

Universitatis Salamantinae, t. I, Salamanque, 1963 (Collectio Universitatis Antiqua

[Acta Salmanticensia iussu Senatus Universitatis edita. Filosof|è a y Letras, XV, 4]),

p. 15-16 ; G. Beaujouan, Manuscrits scientifiques meè dieèvaux de l'Universiteè de Salamanque


¨ ¨
et ses û Colegios mayores ý, Bordeaux, 1962, (Bibliotheéque de l'E cole des Hautes E tudes His-

paniques 32), p.70 ; Ch. Graux - A. Martin, Rapport sur une mission en Espagne et au Por -

tugal. Notices sommaires des manuscrits grecs d'Espagne et du Portugal, in Nouvelles archives

des missions scientifiques et litteè raires, t. 2, 1892, p. 153-154.

Revue d'histoire des textes, n.s., t. V, 2010, 1-23 ©


2 gabrielle lherminier

Pierre Teèleèmaque. Il consideére que ce dernier manuscrit est une copie


indirecte de celui de l'Athos et que le manuscrit de Salamanque a servi
5
d'intermeèdiaire .
C'est pourquoi j'ai proceèdeè aé la collation de ces trois manuscrits
conjointement. J'ai ainsi reconnu, apreés un examen paleèographique
attentif, qu'il s'agissait, dans le manuscrit de Salamanque, de la main
de Pierre Teèleèmaque, comme dans le Paris. Coislinianus 168.
Les conseèquences de cette identification sont immeèdiates puisqu'il
e
est deèsormais certain que le Salmanticensis gr. 7 date du milieu du xiv
sieécle et que Pierre Teèleèmaque a copieè aé deux reprises, et dans un
intervalle de temps restreint que je tenterai de preè ciser, le meême texte.

^ dans la tra-
6
Cette situation exceptionnelle ^ et non unique toutefois
dition du texte de Paul d'Ëgine engendre toute une seèrie d'interroga-
tions puisque ces deux copies sont deèsormais contemporaines et qu'il
faut veèrifier deés lors trois hypotheéses pour eètablir le stemma : Pierre
Teèleèmaque copie un exemplaire, qui lui sert de modeéle pour exeècuter
le second, le Paris. Coislinianus 168 pouvant alors eêtre le modeéle du Sal-
manticensis gr. 7, ou inversement, ou bien il exeècute chacun de ces deux
exemplaires d'apreés l'Athous Lavra G 90 directement, ce qui remettrait
7
en question les conclusions de J. L. Heiberg .
Il faut en effet reconsideèrer l'eètablissement du stemma, examiner la
destination et les circonstances dans lesquelles ont eè teè eèlaboreèes les
copies de chacun de ces deux manuscrits et les motivations qui y preè si-
dent. C'est de plus un nouvel eèleèment aé apporter aé la biographie d'un
copiste jusqu'alors treés peu connu, dont on ne recensait que trois
manuscrits preèsentant en geèneèral une souscription, un monocondyle et
un cryptogramme : ce sont, outre le Paris. Coislinianus 168, le Vaticanus
Ottobonianus gr. 145, dateè du 5 deècembre 1362, qui contient le traiteè de
Meèleètios, De humana natura, et l'Athous Lavra I 70, contenant des Meèneèes
8
de mars et d'avril, dateè de 1363 . Plus geèneèralement, c'est une preuve
e
suppleèmentaire de la populariteè des Epitomae medicae au xiv sieécle,

(5) J. L. Heiberg, Observationes de Pauli Aeginetae codicibus, in Revue des eètudes grec-

ques, t. 32, 1919, p. 271.

(6) Cf. ci-dessous, n. 9.

(7) Dans les faits, il ne retient aucun de nos deux manuscrits dans son eè dition, et

fait treés peu cas du manuscrit de l'Athos, qui est cependant l'un des teè moins de l'ar-

cheètype et preè sente des lec° ons que je juge pertinentes.

(8) A. Turyn, Codices Graeci Vaticani, Citeè du Vatican, 1964, p. 157, pl. 199a.

E. Feron - F. Battaglini, Codices manuscripti Graeci Ottoboniani bibliothecae vaticanae,

Rome, 1893, p.81 ; Repertorium der griechischen Kopisten, III A 556. Spyridon et

S. Eustratiades, Catalogue of the Greek manuscripts in the Library of Laura on Mount

Athos, Cambridge, Mass., 1925 (Harvard Theological Studies, XII), p. 191 sub num.

1154.
pierre teèleèmaque et paul d'eègine 3

puisque le traiteè de Paul d'Ëgine est l'objet d'une double copie, comme
il l'avait deèjaé eèteè au deèbut de ce sieécle par le copiste eèpheèsiote Michel
9
Loulloudeés .

I ^ Les manuscrits

1. Un parcours diffeèrent
Les deux manuscrits qui retiennent notre attention n'avaient treé s
certainement pas la meême destination : l'un est une copie de luxe sur
parchemin, dans un treés bon eètat geèneèral, contenant 267 feuillets et
preèsentant une deècoration aé l'eèleègance sobre. Il est arriveè dans le fonds
de la bibliotheéque de Salamanque apreés avoir appartenu aé l'huma-
ý (1475-
10
niste Hernan Nunìez de Guzman surnommeè û el Pinciano
1553). Cette copie n'a susciteè que treés peu d'inteèreêt aupreés de l'eèrudit,
davantage feèru de grammaire que de meèdecine, le texte n'eètant pour
lui que l'occasion d'une comparaison reèductrice avec l'Ýuvre d'Ori-
base, dont il posseèdait un teèmoin avec le Salmanticensis gr. 567, et le preè-
texte aé une kyrielle de remarques exclusivement linguistiques, sur les
. On sait par ailleurs que cet eèru-
11
tout premiers folios essentiellement
dit s'eètait procureè de nombreux manuscrits grecs qui avaient appar-
12
tenu auparavant aé Lianoro dei Lianori (mort en 1478), Antonio de
Boni
13
et un certain Fràgkiskoq 14
.

(9) Michel Loulloudeé s a en effet exeè cuteè deux copies des Epitomae medicae : le

Parisinus gr. 2207 en 1299-1300 et le Marcianus gr. 292 en 1306.


(10) Cf. T. Martinez Manzano, El Pinciano, anotador de textos griegos , in

V. Becares, M. P. Fernaè ndes A è lvarez, E. Fernaè ndes Vallina (eèds), Kalon

Theama, Estudios de filologia claèsica e indoeuropeo dedicados a F. Romero Cruz, Sala-


manque, 1999, p. 129 -141 ; Los manuscritos griegos desaparecidos de Salamanca , in La Ciu-

dad de Dios, t. 213, 1, janvier-avril 2000, p. 313-332.


(11) Il donne entre autres comme eè quivalent latin de la tournure grecque û táq
kòraq grammatistai˜q paradidònai ý : û pueros litteris docere ý. Juan Signes Codo -

n
ì er souligne ce rapide deè sinteèreêt de l'eèrudit pour certains manuscrits qu'il lisait, cf.
J. Signes Codonì er, C. Codonì er Merino, A. Domingo Malvadi, Biblioteca y epis-
tolario de Hernan Nunìez de Guzman (el Pinciano). Una aproximac|è on al humanismo espanìol
del siglo xvi, Madrid, 2001 (Nueva Roma, 14), p. 31.
(12) Ce sont les manuscrits Salmanticenses gr . 48, 229, 231, 232, 233. Cf.

T. Martinez Manzano, Autografos griegos de Lianoro Lianori en la Biblioteca Universita -

ria de Salamanca, in Scriptorium, t. 58, 2004, p. 16-25.


(13) Il s'agit du Salmanticensis gr. 279 contenant Isocrate.

(14) C'est le Salmanticensis gr. 74 de Georges Moschopoulos qui a appartenu au

cardinal Thomas Bakaécs et aé Auger de Busbecq (comme le Vindob. phil. gr.163). Il

est peut-eêtre aé mettre en rapport avec le Vindob. phil. gr. 289, a. 1500, en papier d'un

format de 203 6 152 mm, contenant 191 feuillets copieè s aé raison de 23 ou 24 lignes

par page, dans lequel un certain Franciscos note û eÊ gẃ fragkìskoq wÉq tàjista
gègrafa ý (f. 78v) et û euÊ ripìdou tèloq foinissw˜n · fragkìskoq gègrafa ý
4 gabrielle lherminier

L'autre manuscrit, moins soigneè, contient 310 feuillets de papier fili-


graneè, et la copie en a eèteè acheveèe le 7 septembre 1355. Il est dans un
eètat globalement meèdiocre et a eu un parcours plus chaotique : il rejoint
aé Paris le fonds Coislin par l'intermeèdiaire du chancelier Seèguier, qui a
acheteè aé Cypriani des manuscrits que ce dernier avait acquis aé Marseille
lors d'un acte de priseèe, fruit sans doute d'un pillage en mer tyrrheè-
. Une note de Francesco da Lucca dateèe de 1469 eètablit sa preè-
15
nienne
16
sence aé Urbino, apreés que ce typographe l'a reècupeèreè aé Venise . Entre
les deux, il est la proprieèteè d'un certain Greègoire de Ferrare, dont le
nom se lit sur le dernier folio de garde en teête du codex.

2. Une origine commune

Ces deux manuscrits cependant preèsentent de reèelles similitudes,


lieèes au copiste lui-meême, eèvidemment, aé savoir l'eècriture, mais aussi aé
des eèleèments codicologiques reècurrents, et enfin aé des variantes textuel-
les qui les isolent de l'ensemble de la tradition.
L'eècriture de Pierre Teèleèmaque preèsente des traits bien reconnaissa-
bles : le traceè oncial du beêta, en forme de cÝur, alternant avec celui en
17
combineè de teèleèphone , celui du lambda et du gamma, ainsi que celui
du delta plus rarement qui alterne avec la minuscule, le sigma lunaire
dans la preèposition sùn ou devant un oêmeèga, en deèbut de mot surtout,
la voyelle upsilon en ligature avec le pi et reègulieérement surmonteèe du
treèma ou prolongeèe par l'accent aigu, ou encore l'abreèviation de kaì.
Certaines hastes, en bas de page, sont prolongeèes de fac°on significative
18
dans la marge et termineèes par un motif veègeètal .

(f. 92r) ; cf. A. Turyn, The Byzantine manuscript tradition of the tragedies of Euripides,

Urbana, 1957, p. 163.

(15) R. Devreesse, Bibliotheéque nationale, deè partement des manuscrits. Catalogue des

manuscrits grecs, t. II, Le fonds Coislin, Paris, 1945, p. iii.

(16) Il s'agit du fameux û visto ý que l'on lit notamment dans le Paris. Coislinia-

nus 168 au f. 2v û visto per mi Francesco Lucha 1469 ý sans la preè position û da ý

comme dans onze manuscrits qui sont passeè s entre ses mains. Pour les autres occur -

rences, cf. N. Zorzi, Un `visto' di Francesco da Lucca nel Marc. gr. VII (Tucidide) copiato

da Palla Strozzi, in Studi medievali e umanistici, t. 2, 2004, p. 337 -341 ; F. Vendrus -

colo, Ancora un `visto' di Francesco da Lucca in un codice greco utinense, in Suave mari magno.

Studi offerti a Ernesto Berti dai colleghi udinesi, a cura di C. Griggio e F. Vendruscolo,

Udine, 2008, p. 217-227.

(17) Ce dernier semble avoir totalement disparu dans les manuscrits plus tardifs,

au profit du traceè en onciale. C'est vraisemblablement le meê me pheènomeéne pour le

delta oncial encore plus freè quent dans les manuscrits de 1362 et 1363.

(18) Cf. dans le Paris. Coislinianus 168 le f. 294v ou encore le f. 28r de l'Ottobonia-

nus gr.145. Voir aussi A. Turyn, Codices Graeci Vaticani, 1964, pl. 134, reproduction

du f. 13r de l'Ottobonianus gr. 145.


pierre teèleèmaque et paul d'eègine 5

Le copiste a proceèdeè de la meême fac°on dans l'exeècution de ces


manuscrits : une encre brune presque noire pour la copie, puis la rubri -
cation en vermillon. Les signatures de premieére main sont apposeèes en
haut aé droite du premier recto et en bas aé gauche du dernier verso de

6
19
chaque quaternion . La mise en page deènote elle aussi des habitudes

6
de travail : la surface eècrite du Salmanticensis gr. 7 est de 218 153 mm
pour un format de 305 220 mm, aé raison de 35 lignes par page, aé
pleine page, sauf pour les pinakes qui sont sur deux colonnes. La mise

6
en page du Paris. Coislinianus 168 est aé peu preés eèquivalente : 34 lignes

6
par page, pour une surface eècrite de mm 210 132, sur un papier
dont le format, plus petit, est de mm 288 198. Le type de reèglure,
distinct dans les deux manuscrits, preè sente pourtant la caracteèristique
d'eêtre preèvu pour une copie sur deux colonnes, alors que la copie est
20
en fait aé pleine page . Le copiste a apparemment utiliseè un meême
type de reèglure dans chacun des manuscrits qui lui permettait aé la fois
la copie du texte aé pleine page et celle du pinax de chaque livre sur
deux colonnes, pheènomeéne que l'on observe dans les deux manuscrits
21
qui nous occupent .
Enfin, les eèleèments d'ornementation sont semblables dans ces manus -
crits : outre les titres de chapitre et leur numeèro, sont aussi rubriqueèes
les formules pour rendre graêce aé Dieu en fin et deèbut de livre, avec le
meême genre de bandeau deècoratif, oué un motif geèomeètrique se deètache
sur fond rouge. Les bandeaux sont plus sophistiqueès cependant dans le
manuscrit de Salamanque, meêlant parfois au vermillon du doreè. Les
lettrines sont de meême module, simples initiales parfois leègeérement
fleuronneèes.
De meême, pour preuve du soin apporteè aé la copie du Salmanticensis
gr. 7, Pierre Teèleèmaque, eègalement rubricateur, a laisseè comme le
veut l'usage la place vacante neècessaire pour les titres et numeèros de
chapitres, ou les sous-titres. Une fois la copie du texte exeè cuteèe, il pro-
ceéde aé la rubrication, mais se trompe dans le dosage des pigments. Le

(19) De meê me au f. 64v de l'Ottobonianus gr. 145 oué l'on distingue treé s nettement

la signature du cahier y `.

(20) Pour le Paris. Coislinianus 168, il s'agit vraisemblablement du syst. 2 et du

type Leroy 12D2 = Lake II, 8a. En revanche, la reè glure semble traceè e sur chaque

bifolium, et non sur le seul bifolium central du cahier dans le manuscrit de Sala -

manque. Les piquê res ne s'y voient pas, le manuscrit ayant eè teè rogneè lors de la reliure
e
au xvi sieécle.

(21) Parmi les autres manuscrits connus de Pierre Teè leèmaque, l'Ottobonianus gr.

145 contenant le traiteè de Meèleètios De humana natura est copieè aé pleine page sur

papier occidental et l'Athous Lavra I 70, qui contient des Meèneèes, est pour sa part sur

deux colonnes, mais sans doute la nature du texte influence -t-elle la mise en page.
6 gabrielle lherminier
meèlange qu'il utilise paêlit jusqu'aé devenir grisaêtre, et c'est treés con-
sciencieusement qu'il relit sa copie et comble en certains endroits avec
du vermillon ce qu'il a oublieè de rubriquer : le changement de couleur
de l'encre en teèmoigne. Il a donc fait cette copie en trois eètapes, la
copie, la rubrication et la relecture, alors que le Paris. Coislinianus 168
n'en comporte que deux : la copie puis la rubrication, au cours de
laquelle le copiste reèvise sa copie et biffe aé l'occasion le corps du texte,
dans l'encre de la rubrication, ce que l'on rencontre reè gulieérement au
fil du codex. La place laisseèe pour la rubrication des titres dans le Paris.
Coislinianus 168 est de plus parfois insuffisante : notons les folios 169r ou
175r oué les titres deèbordent dans la marge externe.
S'ils sont bien tous deux de la main de Pierre Teè leèmaque, cependant
la destination de ces manuscrits diffeére et l'examen philologique a
donneè quelques eèleèments de reèponse sur ce point de l'histoire du texte
22
de Paul d'Ëgine .

¨
3. Le texte de Paul d'E gine

Les deux manuscrits comprennent l'inteègraliteè des Epitomae Medical,


et se rattachent aé l'Athous Lavra G 90 (M), datable du x e
sieécle, du fait
qu'ils ne contiennent ni l'un ni l'autre le prooimion et le pinax du livre I
du traiteè de Paul d'Ëgine et qu'ils preèsentent des lec°ons qu'aucun
autre manuscrit de la tradition ne donne.
Le Paris. Coislinianus 168 (Q), contrairement au Salmanticensis gr. 7
23
(S), preèsente diverses eètapes de copie du traiteè de Paul d'Ëgine : le
premier eètat de cette copie omet le prooimion et le pinax qui font deèfaut
dans le manuscrit de l'Athos et dans le Salmanticensis gr. 7. L'incipit du
Salmanticensis gr. 7 au f. 1r correspond au f. 4r du Paris. Coislinianus
168, qui marque le deèbut du codex d'origine, aé savoir le premier folio
du premier cahier pris en compte par le copiste lorsqu'il a apposeè les
signatures : inc. û Tw˜n sumpiptòntwn tai˜q kuoùsaiq eÊ peidý tau˜ ta
màlista eÊ nojlei˜ ý (CMG IX, 1, I, 1). S et le premier eètat de Q n'ont
donc pas eu connaissance du pinax ni du prooimion, ce que corrobore,
surtout dans S, une deècoration plus soigneèe et eèlaboreèe que dans le
reste de leur codex respectif pour le chapitre I, 1, avec mention dans S
du dodeècasyllabe en onciales û Toùnoma moi Paùlou Ai²ginà moi
(22) Je remercie treé s vivement Mmes M. Becedas, T. Martinez Manzano et

MM. O. Lilao Franca, C. Fo« rstel ainsi que tout le personnel de la Bibliotheé que uni-

versitaire de Salamanque et de la Bibliotheé que nationale de France de m'avoir per -

mis de consulter dans d'excellentes conditions les manuscrits qui m'importaient,

ainsi que pour la gentillesse de leur accueil et leurs preè cieux renseignements concer -

nant le fonds des manuscrits grecs.

(23) Le deètail de ces eètapes sera deè veloppeè par la suite.


pierre teèleèmaque et paul d'eègine 7

patrìq 24
. Les signatures de premieére main confirment en outre dans
les deux manuscrits qu'il s'agit bien du deè but du codex et donc du
25
deèbut du texte effectivement copieè .
Cette omission commune aé M, S et Q permet d'envisager que M n'a
jamais eu ce deèbut ou, aé supposer qu'il l'ait eu, s'en trouve amputeè au
e 26
xiv sieécle . De plus, cela deèmontre l'existence neècessaire d'un autre
modeéle pour la copie du Paris. Coislinianus 168 dans lequel cette lacune
initiale a eèteè combleèe par l'ajout d'un cahier en teête de codex.
Outre cette importante lacune de texte, l'examen philologique situe
ces trois manuscrits dans une meême branche du stemma et nombreuses
sont les lec°ons qui le prouvent. Citons par exemple, dans le chapitre
sur les piquêres de scorpion (CMG IX, 2, V, 8), l'utilisation du soufre
dont il faut une dose û de la taille d'une feéve d'Ëgypte ý : heìou aÊpùrou
oÌson kuàmou AiÊguptìou mègehoq: AiÊguptìou codd. AiÊguptiakou˜
MSQ. L'erreur sur l'adjectif, treés rare en prose et inexistant en poeè-
, peut s'expliquer par la preèsence aé proximiteè dans ce meême chapi-
27
sie
tre d'un autre adjectif ethnique, deèriveè au moyen du suffixe -kòq, dans
une longue seèrie de geènitifs singuliers, pour deèsigner le cumin d'eèthio-
pie : û oÌsonkuàmou AiÊguptìou mègehoq metá pepèrewq kòkkwn y `
ç y³ oÊpón silfìou metá karkìnou leiwhèntoq eÊn
eÊn oi²nou yÉmikotulìw
ç y³ melanhìou, kumìnou AiÊ hiopikou˜
oi²nw . ý
De meême, des variantes syntaxiques reèunissent M, S et Q (CMG
IX, 2, V, 9) : eÊpaìretai kaì pote trugẁdyq katá tó spànion: katá
tó spànion codd. : kaí tó spànion MSQ corr. sl. Q2. Il faut lire en effet

(24) Cf. en annexe la planche reproduisant le f. 1 du Salmanticensis gr. 7 (plan -

che I).

(25) Meême si le pinax n'est pas obligatoirement inclus dans les signatures,

comme le montre B. Mondrain, Les signatures des cahiers dans les manuscrits grecs, in

Recherches de codicologie compareè e. La composition du codex au Moyen Aê ge, en Orient et en Occi -

dent, ed. P. Hoffmann, Paris, 1998, p.43-44. Il n'y a par ailleurs dans ce codex pas

de co|ëncidence entre un changement de livre, ou un nouveau pinax, et un nouveau

cahier : Teè leèmaque encha|ê ne reègulieérement sur un meême folio les diffeèrents livres

qui constituent les Epitomae medicae.

(26) Sur l'absence de ce prooimion, le stemma geè neèral de la tradition laisse penser

qu'il a bel et bien existeè dans M et que le codex s'en trouve amputeè au xiv sieécle.

(27) Ce sont surtout les historiens qui l'utilisent : Flavius Joseé phe, Antiquitates

Judaicae, 8, 163 ; Contra Apionem, 1, 74 ; 1, 91 ; 2, 10 ; Polybe, Histoires 39, 7, 7 ;

27, 13, 1 ; Appien, Histoire romaine, t. VIII, livre XIII, Les guerres civiles, 1, 6 ; une

occurrence chez Ëpicteéte, Opera, 2, 19. Les occurrences dans le corpus meè dical sont

elles aussi treé s rares et deè signent d'abord des plantes originaires d'Ëgypte dont la

myrrhe (û dèndrou ç , oÌmoion tð˜ AiÊguptiakð˜ aÊkànhð ý,


gennwmènou eÊn ÊArabìa
Dioscoride I 64, citeè par Oribase XII 35), ou plus geè neèralement tá pòlla tw˜ n
botanw˜ n oÊnòmata tau˜ta AiÊguptiaká kaí Babulwnìa comme chez Galien (De sim-
plicium medicamentorum ac facultatibus, I, 11, 793), ensuite la terre elle -meême qui per-

met la culture de ces plantes (û ty˜q AiÊguptiaky˜q gy˜q ý, Aetius 3. 5).


8 gabrielle lherminier
la preèposition en cet endroit dans le syntagme aé valeur adverbiale
katá tó spànion û en geèneèral ý. La proximiteè de kaì pote est sans
doute aé l'origine de la confusion.
Dans l'exemple qui suit (CMG IX, 2, V, 13), le participe parfait se
rapporte au nom trymàtia û les petits trous ý laisseès par la morsure
de la vipeére dans la peau qui sont û distants de peu l'un de l'autre ý ; il
faut un neutre pluriel, le geènitif est une faute par homeèoteèleute :
faìnetai dé katá tó dy˜gma dùo trymàtia mikrón aÊllỳlwn diesty-
kòta codd. : diestykòta codd. : diestykòtwn MSQ corr. Q2.
Enfin, la lec°on qui suit peut nous renseigner sur la mise en page du
modeéle de M, que reproduisent S et Q (CMG IX, 2, V, 13) : ²Allo. eÊk

˜ n Lùkou fàrmakon eÊpiteteugmènon eÊpí tw


tw ˜ n eÊjeodỳktwn: ²Allo
codd. plerique : om. MSQ. Le mot aé rubriquer a eèteè oublieè dans le
modeéle, et pourtant on l'attend, comme on l'a juste apreé s : û ²Allo. eÊk
tw
˜ n ÊArjigènouq ý.
L'exemple suivant illustre de plus la fideè liteè de Pierre Teèleèmaque aé
son modeéle M. Voici ce que prescrit Paul d'Ëgine en cas d'ingestion
de gui (CMG IX, 2, V, 47) : kastorìou kaí pygànou eÉkàstou < a,
oÉmoìwq jamelaìaq < b y³ havìaq julou˜ < b sún melikràtw
ç kaí o²xoq
hermón pinòmenon : oÉmoìwq codd. : oÉmoìaq MSQ. L'adjectif est ici
incongru : il n'a pas eèteè question de la cameleèe dans les lignes qui preè-
ceédent, et l'adverbe oÉmoìwq est reègulieérement utiliseè dans ces listes
d'ingreèdients, preèsentant l'inteèreêt de clarifier la recette et d'en varier
le style vite fastidieux.
Eè galement au chapitre CMG IX, 2, V, 28 : tá eÊk toùtwn y³ tw˜ n
oÊròfwn eÊkpìptonta hanàsima zw˜ç a : eÊkpìptonta codd. plerique : eÊmpìp-
pc
tonta MSQJ pìptonta F eÊkpìptousi D P
28
. La forme preèverbeèe
eÊmpìptonta est moins volontiers attendue que eÊkpìptonta, en raison
du syntagme introduit par la preèposition eÊk. De plus, la mise en garde
du meèdecin porte en effet sur l'endroit d'oué peuvent provenir ces beêtes
venimeuses ^ les arbres et les toits ^ davantage que sur le lieu vers
lequel elles se destinent, aé savoir les reècipients qui contiennent nourri-
ture et boisson.
Si l'appartenance de ces manuscrits aé une meême famille ne fait
aucun doute, l'analyse des lec°ons ne permet pas en revanche d'eètablir
avec certitude, comme le fait J. L. Heiberg, que le Paris. Coislinianus
168 (Q) est une copie du Salmanticensis gr. 7 (S), ni qu'ils sont indeèpen-
dants l'un de l'autre.
Prenons l'exemple qui suit (CMG IX, 2, V, 3), qui laisserait penser
aé premieére vue que Q est copieè sur S. S reèiteére le mot aÊfrw
˜ deq, Q le

(28) Pour les autres manuscrits citeè s dans l'apparat, je reprends les sigles donneè s

par J. L. Heiberg, op. cit.


pierre teèleèmaque et paul d'eègine 9

kaí aÊfrw˜deq aÊfia˜sin kaí


fait aussi mais gratte cette iteèration fautive :
a²fwnoi touÊpìpan eiÊ sín kaí oiàa a²froneq codd. dont M et Q in ras.
pc

kaí aÊfrw˜deq aÊfrw˜deq aÊfia˜sin kaí a²fwnoi touÊpìpan eiÊ sí kaí oiàa
ac
a²froneq : aÊfrw˜deq iter. SQ . La seèquence de mots commenc°ant par
aÊf- (aÊfrw˜deq, aÊfia˜sin, a²fwnoi, puis a²froneq) est vraisemblable-
ment la cause de cette iteèration : se pensant arriveè au mot suivant,
Pierre Teèleèmaque recopie en fait le preèceèdent. Qu'il s'y soit trompeè
n'est pas eètonnant, M en cet endroit est difficilement lisible. En revan -
che, il a pris le temps de corriger Q et n'a pas corrigeè S. Pourquoi ce
copiste treés consciencieux, a fortiori s'il exeècute une copie de luxe, ne
corrige-t-il pas les erreurs qu'il verrait dans S, et qu'il corrige bien
29
dans Q ? C'est donc qu'il n'avait vraisemblablement pas S sous les
yeux lors de la copie de Q, mais plus volontiers M, ce qui excluerait la
copie de Q sur S et inversement.
De plus, l'examen philologique preè sente des variantes qui incitent aé
penser non seulement que M a servi de modeéle aé S et aé Q, mais aussi que
S peut ne pas avoir servi de modeéle aé Q, puisqu'il donne des lec°ons que
lui seul contient, meême si elles sont treés rares, ou qu'il partage seul avec
M, de meême que Q et M partagent des lec°ons inexistantes dans S.
Dans l'extrait qui suit, Paul d'Ëgine signale qu'il faut faire seècher au
soleil le sang de tortue (CMG IX, 2, V, 24) : xyranhén dé aÊnelòmenoq
jrw˜ eÊpí tw˜n eÊjeodỳktwn, lec°on donneèe par M et Q, ainsi que le reste
de la tradition. xyranhén codd. : xyrahén S (lec°on donneèe aussi par T,
e
le manuscrit Oxoniensis Barocci 224 du xiv sieécle). Dans cet exemple,
s'il avait S sous les yeux quand il copiait Q, Pierre Teè leèmaque aurait
pu aiseèment corriger son modeéle en ce point. La correction n'aurait
pas alteèreè la qualiteè de cette copie d'apparat, puisque l'espace non
neègligeable entre les caracteéres aurait permis l'ajout discret et imper-
ceptible d'un nu dans le participe xyrahén. De meême, pourquoi n'au-
rait-il pas corrigeè la lec°on fautive aÊfevỳmena laé oué la tradition donne
aÊfevòmena (CMG IX, 2, V, 55) ? Citons encore le pronom anapho-
rique auÊtoi˜q donneè par S quand la plupart des manuscrits dont M et
Q preèfeérent le reèfleèchi eÉautoi˜q (CMG IX, 2, V, 50) .
30

On peut supposer qu'il reètablit naturellement, par reèflexe, la bonne


lec°on, sans meême voir que S est fautif en cet endroit. Mais l'on peut aussi
envisager qu'il n'a plus aé disposition le manuscrit de Salamanque.

(29) Nombreuses sont en effet les lec° ons corrigeè es dans Q, qui ne le sont pas dans

S, notamment le rajout du deè but du traiteè . Par ailleurs, Q s'eè loigne de M et preè sente

des variantes jugeèes pertinentes par notre copiste, qui, si elles avaient eè teè connues

au moment de la copie de S, y auraient eè teè reporteèes.

(30) On lit aussi la forme eÉauty˜q dans une famille comprenant les Parisini gr.

2217, 2210 et les Laurent. 74, 2 et 74, 27, lec°on syntaxiquement fautive mais qui

teèmoigne de l'authenticiteè du pronom reè fleèchi en cet endroit.


10 gabrielle lherminier
Un autre exemple isole S et rapproche deé s lors Q de M, au chapitre
CMG IX, 2, V, 2 : Koiný herapeìa pàntwn tw˜n uÉpò tinoq iÊ obòlou
dyjhèntoq y³ plygèntoq codd. plerique dont M : tw˜n uÉpò tinoq iÊ obòlwn
dyjhèntwn y³ plygèntwn S tw˜n uÉpò tinoq iÊ obòlwn dyjhèntoq y³ ply-
gèntoq Q. Le syntagme uÉpò tinoq iÊ obòlou est la lec°on retenue par la
tradition, et par J. L. Heiberg, mais si l'on regarde le libelleè de ce titre
dans le pinax du livre V, on lit la lec°on proposeèe par S (avec l'accord
au pluriel tw˜n... dyjhèntwn y³ plygèntwn). Elle est de fait beaucoup
plus satisfaisante : Pierre Teèleèmaque modifie son modeéle en vue d'en
corriger la langue. La variante de S et Q uÉpò tinoq iÊ obòlwn est gram-
maticalement et seèmantiquement envisageable. Pourquoi cependant
s'il a S sous les yeux lorsqu'il copie Q ne corrige -t-il pas l'accord au
pluriel des deux participes ?
Cette lec°on n'exclut pas que Q copie S, auquel cas il s'agit chez Q
d'une faute d'inattention, puisque le syntagme uÉpò tinoq... dyjhèntoq
engendre un contresens, voire un non-sens : l'indeèfini tinoq ne peut aé
la fois eêtre le compleèment d'agent des participes aoristes passifs et le
pronom auquel ces derniers se rapportent. Mais l'hypotheé se d'une
copie directe d'apreés M ne peut pas non plus eêtre exclue. S'il copie Q
d'apreés S, Pierre Teèleèmaque fait deux fautes, s'il le copie d'apreés M, il
n'en fait qu'une.
Pourquoi enfin Pierre Teèleèmaque aurait-il encore sous les yeux un
manuscrit de commande, que le destinataire a sans doute reè cupeèreè ? Il
para|êt par ailleurs plus logique de penser qu'il a choisi d'exeè cuter Q
directement d'apreés le modeéle du x e
sieécle, qu'il utilise eègalement pour
31
S .
Ces lec°ons permettent donc de penser que Q n'a pas eu S comme
modeéle, mais ne permettent pas malheureusement de l'affirmer. En
revanche, la situation inverse, qu'il faut envisager puisque ces deux
manuscrits sont contemporains, doit eêtre exclue : trop freèquentes sont
les lec°ons qui isolent Q. Les omissions y sont plus nombreuses qu'elles
ne l'eètaient dans S : on constate souvent des sauts du meê me au meême
et treés reègulieérement l'omission de la particule de liaison dé ou des
conjonctions de coordination. Enfin les variantes manifestent l'eè tour-
derie du copiste dans son travail. Notons par exemple :

CMG IX, 2, V, 11 : a²kraton codd. : eu²kraton Q au sujet du vin ;

CMG IX, 2, V, 47 : havìaq codd. plerique : hamìaq Q aÊvinhìaq K ;

(31) C'est pourquoi je propose un stemma qui retient l'hypotheé se de deux copies

indeèpendantes l'une de l'autre, sans pour autant exclure la solution de J. L. Hei -

berg. Cf. infra, en fin du preè sent article.


pierre teèleèmaque et paul d'eègine 11

CMG IX, 2, V, 3 : le barbarisme jry˜sai Q pour jry˜shai (l'infinitif

jwry˜sai est dans la phrase qui preèceéde et se trouve, comme l'est la


forme attendue jry˜shai, en deèbut de ligne dans Q : les deux mots se re -

trouvent donc l'un en dessous de l'autre, d'oué l'erreur jry˜ sai Q ) ;

CMG IX, 2, V, 3 : progegonòtoq codd. multi : gegonòtoq Q prosgegonò-

toq KBC

Si l'on ne peut conclure aé une ramification bifide dans le stemma, et


aé des copies indeèpendantes l'une de l'autre, on ne peut pas non plus
affirmer que Q descend de S. Lors de la copie de Q, Pierre Teè leèmaque
peut avoir aé sa disposition aussi bien M que S, mais cette dernieé re
solution impliquerait que le manuscrit de commande soit resteè aé la dis-
position de Pierre Teèleèmaque tout le temps de la copie de Q.
En outre, quand S heèsite sur la bonne lec°on aé lire, il laisse volontiers
un espace, dans l'optique sans doute d'y revenir ulteèrieurement. En
revanche, dans Q, Pierre Teèleèmaque omet des lec°ons qu'il ne sait lire
dans son modeéle, mais ne laisse pas d'espace pour autant, et encha|êne
sur le mot suivant. Au zeéle de l'un s'oppose la licence de l'autre.
Dans l'exemple qui suit, Paul d'Ëgine dresse la liste des plantes veèneè-
neuses, parmi lesquelles figure l'if, qu'on appelle parfois û buis ý, ou,
32
chez les Romains, û taxus baccata ý . Dans la meême liste figure aussi la
solaneèe de la folie, appeleèe parfois û herbe aux sorciers ý, apparenteèe
33
au liseron (CMG IX, 2, V, 30) :

smìlax, yÍn e²nioi hùmion, É Rwmai˜oi dé tàxon kalou˜sin, strùjnon tó
manikòn, oÍ kaí dorùknion kalou˜sin codd. plerique ;

smìlax, yÍn e²nioi hùmion, É Rwmai˜oi dé tàxion kalou˜sin, oÍ kaí dorùknion
kalou˜sin, M : il manque un anteèceèdent aé la relative, la phrase devient
ambigue« : le buis et le liseron sont preè senteè s comme eètant une meême

plante ;

smìlax, yÍn e²nioi hùmion, É Rwmai˜oi dé tàxion kalou˜sin: spat. rel. 11 litt. S
spat. rel. 4 litt. Q. La totaliteè du passage, anteèceèdent et relative, est omise

et il n'est plus question du liseron.

S et Q omettent tous deux cette partie qui leur semble incongrue,


mais tandis que S laisse l'espace neècessaire pour ce passage (environ 11
caracteéres), dans l'ideèe peut-eêtre d'y revenir, Q n'en laisse que 4, soit

(32) tàxon ed. Heiberg : tàxion codd. plerique.

(33) Il s'agit vraisemblablement de la stramoine, Datura stramonium, dans

laquelle S. Amigues reconna|ê t le Convolvulus oleaefolius, cf. Theèophraste, Recherches

sur les plantes, Paris, 2003, index.


12 gabrielle lherminier

un espace largement insuffisant : Q prend le parti au moment de la


copie de faire fi de cette lec°on.
Copie de moindre prix, Q se caracteèrise donc par une certaine
liberteè d'exeècution, alors que S est une copie fideéle. Dans les deux cas
cependant, Pierre Teèleèmaque est un copiste soigneux qui, deèsireux de
bien faire, aé plus forte raison quand il exeècute une copie de luxe, fait
une lecture critique, attentive et intelligente de son modeé le, ce qui
affleure particulieérement dans le Paris. Coislinianus 168.
Enfin, les fautes non corrigeèes dans S mais qui le sont dans Q per-
mettent de supposer que Q et S ne se retrouvent jamais simultaneè ment
entre les mains de Pierre Teèleèmaque, et que si l'une est une copie de
luxe pour un commanditaire, l'autre a vraisemblablement une utiliteè
tout autre aux yeux du copiste, peut-eêtre un usage priveè, ce qui justi-
fierait le deècalage troublant que l'on a montreè entre les eètourderies
reègulieéres du copiste de Q et l'attention particulieére porteèe au texte
qu'il copie et corrige : les nombreuses formules pour rendre graê ce aé
34
Dieu confirment l'importance qu'attache le copiste aé son travail .

4. La destination des deux copies

Le soin tout particulier apporteè aé S, la deècoration raffineèe, quoique


sobre et parfois heèsitante, si l'on consideére les erreurs de pigments, les
espaces laisseès vacants et la grande fideèliteè au modeéle donnent l'im-
pression d'une copie peu aiseèe, peut-eêtre la premieére commande de
Pierre Teèleèmaque ou sa premieére copie de luxe. Malheureusement,
aucune information sur le commanditaire ne nous est parvenue, faute
35
de souscription ou de notes de lecteur contemporaines de la copie .

(34) On lit, entre autres, dans le Paris. Coislinianus 168 : û Ê Idẃn tó tèrma
Hew˜ç nèmw týn jàrin ý au f. 130v, formule que l'on rencontre eè galement dans le

Vat. Ottobonianus gr. 145 au 79v, mais aussi parfois avec mention du livre : û Ê Idẃn tó
tèrma tou˜ prẁtou biblìou nèmw Hew˜ç týn jàrin ý (f. 30r), û Ê Idẃn tó tèrma ty˜q
pèmptyq ty˜sde bìblou. Tw˜ç telesiourgw˜ç pàntwn kalw˜n jàriq ý (f. 176r) ou
encore l'expression aé la fin du livre II : û y²nusa sún H(e)w˜ç týn pròtriton bìblon ý
(f. 53r). On rencontre des formules similaires dans le Salmanticensis gr. 7 et on peut

lire, notamment au f. 287r de l'Athous Lavra I 70, juste avant la souscription geè neèrale

du codex, la formule suivante : û tèrma tèhyka ty˜q (prokei)mènyq j(rìst)w ç para-


sjònti moi dòxan kaí jàriq || eiÊ q toúq aÊlỳktouq pàmpan (aiÊ ẁnaq kùklouq
aÊmỳn) ý.
(35) L'absence de souscription, que l'on trouve pourtant dans tous les autres

manuscrits connus de Pierre Teè leèmaque, s'explique vraisemblablement par la perte

du dernier folio du dernier cahier, et non de û quelques pages aé la fin ý comme l'af -

firment Ch. Graux - A. Martin, op. cit., p.153 qui ont compteè le ` quaternions. Le
cahier lq `, dernier du codex, s'acheéve au chapitre VII, 24 (f. 267v) : des. wÌsper kaí
týn jalbànyn, kòvantaq eÊmballein. Cette lacune correspond en effet aux deux der -
pierre teèleèmaque et paul d'eègine 13

De tous les manuscrits connus de Pierre Teèleèmaque, seul l'Athous


Lavra I 70, contenant des Meèneèes, donne quelques indications sur un
36
commanditaire , mais il est copieè beaucoup plus tardivement, en juin
1363. En voici la souscription : û eÊgràfy diá sundromy˜q mén tou˜
timiwtàtou eÊn iÉ erom(onà)j(oiq) kaí pneumatikou˜ patróq kur(ou˜)
Ê Ilarìwnoq eÊk ty˜q periwnùm(ou) e²jontoq týn patrìda ty˜q e²ti
37

(oÊno)mazomènyq Dy˜loq (sic). jeirí dé Pètrou euÊtelou˜q aÊnagnẁstou


Tylemàjou. ý Apreés une longue invocation figure la date d'exeècution :
û myní iÊ oùnioq (sic) a² gwn eÊn e²tei Šqwoa ` ý. Pierre Teèleèmaque a donc
travailleè en 1363 aé la demande d'Ilarion, hieèromoine et peére spirituel
de Deèlos, qui est peut-eêtre confondu avec un certain Symeèon
38
. Mais il
n'y a pas d'information de ce genre dans la souscription du manuscrit
39
du fonds Coislin qui de surcro|êt est anteèrieur d'une dizaine d'anneèes :
û Ê Eteleiẁhy tó parón biblìon jeirí Pètrou tou˜ Tylemàjou eÊn
e²tei Šqwxd ` myní septembrìw z `. ý
Au bas du f. 308v du Paris. Coislinianus 168, soit aé la fin du traiteè de
Paul d'Ëgine, le copiste commente la motivation de son travail, avec
les dodeècasyllabes suivants : û mỳ tiq i² dei (sic) tw˜n aÊkestòrwn týn
tỳnde / bìblon nomìsei ti dei˜tai plèon a²kwn ý. Pierre Teèleèmaque des-
tinait-il cette copie aé une eècole de meèdecine ? Ëtait-il lui-meême meède-
cin et professeur ?
e
Quelle qu'ait eèteè sa destination immeèdiate au xiv sieécle, cette copie
du fonds Coislin a eèteè peu annoteèe dans l'ensemble. Trois mains se dis-
e
tinguent cependant : la premieére, du xiv sieécle, commente le texte
avec eèrudition et ajoute des eèleèments au texte de Paul d'Ëgine tandis
qu'une deuxieéme corrige expresseèment les erreurs commises par Q,
main attribuable au xve sieécle, noteèe Q2, utilisant le Parisinus suppl. gr.
338 (W), du xive sieécle. Enfin, une main plus tardive noteèe Q3 glose
ponctuellement le texte, essentiellement en latin.

niers chapitres du livre VII, et, selon toute vraisemblance, laissait la place suffisante

aé la souscription et peut -eêtre meême au monocondyle du copiste.

(36) Souscription reproduite en partie par Spyridon et Sophronios Eustratia -

des, op. cit., p.191 sub num. 1154.

(37) Spyridon et S. Eustratiades lisent aé tort priẁnum(ou).


(38) Prosopographisches Lexikon der Palaiologenzeit, n³ 8162 et n³ 27039 respective -

ment.

(39) Souscription du Paris. Coislinianus 168, eècrite aé l'encre rouge au f. 309r,

transcription compleéte dans B. de Montfaucon Bibliotheca Coisliniana, olim Segue-


e e
riana..., Paris, 1715, p. 225 ; H. Omont, Fac-simileès du ix au xi sieécle, Paris, 1891,

p. 147.
14 gabrielle lherminier

II ^ Pierre Teè leèmaque

1. Un copiste eèrudit et meèdecin ?

Pierre Teèleèmaque exeècute donc deux copies, l'une aé l'occasion d'une


commande et l'autre, moins preècieuse, mais qui reèveéle un souci scienti-
fique : le texte de Paul d'Ëgine, assureèment, l'inteèresse. Le Salmanticen-
sis gr. 7 et le Paris. Coislinianus 168 preèsentent quelques lec°ons commu-
nes qui semblent aller dans ce sens : on peut en effet voir l'intervention
du connaisseur dans la variante suivante (CMG IX, 2, V, 61) : gàla
te polú kaí melìkraton kaí zwmoí liparoí kaí eu²jumoi : polú codd.
corr. sl. Q : pajú SQ . Dans cet exemple, Pierre Teèleèmaque modifie
2 40

le texte consideèrant que le lait doit eêtre bu en cas d'ingestion de plaêtre


ou d'arsenic non pas en grande quantiteè, ce que donne la tradition,
mais bien avec toute sa creéme pour ses vertus eèmeètiques, afin de cal-
mer la mordication et les bruêlures d'estomac, de meême que les sauces
doivent eêtre û liparoí kaí eu²jumoi ý.
Une autre lec°on semble confirmer, outre un reèel inteèreêt pour la
meèdecine, une veèritable connaissance dans le domaine, qu'elle soit le
fruit de lectures attentives des preèdeècesseurs de Paul d'Ëgine ou qu'elle
soit celui d'une expeèrimentation concreéte.
En cas de piquêre de scorpion (CMG IX, 2, V, 8), Paul d'Ëgine preè-
conise dix baies de laurier pileèes (dafnìdeq aÊrihmw˜ç dèka
leiotriboùmenai codd.), il n'y en a plus que huit pour Pierre Teèleèma-
que (dafnìdeq aÊrihmw˜ç oÊktẃ leiotriboùmenai) : cette lec°on que seuls
Q et S donnent, alors qu'il n'y a aucune ambigu|ë teè aé la lecture de M
41
qui eècrit ce chiffre en toutes lettres , prouve que Teèleèmaque modifie
sciemment le texte. Il fait selon toute vraisemblance un compromis
entre cette dose recommandeèe par Paul d'Ëgine, qu'il trouve exces-
sive, et celle plus floue proposeèe par Pseudo-Dioscoride, qu'il conna|êt
peut-eêtre : û dafnìdeq aÊrihmw˜ç brajei˜ leiotriboùmenai 42
ý. Ou encore
a-t-il lui-meême statueè, pour l'avoir personnellement expeèrimenteè, que
huit baies suffisaient en pareil cas ? Notre copiste est aé coup suêr feèru de
meèdecine, peut-eêtre meême est-il praticien.

(40) C'est un exemple de lec° on particulieé rement remarquable qui incitait leè giti-

mement J. L. Heiberg aé penser que Q eè tait copieè sur S et qu'il s'agissait dans l'un

d'une erreur reproduite dans l'autre, entre le xiiie et le xive sieécle, mais il n'a pro-

poseè aucun examen philologique pour ce faire. Cette hypotheé se ne peut toujours pas

eêtre exclue, mais le fait qu'il s'agisse d'un meême copiste derrieére cette commune

lec°on permet l'hypotheé se de copies indeè pendantes l'une de l'autre.

(41) Il ne s'agit pas en effet d'une faute d'itacisme entre i ` et y `.


(42) Sprengel K., Ps-Dioscoride, Theriaca , 23. 16-17, in Ku«hn, CMG, t. 25,

26, Leipzig, 1929.


pierre teèleèmaque et paul d'eègine 15

Les lec°ons qui suivent, elles aussi uniques dans la tradition, semblent
vouloir preèciser le texte de Paul d'Ëgine, comme pour lever toute
ambigu|ëteè (CMG IX, 2, V, 38) : tròmoq, eiâta spasmóq eÊmpìptei kaí
e²metoi flegmatẁdeiq kaí aÊfrẁdeiq, tisí dé kaí lugmóq codd. dont S ;
tròmoq, eiâta spasmóq eÊmpìptei kaí e²metoi flegmatẁdeiq kaí
aÊfrẁdeiq, tisí dé kaí lugmóq eÊmpìptei Q : reèpeètition du verbe, alors
qu'il eètait sous-entendu. Ce passage n'est pas alteèreè dans S. Et au cha-
pitre sur les morsures de crocodiles (CMG IX, 2, V, 25), on lit : aÊkribw˜ q
boyhoumènouq ginẁskein : ginẁskein codd. plerique gignẁskein O :
eÊpigìnwskein Q ginẁskei F.
Ces deux derniers exemples, aé savoir la reèpeètition du verbe et la preè-
verbation, montrent le reèel souci d'exactitude de Pierre Teèleèmaque et
teèmoignent aé n'en pas douter d'une rigueur scientifique. La deèmarche
est didactique, clarifiant le texte, le preè cisant, l'eèlaguant ou le modi-
. Peut-eêtre avons-nous laé un eèleèment qui cautionne-
43
fiant sciemment
rait l'hypotheése deèjaé effleureèe d'un exemplaire copieè aé des fins person-
nelles, et peut-eêtre aussi celle d'un copiste meèdecin et peèdagogue,
theèorie qui eèclairairerait alors la souscription du Paris. Coislinianus
168 : û oiÉ gou˜n eÊntugjànonteq toùtou ei²te aÊ kestòrwn pai˜deq ei²te
a²pax aÉplw
˜ q eÉlòmenoq eÊn jeirì tiq mèmnyshe ý. S'il recommande,
notamment aux fils de meèdecins, la lecture des Epitomae Medicae, c'est
qu'il consideére ce traiteè comme un document de reèfeèrence incontour-
nable, auquel il a apporteè sa caution scientifique, d'eèrudit lecteur de
Pseudo-Dioscoride ou peut-eêtre encore de praticien, enseignant la
meèdecine.
Mais c'est surtout l'examen codicologique qui donne des indications
preècieuses sur la destination de ce codex du fonds Coislin et va permet -
tre d'eètablir que ce manuscrit a eèteè copieè aé des fins personnelles.

2. Un copiste eèditeur

44
Sur Pierre Teèleèmaque, les informations sont maigres : il se deèfinit
comme lecteur dans l'Athous Lavra I 70 û jeirí dé Pètrou euÊtelou˜q
aÊnagnẁstou Tylemàjou ý. En revanche, il ne dit jamais explicite-

(43) C'est ainsi que l'on peut expliquer l'omission du liseron dans l'exemple

commenteè supra. Pierre Teèleèmaque conna|ê t preèciseèment ces plantes et ne saurait les

confondre.

(44) Cf. M. Vogel - V. Gardthausen, Die griechischen Schreiber des Mittelalters

und der Renaissance, Leipzig, 1909 (XXXIII. Beiheft zum Zentralblatt fu« r Biblio -

thekswesen), p. 387 (reèimpr. Hildesheim, 1966) ; Repertorium der griechischen Kopisten

800-1600, t. II, Vienne, 1989, RGK A 477 = III A 556 ; E. Trapp, H.-V. Beyer,

Prosopographisches Lexikon der Palaiologenzeit, 13 vols, Vienne, 1976 -1996, t. XI,

n³ 28183.
16 gabrielle lherminier

45
ment qu'il est moine . Il semble avoir pour habitude de signer d'un
monocondyle et d'un cryptogramme en fin de codex apreés la souscrip-
tion, et tout cela aé l'encre rouge, dans les manuscrits dateès de 1355 aé
1363. On lit ainsi aé la fin du Paris. Coislinianus 168, au f. 309r, outre la
souscription, son monocondyle et son cryptogramme, comme dans
l'Ottobonianus gr. 145 au f. 80r et l'Athous Lavra I 70 au f. 287r.
Mais ce qui est inhabituel, c'est la preèsence d'un second monocon-
46
dyle et d'une formule par laquelle il rend de nouveau graê ce aé Dieu
au f. 3v du Paris. Coislinianus 168, c'est-aé-dire aé la fin du premier cahier
contenant des parties qui n'existent ni dans M ni dans S aé savoir le pro-
oimion et le pinax. Ce second monocondyle incite aé penser que ce cahier
initial, partie inexistante dans S et M, de la main de Pierre Teè leè-
maque, est posteèrieur au reste de la copie, ce que corroborent les signa -
tures, de premieére main : de fait, le cahier g` correspond bien au qua-
trieéme cahier actuel et non au troisieéme. De meême, au bas du
f. 91v, le douzieéme cahier est signeè ia` 47
.
a
Il y a donc une copie principale, noteèe Q (f. 4r aé 309r), et une deu-
b
xieéme eètape dans l'histoire de ce codex, noteèe Q : Pierre Teèleèmaque,
ayant utiliseè un modeéle lacunaire, constate cette lacune en voyant un
autre exemplaire des Epitomae Medicae. Il en fait son modeéle et comble
ladite lacune, en y apposant alors de nouveau son nom. Le papier uti -
liseè est le meême que celui de la copie principale, comme l'indique le
48
filigrane . Ces deux eètapes sont donc treés proches dans le temps, et les
deux modeéles de Q sont sous les yeux de Pierre Teèleèmaque dans un
intervalle de temps restreint, vers septembre 1355, ou peu apreé s.
Mais il reste un dernier point aé eèclaircir, particulieérement eènigma-
tique : quel est le modeéle de ces folios initiaux et donc ce deuxieéme
manuscrit des Epitomae Medicae auquel il a acceés ?

(45) Turyn, Vaticani, p. 157, notice 134 et Tab. 199a oué la souscription de

l'Ottobonianus gr.145 est reproduite : eÊ n e² tei Šqwoa` iÊnd a` myní dekembrìw e` avec le

monocondyle Pètroq oÉ Tylèmajoq qu'une lecture fautive de E. Feron et F. Batta -


glini transcrivait ainsi :Pètroq oÉ euÊ telýq monajòq -
, cf. Codices manuscripti graeci ottobo

niani bibliothecae vaticanae, p. 81.

(46) F. 3v : fin du pinax du livre I en monocondyles : û hèamen tou˜ pìnakoq tó


tèrma kaí eiÊrgasmènon sún hewç˜ twç˜ eÊ nisjùsantì me Paùlou tou˜ AiÊginỳtou kaí
/

sof ìstou kaí iÊatr ou˜ yÉ prokeimèny bìbloq


( ) ý.

(47) Voir encore, au f. 298v, la fin du cahier lz` et le deèbut du cahier 39 au

f. 299r.

(48) Deux cercles relieè s par un trait surmonteè d'une croix, cf. Briquet 3189 :
e e
Sienne 1347 ; proche de V. A. Mos­ in - S. M. Traljicè , Filigranes des xiii et xiv ss.,

Zagreb, 1957, 2024 : Sienne 1334 ; voir aussi D. et J. Harlfinger, Wasserzeichen aus

griechischen Handschriften, 2 vols, Berlin, 1874 -1980, cercle 14 dans le Marcianus gr.

176 dateè de 1351.


pierre teèleèmaque et paul d'eègine 17

La collation reèveéle, pheènomeéne eètrange, qu'il ne s'agit que treés


ponctuellement du texte attendu. Le traiteè de Paul d'Ëgine contient
en effet un prooimion, puis un pinax geèneèral, indiquant d'une phrase le
contenu de chacun des sept livres qui constituent les Epitomae Medicae.
Puis, au deèbut de chacun des sept livres, l'auteur preèsente en une
phrase d'introduction le contenu du livre qu'il s'appreê te aé deèvelopper.
Or, dans le Paris. Coislinianus 168, le pinax geèneèral, preèsentant le
contenu de chacun des sept livres, n'est pas exactement celui de notre
meèdecin. Comparons par exemple dans le pinax geèneèral, au sujet du
contenu du livre III des Epitomae Medicae, la lec°on des manuscrits rete-
nue par J. L. Heiberg, CMG IX, 1, pr. : Ê En tw
ç˜ trìtw
ç perí tw˜ n katá

tòpouq sunistamènwn pahw˜ n aÊ p' a² kraq kefaly˜ q aÊ rxamènwn yÉ mw


˜ n,

eiÊq a² krouq dé katantysàntwn toúq pòdaq a² jriq oÊ nùjwn, et celle du

Paris. Coislinianus 168, au f. 1v : Ê En tw


ç˜ biblìw
ç trìtw
ç ty˜ q pragma-

teìaq uÉ pàrjonti perí tw


˜ n katá tòpouq peponhòtaq pahw˜ n oÉ lògoq

eÊstín aÊ rjòmenoq mén aÊ p' a² kraq kefaly˜ q teleutw˜ n dé eÊn a² kroiq toi˜q

posìn. On peut reconna|être en fait dans cette variante l'incipit du livre

III (CMG IX, 1, III). Pierre Teèleèmaque est alleè rechercher la phrase
d'introduction du livre III puisque le reèsumeè de ce dernier ne se lisait
pas dans le modeéle qu'il a utiliseè pour copier le pinax geèneèral. Il a pro-
ceèdeè ainsi pour reèsumer les livres I aé III, recreèant deés lors le pinax, aé
partir des phrases d'introduction eècrites par Paul d'Ëgine au deèbut du
deèveloppement de chacun de ces trois livres. Pour le livre IV, en
revanche, la copie rejoint la tradition, le modeé le devenant vraisembla-
blement plus lisible.
Tout porte donc aé croire que Pierre Teèleèmaque avait eu un modeéle
difficile aé lire sous les yeux contenant toutefois le pinax, modeéle qu'il ne
doit pas conna|être lorsqu'il copie S et qu'il se procure peu de temps
apreés la copie des folios 4r aé 309v (Qa), puisqu'il s'agit du meême
papier. Corollaire de cette ideèe, s'il s'eèchine aé deèchiffrer ce manuscrit,
c'est qu'il n'y a pas d'autre exemplaire des Epitomae Medicae contenant
le pinax plus lisible aé l'endroit oué il se trouve, vers 1355.
Cependant, ultime vicissitude de ce manuscrit, on trouve un folio
49
posteèrieur aé l'ensemble, numeèroteè 2 dans le foliotage moderne , et
comprenant le prooimion : ou bien il s'agit d'un ajout, auquel cas Qb n'a
pas eu connaissance du prooimion, lorsqu'il ajoute en teête de codex le

(49) Contrairement aé ce que signalent R. Devreesse, op. cit., p. 150 et

H. Omont, op. cit., p. 147, il n'y a pas de lacune dans ce premier cahier, mais inter -

version fautive des folios 1 et 2, au cours d'une restauration, anteè rieure au foliotage

et aux signatures modernes. Il faut donc lire le manuscrit dans l'ordre suivant : f. 2,

f. 1, f. 3.
18 gabrielle lherminier

bifolium contenant le pinax, ou bien il s'agit de la perte du premier


folio d'un cahier dont il ne resterait que les deux derniers folios.
Cette dernieére hypotheése est contredite par plusieurs eèleèments : on
lit, dans l'encre de la rubrication, en haut du f. 1r, û pìnax kàllistoq
ty˜q prokeim(ènyq) bìblou 50
ý, au-dessous duquel se trouve un ban-
deau deècoratif, preèsentant exactement les meêmes eèleèments d'ornemen-
tation que celui contenu au f. 1r de l'Ottobonianus gr. 145 marquant le
deèbut du traiteè de Meèleètios. Il est semblable aussi aux bandeaux deè jaé
signaleès du f. 4r du Paris. Coislinianus 168 et du f. 1r du Salmanticensis
gr. 7, meême s'il est deux fois moins large. Enfin, sous ce bandeau, on lit
le titre rubriqueè û tá kefàlaia tou˜ paròntoq biblìou ý. Si le prooi-
mion avait eèteè copieè lors de l'eètape Qb, en 1355, ces eèleèments n'auraient
pas lieu d'eêtre.
Ajout et non reèfection, ce f. 2, copieè sur un papier filigraneè attesteè
c
en 1365, comble la lacune : c'est l'eètape Q . Il s'agit eèvidemment de
savoir qui a proceèdeè aé cette dernieére eètape de la copie, celle du prooi-
51
mion, une dizaine d'anneèes apreés la copie principale . Il s'aveére qu'il
s'agit toujours de la main de Pierre Teèleèmaque, dont l'eècriture est plus
alerte qu'en 1355, quoique moins reègulieére, et se rapproche de celle
que l'on trouve dans l'Athous Lavra I 70 ou l'Ottobonianus gr. 145 dateès
respectivement de 1362 et 1363.
Le Paris. Coislinianus 168 montre d'autres interventions de Pierre
52
Teèleèmaque en fin de codex ou
é des textes, portant eux aussi sur la

Perí stahmw˜ n
meèdecine, sont ajouteès progressivement, comme on le voit nettement

kaí mètrwn
entre les f. 307v et 308r : le copiste commence le traiteè
au f. 307v et le continue au bas du f. 308r (CMG IX, 2,
VII, 26) en contournant l'obstacle, aé savoir un autre texte copieè anteè-
rieurement sur le haut du f. 308r. La copie de ces textes s'est faite de
53
fac°on deècousue .

(50) Cette mention, par son emplacement au -dessus du bandeau deè coratif,

semble avoir eè teè ajouteèe posteèrieurement. Par ailleurs, le traceè du beêta, en combineè

de teèleèphone, et plus geè neèralement, la souplesse du trait en cet endroit la rappro -

chent de l'eè criture en monocondyles de Pierre Teè leèmaque au f. 3v.

(51) Le filigrane du f. 2 du Paris. Coislinianus 168, au centre, est une croix aé deux

traverses de longueurs ineègales, proche de Briquet 5767 : Sienne 1365 ; voir aussi

Mos­ in - Traljicè , 3597, G. Piccard, Die Wasserzeichenkartei Piccard im Hauptstaatsar -

chiv Stuttgart. Findbuch I-, t. XI, Wasserzeichen Kreuz, Stuttgart, 1981, 1271 : Sienne

1365.

(52) Ces interventions vont jusqu'au f. 309v, apreé s la souscription.

(53) On peut en effet noter le changement d'eè criture au milieu du f. 306v au

cours de la ligne 17 (CMG IX, 2, VII, 25) : aÊntí kolokunhìdoq spèrma kìkewq,
oÌ eÊsti kròtwnoq. // aÊntí kotulydònoq oÊnokàrdion. aÊntí kolofwnìaq aÊpòjuma (voir
planche II). Cependant, il peut aussi s'agir simplement d'un changement de calame
pierre teèleèmaque et paul d'eègine 19

Enfin, parmi les annotations marginales, certaines correspondent aé


cette eècriture de Pierre Teèleèmaque environ dix ans apreés et confirment
54
par leur contenu l'inteèreêt et les compeètences meèdicales de ce copiste :
la scholie qu'on lit aux folios 98v et 99r est l'une des plus deè veloppeèes
du codex et commente de fac°on eèrudite le contenu des Epitomae Medi-
55
cae :

eÊpèjetai tó ouâ ron katá tròp(ouq) y` y³ diá flegmonýn y³ diá kìrron, y³

diá eÊrỳmwsin aiÊdoìou y³ diá paràlusin y³ diá paràptw(sin) aiÊdoìou y³

diá neur(otikýn) sumpàheian y³ diá eÌlkwsin y³ diá lihìasin oÊ nomasì(ai)

dé ty˜ q eÊpòjyq tou˜ ou² rou g `. wâ n a ` eÊstin iÊsj(our)ìa pará tó pantelw˜ q
56
i²sjeshai tó ouâ ron. b ` dé dusourìa kaí tó ouâ ron mén fèrousa met'oÊ dù-

nyq dé. g ` straggourìa. straggourìa dé eÊsti pará tó katá stràgga

fère(shai) tó ouâ ron (kaí) met'oÊ dùnyq.

L'eètape Qc est donc la troisieéme de l'histoire de ce codex, eètaleèe


dans le temps, la troisieéme intervention de Pierre Teèleèmaque sur ce
manuscrit, et la preuve incontestable qu'il a eèteè, outre le copiste de ce
codex, son possesseur et annotateur, et que les Epitomae Medicae ont eèteè

en cours de page, mais certains traceè s semblent plus freè quents dans la seconde partie

que dans la premieé re, notamment le nu treés pointu.

(54) Par exemple au bas des f. 58r et 287v.

(55) Cette note se rapporte au chapitre perí eiÊleou˜ (CMG IX, 1, III, 44) et est

exactement identique aé celle eècrite par Deè meètrius Chalcondyle au f. 84v du Parisi-

nus gr. 2207, dont la main a eè teè identifieèe par Ph. Hoffmann, (Ch. Astruc et al., Les
e e
manuscrits grecs dateè s des xiii et xiv sieécles conserveès dans les bibliotheé ques publiques de

France, t. I, Paris, 1989, pl. 89, p. 86). Il s'agit en gros du texte de Stephanos in

Magni sophistae librum de urinis, 5.1-8 : û Ê Epeí dé kaí perí diafora˜q tou˜ ou²rou ei²po-

men, eÊrou˜ men kaí perí ty˜ q toùtou eÊpojy˜ q, oÌ ti katá oÊ ktẃ tròpouq eÊpèsjytai tó

ouâ ron· kaí gár y³ diá flegmonýn, y³ diá skìrÊ rÉ on, y³ diá hròmbwsin aiÌmatoq, y³ diá

paràlusin, y³ diá pròptwsin aiÊdoìou, y³ diá neurikýn sumpàheian, y³ di' eÌlkwsin, y³

diá paràlusin, y³ diá lihìasin· aiÉ dé oÊ nomasìai ty˜ q eÊpojy˜ q tou˜ ou² rou eiÊsí trei˜q.

prẁty iÊsjourìa, oÌ tan pantelw˜ q i²sjytai tó ouâ ron· deutèra dusourìa, oÌ tan tó

ouâ ron fèrytai mén, met' oÊ dùnyq dè· trìty straggourìa yÉ met' oÊ dùnyq katastà-

zousa tó ouâ ron ý. On peut aussi rapprocher cette scholie de la deè finition de Ps.

Galien , Definitiones medicae, 19.425.9-18 û spd. Straggourìa eÊstín yÉ katá stràgga

tou˜ ou² rou e²kkrisiq. y³ straggourìa tó pàhoq kalei˜tai oÌ tan tiq oÊ lìgon aÊ pokrìnei

ouâ ron sunejw˜ q. spe. Dusourìa eÊstí dusjèreia tou˜ ouÊ rei˜n metá oÊ dùnyq, straggou-

rìa dé yÉ katá stràgga ou² rysiq. spq. Ê Isjourìa eÊstí pantelýq tou˜ ou² rou eÊpìsje-

siq kìndunon eÊpifèrousa. eÊpèjetai dé tó ouâ ron katá tròpouq oÊ ktẁ· diá

flegmonýn, diá skìrÊ rÉ on, di' aiÌmatoq hròmbwsin, diá paràlusin, diá pròptwsin

tou˜ lìhou, diá nefrikýn sumpàheian, di' eÌlkwsin, diá lihìasin. ý Cette û syn -

theése ý des textes de Steèphanos et de Ps-Galien n'est pas neècessairement le fait de

Pierre Teèleèmaque et peut-eêtre recopie-t -il cette scholie telle qu'il la lit dans le

modeéle qu'utilise aussi Deè meètrius Chalcondyle pour corriger le Parisinus gr. 2207. Il

n'y a rien de ce genre dans le Salmanticensis gr. 7 au f. 88r.

(56) La particule dé manque dans la note de Chalcondyle.


20 gabrielle lherminier
pour lui un ouvrage auquel il s'est reègulieérement reèfeèreè pendant peut-
eêtre une deècennie.
Par conseèquent, comme le Salmanticensis gr. 7, on l'a vu, n'est vrai-
semblablement plus entre les mains de Pierre Teè leèmaque quand il s'at-
57
telle au Paris. Coislinianus 168 , on peut en deèduire que S est anteèrieur
aé septembre 1355, date de la copie de Q, puisque l'examen paleè ogra-
phique exclut en effet une datation de S ca. 1365, date approximative
58
aé laquelle Pierre Teèleèmaque est encore en possession de Q . On peut
donc affirmer que le Salmanticensis gr. 7 est le premier manuscrit connu
de Pierre Teèleèmaque.
Pierre Teèleèmaque a donc exeècuteè, d'apreés M qui ne contient ni prooi-
mion ni pinax, une premieére copie de luxe conserveèe aé la Bibliotheéque
de Salamanque pour un commanditaire, puis a fait un second exemp -
laire personnel, le Paris. Coislinianus 168, qu'il conserve, compleéte et
annote. Mais les sources qu'il utilise pour ce faire restent mysteè rieuses.

3. La bibliotheé que de Pierre Teè leèmaque

Pierre Teèleèmaque a eu trois modeéles sous les yeux en une dizaine


d'anneèes pour l'exeècution du Paris. Coislinianus 168 : l'Athous Lavra G
a
90, ou directement via son apographe S, (f. 4r aé 309r, Q ), en 1355,
puis un manuscrit difficile aé lire, contenant le pinax mais n'ayant pas le
prooimion (f. 1r-v et 3r-v, Qb) peu apreés et enfin un autre modeéle envi-
ron dix ans apreés comprenant le prooimion (f. 2r-v, Q , premier folio du
c

texte), ca 1365. Plusieurs lec°ons rapprochent le f. 2 du Paris. Coislinia-


nus 168 du Parisinus gr. 2207 (C), que seuls ces deux manuscrits preèsen-
tent (CMG IX, 1, pr.) :

euÊ pòristoq codd. : a² poroq te CQ


c

genysòmenon codd. : ginòmenon CQ


c

eÊ xaifnìdioqcodd. : aiÊ fnìdioq CQ


c

prospìptei codd. : peripìptei CQ


c

diagnẁsewn codd. : gnẁsewn gnẁshwn


C Q
c

Cependant, le deèbut du Parisinus gr. 2207 (C) est une reèfection que
Ph. Hoffmann attribue au troisieéme quart du xiv e
sieécle
59
, la partie

b
(57) Du moins aé coup suêr lors de l'eè tape Q : pourquoi n'aurait -il pas combleè

aussi la lacune du pinax dans S, en ajoutant, comme il le fait dans Q, un cahier ini -

tial ?
c
(58) Le filigrane, attesteè en 1365, invite aé eètablir en gros cette eè tape Q entre

1360 et 1370. La ressemblance avec l'eè criture de 1363 confirme cette datation, mais

xiii
ne permet pas malheureusement de la preè ciser davantage.

(59) Ph. Hoffmann , L'histoire d'un manuscrit meè dical copieè aé la fin du
e
sieécle :

le Parisinus graecus 2207, in Jahrbuch der Oë sterreichischen Byzantinistik, t. 34, 1984, p. 157.
pierre teèleèmaque et paul d'eègine 21

exeècuteèe par Michel Loulloudeés en 1299-1300 ne commenc°ant qu'au


f. 24. Cette partie de C restaureèe entre 1350-1375 fait de nos deux
manuscrits des contemporains pour le prooimion, puisque notre f. 2 est
copieè aux alentours de 1365. Les lec°ons que seul C donne, dont une
transposition (post eÊxousìan. transp. eÊjòntwn C), une variante lexi-
cale (eÊrỳmoiq codd. : aÊ groi˜q C) et enfin une omission (l'article tai˜q),
c
ne permettent pas de supposer que C est le modeé le de Q . Ce dernier,
quant aé lui, ne preèsente que des variantes orthographiques, que C peut
c
avoir aiseèment corrigeèes s'il a utiliseè Q comme modeéle :

c
katepeìgei codd. : katepỳgei Q
c
auÊtw˜ n codd. : auÊtón Q
pefilopònytai codd.: pefilopònyte Qc

c
Ou bien C utilise Q , ou bien ils ont tous deux un modeéle commun.
Mais le texte du prooimion est treés court et les conclusions forceèment
60
haêtives . Le teèmoignage de C n'est donc pas pertinent et ne reèsout pas
c
la question du modeéle de Q .
c
Dernier eèleèment, le modeéle de Q contenait, outre le prooimion, le
c
pinax geèneèral : de fait, le desinit de Q au f. 2v inclut le deèbut du pinax et
l'on peut y lire le reèsumeè attendu du livre I des Epitomae Medicae (CMG
IX, 1, pr.) :

Ê En tw ç týn uÉgieinýn a²pasan euÉrỳseiq uÉpòhesin kaí týn tw


˜ç prẁtw ˜ n
oiÊkeìwn tai˜q yÉlikìaiq te kaí wÌ raiq kaí kràsesi kaí eÉtèroiq tisí pahy-
màtwn profulakỳn te kaí diòrhwsin kaí táq eÊn tai˜q trofai˜q aÉpàsaiq
dunàmeiq te kaí jrỳseiq, wÉ q eÊn toi˜q kefalaìoiq eÊxehèmeha.

C'est donc que le Paris. Coislinianus 168 contient deux versions de ce


b
reèsumeè du livre I : celle recreèeèe dans Q (au f. 1r), d'apreés la phrase
d'introduction qui inaugure le deèveloppement du livre I, en 1355, et
c
celle, authentique, dans Q (f. 2v), une dizaine d'anneèes apreés.

(60) Ph. Hoffmann, aé la suite de J. L. Heiberg, Observationes, in Revue des eètudes


e
grecques, t. 32, 1919, p. 275, consideé re que le Patmiacus 208, du x sieécle, est l'un des
e e
modeéles du Parisinus gr. 2207 dans Les manuscrits grecs dateè s des xiii et xiv s. conserveès

dans les bibliotheéques publiques de France, I, pl. 89, mais cette remarque ne concerne que

les folios copieès par Michel Loulloudeé s, donc pas le prooimion. De toute fac°on, le Pat-

miacus n'a pas le prooimion, mais je n'ai pas eè tabli, faute d'examen direct, s'il s'agis -

sait d'une lacune d'embleèe ou posteèrieure aé la copie de l'apographe. Dans les faits,

le Patmiacus est treé s amputeè , et il ne lui reste que les livres I aé IV, en partie (CMG

IX, 1, I, 50-2, IV.58) ; cf. J. Sakkelion, Patmiaký bibliohỳky, Atheénes 1890, p.


116 et ÊA. D Kom I¨n h S.,Pìnakeq jronologymènwn Patmiakw˜n kwdìkwn (Basili-
kón Ì Idruma Ê Ereunw˜n. Kèntron Buzantinw˜n Ê Ereunw˜n), Atheénes, 1968, p. 16 f. (N³
e
28). L'autre modeé le serait le Laurent. 74, 2, du xi sieécle, qui pour sa part preè sente
c
deux fois le prooimion, mais celui d'origine n'a pas de similitudes avec celui de Q .
22 gabrielle lherminier
Mais Pierre Teèleèmaque s'arreête au milieu du f. 2v sans recopier le
pinax des livres II et III qu'il avait reconstitueès aussi en 1355, alors
qu'il en a enfin sous les yeux la version authentique : pourquoi arreê ter
61
ainsi deèlibeèreèment sa copie ? On peut supposer que si le pinax vise aé
faciliter la consultation de l'ouvrage, en recopier un second, meê me s'il
s'agit du texte original, aurait fait double emploi avec celui deè jaé copieè,
et creèeè, en 1355 ou peu apreés. Le souci de preècision de Pierre Teèleè-
maque semble ici reèpondre avant tout aé des exigences pratiques et
meèdicales. Peut-eêtre aussi n'a-t-il pas souhaiteè biffer le texte qu'il avait
soigneusement reconstitueè vers 1355 pour conserver une copie propre
et agreèable ?
Nous pouvons donc proposer le stemma suivant, qui retient l'hypo -
theése de deux copies distinctes l'une de l'autre :

M
x e
s.
?

C (a. 1299/
Qa
1300)
ff. 4r aé 309v

sept. 1355
S
a
C Qb

ff. 1 aé 3v ante sept.

ca. 1355 1355


W Qc
xiv e
s.
f. 2r-v ca. 1365

2
Q

xv e
s.

3
Q

a b c:
Q , Q et Q Paris. Coislinianus 168, Pierre Teèleèmaque (1355 -ca.1365) ;

M : Athous Lavra G 90 ( x e
sieécle) ;

S : Salmanticensis gr. 7, Pierre Teèleèmaque (milieu du xiv e


sieécle) ;

C : Parisinus gr. 2207, Michel Loulloudeé s (a. 1299/ 1300) ;


a
C : partie refaite du Parisinus gr. 2207 (troisieéme quart du xiv e
sieécle) ;

W : Parisinus suppl. gr. 338 ( xiv e


sieécle), manuscrit qui appartient aé une

autre branche du stemma ;


2
Q : annotateur et correcteur du xv e
sieécle ;
3
Q : main qui intervient vraisemblablement au xvi e
sieécle, surtout en

latin.

(61) Le manque de place ne peut eê tre invoqueè en l'occurrence : il reste environ

la moitieè du folio, ce qui suffisait amplement pour copier les reè sumeès des livres II et

III.
pierre teèleèmaque et paul d'eègine 23

Pierre Teèleèmaque a donc acceés aé des manuscrits en tant


qu' aÊnagnẁstyq, dans un ou plusieurs endroits oué l'on peut trouver en
moins de dix ans trois modeéles des Epitomae Medicae de Paul d'Ëgine. Il
s'agit neècessairement d'un grand centre culturel, et les renseignements
autobiographiques que Pierre Teèleèmaque donne, ainsi que la prove-
nance des manuscrits du fonds Coislin et celle d'au moins l'un de ses
modeéles, M, incitent aé supposer une eèventuelle relation de ce copiste
avec le Mont Athos, dans un ou plusieurs monasteé res et, s'il n'eètait pas
meèdecin lui-meême, c'est du moins de treés preés qu'il observait les prati-
ques de cette science, peut-eêtre en vue de les enseigner.
Copiste, rubricateur, lecteur et possesseur, Pierre Teè leèmaque mani-
feste assureèment un souci tout particulier pour le texte de Paul
d'Ëgine. L'inteèreêt immeèdiat qu'il lui porte deés qu'il copie le manuscrit
de Salamanque au plus tard en septembre 1355, la lacune qu'il cons -
tate et comble treés vite apreés copie dans le Paris. Coislinianus 168 et le
travail de restauration qu'il effectue sur ce meê me manuscrit cinq aé dix
ans plus tard sont autant de preuves de sa curiositeè et de sa volonteè
d'avoir en sa possession un exemplaire complet des Epitomae Medicae,
maniable, concis et pratique d'utilisation, rejoignant deé s lors la
volonteè de Paul d'Ëgine, qui deèfinit lui-meême son travail dans le prooi-
mion comme une û eÊ pìtomoq eÊ k tw˜n aÊrjaìwn sunagwgỳ ý ou encore
comme une û sùntomoq didaskalìa ý (CMG IX, 1, pr., I, 3). Le
caracteére didactique de l'ouvrage, sa concision, sa simpliciteè et son
exhaustiviteè avaient donc tout pour seèduire Pierre Teèleèmaque, sou-
cieux comme l'eètait Paul de pragmateìa.
La deèmarche de Pierre Teèleèmaque est, certes, de retrouver le texte
dans sa totaliteè, dans le respect des intentions de l'auteur, y compris
pour le pinax geèneèral, mais surtout il preèfeére, aé une table des matieéres
qu'il aurait lui-meême composeèe pour pallier les difficulteès de lecture
lieèes aé son modeéle, recopier trois des petits preèambules authentiques
qui commencent chacun des sept livres. Il s'agit bien de faciliter la
consultation de l'ouvrage, au prix d'un petit remaniement neè cessiteè
par des modeéles lacunaires ou peu lisibles. Clarifier le texte, au risque
de le modifier leègeérement en proposant des conjectures qui paraissent
meilleures, le rendre plus accessible en le commentant, l'actualiser
avec le fruit de son expeèrience personnelle, c'est adopter une deèmarche
didactique et faire un veèritable travail d'eèditeur.
Et quelles qu'aient eèteè les fonctions exactes de Pierre Teèleèmaque, il
est deèsormais clair qu'apportant sa caution scientifique aé un ouvrage
qu'il consideére comme une reèfeèrence pour la meèdecine, il a contribueè aé
sa diffusion et aé sa posteèriteè.

Gabrielle Lherminier
THE TRANSMISSION OF THE TEXT OF THE SCHOLIA
TO HERMOGENES' PERÍ STÀSEWN
P

I^P rolegomena

Of the popularity of Hermogenes rhetoric throughout the eras we


have as evidence a production of commentaries by several school rhet-
ors, since Harpocration, a contemporaneous of his and a critic of his
issues theory 1. Among those commentaries there is a plentiful , corpus
whose textual tradition is inseparable from the text2 they comment, fig-
uring in a restrict family named as P by H. Rabe , one among the sig-
nificant number of codicological families of codices that transmit all
the treatises attributed to the rhetor of Tarsus. Those commentaries
(or scholia) had till now only one edition, by Christian Walz, in the
volume 7 of his series 3.
Rhetores Graeci
Some other scholars have done in the last century researches on
these scholia and on the manuscripts that bear4 witness of them. Those
are names such as S. Glo« ckner or H. Rabe , to whom an edition of
(1) On the other hand Harpocration would have influenced the hermogenic
theory of the types of style. See Michel ,
Patillon Anonyme de Seèguier. Art du discours

politique,Paris, 2005, p. - . On the problem of the identification of rhetors


lviii lxv

with this name, see Malcolm Heath , , in


Porphyry's rhetoric , 53,
Classical Quaterly

2003, p. 144-166, sp. 147, and idem, , in


Theon and the history of the progymnasmata

Greek, Roman and Byzantine Studies , 43, 2003, p. 129-160, sp. 132 and following.
(2) Cf. H. , cf.
Rabe Rhetoren Corpora, in , 67, 1912, p. 321-
Rheinisches Museum

357, sp. 323. See below the explanation of the manuscript . The used are sigla sigla

Rabe's, except for the one referring to 8, taken from Stephan


Perí tw˜ n stàsewn
Monacensis graecus

Glo
« ckner, Die Handschriften der - P Scholien zu Hermogenes

(Breslau nowadays Wroc•aw 1928), p. 5, and for the ones identifying lost and
conjecturally reconstructed codices, which are mine.
(3) C. ,
Walz Rhetores Graeci , vol. VII, Stuttgart & Tu« bingen, 1836, p. 104-696.
(4) From S. Glo
« ckner , cf. the work quoted above n. 2 -
Quaestiones rhetoricae. His

toriae qualis fuerit aeuo imperatorio capita selecta, 8, 2,


Breslauer philologische Abhandlungen,

1901, p. 1-115; Uë ber den Kommentar des Johannes Doxopatres zu den Staseis des Hermo-
genes, in Wissenschaftliche Beilage zum Jahresbericht des Ko« niglichen Gymnasium zu Bunslau

I, Kirchhain, 1908, and II, Kirchhain, 1909;


Perí tw˜ n stàsen, in
- -
Zur Komposition der P. Scholien zu Her

mogenes Satura Viadrina altera, Festschrift. Zum 50 ja« hr. Bestehen d.

Philol. Vereins zu Breslau, Breslau nowadays Wroclaw, 1921, p. 1-11. As for H. , Rabe

see .;
op. cit Hermogenis opera, in , II, Leipzig, 1913 (reimpr. 1985)
Rhetores Graeci

[introduction]; Prolegomenon sylloge, in , XIV, Leipzig, 1931 [praefa-


Rhetores Graeci

tio].
Revue d'histoire des textes, n.s., t. V, 2010, 25-42 ©
26 rui duarte
Hermogenes and several comprehensive studies on the manuscript tra -
dition are due. Later on, by the mid-century, G. Kowalsky
5
and his
and V. Borzemska-Lesnikowska , and later
6 7
disciples L. Rychlewska
8
the Italian R. Romano , continued this study.
In 2006, at the University of Aveiro (Portugal), I presented my
.
Pd.D. thesis In it, I gave an account of the history of the text's trans -
mission throughout the manuscript tradition up to Walz edition, and
justified the need of a new critical edition and the criteria for it. A sec -
tion out of the P scholia was chosen : the chapters 1 -16 (consisting of a
general introduction to the stàseiq system), corresponding to Walz 7
104-245. The new critical text of these scholia was provided with a
9
Portuguese translation .
The research I was able to do lead me to some conclusions regarding
the manuscript filiation. For the constitutio textus, only Pa and Pc were
taken into account. The apographs, as well as Walz, were considered
mainly for the purpose of establishing a stemma, even though they have
been used occasionally, whenever they borne good conjectures. These
conclusions can be summed up as follows : (1) Pc would be the only of
the extant witnesses of its branch ; (2) all the other codices were
included in the branch represented by Pa, which I named a ; in this
branch, two filiation lines, Pa and g, were determined, the last one a
conjecturally lost codex ; (3) the net of dependencies of Pa was also
complex.
My former research depended upon a limited sample of texts, the
scholia I studied, and neither upon the Hermogenic text itself nor
upon other texts borne by the manuscripts. Obviously, the conclusions
that I came up to could be either confirmed or infirmed. In fact, fur -
ther and closer researches provided enough evidences to make me

(5) See his edition Hermogenis de Statibus, Travaux de la Socieè teè des sciences et

des lettres de Wroclaw, series A, nr. 1, Wroclaw, 1947.

(6) In Anonymum Hermogenis Statuum interpretem (Rh. Gr. VII, 397 -442 Walz ) cum

Nilo (Par. gr. suppl. 670 sqq. 36v-65r) collatum observationes criticae, in Eos, 41, 1, 1940-
1946, p. 173 -184, and 42, 1, 1947, p. 195 -211.

(7) De Anonymo Hermogenis Statuum interprete (Rh. Gr. VII 320 -397 W.) cum Nilo

(Par. suppl. gr. 670 ff 1r-36r) comparato, in Analecta Hermogenica, Travaux de la Socieèteè
de sciences et lettres de Wroclaw, seè rie A, 42, 1951, p. 17 -43.

(8) Il commentario a Ermogene attribuito a S. Nilus di Rossano (Par. suppl. gr. 670, ff. 1 -

179), in Epeteris Etairias Byzantinon Spoudon, 47, Athens, 1989, p. 253-274 ; Niliaca ab
Anonymo Rh. Gr. VII W. non expressa, in Vichiana, 3 series, 2, 1991, p. 263-264 ; Un
rd

nuovo capitolo del commentario a Ermogene attribuito a S. Nilus di Rossano , in Vichiana, 3,


1992, p. 189 -198 ; Nuove ricognizioni sul commentario a Ermogene attribuito a S. Nilo di

Rossano, in Orpheus, 21, 2000, p. 84-91.


(9) R. M. O. Duarte , Comentaè rios ao tratado sobre os Estados de causa de Hermoè -

genes de Tarso por autor anoènimo, Aveiro, Universidade de Aveiro, 2006.


scholia to hermogenes 27

reconsider some of them. And that is exactly a research update that


I shall propose in the following pages. Its goal is to set the point of the
present knowledge of the tradition of the text of the scholia.

II ^ The edition of Walz vol. vii (w7)

Now, a critical analysis of the Walz edition (defective regarding sev -


eral aspects) shall be provided ; this analysis is justified by the fact that
this work has been until today the reference edition of the text of the
scholia and the sole intermediary between this and us.
The codices used by Walz were Pa, Pc (named by the abbreviation
Par.1), Pb (Par.2), Aa, Ne and Mb. In the introduction (introduction
p. iii), Walz states that he benefited from a descriptive study of Mb,
having hence done a scarce confrontation with Ne and having cor -
rected the commentaries based on Pc ; so that, whenever the source of
a correction is not named, one should infer that it is Pc. It could also
be perceived that W7 deeply relies on Mb.
As for Pb, he states that this codex was not profoundly checked, but
only in some pages. Pa, however, was not used but occasionally. Two
examples of omissions in Pc were, as it is mentioned, restored through
Pa.
The W7 edition is, for several reasons, an imperfect work, mainly
because it almost despises Pa, depending especially on apographs.
There is no real apparatus, but footnotes to the text, in which he spor-
adically quotes variants and transcribes scholia minora without notice-
able criteria. On the other hand, he presents plentiful omissions. The
most of these are due to homeoteleuton :

1.34.1-2 sunemfaìnousi ^ y³ dou˜loq omitted by W7 120.5 after legòmena


|| 1.35.11-12 tau˜ta dý ^ ty ˜ q fùsewq omitted by W7 121.3 after ty˜q
fùsewq || 2.48 all the scholium omitted by after W7 127.11 || 3.94.2 tó
pròswpon : tó omitted by W5 159.31 || 9.2.6-7 eÊ n dé ^ uÉpeùñunòn eÊ sti
omitted by W7 202.25 after gìnetai || 13.6.5-6 tó mén ^ gár tó rÉytón
omitted by W7 215 4 after tó rÉytòn.

As for some other variants and omissions W7 relies directly on apo-


graphs as the source of the text :

1.19.2-4 eiÊ pẃn ^ perí euÉrèsewq omitted in Mb after euÉrèsewq due to


homeoteleuton, whence also W7 113.26 || 2.73.1 eÊ stin· ou²te gár
pròswpa ou²te omitted in Mb after kànonà, whence W7 145.7 || 2.b.1
trìttyn P : trìtyn Mb whence W7 130.17) || 2.75.5-6 kairoi˜q ^ twç˜
aÊntistrèfonti omitted in Mb after diafòroiq whence W7 145.30) ||
3.94.2 tó pròswpon : tó omitted in Mb (cf. W7 159.31) || 3.96.5-7
28 rui duarte
aÊnafèretai uÉpó tó aÊperìstaton omitted in Mb due to homeoteleuton
^
(cf. W7 161.17 after aÊperìstaton) || 9.1.5-6 eiÊ kaí ^ tó aÊkoùsion omitted
in Mb due to homeoteleuton (cf. W7 202.5 after tó a Ê koùsion).

There are still cases of misreading by Walz of the lesson he used :

1.2.1 e²sty Pc whence W7 and I : e²sti e²stai Pb


because of iotacism Pa

e²sty and Ne, in which W7 erroneously read e²sti (cf. 105.19 n. 18) ||
1.17.13 toùtwn transferred after eÊpijeirymàtwn in Pc, having W7 read

tw˜n eÊrgasiw˜n instead of toùtwn eÊrgasìwn (cf. 113.8 n. 22) || 1.21.8


kañolikoi˜q P whence W7 and I : kañolikw˜ç reads W7 in Pc (cf. 114.13
n. 5) || 2.79.27 kaí P whence I : wÉ q W7 perhaps based on Pb (cf. W7
148.17) || 11.1.2 toutí codices whence I : W7 reads erroneously toùtou

in Mb (cf. 205.21 n. 1) || 13.10.48 dylopoióq Pc whence W7 and I :

dyloi˜ poiòq Paa, having W7 in Pb misread dyloi˜ poiòn (cf. 218.12


n. 27) || 16.a scholium to be transferred after 16.2 : after the scholium 5

in Pa after the scholium 1 in Pc and not omitted in this codex as W7

declares (cf. 234.20 n. 1) || 16.a.23 e²rrwtai P whence W7 and I :

e²rrwto Pb where erroneously W7 reads e²rwto (cf. 235.24 n. 16).

W7 however, gives some good lessons, from his own conjecture or


taken from the manuscripts. It is worthwhile to quote all of them, since
they were all taken as valid lessons for the establishment of the text :

1.49.4 má Dì' correctly restored W7 127.16 and I from Demosthenes

First Olinthiac 1.23 : ný Dìa in all the codices || 2.59.6 tó before prò-swpon
correctly added by VhMb, whence W7 136.4 whence I, cf. below

2.59.7-8 tó pra˜gma : omitted in P || 2.68.13 pró diagnẁsewq PaNe thus

correctly W7 142.1 cf. n. 47 (though he did not check Pa) whence I :

prodiagnẁsewq in the other codices || 2.85.9 lègoi W7 152.3 whence I :


lègei in the codices || 4.7.11 lègetai W7 181.11 whence I cf. the source
of the scholium (W4 210.6) : lègei codices || 5.9.2 e²jei corr. Pb1 whence

W7 186.12 and I : in genitive e²jontoq in the other witnesses possibly by

homeoptoton with pràgmatoq || 6.12.3 stàsin b whence W7 191.23 and

I : stàsiq Pa || 7.9.13 uÉpodiairèseiq correctly W7 199.2 -3 whence I :

uÉpodiaìresin Pa uÉpodiaìrin Pc || 9.2.20, 32 eÊn ÊArginoùsaiq correctly W7


203.18, 204.2 and I : eÊn aÊrginnoùsaiq Pa eÊnarginnoùsaiq Pc || 14.10.9

auÉty˜q Pa equally W7 225.13 and I : auÊty˜q in the other testimonies ||


15.2.12 týn ny˜son corrected by W7 227.26 based on Demosthenes Third

Philippic 9.5 and equally I : týn nòmon Pa t. nòson Pc tón nòmon b ||


15.2.12 mý suppressed by W7 228.1 based to Demosthenes loc. cit and

equally || 15.2.12 a Ê polàbyte Pa whence b and equally W7 loc. cit and


I : làbyte in the remaining codices || 16.2.1 prorryñeisw ˜ n corrected by
b whence W7 231.8 and I : prorryñèntwn in the other codices.
scholia to hermogenes 29

However, other conjectures, corrections and additions of his were


not considered acceptable. Because thy were not relevant for the estab -
lishment of the text, it is not useful to give here but a sample (over sev -
enty-five variants)
10
:

1.6.1 dé after katàlyviq added by W7 107.11 || 2.54.19 tá d eÉ xy˜ q


' P

whence I : tá dé eÊ x auÊ tou˜W7 132.25 || 2.84.4 auÊ toi˜q P whence I : auÊ tó
W7 151.5 || 2.87.54 jrỳsewq P whence I : fùsewq W7 154.29 || 3.98.17

naumajìan after Salami˜ni added by W7 165.3 || 3.16.9 kañá P whence

I: kañàper W7 174.14 || 4.8.6 e² llaben before yÉ mytruiá added by

VhMb whence e² laben -


W7 182.14 15 || 6.10.2 eÊ pidei˜xai P whence I :

aÊ podei˜xai W7 191.7 || 7.8.1 peristàsei P whence I : stàsei W7 198.11 ||

9.2.20 oÌ ti before ouÊ kadded W7 203.17 || 12.1.3 aÊ llá P whence I : kaí


W7 206.18 || 12.1.22 eÊ n
before toi˜q added by W7 207.19 || 13.1.16 auÌty
P whence I : auÊ tð˜Mb whence perhaps auÊ tý W7 210.8 || 13.7.5 o³ n before

a³ n possibly by homeoteleuton added by W7 215.12 || 13.10.39 próq táq


P whence I : pòrnyq táq -
W7 217.30 31 || 14.8.18 eÊ sti after eÌ teroq added

-
by W7 223.13 14 || 15.1.14 ñeóq P whence I : Dymosñènyq W7 227.5 ||

15.4.12 tou˜ before dymosìa added by W7 228.28 || 16.5.10 uÉ pó P whence

I: pará W7 233.17 || 16.d scholium signed with number 15 by W7 242.8

and f. || 16.d.9 eÊ pí P whence I : aÊ pó W7 ib. || 16.f.14 ouân P whence I : dé
Pc || 16.f.15 kaí P whence I : tá W7 244.28.

Other W7 errors relate to the numbering of the codices :

3.90-99 as 100-109 || 3.20 marked with number 8 || 4.3 scholium not

numbered.

In conclusion, the W7 edition is on the whole an imperfect work, in


spite of the good conjectures. It relies essentially on the apographs of
Pa and on Mb as well, almost neglecting Pa itself, and omitts a great
number of textual materials. Therefore, as far as the text's reconstitu -
tion is concerned, this work is not but seldom useful.

III ^ T he tradition of the text


1. The codices

The family of codices designated P by Hugo Rabe has, as its most


ancient known witnesses, two codices, both from the eleventh century :
Parisinus graecus 1983 (Pa) ; Parisinus graecus 2977 (Pc). Still more recent
codices belong to this family, dated from the thirteenth to the sixteenth

(10) See a more exhaustive list in my thesis p. 52-53.


30 rui duarte
centuries, out of which six were examined : Parisinus graecus 2916 (Pb =
Par.2 W7) ; Neapolitanus ( Farnesinus) II.E.5 (Ne) ; Ambrosianus P 34
d
sup. [graecus 617] (Aa) ; Vaticanus graecus 2228 (V ) ; Palatinus Vaticanus
graecus 23 (Vh) ; Monacensis graecus 8 (Mb).
The manuscripts that bear the scholia will be examined right away.
As Pa and Pc were the codices the constitutio textus in my thesis was
mainly based on (regardless of a few good corrections provided by the
apographs), they are worth a more detailed account.

(Pa) Paris, Bibliotheéque nationale de France, gr. 1983. Parchment, 260 6


215 mm, 295 folios, tenth -eleventh century
11
.

The hermogenic text, which occupies the folios 44-284 (the scholia
edited in my thesis, corresponding to W7 104-245.4, being found in
folios 44r-59v), is written in a circumscribed space, vertically centred
on the page, and close to the line of margin of the spine, the rest of the
space being reserved for the writing of the scholia, which occupy 55 to
62 lines, from the top to the bottom, around the text of Hermogenes.
This one occupies circa one sixth of the total written space, which
show that the folios were especially prepared to receive not only the
text of the rhetor but also the scholia (known as scholia maiora or
greater scholia). Both the hermogenic text and the text of the scholia
were apparently copied by the same hand ; the size of the scholia's
handwriting is smaller than that of the hermogenic text and the ink
colour is light brown, whereas the hermogenic text's one is dark brown.
The handwriting is well taken care of, well drawn and regular from the
top to the bottom of the folios. The scholia relate to the text through
numerical note references marked with red ink in the interlinear space
of the hermogenic text, and retaken at the margin of it. The space
between the text of Hermogenes and that of the scholia was left blank
in order to receive other scholia, with characters of inferior size. The
note references of the later ones consist of graphic signs. These facts, in
addition to the disposition of these scholia (between the main hermo -
genic text and the greater scholia), make us think that the scholar
community of the Hermogenes's readers of that time would consider
these scholia of secondary importance. Due to this, these scholia are

(11) For a summary of the contents of the codex see our thesis, p. 39 -41,

Patillon l-liii Aujac


Perí sunhèsewq oÊ nomàtwn
M. , Corpus rhetoricum, Paris, 2008, p. and G. , Recherches sur la

tradition du de Denys d'Halicarnasse, in Revue d'histoire des

textes, 4, 1975, p. 32-35.


scholia to hermogenes 31

known as scholia minora (smaller scholia) . The text of the scholia is div-
12

ided in several parts, which in my edition are considered as chapters,


similarly to what has been done in W7. The titles of the chapters, when
they appear, stand out detached, in darker ink and in bigger size, either
laterally to the hermogenic text, or over him, or in the scholia text itself,
separated by the rest of the text in the line by larger spacing. Over the
line corrections were made here and there by the same hand that copied
the scholia (Pa ), some others were made by a second hand (that I des-
1

ignate as Pa ) using darker ink. Still there are marginal notes and cor-
2

3
rections from a third hand (Pa ). To this hand are due text restorations
in several places, because of severe deterioration of the material. This
2
hand uses an ink colour similar to the one used in Pa , but with different
character drawing, less careful and bigger in size. The second hand
dates probably from the twelfth-thirteenth centuries, for it is necessarily
earlier to the copy of the codices Pb and Ne, which depend on it. One
can date the third hand, based on the handwriting, from the thirteenth -
3
fourteenth centuries. The work of Pa is necessarily later than the copy
of the model of b, for in none of them are there evidences of having used
versions of Pc, which in the text's tradition are considered to be unique.
The interventions of the third hand are the following :

1.5.3 fỳsaimen in the other witnesses whence I : fỳsaiq Pa || 1.21.4 3

e² rgoiq Pc whence I : e² rgwn Pa unreadable Pa || 1.21.11 dùnamin in all


3

the witnesses : gnw ˜ sin Pa || 2.53.1 deutèran : trìtyn Pa || 3.97.10 a³n


3 3

euÉreñeìy : aÊneureñeìy Pa || 16.3.2 metalỳvewq Pa .


3 3

Paris, Bibliotheéque nationale de France, gr.


6
(Pc = Par.1 W7) 2977.
Parchment, 232 169 mm, 344 folios (with a second folio 305), elev-
enth century.
The contents of this codex are similar to those of Pa. Compared to
this one, the preparation of the codex, as well as the handwriting, is
less cared for. One can notice the intervention of one hand only, which
used brown ink. To this hand are due as well some supralinear correc -
tions. The mode of edition is similar to the one of Pa. The Hermo -
genes' text (copied seemingly by the same hand), which occupies the
folios 60-326r (the scholia edited in my thesis being found from folios
60r-79v), is written in a circumscribed space vertically centred on the
page, and close to the line of the spine margin. The rest of the space of
the page is reserved to the writings of the scholia, which occupy about
48-55 lines, from top to the bottom, around Hermogenes' text. This
text occupies only about one sixth of the total written area. The hand -
writing of the scholia has smaller dimensions compared to the hermo -

(12) See the edition of Walz.


32 rui duarte
genic text. The scholia have also numerical note references. Besides
these scholia, there are the scholia minora, that occupy an empty space
between the text of Hermogenes and the greater scholia. The text of the
scholia is equally divided into chapters as in Pa. The titles of the chap -
ters stand out detached in darker ink and larger size, either in the text
of the scholia itself separated from the rest of the text with larger spac -
ing, either at the margin.

(Pb Par.2 W7) Paris, Bibliotheéque nationale de France, gr. 2916. Paper,
13
thirteenth century .

The edition mode is similar to that of Pa and Pc. The scholia sur -
round the frame of the text reserved to the text of Hermogenes. The
system, however, is not strict : though the Hermogenes' text frame has
been always prepared close to the spine margin, its position relating to
the page's height, as well as its dimension, vary. There are cases of
pages exclusively with text of scholia (71r, 86v, 90r, 92r).
The text of the scholia edited in my thesis is found in the folios 68r -
95r.

(Ne = Farnesinus) Naples, Biblioteca Nazionale Vittorio Emanuele III,


II.E.5. Paper, thirteenth century.

The edition mode is similar to that of Pa and Pc. The text of the
scholia is written around the frame of the text reserved to the text of
Hermogenes, which occupies a space of about one sixth of the total
written area, vertically centred on the page, from top to bottom, and
limited by the line of the spine margin. The space left over is reserved
to the writing of the scholia. The preparation of the folio, the rulings
and the handwriting are more cared for than in Pb.
The text of the scholia edited in my thesis can be found in folios 58r -
77v.

(Vh) Vatican, Biblioteca Apostolica Vaticana, Palatinus graecus 23. Paper,


end of the thirteenth century.

The edition mode is similar to the Pa and Pc. The text of the scholia
is written around the frame of the text reserved to the text of Hermo -
genes by the edge of the spine margin. However, the delimitation of
areas for the text and the scholia is not strict, as it can be seen in other
manuscripts. The text positioning, relating to the page's height, as

(13) For a more summary of the contents of the codex see our thesis p. 41 -43,

and M. Patillon, op. cit., p. liii.


scholia to hermogenes 33

well as its dimension, vary. On folio 86r, the frame of the hermogenic
text is situated at the bottom of the page.
The text edited my thesis can be found in folios 73r-88r.

In the other codices only the scholia were copied, not the text of
Hermogenes.
(Vd) Vatican, Biblioteca Apostolica Vaticana, Vaticanus graecus 2228.
Paper, fourteenth century.
A compilation of continuous commentaries, in which selected P
scholia (entitled eÊ klogaí sjolìwn
) were mixed up with others scholia
from another commentator, which can be found on the Vindobonensis
phil. graecus 130 (Wc) as well . As far as an exam could be made, the
14

scholia are introduced by quotations from the Perí stàsewn


of Her-
mogenes, which could be identified as the lemmata of the scholia.
Occasionally the titles of the chapters appear, in larger handwriting
and darker ink. The selection criteria of the scholia, as in the case of
Ambrosianus sup. P 34 [graecus 617] (see the following commentary on
this manuscript), are not understandable. The textual materials corre -
sponding to the scholia 1.3 (= W7 106.9), etc., until 16.13 (= W7
241.28) can be found between the folios 122r to 147r.8

6
(Aa) Milan, Bilioteca Ambrosiana, P 34 sup. (graecus 617). Paper,
212 155 mm, fifteenth-sixteenth centuries.

Between the folios 285-298, there have been compiled scholia from
1.1.9-10 (= W7 104.15-16), 1.2.5-1.3.5 (= W7 106.5-13), until 9.2.7-8
(= W7 202.26-203.1), in a rapid and incoherent way, proceeding from
this point on in Latin.

(Mb) Munich, Bayerische Staatsbibliothek, gr. 8. Paper, sixteenth century.

It is an apograph of Vh, as it will be shown further on. Out of all


apographs, this is the most recent one and the only one, among the
ones that only transmit the text of the scholia, where there was a con-
cern in copying the text as it was, without contaminating it with others
of different origins.
The text corresponding to that edited in my thesis occupies the folios
140r-192r.

(14) Cf. H. Hunger , Katalog der griechischen Handschriften der o« ster. Nationalbiblio-
thek,I, Wien, 1961, p. 148-149) ; S. Lilla , Codices Vaticani Graeci, codices 2162 -2254,
Vatican, 1985, p. 307 -313 ; S. Glo« ckner , Uëber den Kommentar... II, p. 8-12 ; Zur
Komposition ..., sp. p. 6 ; for a description, H. Rabe , Aus Rhetoren-Handschriften. 5. Des
Diakonen und Logotheten Johannes Kommentar zu Hermogenes Perí mehòdou deinòtytoq ,
in Rheinisches Museum, 63, 1908, p. 127.151, sp. 128-130.
34 rui duarte
2. The tradition branches
I have resumed above the threefold conclusion I could formerly get to,
concerning the tradition of the text. I shall now take up the discussions
on these subject matters, with the reformulations that need to be done.

(1) After a comparative examination of the codices Pa and Pc, I


came to the conclusion that these manuscripts represent each one of
them a distinctive and parallel branch of the tradition depending on a
common archetype P. The collation of all the above listed manu-
scripts, and the divergences found between them, allowed me to group
them under two main divergent lines descending from P, each group
depending necessarily on a lost hyparchetype, a and d : to the d-branch
belong Pc and Vd, the rest of the witnesses are grouped in a.
These divergences are related to a great number of variants and
other aspects. In my thesis 15, it was assumed that Vd belonged to the
a-branch, given the variants taken into account, but a closer compara-
tive analysis of the witnesses has imposed another conclusion : it
belonged to the same branch as Pc. Evidences can be found not only in
the scholia but also in other texts borne by the manuscripts.
Separative variants between a and d are, for instance, the following :

1.48.4-5 siwpỳsomen ... paraleìvomen ... eÊktragw ç dỳsomen d whence I :


-wmen ... -wmen ... -wmen a 16 || 2.76.1 pará d whence I : perí a || 2.76.9
dèrouq d whence I : thus dèrwq a || 3.92.3 w É q I from the source (see
below) and thus corrected by Pb : kaí PaVh thus probably a unreadable
in Ne omitted in Pc wÉq Vd || 3.17.9 pará d whence I : perí a || 6.1.18
pará Pc whence I : omitted in V d perí a.

The case of 3.92.3 (alternation wÉq/ kaí) is due to the confusion


between the respective abbreviations. Indeed these sometimes may be
confounded in a faster trace. A similar case is the lesson 2.79.30 kaí :
W7 presents wÉq, maybe based on Pb.
A digitalized image of the former in Pa is here presented, where kaí
can be seen :

stemma
(15) See in our thesis, p. 45, 48 and the p. 50.
(16) The sigla P, a, g and d are used whenever the lesson of a lost manuscript
can be reconstructed whether upon the accord of all the witnesses of the respective
branch that bear the given lesson, or upon the most part of the witnesses, regardless
of corrections made in any of their descendants.
scholia to hermogenes 35

Pb has clearly wÉ q (with a rude spirit), perhaps based on b (unsure,

due to the unreadableness in Ne) :

The examination of the context and the consultation of the source


(Syrianus R2 40.17-20
17
) led to the conclusion that the correct lesson
is w
É q, not kaí :

Lemma St. 34.2-8]

3.92.1-3 Tou˜to

par' iÉstorìan.
5 sc. tó kakòplaston

Pantajòñen mén gár


4 aÊ dunàtou tàxin eÊpèjei kaì eÊsti

sunèstyken, mònyn dé týn próq

5 4
tá pròswpa eÊxètasin jwleùousan e²jei, diòti toúq teñnew˜ taq wÉ q

zw˜ ntaq uÉ potìñysi.

This type of matter the ill -forged is classified in the impossibility and

is the contradiction of the history. It is constituted by all the parts, but it

only includes a defective exam relatively to the persons, considering that

in the given example the dead appear as being alive.

The error in reading and the confusion therefore was probably of


the model a, hence the agreement of Pa and Vh.
Some of the cases above listed of oppositions a versus d are not un-
common : parà/perì, or even indicative/conjuntive (thematic vowels
o/w e/y). By themselves, variants like these are insufficient as separa -

tive. Nevertheless, what is striking is the accumulation of them. Such


an accumulation is probably not casual, but seems rather evidence of
distinct tradition branches.
As for evidences from other texts borne by the manuscripts than P
the scholia, I rely on Rabe and in his edition of Prolegomenon sylloge
18
(R14). In the preface , he expressly states that Pc and Vd have the
same model (even though the later is a worse witness). The manu -
scripts Rabe used were mainly Pa, Pc and Vd, among others. On the
following pages, I present the variants registered in the critical appa -
ratus on the texts 15 (238.1-255.3) and 16 (255.4-258.12) of Rabe's

(17) Syrianus, Syriani in Hermogem commentaria, ed. H. Rabe , Rhetores Graeci,

vol. 2, Leipzig, 1893. See apparatus ad locum. On this variant and other questions

related to the practice of palaeography and textual critic of the scholia P, see

R. M. O. Duarte , Aventuras de um editor de textos cr|è ticos gregos, in Aè gora, 3, 2001,

p. 25-49 sp. p. 33.

(18) R14 p. lxix .


36 rui duarte
edition of the prolegomena to the Hermogenic Perí stàsewn, that
corroborate the separation between a and d :

Text 15 : 238.2-3 pantóq Pa whence R14 : pantelw˜ q d || 238.6 eÊn d

whence R14 : eÊpí Pa || 238.7 uÉ pomnymatisàntwn Pa whence R14 :

uÉ pomnysàntwn d || 238.11 aÊ polùsomen d whence R14 : uÉ p'eÊlùsomen Pa

|| 238.13 aÉ ptẁmeha Pa whence R14 : aÊ rjẁmeha d || 238.13- 14 tw


ç˜ d

whence R14 : omitted in Pa || 239.1 deùteron dé Pa : dé omitted d whence

R14 || 239.4 rÉytoriký fasìn Pa whence R14 : fysì rÉytoriký d || 239.12-

13 tejnw˜ n d whence R14 : tejnikw˜ n Pa || 239.13 the first w


É q Pa whence

R14 : omitted in d || 239.16 the first tw


ç˜ Pa whence R14 : omitted in d ||

239.20 sumbaìnei Pa whence R14 : symaìnei d || 241.6 dé d whence R14 :

gár Pa || 241.17 tó Pa whence R14 : omitted in d || 241.23 eÊpí Pa whence

R14 : 241.23 eÊpí omitted in d || 241.25 týn Pa whence R14 : omitted in d

|| 242.4 fasin Pa whence R14 : fysin d || 242.8 dè before eÊstin omitted

in Pa whence R14 : added in d || 242.10 dé d whence R14 : gár Pa ||

242.14 eÊn tw˜ç Pa whence R14 : eÊk tou˜ Vd eÊk tó Pc || 242.15 metỳnegka

Pa whence R14 : metỳnegke d || 243.5 jrw˜ ntai d : kèjryntai Pa || 243.23

týn d whence R14 : eÊpí týn Pa || 245.5 dé Pa whence R14 : gár d || 246.2

toùtwn Pa whence R14 : pàntwn d || 246.5- 6 stàsewn gár d whence

R14 : gár stàsewn Pa || 246.13 eÊstin d whence R14 : omitted in Pa ||

246.20 tetùjeken d whence R14 : ei²lyjen Pa || 247.6 eÊpègraven d

whence R14 : e²grave Pa || 250.1 tou˜de whence R14 : d dé Pa || 250.6 ouân

d whence R14 : ouÊ k Pa || 250.11 kanònwn Pa whence R14 : nòmwn d ||

250.13 katamahei˜n d whence R14 : mahei˜n Pa || 250.18 tiná Pa whence

R14 : tiná týn d || 250.22 fasín Pa : whence R14 fysín d || 251.3 fysín

Pa whence R14 : omitted in d || 251.12 melỳsomen R14 : melỳsomen Pa

meletỳsomen d || 251.14 euÉ reheíq Pa whence R14 : euÉ reheìy d || 251.18

É q d whence R14 : omitted in Pa || 252.13 ty


w ˜ q eÊgjeirỳsewq Pa whence

R14 : tw˜ n eÊgjeirỳsewn d || 252.26 dé Pa whence R14 : gár d || 252.27

inc. eiÊ ^ 253.11 des. stàsin omitted in d || 253.26 rÉytoriký Pa whence

R14 : yÉ rÉytoriký d || 254.25 eiÊ d whence R14 : yÉ Pa.

Text 16 : 255.12 eÉkatèroiq Pa whence R14 : eÊkeìnoiq d || 256.13 dé d

whence R14 : gàr Pa || ib. problỳmatoq d whence R14 : pràgmatoq Pa ||

256.14-15 eÊxeùrytai Pa whence R14 : euÌrytai d || 256.18 uÉpohèsewn Pa

whence R14 : aÊ ntihèsewn d || 257.15 kanhoi˜q Pa whence R14 : gnahoi˜q d ||

257.22 y³ kàlloq y³ yâ hoq Pa (cf. Herm. Id. 225.10) whence R14 : y³ yâ hoq y³

kàlloq d || 258.2 parwnomàshysan Pa whence R14 : proswnomàshysan

d.

Though some of the above cases are examples of trivial error types

^ such as iotacism (one case), anastrophe or inversions of the order of


two words or syntagmata (one case), dé for gár and vice versa (five
cases) ^, they were quoted for the purpose of clearly demonstrating the
divergence between the tradition's branches, specially when Pc and Vd
scholia to hermogenes 37

altogether (= d) agree against Pa.


There are nevertheless others cases in which whether V d or Pc dis-
agrees with one another and agrees with the variant of the other
branch :

Scholia P: 1.3.7 eÊgkatalỳvewn P eÊgkatalỳvewn a corrected eÊk


katalỳvewn over the line by Pa
1
whence b eÊgkat- also Pc eÊk kat- Vd.

Prolegomena to the Hermogenic Perí stàsewn (R14) :

Text 15 : 239.1 oÌ ti PaVd whence R14 : oÌti ti Pc || 244.24 mèry PaPc


whence R14 : kefàlaia Vd || 247.22-23 y³ di' PaPc whence R14 : eiÊ q Vd ||
248.14 e²jei PaVd whence R14 : e²joi Pc || 248.15 dei˜n PaVd whence

R14 : dei˜ Pc || 249.14 ty˜q PaPc whence R14 : tou˜ Vd || 251.11 fasí

PaVd whence R14 : fysí Pc || 254.12 suniou˜sai d'eiÊ q tauÊtón PaVd

whence R14 : suniou˜si d'eiÊ q auÊtón Pc.

Text 16 : 255.15 tw˜ç PaVd whence R14 : tó Pc || ib. kaí PaPc whence

R14 : dé Vd || 256.19-20 nòmwn PaVd whence R14 : nomìmwn Pc 19


.

Since Vd does not transmit of the P scholia but some extracts, the
analysis that follows on the opposition between a and d is all based on
evidences from Pc. These other differences are the frequent omissions
of Pc comparing to Pa (one hundred and seventy one cases), but few
and not very significant are the opposite cases (thirty -eight). Indeed,
some of the omissions of Pc are very extensive : eight cases correspond
to two or more lines in my text : 1.22.11-13, 1.27.2-6, 2.83.7-10,
2.87.53-55, 3.92.2-4, 3.98.20-21, 4.6.15-16, 13.4.4-7. Some of the omis-
sions (four) are due to homeoteleuton : 2.83.7-10, 4.6.15-16, 13.1.7 ;
13.4.4-7
20
. Other differences come from common error types (iotacism,
inversions). Others are related to the edition of certain textual materi -
als among the scholia maiora, in one of the witnesses, and among the
minora on the other : such as the cases 1.19-20, 2.53, 3.14, 11.2, 16.d.
There are also cases of transposition of textual material, sometimes of
whole scholia : 2.c, 16.a, 16.b, 16.c and 16.d.

(19) The tradition of the texts was seemingly complex and, so to speak, multi -

genic. In the cases where Pa and V agree against Pc one could think of contamina -

tion of V with a tradition of the text represented by the branch a. See e.g. variants

for R14 254.12, 255.15, or 256.19 -20. On the other hand, there are cases where Pa

and Pc oppose to V ; in such cases, the contamination would have been of Pc with a

tradition of the text represented by the branch a. See e.g. variants for 244.24,

247.22-23. Cases of iotacism 248.14 e²jei/e²joi) singulier/plural 251.11 fysì/fasì,


255.15 kaí/dé, or even feminine/masculine 249.14 ty˜q/tou˜ should no be considered

as strong evidence, because they are common variant alternatives.

(20) See apparatus ad loca.


38 rui duarte
(2) Rabe suggested that Vh would not depend on Pa, but on a
21
manuscript close to this one . The textual materials among the folios
36-41 (previously listed with the numbers 8-12) are in the wrong order
in Pa and Pb, but in the correct order in Vh. For Glo« ckner, on his
22
turn, Vh would depend on Pa, but with at least one intermediary .
His conclusion is based on the textual extract 2.75.5-6 iafòroiq d
kairoi˜q ÍA gár eiâpen tòte pròteron nu˜ n eiÊq e² legjon auÊ tou˜
. ,
proferòmeña ² Epeita eÊ n mén twç˜ aÊ ntistrèfonti
. , that is, the three
inferior lines of f. 48r in Pa. Originally omitted in Vh, it is further on
added to the line and to the margin of the scholium. Another evidence
is the omission of the material W7 307.14-16 in Vh.
Rabe's insight, as I believe, is correct. Vh effectively depends on a
manuscript close to Pa and with the same model as this one. I named
that manuscript g . Its date is uncertain.
The divergence of the two tradition lines Pa and g (meaning the
agreement of all the three manuscripts or, at least, of Vh and Aa) can
be conjectured on the basis of the sum of separative variants like the
following ones :

1.11.2 kaí ñumikou˜ kaí


P whence I : g
omitted in -
|| 2.52 title of the chap

ter correctly before the S S


2.52 in Mb : at the margin of the - in Pc omit

ted in Pa a over the text of Hermogenes in Vh || 3.95.2 aÊ pofantikw˜q Pc

whence I : thus g aÊ pofatikw˜q b


Pa equally gennytoi˜q
|| 3.16.10 Pc

whence I : genytoi˜q genikoi˜q g


Pa protèra faìnetai
|| 3.19.8 P whence

I: faìnetai protèra g ||aÊ kouloñìaç


3.20.1 b
Pa whence I : equally

aÊ koloùñw g .

The strongest evidence of the separation between the tradition's


branch represented by Pa and the one represented by Vh is the omis -
sion of the title of the chapter 2 in Pa and their apographs. In fact, if
in Pa the title were missing, the copyist of g would necessarily have
before him another codex, in spite of being close to Pa.
However, another lesson could be accounted as a counter-example,
leaving by now opened the hypothesis that Vh as well as b would
depend, in fact, on Pa :

1.6.3 rÉ igẁsaq P whence I : rÉ igàsaq bVh omitted in the rest of the manu -

scripts.

(21) H. Rabe , Rhetoren -Corpora, p. 324 and n. 1.

(22) Op. cit., p. 6-7.


scholia to hermogenes 39

This form is an aorist participle of rÉigòw û shiver with cold ý. A dig-


italized image of that place of Pa is presented here :

Over the letter g one can see a straight horizontal stroke (with accent).
This is one of the possible ways to abbreviate a. We would have
rÉigàsaq, a hapax. Pc has an arched stroke with the form of a tilde over
the g, an abbreviation that can be used for w, whence rÉigẁsaq 23.
Would Pa have mistaken ? In general, the copyist of this manuscript
worked carefully, therefore the reading rÉigàsaq appears as strange
and unusual and resulting from confusion between the abbreviations
w and a. This situation is neither frequent nor unique. In the following
folio and very close to each other, one can find the lessons sẁmati and
prosẁpwn. In these situations the ẁ accentuated was similarly writ-
ten with straight horizontal stroke over the previous letter. Both cases
are obvious, for they are very common words and of a basic Greek lex -
icon, so that under no circumstance would they be read sàmati and
prosàpwn.
This variant is not enough so as to set forth the hypothesis of Vh
depending on Pa because, as it could be seen, the evidences that Vh
depends instead on g, are stronger. This is a mere confusion between
abbreviations probably committed by the copyist of a.
From Vh obviously derives Mb, because it reproduces variants and
errors of its model, to which still it adds its own errors. Rabe had
already noticed this filiation 24.

(3) The readings shared by Pb and Ne against Pa allow sustaining


the conjecture of an intermediary between Pa and these codices 25.
I identify that codex, written between the twelfth and thirteenth cen -
turies, with the abbreviation b.
This codex can be reconstituted upon the evidence provided by the
following variants :

1.35.11 frontìsantaq Pc and b whence I : frontìsaq Pa || 1.35.17 fasì


Pa whence I : fysì all the other witnesses || 1.48.4-5 siwpỳsomen...
paraleìvomen... eÊ tragwçdỳsomen Pc whence I and thus corrected by b :
-swmen ... -vwmen ... -swmen a || 2.c after scholium 2.59 Pc whence I

(23) As well as for wn, which is improbable in this context.


(24) H.Rabe , Rhetoren-Corpora, loc. cit.
(25) On the dependencies of the apographs to Pa cf. the studies of Rabe,
Glo« ckner
Rhetoren -Corpora, loc. cit. n. 1 and , loc. cit.
40 rui duarte
and thus corrected by b : after 2.61 in a || 2.76.1 pará Pc whence I and
thus corrected by b : perí Pa || 2.76.9 dèrouq Pc whence I thus corrected
by b : dèrwq Pa || 2.87.86 ka³n P whence I : eiÊ a || 3.94.4 tùrannon Pc

whence I : omitted in Pa turannỳsanta over the line Pb as well seem -

ingly Ne || 3.97.10 a³n euÉreñeìy I based on Herm. St. 34.15 : a Ê neureñeìy


Pa a³n rÉeñeìy b || 4.1.1 diairetikou˜ te Pa whence I : equally Vh te omit-
3

ted in b || 5.14.1 Pc whence I : bebìwken Pa bèbyken a || 15.2.12 týn

ny˜son I based on Demosthenes On the Halonnesus 7.5 : týn nòmon Pa tón


nòmon b || 15.4.10 4.10 ei² ryke P whence I : eiÊ rekỳnai b || 16.a after 16.2 :
after 16.5 Pa among the minora in b || 16.2.1 prorryñeisw ˜ n b whence
W7 231.8 and I : prorryñèntwn in the other codices || 16.b after 16.4 my

conjecture : after 16.a Pa among the minora b || 16.c after 16.b in a my

conjecture : among the minora b || 16.d after 16.7 my conjecture : after

16.14 a after 16.12 b.

2
These codices follow the second hand's interventions (Pa ) in Pa and
some corrections done by the first hand (Pa 1). The dating of Pa2
(twelfth century) forms the terminus post quem of the dating of b. The
variants dependent on Pa2 are :

2.54.21 aÊnylwkènai Pa whence I : aÊnalwkènai corrected over the line by


2
Pa , whence b || 16.5.33 eÉ autón Pc whence I : thus Pa whence b eÉ autá
2

seemingly Pa.

1
The variants depending on Pa are :

1.3.7 eÊ k katalỳvewn the vulgate whence I : thus corrected over the line
whence b eÊ gkat. Pa || 1.5.7-8 eÊ k katalỳvewn the vulgate whence
1
by Pa

I : thus corrected over the line by Pa whence b eÊ gkat. Pa.


1

As for the rest, b depends on Pa.


The hypothesis the comparative examination of the shared readings
of Pb and Ne allows is that both depend directly and separately on the
same model. No variants were found as evidences to sustain the possi -
bilities either that Pb would be an apograph of Ne, or the reverse.

3. The p archetype

P represents the lost model of the tradition of the scholia. This codex
would be a minuscule and not an uncial. That is what evidences found
through the comparative analysis of the separative variants of Pa and
Pc allow to conclude. Such are the cases of confusion between similar
abbreviations, for instance, the already analysed 1.6.3 rÉigẁsaq and
3.92.3 the alternation wÉq/ kaì in Pa and its apographs.
Other situations are the result of the confusion ^ being this one
more common ^ between the abbreviations of parà and perì :
scholia to hermogenes 41

2.76.1 pará Pc whence I : perí a || 3.17.9 pará Pc whence I : perí a ||


6.1.18 pará Pc whence I : perí a.
It is also the confusion between similar abbreviations that explains
the following case :

14.6.1 pa˜n Pc : whence I perí Pa.


Another case is a misreading, because of the similarity in the minus -
cule writing between the palaeographic traces of aÊpó and auÊtó :
2.65.2 aÊpó Pa whence I : auÊtó Pc.
In the archetype the previous stick of p would probably be linked to
a and the copyist of Pc would have read it as a ligature of a and u. The
posterior stick would naturally have been read as a t.

4. The new stemma

The conclusions drawn together throughout the exam of the tradi -


tion of the scholia can be reduced to the following new stemma codicum :
P

a d
g
th 1 Pa
11 cent. Pa

Pc

th
12 cent.
2
Pa

b
th
13 cent. 3
Pa

Pb Ne Vh

th
14 cent.

V d
th
15 cent. Aa

th
16 cent. Mb
42 rui duarte
SIGLA

W4 Marcellinus, Sopater and Syrianus, Sjòlia eiÊ q stàseiq


, ed. Christian
Walz , Rhetores Graeci, vol. 4, 39-846.
W5 Sopater É Upòmnyma eiÊ q týn É Ermogènouq tèjnyn , ed. Christian Walz ,
Rhetores Graeci, vol. 5, Stuttgart e Tu« bingen, 1-211.

W7 Anonymous, Sjòlia eiÊ q stàseiq , ed. Christian Walz , Rhetores Graeci,


vol. 7, Stuttgart e Tu«bingen, 1832-1836, 104-696.
An. Anonymous.
R2 Syrianus, Syriani in Hermogem commentaria, ed. H. Rabe , Rhetores Graeci,
vol. 2, 1893.
R14 Prolegomenon sylloge, ed. Hugo Rabe , Rhetores Graeci, vol. 14, Leipzig,
Teubner, 1931.
Pa cod. Parisinus graecus 1983, parchment, tenth -eleventh century.
Pa1 corrections by the first hand.
Pa2 corrections by the second hand.
Pa3 corrections by the third hand.
Pc cod. Parisinus graecus 2977, parchment, eleventh century.
Pc1 corrections by the first hand.
P a d
accord of and , i.e. the supposed lessons of the archetype.
a supposed model of Pa and . g
g supposed model of Aa, Vh and Mb, and an apograph of . a
b supposed model of Pb and Ne and apograph of Pa.
d supposed model of Pc and V . d
Pb cod. Parisinus Graecus 2916, paper, thirteenth century = Par.2 Walz.
Aa cod. Ambrosianus P 34 sup. (graecus 617), paper, fifteenth-sixteenth cen-
turies.
Mb cod. Monacensis graecus 8, paper, sixteenth century, f. 140r -192r.
Ne cod. Neapolitanus (= Farnesinus) II.E.5, paper, thirteenth century, f. 58r -
77v.
Vh cod. Palatinus Vaticanus graecus 23, paper, end of the thirteenth century,
f. 73r-88r.
V d cod. Vaticanus graecus 2228, paper, fourteenth century, f. 122r -147r.

Rui Miguel Duarte


FCT-Fundac°aìo para a Cieència e Tecnologia (Portugal)
DIE CODICES ESCUR. 265 (Y II 10) UND MARC. XI 22
ALS Uë BERLIEFERUNGSZEUGEN DER LOBREDE DES
GREGORIOS ANTIOCHOS AN DEN PATRIARCHEN
BASILEIOS KAMATEROS

I ^ V orbemerkungen
Die bekannten Codices Escur. 265 (Y II 10 = E) und Marc. XI 22
(= M) sind nunmehr in den modernen Handschriftenkatalogen von
G. De Andreès und E. Mioni gut beschrieben 1, so daÞ die diesbezu«gli-
chen Bemerkungen von J. Darrouzeés in seinem seinerzeit grundlegen-
den Aufsatz u«ber Gregorios Antiochos 2 nicht mehr gelten. Beide Codi-
ces stammen aus dem 13. Jahrhundert 3 und sind in Bezug auf
Schriftbild, Zeilenzahl pro Folienseite und Zeilenla«nge sehr a«hnlich 4.
Sie enthalten unter anderem mehrere Schriften des Gregorios Anti-
ochos, aber nur die Lobrede an den Patriarchen Basileios Kamateros
ist in beiden Handschriften u«berliefert 5 ; alle anderen Werke (Lobre-
den, Grabreden, Trostreden, Briefe) dieses interessanten byzantini-
schen Literaten des 12. Jahrhunderts 6 sind jeweils in nur einem Codex
erhalten 7.

(1) Siehe. G. de Andreès, Cataèlogo des los coèdices griegos de la Real Biblioteca de el

Escorial, II. Coèdices 179-420, Madrid, 1965, S. 120-131 ; E. Mioni


, Bibliothecae divi
Marci Venetiarum codices Graeci manuscripti , III (Codices in classes novam decimam

undecimam inclusos et supplementa duo continens), Rom, 1972, S. 116 -131.


(2) Vgl. J. Darrouzeés , Notice sur Greègoire Antiochos (1160 aé 1196), in Revue des eètu-
des byzantines , 20, 1962, S. 62 und 74.

(3) Der Escurialensis wird an den Anfang und der Marcianus an das Ende des
13. Jahrhunderts gesetzt vgl. dazu G. de Andreès , Cataèlogo (wie Anm. 1), S. 120 ;
E. Mioni , Codices (wie Anm. 1), S. 116. Siehe ferner P. Wirth
, Eustathii Thessaloni-
censis opera minora (CFHB, vol. 32, Ser. Berol.), Berlin, 2000, S. 11*f.

(4) Vgl. dazu A. Sideras , Zur Zusammengeho«rigkeit zweier Grabredenfragmente des


Gregorios Antiochos , in Rivista di studi bizantini e neoellenici , 31, 1994, S. 175 -183.

(5) Sie befindet sich im Cod. Escur. 265 (Y II 10), f. 250r27-259r25 (= E) und im
Cod. Marc. XI 22, f. 153r1-159v32 (= M). Siehe G. de Andreès
, Cataèlogo (wie
Anm. 1), S. 125 und E. Mioni , Codices (wie Anm. 1), S. 129.
(6) U ë ber Gregorios Antiochos (ca. 1130-ca. 1200) und die wichtigste Bibliogra-
phie s. A. Sideras , Die byzantinischen Grabreden. Prosopographie, Datierung, Uë berliefe-
rung. 142 Epitaphien und Monodien aus dem byzantinischen Jahrtausend , Wien, 1994

(Wiener Byzantinistische Studien XIX), S. 201f. Vgl. auch M. Loukaki


, Greègoire
¨
Antiochos. Eloge du patriarche Basile Kamateé ros. Texte, traduction, commentaire suivis d'une

Revue d'histoire des textes, n.s., t. V, 2010, 43-64 ©


44 alexander sideras
Dieser pala«ographische û Glu«cksfall ý der Doppelu«berlieferung ist
sowohl fu«r den betreffenden Text als auch fu«r dessen Herausgeber von
groÞem Vorteil : Eventuell vorhandene Lu«cken im einen Codex
ko«nnen mit Hilfe des anderen erga«nzt, Schreibfehler berichtigt und
Textvarianten gegenseitig aufgewogen werden. Der Herausgeber hat
auÞerdem beim Kollationieren eine zweite Stu«tze und Kontroll-
mo«glichkeit ; falls er beim Lesen des ersten Codex etwas u«bersehen hat,
kann er den Fehler bei der Kollation des zweiten beheben.
Bei mehrfacher U ë berlieferung steht aber der Herausgeber vor der
Aufgabe herauszufinden, welche Handschrift die meisten guten Eigen -
schaften vereinigt, um als Grundlage fu«r eine Edition zu dienen. Das
setzt einen sorgfa«ltigen und detaillierten Vergleich der vorhandenen
Textzeugen miteinander sowie eine ausgewogene Bewertung ihrer
Varianten voraus. Dies ist leider bei der ersten und bislang letzten Edi -
tion des in Rede stehenden Textes nicht nur nicht geschehen, sondern
die beiden U ë berlieferungszeugen wurden derart nachla«ssig behandelt,
daÞ die Edition zahlreiche Irrtu«mer, falsche Lesungen, falsche Deu-
tungen von Kompendien, ja sogar Textlu«cken und Zusa«tze trotz des
Zeugnisses der einen oder beider Handschriften entha«lt ^ nicht einmal
der Folienwechsel der Codices ist in der Edition notiert worden.
Die wichtigsten Irrtu«mer dieser Edition habe ich nach der Kollation
der beiden Handschriften im Rahmen meiner Gesamtausgabe der
Werke des Gregorios Antiochos in einem gesonderten Aufsatz behan-
delt 8. Im Folgenden werden alle Varianten beider Handschriften auf -
gelistet und ero«rtert, einerseits um ihre Glaubwu«rdigkeit zu dokumen-
tieren und andererseits um ihr gegenseitiges Abha«ngigkeitsverha«ltnis
einwandfrei festzustellen. Zu diesem Zweck habe ich alle Varianten in
verschiedene Gruppen (orthographische Fehler, Verschreibungen,
Formvarianten, Wortvarianten, Lu«cken, Zusa«tze und Wortumstellun-
gen) eingeteilt, die Belege jeder Gruppe mit Folien- und Zeilenzahl
angefu«hrt und ihre Aussagekraft zur Feststellung der Qualita«t der
Codices bewertet.

analyse des Ýuvres de Greè goire Antiochos, Paris, 1996 (Byzantina Sorbonensia 13), S. 3 -
28.
(7) U ë ber die Werke und die handschriftliche Uë berlieferung des Gregorios
Antiochos s. G. de Andreès , Cataèlogo (wie Anm. 1), S. 120 -131 ; E. Mioni, Bibliothe-
cae (wie Anm. 1), S. 129 ; H. O. Coxe , Catalogi codicum manuscriptorum Bibliothecae
Bodleianae. Pars prima recensionem codicum Graecorum continens , Oxonii, 1863, S. 336.

Man vgl. ferner J. Darrouzeés , Notice (wie Anm. 2), S. 61-92 sowie M. Loukaki ,
Antiochos (wie Anm. 6), S. 123 -162.

(8) Siehe A. Sideras , Textkritisches und Exegetisches zur Lobrede des Gregorios
Antiochos an den Patriarchen Basileios Kamateros (im Druck).
gregorios antiochos 45

II ^ Orthographische Fehler
Zu dieser Gruppe geho«ren Wo«rter, die im Griechischen zwar vor-
kommen, aber in der einen oder anderen oder in beiden Handschriften
Schreibfehler aufweisen.

Nr. Cod. Escur. 265 (= E) Cod. Marc. XI 22 (= M) Richtig Fehler


01 250v11 uÉ vylýn 153r15 uÉ vilýn uÉ vylýn M
02 251r8 prèsbin 153v8 prèsbin prèsbun E M
03 251r30 aÊ rrabw˜na 153v28 aÊ rabw˜na aÊ rrabw˜na M
04 251v12 rÉ ebbèkaq 154r1 rÉ ebèkkaq ÉRebèkkaq E
05 252v15 prèsbiq 154v29 prèsbiq prèsbuq E M
06 252v17 diktuoulkei˜ n 154v32 duktioulkei˜ n diktuoulkei˜ n M
07 252v20 prèsbin 154v35 prèsbin prèsbun E M
08 252v31 uÉ perbalòntwq 155r2 uÉ perballòntwq uÉ perballòntwq E
09 253r16 filàrguroq 155r21 fulàrguroq filàrguroq M
10 253r30 tetraktún 155r36 tetraktýn tetraktún M
11 253v7 drimei˜ai 155r45 drumei˜ai drimei˜ai M
12 253v18 prokàhysai 155v10 prokàhisai prokàhysai M
13 255v18 aÊ keraioùmenoq 155v11 aÊ kaireoùmenoq aÊ keraioùmenoq M
14 253v24 prosmeidiàsasan 155v18 prosmydiàsasan prosmeidiàsasan M
15 254v12 ouÊ ranomỳky 156r27 ouÊ ranomỳkyn ouÊ ranomỳky M
16 255r23 frikẁdyq 156v28 frukẁdyq frikẁdyq M
17 255r24 vujorrupty˜ roq 9
156v29 vujorupty˜ roq vujorrupty˜ roq M
18 255v1 filokruféq 156v35 fulokruféq filokruf́éq M
19 256r12 distàzousi 157r36 dustàzousi distàzousi M
20 256r28 halattourgón 157v15 halatourgón halattourgón M
21 256r31 e² lleimma 157v18 e² leimma e² lleimma M
22 259r12 dokoìy 159v20 dokeìy dokoìy M
Anzahl 5 (2 eigene + 3 gemeins.) 20 (17 eigene +3 gemeins.)

Schon ein erster Blick auf die vorstehende Tabelle zeigt, daÞ der
Marcianus viel mehr, ja viermal so viele orthographische Fehler ent -
ha«lt als der Escurialensis. Wenn man von den gemeinsamen Schreib-
fehlern Nr. 2, 5 und 7 absieht 10, dann verbleiben nur noch zwei ortho-
graphische Fehler im Escurialensis (Nr. 4 und 8), die der Marcianus

(9) Das zweite r


befindet sich im Escurialensis oberhalb des ersten ; solche
Selbstkorrekturen werden eigentlich nicht als Fehler bewertet.
(10) Diese gemeinsamen Fehler im selben Wort deuten darauf hin, daÞ sie in
ihren Vorlagen gestanden haben ; vgl. dazu auch den vorletzten Absatz des 11.
Kapitels u«ber das Abha«ngigkeitsverha«ltnis der beiden Handschriften.
46 alexander sideras
nicht hat. Was die orthographischen Fehler also betrifft, ist der Escu -
rialensis unvergleichlich besser als der Marcianus.

III ^ Verschreibungen

Bei dieser Fehlergruppe handelt es sich um Verschreibungen bzw.


Flu«chtigkeitsfehler, durch die zum Teil bizarre, im Griechischen nicht
existierende Wortformen entstanden sind.

Nr. Cod. Escur. 265 (= E) Cod. Marc. XI 22 (= M) Richtig Fehler


01 250v19 eÊxiknei˜ shai 153r24 eÊxiknou˜shai eÊxiknei˜ shai M
02 251r30 kokkobafei˜ 153v28 kokokobei˜ kokkobafei˜ M
03 252r29 eÊvwmismènoq 154v9 eÊvwmisàmenoq eÊvwmismènoq M
04 252v10 aÊntepexàgeiq 154v22 aÊntepexegàgeiq aÊntepexàgeiq M
05 252v28 aÊgalliàsewq 154v44 aÊgallìsewq aÊgalliàsewq M
06 253r14 uÉperèptyq 155r19 uÉperèpyq uÉperèptyq M
07 253r27 aÊkykoòta 155r33 aÊkykoàta aÊkykoòta M
08 253v3 eÊnupniàzð 155r40 eÊnuàzð eÊnupniàzð M
09 253v21 tessareskai- 155v14 tessareskai- tessareskai- E M
dekataetydìda dekatyrìda dekaetydìda
10 253v27 tessareskai- 155v21 tessareskai- tessareskai- M
dekaetydìda dekatyrìda dekaetydìda
11 254r20 propòmpia 156r3 pròmpia propòmpia M
12 254v4 heoklutou˜ntoq 156r19 heoklutòkutoq heoklutou˜ntoq M
13 255v13 wÊdinàsyq 157r3 wÊdinysàsyq wÊdinysàsyq E
14 255v14 lelỳhasin 157r5 lelylùhasin lelỳhasin M
15 256r12f. aÊpemfaìnei 157r37f. aÊmpefaìnei aÊpemfaìnei M
16 256r24 leptopoiw˜n 157v9 leptoiw˜n leptopoiw˜n M
17 256v9 kosmofay˜ 157v28 skofay˜ kosmofay˜ M
18 256v16 a²kmoni 157v37 aÊlkòmoni a²kmoni M
19 257r12 lojmẁdesi 158r25 logmẁdesi lojmẁdesi M
20 257r14 uÉpòstrufnon 158r28 uÉpòsturfnon uÉpòstrufnon M
21 257r26 eÊkmemagmènon 158r40 eÊkmegmènon eÊkmemagmènon M
22 257v21 o²rhroq 158v20 o²hroq o²rhroq M
23 257v26 grammatèwq 158v26 grammatèon grammatèwq M
24 257v29 memahykẃq. (sic) 158v29 mehykẃq. (sic) memahykẁq. M
25 258r5 brefòhen 158v38 frebòhen brefòhen M
26 258r29 yÊgnòytai 159r19 oÊgnòytai yÊgnòytai M
Anzahl 2 (1 eigene +1 gemeins.) 24 (23 eigene +1 gemeins.)
gregorios antiochos 47

Wenn man von Nr. 13 absieht 11, dann sieht man, daÞ sich alle Feh-
ler dieser Kategorie im Marcianus befinden. Das ist ein denkbar
schlechtes Zeugnis fu«r den Schreiber des Marcianus, der ^ offenbar
ohne es zu merken ^ solche groteske Wortformen fabriziert hat.

IV ^ Formvarianten

Dabei handelt es sich um jeweils dasselbe Wort, von dem jede Hand-
schrift unterschiedliche Formen (Kasus, Zahl, Tempus, Modus usw.)
u«berliefern. Manche dieser Formen sind im betreffenden Kontext ein-
deutig falsch, und ihre Verwerfung bedarf keiner Kommentierung. An
anderen Stellen aber scheint sowohl die eine als auch die andere Form
mo«glich, und ihre Bevorzugung muÞ begru«ndet werden.

Nr. Cod. Escur. 265 (= E) Cod. Marc. XI 22 (= M) Richtig bzw. besser Codex
01 250v2 mononoují 153r5 mònon ouÊj mònon ouÊjí E
02 250v2 eÉkàsty forá 155r5 eÉkàstyq yÉ forá eÉkàsty forà E
03 250v3 eÊq tou˜to 153r6 eiÊq tou˜to eÊq / eiÊq tou˜to E M
04 250v4 tw˜n didaskàlwn 153r6f. tá didaskàlwn tw
˜ n didaskàlwn E
05 250v4 eÊpÈ eÊkklysìaiq 153r7 eÊpÈ eÊkklysìaq eÊpÈ eÊkklysìaiq E
06 250v8 koinýn 153r12 koinón koinýn E
07 250v15 eÊq deu˜ro 153r20 eiÊq deu˜ro eÊq / eiÊq deu˜ro E M
08 250v26 teleiotèraq 153r32 telewtèraq teleiotèraq E
09 250v28 iÉerwtàtyq 153r34 iÉerwtèraq iÉerwtàtyq E
10 250v29 iÉerou˜ oÉmou˜ kaí 153r35 iÉerei˜q oÉmou˜ kaí iÉerei˜q oÉmou˜ kaí M
laou˜ laòq laòq

11 250v30 eÊnsykàzousa 153v1 eÊnsykàzousin eÊnsykàzousa E


12 250r5 eiÊq oÉlosẁmaton 153v6 eÊq oÉlosẁmaton eÊq / eiÊq oÉlosẁmaton E M
13 251r11 auÊhigenýq 153v10 tw˜n auÊhigenw˜n auÊhigenýq E
14 250r14 eÊpifèrei 153v13 eÊpifèreiq eÊpifèrei E
15 250r17 katá lògon 153v16 katá lògoiq katá lògoiq M
16 250r21 halàssyq 153v19 halàttyq halàssyq / halàttyq E M
17 250r21 toùtw 153v19 tou˜to toùtw
ç E
18 250r22 yÉlìka 153v20 yÉlìkyq yÉlìka E
19 251r29 soi 153v27 sou soi E
20 251v11 polùforon 153v39 polufòron polùforon E
21 251v11f. gewrgỳsanta 154r1 gewrgỳsonta gewrgỳsonta M
22 251v22 toi˜q ... aÉlsín, (sic) 154r11 ty˜q ... aÉlsín, (sic) toi˜q ... aÉlsín E
23 251v23 eÊtamìeusen 154r12 eÊtamìeuen eÊtamìeuen M

(11) Nr. 9 tessareskaidktaetyrìda (sic E) wird doch gleich dahinter (Nr. 10)
richtig tessareskaidekaetyrìda geschrieben, wogegen der Marcianus auch dort
denselben Fehler wiederholt.
48 alexander sideras
Nr. Cod. Escur. 265 (= E) Cod. Marc. XI 22 (= M) Richtig bzw. besser Codex
24 251v24 hàlassan 154r13 halassw˜n halassw
˜ n M
25 252r2 pollýn 154r23 polún pollýn E
26 252r2 katanoei˜ 154r23 katanoei˜tai katanoei˜ E
27 252r4 eÊpisfragìzeshai 154r24f. eÊpisfragìzetai eÊpisfragìzeshai E
28 252r11 tw˜ 154r32 tòn tw
˜ç E
29 252r16 tá fwnytiká 154r35 tá fwnytikón tá fwnytiká E
30 252r23 glw˜ttan 154v2 glw˜ssan ˜ ttan/glw
glw ˜ ssan E M
31 252r26 xènwq 154v5 xènaiq xènaiq M
32 252v14 eÊq uÉpodojýn 154v28 eiÊq uÉpodojýn eÊq / eiÊq uÉpodojýn E M
33 252v15 auÊtw˜ 154v29 auÊtóq auÊtw
˜ç E
34 252v15 pa˜n 154v29 pànta pànta M
35 252v16 ouÌtwq 154v30 ouÌtw ouÌtwq E
36 252v20 majòmenon 154v35 majòmenoq majòmenon E
37 252v23 iÉerwtèraq 154v39 iÉerwtàtyq iÉerwtàtyq M
presbeutiky˜q presbeutiky˜q presbeutiky˜q

38 252v24 sùmbolon 154v40 sùmbola sùmbola M


39 252v25 aÊpofaìnomai 154v41 aÊpofaìnontai aÊpofaìnomai E
40 252v30 eÊkei˜noi kaujoi˜nto 155r1 eÊkei˜noq kaujw
˜ to eÊkei˜noq kaujw
˜ç to M
41 252v33 eÊn eÊrymìa 155r5 eÊn eÊrymìaiq eÊn eÊrymìa
ç E
42 253r1 pòlei 155r5 pòlesi pòlei E
43 253r2 auÊtou˜ 155r7 auÊtw
˜ auÊtou˜ E
44 253r13 eÊq aÊsfaléq, (sic) 155r18 eiÊq aÊsfaléq, (sic) eÊq / eiÊq aÊsfalèq, E M
45 253r16 yÉlìkoi 155r21 yÉlìky yÉlìkoi E
46 253r22 kauja˜shai 155r27 kauja˜ kauja˜shai E
47 253v1 oÌson 155r39 oÌsyn oÌson E
48 253v4 fèrwn 155r42 fèron fèrwn E
49 253v5 eÊntìhysi 155r43 eÊntìhentai eÊntìhysi E
50 253v5 eÊxeilegmènaiq 155r43 eÊxeilegmènaq eÊxeilegmènaiq E
51 253v9 dòxyq 155r47 dòxaq dòxyq E
52 253v11 dauïtikw˜q 155v3 dauïtikòq dauïtikw
˜ q E
53 253v17 taùtyn 155v9 tau˜ta taùtyn E
54 253v19 tw˜ aiÊguptìwn 155v12 tw˜n aiÊguptìwn ˜ç AiÊguptìwn
tw E
dunàsty dunàsty dunàstð

55 253v21 diÈ auÊty˜q 155v14 diÈ auÊtw˜n diÈ auÊtw˜ n M


56 253v22 tessareskai- 155v16 tessareskai- tessareskai- E
dekaetèq dekàeteq dekaetèq

57 253v23 semnùneshai 155v16f. semnùnashai semnùneshai E


58 254r2 pygnùsaq 155v29 pygnuoùsaq pygnùsaq E
59 254r4 eÊkklysiw
˜ n 155v31 eÊkklysìan eÊkklysiw
˜ n E
60 254r4 yÊgapymèny 155v32 yÊgapymènyn yÊgapymèny E
61 254r5 auÊtýn 155v33 auÊty˜ auÊtýn E
gregorios antiochos 49

Nr. Cod. Escur. 265 (= E) Cod. Marc. XI 22 (= M) Richtig bzw. besser Codex
62 254r5 eÊmnysteùsato 155v33 eÊmemnỳsteuto eÊmemnỳsteuto M
63 254r6 eiÊq auÊtón 155v34 eÊq auÊtón eÊq / eiÊq auÊtón E M
64 254r6 a²upnoi 155v35 a²upnoq a²upnoi E
65 254r7 yÌxonta 155v35 yÌxanta yÌxonta E
66 254r10 katespasmènai 155v39 katespasmèna katespasmènai E
67 254r14 eÊq tón numfw˜na 155v43 eiÊq tón numfw˜na eÊq / eiÊq tón numfw
˜ na E M
68 254r16 diamarturomènyn 155v46 diamarturòmena diamarturomènyn E
69 254r16 sou 155v46 soi soi M
70 254r17 eÊkei˜nai 155v47 eÊkei˜na eÊkei˜nai E
71 254r17 diahỳsousai 156r1 diahỳsousa diahỳsousai E
72 254r23 kairofulakoùsaq 156r7 kairofulakou˜si kairofulakou˜si M
73 254v11 eÊpiproshỳsonta 156r26 eÊpiproshỳsanta eÊpiproshỳsanta M
74 254v11 aÊpokrùvonta 156r27 aÊpokrùvanta aÊpokrùvanta M
75 254v31 suntyroùsyq 156v3 suntyrou˜sa suntyrou˜sa M
76 255r6 à
uÉfÈ ou 156v10 uÉfÈ y
àq à
uÉfÈ ou E
77 255r10 eÊxwraioumèny 156v13f. eÊxwraioumènyn eÊxwraioumèny E
78 255v13 aÊpastràpton 157r4 aÊpastràvon aÊpastràvon M
79 255v19 xumpepèrastai 157r10 sumpepèrastai xumpepèrastai E M
80 255v21 tautón 157r12 tautá tautá M
81 255v31 eiÊq vujýn. (sic) 157r23 eÊq vujýn. (sic) eÊq / eiÊq vujỳn, E M
82 256r2 taùtyn 157r25 taùty taùtyn E
83 256r7 uÉpó sou˜ 157r32 uÉpó soí uÉpó soí M
84 256r10 glẁssyq 157r34 glẁttyq glẁssyq / glẁttyq E M
85 256r21 týn eÊkklysìan 157v6 ty˜q eÊkklysìaq týn eÊkklysìan E
86 256r23 tou˜ton 157v9 toùtoiq toùtoiq M
87 256r25 kalai˜q 157v11 kalai˜si kalai˜q daitumònwn E
daitumònwn daitumòsi

88 256r31 eÊq pollaplou˜n 157v18 eiÊq pollaplou˜n eÊq / eiÊq pollaplou˜n E M


89 256v1 katyjytikýn 157v19 katyjytikou˜ katyjytikýn E
90 256v3 panygùresin 157v21 panygùrewq panygùresin E
91 256v6 selynaìan 157v24 selynaìaq selynaìan E
92 256v10 týn neomynìan 157v29 týn eÊn neomynìa týn eÊn neomynìa
ç M
93 256v14 skia˜ç 157v34 skiai˜q skia˜ç E
94 256v20 toi˜q 158r2 tw
˜ n tw
˜ n M
95 256v24 tou˜ 158r6 tón tón M
96 256v26 toi˜q 158r8 ty˜q ty˜q M
97 257r8 tw
˜ 158r21 tó tó M
98 257r10 dokei˜ 158r23 dokei˜n dokei˜ E
99 257r16 tihaibwssòmenon 158r30 tihaibwssòmenoq tihaibwssòmenon E
100 257r26 táq 158r40 toi˜q táq E
101 257v14 aiÌmati 158v13 aiÌmasi aiÌmati E
102 257v19 halàmw 158v19 halàmou halàmw
ç E
50 alexander sideras
Nr. Cod. Escur. 265 (= E) Cod. Marc. XI 22 (= M) Richtig bzw. besser Codex
103 257v30 mustagwgou- 158v29f. memustagwgy- mustagwgou- E
mènwn mènwn mènwn

104 257v32 touÊmón 158v32 touÊmou˜ touÊmón E


105 258r15 baruỳkoon 159r6 barùkoon baruỳkoon E
106 258r28 uÉpantẁyn 159r18 uÉpantw˜ uÉpantẁ
ç yn E
107 258v2 moi 159r23 mou moi E
108 258v2f. eÊxaskỳsanteq 159r23f. eÊxaskỳsasai eÊxaskỳsanteq E
109 258v11 sou˜ 159r31 són sou˜ E
110 258v21f. eÊpigràfwn 159r42 eÊpigràfonta eÊpigràfonta M
111 258v25 tà te a²lla 159v2 ty˜ te a²lly tà te a²lla E
112 258v26 dedoulwmèna 159v3 douloùmenon douloùmenon M
113 258v31 eiÊsy˜gon 159v7 eiÊsy˜jhai eiÊsy˜jhai M
114 259r10 touÊmw˜ 159v17 twÊmw˜ Ê mw
tw ˜ç M
115 259r17 tanu˜n 159v24 tonu˜n tanu˜n E
116 259r18 aÊkoùseshai 159v25 aÊkoùsetai aÊkoùseshai E
117 259r20 toùtw 159v27 tou˜to toùtw
ç E
118 259r21 próq tou˜ 159v28 próq tó próq tó M
119 259r23 euÊpros 159v29f. euÊpros- euÊprosdektòteroq E
dektòteroq dektòtatoq

Anzahl 88 46
(73 eigene +15 gemeins.) (31 eigene + 15 gemeins.)

Zuna«chst sei etwas u«ber die variierenden Formen der Pra«position


eiÊq / eÊq gesagt. Diese besitzen vielleicht einen gewissen stilistischen
Wert, sind aber sonst gleichwertig. Daher werden sie in diesem
Zusammenhang nicht als nennenswerte Unterscheidungsmerkmale
der beiden Handschriften betrachtet. Sie mu«ssen natu«rlich im textkri-
tischen Apparat angegeben werden, und man darf keinesfalls die eine
oder andere Form im Widerspruch zu der handschriftlichen Uë berliefe-
rung in den Text aufnehmen 12. Die Aufstellung zeigt jedoch die dies-
bezu«glich unterschiedliche Tendenz der beiden Codices. Der Escuria -
lensis verwendet doppelt so ha«ufig die Form eÊq als eiÊq (6 zu 3),
wa«hrend die Ha«ufigkeit beider Formen im Marcianus genau umge-
kehrt ist (3 zu 6) 13. Øhnliches gilt auch fu«r die Alternativformen
hàlassa / hàlatta und glw ˜ tta / glw ˜ ssa ; erstere (hàlassa,
˜ tta) scheint der Escurialensis zu bevorzugen .
14
glw

(12) Dies ist leider in der oben (Anm. 6) zitierten Edition wiederholt geschehen.
(13) Siehe die Nr. 3, 7, 12, 32, 44, 63, 67, 81, 88 dieser Aufstellung.
(14) Siehe die Nr. 16, 24, 30, 84 dieser Aufstellung.
gregorios antiochos 51

Wenn wir auch noch die beiderseits gu«ltigen Formen tessareskai-


dekaetèq / tessareskaidekàeteq sowie xumpepèrastai / sumpepè-
rastai auÞer acht lassen 15, dann verbleibt die groÞe Zahl der u«ber
hundert Formvarianten, die die beiden Handschriften voneinander
unterscheiden und wobei die eine Lesart im jeweiligen Textzusam-
menhang richtig bzw. besser und die andere falsch bzw. schlechter ist.
Dann sehen wir, daÞ der Escurialensis mehr als doppelt so viele rich-
tige bzw. bessere Varianten bietet (73) als der Marcianus, der mit nur
31 richtigen bzw. besseren Varianten gegenu«ber dem Escurialensis
weit zuru«ckbleibt. Es besteht also kein Zweifel, daÞ der Escurialensis
auch bezu«glich der Formvarianten die weitgehend bessere Handschrift
ist.

V ^ Wortvarianten

Als Wortvarianten werden die Lesarten bezeichnet, die aus unter-


schiedlichen Wo«rtern bestehen. Auch Wo«rter desselben Wortstammes
aber unterschiedlicher Wortart werden dazugerechnet. An manchen
Stellen werden auch zwei- oder dreigliedrige Satzteile angefu«hrt,
wenn dabei zugleich Wort- und Formvarianten vorkommen. Viele
Wortvarianten sind durch Verschreibung aufgrund des Gleichklanges
entstanden und als solche zumeist leicht erkennbar. Seltener bestehen
sie aus in Form und Bedeutung vo«llig unterschiedlichen Wo«rtern 16.
Die Wortvarianten stellen die umfangreichste Gruppe der Lesarten
dar, durch die sich beide Handschriften, Escurialensis und Marcianus,
in der U ë berlieferung dieses Schriftstu«ckes unterscheiden. Wortvarian-
ten bewirken naturgema«Þ eine viel gro«Þere Bedeutungsverschiebung
als Formvarianten. Auch in dieser Zusammenstellung wurden Selbst -
korrekturen nicht als Abweichungen betrachtet. Im Falle der Pra«posi-
tionen parà und perì wurden nur die ausgeschriebenen Formen
beru«cksichtigt, nicht die Abku«rzung pé des Escurialensis, die erwiese-
nermaÞen je nach dem Kontext sowohl als perì als auch als parà
gedeutet und aufgelo«st werden kann 17.

(15) Siehe die Nr. 56 und 79 dieser Aufstellung.


(16) Man vgl. die Nr. 85 und 111 der folgenden Aufstellung.
(17) Ausfu«hrlich daru«ber und Belegstellen s. in meinem in der vorstehenden
Anm. 8 zitierten Aufsatz.
52 alexander sideras
Nr. Cod. Escur. 265 (= E) Cod. Marc. XI 22 (= M) Richtig bzw. besser Codex
01 250r30 eiÊq nou˜ n 153r3 eiÊq nu˜ n eiÊq nu˜ n M
02 250v1 aÊ llá hỳsomai 153r4 aÊ lyhìsomai aÊ lyhìsomai M
03 250v3 ouÊ k eÊ n aÊ kaìrw 153r6 ouÊ k aÊ kaìrwq ouÊ k aÊ kaìrwq M
04 250v5 iÉeroprepw˜q 153r8 iÉeroprepou˜ q iÉeroprepou˜ q M
05 250v5 te 153r8 kaí te E
06 250v5 moi 153r8 soi soi M
07 250v9 patriarjìaq 153r13 poimenarjìaq patriarjìaq E
08 250v10 perí 153r14 pará pará M
09 250v18 poimenikón aÊ rjikón 153r22 poimenarjikón poimenarjikón M
10 250v21 tá aÊ rjieratiká 153r26 tá pneumatiká tá pneumatiká M
ty˜ q iÉerateìaq ty˜ q aÊ rjierateìaq ty˜ q aÊ rjierateìaq
11 250v28 katá kòsmon 153r34 katá kòsmion katá kòsmon E
12 251r2 tó megalòfron 153v3 te melanfòron (sic) te melamfòron M
13 251r22 monỳrei 153v20 monàdi monỳrei E
14 251r29 dustokei˜ 153v27 didumotokei˜ didumotokei˜ M
15 251r30 wÉq 153v28 wÌsper wÉq E
16 251v6 makariwtèraq 153v34 makaristotèraq makaristotèraq M
17 251v8 diplou˜ 153v36 dittou˜ diplou˜ E
18 251v9 aÊ nièrwshe 153v37 aÊ fièrwshe aÊ fièrwshe M
19 251v20 eÊ gkolpìouq 154r9 eÊ gkòlpouq eÊ gkolpìouq E
20 251v24 ty˜ q ge 154r13 ty˜ q te ty˜ q ge E
21 252r3 tylikou˜ ton 154r23 tylìkon tylikou˜ ton E
22 252r5 parwdỳsw 154r26 parỳsw parỳsw M
23 252r8 kreìttw 154r28 meìzw kreìttw E
24 252r9 jarìzontoq 154r30 jeirìzontoq jeirìzontoq M
25 252r12 ouÊ damw˜q 154r32 mydamw˜q ouÊ damw˜q E
26 252r15 eÊ pèjei 154r34 eÊ pàgei eÊ pàgei M
27 252r22 diapresbeìan 154v1 presbeìan presbeìan M
28 252v3 tameioulkoumènyn 154v13 timioulkoumènyn tamioulkoumènyn E
29 252v4 uÉ pòvia 154v15 eÊ pòvia uÉ pòvia E
30 252v5 katòpin 154v16 ktìsin katòpin E
31 252v6 euÊ doxìan 154v17 euÊ daimonìan euÊ doxìan E
32 252v7 pleìstouq 154v19 polloúq pleìstouq E
33 252v9 fhèggð 154v21 feùgy fhèggð E
34 252v13 tón fìlion 154v27 tón fìlon tón fìlion E
35 252v19 meseùontoq 154v34 mesiteùontoq mesiteùontoq M
36 252v20 euÊ parrysìaston 154v35 aÊ parrysìaston euÊ parrysìaston E
37 252v20 jristou˜ 154v35 heou˜ Jristou˜ E
38 252v23 euÊ epìteukton 154v38 aÊ napòteukton aÊ napòteukton M
39 253r3 basileìa 155r8 basilìdi basileìaç E
40 253r6 perí 155r11 pará perí E
41 253r9 ty˜ q eÊ n aÊ porrỳtoiq 155r14 toi˜q eÊ n aÊ pòroiq ty˜ q eÊ n aÊ pòroiq M
gregorios antiochos 53
Nr. Cod. Escur. 265 (= E) Cod. Marc. XI 22 (= M) Richtig bzw. besser Codex
42 253r11 platei˜an 155r16 plàtoq platei˜an E
43 253r12 eÊpiboùlou 155r17 eÊpibòlou eÊpiboùlou E
44 253r13 prokatartìsaq 155r18 katartỳsaq prokatartìsaq E
45 253r15 eÉautou˜ 155r20 auÊtou˜ eÉautou˜ E
46 253r16 lymmatistiký 155r21 lymmatiký lymmatiký M
47 253r16 latìnwn 155r21 latinìdwn latinìdwn M
48 253r19 kaÊnteu˜hen 155r24 kaÊntau˜ha kaÊnteu˜hen E
49 253v1 perí 155r38 pará pará M
50 253v5 eÊpigràmmatoq 155r43 gràmmatoq eÊpigràmmatoq E
51 253v6 kludasmw
˜ 155r44f. kludwnismw
˜ kludasmw
˜ç E
52 253v7 eiÊsèpeita 155r45 e²peita eiÊsèpeita E
53 255v7 iÉerarjikoúq 155r46 aÊrjieratikoúq aÊrjieratikoúq M
54 253v9 proagiàsaq 155r47 proagìsaq proagiàsaq E
55 253v12 filotìmyma 155v4 filotejnìa filotìmyma E
56 253v12 skeu˜òq ti kòsmion 155v4 skeu˜oq tìmion skeu˜òq ti tìmion M
57 253v13 murodòjyq 155v5 murohỳkyq murodòjyq E
58 253v17 iÉerarjikón 155v10 aÊrjieratikón aÊrjieratikón M
59 253v19 bow˜n 155v12 biw˜n bow
˜ n E
60 253v23 euÊetyrìaq 155v17 euÊymerìaq euÊymerìaq M
61 253v27 ouÊdé 155v21 ouÊdén ouÊdé E
62 253v28 e²ti 155v23 e²ty e²ty M
63 254r2 aÊjheinà. 155v29 oÊrhrinà. oÊrhrinà· M
64 254r4 eÊn pàsaiq 155v31 uÉpér pàsaq uÉpér pàsaq M
65 254r5 genèsewq 155v33 gennỳsewq gennỳsewq M
66 254r13 aÊrjòmenon 155v43 eÊjòmenon aÊrjòmenon E
67 254r16 eÊpelàmprune 155v46 aÊpelàprune (sic) aÊpelàmprune M
68 254r17 proàgoiq 155v47 prosàgoiq proàgeiq E
69 254r18 plysifaei˜q 156r1 plysifanei˜q plysifaei˜q E
70 254r18 týn lampàda 156r1 tá lampàdia tá lampàdia M
71 254r25 oÌpwq 156r9 oÌper oÌper M
72 254v5 prolambànetai 156r20f. proslambànetai proslambànetai M
73 254v7 eu²kairon 156r22 a²kairon eu²kairon E
74 254v12 eÊstèfhyq 156r28 eÊtèhyq eÊtèhyq M
75 254v15 katajw˜sai 156r31 eÊgkatajw
˜ sai eÊgkatajw
˜ sai M
76 254v21 oÉ 156r37 dé dé M
77 254v23 próq heiòteron 156r39 prosgeiòteron prosgeiòteron M
78 254v26 pepurwmènon 156r43 pepuraktwmènon pepurwmènon E
79 254v26 kekaharismènon 156r43 kejarismènon kekaharismènon E
80 254v30 uÉperkejumèny 156v2 uÉperekkejumèny uÉperkejumèny E
81 254v30 eÊkripismw˜ 156v2 eÊn rÉpismw
˜ eÊkripismw
˜ç E
82 255r6 aÉlieusàsyq 156v10 aÊniasàsyq aÊniasàsyq M
83 255r12 aÊndrìan 156v15 aÊrdeìan aÊrdeìan M
54 alexander sideras
Nr. Cod. Escur. 265 (= E) Cod. Marc. XI 22 (= M) Richtig bzw. besser Codex
84 255r22 puróq 156v27 pyróq puróq E
85 255r28 kriheíq 156v32 lajẃn kriheíq E
86 255v6 oiÊkoumènyq 156v41 oiÊkoumeniky˜q oiÊkoumènyq E
87 255v6 mýn 156v42 mén mén M
88 255v8 tou˜to 156v44 tou˜ tou˜to E
89 255v14 aÊparktìai 157r5 aÊpraktìai aÊparktìai E
90 255v15 diapefusykòteq 157r6 pefusykòteq diapefusykòteq E
91 255v19 soi 157r10 moi soi E
92 255v28 iÉeratikw˜n 157r20 iÉerarjikw˜n iÉerarjikw˜ n M
93 255v29 pa˜si 157r21 peu˜sin peu˜sin M
94 256r4 aÊggèlwn 157r28 euÊaggelìwn euÊaggelìwn M
95 256r10 ge 157r35 se se M
96 256r17 toi 157v1 ti toi E
97 256r17 týn 157v1 tón týn E
98 256r24 e²naudon 157v10 a²naudon e²naudon E
99 256r31 aÊpèplysan 157v18 aÊnèplysan aÊpèplysan E
100 256v4 eÊhàda 157v22 eÊnhàde eÊhàda E
101 256v7 eÊpitimìaq 157v25 eÊpitomìaq eÊpitimìaq E
102 256v17 eÊgertiky˜q 157v38 euÊergetikýn eÊgertiky˜q E
103 256v17 uÉpó 157v38 uÉpér uÉpó E
104 256v18 zwýn 157v39 zwón zwón M
105 256v23 semnòteron 158r4 tranòteron tranòteron M
106 256v24 parexetàzein 158r5 sunexetàzein parexetàzein E
107 256v24 ktìstyn 158r6 ktìsin ktìstyn E
108 256v27 proàgousan 158r9 prosàgousan proàgousan E
109 256v29 prolalián 158r11 proslalián proslalián M
110 257r4 oÌlwq 158r17 oÌloq oÌlwq E
111 257r7 jàriti 158r21 rÉỳmati jàriti E
112 257r11 uÉpodojýn 158r25 uÉpofugýn uÉpofugỳn, M
113 257r15 tou˜to 157r29 tou˜ tou˜to E
114 257r22 iÉlarestèroiq 158r36 iÉlastyrìoiq iÉlastyrìoiq M
115 257r25 jrysimojumìan 158r40 jrystojumìan jrysimojumìan E
116 257r29 spàrton 158r43 spartìon spartìon M
117 257r30 spàrton 158r44 spartìon spartìon M
118 257v4 euÊjroìaq 158v5 euÊjeroìaq (sic) euÊjroìaq E
119 257v9 e²aroq 158v9 aÊèroq e²aroq E
120 257v9 eÊklipòntoq 158v9 aÊpolipòntoq eÊklipòntoq E
121 257v11 eiÊ gàr soi 158v11 yÉ gàr se yÉ gàr se M
122 257v16 mydamw˜q 158v16 mydamou˜ mydamw
˜ q E
123 257v19 euÊjýn 158v18 yÊjýn yÊjýn M
124 257v19 uÉpó jrònon 158v19 eÊpí jrònon eÊpí jrònon M
125 257v26 foitytaí. (sic) 158v25 mahytaí. (sic) mahytaì, M
gregorios antiochos 55
Nr. Cod. Escur. 265 (= E) Cod. Marc. XI 22 (= M) Richtig bzw. besser Codex
126 257v28 ka³n eiÊ kaí 158v27 ka³n oiÉ kaí ka³n eiÊ kaí E
127 258r5 katastenàxai 158v38 katastugnàsai katastenàxai E
128 258r11 dusakoùstoiq 159r2 dusakoustoùsaiq dusakoustoùsaiq M
129 258r22 dusdiexìtyta 159r12 dusdièkduta dusdiexìtyta E
130 258r22 hỳran o²vin yÉmi˜ n 159r12f. hỳran eu²ovon oÉmou˜ hỳran eu²ovon oÉmou˜ M
kaí haminón kaí haminýn kaí haminýn
131 258r24 katá tauÊtá 159r14 katautá katá tauÊtá E
132 258v1 oÌtw 159r22 ouÌtw ouÌtw M
133 258v2 eÉ rkìou 159r23 sarkìou sarkìou M
134 258v2 leptofuéq 159r23 leptoüféq leptoüféq M
135 258v4 aÊnakukismou˜ 159r25 aÊnakomismou˜ aÊnakomismou˜ M
136 258v15 sterewtèrou 159r35 sterrotèrou sterrotèrou M
137 258v22 pragmateìan 159r42 grammateìan grammateìan M
138 258v25 tèknon aÊntìdoulon 159v2 dou˜lon aÊrtìdoulon tèknon aÊntìdoulon E
139 258v29 ti 159v5 toi toi M
140 258v30 diapònyma 159v6 diapòryma diapòryma M
141 259r1 eÊ k symasìaq 159v8 eÊ ksymànaq eÊ k symasìaq E
142 259r1 kahwmilymènwq 159v8 kahwmilymènyq kahwmilymènyq M
143 259r3 poi 159v10 pou pou M
144 259r7 pareneìrwn 159v14 paregeìrwn pareneìrwn E
145 259r8 ouÊranomìmou 159v15 ouÊranomimỳtou ouÊranomimỳtou M
146 259r21 euÊporìa 159v27 euÊkairìa euÊkairìa M
147 259r21 uÉpó sé 159v28 eÊ pí sé eÊ pí sè ^ M
148 259r24 iÉ erarjikýn 159v31 aÊrjieratikýn aÊrjieratikýn M
149 259r25 tyroi˜ o 159v32 diatyroi˜ q tyroi˜ o E
Anzahl 77 72

Auch bei den richtigen bzw. besseren Wortvarianten schneidet der


Escurialensis, absolut gesehen, besser ab als der Marcianus. Im Ver-
gleich zu den orthographischen Fehlern, den Verschreibungen und
Formvarianten ist sein Vorsprung aber geringer. Dies erkla«rt sich
natu«rlich nicht daraus, daÞ sich der Schreiber des Marcianus verbes-
sert oder der des Escurialensis verschlechtert ha«tte ^ die verschiedenen
Lesarten sind bei der Abschrift des Textes jeweils fast gleichzeitig ent -
standen ^, sondern daraus, daÞ man sich bei Endungen, vor allem
wenn sie abgeku«rzt sind, leichter irren kann als bei Wo«rtern, bei denen
man genau hinschauen muÞ, um welches Wort es sich eigentlich
jeweils handelt. Eine plausiblere Erkla«rung der in beiden Handschrif-
ten vorhandenen zahlreichen Wortvarianten du«rfte folgende sein : Da
die beiden Codices, wie wir gleich unten sehen werden, weder direkt
voneinander abha«ngen noch dieselbe Vorlage gehabt zu haben
scheinen, gehen ihre Wortvarianten, wie auch andere Abweichungen,
auf ihre unterschiedlichen Vorlagen zuru«ck.
56 alexander sideras

VI ^ Textlu« cken

Als Lu«cke wird in diesem Zusammenhang das Fehlen eines oder


mehrerer Wo«rter in einem der beiden Codices betrachtet, wobei der
fehlende Text, wie seine Existenz im anderen Codex beweist, fu«r den
Sinngehalt der jeweiligen Textstelle notwendig bzw. vorteilhafter
erscheint. Uë berflu«ssige Textzusa«tze in einem der Codices, die im ande-
ren scheinbare Lu«cken verursachen, werden im na«chsten Kapitel
behandelt.

Nr. Cod. Escur. 265 (= E) Cod. Marc. XI 22 (= M) Richtig/besser Lu«c-


ke
01 250v2 dé tó prològisma 153r4 tó prològisma dé tó prològisma M
02 250v17 tw˜n sw˜n 153r21 tw˜n sw˜n aÊretw˜n tw˜n sw˜n aÊretw˜n E
03 251r7 laoi˜q a²n se 153v7 laoi˜q ma˜llon a²n se laoi˜ q ma˜llon a²n se E
04 251r7 peìhei pau˜loq 153v8 peìhei ge pau˜loq peìhei ge Pau˜loq E
05 251v2 kaí a²spilon 153v31 kaí a²spilon iÊ ysou˜n kaí a²spilon ÈIysou˜n E
06 251v7 y³ eÊntau˜ha 153v35 y³ eÊn a²lloiq eÊntau˜ha y³ eÊn a²lloiq eÊntau˜ha E
07 251v12 a²llyn eÊkeìnyn 154r1 a²llyn eÊkeìnyn kainýn a²llyn eÊkeìnyn kainýn E
08 251v15f. kaí oÌtw kaí 154r5 kaí oÌtw kaí oÌtw
ç kaí M
09 251v16 eÊq mustikýn 154r5 eÊq týn mustikýn eÊq týn mustikýn E
10 251v19 ty˜q eÉllỳnwn 154r8 ty˜q tw˜n eÉllỳnwn ty˜q tw˜n ÉEllỳnwn E
11 251v20 tosou˜ton auÊtýn 154r9 tosou˜ton tosou˜ton auÊtýn M
dianyxàmenoq dianyxàmenoq dianyxàmenoq
12 252r4 kaí e²rgoiq 154r24 aÊllá kaí e²rgoiq aÊllá kaí e²rgoiq E
13 252r6 oÉ basileúq 154r26 basileúq oÉ basileúq M
14 252r24 kati˜ son 154v4 kaí kati˜ son kaí katÈ iâ son E
15 252v24 dè soi 154v40 dé dè soi M
16 253r14 e²ti kaí 155r19 kaí e²ti kaí kaí e²ti kaí E
17 253r29 eÊpí soí megalei˜ on 155r35 megalei˜ on eÊpí soí megalei˜ on M
18 253v12 skeu˜òq ti 155v4 skeu˜oq tìmion (sic) skeu˜òq ti tìmion M
kòsmion
19 253v12 aÊrẁmatoq 155v4 aÊrẁmatoq euÊwdou˜n- aÊrẁmatoq euÊwdou˜n- E
euÊpnoùsteron toq euÊpnoùsteron toq euÊpnoùsteron
20 253v13 ty˜q ouÊarnìou 155v5 ty˜q ty˜q ouÊarnìou M
murodòjyq murohỳkyq (sic) murodòjyq
21 253v18 eÊq oÉloklyrìan 155v11 oÉloklyrìan eÊq oÉloklyrìan M
22 253v20 kaí aiÊ sjrw˜n kaí 155v13 aiÊ sjrw˜n kaí kaí aiÊ sjrw˜n kaí M
23 253v25 eÊntau˜ha dé 155v19 eÊntau˜ha eÊntau˜ha dé M
24 253v30 eÊpí tw˜ mishw˜ 155v24f. eÊpí mishw˜ eÊpí tw˜ç mishw˜ç M
25 253v31 gàr toi 155v26 gár gàr toi M
26 254r4 kaí katá 155v31 katá kaí katá M
gregorios antiochos 57

Nr. Cod. Escur. 265 (= E) Cod. Marc. XI 22 (= M) Richtig/besser Lu«cke


27 254r6 tetrwmènai tw˜ 155v34 tetrwmènai tetrwmènai tw˜ç e²rwti M
e²rwti
28 254r16 tó iÉeròn sou 155v46f. tó iÉeròn soi ky˜doq tó iÉeròn soi ky˜doq E
eÊpiprepéq eÊpiprepéq eÊpiprepéq

29 254r19 eÊk tw˜n e²ggista 156r2 eÊk e²ggista (sic) ˜ n e²ggista


eÊk tw M
30 254r25 oÉ propàtwr 156r9 kaí oÉ propàtwr kaí oÉ propàtwr E
31 254v8 ka³n gár eiÊ kaí 156r23 ka³n gár kaí ka³n gár eiÊ kaí M
32 254v16f. zỳlou kaí tou˜ 156r32 zỳlou zỳlou kaí tou˜ M
pòhou tó kaí pòhou tó flogerón
flogerón kaí kaí

33 254v18 forutòq. 156r33f. forutòq. eÊpimelw˜q forutòq. eÊpimelw˜q dé E


dé aÊnezytỳhyq kaí aÊnezytỳhyq kaí aÊneu-

kalou˜ntai aÊneurèhyq auÊtòq. rèhyq auÊtòq. kalou˜n

kalou˜ntai tai

34 255r19 kaí oiàon 156v23 oiàon kaí oiàon M


35 255v7f. naí mén kaí 156v42 naí mén gár kaí naí mén gár kaí E
36 255v10 iÌna karpón 156v45f. iÌna kaí karpón iÌna kaí karpón E
37 256r6 aÊnìstasai dé.kaí 157r30 aÊnìstasai kaí aÊnìstasai dè. kaí M
(sic)
38 256r13 katá gàr toi 157r38 katá gár katá gàr toi M
taktoúq taktoúq taktoúq

39 256r19 dyladý toi˜q 157v4 dyladý kyfa˜ dyladý Kyfa˜ E


(lacuna) kaí eiâta (sic) kaí eiâta toi˜q kaí eiâta toi˜q
40 256r20 eÊfÈ aÌpax eÊpànw 157v5 eÊfÈ aÌpax fysí eÊfÈ aÌpax eÊpànw, M
fysì fysì,

41 256v27 prosàgousan kaí 158r9 prosàgousan y²dy prosàgousan y²dy E


kaí kaí

42 257r22 eÊjry˜n gár tó 158r37 eÊjry˜n tó eÊjry˜n gár tó M
43 257v4 oÉ jeimẃn oÉ barúq 158v4 oÉ jeimẃn barúq oÉ jeimẃn oÉ barúq M
44 257v17 auÊtàrkyq tá eiÊq 158v16f. auÊtàrkyq eiÊq auÊtàrkyq tá eiÊq M
45 257v21 ty˜q solomw˜ntoq 158v21 ty˜q tou˜ solo- ty˜q tou˜ Solomw
˜ ntoq E
mw
˜ ntoq

46 257v21 te kaí 158v21 kaí te kaí M


47 257v24 despòtyq 158v24 oÉ despòtyq oÉ despòtyq E
48 257v32 nou˜n oÉ kaí lògon 157v31 nou˜n nou˜n oÉ kaí lògon M
kaí nou˜n kaí kaí kaí nou˜n kaí

49 258r1 kaí kardìaq 157v33 kardìaq kaí kardìaq M


50 258r12 eiÊ dé kaí fwný 159r2 eiÊ dé fwný eiÊ dé kaí fwný M
51 258r17 a²xion dé a²llwq 159r7 a²xion a²llwq a²xion dé a²llwq M
52 258r20 y³ katá sìmwnaq 159r10 y³ katá toúq y³ katá toúq E
sìmwnaq Sìmwnaq

53 258r20 kaí toúq aÊndrèaq 159r10 kaí aÊndrèaq kaí toúq ÈAndrèaq M
54 258v4 wÌsper 159r25 wÌsper mén Ì sper mén
w E
55 258v10 jàriq wÉq tó 159r31 jàriq tó jàriq wÉ q tó M
euÊaggelikòn euÊaggelikoòn euÊaggelikòn
58 alexander sideras
Nr. Cod. Escur. 265 (= E) Cod. Marc. XI 22 (= M) Richtig/besser Lu«cke

56 258v10 sòq eiÊmi eÊgẃ 159r31 sòq eiÊmi mén eÊgẃ sòq eiÊmi mén eÊgẃ E
57 258v20f. mèroq 159r41 mèroq mèroq M
týn eÊq tó tèknon jàrin týn eÊq tó tèknon
oÉ kapernaoumìtyq oÉ kapernaoumìtyq jàrin oÉ Kapernaou-
mìtyq

58 258v24 tón tá màlista 159v1 tón màlista tón tá màlista M
59 258v27-28 pròteron, 159v4 pròteron. pròteron, M
oÌsa dé patèra metá oÌsa dé patèra metá
tèknou tó deùteron. tèknou tó deùteron.
toiou˜toq toiou˜toq toiou˜toq

60 259r11 oÌti tapeinw˜ 159v18 oÌti moi tapeinw˜ oÌti moi tapeinw˜ç E
61 259r13 týn heou˜ 159v20 týn tou˜ heou˜ týn tou˜ heou˜ E
62 259re16 kaí bareìa 159v23 bareìa kaí bareìa
ç M
Anzahl 26 36

Auch in dieser relativ kleinen Fehlerkategorie hat der Escurialensis


gegenu«ber dem Marcianus einen respektablen Qualita«tsvorsprung (26
zu 36), das heiÞt, er weist 10 Textlu«cken weniger auf als der Marcia-
nus. Bei denjenigen Lu«cken, die aus Einzelwo«rtern bestehen ^ und
dies ist die u«berwiegende Zahl der Fa«lle ^ ist das Verha«ltnis 24 zu 30
zugunsten des Escurialensis ; bei den zweigliedrigen und besonders bei
den mehrgliedrigen Lu«cken schneidet der Marcianus erheblich
schlechter ab als der Escurialensis ; er weist zwei zweigliedrige, drei
fu«nfgliedrige und eine siebengliedrige Lu«cke auf 18, wogegen der Escu-
rialensis je eine zweigliedrige und eine sechsgliedrige Lu«cke entha«lt 19.
Gerade diese mehrgliedrigen Lu«cken sind es, die uns, wie wir noch
sehen werden, das gegenseitige Abha«ngigkeitsverha«ltnis der beiden
Handschriften zu pra«zisieren helfen.

(18) Siehe die Nr. 17, 27, 32, 48, 57 und 59 dieser Aufstellung.
(19) Siehe die Nr. 6 und 33 dieser Aufstellung.
gregorios antiochos 59

VII ^ Textzusa« tze

Als Zusa«tze gelten im Rahmen dieser Untersuchung alle in einem


der beiden Codices vorkommenden Wortadditionen, die laut Kontext
u«berflu«ssig bzw. nicht unbedingt erforderlich sind ; das heiÞt, das Feh-
len dieses Textplus kann im anderen U ë berlieferungszeugen nicht als
Lu«cke bezeichnet werden.

Nr. Cod. Escur. 265 (= E) Cod. Marc. XI 22 (= M) Richtig Fehler


01 251r29 mén kaí 153v27 mén mén E
02 252r20 uÉpér mwsèa 154r39 kaí uÉpér mwsèa uÉpér Mwsèa M
03 252v17 diktuoulkei˜n 154v32 kaí duktioulkei˜n diktuoulkei˜n M
(sic)
04 253r2 gàr soi ty˜q nu˜n 155r7 gàr soi ty˜q gár gàr soi ty˜q M
perí týn perí týn nu˜n perí týn nu˜n

05 253v9 te kaí 155v1 kaí kaí E


06 254v7 eÊgẃ dé 156r23 eÊgẃ eÊgẃ E
07 255r20 eÊkeìnw mén 156v25 mén eÊkeìnw mén eÊkeìnw
ç mén M
08 256r28 pleìstouq 157v14 pleìstouq kaí pleìstouq M
oÌsouq oÌsouq oÌsouq

09 256r30 jàritoq, tó 157v17 jàritoq, kaí tó jàritoq, tó M


10 257v15f. euÊwjysomènouq 158v15 euÊwjysomènouq euÊwjysomènouq M
te metá te kaí metá te metá

11 257v25 kaí 158v24f. kaí kaí kaí M


12 257v33 yÉnìka pa˜sai mén 158v32 yÉnìka mén pa˜sai mén yÉnìka pa˜sai mén M
13 258v3 leptoi˜q 159v24 kaí leptoi˜q leptoi˜q M
14 259r11 katá týn fùsin 159v18 katá fùsin katá fùsin E
Anzahl 4 10

Auch bei dieser Variantengruppe, die naturgema«Þ nicht umfang-


reich sein kann, bleibt der Escurialensis mit weniger als der Ha«lfte der
u«berflu«ssigen Textzusa«tze hinter dem Marcianus zuru«ck (4 zu 10). Es
handelt sich durchgehend um einsilbige Partikeln (8mal kaì, 2mal mèn
und je einmal gàr, dè, tỳn, te), die als Flu«chtigkeitsfehler bezeichnet
werden ko«nnen.
60 alexander sideras

VIII ^ Wortumstellungen

Bei den Wortumstellungen handelt es sich um mehrgliedrige (min -


destens zweigliedrige) Redewendungen, die meistens aus denselben
Wortformen bestehen, aber in jedem der beiden Codices jeweils in
unterschiedlicher Reihenfolge stehen. Beide Konstruktionen sind in
der Regel grammatisch und syntaktisch zula«ssig, aber eine der beiden
du«rfte, je nach Stilempfinden, als besser angesehen werden.

Nr. Cod. Escur. 265 (= E) Cod. Marc. XI 22 (= M) Richtig/besser Codex


01 250v29 protehy˜nai 153r1 tw˜ pànu protehy˜nai tw
˜ç E
tw
˜ pànu protehy˜nai 20 pànu

02 251v13 fysin e²hny dùo 154r2 dùo fysín e²hny dùo, fysìn, e²hny M
03 252r7 e²jeiq auÊtóq. (sic) 154r27 auÊtóq e²jeiq e²jeiq auÊtòq, E
04 252r7f. yÉttònwn kaí 154r28 yÉttònwn aÊnygmènoq yÉttònwn aÊnygmènoq M
jamaizỳlwn aÊnygmènoq kaí jamaizỳlwn kaí jamaizỳlwn
05 252r17 kaí týn glw˜ttan 154r36f. kaí týn glw˜ttan kaí týn glw
˜ ttan E
aÊpojrẁntwq eÊkei˜hen aÊpojrẁntwq
eÊkei˜hen eÊxwrganw
˜ shai eÊkei˜hen
eÊxwrganw
˜ shai aÊpojrẁntwq eÊxwrganw
˜ shai

06 252r26 eÉtèraiq glẁssaiq 154v5 glẁssaiq eÉtèraiq eÉtèraiq glẁssaiq E


07 252v12 pa˜san dekàplygon 154v25 dekàplygon pa˜san pa˜san dekàplygon E
08 252v21 mén tá pròteron 154v37 eÊkei˜na mén tá mén tá pròteron E
eÊkei˜na pròteron eÊkei˜na

09 253v20 kaí eÊklektw˜n 155v13 kaí tai˜q sarxín kaí eÊklektw


˜ n E
tai˜q sarxí. (sic) eÊklektw
˜ n tai˜q sarxì,
10 254v18 jaristỳria tw˜ 156r34f. jaristỳria hù- jaristỳria tw
˜ç E
aÊneurèmati hùousai ˜ euÉrèmati
ousai tw aÊneurèmati hùousai
(sic)
11 255r20 kahÈ oÌson 156v25 kahÈ oÌson mén kahÈ oÌson E
eÊkeìnw mén eÊkeìnw eÊkeìnw
ç mén

12 255r26 tou˜to fhònoq 156v31 fhònoq tou˜to tou˜to fhònoq E


13 255v10 týn eiÊq 157r1 eiÊq týn týn eiÊq E
14 256r9 dèdotaì soi kaí 157r33 dèdotai kaí soí dèdotai kaí soí M
Anzahl 11 3

Wieder erweist sich der Escurialensis gegenu«ber dem Marcianus


auch in stilistischer Hinsicht als besser. Denn, egal ob alle diese Wor -
tumstellungen urspru«nglich oder einige vielleicht durch Verschreibun-
gen entstanden sind, u«berwiegen im Escurialensis bei weitem die besse-
ren Formulierungen (11 zu 3).

(20) Hier handelt es sich eigentlich um eine Selbstkorrektur ; durch die kleinen,
hochgestellten Buchstaben b ` oberhalb von tw˜ und a ` oberhalb von protehy˜nai stellt
der Schreiber des Marcianus die Reihenfolge der Wo« rter des Escurialensis wieder
her.
gregorios antiochos 61

IX ^ Tabellarische Zusammenfassung der Befunde


Im Folgenden gebe ich eine tabellarische Zusammenfassung der in
den vorstehenden detaillierten Listen aufgefu«hrten Lesarten beider
Handschriften, die eine Uë bersicht ihrer Art und Ha«ufigkeit ermo«glicht.

Nr. Lesarten Escurialensis 265 Marcianus XI 22


Richtig bzw. Falsch bzw. Richtig bzw. Falsch bzw.
besser schlechter besser schlechter
1. Orthographische Fehler ^ 5 ^ 20
2. Verschreibungen ^ 2 ^ 24
3. Formvarianten 88 31 46 73
4. Wortvarianten 77 72 71 78
5. Textlu«cken ^ 26 ^ 36
6. Textzusa«tze ^ 4 ^ 10
7. Wortumstellungen 11 ^ 3 ^

X ^ Zur Qualita«t der beiden Handschriften


Schon ein erster Blick auf das Schriftbild und ein Durchbla«ttern der
Folien beider Codices zeigt, daÞ der Schreiber des Escurialensis ein
kultivierter und sorgfa«ltigerer Mensch gewesen sein muÞ als der des
Marcianus. Diesen a«uÞeren Eindruck besta«tigt, wie die vorstehende
detaillierte Pru«fung bewiesen hat, auch der innere Zustand ihrer
Schriftprodukte. Es hat sich na«mlich gezeigt, daÞ der Marcianus in
allen Variantenkategorien schlechter abgeschnitten hat als der Escu -
rialensis. Allein die Liste der Verschreibungen 21 entlarvt den Schreiber
des Marcianus als einen oberfla«chlichen, des Griechischen ma«Þig
ma«chtigen Menschen, der gedankenlos abschreibt und reihenweise
bizarre Wortformen produziert, die es im Griechischen gar nicht gibt.
Solche Blo«Þen hat sich der Kopist des Escurialensis nicht gegeben ^
auch wenn man ihm das einmalige wÊdinàsyq (statt wÊdinysàsyq) 22 in
Rechnung stellt.
Natu«rlich ist auch der Escurialensis, wie die obigen Aufstellungen
ebenfalls gezeigt haben, nicht frei von Fehlern verschiedener Art ; er
ist aber mit Abstand der bessere U ë berlieferungszeuge dieser Schrift des
Gregorios Antiochos. Der Marcianus muÞ zwar in einer textkritischen
Edition, nicht nur wegen der Lu«cken des Escurialensis, sondern auch

(21) Siehe oben, Kap. 3, Verschreibungen.


(22) Vgl. dazu oben, Kap. 3. Verschreibungen, Nr. 13.
62 alexander sideras
wegen mancher besseren Variante 23, stets mit beru«cksichtigt werden,
aber der Edition muÞ der Escurialensis zugrunde gelegt werden. Auch
bei unterschiedlichen Lesarten sollte man, wenn der Kontext nicht
dagegen spricht, grundsa«tzlich der Variante des Escurialensis den
Vorzug geben.

XI ^ Z um Abha« ngigkeitsverha« ltnis der beiden Handschriften


Im Folgenden soll untersucht werden, ob die beiden U ë berlieferungs-
zeugen der Lobrede des Gregorios Antiochos an den Patriarchen Basi-
leios Kamateros, Cod. Escur. 265 und Cod. Marc. XI 22, in einem
direkten oder indirekten Abha«ngigkeitsverha«ltnis zueinander stehen,
das heiÞt, ob der eine als Vorlage des anderen gedient hat, oder ob
beide auf eine gemeinsame Vorlage oder auf unterschiedliche Vorla-
gen zuru«ckgehen.
Wenden wir uns zuna«chst der ersten Frage zu. Da beide Handschrif-
ten nicht genau datiert werden ko«nnen, sondern ungefa«hr gleichaltrig
sind 24, lassen wir hier den chronologischen Aspekt auÞer Acht und
suchen nach inneren Kriterien. Kann der Schreiber des Marcianus
aus dem Escurialensis abgeschrieben haben ? Gegen die Annahme
einer direkten Abha«ngigkeit des zweiten vom ersten sprechen am ein-
deutigsten die Lu«cken des Escurialensis, die es im Marcianus nicht
gibt. Vor allem die sechsgliedrige, im Marcianus nicht vorhandene
Lu«cke des Escurialensis 25 schlieÞt eine solche Abha«ngigkeit aus. Die
Fu«lle der Trennfehler ist also u«berwa«ltigend, wogegen die Bindefehler
fast ga«nzlich fehlen. Das alles zeigt mit an Sicherheit grenzender
Wahrscheinlichkeit, daÞ der Marcianus nicht aus dem Escurialensis
abgeschrieben sein kann.
Dies wird auch durch die Existenz des Titels der Lobrede im Escu-
rialensis bekra«ftigt, der im Marcianus fehlt und den der Kopist
unmo«glich ausgelassen ha«tte, wenn er in seiner Vorlage gestanden
ha«tte. Daru«ber hinaus finden sich im Escurialensis, wie die obigen
Listen zeigen, keine der im Marcianus festgestellten Form- und
Wortvarianten, Lu«cken, Zusa«tze und Wortumstellungen, die gerade
den Marcianus vom Escurialensis unterscheiden ^ der Kontext la«Þt

(23) Diese sind eigentlich nicht dem Schreiber des Marcianus anzurechnen, son -
dern gehen sehr wahrscheinlich auf seine unterschiedliche Vorlage zuru« ck, die
gerade an diesen Stellen besser gewesen sein muÞ als die des Escurialensis ; vgl. dazu
das folgende Kapitel 11 u«ber das Abha«ngigkeitsverha«ltnis der beiden Handschrif-
ten.
(24) Vgl. dazu die vorstehende Anm. 3.
(25) Siehe Nr. 33 der Liste der Lu«cken.
gregorios antiochos 63

wenigstens solche nicht konstatieren. Mit Ausnahme der drei ortho-


graphischen Fehler im selben Wort, die in beiden Handschriften vor -
kommen 26 und deren Herkunft auch anders erkla«rt werden kann 27,
teilt der Escurialensis sonst nicht die orthographischen Fehler des
Marcianus und auch keine einzige seiner absurden Verschreibungen.
Die Frage nach dem umgekehrten Verha«ltnis, ob na«mlich der Mar-
cianus als Vorlage des Escurialensis gedient haben ko«nnte, la«Þt sich
auch ohne Beru«cksichtigung des chronologischen Faktors und der im
Marcianus fehlenden, aber im Escurialensis vorhandenen U ë berschrift
und auch ungeachtet ihrer sonstigen Unterscheidungsmerkmale,
unschwer und u«berzeugend negativ beantworten : Denn der Marcia-
nus entha«lt die Lu«cken des Escurialensis nicht und weist zusa«tzliche
Lu«cken auf, und zwar gro«Þeren Umfangs, die im Escurialensis nicht
existieren. Fu«r die Annahme einer Kontamination fehlt jeglicher
Anhaltspunkt.
Nachdem nun gezeigt worden ist, daÞ beide Codices nicht direkt
voneinander abha«ngen 28, muÞ auch noch die Frage beantwortet wer-
den, ob sie auf dieselbe Vorlage zuru«ckgehen oder ob sie unterschiedli-
che Vorlagen gehabt haben. Wenn sie dieselbe Vorlage gehabt ha« tten,
ha«tten sie eine Reihe von Bindefehlern aufweisen mu«ssen. Diese fehlen
aber fast ga«nzlich ; dagegen ha«ufen sich in jeder Handschrift die Trenn-
fehler und andere Besonderheiten, wie ein Blick auf die vorstehenden
Variantenlisten bezeugt. Am augenfa«lligsten sind dabei die unter-
schiedlichen orthographischen Fehler, die ^ mit Ausnahme des dreifa-
chen prèsbiq / prèsbin 29 ^ im Escurialensis fast ga«nzlich fehlenden
Verschreibungen, die unterschiedlichen Form- und Wortvarianten
sowie die Lu«cken, Zusa«tze und Wortumstellungen. Das alles deutet
nachdru«cklich darauf hin, daÞ sie unterschiedliche Vorlagen gehabt
haben mu«Þen. Auch die Tatsache, daÞ der Marcianus trotz seines all-
gemein schlechteren Zustandes manche bessere Lesart bietet als der
Escurialensis, geht offenbar auf seine an diesen Stellen bessere Vorlage
zuru«ck.
Was also das gegenseitige Abha«ngigkeitsverha«ltnis und die Zuverla«s-
sigkeit der beiden U ë berlieferungszeugen der Lobrede des Gregorios

(26) Vgl. dazu die Liste der orthographischen Fehler Nr. 2, 5, 7.


(27) Vgl. dazu die vorstehende Anm. 10.
(28) DaÞ der Escurialensis und der Marcianus in der Uë berlieferung der Lobrede
des Gregorios Antiochos an den Patriarchen Basileios Kamateros nicht direkt von -

Wirth Untersuchungen zur byzantinischen Rhetorik des zwo« lften


einander abha« ngen, hat schon P. Wirth anhand einiger markanten Beispiele
gezeigt. Man vgl. P. ,
Jahrhunderts mit besonderer Beru« cksichtigung der Schriften des Erzbischofs Eustathios von
Thessalonike, Diss. Mu«nchen, 1960, S. 23.
(29) Siehe die Nr. 2, 5, 7 der orthographischen Fehler.
64 alexander sideras
Antiochos an den Patriarchen Basileios Kamateros angeht, so la« Þt sich
zusammenfassend feststellen, daÞ sie weder direkt voneinander abha« n-
gen noch auf dieselbe Vorlage zuru«ckgehen, sondern daÞ sie unter-
schiedliche Vorlagen gehabt haben. Dabei ist der Escurialensis, dank
seiner offensichtlich besseren Vorlage sowie der besseren Bildung und
Sprachkompetenz seines Kopisten die mit Abstand bessere Hand -
schrift.
Beide Codices sind jedoch vom Archetypus einigermaÞen ent -
fernt ^ mehr der Marcianus als der Escurialensis. Die groben Fehler
des Marcianus ko«nnen eigene Produkte darstellen oder teilweise in sei-
ner Vorlage gestanden haben, aber unmo«glich dem Archetypus zuge-
schrieben werden. Gleiches gilt auch fu«r die unterschiedlichen Lu«cken,
Zusa«tze und Wortumstellungen. In den Fa«llen also, in denen beide
Codices voneinander abweichen, sind die richtigen Lesarten grund -
sa«tzlich dem Archetypus, die falschen ihren Vorlagen oder ihnen selbst
zuzuweisen. Die Richtigkeit der Lesarten, die jeweils in der rechten,
vorletzten Spalte der vorstehenden Listen angefu«hrt werden, ist neben
dem Zeugnis der betreffenden Handschrift auch im grammatischen
und syntaktischen Kontext begru«ndet ; sie sollen natu«rlich in der
neuen Edition Aufnahme finden.

Alexander S ideras
Universita«t Go«ttingen
REMARQUES SUR LA DIFFUSION ET LES ORIGINES
DES GRAECA COLLECTA EX HIERONYMO

Il y a une trentaine d'anneèes, Ëdouard Jeauneau signalait l'exis-


tence, dans le manuscrit Paris. Lat. 3088, du ix e
s., d'un recueil de glo-
ses aux lettres de saint Jeèroême, dont le but principal eètait manifeste-
ment l'explication des mots grecs qu'on y rencontre aé l'occasion. Il
proposait d'intituler ce recueil, resteè ineèdit jusqu'aé preèsent, les Graeca
collecta ex Hieronymo . Dix ans plus tard, Anna Carlotta Dionisotti reve-
1

nait sur ce texte pour signaler qu'il eètait un rarissime teèmoignage pro-
bant de l'utilisation, aé date carolingienne, du dictionnaire grec-latin
dit û du Pseudo-Cyrille ý . On retrouve des gloses de meême origine,
2

ajoutait-elle , dans les marges d'un eèpistolier de Jeèroême, Paris. Lat.


3

1880 ( xii e
s.), ce qui laisse penser que l'examen des manuscrits gloseè s
des lettres de Jeèroême permettrait de reconstituer le texte complet de
ces Graeca collecta, lesquels sont, comme on le verra, fragmentaires en
l'eètat actuel de nos connaissances. La deècouverte d'Anna Carlotta
Dionisotti est treés remarquable, et ouvre le champ d'une enqueête aussi
passionnante que longue, puisqu'elle engloberait des dizaines d'eè pisto-
liers manuscrits, de toutes familles et de tous sieécles. Dans le preèsent
article, nous souhaitons revenir sur les rapports qu'entretiennent entre
eux les deux manuscrits preèceèdemment citeès, pour l'instant les seuls
teèmoins signaleès des Graeca collecta ex Hieronymo. Notre but sera d'eèva-
luer, sans preèjuger de ce qu'on pourrait attendre d'une eè tude plus sys-
teèmatique des eèpistoliers hieèronymiens, si le recueil identifieè par
Ë. Jeauneau a connu une certaine diffusion, dont nous aurions avec les
deux manuscrits en question des teè moins sans doute extreêmes, ou si
l'on a plutoêt affaire aé une Ýuvre de cabinet, occasionnellement copieèe.

(1) Quisquiliae e Mazarineo codice 561 depromptae, dans Recherches de theèologie ancienne

et meèdieèvale, t. 45, 1978, p. 79 -129, (reèimpr. dans Ë.


¨
Jeauneau
¨
, Etudes eèrigeèniennes,

Paris, 1987, 435 -487), puis Jean Scot Erigeéne et le grec, dans Archivum latinitatis Medii

Aevi, t. 41, 1979, p. 5 -50, speècialement p. 32 (reè impr. dans Ë. Jeauneau
¨
, Etudes eèri-

geèniennes, Paris, 1987, 85 -112).

(2) Greek grammars and dictionaries in carolingian Europe, dans The sacred nectar of the

Greek. The study of Greek in the West in the early Middle Ages, edited by M. W. Herren ,

Londres, 1988, p. 1-56, speècialement p. 13 -15.

(3) Op. cit., note 33.

Revue d'histoire des textes, n.s., t. V, 2010, 65-97 ©


66 guillaume bonnet
I ^ Le recueil des Graeca collecta ex Hieronymo
La collection, connue sous ce nom, des gloses explicitant les mots
grecs de la correspondance de Jeèroême appara|êt dans un ensemble du
manuscrit composite Paris. Lat. 3088. Ce meême ensemble contient
dans les feuillets immeèdiatement preèceèdents les Glossae diuinae Historiae,
eèditeèes par P. Oè Neèill et J. Contreni. Nous reprenons ici l'essentiel de

la description qu'ont faite les deux savants de cet ensemble en intro -


duction aé leur eèdition, et ajoutons seulement quelques deè tails sur la
4
section qui nous inteèresse .
Le dixieéme ensemble de l'actuel manuscrit, auquel une main plus
ancienne avait attribueè un chiffre XIIII (classement d'apreés la

6
source), est composeè d'un quaternion, de deux feuillets et d'un binion
de parchemin, le tout d'un petit format presque carreè (21,3 cm
18 cm), copieè aé longues lignes (27 lignes par face) de la meême main.
John J. Contreni y voit celle d'un copiste reè mois ou laonnois, vivant
dans la seconde moitieè du viii e
sieécle. Il a copieè successivement l'Expo-
sitio sermonum antiquorum de Fulgence le Mythographe (f. 108r-110r),
les Glossae diuinae historiae (110v-115v), et enfin les Graeca collecta ex Hie-
ronymo (116r-121v), ci-apreés GCH. Cet ensemble lexicographique preè-
sente une numeèrotation posteèrieure des supports, en bas aé droite du
(premier) recto des quatre eèleèments relieès, soit le quaternion (XXIII),
les deux feuillets (XXIV et XXV) et le binion final (XXVI). Cette
numeèrotation, la plus ancienne de celles qui se sont imposeèes successi-
vement aé cet ensemble, est posteèrieure aé la perte d'un eèleèment au
moins apreés le quaternion numeèroteè XXIII et avant le feuillet numeè-
roteè XXIV, perte qu'on peut deèduire du fait que les GCH commen-
cent en haut du f. 116 recto avec le milieu d'une glose, preè ciseèment
avec un deèmonstratif (huius ligni resina cedrina dicitur) qui renvoie aé un
5
deèbut de glose perdu ; la suite des GCH, interrompus, au bas du
f. 121v, dans le milieu d'une phrase, a de meême disparu avant la
numeèrotation des supports , puisque le texte suivant dans le manu-
6

scrit, le Testamentum Porcelli (n³ XV dans la succession selon l'origine),


porte le chiffre XXVII au coin infeèrieur droit de son unique feuillet.

(4) J. J. Contreni , P. P. Oè Neèill (edd.), Glossae diuinae historiae. The biblical

glosses of John Scottus Eriugena, Florence, 1997 (Millennio Medievale, 1).

(5) Il est loisible de situer dans cette lacune tout ou partie de la fin des Glossae

diuinae historiae, interrompues dans ce manuscrit apreé s la glose 487, soit donc 173

gloses (de 488 aé 660).

(6) Des traces d'usure superficielle, qui rendent difficile la lecture du f. 121v,

suggeérent que cette page a eèteè longtemps la dernieé re de l'ensemble, et fut comme

telle exposeè e aux frottements.


les graeca collecta ex hieronymo 67

Priveès de leur deèbut et de leur fin, les GCH sont, en l'eètat actuel du
manuscrit, constitueès de deux cent trente-quatre gloses copieèes avec les
mots qu'elles commentent, extraits de quarante et un textes hieè rony-
miens aiseèment identifiables puisque le titre en est toujours donneè , aé
l'exception du texte n³ 24, la lettre 57 de Jeèroême, destineèe aé Pamma-
chius ^ le titre du premier texte est perdu dans la lacune signaleè e plus
7
haut . Le recueil permet donc de reconstituer la succession des textes
commenteès, et s'il ne peut en refleèter preèciseèment l'eètat, du moins l'or-
dre dans lequel se preèsentent les gloses aé l'inteèrieur de chaque texte ne
8
reèveéle pas de deèsordres internes . Voici donc la liste des textes gloseès,
pour l'eètablissement de laquelle nous avons repris la numeèrotation de
9
dom Lambert : 206 ^ 20 ^ 15 ^ 18 B ^ 18 A ^ 21 ^ 102 ^ 103 ^ 110 ^
56 ^ 105 ^ 67 ^ 104 ^ 112 ^ 131 ^ 132 ^ 134 ^ 143 ^ 14 ^ 52 ^ 58 ^ 53 ^
55 ^ 57 ^ 83 ^ 84 ^ 342 ^ 69 ^ 146 ^ 73 ^ 124 ^ 145 ^ 122 ^ 47 ^ 308 ^
129 ^ 51 ^ 71 ^ 251 ^ 61 ^ 253.
A deux reprises, aux f. 120v et 121r, les gloses sont compleèteèes en
marge avec un signe de renvoi : le texte de la glose 26, 18, entre idest et
praeparant, est ajouteè dans la marge infeèrieure ; et surtout, le corps de la
glose 28, 6 et l'appel de la suivante, 28, 7, sont copieès dans la marge
supeèrieure : il est clair que le copiste avait sauteè de l'appel de la pre-
mieére au corps de la seconde, indice que nous avons dans ce manuscrit
lat. 3088 affaire aé une copie, et non aé la compilation originale. Une
relecture soigneèe a permis, de plus, d'ajouter des mots (6, 22 ; 14, 3),
ou simplement des lettres oublieès (16, 2), mais le grec, treés fautif en
particulier par iotacisme, n'a pas eèteè corrigeè. On trouvera dans l'ap-
pendice 1 aé cet article le texte des GCH d'apreés ce manuscrit.
C'est essentiellement le vocabulaire grec qui a susciteè l'inteèreêt du
glossateur, que celui-ci l'ait lu dans le texte hieèronymien en caracteéres
grecs ou latins. D'autre part, il ne suffit pas que le mot soit un xeè nisme
dans le latin de Jeèroême pour meèriter une explication ; parfois, la seule
origine du mot passeè dans le latin courant justifie sa preèsence, comme
pour cauterium (3, 2 = Ep. 15). L'eèlucidation du sens du mot n'est pas
toujours en cause, puisqu'on peut preèsumer connu du glossateur le
sens du mot baptizati (6, 6 = Ep. 21, 3), par exemple ; c'est le sens originel,

(7) Nous deè signerons doreè navant les gloses aé l'aide d'une double reèfeèrence chif-

freèe, au numeè ro d'apparition du texte dans le recueil, puis de la glose dans ce texte ;

la glose 19,3 est la troisieé me glose du dix -neuvieéme texte (en l'occurrence, tigrides :

Ep. 14, 3), etc.

(8) A l'exception de la pieé ce 27, la lettre pseudeèpigraphe 42 (= 342 BHM), mais

l'interversion peut s'expliquer par la prioriteè donneèe aé l'eèlucidation du mot grec sur

celle du mot latin rare.

(9) Bibliotheca Hieronymiana manuscripta, Steenbrugge -La Haye, 1969 -1973 (In -

strumenta patristica IV).


68 guillaume bonnet
û plonger ý, qui est souligneè. Il arrive meême qu'ait figureè dans le texte
de Jeèroême une explication du mot releveè : il y a alors redondance avec
le texte gloseè, ce qui rend superflue une glose d'eèlucidation comme
28, 3 GYNHX (sic) id est mulier uel uxor quand on trouve quelques lignes
plus bas (Ep. 69, 5) : mulierem autem, id est gunai˜ka ; de meême, l'excla-
mation grecque du psaume 117, 25-26, qui nous vaut la glose 2, 1
(= Ep. 20), est-elle au centre d'un deèveloppement sur son sens qui
conduit aé sa û bonne ý traduction. De tels exemples donnent l'impres -
sion que les GCH ont vocation aé fonctionner sans le texte qu'ils glo-
sent, impression que renforce la preèsence de gloses inteèressant moins
l'eèleèment grec du lexique de Jeèroême que l'histoire naturelle (6, 19 aé
22 : iacintho, coluber, scorpio, serpens) ou les realia antiques (6, 9 talentum ;
6, 15 aé 17 : stola, ornamento, armillas) plus ou moins en rapport avec la
langue grecque. Plus classiquement, enfin, l'appareil de gloses fournit
dans quelques endroits l'eèquivalent courant d'un mot latin plus rare
(6, 25 serotinam), et donne la traduction ou l'explication de mots
heèbra|ëques (6, 12 Leuiathan).
Les explications fournies ressortissent aé plusieurs sources identifia-
bles. Parmi les auteurs connus, Isidore de Seèville eèvidemment, dont les
¨
Etymologies sont copieèes litteèralement, sans eêtre jamais signaleèes, aé de
nombreuses reprises, speècialement pour les mots relevant des realia et
de l'histoire naturelle : 1, 1 aé 3, puis 5 et 7 ; 6, 4, 12 et 13, puis 15 aé 22 ;
13, 1 et 2 ; 14, 3 aé 5 ; 16, 1 aé 3 ; 19, 3, puis 5 aé 7, etc. Deuxieéme auteur
dont la lecture nourrit anonymement les gloses, Eucher de Lyon. Le
second livre des Instructiones est citeè litteèralement aé plusieurs reprises, et
en tout cas dans des termes qui permettent d'eè carter l'intermeèdiaire
d'Isidore : 3, 3 (= 159, 22) ; 5, 1 (= 160, 2-3) ; 6, 5 (= 160, 10) et 9
(= 158, 8-10) ; 22, 7 (= 160, 21 ; on comparera Etym. VI 2, 2 !).
Emprunt discret aussi au Servius du De centum metris (Grammatici Latini,
eèd. H. Keil, t. IV, Leipzig, 1864, p. 465, 5-6) que la deèfinition du
û teètrameétre falisque ý, dont est composeèe la glose 24, 6. Ëchappent
en revanche aé l'anonymat Servius (non auctus) et Nonius, respective-
10
ment en 5, 2 ; 20, 1 ; 22, 11 ; 41, 1, et en 20, 5 et 9 . Priscien dans le
De aduerbio des Institutiones grammaticae (GL III 75, 7-8) a inspireè 19, 2,
et le Breèviaire d'Eutrope (VII 8, 4) est la source de 20, 2. Un lecteur
posteèrieur a du reste releveè en marge le nom des autoriteès ainsi deèvoi-
leèes. Enfin, Jeèroême lui-meême est exploiteè, que ce soit d'apreés l'incipit
d'un livre de l'Ancien Testament (14, 1) ou ses exeè geéses eètymologiques

(10) Cf. ad Aen. II, 225, ad Georg. III 53, I 151 et III 115 pour Servius ; 1, 84 L

+ 1, 38 L, et 1, 73 L pour Nonius. Plaute, mentionneè en 22, 8, l'est par l'entremise

d'Isidore, de qui vient la citation de Cist.


les graeca collecta ex hieronymo 69
11
des noms heèbra|ëques (23, 2 ; 36, 2 ) ; il n'est mentionneè que pour ces
deux dernieéres occurrences.
A ces ouvrages de reèfeèrence, somme toute treés classiques, l'auteur a
su ajouter d'autres sources, plus inattendues. S'il cite bien, pour la
glose 7, 6, le verset de l'Ëvangile (Lc 6, 42) sur la paille dans l'Ýil du
voisin, il est capable au meême endroit d'un paralleéle plus litteèraire aé la
besace de Perse IV, 23-24. L'auteur a d'ailleurs disposeè d'une docu-
mentation speècifiquement grecque, puisque le texte d'un psaume en
grec avec son correspondant dans la Vulgate (Ps 39, 3) est citeè en 26,
16 aé l'appui de la traduction d'un mot grec, et qu'il en vient aé signaler,
aé propos de kakotejnìan (Ep. 57, 5), le titre d'un Donat traduit en
! Surtout, et c'est le plus important, les GCH abon-
12
grec (glose 24, 9)
dent en traces de l'exploitation du dictionnaire dit û du Pseudo -
13
Cyrille ý : 1, 6, 8 et 9 ; 14, 2, 6 (cf. CGL II 427, 47), 9 ; 15, 1 et 2,
etc. Nous pouvons avec une bonne certitude reconna|être comme
source ce dictionnaire, et non pas tel autre, du fait que le glossateur
propose souvent, aé l'occasion d'un mot lu chez Jeèroême, une seèrie de
mots grecs avec traduction, seèrie preèsenteèe dans l'ordre et selon le texte
preècis de ce dictionnaire : ainsi par exemple, en 6, 7 (cf. CGL II 258,
4-6), 6, 8 (cf. CGL II 279, 41-43), 7, 2 (cf. CGL II 312, 59-61), 26, 10
(cf. CGL II 441, 15 et 16) ou encore 28, 6 (CGL II 376, 29 et 30), etc.

Rapport entre les GCH et le manuscrit Laon, Bm 444

Le recours aé ce dictionnaire est particulieérement inteèressant pour


nous, dans la mesure oué une de ses deux copies connues est issue du
scriptorium de Laon, aé une date contemporaine aé peu preés du manuscrit
Paris. Lat. 3088 ; il s'agit de la premieére partie (pieéce 5, preèceèdeèe d'eèleè-
ments introductifs qui se rattachent aé ce qui suit le dictionnaire) du
manuscrit Laon B.M. 444, copieè aé l'initiative de Martin de Laon dans

(11) Cf. respectivement Nom. Hebr. 76, 4-5, eèd. P. de Lagarde , Go«ttingen, 1887

(Corpus christianorum, Series Latina, 72 Turnhout, 1959, p. 154) et Iovin. I 22

(= PL 23, 272 A -B).

(12) Ce titre a fait couler beaucoup d'encre : cf. Ë. Jeauneau ¨


, Jean Scot E rigeéne et

le grec, p. 34, note 153, oué l'on trouvera des eè leèments bibliographiques. La question

de l'existence d'un Donat grec ^ faut-il d'ailleurs entendre par laé une adaptation

grecque de la grammaire latine de Donat ou une grammaire du grec aé la manieére

de Donat ? ^ reste pendante, comme le concluait A. C. Dionisotti , op. cit., p. 19.

Remarquons simplement que le preè sent titre renvoie clairement aé l'Ars minor, qui

fonctionnait par questions et reè ponses, preè ciseèment comme un des rares textes

grammaticaux carolingiens eècrits en grec, le û TI ECTIN doctus ý du manuscrit

Paris. Lat. 528, mentionneè par A. C. Dionisotti , op. cit. note 47.

(13) Ëditeè par G. Goetz , Corpus glossariorum Latinorum, t. II, Leipzig, 1888,

p. 213-483.
70 guillaume bonnet
les anneèes 869-875
14
. La copie laonnoise ne deèrive pas directement du
15
manuscrit de la British Library, Harley 5792, copieè vers 800 en Italie ;
son texte, plus correct au deèbut, comme le remarquait Goetz dans sa
preèface (p. xxvii-xxviii) aé l'eèdition du CGL II (pourtant eètablie
d'apreés H), doit eêtre issu d'une copie intermeèdiaire (y pour A. C. Dio-
nisotti, op. cit. p. 12). Quelques deètails orthographiques, bien teènus il
16
est vrai , suggeérent que c'est bien de y ou L que deèpendent les GCH,
ce qui est concordant avec la localisation de la copie aé Laon ou Reims,
que propose J. Contreni.
On peut cependant eêtre plus preècis pour rattacher les GCH aé la ver-
sion laonnoise. On trouve en effet dans les GCH trace de l'exploitation
des autres pieéces constituant le manuscrit Laon 444, et qu'on deèsigne
souvent comme le û cahier de grec de Martin de Laon ý. Ainsi la glose
19, 2 se lit-elle aé l'identique dans les Graeca Praesciani de VIII partibus et
constructione, glossaire qui constitue la septieéme pieéce (f. 276r-287v) du
17
manuscrit Laon 444 , exactement au f. 285v. Mieux encore, on trouve
plus loin dans le meême manuscrit, f. 292r, un texte fort proche de la
; plus loin encore, f. 293v, on reconna|êt la premieére deèfini-
18
glose 14, 8
tion de palinodia, iteratum canticum, preèsenteèe dans la glose 7, 2 (diffeè-
rente de celle de la glose 12, 2). Nous sommes avec cette glose dans la
19
pieéce 14 du manuscrit de Laon, dont nous avons ailleurs confirmeè
qu'elle reprend, tronc°onneèe en trois eèleèments (les pieéces 2, 14, 18), la
reèponse de Martin de Laon aé une demande d'eèclaircissement d'un

(14) Cf. D. Muzerelle, Martin d'Irlande et ses acolytes : geneé se codicologique du

û Pseudo-Cyrille ý de Laon (MS 444), dans La collaboration dans la production de l'eè crit
e
meèdieèval, actes du XIII colloque du Comiteè international de paleè ographie latine

(Weingarten, 22-25 septembre 2000), reè unis par H. Spilling, Paris, 2003 (Mateèriaux
¨
pour l'histoire publieès par l'E cole des chartes, 4), p. 325 -344.

(15) Cf. B. Bischoff, Panorama der Handschriftenu«berlieferung, dans Mittelal-


terliche Studien. Ausgewa« hlte Aufsa«tze zur Schriftenkunde und Literaturgeschichte, t. III,

Stuttgart, 1981, p. 30, n. 124.

54
(16) En 7, 6, l'absence (comme dans L) de diuinor entre diuino et uaticinor, et du h

initial dans ariolo r ; en 22, 9, l'absence de theêta dans BPOYXHMOC ; en 26, 7 le

eêta aé la place du second upsilon ; en 28, 6, l'orthographe subrius, subrietas...

(17) Pour la description du manuscrit Laon B. M. 444, on se reportera aé A.C.

Dionisotti, op. cit., p. 45-54.


(18) BIB LOC liber, inde BIB L HO H EKA id est librorum custodia, uel melius librorum

mandatum, quod H EKH mandatum dicitur. La glose 14, 8 est û reètrograde ý : si

BIB LION liber, codex vient du Pseudo -Cyrille, H EKH custodia y est inconnu (on

trouve H
EKH theca en 388, 17 !). C'est bien librorum custodia le point de deèpart.

(19) û Survivance du grec au ix e


sieécle : une consultation aé Laon ý, dans Herveè

Ducheêne eèd., Survivances et meè tamorphoses, Dijon, 2005, 263 -278.


les graeca collecta ex hieronymo 71
20
interlocuteur aé l'identiteè non assureèe . Toujours dans la meême pieéce
21
14 (f. 294r) figure une explication qui para|êt bien avoir inspireè la
glose 24, 24 ; en teèmoigne aussi la remarquable correction de l'ortho-
graphe, avec un eêta exempt d'iotacisme dans la transcription lati-
ne ^ ce que confirmait du reste le Pseudo-Cyrille 343, 23 KHPWMA
ceroma. Enfin, la curieuse forme du nom de la femme, GYNHX (glose
28, 3 ; le X est un lapsus pour xi) se trouve dans les Graeca Praesciani
(f. 276v, pieéce n³ 7, gloseè femina), mais plus significativement dans la
pieéce 20, Declinationes Grecorum, ou
é l'on trouve successivement, f. 300v,
GYNH mulier uel uxor (= la partie latine de la glose 28, 3), puis
GYNHX id est mulier aliter tamen declinatur (= la forme grecque gloseèe en
22
28, 3 ).
On peut bien suêr penser que le compilateur des GCH a consulteè suc-
cessivement diffeèrentes pieéces qui devaient ensuite composer le manus-
crit Laon 444, mais n'est-il pas plus simple d'admettre qu'il a eu sous
les yeux le manuscrit Laon 444 constitueè ? L'incertitude chronologique
sur ce point importe peu : c'est aé Laon, vers 870, que les GCH ont eèteè
composeèes.

Les gloses du manuscrit Paris. Lat. 1880

e
Le manuscrit Paris. Lat. 1880 est dateè du xii sieécle, eèpoque aé

6
laquelle il a eèteè copieè aé l'abbaye de Foucarmont (dioceése de Rouen).
Sur cent cinquante et un feuillets ligneès de grand format (36,5
25,5 cm), il livre un large choix de lettres de saint Jeèroême eècrit sur
deux colonnes (8 cm. de large) aé 37 lignes par page d'une eècriture soi-
gneèe, avec des annotations secondaires ^ c'est elles qui nous inteères-
sent ^, pour la plupart marginales, d'une seconde main (contempo -
raine ?). Les textes sont tous introduits par un titre traditionnel. Voici
23
le deètail du contenu du manuscrit :

(20) Peut-eêtre Godescalc d'Orbais, via Loup de Ferrieé res : cf. J. Contreni, The

Cathedral school of Laon from 850 to 930. Its manuscripts and masters, Munich, 1978,

p. 103-109.

(21) û KHPWMA non cerasma dicendum, id est unguentum. Ponitur autem

ceroma pro palestra, id est rustica colluctatione. Palestrici enim oleo liniuntur ante -

quam luctam ineant. ý

(22) La forme aé xi, induite du geènitif, n'est pas exceptionnelle (de meê me qu'un

geènitif GYNHC) : on peut aussi la lire dans le commentaire aé Martianus Capella de


Remi d'Auxerre (1, 107 -108, eèd. C. E. Lutz, Remigii Autissiodorensis Commentum in

Martianum Capellam, 2 vol., Leyde, 1962 -1965) : ginex mulier.

(23) Selon la nomenclature de la BHM. La lettre 142 se preè sente comme une

souscription aé la lettre 141, et la lettre 46 est soudeè e aé la lettre 43. Par ailleurs, le

copiste a traiteè la preèface de la lettre 120 et les capitula de la lettre 121 comme des

textes aé part entieére : le manuscrit comporte donc soixante -dix-neuf textes (pour
72 guillaume bonnet
35 ^ 36 ^ 19 ^ 20 ^ 15 ^ 16 ^ 18B ^ 18A ^ 21 ^ 316 ^ 317 ^ 17 ^ 146 ^ 73 ^

74 ^ 72 ^ 101 ^ 102 ^ 103 ^ 111 ^ 110 ^ 56 ^ 105 ^ 67 ^ 104 ^ 115 ^ 116 ^

112 ^ 131 ^ 132 ^ 134 ^ 141 ^ 142 ^ 143 ^ 126 ^ 337 ^ 119 ^ 140, 16 sqq. ^

55 ^ 120, praef. ^ 120 ^ 121 ^ 59 ^ 40 ^ 26 ^ 25 ^ 41 ^ 42 ^ 27 ^ 44 ^ 43 ^

46, 10-11 ^ 38 ^ 29 ^ 34 ^ 32 ^ 30 ^ 28 ^ 23 ^ 24 ^ 127 ^ 125 ^ 22 ^ 66 ^

51 ^ 57, 5 sqq. ^ 83 ^ 84 ^ 124 ^ 62 ^ 48 ^ 49 ^ 97 ^ 50 ^ 61 ^ 109, 1-2 ^

253, 3-6 puis 10 sqq. ^ 122 ^ 308, 1-3 ^ 14, 4 -8.

24
Le manuscrit est actuellement lacunaire et incomplet de la fin .
Toutefois, aé moins de supposer dans une ou plusieurs des lacunes la
perte de plusieurs feuillets, chose qu'on ne peut veèrifier dans la reliure,
il ne faut sans doute pas deèplorer la perte d'autres textes que ceux qui
sont maintenant encore identifiables, mais mutileès de la fin ou du
deèbut. Nous avons en effet calculeè qu'un seul feuillet suffisait aé conte-
nir, entre les feuillets 122 et 123, les derniers mots de la lettre 51 ainsi
que le titre et le deèbut de la lettre 57 ; un seul feuillet encore, entre les
feuillets 141 et 142, la fin de la lettre 109 ainsi que le titre et le deè but
du traiteè 253 ; un seul feuillet toujours, entre les feuillets 142 et 143, la
25
fin du traiteè 253 ; un seul feuillet enfin, entre les feuillets 149 et 150,
la fin de la lettre pseudeèpigraphe 308 et le deèbut de la lettre 14. Ce qui
manque de ce dernier texte, interrompu avec la fin du feuillet 151 et
dernier, tiendrait exactement dans un feuillet 152 perdu. La liste qu'on
a donneèe ci-dessus peut donc eêtre consideèreèe comme une table des
matieéres compleéte, sinon absolument preècise.
Rapports entre les deux manuscrits
Nous sommes en preèsence, comme l'avait deèjaé noteè A. C. Dionisotti,
d'un ensemble de lettres diffeèrent de celui qui a servi de support aux

nous), reè partis en soixante -dix-neuf uniteè s textuelles qui n'y correspondent pas

exactement.

(24) On identifie les quatre lacunes seulement par une discontinuiteè du texte

entre deux feuillets conseè cutifs, sans que l'eè tat mateèriel du manuscrit et de sa reliure

les signalent. De meême, le dernier feuillet se termine-t-il au milieu d'une phrase.

Seule autre deè teèrioration, le coin infeè rieur exteèrieur du feuillet 14, ce qui a entra|ê neè

la perte d'une partie du texte avec la marge ; toutefois, dans le texte sont visibles

deux appels de glose (pour GCH 6, 17 et 18). On retrouve la glose GCH 6, 18

reprise ( ?) dans la marge inteè rieure. Juste au- dessus de la deè chirure, on a gratteè

seize lignes de gloses qui semblent avoir eè teè les gloses 15, 17, 18, 20 et 21

(25) A vrai dire, les lacunes supposeè es exceédent un peu, autour du feuillet 142

(contenant 253, 3-6), la capaciteè textuelle de deux fois un feuillet. Or, comme l'ex -

ceés calculeè comme le plus large concerne la lacune posteè rieure, interne aé la pieéce

253, et dont on conna|ê t preèciseèment les limites (253, 6 -fin et 10-milieu), on nous lais -

sera infeè rer de ce û jeu ý que la lacune anteè rieure toleére tout de meê me un exceés eèva-

lueè (moitieè) moins important.


les graeca collecta ex hieronymo 73

GCH tels26 que les propose le manuscrit 3088: diffeèrent quant aé la


seèlection , quant aé la quantiteè et quant au classement. Un certain
lat.

nombre de ces textes ont rec° u des gloses marginales ^ et tres rarement
supralineèaires ^ qui nous inteèresseront maintenant. Il s'agité successi
vement des textes (classement ) 35, 36, 20, 15, 18B, 21, 317, 73,
-

72, 102, 105, 134, 119, 120, 121, 25, 28, 125, 66, 51, 57, 84, 124, 48,
BHM

50, 61, 253. La proportion des textes gloseès est donc faible: 34, 1%.
Ces vingt sept textes ne se retrouvent pas tous dans la collection sup
port du manuscrit 3088: en sont absents 35, 36, 317, 72, 119, 120,
- -

121, 25, 28, 125, 66, 48, 50.


lat.

La reprise des GCH, bien reèelle pourtant, appara|êt treés partielle


dans le manuscrit 1880, au regard de ce que nous livre le manuscrit
3088. En effet, parmi celles ayant donneè lieu aux gloses conserveèes
lat.

dans ce dernier, les pieéces 18A, 146, 102, 104, 112, 143, 55, 83, 122,
lat.

308, 14 sont presentes, mais non glosees dans le manuscrit 1880.


De plus, dans lesè quatorze textes gloseèsè communs aux deux manuscrits
lat.

(20, 15, 18B, 21, 73, 102, 105, 134, 51, 57, 84, 124, 61, 253), il s'en
faut de beaucoup que nous retrouvions dans le manuscrit normand
toutes les gloses figurant dans le manuscrit carolingien.
Pour les textes 20, 18B, 102, 134, 51, 84, 124 et 253, les gloses sont
toutes diffeèrentes de ce qu'on lit dans les textes correspondants de la
collection du manuscrit 3088. C'est qu'en effet, ce manuscrit utilise
l'annotation marginale pour bien autre chose encore que l'eèlucidation
lat.

du grec, des ou des mots rares. On y trouve des gloses visant aé


corriger le texte support (les gloses 1 et 2 de la lettre 18B, f. 7r) ou au
realia

contraire aé le confirmer (glose 8 aé la lettre 36, f. 4r), eèventuellement


-

en deèveloppant des abreèviations (glose 7 aé la lettre 36, f. 3r; glose 3 aé


la lettre 18B, f. 7r). Elles justifient ou situent le propos de Jeèroême
(glose 5 aé la lettre 36, f. 2v) ou apportent des compleèments d'informa
tion (la glose de la lettre 84, qui eclaire une allusion aé Mithridate par
-

un exposeè historique recourant aé è III 22, ou encore celle de la


lettre 124, f. 128r toujours).
Ciu. Dei

Finalement, on retrouve pour cinq textes des gloses de meme origine


que dans le manuscrit 3088: les lettres 15, 21, 73, 57 et ê 61. Encore
constate t on une reduction du commentaire marginal, dont il est diffi
cile de dire si elle estè intentionnelle, ou accidentelle, par deèfaut de l'an
lat.
- - -

tigraphe du manuscrit 1880; pour la lettre 21 (GCH 6), manquent


-
lat.

(26) Meme s'il atteste seulement quarante et un textes, le manuscrit . 3088


documente ê des pieéces inconnues du manuscrit . 1880: 206, 52, 58, 53, 342, 69, 47,
lat

129, 71, 251.


lat
74 guillaume bonnet
27
les gloses 1, 2, 3, 6 aé 10, 16 , 19, 22, 24 et 25 ; pour la lettre 73 (GCH
30), manque la deuxieéme glose ; pour la lettre 57 (GCH 24), man-
quent les gloses 1 aé 9, 13 aé 15, 17 et 25 ; pour la lettre 61 (GCH 40),
manque la dernieére glose. Les gloses GCH 3, 2, GCH 6, 11 et GCH
28
24, 11 et 23 sont abreègeèes . En sens inverse, le manuscrit lat. 1880 a,
29
pour chacune des deux lettres 21 et 57, une glose suppleè mentaire , qui
ne retiendra toutefois pas l'attention, puisqu'il s'agit d'une explicita -
tion du texte hieèronymien. Pour la seule lettre 15 (GCH 3), finale-
ment, nous avons dans le manuscrit lat. 1880, aé la reèserve signaleèe plus
haut, les trois gloses proposeèes dans le manuscrit carolingien, et elles
seules.
Les points de comparaison sont donc peu nombreux ; ils n'en sont
pas moins probants, meême s'il est en toute rigueur possible d'invoquer
un emprunt paralleéle aé la meême source pour l'explication d'un mot.
Ainsi de stolam de la lettre 21, 23. Comparons les deux reèdactions :

ms. lat. 3088 (6, 15) ms. lat. 1880

Stola matronale operimentum est Stola mat ronale op er imentum e st


quod eo operto capite et scapula a quo operto capite scapula a dextro la-

dextro latere in leuum humerum tere in leuum humerum mittitur. Sto -

mittitur. Stola autem Grece uoca - la enim Grece uocatur quod supere -
mittatur. Idem est ricinium Latino
tur quod super emittatur. Idem et
nomine appellatum eo quod dimidia
ricinium Latino appellatum eo
eius pars retro reiciatur quod uulgo
quod dimidia eius pars retro recitur
mauortem dicunt.
quod uulgo mauortem dicunt.

Ces deux copies de Etym. XIX 25, 3-4 sont diffeèremment fautives
(super et emittatur seèpareès en lat. 3088, et oublieè avant scapula en lat.
1880) mais on peut penser que la lec°on quod eo operto (pour quod coo-
perto), assureèe par lat. 3088, a eèteè l'objet d'une reèeècriture quo operto dans
le manuscrit lat. 1880... Surtout, l'hypotheése d'un emprunt paralleéle,
envisageable ponctuellement, n'expliquerait gueé re que les deux manus-
crits aient gloseè presque toujours les meêmes mots, et en s'aidant des
meêmes reèfeèrences aé Isidore, dans le passage ci-dessus deètailleè, mais
aussi pour GCH 6, 4 (Etym. XVI 25, 13), 18 (Etym. XIX 21, 1), 20
(Etym. XII 4, 2) ou 21 (Etym. XII 5, 4), et aé Eucher (GCH 6, 5) ; laé

(27) Le texte, fragmentaire mais lisible (cf. supra, note 24), ne laisse pas voir

d'appel pour la glose 6, 16, omise donc. On admettra que le texte de la glose 6, 17 a

disparu dans la deèchirure.

(28) La glose GCH 6, 11 est abreè geèe selon l'opinion exprimeè e par le glossateur

des GCH dans la glose meême !

(29) Le texte et in iudiciis meis de la lettre 21, 34 est gloseè non ambulauerit in iusticias

meas ; et le deèveloppement de la lettre 57, 6 est commenteè Nota quod beatus Ieronimus

ad confirmationem sui operis de praefacione uite beati Antonii ponit exemplum.


les graeca collecta ex hieronymo 75

é il y a eècart textuel, il est toujours possible de supposer une alteè ra-


ou
tion (ou correction) indeèpendante, sans mettre en cause pour autant la
parenteè des deux versions.
Le traitement de la lettre 15 (GCH 3) confirme d'ailleurs cette
parenteè : trois gloses seulement, limiteèes aux paragraphes 3 et 5 de la
lettre, et qu'on retrouve, aé l'exclusion de toute autre glose, dans le
manuscrit lat. 1880 ; aucune source û classique ý, telle qu'Isidore ou
Servius, ne permet de donner un deèbut de vraisemblance aé des deèmar-
ches paralleéles et indeèpendantes d'explication. Il est en meême temps
reèveèlateur de la manieére dans le manuscrit le plus reècent : les diffeèren-
ces textuelles existent, mais elles sont limiteèes dans le manuscrit lat.
1880 aé une interversion des paires dans la premieére glose, et aé un abreé-
gement de la seconde.
Ce constat invite alors aé ajouter un eèleèment aé notre liste de gloses
communes. Dans le manuscrit lat. 1880, la lettre 134, 2 suscite deux
gloses, aé asteriscis et ueribus, gloses inconnues du manuscrit lat. 3088
pour ce texte, alors qu'il l'a gloseè. La seconde de ces gloses se preèsente
ainsi : û ueribus, id est obelis. Obelus est uirga iugulans uel iacens quae
subponitur in uerbis uel in sententiis superflue iteratis uel in his dictis
ubi aliqua lectio falsitate notata est, ut quasi sagitta iugulet atque
confodiat. Safitta (sic !) enim Graece obelus dicitur. Ita 4 . ý On
reconna|êt, apreés un glissement de ueru aé obelus, ^ ce qui est en soi sur-
prenant ^, une deèfinition d'Isidore, Etym. I 21, 3 qui figure eègalement
dans le manuscrit lat. 3088, mais cette fois aé une autre occasion : obelus
de la lettre 104, 3. Ce qui nous incite aé voir ici une citation, non pas
¨
des Etymologies directement, mais en fait des GCH exploitant Isidore
pour une autre lettre, c'est que la glose est situeèe, dans cette collection,
immeèdiatement apreés une explication de... asteriscus justement. L'exis-
tence des gloses successives asteriscus et obelus (pour la lettre 104) dans
l'antigraphe nous para|êt avoir deètermineè le copiste aé emprunter, pour
la lettre 134, 2, la seconde aux GCH, moyennant la cheville ueribus, id
est obelis, apreés une premieére glose de son cru ( ?). On l'ajoutera donc
au nombre des textes communs.
Enfin, la glose unique de la lettre 105 (f. 31r) est un cas de figure
particulier : palmodiam : palmodia hoc est cantus geminatus uel iteratus uel repe-
titus. Le copiste s'est ici arreêteè sur ce qui devait eêtre palinwçdìan du
texte hieèronymien (½ 4), d'oué une tentative de reècupeèration d'une
glose deèjaé vue, la glose GCH 7, 2 (pourtant non reprise en lat. 1880 !) :
iteratum canticum. Quant aux GCH, aé en croire le manuscrit lat. 3088,
ils n'offraient sur ce point (11, 2) qu'une note inintelligible en raison
de la deèteèrioration de l'eèpistolier originellement gloseè (nous compre-
nons in grecis 5
litteris 4 fortassis ?). Ainsi, un passage de la lettre 105 a,
selon nous, attireè l'attention du glossateur que sollicitait ce qu'il lisait
76 guillaume bonnet
des GCH sur cette lettre ; toutefois, l'inintelligibiliteè de sa source l'a
engageè aé recomposer la glose avec du mateèriel extrait d'un autre
endroit des meêmes GCH.
Le manuscrit Paris Lat. 1880 contient, parmi des gloses de diffeèrentes
origines, trente-six annotations (et trente-sept appels) issues des GCH
et qu'on lit dans le manuscrit lat. 3088.

II ^ La tradition des GCH


Au point oué nous en sommes, nous savons que les GCH sont attesteè es
fragmentairement par deux manuscrits : Paris. Lat. 3088, copieè dans le
dernier tiers du ix e
sieécle aé Laon ou Reims, qui en fournit 233 gloses,
et Paris. Lat. 1880, copieè en Normandie trois sieécles plus tard, qui nous
en propose 36 eècrites d'une main posteèrieure. L'eècart chronologi-
que entre les deux teèmoins permet de penser que la tradition eè tait
plus complexe ; si le manuscrit carolingien semble tout proche du texte
original, du fait qu'il est presque contemporain du manuscrit Laon
444, qui regroupe plusieurs sources des GCH, le glossateur du manus -
crit lat. 1880 peut avoir copieè les gloses d'un eèpistolier qui aurait lui-
meême proceèdeè aux seèlections dans le mateèriel proposeè par les GCH,
ou encore les aurait heèriteèes. Il est cependant possible de preèciser
davantage quel rapport de parenteè entretiennent, via un eèventuel anti-
graphe intermeèdiaire, la tradition du Paris. Lat. 1880 et celle de Paris.
Lat. 3088.
Il faut constater pour commencer que les gloses copieè es dans le
manuscrit normand n'entretiennent qu'un lien de renvoi ^ mais c'est
certes l'essentiel ^ avec le texte gloseè. Ainsi par exemple, la huitieéme
glose aé la lettre 57, 10 (GCH 24, 22) : û kacotelos id est uituperator
uel maliuolus aut maliloquus uel kacotelos (sic pour û kacozelos ý) id
est malus aemulator. ý On note, dans cet exemple bien repreè sentatif
des eècarts entre le grec du texte et celui de la glose ^ translitteèreè systeè-
matiquement dans ce manuscrit ^, qu'outre le lapsus conduisant aé
reèpeèter la meême forme, il y a une grande diffeèrence avec le texte gloseè,
30
KAKOZNAWC, et sa transcription supralineèaire kakoznaoc . Cette
caracteèristique geèneèrale se comprend si l'on admet l'importation

(30) Autre exemple : la glose 44, 1 avec subare s'attache aé cubantibus du texte

gloseè ! Dans le manuscrit lat. 1880, les mots en alphabet grec du texte de Jeè roême,

treés maltraiteès, sont systeèmatiquement surmonteè s d'une translitteè ration parfois plus

correcte, destineèe sans doute aé favoriser la lecture aé haute voix. Ce meême souci,

associeè aé la neècessiteè d'une eècriture deè chiffrable, quoique de taille reè duite, explique

sans doute la translitteè ration du grec des gloses.


les graeca collecta ex hieronymo 77

secondaire d'une seèrie de gloses constitueèes, avec leur appel, dans une
collection de textes hieèronymiens preèalablement copieèe. L'ordre des
gloses issues des GCH dans le manuscrit lat. 1880 deèpend sans doute
de l'ordre des pieéces dans l'eèpistolier, et ne saurait suffire aé justifier une
tradition indeèpendante des GCH.
Par ailleurs, dans plusieurs marges de ce meême manuscrit (f. 125v,
140v, 141r...), les gloses relevant des GCH (respectivement 24, 18 -20,
40, 1-2 et 5-6) sont copieèes les unes aé la suite des autres sans saut de
ligne ; mieux, elles sont encadreèes d'un meême trait ; pourtant, les mots
qui les justifient ne sont pas si rapprocheès dans la disposition du texte
commenteè, et les marges sont assez larges pour assurer la visibiliteè indi-
viduelle des gloses qui les occupent. C'est laé, selon nous, un indice sug-
geèrant que l'antigraphe de la tradition aboutissant aé Paris. Lat. 1880
proposait les gloses encha|êneèes les unes aux autres ^ et donc deècontex-
tualiseèes. Une telle disposition expliquerait que les gloses GCH 6, 13
et 14, treés proches lexicalement comme dans le texte, aient eèteè fusion-
neèes sous l'appel de la seconde au f. 13v. Le constat est remarquable
en ce qu'il tend aé reèduire la tradition aboutissant au manuscrit nor-
mand : comment expliquer en effet que, d'une copie aé l'autre avec
û reèinteègration ý dans les marges d'un eèpistolier, on n'aurait pas reèussi
aé distinguer ces gloses eècrites en paquets ?
Ces remarques suggeérent un modeéle qui ressemble fort au manuscrit
lat. 3088, seul autre teèmoin du texte. Et un deètail textuel confirme le
soupc°on qu'il doit s'agir de ce manuscrit : la glose GCH 3, 2 (pour la
lettre 15, 3 : cauterio) est, comme on a dit plus haut, abreègeèe dans le
manuscrit normand ; or, le texte supprimeè (et urentur ^ torreo), corres-
pond exactement aé une ligne compleéte du manuscrit lat. 3088 (f. 166r,
bas). Certes, l'abreégement n'affecte pas l'intelligibiliteè, et la coupure
est placeèe avant un doublon, mais avec lui dispara|êt aussi une reèfeè-
rence eètymologique au grec, ce qui constitue justement le principal
inteèreêt de ces gloses. En fait d'alleégement, il est plus naturel de suppo-
ser qu'on a affaire ici aé l'omission accidentelle d'une ligne de texte.
Tout bien consideèreè, donc, Paris. Lat. 3088 appara|êt comme la source
de la tradition illustreèe par Paris. Lat. 1880, que celle-ci se reèduise aé ce
seul manuscrit, ou qu'elle ait connu un (des) intermeè diaire(s) dans
le(s)quel(s) parussent les caracteèristiques observeèes dans le manuscrit
normand.

Essai de reconstitution partielle des GCH

Une question se pose alors : dans quel eètat eètait le manuscrit carolin-
gien quand il a eèteè exploiteè par la tradition du manuscrit lat. 1880 ?
78 guillaume bonnet
31
Plus preèciseèment : s'il n'eètait pas mutileè comme il est maintenant , n'y
aurait-il pas, parmi les gloses du manuscrit lat. 1880 sans correspon-
dance dans le manuscrit lat. 3088 actuel, du mateèriel lexicographique
remontant aux feuillets pour nous perdus ? Si l'on admet que les gloses
relevant des GCH dans le manuscrit lat. 1880 sont issues du manuscrit
lat. 3088, il n'y a pas lieu de supposer que, dans les textes gloseè s dans les
deux, des gloses û surnumeèraires ý du manuscrit normand soient aé rat-
tacher aux GCH. Autrement dit, le texte des GCH est suê r pour les tex-
tes communs aux deux manuscrits, c'est-aé-dire en fait pour ce qui figure
au moins dans le manuscrit carolingien. La reconstitution des parties
manquantes des GCH doit s'envisager aé partir des gloses de textes du
manuscrit lat. 1880 non preèsentes dans le manuscrit lat. 3088 actuel.
Peut-on donc savoir quels textes eètaient aussi repreèsenteès indirecte-
ment par des gloses, maintenant perdues, du manuscrit lat. 3088 ? Il
est possible de s'en faire une ideèe assez preècise, pensons-nous, en obser-
vant l'ordre des textes que livre la succession des gloses. Si l'on consi -
deére en effet que les gloses ont eèteè composeèes au fil d'un eèpistolier preè-
existant, on note que les quarante et une pieéces gloseèes des GCH
actuelles se suivent dans le manuscrit en respectant un ordre identifieè
32
par Pierre Lardet comme constituant un type d'eèpistolier meèdieèval
qu'il a appeleè la û collection des 123 ý pieéces. Voici cette collection
(numeèrotation de la BHM ; en gras, les pieéces attesteèes indirectement
par les gloses du manuscrit lat. 3088) :

35 ^ 36 ^ 206 ^ 62 ^ 19 ^ 20 ^ 15 ^ 16 ^ 18B ^ 18A ^ 21 ^ 101 ^ 102 ^


103 ^ 111 ^ 110 ^ 56 ^ 105 ^ 67 ^ 104 ^ 112 ^ 126 ^ 131 ^ 132 ^ 134
^ 141 ^ 142 ^ 143 ^ 316 ^ 337 ^ 14 ^ 52 ^ 58 ^ 53 ^ 55 ^ 57 ^ 83 ^ 84
^ 342 ^ 69 ^ 146 ^ 73 ^ 17 ^ 124 ^ 317 ^ 145 ^ 122 ^ 47 ^ 308
(= 212, 5) ^ 129 ^ 51 ^ 71 ^ 251 ^ 61 ^ 109 ^ 253 ^ 70 ^ 74 ^ 72 ^ 4 ^
5 ^ 76 ^ 68 ^ 147 ^ 6 ^ 8 ^ 125 ^ 10 ^ 7 ^ 9 ^ 12 ^ 2 ^ 119 ^ 140 ^ 49 ^ 48 ^
97 ^ 50 ^ 22 ^ 45 ^ 11 ^ 130 ^ 107 ^ 64 ^ 117 ^ 13 ^ 54 ^ 79 ^ 123 ^ 120 ^
121 ^ 59 ^ 40 ^ 26 ^ 25 ^ 41 ^ 42 ^ 27 ^ 44 ^ 43 ^ 46 (11 -12) ^ 38 ^ 29 ^
34 ^ 32 ^ 30 ^ 28 ^ 60 ^ 340 ^ 118 ^ 39 ^ 108 ^ 75 ^ 77 ^ 23 ^ 24 ^ 1 ^ 127

^ 66.

(31) Et depuis longtemps : l'usure du verso du dernier feuillet est nettement

anteèrieure aé son inteègration dans le manuscrit tel que nous le connaissons.


¨
(32) P. Lardet, Epistoliers meèdieèvaux de S. Jeèroême : jalons pour un classement, dans

Freiburger Zeitschrift fu« r Philosophie und Theologie, t. 28, 1981, p. 271 -289. Cette collec -

tion est, eè crit P. Lardet, û largement reè pandue au xii e


s. ý (p. 279). A quelques

deètails preé s, elle est attesteè e dans des manuscrits plus anciens, comme Paris. Lat.

1871, du x e
sieécle, et surtout, Vat. Lat. 355- 356, des ix -x
e e
sieécles. Nous aurions ici

un teèmoignage indirect de cet usage cent ans plus toê t, puisque l'eè pistolier qui en est

la source peut eê tre plus ancien que les GCH, qu'on date, on l'a vu, des anneè es 870.

Je remercie ici P. Lardet pour ses suggestions et la communication de cet article, qui

a eèteè deècisive pour la preè sente reèflexion.


les graeca collecta ex hieronymo 79

On constate que l'û emprise ý du manuscrit lat. 3088 actuel sur la


û collection des 123 ý est preèceèdeèe, suivie et û troueèe ý de textes incon-
nus du manuscrit qui ne sont pas gloseès. Sauf aé supposer ^ gratuite-
ment ^ que le manuscrit est une copie lacunaire, il faut admettre que
les textes des û trous ý (62, 19, 16, etc.) n'avaient pas preê teè aé gloses,
ou que celles-ci n'ont pas eèteè retenues dans les GCH. En revanche, les
lacunes constateèes en amont et en aval du texte conserveè peuvent avoir
eèteè occupeèes par des gloses aux textes dont nous avons ici la liste :
avant le texte (les lettres 35 et 36) et apreés lui (les lettres 70 et suiv.).
Passons maintenant aux pieéces du manuscrit lat. 1880 gloseèes et
os
inconnues du manuscrit carolingien : il s'agit, dans l'ordre, des n 35,
36, 317, 72, 119, 120, 121, 25, 28, 125, 66, 48, 50. On remarquera
qu'aé l'exception de la pieéce 317, elles se trouvent toutes hors de
l'û emprise ý du manuscrit lat. 3088 : avant la premieére pieéce gloseèe en
Paris. Lat. 3088, ou apreés la dernieére qu'il atteste. Or, si des gloses ne
sont conserveèes que dans Paris. Lat. 1880, c'est justement avant et
apreés les gloses conserveèes dans le manuscrit lat. 3088 actuel qu'on les
attend.
Pour repeèrer les gloses possiblement issues des GCH, il n'y a d'autres
criteéres aé utiliser que leur propos. Nous avons dit que les GCH s'inteè -
ressent 1) aux termes grecs, pour les expliquer par leur formation, 2)
aux realia, avec l'aide d'auteurs comme Isidore de Seè ville ou Eucher
de Lyon, 3) aé des mots latins rares, dont on fournit un synonyme plus
courant. Ëtrangeéres aux GCH sont les gloses correctives, û confirmati-
ves ý, expliquant ou jugeant le propos de Jeè roême, ou enfin deèvelop-
pant ses allusions, tous types que nous avons observeè s dans le manus-
crit lat. 1880. C'est justement aé la cateègorie des gloses expliquant le
propos hieèronymien que ressortit la glose unique de la pieé ce 317
(û hoc symbolum non plene correptum est ý), seule pieé ce gloseèe dans
le manuscrit lat. 1880 aé figurer dans l'û emprise ý du manuscrit lat.
3088. Le caracteére heèteèrogeéne de son propos confirme bien qu'il s'agit
d'un eèleèment propre au manuscrit normand.
L'examen des gloses aux diffeèrentes autres pieéces concerneèes, et sup-
poseèes avoir jadis figureè dans le manuscrit lat. 3088 avant ou apreés le
texte conserveè, nous conduit aé retenir finalement :

^ les quatre gloses de la lettre 119, la premieé re eè clairant un mot rare, et


¨
les autres portant sur des realia eèclaireè es par les Etymologies d'Isi-

dore. Le tout est traiteè en paquet par le glossateur (f. 61r) ;


33
^ les deux de la lettre 120, portant sur des mots grecs . Dans l'une

d'elles est exploiteè Eucher ;

(33) Et meê me si l'analyse de hewrìa est diffeèrente de celle qu'on a dans GCH

1, 10 ; qu'on se souvienne des deux deè finition de palinwçdìa en 7, 2 et 12, 2 !


80 guillaume bonnet
^ six des sept gloses de la lettre 121, portant sur des mots grecs ;

^ les cinq de la lettre 125, invoquant Isidore pour expliquer des realia ;

^ les deux de la lettre 48, donnant les synonymes de mots latins peu

courants ;

^ les trois de la lettre 50, portant sur des mots grecs.

On les trouvera, rangeèes dans l'ordre de la û collection des 123 ý,


dans l'appendice n³ 2.
Il convient de preèciser que, tout de meême que le manuscrit ne preè-
sente parfois, pour les pieéces oué la veèrification est possible sur le manu-
scrit carolingien, qu'une seèlection de gloses, il faut s'attendre aé ce que
le copiste de Paris. Lat. 1880, ou de son modeéle immeèdiat, n'ait retenu
qu'une partie des gloses qui figuraient dans les feuillets perdus du manu-
scrit lat. 3088 et inteèressaient le recueil qu'il avait sous les yeux. La
proposition qu'on a faite ici reste sans doute largement hypotheè tique,
meême si l'on s'est efforceè de raisonner le choix. De plus, elle ne saurait
eêtre que treés imparfaite, meême quant au contenu exact des gloses rete-
nues, puisqu'aussi bien on a vu qu'il arrivait qu'elles fussent abreè geèes
dans le manuscrit lat. 1880.

On a essayeè d'eètablir que les Graeca collecta ex Hieronymo ont eèteè


composeès par un esprit curieux de grec, qui avait sous les yeux d'une
34
part un eèpistolier de Jeèroême du type de la û collection des 123 ý , et
d'autre part le manuscrit Laon B.M. 444, ou du moins plusieurs des
pieéces qui l'ont constitueè. Le manuscrit lat. 3088, qui conserve l'essen-
tiel des GCH, est une copie, mais sans doute treé s proche de l'original,
compte tenu des dates de reèdaction respectives des deux manuscrits.
L'eètat actuel de deèteèrioration de cette collection dans le manuscrit
Paris. Lat. 3088 (perte du deèbut et de la fin), peut eêtre partiellement
reconstitueè par le recours aé un eèpistolier gloseè, Paris. Lat. 1880 qui a,
sans qu'on sache s'il y a un intermeèdiaire, exploiteè le texte du manus-
crit carolingien et non une autre tradition des GCH. En l'eè tat actuel
des investigations ^ mais celles-ci devront embrasser tous les eèpistoliers
hieèronymiens ^ le seul support ancien des GCH est bien le manuscrit
Paris. Lat. 3088. Doit-on en attendre d'autres ? C'est peu probable, car
les GCH ne constituent pas aé proprement parler un lexique, mais le
reèsultat d'une û lecture lexicographique ý, comme d'autres docu -
ments, dont la diffusion est naturellement faible, comme les Graeca
Praesciani, pieéce du manuscrit de Laon justement consulteèe par l'au-
teur. Ce n'est qu'avec un reclassement alphabeè tique, comme dans les

(34) Les lec°ons gloseèes remarquables, comme, 36, 1 = Ep. 129, peuvent orienter

vers la tradition de tel ou tel manuscrit contemporain (cf. apparat de l'eè dition Hil-

bert), sans toutefois qu'un û profil ý se dessine nettement.


les graeca collecta ex hieronymo 81

Scolica Graecarum glossarum, qu'un lexique tireè d'une Ýuvre particulieére


acceéde aé un degreè de geèneèraliteè qui peut lui permettre de preètendre aé
35
une certaine diffusion .
Le commentaire personnel de la glose aé parafrastikw˜q (la lettre
121, 10, 3, = GCH 47, 4) rappelle ce qu'on lit dans la pieéce 14/18 du
manuscrit Laon 444, qui provient de la correspondance de Martin de
Laon : est-ce une signature ? Tout comme les diffeèrents eèleèments ayant
composeè le manuscrit de Laon n'ont pas connu une diffusion aé la hau-
36
teur de l'inteèreêt qu'ils repreèsentaient pourtant , la collection des
Graeca collecta ex Hieronymo eètait une Ýuvre de cabinet, un travail preèpa-
ratoire de professeur, destineè aé ne pas quitter l'estrade. Savoir dans
quelles circonstances elle a nourri une annotation posteè rieure de l'eèpis-
tolier hieèronymien reste aé deèterminer plus preèciseèment.

Guillaume Bonnet

APPENDICE I

Texte ineèdit des Graeca collecta ex Hieronymo, d'apreés le manuscrit Paris.

Lat. 3088. Les gloses marqueè es d'un asteèrisque figurent aussi dans le ma -
37
nuscrit Paris. Lat. 1880 .

1 5 Ex Homilia IIa Origenis in Canticum canticorum, secundum translatio -

nem Hieronymi 4 = BHM 206 (PL 23, 1185 -1196)

(35) Pour ces reè flexions typologiques, on se reportera aé Ë. Jeauneau, Jean Scot
¨
Erigeéne et le grec (cf. n. 1), p. 31 et 33.

(36) Du manuscrit Laon 444, on ne conna|ê t aé l'heure actuelle que deux produits,

qui n'en font qu'un : les feuillets Paris. Lat. 10307, f. 246 et Vat. Reg. Lat. 1625, ff. 65

et 66. Leur provenance d'un meê me manuscrit a eèteè eètablie par J. Contreni, A pro-
pos de quelques manuscrits de l'eè cole de Laon au ix e
sieécle : deècouvertes et probleé mes, dans Le
e
Moyen Age, 1972, 4 seèrie, n³ 27, p. 5-39. Le manuscrit du Vatican conserve des

extraits des pieé ces 16, 17 et 19, soit des vers grecs et la û signature ý de Martin telle

qu'elle appara|ê t au f. 296v. Quant aé la feuille de Paris, ce qui s'en laisse encore lire

(la surface en est treé s useèe) laisse voir des extraits theè matiques du Pseudo-Cyrille et

l'inteègraliteè de la pieéce 10, Graeca collecta des Categoriae decem du Pseudo -Aristote dans

la traduction latine de Theè mistius. De son coêteè, le manuscrit de Laon garde, dans sa

pieéce ma|êtresse qu'est le dictionnaire du Pseudo -Cyrille (n³ 5), un enrichissement

qui rappelle beaucoup la deè marche constitutive des GCH : au f. 235r, en marge

inteèrieure, a eèteè ajouteèe au lemme TPI XELLAC grillus (cf. CGL II 459, 25) une
glose citant Isidore, Etym. XII 3, 8 sur le grillus : effet d'entra|ênement ?

(37) Afin de faciliter l'intelligibiliteè des gloses, on a adapteè aé l'usage moderne

ponctuation et emploi des majuscules latines. Les guillemets sont reè serveès aux cita-

tions annonceèes comme telles.


82 guillaume bonnet
5 4
1 = 1189D : Cedrinis ...huius ligni resina cedrina dicitur, quae in con -
seruandis libris adeo est utilis ut perlita ex ea nec tineas patiantur
nec tempore consenescant. Nascitur in Creta, Africa atque Syria.
P
2 = 1189D : et Cyparissis : KY PECCOC arbor est et grece dicitur quod
caput eius a rotunditate in acumen erigitur, unde et conos uocatur.
Est alta rotunditas ; hinc et eius fructus conus, quia rotunditas eius
talis est ut conum imitetur ; unde et conipherae cypressi dicuntur.
Huius lignum cedro proximam pene habet uirtutem, templorum
quoque trabibus aptum. Inpenitrabili soliditate numquam oneri
cedit sed in ea quae in principio fuerit firmitate perseuerat.
3 = 1189D : pro stipa 38 : stipa uocata eo quod ex ea stipulentur tecta ; hinc
et stipula per diminutionem.
4 = 1189D : et proconcta 39 est acuta.
5 = 1189D : Ascendit myrtus : myrtus a mari dicta eo quod magis litorea
arbor sit ; unde Virgilius [ Georg. II 112] û litora myrtetis laetis-
sima ý et [Georg. IV 116] û amantes litora myrtos ý ; hinc est quod
et a Grecis MYPPINH dicuntur : medicorum autem libri hanc
arborem aptam scribunt mulierum necessitatibus plurimis.
6 = 1192C : OINEWN, idest cella uinaria, ab eo quod est OINOC ^ est
uinum.
7 = 1194B : aut hinulo : hinuli filii sunt ceruorum.
F L G
8 = 1194C : Phisilogiam : YCIO O W de natura loquor, ICI O IA F L G
naturae ratio.
X D X
9 = 1194C : O YTEPON OPKEI : O IC est acutus, O IA acuta, X
X X D
O Y acutum, et ab eo compositum est O Y OPKIA, idest acies
X D
oculorum, et O Y OPKW, idest acute cerno.
10 = 1194C : Iuxta H H
EWPIAn : EWPW, idest contemplor uel deum
H
uideo ; nam EOC deus interpretatur ; OPW autem uideo et ab eo
H
EOPIA deducitur, idest dei contemplatio.
2 Ex epistula sancti Hieronymi ad papam Damasum de osanna = Ep. 20
1 = ½ 2 : O KYPPIE O Domine, CW CON H bene prosperare, D
L G
EY O HMENOC benedictus, O EPXOMENOC qui uenit, EN
ONOMATI KYPPIOY in nomine Domini.
2 = ½ 3 : ANECECIN 40 est laudibus.
3 Item ex epistula sancti Hieronymi de fide ad papam Damasum = Ep. 15
P
1* = ½ 3 : Y OCTACEWN est substantiarum Y OCTACCIC sub- P
stantia.
2* = ½ 3 : Cauterio : cauterium est ferrum quo uulnera et infirmitates com -
buruntur et urentur, et est diriuatum a uerbo Greco KAYTH -
PIAZW, idest comburo uel torreo.

(38) Pour la vedette de glose, le texte de Jeèroême est stibe.

(39) Pour la vedette de glose, le texte de Jeèroême est pro coniza .

(40) Pour la vedette de glose, le texte de Jeèroême est dỳ et est in sw˜son dỳ.
les graeca collecta ex hieronymo 83

3* = ½ 5 : OMOYCION, idest unius substantiae.


4 Item ex epistula sancti Hieronymi ad Damasum de seraphin et calculo =
Ep. 18B

1 = ½ 1 : TON PNEYMA : PNEW Grece spiro Latine, et ab eo diriuatur


nomen PNEYMA, idest spiritus.
2 = ½ 1 : IDIWMA Grece proprietas ; Latine IDION enim proprium dici-
tur.
3 = ½ 2 : in Apocalipsi : APOKALHPTW est detego uel reuelo ; composi-
tum uerbum est ex APO praepositione quae significat de, et
KALHPTW uerbo, idest uelo uel tego, et ex eo diriuatur nomen
APOKALHPCIC, idest reuelatio uel detectio.
4 = ½ 2 : ANHPAX carbo. Inde accusatiuus ANHTPAKA, idest carbo-
nem uel carbunculum.
5 = ½ 4 : DEYTEPW uerbum Graecum est ; idest gemino uel itero uel
secundo, et ex eo diriuatur nomen DEYTEPON, idest secundum, et
DEYTEPWCIC, idest iteratio.
6 = ½ 5 : Quod est Grece apostolus : APOCTELLW, idest mitto, et ex eo
diriuatur APOCTOLOC, idest missus, et APOCTOLH, idest apo-
stolatus uel missio.
5 Ex sermone sancti Hieronymi de morte Oziae regis = Ep. 18A
1 = ½ 1 : super thronum : HPONOC Grecum nomen est, idest sedes uel
solium.
2 = ½ 2 : Delubrum : Seruius in Commento secundi libri Eneidos [225] û delu-
brum dicitur eo quod uno tecto diluitur. Alii dicunt delubrum esse
locum ante templum ubi aqua currit, a diluendo. Synechdochicos
autem pro templo accipitur ý.
6 Ex epistula sancti Hieronymi ad Damasum de filio prodigo = Ep. 21
1 = ½ 1 : Siliqua est folliculus cuiuscumque leguminis.
2 = ½ 2 : Musitabant est murmurabant.
3 = ½ 2 : Cyrographum : manu scriptio, idest carta.
4* = ½ 2 : Dragma est octaua pars unciae, idest scripuli III ; nam
XXIIIIor scripuli faciunt unam unciam.
5* = ½ 3 : Ethnici : EHNIKOC est gentilis.
6 = ½ 3 : Baptizati : BAPTIZW, idest tinguo ; BAPTICMA, idest tinctio.
7 = ½ 3 : Blasphemas : BLACFHMIA, idest infamia ; BLACFHMOC,
idest maledicus ; BLACFHMO, idest maledico.
8 = ½ 3 : Dogmatis : DOGMA est secta, consultum ; DOGMATIZW con-
sulto, censeo, decerno ; DOGMATIKOC consultorius, commenta-
rium, tractatum, expositum.
9 = ½ 5 : Talentum mnas habet LX et unaquaeque mna habet libram
unam et semiunciam. Libras autem Atticas LXXX habet talentum.
10 = ½ 6 : DIAPEICEN est diuisit ^ uel DIELENI distribuit ^, ACY-
TOIC illis, TON BION uitam, rem humanam.
84 guillaume bonnet
11* = ½ 10 : METOIKHCEOC, idest transmigrationis ; METOKW,
idest transmigratio. Diriuatur autem a uerbo METOIKW, idest
transmigro ; uel, sicut in aliis codicibus legitur, METAEKTI -
CEOC, idest post possessionis, uel egestatis, et hoc congruentius est.
12* = ½ 11 : Leuiathan interpretatur additamentum eorum ; quorum scili -
cet ? nisi hominum quibus in Paradyso semel culpam praeuaricatio -
nis intulit et hanc usque ad mortem cotidie persuadendo adicit uel
extendit.
13* = ½ 12 : Idola : idolum est simulacrum quod humana effigie factum et
consecratum est iuxta uocabuli interpretationem ; idos enim Grece
formam sonat et ab eo per diminutionem idolum deductum. Aeque
apud nos formulam facit.
D L
14* = ½ 13 : Idolatris : I O ATPIA idolorum seruitus, siue cultura inter -
L
pretatur. Nam ATPIA Grece Latine seruitus dicitur.
15* = ½ 23 : Stola matronale operimentum est quod eo operto capite et
scapula a dextro latere in leuum humerum mittitur. Stola autem
Grece uocatur quod super emittatur. Idem et ricinium Latino
nomine appellatum eo quod dimidia eius pars retro re i citur, 54
quod uulgo mauortem dicunt.
16 = ½ 24 Ornamento : ornamenta dicta eo quod eorum cultu ora uultu -
sque decorentur.
17* = 24 : Armillas : armillae proprie uirorum sunt collatae uictoriae
causa militibus ob armorum uirtutem unde et quondam uulgo uiri -
lia dicebantur ; ab intellectu autem circuli armilla non discrepat
quia ipsa quoque hoc ubi ponitur ambiendo constringit, sed armilla
latius extenditur circulus rotundus fit.
18* = ½ 24 : Podere : poderis est sacerdotalis linea corpori astricta et usque
ad pedes descendens, unde et nuncupata quam uulgo camisiam
uocant.
19 = ½ 25 : Iacintho : yacintina uestis est aereo colore resplendens.
20* = ½ 25 : Coluber ab eo dictus quod colat umbras uel quod in lubricos
tractus flexibus sinuosis labatur. Nam lubricum dicitur quicquid
labitur dum tenetur, ut piscis, serpens.
21* = ½ 25 : Scorpio uermis terrenus qui potius uermibus ascribitur non
serpentibus animal armatum aculeo et ex eo Grece uocatum quod
caudam figat et arguato uulnere uenena diffundat. Proprium est
autem scorpionis quam manus palpam non feriet.
22 = ½ 25 : Serpens nomen accepit quia occultis accessibus serpit, non
apertis passibus sed squamorum minutissimis nisibus repit 41.
F
23* = ½ 29 : CYM WNIA Grece assensus uel consonantia interpretatur
F
Latine, et est diriuatum a uerbo Greco CYM WNW, hoc est con-
sono uel conuenio.
24 = ½ 39 : Scrupulus animi molestia uel sollicitudo dubitationis dicitur.

(41) Le mot repit ajouteè au-dessus de la ligne.


les graeca collecta ex hieronymo 85

25 = ½ 39 : Serotinam est uespertinam.


26* = ½ 42 : Limauerit : limo mulceo, lenio, et est diriuatum a nomine
lima, quae dicta est eo quod lene faciat ; nam limum lene est.
7 Ex rescripto beati Hieronymi ad Augustinum = Ep. 102
P D
1 = ½ 1 : Y O IAKONO, idest subminister.
P L D
2 = ½ 1 : A INW IAN, idest iteratum canticum.
3 = ½ 1 : Histe siccorum 42 est proprium nomen poetae.
P P
4 = ½ 1 : E IXEIPHMA inceptio ; E IXEIPHCIC conatus, affectatio ;
P
E IXEIPW conor, inchoo, affecto.
5 = ½ 1 : Rancor inuidia, dolor, odium.
6 = ½ 2 : MANTIKA diuinationes, uaticinationes ; MAN EYOMAI, H
H
idest diuino, uaticinor, ariolo ; MAN EIA diuinatio, uaticinatio.
Aliter autem mantica m 5 4 onera uel sarcinas dicimus. Si illa est
uera inter amicos reprehensio, sic nostra m 5 4
pera m 43 non 5 4
uidentes, aliorum, iuxta Persium [cf. IV, 23 -24], mantica m con- 5 4
sideremus. Similis est haec sententia illi quae est in Euangelio [Lc
6, 42] û quid uides festucam in oculo fratris tui, trabem autem quae
in oculo tuo est non consideras ý.
8 Item ex epistula sancti Hieronymi ad Augustinum = Ep. 103
1 = ½ 2 : Oppido, idest ualde.
9 Ex epistula sancti Augustini ad Hieronymum = Ep. 110
1 = ½ 4 : si quid perperam, idest prauum, peruersum.
2 = ½ 6 : Contabui exsiccaui, pallui.
3 = ½ 8: in theatro : HEATPON THEatrum, idest spectaculum.
4 = ½ 9: Serio modeste, ornate.
10 Ex epistula sancti Augustini ad H i 5 4eronymum = Ep. 56
1 = ½ 1 : Scatet, idest ebullit, feruet.
11 Ex epistula sancti Hieronymi ad August in um =5 4 Ep. 105
1 = ½ 2 : garrulus uerbosus, loquax.
2 = ½ 4: E I P LL HNWNAN In Grecis fortassis.
12 Ex epistula sancti Augustini ad Hieronymum = Ep. 67
54 F
1 = ½ 2 : Epita p hium : TA H sepultura, humatio ; TA OC sepul- F
chrum.
P L D
2 = ½ 7 : A INW IAN, idest contrarium carmen.
3 = ½ 9 : Herosyotas, idest haeresum auditores ; WTA enim Grece aures
Latine
13 Ex epistula sancti Augustini ad Hieronymum = Ep. 104

(42) Pour la vedette de glose, le texte de Jeèroême est Stesichorum.

(43) Au lieu de peram, le manuscrit a opera.


86 guillaume bonnet
1 = ½ 3 : Asteriscus apponitur in his quae omissa sunt ut illucescant per
eam notam quae deesse uidentur. Stella enim ACTHP dicitur Greco
sermone, a quo asteriscus est diriuatus.
2* = ½ 3 : Obelus, idest uirgula iacens. Apponitur in uerbis uel sententiis
superflue iteratis siue in his locis ubi lectio aliqua falsitate notata est,
ut quasi sagitta iugulet superuacua atque falsa confodiat. Sagitta
enim Grece obelus dicitur.
14 Ex epistula Hieronymi ad Augustinum = Ep. 112
D
1 = ½ 2 : In Paralipomenon : Ebraice ABPEI MIN, GreceL PAPA I- L
P
OMENON, Latine Verba dierum.
2 = ½ 4 : Stromatum uarietatum ; CTPWMA stragulum, stramentum ;
CTWMATEYC puluinar ; CTPWMNY torus stratus ;
CTPWNYW sterno.
3 = ½ 13 : Falarica est telum ingens torno factum habens ferrum cubitale
et rotunditatem de plumbo in modum spherae in ipsa summitate.
Dicitur etiam ignem habere affixum. Hoc autem telo pugnatur de
turribus quas falas dici manifestum est ; ergo, a 44 falis dicta est fala-
rica, sicut a muro muralis.
4 = ½ 14 : Baratrum quasi uorago atra.
5 = ½ 14 : PA D G G
I A W OC est cui paruuli assignantur, et est Grecum
nomen. Dicitur ex eo quod pueros agat, idest ducat, et lasciuientem
P
refrenet aetatem. Compositum est enim ex nomine AIC, quod est
G G
puer, et A W OC, idest ductor, quod diriuatum est a uerbo Greco
G
quod est A W, idest duco. Vtuntur uero Latini hoc uerbo in tertia
coniugatione : ago, agis.
6 = ½ 16 : PEYMA fluentum, fluor.
7 = ½ 17 : ad frugalitatem, idest temperantiam.
L
8 = ½ 19 : BIB ION liber, codex ; H
EKH custodia. Inde componitur
bibliotheca, librorum custodia.
L G
9 = ½ 20 : CY AO H collectio ; CY LL G
O ICMOC computatio, com -
pensatio, frequentia, conuentus.
15 Ex epistula beati Augustini ad sanctum Hieronymum de origine animae
= Ep. 131
F
1 = ½ 4 : ANTACIA uana uisio, imago, uanitas, et est diriuatum ex
F
uerbo ANTAZOMAI, idest imaginor.
2 = ½ 17 : Moriones : morio corrupte dicitur ; nam in pura Greca uocatur
MWPOC, idest fatuus, ex quo deducitur etiam nomen MWPIA,
idest fatuitas uel uecordia, et uerbum MWPAINW, idest infatuor,
L G
et est nomen compositum MWPW O IA, idest stultiloquium.
16 Item sanctus Augustinus ad Hieronymum = Ep. 132
1 = ½ 4 : Stoici a loco dicti : porticus enim fuit Athenis in qua picta erant
gesta sapientium atque uirorum fortium historiae. In hac porticu

(44) a ajouteè au dessus de la ligne.


les graeca collecta ex hieronymo 87

sapientes philosophabantur ; ex qua stoici dicti sunt : Grece enim


porcicus CTOA dicitur. Hi negant sine uirtute effici quemquam
beatum : omne peccatum uniforme esse asserunt, dicentes sic ille
nocens erit qui paleas furatus erit quam qui aurum qui mergum
occiderit quam qui equum. Non enim animal crimen, sed animus
facit.
2 = ½ 4 : Epicureus : Epicurei dicti ab Epicuro quodam philosopho ama -
tore uanitatis, non sapientiae, quae etiam ipsi philosophi porcum
nominauerunt quasi uolutans in coeno carnali uoluptatem corporis
summum bonum asserens ; qui etiam dixit nullum diuina prouiden -
tia instructum esse aut regi mundum, sed origene rerum atomis, id
est insecabilibus 45 ac solidis corporibus, assignauit, quorum fortuitis
concussionibus uniuersa nascantur et nata sint. Asserunt autem
deum nihil agere et omnia constare corporibus, animam nichil aliud
esse quam corpus, unde et dixit non ero postea quam mortuus fuero.
3 = ½ 10 : Torus est stratum lectus et a tortis herbis dicitur.
4 = ½ 11 : EYCEBIA bonus cultus.
5 H
= ½ 11 : EOCEBIA dei cultus ; EY enim Grece est bonus Latine ;
H EOC Grece deus Latine dicitur ; CEBIA cultus, et diriuatur a
uerbo CEBW, idest colo.
17 Ex epistula Hieronymi Augustino = Ep. 134
D L G
1 = ½ 1 : IA O OC digesta 46 disputatio.
2 = ½ 2 : Penuria summa inopia, egestas.
18 Ex epistula sancti Hieronymi Alippio et Augustino episcopis = Ep. 143
1 = ½ 2 : Neniae uaniloquia, fatuitates, deliramenta, aniles fabulae.
19 Ex epistula sancti Hieronymi ad Heliodorum = Ep. 14
É
1 = ½ 1 : EPHMOC Grecum nomen est. Interpretatur autem solitudo
É
uel desertum, et est deductum a uerbo EPHMO, idest desero.
2 = ½ 1 : Affatim Praescianus in aduerbio. Ab affatu diriuatur affatim, uel
F
magis a Greco A ATWC, idest abunde, unde et corripitur fa.
3 = ½ 3 : Tigrides : tigris uocata propter uolucrem fugam. Ita enim nomi -
nant Persae et Greci et Medi sagittam. Est enim bestia uariis distinc -
tam aculis uirtute et uelocitate mirabilis, ex cuius nomine Tigris
appellatur quod is rapidissimus sit omnium fluuiorum. Has magis
Hyrcania gignit.
4 = ½ 6 : Monachus Greca ethimologia uocatus eo quod sit singularis :
monas enim Grece singularitas dicitur. Ergo solitarius interpretatur
uocabulum monachi. Inde dicitur quid facit in turba qui solus est.
5 = ½ 6 : Charipdis dicta quod gurgitibus occultis naues obsorbeat. Est
54
enim mare uer ti ginosum, et inde ibi laniata naufragia profundo
emergunt. Ter autem in die erigit fluctus et ter obsorbet. Nam acci -

(45) Le manuscrit a insecalibus avant correction.


(46) Le manuscrit a d gestam.
88 guillaume bonnet
pit aquas ut uomat, uomit ut rursum accipiat. XAPYB IC Grece D
uorago Latine dicitur.
54
6 = ½ 6 : Scillam accol l ae saxum mari imminens appellant simile cele -
bratae formae procul uidentibus, unde et monstruosam speciem
fabulae illi dederunt quasi formam hominis capitibus succintam
caninis quia collis ubi fluctus latratus uidentur exprimere.
7 = ½ 6 : Amtemnae dictae quod ante amnem sint positae : preterfluit enim
eas amnis.
5 4
8 = ½ 6 : Mammone, idest diui ni tus.
9 = ½ 6 : Pyratae sunt praedones maritimi ab incendio nauium transeun -
tium quas capiebant dicti. Nam pyr Grece ignis est Latine.
10 = ½ 8 : Satanas aduersarius siue transgressor Latine dicitur.
11 = ½ 8 : Ignauus, idest ignarus uiae, idest rationes et uitae.
12 = ½ 9 : Sicomorus sicut et morus Greca nomina sunt. Dicta autem eo
quod sit folium eius simile moro. Hanc Latini celsam appellant ab
altitudinis, quia non est breuis ut morus.
13 = ½ 10 : Limbus : nauicula breuis qui alia appellatione dicitur et cymba
et caupo. Sicut et lintris et carabus, quo in Pado paludibusque utun -
tur.
14 = ½ 10 : Celeuma, idest nauticus cantus.
15 = ½ 10 : Athleta, idest miles.
20 Ex epistula sancti Hieronymi ad Nepotianum presbiterum = Ep. 52
1 = ½ 1 : Palearibus : Seruius [in Georg. III 53] û palearia sunt pelles
dependentes ex gutture, et dicta palearia quasi pelle aria ý a pelle
ipsa, quod est generositatis in boue signum.
2 = ½ 2 : Atellanorum : Eutropii [Breu. VII 8, 4] û Atella oppidum Cam -
paniae ý, ex quo Atellani dicuntur.
3 = ½ 3 : Cameniae : carmina Caminarum, idest Musarum.
4 = ½ 5 : Calamistro : calamistrum acus est quae calefacta et adhibita cale -
facit torquet 47 capillos, unde et calamistrati appellantur qui comam
torquent.
5 = ½ 8 : Rabulus calumniator uel rabidus. Nonius Marcellus [cf. vol. 1,
p. 84 L + p. 38 L] : rabulus, idest û litigiosus ý, û a rabie 48 dictus ý,
û quem nunc aduocatum uel causarum patronum dicitur ý.
6 = ½ 8 : Eulogium bona dictio ; diriuatur a uerbo Greco EY O W, idest L G
benedico.
7 = ½ 9 : Marsupbio est sacculo.
8 = ½ 9 : Pullas, idest nigras et sordidas.
9 = ½ 11 : Lictores : carnifices, ministeri crudelitatis uel apparitores.
Nonius Marcellus [vol. 1, p. 73 L] û lictoris proprietatem a ligando

(47) Devant torquet le copiste a eècrit adhi, dittographie de adhibita .

(48) Le manuscrit a rabiae.


les graeca collecta ex hieronymo 89

dictam uetusta esse putat ; ita enim carnificis officium antiquitus


fungebatur ý.
10 = ½ 12 : Carikas, idest fici fructus, palmarum fructus, idest dactila.
54
11 = ½ 12 : Pistacia : pistacium dic t um quod cortex pomi eius nardi
pistici odorem pariat. Huius uirtus abstergens 49 ; in cibo autem
sumptum stomacho accipiendum 50 est.
12 = ½ 13 : Betarum : beta apud nos oleris genus, apud Grecos nomen litte -
rae.
FL
13 = ½ 13 : Filacteria : I AKTHPION Grece, seruatorium Latine dici -
tur.
G
14 = ½ 16 : MONO AMIA : MONOC unus uel solus ; AMOC conu- G
bium uel matrimonium. Inde componitur MONW AMWC, qui G
unam, DG
I AMOC qui duas ducit, et est diriuatum a uerbo
G
AMMO, idest uxorem duco.
21 Ex epistula sancti Hieronymi ad Paulinum presbiterum = Ep. 58
1 = ½ 7 : Faleras : phalerae ornamenta equorum sunt, et est sermo Gre -
cus.
2 = ½ 10 : Coturno : coturni sunt calciamenta uenatoria crura quoque uin -
cientia, quorum quiuis utrique aptus est pedi.
D
3 = ½ 11 : DOMAtibus : WMA Grece tectum Latine dicitur.
22 Ex epistula sancti Hieronymi ad Paulinum presbiterum = Ep. 53
G
1 = ½ 1 : IMNACIA Grece exercitatio Latine uocatur, et est deductum
a uerbo Greco quod est YMNIZW, G idest exerceo ;
G F
YMNOCO ICTHC, hoc est exercitatus 51 dissertor.
2 = ½ 1 : in sabulo, idest arena.
G
3 = ½ 2 : Energiae : ENEP IA, idest efficatia, efficacitas, actus ;
G
ENEP HTIKOC efficax, energiticon actiuum.
4 = ½ 3 : Plastae : PL
ACTHC Grece fictor uel formator Latine dicitur, et
est diriuatum a uerbo Greco quod est PL
ACCW, idest fingo 52.
D
5 = ½ 3 : articulus TI ; INAMEI ui et potestate.
H DD
6 = ½ 3 : EOY I AKTIKOI, idest dei docibilis, IN DOCTRINAM
KATIXHCIN, EIC L G
O ON in rationem, THN TEXPIAN et
usum
7 = ½ 8: P
ENTATEYXOC : TEYXOC, idest uolumen ; P
ENTA-
PH D
TEYXOC V uolumina. Aliter I W HCOY KYPIE, idest credo
tibi, Domine.
8 = ½ 8 : Eruca frondium uermis in holere uel pampino inuoluta, ab ero -
dendo dicta, de qua meminit Plautus imitatus nequam bestiam et

(49) Le manuscrit a hausterg.


(50) Mot peu lisible.
(51) Le manuscrit a exercitatur.
(52) Le manuscrit a figo avant correction.
90 guillaume bonnet
maleficam. Inuolutam in pampino implicat sedem nec aduolat ut
locusta ut huc illucque discurrens semipasta dimittat, sed permanet
perituris frugibus et tarda lapsu pigrisque morsibus uniuersa consu -
mit.
9 = ½ 8 : BPOYXOC Grece stridens latine dicitur ; hoc est nomen de
G
sono factum ; BPOY MOC, idest stridor ; BPOYXHMOC fremi -
tus ; BPOYXWMAI fremo.
10 = ½ 8 : Locusta quod pedibus sit longis uelut hasta, unde etiam Greci
tam maritimam quam terrestrem astaco appellant.
5 4
11 = ½ 8 : Rubigine Seruius [ad Georg. I 151] û Rubigo genus est uicii
quo culmi pereunt, sed abusiue rubigo dicitur. Nam proprie rubigo
est, ut Varro 53 dicit uicium obscenae libidinis quod ulcus uocatur ý,
et dicitur rudigo 54 uicium rodens ferrum, quasi rodigo mutata una
littera.
P
12 = ½ 8 : E ITOMH, idest breuiarium.
G FL
13 = ½ 11 : AZO I AKION, idest erarium.
23 Ex epistula sancti Hieronymi ad Amandum presbyterum = Ep. 55
P F
1 = ½ 4 : Eunuchorum : EYNOYXOC A O YCEWC est a natura spado ;
F H
EYNOYXOC CA AIPE EIC TWN OPXEWN, idest ablatione
testiculorum castratus ; EYNOYXICTHC, idest castrator ;
EYNOYXIZW castro.
L L
2 = ½ 5 : BE IA : Hieronymus [Nom. Hebr. 76, 4-5] û Beliar, idest caeca
54
angustia, siue taec t um lumen uel filius praeuaricationis ý.
3 = ½ 3: FL H P
I AN PW OC Grece humanus uel clemens dicitur
FL H P
Latine ; I AN PW IA humanitas, clementia, indulgentia ;
FL H P
I AN PW OTATOC clementissimus, humanissimus.
5
24 Ex epistula sancti Hieronymi ad Pammachium = Ep. 57 4
1 = ½ 2 : Praestrigio : praestrigiae doli, insidiae, fallaciae. Praestrigium
Mercurius primus dicitur inuenisse. Dictum autem praestrigium
quod praestringat aciem oculorum.
2 = ½ 2 : Pseudomonachus, idest falsus monachus.
3 = ½ 2 : Compilatus : compilat exspoliat, furatur ; compilatus furatus uel
qui exspoliauit, unde et compilator dicitur qui aliena dicta suis per -
miscet, sicut solent pigmentarii in pila diuersa mixta contundere.
Hoc scelere quondam accusabatur Mantuanus ille uates cum quos -
dam uersus Homeri transferens suis permiscuisset, et cum compila -
tor ueterum ab aemulis diceretur, ille respondit magnarum esse
5 4
uirium clauam H erculis extorquere de manu.
D
4 = ½ 2 : WI ECHMWI mortua autem ; WTWN, idest auribus ; EI WN P
D
est dicebant. Aliter AI ECIMON honestum ; WTWN auribus ;
P
ANTWN omnium.

(53) Le manuscrit a uarra.

(54) Le manuscrit a rubigo avant correction.


les graeca collecta ex hieronymo 91

5 = ½ 3 : Delatoribus accusatoribus.
54
6 = ½ 3 : Faliscorum : Faliscum tetrametrum constat tribus dac t ilis et
pyrrichio, ut est hoc : docta falis capere nere paras.
7 = ½ 5 : OIKONOMICON : OIKOC Grece domus Latine ; OIKONO -
MOC dispensator, uel uilicus ; OIKONOMW uilico. Inde est
OIKONOMIKOC, idest nomen artis de dispensatione domus.
8 = ½ 5 : Comicos : KWMH Grece, uilla Latine dicitur. Inde KWMWI IA D
apud Grecos quod nos dicimus comoedia, et est compositum a
D
KWMH, idest uilla, et W I, idest canticum, et inde comici dicun -
tur, hoc est uillani poetae.
9 = ½ 5 : KAKOTEXNIAN, idest malam artem. KAKOTEXNIA est
compositum a KAKH, idest mala, et TEXNH, idest ars, ut in titulo
D
Donati Graeci legitur : TEXNH TOY ONATOY EPI MEPWN P
L G
O OY, idest Ars Donati de partibus orationis.
10* = ½ 5 : XPONIKON, idest temporale : XPONOC Grece est tempus
Latine ; XPONIZW moror, tardo ; KPONIOC diutinus.
L
11* = ½ 6 : Omelias : OMEI IA Grece loquela uel sermo Latine dicitur ;
L
OMEI HTIKOC tractator ; OMEI W sermocinor.L
P L V
12* = ½ 7 : KAI E IB E ONTAI et aspiciunt, P
POC ME ad me,
H
AN WPXHCANTO pro his qui insultauerunt.
D
13 = ½ 7 : I IWMA, idest proprietatem.
P F
14 = ½ 9 : Apocriforum, idest occultorum : A OKPY ON, idest occul-
tum, abditum, absconditum, abstrusum. Diriuatur autem a uerbo
P
A OKPYTITW, idest occulto.
15 = ½ 9 : P F
EPI PACTIKWC, idest circum exposite.
H H
16* = ½ 11 : AY ENTA auctoritas ; AY ENTIC auctor. Inde est
H
AY ENTIKOC auctoralis.
17 = ½ 11 : Proselitus aduena.
18* = ½ 11 : XEYMAI fusio diriuatur a uerbo exeo 55 ^ est fundo.
P
19* = ½ 11 : O WPA, idest pomum, unde et O WPICNON, idest P
P F
pomatio et O WPO OPOC, idest pomifer.
L
20* = ½ 11 : CTI BW, idest splendeo, et ab eo CTI BOTITA, idest L
splendentia.
H
21* = ½ 11 : AP PAC, idest articulos.
L
22* = ½ 11 : KAKOOE OC, idest uituperator, uel maliuolus aut mali -
L
loquus, uel KAKOZH OC, idest malus aemulator.
23* = ½ 12 : CYN est con 56, TON articulus, OYPANON, idest caelum,
G
KAI est et, CYN est CON, TYM articulus, HN est terram, E EI D
G P
est oportebat, HMAC nos, A A ITE dilecte, MH est non, OIH-

(55) Meèlecture de jèw


. Le manuscrit lat. 1880 eècrit zeo, tout comme la vedette
de glose y devient zema.
(56) Pour ces trois mots, le manuscrit a CYHICON. Le manuscrit lat. 1880 eècrit
sinfon.
92 guillaume bonnet
CEI est estimatione, TWN articulus, KAHPIKON est clericorum ;
uel OYK ENOIHCEI uel KAHPWN OIHCIC putatio opinioni ;
OIOMAI opinor, puto, reor, arbitror, autumo ; OION ut puta ;
F H D
EPEC AI ferri ; OI HMAI tum e o 57. 54
24* = ½ 12 : ad ceroma, idest ad palestram, que est rustica luctatio.
KHPWMA Grece unguentum.
G
25 = ½ 12 : Tragoediam : TPA OC Grece hyrcus Latine dicitur. Inde est
G D 5 4
TPA WI IA apud Grecos quod nos tragoedia m dicimus, et est
G
compositum a nomine quod est TPA WC hyrcus et altero nomine
D G D
quod est W H, idest cantus, unde TPA WI IA, idest hyrcanus
cantus, quia hyrcus dabatur ei in mercede sui operis.
25 Ex epistula Oceani et Pammachi Hieronymo = Ep. 83
P
1 = ½ : EPI APXWN, idest de principiis.
2 = ½ : Interpolata, idest interposita uel interrupta.
5 4
26 Ex epistula Pammac hi o Oceano = Ep. 84
1 = ½ 1 : Talione : talio uindicta, retributio.
D G
2 = ½ 2 : O MATICTEN, idest doctorem.
3 = ½ 2 : OIKONOMIAN, idest dispensationem ; OIKONOMOC, idest
dispensator.
4 = ½ 2 : Sales, idest facundiae.
5 = ½ 2 : Lepos, idest eloquentia.
6 = ½ 3 : Fribola, idest inania ; fribolus fere obello dignus.
7 = ½ 3 : CYMMYCTEN : CYMMHCTIC, idest consacraneus, collega
uel condoctor.
8 = ½ 3 : Edulio, idest alimonio.
F
9 = ½ 4 : Strophas : CTPW OC Grece tortum, tormentum, uertigo, tortio
dicitur Latine ; stropha, idest argumentatio refugii uel retorta sen -
tentia.
F
10 = ½ 5 : Sicofantae : CYKO ANTEC Grece calumniator Latine ;
F
CYKO ANTHA calumnia.
11 = ½ 6 : et femina, idest femora, a nomine femen.
12 = ½ 7 : Muttum : muttat gannit ; muttum gannitum.
13 = ½ 7 : Prostibulas, idest meretrices.
14 = ½ 7 : Stromateas uarietates siue angulositates.
L
15 = ½ 9 : YBEPBO ENI 58, idest excellentiam.
P L
16 = ½ 9 : Pelisiotas, idest luculentos ; H OC argilla, lutum, ut in psal-
terio Greco [39, 3] û KAI A O P P L L
H OY Y EOC ý, idest et de
luto fecis.
P L G
17 = ½ 10 : THC A O O IAC, idest defensionis.
18 = ½ 10 : et IAXIOCOYCIN, idest adhuc dignum iudicant, siue
ETIHCIOCOYCIN praeparant 59.

(57) Le manuscrit a tumor.


(58) La dernieére lettre du mot est issue de idest abreègeè.
(59) Le manuscrit avait seulement idest praeparant avant renvoi et ajout margi-
nal.
les graeca collecta ex hieronymo 93

27 Ex epistula Hieronymi ad Oceanum = BHM 342 (= PL 30, 288-292)


G P
1 = 289C : Agapetarum : A A HTOC, idest amantissimus 60, dilectissi-
G P
mus ; A A H, idest delectio, et est diriuatum a uerbo A A W, G P
idest diligo.
2 = 289B : Viscarium, idest glutten.

28 Ex epistula Hieronymi ad Oceanum = Ep. 69


1 = ½ 2 : Niobam, idest Grecum nomen feminae.
2 = ½ 3 : Exoletorum, idest corruptorum.
G
3 = ½ 5 : YNHX, idest mulier uel uxor.
L G
4 = ½ 6 : ETOIMO O IAN, idest originem.
D
5 = ½ 6 : E EN Ebraice 61 uoluntas siue deliciae uel ornatio dicitur
Latine.
F L F
6 = ½ 8 : MH A EOC subrius ; NH AEOCTIC subrietas.
7 = ½ 8 : Suggillationem, idest derisionem 62.
P
8 = ½ 8 : E ITACIC, idest intentio.
9 = ½ 9 : Tumulentiam, idest uinolentiam, ab eo quod est temetum, idest
uinum.
10 = ½ 9 : Phasides aues palumbes.

29 Ex epistula sancti Hieronymi ad Euuangelium = Ep. 146


P P
1 = ½ 1 : E ICKO EYONTEC, idest sursum speculantes
2 = ½ 1 : Industrium, idest sollertem.

30 Item ad Euuangelium de Melchisedech = Ep. 73


1* = ½ 1 : ANOMIMONA, idest sine nomine.
D P
2* = ½ 1 : EC OTWN, idest dominorum.
FL
3* = ½ 1 : EK I ONIKAI, idest certasse.
G L G
4* = ½ 4 : A ENEA O HTOC, idest sine genealogia.

31 Ex epistula Hieronymi ad Auitum = Ep. 124


1 = ½ 4 : Repagulis : repagula, idest retiacula quae ad impendimentum
opponuntur uel recluduntur.
V
2 = ½ 4 : METEM YXWCIC, idest transanimatio uel post animalitas.
3 = ½ 5 : ANAIWNHN, idest non aeternam ; AIWNHN, idest aeternam.
V
4 = ½ 14 : METEM YXWCIC est transmutatio animalium in alia ani -
malia.

32 Ex epistula Hieronymi ad Exuperantium = Ep. 145


1 = ½ 1 : Gazophylaxium, idest diuitiarum custodia, et est compositum ex
Persica et Greca lingua.

(60) Le manuscrit a amatissimus avant correction.


(61) Le manuscrit a Ebraicae.
F L
(62) Pour les gloses 28.6 et 28.7, le manuscrit a MH A EOC idest derisionem
avant renvoi et ajout marginal.
94 guillaume bonnet
33 Ex epistula sancti Hieronymi ad Rusticum = Ep
. 122
1 = ½ 1 : PEYMA, idest aquae cursus uel fluor.
2 = ½ 2: Adamantem: adamans Indicus lapis paruus et indecorus ferrugi -
neum habet colorem et splendorem cristalli ; numquam autem ultra
magnitudinem nuclei auellanae nucis apperitur ; hic nulli caedit
materiae 63 nec ferro quidem nec igni nec unquam incalescit ; unde et
nomen interpretatione Greca indomita uis accepit : A AMACTOC D
enim indomitus, quod diriuatur ex uerbo Greco AMAZW, idest D
domito. Hyrcino autem rumpitur sanguine recenti et calido, sicque
54
multis ictibus ferri confri n gitur ; cuius fragmentis sculptores pro
gemmis insigniendis perforandisque utuntur.
3 = ½ 3: Quisqualias
, idest frumentorum purgamentum, uel fusculi
minuti.
34 Ex epistula sancti Hieronymi ad Desiderium = Ep. 47
F
1 = ½ 2 : PONIMOC, idest sapienter.
35 Ex epistula Hieronymi de tribus uirtutibus = BHM 308 (PL 30, 116-
122)
1 = 117B : OIKOYMENH, idest habitabilis, quod est diriuatum a uerbo
OIKW habito.
36 : Ex epistula Hieronymi ad Dardanum = 129
H LG H L G
1 = ½ 2 : E I H 64 : E W, idest uolo ; H, idest terra.
2 = ½ 5: Beelphegor
, ut Hieronimus dicit [cf. Iouin
. I 22], interpretatur
simulacrum ignominiae ; est autem idolum Moab cognomento Baal
super montem phogor, quem Latini Priapum uocant.
3 = ½ 5: Latomorum L
: ATOMOC, idest lapidi caesor.
P L G
4 = ½ 6 : TPO O O IA, idest moralis ratio.
37 Ex epistula Epiphanii Cipri = Ep
. 51
L D
1 = ½ 4 : ECMA 65 diriuatum est a uerbo ECMO, id est uincio uel
alligo.
2 = ½ 4 : CWMA 66 idest corpus ; proprietas ( ?) enim ( ?) memoriae, idest
sepulchrum.
F
3 = ½ 5 : POM AIA framea, gladius.
38 Ex epistula Hieronymi ad Lucianum Beticum = . 71 Ep
G H
1 = ½ 2 : A WNO ETHC, idest certator uel munerarius.
P D
2 = ½ 2 : EPIO EYTHC, idest circuitor, lustrator.
3 = ½ 3: Cantulus
: diminutiuum a nomine cantus.

(63) Le manuscrit a matriae avant correction.


(64) helytỳ.
Pour la vedette de glose, le texte de Jeèroême est
(65) dèmaq.
Pour la vedette de glose, le texte de Jeèroême est
(66) Pour la vedette de glose, le texte de Jeè roême est sy˜ ma. La suite est peu
lisible.
les graeca collecta ex hieronymo 95

4 = ½ 5 : Paragrammata, idest exceptiones, praescriptiones.


5 = ½ 7 : Amphimallum : AM IMAF LLOWN, idest uestimentum ( ?) ex
F
utraque parte uillosum ; est autem compositum ex AM I, idest cir-
cum, et nomine MA LL OC, quod Latine uillus interpretatur ; ex
quo et MA LL
IWTOC diriuatur, idest uillosus.
6 = ½ 7 : Symbolia, idest indicita.
5 4
39 Ex epistula Hieronymi contra H eluidium = BHM 251
1 = ½ 5 : Andabata gens quedam.
2 = ½ 14 : Cauilleris : cauillatio, idest locutio cum uellicatione uerbi ; hoc
est calumnia et accusatio falsa.
3 = ½ 17 : Epilogos : epilogus, idest nouissima pars controuersiae quae sen -
tentiam ( ?) habet.
4 = ½ 20 : si pauimenta uerruerint, idest scopata fuerint.
40 Ex epistula Hieronymi aduersus Vigilantium = Ep. 61
F
1* = ½ 2 : CO OTATW, idest sapientissimo.
2* = ½ 2 : KPANIW, idest caluo aut cerebro.
3* = ½ 3 : P ACCAN omnem, THN articulus, APICTIAN prandium,
F F
COY tuum, KAI et, TPO HN escam CO PON, idest sapiens uel
temperans.
4* = ½ 3 : ACYNAPTYTON inconditum ; nam APTYMA condimen -
tum dicitur.
L
5* = ½ 4 : ONO YPA, idest asinus lirat.
F
6* = ½ 4 : KATA ANTI PACIN, idest secundum contradictionem, uel
contrariam expositionem.
7 = ½ 4 : Lithargo, idest obliuione.
41 Item ex epistula sancti Hieronymi aduersus Vigilantium = BHM 253
1 = ½ 1 : Centauros : Seruius [ad Georg. III 115] û Pelethronium oppidum
54
est Thes s aliae ubi primum domandorum equorum repertus est
54
usus. Nam, cum quidam Thes s alus rex bobus exagitatis satellites
suos ad eos reuocandos ire iussisset illique cursu non sufficerent,
ascenderunt equos et eorum uelocitate boues secuti eos stimulis ad
tecta reuocauerunt, sed hi uisi aut cum irent uelociter, aut cum
eorum equi circa flumen Peneon potarent capitibus inclinatis,
locum fabulae dederunt, ut Centauri esse crederentur, qui dicti sunt
P
centauri A O TOY KENTPAN TOYC TAYPOYC (idest apo
notu taurorum) ; alii dicunt Centaurorum fabulam esse confictam
ad exprimendam humanae uitae uelocitatem, quod equum constat
esse uelocissimum ý.
2 = ½ 1 : Sirenas : serenas tres fingunt fuisse ex parte uirgines et ex parte
5
uolucres, habentes ales et ungulas... 4
96 guillaume bonnet
APPENDICE II

Compleè ments proposeè s aux Graeca collecta ex Hieronymo aé partir du manus -

crit Paris. Lat. 1880. On a mis entre crochets obliques les vedettes des gloses

quand celles-ci, interlineèaires, en ont fait l'eèconomie.

42 5
Ex epistula beati Hieronymi ad Rusticum monachum 4 = Ep. 125
1 = ½ 3 : Gangen fluuius qui et Gion

2 = ½ 3 : Carbunculus dicitur quod sit ignitus ut carbo, cuius fulgor nec

nocte cingitur. Lucet in tenebris adeo ut flammas ad oculos uibret.

Genera eius XII sunt. Praestantiores qui uidentur fulgore et ueluti

ignem effundere.

3 = ½ 3 : Smaragdus omnium gemmarum uirentium principatum habet ;

cui ueteres post margaritas et uniones tribuunt dignitatem. Smarag -

dus enim a nimia uiriditate nomen accepit ; nam herbas frondesque

uirentes exsuperat.

4 = ½ 3 : Vniones quaedam margarite sunt aptum nomen habentes quod

tantum unum, nunquam duo uel tres simul repperiantur.

5 = ½ 3 : Grypes uocatur quod sit animal pennatum et quadrupes. Hoc

genus ferarum in Yperboreis nascitur montibus. Omni parte corpo -

ris leones sunt atque facie aquilis similes, equis uehementer infesti ;

nam et homines uiuos discerpunt.

43 5 Ex epistula beati Hieronymi ad Mineruium et Alexandrum mona -

chos 4 = Ep. 119


1 = ½ 1 : Subtegmen, idest trama.

2 = ½ 1 : Stamen dictum quia rectum stat.

3 = ½ 1 : Licia sunt quibus stamina lignatur, quasi ligantia.

4 = ½ 1 : Tela pro longitudine staminum dicta. Telon enim in Greco lon -

gum dicitur in Latino. Cuius diriuatum est telaria.

44 5 Ex epistula beati Hieronymi ad Pammachium pro libris contra Ioui -

nianum 4 = Ep. 48
1 = ½ 21 : Subare, idest luxuriari.

2 = ½ 21 : Opipare, idest optime.

45 5
Ex epistula beati Hieronymi ad Domnionem 4 = Ep. 50
1 = ½ 1: 5 Categorias, 4 idest praedicantia.

2 = ½ 1: 5 peri hermeneias, 4 idest de interpretatione.

3 = ½ 3 : Topica sunt loca et sedes argumentorum ; topos enim dicitur

locus.

46 5
Ex epistula beati Hieronymi ad Hedibiam 4 = Ep. 120
1 = ½ 8, 5 : Anagoge excelsa intelligentia uel superior sensus dicitur.

2 = ½ 12, 9 : Theoria, idest speculatio, et est diriuatum a uerbo theoro,

hoc est aspicio uel contemplor.

47 5
Ex epistula beati Hieronymi ad Algasiam 4 = Ep. 121
les graeca collecta ex hieronymo 97

1 = Praef .:5Apodemius 4 , idest peregrinus.


2 = ½ 2, 11 :Sunamitis quicumque morietur siue moritura.
3 = ½ 5, 7 :PentecontaGraece Latine quinquaginta dicitur.
4 = ½ 10, 3 : Perifraso, idest circumloquor ; perifrasticos, idest circumex -
positiue ; parafrasticos, idest falsus interpres. Sic mihi uidetur in hoc
loco scriptorem fefelisse, et pro perifrasticos parafrasticos scripsisse,
et pro circumlocutione falsum interpretem. Nam perifrasis, idest cir -
cumlocutio, quando quid de uerbo ad uerbum interpretari possit
quodam ambitu aliorum uerborum exprimuntur.
5 = ½ 10, 5 : Embateio 67
, idest ingredior ; embateion, idest superbe ingre -
diens.
6 = ½ 10, 24 : Ysagoge introductio.

(67) Pour la vedette de glose, le texte de Jeèroême est eÊ mbateùw


LE LIBER ARTIS OMNIGENUM DICTAMINUM

DE MAIêTRE BERNARD (VERS 1145):

Eè TATS SUCCESSIFS ET PROBLEé MES D'ATTRIBUTION

(premieére partie)

Bernard dit souvent û de Bologne ý ^ ce qui permet de le distinguer


d'homonymes plus ceèleébres avec lesquels il a eèteè confondu par le passeè,
comme Bernard Silvestre ^ est un ma|être en dictamen du milieu du
xiie sieécle, dont l'influence sur le deèveloppement de l'ars dictaminis en
Europe a eèteè treés profonde : c'est d'une large utilisation de son Ýuvre
que naissent les premieéres artes dictandi en France et en domaine germa-
nique. Il a eu des eèleéves, en particulier un certain Guido dont la pro-
duction est en partie entremeêleèe avec la sienne.
Les confusions onomastiques ont eèteè leveèes par les travaux fonda-
1
mentaux de Ch. H. Haskins en 1927 . Mais, de ce ma|être Bernard
enfin deèpouilleè des noms d'emprunts qu'on lui a donneès au Moyen
Aê ge comme a l'epoque moderne, on ne sait rien. Ses annees de forma-
é è è
tion restent assez obscures, tant le ma|être a reèussi aé prendre aé l'eègard
de ses sources la distance qui lui a permis de renouveler profondeè ment
l'ars dictaminis. On peut neèanmoins, graêce aé une meilleure connaissance
de son Ýuvre principale, dont je tenterai ici de retracer la geneé se et
l'eèvolution, proposer de lui attribuer deux traiteè s anonymes produits
dans les anneèes 1130-1140 : la Ratio in dictamina et les Precepta prosaici
dictaminis secundum Tullium. Je ne reviens pas ici sur cette question, et
me permets de renvoyer aé une eètude parue ailleurs pour les deètails de
2
l'argumentation . D'apreés les noms de personnes et de lieux citeès dans
les exemples eèmaillant ses Ýuvres, ma|être Bernard a eèteè actif en Ëmi-
lie-Romagne, tout particulieérement aé Faenza, entre 1138 et 1145 au
moins. Il conna|êt bien Bologne, la Toscane, et semble aussi avoir eu
3
des contacts avec des milieux helleènophones ; il a manifestement des

(1) Ch. H. Haskins , An Italian master Bernard, in Essays in history presented to

Reginald Lane Poole, cur. H. W. C. Davis, 1927, reè impr. Oxford, 1969, p. 211 -226.

(2) La Ratio in dictamina, les Precepta prosaici dictaminis secundum Tullium et


¨
Bernard de Bologne (ou : 1 + 4 = 5), in Parva pro magnis munera. E tudes de litteèrature latine

tardo -antique et meèdieèvale offertes aé Franc°ois Dolbeau par ses eèleéves, reèunies par M. Goul -
let, Turnhout, 2009 (Instrumenta patristica et mediaevalia, 51), p. 919 -956.

(3) Bernard eè tablit dans sa summa un rapport eè troit entre les divisions de la

phrase en prose et les vers dactyliques, en attribuant la paterniteè de la theèorie aé

Turcan -V., Le prosimetrum des artes dictaminis meèdieè vales (xii -xiiie s.),
e
Beéde : A.-M.

Revue d'histoire des textes, n.s., t. V, 2010, 99-158 ©


100 anne-marie turcan-verkerk
4
relations en France. Dans une eètude aé para|être en 2010 , E. Bartoli et
F. Stella proposent d'en faire un plebanus de Santa Maria a Buiano
5
dans le Casentino .
Graêce aux recherches importantes de Monika Klaes, publieè es en
6
1990 et 1992 , on distingue mieux deèsormais l'Ýuvre de Bernard de
7
celle de ses successeurs , en particulier Guido, dont M. Klaes est la

in Archivum Latinitatis Medii Aevi, t. 61, 2003, p. 111 -174 (p. 145-146) ; or, aé ma

connaissance, un seul auteur eè voque une ideè e proche, le ps. Demetrius de Phaleé re

dans le De elocutione ½ 4 sqq., dont ne nous est connue qu'une traduction latine, ni

dateèe ni localiseè e, transmise par un ms. de l'Aristote latin du xiiie s. (eèd. B. V.

Wall, A medieval Latin lersion of Demetrius `De elocutione', edited fo the first time from a

fourteenth century manuscript at the University of Illinois, with an introduction and critical notes,

Washington, D.C., 1937 [The Catholic University of America. Studies in medieval

and Renaissance Latin, 5], ½ 5 p. 62 -63). La summa de Bernard et les Introductiones

prosaici dictaminis issues de son eè cole citent un patriarche d'Aquileè e (sur les rapports

avec la Dalmatie : M. Klaes , Magister Bernardus, in F. J. Worstbrock -M. Klaes-


J. Lu«tten, Repertorium der Artes dictandi des Mittelalters. Teil I : Von den Anfa« ngen bis um

1200, Munich,, 1992 [Mu«nstersche Mittelalter -Schriften, 66], p. 38 -39, en part.

½ V ^ deèsormais Repertorium) ; dans les Introductiones appara|êt un û Caloiohannes ý

dont le nom suggeé re des liens avec le monde byzantin.

(4) Nuovi testi di ars dictandi del xii secolo : i û Modi dictaminum ý di maestro Guido e l'in -
segnamento della lettera d'amore. Con edizione delle epistole a e di Imelda, in Studi mediolatini e

volgari, 2009/2, p. 109 -136 ; je remercie les auteurs de m'avoir proposeè de lire ce

texte avant publication.

(5) Dans la summa, rien ne soutient cette hypotheé se, ni meême celle d'un eètat cleè-

rical ; en revanche, un exemple des Introductiones bernardines, datables de 1153 au

plus tard selon E. Bartoli, met en sceéne û B. Dei gratia clericus et tullianus imitator

dictus, Guidoni suo karissimo sotio (...)ý (Mantova, B. Com., 32, f. 79v), donnant

une information sans ambigu|ë teè. Les autres exemples appeleè s aé l'appui de l'hypo -

theése, comme û Ber. Aretine ecclesie plebanus licet indignus, G. suo karissimo filio

salutem, cum omni prosperitate ý (OD [VIa], viii), ou û Ber. Sancte Marie pleba -

nus licet indignus, G. dilecto suo clerico ý (Savignano 45 f. 140, modeé les de lettres de

Guido) concernent en revanche des personnages sans rapport avec le monde de l'en -

seignement (le meê me recueil, f. 136v, cite d'ailleurs un û Guilielmus sancte marie

plebanus ý) ; comme le reconna|ê t E. Bartoli (p. 126), tous les couples B. (ou Ber -

nardus) / G. (ou Guido) des exemples ne peuvent eê tre mis sur le meê me plan ni

concilieès ; aussi l'hypotheé se d'un ma|être Bernard plebanus de Santa Maria a Buiano,

fondeè e surtout sur les Ýuvres de Guido, me semble -t-elle fragile. Guido, comme le

montre treés bien E. Bartoli, peut avoir eu acceé s aé des archives des comtes Guidi

mentionnant des personnages inconnus de Bernard lui -meême ; l'on peut se deman -

der, aé la lumieé re des donneè es reèunies par E. Bartoli, si l'eè leèment areè tin (et casentin)

treés preèsent dans les Introductiones n'est pas aé mettre aé son actif.

(6) M. Klaes, Die û Summa ý des Magister Bernardus. Zu Uë berlieferung und Text -

geschichte einer zentralen Ars dictandi des 12. Jahrhunderts, in Fru«hmittelalterliche Studien,

t. 24, 1990, p. 198-234 ; Ead., Repertorium, p. 24-42.

(7) Elle distingue en particulier de la summa de Bernard deux textes donneè s par

Ch. H. Haskins comme des teè moins de celle -ci : le De competenti dictaminum... de

Wien, Oë NB, 246 f. 51 -57v (ms I de Haskins, qui a cru qu'il s'agissait de la Summa
le liber artis omnigenum dictaminum de ma|être bernard, i 101

premiere a avoir individualiseè les Ýuvres et8 signaleè les innovations,


commeé la é theèorisation de la lettre d'amour . M. Klaes a proposeè un
classement des teèmoins du traiteè de Bernard sur la prose eèpistolaire
qu'aucune des collations que j'ai pu effectuer n'a invalideè. En revan
che, l'interpreètation de ces donneèes doit eêtre reèviseèe profonde ment aé la
-

lumieére de recherches nouvelles meneèes sur la geneése et la deèè limitation


du traiteè du attribuable a ma|tre Bernard. Le present article
ne veut donc pas deècrire aé nouveaué uneê tradition manuscriteè deèjaé bien
dictamen

eètudieèe, mais lui donner un sens diffeèrent. Cette interpreètation nou


velle s'appuie sur une eètude de la tradition manuscrite et un travail
-

d'eèdition preèsenteès pour la premieére fois en 2007, dont tout le deètail ne


saurait eêtre repris ici 9. L'exposeè sera diviseè pour des raisons eèditoriales
en deux livraisons, mais elles sont indissociables l'une de l'autre quant
au contenu et au raisonnement qui le met en Ýuvre: la premieére
concerne la construction du grand traite de ma|tre Bernard et ses eta
pes successives (il s'agit essentiellementè de ce ê que l'on a appeleèè la
-

reèdaction C de la ), la seconde les travaux ulteèrieurs qui ont


summa

parce que cette en reprend le prologue en vers; il s'agit en fait d'un texte
composeè sans doute dans le sud de la France entre 1204 et 1214, attribueè aé tort aé
ars

Bernard Silvestre par son eèd. M. B


in , t. 20, 1965, p. 182 230, eèdition aé lire avec
rini Savorelli, Il û dictamen ý di Bernardo Silves-

les corrections de B. in , t. 2, 1995, p. 243 247), et les


tre, Rivista critica di storia della filosofia -

de 32
Lo
« fstedt, Filologia mediolatina -

(olim A.II.1) (ms. principal, = ms. D de ), Ýuvre treés lieèe aé Arezzo et dans
Introductiones prosaici dictaminis a Bernardino utiliter composite Mantova, B. Com.,

laquelle pourrait eêtre intervenu le disciple de Bernard Guido (notice de M.


Haskins

in p. 37 42; sommaire et incipit dans M. , ,


Klaes

p. 226 227; sur Arezzo: F. E. , p. 121 sqq).


Repertorium, - Klaes Die û Summa ý...

(8) M. , in en particulier p. 69 70 pour


- Stella - Bartoli Nuovi testi...,

l'Ýuvre d'attribution certaine, p. 138 139 pour le traiteè inc. , deèriveè


Klaes Magister Guido, Repertorium, -

sans doute des , mais attribueè trop rapidement aé Guido


- Introducendis...

par Haskins.
Introductiones prosaici dictaminis

(9) Un premier reèsumeè, datant de 2006, peut eêtre modifieè sur certains points:
http://aedilis.irht.cnrs.fr/manuscrit/bernard de bologne.htm. A. M.
- - - ,
Turcan - V.

ars dictandi ars versificatoria e memoire d'habilitation, decem


bre 2007, 492 pages, aé para|être dans la collection û è Edizione Nazionale deiè testi
Le Liber artis omnigenum dictaminum de Bernard de Bologne et sa transmission. Destins croiseè s

de l' et de l' au xii sieécle, -

mediolatini ý de la , Firenze. Afin de faciliter les recherches meneèes par Elisa


betta Bartoli sur Guido, j'ai transmis aé mes colleégues de l'universiteè d'Arezzo la plus
sismel -

grande partie de cet ouvrage: ses apports sont donc deèjaé inteègreès dans la û tesi di
laurea ý d'E. Bartoli, aé para|être dans la collection û Edizione Nazionale dei Testi
Mediolatini ý (je remercie F. Stella de m'en avoir communiqueè un premier eètat),
dans (cit. supra), et utilises aé l'adresse http://tdtc.bytenet.it/comuni
cati/materiale%20per%20seminario.doc.è Dans les pages qui suivent, le texte de Ber
Nuovi testi... -

nard est citeè d'apreés l'eèdition aé para|être, sous le sigle deèsignant l'ensemble des
-

traiteès reèunis sous le titre


OD

Liber artis omnigenum dictaminum.


102 anne-marie turcan-verkerk

confeèreè aux reèdactions dites A et B la physionomie que nous leur


connaissons.

I ^ Ëtat de la question et premiers rapprochements

Je ne reviens pas ici sur les Rationes dictandi de ma|être Bernard, dont
un seul manuscrit complet nous est conserveè , Mu«nchen, BSB, lat. 14784
(xii) f. 3-35v (f. 38-43v figure du mateèriel faisant probablement partie
du meême dossier preèparatoire aé la summa) ; trois autres manuscrits en
10
transmettent de brefs extraits aé l'inteèrieur de compilations . Selon
M. Klaes, ma|être Bernard consideèrait sans doute les Rationes dictandi
11
comme un texte temporaire et ne les destinait donc pas aé la diffusion .
Elles ont neèanmoins exerceè une grande influence sur l'ars dictandi ulteè-
rieure, reflet peut-eêtre des cours dispenseès par Bernard plus que d'une
diffusion eècrite de son traiteè. Pour l'essentiel, la matieére de la summa de
Bernard de Bologne est deèjaé preèsente, avec ses principales caracteèristi-
ques : un plan meèthodique, un enseignement sur les cinq parties de la
lettre ^ qui deviendra graêce aé lui la vulgate mais qui, contrairement aé
12
ce que l'on eècrit souvent, lui est anteèrieur ^, un deèveloppement sur
les possibiliteès de suppression de telle ou telle des cinq parties.

1. Les trois eètats de la summa

D'apreés M. Klaes, la summa acheveèe ^ il ne s'agit pour elle que du


13
traiteè sur la prose eèpistolaire ^ nous est transmise en trois reèdactions,
A, B et C, qui toutes sont centreèes, dans leurs exemples, sur l'Italie du
nord, et sont datables, abstraction faite des remaniements ulteè rieurs,
. Il s'agit d'une tradition manuscrite parti-
14
entre 1143 et 1145 environ

(10) Le Repertorium preèsente comme des teè moins aé part entieére des extraits inclus

dans des compilations ulteè rieures, qui releévent plutoê t de la tradition indirecte.

A mes yeux, nous ne posseè dons qu'un seul vrai teè moin des Rationes dictandi.

(11) M. Klaes, Die û Summa ý..., p. 224.

(12) A.-M. Turcan - V., La Ratio in dictamina..., p. 937 sqq.

(13) Je deèsigne par le terme geèneèrique summa le traiteè d'ars dictandi de Bernard,

entendu au sens eè troit (son traiteè de prose eè pistolaire) aussi bien qu'au sens large

que je propose de reètablir. C'est ainsi que l'on deè signe traditionnellement son ars sur

la prose, bien que ce titre ne se trouve que dans l'un des teè moins conserveè s (M.

Klaes, Die û Summa ý..., p. 211).

(14) La preèsentation de Ch. H. Haskins, bien diffeè rente, a eèteè reprise par

M. Brini Savorelli : la reè daction de Savignano serait la premieé re, les reèdactions

A et B de Monika Klaes la deuxieé me, le De competenti dictaminum ... la troisieé me. En

fait, l'on ne parvient aé une bonne compreè hension du probleé me qu'en distinguant

soigneusement, comme l'a fait M. Klaes, le texte de Bernard de ses avatars posteè -
le liber artis omnigenum dictaminum de ma|être bernard, i 103
15
culieérement riche pour une ars dictaminis . Dans la preèsentation qui
suit, sont deèsigneès par des sigles les manuscrits utiliseès dans l'apparat
de mon eèdition du texte de Bernard, fondement et reèsultat tout
ensemble de l'histoire du texte dont les grandes lignes sont preè senteèes
ici.

^ La û reè daction A ý de M. Klaes se distingue des deux autres reè dac-


tions par la preè sence d'un prologue augmenteè , d'abord d'extraits du

De ornamentis verborum de Marbode de Rennes, ensuite d'un prologue en

hexameétres dactyliques portant une empreinte monastique treé s sensible.

Il semble qu'elle fasse particulieé rement reèfeèrence aé Faenza, comme l'in -

dique la lettre de deèdicace aé un certain Henricus de la collection d'exordia

qu'elle transmet. Les quatre manuscrits connus proviennent de l'Alle -

magne du sud et du nord de l'Autriche actuelle :

Budapest, Orszaègos Szeè cheènyi Ko«nyvtaè r, clmae 10 (Viktring ?, xii) f. 11-41

(= Bu)

Graz, UB, 1515 (xii ) f. 46-127 (= G)

Vaticano, BAV, Pal. lat. 1801 (xii ex) f. 1 -51 (= V)

Vaticano, BAV, Vat. lat. 9991 (xiii in) f. 97-104v (texte incomplet)

La summa est accompagneè e dans G d'un traiteè de prosodie suivi d'un

traiteè de poeèsie hexameètrique ; on trouve le seul traiteè de poeèsie hexameè-

trique dans V.

^ La û reèdaction B ý, dite û franc° aise ý, dont le teè moin de reèfeèrence est


pour M. Klaes Poitiers, BM, 213, n'est accompagneè e d'aucun traiteè de

versification, mais elle inclut une exceptio sur les couleurs de rheè torique

utiliseèes dans les lettres pour la laus et la vituperatio, en grande partie

emprunteèe aé Marbode de Rennes et aé l'Ad Herennium. Elle a eèteè enrichie

de proverbia rimeès en prose, et surtout d'un traiteè des privileéges deè veloppeè

(le De doctrina privilegiorum), qui n'existe pas dans les autres reè dactions ;

ce texte a sans doute eè teè reèdigeè vers 1147 et reèactualiseè entre 1158 et

rieurs, et en distinguant dans les versions de la summa elle-meême le texte de base des

eèleèments remanieè s ulteèrieurement.

(15) Elle est neè anmoins sans commune mesure avec celle de Bernard de Meung,

dont le traiteè est posteèrieur d'une trentaine d'anneè es, ou des trois grands dictatores

bolonais du premier tiers du xiiie sieécle, Boncompagno, Bene et Guido Faba. Pour

une liste des teèmoins et des extraits de la summa, se reporter au Repertorium, p. 27-37.

M. Klaes ne connaissait pas le ms. KÖbenhavn, Kongelige Bibliotek, Fabricius 91 4³, sans

doute l'un des plus anciens teè moins de la reè daction B, dont le texte est complet et de

bonne qualiteè ; il a eèteè signaleè et utiliseè par Ch. Vulliez (Ch. Vulliez, Des eècoles de

l'Orleèanais aé l'universiteè d'Orleèans [x -deèbut du xiv e sieécle], theése dact., Paris, 1993,
e

t. IV, p. 25-32).
104 anne-marie turcan-verkerk

1160 (j'y reviendrai plus longuement). A ces caracteè ristiques, connues

depuis longtemps, s'ajoute la preè sence d'une collection d'exordia large-

ment augmenteè e, en particulier d'une seè rie de preèambules de privileé ges

pontificaux (j'y reviendrai eè galement). Les teè moins de cette reè daction,

tous originaires de France et du nord de l'Europe, teè moignent par leur

nombre de la diffusion de ce texte, qui a feè condeè l'ars dictaminis franc°aise

des anneèes 1180 :

Bruges, BP, 549 (xiii in) f. 57-105v (= Bg)

Bruxelles, BR, 2067 -2073 (2070) [VdG 368] (Stavelot, xiii ) f. 92-104
(= Br)

KÖbenhavn, Kongelige Bibliotek, Fabricius 91 4³ (atelier parisien, 1170 -

1180) f. 99-129 (= K)

Poitiers, BM, 213 (France, xii 2) f. 1-32v (= P)

KÖbenhavn, Kongelige Bibliotek, Gl. Kgl. S. 1905 4³ (xiii ) f. 123r-v

Wien, Oë NB, 246 (xiii ) f. 51 (= Wf) n'intervient dans cette tradition

que comme teèmoin du prologue geè neèral, remontant aé la reèdaction B.

Sont proches de cette reèdaction Pierre de Blois, l'Ars dictandi aurelianensis

attribueèe aé Raoul de Tours, Bernard de Meung, Transmundus... Le

texte de base n'eè tait pas treé s eèloigneè de celui de la reèdaction A ; comme

dans cette reèdaction A, les exordia sont preèceèdeès de la lettre aé Henricus.

^ La û reèdaction C ý n'est transmise que par un manuscrit :

Savignano sul Rubicone, Rubiconia Accademia dei Filopatridi, ms. 45

(Romagne, xii 2) (= S).

S inclut la summa, sous le titre Liber artis omnigenum dictaminum, dans un

recueil plus vaste, datable par ses derniers eè leèments des anneèes 1160. Ce
16
manuscrit se compose pour l'essentiel de deux parties : les f. 1 aé 112v

transmettent un ensemble de textes qui, presque tous, sont nommeè ment

attribueès aé Bernard ; la fin du manuscrit est plus composite, mais semble

eètroitement lieèe au disciple de Bernard, Guido (voir la descr. du manus -

crit infra). Le Liber artis omnigenum dictaminum comprend le traiteè de pro-

sodie et le traiteè de versification hexameè trique transmis parfois avec la

reèdaction A ; ils sont suivis dans le manuscrit de Savignano d'un traiteè

de versification rythmique, de l'exceptio transmise par la reè daction B, sui-

vie d'une exceptio analogue en vers tireè e du De ornamentis verborum, de pro-

verbia en hexameé tres leèonins, de modeéles de lettres, d'une collection

(16) Descr. M. Klaes , in Repertorium, p. 36.


le liber artis omnigenum dictaminum de ma|être bernard, i 105

d'exordia remanieèe qui n'est plus adresseèe aé Henricus. La tentation est

grande d'attribuer la constitution de cet ensemble aé Guido lui-meême.

M. Klaes, dans son eètude sur la summa de Bernard, n'a voulu consi-
deèrer comme la summa proprement dite que le traiteè concernant la
prose (dans Savignano 45, f. 2-37v) : en somme, la partie commune aux
trois reèdactions identifieèes, ce qu'elle appelle le û noyau stable ý
. A plusieurs reprises, elle deèsigne les deèveloppe-
17
(û Kernbestand ý)
ments sur les couleurs de rheètorique et sur la versification comme des
additions qu'elle met sur le meême plan que la Doctrina privilegiorum de
la reèdaction B (û Einbeziehung unterschiedlicher Zusatztraktate ý
p. 206, û Traktat-erga«nzungen ý p. 211), mais sans jamais s'expliquer
sur ses raisons de les consideèrer comme telles ; pour elle, on ne peut dis-
tinguer ce qui revient ou non aé Bernard, ce qui fait partie ou non de la
18
summa . Les deux traiteès de versification que l'on trouve en compagnie
19
de la summa dans certains manuscrits sont connus depuis 1871 , le
traiteè de prosodie eètant demeureè ineèdit. Leur datation traditionnelle,
e
qui les fait remonter au plus toêt aé la fin du xii sieécle, et le fait qu'ils
soient connus par ailleurs semblent avoir confirmeè M. Klaes dans
20
l'ideèe qu'ils ne faisaient pas partie de la summa , malgreè la datation du
e
manuscrit de Graz (xii sieécle) et de la collection transmise par le
manuscrit de Savignano, associeèe au travail de Guido vers 1160. Cette
fac°on d'envisager la summa a orienteè l'eètude des diffeèrentes reèdactions,
dont on retire l'impression que Bernard lui -meême n'a jamais travailleè
et remanieè qu'un traiteè de prose eèpistolaire, dont un premier eètat
serait les Rationes dictandi, et un second ce fameux û noyau stable ý de
la summa, que les diverses branches de la tradition accompagnent ou
non d'appendices, et dont elles modifient plus ou moins leè geérement les
coordonneèes spatio-temporelles.

(17) M. Klaes, Die `Summa'..., p. 206, p. 211 ; sommaire avec incipit p. 214 -

215.

(18) M. Klaes, in Repertorium, p. 30 : û ... Welche dieser Abhandlungen direkt

auf Magister Bernardus zuru« ckgehen und daher zum Bestand der `Summa' zu rech -

nen sind, ist ungekla« rt. ý (il s'agit ici de la collection d'exordia, des exceptiones, des

trois traiteès de versification, de la Doctrina privilegiorum de la reèdaction B et du

recueil de modeé les de lettres transmis par Savignano 45).

(19) Ëd. F. Zarncke, Zwei mittelalterliche Abhandlungen u« ber den Bau rhythmischer

Verse (communication du 28 oct. 1871), in Berichte u« ber die Verhandlungen der ko« niglich

sa«chsischen Gesellschaft der Wissenschaften zu Leipzig, Philologisch -historische Classe, t. 23,

1871, p. 34 -96.

(20) M. Klaes, in Repertorium, p. 30-31. En fait, comme je vais essayer de le

montrer, c'est le contraire : les traiteè s de versification faisaient partie de la summa aé

l'origine, mais ont connu une circulation indeè pendante par la suite.
106 anne-marie turcan-verkerk

Pourtant, dans son eètude pionnieére sur Bernard, Ch. H. Haskins


avait indiqueè des directions de recherche diffeèrentes : tout en expri-
mant, comme il se doit, des doutes sur l'identiteè d'auteur de tous les
, Haskins raisonnait en fait sur l'en-
21
eèleèments du corpus de Savignano
22
semble comme tel et concluait que le traiteè de meètrique pouvait sans
probleéme (û confidently ý) eêtre attribueè aé Bernard, et le traiteè de ver-
23
sification rythmique treés vraisemblablement (û very possibly ý) .
Comme souvent, tout deèpend sans doute du cheminement personnel
de chaque chercheur. M. Klaes, engageèe dans la reèdaction d'un reèper-
toire d'artes dictandi au sens le plus strict, a choisi comme texte de reèfeè-
rence le manuscrit Poitiers, BM, 213 (P), teèmoin de la reèdaction B
consacreè uniquement aé la prose, et toute sa recherche en a eèteè condi-
tionneèe. Mais manifestement, qui travaille sur Bernard en partant
d'un corpus comprenant des traiteès de versification, comme c'eètait le
cas de Ch. H. Haskins, qui reèfleèchissait surtout sur la base des manus-
crits de Graz et de Savignano, ou de G. Vecchi, qui eè tudiait Bernard aé
partir du corpus de Savignano 45, ne peut dissocier les traiteès de versifi-
cation du traiteè sur la prose, et n'a gueére de doute sur l'identiteè de leur
24
auteur .

2. Les traiteès de versification et la summa

L'eètancheèiteè des disciplines explique en partie chez tous ces cher -


cheurs, quel que soit leur point de vue, l'absence d'argumentation.
Analyseès par des speècialistes de la meètrique ou de la poeètique peu
familiers avec l'ars dictaminis, les traiteès de versification n'ont jamais eèteè
rapprocheès seèrieusement de la summa de Bernard. Par ailleurs, si les
grands traiteès de l'eècriture litteèraire en prose et en vers attribuables aé
e e
des auteurs connus de la fin du xii et du xiii sieécle ^ Matthieu de
Vendoême, Geoffroy de Vinsauf, Gervais de Melkley, Jean de Garlande
etc. ^ sont deèsormais abondamment citeès et commenteès (et [car] tra-

(21) Ch. H. Haskins, An Italian..., p. 220 (par exemple).

(22) Il se trahit parfois, par exemple An Italian..., p. 117 : û we have here the

only discovered copy of the book on the rhythmical dictamen ý.

(23) Ch. H. Haskins, An Italian..., p. 226.

(24) C'est une eè vidence pour G. Vecchi, Le scuole musicali, dans l'ouvrage collec-

tif Le sedi della cultura nell'Emilia Romagna. L'etaé comunale, Milan, 1984, p. 175 -193

(p. 176, p. 181) ; Id., Il magistero delle artes nello studio bolognese, il secolo xii e l'opera di

Bernardo nel cod. 45 della Biblioteca dell'Accademia di Savignano sul Rubicone, in Studi in

onore di Giuseppe Vecchi, cur. M. P. Jacoboni - A. Saiani, Bologne, 2008 (Bibliotheca

musica Bononiensis, Sezione V, n. 9), p. 87 -101.


le liber artis omnigenum dictaminum de ma|être bernard, i 107
25
duits en anglais) , il n'en va pas de meême des arts de versification
anteèrieurs, plus brefs, moins ambitieux, treés techniques, et souvent
anonymes. Les traiteès de versification quantitative ont fait l'objet d'un
reèpertoire et d'une premieére analyse en 1989, qui, meême incomplets,
permettent d'acceèder aé une quantiteè de textes ineèdits et mettent en
. En revanche, aé l'excep-
26
eèvidence l'eèvolution geèneèrale des doctrines
tion notable du De rithmis d'Albeèric du Mont-Cassin , les arts de poeè-
27

sie rythmique n'ont rec°u gueére d'attention depuis la publication par


. Trop preè-
28
Giovanni Mari, en 1899, d'un preè cieux recueil de textes
cieux sans doute : ni l'eètablissement des textes, ni la nature des exem-
ples citeès, ni la date des teèmoins manuscrits, ni a fortiori l'ordre chro-
nologique implicite eètabli par Mari selon des criteéres peu argumenteès
29
n'ont eèteè depuis reèexamineès . C'est dire que les traiteès de versification
rythmique ont eèteè isoleès des contextes historiques qui auraient peut-

e
(25) En particulier graêce aé l'existence d'E. Faral, Les arts poeètiques du xii et du
e
xiii sieécle. Recherches et documents sur la technique litteè raire du moyen aê ge, Paris, 1924

(Bibliotheéque de l'Ëcole des Hautes Ëtudes. Sciences historiques et philologiques,

238). Voir la bibliographie donneè e par D. Kelly, The Arts of poetry and prose, Turn -

hout, 1991 (Typologie des sources du Moyen Aê ge occidental, 59).

(26) J. Leonhardt, Dimensio syllabarum. Studien zur lateinischen Prosodie - und Vers-

lehre von der Spa« tantike bis zur fru« hen Renaissance. Mit einem ausfu« hrlichen Quellenverzeichnis

bis zum Jahr 1600, Go«ttingen, 1989 (Hypomnemata, 92), extreê mement utile malgreè

de multiples petites erreurs de lecture dans le reè pertoire des traiteès.

(27) Ëd. O. J. Blum, Alberic of Monte Cassino and the Hymns and Rhythms attributed to

saint Peter Damian, in Traditio, t. 12, 1956, p. 87 -148 (p. 124 -127) ; G. Vecchi, Sulla

teoria dei ritmi mediolatini. Problemi di classificazione, in Studi mediolatini e volgari, t. 8,

1960, p. 301-324 (texte p. 321-324) ; H. H. Davis, The `De rithmis' of Alberic of Monte

Cassino : A critical edition, in Mediaeval studies, t. 28, 1966, p. 198 -227 (texte p. 208 -

214 ; cf. G. Brugnoli, Per il testo del De rithmis di Alberico di Monte Cassino, in Benedic -

tina, t. 14, 1967, p. 38 -50) ; P. Ch. Groll, Das Enchiridion de prosis et de rithmis des

Alberich von Montecassino und die Anonymi Ars dictandi, Diss. dact. Freiburg i. Breisgau,

1963, Teil II, p. 91 -96 ; F. Bognini, Alberico di Montecassino. Breviarium de dictamine,

Florence, 2008 (Edizione Nazionale dei Testi Mediolatini, 21), cap. XIV, 3 -48,

p. 67-74.

(28) G. Mari, I trattati medievali di ritmica latina, in Memorie del R. Istituto Lom -

bardo di Scienze e Lettere, Milan, 20, ser. 3, t. 11 fasc. 8, 1899 (reè impr. chez l'eè d.

Arnaldo Forni, 1971 [Bibliotheca musica Bononiensis, Sezione V, 1]), aé lire avec

Id., Ritmo latino e terminologia ritmica medievale. Appunti per servire alla storia della poetica

nostra, in Studj di filologia romanza, t. 8, 1901, p. 35-88. Les textes de ce type n'ont pas

eèteè pris en compte dans la seè rie de la û Typologie des sources ý.

(29) P. Bourgain a souligneè cette faiblesse de toute eè tude fondeèe sur un tel cor -

pus (P. Bourgain, Le vocabulaire technique de la poeè sie rythmique, in ALMA, t. 51, 1992-

1993, p. 139-193 [p. 144 -146]). Meê me constat de la part de M. Fassler, Accent,

meter, and rhythm in redieval treatises û De rithmis ý, in The Journal of musicology, t. 5,

1987, p. 164 -190 (n. 8 p. 166, p. 173 -174, n. 61 p. 179 -180).


108 anne-marie turcan-verkerk

eêtre permis d'en comprendre l'eèmergence et le deèveloppement, et d'en


rompre l'anonymat.
G. Mari distinguait, dans les textes qu'il eè ditait, deux groupes : les
traiteès plus û populaires ý et les traiteès plus û savants ý. Le premier se
composait de variantes d'une ars unique û de structure plus simple ý,
baptiseèe par Mari û Il Dettame ritmico ý (De rithmico dictamine), dont
la caracteèristique principale eètait de diviser les rithmi en caudati et non
caudati (textes Mari I-IV). Le second, qui n'est d'ailleurs pas totale-
ment indeèpendant du premier, divisait les rithmi en simplices et compositi
(textes Mari V-VIII) et speèculait davantage sur les variantes formel-
30
les des vers rythmiques . Aucun de ces textes, selon les datations de
Mari, n'eètait transmis par un manuscrit anteèrieur au deèbut du xiiie
sieécle. L'ordre chronologique selon lequel Mari organisait son recueil
deèpendait pour le premier groupe de criteéres d'analyse interne, pour le
second groupe de criteéres externes (donneèes sur les auteurs, ou simple-
ment datation des teèmoins). Je reviendrai dans une autre eètude sur le
deètail de chacun de ces textes et sur leur tradition manuscrite.
Qu'il suffise ici d'indiquer que de tous les traiteè s appartenant au pre-
mier groupe de G. Mari, celui qui est transmis par les manuscrits les
plus anciens est bien Mari IV (eèd. p. 28-34), une version jugeèe par lui
tardive du De rithmico dictamine : les Regulae de Rithmis (inc.) û Singula
mente nota quae dogmate mente secuntur : quid sit rithmus, quare
dicatur, quibus modis constituatur. primo igitur diligenter conside -
randum est, quid sit rithmus et quare dicatur et quibus modis consti -
tuatur. Rithmus enim est congrua... ý (expl.) û ... sed has adrudivit
doctrina ex vetustis quas ex modernis auctoritatum documentis excer -
psimus ý. G. Mari reèeèditait d'apreés le seul manuscrit connu alors,
Admont, SB, 759 f. 189-193v, un traiteè publieè pour la premieére fois par
F. Zarncke en 1871
31
. Il datait le teèmoin de la premieére moitieè du xiiie
e
sieécle, alors que Zarncke le datait du xii sieécle
32
; il est maintenant
33
dateè entre 1167 et 1174 . Un second teèmoin permet deèsormais de faire
e
remonter cette reèdaction du De rithmico dictamine au milieu du xii sieé-
cle : Savignano 45, et reèveéle un nom d'auteur : Bernard. G. Mari ne
pouvait savoir que l'ars d'Admont (Mari IV) eètait transmise sous le
nom du dictator bolonais par cette ceèleébre collection de traiteès datables
entre 1143 et 1160 environ, lieèe eètroitement aé ma|être Bernard et son

(30) Principe treés clairement eè nonceè par G. Mari , Ritmo latino..., p. 45-46.
(31) F. Zarncke , Zwei mittelalterliche Abhandlungen..., p. 41-48.
(32) F. Zarncke , Zwei mittelalterliche Abhandlungen..., p. 34.
(33) S. M. Wight , descr. du ms. : http ://scrineum.unipv.it/wight/Admo759.
htm
le liber artis omnigenum dictaminum de ma|être bernard, i 109

eèleéve Guido ^ un manuscrit dont E. Faral a publieè depuis, en 1936,


34
une description assez deètailleèe .
Ignorant ce teèmoin, Mari ne pouvait non plus se rendre compte que
Mari IV avait eèteè utiliseè par l'ars de Mu«nchen, BSB, lat. 9684 f. 88v-91,
dite û savante ý (Mari VII). Mari IV commence en effet par un
hexameétre (inc. û Singula mente nota... ý), que Mari n'a pas mis en
eèvidence. Mari VII commence par huit distiques eèleègiaques (inc.
û Philosophia suos... ý). En fait, tous ces vers preèceédent dans Savignano
45 le traiteè de poeèsie rythmique Mari IV. Seul ce manuscrit donne une
version compleéte de ce prologue meètrique, puisqu'il reèveéle dans Mari
VII un saut du meême au meême ayant entra|êneè la perte d'un distique.
Le vers û Singula mente nota... ý, dernieére ligne copieèe du f. 59 de
Savignano 45, suit sans rupture le û Philosophia suos... ý ; le modeé le
d'Admont, SB, 759 (ou son propre exemplar) avait peut-eêtre cet hexameé-
35
tre, qui n'est pas coupleè avec un pentameétre, au deèbut d'une page .
Voilaé donc l'ensemble de Mari IV, mais aussi l'introduction meètrique
36 e
de Mari VII datables sans doute au plus tard du milieu du xii sieécle.
Voilaé aussi le signe que la source de Mari VII n'eètait pas simplement
Mari I, le texte consideèreè par G. Mari comme le plus ancien et comme
celui qui aurait servi de base aux remaniements ulteè rieurs, mais bien
Mari IV, le texte attribueè aé ma|être Bernard par Savignano 45.
Par ce rapprochement entre deux domaines trop seè pareès des eètudes
meèdieèvales, se trouve reconstitueè un ensemble qui n'aurait jamais duê
eêtre disjoint, et qui permet de redonner aé de nombreux textes leur juste
place dans l'histoire litteèraire. Apreés avoir deècrit en deètail le contenu
de Savignano 45 et montreè l'uniteè d'auteur de la summa sur la prose eèpis-
tolaire et des livres qui la suivent, en particulier des traiteè s de prosodie
et de versification, je m'attacherai aé l'interpreètation de la tradition
manuscrite de l'Ýuvre de Bernard. Une recherche partant des arts de
versification, toujours indiffeèrents aux historiens et donc exclus des eètu-
des sur la transmission de ma|être Bernard, reèveéle une histoire assez dif-

(34) Descr. du contenu par E. Faral, Le manuscrit 511 du û Hunterian Museum ý

de Glasgow, in Studi medievali, n. s., t. 9, 1936, p. 18 -119 (p. 80 -83 ; Faral n'avait pas

eu le ms. entre les mains).

(35) C'est en tout cas la configuration d'Admont, SB, 759 : f. 188v Regule de rith-

mis., f. 189 û Singula mente nota... ý L'indeè pendance de ce vers est en quelque sorte

confirmeèe par le reè sumeè du traiteè transmis par Verona, B. Cap., CCLXII [234]

f. 71v- 72 (v. infra), qui se termine par le dernier distique du û Philosophia suos... ý

sans reproduire le û Singula mente nota... ý.

(36) Et non l'ensemble du texte, comme semble l'indiquer, brieé vement, G. Vec-

chi dans sa preè face aé la reèimpression du recueil de G. Mari. De fait, comme je le

montrerai ailleurs, le texte fait partie d'un ensemble plus vaste s'inspirant de ma|ê tre

Bernard, mais qui remonte au pontificat de Greè goire IX.


110 anne-marie turcan-verkerk

feèrente de celle que suggeére l'eètude de M. Klaes. Les traiteès de versifi-


cation en effet, qui ne varient pas selon les meêmes criteéres et modaliteès
que les artes dictaminis consacreèes aé la seule prose eèpistolaire, s'aveérent
eêtre un preècieux observatoire, le reèveèlateur qui permet de comprendre
la tradition manuscrite de Bernard. S'il a bien existeè trois reèdactions de
son Ýuvre majeure, on peut prouver graêce aé eux que deux d'entre elles,
non seulement la reèdaction B mais aussi la reèdaction A, sont des rema-
niements, partiellement ou totalement indeèpendants de Bernard et de
son milieu, et que seul le manuscrit de Savignano nous transmet le
traiteè d'ars dictaminis tel que l'avait conc°u Bernard au terme de quelques
anneèes d'enseignement. Nous savons maintenant quel texte eè diter.
Ce traiteè a eèteè mis au point progressivement : ce sont justement les
traiteès de versification qui permettent de s'en rendre compte avec une
certaine preècision. La version finale, le Liber artis omnigenum dictaminum,
se composait de trois livres correspondant aé la tripartition des genera
dictaminis : le premier sur le prosaicum dictamen, le deuxieéme sur le metri-
cum, le troisieéme sur le rithmicum. Son eèlaboration n'a pas eèteè immeè-
diate, le traiteè de poeèsie rythmique n'ayant eèteè ajouteè qu'aé la fin de la
reèdaction de la summa deèfinitive : c'est ce que montre l'eètude des diffeè-
rents prologues de Bernard, l'analyse de la transmission de ses arts de
poeèsie ainsi que l'eètablissement de ces textes. La collection de Savi -
gnano accompagnait cette ars dictaminis compleéte de divers outils
conc°us eux aussi progressivement, certains sans doute aé la demande de
Guido : point sur l'utilisation des couleurs de rheè torique en prose et en
vers, collection de proverbes rimeès en vers, collection de modeéles de
lettres, recueil d'exordia remanieè.

II ^ Conception et mise au point d'une ars dictaminis totale :

le Liber artis omnigenum dictaminum de Ma|ê tre Bernard

1. La collection de Savignano sul Rubicone, Rubiconia Accademia dei Filo -


patridi, 45

Pour bien comprendre la nature, l'eèvolution et la transmission de


l'Ýuvre de Bernard de Bologne, il faut revenir au teè moin-cleè que

6 6
constitue le recueil de Savignano sul Rubicone. Il s'agit d'un petit
volume de poche, d'environ 101 153 mm (justification 65 105 :
dim. au f. 9 ; 23/24 longues lignes par page), copieè sur des quaternions
37
de parchemin de qualiteè ineègale et parfois de reècupeèration , mais

(37) Texte infeèrieur gratteè par ex. aux f. 41v -50, 119v-120v, 156v jusqu'aé la fin

(on distingue au f. 159 les mots û Rodericus dei gratia... ý) ; piquê res indiquant un

remploi par ex. f. 114.


le liber artis omnigenum dictaminum de ma|être bernard, i 111

avec un grand soin et de fac°on treés homogeéne. La physionomie de


l'eècriture et de la deècoration indique l'Ëmilie-Romagne, et la fin du
e e
. La premieére partie du manus-
38
xii plutoêt que le deèbut du xiii sieécle
crit est consacreèe aé des Ýuvres qui, pour la plupart, sont attribueè es aé
Bernard. La seconde partie, plus heèteèrogeéne, transmet des travaux du
disciple de Bernard Guido ; les indices internes aé son Ýuvre permettent
de dater son activiteè des anneès 1160. La succession des deux Ýuvres ^
Guido en second aé la suite des traiteès de son ma|être ^ donne aé penser
que la mise en recueil est due aé Guido lui-meême. Le deètail du manu-
scrit nous permettra de faire connaissance avec les divers aspects du
travail de Bernard et Guido. J'indique aé la suite des textes leur reèfeè-
rence dans l'eèdition aé para|être.

^ Premieére partie : autour de Bernard

} f. 1v Prologue en 19 distiques eè leègiaques preè sent dans toutes les reè dac-
39
tions de la summa (OD prol. I) , puis : Incipiunt capitula prosaici libri.

f. 2 Incipit liber artis omnigenum dictaminum.

de dictaminum igitur scientia grata rudibus documenta evidenter minis -

trare desiderantes...

f. 2v Quid sit dictamen et quot sint eius genera [premier chap. du prosaicus

liber]. Dictamen est congrua et apposita litteralis edictio. de qualibet re

vel mente retenta vel sermone aut litteris declarata. Dictaminum siqui -

dem duo sunt genera. Metricum et prosaicum. Metricum dictamen est.

litteralis editio. quod certis mensuris et legibus sillabarum vel dictionum

competenter distinguitur. ut in rithmis et carminibus evenire manifes -

tum est. Verum quoniam nostre intentionis est in hoc opere de prosaico

solum dictamine pertractare. quid ipsum sit et qualiter fieri debeat, bre -
40
viter prosequamur .

De prosaico dictamine quid sit et unde dicatur .II.

(...)

f. 37v ... nulla discretione providus. Nulla industria facetus (OD I).

(38) Description codicologique et histoire reè cente du ms., heureusement reè cu-

peèreè apreés sa disparition lors de la seconde guerre mondiale : A. Campana, Lettera di

quattro maestri dello û studio ý di Bologna all'imperatore Federico I nelle Epistolae del detta-

tore Guido, in Atti del Convegno internazionale di studi Accursiani, Bologna, 21 -26 ottobre

1963, cur. G. Rossi, Milan, 1968, t. I, p. 131 -145 (p. 134-136, en part. n. 9) ; il

semble que cette datation d'A. Campana soit correcte, selon Mirella Ferrari que je

remercie de m'avoir donneè son avis.

(39) Commentaire de ce prologue par M. Klaes, Die û Summa ý..., p. 212.

(40) Comme le montre l'ensemble des rubriques, que l'on ne saurait isoler les

unes des autres, ainsi que cette premieé re deèfinition, û in hoc opere ý deèsigne ici le

prosaicus liber dont les capitula ont eèteè donneès f. 1v-2, et non la summa elle-meême.
112 anne-marie turcan-verkerk

Les noms citeès dans les divers exemples de ce livre I permettent de


le dater entre le 12 mars 1144 et le 15 feèvrier 1145 : ce sont en effet
les dates du seul pape citeè, Lucius II, dont le nom appara|êt en
OD I, xiii, 3, qui fournissent les bornes chronologiques les plus rap -
procheèes. Sont citeès en outre Moses archeveêque de Ravenne (apreés le
13-02-1144 - À 26-10-1154), Lanfranc eèveêque de Parme (deèbut 1134 -
À vers 1162), peut-eêtre Bernard eèveêque d'Ancone (entre 1128 et
er
1158), Rambert, eèveêque de Faenza (attesteè le 1 mars 1138, et encore
le 25 avril 1168), Ameèdeèe archeveêque de Lyon (confirmeè le 17-02-
1144 - À 22-07-1147), Pellegrinus patriarche d'Aquileèe (vers 1130 -
8-08-1161), Albeèric, fils de Guido Manfredi, mort le 17 juin 1145.
L'intervalle pendant lequel se recoupent ces dates s'eè tend du 13 feèvrier
1144 au 17 juin 1145.

} f. 37v Incipit metrice scientie plena eruditio. a bernardo .M. diligenter edita.

Si quis perspicue metricam desiderat artem

Cautus et intentus. dogmata nostra legat. [f. 38]

... Neque supervacuum referam vel inutile quicquam.

Set quecumque legis omnia iuris erunt (OD II prol.)

Incipit liber artis metrice.

Insinuandum est vobis prius, o socii, quomodo in doctrina ista vel ordine

processuri sumus, ut cum universa vos consecutos esse noveritis, nichil

ad metrorum peritiam esse reliquum, indubitanter intelligatis (...)

De varietatibus litterarum et earum effectus.

Indubitanter itaque nosse oportet. quod litterarum alie sunt vocales,

alie consonantes. Vocales numero quinque : a. e. i. o. u (...)

f. 56v ... nisi non parvam metrorum copiam componamus (OD IIa).

41
Comme l'a indiqueè M. Klaes , cette premieére partie de la Metrice
scientie plena eruditio se retrouve, avec l'incipit û Litterarum ergo alie
sunt vocales alie consonantes... ý dans Admont, SB, 759 f. 1v-21v. Elle
est ineèdite.
Le traiteè que l'on conna|êt sous le titre De cognitione metri (que lui
donne le manuscrit d'Admont), ou, dans la publication de F. Zarncke,
, transmis par Admont, SB, 759 f. 21v-23v avec
42
De diversitate versuum

(41) M. Klaes, in Repertorium, p. 30-31.

(42) Ce titre est celui du ms. de base de F. Zarncke, Leipzig, UB, 106 f. 2v -3v,

qui transmet le texte de fac° on isoleèe : eèd. F. Zarncke, Zwei mittelalterliche Abhandlun -

gen..., Anhang II, p. 86 -92.


le liber artis omnigenum dictaminum de ma|être bernard, i 113

l'incipit û Versuum alii exametri alii pentametri nuncupantur... ý,


appara|êt ici comme une seconde partie de la Metrice scientie plena eruditio
(remarquons que la succession est la meême dans le manuscrit d'Ad-
mont, et que la seèparation actuelle des deux traiteès est un effet des
choix eèditoriaux de Zarncke). Il commence ici au f. 56v, sous une
rubrique semblable aé toutes les autres :

f. 56v De varietate carminum.

Ut igitur ad metrice perfectionem scientie. nichil in presenti dogmate

minus continens reperiatur. de carminum varietate quam potius libitu

quam auctorum ratione distincximus. in fine opusculi pertractemus.

Prima igitur. et generalis divisio hec est. versuum alii exametri. alii pen -

tametri nuncupantur...

f. 58v ... Sunt forte alie carminum maneries. set has ad rudium doctri -

nam ad presens sufficere arbitramur (OD IIb).

Cet eètat du texte porte une signature interne correspondant aé l'attri-


bution donneèe par la rubrique du f. 37v, dans un exemple de vers cau-
dati :

Grata camena veni cordis mei concipe verba.

Nam parili voto viridi residemus in herba.

Laudibus eximiis bernardi facta notemus.

Et studio celebri bona nos ad metra paremus (OD IIb, 11).

On trouve la meême signature interne dans Vaticano, BAV, Pal. lat. 1801
(= V) et dans Graz, UB, 1515 (= G), teèmoins de la reèdaction A de
Bernard ; en revanche, le manuscrit d'Admont (= Am) porte aé cet
endroit Didmari.

} f. 59 Grata rithmorum documenta noviter ab odore bono


43
ad animorum iocundita -

tem edita Incipiunt.

Phylosophia suos inter nutrivit alumpnos.

Pitagoram cuius vita beata fuit...

... Sic brevitas ratio facilisque peritia per se.

Qui libet ut valeat dogmata ferre sibi.

Singula mente nota que dogmata mira sequantur (OD III, prol.).

(43) Sur ce jeu, cf. infra.


114 anne-marie turcan-verkerk

[f. 59v] DE TERTIO dictaminum genere rithmico videlicet grata sociis

documenta ministrare peroptans. omnem difficultatis et obscuritatis

eiusdem scientie nodum. paucis enodare curavi. Unde primum viden -

dum est quid sit rithmus. secundo unde dicatur. tertio. quibus modis

constituatur.

Quid sit rithmus.

Rithmus igitur est congrua vel consona dictionum ordinatio...

f. 64 ... Set in his rudium doctrinam. tam ex veterum auctoritatibus.

quam ex modernis documentis excerpsimus (OD III).

Ce texte, qui appara|êt dans Admont, SB, 759 f. 188v-193 sous le titre
Regule de rithmis, correspond en tout point aé Mari IV. L'incipit û De
tertio dictaminum genere... ý manifeste la coheè rence de l'ensemble,
bien destineè aé traiter des trois types de dictamina. On trouve dans ce
texte, comme dans le preèceèdent, l'emploi du mot maneries, propre aé
44
Bernard .

} f. 64 Exornationum rethoricorum (rithmorum a. corr.) exceptio Secundum enim

modum et numerum quo dictaminibus prosaicis adhibende sunt.

De repetitione. Repetitio est. cum ab una et eadem dictione incipientes.

duas ad minus vel ad plus...

f. 70 ... stimulat invidia. superbia deprimit ? Expliciunt colores rethorici pro -

saice compositi (OD [IVa]).

On trouve cette meême exceptio dans la reèdaction B aé la fin du traiteè


sur la prose, avec une attribution aé Bernard : Exornacionum rethoricorum
excepcio secundum modum et numerum quo in dictaminibus prosaicis adhibende
sunt, a bernardino composita (Poitiers, BM, 213 f. 16v-19). Bernard suit
l'ordre du livre IV de l'Ad Herennium (aé quelques deètails preés), mais
s'attache aé formuler ses deèfinitions autrement que l'Auctor, souvent en
suivant de preés le De ornamentis verborum de Marbode, illustrant chaque
couleur par des exemples ad laudem ou ad vituperationem, avec interroga-
tion ou sans. Dans le manuscrit de Savignano, cette exceptio se double
de Colores rethorici metrice compositi attribueès aé Bernard, et qui sont en
fait une reprise d'exemples versifieès de Marbode de Rennes, deèjaé utiliseè
par Bernard pour le traitement des couleurs de la prose.

(44) Sur ce terme, A.-M. Turcan - V., La Ratio in dictamina..., p. 953, ainsi

que la seconde livraison de cet article, aé para|être dans le t. 6, 2011.


le liber artis omnigenum dictaminum de ma|être bernard, i 115

} f. 70 Incipiunt colores rethorici metrice compositi. ab eo qui bonus odor interpretatur.

Repetitio. Tu mihi lex mihi rex...

f. 72v Expliciunt colores rethorici metrice compositi (OD [IVb]).

On ne saurait, comme le faisait E. Faral, douter de la sinceè riteè de cette


45
attribution des deux exceptiones aé Bernard : ce que Bernard s'attribue
ou ce qu'on lui attribue, c'est la paterniteè du travail d'exceptio, la mise
en forme, et, dans la premieére partie, la composition des exemples. En
fait, il a travailleè aé dissocier ce que Marbode de Rennes s'eètait attacheè
aé combiner : les deèfinitions en prose et les exemples en vers, qu'il ne
reprend d'ailleurs pas tous. Le De ornamentis verborum se trouve ainsi
reèadapteè aux deux premiers volets de l'ars dictaminis globale transmise
par Savignano 45, le livre sur la prose et le livre sur la poeè sie meètrique.
Dans le manuscrit de Savignano, c'est apreés ces deèveloppements sur
l'eècriture orneèe en prose et en vers que l'on trouve certains eè leèments
faisant partie, dans les autres reèdactions, du traiteè sur la prose :
meèthode des invectivae, preèsentation des divers types d'expositiones, theèo-
rie de la doctrina ou
é Bernard expose sa meèthode peèdagogique. Il n'est
peut-eêtre pas indiffeèrent que, dans ce recueil qui marque un net pro-
greés dans l'enseignement des trois formes du dictamen, ce paragraphe
arrive en conclusion, comme un point d'orgue ^ aé moins, comme nous
le verrons, qu'il ne s'agisse d'un deèsordre en partie accidentel remon-
tant aé l'antigraphe.
Vient ensuite le long poeéme de Tebald de Plaisance sur les longues
et les breéves (cf. J. Leonhardt, Dimensio syllabarum..., A 3.4, texte
e
dateè du xi sieécle, en grande partie ineèdit) :

} f. 74 [I]n cipit a magno per carmina tebaldo.

Regula de longis de brevibusque protis.

[f. 74v] Ante per exemplum soliti cognoscere verbum...

f. 83 ... Ista placentini tebaldi sunt metra divi.

Hinc qui vis plene quo prestent scire camene.

Vita salus perpes sibi sit rogitato superstes

Poursuivant toujours son projet d'alliance des dictamina en prose et


en vers, deèjaé sensible dans la theèorie originale des salutationes en hexa-
meétres leèonins preèsente dans les trois reèdactions du traiteè sur la prose

(45) E. Faral, Le manuscrit 511..., p. 84-85 : û l'attribution de la pieéce... aé un

auteur nommeè Bernard est fausse. Celui qui a reè digeè l'incipit s'est trompeè ou a

trompeè. Car le veèritable auteur est Marbode, dont nous retrouvons ici le De ornamen-

tis verborum. ý
116 anne-marie turcan-verkerk

46
de ma|être Bernard , l'auteur de la collection fait suivre ce traiteè , qui
preèsente en vers ce que preèsente en prose le Liber artis metrice de la
summa, d'une seèrie anonyme de 128 proverbes en hexameétres leèonins
(Walther, Initia, n³ 17893, avec un renvoi aé l'article d'E. Faral) :

} f. 83v Per metra conficta sunt hic proverbia dicta.

Si quibus ipse velis proverbia reddere metris.

Hec ut sint presto studeas meminisse legendo.

Rite decet regem cum factis discere legem.

...

f. 86 ... Qualis es in panno tali dignabere scanno.

Explicit inventum qui (sic) fert proverbia centum.

Quod gerit in visu. fit certe spalangius 5 gl. id est buffo 4 usu

(OD [V]).

La formule d'explicit reprend le vers introductif des Proverbia en hexa-


47
meétres leèonins de Wipo : Incipit inventum quod fert proverbia centum . Le
deèbut de la collection est en fait une reècriture des proverbia rimeès de
Wipo, le lien entre les deux collections semblant se dissoudre au fur et
48
aé mesure . Rien ne permet d'attribuer ce texte aé Bernard.
Suivent au meême feuillet les Versi [sic] de nummo inc. û In terra
e
summus rex est hoc tempore nummus... ý (CB 11, deèbut xii s. ?), et
f. 87 Quid distat inter mereo et mero inc. û Mereat et mestus meritum
mereatque modestus... ý ; expl. (f. 87v) û ... Qui terit est pilus pilus est
in fronte capillus ý (non identifieè).
On retrouve ensuite une Ýuvre attribueèe aé Bernard :

} f. 87v Incipiunt multiplices epistole que diversis et variis negotiis utiliter possunt

accomodari a bernardino composite. et primum epistula filii ad patrem.

Bernardo patri karissimo...

f. 103 ... et de dampnis vestris recompensationem pariter habere poteri -

mus (OD [VIa]).

(46) Dans notre eè dition, OD I, xiiii, 6 - 7.

(47) Ëd. H. Bresslau, Die Werke Wipos, Hanovre-Leipzig, 1915 (MGH, Script.

Rer. Germ. In usum schol., 61), p. 66 -74.

(48) S 1-3 cf. Wipo 1-3 ; S 4 cf. Wipo 5 ; S 5 -8 cf. Wipo 8 -11 ; S 9 cf. Wipo 13 ;

S 10-12 cf. Wipo 16 -18 ; S 13 cf. Wipo 20-21 ; S 14 cf. Wipo 21 ; S 16 cf. Wipo 25 ;

S 17-18 cf. Wipo 29 -30 ; S 19-21 cf. Wipo 36 -38 ; S 22 cf. Wipo 40 ; S 23 cf. Wipo

42 ; S 30 cf. Wipo 47 ; S 32 cf. Wipo 22.


le liber artis omnigenum dictaminum de ma|être bernard, i 117
49
Ce recueil a eèteè eèditeè par V. Pini en 1969 . Les lettres concernant
plus particulieérement ma|êtres et eèleéves, ou l'enseignement du dictamen,
sont adresseèes par ma|être Bernard aé son plus cher disciple, Guido. Ce
recueil ne contient aucun veèritable indice de datation.
Ces modeéles de lettres compleétes sont suivis d'une collection d'exordia
qui, avec des diffeèrences, est incluse par les autres reèdactions dans le
texte theèorique de la summa sur la prose ; ici, elle fait partie, en quelque
sorte, de la bo|ête aé outils qui accompagne les trois livres theèoriques :

} f. 103 De vario multiplici et diverso absoluti exordii principio.

Cum exordimur absolute, incipere debemus ab aliqua auctoritate, que

ad materiam pertineat, vel ab aliquo proverbio, vel ab aliqua firma sen -

tentia...

f. 112v ... profecto non incongruum est. Ut ab aliorum iustis precatibus

animum non avertat (OD [VIb]).

La collection se compose d'une seèrie d'exordia absoluta (aé partir du


f. 103), suivis aé partir du f. 104v de Mire suavitatis exordia. noviter quanti-
tative et similitudinarie inventa, classeès selon les types de correspondants
(exordia commenc°ant par Quanta, quanto, quantum etc., qualis.e, ut, sicut).
A partir du f. 107v apparaissent de temps aé autre des exordia meètri-
ques, sans indication particulieére mais preèsenteès aé raison d'un vers par
ligne. On trouve des exordia meètriques dans toutes les reèdactions de la
summa sur le dictamen en prose, mais ils sont souvent copieès en continu
avec (dans le meilleur des cas) un point aé la fin de chaque vers : c'est
en particulier le cas des teèmoins de la reèdaction A. Les vers sont par-
fois mis en eèvidence par la rubrique ou la preèsentation dans la reèdac-
tion B et dans les Introductiones prosaici dictaminis, issues de l'eècole de Ber-
nard entre 1145 et 1152. Mais seul le recueil de Savignano,
particulieérement orienteè vers la poeèsie, met les vers en valeur de fac°on
aussi systeèmatique. Le dernier des exemples, f. 112v : û Qui suis preci -
bus effectum dari desiderat. profecto non incongruum est. ut ab alio -
rum iustis precatibus animum non avertat ý, est immeè diatement suivi
d'une ceèleébre satire contre les moines simoniaques, et de trois poeé mes
rythmiques de caracteére nettement anti-monastique :

} f. 112v Ordo monasticus ecclesiasticus esse solebat... (Walther, Initia,

n³ 13457, eèd. MGH Libelli de lite, 3, p. 700 -701).

(49) V. Pini, Bernardus Bononiensis. Multiplices epistole que diversis et variis negotiis

utiliter possunt accomodari, Bologne, 1969 (Biblioteca di Quadrivium, 7).


118 anne-marie turcan-verkerk

} f. 113 Quibus ludus est animo. et iocularis cantio. hoc advertant ridiculum. est

verum non ficticium... (Walther, Initia, n³ 15755, transmis par le Chan -


e
sonnier de Cambridge, du xi sieé cle).

} f. 113v Deus pater adiuva. quia mors est proxima. festina sucurrere. iam me vult

invadere... (CB 127 ; ce poeé me n'est connu que par le manuscrit des Car-

mina Burana et par Savignano 45, plus ancien, qui en donne une version

plus compleé te et de meilleure qualiteè ; il fournit des eè leèments de localisa-

tion str. 13 : illum Parme clericum / Guidonem pulcerrimum. Comm. et eè d.

F. J. Worstbrock, Zu den lateinischen Gedichten der Savignaner Handschrift

45, dans Archiv fu« r Kulturgeschichte, 50, 1968, p. 289-293 [p. 289-290]).

} f. 114v Plange planctu nimio. gallicana regio. planctu lacrimabili... (planctus

sur la condamnation d'Abeè lard au concile de Sens de 1140, version

breéve, copie perturbeè e, connue par ce seul manuscrit : eè d. F. J. Worst -

brock, Zu den lateinischen Gedichten..., p. 292-293. F. J. Worstbrock a

ensuite deècouvert une version compleé te de ce poeé me dans Admont, SB,


2
701 [xii , origine inconnue] f. 95 ; il propose d'attribuer aé l'auteur de

l'Apologeticus, Beèrenger de Poitiers, cette plainte d'un disciple admiratif,

attaque triste et violente contre la turba pseudomonastica : F. J. Worst -

brock, Ein Planctus auf Petrus Abaelard, dans Mittellateinisches Jahrbuch,

16, 1981, p. 166-173).

A la fin du feuillet 114v, la rubrique Sociis et amicis. Inter eosdem.


semble appartenir encore aé la seèrie des exordia, signe peut-eêtre d'un
bouleversement dans l'antigraphe. Il manque ici sans doute au moins
un cahier.

^ Seconde partie : autour de Guido

Au f. 115 commence un nouveau cahier et un autre ensemble tex -


tuel. Le personnage principal en est un certain Guido, dont certaines
lettres de style obscur et enfleè sont offertes manifestement aé la critique
(Bernard faisait de meême en OD I, xxviii, 4).

} f. 115 Mire commoditatis epistule a pluribus sapientibus edite incipiunt. que

secundum dictatoris industriam. multis negotiis accomodantur.

Olim suo dilecto nepoti. Nunc autem speciali domino...

f. 132 ... epistula nostris in cordibus estis.

Cette seèrie de 32 lettres ne comporte aucune pieéce meètrique, et n'est


pas attribueèe aé Bernard, anonymat qui prend toute sa signification
dans le contexte du manuscrit. Outre les lettres entre amis, on
remarque dans cet ensemble un groupe de lettres faisant allusion aé
l'actualiteè, en particulier une seèrie de lettres de consolation eècrites aé la
suite de la mort, le 26 deècembre 1157, du comte Guido Guerra II. Plu-
le liber artis omnigenum dictaminum de ma|être bernard, i 119

sieurs missives sont attribueèes aé Adrien IV ou aé des membres de son


entourage, comme le chancelier Rolando Bandinelli. Ce recueil a sans
doute eèteè constitueè entre la date du deèceés de Guido Guerra et la fin de
l'anneèe 1158 : en effet, le Cardinal-preêtre de Saint-Cleèment Bernard
n'est pas encore deèsigneè comme eèveêque de Porto (nomination aé la fin
de 1158). La lettre d'Adrien IV aé un eèveêque de Florence qui n'est pas
nommeè eètait sans doute adresseèe aé Ambrosius, mort le 20 mai 1158,
car elle preècise que Guido Guerra est mort reècemment (û domum
nobilis memorie Guidonis comitis qui viam universe carnis nuper est
ingressus ý) : si c'est bien d'Ambrosius qu'il s'agit, le recueil est donc
datable entre le 26 deècembre 1157 et le 20 mai de l'anneèe suivante.
La mise en recueil pourrait eêtre l'Ýuvre du disciple de Bernard Guido :
on reconna|êt dans l'intituleè une fac°on de preèsenter le texte analogue aé
celle qu'utilise Guido, dans Verona, B. Cap., CCLXII [234] f. 52
(= Ve), pour introduire aé la suite de ses Modi dictaminum une collection
d'exordia deèriveèe de celle de Bernard : Incipiunt exordia que omnibus fere
causis accomodantur a bernardino composita.

} f. 132 Socii vel amici ad amicum. Egregio socio G. omni probitate ful -

genti. M. societatis et dilectionis vinculum...

f. 133v ... Quedam etenim laus est postposita recte concludere.

Il s'agit de remaniements des lettres 1 et 2 du recueil d'Adalbert de


, avec au f. 133-133v le ½ 4 sur l'art de reèpondre aé une lettre,
50
Samarie
et d'eècrire par cola, commata, periodoi (eèd. Schmale p. 45-46, aé l'excep-
tion de la dernieére phrase).
Cet ensemble est suivi, f. 133v, d'un poeé me mneèmotechnique trai-
tant pour l'essentiel des preèpositions :

} f. 133v Cum pepigi pegi panxi quod pango peregi

Significent primum pactum. cantum notat unum.

Ceu vulgo dictum. medium pictum velut ictum.

Ponitur ad sepe pro iuxta et propter et usque...

f. 134 Cum breve musa canit. phi. sicut fertur inanit.

Suit un second recueil de lettres, attribueè nommeèment aé Guido :

} Incipiunt epistule secundum rectum et naturalem ordinem a Guidone non inutiliter


composite.

(50) M. Klaes, in Repertorium, p. 5.


120 anne-marie turcan-verkerk

Bernardo patri karissimo. Et domino maxime metuendo. G. litterarum

studiis deditus. devotissime fidelitatis constantiam...

f. 153v ... domino adiuvante mereamur tenere.

Cette seèrie de 60 modeéles ne comporte pas non plus de pieéces meètri-


ques. Le recueil est sans doute posteèrieur au preèceèdent. Parmi les noms
citeès identifiables, certains permettent de dater les modeéles aé partir de
1155, et autour de 1159 :

^ Guido Rainerii de Saxo podestat de Bologne (1151 -1155) est citeè dans
51
une formule de querimonia (n³ 46 f. 148v) ; dans les Epist. 17 et 18

(f. 139-139v), il est citeè en meême temps que Freèdeèric Dei gratia Romano -

rum imperator semperque augustus ; Freèdeèric ayant eèteè couronneè empereur le

18 juin 1155, voilaé qui restreint la fourchette chronologique.

^ L'Epist. 21 (f. 140v) cite un pape A., Freè deèric empereur des Romains,
et G. eèveê que de Bologne. Gerardus a eè teè eèveêque de Bologne entre 1145

et 1165. Le pape A. peut aussi bien eê tre Adrien IV, mort en septembre

1159, qu'Alexandre III (septembre 1159 ^ aou


ê t 1181).

^ L'Epist. 37 (f. 145v) cite Malvicino, comte de Bagnacavallo, fideé le de


Freèdeèric Barberousse ; elle fait allusion au sieé ge de Milan : s'agit -il du
er
premier, aé l'issue duquel Milan s'est rendue (le 1 septembre 1158), ou

du second, aé l'issue duquel elle fut deètruite (mars 1162) ?

^ Dans l'Epist. 56 (f. 151v), il est question de la destruction du castrum


de û Trisca ý par les Milanais, qui pousse Freè deèric aé assieèger Milan. Il

doit s'agir de l'invasion et de la destruction du castello de Trezzo par les

Milanais apreé s la deuxieéme deèclaration de guerre par Freè deè ric, en 1159,

encore sous Adrien IV : Freè deèric ne commence aé deètruire les environs de

Milan que le 31 mai 1161, met le sieé ge devant Milan en aouê t 1161 ; apreés

la reddition des Milanais, il permet le saccage de Milan en 1162.

Ce recueil a donc sans doute eèteè constitueè un ou deux ans apreés le preè-
ceèdent. On y reconna|êt plusieurs exordes nettement dans la manieére
de Bernard, ainsi qu'un exorde (Epist. 30, f. 143) dont on ne retrouve
une variante que dans la collection associeè e aux Introductiones prosaici
dictaminis dans Mantova, B. Com., 32 (= Ma), n³ 119) ^ ce qui tendrait
aé prouver l'intervention de Guido dans ce texte. Le recueil se termine
f. 153v par un petit chapitre intituleè Que sunt [sic] vitia dictaminis. Vitia

(51) Extraits de cette collection chez A. Campana , Lettera di quattro maestri...,


qui identifie ce podestat p. 138 ; eè d. d'extraits des Epist. 23-24 (f. 141v), des Epist.

27-28 (142v-143), et texte complet de l'Epist. 35 (f. 144v -145). Celle-ci mentionne

un ma|être Gandulphus, sans doute Gandolfo di Bologna, glossateur du Deè cret, dont

l'activiteè a commenceè peu apreé s 1160.


le liber artis omnigenum dictaminum de ma|être bernard, i 121

vero que in hac arte maxime sunt vitanda hec sunt. Ut si aliqua dictio
desinit in vocali..., qui se trouve dans les Introductiones prosaici dicta-
52
minis .
Suivent quatre vers :

} f. 154 Omnibus exutis tua nobis iussa secutis.


53
Que dabitur merces. dictuque cuncta cohortes .

Ante meum vultum. cum nil remanebit inultum.


54 55
Iudicium meum . pariter tractabitis equum .

Vient ensuite, sans interruption, un assez long traiteè sur la longueur


des peènultieémes, qui n'est pas repeèrable dans l'index de J. Leon-
hardt, Dimensio syllabarum... Il s'agit d'une seèrie de reégles sur la peènul-
tieéme de noms classeès selon leur dernieére syllabe, puis selon la flexion,
enfin de reégles sur la peènultieéme de formes verbales classeèes selon leur
deèsinence ; venaient ensuite les adverbes :

} De penultimarum accentibus cognoscendis.


De penultimis nominum transcendentium dissillabitatem, scilicet de eis

que non cognoscuntur. positione vel aliqua huiusmodi patenti ratione.

In propriis nominibus indifferens...

f. 157v ... De adverbiorum penultimis.

Ce texte est encore aé eètudier aé la lumieére des attributions nouvelles


proposeèes ici : on note au f. 156 û Penultima finitivorum in -nus :
Bernardinus ý. On croit lire une reèclame aé la fin du f. 154v, aé laquelle
rien ne correspond. Si cette lacune n'est pas certaine, il est en revanche
certain qu'il y a une lacune textuelle apreés ce dernier sous-titre, car le
texte qui suit au f. 158 ne concerne pas la peè nultieéme des adverbes,
mais l'emploi et le sens de l'ablatif absolu, l'emploi des cas, celui des

(52) M. Klaes, in Repertorium, p. 36 et p. 42 : De vitiis dictaminibus cavendis dans

Mantova, B. Com., 32, f. 88v ; Le ms. S numeè rote les vitia aé l'encre rouge.

(53) Pour û dic tu qui cuncta coerces ý.

(54) Le -e- de meum est compteè comme une syllabe longue.


(55) Sic. Cf. Walther, Initia, n³ 13301 : û Omnibus exutis nos et tua iussa secu -

tis ý, dialogue entre Pierre et le Christ (PL 171 col. 1284). On trouve ces vers, par

ex., dans un ceè leébre recueil d'artes dictandi, Mu« nchen, BSB, lat. 19411 f. 56, et dans de

fameux florileé ges (florileé ge de Saint-Gatien ; Zu«rich, Zentralbibl., C. 58 [xii] f. 74v).

Variante eè d. par B. Haureè au, Les meèlanges poeètiques d'Hildebert de Lavardin, in Notices

et extraits..., t. 28/2, 1878, p. 289 -448 (p. 398), d'apreés Paris, BNF, lat. 3761 f. 72 et

Baluze 120 f. 372 : Interrogatio. Omnibus exutos nos et tua iussa secutos / Quae

maneat merces ? Dic, rex, qui cuncta coerces. Responsio. Ante meum vultum cum nil

remanebit inultum, / Iudicium mecum tractabitur omnibus aequum.


122 anne-marie turcan-verkerk

formes verbales ; le cahier formeè des f. 155-160 eètant un ternion,


contrairement aé ce que l'on observe dans l'ensemble du manuscrit, il
manque probablement un bifeuillet (au moins) au centre du cahier,
preèciseèment entre les f. 157 et 158 actuels. Le tout est suivi, sans transi -
tion, par un fragment de glossaire de Facescant aé hortilor. ortularis
(f. 160v).

2. Valeur de l'attribution de ces textes aé Bernard

Les attributions donneèes par S, donneèes externes qui, sans la seèdi-


56
mentation bibliographique, n'auraient pas eè teè suspecteèes , permettent
de reconstituer un ensemble textuel en six parties, dont les trois pre -
mieéres sont preèsenteèes par le manuscrit comme trois livres :

[Metri]cum proemium

Liber artis omnigenum dictaminum


I ^ [Prosaicus liber]
II ^ Metrice scientie plena eruditio
[IIa ] ^ Liber artis metrice
[IIb] ^ De varietate carminum
III ^ Rithmorum documenta
[IV] ^ Exornationum rethoricorum exceptio
[IVa] ^ Colores rethorici prosaice compositi
[IVb] ^ Colores rethorici metrice compositi
[V] ^ Proverbia 57

[VIa] ^ Multiplices epistole


[VIb] ^ [Exordia ]

Criteéres internes et externes ne laissent gueé re de doute sur l'uniteè de


l'ensemble, mais celle-ci ayant eèteè contesteèe ou ignoreèe, il est utile
d'apporter quelques preècisions.

^ Odor bonus

E. Faral, en 1936, apreés avoir souligneè l'uniteè de la premieére partie


de ce recueil, jetait le doute sur l'attribution de plusieurs de ces textes
aé Bernard. S'il admettait l'eèquivalence Bernardus / Bernardinus, dont

(56) La pseudeè pigraphie est encourageèe par la ceèleèbriteè, or Bernard est presque

un inconnu.

(57) Inclus ici dans le recueil, mais d'attribution plus que douteuse.
le liber artis omnigenum dictaminum de ma|être bernard, i 123

(cf. seconde livrai-


58
M. Klaes a montreè depuis qu'elle eètait freèquente
son), il eètait geêneè par le jeu eètymologique Bernardus / Bonus odor, et plus
encore par l'attribution aé cet auteur de compilations empruntant mas-
59
sivement au De ornamentis verborum de Marbode . J'ai deèjaé indiqueè que
Bernard s'attribuait l'exceptio, et non pas les exemples eux-meêmes, dont
il faisait d'ailleurs un usage personnel, adapteè aé son projet global. Ne
reste que le Bonus odor. Les dictatores enseignaient l'art de jouer sur le
nom du destinataire pour bien commencer une lettre. Or, dans l'un
des exemples de ce type de salutatio, au cÝur donc du traiteè sur la prose
(OD I, xv, 16), et ce dans les trois reèdactions, Bernard utilise deèjaé ce
jeu sur son nom : û Item Bernardo. Odorem bonum et recreandis menti-
bus divinitus institutum, B., Gr. secundis ubique successibus florere, et
60
summe probitatis fama redolere . ý La preèsence de ce jeu dans les
rubriques du traiteè de rythmique et de l'exceptio sur les couleurs de rheè-
torique doit donc plutoêt eêtre consideèreèe comme un gage d'authenti-
citeè.
A ces signatures explicites, qui suffisent largement pour l'attribution,
s'ajoutent des signatures internes. Le premier des exemples forgeè s pour
OD IIb, au ½ 4, se preèsente ainsi :

Musa decens berna, fulgent iam tempora verna.

Sol petit alta poli : tu pete grata soli.

Cernitur hac Dicta mea quo letetur amica.

Totus mente fluo, captus amore tuo.

La forme û berna ý pour û verna ý, unanimement attesteè e par les


61
7 teèmoins , est un jeu transparent. Au v. 3, Admont, SB, 759 est seul aé
nous avoir conserveè la lec°on correcte Dicta (dica suivi de mea, donneè
par les autres teèmoins par assimilation avec la rime amica, est ameè-
trique), le mont Dicteé en Creéte (û On voit en ce mont Dicteé de quoi
reèjouir ma mie ý), helleènisme qui cadre bien avec l'invocation homeè-
rique aé la Muse ; le nom de ce mont de Creéte n'a certainement pas eèteè
choisi par hasard par le dictator, qui l'a preèfeèreè aé des lieux associeès nor-
malement aux Muses, comme l'Heèlicon : ce sera le mont du dictamen.

(58) M. Klaes, Die û Summa ý..., p. 211.

(59) E. Faral, Le manuscrit 511..., p. 85-87. La meèfiance de Faral vient de ce

qu'il recherche, dans l'Ýuvre de Bernard de Bologne, des traces de l'enseignement

attribueè par Gervais de Melkley aé Bernard Silvestre.

(60) Avec quelques variantes : V f. 15v ; G f. 63 ; P f. 6 -6v ; S f. 18v.

(61) M (clm 14784), Mu (clm 17209), L (Leipzig, UB, 106), S (Savignano 45),

G (Graz, UB, 1515), V (Pal. lat. 1801), Am (Admont, SB, 759).


124 anne-marie turcan-verkerk

Meême jeu au ½ 10, v. 2 : û Cum volucres bernant, flores et undique


vernant ý : laé encore, l'accord des teèmoins est total (le clm 17209 omet
le vers). Bernard, qui aimait aé jouer sur les noms, a deèlibeèreèment joueè
ici sur son preènom : le poeéte par excellence ^ lui, Bernard ^ est esclave
de la Muse, et les oiseaux chanteurs feêtent le printemps comme le poeé-
62
te . On retrouve cette signature interne dans le traiteè de versification
rythmique en OD III, ii, 7 : û que pre cunctis dulce bernas aretusa. ý
Signatures internes comme signatures externes dispensent de revenir
sur les faits lexicaux et les traits de style, tout aé fait eèvidents aé la lec-
ture, en particulier l'usage systeèmatique et proprement bernardin du
terme maneria / maneries, aussi bien dans le traiteè sur la prose que dans
les deux manuels de versification.

^ Les trois prologues

A l'exception de l'auteur anonyme des Precepta prosaici dictaminis


secundum Tullium, qui deèdie son traiteè au clerc Henricus en six distiques
eèleègiaques, Bernard est le premier dictator aé faire preèceèder son traiteè
d'une introduction en vers ; aé l'exception encore de l'auteur de ces Pre-
cepta, qui n'est peut-eêtre autre que lui-meême comme j'ai tenteè de le
montrer ailleurs, il est aussi le premier aé reèinteègrer massivement dans
l'ars dictaminis le traitement des couleurs de rheètorique, reèinteègration
qui est apparemment le fruit de sa lecture de Marbode, largement
exploiteè pour cela. Les deux pheènomeénes sont inseèparables : poeèsie et
rheètorique ne vivent pas l'une sans l'autre. Je ne connais que deux
autres theèoriciens du dictamen qui aient ainsi composeè des introductions
en vers : magister Gaufridus ^ dont on peut se demander s'il n'a pas
emprunteè cette ideèe aé Bernard lors de son seèjour aé Bologne (1188-
1190) ^ et Jean de Garlande. Voudrait-on postuler une dispariteè d'au-
teurs, l'existence de ces trois prologues serait donc deè jaé assez trou-
blante. Proches par la forme, ils le sont aussi par le vocabulaire et la
theèmatique. On retrouve dans les trois prologues le mot -cleè de Ber-
nard, dogmata (OD prol. I v. 6, II v. 2, III v. 16, 18 et hexameétre
introductif ; cf. lettre d'un ma|être aé son eèleéve, B. aé G., en OD
I, xv, 19 ; OD IIb, 1 û in presenti dogmate ý), souvent associeè aé l'ideèe
de moderniteè, omnipreèsente dans l'Ýuvre de Bernard, tant dans le dis-
cours que dans les exemples (OD prol. I v. 7 et 35, III v. 5 en eècho au
v. I, 35) ; cette ideèe de moderniteè s'eèpanouit dans les traiteès de versifi-
cation, qui neècessairement exposent des doctrines se seèparant de la tra-
dition antique, mais aussi de la reècente û invention ý de l'ars dictaminis.

(62) Je reviens plus avant sur le v. 3 citeè comme exemple au ½ 11 d'OD IIb :

û Laudibus eximiis Bernardi facta notemus ý, car le preè nom a eèteè modifieè dans

d'autres teèmoins en fonction du contexte.


le liber artis omnigenum dictaminum de ma|être bernard, i 125

Concis (OD prol. I v. 2 aé 8, II v. 7, III v. 17), l'enseignement de Ber-


nard joindra l'utile aé l'agreèable ^ selon le principe de la recreatio exposeè
dans le livre sur la prose (OD I, xxxiv, 4 ; prol. I v. 7, 17, 27-29, 36,
II v. 7, III v. 6), et aé la suêreteè de l'information (OD prol. I v. 21-24,
II v. 5, III v. 6 et 16), dans un acte de transmission permettant aux
moins experts de se former seuls (OD prol. II v. 4 û sub nostra tradi-
tione ý : cf. OD IIa, xii, 14, et VIa, epist. V, 3b ; prol. I v. 17 û grata
satis rudibus documenta ministrans ý, III v. 15 -18 ; cf. introduction
du livre I). Il me para|êt superflu de relever tous les traits communs aé
ces prologues, qui, parfois peu rechercheès et reèpeètitifs, offrent des
parenteès sensibles aé la simple lecture.
Le premier d'entre eux n'est pas, comme on l'a cru, le prologue du
seul livre I, mais appara|êt bien comme le prologue de l'ensemble des
trois livres, auquel reèpondent et correspondent partiellement les prolo-
gues des livres II et III, et plus particulieérement de ce dernier. Le pro-
logue geèneèral (prol. I) fait en effet allusion aé la reèunion, dans une
meême Ýuvre, d'eèleèments dissemblables. Il ne me semble pas que l'on
se soit jamais interrogeè sur le sens des deux premiers vers, pourtant
strateègiques : û Consimilem res omnis amat, nec competit umquam, /
Si quis dissimiles res simul esse velit.ý (OD prol. I v. 1-2). Pourtant,
Bernard deèfend bien la cohabitation d'eèleèments dissemblables, met-
tant bientoêt son Ýuvre, indirectement, sous un triple patronage (prol.
I v. 11-16) : celui du poeéte lyrique, l'Horace des Odes, qui vient en pre-
mier, celui de l'orateur eèpistolier, teèmoin de son temps comme le souli-
gne Cornelius Nepos dans la vie d'Atticus, le Ciceè ron des lettres aé Atti-
cus, enfin celui du grammairien universel, le Priscien des Institutiones.
Mais il les deèpasse, puisque son Ýuvre se recommande d'elle-meême,
inspireèe qu'elle est par l'Esprit saint (v. 34). Pourquoi eè voquer Horace
si le prologue n'introduit qu'aé un traiteè d'ars dictaminis au sens eètroit ?
En fait, ces trois auteurs antiques sont laé pour annoncer le traiteè de
prose eèpistolaire (Ciceèron), la preèsence constante quoique disperseèe au
long de ce livre I des eèleèments poeètiques, et le livre II, dans sa double
composition : premieére partie reprenant des Institutiones de Priscien les
connaissances de prosodie neècessaires aé la pratique moderne (meèdieè-
vale) de la poeèsie quantitative, seconde partie traitant de poeè sie hexa-
meètrique, et se voulant peut-eêtre un nouvel art poeètique pour les rudes
(Horace). Bernard est conscient, par cette association de ce qui, d'ha -
bitude, est dissocieè, de choquer certains de ses contemporains, mais
aussi de faire Ýuvre utile, commode, et agreèable : d'oué l'envoi contra
invidos (v. 25-34). En un premier temps, le prologue geèneèral n'est sans
doute pas alleè plus loin, bien que nous n'ayons dans aucun manuscrit
le teèmoignage de ce stade de la composition. Il comporte en effet une
126 anne-marie turcan-verkerk

signature interne de l'Ýuvre aé l'avant-dernier vers, et eèvoque in fine


63
l'Esprit saint : c'est une vraie fin .
Cependant, tous les teèmoins transmettent un prologue augmenteè de
quatre vers (v. 35-39), que la plupart des manuscrits ^ mais pas celui
de Savignano, qui deèsormais ne consideére plus cela comme une nou-
veauteè ^ intitulent commendatio additionis, indication on ne peut plus
claire sur la composition progressive de l'Ýuvre et du prologue geè neèral
lui-meême . Ces quatre vers suppleèmentaires accompagnant une addi-
64

tion font l'eèloge de la novitas, pourvu qu'elle soit utile : d'une nouveauteè
radicale donc, comme l'indique le terme antique. De quoi s'agit -il ?
Sans doute, de la nouveauteè que constitue au milieu du xiie sieécle cette
nouvelle ars dictaminis alliant traiteè de la prose et traiteè de versification
meètrique, mais pas seulement. C'est dans le prologue du livre III que
l'on retrouve la mention des moderni (OD prol. III v. 5). L'auteur y
insiste sur la tripartition des genera dictandi, le triplex dictamen (v. 7), sou-
lignant la supeèrioriteè musicale du troisieéme type, le rithmus, sur les
potentialiteès deèjaé eèleveèes du versus (poeèsie meètrique) et de la prose
(v. 9 sqq), en particulier quand ils sont meêleès l'un aé l'autre (cum). Le
vers rythmique appara|êt presque, dans cet eèloge, comme une alliance
parfaite du versus et de la prosa, analogue aé celle des mateèriaux preè-
cieux d'un bijou, ici mateèriaux sonores (v. 11 sqq). Mais il n'existe pas
d'enseignement sur la poeèsie rythmique, et le deèbutant risque de se
perdre dans les chemins de traverse : û ut non ergo rudis lector per
devia currat / Amodo de rithmis dogmata vera dabo ý (v. 15 -16). Il
faut donc, toujours sous forme breéve, eèdicter des reégles, une ratio, afin
de consacrer une compeètence (peritia), baêtir meême dans ce domaine un
enseignement speècifique, normatif, sur lequel le dictator insiste plus que
jamais (dogmata v. 16, 18, et hexameétre introductif). En rattachant la
poeèsie rythmique au domaine de la musique, l'auteur l'introduit au
sein de la philosophia (v. 1-4), c'est-aé-dire de l'enseignement de niveau
supeèrieur. La phrase introductive du traiteè de poeèsie rythmique (OD
III, i, 1) est ensuite baêtie sur le meême modeéle que celle qui ouvre le
traiteè sur la prose, avec le meême vocabulaire.
Tout le prologue du livre III insiste sur la notion de plaisir, en eè cho
au letari de la commendatio additionis du prologue geèneèral. La nouveauteè
radicale, agreèable et scandaleuse, que deèfend cette commendatio, c'est en
effet la poeèsie rythmique, et surtout le fait que la poeèsie rythmique

(63) û Bernhardus siquidem tantummodo verba notavit, /Cuncta velut docuit

Spiritus almus eum. ý

(64) [Commendatio additionis] û Quamvis letari soleant novitate moderni, / Nil

tamen est novitas utilitate carens, / Sed bene vivacis redolent compendia sensus, /

Cuius ad introitum cornea porta patet. ý


le liber artis omnigenum dictaminum de ma|être bernard, i 127

acceéde ainsi au statut de discipline inteègreèe aé l'enseignement au niveau


universitaire (sinon aé l'universiteè meême). C'est une nouveauteè pour
Bernard lui-meême, qui ne semble pas avoir penseè immeèdiatement aé
eècrire un livre sur la poeèsie rythmique. L'analyse du prologue geèneèral
le montre, mais aussi l'histoire de la tradition manuscrite de Bernard,
sur laquelle nous reviendrons longuement, qui permet de retracer
l'eèvolution de son enseignement sur quelques anneèes, montrant l'eèla-
boration progressive du traiteè de meètrique et l'adjonction finale du
traiteè de poeèsie rythmique. Cette eèvolution a sans doute eèteè relative-
ment rapide, menant en quelques anneèes des Rationes dictandi aé la
summa deèfinitive, ce qui explique que tous les manuscrits aient transmis
le prologue geèneèral complet. Cette analyse montre :

^ que Bernard n'a mis en circulation, ou voulu transmettre, qu'un


traiteè global qui comportait les trois livres sur le triplex dictamen,

^ et que l'absence des traiteès de versification rythmique ou meètrique


de la plupart des teèmoins des reèdactions A et B n'est que le fait de la
transmission ulteèrieure, lieèe aé la conception que les utilisateurs ont eue
d'une ars dictaminis reèduite aé la prose eèpistolaire et utilitaire. Ne
comprenant plus le prologue geèneèral, et ne faisant plus dialoguer
ensemble les prologues des trois livres, ils ont fait du premier le prolo -
gue du seul livre I, le rendant ainsi en partie incompreè hensible.

^ Les trois livres theèoriques et la bo|ête aé outils : un tout peèdagogique

Comme on le verra dans la suite, l'existence de plusieurs versions des


deèveloppements sur la versification montre que c'est au terme d'une
eèvolution oué il a pris de plus en plus conscience de la neècessiteè d'ensei-
gner l'art d'eècrire les vers, qu'il utilisait depuis toujours dans ses intro -
ductions aussi bien que dans les salutationes et les exordia, que Bernard
est parvenu aé mettre sur pied un manuel complet :

1) une longue partie theèorique, composeèe d'un traiteè de la prose,


d'un double traiteè de meètrique (prosodie, poeèsie dactylique), d'un
traiteè de rythmique ;
2) une û bo|ête aé outils ý aé deux compartiments, sur les couleurs de
rheètorique en prose, sur les couleurs de rheè torique en vers ;
3) apreés le traiteè de Tebald de Plaisance, bien attribueè aé son auteur,
un entra|ênement pratique, avec des proverbia meètriques inspireès de la
collection de Wipo, des modeéles de lettres en prose, des modeéles d'exor-
dia en prose et en vers.

L'eèvolution du prologue suggeére que la collection de Savignano


repreèsente l'eètat final, voulu par l'auteur, de l'Ýuvre de sa maturiteè.
128 anne-marie turcan-verkerk

L'accent ayant eèteè mis sur les trois livres theèoriques, Bernard a proceèdeè
aé une espeéce de reèeèquilibrage de sa matieére, sans doute afin d'alleèger
le livre sur la prose. En effet, dans les reèdactions A et B, le recueil de
modeéles d'exordia fait partie du û noyau stable ý de la summa. En
revanche, dans le manuscrit de Savignano, la seè rie des exemples d'exor-
dia, remanieèe, fait pendant aé la seèrie des modeéles de lettres ^ une ideèe
dont l'inteèreêt n'eèchappera pas aux dictatores franc°ais de la fin du xiie
sieécle. La preèsence de ce recueil de modeéles de lettres contribue aé disso-
cier davantage la seèrie d'exemples de la preèsentation theèorique des
types d'exordia, treés syntheètique et assortie de quelques exemples seule-
ment (f. 30-33v), dont les cateègories sont reprises meèthodiquement :
cela repreèsente, au niveau de la construction du traiteè, un grand pro-
65
greés . Le recueil de lettres a neèanmoins eèteè eètroitement rattacheè au
projet d'ensemble. Il fait un renvoi au livre I, au moins dans un cas, aé
propos des vers utiliseès comme salutationes : û ... etc., ut supra descripti
sunt ý (OD VIa, Epist. i, 5). Il ne s'agit pas de simples modeéles tout
constitueès. Chaque type de lettre est deècoupeè meèthodiquement ; pour
chaque partie sont proposeèes des variantes. Celles-ci sont parfois intro-
duites par un petit exposeè theèorique qui rappelle l'enseignement du
livre I au moment de l'exercice pratique. Il s'agit en fait d'un recueil
d'exercices pour celui qui, comme l'a indiqueè Bernard au deèbut de son
Ýuvre, veut se former tout seul, en meême temps que d'une reècapitula-
tion, par la pratique, de l'enseignement dispenseè dans les livres preèceè-
dents. Les exordia, eèleèments de la summa deés l'origine, viennent ainsi
conclure un recueil treés eèlargi, qui se compose de deux grands ensem-
bles : trois livres theèoriques, et une seèrie d'outils, de recueils de preècep-
tes et de modeéles dans lesquels puiser aé loisir, qui font reèfeèrence aé la
partie theèorique et lui servent d'applications, faisant de l'ensemble un
instrument peèdagogique complet.
Apparemment, les recueils de lettres et d'exordia n'ont eèteè conc°us
comme tels qu'assez tardivement. Il n'est pas indiffeè rent qu'ils soient
mateèriellement seèpareès, dans le manuscrit, d'un premier ensemble
constitueè par les trois livres theèoriques et les exceptiones sur les fleurs de
rheètorique en prose et en vers. On peut sans doute preè ciser dans quel-
les circonstances ils ont eèteè composeès et rattacheès au reste de l'Ýuvre
bernardine, bien que les lettres ne comportent pas d'indice de data -
tion.

(65) Confondus dans la theè orie avec la technique de la captatio benevolentiae, les

exordia sont dans la pratique des exordia aé part entieére, ce qui preèpare l'eèvolution de

cette partie de la lettre chez les dictatores bolonais, comme Guido Faba, qui leur

consacrera des recueils entiers.


le liber artis omnigenum dictaminum de ma|être bernard, i 129

En effet, il est possible que la reèdaction des recueils de lettres modu-


lables et du recueil d'exordia remanieè corresponde aé une demande de
Guido, disciple de Bernard. C'est ce que laissent entendre en particu -
lier les Epist. VIa, v et vi du recueil de Savignano, eèchangeèes entre le
ma|être en dictamen B. et son disciple G., confronteè aé la demande pres-
sante d'une centaine d'eèleéves :

Epist. VIa, v

Narratio.

3. û Noverit itaque discretio vestra, scolares numero .C. dictandi scien -

tiam a me velle libenter suscipere, sperantes quod eis valeam plenarie

satisfacere, cum me apud vos pro [S f. 93] eadem scientia capienda

noverint diutius permansisse. ý

Narratio.

3a. û Noscat igitur vestra cum paternitate prudentia, quo[d] sco -

lares de quorum numero centenarius predicatur, pro dictandi scien -

tia plurimum commendanda mihi adherere desiderant, cum modum

et doctrinam vestram me plenarie habere non decepti confidunt. ý

Narratio.

3b. û Noscatis itaque quod apud me laudanda fortuna producat,

scolares videlicet plurimos, quorum numerus in unitate consistit,

traditionem vestram a me unanimiter velle suscipere, cum vos qui

de dictaminis fonte consuevistis sitibundis mentibus ministrare

noverint, mihi de vobis rivulo procreato huius scientie doctrinam

plenarie contulisse. ý

Petitio.

4. û Hinc est utique quod vos plurimum deprecor, quatinus rationes

quas noviter construxistis, clerico vestro mittatis, et quid mihi sit facien -

dum, si placet, litteris significetis. ý

Petitio.

4a. û Ne igitur spes eorum aliqua ratione frustretur, paternitatem

vestram maxime rogito, quatinus exordia que inpresentiarum com -

posuistis, mihi si placet mittere procuretis, mandatis vestris iugiter

obedire volenti. ý

Petitio.

4b. û Quia igitur per minus cautum discipulum magistri scientie

plurimum derogatur, vos nimium deprecor, quatinus me vestris

rationibus ita reddatis munitum, ut dictandi scientia honoretur, et

regulis vestris [S f. 93v] minime detrahatur. ý


130 anne-marie turcan-verkerk

Ce modeéle de lettre suggeére eègalement que la dernieére mise au point


de la summa, avec dissociation des exordia du corps de la summa theèo-
rique, pourrait avoir eèteè lieèe aé cette demande de Guido (cf. en particu-
lier ½ 4 et 4b). Du coup, rien de plus naturel que de retrouver summa et
recueils de modeéles dans un ensemble entieérement remanieè, et lieè aé
l'enseignement de Guido lui-meême. Il me semble que c'est un indice
suppleèmentaire, s'il eètait neècessaire, en faveur de la paterniteè bernar-
dine de la premieére partie du manuscrit, qui est aussi la plus impor -
tante. La demande de Guido montre qu'il a commenceè aé enseigner,
peut-eêtre depuis peu, mais qu'il est connu comme disciple de Bernard.
Peut-eêtre lui a-t-il succeèdeè, ce qui explique le nombre des eèleéves attireès
par ses cours. Cela pourrait se situer, d'apreés la datation des recueils
de lettres attribuables aé Guido, vers 1157 (cf. supra). Bernard, qui avait
mis au point son traiteè d'ars dictaminis û totale ý deés 1145, eètait donc
encore vivant, mais moins actif. Ce qu'il leèguait aé Guido eètait la forme
ultime de son enseignement.

^ Traces d'inacheévement ?

Il est possible que Bernard n'ait pas pu achever ce remaniement de


son texte, ou que celui-ci ait subi des perturbations lors de sa copie,
Savignano 45 eètant posteèrieur de vingt ou trente ans aé la demande de
Guido : cela peut partiellement occulter l'uniteè d'auteur de l'en-
semble.
Le texte du livre I s'acheéve dans le manuscrit de Savignano au
f. 37v, assez brutalement, au cours du chapitre OD I, xxvi (De pro-
ventibus ad laudem vel vituperationem). La correspondance entre
les textes de Savignano (S) et les manuscrits PG, repreè sentants des
reèdactions B et A de la summa, est jusqu'aé ce moment quasiment par-
faite (aé l'exception de menues variantes textuelles, et, par exemple,
d'une perturbation de feuillets intervenue dans le modeé le de G vers le
deèbut, qui ne reèsulte que d'un accident mateèriel). Le livre sur la prose
se termine ainsi dans S de fac°on abrupte, sans conclusion, sans
annonce de la suite, ce qui est totalement eè tranger aé la meèthode peèda-
gogique de Bernard : celui-ci soigne particulieérement ses transitions,
proceèdant de fac°on toujours claire et progressive. Ici, rien n'indique
que le livre I soit termineè, ni que l'on s'appreête aé passer au livre II. Il
me semble possible, par conseèquent, que le copiste de S ait disposeè
d'un exemplaire incomplet, ou dont certains feuillets eè taient deèran-
66
geès . Ce pheènomeéne n'est pas isoleè. Ainsi, malgreè l'annonce de plan
faite en OD I, vi, les chapitres sur les invectiva, les expositiones et la doc-
trina ne sont transmis par S qu'aé partir du f. 72v, aé la suite des exceptio-

(66) Cf. M. Klaes , in Repertorium, p. 36.


le liber artis omnigenum dictaminum de ma|être bernard, i 131

nes sur les couleurs de rheètorique et juste avant le traiteè de Tebald de


Plaisance, sous les intituleès Incipit doctrina invectivorum satis commoda
(f. 72v) et Incipit expositionum perutilis doctrina (f. 73). Cette transmission
est d'ailleurs lacunaire, car il manque les historiae, les rethoricae orationes
et les mutuae collocutiones preèvues par le chap. OD I, vi, et connues par
les autres reèdactions. Il n'est pas impossible que ce rejet des paragra -
phes sur l'invective, le commentaire et l'enseignement aé la suite des
exceptiones, ainsi que la disparition curieuse des passages sur les autres
types de textes en prose, pourtant annonceè s au deèbut du traiteè, soient
aussi aé mettre au compte d'un accident mateèriel au niveau de l'anti-
graphe, car rien dans S ne permet de deèceler une mutilation. Cela dit,
Bernard peut avoir songeè aé deèplacer aé dessein ces extraits vers la fin du
traiteè, de fac°on aé terminer symboliquement sur l'exposeè de la doctrina,
qui lui tenait aé cÝur, sans avoir pu reècrire les transitions aé l'endroit
des coupures textuelles. Nous serions alors face aé un remaniement
inacheveè.
L'apparent deèsordre et d'apparentes lacunes de S peuvent en effet
venir de ce que le texte, aé ce dernier stade, eètait en cours de remanie-
ment : Bernard eètait peut-eêtre en train de reèfleèchir aé un ordre nouveau,
. C'est ainsi que cer-
67
reèflexion qui n'aurait pas eèteè meneèe aé son terme
tains eèleèments des chapitres placeès par S aé la suite des exceptiones sem-
blent supposer la connaissance des couleurs de rheè torique (par ex. OD
I, xxviii, 3) ou ne se comprennent pleinement qu'apreés un ensei-
gnement sur la meètrique (OD I, xxxiv, 2) ; cela ne prouve rien
neèanmoins, puisque l'eètudiant en dictamen avait deèjaé rec°u dans sa jeu-
nesse une formation en grammaire et rheètorique, fondeèe entre autres
sur l'eètude de textes poeètiques. Comme le montrent l'analyse du
contenu de S et la posteèriteè de cette reèdaction, connue par les Introduc-
tiones et le manuscrit de Veèrone teèmoignant de l'enseignement de Ber-
nard sur la poeèsie rythmique (Ve : cf. infra), S est lieè aé la personne de
Guido. On peut penser qu'il a recueilli l'heèritage de son ma|être, et que
c'est lui qui aura eu la taêche, apreés coup, de reconstituer la reèdac-
tion C telle que la voulait Bernard. Si la table des capitula du livre I se
termine avec le chapitre sur laus et vituperatio, rien ne dit que cette table
ait eèteè l'Ýuvre de Bernard lui-meême : elle est d'ailleurs mal placeèe,
avant l'introduction geèneèrale et non au deèbut meême du livre I. Numeè-
rotation des chapitres et reèdaction de la table pourraient treés bien
remonter aé Guido, et ne prouvent pas que les derniers deèveloppements
sur la prose n'aient pas figureè dans le projet de Bernard. Il faut donc

(67) Les lettres v et vi du recueil constituant le livre OD [VIa] laissent entendre

que Bernard a passeè la main aé son disciple Guido, qu'il a abandonneè son enseigne-

ment public.
132 anne-marie turcan-verkerk

peut-eêtre voir dans cette perturbation de la fin du livre I l'Ýuvre aé la


fois du hasard et de Guido ; ces deèveloppements ne concernant pas
l'epistula dispara|êtront des Introductiones prosaici dictaminis, que nous
connaissons dans un eètat reèsultant probablement aé la fois du travail de
Bernard et des interventions de Guido (cf. infra) : nous pourrions aussi
avoir affaire, pour cette partie du texte, aé un premier travail preèpara-
toire aux Introductiones.
L'eètat du texte transmis par Savignano explique donc que l'on ait
pu heèsiter aé l'attribuer aé Bernard, mais ne justifie pas cette heèsitation.

^ Posteèriteè immeèdiate de l'ars rithmica (ms. Ve)

Le traiteè de versification rythmique Mari IV ne nous est connu tel


quel qu'en contexte bernardin : le manuscrit de Savignano, qui l'attri -
bue nommeèment aé Bernard, et le manuscrit d'Admont, dont nous ver -
rons les liens avec l'accueil de la summa bernardine en domaine germa-
nique et en France. Indeèpendamment du teèmoignage des trois
prologues, aé mon avis suffisant et permettant de dater le texte de la
meême eèpoque que l'ensemble de la summa, aé un ou deux ans preés (soit
en 1145 au plus tard), un troisieéme teèmoin de sa diffusion permet de
fixer pour sa reèdaction un terminus ante quem, qui confirme son ancien-
neteè et son appartenance aé l'Ýuvre bernardine. On trouve dans un
recueil datable entre 1159 et 1168 environ et particulieé rement lieè aé la
, un petit traiteè de versifica-
68
personne du disciple de Bernard Guido
tion rythmique remontant manifestement aé l'enseignement de Mari
IV (Verona, B. Cap., CCLXII [234] [xii
e
-xiiie s.] f. 71v-72 = Ve) 69
. Il
lui est eètroitement apparenteè tant par sa structure que par son vocabu-
laire, ainsi que par le libelleè des exemples. L'un d'eux est d'ailleurs
sans doute attribueè par l'auteur aé Bernard : je ne vois pas comment
interpreèter autrement l'incise û B. est ý devant une pieé ce rythmique
ou
é l'on retrouve un vers utiliseè dans Mari IV = OD III, et dont le
theéme traduit l'une des preèoccupations constantes de Bernard : û Nobis
metra da moderna ý (½ 5 de mon eèdition du traiteè). Ce texte bref porte
de nombreuses traces d'oraliteè, qu'il s'agisse de fautes d'audition, de
tournures manifestement parleèes, de l'emploi parfois approximatif des

(68) Guido est l'auteur de Modi dictaminum datables de 1159 selon M. Klaes,

1155-1168 selon E. Bartoli, reèdigeès peut -eêtre aé Bologne selon M. Klaes (Repertorium,

p. 69-70), mais exploitant des archives des comtes Guidi selon E. Bartoli (texte ineè -

dit, consulteè dans le teè moin unique Verona, B. Cap., CCLXII [234] f. 50v -51v et 58-

65v ; descr. par M. Klaes , in Repertorium, p. 41 ; eèdition en preèparation par E. Bar -


toli, qui confirme l'identification proposeè e par M. Klaes avec le Guido de Savignano

45).

(69) D escr. et rapprochements par M. Klaes , in Repertorium, p. 41 ; le texte sera


publieè dans A.-M. Turcan-V. , Le Liber artis omnigenum dictaminum, aé para|être.
le liber artis omnigenum dictaminum de ma|être bernard, i 133

cas. Tout en alteèrant beaucoup l'enseignement rec°u (par exemple dans


le distique final, incorrect sous la forme transmise par Ve), cet abreè geè
qui remonte peut-eêtre aé des notes prises lors d'un cours de Guido
reprend sans erreur certaines deèfinitions, ainsi que des expressions ber-
nardines qui n'apparaissent pourtant pas neècessairement dans le livre
III de Savignano, comme : û Nunc ad intuendas rithimorum (sic)
aide-
70
diversitates diligenter flectamus articulum . ý On dirait un
meèmoire composeè aé partir d'eèleèments eècrits et d'un enseignement oral.
L'existence de ce premier avatar de l'ars rithmica de Bernard deèment en
partie la validiteè des raisonnements de G. Mari : ici, il est indeèniable
que le texte le plus simple deèrive du traiteè plus complet. Elle confirme,
s'il en eètait besoin, le fait que Mari IV soit anteèrieur aé l'enseignement
de Guido (et peut-eêtre anteèrieur aé 1152-1153, car la theèorie de la prose
rimeèe donneèe par les Introductiones prosaici dictaminis est sans doute indis-
sociable de la reèflexion de Bernard et son eèleéve sur l'ars rithmica), le fait
qu'il transmette l'enseignement de Bernard, et qu'il soit datable de la
meême eèpoque que la summa, recueillie par Guido entre 1145 et 1157.
Guido, dans le recueil de Veèrone, ne travaille d'ailleurs pas sur la
dernieére version du travail de Bernard : c'est la collection d'exordia
transmise par le meême manuscrit, aux f. 52-53v, qui permet de le sup-
poser. Cette collection, treés abreègeèe et modifieèe par endroits, suit dans
toute sa premieére partie la collection transmise par les manuscrits GV
de la summa, mais elle contient un exorde qui en est absent (M 12
Ve 13 PK 34). On peut supposer que Guido a eu acceé s au texte de
base de la reèdaction B, car, aé l'exception des deux exordia qui lui sont
propres, Ve ne transmet que des exordia existant dans les manuscrits
PK. Guido ne deèpend pas de S, car il conserve nombre d'exordes de
PK supprimeès dans le remaniement final de la collection. Pour ce
texte, Guido a donc sans doute utiliseè l'avant-dernieére version de son
ma|être Bernard.
Le petit traiteè de poeèsie rythmique refleètant l'enseignement d'un dis-
ciple de Bernard, identifiable peut-eêtre avec Guido, permet de mesurer
la diffeèrence entre le manuscrit de Savignano, qui recueille l'enseigne -
ment du ma|être tel qu'il l'a transmis lui-meême, aé l'eèvidence par eècrit,
et celui de Veèrone qui, pour le traiteè de poeèsie rythmique, nous livre
une version de cet enseignement reèsumeèe par un autre, ainsi que les
scories et les imperfections d'un cours dispenseè oralement et parfois
mal compris par un eètudiant. Par diffeèrenciation, il confirme la valeur
du teèmoignage de Savignano 45.

(70) Cf. OD I, xv, 23 : û Nunc ad reliquas epistule partes idoneum vertamus

articulum. ý ; cf. aussi au deèbut du livre II des Rationes dictandi : û deinceps tamen ad

alia subtilius pertractanda in Dei nomine flectemus articulum. ý (clm 14784 f. 15).
134 anne-marie turcan-verkerk

Malgreè des incertitudes pour certains passages preècis situeès vers la


fin du livre I, il n'y a aucune raison valable de rejeter l'attribution for -
melle des divers eèleèments du Liber artis omnigenum dictaminum aé Bernard :
nous assistons dans le manuscrit de Savignano aé la dernieére mise au
point du corpus bernardin. Ce corpus a eè teè conc°u comme une somme
destineèe au double apprentissage de la prose et des vers, treé s claire-
ment organiseè, et de mieux en mieux baliseè par des aides aé l'utilisation,
comme la numeèrotation des chapitres (qui aboutit aé une table des capi-
tula pour la partie muêrie depuis le plus longtemps, celle sur la prose)
ou le progreés dans les sous-titres, largement absents de la reèdaction A.
Une partie infime de ces remaniements est peut -eêtre aé mettre au
compte de Guido, mais l'essentiel reè alise le projet annonceè et deèfendu
par Bernard dans le prologue qui porte sa signature interne et dans les
prologues des livres II et III. Comme on le voit en lisant les textes,
c'est tout l'ensemble qui porte la marque de Bernard, reconnaissable aé
son vocabulaire, aé des expressions favorites comme aé son type de peèda-
gogie. M. Klaes a bien mis en eèvidence ce degreè d'acheévement en
nommant cette reèdaction û C ý, comme si elle eètait un aboutissement.
Aussi n'y a-t-il pas lieu de consideèrer les deèveloppements sur la
meètrique et la rythmique, inseèreès au cÝur de la summa, pas plus que les
recueils d'exemples, comme des eèleèments adventices qui n'en seraient
pas partie inteègrante. Le titre que porte la summa dans le manuscrit de
Savignano montre aé l'eèvidence que cet ensemble a eèteè conc°u comme
un tout coheèrent, qui entendait traiter non seulement de l'eè criture en
prose, mais aussi de l'eècriture en vers : Incipit liber artis omnigenum dicta-
minum.
Si la reèdaction C est la seule aé porter ce titre, c'est parce que sa
transmission directe de Bernard aé Guido a permis la conservation de
l'ensemble organique voulu par Bernard, alors que les pratiques
contemporaines de l'ars dictaminis menac°aient de deèmembrement un
assemblage qui pouvait sembler disparate aux heè ritiers des premiers
dictatores bolonais. Ce sont ces pratiques qui expliquent la physionomie
des reèdactions A et B telles qu'elles nous sont parvenues, alors que leur
texte de base, comme l'attestent le prologue geèneèral commun aé toutes
les reèdactions et la survivance dans certains teèmoins de tel ou tel des
eèleèments ne concernant pas directement la reèdaction des lettres, eètait
globalement celui de Savignano. Nous reviendrons sur l'histoire de la
diffusion du texte hors du milieu bernardin dans une deuxieé me partie,
apreés avoir clarifieè les eètapes de la composition du traiteè.
le liber artis omnigenum dictaminum de ma|être bernard, i 135

III ^ Des Rationes dictandi au Liber artis omnigenum dictaminum :


une eèlaboration progressive

Indeèpendamment de la date des teèmoins, le manuscrit Savignano 45


offre pour les arts de versification un texte incontestablement anteè rieur
aé celui d'Admont, SB, 759 (= Am). L'eètablissement du texte montre
qu'il fournit un eètat plus complet et, aé certains eègards, de meilleure
qualiteè : l'un des signes en est l'isolement, dans le manuscrit d'Admont,
du vers û Singula mente nota... ý (cf. supra), mais aussi la fac°on dont
cette collection a eècarteleè des textes qui, comme nous l'avons vu ^ et
comme le montre la lecture des traiteès ^ , formaient manifestement un
ensemble peèdagogique, dont l'uniteè de projet et de style a eèteè respecteèe
par Savignano 45. L'eètude des diffeèrentes reèdactions de la summa montre
que seul le manuscrit de Savignano nous a transmis dans son inteè gra-
liteè le traiteè de ma|être Bernard, rapidement reèutiliseè et remanieè aé des
fins diffeèrentes (le deèmontrer sera l'objet de la seconde partie de ce tra -
vail). Ces remaniements ont conduit aé l'isolement des traiteès de versifi-
cation, qui, circulant seuls, ont eèteè utiliseès hors du cadre de l'ars dicta-
minis. Cependant, comme le montre l'eètude des diffeèrents prologues de
Bernard, Bernard lui-meême n'a pas eu tout de suite l'ideèe d'inteègrer
l'ars rithmica dans son traiteè, et n'a inteègreè le livre sur la meètrique qu'au
terme de certaines recherches, sans doute apreé s avoir trouveè des sour-
ces nouvelles. Reèsumons d'embleèe les eètapes de cette eèvolution, afin de
faciliter la compreèhension de l'exposeè deètailleè.

^ Un premier eètat du traiteè de prosodie, treés bref, nous est transmis par
le teèmoin unique des Rationes dictandi compleétes, Mu«nchen, BSB, lat.

14784 (M). Le traiteè de poeèsie hexameètrique, qui le suit immeè diate-

ment, a presque sa physionomie deè finitive. Autres teè moins : Mu« nchen,

BSB, lat. 17209 f. 64-65v (Mu) pour les deux parties ; Leipzig, UB, 106,

f. 2v-3v (L) pour la seconde.

^ Un eètat du premier traiteè , enrichi de sources nouvelles, a ensuite cir -


culeè isoleèment, dans un quaternellus, comme le dit le prologue de Bernard

dans Erfurt, UB, AC 8³ 16 (E).

^ Conformeè ment au projet esquisseè aé l'eèpoque des Rationes dictandi, cet


eètat a ensuite eèteè inteègreè dans le Liber artis omnigenum dictaminum, dans

une version datable des environs de 1145, celle -laé preèciseèment que l'on a

rec°ue et retravailleè e pour former la reè daction A (le texte de Graz, UB,

1515 [G] est particulieé rement proche de celui du ms. E). Le texte eè tait

suivi, comme dans M, du traiteè de poeèsie hexameètrique. L'existence du

manuscrit Admont, SB, 759 (Am), qui appartient aé cette strate de l'his -

toire du texte, prouve que cet eè tat comprenait deè jaé l'ars rithmica.
136 anne-marie turcan-verkerk

^ Ces traiteès avaient eèteè ajouteès tels quels aé la summa sur la prose. Dans
un dernier temps, Bernard a poli les transitions entre les manuels, dont il

a fait trois livres d'un traiteè plus unifieè . Cela explique quelques diffeè ren-

ces d'incipit. Il a recomposeè pour les livres II et III un prologue en disti -

ques eèleègiaques, et compleèteè le prologue geè neèral (cf. la commendatio additi-


onis commenteèe plus haut). Enfin, il a soigneè les titres et les sous -titres,

de fac°on aé donner aé l'ensemble la plus grande lisibiliteè . Cet eètat, que

nous connaissons par Savignano 45 (S), est de treés peu posteèrieur au preè-
ceèdent, qui peut en avoir eè teè le prototype.

Deés la geèneèration des disciples de Bernard, on assiste aé un retour aé la


premieére tradition bolonaise de l' ars dictandi, puisque les Introductiones
prosaici dictaminis elles-meêmes, telles que nous les lisons, ne traitent pas
de versification, ne s'occupant de la rime et du rythme qu'en liaison
e
avec la prose, ce qui nous vaut un deèveloppement unique au xii sieécle
sur la prose rimeèe. Pour des raisons qui leur sont propres, les rema-
nieurs de la summa en domaines germanique et franc°ais suivent la
meême voie, donnant naissance aux reèdactions A et B dans l'eètat que
nous connaissons : le texte d'origine de ces reèdactions est donc leègeére-
ment anteèrieur aé celui de la reèdaction C, mais leur eètat deèfinitif est le
fruit de remaniements acheveès autour de 1160.

1. Une premieére esquisse dans Mu«nchen, BSB, lat. 14784 (mss M, Mu, L)
On ne s'est pas aviseè de la preèsence des traiteès de prosodie et de ver-
sification hexameètrique, sous une forme un peu diffeèrente de celle que
l'on connaissait par le teèmoin d'Admont, dans le plus fameux des
manuscrits d' ars dictandi que nous posseèdions, Mu«nchen, BSB, lat. 14784
e
(= M, seconde moitieè du xii s., Pru«fening puis St. Emmeram) 71
; il est
ceèleébre surtout parce qu'il transmet, dans une seconde partie, un cor -
pus des Ýuvres d'Albeèric du Mont-Cassin longtemps consideèreè comme
le meilleur teèmoin et le plus complet. Ce teèmoin unique du texte
complet des Rationes dictandi attribueèes maintenant aé Bernard, version
preèparatoire aé la summa comme l'a deèmontreè M. Klaes aé la suite d'une
72
suggestion de H. Kalbfuss, Ch. H. Haskins puis M. Brini Savorelli ,

(71) Le û manual of poetry ý est brieé vement mentionneè par W. D. Patt , The

early û ars dictaminis ý as response to a changing society, in Viator, t. 9, 1978, p. 133-155


(n. 72 p. 151), signaleè et non identifieè par le Repertorium, p. 9.

(72) H. Kalbfuss , Eine Bologneser Ars dictandi des XII. Jahrhunderts, in Quellen und

Forschungen aus italienischen Archiven und Bibliotheken, 16/2, 1914, p. 1-35 (eèd. des
modeé les de lettres p. 14 -35) avait montreè la deèpendance des Introductiones prosaici dic -

taminis, transmises sous le nom de Bernard de Bologne ( Bernardinus), aé l'eègard des


Rationes ; Ch. H. Haskins, An Italian..., p. 214-215 ; M. Brini Savorelli, Il û dicta-
men ý di Bernardo Silvestre..., p. 192.
le liber artis omnigenum dictaminum de ma|être bernard, i 137

fait suivre les Rationes d'une petite ars dictaminis d'origine bolonaise
73
datant des anneèes 1130 et attribuable aé Bernard, la Ratio in dictamina ,
d'un deèveloppement sur la captatio benevolentiae largement emprunteè aé
l'Ad Herennium, et enfin d'un traiteè de prosodie et versification
meètrique (f. 38-43v), que suivent immeèdiatement les Ýuvres rheètori-
ques d'Albeèric du Mont-Cassin.

Mu«nchen, BSB, lat. 14784 (= M)

[f. 38] Ingredientibus artem metricam Hec dicantur.

1. Ars dictandi qua vulgo utimur, alia est metrica, alia prosaica.

2. Metrica dicitur a greco metron, id est mensura, eo quod in mensuris

pedum consistat, sicut in rithmis, et in carminibus videmus fieri. Men -

sure ille hac similitudine pedes vocantur, quia sicut incedens per viam

fungitur officio pedum, ita etiam carmina que per mensuras suas decur -

runt, mensuris illis tanquam pedibus dicuntur incedere. 3. Prosa vero a

greco proson, id est absolutum, nomen accepit, quia nulla regula pedum

est artata. 4. Succincte igitur metricam artem tractemus, tantum dicen -

tes, quantum ad hanc artem utile est. Quid enim sit littera vel sillaba,

alias dicitur, hic vero non expedit. [f. 38v] Nam f, utrum sit muta vel

semivocalis, non ad hanc artem instruit. 5. Sunt autem apud latinos

figure litterarum .XX.III., sed secundum potestatem non nisi .XVIII.

Consideratis itaque illis que sunt in presenti necessaria, dicamus quod


74
litterarum alie sunt vocales, alie consonantes (...) .

La premieére partie de ce traiteè de meètrique brasse la meême matieére


que le Liber artis metrice de Savignano (OD IIa), mais de fac°on moins
deèveloppeèe et moins ordonneèe, bien que l'on observe, au cours du
texte, une organisation de plus en plus ferme. Il y a un certain nombre
d'inconseèquences : comme le fait de proclamer au ½ 4 l'inutiliteè d'un
exposeè sur la lettre et la syllabe, pour le donner dans les paragraphes
suivants, la littera n'eètant cependant reèellement deèfinie qu'aux ½ 26 et
27 ; comme les redoublements de paragraphes proches par le contenu,
mais seèpareès dans la reèdaction (par ex. ½ 13 et 52, ½ 25 et 46-47) ;
comme le fait de traiter sans distinction des longues et des breé ves aux
½ 38-44. La meèthode bernardine de la diminutio, qui permet de re-
trouver, par des mots de la meême famille dont on conna|êt l'accent
tonique, la longueur des peènultieémes, ne fait pas encore l'objet d'une

(73) A.-M. Turcan - V., La Ratio in dictamina..., p. 921-948. Le texte serait d'ori -

gine allemande selon F. J. Worstbrock, qui en a donneè la premieé re eèdition (F. J.


Worstbrock , Die Anfa«nge der mittelalterlichen Ars dictandi, in Fru«hmittelalterliche Studien,

t. 23, 1989, p. 1 -42 [p. 37-42, Anhang II]).

(74) Deés cette premieé re version appara|ê t donc la formule typique, qui forme

l'incipit de la reèdaction destineèe aé une circulation isoleè e (transmise par E).


138 anne-marie turcan-verkerk

sous-partie bien deèlimiteèe. On a le sentiment d'observer entre ce


manuel de prosodie et la premieére partie de la Metrice scientie plena eru-
ditio le meême rapport qu'entre le livre II des Rationes dictandi et la
summa : tout le mateèriel est preèsent, mais la preèsentation n'en est pas
encore rationaliseèe. Il n'est pas impossible que Bernard ait deèjaé eu
acceés aux traiteès de prosodie d'Albeèric du Mont-Cassin, mais il ne les
exploite pas encore largement. Dans cette premieé re eèbauche, Bernard
s'inscrit dans la tradition de Donat, Servius (relayeè par Beéde), du ps.
Maximus Victorinus (Metrorius), qui enseignaient comment recon -
na|être la longueur des peènultieémes aé l'aide de l'accent, par deèduc-
75
tion . Il propose surtout un traiteè de prosodie qui semble le fruit d'une
lecture seèlective de Priscien, mais encore incompleéte : les versions sui-
vantes du manuel, en particulier la dernieére, manifestent l'approfon-
dissement de ce travail.

La seconde partie n'est pas encore seèpareèe de la premieére, mais elle


a deèjaé sa forme presque deèfinitive (OD IIb) : le rapport avec le texte
de Savignano 45 est ici le meême qu'entre le livre I des Rationes dictandi et
la summa deèfinitive.

f. 41v Diverse manerie versuum. Leonina .M[aneria].

Possunt esse versus leonini. caudati. et paracterici. leonini autem erunt

si in eorum medio et fine eadem consonantia reperietur hoc modo.

Exemplum .

Musa decens berna fulgent iam tempora verna.

Sol petit alta poli. tu pete grata soli...

Dans l'exemple de vers caudati deèjaé eèvoqueè, ce teèmoin donne û Fri-


derici ý aé la place du û Bernardi ý de Savignano et de la reèdaction A,
meètriquement aussi correct (Didmari dans le manuscrit d'Admont).
On ne saurait en deèduire pour autant que l'auteur de cette premieére
reèdaction serait Fridericus, meême si c'est possible : Fridericus pourrait
e
tout aussi bien eêtre le nom du ma|être de la seconde moitieè du xii sieécle
qui a fait copier aé Pru«fening (Fridericus eètant sans doute un nom
moins porteè en Italie du nord qu'en pays germanique) les travaux preè -
paratoires aé la summa de Bernard et le corpus d'Albeèric du Mont-Cas-
sin. L'ensemble OD IIa-IIb se retrouve dans un manuscrit provenant
de l'abbaye beèneèdictine bavaroise de Scha«ftlarn, Mu«nchen, BSB, lat.

(75) Sur ce sujet, D. W. Anderson , Medieval teaching texts on syllable quantities and
the innovations from the school of Alberic of Monte Cassino, in Latin grammar and rhetoric.

From classical theory to medieval practice, cur. C. D. Lanham , London-New York, 2002,
p. 180-211 (p. 181 sqq).
le liber artis omnigenum dictaminum de ma|être bernard, i 139

17209 f. 64-65 et 65-65v (xii


2
= Mu), qui en cet endroit (f. 65v)
. Cette ver-
76
donne, de fac°on transparente, û scriptor[um] ou [ris] ý
sion du traiteè de l'hexameétre nous est connue eègalement aé l'eètat isoleè
par un manuscrit des cisterciens de Leipzig datant, d'apreé s les filigra-
nes de ses initiales, du dernier quart du xiie sieécle (Leipzig, UB, 106
f. 2v-3v = L) ; son û Friderici ý indique une deèpendance aé l'eègard
de M. Il est clair que l'eètat d'acheévement de ce texte deés les premiers
travaux de Bernard le destinait aé une circulation indeèpendante.
A ce stade de sa reèflexion et de son enseignement, Bernard a beau-
coup avanceè dans la reèdaction de son traiteè sur la prose, mais il explore
encore diverses voies, en particulier poeètiques. Il amasse du mateèriel,
dont il est difficile de dire s'il lui est eètranger ou s'il en est l'auteur, le
degreè d'acheévement du traiteè de poeèsie hexameètrique eètant compa-
rable aé celui du livre I des Rationes dictandi. Ces observations m'ameé-
nent aé penser que l'association de textes du clm 14784 doit refleèter le
dernier dossier preèparatoire de la summa, non seulement pour la prose
77
mais aussi pour les vers : d'une part les Ýuvres compleétes d'Albeèric,
qui a eèteè le grand modeéle de Bernard (qui, comme Albeèric a inventeè
l'ars dictaminis, la reèinvente, et graêce aé la meême vision globale des faits
litteèraires), et d'autre part une premieére partie de la summa presque
deèfinitive (Rationes livre I) suivie de mateèriaux aé reèordonner (Rationes
livre II, Ratio in dictamina et traiteès de meètrique). Il est possible en effet
que le corpus des Ýuvres d'Albeèric du Mont-Cassin ait eèteè deés l'exem-
plar du manuscrit M associeè aé ce dossier de travail de Bernard : il me
semble que la preèsence du De rithmis peut avoir en un premier temps
dispenseè Bernard d'en eècrire un lui-meême, puis en un second temps
78
l'avoir inciteè aé le faire . En tout cas, au moment de la reèdaction des
Rationes dictandi, seul semble en gestation le livre II sur le dictamen
79
meètrique .

(76) Description par C. Jeudy, Israe«l le grammairien et la tradition manuscrite du

commentaire de Remi d'Auxerre aé l' û Ars minor ý de Donat, in A Gustavo Vinay = Studi

medievali, 3a serie, t. 18, 1977, p. 185 -248 (p. 226-228).

(77) C'est d'ailleurs ce qu'a penseè , implicitement, F. J. Worstbrock, qui, dans

une notice sur ce ms., indique que les Rationes dictandi occupent les f. 2 -43v (F. J.

Worstbrock, Die Anfa«nge..., p. 8) : voir l'avis contraire de M. Klaes, qui consideé re

que les Rationes dictandi ne vont pas au-delaé du f. 35v, oué commence la Ratio in dicta-

mina (Die û Summa ý..., p. 215, et Ead., in Repertorium, p. 25) ; elle ne veut donc voir

dans cette preè -summa qu'un traiteè de l'eècriture en prose.

(78) Sur les liens que l'on peut eè tablir entre le corpus transmis par le clm 14784

et les travaux de ma|être Bernard, A. -M. Turcan - V., La Ratio in dictamina..., p. 924-

930.

(79) Les traiteès sur la longueur des syllabes d'Albeè ric, qui ne sont connus que

par le ms. Vaticano, BAV, Ottob. lat. 1354, n'ont eèteè inclus dans aucun des teè moins du

Breviarium d'Albeè ric ; au moment oué Bernard aurait pu contribuer aé la constitution


140 anne-marie turcan-verkerk

2. Un traiteè de prosodie augmenteè en quaternellus (mss E et Am)

Poursuivant sa reèflexion sur la prosodie, et apparemment aé la


demande de son auditoire, Bernard s'est ensuite attacheè aé ameèliorer
l'eèbauche preèceèdente, transmise avec les Rationes dictandi. Nous avons
la chance de posseèder ce deuxieéme eètat du texte, muni d'un prologue
en distiques eèleègiaques typiquement bernardin comportant une signa -
ture interne, dans un fragment de manuscrit du xiie sieécle, Erfurt, UB,
Cod. Amplon. 8³ 16 (xii) f. 52-58v (= E). Ce manuscrit n'est pas loca-
liseè ; malgreè la preèsence reècurrente d'un q barreè aé l'italienne pour qui
(par exemple au deèbut du f. 53v), il n'est pas eèvident qu'il soit origi-
naire d'Italie. Il est actuellement relieè avec un eèleèment sans rapport
80
avec lui . Bernard indique dans son prologue que son traiteè tient en
un quaternellus, mais il serait hardi (bien que tentant) d'identifier celui -
ci avec le fragment subsistant. En revanche, cette indication nous
apprend que le traiteè de prosodie avait eèteè d'abord conc°u pour une cir-
culation indeèpendante.

[E f. 52]

Quid sit oportunum cupientibus edere versum,

Iste quaternellus sufficienter habet,

Quem Bernardinus, sociis ad vota favendo,

Elicuit breviter fructibus ex variis ;

Si qua tamen sua musa sibi memoranda paravit,

Addidit huic studio, sicque peregit opus.

(cf. OD I, 1). Litterarum ergo alie sunt vocales, alie consonantes. Voca -

les autem sunt quinque : a, e, i, o, u. Relique vero consonantes appellan -

tur...

Le catalogue des manuscrits d'Erfurt attribue ce texte aé Bernard Sil-


vestre, mais rien, dans le texte lui-meême, n'autorise une telle attribu-
81
tion , alors que Bernardinus est l'une des formes freèquentes du nom de
ma|être Bernard. Des correspondances entre ce texte et le Liber artis

des deux corpus d'Ýuvres d'Albeè ric, ces traiteès ne lui eètaient pas encore familiers. Il

ne les utilisera reè ellement qu'aé l'eètape suivante.

(80) W. Schum , Beschreibendes Verzeichniss der Amplonianischen Handschriften -Samm-


lung zu Erfurt..., Berlin, 1887, p. 684 (item n³ 9 ; seuls ces feuillets sont du xiie sieécle).
(81) Cette attribution ne remonte sans doute qu'au catalogueur du Collegium

Amplonianum en 1412 : suggestion de Ch. H. Haskins , An Italian..., p. 222 (cf.


MBKDS, 2, p. 11 n³ 1 et p. 20 n³ 12).
le liber artis omnigenum dictaminum de ma|être bernard, i 141

metrice attribueè par le manuscrit de Savignano aé Bernard ont deèjaé eèteè


82
mises en eèvidence par Ch. H. Haskins .

^ A ante b... etc.

Elicuit breviter fructibus ex variis... Entre la version associeèe aux Rationes


dictandi et la version du manuscrit E, s'est produit un saut qualitatif
certainement duê aé la deècouverte d'au moins une source nouvelle.
Outre un reè-arrangement des parties, qui confeére aé la nouvelle version
un ordre plus satisfaisant, et des modifications de deètail, un bloc nou-
veau est apparu, qui donne les reégles sur la prosodie des syllabes finales
(chap. XIV inc. û Omnis nominativus singularis... ý), des syllabes ini -
tiales (chap. XV inc. û A ante b breviatur... ý), des syllabes meè dianes
(chap. XVI inc. û A ante bilis... ý), de nouveau des syllabes initiales
(chap. XVII inc. û Prime sillabe dissillabarum... ý). L'une des sources
de Bernard, si elle ne peut eêtre identifieèe exactement, peut eêtre appro-
cheèe graêce aé deux textes anteèrieurs : le traiteè sur les syllabes initiales
mis au point par Albeèric du Mont-Cassin, connu uniquement par
Vaticano, BAV, Ottob. lat. 1354 (xii in) f. 85-88v (= Albeèric
83
), et une
reècriture de ce traiteè, transmise par une addition de la premieére moitieè
e
du xii sieécle au manuscrit Milano, Ambr., M 79 sup., du f. 250va au
f. 252b (selon la foliotation manuscrite) pour la partie qui nous inteè r-
). Le deètail du texte montre que Bernard a apparem-
84
esse (= Ambr.
ment copieè telle quelle une version du traiteè de prosodie d'Albeèric du
Mont-Cassin, probablement annoteèe et deèjaé modifieèe, qui parfois se
rapproche du texte de l'Ambrosienne. Comme cela appara|ê tra dans
l'annotation de OD IIa, x, Bernard a sans doute eu recours, pour sa
reèdaction finale, aé une version encore diffeèrente, parfois treés proche

(82) Ch. H. Haskins, An Italian..., p. 222-225. Haskins avait parfaitement vu les

rapports entre ces textes, mais eè tait encore enfermeè malgreè lui dans l'hypotheé se

d'une attribution aé Bernard Silvestre, qui compliquait inutilement le dossier.

(83) J. Leonhardt, Dimensio syllabarum..., n³ A 3.8. Au f. 88v se termine, sans

formule d'explicit, la partie correspondant strictement aé ce que reprendront le ms.

de l'Ambrosienne et Bernard de Bologne dans ses diffeè rentes versions, mais Bernard

a sans doute exploiteè toute l'Ýuvre prosodique d'Albeè ric : sur ces manuels et leurs

liens avec Bernard : La Ratio in dictamina..., n. 25, p. 928 -929.

(84) J. Leonhardt, Dimensio syllabarum..., n³ A 3.9. Dans leur description du

ms., B. Bischoff (À)-M. Lapidge, Biblical commentaries from the Canterbury school of

Theodore and Hadrian, Cambridge, 1994 (Cambridge Studies in Anglo -Saxon

England, 10), p. 275 -287 (p. 283 pour ce texte), mentionnent seulement f. 252 -254

(selon la foliotation marginale aé l'encre) û a treatise on orthography ý ; c'est aé

Mirella Ferrari que je dois, outre cette reè feèrence, une meilleure datation de l'addi -

tion, sans doute anteè rieure au traiteè de Bernard de Bologne (ce qui n'exclut pas en

theèorie qu'elle soit lieè e malgreè tout au travail de Bernard dans les anneè es preèceèden-

tes).
142 anne-marie turcan-verkerk

d'Albeèric, parfois plus apparenteèe aé Ambr., mais que je n'ai pas retro-
uveèe. Ce n'est donc ni aé la tradition de Tebald de Plaisance, ni aé celle
des artes lectoriae, mais aé la tradition cassinienne que Bernard s'est
85
volontairement rattacheè . Un manuscrit comme l'Ottob. lat. 1354, qui
transmettait aussi le De finalibus de Servius et le De arte metrica de Beéde,
aurait pu servir de point de deèpart aé ses travaux sur la meètrique.
Le bloc nouveau n'est pas encore parfaitement inteè greè aé l'ensemble
initial, dont certaines parties semblent faire deèsormais double emploi,
en particulier en ce qui concerne les reé gles geèneèrales. Nous verrons
bientoêt comment Bernard a progressivement reèsolu ce probleéme.

^ La diminutio : l'accent tonique et la versification quantitative

Bernard deèveloppe dans cette version une technique de reconnais -


sance des longues et des breéves dans les syllabes meèdianes dont la
source est le De finalibus de Servius, repris textuellement par Beéde dans
le De arte metrica I, v (eèd. Kendall, CCSL 123A, p. 99). Deèfinissant
l'accent comme la musicaliteè du mot permettant de deèterminer la lon-
gueur des syllabes, û accentus autem est quasi adcantus dictus, quod
ad cantilenam vocis nos facit agnoscere syllabas ý, deèfinition reprise
par Bernard presque textuellement, Servius expliquait deè jaé comment
reconna|être la longueur des syllabes meèdianes d'un mot long, amicissi-
morum, en utilisant l'accent tonique de mots plus simples, amicus et ami-
86
cissimus . Bernard, aé ma connaissance, est le premier aé donner aé cette
ideèe un large deèveloppement, et un nom. Il s'agit de la technique de la
diminutio.
On la voit affleurer dans la version lieèe aux Rationes dictandi sous plu-
sieurs termes et meèthodes qui en sont les eèleèments constitutifs, aé propos
des syllabes initiales et meèdianes : deètermination de la longueur des
peènultieémes aé l'aide de l'accent tonique (accentus productus ou correptus),
recours aé des mots de la meême famille dont on conna|êt l'accent et la
longueur (compositio), enfin diminutio elle-meême. Bernard ressent deèjaé le
besoin d'exposer la diminutio en deètail, et de ce fait finit par introduire,
vers la fin de M, ce qui sera le noyau de son exposeè deèfinitif : les lon-
gueurs d'un mot beaucoup plus improbable que l'amicissimorum de Ser-
vius, sans doute forgeè par lui pour les besoins de sa peèdagogie, rationabi-
litudinitatibus. Le terme diminutio est attribueè par le manuscrit des
Rationes dictandi aé û d'autres ý (M ½ 44 : û Hoc alii dicunt vel appellant
`diminutionem' ý), mais, aé ma connaissance, c'est dans le texte de M

(85) Le roêle de Bernard dans la transmission de ces reé gles au xiie sieécle a eèteè
compleétement ignoreè de J. Leonhardt , mais aussi de D. W. Anderson , Medieval
teaching texts ..., en particulier p. 193 -202.

(86) GL V, p. 451, l. 9-26.


le liber artis omnigenum dictaminum de ma|être bernard, i 143

et sous la plume de Bernard que nous avons les attestations les plus
anciennes de cette acception du mot et le premier vrai deè veloppement
de la meèthode, toutes les autres attestations se trouvant dans des traiteè s
posteèrieurs aé Bernard (Paul le Camaldule, Pierre de Creèmone etc.).
C'est faute de conna|être ma|être Bernard que J. Leonhardt attribue
, dont je mon-
87
cette nouvelle acception du terme aé Pierre de Creèmone
trerai ailleurs qu'il n'est que l'heèritier tardif de Bernard. Avant cet
emploi, me semble-t-il, la diminutio deèsigne chez les grammairiens le
passage d'un mot aé son diminutif (en geèneèral plus long que le mot sim-
ple) ou le diminutif lui-meême, et non la reèduction progressive d'un
. Bernard suggeèrait-
88
terme aé des mots de la meême famille plus courts
il, avec cet alii, sa dette aé l'eègard de Servius, ou cherchait-il le soutien
d'une vague auctoritas pour sa meèthode pratique, peut-eêtre un peu dou-
teuse pour de purs meètriciens ? Ce dernier proceèdeè ne lui est pas eètran-
ger : ainsi invoque-t-il, pour soutenir une curieuse theèorie faisant du
vers l'uniteè de mesure de la prose, l'autoriteè de Beéde le Veèneèrable,
alors que ce texte demeure introuvable aussi bien chez Beé de que dans
. Il reste neèanmoins pos-
89
les textes qui lui sont faussement attribueès
sible que Bernard ait adapteè une acception de diminutio que l'on trouve
au livre III des Noces de Martianus Capella (½ 302 û ...itaque quotiens
dubitamus de nominis enuntiatione, diminutionem eius consule -
mus... ý) : si je comprends bien, le terme deè signe dans ce texte le pro-
cessus par lequel on deètermine la longueur de la finale des mots en -is aé
l'aide du geènitif (il s'agit d'une extension de la meèthode par laquelle
les grammairiens utilisent le diminutif d'un mot pour eè valuer la lon-
gueur de sa syllabe finale). C'est en ce sens qu'il reconna|ê trait une
dette aé l'eègard de ses preèdeècesseurs, bien que l'application du mot aé la
meèthode servienne et la geèneèralisation de cette meèthode soient, jusqu'aé
90
nouvel ordre, entieérement siennes .
Bernard prend plus d'assurance dans la version de E, qui consacre aé
la diminutio un chapitre aé part entieére (VIII), et la vante comme une

(87) J. Leonhardt, Dimensio syllabarum..., p. 138.

(88) Bernard adopte donc un sens plus matheè matique de diminutio, deètail qui

concorde assez bien avec ses compeè tences musicales. Diminutio est un terme appreè cieè

de Bernard de Bologne, qui l'emploie eè galement pour deè signer le processus d'abla -

tion de l'une ou l'autre des parties d'une lettre (OD I, xx).

(89) Cf. supra n. 3.

(90) Il ne me semble pas que Bernard ait utiliseè le traiteè de meètrique de Martia -

nus Capella, qui d'ailleurs ne fait aucune allusion ni aé la meèthode ni aé la deènomina-

tion de la diminutio (preèsentation et analyse par M. De Nonno, Un nuovo testo di

Marziano Capella : la metrica, in Rivista di filologia e di istruzione classica, t. 118, 1990,

p. 129-144 ; texte consulteè dans Oxford, Bodl. Libr., Addit. C 144 [Madan 28188]

f. 132- 136).
144 anne-marie turcan-verkerk

meèthode infaillible. Si un mot est trop long et inusiteè pour que l'on
puisse deèterminer la longueur de ses syllabes meèdianes d'apreés une
reégle ou un exemple, on isole des mots de la meême famille dont l'ac-
cent tonique, progressivement, reèveéle la longueur de toutes les syllabes
meèdianes : par exemple,

Quinta brevis accentu correpto : ration ab|ïlis dicimus.


i
Sexta eodem modo brevis : rationab l|ïtas dicimus.

Septima longa : rationabilit uèdo dicimus.


De fait, le mot choisi par Bernard offre beaucoup plus de possibiliteè s
peèdagogiques que celui de Servius, et c'est veèritablement Bernard qui
donne aé la meèthode tout son poids et ses capaciteès d'influence. Il en est
le refondateur, consacrant une eèvolution historique anteèrieure aé lui. Il
nous fournit d'ailleurs un indice en ce sens dans la version du manus -
crit E, puisqu'il fait preèceèder son exposeè d'un distique eèleègiaque analo-
gue aux introductions meètriques de ses Ýuvres plus amples, oué l'on
retrouve, en condenseè, ses tics de style, et dont le pentameétre rappelle
le v. 16 du prologue au livre III de Savignano sur la poeè sie rythmique
91
(û Amodo de rithmis dogmata vera dabo ý ):

Qualiter agnosci valet antepenultima queque,

Amodo consociis dogmata certa dabo.

C'est une revendication de paterniteè bernardine. Dans la version


finale, Bernard rassemblera en un meême chapitre (OD IIa, xii) sa
meèthode de la diminutio et les Regule que ad cognitionem antepenultimarum
colligi potuerunt, rationalisant toujours davantage le plan de son traiteè.
On peut ainsi consideèrer que c'est vraiment aé partir du traiteè de Ber-
nard que la correction de la versification meètrique est fondeèe, para-
doxalement ^ mais efficacement, sur l'accent tonique.

^ Le probleé me des sources de Bernard

Les innovations de Bernard, qui seront deè veloppeèes dans la version


deèfinitive de OD, comblent un vide dans la tradition des traiteès de pro-
sodie : J. Leonhardt constatait en effet l'absence de tout traiteè de ce
type, traitant systeèmatiquement des syllabes initiales, meèdianes et fina-
les, entre les artes lectoriae de la fin du xie sieécle, Albeèric du Mont-
92
Cassin, et Alexandre de Villedieu aé l'extreême fin du sieécle suivant . Il

(91) La lec°on certa est attesteè e par le prologue du traiteè de versification ryth -

mique Mari VII.

(92) J. Leonhardt , Dimensio syllabarum..., p. 102.


le liber artis omnigenum dictaminum de ma|être bernard, i 145

creèditait Alexandre de Villedieu de cette nouvelle approche de l'ars


metrica, mais c'est en reèaliteè chez ma|être Bernard qu'en l'eètat de nos
connaissances on rencontre un tel ensemble de reé gles pour la premieére
fois. Bernard est encore proche des grammairiens antiques et de Beé de,
en particulier pour les syllabes finales, dont il traite au chap. XIV
de E en suivant les partes orationis (noms classeès par cas, verbes, adver-
93
bes, conjonctions, preèpositions, interjections) . Les reégles rassembleèes
par Bernard (aé l'exception du bloc A ante b...) proviennent d'une lec-
ture seèlective de Priscien, destineèe aé tirer des Institutiones grammaticae un
traiteè de prosodie et de meètrique, en utilisant le plan du De arte metrica
de Beéde. C'est exactement le processus deècrit par J. Leonhardt chez
Alexandre de Villedieu, mais aussi chez Hraban Maur et Pierre de
Creèmone. Lectures indeèpendantes aboutissant aé des reèsultats voisins,
ou cha|êne de transmission d'un seul et meême travail ? Le recours aé
Priscien s'enrichit entre l'eètat de E et la version finale de Bernard
(OD) ; il est particulieérement flagrant dans le deècoupage d'une citation
e
grecque, qui existe deèjaé dans au moins un teèmoin du ix sieécle sans
doute annoteè par Jean Scot, et dont on aimerait savoir s'il s'est pro -
sieécle : M vero in grecis dictionibus ut toc-
e
pageè en Italie du nord au xii
men, o, mnhc , exemple citeè pour la premieére fois en OD IIa, i, 9
d'apreés Priscien Inst. I, 11 : Invenitur tamen m etiam ante n positum, nec pro-
ducens ante se vocalem more mutarum. Kallìmajoq. Tẃq mén oÉ Mnysàr-
jeioq… (GL II, p. 10, l. 15-18). On peut donc penser que Bernard,
dont l'esprit grammairien est treés sensible tout au long de la summa, a
eu recours directement aé Priscien, d'autant que le traiteè attribueè aé
94
Hraban ne comporte pas la citation dont il vient d'eê tre question .
Est-ce du
ê aé la deècouverte des traiteès de prosodie d'Albeèric, qui lui
aurait fait prendre conscience de l'ouverture du projet albeè ricien et
l'aurait pousseè sur les meêmes voies ? Tout indique qu'aé la suite de la
version E du traiteè de prosodie, Bernard a pris la deècision, en suspens
depuis les Rationes dictandi, d'inteègrer un traiteè de versification quanti-
tative aé son ars dictandi, comme s'il voulait renouveler l'enseignement
d'Albeèric en redonnant leur place aé la prosodie et aux meèthodes de
versification dans l'apprentissage de l'eècriture orneèe. De meême qu'Al-
beèric entendait ainsi favoriser la pratique des clausules rythmiques,
Bernard devait songer aé la prose d'art rythmeèe : c'est en tout cas aé par-
tir des traiteès bernardins que l'on voit appara|être dans l'ars dictandi les

(93) Comparer avec ce que dit J. Leonhardt, Dimensio syllabarum..., p. 103,

d'Alexandre de Villedieu.

(94) Je n'entre pas ici dans la question deè battue de l'attribution de ce traiteè aé

Hraban et de l'usage eèventuel que Bernard aurait pu en faire. Ce point sera abordeè

dans Le Liber artis omnigenum dictaminum..., aé para|être.


146 anne-marie turcan-verkerk

premieéres traces d'une theèorie sur la longueur des mots terminant


membres de phrases et peèriodes, qui preèfigure les theèories du cursus
95
mises au point aé partir des anneèes 1180 .

3. L'inteègration des traiteès de versification dans la summa : la prosodie (ms. Am)

C'est par la collation du manuscrit Admont, SB, 759 (= Am), qui ne


transmet pas la summa de Bernard dans son inteègraliteè, mais seulement
les traiteès de meètrique OD IIa-IIb et le traiteè de poeèsie rythmique OD
III extraits d'un manuscrit complet du traiteè de Bernard, que nous
pouvons comprendre les modaliteès d'inteègration de ce nouveau traiteè
de meètrique dans la summa. Il se trouve que la version de la Metrice
scientie plena eruditio de Bernard (OD IIa-IIb) transmise par Am est
particulieérement proche du texte de deux des teèmoins de la reèdac-
tion A de la summa de Bernard, Graz, UB, 1515 (= G), qui transmet le
traiteè de prosodie et le traiteè de versification hexameètrique, et Vaticano,
BAV, Pal. lat. 1801 (= V), qui ne transmet que ce dernier (le clmae 10
de Budapest et le Vat. Lat. 9991 ne transmettent aucun traiteè de versifi-
cation). Pour le traiteè de prosodie OD IIa, le texte d'Admont est extreê-
mement proche de celui de la reèdaction A, repreèsenteèe ici par le seul
manuscrit G, proximiteè encore accentueèe dans le traiteè de versification
hexameètrique OD IIb, dont les modifications seront eètudieèes plus
avant avec la reèdaction A : modifications profondes qui prouvent l'ap -
partenance du manuscrit d'Admont aé la famille de la reèdaction A de
la summa. Bien que le texte de E soit treés proche lui aussi de celui de G,
on constate de l'un aé l'autre d'importantes modifications, en particu-
lier dans l'ordre des paragraphes, reè sultant manifestement de l'inteè-
gration du Liber artis metrice dans l'ouvrage geèneèral de Bernard, au
niveau du texte de base de la reèdaction A. Ainsi, si E et Am sont sou-
vent lieès par des lec°ons communes, Am et G (et S) sont plus apparen-
teès par la structure du traiteè, presque deèfinitive dans G (et deèfinitive
dans S). Si la version transmise par Admont semble eê tre, globalement,
celle de Graz, UB, 1515, elle est encore treés proche dans le deètail des
variantes de la version diffuseèe isoleèment, connue par E. Il me semble
pouvoir en deèduire que le texte de base de la summa utiliseè par ceux
qui, dans Admont, n'ont recopieè que les traiteès de versification, consti-
tuait un eètat intermeèdiaire entre le traiteè de prosodie esquisseè dans le
clm 14784 (= M) aé l'eèpoque des Rationes dictandi puis eètoffeè pour une

(95) Je renvoie pour l'eètude de ces textes, et la discussion sur ce qu'ils entendent

par sonoritas, aé Forme et reèforme. Enjeux et perceptions de l'eè criture latine en prose rimeè e (fin

du xe - deè but du xiiie sieécle), 400 pages ; publication preè vue dans la Bibliotheéque des

eècoles franc° aises d'Atheénes et de Rome.


le liber artis omnigenum dictaminum de ma|être bernard, i 147

circulation indeèpendante (E), et l'inteègration reèelle de ce traiteè dans


une summa globale dont il ne serait qu'un eèleèment constitutif (G). Am
serait un teèmoin des traiteès de versification lors de la premieére inteègra-
tion du traiteè de E dans la summa, et des modifications inheèrentes aé
cette inteègration.
Le texte de Am permet de saisir le moment oué les divers eèleèments
sont verseès dans un û pot ý commun, un corpus qui n'est pas encore
veèritablement une Ýuvre unifieèe. Ce deèbut d'inteègration entra|êne
naturellement la disparition du prologue accompagnant la version iso -
leèe du manuel de prosodie, et une modification de l'incipit, qui devient
dans le manuscrit Am û Nos trac[ta]turi de metris, quia littere sunt
prime partes, a litteris inchoare debemus. Litterarum ergo alie... ý.
En revanche, le manuscrit G teèmoigne de l'inteègration veèritable de
ce texte dans la summa ; l'incipit deviendra deés lors û Insinuandum est
vobis... ý. Un tableau permettra de prendre la mesure de l'eè volution
de Bernard et de la fac°on dont il a progressivement organiseè son texte,
pour aboutir aé la version finale du Liber artis omnigenum dictaminum dont
teèmoigne le manuscrit S, dont l'ordre me sert d'aune aé laquelle mesu-
rer les taêtonnements et les progreés de Bernard.
Pour toutes les geèneèraliteès (chap. I aé VII de EAmGS), Bernard
reèordonne sa matieére, disperseèe dans le traiteè associeè aux Rationes dic-
tandi (M), deés le niveau du manuscrit E. Cet ordre ne changera plus,
Bernard se contentant d'eètoffer quelquefois son propos aé l'aide de
reprises d'eèleèments existant dans la premieére version (M). Le tableau
fait appara|être nettement cette progression et ces reprises.
A partir du chapitre OD IIa, viii (GS), on voit Bernard regrouper
meèthodiquement dans sa version finale toutes les reégles concernant les
syllabes initiales (OD IIa, viii aé xi), puis toutes les reégles concernant
les meèdianes (OD IIa, xii), enfin les reégles des syllabes finales (OD
IIa, chap. xiii), reèservant pour la fin les licences poeètiques et la syna-
leéphe (OD IIa, xiv). Cet ordre est le reèsultat de modifications progres-
sives. Au niveau du traiteè isoleè (E), Bernard preèsentait encore la
meèthode de la diminutio en premier lieu (chap. VIII de EAm) alors
qu'elle concernait les peènultieémes, puis les initiales des deèriveès (cha-
p. IX de EAm), les homonymes (chap. X de EAm), les licences
(chap. XI de EAm), la synaleéphe (chap. XII de EAm), les mots ameè-
triques (chap. XIII de EAm), puis passait aux reé gles, en traitant
d'abord des syllabes finales (chap. XIV de E), ensuite des syllabes ini -
tiales (chap. XV de E), enfin des syllabes meèdianes (chap. XVI
de E), et de nouveau des initiales avec les conjonctions et preè positions
polysyllabiques (chap. XVII de E). Au stade de Am, c'est -aé-dire de la
premieére insertion du traiteè dans l'ensemble de la summa, Bernard ne
remeèdiait encore que partiellement aé ce relatif deèsordre. Il laissait
148 anne-marie turcan-verkerk

inchangeè l'ordre des chap. VIII aé XIII de EAm, mais modifiait la


preèsentation des reégles, commenc°ant logiquement par les syllabes ini-
tiales (chap. XIV de Am), pour passer aux meè dianes (chap. XV de
Am) puis aux finales (chap. XVI de Am), mais avec un retour aux ini -
tiales avec l'exposeè sur les initiales des conjonctions et preèpositions
(chap. XVII de Am). L'ordre deèfinitivement adopteè est naturelle-
ment beaucoup plus satisfaisant pour l'esprit. On retrouve ce souci
d'ordre rationnel dans la mise au point progressive du deè tail du texte.

GS ( OD : version 3) M (version 1) E (version 2.1) Am (version 2.2)

ordre de reè f. pour les chap. (ordre des chap. (ordre des chap. par rapport (ordre des chap.

par rapport aé GS) aé GS)

quaternellus
* : ½ avec correspondance par rapport aé GS)

dans M Circulation en .

Prol. meètrique Prol. meètrique

#Siquis... #Quidsit...
[IIa] Introduction pros.

#Insinuandumestvobis...
I (les lettres de l'alphabet) I (les lettres de l'alphabet) = E

#Indubitanteritaque... #Litterarumergo... #Nostractaturi...


*½ 1 ½ 5-9

fin du ½ 1 ½ 7 = E

½ 4, 5 ½ 5, 4 = E

*½ 7-10 ½ 10

*½ 11 ½ 11

*½ 13 ½ 12

½ 7, 8, 9, 8 suite, 10-13 ½ 8-15 = E

II (les syllabes) II (les syllabes) = E

add. entre les ½ 2 et 3

*½ 2 ½ 28

III (syll. initiales) III (syll. initiales) = E

*½ 4 ½ 35

*½ 6 cf. ½ 34

*IV (syll. meèdianes) cf. ½ 38-44 IV (syll. meèdianes) = E

add. du ½ 5 sur l'accent = E

V (syll. finales) V (syll. finales) = E

*½ 1 cf. ½ 45

*VI (les pieds) ½ 13, 52, 19, 21-23 VI (les pieds) = E

*½ 3 cf. ½ 52

VII (les meétres) VII (les meétres) = E

*½ 2 et 3 cf. ½ 14

*½ 4 cf. ½ 15

*½ 5 cf. ½ 16-17

VIII (initiales des deèriveès IX (initiales des deèriveès) = E

[verbes et noms])

cf. ½ 2 cf. ½ 1, 8 = E
le liber artis omnigenum dictaminum de ma|être bernard, i 149
IX (initiales des deriveès
[verbes]; diffeèrencesè entre
homonymes)
½16- ½ 2-7 =E
½7 X (diffeèrences entre =E
homonymes)
X (reégles des syll. XV (reéglesdes syll. [XIV]
initiales: A ante b...) initiales: #A ante b...)
XI (syll. initiales desconj. XVII (syll. initialesdes [XVII]
et preèp. polysyll.) conj. et preèp. polysyll.)
½14- ½ 1-4 ½4
XII (reégles des syll.
meèdianes: diminutio,# A
ante bilis...)
-

½15 (les antepenultiemes: = E


diminutio) è è é
- VIII
*½ 2-5 ½ 48-51
½ 7 13 XVI (reégles dessyll. [XV]
meèdianes: # Aante bilis...),
-

sans la diminutio
-

(regles dessyll. XIV (reégles dessyll. finales: [XVI]


finales: é # Omnis...)
XIII
# Omnis...)
XIV (licences et
synaleéphe)
½ 1 2, cf. ½ 9
- XI (licences) =E
*½ 2 cf. ½ 22
*½ 3 7 - cf. ½ 25, 46-47
½ 4 7, cf. ½ 9, ½ 8
- XII (synaleéphe) =E
XIII (Doctrinadictionuma =E
metrisremotarum)
Notes diverses Notes diverses
[IIb] Diversemanerie
*XV (Devarietate versuum Decognitionemetri
carminum)
4. L'inteègrationdestraiteès deversificationdanslasumma:lerithmus(ms.Am)
Le manuscrit Am, par l'analyse qu'il permet de l'elaboration et de
l'inteègration du livre sur la prosodie et la meètrique, ènous fournit une
information capitale: l'eètat intermeèdiaire de la summa que l'excerpteur
a eu entre les mains comprenait deèjaé le traiteè de poeèsie rythmique (OD
III), qui en a eèteè tireè en meême temps que les deux premiers traites.
Dans cette tradition, traiteè de prosodie (OD IIa) et traiteè de versificaè
tion hexameètrique (OD IIb) eètaient lieès sans solution de continuiteè,
-

comme dans l'etat accompagnant les Rationes dictandi (dans G, ils pos
seédent des titresè distincts, et ils ont eèteè disjoints pour V, qui ne trans
-

met que le second); en revanche, le traiteè de poeèsie rythmique, recopieè


-

seèpareèment dans Am (f. 188v 193v), eètait certainement relativement


indeèpendant deèjaé dans le manuscrit source.
-
150 anne-marie turcan-verkerk

Nous ne posseèdons pas l'eètat du texte, correspondant sans doute aé


un laps de temps bref, dans lequel n'avait eè teè inteègreè que le livre II sur
la meètrique, et dont le prologue se terminait avant la commendatio addi-
tionis. Comme on l'a vu deèjaé, c'est apreés l'adjonction de l'ars rithmica aé
l'ensemble que le prologue meètrique du Liber artis omnigenum dictami-
num, preèsent dans toutes les reèdactions, a eèteè acheveè. Cela nous permet
donc de savoir que le prologue geèneèral compleèteè des quatre derniers
vers et les prologues intermeèdiaires sont posteèrieurs aé la composition
du traiteè de poeèsie rythmique, qu'ils sont contemporains de l'inteègra-
tion des traiteès de versification meètrique et rythmique dans le corps de
la summa, et qu'ils sont anteèrieurs aé la reèdaction de la dernieére version
du Liber artis omnigenum dictaminum que nous connaissons par le manus-
crit S, eètat du texte dans lequel l'addition la plus reècente n'est plus
signaleèe comme telle (disparition de la rubrique Commendatio additionis).
Cette inteègration eètait en revanche toute reècente au moment de la
mise au point du texte de base de la reèdaction A. Cette observation
permet une datation du traiteè de versification rythmique et du premier
eètat de la summa compleéte aé une anneèe preés.
Le texte de base de la reèdaction A est en effet datable, comme la
summa de Savignano 45, de 1144-1145. Si vraiment les Rationes dictandi
datent de 1143 au plus tard, Bernard aurait donc conc° u le traiteè de
poeèsie rythmique au plus tard entre 1143 et 1145, et inteègreè le livre III
treés peu de temps apreés le livre II, probablement en 1145. La deèfini-
tion du dictamen donneèe au deèbut de l'Ingredientibus... du clm 14784
n'eèvoque pas encore la poeèsie rythmique, mais seulement la prose et la
poeèsie meètrique. Si le dictamen rythmique est clairement deèfini au
deèbut des Rationes dictandi, son existence est rapidement oublieèe au pro-
. La tripartition refait une appa-
96
fit de la bipartition prose / meètrique
rition de fac°on encore indirecte au deèbut de la summa, ou
é la poeèsie
rythmique n'est mentionneèe que comme un sous-genre du metricum dic-
tamen (OD I, i, 2). Ce n'est que dans la structure de la summa telle
qu'elle appara|êt dans Savignano 45 que le genre rythmique conquiert
une place eèquivalente aé celle de la poeèsie quantitative. Comment
expliquer cette eèvolution de Bernard ? Aurait-t-il trouveè dans ce laps
de temps une source nouvelle ? S'il renvoie aé des sources non speècifieèes
aé la fin du traiteè (OD III, v, 6 : û Sed in his rudium doctrinam, tam
ex veterum auctoritatibus, quam ex modernis documentis, excerpsi -
mus ý), Bernard souligne dans la rubrique que le traiteè de poeèsie ryth-

(96) Clm 14784 f. 3 -3v ; eèd. L. Rockinger, p. 9-28 (ici, p. 9 -10 : û ... illam igitur

litteralem editionem congruam esse dicimus qua verbis grammatice ordinatis pro -

saice vel metrice materiam propositam describimus. ý)


le liber artis omnigenum dictaminum de ma|être bernard, i 151

mique est une adjonction reècente et nouvelle : noviter, et s'attache aé


justifier dans le prologue du livre III et le prologue geè neèral de la
summa une nouveauteè si radicale qu'elle peut choquer certains esprits.
En fait, il n'a certainement pas eu d'autre source d'inspiration, en
l'eètat de mes connaissances, que l'exemple incitatif d'Albeè ric, dont il
ne suit d'ailleurs que l'esprit : peu de reprises litteè rales du De rithmis
97
sont sensibles chez Bernard .
Sans qu'il soit besoin de faire intervenir la deè couverte d'une nouvelle
source, il semble que Bernard ait pris de plus en plus conscience des
potentialiteès musicales de la phrase orneèe, au fur et aé mesure qu'il
peaufinait ses traiteès de prosodie et de meètrique. Comme le deèmontre
sa meèthode de la diminutio, l'accent qui, avec le nombre, est aé la base
de la poeèsie rythmique, est la cleè de la pratique moderne de la poeèsie
quantitative. Il doit donc faire l'objet d'un enseignement. D'autre
part, nous ne savons rien de Bernard, mais il n'est pas impossible qu'il
ait eu des compeètences musicales le rendant particulieérement sensible
. C'est Bernard, et non un ano-
98
aé la cantilena des mots et des phrases
e
nyme du xiv sieécle (Mari VII), qui souligne dans les vers introductifs
aé l'art de poeèsie rythmique :

Ergo cum triplex dictamen constituissent,

Ad cantum rithmos constituere rudes,

Sitque licet versus cum prosa cantibus apta,

Rithmicus ordo tamen gratior esse solet.

Nam species cantus rithmis adiuncta decori :

Hic sonus est melior, quo duo pulchra sonant,

(97) P. Bourgain en a releveè une aé propos de l'accent de la peè nultieéme (û l'ars

d'Admont [i. e. Bernard de Bologne], en parlant des sillabae quae penultimam forte pro -

ducunt, retrouve la formulation qui eè tait celle d'Albeè ric, mais sans parler d'accent ý :

P. Bourgain, Le vocabulaire technique..., p. 183).

(98) On peut en voir la trace dans l'emploi, en OD IIb, 8, de l'adjectif paracterici

avec sa deè finition repercussio, qui n'est pas une creèation de Bernard, mais provient de

la theèorie musicale (NGML, s. v. paractericus). Il faudrait faire une recherche parti -

culieére sur les rapports eè troits entre theè orie musicale, versification quantitative et

theèorie du rythme : ainsi, J. Leonhardt n'a -t-il fait aucun sort, dans son livre, au

commentaire de Reè mi d'Auxerre sur le livre IX de Martianus Capella, qui traite

largement des formes de la poeè sie quantitative, en distinguant parmi elles celles qui

sont rythmiques de celles qui ne le sont pas... (PL 131, col. 931 -963, et C. E. Lutz,

Remigii Autissiodorensis Commentum in Martianum Capellam. Libri III -IX, Leyde, 1965).

Si je comprends bien Martianus et son commentateur, certains vers meè triques, et

plus particulieérement les vers dactyliques et iambiques, ont un profil musical et

rythmique (PL 131 col. 950BC ; eè d. Lutz, p. 353, en particulier ½ 518.1, 518.4 ; cf.

Mart. Cap., lib. IX, 970 et suivants).


152 anne-marie turcan-verkerk

Ut si gemma nitens rutilo societur obrizo,

Hec species potior, quo duo clara micant.

Cette sensibiliteè au rythme accentuel et aé la musique de la phrase


eètait sans doute beaucoup plus deèveloppeèe en Italie qu'ailleurs : c'est
d'ailleurs en Italie presque exclusivement, et dans le sillage de Ber -
nard, qu'ont eèteè envisageès les rapports entre la prose orneèe et l'expres-
sion poeètique, parfois confondus l'un dans l'autre et deè signeès par un
terme-valise qui laissera indiffeèrents les franc°ais presque autant que les
99
allemands : le prosimetrum . C'est aussi dans l'entourage du ma|être
bolonais, voire sous sa plume, qu'est neè e une theèorie, unique en son
genre, des terminationes rimeèes de la phrase en prose, clausules qui tou-
100
tes sont rythmeèes . Comme le laisse entendre le prologue au livre III
de la summa, c'est peut-eêtre d'avoir approfondi l'eètude du vers et de la
prose orneèe qui a convaincu Bernard de la neècessiteè d'explorer aussi
les possibiliteès de la poeèsie rythmique, et d'en fixer les reégles. P. Bour-
gain a souligneè combien le vocabulaire du De rithmico dictamine, comme
l'appelait G. Mari, et de ses divers remaniements eètait deèriveè de celui
de la prose d'art : û Ce qu'il [Mari] appelle populaire est une tradition
qui adapte le vocabulaire de la prose d'art, plus preè ciseèment sous la
forme qu'en ont donneèe les artes dictaminis, en y liant la tradition d'un
certain type d'arts hexameètriques : ce qui concerne les diffeèrentes
fac°ons de rimer ou de relier les vers entre eux par des figures de
101
mot ý : on ne saurait mieux dire. Rien de surprenant aé cela, si c'est
de l'expeèrience d'un dictator ayant particulieérement reèfleèchi aé sa disci-
pline afin de la transmettre par le traiteè qu'il eètait en train d'eècrire, et
plus qu'aucun autre porteè vers la poeèsie et la musique, qu'est neèe l'ars
rithmica.
Il se peut enfin que, comprenant progressivement le projet peè dago-
gique d'Albeèric du Mont-Cassin au fur et aé mesure qu'il suivait ses tra-
ces, Bernard ait voulu en donner une nouvelle interpreè tation, reèsolu-
ment moderne. Tenant compte du deèveloppement contemporain de la
poeèsie rythmique, les rithmorum documenta traiteraient deèsormais eègale-
ment de poeèsie profane, alors que le moine Albeèric s'en tenait aux
102
rythmes de la liturgie .

(99) A.-M. Turcan-V., Le prosimetrum...


(100) Ëd. et analyse dans A.-M. Turcan-V ., Forme et reèforme..., aé para|être.
(101) P. Bourgain , Le vocabulaire technique..., p. 191.
(102) Il est d'ailleurs remarquable que ce choix de Bernard soit deè jaé abandonneè

par son disciple, comme en teè moigne l'ars rithmica transmise par le ms. de Veè rone :

celle-ci ne comporte aucun exemple profane. Ëtait-ce une question de public ou de

choix personnel du dictator ?


le liber artis omnigenum dictaminum de ma|être bernard, i 153

Le traiteè de Bernard sur la prose, sur le meètier depuis plusieurs


103
anneèes, varie apparemment peu au contact de ces adjonctions . Le
traiteè de poeèsie rythmique ne nous eètant connu que dans une version,
nous ne pouvons juger d'une eèventuelle eèvolution. Cela dit, l'adapta-
tion qu'en donne un disciple de Bernard (ms. Ve), n'indique pas d'eè vo-
lution treés sensible, ni surtout d'eèvolution que l'on puisse mettre au
compte d'une eèlaboration progressive de la part de Bernard. Il simpli -
fie l'enseignement du ma|être, par le jeu de la transmission orale et
d'une deègradation commune dans l'enseignement. Ce n'est finalement
que le livre sur le dictamen meètrique qui permet d'observer au travail
un Bernard seèriant de mieux en mieux les questions, seèparant ce qui
doit l'eêtre, rapprochant les deèveloppements redondants, soignant tran-
sitions et aides aé la lecture. Ce sont ces traiteès et leurs variantes, leur
preèsence ou leur absence, qui, dans le cas de la summa de Bernard, ont
d'abord permis de comprendre les modaliteès et le sens de la transmis-
sion de l'Ýuvre, comme cela appara|êtra dans la seconde livraison.

5. Vers la version finale : les collections d'exordes

Il est un autre observatoire, souvent neè gligeè car de lecture ingrate,


qui permet de comprendre la fac°on dont ma|être Bernard a concreéte-
ment proceèdeè aux remaniements successifs de son manuel : la collec-
tion d'exordia attacheèe au traiteè depuis les Rationes dictandi. Je ne puis
livrer ici que quelques conclusions qui s'appuient sur le releveè des exor-
des dans tous les teèmoins qui me sont connus (des Rationes dictandi aux
remaniements attribuables aé Guido), une collation des plus variants et
104
une recherche de leurs sources .
La collection des Rationes dictandi (M f. 26-34v, teèmoin unique)
compte 104 exordes, dont trois meètriques, classeès essentiellement selon
les types de correspondants et de situations. Cette collection, qui est de

(103) On ne constate pas de modification d'incipit, d'explicit, ou de plan. En

revanche, je n'ai pas systeè matiquement collationneè le texte des reè dactions A et B :

des modifications internes, qui ne seraient d'ailleurs pas neè cessairement lieèes aé l'ad-

jonction des livres II et III, peuvent m'avoir eè chappeè .

(104) L'eèdition de la summa comportera en annexe 1) un releveè des exordes des

Rationes dictandi : M, cf. W (Wien, Oë NB, 2507 f. 14v -25v) ^ de la red. A : Bu, G,
è
V ^ de la reèd. B : P, K, Br, Bg ^ des Modi dictaminum de Guido : Ve ^ des Introductio -

nes prosaici dictaminis : Ma, dans leur ordre d'apparition, le texte de reè feèrence eètant le

premier eè tat de la summa, GV (avec des renvois aé S) ; 2) une liste des exordes propres

aé la reèdaction B avec des tentatives d'identification des sources ; 3) un releveè des

exordes de S avec les renvois neè cessaires aux autres collections ; 4) un index de l'en -

semble des exordes apparaissant dans tous ces mss. Chaque exorde est deè signeè par le

sigle du ms. et son numeè ro d'ordre.


154 anne-marie turcan-verkerk

toute eèvidence la seèrie la plus ancienne, est reproduite, aé quelques


105
deètails preés , dans un teèmoin de la reèdaction A, le manuscrit de
Budapest (Bu f. 36-41) ; celui-ci ne transmet que deux exordes absents
de M, mais preèsents dans les reèdactions A et B (Bu 22 et Bu 25), ce
qui doit signifier qu'ils appartenaient malgreè tout aé la collection primi-
tive, n'ayant eèteè oublieès que dans le teèmoin M. La parenteè MBu nous
permet de savoir que l'un des deux textes de base ayant servi aé la
reèdaction A (cf. seconde livraison) devait eê tre encore extreêmement
proche des Rationes dictandi : cela confirme treés exactement ce que
l'analyse des diffeèrentes versions du livre II sur la meètrique permet de
comprendre, puisque le manuscrit Am deèpendait d'une version dans
laquelle le traiteè de prosodie venait tout juste d'eêtre associeè au traiteè
sur la prose eèpistolaire, alors que le manuscrit G utilisait une version
plus eèlaboreèe.
Les manuscrits G et V transmettent une collection d'exordia ayant
exactement la meême composition, meême si V introduit souvent des
variantes qui lui sont propres (G f. 89-103, V f. 36-47). Cette seèrie
suit l'ordre de M (et Bu), mais en lui ajoutant un certain nombre de
pieéces, le total se montant aé 139 exordes. Cette seèrie n'a pas eèteè aug-
menteèe lors du remaniement en domaine germanique (reè daction A,
cf. seconde livraison), mais par Bernard. En effet, aé trois exceptions
preés ^ qui n'en sont pas, puisque ces exordes manquants existent dans
le manuscrit K, et ne sont donc que des lacunes du teè moin P (GV 91,
115 et 124), toutes les additions de GV se retrouvent dans la collection
transmise par PK, et un certain nombre d'entre elles, dans le meê me
ordre d'apparition, dans la collection de Savignano. D'autre part, les
manuscrits GV ne deèpendent pas de Bu, puisqu'ils posseédent la plupart
des exordia absents de Bu mais preèsents dans M : nous n'avons donc pas
affaire aé un remaniement de type A dont Bu aurait constitueè la pre-
mieére eètape, GV la seconde. En revanche, les lec°ons communes aé GV,
qui souvent distinguent ces deux manuscrits du reste de la tradition,
sont bien aé mettre au compte du remaniement de la reèdaction A. La
nouveauteè de cette collection reèside dans le nombre des exordes, mais
aussi dans leur classement, qui, tout en suivant globalement l'ordre
de M, se veut plus systeèmatique et suit la theèorie des huit modi exposeèe
dans OD au chapitre I, xxiii. Ce nouveau classement explique certains
deèplacements par rapport aé la collection de M (par exemple M 33 aé
la suite de M 22). Parmi les exordes nouveaux, on remarque la preè -
sence d'exordes meètriques inc. : û Ut phebi radii ý (BuGV 25), û Eger
ut optatam ý (GV 33), û Cum benefacta ý (GV 42), û Nos quoniam
socio ý (GV 59), û Postquam cognovi ý (GV 91), û Quamlibet ut fol -

(105) Il manque : M 8, M 12, M 28 -29, M 40, M 47, M 86, M 104.


le liber artis omnigenum dictaminum de ma|être bernard, i 155

lis ý (GV 115), û Quamvis tu iuvenis ý (GV 124). La grande majoriteè


des additions visent aé justifier le nouveau cadre de classement en eè tof-
fant chacune des huit cateègories. Cette collection augmenteèe, consti-
tueèe pour accompagner la summa eèlargie aé la versification, est deèdieèe aé
un ami de Bernard, Henricus.
La collection transmise par Wien, Oë NB, 2507 (= W f. 14v-25v) est

treés eètroitement apparenteèe aé M, mais posseéde quelques pieéces absen-


tes de cette version ; on peut dire la meême chose de ses relations avec la
collection GV, aé laquelle elle ne peut eêtre assimileèe. Elle est certaine-
ment contemporaine de la reèdaction B, voire des Introductiones prosaici
dictaminis, mais semble avoir eèteè refaite en grande partie aé partir de M.
La lettre aé Henricus appara|êt eègalement en teête de la collection de
205 exordia transmise par la reèdaction B (P f. 22-30 ; avec quelques
variantes K f. 120-128 ; la lettre introduit une collection compleé te
mais en deèsordre dans Bg f. 88-88v et 90-105v ; Br f. 101v-104 trans-
106

met un choix de 95 exordes, dans un certain deèsordre, sans la lettre de


deèdicace), avec, dans K, le titre Incipit libellus exordiorum dictaminis ad
Henricum (titre probablement identique, mais en grande partie rogneè
dans P f. 21v ; dans Bg : Incipit libellus exordiorum bernardini dictaminis pro -
fessionis magistri ad henricum ab eo nimium dilectum). De fait, comme on l'a
dit, tous les exordia propres aé GV se retrouvent, aé peu preés dans le
meême ordre, dans la collection transmise par le manuscrit P ; ceux qui
manquent dans P se trouvent dans K, de telle sorte que l'on peut
consideèrer qu'ils faisaient bien partie du texte de base de la reè dac-
tion B. La collection GV forme le cÝur de ce nouvel eè tat du recueil.
Ce noyau important a eèteè leègeérement augmenteè de pieéces preèsentes
dans la collection primitive et que GV n'avaient pas retenues : il est
difficile de deèterminer si ces pieéces ont eèteè supprimeèes de la collection
de GV lors des remaniements propres aé la reèdaction A ou s'il s'agit
vraiment d'innovations dues aé Bernard. Dans ce dernier cas, Bernard
aurait eu sur sa table de travail aé la fois le premier eètat de la summa
) aux-
107
(dont teèmoignent GV) et les Rationes dictandi (non pas l'eètat Bu
quelles auraient eèteè puiseès les huit exordia reèintroduits dans le deèroule-
108
ment de la collection . C'est probablement la bonne solution, car,
comme nous le verrons bientoêt, Bernard proceéde preèciseèment de cette
fac°on lors du remaniement donnant naissance aé la collection de S. En

(106) Collection compleé te dans Bg, mais transmise dans un ordre pertur -

beè (f. 88-88v : deèd. et Bg 1-3, f. 90-95v : Bg 4 -81, f. 98-105v : Bg 82-203).

(107) Plusieurs de ces exordes manquent dans Bu.

(108) M 8 (P 42) - M 12 (P 34) - M 32 (Bu 31 P 54) - M 83 (Bu 79 P 140) -


M 87 (P 145) - M 91 (Bu 85 P 153 S 100) - M 96 (Bu 90 P 159 S 106) - M 101
(Bu 95 P 168 S 124).
156 anne-marie turcan-verkerk

revanche, si les variantes des exordes de P correspondent la plupart du


temps aé celles de MBu contre le texte de GV, c'est sans doute non pas
parce que P va rechercher le texte de M, mais parce que le texte de
base de la reèdaction A eètait conforme aé celui des Rationes dictandi et des
textes deèriveès, et n'a subi qu'ulteèrieurement, lors de sa transmission
vers l'espace germanique et du travail effectueè pour la reèdaction A (cf.
seconde livraison), des modifications.
Les manuscrits de la reèdaction B transmettent un texte constitueè en
deux eètapes. La premieére strate de ce texte correspond globalement aé
l'eètat GV, et est accompagneèe de la deèdicace aé Henricus. Le texte a
rec°u ensuite un certain nombre d'additions : un exorde est inseè reè au
cours de la collection GV (P 149 K 152), mais l'essentiel des additions
est formeè de trois blocs d'exordia ajouteès au deèbut et aé la fin de la collec-
tion de type GV. Aucune de ces additions ne sera reprise dans S. Le
dernier bloc, qui transmet des preèambules de privileéges pontificaux,
est sans doute datable du pontificat d'Adrien IV au plus tard. Il preè -
sente des points communs avec la collection d'exordia associeèe aux
Introductiones prosaici dictaminis (1152-1153), ce qui montre que l'addi-
tion est encore italienne, et issue de l'entourage de Bernard, mais peut -
eêtre relativement tardive. Seule la premieére strate nous renseigne sur
l'eèvolution du travail de Bernard entre le texte de base de la reè dac-
tion A et l'eètat du traiteè dans le manuscrit de Savignano. Je reviens
plus avant sur la nature, la date et l'auteur de la reèdaction B, en m'ap-
puyant sur une analyse plus deètailleèe de la collection d'exordia (seconde
livraison).
La collection transmise par S ne posseéde pas de lettre de deèdicace (S
f. 103-112v). Elle se distingue des autres collections par la preè sence, au
deèbut, de deux blocs de 31 et 38 exordes seè pareès par un seul exorde
repris de la collection preèceèdente (M 17 = BuGV 24 PK 41 S 32
Ma 132). Dans la suite, la collection suit globalement l'ordre de
GVPK (un petit groupe de trois exordes, GV 59 aé 61 [P 83, 84, 86],
sans doute oublieè, a eèteè reèintercaleè en ordre inverse entre GV 71 et
GV 76), mais en y pratiquant des coupes et des intercalations : S suit
le canevas de GVPK, mais, contrairement aé ce que l'on observe dans
PK, ne reprend pas la collection en bloc, et de ce fait supprime la deè di-
cace aé Henricus. La plupart des 44 exordes propres aé GVPK, c'est-aé-
dire absents des Rationes dictandi et de Bu, ont eèteè eèlimineès de S ; font
exception la plupart des exordia meètriques qui n'existaient pas dans M
et que S veut manifestement conserver, et quelques exordia en prose
dont je ne sais expliquer la preèsence (en tout, 13 exordes). Si de nom-
breux exordes sont supprimeès, d'autres sont intercaleès au cours de la
seèrie de GVPK : il s'agit soit d'innovations compleé tes, soit, comme aé
l'eètape preèceèdente, d'exordes reècupeèreès dans la version des Rationes dic-
le liber artis omnigenum dictaminum de ma|être bernard, i 157

tandi (et non dans celle de Bu) alors qu'ils avaient eè teè eècarteès de la col-
lection remanieèe aé la demande d'Henricus (M 102, 103, 104, seul le
premier figurant dans Bu). L'auteur ne travaille pas sur une seè rie de
type GV, mais sur une seèrie de type PK : quatre exordes figurant pour
la premieére fois dans PK, qui preèceédent un bloc de 7 exordes nou-
109
veaux, sont repris dans S, et selon l'ordre de P . S partage avec PK
certaines lec°ons distinctives, par exemple dans l'exorde M 99
(= Bu 93 GV 136 P 161 K 164 S 109), avec l'incipit Deo placens PKS
. Comme aé l'eètape preèceè-
110
contre Deo placentis GV et Complacens MBu
dente, on a l'impression que l'auteur a travailleè avec la version immeè-
diatement anteèrieure de son texte, et, paralleélement, pour des veèrifica-
tions peut-eêtre et dans un souci constant de retour aé la source de son
enseignement, les Rationes dictandi.
A quel dessein additions et soustractions correspondent-elles dans S ?
Il m'est difficile de le dire. Si l'ampleur totale de la collection varie
peu (125 exordes contre 139 dans GV), de nombreux exemples ont eè teè
remplaceès aé l'inteèrieur du meême cadre de classement selon les huit
modi. Bernard veut sans doute revenir partiellement aux Rationes dic-
tandi, mais aussi accentuer le lien entre dictamen en prose et dictamen en
vers. Les additions massives peuvent correspondre aé l'exploitation de
sources nouvelles : il me semble que l'on peut y distinguer deux grands
ensembles, une seèrie de proverbes (les exordia absoluta), peut-eêtre reprise
d'une source que nous ne connaissons pas, et une seè rie d'exordes par
similitudo au caracteére poeètique assez marqueè, eèvoquant aé plusieurs
reprises les comparaisons eèpiques. Signe d'une relecture de Virgile ?
Deècouverte encore d'une source qui nous est inconnue ? Je ne puis en
deècider ; la rubrique de Savignano 45 indique qu'il s'agit d'une û inven-
tion ý toute reècente (Mire suavitatis exordia, noviter quantitative et similitu-
dinarie inventa incipiunt), mais le terme inventa est en lui-meême ambigu.
En tout cas, il me semble que ce caracteére marqueè de la collection
d'exordia de S doit eêtre rapprocheè de l'ambition qu'a Bernard d'ensei-
gner comme un tout prose d'art et poeèsie, ambition qui trouve son
eèpanouissement dans le recueil de Savignano.
L'analyse des collections d'exordes confirme donc plusieurs des faits
deègageès preèceèdemment. Elle permet d'observer Bernard au travail,

(109) P 164 (S 112) - P 166 (S 122) - P 167 (S 123) - (P 168 [S 124] figurait
deèjaé dans GV, mais dans un autre contexte) - P 169 (S 125).
(110) D'autres parenteè s textuelles ne permettent pas de conclure aé une deèpen -

dance de S aé l'eègard de P. Ainsi, oué GV transmettent l'exorde Divini fontis plenitudine

arida sitis (GV 133), absent de M et Bu, PS ont le texte In vivi fontis plenitudine arida

sitis (P 158 S 105) : s'agit -il d'une innovation de P reprise par S, ou a -t-on affaire,

dans GV, aé l'un des micro-remaniements de la reè daction A visant aé spiritualiser le

texte, comme c'est le cas dans le traiteè de versification hexameè trique ?


158 anne-marie turcan-verkerk

progressant d'une version aé l'autre en s'appuyant sur ce qu'il vient de


mettre au point, mais en revenant aussi inlassablement aux Rationes
dictandi. Chaque collection marque un progreés de la poeèsie, qu'il
s'agisse de versification ou de theémes poeètiques. Nous avons enfin la
preuve que le texte de type GV (reèd. A) a eèteè construit sur un texte de
type M ( Rationes dictandi), le texte de type PK (reèd. B) sur un texte de
type GV (et M), le texte de S (reèd. C) sur un texte de type PK (et M).
Les remaniements eètrangers aé ma|être Bernard ont eèteè faits, pour la
reèdaction A, sur deux versions, une version de type G et une version
intermeèdiaire entre M et G (type Bu), et pour la reèdaction B sur une
seule version treés proche du premier eètat de la summa, de type GV.
Reste aé dater et localiser ces remaniements ulteè rieurs.
(aé suivre)

Anne-Marie Turcan-Verkerk
EPHE, Sciences historiques et philologiques
LE OPERE DI ACARDO DI SAN VITTORE (À 1170/1171)

A distanza di pochi anni l'una dall'altra sono state pubblicate due


1
diverse liste delle opere di Acardo di San Vittore . La prima, del 1997,
realizzata da Richard Sharpe elenca quattro opere, ovvero : (1) De
discretione animae, spiritus et mentis, (2) De Trinitate, (3) De unitate ed i
2
(4) Sermones ; la seconda pubblicata nel 2000 eé formata da dieci item :
(1) De discretione animae, spiritus et mentis ; (2) De trinitate (sive De unitate
divinae essentiae et pluralitate creaturarum) considerata dubbia ; il n. 3 eé
costituito da un rinvio al De trinitate ; i nn. 4-6 da Epistolae (che in que-
sta sede non verranno prese in esame in quanto Acardo non ha lasciato
un Epistolario, ovvero una raccolta sistematica di lettere destinata alla
divulgazione e alla circolazione, ma soltanto atti amministrativi con -
3
cernenti la sua attivitaé di abate e in seguito di vescovo ) ; seguono al
n. 7 le Quaestiones, dubbie ; al n. 8 un Sermo in dedicatione ecclesiae, indi-
cato come opus deperditum ; al n. 9 i Sermones, infine l'item 10 segnala altri
4
Sermones, ma li contrassegna come dubbi .
Lo sdoppiamento del De Trinitate nel repertorio di Sharpe, eé dovuto,
come vedremo, al manoscritto unico testimone dell'opera, in cui il
testo si presenta diviso in due brevi û trattati ý , mentre la lista propo-
5

sta in C.A.L.M.A. pare essere il frutto di un esame affrettato e piutto -


sto superficiale delle fonti consultate.

(1) Su Acardo : A. Mignon, Achard de Saint-Victor, in Dictionnaire de theèologie catho-

lique, t. I, 1903, c. 309 -310 ; J. Chaê tillon, Theèologie, spiritualiteè , et meètaphysique dans
¨
l'Ýuvre d'Achard de Saint -Victor. Etudes d'histoire doctrinale preè ceèdeèes d'un essai sur la vie et
¨
l'Ýuvre d'Achard, Paris, 1969 (Etudes de philosophie meè dieèvale, 58) ; M.-Th. d'Alverny,

Achard de Saint-Victor, eèveêque d'Avranches, disciple de saint Anselme, in Analecta Anselmiana,

t. 2, 1970, p. 217 -222 (rist. in ead., Penseèe meèdieèvale en Occident. Theè ologie, magie et autre
e
textes des xii -xiii e sieécles, ed. by Ch. Burnett, Aldershot, 1995, n³ VIII).
(2) R. Sharpe, A handlist of the Latin writers of Great Britain and Ireland before 1540,

Turnhout, 1997 (Publications of the Journal of Medieval Latin, 1), ristampato con

aggiunte, p. 913 -944, Turnhout, 2002 (le aggiunte sono consultabili nel sito web del

curatore), p. 4.

(3) Diffusamente Chaê tillon, Theèologie, spiritualiteè , cit., in part. alle p. 75 -96.

(4) C.A.L.M.A. Compendium auctorum Latinorum medii aevi, a cura di M. Lapidge,

G. C. Garfagnini, C. Leonardi, et al., Firenze, 2000, fasc. I, p. 13 -14.

(5) La notizia di Sharpe eé dedotta dallo studio di Marie -Theèreése d'Alverny (vd.

infra p. 165), lo studioso non menziona l'edizione del 1987.

Revue d'histoire des textes, n.s., t. V, 2010, 159-173 ©


160 giovanna murano

I. De discretione animae, spiritus et mentis

Il breve trattato De discretione animae, spiritus et mentis (inc. : Substantia


interior, quae una cum corpore constituit hominem, secundum varia ipsius exercitia
6
sive officia...), attribuito per lungo tempo ad Adam di San Vittore , ha
attirato per il suo contenuto l'attenzione di diversi studiosi. Nel De
discretione l'autore si impegna a giustificare la divisione tripartita di cioé
che definisce substantia interior e che, con il corpo al quale si oppone,
7
costituisce l'essere umano .
L'attribuzione ad Adam risale a Claude de Grandrue, autore nel
sec. xvi di due cataloghi della biblioteca parigina di Saint -Victor . La
8

biblioteca possedeva due manoscritti dell'opera, il primo, segnato


LL 7, corrisponde all'attuale Paris, BnF, lat. 14842, f. 17r-20v, copiato
all'inizio del sec. xiii e contenente l'opera anonima, il secondo, segnato
JJ 15, corrisponde all'attuale Paris, Bibl. Mazarine, 1002, f. 242v-247r
e reca l'intitulatio : Tractatus magistri A. de discretione anime, spiritus et men -
tis. Claude de Grandrue ritenne la A. abbreviazione di Adam di
Saint-Victor e nella tavola del contenuto di sua mano annotata nel
verso del foglio di guardia del manoscritto JJ 15 trascrisse semplice-
mente il titolo dell'opera, mentre nel ms LL 7, in cui l'opera era rima-
sta anonima, annotoé : Liber magistri Ad. de Sancto Victore de distinctione
9
(sic) anime, spiritus et mentis . Egualmente nel catalogo alfabetico degli
autori segnaloé il De discretione tra le opere di Adam di Saint-Victor
10
.

(6) Ad esempio eé dubitativamente attribuito ad Adam nel manuale di

M. Manitius, Geschichte der lateinischen Literatur des Mittelalters, (Handbuch der Alber -

tumswissenschaft), t. III, Mu«nchen, 1931 : Vom Ausbruch des Kirchenstreites bis zum Ende

des zwo« lften Jahrhunderts, p. 1003. Il manuale di Manitius (uno dei pochi che giunge

fino al sec. xii), nonostante l'alto valore, per molti autori appare ormai decisamente

superato.

(7) û Probleéme deèlicat, qui ne consiste pas seulement aé essayer de deè finir avec

quelque preècision le sens des termes anima, spiritus et mens, aé deècrire les fonctions pro -

pres aé chacune de ces trois û puissances ý ou aé justifier la hieè rarchie qu'il convient

d'eètablir entre elle (est enim mens in summo, anima in imo, spiritus in medio), mais aussi et

d'abord aé expliquer comment cette diversiteè ou cette pluraliteè des puissances peut

s'accorder avec l'uniteè et la simpliciteè de la substance inteèrieure. Les analyses psy -

chologiques et morales sont donc preè ceèdeèes ici d'un exposeè d'antropologie meètaphy-

sique qui va aussi chercher quelches lumieé res dans la theèologie ý (J. Chaê tillon,

Achard de Saint -Victor et De discretione animae, spiritus et mentis, in Archives d'histoire

doctrinale et litteè raire du Moyen age, t. 31, 1964, p. 7 -35, citazione da p. 8).

(8) G. Ouy, Les manuscrits de l'Abbaye de Saint -Victor. Catalogue eè tabli sur la base du

reèpertoire de Claude de Grandrue (1514), t. I : Introduction ^ Concordances ^ Index. t. II :

Texte, Turnhout, 1999 (Bibliotheca Victorina 10).

(9) Paris, BnF, lat. 14842, verso del foglio di guardia.

(10) In Ouy, Les manuscrits..., la sola opera di Acardo segnalata nell'indice eé il

Super Ductus est Iesus tractatus (t. I, p. 319) che corrisponde in realtaé al sermo XV,
acardo di san vittore 161

Alla tradizione che attribuiva il De discretione ad Adam si opponeva


quella proveniente da Casimir Oudin che considerava l'opera di un
11
diverso vittorino, Acardo, abate di San Vittore dal 1155 al 1160 . Ad
Oudin erano noti due diversi testimoni, entrambi a Cambridge. Nel
primo che si conservava nella biblioteca universitaria di Cambridge
12
sotto il n³ 1558 l'opera era anonima , nel secondo, corrispondente
all'attuale Cambridge, Corpus Christi College, 451, il De discretione ai
f. 131-134 reca l'intitulatio : Tractatus magistri Achardi de divisione anime et
spiritus.
A fronte di questa doppia tradizione Germain Morin, alla fine del
sec. xix , interviene a favore di Acardo
13
e nel 1935 pubblica la prima
14
edizione dell'opera basata sul Paris, Bibl. Mazarine, 1002 . Nella breve
introduzione Morin ricorda di aver abbandonato gli studi della filoso -
fia ormai da anni e nell'occasione dedicata al grande maestro Martin
Grabmann di aver û [...] passeè en revue les mateèriaux amasseès dans le
passeè [...] ý e di aver scelto tra questi il De discretione. A cioé eé sicura-
mente dovuta l'assenza di una adeguata introduzione critica al trat -
tato. Il manoscritto scelto, tuttavia, eé testimone rilevante e degno di
fede. Scritto dalla stessa mano che ha copiato il Paris, BnF, lat. 14515,
il ms. 1002 della Mazarine ai f. 1r-137v contiene il Libellus sermonum di
Goffredo di San Vittore con addizioni, epigrafi e rubriche autografe
15
dell'autore ; si tratta dunque di un idiografo, ovvero dell'esemplare
scritto dal copista o dai copisti di fiducia o dal segretario, rivisto e cor -
retto dallo stesso autore. Poicheè Acardo era stato abate di San Vittore
possiamo supporre che anche i testi di quest'ultimo copiati nello stesso
manoscritto siano stati sottoposti alla medesima cura ed attenzione.
Le argomentazioni di Morin a sostegno dell'attribuzione del De discre-
tione ad Acardo sono piuttosto fragili (oltre che per le ragioni dichia -

mentre i due testimoni parigini del De discretione sono stati erroneamente attribuiti a

Riccardo di San Vittore, cf. t. II, p. 277 e 299.

(11) C. Oudin , Commentarius de scriptoribus Ecclesiae antiquis illorumque scriptis tam

impressis quam manuscriptis ad annum 1460, t. II, Lipsiae, 1722 (rist. Farnborough,

1986), col. 1298 -1300.

(12) Chaêtillon , Achard de Saint-Victor..., p. 11 ipotizza possa trattarsi dell'at -

tuale Cambridge, Univ., 1773 (Ii.3.9), f. 112v-118v.

(13) G. Morin , Un traiteè faussement attribueè a Adam de Saint-Victor, in Revue beèneèdic-

tine, t. 16, 1899, p. 218 -219.

(14) G. Morin , Un traiteè ineèdit d'Achard de Saint -Victor, in Aus der Geisteswelt des

« nster, 1935 (Beitra«ge zur


Mittelalters. Studien und Texte Martin Grabmann gewidmet, Mu

Geschichte der Philosophie des Millelalters, Supplement, 3/1), p. 251 -262 : 252-262 (ed.).

(15) G. Ouy , Manuscrits entieé rement ou partiellement autographes de Godefroid de Saint -

Victor, in Scriptorium, t. 36, 1982, p. 35 ; F. Gasparri , Observations paleèographiques sur

deux manuscrits partiellement autographes de Godefroid de Saint -Victor, in Scriptorium, t. 36,

1982, p. 43 -50.
162 giovanna murano
rate nella prefazione, anche per la mancata conoscenza, nel 1935, di
opere sicuramente acardiane con cui operare un raffronto) e nel 1960
a seguito del ritrovamento di un nuovo testimone dell'opera, il ms
Cambridge, Univ., 1773 (Ii.3.9), f. 112v-118v (lo stesso segnalato da
C. Oudin ?), Ha«ring pubblica una nuova edizione dell'opera, riget -
tando le testimonianze dei manoscritti (û if an author's name is mis -
sing, the normal presumption would be that the scribe did not have it
in his exemplar ý) ed attribuendola, sulla base di sole comparazioni
16
dottrinali, a Gilberto di Poitiers .
La nuova paternitaé del De discretione non ha trovato consensi. Recen-
sendo l'edizione nel 1962, p. L.-J. Bataillon scrive û [...] il sera plus
prudent de ne pas se pronuncer trop fermement sur l'attribution et de
ý Nella querelle inter-
17
ne pas rejeter trop vite le teèmoignage des mss.
viene il maggior conoscitore di Acardo : Jean Chaê tillon. Tra le nume-
rose û controprove ý a favore della paternitaé di Acardo, Chaêtillon
adduce quella relativa all'iniziale A., presente nel manoscritto della
Mazarine e ricorda che questa sigla per un copista che scrive a San
Vittore tra la fine del sec. xii e gli inizi del sec. xiii indica un autore
ben preciso : Acardo, l'abate di San Vittore dal 1155 al 1160. Alla
base di questa affermazione lo studio puntuale condotto dallo stesso
Chaêtillon sulle collezioni di sermoni di autori vittorini. In queste rac -
colte i singoli testi sono attribuiti ai maestri identificati per mezzo di
sigle, raramente con il nome scritto per esteso : Gi. o G., ad esempio,
identifica Gauthier di San Vittore, m. P. m, identifica magister Petrus
Manducator, magister A. o semplicemente m. A, identifica magister
Acardo e cos|é via. La tradizione manoscritta dunque non eé discor-
dante : su quattro testimoni due recano l'attribuzione ad Acardo, due
sono anonimi. Oltre alle testimonianze esterne, Chaêtillon esamina le
prove dottrinali su cui eé basata la nuova attribuzione a Gilberto di
Poitiers e giunge alla conclusione û [...] qu'il s'agit le plus souvent de
doctrines et d'interpretationes assez communes, vers le milieu du xii e

sieécle, que des auteurs diffeèrent ont pu conna|être ý ed infine che :


û Dans l'eètat actuel de notre information nous n'avons aucune raison
de mettre en doute l'attribution que nous avaient proposeè e les manu-
18
scrits et dont Germain Morin s'eètait fait le deèfenseur . ý
Ma soprattutto le argomentazioni e l'attribuzione di Ha« ring non
hanno convinto gli esperti dell'opera del Porreta, in particolare van

(16) N. M. Ha« ring , Gilbert of Poitiers, author of the De discretione animae, spiritus et

mentis commonly attributed to Achard of Saint -Victor, in Mediaeval studies, t. 22, 1960,

p. 148-191, ediz. p. 174 -191.

(17) In Revue des sciences philosophique et theè ologique, t. 46, 1962, p. 517 -519.

(18) Chaêtillon , Achard de Saint -Victor..., p. 34 e 35.


acardo di san vittore 163

Elswijk, il quale ha concluso che : û Ils prouvent tout au plus, que l'au -
teur a connu les eécrits de Gilbert et qu'il lui a emprunteè certains traits
19
de style. Mais le contenu doctrinale n'est pas de Gilbert . ý
Sulla fragilitaé delle fondamenta su cui eé basata la tesi attributiva di
Ha«ring eé dunque concorde la critica. Se alle speculazioni intellettuali
contrapponiamo le prove che emergono dall'esame della tradizione
manoscritta risulta evidente che il De discretione eé opera autentica di
Acardo di San Vittore.

II. De trinitate sive de unitate divinae essentiae et


pluralitate creaturarum

L'Eulogium ad Alexandrum papam tertium (ca 1179) indirizzato dall'au-


, al papa allo scopo di otte-
20
tore, Iohannes Cornubiensis (À ca 1199)
nere una condanna definitiva della dottrina denominata û nichili -
21
smo ý eé stato oggetto di una doppia redazione . Nella seconda,
attestata nel Paris, Bibl. de l'Arsenal, 265 ai f. 95r-125r
22
, l'Eulogium
(inc. In concilio Turonensi quod dudum convocatis...) eé preceduto da una

(19) H. C. Van Elswijk, Gilbert Porreta, sa vie, son Ýuvre, sa penseè e, Louvain, 1966
¨
(Spicilegium sacrum Lovaniense. E tudes et document, fasc. 33), p. 67-68.

(20) E. Rathbone, John of Cornwall. A Brief biography, in Recherches de theèologie

ancienne et meèdieèvale, t. 17, 1950, p. 46-60, p. 50 e p. 59 indica come anno della morte

il 1199, mentre pare essere un errore di stampa la data û after 1179 ý segnalata da

Sharpe, Latin Writers, p. 229.

(21) Edito da E. Marteé ne - U. Durand, Thesaurus novus anecdotorum, t. V, Paris,

1717, col. 1657 -1702 eé stato ristampato in P.L. 199, 1043A -1086. B. N. Ha
« ring,

The Eulogium ad Alexandrum Papam tertium of John of Cornwall, in Mediaeval studies,

t. 13, 1951, p. 253-300 ha curato l'edizione della seconda recensio.

(22) Giaé descritto da F. Pelster, Eine ungedruckte Einleitung zu einer zweiten

Auflage des Eulogium ad Alexandrum III Johannis Cornubiensis, in Historisches

Jahrbuch, t. 54, 1934, p. 221 -229 ; del ms si sono nuovamente occupati : E. M.

Buytaert - C. C. Mews, Petri Abaelardi Opera theologica III. Theologia û Summi boni ý,

Theologia û Scholarium ý, Turnhout, 1987 (CCCM 13), p. 243 -247 e P. Stirnemann,

Histoire tripartite : un inventaire des livres de Pierre Lombard, un exemplaire de ses Sentences

et le destinataire du Psautier de Copenhague, in Du copiste au collectionneur. Meè langes d'histoire

des textes et des bibliotheè ques en l'honneur d'Andreè Vernet, eèd. D. Nebbiai - J. - F. Genest,

Turnhout, 1998 (Bibliologia, 18), p. 301-318 ; a pl. 5 eé riprodotta la prima pagina

dell'Eulogium (ringrazio Donatella Nebbiai per aver attirato la mia attenzione su

questo studio). A parere di Rathbone, John of Cornwall..., p. 53 : û In cod. 62 of the

library of Corpus Christi College, Cambridge, which formerly belonged to the

cathedral priory of Rochester, is a copy of the second edition with the prologue

found in cod. Paris Arsenal 265 [...] ý, ma secondo Ha« ring, The Eulogium..., p. 253,

255 il ms contiene il testo della Retractatio ma non le additiones complete della

seconda recensio.
164 giovanna murano
Retractatio in cui Iohannes Cornubiensis segnala le integrazioni al testo
della prima edizione :

Cum in prima Eulogii editione propter Romanum quod tunc temporis

inminebat Concilium brevi nimis et celeri stilo functus necessaria que -

dam omisissem, postmodum eadem explanande dumtaxat vel confir -

mande veritatis gratia prioribus adieci, sed nec unum iotha nec unum
to
apicem subtraxi. In IIII siquidem capitulo, quod sic incipit : Magister

Anselmus Cantuariensis, disputationem magistri Acardi quorundam socio -


23
rum desiderio elucidavi. In X capitulo ...

Nel cap. IV contenente le Auctoritates magistrorum contra illas duas sen-


tentias, dopo l'Epistola ad Urbanum Papa di Anselmus Cantuariensis, il
De consideratione di Bernardo di Clairvaux ed il De sacramentis di Ugo di
San Vittore, Iohannes Cornubiensis inserisce le due lunghe citazioni
preannunciate nella Retractatio :

Magister Acardus in libro suo De Trinitate :

In Christo due nature sunt quarum utraque persona dici potest per se.

Nec tamen due sunt persone sed una in naturis duabus : In Deo assu -

mente hominem, i.e. in Verbo, ex ipsius natura ; in homine assumpto ex

assumentis Verbi beneficio et gratia.

Item :

Quamvis in Verbo assumente et homine assumpto alterum sit ex altero,

homo scilicet a Verbo, non tamen duas ibi esse personam vel unam [...]

Hec disputatio magistri Acardi in principio sui asserit duas esse naturas
24
in Christo ...

Il nome di Acardo non eé abbreviato ma eé indicato per esteso sia


nella retractatio, sia nel cap. IV. Il dubbio che si potrebbe sollevare
ovvero che l'autore dell'Eulogium potrebbe essersi sbagliato, o che
25
potrebbe aver dedotto l'attribuzione da un testimone scorretto , eé
privo di fondamento considerato sia il contesto in cui sono state inse -
rite le citazioni ^ l'Eulogium eé indirizzato al papa ^ sia la forma, sia
soprattutto la premessa dello stesso autore.
Le due citazioni hanno consentito a Marie-Theèreése d'Alverny di
identificare l'opera nel ms. Padova, Biblioteca Antoniana, 89 Scaff. V, un
testimone datato 1352. Nel Padovano l'opera eé ripartita in due brevi
û trattati ý, suddivisi in capitoli di ampiezza diseguale (cinquanta,

(23) Ha« ring , The Eulogium..., p. 256.

(24) Op. cit., p. 267.

(25) Chaêtillon , Theèologie..., p. 123.


acardo di san vittore 165

. Il fasci-
26
assai brevi, nel primo, ventuno un po'piué ampi nel secondo)
colo, aggiunto alla compagine originale ed inserito tra due opere di
sant'Anselmo, il De casu diaboli ed il Liber orationum, eé stato ripiegato in
modo non corretto ed eé stato cos|é ricostruito dalla studiosa :

Tractatus I Tractatus II

cap. 1-11 f. 177-177v cap. 1-3 f. 187-187v

cap. 11-18 f. 180-180v cap. 3-6 f. 184-184v

cap. 18-31 f. 179-179v cap. 6-9 f. 183-183v

cap. 31-41 f. 182-182v cap. 9-14 f. 186-186v

cap. 41-47 f. 181-181v cap. 14-18 f. 185-185v

cap. 47-49 f. 178-178v cap. 18-21 f. 188

cap. 49-50 f. 187

Al termine del fascicolo compare il titolo del secondo trattato : Expli-


cit de unitate et pluralitate creaturarum sub anno Incarnationis eiusdem Domini
1352.
L'opuscolo tratta di problemi teologici (la questione dell'unitaé del
Padre e del Figlio, il problema della û pluralitas personalis ý, delle
persone divine, etc.), ma i singoli argomenti sono approfonditi con il
ricorso a temi metafisici. Piué che opera teologica, o di filosofia o di
27
metafisica eé stata definita opera û filosofica ý e û metafisica ý , e cioé
spiega, probabilmente, l'interesse suscitato tra i teologi (eé fonte del
ben piué diffuso De Trinitate di Riccardo di San Vittore) ed il percheè i
due ampi brani siano stati inclusi nell'Eulogium. L'opera individuata
con il titolo De Trinitate da Iohannes Cornubiensis eé la stessa che nel-
l'explicit del manoscritto padovano eé intitolata De unitate et pluralitate
ed i due passaggi citati nell'Eulogium corrispondono ai cap. 14
(f. 180r) e 15 (f. 180v) del Tractatus I.
Un trattato intitolato De trinitate eé egualmente attribuito ad Acardo
nell'Index Britanniae scriptorum : û Achardus quidam (ut apparet) ex
Brydlingtona, Canonicus, scripsit : De trinitate li. i. Ex Iohannis Lelandi
28
Collectaneis . ý

(26) Marie-Theèreése d'Alverny, Achard de Saint-Victor, De Trinitate, De unitate et

pluralitate creaturarum, in Recherches de theèologie ancienne et meè dieèvale, t. 21, 1954, p. 299 -

306. L'incipit del primo û trattato ý ovvero del De unitate et trinitate eé : In creaturis non

est vera pluralitas, quia nec vera unitas. Non enim alius est pluralitas... ; l'incipit del secondo

û trattato ý che ha il titolo De unitate et pluralitate creaturarum eé : Intellectuales sive exem -

plares que predictae sunt rerum forme, que in Deo per solum dicuntur esse... Sul ritrovamento

ed i problemi concernenti l'attribuzione v. anche Cha


ê tillon, Theèologie, spiritualiteè ,
cit., p. 119 -128.

(27) C. Viola, A propos de l' û ineè dit de saint Anselme ý. Le De unitate Dei et plurali -

tate creaturarum d'Achard de Saint -Victor, in Bulletin de philosophie meè dieèvale, t. 33, 1991,

p. 112-120, in part. p. 119 -120.

(28) Oxford, 1902, p. 2, cf. Chaê tillon, Theèologie..., p. 21.


166 giovanna murano
29
Leland nel De rebus britannicis Collectanea , in un paragrafo consacrato
al priorato di Bridlington aveva ricordato alcune opere conservate
nella biblioteca : û Anselmus de conceptu virginali ; Fulgentius De trini -
tate ad Donatum ; Alexander Neccham super Ecclesiasten ; Achardi
liber de Trinitate ; Commentum Tebith, filii Chori, super Almagestum
30
Ptolomaei . ý
La biblioteca risulta dispersa ma un elenco di manoscritti prove -
31
nienti da Bridlington, Yorkshire, eé stato segnalato da Ker il quale ha
anche ipotizzato che la lista di û Libri magni armarii ý, anonima,
potrebbe essere quella del priorato di Brid-
32
edita da Omont nel 1892
lington ; nell'elenco piuttosto nutrito (127 item) l'opera di Acardo non
compare ma dal testimone (un tempo ?) conservato in Inghilterra
Iohannes Cornubiensis potrebbe aver dedotto il titolo dell'opera di
Acardo.
Nel 1944 Andreè Combes aveva notato nel commento al primo libro
delle Sentenze del francescano Iohannes de Ripa lunghe citazioni di un
trattato intitolato De unitate divinae essentiae et pluralitatae creaturarum
33
attribuito ad Anselmo di Canterbury . Iohannes de Ripa commenta
le Sentenze a Parigi al piué tardi verso il 1357 e probabilmente si avvale
di un testimone adespoto o contenente soltanto la sigla A, da lui inter-
pretata come û Anselmus ý. La distanza temporale, la scarsa diffu -
sione dell'opera acardiana e la tendenza (dei copisti, ma non solo) ad
attribuire opere poco note ad autori ben piué conosciuti spiegano age-
volmente l'errore in cui eé incorso il francescano. Nel I Sent., dist. 35,
art. 1, concl. 1, 7³ principaliter ricorda : û Et hoc est expresse intentio
venerabilis Anselmi in libro De unitate divinae essentiae et pluralitate creatu-
rarum, quem libellum specialiter ad hoc edidit ut ostenderet omnem
creaturarum pluralitatem seu distinctionem essentialem necessario
provenire ex rationibus divinis exemplativis et formativis creatura -
rum... ý
Il De unitate divinae essentiae et pluralitate creaturarum citato da Iohannes
de Ripa ed attribuito a sant'Anselmo ed il De unitate et pluralitate creatu-
rarum anonimo del manoscritto padovano non sono altro che il De trini-
tate attribuito ad Acardo nell'Eulogium e nel perduto manoscritto della
biblioteca di Bridlington, nello Yorkshire. Anche il testo utilizzato da
Iohannes de Ripa era suddiviso in due trattati, il primo formato da

(29) Ed. Th. Hearne , t. III, Oxford, 1725, p. 35.

(30) Chaêtillon , Theèologie, spiritualiteè ..., p. 22.

(31) N. R. Ker , Medieval libraries of Great Britain. A list of surviving books, London,

1964, p. 12 -13.

(32) H. Omont in Centralblatt fu«r Bibliothekwesen, t. 9, 1892, p. 204 -205.

(33) A. Combes , Un ineèdit de saint Anselme ? Le traiteè De unitate divinae essentiae et plu -
¨
ralitate creaturarum d'apreé s Jean de Ripa, Paris, 1944 (Etudes de philosophie meèdieèvale, 34).
acardo di san vittore 167

almeno 50 capitoli, il secondo da almeno 17. Le citazioni del france -


scano, sono dedotte dai cap. 43 (ed. Combes, p. 27), 45 (reèsumeè ed
estratti a p. 27-28) e 50 (p. 28) del Tractatus I e dai cap. 1 (p. 29-30
û Sequitur ergo immediate in tractatu sequenti : Intentionales sive
... ý), 2 (p. 31-33),
34
exemplares quae praedictae sunt rerum formae
3 (p. 34-37), 4 (p. 37-39), 5 (p. 39-41), 6 (p. 41), 10 (p. 41-43),
11 (p. 43-44), 12 (p. 44-45), 13 (p. 46-48) e 17 (p. 49-50) del
Tractatus II.
A parere di Marie-Theèreèse d'Alverny lo stato del testo del testimone
padovano non era nelle condizioni di poter essere utilizzato per una
edizione e pertanto la studiosa si limitoé ad offrirne alcuni brani. Le dif-
ficoltaé intraviste dalla paleografa sono state invece superate, non senza
qualche tono polemico nei confronti di colei che aveva scoperto il testi -
mone padovano º il solo che tramanda direttamente l'opera º, da
E. Martineau che nel 1987 ha curato l'edizione e la sua traduzione in
. Contrariamente a quanto affermato da d'Alverny, Marti -
35
francese
neau non ha ritenuto il testo inutilizzabile, ma convinto della buona
qualitaé paleografica del testimone, lo ha considerato prossimo all'ori -
ginale - ancora sconosciuto.
Le evidenti difficoltaé testuali, tuttavia, lo hanno costretto ad interve-
nire con un certo numero di correzioni ed integrazioni, rigettando
spesso le lezioni proposte sia da Combes, sia da d'Alverny, e, allo stesso
tempo, a sopprimere diverse lezioni. Nella traduzione francese, infine,
sono frequenti parole destinate a completare il senso della frase ma
assenti dal testo latino.

III. I sermoni

I canonici di San Vittore dopo la lettura del martirologio e di un


passaggio della Regola potevano essere invitati ad ascoltare un sermone

5 4
(34) Da notare che si tratta dello stesso incipit del Tractatus II del manoscritto

padovano.

(35) Achard de Saint-Victor, L'uniteè de Dieu et la pluraliteè des creéatures (De unitate Dei

et pluralitate creaturarum). Editio princeps, authentica. Texte latin ineè dit eètabli, traduit et preé -

senteè par Emmanuel Martineau, suivi de la traduction franc° aise du traiteè achardien De discerne -

ment entre aê me, spiritus et mens, Saint- Lambert-des Bois, 1987. Alla nota polemica di

Martineau : û ...il ne suffit point d'eê tre paleèographe professionelle [M. -Th. d'Al-

verny] pour deè chiffrer un document de penseè e ý (p. 64) ha replicato Viola, A pro-

pos..., p. 155 : û ...inversement, le û penseur ý qui veut deè chiffrer un texte doit eêtre

aussi paleèographe. Car un û document de penseé e ý, eètant d'abord un û document

eècrit ý doit eê tre releveè comme tel avec exactitude, quitte aé lui apporter ensuite des

corrections qui s'imposent selon la logique interne de la penseè e qu'il veèhicule. ý


168 giovanna murano
36
tenuto dall'abate o da un altro predicatore . Della predicazione di
Acardo sono noti quindici sermoni tramandati sia in collezioni di
autori vittorini, sia singolarmente. La raccolta contenuta nel Paris,
BnF, lat. 14590, oltre che da Bartheèleèmy Haureèau alla fine del secolo
xix , eé stata accuratamente descritta da Jean Chaêtillon
37
, il quale ha
offerto di ciascun sermone indicazione dei manoscritti in cui eé atte-
stato, ha segnalato gli eventali problemi attributivi e la proposta, tra
parentesi quadre, del nome dell'autore. I quindici sermoni di Acardo,
brevemente descritti nell'elenco che segue, sono stati in seguito editi
dallo stesso Chaêtillon.

I. Sermo in natali Domini secundum magistrum Achardum. In natali Emma-

nuelis...
Chaêtillon , Sermons, p. 27 n³ 4, p. 45 -47 ; J. B. Schneyer , Repertorium der latei -

nischen Sermones des Mittelalters fu« r die Zeit von 1150 -1350, t. I, Mu«nster -Westfalen

1969 (Beitra«ge zur Geschichte der Philosophie und Theologie des Mittelalters, Band

XLIII), p. 39 -41, n³ 9 ; J. Chaêtillon (ed.), Achard de Saint-Victor Sermons ineè -

dits. Textes latin avec introduction, notes et tables, Paris, 1970 (Textes philosophiques du

Moyen aêge, 17), p. 24 -25.

II. Sermo m. A. in Dedicatione. In sole posuit tabernaculum... Sol iste vis -

ibilis...
Chaêtillon , Sermons, p. 28 n³ 8, p. 45-47 ; Schneyer , Rep. Serm., n³ 11 ;

Chaêtillon (ed.), p. 37-41.

III. Sermo m. A. in adventu Domini. Veni Domine Iesu... Hec verba po -

suit...
Chaêtillon , Sermons, p. 28 - Schneyer
n³ 9, p. 45 47 ; , Rep. Serm., n³ 20 ;

Chaêtillon -
(ed.), p. 43 52.

IV. Sermo de resurrectione m. Achardi. Dies iste, dies Christi...


Chaêtillon , Sermons, p. 30 - Schneyer
n³ 22, p. 45 47 ; , Rep. Serm., n³ 3 ;

Chaêtillon -
(ed.), p. 54 65.

V. Sermo m. A. in Ramis palmarum. Venit Iesus ad montem Oliveti...


Chaêtillon , Sermons, p. 30 n³ 23, p. 45 -47 ; Schneyer , Rep. Serm., n³ 21 ;

Chaêtillon (ed.), p. 67-72.

VI. Sermo m. A. in Pascha. Dominice resurrectionis excellentia, tante festi -

vitatis sollempnitas...
Chaêtillon , Sermons, p. 30 n³ 25, p. 45 -47 ; Schneyer , Rep. Serm., n³ 4 ;

Chaêtillon (ed.), p. 74-81.

(36) Liber ordinis Sancti Victoris Parisiensis, ed. L. Jocqueè et L. Milis , Turnhout,

1984 (CCCM 61), p. 156, l. 51-54 (c. 33 de hora capituli), cf. J. Longeére , La fonction

pastorale de Saint -Victor aé la fin du xii e


et au deèbut du xiii
e
sieécle, in L'abbaye parisienne de
e
Saint-Victor au Moyen Age. Communications preè senteèes au XIII Colloque d'humani -

sme meèdieèval de Paris (1986 -1988) et reèunies par J. Longeére , Paris-Turnhout,

1991 (Bibliotheca Victorina, 1), p. 281 -313 : 294-295.

(37) Sermons et preèdicateurs victorins de la seconde moitieè du xii e


sieécle, in Archives

d'histoire doctrinale et litteè raire du Moyen aê ge, t. 40, 1965, p. 7 -60. L'articolo contiene

anche i riferimenti alle precedenti edizioni parziali.


acardo di san vittore 169

VII. Sermo de Septuagesima m. A. Septuagesima in alterius rei memo -

riam...
Chaêtillon , Sermons, p. 31 - Schneyer
n³ 29, p. 45 47 ; , Rep. Serm.,

n³ 17 ;Chaêtillon -
(ed.), p. 83 91.

VIII. Sermo de Nativitate beate Marie m. A. Ego quasi vitis fructificavi...


Chaêtillon - Schneyer
, Sermons, p. 31 n³ 33, p. 45 47 ; , Rep. Serm., n³ 8 ;

Chaêtillon -
(ed.), p. 93 98.

IX. Sermo in sollempnitate santi Augustini magistri Achardi. Quoniam

oportet me implere...
Chaêtillon , Sermons, p. 32 n³ 38, p. 45 -47 ; Schneyer , Rep. Serm.,

n³ 15 ;Chaêtillon (ed.), p. 101 -107.

X. Sermo de vinea Domini excolenda m. A. Simile est regnum celo -

rum...
Chaêtillon , Sermons, p. 32 n³ 39, p. 45 -47 ; Schneyer , Rep. Serm.,

n³ 18 ;Chaêtillon (ed.), p. 109 -114.

XI. Sermo in dominica Palmarum secundum magistrum Achardum. Due

sunt processiones principales...


Chaêtillon , Sermons, p. 32 n³ 40, p. 45 -47 ; Schneyer , Rep. Serm., n³ 5 ;

Chaêtillon (ed.), p. 116 -120.

XII. Sermo magistri A. de Transfiguratione Domini. Assumpsit Ihesus Pe -

trum... In hac sua transfiguratione...


Chaêtillon , Sermons, p. 33 n³ 43, p. 45 -47 ; Schneyer , Rep. Serm., n³ 1 ;

Chaêtillon (ed.), p. 122 -130.

XIII. In dedicatione ecclesie. Sapientia edificavit sibi domum, excidit co -

lumpnas septem. Verbum proposui de edificatione, non de dedica -

tione. Non tamen ignoro quia festum hodie celebratur...


Chaêtillon , Sermons, -
p. 33 Schneyer
n³ 46, p. 45 47 ; , Rep. Serm.,

n³ 16 ;Chaêtillon -
(ed.), p. 134 168.

XIV. In festo omnium sanctorum. Magnorum et spiritualium virorum...


Chaêtillon , Sermons, -
p. 33 Schneyer
n³ 47, p. 45 47 ; , Rep. Serm.,

n³ 12 ;Chaêtillon -
(ed.), p. 171 195.

XV. Sermo Quadragesima s. m. A. Ductus est Ihesus in desertum a spi -

ritu. De serie lectionis evangelice sufficit hucusque...


Chaêtillon , Sermons, p. 33 n³ 48, p. 45 -47 ; Schneyer , Rep. Serm., n³ 7 ;

Chaêtillon (ed.), p. 199 -243.

Nell'inscriptio Acardo eé chiamato magister, eé probabile dunque che i


sermoni siano stati composti prima del 1161 ; verosimilmente i n. I -
XII risalgono a prima che Acardo divenisse abate di San Vittore, vale
. L'autenticitaé dei sermoni I-XII e XV eé atte-
38
a dire a prima del 1155
stata, oltre che dal Paris, BnF, lat. 14590, da un gran numero di mano-
scritti, mentre quella dei sermoni XIII e XIV si fonda sulla testimo -
nianza del ms Saint-Omer 185, oltre che su somiglianze letterali e
dottrinali con la restante produzione acardiana.

(38) Chatillon , Theologie, spiritualiteè ..., p. 141 -142.


170 giovanna murano
Per il loro contenuto i sermoni XIII-XV, copiati spesso insieme e
talvolta in ordine inverso rispetto a quello presentato nell'edizione,
sono prossimi a dei veri e propri trattati e cos|é sono stati intesi da teo-
In dedicatione
logi e copisti. Il punto di partenza eé lo stesso dei sermoni,
ecclesiae (sermo In festo omnium sanctorum (sermo XIV) e la prima
XIII),
domenica di Quaresima (sermo XV), ma piué che di omelie si tratta di
vere e proprie conferenze û reèclamant ý secondo Longeére û de une aé
39
trois heures d'attention ý.
I sermoni pronunciati In dedicatione ecclesiae sono due, il n³ II, vera e
propria omelia, ed il n³ XIII e a questo secondo fa riferimento l' item 8
di C.A.L.M.A, che lo considera opus deperditum. Il sermo XIII tratta di
dottrine identiche a quelle sviluppate nel De Trinitate e nel De discretione

é lunghi della raccolta (p. 134-168 dell'edizione). Il ser-


ed eé uno dei piu
mone XIII eé trasmesso sia recta via º insieme ai restanti sermoni di
Acardo º, sia per via indiretta, nel De laude liberi arbitrii di Frowin di
40
Engelberg . L'opera di Frowin si tramanda in un solo testimone, il
ms. 46 di Engelberg ; nel lib. IV eé riprodotto il sermone XIII di
Acardo, con la sola omissione del ½ 1 (p. 134 -135 dell'edizione), piué
precisamente nei f. 219v-243v e 245v-250v del ms. 46 troviamo i ½½ 2-
14 e 15-34 dell'edizione di Chaêtillon (= p. 135-149 e 149-168). Da un
successivo esame eé emerso che : û A careful examination of the Engel-
berg manuscript shows that the text which is preserved is of excellent
quality. It contains numerous readings which are found in two Pari -
sian manuscripts ( Paris, Bibl. nat., Lat. 3739, and Mazarine 998) ý, ed
inoltre che û [...] the two Parisian manuscripts commit errors [...]
which the transcription of Frowin does not make
41
ý. Il De laude liberi
arbitrii eé stato composto prima del 1178 e, secondo Chaê tillon, û The
abbot of Engelberg must have obtained an exemplar of Achard's ser -
mon not long after Achard left St. Victor to become bishop of Avran -
ches. Since it is known that Frowin establishes a remarkable scripto -
rium at Engelberg, it is no surprise that one of its copyists worked with
the care to which the transcription of the Sermo in dedicatione testi-
42
fies . ý
Anche il sermo XV si distingue per la sua ampiezza e nel Cambridge,
St. John Coll., 131 eé intitolato Tractatus de septem desertis, in altri testi-
moni eé egualmente definito tractatus. A questo sermone si riferisce

(39) Longeére, La fontion pastorale..., p. 296.


(40) O. Bauer, Frowin von Engelberg (1147-1178) De laude liberi arbitrii libri VII
(MS 46 von Engelberg, Schweiz), in Recherches de theèologie ancienne et meèdieèvale, t. 15,

1948, p. 27 -75, 269-303 ; J. Chaêtillon, The De laude liberi arbitrii of Frowin of Engel-
berg and Achard of St. Victor, in American benedictine review, t. 35, 1984, p. 314 -329.

(41) Cha ê tillon, The De laude..., p. 319.


(42) Op. cit.
acardo di san vittore 171

l'opera De Christi tentatione li. i. û Ductus est Jesus in desertum ý segna-


43
lata nell'Index Britanniae scriptorum .
Dopo essere stati pronunciati, i sermoni entravano a far parte delle
lecturae pubbliche che si tenevano nei refettori delle abbazie. Nel Paris,
BnF, lat. 17282, proveniente da Notre-Dame, eé stato copiato lo stesso
sermo XV, ma un lungo passaggio eé marcato da una nota che informa :
û non legantur ad mensam... propter tractatus difficultatem devitan -
44
dam . ý

IV. I fragmenta

Nel ms. Saint-Omer 195 di seguito ad alcuni opuscoli di Riccardo di


San Vittore sono stati copiati i sermoni XV (f. 36 -53), XIV (f. 53-63)
e XIII (f. 63-78) di Acardo immediatamente seguiti da frammenti di
origine dubbia editi da Chaêtillon in appendice ai sermoni (p. 245-
257). Questi testi, che recano i titoli De tribus ventis, De incarnatione
Domini, De equis Dei, De epiphania, etc., coincidono in parte con quelli
45
elencati da Schneyer tra i sermoni ma si tratta di testi di ampiezza
diseguale (da poche righe a piué pagine) che espongono il significato
allegorico di brani della bibbia e non appartengono al genere dei ser -
moni. Sono numerati da I a XIIII dallo stesso copista ed il primo eé
attribuito esplicitamente ad Acardo. Identica disposizione di testi si
trova nel ms Troyes 259 ed anche in questo caso il primo pezzo eé attri-
46
buito ad Acardo .

Conclusioni

Acardo non eé stato sicuramente un autore prolifico e non tutta la


sua opera eé stata sino ad oggi identificata. Nella Retractatio dell'Eulo-
gium ed egualmente nel cap. IV, Iohannes Cornubiensis definisce il De

(43) Oxford, 1902, cf. Chaê tillon, Theèologie, spiritualiteè ..., p. 20 e Sharpe, Latin

writers..., p. 4.

ê tillon, Theèologie, spiritualiteè ..., p. 140 -141 n. 13.


(44) Cha

(45) Schneyer, Rep. Serm..., t. I, p. 39-41 ha elencato 21 û sermoni ý di Acardo

di San Vittore, ma il n³ 2 non eé compreso tra quelli editi da Chatillon, probabil -

mente percheè di Mauritius de Sulliaco, mentre i nn. 6 (Duas zonas legimus, unam in

Veteri testamento aliam in Novo...), 10 (In prato pulcherrimo scripturarum tres ventos diligentia

invenit scriptoris, ventum aquilonis, ventum deserti, ventum ponderis...), 13 (Manna de celo

descendit, gaudeant esurientes...), 14 (Peccavit anima tua...), 19 (Tribus modis damnum infer -

tur homini, a demone, a proximo, a carne...) sono fragmenta.

(46) A questi fragmenta e non a dei sermones fa riferimento la bibliografia citata

nell'ultimo item della lista di C.A.L.M.A.


172 giovanna murano
Trinitate una disputatio. Il problema delle Quaestiones su cui si eé lunga-
47
mente soffermato Chaêtillon resta ancora aperto, e, al momento, pare
di difficile soluzione. Il ms Dijon 219, f. 204-216 contiene una serie di
frammenti teologici intitolati Quaestiones diligenter pertractate a magistro
Achardo abbate sancti Victoris, titolo analogo eé presente nel ms. Paris,
BnF, lat. 14807, f. 99-114 ma l'attribuzione non eé stata concordemente
accettata. Acardo, tuttavia, eé sicuramente l'autore di quaestiones e ad
una serie di esse fa riferimento esplicito nel De discretione :

Quia autem unitatis huius assertionem in duabus illarum id est de ra -

tione et de voluntate, in quaestionis quibusdam de peccato satis absolvisse

videor, hic eam sive de his sive de aliis diutius presequendam non
48
assumo .

Le Quaestiones de peccato non sono ancora state identificate.


I problemi teologici e metafisici presentati o soltanto accennati nei
sermoni, o dibattuti sotto forma di quaestio nella scuola di San Vittore
trovano esposizione piué ampia nei trattati. E© quanto e accaduto per i
é
sermoni. Mentre i primi dodici possono essere intesi come tali, i
restanti tre sono prossimi, per contenuto e forma, a dei veri e propri
trattati e come tali sono stati intesi da copisti, lettori e teologi come
Frowin. I fragmenta presenti negli stessi testimoni che contengono i ser -
moni XV-XIII si possono spiegare come û materiale preparatorio ý,
citazioni, appunti, note esegetiche che forse Acardo intendeva utiliz -
zare per la stesura di un piué ampio trattato.
La produzione letteraria di Acardo strettamente connessa, come
abbiamo visto, alla sua attivitaé di magister e predicatore, non eé parago-
49
nabile per numero e per diffusione a quella di Ugo di San Vittore e
50
del suo discepolo Riccardo , tuttavia, nonostante la sua esiguitaé
û [...] a eèteè victime, tout au long des sieécles, d'une suite d'infortunes
qui en ont longtemps interdit l'acceés et nous empeêchent, aujourd'hui

(47) Theèologie, spiritualiteè ..., p. 114-119.

(48) Ed. Ha«ring, Gilbert of Poitiers..., p. 177.


(49) R. Baron, Note sur la succession et la date des eècrits de Hugues de Saint Victor, in
Revue d'histoire eccleè siastique, t. 57, 1962, p. 88 -118 ; R. Baron , Hugues de Saint -Victor,

in Dictionnaire de spiritualiteè , t. VII, 1968, col. 901-939 ; R. Goy , Die Uë berlieferung der

Werke Hugos von St. Viktor. Ein Beitrag zu Kommunikations -geschichte des Mittelalters,

Stuttgart, 1976 (Monographien zur Geschichte des Mittelalters, 14) ; P. Sicard, Hugues de
¨
Saint-Victor et son Ecole, Turnhout, 1991.

(50) Di quest'ultimo R. Goy, Die Handschriftliche Uëberlieferung der Werke Richards


von St. Viktor im Mittelalter, Turnhout, 2005 (Bibliotheca Victorina, 18) ha elencato

9 opere bibliche, 12 teologiche, 16 spirituali, i Sermones, oltre a 5 opere pseudoepi -

grafiche.
acardo di san vittore 173
51
encore, de l'atteindre en sa totaliteè ý. Gli û infortuni ý ^ tra cui la
messa in dubbio di una autenticitaé acquisita e dimostrata oramai da
decenni, o considerare perduto un testo ampiamente attestato e per -
fino giaé edito ^, proseguono ancora oggi e cioé non facilita lo studio
delle opere giaé note e, soprattutto, il recupero di quelle perdute o non
ancora identificate.

Giovanna Murano

(51) Chaêtillon , Theèologie, spiritualiteè ..., p. 113.


JEAN DE GARLANDE, ENTRE POËTIQUE ET MUSIQUE

L'identiteè possible, aé tout le moins l'homonymie entre un Jean de


e
Garlande grammairien et poeéte du premier xiii sieécle, dont on
conna|êt relativement bien le parcours personnel graêce aux nombreuses
1
mentions autobiographiques figurant dans son Ýuvre , et un Jean de
Garlande aé peu preés contemporain, auteur de deux traiteès d'art musi-
cal ( De plana musica et De mensurabili musica 2
), est l'occasion d'eètudier
certaines passerelles entre arts du langage et science musicale. Le dos -
3
sier ouvert par Waite concernant l'identiteè des deux personnages
meèrite d'eêtre repris aé la lumieére d'eèleèments textuels nouveaux, ou dont
il n'a pu disposer. Les repeéres chronologiques sur lesquels se fondait
Waite seront ici repris comme postulat, et nous tiendrons pour acquis
que l'Ýuvre du musicien est aé situer entre 1220 et 1270.
Les liens qu'entretient le grammairien avec les theè ories musicales en
geèneèral sont aé mettre en lumieére dans une perspective globale, prenant
en compte aé la fois la poeètique qu'eèlabore le Jean grammairien et ses
Ýuvres strictement grammaticales. A l'aune de sa production se des -
sine en effet plus qu'ailleurs, d'une part une communauteè eèpisteèmique
profonde, et revendiqueèe, entre poeèsie et musique, d'autre part, et en
conseèquence, des modeéles de description qu'il partage avec le musi-
cien. Si ce rapprochement est valable, bien suêr, pour la poeèsie ryth-
mique, la vision musicale que Jean porte sur les arts du langage au
sens large s'applique aussi aé sa conception de la prosodie.
La coheèrence de ces rapprochements est renforceè e par la structura-
tion de l'Ýuvre, et notamment le caracteére eètonnamment englobant
de la Parisiana Poetria de Jean. La sensibiliteè, non manifeste chez les
preèdeècesseurs de Jean comme Matthieu de Vendoême et Geoffroy de
Vinsauf, aé la question de la poeèsie rythmique s'explique mieux dans la
perspective d'une identiteè. C'est en tous cas la partie rythmique de la

(1) Sur cet auteur, neè en Angleterre sans doute dans les anneè es 1190, et eè migreè

en France oué il enseigna la grammaire, aé Paris et aé Toulouse, paralleé lement aé une

Ýuvre poeè tique assez fournie et diverse, cf. A. Grondeux, E. Marguin, L' Ýuvre

4
grammaticale de Jean de Garlande (ca 1195-1272 ?), auteur, reèviseur et glosateur. Un bilan,

(2) Jean de Garlande, Introductio musice 5


dans Histoire Episteèmologie Langage, t. 21, 1999, p. 133 -163.

= De musica plana , eèd. E. de Cous -


semaker, Scriptores de musica medii aevi , t. I, Paris, 1864, p. 158 sq. ; De mensurabili

musica, eèd. E. Reimer, Wiesbaden, 1972.


(3) W. G. Waite, Johannes de Garlandia, poet and musician , dans Speculum , t. 35,

1960, p. 179 -195.

Revue d'histoire des textes, n.s., t. V, 2010, 175-197 ©


176 elsa marguin-hamon

Parisiana Poetria qui donne l'essentiel des clefs pour tenter le rapproche-
ment.

I ^ Communauteè eè pisteè mique

Un certain nombre d'Ýuvres du grammairien, tout comme le De


plana musica du musicien, comportent, aé l'instar des traiteès universitai-
res, des introductions ou prologues composeès par l'auteur. Ils sont
pour lui l'occasion de positionner la discipline en laquelle il s'illustre
dans une arborescence eèpisteèmique, mais aussi d'en donner une ou
plusieurs deèfinitions. Des similitudes, aé cette occasion, sont aé relever
entre les deux Jean de Garlande.

1. Communauteè de domaine : l'heèritage de Boeéce et d'Isidore

Selon sa deèfinition, l'auteur de la Parisiana fait deèjaé Ýuvre de


musicus :

Mais il faut retenir que la rythmique est un aspect de la musique, comme

le dit Boeéce dans l'Art musical : û Il y a trois genres qui sont abordeè s en ce

qui concerne l'art musical : le premier est produit par les instruments, le

second fac°onne des vers, le troisieé me distingue l'Ýuvre des instruments

et le vers, aé savoir la musique theè orique... (Boeé ce, De Institutione musica I,


4
34, eèd. P.L. 64) . Et c'est un musicien celui auquel appartient la faculteè

de juger, selon la raison et la reè flexion approprieè e et adapteèe aé la

musique, des meétres, des rythmes, des genres de chansons... et des vers
5
des poeétes ý ; c'est ce dont nous parlerons aé la fin .

On notera en outre ce qui constitue l'une des caracteèristiques de la


poeètique selon Jean : les liens privileègieès qu'il entretient avec le De insti-
tutione musica de Boeéce, treés souvent convoqueè (c'est aussi le cas dans
l'Ars lectoria Ecclesie), pour fournir concepts et lexiques propres aé
deècrire preèciseèment les meècanismes prosodiques.

(4) Passage identique de Boeé ce citeè chez Jeèroême de Moravie, De musica IX, eèd.

Coussemaker , p. 19-20.
(5) û Sed notandum quod rithmica species est musice, ut ait Boetius in Arte

Musica : û Tria genera sunt que circa artem musicam uersantur : unum genus quod

instrumentis agitur ; aliud quod fingit carmina ; tercium quod instrumentorum opus

carmenque diiudicat, scilicet theorica... Isque est musicus cui adest facultas, secun -

dum rationem et speculationem propositam ac musice conuenientem, de metris,

rithmis, de generibus cantilenarum... ac poetarum carminibus iudicandi ý ; de qui -

bus dicetur in fine. ý (Jean de Garlande, Parisiana Poetria I, 54-62, eèd. T. Lawler ,
New Haven-Londres, 1974).
jean de garlande 177

Jean emprunte aé Boeéce sa conception englobante de l'ars musica, sus-


ceptible de rendre compte de la poeèsie meètrique et rythmique. Ce posi-
tionnement eèpisteèmologique explique l'insertion de la rythmique dans
la Poetria de Jean, quand d'autres auteurs qui le preèceédent s'en
tenaient aé la prose et aé la poeèsie meètrique. Il justifie aussi la recherche
d'un vocabulaire qui tire la rythmique vers le champ lexical de l'ars
musica.
A noter en outre, pour citer une source musicale et moderne (et treé s
importante dans l'Ýuvre de Jean de Garlande musicien), que Guy
6
d'Arezzo deèjaé rapproche musique et poeèsie (meètrique aé son eèpoque) :

Apreés qu'il a eèteè suffisamment traiteè d'art de la prose et du vers, il faut aé

la suite traiter de rythmique. La rythmique est un aspect de l'art musi -


7
cal . La musique se divise en effet en musique de l'univers, qui consiste

dans la proportion des qualiteè s des eèleèments, en musique de l'homme,

qui consiste dans la proportion et la concorde des humeurs, et en

musique instrumentale, qui consiste dans la concorde des instruments.


8
Cette dernieé re se divise en musique meèlodique, meètrique, et rythmique .

Sur les autres aspects je ne dis rien aé preèsent ; sur la rythmique c'est aé
9
preèsent que je vais parler .

Jean proceéde ici aé la syntheése hieèrarchiseèe de deux divisions distinc-


tes de la musica : celle de Boeéce, au plan le plus geèneèral, puis celle
d'Isidore. De Boeéce, l'auteur de la Parisiana Poetria heèrite la vision neèo-
platonicienne d'un macrocosme (û mundus ý) auquel reè pond par un
effet de miroir geèmineè le microcosme humain d'une part, et l'Ýuvre de
l'homme (son û instrument ý) d'autre part.
Le meême adjectif, instrumentalis, qualifiant la musique, se retrouve
dans le De plana musica du musicien, dans une autre division d'appa-
rence treés diffeèrente :

(6) Cf. P. Bourgain, Le vocabulaire technique de la poeè sie rythmique, dans Archivum

latinitatis Medii Aevi, t. 51, 1992 -1993, p. 139-193, speèc. p. 145.

(7) Sur la relation du rythme aé la musique, cf. K. Borinski, Die Antike in Poetik
und Kunsttheorie, t. I, Leipzig, 1914, p. 43-66.

(8) Isidore de Seè ville, Etymologies, III, 18 distingue û harmonica (qui distingue

dans les sons le grave de l'aigu), rythmica (qui neè cessite l'intervention des mots),

metrica (qui conna|ê t la mesure des vers) ý (cf. Jeè roême de Moravie, Tractatus de

musica IV, eèd. Coussemaker, p. 7).


(9) û Postquam sufficienter tractatum est de arte prosayca et metrica, conse -

quenter tractandum est de rithmica. Rithmica est species artis musice. Musica enim

dividitur in mundanam, que constat in proporcione qualitatum elementorum, et in humanam,

que constat in proporcione et concordia humorum, et in instrumentalem, que constat in concordia

instrumentali (Boeéce, De institutione musica I, 2). Hec diuiditur in mellicam, metricam,

et rithmicam. De aliis speciebus nihil ad presens ; de rithmica uero ad presens dice -

tur. ý (Jean de Garlande, Parisiana Poetria VII, 468-475, eèd. T. Lawler).


178 elsa marguin-hamon

La musique se divise en trois parties, aé savoir : en musique plane, mesu -

rable, et instrumentale. La musique plane est celle qui en l'honneur de

Dieu ainsi que de la treé s glorieuse meére de Dieu Marie et de tous les

composeè e et mise en ordre par Gui 5 4


saints de Dieu, fut creè eèe par saint Greègoire le premier, puis corrigeè e,

d'Arezzo , moine.

La musique mesurable est celle qui est produite selon les proportions,

selon une mesure juste et mesurable aé la manieére requise et observeèe

avec justesse.

La musique instrumentale est celle qui s'exerce graê ce aé des instruments


10
de musique, comme on le voit dans les psaumes de David ...

Cette division reèfeére assez clairement aé la tripartition des sciences


theèoreètiques heèriteèe de la meètaphysique d'Aristote et revisiteèe par Avi-
cenne. L'adjectif plana et la fac°on dont il est expliciteè peut en effet ren-
voyer aé une conception de la meètaphysique, science de l'eêtre premier,
non diviseè et sans mouvement, cet espace en prise directe avec les enti -
teès ceèlestes invoqueèes par le musicien. A cela s'oppose la musique
mesurable, adjectif qui eèvoque immeèdiatement la science de l'eêtre dis-
tinct mais sans mouvement, la matheèmatique, quand la dernieére, la
science de l'instrument, semble par deèduction reèfeèrer aé la physique,
11
science de l'objet distinct, mesurable, et doueè de mouvement . Ici
comme dans la division de la musique dans la Parisiana, on se situe
dans une perspective û chronologique ý, l'anteè rioriteè de chaque science
eètant aé mettre en relation avec l'anteèrioriteè de son objet dans l'ordre de
la Creèation.
Si le positionnement respectif des deux divisions les distingue nette -
ment, le rapport qu'elles entretiennent toutes deux avec une forme de
geèneèalogie des sciences censeèe rendre compte de l'ordre du monde
meême les rapproche singulieérement, par delaé l'emploi d'une termino-
logie commune.

(10) û Musica in tres partes dividitur, scilicet : in musicam planam, mensurabi -

lem et instrumentabilem. Musica plana est illa que ad honorem Dei nec non glorio -

sissime Dei genetricis Marie et omnium sanctorum Dei a beato Gregorio primo fuit

edita, et postea a Guidone Monaco fuit correcta, composita et ordinata. Musica

mensurabilis est illa que proportionabiliter, secundum rectam mensuram et mensu -

rabilem modo debito ac proprie observato efficitur. Musica intrumentalis est que instru-
mentis musicalibus exercetur, sicut in psalmista David continetur... ý (Jean de
Garlande, Introductio musice , eèd. Coussemaker , p. 157).

(11) Avicenne, Metaphysica I, 2, eèd. S. Van Riet , Louvain -Leyde, 1980, p. 9,

59-62 : û Dico autem quod suum subiectum scientiae naturalis est corpus, non

inquantum est ens, nec inquantum est substantia, nec inquantum est compositum

ex suis duobus principiis, quae sunt hyle et forma, sed inquantum est subiectum

motui et quieti. ý
jean de garlande 179

D'autre part, il faut s'interroger sur la possibiliteè d'une origine boeè-


cienne commune aux deux systeémes, la partition entre un ens praeter
nostrum / ex opere nostro dont est, chez Jean de Garlande meême, aé la suite
, issue la partition des sciences theèoreètiques aristoteèlicien-
12
d'Avicenne
nes qui se trouve chez le musicien, trouvant de possibles racines chez
13
l'auteur du De trinitate . Cette notion preèvaut en effet manifestement aé
la partition û chronologique ý de la musique.
Mais surtout, l'eèleèment le plus troublant tient aé la compleèmentariteè
des deux systeémes. Le musicien distingue trois branches de la musique :
plana, mensurabilis, instrumentalis, et ne theèorise que les deux premieéres.
Le grammairien, lui, est ameneè aé explorer le champ de la musica instru-
mentalis, en partie au moins, dans le cadre d'une poeètique qu'il eètend aé
la meètrique et la rythmique.
L'hypotheése d'une conception commune au grammairien et au
musicien du positionnement respectif de leurs disciplines est conforteè e
par le passage suivant de l'introduction du de plana musica :

Le sujet en musique est la conjonction de voix et de pauses selon un

mode consacreè et correctement observeè . Le preèdicat de cette meême

musique est un art leègitime en proportion de tous ses modes diligemment

observeès, auquel pour partie, en termes philosophiques, doit eê tre assu-


14
jetti l'art de la meètrique .

Le musicien utilise ici le lexique treés grammaticalement connoteè sub-


jectum / predicatum aé quoi s'ajoute l'emploi, qui lui aussi reè feére au champ
de la syntaxe, du verbe supponi. En outre, il a soin de raccrocher son
eèbauche de division de la science musicale, selon laquelle, suivant
Boeéce, la meètrique releéve de la musique, aé une conception globalisante
de la philosophia, laquelle recouvre l'ensemble des sciences. Cette
conception rappelle celle du grammairien selon qui (Clavis compendii,
v. 66) : û quelibet ex ente species est philosophie. ý (û n'importe quel
aspect de la philosophie a l'eètant pour objet. ý), et pour qui, de ce fait,

(12) Avicenne, Metaphysica. Liber de philosophia prima sive de scientia divina I, 1, eèd.

S. Van Riet , Leyde, 1980, p. 1 -2.

(13) G.Dahan , Une introduction aé l'eètude de la philosophie : Ut ait Tullius, dans

C. Lafleur Carrier
, J. , L'enseignement de la philosophie au xiii e
sieécle : Autour du Guide

de l'eètudiant du ms Ripoll 109. Actes du Colloque international eè diteès avec un compleèment d'eètudes

et de textes, Turnhout, 1997 (Studia Artistarum, 5), p. 25.

(14) û Subjectum in musica est aliquarum vocum seu pausacionum conjunctio

modo debito ac proprie observato. Predicatum est ipsius musice ars legitima pro -

portionate omnibus suis modis diligenter observatis, cui partim philosophie suppo -

natur ars metrice. ý (Jean de Garlande, Introductio musice, eèd. Coussemaker, p. 158).

Nous corrigeons ici, apreé s veèrification du manuscrit Saint-Dieè, Bibl. mun. 42, f. 68va,

le texte eèditeè par Coussemaker et restituons la lec° on correcte û partim ý, qui figure

dans le manuscrit, en lieu et place de û partem ý.


180 elsa marguin-hamon

la philosophie recouvre l'ensemble des savoirs rendant compte de cet


eètant. Dans tous les cas, il appara|êt que le musicien comme le gram-
mairien meènagent des passerelles eèpisteèmologiques entre musique et
arts du langage.
L'eèvidence de ce rapprochement est manifeste aux yeux d'un auteur
de peu posteèrieur aux deux Jean de Garlande. Il s'agit de Jeèroême de
Moravie, qui dans son Tractatus de musica I preête au musicien une divi-
sion des sciences qui est en substance celle qu'adopte Jean de Garlande
le grammairien dans son grand Ýuvre intituleè De Triumphis Ecclesie :

Et il y a un autre Jean, dit de Garlange ( sic), qui va chercher une deè fini-

tion de la musique telle que : û la science est la connaissance de l'objet

en tant que tel. La science se divise en une theè orique et une pratique. La

theèorique est appeleè e speèculative, la pratique est appeleè e opeèrante. La


theèorique se divise en theè ologie, c'est-aé-dire la science divine ; en science

naturelle, c'est -aé-dire la connaissance des objets naturels, et en science

doctrinale. La science est appeleè e doctrinale parfois aé proprement par -


ler, parfois au sens commun. Elle est appeleè e commune, quand la science

proceéde au moyen de reégles deètermineèes et communes. Est appeleè e pro-

pre la science matheè matique, et c'est une science des quantiteè s, comme aé
propos des nombres etc. Or la quantiteè est double : l'une est continue,

l'autre distinctive. Est continue celle qui a trait aux lignes, surfaces et

corps ; elle est aussi double puisque l'une est mobile, l'autre immobile.

(...) et la musique elle -meême est la science de la quantiteè distinctive et


rapporteèe, en laquelle on deè termine des nombres rapporteè s aux sons. La

musique est donc ainsi deè finie : la musique est la science du nombre rap -

porteè aux sons. Autrement dit, et d'un point de vue pratique : la musique
est la science de la multitude des sons. Autrement dit : la musique est la

science du chant juste et la voie aiseè e vers la perfection du chant. C'est


15
ce que dit Jean le Franc° ais .

(15) û Est et alius Johannes, dictus de Garlangia, qui musice diffinitionem sic

venatur, dicens : û scientia est cognitio rei sicuti est. Scientia autem dividitur in

theoricam et praticam. Theorica dicitur speculativa ; practica dicitur operativa.

Theorica dividitur in theologiam, id est scientiam divinam ; in naturalem, scilicet

cognitionem rerum naturalium, et in doctrinalem. Doctrinalis scientia aliquotiens

dicitur proprie, aliquotiens communiter. Communis dicitur, quando per aliquas

regulas certas et communes procedit scientia. Propria dicitur scientia mathematica,

et est scientia quantitativa, ut de numeris etc. Duplex est autem quantitas : una est

continua, alia discreta. Continua est de lineis superficiebus et corporibus ; etiam est

duplex quoniam alia est mobilis, alia immobilis. (...) De quantitate autem discreta

et relata est ipsa musica, in qua determinatur de numeris relatis ad sonos. Unde

musica sic diffinitur : musica est scientia de numero relato ad sonos. Aliter practice :

musica est scientia de multitudine sonorum. Aliter : musica est veraciter canendi

scientia et facilis ad canendi perfectionem via. Hoc Johannes Gallicus. ý (Jeè roême de

Moravie, Tractatus de musica I, eèd. Coussemaker , p. 4-5). La citation correspond aé :


û Musica, secundum Guidonem, diffinitur sic : Musica est scientia veraciter canendi
jean de garlande 181

Comparons ce propos avec celui du De triumphis de Jean le grammai-


rien :
La science pratique donne la branche que l'on appelle eè thique, dont

Le corps diviseè en un triple rameau verdit.

Elle pourvoit, celle -ci, aé la citeè, aé la maison et aé l'individu pour soi -

meême, tour aé tour,

Car on doit chacun pourvoir aé soi-meême.

La science speèculative donne le logos divin, donnant aussi la physique


Et la matheè matique, ainsi conduite elle verdit en un triple rameau.

La matheèmatique deènombre, mesure, fait les consonances, veille

Aux astres, et veèritablement ameé ne au savoir des objets particuliers.

Je rapporte aux objets divins l' eulogium, la physique


A ceux qui ont blanchi au contact de leurs secrets.

La musique, celle de l'univers, celle de l'homme, unit toutes choses, mais

ensuite
16
La musique instrumentale pousse dans trois directions .

Jeèroême attribue au musicien, dont il cite presque litteè ralement la


deèfinition de la musique, une partition entre sciences speè culatives et
pratiques qui ne se trouve ni dans leDe plana musica ni dans le De mensu-
rabili, mais qui, en revanche, rappelle eètrangement celle qu'eènonce le
De Triumphis Ecclesie. Cette fusion opeèreèe entre les propos des deux
Jean est due aé un dominicain enseignant la musique aé Paris dans la
seconde moitieè du xiii e
sieécle, soit treés proche de l'eèpoque oué les deux
Jean eètaient encore en activiteè : l'hypotheése d'une simple confusion
û livresque ý entre les deux auteurs est donc improbable. L'identiteè
des deux auteurs l'est beaucoup moins.

2. Communauteè de modes de preèsentation


Les introductions respectives des deux Jean reèveélent des meèthodes
assez proches dans la preèsentation de leurs ouvrages. Cela concerne aé
la fois l'ambition manifesteèe par les deux auteurs de rattacher leur
Ýuvre preèsente aé un projet unitaire et coheèrent, et le recours freèquent
du musicien aé des deèfinitions et des concepts issus des arts du langage.

et recte modulandi ad omnem perfectionem cantus via recta facilis et aperta. ý

(Jean de Garlande, Introductio musice plane, eèd. Coussemaker, p. 157).


(16) û Practica dat ramum qui dicitur ethica, cujus / Corpus divisum triplice

fronde viret. / Providet haec urbi domuique sibique vicissim, / Debet enim prudens

providus esse sibi. / Dat coeleste logos speculatio, dans ea fisim / Et mathesim, ducta

triplice fronde viret. / Dinumerat mathesis, mensurat, consonat, astris / Instudet, et

vere singula scire facit. / Eulogium tendo divinis, tendoque fisim / Hiis qui secretis

insenuere suis. / Musica cuncta ligat, mundana, humana, sed inde / Instrumentalis

triplice calle meat ; / Se melicae metrica, metricae se rithmica jungit... ý (Jean de

Garlande, De triumphis Ecclesie, eèd. T. Wright, Londres, 1856, p. 101).


182 elsa marguin-hamon

Strateègies d'auteur

L'introduction du De plana (ou Introductio musice) se preèsente comme


un prologue universitaire, ou du moins se veut tel. Notons le soin que
prend le musicien aé reèunir ses deux Ýuvres ma|êtresses sous un û cha-
peau ý commun qui les leègitime eèpisteèmiquement, met en lumieére leur
coheèrence d'ensemble, tout en les û authentifiant ý, en deèployant tous
les moyens pour qu'elles soient transmises les unes avec les autres et
rattachables aé leur auteur.
Il s'agit laé d'une strateègie que l'on retrouve dans le prologue de la
glose de l'Ars lectoria, due aé Jean de Garlande (grammairien) lui-
meême, oué il explique que, pour pallier les faiblesses du Doctrinale et du
Graecismus, il a composeè trois Ýuvres grammaticales : le Compendium, la
Clavis, et enfin la preèsente Ars lectoria. Les manuscrits de l'Ars lectoria ou
é
ce prologue subsiste dans la glose sont aussi ceux qui conservent les
autres traiteès. Ce type de mentions permet donc aé l'auteur de
û signer ý ses traiteès tout en justifiant leur coheèrence mutuelle et leur
compleèmentariteè. Chacun, non redondant par rapport aux autres, est
ameneè aé s'inscrire dans un projet totalisant :

La cause principale en est double : c'est l'amitieè d'une part, d'autre part

l'ignorance des temps modernes, en raison des errements des auteurs.

Car, pour eèviter les fautes en grec et les soleè cismes, deux auteurs, aé

savoir ceux du Greècisme et du Doctrinal, se sont efforceè s de transmettre les

reégles de la deè clinaison, de la construction des longues et des breé ves, et

la connaissance des figures qui releé vent de la grammaire. Ce qu'ils ont

fait n'a pourtant pas suffi, et c'est pourquoi pour les compleè ter l'auteur

de cet ouvrage que nous avons entre les mains a composeè un certain

ouvrage qu'il a intituleè Manuel, et ce preèsent ouvrage qui en deè pend, et


17
cet autre qu'il a aussi intituleè Clef du manuel .

L'importance des deèfinitions

En outre, l'introduction reèveéle un gouêt singulier pour l'explication


litteèrale et eètymologique que le musicien partage alors de manieére
frappante avec le grammairien. Certes, le genre meê me du prologue

(17) û Causa principalis est duplex : una scilicet amicitia, altera moderni tem -

poris ignorantia, propter lapsum autorum. Quia ut evitarentur vitia in greco ser -

mone et vitia soloecismi, conati sunt duo moderni autores, videlicet Grecismus et

Doctrinale, tradere doctrinam declinandi, construendi breves et longas, cognoscendi

figuras ad grammaticam pertinentes. Qui tamen omnia insufficienter fecerunt, unde

ad eorum supletionem artifex hujus operis, quod pre manibus habemus, quoddam

opus composuit, quod Compendium intitulavit et hoc presens opus ab ipso dependens

et aliud opus quod et Clavem compendii intitulavit. ý (Jean de Garlande, Ars lectoria

Ecclesie, prologue (ms. B), eè d. E. Marguin-Hamon , Turnhout, 2004).


jean de garlande 183

favorise le recours aé la tradition lexicographique. Notons cependant la


dilection particulieére du musicien pour l'explicitation eètymologique,
qui deèpasse largement le cadre de l'exercice imposeè :

Musique se dit aussi de moys, l'eau, et ycos, c'est -aé-dire la science inven -
18
teèe preés de l'eau, et il s'agit du nombre rapporteè aux sons .

Type d'explication cher aé Papias, ou, au xiii e


sieécle, aé Ëvrard de
Beèthune :

Muse se dit comme mosis. Mosis c'est -aé-dire aquatique, car nulle voix
sonore ne peut eêtre sans eau. Car le mouvement de l'eau produit la
19
musique (Priscien) .
20
Que moys veuille dire onde, Mo|ë se et la musique le montrent .

Parmi ces excursus eètymologiques, on en trouve de communs avec


les propos du grammairien :

Toute figure imparfaite a une triple acception : soit elle est approprieè e et
21
avec ou sans pli, soit elle n'est pas approprieè e et est avec ou sans pli .
22
Car `simple' veut dire `sans pli', soit `sans particulariteè ' .

Les deèfinitions qui sont donneèes, de part et d'autre, de la notion


d'ars comme ensemble de preèceptes, par opposition aé la discipline au
sens abstrait du terme, la scientia, preèsentent elles aussi des similitudes
frappantes :

L'art de n'importe quelle science est une collection de preè ceptes multi-
ples, etc. Ars se dit en effet du verbe arto, artas, qui signifie resserrer,
parce qu'il nous bride et nous enserre, afin que nous ne fassions pas autre
23
chose que ce qu'il enseigne .

(18) û Dicitur etiam musica a moys, quod est aqua, et ycos, quod est scientia

juxta aquas inventa, et loquitur de numero relato ad sonos. ý (Jean de Garlande,

Introductio musice, eèd. Coussemaker , p. 157).

(19) û Musa dicitur quasi mosis. Mosis idest aquatica, quia nulla sonora vox

potest esse sine aqua. Nam aquae motus musicam facit, Prisc. ý (Papias, Elementa -

rium, Venise, 1496, repr. fac -simile, Turin, 1971, p. 214).

(20) û Quod moys unda sit hoc Moyses et musica monstrant ý (Ëvrard de

Beèthune, Grecismus VIII, 219). Le rapprochement entre les propos du musicien et

ceux d'Ëvrard est d'autant plus inteè ressant que Jean de Garlande le grammairien a

beaucoup pratiqueè le Grecismus.

(21) û Omnis figura imperfecta sumitur tripliciter : aut cum proprietate et cum

plica vel sine plica, aut sine proprietate et cum plica vel sine plica. ý (Jean de Gar -

lande, De mensurabili musica III, eèd. E. Reimer , p. 51).

(22) û Nam simplex sonat absque plica vel particulari ý (Jean de Garlande,

Clavis compendii, v. 1044, eè d. E. Marguin-Hamon , Turnhout, 2009, p. 57).

(23) û Ars cujuslibet scientie est collectio multorum preceptorum, etc. Dicitur

autem ars ab hoc verbo arto, artas, quod idem est quod restringo, restringis, quia

artat nos et astringit ne aliter faciamus quam ipsa docet. ý (Jean de Garlande, Intro-

ductio musice, eèd. Coussemaker , p. 157).


184 elsa marguin-hamon

La science de notre discours a eè teè creèeèe triple,


et tend vers un triple dessein : le premier est de donner un ordre congru,

le second d'enseigner le vrai, le troisieé me de bien convaincre.

L'art est transmis quant aé ses composantes internes lorsque ses preè ceptes
24
sont enseigneès .

Plus speècifiquement, il est saisissant de constater, chez le musicien, le


recours cibleè aé des concepts directement emprunteès aux arts du lan-
gage.

Emprunts des taxinomies linguistiques dans les traiteès du musicien


On a vu preèceèdemment le De plana filer la meètaphore syntaxique,
recourant aux notions de suppoêt et de preèdicat, pour deècrire la parenteè
. De meême, la notion de causa
25
eèpisteèmique entre musique et meètrique
inventionis, populariseèe par le grammairien Pierre Heèlie, dans la tradi-
tion de Guillaume de Conches, et speècialement la causa necessitatis, ser-
vent au musicien aé justifier l'existence dans le chant de la mutatio :

Mais quand vient la neècessiteè d'introduire la mutation, c'est alors qu'il

faut la faire, et non autrement, car c'est pour cause de neè cessiteè que fut
26
inventeèe la mutation .

A cet eègard, citons en contrepoint l'Ýuvre du grammairien qui lui


aussi recourt aé la neècessiteè pour justifier, plus classiquement, l'invention
du pronom :

Sur les quatre causes de l'invention du pronom.


Quatre raisons preèvalent aé l'invention du pronom, sache -le.

En premier je place la neè cessiteè, suit, pour cause, le deè sir d'eèviter les eè leè-

ments fastidieux,
27
puis l'ornement ou couleur rheè torique, et l'utiliteè .

La communauteè de positionnement, eèpisteèmique au sens large


puisque ce terme sert ici aé recouvrir tout aé la fois la place assigneèe aé la

(24) û Triplex sermonis inventa scientia nostri / ad triplicem tendit finem : dat

congruitatem / prima, secunda docet verum, bene tertia suadet. / Traditur ars intra

quando precepta monentur ý (Jean de Garlande, Clavis compendii, v. 1074-1077, eèd.


E. Marguin-Hamon , p. 58).
(25) û Quinto, quid sit subjectum et predicatum musica. ý (Jean de Garlande,

Introductio musice, eèd. Coussemaker, p. 157).


(26) û Sed dum venerit necessitas mutationem agendi, tunc debet fieri et non

aliter, quia causa necessitatis inventa fuit mutatio. ý (Jean de Garlande, Introductio
musice, eèd. Coussemaker, p. 159).
(27) û De quatuor causis inventionis pronominis / Est quadruplex ratio tibi de

pronominis ortu. / Pono necesse prius, tollendi tedia causa / subsequitur, color hinc

exornans utilitasque. ý (Jean de Garlande, Clavis compendii, v. 158-160, p. 18-19).


jean de garlande 185

musique et la poeèsie dans l'arbre des sciences, la deèfinition donneèe des


deux disciplines, mais aussi les meèthodes que s'assignent les deux Jean
dans la mise en Ýuvre de leurs traiteès, ne releéve pas d'une simple
convention universitaire. Elle recouvre et fait eè cho aé une impreègnation
musicale extreêmement forte dans l'Ýuvre du grammairien.

II ^ La musique comme matrice theè orique


d'un nouvel art poeè tique

La partie û rythmique ý de la Parisiana poetria (d'ailleurs partie jugeèe


la plus inteèressante car la plus innovante par l'historiographie, et donc
28
eèditeèe avant les autres par G. Mari ) constitue la reèfeèrence majeure
dans l'eètude des rapports doctrinaux entre artes musicales et arts du
langage. Elle fournit une deèfinition claire, syntheètique, et distinctive,
de la rythmique et du rythmus :

Ce qu'est le rythme. La rythmique est l'art qui enseigne aé faire le rythme.

Le rythme se deècrit ainsi : le rythme est la consonance des mots de meê me

finale, ordonneè e selon un nombre deè termineè, sans pieds meètriques.

`Consonance' est poseè pour le genre ; la musique est en effet la conso -

nance des choses et des vocables, soit `concorde discordante' soit `dis -

corde concordante'. `Des mots de meê me finale' est poseè aé la diffeèrence de

la musique meè lodique. `Selon un nombre deè termineè ' est poseè aé la diffeè-

rence de l'art meè trique. On dit `ordonneè e' car en rythme les mots doi -

vent tomber de manieé re ordonneèe. Le rythme tire son origine, selon cer -

tains, de la couleur rheè torique appeleè e û de deèsinence semblable ý.

Certains rythmes tombent comme un meé tre iambique, certains comme

un meétre sponda|ëque. L'iambe se comprend ici comme mot dont la

peènultieéme est breéve ; l'iambe en effet consiste en une breé ve et une lon-
29
gue. Spondeè e se dit ici du mot qui se comporte comme un spondeè e .

(28) G. Mari, I trattati medievali di ritmica latina, Milan, 1899.

(29) û Quid sit rithmus. Rithmica est ars que docet rithmum facere. Rithmus sic

describitur : rithmus est consonancia dictionum in fine similium, sub certo numero

sine metricis pedibus ordinata. ``Consonancia'' ponitur pro genere ; est enim musica

rerum et uocum consonancia, uel `concordia discors' vel `discordia concors'. `Dic -

tionum in fine similium' ponitur ad differenciam mellice. `Sub certo numero' poni -

tur quia rithmi ex pluribus et paucioribus constant sillabis. `Sine metricis pedibus'

ponitur ad differentiam artis metrice. `Ordinata' dicitur quia ordinate debent

cadere dictiones in rithmo. Rithmus sumpsit originem, secundum quodsam, a colore

rethorico qui dicitur `Similiter Desinens'. Quidam vero rithmus cadit quasi metrum

iambicum, quidam quasi metrum spondaicum. `Iambus' in hoc loco intelligatur

`dictio cuius penultima corripitur' ; iambus enim constat ex brevi et longa. `Spon -

deus hic dicitur `dictio stans ad modum spondei'. ý (Jean de Garlande, Parisiana poe-

tria VII, 476-491, eèd. T. Lawler, p. 160).


186 elsa marguin-hamon

Cette deèfinition, on va le voir, deèveloppe une seèrie de termes qui


sont communs avec le champ lexical de la musique.
Plus geèneèralement, disons pour commencer que, en musique comme
en rythmique, la notion de consonance est centrale dans la deè finition
de l'objet d'eètude (cantus/rythmus). En rythmique, elle sert aé deèsigner
l'occurrence des rimes, quand la musique l'utilise dans une acception
harmonique. De meême, la notion de discordance est treés importante
pour une acception large de la consonance, incluant la variation ryth -
mique, d'oué le jeu d'oxymore. Laé encore, cette conception doit tout
aux deèfinitions musicales.
Le paralleèlisme qui s'eètablit alors entre la Parisiana Poetria et les trai-
teès du musicien est parfait. Jamais le traitement de la poeè sie rythmique
selon un mode de description marqueè par la terminologie musicale
n'aura eèteè aussi acheveè.

1. Communauteè de deèfinitions et de conceptions


Le lexique qui sert aé deèfinir le rythme est eègalement employeè en
musique. De ce socle commun eèmergent des descriptions dont l'analo-
gie ne doit rien au hasard :

Le rythme est la consonance de mots de finale semblable, ordonneè e sans


30
pieds meètriques .

Le chant est la douce consonance des voix, qui, par des proportions har -

moniques, est composeè e et ordonneèe avec douceur selon un nombre juste


31
et mesureè , rapporteè aux sons .

Trois notions clefs s'aveérent ici communes aux deèfinitions respectives


du rythme et du chant :

^ la consonance des mots / des voix (mais comment ne pas se souve -


nir de l'usage que le grammairien fait de vox, terme eèquivoque, qui
peut entre autres deèsigner le mot)

^ le nombre certain, ou correct et mesureè, en tous cas deètermineè


d'avance

^ l'ordonnancement.

A cela, ajoutons l'importance, de part et d'autre, des notions de


concordance et de discordance chez le grammairien :

(30) û Rithmus est consonancia dictionum in fine similium, sub certo numero

sine metricis pedibus ordinata. ý (Jean de Garlande, Parisiana Poetria VII, 477, eèd.
T. Lawler, p. 160).

(31) û Cantus est dulcis consonantia vocum que per proportiones armonias, dul -

citer secundum rectum numerum mensuratum ad sonos relatum componitur et

ordinatur. ý (Jean de Garlande, Introductio musice plane, eèd. Coussemaker, p. 157-


158).
jean de garlande 187

... la musique est en effet la consonance des choses et des vocables, soit
32
`concorde discordante' soit `discorde concordante' .

Pas chez le musicien :

Suite : sur les consonances concomitantes. Certaines consonances s'ap -

pellent concordances, certaines discordances. On parle de concordance,

quand deux voix sont jointes dans le meê me temps, de sorte qu'une voix

peut faire corps avec l'autre aé l'ou|ë e. On parle de discordance dans le

sens contraire. Il y a trois modes de concordances, car certaines sont par -


33
faites, certaines imparfaites, certaines meè dianes .

û Consonantiarum quaedam dicuntur concordantiae, quaedam dis -


cordantiae ý constitue ici l'exact eèquivalent de la `concordia discors'
vel `discordia concors' vue plus haut.
Mais le paralleèlisme entre cantus et rithmus est aé suivre en premier
lieu dans la deèfinition des û consonances et proportions des rythmes ý sur le
mode des intervalles musicaux. Le grammairien part en effet de la
notion de proportion appliqueèe au scheèma strophique pour eèlaborer un
modeéle de description calqueè sur la terminologie des intervalles musi-
caux.

Reégle des proportions : un calque savant

Il y a en effet treize espeé ces de chant, ni plus ni moins, car elles tiennent,

pour raison de numeèration, en un mode ordonneè ; et ces treize espeé ces

traitent du nombre rapporteè aux sons proportionneè s. C'est ce qu'a dit


34
Gui, treés savant en musique .

Ce ma|être-mot, proportio, si important en musique, est celui-laé meême


qui dicte au grammairien l'eèchafaudage qu'il conc°oit pour deècrire

(32) û (...) est enim musica rerum et uocum consonancia, uel `concordia discors'

vel `discordia concors'. ý (Jean de Garlande, Parisiana poetria VII, 479-481, eèd.

T. Lawler, p. 160).
(33) û Sequitur de consonantiis in eodem tempore. Consonantiarum quaedam

dicuntur concordantiae, quaedam discordantiae. Concordantia dicitur esse,

quando duae voces iunguntur in eodem tempore, ita quod una vox potest compati

cum alia secundum auditum. Discordantia dicitur contrario modo. Concordantia -

rum triplex est modus, quia quaedam sunt perfectae, quaedam imperfectae, quae -

dam mediae. ý (Jean de Garlande, De mensurabili musica, eèd. E. Reimer, p. 67-68).


(34) û Sunt autem XIII species cantus, nec plures nec pauciores, quia modo

debito ratione numeri tenent ; et iste XIII species locuntur de numero relato ad

sonos proportionatos. Quod dixit Guido sapientissimus musice. ý (Jean de Gar -

lande, Introductio musice, p. 163).


188 elsa marguin-hamon

l'alternance des scheèmas rythmiques, la proportion au sens poeètique


du terme consistant en une variation de scheè ma rythmique, aé un
endroit donneè de la strophe. En musique, elle est la variation d'un ton
ou demi-ton (ou plus) aé un autre.
Le tableau qui suit, et dans lequel nous avons essayeè de reèsumer de
fac°on simple les scheèmas strophiques sous-jacents, vise aé mettre en eèvi-
35
dence le paralleèlisme opeèreè par la Parisiana poetria .

De mensurabili musica X, eèd. E. Reimer, Parisiana poetria VII, 589, eè d. T. Lawler,


p. 72, 2-73 p. 164

û Sequitur de consonantiis, scilicet quae û De consonanciis et Proportionibus Rhitmorum.

magis concordant et quae minus, et Consonantie rithmales* habent se ad pro -

quae magis discordant et quae minus. portionem sexquialteram et sexquiterciam,

54
Concordantiarum prima dicitur cuiusmodi proportiones contingunt in

unisonus, quia procedit ab aequalitate, musica : in secundo ut in duplo, sicut inter

5 4
et ideo meliorem modum [V 22v in unum et duo, ubi est dupla proportio ab ;

marg.] habet concordantiae. in tercio, sicut inter duo et III, ubi est sex -

5 4
Secunda dicitur diapason, quia sumitur quialtera proportio aab ; in quarto, sicut

in dupla proportione. Tertia diapente, inter tria et quatuor, ubi est sexquitercia

quia sumitur in sesquialtera proportio aaab . ý

proportione.

Quarta diatesseron, quia sumitur in

sesquitertia. ý

û Il s'ensuit des consonances, c'est-aé -dire de û Sur les consonances et les proportions des ryth -

ce qui concorde plus ou moins, et de ce qui mes. Les consonances rythmiques se distri -

discorde plus ou moins. La premieé re des buent en proportions sesquialteé res et

5 4
concordances s'appelle unison, car elle sesquitierces, lesquelles proportions se

proceéde de l'eèquivalence, et pour ce a le produisent dans la musique : dans le second

54
meilleur mode de concordance. La seconde vers , dans le cas de vers double, comme

s'appelle diapason, qui se comporte comme entre un et deux, lorsqu'il y a proportion

5 4
une double proportion. La troisieé me dia- double ab ; dans le troisieé me, comme

pente, car elle se comporte comme une pro - entre deux et trois, lorsqu'il y a proportion

5 4
portion sesquialteé re. La quatrieé me diates- sesquialteére aab ; dans le quatrieé me,

saron, car elle se comporte comme une pro - comme entre trois et quatre, lorsqu'il y a

portion sesquitierce. ý proportion sesquitierce aaab . ý

(35) Nous faisons figurer dans ce tableau texte latin et traduction, et ce pour

mieux mettre en exergue les communauteè s de vocabulaire entre les deux corpus.
jean de garlande 189

Introductio musice, eèd. Coussemaker, p. 164 Parisiana poetria VII, 597-598, eèd.
T. Lawler, p. 164

û Diatessaron est conjunctio quatuor û vel ad similitudinem dyatessaron, que

vocum, et dispositio duorum tonorum cum consistit in quatuor vocibus... ý

additione unius semitonii... ý

û Le diatessaron est la conjonction de quatre û soit par similitude avec le diatessaron, qui

voix, et la disposition de deux tons avec consiste en quatre voix... ý

addition d'un demi -ton... ý

Introductio musice, eèd. Coussemaker, p. 165 Parisiana Poetria VII, 595-597, eèd.
T. Lawler, p. 164

û Diapente est conjunctio quinque vocum, û Contingit etiam consonanciam esse in

et dispositio trium tonorum cum additione secundo et tercio, in quarto et in quinto, in

unius semitonii... ý discantu et organo ; et hoc ad modum dya-

pente, que consistit in V vocibus... ý

û le diapente est la conjonction de cinq voix,

et la disposition de trois tons avec addition

d'un demi -ton... ý


û Il arrive encore que la consonance soit

dans le second et le troisieé me

quatrieé me et le cinquieé me
55 4 4
abb , dans le

aaabb , en

deèchant et en organum ; et ce aé la manieé re

du diapente, qui est constitueè de cinq

voix... ý

Introductio musice, eèd. Coussemaker, p. 165 Parisiana poetria VII, 598-600, eèd.
T. Lawler, p. 164

û Diapason est conjunctio octo vocum et û ...uel ad similitudinem dyapason, que est

dispositio quinque tonorum et duorum consonancia consistens in pluribus ;

semitonorum que equivalent tonum infalli - comprehendit enim dyapente et dyatassa-

biliter... quia in se continet totas alias spe - ron. ý

cies suprascriptas... û ...soit aé l'image du diapason, qui est la

consonance consistant en plusieurs ; elle

comprend en effet le diapente et le diatessa-


ron. ý

5 4
û Le diapason est la conjonction de huit (cf. Gui d'Arezzo, Micrologus V, eè d.

voix et la disposition de cinq tons et de deux J. Smits van Waesberghe, Rome, 1955,

temi-tons qui eèquivalent aé un ton imman- p. 107 : û diapason est in qua diatessaron

quablement... car il contient en soi toutes et diapente junguntur ý)

les autres espeéces susdites. ý


190 elsa marguin-hamon

Par ce calque massif, et convaincant bien que sa complexiteè d'acceés


l'ait laisseè en tant que tel sans imitateurs, Jean de Garlande justifie le
positionnement eèpisteèmologique par lequel il introduisait son ars rith-
mica. On voit bien qu'il faut eêtre baigneè d' ars musica pour ma|êtriser un
tel systeéme.
Seul Nicolas de Dybin reprend certaines de ces notions, aé la fin du
xiiie sieécle, mais dans une autre acception, et une optique tout autre.
Des divergences profondes eèloignent en effet radicalement Dybin de
l'heèritage garlandien. Chez Nicolas, le rythme poeètique ( rithmus rimica-
lis) est distingueè du rythme musical, quand Jean de Garlande faisait
relever le rythme (non qualifieè) de la musique. C'est peut-eêtre qu'entre
temps, la poeèsie rythmique a affirmeè son autonomie face aux formes
chanteèes, donc sa capaciteè aé se suffire aé elle-meême :

Le rythme est la consonance de mots poseè s dans les phrases selon la

mesure des accents et la distinction qui leur est due. Pour la connais -

sance et la science pleine et entieé re des rythmes il faut noter quels eè leè-

ments sont poseè s dans la description du rythme, et d'abord ce qu'est la

consonance. A cause de cela note que la consonance est double, l'une

musicale, l'autre rythmique. Et l'on appelle rythme musical le rythme

qui cause l'harmonie dans les organes corporels et les instruments de


36
musique sous la proportion des tons ...

Dans tous les cas, cette partition justifie que Nicolas reè serve le
lexique des intervalles ou proportiones (diapason, diapente) au rythme
musical :

ainsi la proportion de huit tons fait la consonance qui se dit diapason ; assu-
reèment la proportion de cinq tons fait pour consonance un diapente, etc. .
37

Le lexique des proportions est ainsi appliqueè au deècompte des sylla-


bes aé l'inteèrieur des vers, pas au scheèma des rimes aé l'inteèrieur de la
strophe.
Pour pallier la restriction du champ rythmique qu'il professe, Nico -
las de Dybin en revanche y introduit, de manieére impropre, figureèe,
par analogie en quelque sorte, les notions de mesure et d'accent ^ deux

(36) û Rithmus est consonantia dictionum in orationibus positarum secundum

mensuram accentuum et distinctionem debitam earumdem. Ad noticiam et plena -

riam scientiam rithmorum notanda sunt singula posita in descriptione rithmi, et

primo quid sit consonantia. Propter quod nota quod consonantia est duplex, alia

musicalis, alia ritmicalis. Musicalis rithmus dicitur et est qui causat armoniam in

organis corporalibus et instrumentis musicis sub proportionem tonorum... ý (Nico -

las de Dybin, eè d. G. Mari , Milan, 1899, p. 95).


(37) û sic proportio octo tonorum facit consonantiam que dicitur diapason ; pro -

portio nempe quinque tonorum facit consonantiam dyapente, etc. de aliis. ý ( ibid.).
jean de garlande 191

notions bannies par Jean qui reèservait, dans une perspective de poeè-
tique eèlargie, la mesure aé la meètrique, et traitait de l'accent dans un
traiteè de prosodie aé part (on y reviendra).
Un fondement eèpisteèmologique qui rompt deèfinitivement avec la
vision garlandienne en la matieére lui permet de leègitimer cette nou-
velle extension :

Par conformiteè avec ces reégles il faut noter que selon les auteurs de rheè -

torique, l'art rythmique a eè teè fabriqueè aé l'image de la consonance musi -

cale : bien davantage, certains commentateurs du Laborinthus disent que


la rythmique est assujettie aé la science musicale ; ce n'est pas eè vident

pour moi, puisque l'art rythmique est un genre de la seconde rheè torique,

qui preèsuppose la grammaire. La rheè torique en effet ne fait rien de plus

que d'orner les phrases de couleurs varieè es et convenables, en abreè geant

ce qui est abondant, en allongeant ce qui est court. Et donc si la ryth -

mique devait eêtre assujettie aé quelque science rheè torique, ce serait prin -

cipalement aé la grammaire et aé l'un de ses aspects, la prosodie, car,

comme il appara|ê t aé la description du rythme, le rythme requiert accent

et mesure, qui sont de toute eè vidence dans l'eè leèvation ou l'abaissement


38
des sons et des syllabes .

La deèfinition meême de la rythmique est fonction de la division des


artes qui preèvaut aé la reèflexion de l'auteur. Ici, l' ars rythmica deèpend,
soit de la rheètorique, soit de la grammaire-prosodie, et Nicolas reèfute
son eètablissement sous la musique : des choix terminologiques diffeè ren-
cieès en sont la conseèquence, on l'a vu. Cela n'interdit pas le recours,
quant aé lui suêrement inspireè de la Parisiana poetria, au lexique des inter-
valles musicaux :

Car, de meême qu'en musique la consonance n'est pas eè tendue aé plus de

huit tons et ne se reè duit pas en dessous de quatre, car la consonance faite

d'un ton ne s'eèleéve pas au-delaé , sinon au diapason, c'est-aé-dire au hui-

tieéme ton, et n'est pas reè duite au-delaé, si ce n'est au diatessaron, c'est-aé-
39
dire au quatrieé me ton, les auteurs en ont fait de meê me pour le rythme .

(38) û Per conformitatem autem istarum regularum est notandum quod secun -

dum auctores rhetorice, ars rithmicalis facta est ad similitudinem consonantie musi -

calis : ymo aliqui expositores Laborinti dicunt quod ipsa subjaceat musicali

scientie ; quod tamen mihi non apparet verum, cum ars rithmicalis sit genus secunde

rethorice scientie, que presupponit grammaticam. Rethorica enim nil plus facit nisi

quod orationes variis coloribus ac congruis exornat, prolixas breviando, correptas

producendo. Et ergo si rithmica ars rethorice deberet alicui scientie subiacere,

maxime esset grammatica et species eius, prosodia, quia, ut patet ex descriptione

Mari
rithmi, rithmus requirit accentum et mensuram, que videntur esse in elevatione vel

suppressione vocum et sillabarum. ý (eè d. G. , p. 97)

(39) û Nam sicut in musica consonantia non ampliatur maius ad octo tonos et

non minoratur nisi ad quatuor, quia consonantia facta ab uno tono non ulterius ele -
192 elsa marguin-hamon

Notons cependant que ce type d'application cadre moins bien avec


la description du vers rythmique que l'acception qu'en donnait Jean
de Garlande : en effet Nicolas de Dybin restreint ici le vers aé un
ensemble ne pouvant exceèder huit syllabes, ce que la Parisiana se gar-
dait bien de faire, citant par ailleurs des vers de onze ou douze syllabes.
On peut ici se demander si Nicolas de Dybin n'a pas emprunteè le sys-
teéme de description de Jean en se meèprenant sur l'objet concerneè
(l'agencement des vers rimeès dans la strophe).

Emprunts au lexique des types musicaux

L'usage des vocables deèsignant les diffeèrents types musicaux est


attesteè chez le grammairien, comme bien suêr chez le musicien :

l'organum est aé la fois l'espeé ce de toute la musique mesurable et est pour -

tant un genre aé part, comme il a eèteè dit plus haut. Il faut donc savoir

que dans l'organum au sens large ont eè teè geè neè ralement admises trois espeé -
40
ces, aé savoir le deè chant, la copule et l'organum .

Sur les consonances et les proportions des rythmes. Les consonances rythmiques

se distribuent en proportions sesquialteé res et sesquitierces, lesquelles

proportions se produisent dans la musique : dans le second 5 4


vers , dans le

double 54
cas de vers double, comme entre un et deux, lorsqu'il y a proportion

5 4
ab ; dans le troisieé me, comme entre deux et trois, lorsqu'il y a

proportion sesquialteé re

5 544
aab ; dans le quatrieé me, comme entre trois et

quatre, lorsqu'il y a proportion sesquitierce aaab . Il arrive encore que

et le cinquieé me 5 4
la consonance soit dans le second et le troisieé me abb , dans le quatrieé me

aaabb , en deèchant et en organum ; et ce aé la manieé re

du diapente, qui est constitueè de cinq voix, soit aé l'image du diapason, qui

est la consonance consistant en plusieurs ; elle comprend en effet le dia-


41
pente et le diatessaron .

vatur nisi ad dyapason, id est octavum tonum, nec remittitur ultra nisi ad diatessa -

ron, idest quartum tonum, et similiter fecerunt auctores de rithmo. ý

(40) û organum et est species totius mensurabilis musice et est genus diversi -

mode tamen, prout dictum est superius. Sciendum est ergo, quod ipsius organi gene -

raliter accepti tres sunt species, scilicet discantus, copula et organum. ý (Jean de

Garlande, De mensurabili musica I, eèd. E. Reimer, p. 35)

(41) û De consonanciis et proporcionibus rithmorum. Consonancie rithmales habent se

ad proportionem sexquialteram et sexquiterciam, cuiusmodi proportiones contin -

gunt in musica : in secundo ut in duplo, sicut inter unum et duo, ubi est dupla pro -

portio ; in tercio, sicut inter duo et III, ubi est sexquialtera proportio ; in quarto,

sicut inter tria et quatuor, ubi est sexquitercia proportio. Contingit etiam consonan -

ciam esse in secundo et tercio, in quarto et in quinto, in discantu et organo ; et hoc

ad modum dyapente, que consistit in V vocibus, uel ad similitudinem dyapason,

que est consonancia consistens in pluribus ; comprehendit enim dyapente et dyatas -

saron. ý (Jean de Garlande, Parisiana poetria VII, 589-600, eèd. T. Lawler, p. 164).
jean de garlande 193

Jean n'en dit pas plus sur le discantus et l'organum, comme si le sens de
ces termes transposeès au poeéme rythmique eètait eèvident ^ or il l'est
pour un musicien.
Copula est d'un usage plus freèquent dans les traiteès de rythmique : il
s'agit d'un terme polyseèmique deèsignant un groupe de deux vers
meètriques, mais aussi une partie de la strophe rythmique ainsi qu'un
type musical, aé coêteè du discantus et de l'organum. En rythmique comme
42
en musique, il est la liaison de deux vers ou lignes :

43
Et cette partie se divise en deux eè leèments eègaux .

Que l'on meêle donc sponda|ëques et iambiques de sorte que la premieé re

ligne de la copule reè ponde aé la troisieéme, et la seconde aé la qua-


44
trieéme ...

Cauda n'est pas aé trouver dans les traiteès savants du musicien, mais
dans la description que les troubadours font les premiers de leurs
compositions. La strophe y est diviseèe en parties deènommeèes frons, pes,
versus, et cauda (voir la syntheése qu'en donne Dante dans le De vulgari
eloquentia). La cauda, comme son nom l'indique, constitue un vers ou
une ligne meèlodique qui varie du scheèma de tous les vers preèceèdents de
la strophe.

Et voici qu'aé preèsent nous avons seize diffeè rences de rythmes non

composeè s, qui pourtant semblent avoir eè teè composeès aé cause d'un

variante, ou d'une consonance, bref d'une caudule, placeè e aé un endroit


45
qui fait diffeè rence .

Il y a aussi certains rythmes dans lesquels il y a des diffeè rences redou-

bleèes, consonantes ou caudes identiques ; mais ce n'est pas pour autant

que l'espeé ce change, puisque l'accident ne fait pas varier l'eê tre de la
46
chose ; comme dans ce chant, qui commence ainsi ...

(42) P.

(43) û Et ista pars 5 4


Bourgain, art. cit., p. 154.
De mensurabili musica XII, eè d. E.
copula dividitur in dua aequalia ý (Jean de Garlande,

Reimer, p. 88).
(44) û Commisceantur ergo spondaici et iambici sic quod prima linea copule

respondens sit tercie, et secunda quarte... ý (Jean de Garlande, Parisiana poetria VII,

601-602, eèd. T. Lawler, p. 164).


(45) û Ecce iam habemus XVI differencias rithmorum non compositorum, qui

tamen uidentur esse compositi propter differenciam siue consonantiam siue caudu -

lam positam in diuerso loco. ý (Jean de Garlande, Parisiana poetria VII, 1116-1118,

eèd. T. Lawler, p. 184)


(46) û Item sunt quidam rithmi in quibus sunt gemine differencie consonantes

siue caude consimiles ; sed non constituitur diuersa species propter hoc, cum acci -

dens non uariet esse rei ; ut in illo cantu qui sic incipit : Vita iusti gloriosa/ Mors ut

esset preciosa / Apud Deum meruit ; / Et qui sibi uiluit / A Datore gratiarum / Cum

fine miseriarum /Gloriam optinuit, / Et decorem induit. ý (Jean de Garlande, Pari-

siana Poetria VII, 1136 -1146, eèd. T. Lawler, p. 184).


194 elsa marguin-hamon

2. Les colores verborum et sententiarum comme base de reè flexion aé l'eèlaboration


des colores du De mensurabili musica ?

47
Les eètudes de Guillaume Gross sur le sujet ont bien mis en eèvidence
l'importance preèpondeèrante de la notion de repetitio comme figure pro-
pre aé susciter le plaisir chez l'auditeur, dans le De mensurabili musica de
Jean de Garlande le musicien. Notons la place qu'occupaient deè jaé les
diverses figures fondeèes sur la reèpeètition dans la Parisiana poetria de
48
Jean le grammairien.

Musique Poeètique

Jean de Garlande, De mensurabili musica Jean de Garlande, Parisiana poetria VI, 71-

XII, eèd. E. Reimer, p. 95, 3 80, eèd. T. Lawler

û Color est pulchritudo soni vel obiectum û De coloribus verborum et sententiarum.

auditus, per quod auditus suscipit

placentiam. Et fit multis modis : aut sono

ordinato, aut in florificatione soni, aut in


49
repetitione eiusdem vocis vel diversae.

(...) ý

û La couleur est la beauteè du son ou l'objet

de l'ou|ë e, par lequel l'ou|ë e rec°oit du plaisir.

Et elle se fait de plusieurs manieé res : soit par

un son ordonneè, soit par l'efflorescence du

son, soit par la reèpeètition de la meême voix

ou d'une autre. (...) ý

û Repetitio eiusdem vocis est color Repetitio. Repetitio est cum ab uno

faciens ignotum sonum esse notum, per eodemque uerbo in rebus dissimilibus et

quam notitiam auditus suscipit diuersis eadem principia sumuntur.

placentiam. Et isto modo utimur in Te mens affatur presens, te lingua salutat,

rondellis et cantilenis vulgaribus. Te videt ista palam, te petit illa procul.

Repetitio diversae vocis est idem sonus Repetitio a fine, uel Conuersio, est quando

repetitus in tempore diverso a diversis ad postremum conuenienter reuertitur ad

vocibus. Et iste modus reperitur in idem uerbum.

triplicibus, quadruplicibus et conductis û Salue ! ý mens inquit ; sed uox, Cur me

et multis aliis (...) ý fugis ? ý inquit,

û Dic ubi dormit amor, dic ubi regnat

amor. ý

(47) G. Gross , û La repetitio dans les organa quadruples de Peèrotin. Nature rheè-
torique de l'organisation du discours musical ý, dans Musurgia, VIII, 1 (2001),

pp. 7-29, speèc. p. 10 ; id. û Le color dans la theè orie musicale au xiiie sieécle : implica-
tion et enjeux ý, dans G. Gross , L. Quetin (eèd.), Les enjeux de la traduction, Tours,
2003, pp. 35-58.

(48) Nous gardons ici, faute de plus de deè termination, le mot vox litteèralement

traduit. L'eè quivociteè de ce terme est remarquable, en musique comme en gram -

maire.
jean de garlande 195
û La reèpeètition de la meême voix est une û Reèpeètition.

couleur qui fait qu'un son inconnu est La reèpeètition se fait quand par un meême et

connu, connaissance qui suscite le plaisir de unique mot des deèbuts identiques sont pris

l'ou|ë e. Et nous en usons de cette manieé re pour des objets dissemblables et divers.

dans les rondels et cantileé nes communs. (...)

La reè peètition d'une voix diffeè rente est le Reèpeètition par la fin, ou conversion, quand

meême son reèpeèteè aé un autre moment par au contraire on retourne comme il se doit

d'autres voix. Et ce mode se retrouve dans au meê me mot.

les triples, les quadruples, les conduits, et (...) ý

bien d'autres. ý

û Nobilitatio soni est augmentatio eiusdem û Annominatio cum suis speciebus. Annomina -

vel diminutio per modum / [P 76ra in tio est quando ad idem uerbum acceditur

marg.] superbiae, in augmentatione, ut cum mutatione vel additione unius littere

melius videatur, in grossitudine, ut bene aut litterarum, aut cum ad res dissimiles

audiatur, in fictione, ut melius appetatur, similia verba acomodantur. ý

in dimissione, ut spiritus recurventur. ý

û L'annoblissement du son est son augmen- û L'annomination et ses aspects.

tation ou sa diminution sur le mode de la L'annomination se produit quand on uti -

superbe, par augmentation, afin qu'elle en lise le meê me mot avec mutation ou addi -

soit ameè lioreè e, par enflement, afin qu'elle tion d'une de ses lettres, ou quand on

soit agreè able aé l'ou|ëe, par enjolivement, accorde des mots semblables aé des choses

afin qu'elle soit mieux rec° ue, par retrait, dissemblables. ý

pour que le souffle soit retenu. ý (paronomase)

Chez le musicien s'exprime clairement l'ideè e platonicienne de plaisir


par la reconnaissance, la reèminiscence du connu. Sur l'effet rechercheè
par la repetitio en poeèsie, le grammairien est moins prolixe, mais beau-
coup de ses couleurs sont malgreè tout une forme de repetitio d'un mot,
d'une seèquence, soit tel quel, soit deèformeè (annominatio).

III ^ Un terrain favorable aux influences musicologiques :


Le champ theè orique de la prosodie

La coheèrence interne aé l'Ýuvre de Jean de Garlande se traduit par


une speècialisation du lexique employeè pour chacun des objets qu'il eètu-
die et theèorise. La poeèsie rythmique a pour ma|être mot la numeratio des
syllabes, par opposition aé la poeèsie meètrique, fondeèe sur leur mensura.
C'est ce champ seèmantique de la mesure, meétre, modulus (d'oué modu-
lare), qui est invoqueè aé la fois pour deècrire les qualiteès particulieéres au
vers traditionnel et aé la prosodie telle que la conc°oit Jean. Les deux
49
sont lieèes : û Ecclesie sacre modulans lex metrica servit ... ý

(49) Jean de Garlande, Ars lectoria Ecclesie, v. 1-2.


196 elsa marguin-hamon

La conception prosodique garlandienne s'accorde avec la modula -


tion du vers meètrique, au sens oué l'accent selon l'Ars lectoria ne se deèfi-
nit qu'en termes de hauteur, non d'intensiteè, contrairement aé l'ictus
speècifique du rythme. C'est dans un tel contexte que Jean eè labore une
conception de la prosodie totalement innovante, au sens oué elle met en
adeèquation l'ancien lexique de l'accent û tonal ý (c'est-aé-dire preèciseè-
ment deèfini en termes û musicaux ý : grave, aigu, circonflexe, c'est -aé-
dire tour aé tour bas-haut-bas) avec le phraseè du meétre ou de la prose
50
.
Se conformant aé la tripartition de la musique instrumentale telle qu'il
l'avait, aé la suite d'Isidore, deèfinie dans la Parisiana, Jean de Garlande
eènonce laé des reégles propres au vers meètrique (tout comme aé la prose)
distinctes de ce que qui constitue la musicaliteè speècifique aé la ryth-
51
mique .
Si l'on accepte, comme tous les indices le laissent supposer, l'ideè e
d'une identiteè entre le grammairien et le musicien, on s'accordera aé
penser que la Parisiana poetria, l'Ars lectoria Ecclesie, d'une part, les De
plana musica et De mensurabili musica de l'autre, viennent illustrer les trois
branches de la musique rythmique, meèlodique et meètrique que distinguait
Jean dans la Parisiana, les deux traiteès du musicien occupant le terrain
de la meèlodique, la Parisiana Poetria celui de la rythmique et d'une par-
tie de la meètrique, quand l'Ars lectoria aborde d'autres aspects de cette
dernieére, dans ce qu'elle partage avec la prose.
L'identiteè entre le grammairien Jean de Garlande et le musicien du
meême nom eèclaire singulieérement l'Ýuvre du premier : elle permet en
effet de mieux expliquer l'insertion de l'ars rythmica dans une poeètique
qui inclut aussi meètrique et dictamen. Surtout, elle justifie le recours
extreêmement freèquent aé l'analogie musicale dans les traiteès de Jean,
mais aussi des reèfeèrences savantes aux sources musicales (Boeéce) et aux
modes de description propres aé cette discipline-sÝur.
La conscience musicale aigue« que manifeste l'Ýuvre de Jean se cons-
truit autour des divisions de Boeéce et d'Isidore, dans une large mesure,
mais propose aussi une actualisation de la vision panoramique qu'un
theèoricien des arts du langage feèru de musique peut avoir aé son
eèpoque. A la faveur de cette vision, le grammairien eè labore un modeéle
de description savant dont les notions-clefs sont communes avec celles

(50) Cf. E. Marguin-Hamon , L'Ars lectoria Ecclesie de Jean de Garlande, une gram -
maire versifieèe du xiii e sieécle et ses gloses, Turnhout, 2004, p. 133-159 ; Champ theèorique et

pratique de la prosodie au Moyen Age classique, dans Voces, t. 12-13, 2001 -2002, p. 95 -

113, speèc. p. 107-110.

(51) Cf. R. L. Crocker , Musica rythmica and musica metrica in antique and medieval
theory, dans Journal of music theory, t. 2, 1958, p. 2 -23 ; M. Fassler , Accent, metre and
rythm in medieval treatises De rythmis ý, dans The journal of musicology, t. 5, 1987, p. 164 -

190.
jean de garlande 197

qui caracteèrisent les traiteès de musique contemporains. Jean de Gar-


lande a acheveè d'opeèrer ce rapprochement en proceèdant aé une fusion
. Elle est le fait d'un treés bon connaisseur des theèo-
52
eèpisteèmique totale
ries musicales heèriteèes de Guy d'Arezzo. Les points de rencontre entre
l'Ýuvre poeètique et grammaticale et les textes du musicien sont en
outre extreêmement nombreux et certains auteurs aé peine posteèrieurs
aux deux Jean ne laissent pas de les identifier. Ces eè leèments ameénent aé
postuler l'existence d'un seul Jean de Garlande, aé la fois poeéte, û poeèti-
cien ý, grammairien et musicien.

Elsa Marguin-Hamon

(52) Il se peut au reste que la discussion de Jean ait influenceè Deschamps, quant

au traitement de la poeè sie et de la musique dans L'art de dictier, cf. W. F. Patterson,

Three centuries of French poetic theory (1328 -1630), Ann Arbor, 1935. E. Langlois,

Recueil d'art de seconde rheè torique, Paris, 1902, pp. iii - iv : û Cependant, le plus ancien

traiteè de ce genre qui nous soit parvenu est intituleè l'Art de Dictier, et l'auteur, Eusta-

che Deschamps, suivant la theè orie de Jean de Garlande, fait ressortir la versification

aé la musique, et non aé la rheètorique. Mais telle n'eè tait plus, deè jaé de son temps, l'opi-
e e
nion geèneèrale, et ceux qui, au xv et au xvi sieécle, continuaient aé comparer la versi-

fication aé la musique donnaient cependant aé celle-laé le nom de rheètorique :

û Rethorique ulgaire est une espece de musique appelleè e richmique ý, dit Molinet

(p. 216), et apreés lui l'auteur du traiteè VII (p. 265). Gratien du Pont, comme Eus -

tache Deschamps, se pla|ê t aé faire un minutieux paralleé le entre la rime et la musique,

mais il n'en consideé re pas moins celle-ci et la û rheè torique metrifieè e ý comme deux

sciences distinctes. ý
EDICIOè N Y ESTUDIO DE UN FLORILEGIO DEL
VADEMECUM DE LA BIBLIOTECA DEL CONDE DE HARO

La Biblioteca Nacional de Madrid conserva entre sus fondos parte


de lo que fue en su d|èa la biblioteca privada de uno de los nobles maès
importantes de Castilla durante la primera mitad del siglo xv, don
Pedro Fernaèndez de Velasco (c. 1399-1470), senìor de la casa de Salas
y de las villas de Haro, de Belorado, de Medina de Pomar y de Bri-
viesca, camarero mayor del rey Juan II y, desde la deècada de 1430,
primer conde de Haro.
Los voluèmenes que hoy guarda la Biblioteca Nacional no represen-
tan, como decimos, la totalidad de la biblioteca familiar y particular
del conde, sino soèlo la coleccioèn de libros que donoè en 1455 al Hospital
de la Vera Cruz (actualmente la Cartuja), una institucioèn que fue fun-
dada por eèl mismo en Medina de Pomar para sustentar a doce hidal-
gos ancianos y cuidar a los enfermos y pobres de la regioèn 1. La biblio-
teca de Medina de Pomar representaba la parte de su coleccioèn
particular que eèl consideroè maès apropiada para los fines del Hospital,
en particular, para el adoctrinamiento de los doce hidalgos que resi -
d|èan en eèl, a cuyo nuèmero se sumoè el propio conde a partir de 1459.
Estos hidalgos viv|èan en el Hospital sometidos a cierta regla religiosa
vinculada con los franciscanos observantes y con la orden caballeresca
de la Vera Cruz, una orden en la que se entremezclaban los ideales
religiosos con los caballerescos, dos facetas especialmente representati-
vas de la mentalidad aristocraètica del siglo xv.
De esta coleccioèn de libros se conservan en el ms. Reserva 141 de la
Biblioteca Nacional tanto el Inventario primitivo de 1455 como el Cataè-
logo de 1553 que ordenoè realizar don Juan Fernaèndez de Velasco,
heredero del primer conde de Haro ; este uèltimo Cataèlogo consigna 160

(1) Tal y como relata Hernando del Pulgar en la semblanza del conde hecha en
sus Claros varones de Castilla, cf. R. B. Tate (ed.), Hernando del Pulgar. Claros varones de

Castilla, Madrid, 1985, p. 15 -19 (= Oxford, 1971, p. 15 -19) : û Al fin, veyeè ndose en

los d|èas de la vejez, porque ovo verdadero conoscimiento de los gozos falsos y mise -
rias verdaderas que este mundo da a los que en eè l estaèn embueltos, apartoèse deèl ... E
fundoè en la su villa de Medina de Pomar un monasterio de monjas de la orden de
Santa Clara, e un ospital para pobres, e dotoè les de lo necesario ; e all|è de su voluntad
se retroxo antes de que muriese por espacio de diez anìos. ý La biblioteca del Hospi -
tal de la Vera Cruz pasoè en fecha desconocida a pertenecer a la Corona espanì ola.
Maès tarde, probablemente en 1769, se incorporoè a la Real Biblioteca Puè blica
(actualmente Biblioteca Nacional).

Revue d'histoire des textes, n.s., t. V, 2010, 199-229 ©


200 patricia canì izares ferriz

libros, entre los que se inclu|èa el primer fondo de la donacioèn de 1455,


con 79 t|ètulos 2. El esp|èritu sacro-militar de la institucioèn fundada por
el conde queda reflejado en la composicioèn de la biblioteca de Medina
de Pomar : libros romancescos o tratados caballerescos conviven con
obras latinas y de devocioèn, una mezcla que sin duda es reflejo de las
preferencias intelectuales del propio conde, quien û aprendioè letras
latinas e daèvase al estudio de coroènicas e saber fechos pasados ý y dis-
frutoè de û la comunicacioèn de personas religiosas e de omnes sabios,
con los cuales comunicava sus cosas 3 ý.
Los voluèmenes de la biblioteca primigenia del Hospital de la Vera
Cruz son un valioso reflejo de la mentalidad aristocraètica de la pri-
mera mitad del Cuatrocientos castellano, ya que ilustran las preferen-
cias intelectuales no soèlo del propio conde de Haro, sino de todo un
movimiento cultural. As|è como otra gran biblioteca contemporaènea
suya, la del marqueès de Santillana, ha ayudado a medir el alcance de
las corrientes human|èsticas en la Castilla de la primera mitad de siglo,
la biblioteca del conde de Haro permite entender mejor otra faceta de
la nobleza castellana que, aunque paradoèjica y menos estudiada,
resulta igualmente importante : la convivencia de los intereses espiri-
tuales con los caballerescos 4. Los textos que vamos estudiar y editar a
continuacioèn tambieèn son, como veremos, representativos de esa dua-
lidad.

I ^ El Vademecum de la biblioteca del conde de haro

Entre los fondos de la biblioteca del Hospital figuraban dos coè dices
miscelaèneos, los actuales 9513 y 9522 de la Biblioteca Nacional de
Madrid. La miscelaènea, con un contenido casi ideèntico en ambos coèdi-
ces, reuène, bajo el elocuente t|ètulo de Vademecum, un conjunto de textos
claèsicos, cristianos y medievales en lat|èn, castellano y franceès cuyo
denominador comuèn, como no pod|èa ser de otro modo trataèndose de
una miscelaènea, es la brevedad.

(2) Estos inventarios han sido editados y estudiados por J. N. H. Lawrance ,


Nueva luz sobre la biblioteca del conde Haro : inventario de 1455 , en El Crotaloèn. Anuario de
filolog|è a espanì ola, t. 1, 1984, p. 1073 -1111. La biblioteca del conde de Haro fue tam -

bieèn objeto de estudio y catalogacioèn a finales del s. xix de la mano de A. Paz y


Meè lia , Biblioteca fundada por el conde de Haro en 1455 , en Revista de archivos, bibliotecas y

museos, t. I, 1897, p. 18 -24, 60-66, 156-163, 255 -262, 452-462 ; t. IV, 1900, p. 535 -

541, 662-667 ; t. VI, 1902, p. 198-206, 372-382 ; t. VII, 1902 bis, p. 51-55 ; t. XIX,
1908, p. 124-136 ; t. XX, 1909, p. 277-289.
(3) Pulgar, ed. Tate, op. cit., p. 18.
(4) J. N. H. Lawrance, op. cit., p. 1077.
un florilegio de la biblioteca del conde de haro 201

En un trabajo reciente he tenido ocasioèn de establecer, partiendo de


la identificacioèn de los coèdices realizada por Mar|èa Joseè Mun
ì oz, la
relacioèn de los dos manuscritos que transmiten el Vademecum 5
. El
actual ms. 9513 de la BN fue compuesto entre 1425 y 1455 y pertene -
cioè a la biblioteca particular de don Pedro Fernaèndez de Velasco, de
donde pasoè a la del Hospital de la Vera Cruz tras la mencionada
donacioèn del conde. Por su parte, el manuscrito 9522 es una copia del
9513 confeccionada en la propia biblioteca de Medina de Pomar,
seguramente con el fin de que los hidalgos que resid|èan en el Hospital

^ entre los que se contoè el propio conde ^ dispusieran de maès de un


ejemplar de este Vademecum, ya que la reunioèn de textos presentes en
eèl, tal como apuntoè Lawrance, hac|èa del Vademecum un libro û emble-
6
maètico de toda la biblioteca ý.
El original de este emblemaètico û libro de libros ý titulado Vademe-
cum es, pues, el ms. 9513. Como acabamos de senìalar, la compilacioèn
fue confeccionada dentro de la biblioteca del conde de Haro en fechas
anteriores al 1455 y seguramente bajo indicacioèn suya. La miscelaènea
original que representa el coèdice 9513 se realizoè mediante la reunioèn
facticia de secciones de coèdices copiadas por distintas manos y anìadi-
das a otras escritas por la mano del compilador de la miscelaè nea. Este
compilador y copista parcial de la miscelaènea tambieèn tituloè, paginoè y
dejoè abierta la compilacioèn a apuntes futuros, pues encontramos
numerosos folios y espacios en blanco en el interior del coè dice. En cam-
bio, la copia realizada en Medina de Pomar, el ms. 9522, fue escrita
por la misma mano como un texto cerrado y seguido, sin dejar hojas ni
espacios en blanco. La hipoètesis maès probable es que el conde, antes de
realizar la donacioèn de libros a Medina de Pomar, ordenara a su libra-
rius, de cuya existencia tenemos noticia, que confeccionara el Vademe-
cum para los hidalgos del Hospital, entre los cuales se iba a contar eèl
mismo . Aunque las numerosas secciones de folios en blanco que pre -
7

(5) M. J. Munì oz Jimeè nez, Identificacioèn, datacioè n y origen de dos coèdices (mss.

Madrid BNE 9513 y 9522) de la Biblioteca del Conde de Haro, en Scriptorium, t. LX.2,
2006, p. 246-253 ; P. Canì izares Ferriz, Dos miscelaèneas latino-castellanas de la Biblio -

teca del conde de Haro, en Actas del IV Congresso internacional de latim medieval hispaênico,
Lisboa, 2006, p. 263 -273.

(6) J. N. H. Lawrance, op. cit., p. 1088 -1089.

(7) Sabemos de la existencia de este librarius gracias a una mencioè n de Alfonso

de Cartagena en una carta dirigida al propio conde : û Et sicuti alterius Cathonis

iurisconsulti cuidam legali doctrine legiste ``Cathoniane regule'' nomen dederunt,

sic et claritas tua huius antiquioris et moralis Cathonis salubrium monitionum com -

pilationem dulcium ritimorum congerie refertam ``Cathonianam confectionem'' si

libet potes vocare, ut librarius tuus, quando illam petere volueris, facilius in silva

librorum tuorum nominis adiectione valeat reperire. ý La carta, que se puede

fechar en torno al 1440, ha sido editada y estudiada por J. N. H. Lawrance, Un


202 patricia canìizares ferriz
senta el manuscrito 9513 demuestran que la miscelaènea quedoè inaca-
bada, el intereès de su contenido seguramente suscitoè, ya en el Hospital
de la Vera Cruz, el encargo de una segunda copia, realizada por otra
mano, y que constituye el ms. 9522.
Las dos copias del Vademecum
ofrecen textos en lat|èn y castellano con
un contenido casi ideèntico, aunque hay ligeras diferencias entre uno y
otro coèdice en el orden de presentacioèn de las obras y, ademaès, cada
uno ofrece algunos textos que faltan en el otro, como puede observarse
en la siguiente tabla de contenidos 8 :
BNM 9513 BNM 9522
1. Nota leedor que quieres leer por saber... 1. Nota leedor que quieres leer por saber...
(f. 1) (f. 1)
(Extracto del proèlogo de Alonso de Carta-
gena a su traduccioèn del De senectute
de
Ciceroèn)

2. Todos los que scriuieron tomaron... 2. Todos los que scriuieron toma-
(f. 1v) ron... (f. 1v)
(Extracto de las anotaciones al Tratato de
virtuosas mujeres de Diego de Valera)
3. Segun ponen los poetas son tres fadas... 3. Segund ponen los poetas son tres fadas...
(f. 2) (f. 2)
4. Sensus sacre scripture... (f. 2) 4. Sensus sacre scripture... (f. 2)

5. Diferencia inter oratorem et poetam 5. Differencia inter orathorem et poe -


(f. 2-2v) tam... (f. 2)

6. Circa literam non nulla permictenda 6. Circa literam nonnulla permittenda


sunt... (f. 2v) sunt... (f. 2-2v)

tratado de Alonso de Cartagena sobre la educacioèn y los estudios literarios


, Barcelona 1979,
p. 60, de donde cito. Algunos voluè menes que pertenecieron a la biblioteca origina -
ria del conde aparecen titulados y numerados por una misma mano, una mano que
Lawrance ha atribuido al librarius
del conde al que Cartagena se refiere en la carta
citada. Hemos comparado la escritura del librarius
que aparece en los t|ètulos y la
numeracioèn de los coèdices del conde con la de la mano que tituloè , paginoè y copioè
parcialmente el ms. 9513 y, aunque es dif|è cil determinar categoèricamente su pare-
cido por la escasez de texto con el que comparar, nos atrevemos a afirmar que, efec -
tivamente, el trazo de este librarius
tiene un gran parecido con el de la mano del
9513.
(8) La explicacioèn de estas diferencias, que estaè relacionada con las distintas
etapas en las que fue confeccionado el Vademecum
original y su copia, merece un tra-
bajo aparte, al que espero dedicarme en breve. La negrita de la tabla indica las
obras que no aparecen en uno u otro coè dice. Soèlo he numerado los textos que estaèn
presentes en los dos manuscritos. Algunos de ellos, como se veraè , no fueron copiados
en el mismo lugar en los dos coèdices. Para ilustrar maès claramente las alteraciones
en la ordenacioèn de los textos, he anìadido en la columna correspondiente la referen -
cia a los folios donde aparece ese texto en el otro manuscrito.
un florilegio de la biblioteca del conde de haro 203
BNM 9513 BNM 9522

7. De vocalibus (f. 2v -3) 7. De vocalibus (f. 2v-3)

8. In proemio briuie (f. 3v-34v) 8. In proemio Biblie (f. 3-32v)


(Excerpta de la Biblia, por orden de libros)

9. Cotaciones de regimine principum edicte 9. Cotaciones De regimine principum


a fratre Egidio Romano (f. 35 -41v) edicte a egidio romano (f. 32-39v)
(Excerpta del De regimine principum)

10. Gregorius in omelia nativitatis (f. 41v) (cf. 3 primeras hojas del coè dice, sin nume-
rar)

11. Leo papa in sermone nativitatis (f. 42) (cf. 3 primeras hojas del coè dice, sin nume-
rar)

Episcopus burgensis in apologia


super psalmus iudica me deus (f. 42v)

(F. 43-45 : en blanco)


12. Res militaris est quedam species pru- 12. Res militaris est quedam species pru -
dencie per quam hostes bonum ciuile... dencie per quam hostes bonum ciuile...
(f. 46-53) (f. 39v-47)
(Reescritura resumida de la parte del De
regimine principum que trata de la guerra, a
su vez inspirada en Vegecio, De re militari)

13. Bernardus super cantica sermo 13. Bernardus super cantica sermo
XXXVI (f. 53v) XXXVI (f. 47r)

14. Gregorius omilia IX de talentis 14. Gregorius omilia IX de talentis (f. 47-
(f. 53v) 47v)

15. Ex postilla Nicholai (f. 53v) 15. Ex postilla Nicolai (f. 47v)

16. Nos quoque senes est equm senibus 16. Nos quoque senes est equm senibus
(f. 54-56v) (f. 47v-50v)
(Excerpta de Terencio)

17. Historia Costantini (f. 57) 17. Historia Constantini (f. 50v-52v)

Sunt tria genera figurarum aut elocu-


tionum grauis mediocris ... (f. 58-61v)
(Excerpta de la Rhetorica ad Heren-
nium)

18. Auctoritates Primi Ethicorum (...) 20. Carta que enbyo desde Iherusalem un
Rethorices (...) Politicorum (...) Ychono- senador de Roma llamado Lentulo
mice (...) De bona fortuna (f. 61v-67) Romano (f. 52v-53v)
(Excerpta de las Auctoritates Aristotelis )

19a. Flores et notabilia dicta Aney Lucidi 18. Auctoritates Ethicorum (...) Rethori-
Senece extracta eius libris... (f. 67v) ces (...) Politicorum (...) Ychonomice (...)
De bona fortuna (f. 53v-62)

20. Carta que ynbio desde Iherusalem un 19a.-19b. Flores et notabilia dicta Aney
senador de Roma llamado Lentulo Lucidi Senece extracta ex eius libris...
Romano (f.67v-68v) (f. 62-66v)
(Carta apoècrifa sobre la apariencia f|è sica de (Pseudo-Seèneca, De moribus)
Cristo)
204 patricia canìizares ferriz
BNM 9513 BNM 9522

21. Prologus super librum Aristotelis ad 23. Alienum est omne quidquid
Alexandrum De regimini et erudicione optando euenit (f. 66v-74v)
regum vel principum (f. 69 -86) (Publilio Siro, Sententiae)
(Proèlogo del pseudoaristoteèlico Secretum
secretorum)
22. Memoriale novissimum heroici Aristo - 21. Prologus super librum Aristotelis ad
telis in respondendo cum interrogaretur a Alexandrum De regimine et erudione
discipulis... (f. 86v) regum vel principum (f. 74v -98)

19b. Omne peccatum actio voluntaria est (Cf. f. 62-66v)


(f. 87-90v)
(Pseudo-Seèneca, De moribus)

23. Alienum est omne quidquid optando 22. Memoriale novissimum heroici Aris-
euenit (f. 90v-100v) totelis in respondendum cum interrogare -
(Publilio Siro, Sententiae) tur a discipulis... (f. 98)

(F. 101-108 : en blanco)


24. Siguese un proemio fecho por el 24. Al muy alto e catholico principe don
autor... (f. 109-11) juan...(f. 98v-100)
(Proèlogo de Vasco Ram|è rez de Guzmaèn a (Proèlogo de Vasco Ram|èrez de Guzmaèn a
Juan II) Juan II)

25. Bernardo ad Eugenium (f. 111 -113v) 25. Bernardus ad Eugenium


(Excerpta de San Bernardo, De consideratione) (f. 100v-102v)

26. Tulio de oficiis... de amicicia (f. 113v - 26. Tulius de officiis... de amicicia
115) (f. 102v-103v)
(Excerpta de Ciceroèn, De officiis, De amicitia)

27. Ambrosio de oficiis (f. 115v) 27. Ambrosius de officiis (f. 103v-104v)
(Excerpta de San Ambrosio, De officiis)

28. Agustinus in sermone de puero centu - 28. Augustinus in sermone de puero cen -
rionis (f. 117) turionis (f. 104r-104v)
(Ep|èstola de S. Agust|èn del Decretum de
Graciano)

Augustinus in sermone in festo mag -

dalene (f. 118)

Johannes os aurei in sermone festi

beati Jacobi (f. 118)

Mathei II. Set nunquam eis tantum

profuisset obsequio quantum profuit

odio (f. 118)

Bernardus ad fratres de monte dei

(f. 118)

29. Dichos en franc° es de las contemplaciones (Cf. f. 123-123v)


de sant Agustin (f. 119)
(excerpta en franceès de San Agust|è n)

(F. 120-126 : en blanco)


un florilegio de la biblioteca del conde de haro 205
BNM 9513 BNM 9522
30. Sequuntur definitiones quatuor virtu - 30. Virtus est qualitas... (f. 104v-108)
tum cardinalium (f. 127v-131)
(Deffinitiones quatuor vitutum cardinalium ) (Deffinitiones quatuor vitutum cardinalium )

31. De passionibus anime (f. 131 -131v) 31. De passionibus anime (f. 108-108v)

32. Deffinitiones VII (f. 132-135v) 32. Deffinitiones VII viciorum


(f. 108v-112v)

33. Cum in rebus bellicis semper... 33. Cum in rebus bellicis semper...
(f. 136-139v) (f. 113-117)
(Luciano de Samosata , XII Diaèlogo de los

muertos entre Alejandro, Anibal, Minos y


Escipioèn, traducido del griego al lat|èn por
Juan de Aurispa)

34. Como en algund tiempo leyesse... 34. Como en algund tiempo leyesse...
(f. 140-141) (f. 117-122v)
(Traduccioèn castellana anoènima del texto
latino anterior) (incompleto, muè tilo del
f. 142)

(Cf. f. 119) 29. Dichos en franceès de las Contemplaciones


de San Agust|èn (f. 123-123v)

Proemio de vna respuesta de vn


amigo a otro dada... (f. 124)

(f. 125-126 en blanco)

Juramento que fizo el Papa Calixto


tercio despues de erigido (f. 126v-127)

(3 primeras hojas del coè dice, sin numerar :)

(Cf. f. 41v) 10. Gregorius in omelia nativitatis

(Cf. f. 42) 11. Leo papa in sermone nativitatis

El papa ynocencio tercio


(Titulo de las acusaciones)

Tabula de contemptis in hoc breui


compendio vocato vade mecum

Notabilia Vegeci Non quod tibi impe-


rator... quod ipse non didistit

El t|ètulo de la miscelaènea, Vademecum, evoca el esp|èritu con el que se


concibioè la reunioèn de textos en ella presente. El autor de la compila-
cioèn la ideoè como un pequenìo repertorio en el que deb|èan figurar los
textos de cabecera del conde. Por esa razoèn, en eèl encontramos copia-
dos |èntegramente textos de caraècter breve, como la versioèn latina del
diaèlogo de Luciano y su traduccioèn castellana, diferentes sermones, la
carta de Leèntulo al senado de Roma, el proèlogo del pseudoaristoteèlico
Secretum secretorum, colecciones de sentencias completas como el pseudo-
senequiano De moribus y las de Publilio Siro, y extractos de diversos
206 patricia canìizares ferriz
textos que por su extensioèn no pod|èan ser copiados de forma |èntegra.
Dentro de esta uèltima modalidad de transmisioèn textual, se cuentan
una serie de excerpta de textos claèsicos, medievales y de la Biblia de
especial intereès. Muy recientemente, Mar|èa Joseè Munìoz Jimeènez,
directora del proyecto de investigacioèn dentro del que se inscribe este
trabajo 9, tuvo ocasioèn de estudiar y editar la seleccioèn de Terencio
que ocupa los f. 54-56v del manuscrito original (47v-50v de su copia)
y de las Auctoritates Aristotelis que ocupa los f. 61v-67 del original
(f. 53v-62 de su copia) 10. Ademaès de estos dos pequenìos florilegios de
autor, en el Vademecum leemos extractos de la Biblia, del De regimine
principum de Egidio Romano, de varias obras de San Agust|èn, del De
consideratione de San Bernardo, del De officiis y De amicitia de Ciceroèn, y
del De officiis de San Ambrosio.

II ^ E l florilegio de moral praèctica del Vademecum


La seleccioèn de textos de estos tres uèltimos autores ^ San Bernardo,
Ciceroèn y San Ambrosio ^ puede ser considerada en s|è misma un
pequenìo florilegio unitario, como hemos tenido ocasioèn de demostrar
recientemente 11. Estos textos, que ocupan los f. 111-116v del original
de la miscelaènea, el ms. 9513, fueron escritos por la misma mano,
la del compilador del Vademecum 12, a continuacioèn de un proèlogo
castellano a una traduccioèn que Vasco Ram|èrez de Guzmaèn diri-

(9) Proyecto de I+D, Los florilegios latinos conservados en Espanìa III (HUM2006-
01991/FILO) financiado por la Direccioè n general de investigacioèn cient|èfica y teèc-
nica del Ministerio de ciencia e innovacioè n espanìol.
(10) M. J. Munìoz Jimeènez , Terencio en dos manuscritos micelaè neos de la biblioteca
del Conde de Haro, en Actas del IV Congreso de humanismo y tradicioè n claèsica. Homenaje al

profesor Antonio Prieto , Alcanì iz (Teruel), 9 al 14 de mayo de 2005, en prensa ; y

Las Auctoritates Aristotelis en el Vademecum de la biblioteca del Conde de Haro , en Un flo-

rileége de philosophie, de textes et de manuscrits offert aé Jaqueline Hamesse (J. Meirinhos ,


O. Weijers eds.), en prensa.
Canìizares Ferriz
(11) P. , Un florilegio de moral praèctica perteneciente al Vademecum
de la Biblioteca del Conde de Haro , en Perfiler de Grecia y Roma, Actas del XII Congreso

espanì ol de estudios claè sicos, Madrid, 2009, t. I, p. 195 -204.

(12) Esta mano copioè, ademaès de esta seccioèn, los textos que abren el Vademecum
hasta el f. 41v. Es decir, tambieè n se encargoè de elaborar la seleccioèn de textos de la
Biblia y del De regimine principum de Egidio Romano. Asimismo, copioè en el verso del
f. 54 los brev|èsimos textos de San Bernardo, San Gregorio y Nicolaès de Lira, la His-
toria Constantini (f. 57), la carta de Leè ntulo de los f. 67v -68v y el texto de San Agus -

t|èn que sigue a la seleccioèn del De officiis de San Ambrosio, as|è como los excerpta en
franceès de San Agust|èn (f. 119). No cabe duda, pues, del protagonismo que tuvo
esta mano autora de la compilacioèn no soèlo en la elaboracioèn sino tambieèn en la
seleccioèn de textos del Vademecum, de ah|è que resulte bastante probable que se tra -
un florilegio de la biblioteca del conde de haro 207

gioè a Juan II de Castilla ; los textos, ademaès, fueron copiados


inmediatamente despueès de una larga serie de folios en blanco
(f. 101-108). As|è pues, esta seccioèn reuène una serie de caracter|èsti-
cas formales, como son el hecho de haber sido realizada por la
misma mano, de forma continua y con una disposicioèn textual
uniforme, que llevan a pensar que fue concebida como una uni-
dad textual coherente. Estas caracter|èsticas responden a la defini-
cioèn de lo que B. Munk Olsen bautizoè como û miniflorilegio ý :
una recopilacioèn de textos de dos o maès autores que soèlo contie-
nen un nuèmero limitado de extractos 13.
A simple vista, la uènica pieza que no encaja dentro de este miniflori-
legio original confeccionado por el compilador del Vademecum ser|èa el
texto castellano de Vasco Ram|èrez de Guzmaèn que precede al florile-
gio. Sin embargo, esta pieza no soèlo encuentra perfecto acomodo den-
tro de la seleccioèn, sino que funciona como lo que en realidad es, un
proèlogo.
En contra de lo que se ha venido pensando tradicionalmente, cree-
mos que el proèlogo castellano de Vasco Ram|èrez de Guzmaèn no perte-
nece a la versioèn del XII Diaèlogo de los muertos de Luciano trasladado al
lat|èn por el humanista Juan de Aurispa que tambieèn leemos en el Vade-
mecum (f. 136-141, ms. 9513), sino a una traduccioèn, hoy perdida, del
De consideratione de San Bernardo. Son varias las pruebas que confir-
man esta atribucioèn : las referencias del propio proèlogo al contenido
espiritual de la obra que traduce, la presencia de los excerpta del De con-
sideratione que abren el miniflorilegio, pero, sobre todo, la evidencia
que nos ofrece la tabla de materias al inicio del ms. 9522, copiada por
una mano distinta al resto del manuscrito pero tambieèn del siglo xv,
donde leemos en el lugar que le corresponde al proèlogo : û prohemium
archidiachoni toletani super translatione bernardi et eugeni. ý El
archidiaconus Toletanus no es otro que Vasco Ram|èrez de Guzmaèn, a la
sazoèn arcediano en Toledo al menos desde 1415, y el Bernardus et Euge-
nius es una variante del t|ètulo con el que durante siglos se conocioè al De
consideratione de San Bernardo, Bernardus ad Eugenium, y as|è es como
aparece en el ep|ègrafe que precede a los extractos de esta obra en nues-
tro florilegio. La pieza, por tanto, encaja perfectamente dentro del
conjunto, ya que funciona como lo que originariamente era, un proè -
logo, en este contexto de lectura no ya a una traduccioèn, sino a todo el
florilegio.

tara del propio librarius del conde, bajo cuyo mandato seguramente confeccionoè la
miscelaènea y, dentro de ella, este pequenìo florilegio.
(13) B. Munk Olsen , Les classiques latins dans les florileéges meèdieèvaux anteèrieurs au
xiii sieécle, en Revue d'Histoire des Textes , t. 9, 1979, p. 47 -121, p. 51.
e
208 patricia canìizares ferriz
El miniflorilegio del manuscrito 9513 tiene la particularidad, ade-
maès, de representar el estado textual original de la recopilacioèn, algo
por desgracia poco frecuente en la tradicioèn de los florilegios medieva-
les. Son varias las marcas textuales que muestran con claridad el
estado embrionario de la recopilacioèn. Las maès llamativas son las que
ponen de manifiesto que la compilacioèn de textos quedoè, al igual que
toda la miscelaènea, inacabada : en la seleccioèn del De officiis de Cice-
roèn el florilegista dejoè pendiente de copia los textos pertenecientes al
libro segundo, de ah|è el espacio en blanco que sigue al ep|ègrafe Liber
secundus, lo mismo que ocurrioè con los libros segundo y tercero de la
obra homoènima de San Ambrosio. Es decir, el autor de este miniflori-
legio preparoè previamente las paèginas distribuyendo los ep|ègrafes de
los t|ètulos y libros a los que pertenec|èan los textos seleccionados, para
luego incorporar los excerpta, pero dejoè el trabajo interrumpido a partir
del segundo autor, Ciceroèn. En realidad, pues, la uènica seleccioèn aca-
bada dentro de este pequenìo florilegio es la del texto de San Bernardo.
Aunque la teècnica de transmisioèn no es la misma que la de los textos
extractados de San Bernardo, Ciceroèn y San Ambrosio, hay que consi-
derar tambieèn dentro de esta misma unidad textual, por su vincula-
cioèn formal y temaètica con ella, el texto copiado en los f. 117r-v del ms.
9513 (f. 104r-v de su copia, el 9522). Se trata no ya de extractos de un
autor, sino de una pieza breve de San Agust|èn, la ep|èstola CLXXXIX,
copiada no directamente de San Agust|èn, sino de una versioèn ya abre-
viada de la ep|èstola procedente del Decretum de Graciano (Causa XXIII,
quaestio I). Decimos que pertenece a la misma unidad textual del mini -
florilegio porque, aunque no siga la misma teècnica de transmisioèn (el
compilador no selecciona frases o sentencias del texto original, sino
que copia |èntegramente una versioèn del texto ya manipulada y abre-
viada), fue copiado por la misma mano que los demaès y con una dispo-
sicioèn textual semejante al resto de textos del miniflorilegio. Ademaès,
la pieza de San Agust|èn transmitida por Graciano cierra esta seccioèn
del ms. 9513, ya que los textos que la siguen antes de la siguiente sec-
cioèn de folios en blanco (f. 120-126) no pertenecen, como tendremos
ocasioèn de demostrar en otro lugar, al estado original de la compila-
cioèn 14. El contenido de esta ep|èstola, en el que se argumenta que el
ejercicio de las armas no es incompatible con el de la fe, casa perfecta-

(14) Se trata de unos brev|èsimos extractos de contenido espiritual de San Agus -


t|èn, San Bernardo y del texto sagrado, que ocupan los f. 118-119 del Vademecum ori-
ginal, pero que no aparecen en su copia, el ms. 9522. Las razones de esta
discordancia entre el original y la copia, que tienen que ver con las distintas fases de
realizacioèn del Vademecum, quedaraèn para un proèximo trabajo sobre la geènesis y
transmisioèn de todo el Vademecum.
un florilegio de la biblioteca del conde de haro 209

mente con el esp|èritu no soèlo del miniflorilegio, sino de todo el Vademe-


cum.
As|è pues, esta seccioèn que se abre con el proèlogo de Vasco Ram|èrez
de Guzmaèn y se cierra con la ep|èstola de San Agust|èn representa el
estado original del miniflorilegio. Si ya es algo excepcional dar con el
original de un florilegio, maès auèn lo es encontrar los originales de los
textos con los que eèste se confeccionoè. Como veremos a continuacioèn,
el miniflorilegio del ms. 9513 no soèlo es un original en fase de borrador,
sino que ademaès hay indicios evidentes de que fue confeccionado a
partir de voluèmenes de la biblioteca privada del conde. Los fondos hoy
conservados en la Biblioteca Nacional de Madrid y antanìo en el Hos-
pital de Medina de Pomar nos brindan la posibilidad de reconstruir el
proceso de elaboracioèn de este florilegio y entender la metodolog|èa de
trabajo del compilador.
Para el caso de Ciceroèn, el manuscrito original del que se extrajo la
seleccioèn es un coèdice de origen florentino escrito sobre pergamino que
contiene el De officiis De amicitia De senectute De paradoxis
, , y , y que per-
tenecioè a la biblioteca privada del conde antes de la donacioèn al Hos-
pital 15 ; se corresponde con el actual ms. 9502 de la BN. Este manus-
crito presenta, como la mayor|èa de los voluèmenes del conde,
numerosas marcas marginales en forma de manos y aspas ; al cotejar
los textos marcados con la seleccioèn de Ciceroèn del florilegio (f. 113v-
115) hemos podido comprobar coèmo todos aquellos pasajes selecciona-
dos en el Vademecum aparec|èan marcados en el coèdice italiano de su
biblioteca privada 16 ; ademaès, las pocas variantes que presenta el texto
del florilegio con respecto a su original constituyen, como se veraè en el
aparato cr|ètico de nuestra edicioèn, claros errores de copia. Esto viene a
demostrar que, para el caso de los extractos de Ciceroèn, el ms. 9502
fue la base textual de la seleccioèn del Vademecum
17
. Como ya hemos
comentado, la seleccioèn de Ciceroèn quedoè inacabada, ya que en el
f. 114 del ms. 9513, tras el ep|ègrafe Liber secundus De officiis
del , el com-
pilador dejoè un hueco en blanco, seguramente con la intencioèn de anìa-

(15) Asiento XXXIII del antiguo Inventariode la biblioteca.


(16) Casi siempre por un aspa escrita por la misma mano.
(17) Parece que el compilador que realizoè la lectura y eleccioèn de pasajes se basoè
en una seleccioèn previa maès amplia y variada, que luego redujo para el miniflorile -
gio, pues el manuscrito de Ciceroè n presenta muchos maès textos senìalados por la
misma mano que los seleccionados en el Vademecum . Un hecho que demuestra esta
hipoètesis es que el compilador planeoè incluir en el florilegio una seleccioè n del De
paradoxis , obra que tambieèn estaè copiada en el manuscrito italiano, aunque luego
cambioè de opinioèn y procedioè a tachar el ep|ègrafe correspondiente a esta obra, pues
as|è figura, tachado, en el margen superior del f. 114 del Vademecum . Cf. P. Canì iza-
res Ferriz , Dos miscelaèneas..., p. 266.
210 patricia canì izares ferriz

dir posteriormente los excerpta ; y curiosamente, en la parte correspon-


diente al libro segundo de esta obra del ms. 9502, que como acabamos
de ver fue la fuente de los textos seleccionados, no encontramos ninguè n
rastro de marcas marginales, es decir, que el compilador o quien se
encargara de seleccionar los pasajes, quizaè el propio conde de Haro,
no tuvo tiempo de marcar los pasajes que quer|èa seleccionar para el
Vademecum original, razoèn por la que dejoè la paègina en blanco.
A la biblioteca particular del conde tambieèn pertenecioè otro coèdice
italiano ^ bolonìeès, para maès senìas ^ que conten|èa el De officiis de San
Ambrosio 18, otra de las obras extractadas en el florilegio. Al hacer el
cotejo correspondiente hemos vuelto a comprobar lo mismo que para
el caso de Ciceroèn : a partir del texto de San Ambrosio de este coèdice,
el actual 9482 de la Biblioteca Nacional, se hab|èa realizado la seleccioèn
presente en el Vademecum 19. Y al igual que en el texto fuente de Cice-
roèn, aqu|è tambieèn encontramos marcas marginales de manos y aspas
indicando los textos que luego fueron seleccionados en el florilegio.
Y tampoco encontramos en este manuscrito marcas marginales para
las partes correspondientes a los libros segundo y tercero de la obra de
San Ambrosio, que en el Vademecum quedaron, como las de Ciceroèn,
pendientes de copia, tal como testimonian los ep|ègrafes Liber secundus
del f. 116 (en blanco) y Liber tercius del f. 116v (tambieèn en blanco).
Otro tanto sucede con la seleccioèn que abre el florilegio, y que cons-
tituye su seccioèn maès larga, la del De consideratione de San Bernardo.
Dentro de los fondos de la Nacional que pertenecieron al conde se
encuentra el ms. 9537, un coèdice que tambieèn fue la base textual no
soèlo de la seleccioèn de San Bernardo, sino de otros textos presentes en
el Vademecum 20.
Para el texto de la ep|èstola de San Agust|èn, que como hemos dicho
fue recogido del Decretum de Graciano, no hemos encontrado entre los
79 voluèmenes del Inventario primitivo de la donacioèn de libros al Hospi-
tal ninguno que se corresponda con este t|ètulo. Sin embargo, no debe-
mos olvidar que este Inventario reproduce tan soèlo una parte de la tota-
lidad de la biblioteca privada del conde, precisamente aquella seccioè n
de su biblioteca que fue donada al Hospital. Habida cuenta de que el
Vademecum original se confeccionoè, como hemos apuntado, antes de la

(18) El asiento VIII del Inventario primitivo de la biblioteca del conde.


(19) Vademecum original.
(20) La Historia Costantini, el breve texto latino copiado en el verso del f. 86 y las
frases sobre el sentido de las sagradas escrituras y la diferencia entre el orador y el
poeta copiadas en el f. 2. Creemos que este coè dice se corresponde con el asiento IX
del primitivo Inventario, si bien no concuerda, como ha notado J. N. H. Lawrance ,
Nueva luz..., p. 1108 con ninguno del Cataèlogo de 1553, pues la referencia de A. Paz

y Meè lia , op. cit., 1897, p. 66, es equivocada.


un florilegio de la biblioteca del conde de haro 211

segmentacioèn de la biblioteca privada del conde, hemos de considerar


que tanto para el caso de esta ep|èstola de San Agust|èn como para el de
otros textos copiados dentro del Vademecum, el compilador se pudo ser-
vir de voluèmenes que luego no fueron incluidos en la donacioèn y que,
por tanto, hoy se han perdido.

Unidad temaètica del florilegio : devocioèn y caballer|èa

Todas las piezas seleccionadas para este miniflorilegio tienen un


comuèn denominador temaètico que tambieèn comparten con el conte-
nido del proèlogo de Ram|èrez de Guzmaèn : su contenido moral, ya sea
en su vertiente pagana (Ciceroèn) o devocional cristiana (San Ber-
nardo, San Ambrosio y San Agust|èn). Noètese, ademaès, la advertencia
sobre la necesidad del provecho de la lectura que se lee en el ms. origi -
nal del Vademecum al comienzo del proèlogo, que por cierto no fue
copiada en el ms. 9522 : û S|èguese un proemio fecho por el autor enel
nombrado de cosas bien notables, senìalada mente el fruto que deue-
mos sacar delo que leemos ý (f. 109).
Esta temaètica concuerda tambieèn con gran parte de las obras inclui-
das en la miscelaènea y, en general, con el perfil de los libros donados
por el conde al Hospital de Medina de Pomar. En las obras que com-
ponen todo el Vademecum se puede ver coèmo, sin ninguèn criterio de
ordenacioèn temaètica, sobresalen los veèrtices maès importantes de la
mentalidad nobiliaria del siglo xv : los temas de contenido religioso,
moral o didaèctico por un lado y, de otro, lo caballeresco. Casi al
comienzo de la miscelaènea leemos una seleccioèn del texto sagrado, y
repartidos por todo el volumen encontramos copiados excerpta de San
Agust|èn o Gregorio Magno. Junto con estos textos, integran tambieè n
la miscelaènea otros de contenido moral, sapiencial o edificante, como
una seleccioèn de las Auctoritates Aristotelis, el proèlogo del pseudoaristoteè-
lico Secretum secretorum o los excerpta del De moribus pseudosenequiano,
las Sententiae de Publilio Siro y el pequenìo florilegio de Terencio. No
cabe duda de que este uèltimo autor es el menos esperado en una selec-
cioèn como la del Vademecum, que estaè guiada por unos criterios selecti-
vos, por lo que vemos, muy precisos. Sin embargo, como ha demos-
trado recientemente Mar|èa Joseè Munìoz Jimeènez, los excerpta de sus
comedias revisten la forma de sentencias morales puestas por lo gene -
ral en boca de los senes de la comedia y por ello se ajustan al contenido
moralmente provechoso de toda la miscelaènea 21.
El binomio û devocioèn y caballer|èa ý por el que parece guiarse la
seleccioèn del Vademecum se completa con textos representativos de la

(21) M. J. Munì oz Jimeè nez , Terencio..., en prensa.


212 patricia canì izares ferriz

educacioèn de la nobleza, como la seleccioèn que copia el compilador,


tras las citas de la Biblia, del De regimine principum de Egidio Romano,
la interesante reescritura resumida del tratado de estrategia militar de
Vegecio o el diaèlogo sobre la gloria militar entablado por Alejandro,
An|èbal, Minos y Escipioèn del Luciano de Aurispa, seguido de su tra-
duccioèn castellana.
Estas l|èneas temaèticas que observamos en la seleccioèn de obras reuni-
das en el Vademecum adquieren todav|èa mayor nitidez a la luz de los
contenidos de una ep|èstola que Alfonso de Cartagena, gran amigo del
conde de Haro, le dirige a eèste en torno al 1440, es decir, antes de la
formacioèn de la biblioteca de Medina de Pomar. En ella el obispo de
Burgos incide en el perfil intelectual del noble y nos lo presenta como
ejemplo de hombre que encarna la dicotom|èa ^ tan comuèn en esta pri-
mera mitad de siglo ^ entre la dedicacioèn a la vida activa y la contem-
plativa 22 ; al referirle al conde queè libros pod|èan ser los maès adecuados
para un hombre como eèl, le propone unas lecturas que se ajustan per-
fectamente con el contenido del Vademecum y, en particular, con la
composicioèn del pequenìo florilegio que leemos dentro de ella : le desa-
conseja las obras de entretenimiento, sin fines didaècticos, de las que no
se obtiene provecho, y le recomienda obras de devocioèn legas y senci-
llas, especialmente la Biblia y los Santos Padres, junto con libros de
moralidad praèctica como los textos que componen nuestra seleccioèn 23.
Lo que acabamos de senìalar para todo el Vademecum tambieèn se
puede aplicar a este pequenìo florilegio de contenido moral. Inmedia-
tamente despueès del proèlogo, en el que se subraya precisamente esa
utilidad recomendada por Cartagena sobre el provecho de la lectura,
leemos los extractos del De consideratione de San Bernardo, una obra
que se ajusta a la mentalidad aristocraètica del conde, pues en ella el
santo propon|èa una serie de consejos para que los que estaban en pues-
tos elevados, como era el caso del papa Eugenio III, a quien iba diri-
gida la obra, no cometieran el error de descuidar la oracioèn y la medi-

(22) Es lo que Cartagena denomina medium genus, que se opone a los dos extre -
mos, el de los analfabetos y el de los profesionales del saber, o scholastici.
(23) Contenidos desarrollados sobre todo en el cap|è tulo noveno de la ep|èstola,
cf. ed. de J. N. H. Lawrance , op. cit., p. 49-55 : û Et si libris gentilium uti delectat,
illi querendi sunt qui ad morum honestatem alliciunt. Multi enim ex gentilibus fue -
runt, qui licet fidem catholicam non receperint in moribus tamen honeste loquun -
tur, alii virtutes ac vicia scientifice designando, ut Plato et Aristoteles, alli ad
virtutum sequellam et viciorum fugam suo clamore excitando, ut Cicero et Seneca
aliquibus in libris fecerunt, licet in nonnullis locis aliquantulum aberrarunt, et si qui
sunt alii qui per scientificum modum docendo vel per suavem stillum persuadendo
de viciis ac virtutibus recte senserunt, quos enumerare esse perlongum. ý (p. 52 -
53).
un florilegio de la biblioteca del conde de haro 213

tacioèn : nada maès acorde con el esp|èritu del conde y de la orden caba-
lleresca que eèl mismo fundoè, la Orden de la Vera Cruz, en la que con-
verg|èan las dos corrientes fundamentales de la sensibilidad nobiliaria
del siglo xv, la religiosa y la caballeresca 24. Seguidamente leemos en el
florilegio extractos de las dos obras maès representativas de la moral
pagana y cristiana, que ejemplifican precisamente el perfil devoto de
un noble como el conde 25. La breve pieza de San Agust|èn sobre la con-
vivencia de las armas y la fe al final del miniflorilegio viene a com -
pletar y justificar, en este particular contexto de lectura, la otra ver -
tiente de la personalidad del noble, la militar, conformando, junto con
los otros textos seleccionados, una suerte de manual de conducta moral
de nobles.

Seleccioèn y manipulacioè n de los textos originales

Como suele ser frecuente en el geènero, los textos seleccionados en


este florilegio, a excepcioèn del prologo y de la uèltima pieza de San
Agust|èn, son muy breves y tienen caraècter sentencioso. Su reunioèn en
forma de florilegio los convierte en un pequenìo compendio de senten-
cias espirituales y de moralidad praèctica cercano, ademaès, a un geènero
muy del gusto de la mentalidad cortesana del Cuatrocientos como
eran las colecciones de sentencias 26. Los fragmentos seleccionados
adquieren en este nuevo contexto de lectura caraècter universal por el
hecho de haber sido separados de su contexto en la obra original. Ade-
maès, como veremos a continuacioèn, el compilador no soèlo interviene
seleccionando los pasajes de la obra de origen y aislaèndolos en forma
de sentencias, sino que en ocasiones, siguiendo una praèctica comuèn a
otros florilegistas medievales, introduce intencionadamente ligeras
modificaciones textuales para acomodar el texto a esta nueva lec-
tura 27.

(24) Cf. J. N. H. Lawrance , Nueva luz..., p. 1075-76. Los hidalgos de la orden


que resid|èan en el Hospital de Medina de Pomar, seguèn se refleja en las constitucio-
nes de la orden, que se nos han conservado copiadas en las guardas de un manus -
crito de biblioteca del Hospital, el actual BN, ms. 9180, f. 167 -169, ten|èan que
cumplir con varios votos de devocioèn a la cruz ^ el emblema de la orden ^, y llevar
una vida de auteènticos caballeros andantes.
(25) Sobre la relacioèn y el caraècter moral de las obras de Ciceroèn y San Ambro-
sio, cf. C.Castillo , La cristianizacioèn del pensamiento ciceroniano en el De officiis de San
Ambrosio, en Anuario filosoè fico, t. 34, 2001, p. 297 -322.

(26) En el mismo Vademecum encontramos copiados los proverbios pseudosene -


quianos del De moribus (f. 87-90v) seguidos de la coleccioèn de sentencias de Publilio
Siro (f. 90v-100v).
(27) B. Munk Olsen , op. cit., p. 52, observoè en su clasificacioèn de los florilegios
claèsicos que los textos extractados presentaban unas modificaciones espec|è ficas con
214 patricia canìizares ferriz
Aunque los primeros ejemplos que vamos a comentar no pueden ser
considerados como una manipulacioèn textual en sentido estricto, en
este florilegio la buèsqueda del tono sentencioso llega al extremo de
que, en repetidas ocasiones, el florilegista fragmenta un texto que en el
original iba seguido, es decir, formando una unidad de sentido, en
varias sentencias independientes, convenientemente separadas por
salto de l|ènea y calderoèn. Esto sucede con las siguientes cinco senten-
cias extractadas del proèlogo (libro I seguèn el Vademecum) del De conside-
ratione de San Bernardo : û Charitas nunquam excidit. / Matris sum
liberatus officio, sed non depredatus affectu. / Olim michi uisceratus
est, non tamen facile erueris. / Ascende in celos, descende in abissos,
non recedas a me, sequar te quocumque yeris. / Amaui te pauperem,
amabo pauperum et diuitum patrem ý, que como se puede ver a conti-
nuacioèn, en el original formaban una unidad textual cohesionada :
û charitas nunquam excidit. Ego, ut uerum fatear, matris sum libera-
tus officio, sed non depraedatus affectu. Olim mihi inuisceratus es, non
tam facile erueris. Ascende in coelos, descende in abyssos : non recedes
a me, sequar te quocumque ieris. Amaui pauperem, amabo pauperum
et divitum patrem. ý El compilador convierte cada unidad oracional
en una sentencia independiente eliminando tan soèlo el inciso ut uerum
fatear, que evidentemente pervertir|èa el tono sentencioso del pasaje
escogido.
Algo semejante es lo que hace un poco despueès con la secuencia ori-
ginal de San Bernardo (De consideratione I, 1) : û si doles, condoleo : si
non, doleo tamen, et maxime, sciens longius a salute absistere mem-
brum quod obstupuit ; et aegrum sese non sentientem periculosius
laborare ý, que en el florilegio aparece fragmentado en dos sententiae
independientes entre s|è : û Si doles condoleo, sed non doleo tantum. /
Sciens a salute longius absistere membrum quod obstupuit et egrum
sese non sencientem periculosius laborare. ý
Este procedimiento de fragmentacioèn del original tambieèn lo pone
en praèctica en los excerpta de Ciceroèn con el pasaje del De amicitia
XVII, 64 : û Itaque uerae amicitiae difficillime reperiuntur in iis qui
in honoribus reque publica uersantur ; ubi enim istum inuenias qui
honorem amici anteponat suo ? ý, que en el florilegio leemos segmen-
tado de la siguiente forma : û Reperiuntur itaque uere amicicie diffici-
llime in his qui in honoribus rei publice uersantur. / Vbi enim istum
inuenias qui honorem amici anteponat suo ? ý O en la secuencia del

el fin de aislar los pasajes de su contexto originario. Este tipo de manipulaciones


han sido tambieèn estudiadas y sistematizadas por B. Fernaèndez de la Cuesta
, En
la senda del Florilegium Gallicum. Edicioè n y estudio del florilegio del manuscrito Coè rdoba,

Archivo Capitular 150 , Louvain-la-Neuve, 2008, p. 30-32.


un florilegio de la biblioteca del conde de haro 215

original de San Ambrosio ( De officiis I, 1, 4) : û Itaque factum est ut


prius docere inciperem quam discere. Discendum igitur mihi simul et
docendum est, quoniam non uacavit ante discere ý, que encontramos
presentada en el florilegio en dos sentencias seguidas pero indepen-
dientes : û Itaque factum est ut prius docere inciperem quam discere. /
Discendum igitur michi simul et docendum est, quoniam non uacauit
ante discere. ý
El uèltimo caso de divisioèn en varias sentencias de una unidad textual
tambieèn lo encontramos en la seleccioèn de San Ambrosio, combinada
ademaès con otro tipo de manipulacioèn textual : el anìadido de un ele-
mento ^ un verbo o un sujeto ^ que o bien se sobreentend|èa en el con-
texto original, o estaba explicitado en el texto inmediatamente ante-
rior al pasaje seleccionado. El florilegista se ve obligado, para que la
sentencia no pierda su sentido, a anìadir el sujeto o el verbo que se
encontraba antes. Como decimos, esto es lo que sucede, en combina-
cioèn con el procedimiento anterior, en las siguientes sentencias selec -
cionadas de San Ambrosio ( De officiis , I, 1, 3) : û Hanc ipsam opto
habere ut docendi studio possim discere. / Vnus enim uerus magister est
qui solus non didicit quid homines doceret ý, que responden a la
secuencia original : û hanc ipsam ut docendi studio possim discere.
Vnus enim uerus magister est, qui solus non didicit quod omnes doce -
ret. ý Como se puede observar, el compilador ha introducido la locu-
cioèn verbal opto habere que no leemos en la frase original, sino, con una
pequenìa variatio
leèxica, en el pasaje inmediatamente anterior : û sed
tantummodo intentionem et diligentiam circa Scripturas diuinas opto
assequi , quam ultimam posuit Apostolus inter officia sanctorum, et
hanc ipsam ut docendi studio possim discere... ý Aqu|è llama la aten-
cioèn el hecho de que, si bien el florilegista recoge la forma verbal prin-
cipal sin la cual no se podr|èa entender la û sentencia ý, sin embargo no
explicita el complemento directo pronominal hanc ipsam , con lo que la
sentencia no estaè plenamente descontextualizada y, por tanto, difi-
culta la comprensioèn de su sentido de forma aislada.
Este uèltimo procedimiento de recoger una forma verbal que no
estaba presente en el original, sino en el contexto de la frase seleccio -
nada, lo encontramos tambieèn en la sentencia del De officiis I, I, 2 de
Ciceroèn : û Tam diu uelle debebis addiscere quoad te, quantum profi-
cias, non penitebit ý, donde el compilador ha completado, mediante el
infinitivo addiscere
, el sentido de la sentencia, que en su contexto origi-
nal aparec|èa de forma expl|ècita : û Quam ob rem disces tu quidem a
principe huius aetatis philosophorum et disces quam diu uoles ; tam
diu autem uelle debebis, quoad te quantum proficias non paenitebit. ý
Tambieèn se dan dos casos de este tipo de contextualizacioèn no ya
mediante la inclusioèn de una forma verbal, sino de un sujeto que se
216 patricia canìizares ferriz
sobreentend|èa o se mencionaba en el contexto original. As|è sucede en
el excerptum de San Bernardo (I, 8) : û Consideracio diuinarum pariter et
humanarum rerum scienciam confert ý, donde el compilador ha expli -
citado el sujeto presente en el texto inmediatamente anterior : û Et pri -
mum quidem ipsum fontem suum, id est mentem, de qua oritur, puri -
ficat consideratio. Deinde regit affectus, dirigit actus, corrigit excessus,
componit mores, uitam honestat et ordinat, postremo diuinarum pari -
ter et humanarum rerum scientiam confert. ý Algo parecido sucede
con otro pasaje seleccionado del mismo autor (II, 10) : û Diuicie nec
bona sunt nec mala : usus tamen horum bonus, abusio mala, sollici -
tudo peior, questus turpior ý, en el que sustituye el sujeto pronominal
ipsa del original, cuyo sentido se sobreentend|èa por el contexto, por el
maès expl|ècito de diuitiae : û ``Quod habeo'', inquit, ``hoc tibi do''. Quid
illud ? Vnum scio : non est aurum neque argentum, cum ipse dicat :
`Argentum et aurum non est mihi'. Si habere contingat, utere non pro
libitu, sed pro tempore. Sic eris utens illis, quasi non utens. Ipsa qui -
dem, quod ad animi bonum spectat, nec bona sunt, nec mala : usus
tamen horum bonus, abusio mala, sollicitudo pejor, quaestus tur -
pior. ý Sin embargo, al sustituir el sujeto, el compilador comete el
error de no hacer concordar con el nuevo sujeto los atributos bona y
mala (Diuicie nec bona sunt nec mala), error que detecta el amanuense del
9522 cuando copia el texto, y que subsana convenientemente : Diuicie
nec bone sunt nec male. Esta intervencioèn indica, por otra parte, que este
copista no era un simple amanuense, sino una persona culta y conoce -
dora del lat|èn que realiza una atenta lectura del original, el ms. 9513.
Un caso extremo de manipulacioèn textual en el que tambieèn encon-
tramos el procedimiento del que estamos hablando lo leemos en el
pasaje seleccionado del De amicitia (XV, 52) : û Ibi semper suspecta et
sollicita uita, ubi nullus amicicie locus ý, que el florilegista extracta del
original : û Haec enim est tyrannorum uita nimirum, in qua nulla
fides, nulla caritas, nulla stabilis beneuolentiae potest esse fiducia,
omnia semper suspecta atque sollicita, nullus locus amicitiae. ý Como
se puede observar, en este nuevo contexto de lectura, mediante el corte
realizado, la sustitucioèn del neutro omnia por el sustantivo uita y la

è a completamente el ori-
creacioèn de la correlacioèn ibi... ubi, se desvirtu
ginal y se universaliza su sentido.
Finalmente, hemos detectado un uèltimo procedimiento de seleccioèn
que ya no consiste soèlo en cortar una frase y separarla de su contexto
original, sino en cortar resumiendo o eliminando elementos del pasaje
para hacerlo maès breve o maès adecuado al caraècter sentencioso de los
excerpta. Es el caso del pasaje de San Bernardo (I, 4) : û ``Vexacio dat
intellectum auditui '', ait quidam, uerum est sed si nimia non fuerit nam si
sit non plane intellectum dat sed contemptum ý que el compilador
un florilegio de la biblioteca del conde de haro 217

resume en : û Vexacio dat intellectum si nimia non fuerit, nam si sit


dat contemptum. ý Aqu|è se han eliminado las referencias propias del
estilo directo del pasaje original ( auditui ait quidam uerum est sed
) con el
fin de convertir el mensaje en un discurso enunciativo susceptible de
ser le|èdo como una sentencia.
Como se habraè comprobado, el compilador, que se convierte en un
verdadero û segundo autor ý de los textos al seleccionarlos y manipu -
larlos, da una nueva lectura a los pasajes seleccionados y, por exten-
sioèn, a las obras a las que pertenecen. Estas obras, aunque ya en su ori -
gen ten|èan caraècter moral (pagano o cristiano), al pasar por las manos
del florilegista cobran una nueva forma y, por tanto, un nuevo sentido.
Por un lado, los pasajes seleccionados han sido totalmente desvincula -
dos de su contexto original y pierden parte de su significado porque
omiten las referencias contextuales a las que estaban ligados en su ori-
gen ; por otro, los pasajes, una vez descontextualizados, son colocados
junto con otros extractos de otros autores que han sido igualmente
separados, a su vez, de sus respectivos contextos. As|è, los excerptavan
encabezados por un proèlogo que, separado de la traduccioèn a la que
pertenece, adquiere, sin perder su condicioèn de proèlogo, una nueva
dimensioèn, ya que en eèl se subraya la necesidad que tienen los podero-
sos de no olvidarse en su gobierno de la praèctica de la fe. El texto, le|èdo
justo antes de la pequenìa coleccioèn de sentencias de conducta moral
que representa el florilegio, cobra, por tanto, todo su sentido. Lo
mismo sucede con la carta de San Agust|èn copiada del Decretum de
Graciano al final del florilegio, que viene a completar una faceta, la de
la convivencia de la praèctica militar y el ejercicio de la fe, que no
estaba explicitada en las sentencias, pero que representa un aspecto
fundamental en la formacioèn del destinatario potencial del florilegio,
el conde de Haro y los hidalgos del Hospital de Medina de Pomar. La
obra nueva, el florilegio, se convierte as|è en una reunioèn de extractos
que, alejados del entramado textual de su modelo, han perdido una
parte importante de su significado original, pero se cargan de un signi -
ficado nuevo, un significado ligado directamente con los intereses inte -
lectuales del compilador y, maès concretamente, del destinatario de la
compilacioèn. El contenido de toda esta seccioèn del Vademecum aporta,
por tanto, nueva luz para el conocimiento de la formacioèn de la
nobleza castellana de la eèpoca, representada aqu|è en la figura de don
Pedro Fernaèndez de Velasco, y del debate, tan intenso en aquel
momento en la sociedad nobiliar, entre la vida activa y la contempla -
tiva.
218 patricia canìizares ferriz
III ^ E dicioèn
El Vademecum, del que hasta ahora soèlo se han editado los excerpta de
Terencio, sigue siendo, a pesar de la importancia que tiene para el
conocimiento de la formacioèn intelectual de la nobleza castellana de la
primera mitad del siglo xv
, una compilacioèn auèn por descubrir, estu-
diar y editar. La edicioèn de este pequenìo florilegio, que tan bien repre-
senta al conjunto de la miscelaènea, nos ayuda a entender la forma y los
fines para los que fueron le|èdos los textos seleccionados en eèl y pone de
manifiesto un aspecto muy caracter|èstico de esta forma de transmisioèn
parcial de los textos : la convivencia de los textos latinos claèsicos con
los cristianos y medievales y, en este caso particular, tambieèn con los
textos romances 28.
Por las razones formales y temaèticas que hemos expuesto en las paègi-
nas precedentes, ofrecemos la edicioèn de la seccioèn completa de textos
del Vademecum que guarda una coherencia unitaria en el original, el
ms. 9513 : el proèlogo castellano de Vasco Ram|èrez de Guzmaèn, los
excerpta de San Bernardo, Ciceroèn y San Ambrosio, y la carta de San
Agust|èn extra|èda del Decreto de Graciano. Esta independencia de toda
la seccioèn, que como decimos resulta formalmente evidente en el Vade-
mecum original por haber sido copiada por una misma mano y entre
dos largas secciones de folios en blanco, se desdibuja en la copia reali -
zada en Medina de Pomar, el ms. 9522, ya que en ella todos los textos
del Vademecum fueron copiados de forma seguida, por una uènica mano
y sin separaciones graèficas ni folios en blanco entre medias. Sin
embargo, en este coèdice s|è que se observa, aunque de forma menos per-
ceptible, un indicio de individualizacioèn de la seccioèn, ya que al
comienzo del proèlogo, que se inicia en el f. 98v, el copista deja un espa-
cio en blanco equivalente a cinco l|èneas de escritura, y al final del
uèltimo texto de la seccioèn, el de San Agust|èn (f. 104v), otro espacio
equivalente a tres l|èneas, antes del inicio del siguiente texto (Deffinitio-
nes quatuor vitutum cardinalium, f. 104v-108), lo que testimonia que el
copista fue tambieèn consciente de la unidad de toda esta seccioèn.
En cuanto a los criterios de edicioèn, hemos de precisar que ofrecemos
el texto con las particularidades graèficas del lat|èn de la eèpoca que pre-
senta el original del Vademecum, el ms. 9513, por entender que todo flo-
rilegio es una obra nueva fruto de un proceso de reescritura. En este

(28) Este tipo de florilegios en los que encontramos combinados distintos autores
de aèmbitos y eèpocas diferentes fueron denominados por Rochais û florilegios mix -
tos ý, cf. H. M. Rochais , Florileéges spirituel, I. Florileéges latins, en Dictionnaire de spiri-
tualiteè ascetique et mystique, doctrine et histoire, fasc. 33-34, Par|ès, 1962, cols. 435-460,

col. 436.
un florilegio de la biblioteca del conde de haro 219

apartado, conviene senìalar que el original del Vademecum, el ms. 9513,


presenta en esta seccioèn, en concreto en los textos latinos, una ortogra-
f|èa mucho maès incorrecta que su copia (simplificacioèn sistemaètica de
geminadas, duplicacioèn de vocales, betacismo, palatalizaciones, ultra-
correcciones, etc.), consecuencia seguramente del caraècter provisorio
de la miscelaènea y quizaè, por el tipo de incorrecciones graèficas que se
detectan, de que los textos hubieran sido copiados al dictado. Soè lo nos
hemos permitido puntuar el texto y aplicar la separacioèn de palabras
de acuerdo con las convenciones actuales. Siguiendo el mismo criterio
que para la presentacioèn ortograèfica, hemos respetado las unidades del
texto tal como las presentan los manuscritos y tan soèlo nos hemos per-
mitido numerar las sentencias 29.
En el aparato se indican, por una parte, las variantes particulares de
un manuscrito frente a otro, que suelen ser errores del ms. 9522 come-
tidos en el acto de copia del 9513. Asimismo, con el fin de insertar los
textos seleccionados dentro de la tradicioèn de cada autor y obra, y
habida cuenta de que para todos los textos latinos, salvo uno, hemos
identificado el texto fuente sobre el que se realizoè la seleccioèn, ofrece-
mos tambieèn en el aparato las variantes que la separan del texto origi-
nal del manuscrito que sirvioè para la seleccioèn del florilegio. Por
uèltimo, presentamos en el aparato las lecturas comunes de los manus-
critos frente a las del texto establecido por las ediciones de cada autor
y obra, que se indican mediante la abreviatura ed. y que, por lo gene-
ral, representan las lecturas comunes a toda la tradicioèn. Finalmente,
indicamos en el margen izquierdo la correspondencia del extracto con
el texto completo de cada autor. Para el caso de San Bernardo, incor-
poramos tambieèn en el texto las referencias a los cap|ètulos a los que
pertenecen los textos seleccionados tal como figuran en los dos manus-
critos.
En cuanto al proèlogo castellano, seguimos los mismos criterios que
para la parte latina en cuanto a presentacioèn graèfica : mantenemos la
ortograf|èa presentada por el original, el ms. 9513, con la salvedad de
que para este caso particular nos hemos permitido acentuar el texto de
acuerdo con las actuales normas de acentuacioèn espanìolas, con el fin
de facilitar su lectura y comprensioèn, as|è como aplicar el uso de mayuès-
culas, la separacioèn de palabras y la puntuacioèn de acuerdo tambieèn
con las normas actuales. Asimismo, resolvemos las graf|èas dobles ini-
ciales rr- en r-.

(29) Cf. sobre la particular condicioè n de la edicioèn de este tipo de textos, M. J.


ì oz Jimeè nez , La edicioè n de florilegios como ``edicioè n especial'',
Mun en Exemplaria classica,
t. 8, 2004, p. 229-245.
220 patricia canìizares ferriz
Manuscritos y ediciones utilizadas

6
V = Biblioteca Nacional de Madrid, ms. 9513. Papel (f. 1 -135) y
pergamino (f. 136-141). 19 14 cm. Compuesto entre 1425-1455 30.
Diferentes tipos de escrituras. Paginacioèn con numeracioèn romana de
a
la eèpoca. T|ètulo Vade mecum tomado de la 4 hoja de guarda. Proceden-
cia : biblioteca primitiva del conde de Haro (asiento xxxi del inventa-
rio de 1455 ; asiento 42 del cataèlogo de 1553).

6
M = Biblioteca Nacional de Madrid, ms. 9522. Pergamino,
127 f. 22 15 cm. Compuesto despueès de 1455, en la biblioteca del
Hospital de Medina de Pomar. Una misma escritura desde los f. 1-
122. Paginacioèn con numeracioèn romana de la eèpoca. Tres primeras
hojas del coèdice sin numerar, anìadidas en el siglo xv. Tabla con conte-
nidos en la segunda hoja de guarda, escrita en letra del s. xv. Proce-
dencia : biblioteca del conde de Haro de Medina de Pomar (asiento 35
del cataèlogo de 1553).

6
F = Biblioteca Nacional de Madrid, ms. 9537. Pergamino, 106
f. 15 11 cm. ss. XIV-XV. Notas marginales en rojo. Procedencia :
biblioteca primitiva del conde de Haro (asiento ix del inventario de
1455 ; no identificado en el cataèlogo de 1553 31).

Contenido : San Bernardo, De consideratione (f. 1-95). De laudibus Virginis


matris : homil|èa, San Bernardo (f. 95v -97v). Historia Constantini (f. 100-
101v). Memoriale novissimum heroici Aristotelis in respondendo cum interrogare -
tur discipulis (f. 102v). Pseudo-Bernardo, De cura rei familiaris (f. 103-

105). Definiciones en lat|èn (f. 105v). Diferencia inter oratorem et poetam


(f. 105v). Texto en espanì ol : û Senìor. La limosna que a vuestra mercet
pedi, es dos tablas de beril e de cristal... ý (f. 106).

6
A = Biblioteca Nacional de Madrid, ms. 9502. Pergamino,
200 f. 21 13 cm. s. xv. En el f. 1, orla en oro y colores, con el escudo
del conde de Haro. Escritura human|èstica. Origen florentino. Proce-
dencia : biblioteca primitiva del conde de Haro (asiento xxxiii del
inventario de 1455 ; asiento 98 del cataèlogo de 1553).

(30) El Inventario general de manuscritos de la Biblioteca Nacional , t. XIV, p. 7, lo


fecha en el siglo xiv. Sin embargo, como hemos tenido ocasioèn de demostrar Mar|èa
Joseè Munìoz y yo misma (vid. sup.), el coè dice no puede ser anterior al 1425, fecha de
composicioèn de una de las obras contenidas en eèl, la traduccioèn latina de Juan de
Aurispa del XII Diaèlogo de los muertos de Luciano.
(31) En su edicioèn de los cataèlogos, Lawrance dice que el asiento 30 del Cataèlogo
de 1553 hab|èa sido erroèneamente identificado por Paz y Meèlia, 1897, p. 66 con el
asiento ix del Inventario primitivo (op. cit., p. 1088). Sin embargo, el ms. 9537, tal
como consta en el Inventario de manuscritos de la Biblioteca Nacional , pertenecioè a la
biblioteca primitiva del conde de Haro y necesariamente, tambieè n a la del Hospital
de Medina de Pomar.
un florilegio de la biblioteca del conde de haro 221

Contenido : Ciceroèn, De officiis (f. 1-120v). De amicitia (f. 121-154v). De

senectute (f. 155-185). De paradoxis (f. 185-200v).

6
B = Biblioteca Nacional de Madrid, ms. 9482. Pergamino,
158 f. 185 135 mm. s. xv. En el f. 1, capital de oro y colores, con
miniatura de San Ambrosio ; debajo, escudo del conde de Haro. En el
f. 2, emblema del conde, formado por una cruz aspada sostenida por
aèngeles. Escritura human|èstica. Origen bolonìeès. Procedencia : biblio-
teca primitiva del conde de Haro (asiento viii del Inventario de 1455 ;
asiento 59 del Cataèlogo de 1553).

Contenido : San Ambrosio, De officiis ministrorum (f. 1-156v). Versos lati-


nos del escriba Gandolfo Fantucio al pr|è ncipe Alfonso (f. 157). Tres citas
latinas de San Bernardo, San Gregorio y Nicolaè s de Lira (f. 157v-158).

Ediciones modernas de los textos extractados

San Bernardo, De consideratione : J. P. Migne, Patrologiae Latinae Cursus


Completus, vol. 182, col. 0727-0808A, Par|ès, 1854.
Ciceroèn, De officiis : Ciceèron, Les devoirs, ed. M. Testard, Par|ès, 1965,
2 vols.
Ciceroèn, De amicitia : Ciceèron, Leèlius. De l'amitieè, ed. R. Combeés, Par|ès,
2002.
San Ambrosio, De officiis ministrorom : J. P. Migne, Patrologiae Latinae
cursus completus, vol. 16, col. 0023B-0184B, Par|ès, 1845.
Graciano, Concordantiam Discordantium Canonum seu Decretum Gratiani :
J. P. Migne, Patrologiae Latinae cursus completus, vol. 187, Par|ès 1855.

S|èguese un proemio fecho por el autor en el nombrado de cosas bien 1


notables, senìaladamente el fruto que deuemos sacar de lo que leemos.

Al muy alto e cathoèlico pr|èncipe don Juan, so la mano de Dios rey de


Castilla e de Leoèn, su muy omilde seruidor, Vasco Ram|èrez de Guz-
maèn, arc°ediano indigno de Toledo, subjectioè n e reuerencia. 5
Por quanto mejor es obedesc°er que sacrificar, e escuchar que grosuras
ofresc°er, por tanto, deuoto pr|èncipe, me atreu|è a tu mandamiento com-
plir, porque deuo a tu majestad obedienc°ia, asyè commo a rey prec°e-
lente.
Commo quier que algunas razones que pudiera dar, cuydo que tu 10
alteza reputara escusa razonable para luego no trasladar este pequenì o
volumen siguiente que tu magestad me mandoè de latyèn en nuestro vul-
gar, siquiera para consultar otras vezes a tu alteza e porque fyrmemente
tengo que seguèn es la materia del libro a esto mandarme te mouioè maès
feruor de deuoc°ioèn que voluntad curiosa de saber o uer cosas nueuas, 15
magineè ser desc°ente dezir e amonestar a tu alteza en coè mmo deue
mucho considerar tu santa entenc°ioèn en queè manera deste tratadillo tu
222 patricia canìizares ferriz
caridat saque non solamente fojas de lec° ioèn mas obras, que es fruto de

bendic°ioèn, ca la fe syn obras muerta es. Por ende, esforcaè ndote maè s a

fazer que a leer, syn ninguna duda sacaraè s escogido fruto non visto, non 20

oyèdo, non pensado, que te daraè gouierno en el tiempo conuenible, lo

qual non te seraè dif|ècile sy lo demandares al largo dador de los bienes e

tus fuerc°as non cansaren en la carrera, ca eè l ayuda a los piadosos e non

perezosos desseos ; aqueèl te ayudaraè a obrar, que te fizo regnar, quien

busca a Dios e fue deè l desamparado. 25

Pero para alcanc° ar lo que deseamos non solamente auemos de

demandar, mas de buscar preguntando a los sabios, e otros|è conuiene de

llamar, esto es, con buenas obras, ca non abasta a Dios rogar syn los

onbres trabajar. Onde dize vn sabio : û Las ayudas de Dios non vienen

a los mugeriles desseos, mas trabajando en las cosas con diligenc° ia 30

obrando todo se cumple en bien. Pero quien a pereza se diere a Dios

nada non ruegue, ca estaè commo ayrado ý, e dize Sant Gregorio que las

cosas que de Dios estaè n ordenadas asyè son predestinadas, que todav|è a

por ruegos e trabajos sean alcanc° adas, porque los onbres trabajando

merescan auer lo quel poderoso Dios eternalmente despuso de los dar. 35

Mieènbrate, rey deuoto, que sy en esta tierra, en la baxura deste valle de

laègrimas, bien obrares, regnaraè s en el altura del cielo con los escogidos

de Dios, lo qual es verdadero regnar syn fyn, syn trabajo regnar, ca la

silla real deste mundo e el imperial c° etro llenos son de amarguras

muchas, las quales gostan los poseedores e entienden los prudentes con - 40

sideradores. Por ende, aguza la voluntad e abre el entendimiento del

alma e esfueèrc°ate a obrar, fazer porque reynes en el cielo, pues que rey -

nas en el mundo regnes entre los aè ngeles, tuè que regnas entre los onbres.

Poco aprouechoè a muchos ensenì orear el mundo para ser siempre age -

nos de la morada del c° ielo e poseedores perpetuos de la morada del 45

fuego infernal. Preguntar querr|èa al gran Julio Ceè sar sy en parayèso

tiene algund pequenì o lugar, pues en las tierras tan dilatada fue su nom -

brad|èa, o sy el famoso e mucho temido rey Alexandre alcanc° a alguna

partezilla de honras con los escogidos en el reyno de Dios. E saber que -

rr|èa sy el ventoso Yerses, de los Medos pr|è ncipe poderoso, lieue resplan - 50

desc° iente corona en la tierra de los biuientes, e sy Sauè l de grand valent|èa

e escogido rey por el pueblo judayco sea contado entre los doze mill

sen
ì alados del tribu de Judaè . Ciertamente non antes en aquel espantoso
examen peresc° eraè n mesquinos, llorosos, solos, que non tengan ayudador

que los libre del lago terrible. Porque amaron su propia honra e a Dios 55

touieron en poco, quisieron complir su voluntad e la de Dios desprec° ia-

ron. Enpero, los que lo contrario fezieron, regnan con Dios para siem -

pre e el cordero de Dios con ellos. Del cuento de aqueè stos fue Costan -

tino, enperador glorioso e monarca en el mundo, et Carolo Magno,

muy cathoè lico pr|èncipe, pues non callaremos al manso rey Dauit, al 60

qual dixo Dios : û Falleè varoèn segu


è n mi corac°oèn. ý E porque de muchos
dignos de memoria tus predecesores alguno nombremos, Recaredo, rey
un florilegio de la biblioteca del conde de haro 223

de los godos, gran zelador de la ley de Dios, seguè n que leemos e acaè rey-

naron e en el c°ielo regnan e gozan.

Por ende, senì or m|è o, estudia e piensa coè mmo tuè seas del cuento destos 65

santos reys, de guisa quel tu regno nunca se fenesca, lo qual plega de te

otorgar aqueèl por el qual los reys reynan e eè l reyna para sienpre sobre

toda criatura. Ameèn.

1-2 Siguese-leemos : om. M || 16 ser : de ser M || 29 non votis neque suppliciis muliebribus
auxilia Deorum parantur ... irati infestique sunt In Catilin. in placitu Catonis in mg. add.

M
2
|| 35 los : les M || 42 obrar : obrar e M || 44 el : al M || ser siempre : siempre ser M || 46
en : enel M || 47 su : om. M || 48 mucho : muy M || rey Alexandre : Alexandre rey M || 60
muy : muy magnifico M

Iesuschristus

Bernardo ad Eugenium

Primus liber

Prol c. i

1 Amor nescit dominum.


2 Quaritas nunquam excidit.
3 Matris sum liberatus oficio, sed non depredatus afectu.
4 Olim michi uisceratus est, non tamen facile erueris.
5 Ascende in celos, descende in abisos, non recedas a me, sequar te
quocumque yeris.

6 Amaui te pauperem, amabo pauperum et diuitum patrem.


I, 1 c. ii

7 Si doles condoleo, sed non doleo tantum.


8 Sciens a salute longius absistere membrum quod obstupuit et

egrum sese non sencientem periculosius laborare.

9 Plaga recens dolore non caret.


c. iii

10 Noli nimis credere afectui tuo.


I, 2 c. iiii

11 Nemo duri cordis salutem unquam adeptus est.


I, 3 c. vii

12 Non est bona paciencia, cum possis esse liber, seruum te permi-
tere fieri.

I, 4 c. viii

13 Hebetatis cordis indicium est propriam non sentire continuam

uexacionem.

c. viii

14 Vexacio dat intelectum si nimia non fuerit, nam si sit dat con -

tentum.
224 patricia canìizares ferriz
I, 5 c. x

15 Nam etsi coata seruitus miselabilior, sed adfectata miserior.


I, 6 c. xi

16 Cum omnes te habeant, esto ecciam tu ex habentibus unus.


c. xi

17 Sapientibus et insipientibus debitor es et soli negas te tibi.


c. xi

18 Si maledictus qui partem suam facit deteriorem, quid ille qui

partem suam redit expertem !

c. xi

19 Qui sibi nequam, cui bonus ?


c. xi

20 Non dico sepe, sed uel interdum redere te ipsum tibi.


I, 8 c. xv

21 Consideracio diuinarum pariter et humanarum rerum scien -

ciam confert.

c. xvi

22 Hec est que in prosperis aduersa presentit, in aduersis quasi non


sentit.

I, 10 c. xviii

23 Nemini aprobanda iusticia que tenperancie moderamine non

frenatur.

c. xviii

24 Non plus sapere quod oportet sapere, sed sapere ad sobrietatem.


c. xxiii

25 Causa bidue intret ad te, causa pauperis et eius qui non habet,

alliis allias multas poteris comitere terminandas.

I, 13 c. xxv

26 Plena est ambiciosis Ecclesia.

Secundus liber

II, 2 c. iii

27 Qomodo umana temeritas audet reprehendere quod minime

comprehendere ualet ?

c. iii

28 Nenpe sic se habent mortalium corda : quod scimus quod nes -

cese non est, in nescesitate nescimus.

II, 4 c. vi

29 Si res magnas a magnis considerari oportet, cui hec tibi id studii


competit qui parens super terram non habes ?

c. vi

30 Perfecta cuique et absoluta excusacio, testimonium conciencie

sue.

II, 6 c. ix

31 Non igitur sapiens qui sibi non est.


un florilegio de la biblioteca del conde de haro 225

II, 8 c. xi

32 Erubescas minimus inueniri in magnis qui te recordaris mag -

num in minimis stetise.

II, 10 c. xiiii

33 Diuicie nec bone sunt nec male : husus tamen horum bonus,

abu-

sio mala, solecitudo peior, questus turpior.

II, 15 c. xxxi

34 Caucior in bonis ambulas, si et mala non lacteant.


II, 22 c. xxxvi

35 Detrahere aut detrahentem audire, quid horum danabilius sit,

non facile dixerim.

Tercius liber

III, 3 c. iiii

36 Suuersores inuictis racionibus conuertantur, ut uel emendentur


ipsi, si fieri potest, uel si non, perdant autoritatem facultatemque

allios subuertendi.

III, 7 c. xiii

37 Qui non grauatus appelat, liquet aut grauare intendit aut tem -

pus

redimere.

III, 13 c. xix

38 Quo pato te reputas superiorem hiis a quibus beneficium men -

dicas ?

III, 15 c. xxiii

39 Spiritualis homo ille qui omnia dijudicat ut ipse a nemine iudi-


cetur.

III, 18 c. xxix

40 Ubi nescesitas urget, escusabilis despensacio est.

Quartus liber

IV, 2 c. iiii

41 Vnusquisque secundum laborem suum mercedem acipiet non

secundum prouentum.

IV, 9 c. iiii

42 Securus labor quem nulus euacuat defectus.


43 An non eligendi de toto orbe, orbem totum iudicaturi ?
IV, 10 c. xv

44 Viri calidi et dolosi proprium esse solet tunc pretendere humili -


tatem cum aliquid obtinere voluerit.

IV, 11 c. xvi

45 Cure tibi maxime sit introducere tales quos postmodum intro -

duxise non penitetur.

c. xvi
226 patricia canìizares ferriz
46 Omnia fac cum consilio et post factum non penitebis.
IV, 17 c. xvi

47 Nos in monasteriis omnes recepimus spe meliorandi ac curia

bonos rescipere facilius quam facere consueuit

IV, 18 c. xxiii

48 Paulum habe : si quis domui sue preesse nescit, qomodo Ecclesia


Dei diligenciam habebit ?

c. xxv

49 Quid enim prodest ei uele scire et queque disponere prout

necese est, si quod scit et uult, non potest ?

c. xxv

50 Prest omnibus ut hominibus prosit.


IV, 19 c. xxvi

51 Generalem tibi constituas regulam ut omnem qui palam ueretur


dicere quod in aure locutus est, suspectum habeas.

c. xxvi

52 Si quominus aut fidelis inueniatur aut prudens, fideli poscius

comitendum.

Quintus liber

V, 2 c. iiii

53 Felix secundum tempus uiator qui ciuium beneficium, sine quo

transire non potest, in osequium conuertere potuit.

V, 6 c. x

54 Opinio est quasi pro uero habere aliquid quod falsum esse nes -

cies.

V, 13 c. xxiii

55 Quot uero aliud principium habuit, primum non fuit.


V, 25 c. xxxvii

56 Non minus pena peruersorum quam humilium gloria est.


c. xxxvii

57 Quid tam penale quod senper uele quod numquam erit et sem -
per nole quod numquam non erit ?

V, 30 c. xliiii

58 Dilata amorem tuum usque ad inimicos et latitudinem tenes.


V, 31 c. xlv

59 Quis sustinet et perseuerat in amore nisi qui emulatur eternita -


tem trinitatis.

Bernardo ad Eugenium : Bernardus ad Eugenium M || 1 Amor dominum nescit F ed. || 3


sum : sunt V || 4 uisceratus est : invisceratus es F ed. || facile : facilem M || 5 recedas : rece-
des F ed. || 6 te : om. F ed. || 7 sed : si F ed. || tantum : tamen F ed. || 8 a salute longius : lon -

gius a salute ed. || obstupuit : stupuit M || 12 est : om. ed. || seruum : seruam ed. || 13 Hebe-

tatis : Eb etatis M Hebetati F ed. || indicium : iudicium V || propriam : propria V || 14

Vexacio dat intellectum auditui ait quidam uerum est sed si nimia non fuerit nam si sit

non plane intellectum dat sed contemptum F ed. || 18 partem suam redit : se penitus red-
un florilegio de la biblioteca del conde de haro 227
dit F ed. || 21 Consideracio : om. F ed. || 22 presentit : persentit M || 23 Nemini aprobanda
iusticia : minime approbandam justitiam F ed. || frenatur : frenetur F ed. || 24 oportet :
opporteat M || 25 habet : habet quod det ed. || 27 Qomodo : Quomodo tamen F ed. || 28

quod : cum F ed. || nescese : in necessitate necesse M || 29 hec : aeque ut F ed. || hec post id

M || parens : parem F ed. || 30 cuique post absoluta ed. || 31 igitur : ergo F ed. || 32 stetise :

exstitisse F ed. || 33 Diuicie : om. F ed. || bone : bona V || male : mala V || c. xxxi : c. xxii F

|| 34 ambulas : ambules M || 36 conuertantur : conuincantur F ed. || 37 Qui : Qui igitur F


ed. || liquet : licet quia F ed. || 38 reputas : reputes M || 41 secundum : suum ed. || 42 eua-

cuat : ualet euacuare ed. || 43 totum : om. ed. || 44 solet : soli M || 45 penitetur : poeniteat F

ed. || 47 recepimus : recipimus F ed. || ac : at F ed. || rescipere facilius : facilius recipere F

ed. || 48 habe : audi F ed. || domui : domi V || 49 Quid : quis V et scire ed. || 50 Prest : praesit

F ed. || ut sscr. M || hominibus : omnibus F || 54 nescies : nescias F ed. || 57 quod : quam F

ed. || et-erit : om. ed. || 59 trinitatis : charitatis ed.

Tulio de oficiis

Liber primus

I, 1, 2 1 Tam diu uele debebis addiscere quoad te, quantum proficias,


non penitebit.

I, 1, 5 2 Sunt non nule discipline que prepositis bonorum et malorum


finibus oficium omne peruertunt.

I, 7, 20 3 Iusticie primum munus est ut ne cui quis noceat nisi lacesi -

tus injuria.

I, 11, 35 4 Quare suscipienda sunt bella ob eam causam ut sine injuria

in pace uiuatur.

I, 17, 56 5 Magnaque illa comunitas est que conficitur ex beneficiis

ultor et ciptro daptis apcetisque.

I, 25, 89 6 Cauendum est eciam ne maior pena quam culpa sit et pro -

hibenda maxime est ira in puniendo

I, 32, 117 7 In primis autem constituendum est, quod nos et quales esse

uelimus in quo genere uite que deliberacio est omnium difici -

lima.

I, 33, 121 8 Optima autem hereditas a patribus traditur liberis omnique


patrimonio prestancior gloria uirtutis rerumque gestarum.

Liber tercius

III, 18, 74 9 Michi quidem ecciam uere hereditates non honeste uidentur
si sunt maliciosis blandicis, oficiorum non ueritate, sed simula -

cioneque lite.

III, 21, 82 10 Eadem utilitatis que honestatis est regula.


11 Sy uiolandum est jux, regnandi gratia uiolandum est.

Tulio de oficiis : Tulius de officiis M || 1 diu : diu autem ed. || debebis : debebis autem A ||
addiscere : om. A ed. || 2 que-bonorum sscr. V || peruertunt : peruertant M ed. || 4 susci-
pienda : suscipienda quidem ed. || sunt bella : bella sunt ed. || 5 apcetisque : aptisque M

acceptisque A ed. || 6 et : et ne hisdem de causis alii plectantur alii nec appelletur quam A
228 patricia canìizares ferriz
et ne iisdem de causis alii plectantur alii ne appellentur quidem ed. || maxime : autem

maxime A ed. maxima V || 7 quod : quos A ed. || liber secundus in altera pagina scr. V || 9
simulacioneque lite : simulatione quaesitae ed.

Tulio de amicicia

V, 17 1 Ego bos ortari tantum posum ubi amiciciam omnibus

rebus humanis anteponatis.

VI, 22 2 Quid dulcius quam habere cum quo omnia audeas sic

loqui ut tecum ?

XII, 40 3 Hec igitur lex in amicicia sanciatur, ubi neque roguemus

res turpes neque faciamus rogati.

XIV, 51 4 Non enim utilitatem amicicia, sed utilitas amiciciam

sequnta est.

XV, 52 5 Ibi semper suspecta et solicita uita, ubi nulus amicicie

locus.

XVII, 64 6 Reperiuntur itaque uere amicicie dificilime in hiis qui in

honoribus rei publice uersantur.

XVII, 64 7 Vbi enim istum inuenias qui honorem amici anteponat

suo ?

XXIV, 90 8 Cuius autem aures clause sunt ueritati, ubi ab amico

uerum audire nequeat, huius salus desperanda est.

XXVII, 104 9 Omnia autem breuia tolerabilia esse debent, eciamsi

magna sunt.

Tulio de amicicia : Tulius de amicicia M || 1 ubi : ut ed. || 2 cum quo : quicum ed. || 3 ubi :
ut ed. || neque : nec A ed. ||4 enim : igitur ed. sed sscr. M || sequnta : sequta M ed. || 5 Ibi :
omnia A ed. || et : atque A ed. || uita-locus : nullus locus amicitiae A ed. || 6 Reperiuntur -

dificilime : Itaque verae amicitiae difficillime reperiuntur ed. || hiis : his M iis ed. || rei

publice : reque publica ed. || post 7 tulio de paradoxis sscr. et del. V || 8 sunt ueritati : ueri-
tati sunt ed. || ubi : ut ed. || desperanda est : est desperanda A

Anbrosio de oficiis

Liber primus

I, 1, 3 1 Hanc ipsam opto habere ut docendi studio possim discere.

2 Vnus enim uerus magister est qui solus non didicit quid homines

doceret.

I, 1, 4 3 Itaque factum est ut prius docere inciperem quam discere.


4 Discendum igitur michi simul et docendum est, quoniam non

uacauit ante discere.

I, 2, 5 5 Quid opus est igitur ut properes periculum suscipere condepna -

cionis loquendo, cum tacendo posis esse tutior ?

I, 3, 9 6 Nec querebat pro se hominum iudicium, que habebat Domini

testimonium.
un florilegio de la biblioteca del conde de haro 229
Anbrosio de oficiis : Ambrosius de officiis M || 1 opto habere : om. ed. || 2 didicit : didiscit
M || quid : quod ed. || liber secundus in altera pagina scr. V || liber tercius in altera pagina

scr. V

In Decreto

Agustinus in sermone de puero centurionis

Multi posunt placere Deo in belliciis armis.

Noli estimare neminem Deo placere posse qui armis bellicis ministrat.

In hiis erat santus Dauid cui Dominus tam magnum prebuit testimo - 5

nium. In hiis eciam uulgus et plurimi temporis justi. In hiis erat ille cen -

turio qui Domino dixit : ``Non sum dignus ut intres sub tectum meum''.

Hoc ergo primum cogita quando armaris ad pugnam, quia uirtus tua et

ipsa corporalis donum Dei est. Sic enim cogitabis de dono Dei, non

facere contra Deum. Fides enim, quando promictitur, eciam hosti 10

seruanda est contra quem bellum geritur. Quanto magis amico pro quo

pugnatur ? Pacem habere uoluntatis, bellum autem debet esse necessita -

tis ut liberet Deus a necesitate et conseruet in pace. Non enim pax que -

ritur ut bellum exerceatur, sed bellum geritur ut pax adquiratur. Esto

ergo bellando pacificus, ut eos quos expugnas, ad pacis utilitatem uin - 15

cendo perducas. ``Beati enim pacifici ^ ait dominus ^ quoniam fillii

Dei uocabuntur''. Si autem pax humana tam dulcis est pro temporali

salute hominum, quanto magis dulcior est pax diuina pro eterna salute

angelorum ? Itaque hostem pugnantem nescesitas deprimat, non uolun -

tas. Sicud bellanti et resistenti uiolencia redditur, ita uictoris capto 20

misericordia jam debetur, maxime in quo pacis perturbacio non time -

tur.

3 Multi-armis : Multi placere possunt in bellicis armis M || in bellicis armis milites Deo

placere possunt ed. || 5 prebuit : perhibuit ed. || 6 uulgus et plurimi : plurimi illius ed. || 8
et : etiam ed. || 9 est : et M || 12 uoluntatis : uoluntas ed. || 12-13 autem-necesitatis : neces-
sitas ed. || 16 quoniam : quia ed. || 18 hominum : mortalium ed. || magis : om. ed. || dulcior

est : est dulcior ed. || 19 nescesitas deprimat : deprimat necessitas M

Patricia C anìizares Ferriz


Universidad Complutense de Madrid
AN EARLY HUMANIST EDITION OF NITHARD

DE DISSENSIONIBUS FILIORUM LUDOVICI PII*

It is often noted that the first textual record of the French language
dates from the middle of the ninth century, appearing within the
famous vernacular oaths of allegiance sworn between two of Charle -
magne's grandsons, Louis the German and Charles the Bald, and their
armies at Strasbourg in February, 842. Recorded by another of Char -
lemagne's grandsons, the lay warrior Nithard, the Strasbourg Oaths
themselves appear within that literate nobleman's detailed contempo -
rary account of the civil war in western Francia during the early 840s
between the allied forces of Louis and Charles and those of their elder
1
brother Lothar . Written in Latin (except for the parallel Oaths,
which are in Romance and Rhenish Franconian German) and under -
taken explicitly on behalf of his royal cousin and lord, the eighteen -
year-old King Charles the Bald, Nithard's remarkable text has long
been known to be extant in only two manuscripts, one from the tenth
century (Paris, B.N.F. lat. 9768), and another, incomplete copy (lack-
2
ing the Oaths) from the fifteenth (Paris, B.N.F. lat. 14663) . In modern

(*) Research for this article was supported by a Franklin Grant from the Ameri-

can Philosophical Society and multiple grants from the Hampton Humanities and

Social Sciences Research Program at the University of British Columbia, Vancou-

ver. Preliminary versions were presented at the 38th annual meeting of the Medie-

val Association of the Pacific, Portland, Oregon, 28 March 2003 ; the 52nd annual

meeting of the Renaissance Society of America, San Francisco, California, 25

March 2006 ; and the 42nd annual International Congress on Medieval Studies,

Kalamazoo, Michigan, 11 May 2007. I wish to thank Paul Dutton, Patrick Geary,

Jason Glenn, Bengt (À) and Leena Lo« fstedt, Clementine Oliver, June Zeppa, and

the anonymous reader/s of Revue d'histoire des textes.

(1) Nithard, Historiarum libri IIII, 3.5, ed. P. Lauer, Nithard, Histoire des fils de

Louis le Pieux, Paris, 1926, p. 104 -109. On Nithard, his Historiae, and the Strasbourg

Oaths, see C. Treffort, Nithard, petit-fils de Charlemagne : note sur une biographie contro -

verseèe, in Bulletin de la Socieè teè des antiquaires de Picardie, t. 158 no. 632, 1994, p. 427 -

434 ; J. L. Nelson, Public histories and private history in the work of Nithard, in Speculum,

t. 60, 1985, p. 251 -293 ; W. Ayres - Bennett, The Strasbourg Oaths (842) : the earliest

vernacular text, in ead., A history of the French language through texts, London, 1996,

p. 16-30 ; F. Lo Monaco, Nithardus, in P. Chiesa, L. Castaldi, eds., La trasmissione

dei testi latini del Medioevo / Mediaeval Latin texts and their transmission, t. I, Florence,

2004, p. 299 -305.

(2) For detailed descriptions of these manuscripts, see D. N. Dumville, ed., The

Historia Brittonum, vol. 3, The û Vatican Recension ý, Cambridge, 1985, p. 24 -29 ;

G. Ouy, Les manuscrits de l'Abbaye de Saint -Victor. Catalogue eè tabli sur la base du reè pertoire

Revue d'histoire des textes, n.s., t. V, 2010, 231-258 ©


232 courtney m. booker

discussions of the Strasbourg Oaths, this paucity of textual witnesses is


nearly always mentioned in order to underscore the extremely slender
manuscript transmission by which they survived, a û near -death expe-
rience ý that is often recalled to enhance their established, prodigious
3
value as a foundational linguistic national monument .
In a footnote to an article published in 1929 ^ just three years after
the last criticial edition of Nithard's text ^ Louis de Rosanbo called
attention to the existence of another Nithard manuscript . This other-
4

wise unknown copy of Nithard's text, which contains the Strasbourg


Oaths, explains De Rosanbo, was made by the hand of the great six -
teenth-century French jurist and humanist (and ancestor of De
Rosanbo) Pierre Pithou (1539-1596) . At the time of De Rosanbo's
5

de Claude de Grandrue (1514), Turnhout, 1999, p. 439-441 ; L. Delisle, Inventaire des

manuscrits de l'Abbaye de Saint -Victor, Paris, 1869, p. 36 -37 ; C. Couderc, Essai de clas-

sement des manuscrits des Annales de Flodoard, in Meèlanges Julien Havet. Recueil de travaux

d'eèrudition deèdieès a la meèmoire de Julien Havet (1853 -1893), Paris, 1895, p. 721 -724 ; Lo

Monaco, Nithardus, p. 299-305.

(3) On this point, see above all R. H. Bloch, The first document and the birth of

medieval studies, in D. Hollier, ed., A new history of French literature, Cambridge, MA,

1989, p. 6-13. Good comparable cases for the appreciation in value of particular

manuscripts due to the role played by their contents in the formation of national

identity are documented by O. D. Popa, Bibliophiles and bibliothieves : the search for the

Hildebrandslied and the Willehalm codex, New York, 2003, on the manuscript contain -

ing the Hildebrandslied ; S. Schama, Landscape and memory, New York, 1995, p. 75 -81,

on the manuscript containing the Germania of Tacitus ; and A. Riding, A stolen relic is

a problem for Mexicans, in The New York Times, 29 August 1982, section 1, part 1,

p. 9, on the Tonalamatl Aubin Aztec codex.

(4) L. de Rosanbo, Pierre Pithou, in Revue du seizieé me sieécle, t. 16, 1929, p. 308,

n. 4 : û Il existe une copie autographe de P. Pithou d'un ms. intituleè : Wittardi, nobi -

lissimi viri, de dissensionibus filiorum Ludovici Pii, libri quatuor, ^ Ad Carolum calvum impe -

ratorem. Le ms. est la proprieè teè de M. Morin, aé Troyes, qui a l'intention de le leè guer

aé la bibliotheé que de la ville, dont il est l'eè minent conservateur. ^ Un seul autre
e
ms. du x sieécle existe actuellement. ý For the critical edition, which does not take

Pithou's copy into account, see P. Lauer, ed., Nithard, Histoire des fils de Louis le

Pieux, Paris, 1926. It remains the standard edition of Nithard's text, though it

should be consulted in tandem with E. Mu


« ller, ed., Nithardi historiarum libri IIII,
MGH (Scriptores rerum Germanicarum in usum scholarum), Hannover, 1907.

(5) On Pithou, the best study remains P. -J. Grosley, Vie de Pierre Pithou avec quel -

ques memoires sur son pere et ses freé res, Paris, 1756. Modern biographies begin with

L. de Rosanbo, Pierre Pithou, in Revue du seizieéme sieécle, t. 15, 1928, p. 279 -305 ; t. 16,

1929, p. 301 -330 ; D. R. Kelley, Foundations of modern historical scholarship : language,

law, and history in the French renaissance, New York, 1970, p. 241-270 ; R. McKit -

terick, The study of Frankish history in France and Germany in the sixteenth and seventeenth

centuries, in Francia, t. 8, 1980, p. 559 -561 ; K. Malettke, Pierre Pithou als Historiker,

in A. Buck, ed., Humanismus und Historiographie, Weinheim, 1991, p. 89-103 ; M.-M.

Fragonard, P.-E. Leroy, eds., Les Pithou : les lettres et la paix du royaume. Actes du collo -

que de Troyes, 13-15 avril 1998, Paris, 2003.


an early humanist edition of nithard 233

note, the Pithou copy was in the private possession of the archivist and
curator of the municipal library of Troyes, Louis Morin (1866 -1942),
who, according to De Rosanbo, planned to donate it to the municipal
6
library's collection . As a 1984 supplement to the Troyes library's
manuscript catalog makes clear, the Pithou copy was eventually
bequeathed by Morin's son Alfred (1908-1993), who was also an
archivist in Troyes, to the city's library, where it has since remained
unnoticed and unexamined (Troyes, Meèdiatheéque de l'Agglomeèration Tro-
7
yenne 3203) .
In the pages that follow, I shall trace the history of Pithou's Nithard
copy, make an examination of its text, and note some of its salient
characteristics. While its version of the Strasbourg Oaths, although
being the only other copy in manuscript, does not differ in any signifi -
cant way from the extant tenth-century witness in Paris (see Appen-
dix I) ^ indeed, a comparison shows that Troyes, M.A.T. 3203 is ulti-
mately, but not directly, descended from Paris, B.N.F. lat. 9768 ^
certain peculiarities in the text of the Troyes manuscript demonstrate
the prior existence of at least two additional (but now lost) manu -
scripts of Nithard, and thus reveal a greater medieval interest in his
work than has previously been thought.

I ^ History of the manuscript

Apart from the brief remarks by De Rosanbo and the short note in
the modern Troyes manuscript catalog, the only other record of the
Pithou Nithard copy appears in a nineteenth-century manuscript auc-
8
tion catalog . Shortly after the death of the French bibliophile and
homme de lettres Jean-Pierre Agneés Parison (1771-1855), his impressive
collection of manuscripts, letters, prints, and sundry historical docu -

(6) L. de Rosanbo, Pierre Pithou, p. 308, n. 4.

(7) Catalogue geèneèral des manuscrits des bibliotheé ques publiques de France, t. 63, Suppleè-

ments Dijon, Pau, Troyes, Paris, 1984, p. 134. Although the note û Don d'Alfred

Morin ý appears in the catalog record, a bookplate glued to the front pastedown of

the manuscript states û Ex dono Louis Morin ý. Franc° oise Bibolet suggests that

Louis Morin intended to donate the manuscript, but died before he had the chance

to do so, and that it was his son Alfred, who, following his release in 1945 as a pris -

oner of war, ultimately executed his father's wish. Franc° oise Bibolet, personal com -

munication, 31 August 2007.

(8) However, there is a curious parallel between Pithou's address to the reader

on f. 59r of Troyes, M.A.T. 3203 and the prefatory remarks made by Andreè

Duchesne to his edition of Nithard's text in 1636, which suggests that Duchesne

may have seen Pithou's Nithard copy. See n. 36 below.


234 courtney m. booker

9
ments was put up for auction between 25 and 29 March 1856 . Listed
th
as first among the many items for sale on March 27 is lot 726,
û Witardi, nobilissimi viri, de dissensionibus filiorum Ludovici Pii,
libri quatuor. Ad Carolum Calvum Imperatorem. Ms. de 158 p. reè gl.
in-4, rel. veèl. . ý While it remains unknown who bought the manu-
10

script on that day, it is clear that the astute collector also purchased at
the same auction a letter from the pen of the eighteenth -century sav-
ant Jean Lebeuf that records Lebeuf's quest for a Nithard manuscript
in 1731 (the Lebeuf letter is folded and pasted within the back of the
Pithou Nithard manuscript, presumably put there by the documents'
11
new owner following their sale at the 1856 auction ). Equally clear is
the fact that the two documents came into the possession of Louis
Morin no later than 1929, as the note in De Rosanbo's article from
12
that year attests .
Thanks to the scrupulous work of the auction's directors ^ together
with information gleaned from the letter of Lebeuf (see Appendix II
and Pl. I) ^ a history of the manuscript's wanderings prior to its pos -
13
session by Parison can be reconstructed with considerable detail .
According to Lebeuf, the Jesuit scholar Jacques Sirmond (1559 -1651)
picked through the manuscripts of Pithou's estate and acquired a num -
ber of them for his own collection (likely sometime after his return
from Rome in 1608). Lebeuf believed that Sirmond eventually left
some of these Pithou manuscripts to the library of the Colleé ge de Cler-
mont in Paris, where he was rector and û scriptor librorum ý for a

(9) Catalogue de la collection des lettres autographes, manuscrits, documents historiques,

estampes anciennes, etc. du cabinet de feu M. Parison..., Paris, 1856.

(10) Catalogue de la collection des lettres autographes, manuscrits, p. 93, no. 726.

(11) However, it is possible, perhaps even probable, that the two documents

had already been grouped together prior to the Parison auction (conceivably during

their time at the Colleé ge de Clermont, on which see below), but were listed as sepa -

rate lots to increase the number of items for sale and thereby maximize returns. On

the letter by Lebeuf, see the Catalogue de la collection des lettres autographes, manuscrits,

p. 51-52, no. 380 ; and Lettres de L'Abbeè Lebeuf, t. II, Auxerre, 1867, p. 115, no. 186.

According to its record in the auction catalog, the letter also contained an appended

note on the identity of a saint. To my knowledge, this note has not been preserved.

On Lebeuf, see C. Gauchet, Notice sur l'Abbeè Le Beuf, in Abbeè (Jean) Le Beuf,

Recueil de dissertations sur diffeè rens sujets d'histoire et de literature, t. I, Paris, 1843, p. i -

xxiii.

(12) L. de Rosanbo, Pierre Pithou, p. 308, n. 4.

(13) The auctioneers commissioned a close friend of Parison, the savant Jac -

ques-Charles Brunet, to write a brief biography of Parison and give a history of his

library ; it appears at the front of the Catalogue des livres de la bibliotheé que de feu M. Pari-

son, homme de lettres, dont la vente aura lieu le lundi 25 feè vrier et jours suivants aé sept heures du

soir, Paris, 1856, p. i - xiv, under the title û Notice sur M. Parison, homme de

lettres ý.
an early humanist edition of nithard 235

. It appears that Le-


14
number of years following his return to France
beuf's claims regarding Sirmond and his manuscript acquisitions were
indeed correct, for Jacques-Charles Brunet, in his history of Parison's
collection, observed that many of its manuscripts at one time formed
. Upon the sup-
15
part of the Jesuit library of the Colleége de Clermont
pression of the Jesuit order in France in 1762, and his subsequent exile
in 1764, the last Jesuit librarian of the Colleé ge, abbeè Gabriel Brotier
(1722-1789), took many items from its shelves and added them to his
16
personal collection ; as a note by Brotier pasted within the Pithou
Nithard copy suggests, the manuscript was among those volumes he
17
annexed from the school's library . This fact is confirmed by an

(14) On Sirmond, his practice of acquiring manuscripts, and his relationship

with the Colleé ge de Clermont, see A. Franklin, Les anciennes bibliotheéques de Paris,
t. II, Paris, 1870, p. 252 ; and G. Dupont-Ferrier, La vie quotidienne d'un colleége pari-
sien pendant plus de trois cent cinquante ans. Du Colleé ge de Clermont au Lyceèe Louis-le-Grand

(1563-1920), t. I, Paris, 1921 -1925, p. 122 -130 ; t. III, p. 4 -5, 31-32. Lebeuf wrote

his letter of inquiry (regarding Nithard manuscripts and the fate of Pithou's library)

to Ëtienne Souciet, librarian of the Colleé ge (known since 1682 as the Colleé ge de

Louis-le-Grand), on 26 October 1731. A note in the upper margin of the first page
e
of the letter (û Repondue le 14 . Novembre [1731] ý) attests that Souciet soon

replied to Lebeuf's query (about whether a Nithard manuscript ^ perhaps from

Pithou's library ^ presently formed part of the Colleé ge's collection), but what his

answer was remains unknown. However, given Lebeuf's comments just a few years

later, it appears that Lebeuf either never learned of the Pithou Nithard copy (within

which Lebeuf's letter now resides) or else he found Pithou's copy to be of little

worth. For by 1735, Lebeuf would concede that the old manuscript of Nithard's text

known to be in the Vatican at the time (now Paris, B.N.F. lat. 9768) was, in his opin -

ion, û unique in the world ý ; see Le beuf, Recueil de dissertations, t. I, p. 12-14,

reprinting an article from the Mercure, February 1735, p. 268 ; and his earlier

remarks to Jean Bouhier and Jean Basile Pascal Fenel, Lettres de L'Abbeè Lebeuf, t. II,

p. 113, 140 -141. For the relevant section of Lebeuf's letter to Souciet, see Appendix

II and Pl. I below.

(15) Brunet, Notice sur M. Parison, homme de lettres, p. xii.


(16) L. Delisle, Le cabinet des manuscrits de la Bibliotheéque impeèriale, t. I, Paris,
1868, p. 437. The library of the Colleé ge was sold in 1764 ; see Delisle , Le cabinet des

manuscrits, t. I, p. 435-436 ; and the Catalogue des livres de la bibliotheé que des ci-devant soi-

disans Jeèsuites du Colleége de Clermont, dont la vente commencera le Lundi 19 Mars 1764, Paris,

1764.

(17) On a small slip of paper pasted in the middle of Lebeuf's letter found in the

rear of Troyes, M.A.T. 3203 is the following note : û Ce manuscrit est une copie de

celui de Rome, le seul qui existe. Quoique moderne, il n'en est pas moins precieux aé

cause des notes et corrections sur le texte de Nithard en general, et principalement

sur les fameux Sermens de Charles le Chauve et de Louis le Germanique, en langues

francique et romane. ý Below this note, in another hand, is the gloss : û Note de

l'abbeè Brottier, dernier bibliotheé caire des Jeèsuites. ý The Parison auction catalog

erroneously ascribes the note to Parison ; see Catalogue de la collection des lettres autogra-
phes, manuscrits, p. 93, no. 726.
236 courtney m. booker

abbreviated inscription scrawled across the top of folio 1r (Pl. II) in


badly blotted ink by a hand other than that of Pithou, which states
û Domus profess(ae) Paris(iensis) societ(atis) Jesu ý. After the abbeè
Brotier's death in 1789, his rich manuscript collection passed into the
hands of his nephew, Andreè-Charles Brotier (1751-1798)
18
. In 1797
Brotier was discovered to be a royalist conspirator and was sentenced
to exile in French Guiana for his sympathies (he died there in Septem -
19
ber of the following year) . At his trial, the destitute Brotier had hired
a defense lawyer named Lebon, to whom in lieu of cash he offered the
various manuscripts and documents of his uncle's collection as a
20
pledge of future payment . The Pithou Nithard copy was a part of
this surety. Not long after the death of his client, Lebon attempted to
sell Brotier's pledge (which he now legally owned) to some book deal -
ers, who, being allegedly ignorant of its value, offered him next to
nothing for it (according to Brunet, they appraised the pile of dusty
old books to be worth a pittance, meriting little more than the mate -
rial value of their paper). A friend of Lebon suggested that he hire the
erudite and well-connected Jean-Pierre Agneés Parison to sort, classify,
and make an inventory of the miscellaneous documents and manu -
scripts in order to identify those that were valuable. Contacted by
Lebon, Parison agreed to the lawyer's terms (which also gave him
carte blanche to arrange for the manuscripts' sale) and applied himself
fervently to his task, with the result that most of the newly organized
collection was soon purchased (at amounts far higher than Lebon had
hoped) in 1811 both by the Bibliotheéque impeèriale and by several
21
renowned bibliophiles for their private libraries . Parison himself

(18) The sketch that follows is largely paraphrased from Brunet, Notice sur

M. Parison, homme de lettres, p. xii - xiii.

(19) See A.-C. Brotier, Exposeè de la conduite et des principes d'A. C. Brotier, Paris,
en en
1797 ; Lebon, Plaidoyer prononceè le 16 germinal, par le C Lebon, deèfenseur officieux du C

Brottier, devant le conseil de guerre de la dix -septieéme division militaire, Paris, 1797 ; and

Journal d'un deè porteè non jugeè, ou Deèportation en violation des lois deè creètee le 18 fructidor an V

(4 Septembre 1797), t. II, Paris, 1834, p. 310.

(20) This was not the first time Brotier had relied on his uncle's library as a

source of revenue ; see Brotier, Exposeè de la conduite et des principes d'A. C. Brotier,

p. 5, for his own remarks regarding his penury and his sale of a portion of the library

in 1793 for six thousand livres.

(21) Delisle, Le cabinet des manuscrits, t. I, p. 437 ; t. II, p. 283. As Delisle points

out, the Bibliotheé que impeèriale purchased forty items, which largely consisted of

manuscripts of Sirmond, Petau, Souciet, Brotier, Bussy -Rabutin, and Bouhours.

Brunet, Notice sur M. Parison, homme de lettres, p. xiii, notes that the other buyers of

Lebon's collection were the distinguished orientalists Louis -Mathieu Langleé s

(1763-1824), Silvestre de Sacy (sc., Antoine Isaac) (1758 -1838) and Jean -Pierre

Abel-Reèmusat (1788 -1832). For the items purchased by Langleé s, see the Catalogue
an early humanist edition of nithard 237

acquired the remainder of the lot (which ^ Brunet stresses for the
wary reader of the Parison auction catalog and potential buyer of its
contents ^ was obtained legitimately), and consequently it was this
surplus, which included the Pithou Nithard copy, that was up for auc -
22
tion in 1856 following Parison's death .

II ^ Codicology of the manuscript

Troyes, M.A.T. 3203 has a rather plain, yellowed parchment binding


measuring a modest 155 x 120 mm. At the top of the binding's spine
are visible, in Pithou's neat hand, the words û Withar. dus. ý written
in brown ink, followed by additional text (presumably the title of the
work) that has faded and been rubbed to the point of illegibility. The
bottom of the spine bears a small pasted plate, on which has been writ -
o
ten the book's format û 12 ý and shelfmark number û 3203 ý. The
front pastedown has a note at the top, stating û Manuscrit autographe
de P. Pithou ý, and below it a pasted typeset bookplate that reads
23
û Ex dono Louis Morin ý . At the top of the first flyleaf is written
24
û Ph 7855 ý .

6
The manuscript itself is comprised of 88 small paper leaves (152
25
115 mm) that have been numbered as folios . The leaves have been
assembled, as one might expect, into 11 gatherings (1r -8v, 9r-16v, 17r-
24v, 25r-32v, 33r-40v, 41r-48v, 49r-56v, 57r-64v, 65r-72v, 73r-80v,
81r-88v), with corresponding quire signatures (a i-l v) appearing sys-
tematically in the bottom right margin of each gathering's first five
rectos. On the leaves containing Nithard's text, catchwords appear in
the bottom right margin of each verso. A calligraphic title page,

des livres, imprimeès et manuscrits, composant la bibliotheéque de feu M. Louis-Mathieu Langleés,


Paris, 1825, p. 532-538.

(22) Brunet, Notice sur M. Parison, homme de lettres, p. xiii - xiv : û C'est ainsi que

M. Parison est devenu possesseur, et disons -le bien, possesseur leègitime, de plusieurs

pieéces du plus haut inteèreêt, des papiers curieux qui figurent dans sa collection, et

aussi du Recueil de pieé ces relatives aux Jeè suites... ý For the additional items

acquired by the Bibliotheé que impeèriale at this auction, see Delisle, Le cabinet des
manuscrits, t. I, p. 437 ; t. II, p. 304. A number of volumes in Parison's collection

also came from the library of Simon Chardon de La Rochette ; see L. Canfora,

Simon Chardon de La Rochette (1754-1814). Le destin de ses livres, in Bulletin du bibliophile,


t. 2, 2004, p. 311 -312 ; together with a letter of de La Rochette, Paris, B.N.F., nouv.
acq. franc. 501, f. 82r-83r.
(23) On this bookplate, see n. 7 above.

(24) I am uncertain to what this note refers.

(25) In his endnotes, Pithou designates the recto and verso of each folio with the

lowercase letters û a ý and û b ý (or occasionally û 1 ý and û 2 ý) respectively.


238 courtney m. booker

including the dedication û Ad Carolum Calvum Imperatorem ý and


a fleuron, opens the volume (f. 1r) (Pl. II), followed by Nithard's text
(f. 2r-58v) (Pl. III), Pithou's brief address to the reader (f. 59r)
(Pl. IV), his lengthy set of enumerated endnotes (f. 59r -72v) (Pl. V),
an extensive alphabetical, enumerated index of the many people and
places mentioned within the text (f. 73r -87v), and a list of addenda to
the endnotes (f. 88r). The letter from Jean Lebeuf to Ëtienne Souciet
(of 2 folios, with text on f. 1r-2r, and the recipient's name and address
26
on 2v) is folded and pasted in between folios 87 and 88 . A note of
attribution by Gabriel Brotier has been placed between the two folios
27
of Lebeuf's letter . The rear pastedown has a note at the top in pencil,
te
which states û V Parison ý. Several folios of the manuscript bear the
circular library stamp of the Bibilotheéque de Troyes (e.g., Pl. II).

6
Written in a fine humanistic cursive hand by Pithou, Nithard's text
appears in a single column (115 78 mm) of 19 to 21 lines per page.
Worthy of special mention is the fact that on folio 43rv Pithou altered
his hand for the Strasbourg Oaths, adopting a rather exaggerated cur -
sive script with numerous ligatures and distended ascenders and
descenders in order to offset the vernacular text from the Latin that
surrounds it (Pl. VI-VII). Similarly, for easy reference, Pithou num -
bered the lines of Nithard's text in multiples of five along the inner
margins of each folio. As still another ûaide de reèfeèrenceý, Pithou used
(now faded) red ink for the folio numbers at the upper right margin of
each recto, for all endnote numbers, and for all folio numbers men -
tioned within the endnotes themselves. Pithou even keyed the addenda
on the last folio of the manuscript to their corresponding text by plac -
ing an asterisk in the margin beside each sentence or word of the work
28
meriting the belated commentary .
Littered throughout the entire manuscript ^ including the endnotes
and index ^ are a number of marginalia, which are written in a darker
ink than the main text. These marginalia are also in Pithou's hand
and chiefly reflect his careful comparison and collation of the Troyes
manuscript with the text of Nithard he printed in 1588 (he provides
the different reading of the latter in each instance, followed by the

(26) On Lebeuf's letter, see nn. 11 and 14 above, and Appendix II and Pl. I

below.

(27) See n. 17 above.

(28) Namely, on f. 3v, l. 14 ; 5r, ll. 10 -11 ; 8r, l. 12 ; 10v, l. 17 ; 20r, l. 5 ; 22r,

l. 1 ; 22v, l. 11 ; 25v, l. 18 ; 34r, l. 20 ; 46v, l. 10 ; 58v, l. 9. There are a few other

final addenda noted on f. 88r that are not keyed to the text by a corresponding

asterisk (f. 5v, l. 20 ; 9v, l. 1 ; 12r, l. 8).


an early humanist edition of nithard 239

abbreviation û Pith. ý) 29. Hence, it seems that Pithou produced the


Troyes manuscript prior to the publication of his û editio princeps ý of
Nithard's text in 1588, and added the marginalia sometime later
between 1588 and the publication of the second edition of the work in
1594 30. As his collation makes clear, Pithou did not use the text of the
Troyes manuscript for his printed edition. This is made certain by the
fact that in the Troyes manuscript (on f. 1r, 2r; 31Pl. II & III) Pithou
gives the name of the author as û Wittardus ý , and overlooks the
author's self-identification in Book Four (f. 56v), erroneously reading
û et me Nithardum ý as û et Mentchardum ý 32. In the 1588 edition of
the text, however, Pithou ascribed the work to Nithard and printed
(29) The edition is P. Pithou, Annalium et historiae Francorum ab anno Christi

DCCVIII. ad ann. DCCCCXC. scriptores coaetanei XII. Nunc primum in lucem editi ex biblio -

theca P. Pithoei..., Paris, 1588, pt. 2, p. 297-375. For his collation, Pithou used the
1588 Paris edition of the text and not the 1594 Frankfurt edition, for only the former
has the misprint (on p. 317) û exomibus ý (for û ex omnibus ý), which Pithou notes
among his marginalia on f. 17r, û omibus, Pith. ý
(30) On the marginalia's û terminus ante quem ý of 1594, see n. 40 below.
(31) In an endnote (f. 59rv, n. 1) to the name Wittardus, Pithou makes the fol-
lowing comment: û Quod ad authoris verum nomen attinet, non satis sane mihi
constat. Nitardi quidem, libro 2, folio 17, meminit, sed an is fuerit, dubito: de sc.
etenim in prima persona ubique fere loquitur, ut suis locis notavi. Originem item
suam dum describit, f. 56, libro 4 nomen suum retinet. Dum vero strenuam fuisse
virum, magnique consilii apparet, cum f. 32 in fine libri tertii [secundi: corr. in

marg .], in praelio adversus Lotharium, pars magna ipse fuerit, et lib. 4, f. 48, unus e
delegatis 12 Caroli extiterit. Quo denique tempore hac historia exarata fuerit,
liquet ex praefatione libri primi, fine secundi, et quarti, ubi de mors Caroli magni
disserit, f. 2b, 32a, et 58a. ý Later, in another endnote (f. 62v, n. 14), this time on
the name Nithard mentioned in the text (lib. 2, f. 17r), Pithou remarks, û L. 11.
forte, Vithardum, aut Witthardum, ut de se autor intelligat: quamvis aliis locis, ut
supra dixi, in prima persona de se, tacito nomine loquatur: ut f. 32. in fine huius
libri 2. l. ultima, et lib. 4. f. 48. 12. et ubi et huius historia exaratione loquitur,
f. 32.2. et de sua origine, f. 56. b. 7. ý On the variety of names given to Nithard over
the centuries (including Vitaldus, Guitard, Guittald, and Virardus, among others),
see C. W. Wahlund, in
Bibliographie der franzo« sischen Strassburger Eide vom Jahre 842,

Bausteine zur romanischen Philologie. Festgabe fu« r Adolfo Mussafia zum 15. Februar 1905,

Halle, 1905, p. 12, n. 1.


(32) See also Pithou's remarks in his endnote to this passage (f. 71v, n. 79):
û Originem suam hic describit author, quam a Berchta, Caroli magni filia, et Angil-
berto traxisse ait fratres autem suos, Harnidum et Mentchardum nominat: Angil-
berti autem fratres, Mahelgaudum et Rihardum, qui magni apud eundem Carolum
habebantur. ý Pithou was not the first to misread the text in this way; Jean-Papire
Masson, in his work Paris,
Annalium libri quatuor, quibus res gestae Francorum explicantur,

1577, p. 128-129, also explained that û Angilbertus ex Berta Caroli Magni filia
Haruuidum et Mentehardum filios suscepit, Vitaldi fratres, cui propter eruditio-
nem, et libros quatuor de bello fratrum servata historiae lege scriptos, profecto mul-
tum debemus ý.
240 courtney m. booker

û et me Nithardum ý in Book Four without comment. Evidently he


33
had recognized his error by that time . This recognition is also
reflected in the margin of folio 56v of the Troyes manuscript, where
34
Pithou subsequently noted the correct reading : û me Nithardum ý .
When the various characteristics of Troyes, M.A.T. 3203 described
above are taken together with a number of its other features, such as
quotation marks in the margins of folios to denote the presence of
direct speech, all capitals in the first line of each book to mark its
beginning (f. 2r, 15v, 33r, 46v), running titles at the top of each folio
to designate the number of the current book (liber primus, liber
secundus, etc.), and inverted-pyramid indentation to conclude the
35
first three books (f. 15r, 32v, 46r), it quickly becomes apparent that
this highly detailed, orderly manuscript by Pithou was made as an ele -
gant presentation copy, one that for some reason was never given to its
intended recipient, but kept by Pithou and updated for his own pur -
poses.
In fact, as Jean Lebeuf had correctly surmised, Troyes, M.A.T. 3203
never left Pithou's library until sometime shortly after his death in
1596. An announcement that Pithou makes to the reader at the begin -
ning of his endnotes (f. 59r ; see Pl. IV) suggests one possible reason
why his elaborate presentation copy of Nithard's text was withheld :

Lectori : Cum in hoc libello (cuius exemplar manuscriptum, quod sciam,

unicum extat) multa sint imperfecta et corrupta, partim ex ipsius libri

accurata lectione, partim coniecturis a sensu historiae desumptis, emen -

danda, non abs re, duximus. Quibus quoque Mottae, viri doctissimi,

notulas adscripsimus. De quibus omnibus tuum esto iudicium.

To the reader : Since in this little book (the exemplar of which exists in

only one manuscript, which I know) there are many incomplete and

corrupted things that ought to be emended, I did this, not without suc -

cess, partly from a painstaking reading of the book itself, partly from

conjectures made from an understanding of the history. To these I have

(33) As Wahlund, Bibliographie der franzo« sischen Strassburger Eide, p. 12, n. 1,

observed, Pithou, in his personal copy or û Handexemplar ý of his volume of col -

lected Frankish sources printed in 1588 (Paris, B.N.F., Reè serve des Livres rares, Res.

L45.1 : P. Pithou, Annalium et historiae Francorum ab anno Christi DCCVIII ad annum

DCCCCXC scriptores coaetanei XII..., Paris, 1588), added the marginal note û sive

Witardi ý beside the entry for Nithard's text in the table of contents.

(34) Cf. also the marginalia that Pithou added to his endnote on f. 62v, n. 14

(see n. 31 above) : û si id nomen eius sit ý.

(35) That Pithou did not indent the final lines of Book Four in this fashion

underscores his belief that the conclusion of Nithard's text had been lost at some

point during its transmission. See n. 38 below.


an early humanist edition of nithard 241
also added the notes of Motta, a most learned man. On all this let your
36
judgment fall .

In this address, Pithou remarks parenthetically that his edition is


based on a single manuscript witness, and that this is the case only
because he knows of no other manuscripts in existence that might be
37
used to assist in the reconstruction of the text . Following his final
endnote on folio 72v, Pithou makes another, related request of the
reader :

Sunt qui huic [add. : 4.] libro finem deesse putent. Si quae lacunae fuit,
ex alio codice quando reperietur, replendae erunt, et omnia emendanda.

Finis.

I believe that there are things missing from the end of Book Four. If that

which is lacking is discovered in another manuscript, it should be added

to make the text complete and then everything should be corrected. The
38
End .

Given that he published the û editio princeps ý of Nithard's text in


1588, and for this edition used the tenth-century manuscript now at
39
the Bibliotheéque nationale (B.N.F. lat. 9768) , it appears that Pithou

(36) The diction of Pithou's address bears a rather close resemblance to the pref -

atory remarks made by Andreè Duchesne for his edition of Nithard's text in 1636, a

parallel which suggests that Duchesne may have seen Troyes, M.A.T. 3203 ; cf.

Pithou's address above with A. Duchesne , Historiae Francorum scriptores coaetani,

t. II, Paris, 1636, p. 359 (my emphasis) : û Recens a mendis et corruptionibus innu-

meris expurgati, partim ope vetustissimi ms. codicis, qui exstat in bibliotheca

D. Alexandri Petavii S. P., partim conjecturis a sensu historiae desumptis. ý Note also that

in lib. 2, cap. 7 of Nithard's text, Duchesne (t. II, p. 367 C) supplies the reading

û supra modo ý without comment ; in fact, this reading was an emendation, one

that, to my knowledge, had only been offered by Pithou in Troyes, M.A.T. 3203,

f. 25r. For more details on this emendation, see n. 40 below.

(37) Though Pithou does refer once to Aimon of Fleury and twice to a û His -

toria Dionysiaca ý (= chps. 52-53 of the Vita Hludowici imperatoris, composed ca.

840/1 by the û Astronomer ý, ed. E. Tremp , Thegan, Die Taten Kaiser Ludwigs ;

Astronomus, Das Leben Kaiser Ludwigs, Hannover, 1995 (MGH, Scriptores rerum Germa-

nicarum separatim editi, 64) for a comparative account of the events recorded by

Nithard : (f. 60v, n. 44) û pag. 2, l. 9. In Dionysiaca historia hac describuntur. Sed

de Senila loquens, ait, idemque Salina Comes. Aimoinus, Samila, deest. ý (f. 61r,

n. 48) û l. 8. Calviacus. Et de his historia Dionysiaca : quae accidisse iuxta Blesense

castrum ad Ligerem situm dicit. forte hoc loco etiam nomen fluvii deest. Calviacus

villa, quod sit, vide. ý

(38) Later, at the time he was entering his marginalia, Pithou appended to this

postscript one last request : û Quod si quibusdam hae notulae improbentur, quasi

futiles et vanae, id de industria fecisse me fateor, ut ex huiusmodi variis testimoni -

bus, si quid aptius coniici, deficientur exemplari, liceat, cuique sit liberum. ý

(39) In the margins of his û editio princeps ý, Annalium et historiae Francorum...


242 courtney m. booker

abandoned his edition preserved in Troyes, M.A.T. 3203 because he


had finally found another, better manuscript witness on which to base
his reading of Nithard's text. In other words, the û unique manu -
script ý used by Pithou as the basis for his presentation copy was some -
thing other than (and which Pithou later felt was inferior to) Paris,
40
B.N.F. lat. 9768 . What was this allegedly unique manuscript ? And
what was its relationship to Paris, B.N.F. lat. 9768 ?

III ^ Text of the manuscript

Perhaps the most striking thing that one learns from Troyes, M.A.T.
3203 is that Pithou was not the first to provide a scholarly commentary
on Nithard's text. In an endnote, Pithou explains that Pierre Daniel
offered an emendation for the Latin name of the Loing river, reading
. Unfor-
41
û Lupa ý rather than û Luva ý (Pithou preferredû Luva ý)
tunately, Pithou neglected to mention the context in which Daniel had

scriptores, pt. 2, p. 344, 361, Pithou explains that for Nithard's text he used a û vetus

exemplar ý. Unfortunately he does not provide any additional information about

this source, other than that it had several lacunae, which were emended by a later

hand. However, a comparison of the text of his 1588 edition with the text of Paris,

B.N.F. lat. 9768 clearly reveals that Pithou must have used this manuscript ; this is

particularly evident from a comparison of Pithou's description (on p. 344 and 361)

of the later emendations in his û vetus exemplar ý with those present in Paris,

B.N.F. lat. 9768 (f. 11r, 14v). On Pithou's use of Paris, B.N.F. lat. 9768, see

Wahlund, Bibliographie der franzo« sischen Strassburger Eide, p. 20-21 ; Couderc, Essai

de classement des manuscrits, p. 723 ; and P. Lauer, ed., Les Annales de Flodoard, Paris,

1905, p. xxxvii, but with important reservations in n. 1.

(40) A series of emendations of one word by Pithou reveals something of the

sequence of his editorial interventions. In Troyes, M.A.T. 3203, f. 25r, l. 11 (lib. 2,

cap. 7), Pithou supplied the emendation û supra modo ý, and noted on f. 64r, n. 64

that his manuscript exemplar read û supra montem ý. However, in his û editio

princeps ý of the text, published in 1588, he printed û supra *montem* ý (p. 328),

evidently choosing to retain the reading of his new, more authoritative exemplar

(B.N.F. lat. 9768, f. 8r, col. 1, l. 9), but providing asterisks to denote its problematic

nature. Sometime shortly thereafter, in the margins of Troyes, M.A.T. 3203, he sup-

plied a better emendation (f. 25r, 64r), suggesting û comitem ý in the place of

û modo ý or û montem ý. Similarly, in his û Handexemplar ý to his 1588 published

edition (see n. 33 above), Pithou noted in the margin the same emendation, û comi -

tem ý. In the second edition of his source collection, published in Frankfurt in 1594,

the text was corrected to suit this new reading, now giving û supra comitem ý with -

out comment (p. 455). Cf. the remarks of Lauer, ed., Nithard, p. 60, n. c ; Mu« ller,

ed., Nithardi, p. 21, n. f ; and H. Pru« mm, Sprachliche Untersuchungen zu Nithardi histo -

riarum libri quattuor, Greifswald, 1910, p. 65.

(41) On f. 63v, Pithou states the following in note 54 : û f. 24. l. 5. Lupa, suspi -

catur legendum Petrus Daniel, ut sit feminus, Loin, cognominatus. ý


an early humanist edition of nithard 243

ventured this emendation ; perhaps it was made simply in conversation


over Nithard's text, for Pithou never cites Daniel again in his commen -
tary.
Pithou's friend Pierre Daniel (1531-1604) was an û avocat ý of the
Parlement of Paris, bailiff of the monastery of St. Beno|ê t-sur-Loire
(Fleury) in Orleèans, and prominent collector and editor of ancient
42
texts in his spare time . Like Pithou, Daniel amassed a large library of
manuscripts, which appears to have included a copy of Nithard's
43
work . Thanks to a letter written by the Dutch jurist and scholar
Hubert van Giffen (û Giphanius ý ; 1534-1604) to Daniel in January
1578, it is evident not only that Daniel was familiar with Nithard's
text and the Strasbourg Oaths, but also that he possessed a manuscript
preserving them (of which Van Giffen avidly desired a copy). More -
over, in his letter, Van Giffen recalls that Daniel's Nithard manuscript
had come from the library of the learned antiquary Jean du Tillet
. Unfortunately, the fact that Daniel possessed a manu-
44
(d. 1570)

(42) Daniel produced acclaimed editions of the late antique comedy Querolus

(1564) and the commentary on Virgil by Servius (1600), and published scholarly

notes on the Satyricon of Petronius (1585). On Daniel and his close relationship with

Pithou, see F. Bibolet, Les Pithou et l'amour des livres, in M.-M. Fragonard, P.-

E. Leroy, eds., Les Pithou. Les lettres et la paix du royaume. Actes du colloque de Troyes, 13 -
e
15 avril 1998, Paris, 2003, p. 298 ; L. Jarry, Une correspondance litteè raire au xvi sieécle :

Pierre Daniel..., Orleèans, 1876, p. 84 ; and G. Grente, ed., Dictionnaire des lettres fran -
e
c°aises. Le xvi sieécle, rev. ed. M. Simonin, Paris, 2001, p. 321A.

(43) Daniel refers to a û Witardus ý in his marginalia on f. 69r of Paris, B.N.F.

lat. 2858 ; see D. Bloch, et al., eds., Bibliotheéque nationale, Catalogue geè neèral des manus -

crits latins, Tables des tomes III aé VI (Nos. 2693 aé 3775B), Paris, 1981, pl. IV, 2. While

the majority of Daniel's collection came from the monastery of Fleury, via its depre -

dation by the Huguenots in 1562 (see Jarry, Une correspondance litteè raire, p. 21-22,

25-34), Daniel's Nithard manuscript evidently did not derive from this rich source.

See the following note.

(44) See H. Hagen, Der Jurist und Philolog Peter Daniel aus Orleans. Eine litterar -

historische Skizze, Bern, 1873, p. 29-30, printing a letter (Burgerbibliothek Bern 141,

no. 161) from Van Giffen to Daniel in January 1578, in which Van Giffen notes

Daniel's familiarity with Nithard's text and the Strasbourg Oaths : û S. D. Saepe

diuque te rogavi, vir doctissime, ut Chronicam illam de rebus gestis nepotum Caroli

Magni, in qua et foedus est inter eos sermone Germanico et Gallico conscriptum, ab

D. Tilii heredibus commodato sumptam, describendam mihi curares. Idem et nunc

te vehementissime rogo, ut mea causa id cures. Scio, te gratia tua et auctoritate fa -

cile id consecuturum, quod Bodinus iam est consecutus. Nam in libris suis de rep.

foederis verba quaedam commemorat. ý This letter (whose importance was over -

looked by both Hagen and C. H. Turner, The bibliography of Jean du Tillet, in Jour-

nal of theological studies, t. 12, 1910, p. 132 -133) reveals that the library of Jean du

Tillet was the source of Daniel's knowledge of Nithard's text. On Du Tillet, see

E. A. R. Brown, Jean du Tillet et les archives de France, in Histoire et archives, t. 2, 1997,

p. 29-63 ; and Kelley, Foundations of modern historical scholarship, p. 215-238. At the


244 courtney m. booker

script of Nithard does not help to resolve for whom Pithou's elegant,
scholarly copy was intended or what manuscript served as its source.
It is certain that Troyes, M.A.T. 3203 was not made to fulfill Van Gif-
fen's importunate request, for Van Giffen later thanked Daniel pro -
45
fusely for supplying him with the detailed copy he so desired . To be
sure, Van Giffen, Daniel, and Pithou were not the only ones with an
(1530-
46
interest in Nithard's text, for their contemporaries Jean Bodin
(1530-1601), (1537-
47 48
1596), Claude Fauchet Antoine Matharel
1586), and Jean-Papire Masson (1544-1611) all referred to or quoted
49

from Nithard in their patriotic treatises on the antiquity of the French

close of his letter, Van Giffen refers to Jean Bodin, who in 1576 was the first to print

the Strasbourg Oaths ; see Wahlund, Bibliographie der franzo« sischen Strassburger Eide,

p. 9-13 ; and J. G. Espiner - Scott, Claude Fauchet, sa vie, son Ýuvre, Paris, 1938, p. 65.

Bodin learned of the Oaths from his friend Claude Fauchet, who himself may have

known them from either Daniel or Du Tillet ; see Espiner - Scott, Claude Fauchet,

p. 290.

(45) See Burgerbibliothek Bern 141, no. 163, a letter from Van Giffen to Daniel in

July 1578, û O mi Daniel, mi amantissime D. Daniel, quanto me gaudio perfudisti,

cum foedus illud utraque lingua, Germanica et provinciali ad me perscripsisti. ý

See also Jarry, Une correspondance litteè raire, p. 68, 85 (note that the citation given by

Jarry in p. 85, n. 2 is erroneous). On Van Giffen, see Jarry, Une correspondance litteè -

raire, p. 58, 65-70, 84. The fate of Daniel's and Van Giffen's copies of Nithard is

unknown.

(46) See J. Bodin, Les six livres de la Reè publique, Paris, 1576, p. 117 -118 ; together

with Wahlund, Bibliographie der franzo« sischen Strassburger Eide, p. 9-13 ; and

Espiner - Scott, Claude Fauchet, p. 65.

(47) See C. Fauchet, Recueil de l'origine de la langue et poesie franc° oise, Paris, 1581,

p. 28 ; id., Antiquitez Gauloises et Franc° oises, Paris, 1602, f. 23r ; together with J. G.

Espiner - Scott, ed., Claude Fauchet, Recueil de l'origine de la langue et poesie franc° oise,

Rymes et Romans. Livre Ier, Paris, 1938, p. 54, n. 2 ; ead., Claude Fauchet and romance

study, in Modern language review, t. 35, 1940, p. 179.

(48) According to information he gained from a personal communication with

Matharel's descendant, Carl Wahlund claimed that in the late sixteenth century

Matharel û to all appearances ý had a Nithard manuscript in his library ; see Wah -

lund, Bibliographie der franzo« sischen Strassburger Eide, p. 21 and n. 1, û Nach gu« tiger

Mitteilung des Herrn Vicomte de Matharel, in einem Briefe datiert `La Grangefort

(Puy-de-Doême), le 25 octobre 1903.' ý He also claimed that Jean -Papire Masson

noted in his Annales that he had used a û Vitaldus ex biblioteca Antonii Matharelli

advocati Parisiensis, manuscriptus ý, but unfortunately Wahlund provided no cita -

tion. Cf. P. Ronzy, Un humaniste italianisant, Papire Masson (1544 -1611), Paris, 1924,

p. 249.

(49) See J.-P. Masson, Annalium libri quatuor, quibus res gestae Francorum explicantur,

Paris, 1577, p. 98, 109, 111, 112, 117, 127, 128, 129 ; id., De episcopis urbis, qui Roma -

nam ecclesiam rexerunt, rebusque gestis eorum, Paris, 1586, f. 135b, noting û Vitaldus ý as

his source for the events under the pontificate of Gregory IV. See also Ronzy, Un

humaniste italianisant, p. 236 and nn. 1, 4 ; p. 249, n. 4 ; Wahlund, Bibliographie der

franzo«sischen Strassburger Eide, p. 12, n. 1.


an early humanist edition of nithard 245

. If Van Giffen's copy is any indi-


50
nation, people, language, and law
cation, Troyes, M.A.T. 3203 was likely intended for some member of
this close circle of savants ^ what Donald R. Kelley aptly described as
51
a û scholarly Pleèiade ý .
In addition to Daniel's reading of Nithard's text, Pithou supplied
the critical remarks made by another erudite contemporary interlocu -
tor. As he explains in his address to the reader, for his edition he made
use of the û notulas ý of the û vir doctissimus Motta ý. True to his
word, throughout his endnotes Pithou repeatedly gives the many var -
iant readings and observations of û Motta ý, his close friend Charles
52
de La Mothe (d. 1584) . While the fate of de La Mothe's otherwise
unattested Nithard study remains a mystery (although he elsewhere
53
reveals an early interest in Nithard's work ), his many comments
have been preserved by Pithou within the latter's own set of copious
54
notes on the text . A representative endnote with reference to de La
Mothe's work runs as follows ; referring to the passage û et in Palatio ý
from Book One on folio 4r, line 5, Pithou remarks in note 15 on folio
60r : û l. 5. in, delet. Motta. sic et multa alia, quae quia forte

(50) For brief biographical notices on these figures, see Grente, ed., Dictionnaire
e
des lettres franc°aises. Le xvi sieécle ; W. Richardson, Reading and variant in Petronius.

Studies in the French humanists and their manuscript sources, Toronto, 1993, p. 137 -141 ;

McKitterick, The study of Frankish history, p. 556-572. See also D. Droixhe, Les
e
Serments de Strasbourg et les deè buts de l'histoire du franc° ais (xvi -xviii e sieécles), in H.-J.
Niederehe, B. Schlieben - Lange, eds., Die Fru«hgeschichte der romanischen Philologie :

Von Dante bis Diez, Tu« bingen, 1987, p. 135 -149.

(51) Kelley, Foundations of modern historical scholarship, p. 245.

(52) I thank Jeè roême Delatour for his assistance with this identification. On de

La Mothe, who helped Pithou convert to Catholicism in 1573, see Grente, ed., Dic-

tionnaire des lettres franc° aises, p. 669A ; Paris et Ile -de-France : Meèmoires, t. XLII, Paris,

1991, p. 164 ; and L. de Rosanbo, Pierre Pithou, in Revue du seizieéme sieécle, t. 15, 1928,

p. 288. He was buried in the church of Saint -Paul de Paris ; see H. Verlet, Epita-

phier du vieux Paris, t. XI, Paris, 1998, p. 91 -92, no. 4916.

(53) See C. de La Mothe, De la poesie francoise, et des oeuvres d'Estienne Iodelle,

Sieur du Lymodin, in E. Iodelle, Les Oeuvres et meslanges poetiques d'Estienne Iodelle, Sieur

du Lymodin, Paris, 1574, n.p. ; repr. Ë. Jodelle, Üuvres compleé tes, ed. E. Balmas, t. I,

Paris, 1965, p. 71, û ...ce Loys fust d'un naturel tres cruel, quelque tiltre de Debon -

naire ou de Pieteux, que faulsement Guetard, historien de son fils Charles, et son

cousin germain, luy aye le premier donneè . ý See also the remarks about de La

Mothe by B. de Girard du Haillan, Preface aux lecteurs, in id., L'histoire de France,

Paris, 1576, n.p., û Si Iean de Saint Andreè Chanoine de nostre Dame de Paris,

Claude Fauchet President aux Monnayes, Charles de la Mothe Conseiller du Roy

en son grand Conseil qui ont plusieurs beaux monuments de l'Histoire de France et

qui ont en main les outils d'escrire... ý

(54) The way that Pithou speaks of de La Mothe suggests that the latter was still

alive when Pithou employed his notes ; in other words, it appears that Pithou pro -

duced Troyes, M.A.T. 3203 sometime prior to de La Mothe's death in 1584.


246 courtney m. booker

imprudenter omissa sunt, hic adnotanda non duxi, cum in cod. manus.
extent, et ad sententiam omnino faciant. ý This observation by Pithou
neatly sums up his opinion regarding the whole of de La Mothe's com -
mentary, for he nearly always disagrees with the readings supplied by
his friend ; Pithou consistently gives his own emendation in the body of
the text and meticulously renders the alternative readings of both his
. For exam-
55
manuscript exemplar and de La Mothe in the endnotes
ple, on f. 28v Pithou writes û offerant ý and provides a note (n. 93,
56
f. 65r) that states û l. 18. offerrent, Motta. offerent, manuscr. ý .
A comparison of the various readings provided by de La Mothe and
the manuscript used by Pithou with the text of Nithard as it is known
through its two other witnesses, the tenth-century manuscript, Paris,
B.N.F. lat. 9768, f. 1r-18v (= A), and the fifteenth-century manu-
script, Paris, B.N.F. lat. 14663, f. 278v-289r (= B), reveals an interest-
ing pattern. While it is clear, from their reproduction of a number of
errors, lacunae, and medieval emendations, that Troyes, M.A.T. 3203
, a colla-
57
(= T), de La Mothe (= M), and B are all descendants of A
tion of their texts demonstrates that they were not direct copies of it,
but rather copies of now-lost intermediaries. More specifically, while
de La Mothe's and Pithou's manuscript source was neither B nor a

(55) On Pithou's attention to detail as an editor of texts, see A. Grafton, Joseph

Scaliger. A study in the history of classical scholarship, t. II, Oxford, 1993, p. 532.

(56) For just a few other examples (of many), on f. 17v Pithou writes û aliter ý

and gives a note (n. 18, f. 62v) that states û l. 10. alter, manuscr. et Motta. ý On

f. 28r û quid vero ý and note (n. 88, f. 65r) û l. 20. quid've, manuscr. et Motta. ý

On f. 29v û castrametantes ý and note (n. 99, f. 65r) û l. 7. castrametentes, manu -

scr. et Motta. ý On f. 39v û vel cum paucis, vel etiam cum ý and note (n. 54,

f. 68r) û l. 13. vellent cum paucis, vellent cum, manuscr. Motta, vel etiam, legit uti -

que. ý On f. 40r û urbemque ý and note (n. 62, f. 68r) û l. 19. urbem quae, in man -

uscr. et Motta. ý On f. 40v (n. 67, f. 68v) û suo iuri ý and note û l. 16. sui iuris,

manuscr. sororis, vel urbis, suspicatur Motta legendum. ý On f. 45r û Saxonorum,

Wasconorum, Austrasiorum, Brittannorum ý and note (n. 88, f. 69r) û f. 45 l. 4.

Saxonum, Motta. Saxonarum, manuscr. Item, Brittonum, Motta. Brittonorum,

manuscr. ý On f. 51r û Aiebant ý and note (n. 33, f. 70v) û l. 7. Agebant, manuscr.

Agebat, Motta. Vide f. 22. b. 3. ý

(57) Cf. the lacunae and emendations found in A (f. 11r, 14v, 15rv, ed. Lauer,

88, 120, 122, 128) with their reproduction in B (f. 285r, ll. 16 -18, 287r, 287v, ll. 16-

17, 48) and T (f. 36v and n. 26, 48r, 49v, 51v). Moreover, nearly every error in A is

present in Pithou's û unique ý manuscript exemplar. The number of manuscript

iterations at which A stands from the lost mid ninth -century autograph is uncertain,

though given its relatively incorrupt text, scholars such as Lauer, Ganshof, and

others posit that there cannot have been many ^ indeed, if any ^ intermediaries

between the two manuscripts. See Lauer, ed., Nithard, p. xviii ; F. L. Ganshof,

Une nouvelle theèorie sur les Serments de Strasbourg, in Studi Medievali, second series, t. 2,

1929, p. 10 ; G. De Poerck, Le ms. B. N. lat. 9768 et les Serments de Strasbourg, in Vox

Romanica, t. 15, 1956, p. 193-202 ; and Lo Monaco, Nithardus, p. 302-305.


an early humanist edition of nithard 247

copy of it (as both de La Mothe and Pithou knew the Strasbourg


Oaths, which are lacking in B), all three ^ M, T, and B ^ share the
58
same lacunae of text that are manifestly not missing from A . In other
words, these manuscripts all descend from a common ancestor ( = a)
that was itself a corrupt descendant of A. This common ancestor was
59
perhaps the ûunique manuscriptý used by Pithou for his copy T .
However, de La Mothe and B also share a large number of readings
60
that set them apart from T and the exemplar on which it was based ;
since it is certain that de La Mothe did not copy B (again, de La
61
Mothe knew the Strasbourg Oaths , which are lacking in B), it
appears that de La Mothe and B derive from still another common
source (= a2). A stemma of these interrelationships can be depicted as
follows :

(58) While A clearly provides the words û Dei ý and û illum ý on f. 11v, col. 2,

l. 1, and 12v, col. 1, l. 13, respectively, B lacks both (f. 285r, l. 39, and 285v, l. 39),

as do de La Mothe's and Pithou's exemplars. In fact, in T, Pithou emended the text

in both cases, supplying the words û Dei ý and û illum ý in brackets (f. 38r, 40v)

and offering the following endnotes in each case : (n. 40, f. 67v) û l. 8. Dei, deest in

manuscr. quod et addendum censet, Motta ý ; (n. 68, f. 68v), û l. 18. illum, deest in

manuscr. quod etiam addit Motta. ý

(59) Note the observation Pithou made regarding the particular marginalia

found in his manuscript exemplar : (72v, n. 99) û Mallem in margine additum a

scriba, aut semper de eodem anno intelligendum. ý No such marginal strokes are

present in B.N.F. lat. 9768 or B.N.F. lat. 14663. Cf. also his remarks on f. 63r, n. 28.

(60) For the sake of example, I only note here the parallel readings exclusive to

de La Mothe (as recorded in T) and B in Books One and Two of Nithard : û vestris -

que q ý (T 59v, n. 3 ; B 279r, l. 10) ; û relinquit ý (T 59v, n. 6 ; B 279r, l. 18) ; û et

regitur ý (T 60r, n. 25 ; B 279v, l. 14) ; û conventumque Condeto al. condicto ý

(T 60r, n. 26 ; B 279v, l. 19) ; û ad ecclesiam deliberaturi ý (T 60v, n. 38 ; B 280r,

l. 9) ; û Marcham ý (T 60v, n. 43 ; B 280r, l. 20) ; û consueverat ý (T 61r, n. 46 ;

B 280r, l. 37) ; û ut ý (T 61v, n. 59 ; B 280v, l. 30) ; û Claromontem ý (T 61v,

n. 66 ; B 281r, l. 15) ; û franconenfurch ý (T 62v, n. 9 ; B 281v, l. 5) ; û vero quo -

niam ý (T 62v, n. 11 ; B 281v, l. 7) ; û in ý (T 62v, n. 12 ; B 281v, l. 10) ; û interve -

niant ý (T 62v, n. 12 ; B 281v, l. 10) ; û dederunt. Interea Lotharius ý (T 62v,

n. 21 ; B 281v, ll. 48-49) ; û delinquere ý (T 63r, n. 25 ; B 282r, l. 10) ; û sibique

suis ý (T 63v, n. 40 ; B 282v, l. 6) ; û induciis ý (T 63v, n. 45 ; B 282v, l. 14) ;

û modicum ý (T 63v, n. 49 ; B 282v, l. 28) ; û idem ý (T 63v, n. 50 ; B 282v, l. 32) ;

û ab eo sibi ý (T 63v, n. 51 ; B 282v, l. 33) ; û coiissent ý (T 63v, n. 53 ; B 282v,

l. 38) ; û adeunt ý (T 64r, n. 56 ; B 282v, l. 42) ; û statutum ý (T 64r, n. 70 ; B 283r,

l. 29) ; û congrue ý (T 64v, n. 76 ; B 283r, l. 44) ; û Quod ý (T 64v, n. 85 ; B 283v,

l. 8) ; û offerrent ý (T 65r, n. 93 ; B 283v, l. 26).

(61) Cf. Pithou's remark (f. 68v, n. 77) regarding an alternate reading offered

by de La Mothe, which demonstrates that the latter knew the Oaths : û f. 43. pag.

2. l. 10. luit, Motta. Linea eadem, neneuls, manuscr. ý See also Pithou's comments

in n. 73, f. 68v, and n. 17, f. 70r.


248 courtney m. booker

IV ^ Conclusions

From this brief overview and analysis of Troyes, M.A.T. 3203, new
light has been cast on a number of old assumptions. First, and contrary
to what is often stated, Paris, B.N.F. lat. 14663 (B) is not a direct copy
of Paris, B.N.F. lat. 9768 (A), but a copy of the later of (at least) two
intermediary manuscripts, which were created sometime between the
tenth and the fifteenth centuries 62. This discovery carries broader

(62) Thus, the stemma provided by Lo Monaco , Nithardus, p. 302, needs re-
vision in order to incorporate this more complex relationship between B.N.F. lat.
9768 and 14663. On the direct link frequently posited between these two manu -
scripts, see, for example, Couderc , Essai de classement des manuscrits, p. 723-724 ;
Lauer , ed., Flodoard, p. xxxvi and n. 2, xliv ; Lauer , ed., Nithard, p. xv ; F. L.

Ganshof , review of P. Lauer , Nithard, Histoire des fils de Louis le Pieux, Paris, 1926,

in Revue belge de philologie et d'histoire, t. 8, 1929, p. 1277, n. 2 ; B. W. Scholz ,


B. Rogers , Carolingian chronicles : Royal Frankish annals and Nithard's histories, Ann
Arbor, 1970, p. 29 ; and R. McKitterick , The Carolingians and the written word,
an early humanist edition of nithard 249

implications with respect to the history of Nithard's text, for it reveals


that there was a greater interest in his work during the Middle Ages
than has generally been allowed. To be sure, even with the two addi -
tional witnesses suggested by the evidence of T, medieval interest in
Nithard's text was still not great ; but a sum total of four manuscript
copies (A, a, a2, B) nevertheless serves to double our previously held
knowledge of its slim survival and transmission in a mere two.
With its wealth of textual commentary and evidence of scholarly
precision, Troyes, M.A.T. 3203 also serves as a vivid reminder of the
great technical and philological skills of Pithou and other early mod -
ern humanists. This was the generation, after all, that set the bar for
63
the likes of Mabillon and Du Cange in the seventeenth century . It is
therefore rather unfortunate that Pithou chose never to publish the
many notes from his aborted Nithard edition, for even today they
64
remain of value for a better understanding of the text . Only over the
course of the last century has there been any kind of serious, detailed
65
linguistic commentary on Nithard's Latinity ; the publication of
Pithou's notes, with all their insight and care, doubtless would have
advanced this scholarship much earlier. An emendation by Philippe
Lauer, editor of the standard critical edition of Nithard's text, is sug -
gestive in this regard. In his review of Lauer's edition, Franc° ois L.
Ganshof praised the editor for his emendation of the nonsensical pas -
sage û Igitur Adhelbertum ducem, quem supra montem memoravi -
mus ý to read instead û supra comitem ý (since Nithard had referred
66
to Adhelbertus earlier as û comes ý) . Yet, as Lauer observed in the

Cambridge, 1989, p. 237, to name but a few. Martin Bouquet was the first (and

only) editor of Nithard's text to make use of Paris, B.N.F. lat. 14663 ; see M. Bou -

quet, Recueil des historiens des Gaules et de la France, t. VII, Paris, 1870, p. 10, n. a.

(63) J. W. Thompson, The age of Mabillon and Montfaucon, in American historical

review, t. 47, 1942, p. 225 -244 ; Kelley, Foundations of modern historical scholarship.

(64) A fact that Gabriel Brotier already recognized in the eighteenth century ;

see n. 17 above.

(65) See Pru« mm, Sprachliche Untersuchungen ; M. Manitius, Geschichte der lateini -

schen Literatur des Mittelalters, t. I, Munich, 1911, p. 657 -660 ; Lauer, ed., Nithard,

p. xiii - xiv ; Scholz, Rogers, Carolingian chronicles, p. 28-29 ; A. Oë nnerfors, In

Nithardi historiarum libros annotatiunculae, in G. Bernt, F. Ra


« dle, G. Silagi, eds.,

Tradition und Wertung. Festschrift fu« r Franz Brunho«lzl zum 65. Geburtstag, Sigmaringen,

1989, p. 75 -84 ; and F. Lo Monaco, Nithard e i suoi pubblici : Alcuni preliminari per

un'edizione e una traduzione della Storia dei figli di Ludovico il Pio, in M. G. Cammarota,

M. V. Molinari, eds., Tradurre testi medievali. Obiettivi, pubblico, strategie, Bergamo,

2002, p. 215 -228 ; id., Nithardus, p. 299-305.

(66) F. L. Ganshof, review of P. Lauer, Nithard, Histoire des fils de Louis le Pieux,

Paris, 1926, in Revue belge de philologie et d'histoire, t. 8, 1929, p. 1280 : û Lauer corrige

treés heureusement ^ le tout premier ^ montem en comitem : le duc A., que nous avons
250 courtney m. booker

footnote to his emendation ^ an observation that curiously was


ignored by Ganshof ^ Pithou had already made this very emendation
67
to the text several centuries earlier . And it was Pithou, we should
recall, who, by seeing û me Nithardum ý in û Mentchardum ý, ulti -
mately discerned Nithard's name within a medieval scribe's careless
misreading and conflation of two words that were probably written
. These are two important emenda-
68
originally in û scripta continua ý
tions by Pithou that actually did make it into print, but there remain
many others in Troyes, M.A.T. 3203 that still await their recognition
and due acknowledgment. A brief selection of these emendations is
provided in Appendix III.
Finally, Troyes, M.A.T. 3203 and its history provide a useful exam-
ple of the truism û habent sua fata libelli ý. Rendered obsolete by the
discovery of a better manuscript, Pithou's meticulous presentation -
copy-turned-reference-book exchanged many hands over the last four
centuries, and for as many reasons ^ as a sage addition to a Jesuit
library, as a furtive supplement to an expelled abbeè 's personal collec-
tion, as part of a surety in exchange for legal representation, as a token
of thanks for expediting a lucrative sale, and as a generous gift to the
archive of the city Pithou called home. In every instance, the aborted
presentation copy was perceived as something special ; withheld from
its intended recipient, it later served its original purpose all the same,
being exchanged again and again as an object symbolic of learning,
taste, and gentilesse. In other words, the history of Troyes, M.A.T.
3203 reveals the truth of that proverb by the otherwise obscure Teren -
tianus Maurus of the late second century only partially cited above,
û pro captu lectoris habent sua fata libelli ý ^ books do not simply
have their own fates ; rather, their unique fortunes û depend on the
69
discernment of [their] reader ý .
Such interest in Nithard's text and the few manuscripts that preserve
it reveals a reception history that has much to say about shifts in his -
torical consciousness over the course of a millennium. Given the grow -
ing importance during the sixteenth century of language and law as
, patriotic philolo-
70
criteria for the establishment of national identity

mentionneè plus haut comme comte (meê me chapitre, p. 58) ; la conjecture nous par -

a|êt palmaire. ý

(67) See n. 40 above.

(68) See nn. 31 -34 above.

(69) Terentianus Maurus, De syllabis, v. 1286, ed. J.-W. Beck, Go«ttingen, 1993,

p. 122-123, 516 -520. See also the remarks by C. H. Roberts, Buried books in antiq-

uity. Habent sua fata libelli, London, 1963, p. 3 -4, 16.

(70) On the ties among language, law, and national identity during the six -

teenth century, see Kelley, Foundations of modern historical scholarship ; Bloch, The
an early humanist edition of nithard 251

gists and jurists were certainly interested in the Strasbourg Oaths, but
their attention more often extended to Nithard's text as a whole ^
hence the creation of Troyes, M.A.T. 3203, the notes of de La Mothe,
and the copy made for Van Giffen. Scholars like Pithou, Daniel, and
Van Giffen repeatedly expressed an acute and rather urgent enthusi -
asm for Nithard's work, frequently extolling the û trustworthy ý nar -
rator's noble aplomb and rare gift of discernment. Yet, for the major -
ity of its existence, Nithard's text was in fact the object of disinterest
and neglect. Between the ninth and the fifteenth centuries, medieval
readers saw little that could be considered edifying in the work (being
interested primarily, when at all, in the monastery and saints which
71
are mentioned briefly in the text ), for its author apparently made
few attempts to understand and explicate by means of scripture any
72
timeless truths in the chaotic events he described . In short, Nithard's
brusque and spare lay perspective on the deeds of the 830s -840s is
likely the very reason his text went long unread. That today Nithard is
considered a source of paramount importance for the history of the
ninth century, and generally characterized with admiration as û a
hard-faced historian with a down-to-earth secular intelligence ý, dem-
onstrates the degree to which notions about history and its sources

first document, p. 6-13 ; id., New philology and old French, in Speculum, t. 65, 1990, p. 38-

58 ; id., û Mieux vaut jamais que tard ý : Romance, philology, and old French letters, in

Representations, t. 36, 1991, p. 64 -86 ; and P. J. Geary, Myth of nations. The medieval

origins of Europe, Princeton, 2002. For a detailed bibliography of sixteenth -century

scholarship on the Strasbourg Oaths, see Wahlund, Bibliographie der franzo« sischen

Strassburger Eide, p. 9-26 ; id., Trois sieécles (1576-1875) de litteè rature relative au plus ancien

monument de la langue franc° aise. Les serments de Strasbourg de l'an 842, in Meèlanges offerts a
¨
M. Emile Picot, membre de l'Institut, par ses amis et ses eè leèves, t. I, Paris, 1913, p. 225 -

238 ; together with Droixhe, Les Serments de Strasbourg, p. 135-149.

(71) Marginalia on f. 11r, 22r, and 28r of Paris, B.N.F. lat. 9768 bear out this

conclusion. On this marginalia and their relationship with Saint -Meèdard de Sois-

« ller, Die Nithard -Interpolation und die Urkunden - und Legendenfa«lschun-


sons, see E. Mu

gen im St. Medardus -Kloster bei Soissons, in Neues Archiv der Gesellschaft fu« r a«ltere deutsche

Geschichtskunde, t. 34, 1909, p. 683 -722 ; B. de Gaiffier, Les sources latines d'un miracle

de Gautier de Coincy : l'apparition de sainte Leè ocadie a saint Ildephonse, in Analecta Bollandi -

ana, t. 71, 1953, p. 110 -111 ; and id., Le calendrier d'Heèric d'Auxerre du manuscrit de Melk

412, in Analecta Bollandiana, t. 77, 1959, p. 401 -403. Lo Monaco, Nithardus, p. 299-

305, gives a useful, succinct account of the medieval transmission and reception of

Nithard's text.

(72) One of the few instances being a quotation from the Book of Wisdom

(5 :21) at the conclusion of the work ; see Nithard, Historiarum libri IIII, 4.6, ed.

Lauer, p. 144 ; cf. 1.7, ed. Lauer, p. 30 (Luke 15 :21) ; p. 31 (John 13 :34). See also

Nelson, Public histories and private history, p. 283 ; and M. de Jong, The empire as eccle -

sia. Hrabanus Maurus and biblical historia for rulers, in Y. Hen, M. Innes, eds., The uses

of the past in the early middle ages, Cambridge, 2000, p. 199-200.


252 courtney m. booker

. Troyes, M.A.T. 3203 and its fate are eloquent exam-


73
have changed
ples of this consequential shift.

Courtney M. Booker
University of British Columbia, Vancouver

Appendix I

What follows are the Strasbourg Oaths from lib. 3, cap. 5 of Nithard's

text, as found in Paris, B.N.F. lat. 9768 ; in Troyes, M.A.T. 3203 ; and in the
74
û editio princeps ý by Pithou published in 1588 . I have underlined those

words of the text that vary among the copies, have expanded contractions

within brackets, and have noted marginal emendations within parenthe -

ses.

A (= Paris, B.N.F. lat. 9768, f. 13r, col. 2)

T (= Troyes, M.A.T. 3203, f. 43rv ; see Pl. VI -VII)

Pi (= P. Pithou, Annalium et historiae Francorum ab anno Christi DCCVIII ad

annum DCCCCXC scriptores coaetanei XII..., Paris, 1588, p. 353 -354)

A Pro d[e]o amur, et p[ro] xpian poblo et n[ost]ro co[m]mun salvament

dist di en (en corr. in) avant inquantd[eu]s savir et podir medunat sisalva-

raieo cist meon fradre karlo et in adiudha et in cad huna cosa sicu[m] om

p[er] dreit son fradra salvar dist. In o quid il mialtre si fazet. Et abludher

nul plaid nu[m]qua[m] prindrai qui meon vol cist meon fradre karle in

damno sit.

T Pro Deo (in marg. : d[e]o) amur, et pro Christian poblo, et nostro com -

mun salvamento (in marg. : ment) dist di in (in marg. : en) avant in quant

Deus (in marg. : d[eu]s) savir et podir me dunat, si salvareio (in marg. : rai

eo) cist meon fradre Carlo, et in adiudha, et in cadhuna cosa, si cum om

per dreit son fradre (in marg. : frada) salvar dist, in o quid il mi altre si fazet.

Et abludher nul plaid nunquam prindrai qui meon vol cist (in marg. : eist)

meon fradre Karle in damno sit.

(73) For the quotation, see K. Leyser, Three historians, in id., Communications and

power in medieval Europe, t. I, London, 1994, p. 25. Cf. J. -M. Wallace - Hadrill,

The Frankish church, Oxford, 1983, p. 239 ; Scholz, Rogers, Carolingian chronicles,

p. 24, 26 ; and P. Delogu, An introduction to medieval history, trans. M. Moran, Lon -

don, 2002, p. 110. I intend to develop further the relationship between shifts in his -

torical consciousness and the reception history of Nithard's text in a forthcoming

essay.

(74) Note that although Pithou's text is the û editio princeps ý of Nithard's text

as a whole, it is not the û editio princeps ý of the Strasbourg Oaths. The Oaths were

first published by J. Bodin, Les six livres de la Reèpublique, Paris, 1576, p. 117 -118.
an early humanist edition of nithard 253

Pi Pro d[e]o amur & p[ro] Xpian poblo & n[ost]ro co[m]mun salva-
me[n]t dist di en avant in quant d[eu]s savir & podir me dunat si salvarai
eo cist meon fradre Karlo & in adiudha & in cadhuna cosa si cu[m] om
p[er] dreit son frada salvar dist ino quid il mi altre si fazet & abludher nul
plaid nu[m]qua[m] prindrai qui meon vol eist meon fradre Karle in
damno sit.
A Silodhuuigs sagrament que son fradre Karlo iurat conservat. Et Karlus
meossendra desuo part n[on] lostanit si ioreturnar non lint pois neio
neneuls cui eo returnar int pois in nulla aiudha contra Lodhuuuig nun li
iuer.
T Si Lodhuuigs sagrament que son fradre Karlo iurat, conservat, et Karlus
meos sendra de suo part non lo stanit ( .: n[on] los tanit), si io retur-
in marg

nar non *lint pois, ne io ne veuls ( .: neuls) cui eo returnar int pois in
in marg

nulla aiudha contra Lodhuuig nunli iuer.


*Here, Pithou gives the following endnote (n. 77, f. 68v): û f. 43. pag. 2.
l. 10. , Motta. Linea eadem,
luit , manuscr. ý He then provides an
neneuls

addendum: û Sed hae linguae barbarae maxime sunt, praesertim Teu-


disca, quae hodie in usu non est. ý
Pi Si Lodhuuigs sagrament que son fradre Karlo iurat, conservat, & Kar -
lus meos sendra de suo part n[on] los tanit, si io returnar non lint pois ne io
ne neuls cui eo returnar int pois in nulla aiudha contra Lodhuuuig nun li
iuer.
Appendix II
Excerpt from the letter of Jean Lebeuf to Ëtienne Souciet, Librarian of
the Colleége de Louis-le-Grand, 26 October 1731 75. The letter (of 2 folios,
with text on f. 1r-2r, and the recipient's name and address on 2v) is folded
and pasted in between folios 87 and 88 of 3203. The excerpt
Troyes, M.A.T.

here is from f. 1v. See Pl. I.


[...]
J'ay fait chercher Nithard manuscrit aé la Bibliotheéque du Roy et ailleurs,
inutilement; cependant me serait treès utile pour juger de l'edition de cet
auteur. Enfin l'on m'a ecrit de Troyes qu'apreès la mort du dernier de Mes-
sieur Pithou, dont l'un avait publieè cet historien, votre Reverend Pere Sir-
mond vint voir les manuscrits provenant de leur succession et qu'il
s'accomodat de quelques uns. C'est ce qui me fait croire que Nithard ne se
(75) On this letter, see the Catalogue de la collection des lettres autographes, manuscrits,

documents historiques, estampes anciennes, etc. du cabinet de feu M. Parison..., Paris, 1856 ,

p. 51-52, no. 380; Lettres de L'Abbeè Lebeuf, t. II, Auxerre, 1867, p. 115, no. 186; and
nn. 11 and 14 above.
254 courtney m. booker

trouvant pas parmi ceux qui sont resteè z aé Troyes il doit se retrouver dans

la Bibliotheé que de votre Colleé ge. Si donc, mon Reverend Pere, vous vou -

liez bien jetter la vue sur le catalogue de vos manuscrits, vous me feriez un

sensible plaisir de me marquer si vous l'avez et de quel age peut eê tre le

caractere d'ecriture de ce volume.

[...]

Appendix III

To provide a sense of Pithou's editorial skill and sensibility, I have made

a comparison of Pithou's emendations in Troyes, M.A.T. 3203 with those

offered by Philippe Lauer in his critical edition of the text, Nithard, Histoire

des fils de Louis le Pieux, Paris, 1926. Of Lauer's numerous emendations, the
76
great majority had already been made by Pithou . They will not be listed

here. In several other instances, Pithou, like Lauer, recognized a problem

with the text, but offered a different emendation. These are given below,

together with Pithou's later marginalia in parentheses. Note that, even

where his emendations differ, Pithou often anticipated Lauer's readings

and provided them as possible alternatives.

Lauer, 6 : qui, ut pro certo patrem obisse comperit, Aquis ab Aquitania

protinus venit ; quo undique ad se venientem populum absque quolibet

impedimento suae ditioni addixit, de ceteris, qui sibi [minus] creduli vide-

bantur, deliberaturus

T, f. 3v : sibi [non]

T comm., f. 88r : f. 3. p. 2. l. 14. forte sibi non creduli videb. quia de populo

ad se veniente primum dicit et statim de caeteris qui non veniebant. Vide.

Lauer, 6 : Initio quidem imperii suscepti pecuniam ingenti numero a patre

relictam trifariam dividere iussit et unam partem causa funeris expendit

T, f. 3v : [in] causam

T comm., f. 60r, n. 13 : l. 18. in addidi. sic et Motta. (Quae autem addo

his notulis includo [ ]. Pith.)

Lauer, 14 : Walanam, Elisachar, Mathfridum ceterosque, qui in exilium

retrusi fuerant, custodi emittunt

T, f. 7r : custodia emittunt

T comm., f. 60v, n. 30 : f. 7, l. 4. custodiae mittunt, manuscr.

(76) Only the following interventions by Lauer do not find a precursor in

Pithou's text : 14 g ; 20 a, b, c ; 28 d ; 38 a ; 46 b, d ; 48 a, d ; 50 e, g ; 52 i ; 54 d ; 62 d ;

64 a ; 76 b, f ; 78 a ; 82 d ; 84 c ; 90c, d ; 110 b, c ; 116 e ; 126 b ; 136 e ; 140 e ; 144 a, e.

However, Pithou himself made a large number of emendations to Nithard's text

that have no parallel in Lauer. Due to their quantity (Pithou made over 400 end -

notes to the text), they cannot be printed here ; certainly they are deserving of a

study all their own.


an early humanist edition of nithard 255

Lauer, 18 : Aquis hiematum petit


T, f. 8v : Gematum
T comm., f. 60v, n. 41 : l. 13. forte Aquisgranum petit. vel Aquis hyematum

petit , ut lib. 4, f. 57. l. 11. et fere ex sequentibus apparet.

Lauer, 22 : confluunt supraque fluvium iuxta villa[m] quae Calciacus dici-


tur castra ponunt
T, f. 10r : Calviacus
T comm., f. 61r, n. 48 : l. 8. Calviacus. Et de his historia Dionysiaca : quae
accidisse iuxta Blesense castrum ad Ligerem situm dicit. forte hoc loco
etiam nomen fluvii deest. Calviacus villa, quod sit, vide. (urbe, Cluriacus.
Cler., Gall.).

Lauer, 24 : et per fines Ribuariorum comitatus Moilla, Haettra, Hammo-


lant, Masagouwi
T, f. 10v : Halt Trahammolant
T comm., f. 61r, n. 50 : l. 12. Haec traham Molant Masa Gouuium, manuscr.
corrupte fortasse. Mottam sequutus sum.

Lauer, 28 : Quod pater eius audiens, indicto conventu, Magonciacum venit


T, f. 12r : Maguntiam convenit
T comm., f. 61r, n. 55 : f. 12, l. 5. Magonciam, manuscr. et fere ubique alias.
aliquando, Magonciacum : aliquando, Mogunciae forte, Moguntiacum venit .

Lauer, 38 : Quo insperate hinc Lodharius, inde Lodhuwicus confluunt


T, f. 16v : insperato
T comm., f. 62v, n. 10 : l. 15. inspirate, manuscr. Sic et infra, f. 29. b. 5. et
f. 40. 12. ubi notavi. (insperati, Pith.)

Lauer, 40 : Dudum quidem ex omnibus nuntio recepto


T, f. 17r : Qui
T comm., f. 62v, n. 13 : l. 10. Quod, manuscr. forte, Quo.

Lauer, 46 : Carnutenam civitatem tendebat


T, f. 19r : Caremtenam
T comm., f. 62v, n. 22 : f. 19. l. 6. Carnotenam, leg. suspicatur Motta. (forte
etiam ad, add.)

Lauer, 46 : et quoniam matrem ubi tuto relinqueret non habebat, pariter


ad Franciae partes properabat
T, f. 19r : properabant
T comm., f. 62v, n. 23 : l. 15. forte, properabat.

Lauer, 48 : ac interim super Lodhuvicum hostiliter ire desiisset


T, f. 20r : dedisset
T comm., f. 63r, n. 30 : l. 19. desisset, forte melius : ut respondent illis, f. 26.
b. 7. (mutavi).
256 courtney m. booker

Lauer, 52 : quemammodum a tanta calamitate congruentius se suosque


exui posse existimarent
T, f. 22r : exsui
T comm., f. 63v, n. 42 : l. 11. ex suis, Motta. forte, pro, exui.

Lauer, 60 : igitur Adhelbertum ducem, quem supra comitem memoravimus


T, f. 25r : supra modo
T comm., f. 64r, n. 64 : l. 11 quam supra montem , manuscr. (Pith. *montem*
f. morientem. vel, comitem. ut s. p. 24. l. 9. et melius.)

Lauer, 62 : donec illi mandaretur si ad statutum locum an alio, ubi con-


gruentius illi videretur, venire deberet
T, f. 26r : statum
T comm., f. 64r, n. 70 : l. 16. statutum, Motta (Pith.) et forte, melius.

Lauer, 64 : ad praefatum locum pridie quam convenerat praevenit


T, f. 26v : quam venerat
T comm., f. 64v, n. 74 : l. 20, forte, quam convenerat.

Lauer, 66 : Nam, quamquam difficile, praevaluit tamen sententia priorum


T, f. 27v : Nam quam
T comm., f. 64v, n. 80 : l. 8. forte, quamvis diff.

Lauer, 68 : cederet cuique quod patris fratrisque consensu iuste debebatur


T, f. 28v : patris fratrumque
T comm., f. 65r, n. 92 : l. 15. pater, fratresque, manuscr. quod aliter ex
Motta reposui. forte, fratrisque.

Lauer, 76 : ecclipsis solis hora prima, feria tertia, xv kal. novembris, in Scor -
pione contigit
T, f. 32r : prima prima feria
T comm., f. 65v, n. 113 : l. 3. prima, addit Motta. quod et adscripsi.

Lauer, 76 : verticem montis castrae Lodharii contigui cum tertia, ut videtur,


exercitus parte occupant
T, f. 32r : castris
T. comm., f. 65v, n. 115 : l. 7. castrae Lothari, manuscr.

Lauer, 84 : monens ut de Pippino et suis quod promiserat


T, f. 35r : promiserant
T comm., f. 66v, n. 16 : l. 13. promiserat, Motta.

Lauer, 86 : Iactaverant enim hi qui partis Lodharii sentiebant in proelio


Karolum cecidisse
T, f. 35v : parti
T comm., f. 66v, n. 19 : l. 19. partes Lotharii sentiebant, manuscr.

Lauer, 86 : Ipsi vero Parisiacam civitatem adeunt, adventum Karoli


praestolaturi
an early humanist edition of nithard 257

T, f. 36r : praestolari
T comm., f. 66v, n. 22 : l. 14. forte, praestolaturi. Ut infra f. 38. lin. 20. et
f. 52. l. 1. (mutavi).

Lauer, 86 : Quod ut Karolus cognovit, praefatum iter accelerare


coepit.
Cumque Suessonicam peteret urbem
T, f. 36v : accedere
T comm., f. 66v, n. 25 : l. 12. accelere
, manuscr. forte, accelerare
. Mottam
sequutus sum. Sic et Suessionicam
, fortasse. (mutavi) Ante dixit, f. 27. l. 10.
accelerare
. et f. 30. l. 19. iter accelerantes
. et f. 41. b. 13. iter accelerans
.

Lauer, 90 : iter arripuit et qualiter super Karolum irrueret intendit


T, f. 37v : irruet
T comm., f. 67r, n. 34 : l. 8. forte, irrueret. aut, irruat.

Lauer, 90 : Hugonem et Adhelardum ad Gislebertum una cum ceteris quos


foedere quo valerent sibi adnecterent direxit
T, f. 37v : [ ut eum
]
T comm., f. 67r, n. 35 : l. 11. forte deest, ut eum
. quod addidi. et hic locus
totus mancus est.

Lauer, 94 : Cumque haec ita se haberent


T, f. 39r : ita haberent
T comm., f. 67v, n. 49 : l. 8. ita se haberent, Motta.
Lauer, 100 : a Turones
redire coepit
T, f. 41v : Turones
T comm., f. 68v, n. 71 : pag. 2. l. 5. Aturones, manuscr. A delendum censet
Motta. (f. Taurinos
. vel Taruannam
, sive Tarubanum) forte, ad Turones.
Lauer, 110 : primum pari numero Saxonum, Wasconum, Austrasiorum,
Brittonum
T, f. 45r : Wasconorum Brittannorum
;
T comm., f. 69r, n. 88 : f. 45. l. 4. Saxonum
, Motta. Saxonarum, manuscr.
Item, Brittonum
, Motta. Brittonorum
, manuscr.

Lauer, 112 : Eratque res digna pro tanta nobilitate nec non
et moderatione
spectaculo
T, f. 45r : nec
T comm., f. 69r, n. 91 : l. 17. forte,necnon
. (ut fere usurpat).

Lauer, 116 : validisque procellis moerentem vehit


T, f. 46v : merentem
T comm., f. 88r : f. 46. b. l. 10. forte, mergentem. vel, inhaerentem, ob litera-
rum conformitatem, me pro ine, et sic inhae-.

Lauer, 120 : Lodhuvicus vero Saxonum causa Coloniam petiit


T, f. 48v : Saxonorum
T comm., f. 70r, n. 14 : l. 7. Saxonum, Motta. ut ante f. 45. 4.
258 courtney m. booker

Lauer, 128 :non haberet unde illis ea quae amittebant restituere posset
nec non
T, f. 52r :

T comm., f. 70v, n. 44 : f. 52. l. 20. forte delendum, nec.

Lauer, 130 : quique illorum partem, quam quisque acciperet, cuique

deinde omnibus diebus vitae suae conservare deberet in eo, si adversus fra-
tres suos frater suus similiter faceret
T, f. 53r : fratri et

T comm., f. 71r, n. 49 : f. 53. l. 6. forte, fratrem. vel potius, fratres suos frater.
Sic et ante, deberent, Motta.
Lauer, 134 : centum viginti videlicet
T, f. 54v : decem
T comm., f. 71v, n. 65 : l. 12. decim, manuscr.
Lauer, 140 : et ut nequaquam quolibet modo omitteretur ne in eodem con -

ventu, ut aequius possent, omne regnum dividerent

T, f. 57r : ni
T comm., f. 72r, n. 83 : l. 6. forte, ni, delendum. et videtur legendum,

nequicquam.
Lauer, 144 : ipsa elementa tunc cuique rei congrua
T, f. 58v : cuique regi
T comm., f. 88r : f. 58 p. 2. l. 9. forte, cuique rei.
REVISIOèN DE UN MANUSCRITO DE LUCRECIO :
SAVIGNANO SUL RUBICONE, BIBL. ACCAD. 68*

I ^ Transmisioè n del De rerum natura : tradicioèn italiana


No es objetivo de este trabajo el realizar un nuevo stemma del texto
lucreciano, puesto que eèsta es una cuestioèn ya tratada en las distintas
ediciones y estudios que se han hecho al respecto 1. Sin embargo, s|è con-
viene hacer una revisioèn de lo que se ha dicho en relacioèn con la tradi-
cioèn italiana, fundamentalmente para situar el manuscrito Savignano
sul Rubicone, Bibl. Accad. 68, que contiene el poema De rerum natura.
Hay que senìalar que las primeras ediciones que se hacen del poema
lucreciano provienen de estos manuscritos italianos, y que no seraè
hasta 1563 que Lambin utiliza los coèdices maès antiguos como base del
texto que edita, y de los que proceden los demaès, el Oblongus y el Qua-
dratus , datados hacia el siglo ix, al igual que tres testimonios fragmen-
2

* Este art|èculo se ha realizado bajo el amparo de una beca predoctoral del Minis -
terio de Educacioèn y Ciencia adscrita al proyecto HUM 2004 -1994, con la subven-
cioèn del Fondo Social Europeo. Quiero dar las gracias a Tomaè s Gonzaèlez Rolaèn,
quien no soèlo me propuso la elaboracioè n de este trabajo, sino que me abrioè la puerta
del mundo de la investigacioè n ; a Juliaèn Solana Pujalte y Miguel Rodr|èguez-Pantoja
Maèrquez por guiar mis inicios ; y a las doctoras Montserrat Jimeènez San Cristoèbal y
Beatriz Fernaèndez de la Cuesta Gonzaè lez por su apoyo cient|èfico y su amistad.
(1) Aunque no son los uènicos, eèstos son una muestra de algunos estudios y edicio -
nes que han tratado la tradicioè n manuscrita de Lucrecio : C. Lachmann , T. Lucretii
Cari De rerum natura libri sex , Berl|èn, 1850 ; C. Mu « ller, De codicum Lucretii Italicorum
origine, en Museum Helveticum 30, 1973, p.166-178 ; P. K. Marshall, L. D. Rey -

nolds, Texts and transmission, Oxford, 1986 ; M. D. Reeve, The Italian tradition of
Lucretius, en Italia medioevale e umanistica , 23, 1980, p. 27 -48 ; U. Pizzani , Il problema

del testo e della composizione del De Rerum Natura di Lucrezio , Roma, 1959 ; G. F. Cini , La

posizione degli û Italici ý nello stemma lucreziano , en Atti e memorie dell'Accademia toscana di

scienze e lettere La Colombaria , 41, 1976, p. 115 -169.

(2) Las siglas de los manuscritos utilizadas en este trabajo son las comunes entre
los estudiosos y son las utilizadas y descritas en las ediciones y estudios que se han
indicado :
O = Leiden, Biblioteca Universitaria, Vossianus Latinus f. 30, Oblongus, siglo ix.
Q = Leiden, Biblioteca Universitaria, Vossianus Latinus f. 94, Quadratus, siglo ix- x.
G = Copenhague, Biblioteca Real, Fond. ant. 211 F., fragmentum Gottorpianum, siglo ix-x .
V = Viena, Biblioteca Nacional, Lat. 107 Phil. 128 (ff. 9-14), schedae Vindobonenses prio-
res, siglo ix - x .

U = Viena, Biblioteca Nacional, Lat. 107 Phil. 128 (ff. 15-18), schedae Vindobonenses alte-
rae, siglo ix - x .

Revue d'histoire des textes, n.s., t. V, 2010, 259-280 ©


260 antonia riè squez

tarios que son las llamadas schedae. En 1850 Lachmann 3 hace su edi-
cioèn de Lucrecio y expone un primer trabajo de cr|ètica textual, en el
que luego se han basado en buena medida los trabajos posteriores,
aunque en realidad habr|èa que afirmar que el stemma que propone se
mantiene praècticamente igual, salvo alguna modificacioèn puntual,
hasta hoy, sin que falte quienes hayan elaborado sus propias propues-
tas 4. En este sentido el trabajo de G. F. Cini resulta esclarecedor, pue-
sto que da un repaso al estado de la cuestioèn de los manuscritos italia-
nos de Lucrecio 5, poniendo el acento en el origen de esta rama de la
tradicioèn lucreciana.
El estudio maès actual en relacioèn con la tradicioèn italiana de Lucre-
cio es el de M. D. Reeve en el que da un repaso a todo el estado de la
cuestioèn, centraèndose en la descripcioèn de los distintos coèdices que la
componen 6. Es un trabajo muy completo, en el que hay que destacar
algunas afirmaciones que son las que han dado lugar a la elaboracioè n
de este trabajo, y que se analizaraèn detenidamente a lo largo de la
exposicioèn.
Sin embargo, lo primero que hay que recordar es coèmo comienza la
tradicioèn de De rerum natura en Italia. En general es aceptado por los
estudiosos que los manuscritos italianos parten del que Poggio Braccio-

p = codex a Poggio, anìo 1417.


F = Florencia, Biblioteca Laurenciana, Laurentianus 35, 31, siglo xv.
C = Cambridge, Biblioteca Universitaria, n.n.II.40, Cantabrigiensis, siglo xv.
A = Ciudad del Vaticano , Biblioteca Vaticana, Vaticanus lat. 3276, siglo xv.
B = Ciudad del Vaticano , Biblioteca Vaticana, Barberinianus lat. 154, siglo xv.
L = Florencia, Biblioteca Laurenciana, Laurentianus 35, 30, siglo, xv .
P = Par|ès, Biblioteca Nacional, Parsinus lat. 10306, siglo xv.
Por otro lado, las siglas de los coè dices a los que se haraè referencia de manera espec|è-
fica a lo largo del art|èculo y de los que se haraè la descripcioèn oportuna son :
S = Savignano sul Rubicone, Biblioteca della Academia Rubiconia dei Filopatridi , ms. 68,
Savignanus, anìo 1469.
N = Naèpoles, Biblioteca Nacional, Farnesiano IV. E. 51, Neapolitanus, anìo 1458.
Ba = Basilea, Biblioteca Universitaria, F. VIII. 14, Basiliensis, anìo 1469.
v = Utrecht, Biblioteca Universitaria, Litt. Lat. X f. 82 rariora, f. 95r, editio Veronensis,
anìo 1486, (corr. 1492)
(3) Lachmann, T. Lucretii Cari De rerum natura libri sex ; del mismo anìo es el estu-
dio y comentario : C. Lachmann, In T. Lucretii Cari, De rerum natura libros. Commenta-
rius iterum editus , Berl|èn, 1850. Se indican las referencias bibliograè ficas de las

primeras ediciones, aunque han sido reeditadas en numerosas ocasiones.


(4) Por ejemplo, la edicioè n a cargo de A. Garc|è a Calvo , T. Lucrecius Carus. De
rerum natura, Zamora, 1997.

(5) Cini , La posizione degli û Italici ý.


(6) Reeve, The Italian Tradition.
un manuscrito de lucrecio 261

lini env|èa a Niccoloé Niccoli en 1417, y que eèste copia a su vez 7. Ambos
estaèn perdidos hoy en d|èa 8, as|è que no es tarea de este trabajo el dete-
nerse en los detalles de esta cuestioèn, puesto que pueden ser encontra-
dos en cualquier introduccioèn a una edicioèn cr|ètica de la obra, o en el
mencionado trabajo de Reeve. No obstante, es importante ser con-
scientes de lo que representa este hecho, es decir, que toda la tradicioèn
lucreciana en Italia depende de un uènico manuscrito, por lo que se
puede establecer en cualquier edicioèn cr|ètica un consensus de los manu-
scritos italianos frente a los testimonios maès antiguos. As|è, Cini 9 en su
art|èculo precisamente lo que propone son unos criterios para la recon-
struccioèn de este manuscrito Poggianus, tras hacer un anaèlisis de las
distintas soluciones que se han aportado 10. La conclusioèn principal que
ofrece el trabajo de Cini es que Poggio copia el manuscrito O, y que
los errores que aparecen en los coèdices italianos en favor de Q no son
realmente importantes y se explicar|èan como coincidencias.
Sin duda, esta explicacioèn queda bien ilustrada en el siguiente cua-
dro donde se reflejan las lecturas concordantes del manuscrito Sa-
vignanus, objeto de este estudio y al que se aludiraè con la sigla S a partir
de ahora, con Q en contra de O :

S O Q

1, 13 initium initum initium


1, 769 rursum rursus rursum
1, 1003 flumina (G) fulmina flumina
2, 34 hec nec (Q1G) haec
2, 731 principe percipe principe
2, 821 (it.) omnigenis omnigenus omnigenis
3, 849 lumine lumina (Q1) lumine
6, 828 mouenda uomenda (U) mouenda

Como se puede comprobar en la tabla, las lecturas pueden ser expli-


cadas como meros errores de copia, por lo que no justifican en modo

(7) Es interesante destacar el art|è culo de N. Rubinstein , An unknown letter by

Jacopo di Poggio Bracciolini on discoveries of classical texts ,


en Italia medioevale e umanistica ,
1, 1958, p. 383-400, donde se edita una carta de Jacopo Bracciolini en la que se
menciona un Lucretius copiado por su padre.
(8) Respecto a esta cuestioè n hay que senìalar que algunos estudiosos han senìa-
lado que el manuscrito L ser|è a un copia fiel del de Niccoli (cf. Pizzani, Il problema del
testo, p. 50), hipoè tesis que ya formula Lachmann en su comentario a la obra lucre -

ciana (cf. Lachmann, In T. Lucretii Cari... libros, p. 4).


(9) Cini, La posizione degli û Italici ý , p. 122.
(10) Ibid., p. 117-121.
262 antonia riè squez

alguno el uso de los manuscritos O y Q por parte de Poggio Bracciolini


para la copia de su texto, ni otras hipoètesis manejadas en esta cuestioèn,
como la existencia de un tercer coèdice antiguo de Lucrecio.
La uènica alusioèn al manuscrito que trata este trabajo, el S, la hace
11
Reeve en el art|èculo citado : afirma que el Savignanus es una copia de
un Ottobonianus copiado por Sulpicio Verulano, y se fundamenta en la
existencia de dos lagunas, 2, 293-297 y 6, 20-23. A la vez estaè relacio-
nando el manuscrito S con el Neapolitanus, puesto que el Ottobonianus al
12
que hace referencia se copia de N .
A la luz de estas afirmaciones se deben precisar varias cosas. La pri -
mera es identificar el manuscrito N ; la segunda ver las implicaciones
de la filiacioèn entre el manuscrito de Sulpicio Verulano y el manuscri -
to S.
Seguèn Reeve N, el Neapolitanus, es el manuscrito obra de Pomponio
Leto durante su etapa napolitana, es decir, ser|èa uno de sus primeros
13
trabajos . Hay que decir que en la inmensa obra sobre Pomponio Leto
14
escrita por Vladimir Zabughin en ninguèn momento se alude a este
autoègrafo de Lucrecio, ya que es a mediados del siglo xx cuando empie-
zan a aparecer estudios identificando manuscritos lucrecianos de
15
Leto . No obstante, la mencioèn de un texto lucreciano revisado por
Pomponio aparece desde muy pronto ; y as|è lo refleja Nolhac al senìalar
que en la edicioèn de Bolonia del De rerum natura de 1511, su editor senìala
en el prefacio que hab|èa usado entre otros manuscritos un codex Pomponii
. Es decir, la atribucioèn de un coèdice, si no autoègrafo de Pom-
16
Romani
ponio, s|è al menos anotado por eèl se conoce desde antiguo.

(11) Reeve, The Italian tradition, p. 35 : û From the Ottobonianus derives in turn

Savignano sul Rubicone Bibl Accad. 68 (ch. 1468), which omits lines omitted by

Sulpitius in turning a page (2, 293 -297, 6, 20 -23). Corrections in Sulpitius's other

manuscript derive from f or a manuscript like F. The complexity of N, copied from


two sources and corrected from a third, produces more contamination in these five

manuscripts than can be found anywhere else in the tradition. ý

(12) Ibid., p. 32, 35, los cuatro manuscritos que descienden del Neapolitano

ser|èan : Bodl. Canon. Class. Lat. 32, Baltimore, Walters 383, Vat. Ottob. Lat. 1954 y Basel.

Univ. F VIII 14.

(13) Sobre este coèdice y su copista Pomponio Leto cf. S. Bertelli, Un codice

lucreziano dall'officina di Pomponio Leto, en La parola del passato, 20, 1965, p. 28-38.

(14) V. Zabughin, Giulio Pomponio Leto, Roma, 1909 -1912. No obstante, para

profundizar en la biograf|è a y bibliograf|èa del humanista se recomienda la consulta

de http ://www.repertoriumpomponianum.it/index.html.

(15) Ë. Pellegrin, Le codex Pomponii Romani de Lucreé ce, en Latomus, 7, 1948,

p. 77-82 ; Bertelli, Un codice lucreziano, p. 28-38 ; Muzzioli, G., Due nuovi codici

autografi di Pomponio Leto, en Italia medioevale e umanistica, 2, 1959, p. 337-351.

(16) P. de Nolhac, La bibliotheéque de Fulvio Orsini, Par|ès, 1887 (reimpr. 1976),

p. 207, nota 2.
un manuscrito de lucrecio 263

No obstante, esta afirmacioèn queda absolutamente refrendada por


la anotacioèn que el mismo Pomponio Leto pone en el explicit de un
ejemplar de la edicioèn de 1486 del De rerum natura salida de la imprenta
de Paulus Fridenperger de Verona, conservado en la Biblioteca uni-
versitaria de Utrecht: û Castigatus fuit hic codex cum codice Pompo-
niano. ý
Sin embargo, no es hasta mediados del siglo cuando empieza a xx
comprobarse la veracidad de las palabras del estudio de Nolhac con el
hallazgo de nuevos coèdices. Efectivamente Muzzioli senìala que se
estaèn estudiando de forma completa los manuscritos autoègrafos de
Pomponio, entre los que senìala un coèdice 17lucreciano, que es el de Basi-
lea, que hab|èa sido descrito por Pellegrin . El mismo estudioso senìala
ademaès con respecto al coèdice de la Biblioteca Vaticana, Ottob. Lat.
1956 que, en el recto de su segundo folio de guarda en pergamino,
Pomponio Leto hab|èa escrito una pequenìa lista de obras y autores,
entre los que figura Lucrecio: û Tusculan(ae),18 Lucretius, Vitruuius,
statius, de natura deorum, Achademia, plinius . ý
Ëlisabeth Pellegrin identifica y da a conocer al copista del manus-
crito de Basilea a traveès de su breve art|èculo, al senìalar que el copista
escribe en el folio 134v: û T. Lucretius Carus eques Romanus manu
Pomponii Leti scriptus. ý Ademaès subraya que sobre el cuero de la
encuadernacioèn se anìadioè : T. Lucre[tius] eq. ro. a Pomp. Laeto in
car[cere] scrip[tus],indudablemente inspirado en la anotacioèn
anterior 19. En relacioèn con este manuscrito Reeve afirma que ser|èa
maès aceptable decir que el copista del Basiliensis fuera Campano,
pupilo de Pomponio Leto 20. Aunque Reeve no explica su afirmacioèn,
es perfectamente plausible si se tiene en cuenta que Campano estuvo
encarcelado en el Castel Sant'Angelo en las mismas fechas y por las
mismas razones que Pomponio 21. Por tanto, se puede aventurar una
conciliacioèn entre la propuesta de Pellegrin y la de Reeve: que el
copista fuera Campano pero bajo la supervisioèn y correccioèn de Pom-
ponio Leto durante su reclusioèn tras la conjura contra Pablo II 22.

(17) Muzzioli , Due nuovi codici, p. 340.


(18) Ibid., p. 341.
(19) Pellegrin , Le Codex Pomponii, p. 78.
(20) Reeve , The Italian tradition, p. 35, nota 2.
(21) K. Kohut , Saènchez de Areèvalo (1404-1470) frente al humanismo italiano, en Actas
del VI Congreso de la Asociacioèn Internacional de Hispanistas (1977), A. M. Gordon &
E. Rugg (coords.), Toronto, 1980, p. 431-434.
(22) En relacioèn con esta cuestioèn se pueden consultar las obras de Zabughin ,
Giulio Pomponio, N. Sisci , Giulio Pomponio Leto. Profilo biografico, Roma, 1914 y
T. Gonzaè lez Rolaè n , J. M. Banì os Ban
ì os , A. Lo
è pez Fonseca , Ex castro. Cartas
264 antonia riè squez

No obstante, anìos despueès Sergio Bertelli pone en duda la veracidad


del art|èculo de Pellegrin, puesto que al no haber adjuntado ninguna
ilustracioèn del coèdice de Basilea no puede corroborar que la graf|èa per-
tenezca a Leto. En realidad, eèsta es una reivindicacioèn que se le ha
hecho maès de una vez al trabajo de Pellegrin 23. Sin embargo, afirma
que el coèdice que no ofrece ninguna duda de que fuera copiado por
Pomponio Leto es el de la Biblioteca Nacional de Naèpoles, el Farne-
siano IV.E.51 cuyo explicit dice : û Exscripsit Romae Pomponius et
correxit XIII dierum spatio. ý Ademaès Bertelli ofrece una serie de
caracter|èsticas paleograèficas del manuscrito que lo vinculan con Pom-
ponio 24. Asimismo, maès recientemente Maurizio Campanelli afirma
que este coèdice es enteramente autoègrafo 25.
Hay que anìadir ademaès que en el art|èculo de Reeve se cuenta que
Poliziano tuvo un coèdice lucreciano que hab|èa pedido prestado a Pom-
ponio Leto, seguèn revela en su correspondencia 26. No se identifica queè
coèdice, pero Reeve asegura que no era el Neapolitanus. A esto se anìade
que en el manuscrito Laur. 35, 29 se encuentran dos anotaciones
hechas por Poliziano 27 : una en relacioèn con los versos 1, 1068-1075,
que aparecen mutilados en O, y por tanto, en el resto de manuscritos,
y que no aparecen en Q y los fragmentos GUV, que dice : û in libro
quoque Pomponi scriptum erat hoc etiam fragmenticium quare illa
puto etiam quae adduntur novicia. ý Asimismo, junto al verso 6, 390
escribe : û in codice Pomponi non est. ý De nuevo, aparece un testimo-
nio maès de la existencia de coèdices pomponianos.
Estaèn identificados, por tanto, dos manuscritos atribuidos a la
mano, o sin duda al entorno, de Pomponio Leto tomando en cuenta,
no soèlo las caracter|èsticas del texto, sino las anotaciones pertinentes en
que se dice expl|ècitamente. Por otro lado, ya desde antiguo se sabe que
existe un testimonio lucreciano revisado por Leto, como se senìalaba en
la edicioèn de Bolonia de 1511 28. Y, como se ha dicho, estaè el texto ano-
tado y corregido de 1486 que es la prueba de un codex pomponianus y a
la vez otro testimonio de la transmisioèn del poema en Italia de la
mano de Pomponio Leto.

desde la prisioèn papal de Sant'Angelo entre los humanistas de la Academia Romana y su alcaide,

Rodrigo Saènchez de Areèvalo,


Madrid, 2008.
(23) Muzzioli, Due nuovi codici, p. 340, nota 3.
(24) Bertelli, Un codice lucreziano , p. 35.
(25) M. Campanelli, Una praelectio lucreziana de Pomponio Leto , en Roma nel Rina-
scimento , 1993, p. 17.

(26) Reeve , The Italian tradition, p. 39-40.


(27) Ibid., p. 30. Este es uno de los 12 manuscritos que Reeve indica que descien -
den del manuscrito L.
(28) Nolhac, La bibliotheéque de Fulvio Orsini, p. 207, nota 2.
un manuscrito de lucrecio 265

Del incunable de Utrecht hay que destacar ademaès los primeros dos
folios de guarda que la anteceden, donde se conserva una Vita Lucretii
escrita a mano por el propio Pomponio Leto 29. Esta Vita fue compuesta
para un curso en el que se estudiaba a Lucrecio y su poema, seguè n las
noticias que ofrece Campanelli, y que debioè de realizarse hacia el anìo
1492, seguèn la fecha escrita en el explicit donde se indica cuaèndo se ha
realizado la correccioèn y anotacioèn del ejemplar : octubre de 1492 30.
Tras este recorrido la primera conclusioèn a la que se llega es que
durante un lapso de tiempo que se estima entre 1458 hasta 1492, Pom -
ponio Leto trabajoè sobre el texto lucreciano, lo que da buena cuenta
del intereès que el poema despertoè en el humanista.
Se pueden senìalar, por tanto, los coèdices cuya copia se deben a Pom-
ponio Leto seguèn los estudios que se han citado : el Neapolitanus de
1458, el de Basilea de 1468 y la edicioèn de Verona de 1486 corregida y
anotada en 1492.

II ^ Hipoètesis sobre la copia de S

Llegados a este punto conviene centrar el estudio en el manuscrito


de Savignano sul Rubicone ; retomando la afirmacioèn de Reeve en la
que se alud|èa al Savignanus, hay que precisar hasta queè punto se debe
de aceptar o queè se puede cuestionar 31. En principio, parece que la
filiacioèn con el Ottobonianus al que hace mencioèn, manuscrito Vat.
Ottob. Lat. 1954, que se fecha hacia 1466, no ofrece mayor problema,
sobre todo porque afirma que una vez que Pomponio Leto hubo corre-
gido N, de eèl salieron cuatro manuscritos entre los que se encuentra
este Ottobonianus 32. Este manuscrito va firmado por Sulpicio Verulano,
quien colaboroè con Pomponio Leto en la elaboracioèn de la editio prin-
ceps de la obra De aquis de Frontino, es decir, que queda demostrada
que hubo relacioèn entre ambos. Con esta filiacioèn se comprueba cuaèl
es el eslaboèn entre el Neapolitanus y el Savignanus que corresponder|èa al
Ottobonianus, como sen ì ala Reeve, por lo que a la propuesta de una
familia de manuscritos lucreciana salida de la labor de Pomponio Leto
habr|èa que anìadir este manuscrito Ottobonianus y, por tanto, tambieèn
el Savignanus. Y con esta afirmacioèn no se quiere decir que estos manu-
scritos salieran de la pluma de Pomponio, sino que estaèn copiados a
partir de su texto.

(29) El texto estaè editado y estudiado por G. Solaro, Lucrezio. Biografie umani -

stiche,
Bari, 2000, p. 26-30.
(30) Campanelli , Una praelectio lucreziana.
(31) Reeve , The Italian tradition, p. 35. Vid. nota 12.
(32) Ibid., p. 35.
266 antonia riè squez

Una de las obras que acompanìan en el mismo coèdice al De rerum


natura es parte de las cartas de Plaètina. Y no parece una asociacioèn
balad|è, puesto que Plaètina era uno de los miembros de la Academia
fundada por Leto, y ademaès estuvo retenido en la caèrcel del Castel
33
Sant'Angelo en Roma junto a eèl . Es maès, segu
è n cuenta Sisci, el papa
Pablo II hab|èa encerrado en la caèrcel a los humanistas de la Academia
Romana ; Pomponio Leto hab|èa conseguido huir a Venecia, y Pablo
34
II lo mandoè perseguir y traer a Roma encadenado desde all|è .
Por tanto, cabe plantearse la posibilidad de que el manuscrito Savi-
gnanus no sea tanto una copia de Sulpicio Verulano hecha a partir del
35
texto de Leto como dice Reeve , sino que sea el texto de Pomponio
Leto, hecho durante su periodo de reclusioèn y que se copioè junto con
las cartas de Plaètina ; es decir, por una simple razoèn espacio-temporal
pudieron ser copiados juntos ambos textos, ya que su encarcelamiento
. Llega-
36
fue de 1468 al 1469 fecha en la que estaè datado el manuscrito
dos a este punto tenemos que recordar la frase que transcribe E. Pelle -
, en la que se dice que el coèdice de Basilea fue escrito por Pompo-
37
grin
nio durante su reclusioèn en la caèrcel. As|è pues, se puede pensar que si
pudo copiar un manuscrito cuando estaba encarcelado, tambieè n pudo
hacer otro junto a las cartas de Plaètina.
En relacioèn con esto cabe preguntarse por queè entonces no lo senìala
en el coèdice, a lo que se puede responder que el Savignanus estaè muti-
lado por su parte final. Siguiendo el ejemplo de los testimonios pompo -
nianos podr|èa haber anìadido un explicit en el que revelara su autor|èa,
pero tan soèlo podemos hacer conjeturas al respecto.
Obviamente no podemos pensar en una copia autoè grafa al modo de
38
los bellos ejemplares que se conocen de eèl , sino de una copia mucho
maès raèpida y descuidada. Pero ciertamente si comparamos la caligra -
f|èa, si no exactamente igual, s|è que es bastante similar, por lo que pode-
mos pensar en una copia al menos realizada bajo su supervisioè n y por
un miembro de su Academia. Ademaès como dice Muzzioli la escritura
de Pomponio Leto, auèn conservando caracter|èsticas fundamentales,

(33) Cap|ètulo bien estudiado en Zabughin, Giulio Pomponio, y Sisci, Profilo bio-

grafico. Afortunadamente, todos los aspectos biograè ficos estaèn siendo revisados y

actualizados en trabajos recientes como el de M. Accame, Pomponio Leto. Vita e inse -

gnamento, Roma, 2008.

(34) Sisci, Profilo biografico, p. 40.

(35) Reeve, The Italian tradition, p. 35.

(36) En el folio 76r del coèdice que es donde acaba el De rerum natura y comienza

la siguiente obra, leemos al pie : û Die XVI Augusti 1468 ý.

(37) Pellegrin, Le Codex Pomponii, p. 78.

(38) Zabughin, Giulio Pomponio, vol. II, donde se hace un repaso de su labor filo -

loègica.
un manuscrito de lucrecio 267

evoluciona y se transforma a los largo de los anìos, y as|è se puede obser-


var que desde una graf|èa diminuta y regular se pasa a una graf|èa de
mayores dimensiones y de un aspecto menos elegante 39. Ademaès como
dice Wheelock, autor de uno de los art|èculos, aunque algo antiguo,
maès completos en relacioèn a la escritura de Pomponio Leto, hace hin-
capieè en la misma idea de la evolucioèn de su letra 40. Por otro lado, hay
que tener en cuenta que estamos hablando de una copia hecha en unas
condiciones de privacioèn de libertad. No obstante, no se puede afirmar
a la luz de los testimonios que sea el mismo copista, pero indudable-
mente la relacioèn paleograèfica lleva a pensar que al menos se estaè
hablando de una misma escuela :

N, v. 6, 1281-1286 41

S, f. 76r, v. 6, 1281-1286

(39) Muzzioli, D ue nuovi codici , p. 347.


(40) F. M. Wheelock , Leto's hand and Tasso's Horace, en Harvard studies in classical
philology, 52, 1941, p. 111.

(41) La ilustracioèn estaè extra|èda del art|èculo de Bertelli , Un codice lucreziano,


p. 32.
268 antonia rièsquez

v, f. 21v

S, f. 9r

Por tanto, se puede proponer que no uno, sino dos coè dices salen en
este momento de encarcelamiento de las manos, o al menos de la
supervisioèn directa de Leto, el coèdice de Basilea y el Savignanus. Y no es
descabellado llegar a esta conclusioèn si se tienen en cuenta las condi-
ciones de reclusioèn que se dan en la prisioèn del Castel Sant'Angelo.
Como se dice en la edicioèn de la correspondencia de Rodrigo Saènchez
de Areèvalo, alcaide de la prisioèn en estos anìos, con sus prisioneros esta-
blecioè una relacioèn intensa a traveès de las numerosas cartas que se
42
escrib|èan, hasta llegar a establecer unas relaciones cordiales . As|è se
puede imaginar sin temor a equivocarse que se dan las condiciones
adecuadas para que los humanistas sigan ejerciendo su labor filoloè gica
de edicioèn y estudio de los claèsicos, pues como se dice û propicioè, de
espaldas al papa Pablo II, el resurgir en la caèrcel de la actividad cultu-
43
ral de la Academia Romana . ý Es maès, en esta misma obra se senìala
que el mismo Pomponio Leto escribe sobre el caraè cter bondadoso de
Saènchez de Areèvalo, que proporciona la ayuda necesaria a los estudio-
44
sos para continuar su labor en reclusioèn .
Llegados a este punto se pueden recordar las palabras de Reeve
donde alude a la tentacioèn de establecer en el stemma lucreciano una
45
nueva familia de manuscritos napolitanos . A la vista de los datos
expuestos, es obvio que ahora la tentacioèn es hablar de un grupo de
manuscritos elaborados por Pomponio Leto que incluir|è an el Neapolita-
nus, el Basiliensis y el Savignanus como elementos principales, y a partir
de ah|è los que se copiaron posteriormente, y donde se incluir|èa tambieèn
el incunable de Utrecht. La cuestioèn que quedar|èa pendiente, y que no

(42) Gonzaèlez Rolaèn , Ex castro, p. 11.

(43) Ibid., p. 30.

(44) Ibid., p. 35.

(45) Reeve , The Italian tradition, p. 32 : û It is tempting to speak of a Neapolitan

group, because A seems to have been written at Naples, B and Harl. 2694 are Nea-

politan products, and Leto spent his early life at Naples. ý


un manuscrito de lucrecio 269

se va a estudiar en este art|èculo, es la identificacioèn del -


codex Pomponia
nus al que Pomponio Leto se refiere en el de la edicioèn de
explicit
Verona: la interrogante no ser|èa tanto cuaèl de los manuscritos senìala-
dos utilizoè, o si, en realidad, se estaè hablando de alguèn otro manuscrito
que no ha sido identificado. De igual forma, tampoco queda despejada
la incoègnita de cuaèl fue el manuscrito que Pomponio manda a Poli-
ziano, aunque es aceptable pensar por las 46noticias que ofrece, que sin
duda pertenece a la tradicioèn pomponiana .
III ^ Anaèlisis del texto De rerum natura del manuscrito S
Una vez hecha la propuesta de una familia de coèdices pomponianos
hay que analizar el texto de S, pues las variantes textuales son las que
pueden verificar o desmentir la hipoètesis que ha sido formulada. En
primer lugar hay que senìalar los materiales que han servido para reali-
zar el estudio de este manuscrito. No se ha consultado el coèdice direc-
tamente sino a traveès de una reproduccioèn digital en color, lo que per-
mite apreciar maès detalles que un microfilm u otro tipo de copia
tradicional. No obstante, aunque permita una descripcioèn fiable del
contenido textual del mismo, una descripcioèn codicoloègica precisa no
es posible con el material del que se ha dispuesto. El procedimiento
seguido para el anaèlisis del texto ha sido el cotejo de la copia digital
del manuscrito con distintas ediciones, lo que ha dado como
Savignanus
resultado un buen nuèmero de variantes a partir de las cuales confirmar47
la relacioèn de S con los diferentes coèdices de la tradicioèn italiana .
Ademaès se ha utilizado el ejemplar escaneado y disponible en internet
de la edicioèn de Verona de anotada y corregida por
De rerum natura
Pomponio Leto 48. Los estudios sobre el tema tambieèn proporcionan
un importante nuèmero de variantes para analizar. Hay que destacar
que este manuscrito no ha sido revisado en profundidad anterior-
mente, por lo que ha sido precisa una colacioèn completa del texto con
las ediciones senìaladas.

(46) Vid. p. 264; cf. Reeve, , p. 40.


The Italian tradition

(47) Las ediciones utilizadas para el cotejo de variantes han sido: J. Martin,
T. Lucretius Carus. De rerum natura, Leipzig, 1969; A. Garc|èa Calvo, T. Lucretius

Carus. De rerum natura, Zamora, 1997; C. Bailey, ,


Lucreti de rerum natura libri sex

Oxford, 1947-1950; E. Valenti, , Barcelona,


T. Lucretius Carus. De rerum natura

1961.
(48) http://digbijzcoll.library.uu.nl/lees_gfx.php?lang=en&W=On&BoekID=
282 &PageOrder=1.00&style=fmw [consulta: 23/2/2009]
270 antonia rièsquez
Parece pertinente, por tanto, hablar de las caracter|èsticas que maès
llaman la atencioèn tras la lectura de S. As|è, hay que destacar una
interpolacioèn entre los versos 3, 677 y 3, 678, donde leemos :

Nec quisquam philosophiam quam lingua latina


Doctrina non habet sapientia quae peribbetur
In somnis uidit prius quam ipsam doscere caepit.

La naturaleza de los versos es eminentemente filoloègica, es decir,


que se puede pensar que eran una glosa que acaba incorporaèndose al
texto. Si esto es as|è, dicha glosa aparecer|èa en alguno de los otros
manuscritos que salen de la mano de Pomponio Leto, puesto que en el
incunable de Utrech no aparecen. Otra explicacioèn podr|èa ser que los
anìade mientras hace esta copia. Una tercera explicacioèn es que un
copista proèximo a Pomponio pero que no es eèl, utiliza uno de sus
manuscritos e introduce esta glosa en el cuerpo del texto. De lo que no
cabe duda es de que hay una probabilidad de que estos versos salieran
de la pluma de Leto, teniendo en cuenta las caracter|èsticas que senìala
Muzzioli respecto a la frecuencia con que el humanista anota los textos
que copia, bien con juicios personales, bien con aclaraciones de tipo
lingu«|èstico, cultural o del tipo que en el pasaje se requiera para su acla-
racioèn 49.
Al mismo tiempo se encuentran adiciones marginales de tipo erudito
como en 1, 84-85 donde encontramos una amplia explicacioèn de queè
es la Aèulide, junto a otras glosas maès breves ofreciendo datos mitoloègi-
cos y literarios. Auèn maès abundantes son las anotaciones de este tipo
en v.
En 1, 837 hay una anotacioèn de tipo lingu«|èstico al margen para
explicar el contenido del verso visceribus viscus gigni sanguenque creari :

Vices in singuli. Sanguen pro sanguinis.

Igualmente en 1, 1113 :

Opella : diminutiuum ab opere.

En v soèlo aparece la palabra opella escrita al margen, pero en 2, 428


s|è que se lee una anotacioèn muy parecida : 50

Angellis : diminutiuum est ab angulo.

(49) Muzzioli, Due nuovi codici, p. 343.


(50) De ambas se ha ofrecido la ilustracioè n en las paèginas precedentes.
un manuscrito de lucrecio 271

Tambieèn son llamativos los versos 1, 1068-1075 que estaèn omitidos


en QG y mutilados en O. La reconstruccio è n que se suele citar es la
realizada por Munro en su edicioèn 51 :
55
1, 1068 sed vanus stolidis haec error falsa probauit,
amplexi quod habent perv ersa rem ratione;
44
5
1, 1070 nam medium nil esse potest, quando omnia constant>
55 4 4
infinita. neque omnino, si iam <medium sit ,
possit ibi quicquam consistere eam magis ob rem>,
quam quavis alia longe ratione repelli :
55 4 4
omnis enim locus ac spatium, quod in ane vocamus ,
1, 1075 per medium, per non medium concedere debet .
En S se lee:
1, 1068 Sed uanus stolidus haec omnia sinxit error
Amplexi quod habent spatium per utrunque uiai
1, 1070 Nam nuduium nichil esse potest sine fine manentum
Infinitum autem non denique omnino si iam
Possit ibi quicquam medium consistere rebus
Quam quanuis alia longe ratione tueri
Omnis enim locus ac spacium quod inane uocatum
1, 1075 Per medium per non medium concedere oportet.
Mientras en se leen los versos mutilados en el texto impreso y com-
v
pletados con las palabras de Pomponio, dando un resultado praèctica-
mente ideèntico al del manuscrito S, aunque con dos variantes en
1, 1068 sinxitS: y 1, 1071
finxerit v S:
denique omnino omnino denique v.
Sin entrar a valorar la correccioèn de la propuesta de Pomponio
Leto, s|è que nos parece interesante contar con una conjetura del siglo
xv, para al menos tenerla en cuenta en posteriores ediciones. Hay que
recordar tambieèn la alusioèn que hace Poliziano a estos versos y su
inclusioèn en un coèdice pomponiano, a lo cual ya se ha hecho men-
cioèn 52.
Aparecen algunas correcciones al texto entre las que hay que desta-
car las siguientes: en 1, 22 la lectura de que no coincide con nin-
auras
guèn otro manuscrito, y que viene corregida al margen por que es oras
la comuènmente aceptada. En 3, 924 encontramos al margen motibus
que es la lectura del frente a la palabra corregida -
consensus codicum sensi
bus que soèlo aparece en S. Y finalmente en 4, 77 hay una conjetura
muy interesante, puesto que falta la uèltima palabra del verso en O y
(51) H. A. J. Munro, T. Lucreti Cari De rerum natura libri sex , vol. I, New York &
London, 1908 (reimpr. 1978), p. 75.
(52) Vid. p. 264; cf. Reeve, The Italian tradition , p. 40.
272 antonia rièsquez
en los italianos, mientras que en S se lee circum, que sin duda se explica
como un paralelo al theatris del verso anterior. La misma conjetura la
corrobora Pomponio como correccioèn al margen en v.
Otra de las caracter|èsticas a tener en cuenta son las lagunas del
manuscrito. Hay que distinguir dos tipos de lagunas principales : las
que provienen de la mutilacioèn del coèdice, y las que son productos de
un error en la copia.
Producto de la mutilacioèn son las que se extienden desde 1, 243
hasta 1, 651 y desde 4, 642 hasta 5, 178, y que estaèn situadas entre los
folios 3v-4r y 44v-45r. Con esto se deduce que quien numeroè el coèdice
no advirtioè que se hab|èa sustra|èdo un nuèmero importante de folios,
puesto que la numeracioèn es continua desde el folio 1 hasta el 76
donde finaliza el poema, y no se interrumpe en las obras copiadas a
continuacioèn. Ademaès tampoco es perceptible en el texto que aparen-
temente estaè copiado ininterrumpidamente. En total el poema estaè
copiado en ocho seniones de los cuales estaèn mutilados el primero
donde faltan cinco folios entre el 3v y 4r, que abarca desde los versos
1, 242-1, 652 ; en el caso del quinto senioèn la mutilacioèn es mayor : fal-
tan diez folios entre el 44v y el 45r donde estaban copiados los versos
4, 641-5, 178.
Por otro lado, estaèn las dos lagunas que senìala Reeve en 2, 293-297
y 6, 20-23 que fil|èan el Savignanus con el Ottobonianus 53. A eèstas ademaès
se pueden anìadir otro buen nuèmero de lagunas que lo emparentan con
otras familias de manuscritos : 2, 42-43 como en L 54 ; 2, 492-494 al
igual que en ABL 55, laguna que tambieèn falta en la parte impresa de v
pero que Pomponio ha anìadido al margen ; 2, 528-529, 3, 398-399,
4, 567-570, 5, 473-474, 6, 207-209 que igualmente en v no estaèn
impresos sino anìadidos al margen a mano, lo que lleva a suponer que
el coèdice que sirvioè de base para la elaboracioèn de la edicioèn impresa
ser|èa de la misma rama que uno de los que usara en su origen Pompo-
nio Leto. Tambieèn se encuentra a menudo la falta de alguèn verso que
a menudo es por error del copista aunque hay que subrayar el 2, 1169
que se encuentra omitido en toda la tradicioèn italiana 56, y el 6, 824
omitido tambieèn en v y anìadido al margen. Asimismo se puede
subrayar el verso 2, 1122 que falta en AB tambieèn, y el 6, 846 que estaè
sustituido por el 6, 823 pero entre aspas, habiendo sido senìalado por el
copista o por un revisor consciente de que ese verso no estaè en su sitio.
Es decir, las lagunas tambieèn son relevantes para la filiacioèn del
manuscrito, puesto que aunque hay un buen nuèmero de faltas que

(53) Ibid., p. 35.


(54) Ibid., p. 31.
(55) Ibid., p. 32.

(56) Cini , La posizione degli û Italici ý , p. 166.


un manuscrito de lucrecio 273

pueden ser fruto del error de esta copia concreta, las que se han senì a-
lado ayudan en la tarea de filiacioèn del coèdice. Por contra, hay que
senìalar la alusioèn de Poliziano del verso 6, 390 û in codice Pomponi
non est ý, y que, sin embargo, s|è aparece en S.
Destacan en el manuscrito lecturas que no se encuentran en ninguna
otra copia ni senìaladas en las ediciones, de entre las que se pueden
senìalar las siguientes 57 :

S W O Q FC A B Ed.
Marullus
1, 43 (v) debesse desse

2, 8 sedita edita editum

2, 390 corpora sunt corpora sunt


quam qui quam de
limosus quibus est
liquor liquor almus
aquarum ? aquarum ?
2, 595 quoniam unde

2, 1115 aethera atque aether aethera-


aether que aether
2, 279 in corpore iector (U) pectore
nostro iectore nostro
no
4, 116 eorum sunt ut (QL) eorum ut ut ut
eorum horum horum
4, 265 quom contundimus cum cum tun-
contundimus tundi- dimus
mus
5, 586 eorum horum illos

6, 1220 fortia 5 4
tris tia fortis iam ulla
quoque
6, 1249 in letum iniectum in letum

Cuando se indican las variantes de los editores, se remite siempre a


las que se indican en los aparatos cr|èticos de las ediciones manejadas
cuando se trate de ediciones antiguas, o en su defecto al editor de la
edicioèn en cuestioèn. As|è, la lectura del editor Marullus que se ha senìa-
lado en el cuadro de variantes aparece en la edicioèn de Joseph Martin,
y hace referencia a la edicioèn de 1512 58.
De las variantes senìaladas destaca aquella que estaè confirmada
en v. Hay que resaltar que en la mayor|èa de las casos la edicioèn de

(57) La sigla W es la forma de aludir al consensus codicum en las ediciones de

Martin
Lucrecio.
(58) , T. Lucretius Carus, p. 281.
274 antonia rièsquez
Verona sigue las variantes de F, lo que puede llevar a pensar que estaè
editado a partir de una copia de F. No obstante, la lectura que se ha
senìalado en el cuadro de variantes no son de la parte impresa, sino
una correccioèn de Pomponio Leto, que, como queda demostrado,
enfrenta ambos testimonios al resto de la tradicioèn lucreciana.
Destaca la variante 6, 1220 donde Pomponio en v anota al margen :
û tristia, aliter fortia ý. La primera es la lectura que se reconstruye en
la mayor|èa de manuscritos, y la segunda la lectura que encontramos
en S. Por otro lado la variante impresa es noctis, que aunque no apa-
rece en ninguèn otro testimonio, estaè maès cercana al fortis de FC. Esta
es una caracter|èstica a destacar en el incunable de Utrecht : Pomponio
Leto no se limita a dar la lectura que considera correcta, sino que a
menudo anota las variantes que conoce.
A veces aparece un cambio en la posicioèn de los versos que no apa-
rece en el resto de los testimonios, puesto que no se anota en ninguè n
aparato cr|ètico : los versos 2, 308-311 van detraès del 315 : 4, 277-278 se
intercambian el orden ; 4, 426-428 estaèn copiados tras el 439 ; el verso
5, 335 estaè detraès del 342 : y el verso 5, 800 estaè repetido tras el 5, 792.
Estos cambios tampoco aparecen en v por lo que se puede deducir que
son errores o despistes del copista.
Vemos que de estos ejemplos propuestos se puede extraer una con-
clusioèn respecto a esta cuestioèn : hay dos tipos de divergencias, las que
son simplemente una variante y que a veces constituyen un claro error,
como por ejemplo en 1, 191 donde las variantes quaeque O : quicque Q
quae S afectan a la meètrica, o en 2, 776 donde el cambio de orden de
semina sunt la altera igualmente. Y un segundo tipo de divergencias son
las que provienen de la correccioèn por parte del copista de un error en
el texto como en los ejemplos 5, 586 o 6, 1220 que se han senìalado
arriba.
Otra de las caracter|èsticas que se puede senìalar de S son aquellas
variantes en las que se corroboran la conjetura que un editor ha hecho
posteriormente. Entre todas las que se han detectado es posible senì alar
algunas significativas :

S W Edd. Bailey Lachmann Diels Munro


1, 794 quod quae quod
1, 932 pergo porgo (4, 7)
pergo
1, 1077 venerunt vener O : venir venerunt
Q
3, 769 toto quoque toto
5, 1451 polire polito polire
un manuscrito de lucrecio 275

Es posible senìalar otro tipo de caracter|èsticas de S que son las que lo


filian con las distintas ramas de la tradicioèn manuscrita italiana.
Habr|èa que destacar en primer lugar aquellas variantes que lo alejan
del conjunto de los italianos. En realidad soèlo se puede senìalar una
realmente significativa en 6, 1064 donde flumina es la lectura de
OQUS que se considera un error, frente al resto de testimonios que es
flumine. Parece que la explicacioèn maès adecuada para esta divergencia
es que un error del copista coincide con la lectura de los testimonios
antiguos, es decir, que no es definitoria.
En segundo lugar, hay que subrayar aquellas variantes que lo unen
a los dos manuscritos que se han senìalado como autoègrafos de Pompo-
nio Leto, N y Ba.
Se ha comentado la cita de Reeve en la que senìala dos variantes que
distinguen al manuscrito N respecto a la tradicioèn, y que lo emparen-
tar|èan con S seguèn el cuadro que se propone a continuacioèn 59 :

SN AB FL
2, 828 extinguique extinguique stinguique
2, 893 gigni progigni gigni

En cuanto a estas variantes hay que senìalar que en v no aparecen


correcciones, quedando el impreso con las lecturas stinguique y gigni
respectivamente.
Respecto al coèdice de Basilea el art|èculo de Mu«ller aporta un buen
nuèmero de variantes de las cuaèles es posible destacar algunas 60 :

SFCBa W Q OQ Oc
4, 77 circum om. fluctus
6, 768 nam nunc ipsa de nam de re nunc
re dicere ipsa dicere
5, 995 ulcera uicerat (PLB) uiscera

SFBa W OQG Oc OQV PLAB


renidescit (O c) renitescit renidescit
2, 326
opinoret opinoret opinore opinor
2, 1153 immortalia immortalia immortalia immortalia

De todas ellas, en v aparece la lectura de S y Ba tras la correccioèn


hecha por Pomponio.

Reeve
Mu« ller
(59) Cf. , The Italian tradition, p. 32.
(60) Cf. , De codicum Lucretii Italicorum origine , p. 166-178.
276 antonia rièsquez
En tercer lugar, conviene volver a recordar el art|èculo de Reeve al
hablar de la complejidad del Neapolitanus, puesto que senìala que estaè
copiado a partir de tres coèdices diferentes 61. Esto lleva a plantearse
cuaèles fueron los manuscritos que debioè de utilizar Pomponio Leto
para su copia. Tras una lectura y anotacioèn de las variantes que se
han encontrado en S parece claro que se han utilizado tres familias de
manuscritos : FC, AB y L, con una preeminencia de la primera, y
sobre todo del manuscrito F. As|è, de las 166 variantes estudiadas 45
corresponden a coincidencias de lectura soèlo con F, 12 con L y 28 de
los tres grupos frente al resto de manuscritos. El resto de las variantes
unen a S con dos o maès manuscritos de los tres grupos mencionados.
Es decir, que a simple vista, se puede concluir con una utilizacioèn
mayor del grupo FC, seguido por AB y con correcciones de L.
No obstante, hay que hacer alguna precisioèn. Por un lado, cuando
se habla del grupo FC, nos referimos sobre todo a F, puesto que soèlo en
dos ocasiones se sigue la variante de C frente a F :

CS F W
2, 85 concita percita cita
6, 1282 res (Q2) uis om.

En la primera lectura v sigue la lectura de CS tras la correccioèn de


Pomponio, pero en la segunda encontramos de nuevo una de las carac-
ter|èsticas que se observa en las anotaciones del humanista : la edicioèn
sigue la lectura del consensus, y en su correccioèn anìade las dos lecturas,
uis aliter res.
Frente a las dos lecturas en que coincide con C se subrayan las 45 de
F, entre las que es posible senìalar :

FS W OQG L ABL It. AB


qui olidi di : caeli
2, 421 foedi
Q2
2, 446 per ramos ramosis ramos
2, 512 in om.
3, 827 admissa malis male
admissa
5, 1010 letum om.
aperta rara strata
6, 332

La variante de 2, 512 es particularmente destacable puesto que en


la edicioèn de Lachmann se conjetura un sed, lo que viene a reforzar la

(61) Cf. Reeve, The Italian tradition, p. 35.


un manuscrito de lucrecio 277

idea de que efectivamente falta una s|èlaba en el verso, y en otras edi-


ciones, como la de Martin, se anìade un in entre corchetes angulares 62.
Ademaès hay que destacar que es la uènica lectura que no ha corregido
Pomponio en v y por ello coincide con el consensus ; el resto de variantes
tras la correccioèn oportuna coincide con FS, excepto en 5, 1010 donde
anìade una variante nueva, corpus.
En cuanto a las lecturas que enfrentan el grupo FC a los demaès
destacan :

SCF W
2, 205 se om.

2, 428 et que lac.

5, 143 in om.

6, 336 plaga sit plagasi


6, 128 consortem om.

6, 336 plagasi es lo que ponen los manuscritos menos CFS que corri-
gen con plaga sit, sin duda con la misma intencioèn que Lachmann
cuando conjetura plagast 63. De nuevo, en v estaèn corregidas las lecturas
por Pomponio Leto y confirma las variantes propuestas por SCF.
Se encuentran un buen nuèmero de lecturas en que S coincide con los
grupos CF y AB ; como sucede en los casos anteriores v confirma las
variantes que aparecen en S mediante correcciones y anìadidos margi-
nales :

SABCF SACF SBCF SAF W O Q L


2, 882 in 5 4
in
3, 159 animai animi ui54
5, 587 est lac.

5, 1449 et om.

6, 44 et om.

6, 465 uti turba uti uti utitur


minore turbammor tubamur sammor

El nuèmero de lecturas que siguen soèlo a los manuscritos del grupo


AB es mucho menor pero es posible senìalar algunas :

SAB SB O Q A L F
2, 373 quid (G) qui qui quidue quando qui
6, 589 passim (O2Q1) (Q2) pessum pessum
possum : (O1) pessum
dossum
6, 862 pura para para parua

(62) Martin
, T. Lucretius Carus , p. 62, donde ademaès senìala que estaè propuesto
por Lachmann.
(63) Lachmann, In T. Lucretii Cari... libros, p. 368.
278 antonia riè squez

Como ya se ha indicado, las lecturas coincidentes con L 64 son menos


numerosas pero se pueden comentar las siguientes, que tambieèn apare-
cen en v :

SL W OQ BF A
1, 843 ulla parte idem ulla idem parte
5, 327 aliasque ali qoque alii quoque alioque

Y finalmente se puede indicar un nuèmero importante de variantes


que coinciden con los manuscritos ABCFL, es decir, con los tres grupos
de manuscritos que se han senìalado, o bien, con dos de ellos. Al igual
que sucede en otros casos, el incunable de Utrecht sigue la lectura que
aparece en S. Como ejemplos se proponen las siguientes :

S BFL BCFL CFL FL W OQVA AB


3, 58 et et om.

3, 566 per per om.

2, 696 longe longe rerum


2, 230 aera aera aera rarum lac.

deorsum deorsum
3, 609 accedere accedere succedere

SABL W F
2, 918 id om. in
3, 1031 superare lacunas super ire lucunas

Al igual que otros cr|èticos Mu«ller en su art|èculo utiliza distintos


pasajes y variantes para hacer la filiacioèn de los manuscritos italianos
de Lucrecio. Al final de dicho trabajo 65 anìade algunas de las variantes
que considera maès representativas y las ilustra en el stemma que pro-
pone al inicio del art|èculo y que posteriormente ha sido utilizado por
Reeve 66. Utilizando una de estas variantes, se puede proponer el
stemma con la variante inclusa de S, de tal manera que se podr|èa hacer
descender de las tres familias de manuscritos que se han senìalado, pero a

(64) Hay que comentar que Mu«ller senìala como manuscritos del tercer grupo a
L y P (Mu«ller , De codicum Lucretii Italicorum origine , p. 166). Sin embargo, Reeve ve
problemas en esta filiacioèn, puesto que indica que no ve el motivo contundente por
el que Mu«ller indica que es hermano y no descendiente de L (Reeve, The Italian tra-
dition, p. 29). Sin embargo, indica una laguna en L que no estaè en P la 2, 42 -43, por

lo que consideramos que es maès plausible pensar que son hermanos antes que decir
que P desciende de L.
(65) Mu«ller, De codicum Lucretii Italicorum origine, p. 176-178.
(66) Reeve , The Italian tradition, p. 29.
un manuscrito de lucrecio 279

la vez se indica la nueva familia salida de la mano de Pomponio Leto


donde se anota el manuscrito S y Ba, y se anìade, con la variante que se
indica, el incunable de Utrecht.
Hay que senìalar que el cuadro que se propone ha sido simplificado
en relacioèn con estudios anteriores, puesto que el paso del Oblongus al
Poggianus, ha sido objeto de estudios en profundidad a los que ya se ha
hecho alusioèn 67. No obstante, en lo substancial se ha mantenido el
stemma propuesto por Mu«ller, que ha sido cuestionado por Reeve 68,
pero que puede servir para ejemplificar la cuestioèn que se ha tratado a
lo largo de la exposicioèn. La variante seleccionada ha sido la que cor-
responde al verso 6, 324.

(67) Cini, La posizione degli û Italici ý.


(68) Reeve, The Italian tradition, p. 29-30.
280 antonia rièsquez
IV ^ C onclusiones
Dos han sido las ideas principales expuestas en este trabajo. Por un
lado se ha ofrecido una descripcioèn del coèdice Savignanus que hasta la
fecha no se hab|èa estudiado en profundidad, y que, a excepcioè n de la
mencioèn de Reeve, no hab|èa sido tenido en cuenta a la hora de hablar
de la tradicioèn manuscrita italiana de Lucrecio.
Por otro lado, la gran conclusioèn que se puede extraer de la exposi-
cioèn es que junto a las ramas principales de la tradicioèn lucreciana en
Italia hay que anìadir una familia proveniente de los tres grupos de
manuscritos maès importantes, y que se deben a la labor de Pomponio
Leto. Esto supone no soèlo una revisioèn de la tradicioèn del De rerum
natura sino tambieèn de la labor filoloègica del humanista, puesto que el
intereès que despertoè el poema fue tal que lo estudioè, lo editoè y lo
comentoè durante toda su carrera. El comienzo de este intereè s lo pode-
mos fijar en el anìo 1458 cuando copia de manera autoègrafa el Neapoli-
tanus, y lo culmina en 1492 cuando anota y comenta al margen el incu-
nable de Utrecht. Ademaès el Ottobonianus, el Savignanus y el Basiliensis
no son sino muestras de este intereès que le acompanìoè siempre, y nos
proporcionan las herramientas necesarias, a traveès del estudio de sus
lecturas y variantes, para conformar la familia de manuscritos que
hemos propuesto en este trabajo. Posiblemente sean maè s los testimo-
nios que se puedan anìadir a esta familia, pero son las variantes y las
pruebas codicoloègicas de eèstos los que hemos estudiado en estas paègi-
nas.
Este trabajo se une ademaès al estudio de la figura de Pomponio
Leto, y viene a ratificar la importancia que dentro del movimiento
humanista tuvo su labor. No es casualidad que fuera el fundador de la
Academia Romana : su labor filoloègica se caracteriza no soèlo por su
cantidad, sino tambieèn por su calidad. Sirva de muestra el trabajo que
hizo en torno al De rerum natura, puesto que no se conformoè con
copiarlo y comentarlo, sino que comparoè distintas copias para llegar
al texto que consideroè oèptimo, praèctica que los editores actuales
desempenìan para elaborar una edicioèn cr|ètica.

Antonia R|èsquez Madrid


Universidad Complutense de Madrid
SALLUST'S HISTORIAE IN EUMENIUS'

PRO INSTAURANDIS SCHOLIS

A NEW SOURCE FOR FRAGMENT I.11

MAURENBRECHER*

1. Has the earliest citation of fragment I.11 Maurenbrecher been heretofore


ignored ?

At the end of the speech Pro instaurandis scholis (i. e., the scholae
Maenianae of Augustodunum, now Autun) delivered by Eumenius
(one of the authors of the Panegyrici Latini)
1
in Gaul ca. ad 298, a
passage is quoted from the beginning of fragment I.11 Maurenbrecher
of Sallust's Historiae.
Eumenius, after having celebrated the restoration of the power of
the Roman Empire, insists as well on the necessity of stimulating a
revival of Roman eloquence :

Quo magis horum [scil. imperatorum] nova et incredibilis est virtus et

humanitas, qui inter tanta opera bellorum ad haec quoque litterarum

exercitia respiciunt atque illum temporum statum quo, ut legimus,

Romana res plurimum terra et mari valuit, ita demum integrari putant, si
2
non potentia sed etiam eloquentia Romana revirescat .

As the parenthetic clause ut legimus makes evident, this is a citation


from the Historiae, that is, the beginning of fragment I.11M in the still
authoritative edition of Maurenbrecher that records the many cita -
tions of and allusions to this fragment in the imperial age :

Res Romana plurimum imperio valuit Servio Sulpicio et Marco Marcello

consulibus, omni Gallia cis Rhenum atque inter mare nostrum et Ocea -

num, nisi qua paludibus invia fuit, perdomita. Optimis autem moribus

et maxima concordia egit inter secundum atque postremum bellum Car -


3
thaginiense .

* Un grazie di cuore a Patricia Osmond per i consigli e l'incoraggiamento.

(1) On Eumenius see B. S. Rodgers, Eumenius of Augustodunum, in Ancient society,


t. 20, 1989, p. 249 -266. In the quotations of the Panegyrici Latini I follow the chrono -

logical order with the roman numbers, because the arabic numbers are traditionally

used for the order of the speeches in the manuscript tradition : see D. Lassandro,
Introduzione, in Panegirici Latini, Turin, 2000, p. 10.

(2) Pan. V.19.4 ; unless otherwise noted, the Latin text of the Panegyrici is that of

D. Lassandro and G. Micunco, Turin, 2000).


Revue d'histoire des textes, n.s., t. V, 2010, 281-290 ©
282 stefano trovato

Until now this citation has been ignored by editors and commenta -
tors of the Historiae and of the Panegyrici Latini. Yet it is important, inso-
far as it is one of the earliest citations, if not the earliest, of fragment
I.11M, later cited by Augustine and by authors of the fourth century,
as well as by Nonius Marcellus, whose dates, though uncertain, can
probably be assigned as well to this period. Moreover, it provides evi -
dence of the circulation either of the complete version of the Historiae
or of an anthology of Sallustian passages in the schools of Gaul at the
end of the third century. A similar argument has been made for Africa
during the time in which Augustine was writing his De civitate Dei, rich
4
with Sallustian passages . Sallust, rerum Romanarum florentissimus auctor,
as Tacitus had already referred to him earlier (Ann. III.30), was one of
the most widely studied authors in the schools . Therefore, it is not sur-
5

(3) C. Sallusti Crispi Historiarum reliquiae. Edidit B. Maurenbrecher, fasc. 2,

Stuttgart, 1967, p. 5 -7 ; C. Sallusti Crispi Historiarum fragmenta. Edidit commentario -

que instruxit R. Funari, Amsterdam, 1996, p. 25 -42. In Funari's commentary

(p. 695) the Panegyrici Latini of the third and fourth century are quoted only in re -

ference to fragment Historiae IV, 28 Maurenbrecher : it is a passage (Pan. XII.26.4)

written by Pacatus, author of the panegyric in praise of Theodosius of ad 389.

Funari and La Penna are preparing a new edition of the fragments of the Sallustian

Historiae. In the English translation by Patrick McGushin fragment I.11 Mauren -

brecher is divided in two fragments : I.9 (whose beginning is quoted by Eumenius)

and I.10 (Sallust, The Histories, translated with introduction and commentary by

P. McGushin, t. I, Oxford, 1992, p. 24).

(4) See M. Cagnetta, Il Sallustio di Agostino, in Quaderni di storia, t. 22, 1985,

p. 151-160, especially p. 154. On the dates of Nonius Marcellus see P. Gatti, Intro-

duzione a Nonio Marcello, in Prolegomena Noniana III, Genova, 2004, p. 5 -20. See

Gatti, op. cit., p. 6-7 on Keyser's hypothesis (Severan age) and Deufert's hypothesis

(between the end of fourth century and the beginning of fifth century) and Gatti,

op. cit., p. 14 on Della Corte's hypothesis (after Alexander Severus). According to

McGushin, Nonius was writing in the û early fourth century ad ý (Sallust, The

Histories, ed. P. McGushin, t. II, Oxford, 1994, p. 8). On the first book of Sal -

lustian Historiae in Nonius Marcellus see G. Garbugino, Il I libro delle Historiae di

Sallustio in Nonio Marcello, in Studi Noniani, t. 5, 1978, p. 39-94 (p. 40-44 on fragment

I.11 Maurenbrecher).

(5) See A. Pellizzari, Servio. Storia, cultura e istituzioni nell'opera di un grammatico

tardoantico, Florence, 2003, p. 229-231 and B. Rochette, Le latin dans le monde grec,

Bruxelles, 1997, p. 287 on Sallust's great fortune in the Later Roman Empire ; on

the transmission of the text of Sallustian works in the Later Roman Empire see

L. Canfora, Per una storia del canone degli storici : il caso del û corpus ý sallustiano, in

Societaé romana e impero tardoantico, t. IV : Tradizione dei classici. Trasformazioni della cul -

tura, Rome-Bari, 1986, p. 3-18, especially p. 6, about the great interest in the Histo-

riae in circles of school culture. On Sallust's fortune in the fourth century see also

A. La Penna, I flosculi sallustiani di Aurelio Vittore, in Acta Classica Universitatis Scien -

tiarum Debreceniensis, t. 40-41, 2004-5, p. 377-384 and F. Feraco, Ammiano geografo :

la digressione sulla Persia, Naples, 2004, p. 38 -40, 191-192, 223-224 and 280. On Sal -

lust's fortune in general see P. J. Osmond, R. W. Ulery Jr., Sallustius Crispus, Gaius,
sallust's historiae in eumenius 283

prising to find Sallustian quotations and allusions in the Panegyrici


Latini.

2. Sallust, the Panegyrici Latini and Gibbon

One clear example of Sallustian influence in the Roman Imperial


period is the description of the desperate struggle of Maxentius' fol -
lowers at the Milvian Bridge (28 October 312), in which an anony -
mous panegyrist in his praise of Constantine alluded to Sallust's
description of the defeat of Catiline's followers in 62 bc : û Nam fere
quem quisque uiuos pugnando locum ceperat, eum amissa anima corpore
tegebat ý (Sall. Cat. 61.2), surely the model for this passage :

Ad primum igitur adspectum maiestatis tuae primumque impetum to -

tiens tui victoris exercitus hostes territi fugatique et angustiis Mulvii

pontis exclusi, exceptis latrocinii illius primis auctoribus qui desperata

venia locum quem pugnae sumpserant texere corporibus, ceteri omnes in fluvium

abiere praecipites, ut tandem aliquod caedis compendium fessis tuorum

dexteris eveniret (Pan. IX.17.1).

This allusion is not a case of empty ostentation on the part of the


panegyrist. Rather, it is a further contribution to the damnatio memoriae
6
of the defeated Maxentius . The comparison strengthens the dark
portrait of the tyrannus, who is depicted as a new Catiline, one of the
most sinister figures in all Roman history beginning with the works of
Cicero and, in part, Sallust (whose ambivalent portrait of Catiline is
one of the starting points of the û paradoxical portrait ý in Latin litera -
7
ture) . The memorable image of Maxentius'praetorians, conscious of
their unpardonable guilt and prepared to fight to the death, struck the

in Catalogus translationum et commentariorum : Mediaeval and Renaissance Latin translations

and commentaries, t. VIII, Washington, D.C., 2003, p. 183 -326 (p. 190 -192 on the

times between the third century and the beginning of the Middle Ages ; bibliogra -

phy in p. 217 -220).

(6) D. Lassandro, Introduzione, in Panegirici Latini (n. 1 above), p. 16 -19 on the

portrait of the villain in the Panegyrici Latini, that goes back to the Marcus Antonius

in Cicero's Philippicae.

(7) On Catiline in ancient literature, see A. La Penna, Il ritratto û paradossale ý

da Silla a Petronio, in Rivista di filologia e di istruzione classica, t. 104, 1976, p. 270-293

(published again in A. La Penna, Aspetti del pensiero storico latino, con due scritti sulla

scuola classica. Politica e cultura in Roma antica e nella tradizione classica moderna : serie

prima, Turin, 1978, p. 193 -221). On Catiline in the Middle Ages see P. J. Osmond,

Catiline in Fiesole and Florence : the Medieval and Renaissance after -life of a Roman conspira-

tor, in International journal of the classical tradition, t. 7, 2000, p. 3 -38, especially p. 14 :

Catilina by the second and third centuries û had also come to symbolize the usurper

or tyrant, in contrast with ``legitimate emperors'' ý.


284 stefano trovato
imagination of another great historian, Edward Gibbon, who con -
cluded his account of the battle at the Milvian Bridge with the words :

The Praetorians, conscious that their offences were beyond the reach of

mercy, were animated by revenge and despair. Notwithstanding their

repeated efforts, those brave veterans were unable to recover the vic -

tory : they obtained, however, an honourable death ; and it was observed


8
that their bodies covered the same ground which had been occupied by their ranks .

Gibbon's phrase û it was observed ý reminds us that the anonymous


panegyric in praise of Constantine was delivered in the year 313 in
front of an audience that included eyewitnesses to the battle of the pre -
vious year. Gibbon did not disdain the Panegyrici Latini as an historical
source ; in fact, he argued that historical truth could sometimes be
9
extrapolated from the language of flattery . However, in the case of
the battle at the Milvian Bridge, described by a modern biographer of
Constantine as û little more than a skirmish which finished rapidly
ý, the celebrated English historian, fol-
10
and with a limited bloodshed
lowing the lead of the anonymous rhetor, perhaps deviated from the
truth by exaggerating the duration of the battle, unaware of the echo
of Sallust's û paradoxical portrait ý of Catiline.

3. Previous interpretation of the Sallustian citation

The identification of this passage in the Panegyrici also allows us, in


turn, to reconsider the interpretation of the passage in Eumenius given
by Barbara Saylor Rodgers in her commentary on the Panegyrici Latini,
published in 1994. Observing that Eumenius places the height of the
Roman Empire û during the first century B.C.E. and the two centu -
ries following ý and its decline in the third century, Rodgers writes :
û It may be that as a witness to the second half of the third century
Eumenius would describe any sort of turmoil as inimical to literary

(8) E. Gibbon , The history of the decline and fall of the Roman Empire, edited by J. B.

Bury, t. I, London, 1896, p. 422.


(9) See E. Gibbon , op. cit. (n. 8 above), p. 352 note 8 on Maximianus and the

panegyric in praise of him : û In an oration delivered before him (...) Mamertinus

expresses a doubt whether his hero, in imitating the conduct of Hannibal and Sci -

pio, had ever heard of their names. From thence we may fairly infer that Maximian

was more desirous of being considered as a soldier, than as a man of letters, and it is

in this manner that we can often translate the language of flattery into that of

truth. ý

(10) A. Marcone, Pagano e cristiano. Vita e mito di Costantino, Rome-Bari, 2002,

p. 69 : û poco piué di una scaramuccia conclusasi rapidamente con limitato spargi -

mento di sangue ý.
sallust's historiae in eumenius 285

endeavors 11. ý In a previous article, published in 1989, she had


hypothesized that Eumenius was thinking about 12the age of Cicero,
without however recognizing the citation of Sallust .
Previous commentators of the had understood that
Panegyrici Latini
Eumenius was clearly thinking about the years of Cicero, an author
very much appreciated, carefully read, and constantly alluded to in
the .
Panegyrici Latini
For example an edition reads:
ad usum Delphini

Tangit beata Pompeii13 tempora, cum Romana respublica terra marique


victorias reportabat .
Patarol in a Venetian edition of the eighteenth century agreed:
Quorumnam temporum? Numquam fortasse Romana res terra marique
plus valuit, quam sub fine libertatis; nam tunc plurimae, & maxime
utrimque victoriae partae, celeberrimi Imperatores multi: Utinam civi-
libus odiis, ac cladibus pepercissent. Tunc maxime ipsa eloquentia
viguit; nam floruere tunc Cicero, Hortensius, J. Caesar, & alii 14.
(11) , Berkeley, Los Angeles
In praise of later Roman Emperors. The Panegyrici Latini

and Oxford, 1994, p. 170-171 note 75.


(12) B. S. Rodgers , (n. 1 above), p. 260: û Eumenius,
Eumenius of Augustodunum

inspired no doubt by his consultation of Cicero, who lived during a time when - philo

timia helped to cause civil wars, asserted that the past had been recreated in the pre-
sent. The particular past was the time when Roman power reached its greatest
extent and Roman eloquence flourished as well (19.4). Only a mean-spirited person
would object that the first condition occurred under Trajan, when Pliny represented
oratory and Tacitus declared it dead. Cicero is he whom Eumenius had in mind,
and the Empire was large enough in the first century B.C.E. ý
(13) Interpretatione et notis illustravit Jacobus
Panegyrici veteres. de la Baune

Soc. Jesu. jussu Christianissimi regis, ad usum serenissimi Delphini, Paris, 1676,
p. 159. The passage is reprinted in Interpretatione et notis illus-
Panegyrici veteres.

travit Jacobus de la Baune Soc. Jesu, jussu Christianissimi regis, ad usum serenis-
simi Delphini. Editio altera italica, cui accedunt observationes criticae in Latinum
Pacatum v. c. Christiani Schuuarzii, Venice, 1728, p. 159.
(14) Panegyricae orationes veterum oratorum.Notis, ac numismatibus illustravit, et
italicam interpretationem adjecit Laurentius Patarol Venetus, Venice, 1708,
p. 189. The same opinion in Panegirici antichi volgarizzati da Lorenzo Patarol con nuove

note, Venice, 1842, col. 1325: û Alludesi agli ultimi tempi della romana repubblica,
nei quali fu piué potente e per mare e per terra, per le ottenute vittorie; e le lettere vi
erano in fiore. ý The passage of Eumenius is not annotated in the following editions:
Per Paulum Navium, Venice,
Panegyrici diversorum nunc demum recogniti et in lucem editi.

1576, f. 73v; , Bononia, 1665, p. 344; -


Panegyricae orationes antiquis imperatoribus Pane

quos ex codice ms. librisque collatis recensuit ac notis integris iisque par-
gyrici veteres

tim adhuc ineditis Christiani Gottlibii Schwarzii et excerptis aliorum additis etiam
suis instruxit et illustravit Wolfgangus , t. I, Nuremberg, 1779, p. 251;
Iaegerus

XII Panegyrici veteres. Iohannes Livineius belga, Gandensis, recensebat, ac notis illus-
trabat, Antwerp, 1599, p. 122 and 327; , t. II, Paris, 1655,
XIV Panegyrici veteres
286 stefano trovato
The nostalgia of the historian of the civil wars for the years of internal
concord and the nostalgia of the panegyrist for the years of roman power and
4.

cultural efflorescence
The Sallustian fragment reflects a tormented ideological structure,
emphasized by Rodolfo Funari, who writes that Sallust felt a profound
contrast between the height of Rome's material power (during the
consulship of Marcus Claudius Marcellus and Servius Sulpicius Rufus,
51 bc ) and the years of concord in the first half of the second century
bc . In Sallust's view, as we can read in fragment I.11 Maurenbrecher,
although Rome continued to expand its empire and reached the height
of its power in 51 bc , after the conquest of Gaul (û Res Romana pluri-
mum imperio valuit Servio Sulpicio et Marco Marcello consulibus,

Historiae
omni Gallia... perdomita ý) and before the civil wars (whose end Sal -
lust could not see when he was writing the ), the common-
wealth was weakened by moral corruption and threatened by internal

Bellum Catilinae Bellum Iugurthinum


discord. The theme had already been introduced in Sallust's two

res publica
monographs, the and , which
recounted the progressive breakdown of the amidst increas-

metus hostilis
ing ambition, avarice, and its consequences, party strife, especially
after the fall of Carthage in 146 bc , when could no longer
15
hold in check the forces of disintegration .
Eumenius does not appear to notice this implicit refusal of a great -

perdomita
ness mixed with discord and corruption, unless, perhaps, he had read
the fragment only up to the word . But it must be noted that
material of various nature is used by the panegyrists to achieve their
aims, and that they do not seem to care much about avoiding inconsis -

Epist. Lib. IX. Eiusdem & Traiani Imp. Epist. amoebaeae. Eiusdem Pl. et
Pacati Mamertini, Nazarii Panegyrici. Item, Claudiani Panegyrici
p. 99 ; Plinius,

Epist. Lib. IX. Eiusdem & Traiani imp. Epist. amoebaeae. Eiusdem Pl. et Pacati,
, s. l., 1638, p. 674 ; Pli -

Mamertini, Nazarii, Panegyrici. Item, Claudiani Panegyrici Panegy


nius,

rici veteres cum notis et animadversionibus virorum eruditorum maximam partem integris, quibus
, s. l., 1611, p. 263. In -

dam selectis.
-
Suas addidit Henricus Ioannes Arntzenius , t. I, Utrecht, 1790, p. 224

metus hostilis Funari C. Sallusti Crispi Historiarum frag


Baune's and Patarol's annotations are quoted.

menta La Penna Sallustio e la û rivoluzione ý romana


(15) On before Sallust see ( -

concor
[n. 3 above], 30-32) and A. , ,

dia metus hostilis


Milan, 1968, p. 232 -237. La Penna thinks that the origin of the link between -
and is Greek, and that this concept was frequently used at Rome, by

Cato in defense of Rhodes and later by Nasica against Cato in defence of Carthage.

Scipio Aemilianus
Sceptical about the use of the concept in the discussion between Cato and Nasica is

A. E. Astin , , Oxford, 1967, p. 276-280. Astin writes at p. 280 :

û Thus if Nasica used the idea at all, Kienast is probably right in supposing that he

employed it merely as a rhetorical ``topos'', which was elaborated by writers of a

later generation in the light of Rome's subsequent misfortunes. ý


sallust's historiae in eumenius 287

tency. In the panegyric of ad 289 for example, Mamertinus compares


Maximianus'war against the tribes living on the east bank of the
Rhine with Scipio's expedition in Africa that led to the victory of
Zama. The panegyrist wonders, in a passage quoted also by Gibbon
(see note 9), whether Maximianus knew or not of Scipio's precedent :

Audieras hoc, imperator, an ipse per te divina tua mente perspexeras ita

demum hostes funditus posse subverti, si in propriis sedibus vincerentur

nec praedam modo quam cepissent amitterent, sed ipsi coniuges et libe -

ros et parentes suos et carissima omnia capta maererent ? Hoc tu sive

cognitum secutus es seu te auctore fecisti, utrumque pulcherrimum est ;

neque enim minorem laudem magnarum rerum aemuli quam ipsi

merentur auctores. ( Pan . II.8.2-4)

From every point of view, Maximianus'deeds are worthy of praise !


And it is not surprising, therefore, if Eumenius, wishing to collect sen-
tentiae of great authors to embellish the speech, ignored the û ironic
contrast between the acme of Roman imperial expansion and a con -
16
current almost total degeneration of moral and political ideals ý.
The rhetor, more interested in a new efflorescence of schools of rhetoric
and studia humanitatis , probably had no wish to emphasize the ideologi-
cal complexity of the Sallustian passage. However, we don't know
whether Eumenius had read the whole text of the Sallustian Historiae ,
or just an anthology. It is worth noting that one of the witnesses of the
fragment is the rhetor Marius Victorinus (known for his conversion to
Christianity in old age and his influence on Augustine). This could be
a sign of the circulation of a Sallustian anthology of proems and
speeches in the schools, like the anthology probably used by Augustine
when he was writing the De civitate Dei . According to Antonio La
Penna, fragment I.11M was not in the proem, but in the first part of
. Did Eumenius thus have access to a richer anthol-
17
the introduction
ogy of Sallustian passages, or perhaps even the whole Historiae them-
selves ? This is hard to establish, and would in any case require a
detailed and extensive analysis of the literary culture of Eumenius and
other panegyrists of his time.
A number of interesting considerations result from the identification
of this new source, the citation of fragment I.11M. In the first place, it
is possible that there are other allusions to the Sallustian Historiae in
the Panegyrici Latini , allusions that we can no longer recognize, since

(16) Sallust, The Histories (n. 3 above), p. 77.

(17) A. La Penna, Sallustio e la ûrivoluzioneý romana (n. 15 above), p. 332.

According to Klingner, the archaeology of the Historiaebegan with this fragment

(Sallust, The Histories [n. 3 above], p. 76).


288 stefano trovato
Sallust's last work exists today only in fragments. Moreover, it
becomes apparent that Eumenius does not follow the normal practice
of the panegyrists, who declared that Rome's past, however glorious,
18
was exceeded by the glory of the present emperors . Eumenius could
easily extol, for example, the end of the rebellions of Carausius and
Allectus in Britannia and of Achilleus in Egypt and the concord estab -
lished under the tetrarchy, in order to contrast the victories of the
emperors and the new, stable conditions with the riots and the civil
wars of the century of the Roman revolution (if indeed he knew the
whole passage as Marius Victorinus knew it). Eumenius could thus
give to the speech a tone similar to that at the end of the panegyric of
ad 389 by Latinus Pacatus Drepanius in praise of Theodosius, victor
in the civil war against Magnus Maximus. So Pacatus addresses
Rome, extolling Theodosius'clemency :

Tu, quae experta Cinnanos furores et Marium post exsilia crudelem et

Sullam tua clade Felicem et Caesarem in mortuos misericordem ad

omne civilis motus classicum tremescebas... cui damna graviora scissus

in partes civium furor quam portis imminens Poenus aut receptus muris

Gallus intulerat... vidisti civile bellum hostium caede, militum pace, Ita -

liae recuperatione, tua libertate finitum. ( Pan. XII.46)


Surely the rhetor Eumenius sees in the eloquence (Cicero's elo -
quence, obviously) one of the elements, even if not the only or the
most important one, of the greatness of Rome towards the end of the
Republic, and hopes that the eloquence will flower again, now that
the emperors have restored peace and concord. Although not explic -
itly, Eumenius contrasts the glory and the prestige of Roman elo -
quence in Cicero's time to the decline of recent times and discreetly
calls upon the rulers not to hesitate to give their support to literature.

(18) Eumenius, before quoting Sallust, celebrated the return, not temporary

but eternal, of the û aurea illa saecula, quae non diu quondam Saturno rege vigue -

runt, nunc aeternis auspiciis Iovis et Herculis renascuntur ý ( Pan. V.18.5). See

other examples in Claudianus and other panegyric in A. Pellizzari Servio


, (n. 5

above), p. 88, who writes about the use and abuse of Roman past history : û la sto -

ria passata era manipolata e deprezzata a vantaggio di quella contemporanea, cos|é

da rilevare maggiormente l'azione del monarca attuale. ý C. E. V. Nixon , The use

of the past by the Gallic panegyrists, in Reading the past in late Antiquity, Potts Point, 1990,
p. 1-36, especially p. 2 -8 has a different opinion and makes a distinction between

the ancient past (the heroic past of prisca Roma seen as golden age), the recent past
and the immediate past, that û is of paramount political importance ý. Although

the present emperor must be praised, the ancient past, according to Nixon, is seen

as superior by the panegyrists, who use frequently words like restitutor and restitutio, a
proof of the û conscious and explicit recognition of the fact of decline ý and of the

desire to û re -establish the standards of the past ý.


sallust's historiae in eumenius 289

At the same time, Eumenius hopes that men of culture will celebrate
the victories of the tetrarchs, painted in the porticoes of the restored
scholae Maenianae, as we read towards the end of his speech :

Videat praeterea in illis porticibus iuventus et cotidie spectet omnes ter -

ras et cuncta maria et quidquid invictissimi principes urbium gentium

nationum aut pietate restituunt aut virtute devincunt aut terrore devin -

ciunt. (Pan. V.20.2)

5. Conclusion

Eumenius thus gives us an evidence of the circulation of Sallust's


Historiae in Gaul at the end of the third century. Moreover, his impor -
tant (and probably the most ancient) citation, until now ignored, of
fragment I.11M can be appreciated as an example of the techniques
used by the Latin writers of the Later Roman Empire in echoing the
authors of the Golden Age and, in particular, of the rich reception of
Sallust throughout antiquity. Instead of being carefully respected for
their value as historical sources, the classical authors were a mine of
citations for all uses (in the case of Eumenius the need of the scholae
Maenianae). The complexity of the Sallustian passage disappears and
in the ears of Eumenius'audience remains the nostalgia for the years of
power and cultural efflorescence.

Stefano Trovato

Appendix

In their edition Nixon and Rodgers quote the following passages of the
19
Panegyrici Latini as allusions to Sallust .

Sall. Cat. 10.1 û Carthago, aemula imperi Romani, ab stirpe interiit ý would

be alluded to by Mamertinus, author of the panegyric of ad 289, in Pan.

II.8.1 û Sic illa quondam Romanae potentiae diu aemula et inimica Carthago a

P. Scipione devicta est ý ; in the same panegyric, Cat. 16.3 û Si causa pec -

candi in praesens minus suppetebat, nihilo minus insontis sicuti sontis cir -

cumuenire, iugulare ; scilicet ne per otium torpescerent manus aut animus, gra -

tuito potius malus atque crudelis erat ý would be recalled in Pan. II.12.4

û Toto fere anno, imperator, quo tibi opus erat serenitate ut navalia texe -

rentur, ut trabes caederentur, ut artificum animi vigerent, ut manus ne torpe-

scerent, nullus fere dies imbre foedatus est. ý

(19) In praise of later Roman Emperors (n. 11 above), p. 18 note 69.


290 stefano trovato
In the panegyric of ad 310 in praise of Constantine, according to Nixon

and Rodgers, Iug. 72.2 û Neque post id locorum Iugurthae dies aut nox ulla

quieta fuit : neque loco neque mortali cuiquam aut tempori satis credere ;

ciuis hostisque iuxta metuere ; circumspectare omnia et omni strepitu

pauescere ; alio atque alio loco saepe contra decus regium noctu requies -

cere ; interdum somno excitus arreptis armis tumultum facere ; ita formidine

quasi uecordia exagitari ý has influenced Pan. VII.18.2 û Inde adreptis armis

portas petiverunt, tot dierum iter a Rheno usque ad Ararim sine ulla requie

peregerunt indefessis corporibus, animis flagrantibus, crescente in dies

ardore vindictae quanto propius accederent ý and Iug. 38.8 û Nox atque

praeda castrorum hostis quo minus uictoria uterentur remorata sunt ý has

influenced Pan. VII.19.4 û At enim nunc primo tuo, imperator, adventu

primoque impetu exercitus tui nihil eiusdem Massiliae altitudo murorum,

nihil creberrimae turres, nihil loci natura remorata est, quominus et portum

caperes et urbem continuo, si velles. ý

In the panegyric in praise of Constantine of ad 312, according to Nixon

and Rodgers Iug. 29.5 û Igitur rex, uti constituerat, in castra uenit ac

pauca praesenti consilio locutus de inuidia facti sui atque uti in deditionem

acciperetur, relicua cum Bestia et Scauro secreta transigit ; dein postero

die, quasi per saturam sententiis exquisitis in deditionem accipitur ý has

influenced Pan. VIII.11.1 û Separate igitur utrumque dicam ; neque enim

quasi per saturam confundenda sunt tanta beneficia. ý

In the panegyric in praise of Constantine of ad 313, in addition to the

passage about the death of Maxentius' followers at the Milvian Bridge quo -

ted above, according to Nixon and Rodgers, Iug. 21.2 û Adherbal cum pau -

cis equitibus Cirtam profugit et, ni multitudo togatorum fuisset quae

Numidas insequentis moenibus prohibuit, uno die inter duos reges coeptum

atque patratum bellum foret ý has influenced Pan. IX.5.6 û nec solum fundis

eminus telisque missilibus sed hastis et gladiis. Ita res simul coepta et patrata,

iunctusque rebellibus fuit conatus et exitus. ý


UN FRAGMENT DE LËGENDIER ITALIEN DU XI e
SIE© CLE

CONTENANT LA PASSIO SANCTI ALEXANDRI

combine deux reècits hagiogra-


1
La Passio Alexandri papae et sociorum
phiques : le martyre de saint Alexandre, preèsenteè comme le cinquieéme
successeur de Pierre mais qui fut sans doute l'eè veêque de Nomentum
e
dont la ceèleèbration, le 3 mai, est attesteèe au moins depuis le v sieécle ;
et celui de deux autre saints, Quirinus et Hermes. Le reè cit est censeè
se deèrouler aé Rome aé la fin du reégne de Trajan. Mais des indices con-
cordants ^ quelques termes ressortissant aé l'administration romaine,
des positions anti-nestoriennes, une certaine conception de l'autoriteè
eccleèsiastique ^ portent aé fixer sa reèdaction aé la premieére moitieè du
ve sieécle. De surcro|êt, le reècit para|êt associeè aé une eèglise romaine par-
ticulieére, celle de Saint-Pierre-aux-Liens. Alors deèsigneèe comme titulus
Eudoci× (du nom de l'impeèratrice Eudoxia), cette eèglise avait eèteè
reconstruite sous l'autoriteè d'un preêtre, Philippe, connu pour avoir
2
participeè au concile d'Ëpheése (431) en qualiteè de leègat du pape .
Au moins 116 manuscrits meèdieèvaux ont transmis le texte de cette
Passion . A ce corpus conseèquent doit deèsormais eêtre ajouteè un nou-
3

veau teèmoin, lacunaire certes mais qui rejoint la petite trentaine de ces
manuscrits que la Bibliotheca hagiographica latina manuscripta identifie
comme anteèrieurs au xiie sieécle : Bibliotheéque Sainte-Genevieéve,
Ms. Z 2-602(1). Il a eèteè deècouvert dans une reliure, au sein d'un
ensemble de livres et de manuscrits localiseè en 2006 dans l'eèglise pari-
sienne de Saint-Ëtienne du Mont. Ces volumes, aux dimensions souvent
exceptionnelles et sur lesquels les inventaires reèvolutionnaires comme
ceux de 1905 sont resteès silencieux, provenaient pour partie de l'an-
cienne abbaye Sainte-Genevieéve. Les deux eèglises, paroissiale et abba-
tiale, eètaient exactement contigu«es avant la destruction de la seconde

(1) Bibliotheca hagiographica Latina, 266 ; Acta sanctorum, Mai, I, p. 371 -375.

(2) D'apreés P.A.B. Llewellyn, qui propose de voir en Philippe l'auteur meê me de

la Passion de saint Alexandre, cf. The passions of S. Alexander and his companions, of S. Her -

mes and S. Quirinus : a suggested date and author, dans Vetera Christianorum, t. 13, 1976,

p. 289-296.
e e
(3) 113 mss du ix au xv s. signaleè s par la Bibliotheca hagiographica latina manu -

scripta [en ligne], http ://bhlms.fltr.ucl.ac.be (page consulteè e le 30.09.2009), aux -

quels nous ajoutons, sans aucune tentative d'exhaustiviteè : Bibliotheéque Mazarine,

711 ; Montpellier, Bibl. interuniversitaire, Section Meè decine, H 48 ; Lincoln Cathedral, Dean

and Chapter Library, 149.

Revue d'histoire des textes, n.s., t. V, 2010, 291-294 ©


292 yann sordet
en 1807. Parmi les pieéces majeures retrouveèes figurent plusieurs grands
manuscrits liturgiques exeècuteès au pochoir, et notamment une seèrie de
graduels et antiphonaires reèaliseès pour les chanoines reèguliers de
Sainte-Genevieéve aé partir de 1788, qui repreèsente la dernieére com-
4
mande de l'abbaye en la matieére . La plupart de ces documents se
trouvaient dans un eètat de conservation alarmant ; en accord avec
l'Ëglise de Paris, le fonds a eèteè deèposeè aé la fin de l'anneèe 2007 aé la
Bibliotheéque Sainte-Genevieéve.
Dans cet ensemble principalement composeè de livres d'office pari-
siens imprimeès ou copieès entre la fin du xvii e
sieécle et le deèbut du xixe
,
se distingue en effet une reliure veènitienne du premier quart du xvi e

sieécle qui a livreè plusieurs fragments manuscrits (planche I). Elle


recouvre un exemplaire du Graduel romain reèviseè par le musicologue
franciscain Francesco de Brugis, dans l'eèdition imprimeèe pour Lucan-
tonio Giunta en 1513-1515 . La premieére eèdition de cette version reèvi-
5

seèe du graduel avait eèteè imprimeèe aé Venise, pour le meême imprimeur-


libraire, aé la fin du xv e
sieécle (28 sept. 1499 ^ 1
er
mars 1500) . Dans
6

l'une et l'autre se retrouvent des bois graveès, notamment une belle


seèrie de grandes initiales figureèes, dus aé l'un des plus remarquables
illustrateurs de livres actifs aé Venise au tournant des xv e
et xvi e
sieécles,
parfois deèsigneè comme le Ma|être au monogramme û I. A.ý . Le vo-
7

lume est recouvert d'une reliure de veau brun sur ais de bois. La peau
de couvrure a fait l'objet d'un deècor entieérement estampeè aé froid dont
teèmoigne le plat supeèrieur, seul conserveè inteègralement. Une seèrie de
quadruples filets dessine quatre rectangles concentriques, dans lesquels

(4) Bibliotheéque Sainte-Genevieéve, ms. 5856 -5859. Une preè sentation publique de ce

fonds a eè teè donneèe en l'eèglise Saint-Ëtienne du Mont le 3 mars 2009, suivie d'une

exposition aé la Bibliotheéque Sainte-Genevieé ve du 3 au 28 mars. Le fragment de la

Passio sancti Alexandri y a eèteè preèsenteè par Guillaume Bonnet, que je remercie de m'a -

voir inviteè aé publier cette note qui lui doit beaucoup. (Les derniers manuscrits de l'ab -

baye Sainte-Genevieéve, sous la dir. de Y. Sordet).

(5) Graduale secundum morem Sancte Romane Ecclesie, Venezia, Lucantonio Giunta,

1513-1515, in -fol. L'eè dition imprimeèe en 1513 -1515 comprend trois parties, ache -

veèes d'imprimer respectivement les 31 octobre 1513, 31 deè cembre 1515 et 3 janvier

1515. L'exemplaire retrouveè aé Saint-Etienne du Mont (Bibl. Sainte-Genevieéve,

Fol Z 647 INV 602 FA) ne comprend que la premieé re partie, cette incompleè tude

eètant vraisemblablement d'origine car la reliure est contemporaine ou de peu posteè -

rieure aé l'impression.

(6) M. K. Duggan , Italian music incunabula : printers and type, Berkeley ; Los Ange-

les, University of California press, 1992, n³ 17, p. 207 -208 ; G. Massera , La ``Mano

musicale perfetta'' di Francesco de Brugis dalle prefazioni ai corali di L. A. Giunta : Venezia,

1499-1504, Florence, Olschki, 1963 (``Historiae musicae cultores'' Biblioteca ; 18).

(7) V. Masseèna ¨
, prince d'Essling, Etudes sur l'art de la gravure sur bois aé Venise...,

Paris, 1908, n³ 1209 ; M. Sander , Le livre aé figures italien, Milan, 1942, II -3213.
un fragment de la passio sancti alexandri 293

apparaissent trois motifs deècoratifs : un large fer d'entrelacs carreè,


reèpeèteè deux fois au centre ; et deux encadrements d'arabesques. Treé s
certainement veènitienne , cette reliure est sans doute strictement con-
8

temporaine de l'eèdition du graduel. La preèsence d'orifices et leur


reèpartition sur les plats laissent supposer qu'ils furent eè galement pour-
vus d'un ombilic central et de cornieéres ; ces ornements, de meême que
deux pieéces meètalliques fixeèes au bas de chacun des contreplats qui
pourraient teèmoigner d'un dispositif d'encha|ênement, ne sont pas sur-
prenants pour un livre de chÝur. Nous ignorons le deè tail des peèreègri-
nations du volume, qui se trouvait aé Venise vers 1520 et fut retrouveè aé
Saint-Ëtienne du Mont en 2006 ; aucune marque ni aucun signale -
ment catalographique n'atteste son passage par la bibliotheé que de
l'abbaye Sainte-Genevieéve ; un fragment manuscrit sur papier en ita -

xix
lien, retrouveè dans les fonds de cahiers au cours de la restauration,

xvi
e
laisse plutoêt supposer qu'il se trouvait encore en Italie au sieécle.
e
Pour conforter la structure de l'ouvrage, le relieur du sieécle a
reèemployeè au moins trois fragments de parchemin, provenant de trois
manuscrits diffeèrents. L'un a eèteè deècoupeè pour fournir des claies ; les
deux autres sont des bifeuillets, deèmonteès de manuscrits anciennement
relieès, qui ont quasiment conserveè leur dimension originelle ; ils ont eèteè
colleès sur les contreplats, apreés qu'un de leurs bords a fait l'objet d'in-
dentations permettant le passage entre les nerfs (au nombre de cinq) et
la fixation au dos. Si ces larges deèfets manuscrits, ainsi placeès pour
assurer une liaison plus solide entre les ais de bois et le dos, ont
anciennement eèteè recouverts de gardes blanches, ces dernieéres ont

xiii
aujourd'hui disparu sans laisser de trace. Le plus tardif des deux
e
bifeuillets, du sieécle, appartenait aé un manuscrit abondamment
9
commenteè du Codex Justinianus . Le plus ancien, qui nous inteèresse ici

xi
(planche II), preèsente une eècriture invitant aé en dater l'exeècution du
e
sieécle, en Italie du nord et peut-eêtre en Veèneètie meême. Sur des
feuillets mesurant originellement 330 mm de hauteur sur 230 de large
environ, reègleès aé la pointe seéche, le texte a eèteè copieè sur deux colonnes
et 29 lignes aé la page ; la copie est aeèreèe (la lettre, hastes et hampes
excepteèes, occupe un tiers seulement de l'uniteè de lineèation) et

(8) Le mateè riel employeè pour reè aliser l'encadrement d'arabesques le plus pro -

de Marinis
che du centre se retrouve sur une reliure veè nitienne de la collection Fu« rstenberg

deècrite par Tammaro en 1966, Die Italienischen Renaissance -Einba«nde der

Bibliothek Fu« rstenberg, Hamburg, 1966, p. 120. Voir eè galement : Reliures estampeè es aé

froid de la Bibliotheéque Sainte -Genevieéve, [en ligne]. http ://bsg -reliures.univ -paris1.fr/

index.php ?cote=FOLZ647INV602FA

(9) Codex Justinianus, 5.53.3 aé 5.60.3 pour le premier feuillet, 5.70.8 aé 5.73.3 pour

le second.
294 yann sordet
soigneèe ; les capitulations sont marqueèes par des initiales rubriqueèes,
parfois copieèes dans la marge en retrait de la justification.
Nous disposons du bifeuillet central d'un cahier, qui offre donc une
seèquence textuelle continue sur 8 colonnes, et repreèsente environ la
moitieè du reècit complet de la Passion. Si l'on rapporte ce dernier, tel
que publieè par les Acta sanctorum, au calibrage imposeè par la mise en
page de notre fragment, on peut supposer que la leè gende occupait
dans le manuscrit un total d'environ 16 colonnes ; la perte de texte
eèquivalant aé 3 colonnes avant notre bifeuillet, et 5 ensuite. Aucun
signe de foliotation ni aucune trace de signature ne permettent de preè -
sumer l'importance du codex ^ sans doute un leègendier ^ dont provient
ce bifeuillet.

Yann Sordet
UNE MYSTËRIEUSE ËDITION DE GALIEN : LES OPUSCULA
VARIA ËDITËS PAR THËODORE GOULSTON ET
THOMAS GATAKER (LONDRES, 1640)

En 1640 paraissait aé Londres chez deux libraires associeès, Christo-


pher Meredith et Philemon Stephens, une eè dition bilingue grecque et
latine, imprimeèe par Richard Badger, d'un choix de traiteès de Galien,
Claudii Galeni Pergameni Opuscula varia (Londini, typis Richardi Badger :
sumptibus Ph. Stephani, et Ch. Meredith, sub Aureo Leone in C×me -
1
terio Paulino, 1640) (ESTC no. S116505) . Goulston eètait meèdecin et
fellow du College of Physicians de Londres. Dans l'article de l'Oxford dic-
tionary of national biography qu'il consacre aé Theodore Goulston, Vivian
Nutton remarque que dans l'eèdition, les notes et sources ne correspon-
dent pas toujours aux sources citeèes, mais il estime neèanmoins que les
corrections que Goulston apporte aux textes de Galien toutes rudimen -
taires qu'elles soient, sont parfois supeèrieures aé celles proposeèes dans
2
des eèditions posteèrieures .
Le titre de l'ouvrage attribue au seul Theodore Goulston l'eè tablisse-
ment du texte et la traduction des traiteès. Mais l' Epistola dedicatoria
nous apprend que la publication de l'ouvrage est posthume. Quand il
para|êt en 1640, Goulston eètait deèceèdeè depuis deèjaé huit ans. C'est l'au-
teur de l' Epistola dedicatoria, lui-meême, le preêtre et theèologien anglican
3
Thomas Gataker, ami de Goulston qui a procureè l'eèdition . Toutefois

(1) Klaudiou Galynou twn swzomenwn tina. Claudii Galeni Pergameni Opuscula

varia : A viro clarissimo, D. Theodoro Goulstono, Medicin× Doctore, e celeberrimo medicorum


Londinensium (dum vixit) Collegio, Gr×ca recensita, mendisque (quibus...) quaé m plurimis
repurgata, et in linguam Latinam clarius puriisque quaém... traducta. Quorum Titulos... proxima
indicabit. Accessere ab eodaem vari× lectiones, et annotationes critic×, Londini, typis Richardi
Badger, serenissimi principis Walli× typographi : sumptibus Ph. Stephani, et Ch.

Meredith, sub Aureo Leone in C×meterio Paulino, MDCXL [1640].

(2) V. Nutton , article û Theodore Goulston ý, Oxford dictionary of national bio-


graphy (electronic edition, Jan. 2008).
(3) Sur Thomas Gataker, voir l'article que Brett Usher lui consacre dans

l' Oxford dictionary of national biography (electronic edition, Jan. 2008). L'article traite
principalement de ses Ýuvres de theèologien. Gataker eè tait un helleè niste distingueè . Il

eèdita et traduisit Marc Aureéle ( Marci Antonini... de rebus suis... libri XII. Locis haud
paucis repurgati, suppleti, restituti ; versione insuper Latina nova ; lectionibus item variis,
locisq ; parallelis ad marginem adjectis, ac commentario perpetuo, explicati atque illustrati. Stu -
dio operaque Thom× Gatakeri, Cantabrigi×, Thomas Buck, 1652). Dans son eèdition
commenteè e des Meèditations de Marc Aureé le, Arthur S. L. Farqharson reconna|ê t sa

dette aé Gataker (1
re
eèd., Oxford, 1944, p. xlv-xlix ).

Revue d'histoire des textes, n.s., t. V, 2010, 295-306 ©


296 magdalena kozèluk, jean-paul pittion

la contribution de Gataker ne se limite pas au roê le d'un û auctor ý,


entendons par ce terme l'eèditeur qui a assembleè le travail de son ami
et veilleè aé son impression. En effet aé deux reprises dans l'appendice
(non pagineè) de l'eèdition, qui regroupe des û lectiones vari× ý et
û adnotationes ý aux traiteès, Goulston, apreés avoir indiqueè les versions
latines et les sources utiliseèes, reconna|êt sa dette envers Gataker. Ainsi
en teête des notes sur les deux petits traiteès sur les maladies de l'aême,
imprimeès seèpareèment aé la suite l'un de l'autre dans le corps de l'ou-
vrage, mais consideèreès ensemble dans l'appendice sous le titre De
cognoscendis curandisque animi erratis, on lit : û Neque hic et in sequentibus
(c'est-aé-dire notamment le traiteè Quod animi mores) mihi deerat
solertia TH. Gatakeri. ý
Le deèceés de Goulston remonte aé 1632. Les libraires Meredith et Ste-
phens ont inscrit l'ouvrage au Registre de la Compagnie des libraires
londoniens en 1635 (û Stationers Compagny ý), soit cinq ans avant sa
parution. L'histoire de la publication des Opuscula varia et du roêle joueè
par Gataker n'est donc pas aussi simple qu'il ne para|êt aé premieére vue.
Il est d'une part curieux que Gataker ne dise mot dans l' Epistola dedica-
toria, de sa participation au travail de critique et d'eè tablissement du
texte. Il est de plus surprenant que Gataker ait choisi de deè dier l'ou-
vrage, non comme on pourrait s'y attendre aux fellows du College of
Physicians, mais aé l'archeveêque de Cantorbery, William Laud. Certes,
au moment du schisme anglican, un Act de 1535 avait transfeè reè aé l'Ar-
cheveècheè de Cantorbery le pouvoir de la Papauteè de confeèrer le grade
et la licence de meèdecin, mais depuis des deècennies, ce pouvoir eètait
rarement exerceè. En 1640 la figure publique de William Laud est bien
plutoêt celle d'un preèlat politiquement puissant et proche du pouvoir
royal, engageè dans la deèfense du pouvoir eèpiscopal et de la doctrine
anglicane contre les puritains radicaux. On ajoutera, sans vouloir par -
ler d'une speècialisation de l'eèdition qui ne saurait s'appliquer aé la
librairie de l'eèpoque, que le domaine religieux constitue une propor-
tion non neègligeable des publications des deux libraires ainsi que de
l'imprimeur Badger dans la peèriode 1630-1640.
Ces aspects particuliers et inattendus de l'eè dition des Opuscula varia
de 1640 ne sont pas les seuls aé susciter la curiositeè. D'autres aspects
concernent la nature particulieére des sources citeèes dans l'eèdition. La
question a fait l'objet d'eètudes dont nous tirerons parti, non pas pour
une recherche sur l'eètablissement du texte mais pour la lumieére qu'el-
les peuvent jeter sur la conception de l'eè dition de 1640. En cherchant aé
reconstruire les processus de son eèlaboration, nous pensons aussi pou-
voir reèpondre aé l'interrogation suivante : quelle intention a preèsideè aé la
publication des Opuscula varia, aé quel public cette eèdition eètait-elle des-
tineèe ?
une eèdition de galien 297

Outre les aspects que nous venons d'eèvoquer, ce qui nous conduit aé
poser ces interrogations est aussi la nature des textes rassembleès dans
les Opuscula varia. Imprimeè sur deux colonnes mettant en paralleéle
texte grec et traduction latine, l'ouvrage reèunit neuf courts traiteès qui
se reèpartissent treés clairement en deux ensembles placeès aé la suite l'un
de l'autre: un premier ensemble regroupe des traiteès qui aé l'eèpoque de
la Renaissance sont parmi les plus ceèleébres et les plus citeès des ouvrages
de Galien: l'Exhortatio ad medicinam & artes, le Quod optimus medicus, idem
& philosophus, le De optimo docendi genere, le De sectis et le De optima secta.
Connus de seconde main par les eètudiants en premieére anneèe de ma|ê-
trise eés arts, ces traiteès eètaient aussi largement accessibles en plusieurs
traductions. Perc° us comme offrant une introduction neècessaire aé l'art
meèdical, ils constituaient en effet pour les apprentis-meèdecins, une lec-
ture obligeèe 4.
Dans l'eèdition Goulston-Gataker, un second ensemble est composeè
de traiteès qui ont trait aé l'aême, aé ses faculteès et aé ses maladies: le
double traite De cognoscendis animi perturbationibus et De dignoscendis animi
erratis, le De è substantia naturalium facultatum et le Quod animi mores sequan-
tur temperamentum corporis. Notons que, selon le classement que Galien
lui-meême a eètabli de ses propres Ýuvres (û De libriis propriis ý), ces
traiteès, aé l'exception du De substantia, appartiennent aé la classe des trai-
teès de morale. L'eèdition Goulston-Gataker est la premieére aé offrir en
traduction latine regroupeèe en un ensemble commode, les petits traiteès
sur l'aême. Goulston en traduisant et en eèditant ces traiteès, mettait aé la
disposition des lecteurs des Ýuvres difficilement accessibles autrement.
En effet, les eèditions latines de ces traiteès eètaient rares et anciennes
comme il le jugeait lui-meême.
En outre, le traiteè Quod animi mores sequantur temperamentum corporis
eètait l'un des traiteès de Galien qui ne pouvait manquer de susciter l'in-
teèreêt non seulement du traducteur mais de l'eèditeur humaniste eèrudit
qu'eètait Goulston. En effet, ce traiteè figure parmi ceux de Galien dont
le texte est le plus corrompu. Dans l'eèdition Aldine des Opera qu× extant
de 1525 (comme dans celle de Baêle de 1538) il manque une partie du
texte. Cette partie a eèteè retrouveèe par Freèdeèric Morel et publieèe seèpa-
reèment en compleèment de son eèdition du De pharmacis purgantibus
d'Hippocrate, parue aé Paris en 1617. Comme l'eècrit le savant eèditeur
(4) Comme le note Louis Dulieu aé propos de la Faculteè de Montpellier, aé coêteè
de Dioscoride, Paul d'Ëgine, Gui de Chauliac, Fernel et d'autres meèdecins que l'on
proposait aé l'eèpoque dans le cursus universitaire, c'est la liste des ouvrages de Galien
qui, selon l'historien, û s'enfle deèmesureèment ý; cf. la liste des ouvrages eètudieès aé
Montpellier oué figurent les traiteès de Galien, in L. Dulieu, La meèdecine aé Montpellier,
t. II, La Renaissance, Avignon, 1979, p. 143-144.
298 magdalena kozèluk, jean-paul pittion

allemand Ivan Mueller qui au dix-neuvieéme sieécle procura l'eèdition


critique du Quod animi mores sequantur temperamentum corporis : û codices
omnes qui extant, et is ex quo Nicolaus Reghinus librum latine ad ver -
bum transtulit, ex uno archetypo multifariam corrupto, mutilato,
5
interpolato manaverunt . ý
Comme l'a montreè l'historien Sir George N. Clark, le College of Phy-
sicians de Londres dont Goulston eètait membre en tant que fellow , exi-
6

geait des candidats qui se preèsentaient pour obtenir la licence de prati-


7
cien qu'ils fassent la preuve d'une bonne connaissance de Galien .
L'esprit du College of Physicians se caracteèrisait, selon l'heureuse expres-
8
sion de Vivian Nutton, par ses û hellenising tendencies ý . Mais si c'est
aé ce public de praticiens eèrudits, les fellows du College, que Gataker
adressait les travaux de son ami Goulston, on voit mal pourquoi aé des
traiteès sur l'aême dont la traduction et l'eèdition pouvait leègitiment sus-
citer l'inteèreêt d'un tel public, Gataker avait joint un premier groupe
de textes relativement courants et connus de tous. L'inteè reêt de ce pre-
mier groupe de traiteès est essentiellement propeèdeutique. Les traiteès
sur l'aême, au contraire, sont beaucoup plus speècialiseès : quel pouvait
eêtre l'objet de les inclure dans une compilation qui comporte des textes
destineès principalement aé des apprentis meèdecins ? Par ailleurs, si l'in-
tention deèclareèe de Gataker eètait bien de rendre hommage aé son
deèfunt ami et d'illustrer le savoir de Goulston devant les helleè nistes du
College of Physicians, pourquoi ne pas publier plutoêt un traiteè majeur de
Galien, notamment celui sur la dissection, le De anatomicis administratio-
nibus, d'autant plus que Goulston avait leè gueè au College une somme
destineèe aé fonder une confeèrence d'anatomie ?
Une reèponse para|êt eêtre fournie par l'explication donneèe par Gata-
ker lui-meême dans L'Epistola dedicatoria. Goulston s'eètait engageè dans

(5) Galien, Scripta minora, publieès par J. Marquart, I. Muelleret G. Helm -

reich, Leipsig, 3 vols, 1884 -1893, t. II (1891), p. xxxiv.

(6) On ne conna|ê t pas l'anneèe de naissance de Goulston, mais l'on sait qu'il fut

admis aé Merton College, Oxford en 1596. Il obtint une ma|ê trise-eés-arts en 1600.

Selon l'historien William Munk, û he applied himself to the study of physic and

practised it for a time... at Wymondham ý. Il semble donc que Goulston pratiqua

la meèdecine pendant plusieurs anneè es avant d'obtenir son diploê me de docteur en

meèdecine aé Oxford 1610. Une fois rec° u docteur, Goulston vint s'installer aé Londres.

Candidat au Royal College of Physicians en deècembre 1610, il fut eèlu fellow du College

en deècembre de l'anneè e suivante. Cf. W. Munk, The roll of the Royal college of physi -

cians of London : comprising biographical sketches of all the eminent physicians whose names are
e
recorded in the annals..., 2 eèd, Londres, 1878, p. 157 -158.

(7) Sir George N. Clark, A history of the Royal college of physicians of London, t. 1,

Oxford, 1964, p. 257 ; V. Nutton, The Galenic codices of Theodore Goulston, in Revue

d'histoire des textes, t. 22, 1992, p. 259 -268.

(8) V. Nutton, art. cit., p. 262.


une eèdition de galien 299

l'entreprise difficile (û arduum opus ý) de recenser et de classer tout ce


qui a surveècu de Galien (û quotquot supersunt ý), que ce soit en
manuscrit ou en imprimeè (û tam excussis quam et manu exaratis ý)
pour retrouver la lettre et l'esprit authentique (û scripturam men -
temque [quantum poterat] genuinam elic[i]ere ý), et pour les pro -
duire en latin (û latinis auribus exhibere ý), de la fac° on la plus claire
et la plus pure, en les analysant de fac°on preècise (û analysi accurata ý)
et en les eèclairant de notes critiques. Taêche immense, on s'en doute,
que la mort a interrompue. Ce qu'a publieè Gataker repreèsenterait
donc ce qui eètait preêt au deèceés de Goulston en 1632.
Une eètude attentive de l'eèdition de 1640 montre que son histoire
n'est pas aussi simple. Dans l'appendice de l'eèdition de 1640 preèpareè
par Gataker, pour certaines variantes ou conjectures sont indiqueè es les
sources imprimeèes et manuscrites utiliseèes par Goulston. Deux de ces
sources manuscrites sont deèsigneèes par les noms de codex Londinensis et
codex Adelphi. Dans un article, intituleè û Les preètendus manuscrits de
9
Galien ý paru dans la Revue d'histoire des textes en 1989, Daniel Beèguin
examine les sources que Gataker cite et conclut que ces û codices ý ne
sont probablement que des imprimeès annoteès. Dans un autre article de
la meême revue, intituleè û The Galenic codices of Theodore Goul-
ston ý, paru en 1992 dans le tome 22, Vivian Nutton reprend la ques -
tion de l'origine de certaines lec°ons du texte imprimeè par Gataker ainsi
que celle des sources citeèes dans les notes de l'eèdition de 1640. Il
deèmontre que le codex Londinensis n'est autre qu'un exemplaire abon-
damment annoteè des Opera omnia de 1538, conserveè aé la bibliotheéque
d'Eton College. Cet exemplaire avait appartenu au meè decin et philo-
logue John Caius (1510-1573), refondateur de Gonville Hall aé Cam-
bridge et deèfenseur des privileéges du Royal College of Physicians dont il
fut eèlu preèsident en 1571. Goulston doit avoir consulteè cet exemplaire
avant 1600-1601, date aé laquelle il a eèteè acquis par Eton et en avoir
recopieè les notes dans son propre exemplaire de Galien.
La deècouverte du Galien d'Eton College vient confirmer l'hypotheé se
de Daniel Beèguin selon laquelle ces codices sont des imprimeès annoteès.
L'un d'entre eux, au moins, ne peut eêtre que l'exemplaire de l'eèdition
baêloise de 1538 qu'ont consulteèe Caius et Goulston et dont les margina-
lia proposaient des variantes de lecture dont ils ont tireè parti. Par
contre, Vivian Nutton estime contrairement aé Daniel Beèguin que
dans certains cas, quelques-unes de ces variantes et conjectures preèsen-
tent un inteèreêt eèditorial et paraissent remonter aé une source qui reste-
rait non identifieèe. Toutes inteèressantes que puissent eêtre ces variantes,

(9) D. Beèguin, L'eèdition Goulston et les preètendus manuscrits perdus de Galien, in Revue
d'histoire des textes, t. 19, 1989, p. 341 -349.
300 magdalena kozèluk, jean-paul pittion

notre propos n'est pas d'eèvaluer scientifiquement les recherches tex-


tuelles de Goulston, mais de faire la lumieére sur les proceèdeès eèditoriaux
de Gataker lorsqu'il a preèpareè l'eèdition du travail resteè inacheveè de
son ami Goulston.
C'est dans cette perspective d'une histoire de l'eè dition Goulston-
Gataker que nous allons nous pencher sur un exemplaire annoteè de
l'eèdition des Opera omnia de Galien en cinq tomes parue aé Baêle en 1538,
ayant appartenu aé Goulston et conserveè aé la Bibliotheéque Marsh de
Dublin, deèjaé eètudieè par Vivian Nutton. On ne sait comment cet
exemplaire en est venu aé figurer parmi les livres placeès dans cette
bibliotheéque par l'archeveêque Marsh aé sa fondation en 1704, mais il
est certain qu'aé la mort de Goulston, sa veuve en avait fait don aé Mer-
ton College, comme le montre l'inscription manuscrite figurant sur
10
chacun des volumes .
Consideèrons en premier lieu l'eètat physique de l'exemplaire annoteè
de Dublin de l'eèdition baêloise de 1538. Tous les traiteès seèlectionneès
pour les Opuscula varia de 1640 figurent dans le tome I. On gardera en
meèmoire, pour la deèmonstration qui suit, que des 27 opuscules conte-
nus dans ce tome I, les cinq premiers sont aussi et dans le meê me ordre,
les cinq premiers des Opuscula varia de 1640. Par contre, l'ordre dans
lequel se suivent les opuscules sur l'aême eèditeès dans les Opuscula n'est
pas celui de l'eèdition baêloise. Dans cette dernieére, le traiteèDe substantia
facultatium naturalium vient aé la suite de deux traiteès non inclus dans
l'eèdition de 1640, le De inequali dyscrasia De Hippocratis et Platonis
et le
dogmatibus De substantia
. Le traiteè est placeè dans l'eèdition de Baêle avant
l'opuscule Quod animi mores temperaturam corporis sequi . Et c'est apreés ce
dernier traiteè que l'on trouve placeès le De vitiis et passionibus anim× et le
De curatione .
Dans l'exemplaire de Dublin, le tome I est celui qui comporte de
loin les corrections au texte et annotations marginales manuscrites les
plus abondantes, mais cet exemplaire se caracteè rise aussi par le fait
qu'il est deèfectueux : y manquent les pages 5-34 (feuillets signeès a3-c3),
les pages 253-302 (feuillets signeès R1-T4) ainsi que les pages 349-366
(feuillets signeès Z1-2A1). A quels textes correspondent ces feuillets
manquants dans l'exemplaire de Dublin ?
L'eèdition de Baêle de 1538 est un in-folio en quatre. Consideèrons
d'abord les pages manquantes 349-366 qui correspondent au cahier
signeè Z et au premier feuillet suivant de la nouvelle suite de signatures,

(10) L'inscription est la suivante : û Ex dono Hellenae Gulston, uxoris Theod.

Gulston, D. Med, olim huius Coll. Soci. A³ 1635. ý Reliure contemporaine, plats

en bois, plein veau, encadrement estampeè aé froid sur les plats. Reliure treé s probable-

ment exeè cuteèe aé Cambrige et datable de 1538.


une eèdition de galien 301

De vitiis et pas
c'est-aé dire le feuillet 2A1. Ce cahier et le feuillet 2A1 contiennent le

sionibus anim× De curatione


texte des opuscules qui portent respectivement le titre de -

De cognoscendis animi perturbationibus


et de , soit ceux eèditeès dans l'eèdition Goul-

De dignoscendis animi erratis


ston-Gataker, sous le double titre et
.
Dans notre exemplaire, manquent aussi les pages 253 aé 302, soit les

De inequali dyscrasia De Hippocratis et Platonis


cahiers signeès R, S et T. Ces cahiers sont ceux qui dans l'eèdition de

dogmatibus De substantia facul


Baêle contiennent le et le

tatium
, c'est-aé-dire les opuscules qui preèceédent le -

De inequali
. Or si nous examinons de preés l'exemplaire de Dublin, nous

De dogmatibus De
constatons que le feuillet signeè Q8, le dernier du a eèteè colleè

substantia facultatium naturalium


au feuillet U2 oué est imprimeè la fin du et le deèbut du
qui occupent le cahier X et le deèbut du

Quod animi mores


cahier Y. Les feuillets Y5 aé Y8 sont ceux sur lesquels figure le texte de
l'opuscule .

Exhortatio ad medicinam & artes


Les pages 5-34, c'est-aé-dire les feuillets signeès a3-c3 contiennent
dans l'eèdition de Baêle une partie de l' .
L'examen du feuillet a2 dans l'exemplaire de Dublin montre qu'il
avait eèteè preèceèdemment deètacheè pour eêtre ensuite reèinseèreè.
Consideèrons, en second lieu, la nature des annotations manuscrites
figurant dans l'exemplaire de Dublin. Un examen meême sommaire

Opuscula varia
montre qu'elles sont de nature diffeèrente selon qu'elles portent sur les
pages des cinq premiers traiteès eèditeès dans les ou sur les
pages des autres traiteès de l'eèdition qui sont consacreès aé l'aême.
Les annotations du premier groupe sont d'une seule main et n'ont
aucune surcharge. Les mots aé corriger y sont souligneès, les variantes
ou reèfeèrences sont inscrites nettement dans la marge. Des asteè risques et
guillemets signalent des interventions qui proposent treé s eèvidemment
des eèmendations possibles. La preècision des notes, l'eècriture nette et
sans ratures, teèmoignent d'un travail reèfleèchi par un eèditeur qui
amende le texte. Il ne peut s'agir que de Goulston, proprieètaire de
l'exemplaire. Les annotations du second groupe qui couvrent les pages
qui ont surveècu des autres traiteès sur l'aême sont bien diffeèrentes. Non
seulement elles sont bien plus abondantes, mais elles proviennent de
deux mains diffeèrentes dont l'une corrige et surcharge l'autre. La pre -
mieére est la meême main que dans le premier groupe d'annotations,
c'est la main de Goulston. L'autre, plus appuyeè e et d'une encre plus
noire ne peut eêtre que celle de Gataker, durant son travail de preè para-

Quod animi mores


tion de l'eèdition. En effet, on constate que sur chacun des feuillets de

recto verso
l'opuscule de l'exemplaire de Dublin, sont colleèes
dans les marges de chaque coêteè de ces feuillets, au et au , des
bandes de papier sur lesquelles figurent des corrections et annotations
suppleèmentaires au texte. De plus, sont inscrites dans les marges les
302 magdalena kozèluk, jean-paul pittion

indications des divisions du texte en chapitres introduites dans l'eè dition


de 1640 alors qu'elles n'existent pas dans l'eèdition de Baêle (voir
planche I).
Quel a eèteè le sort de ces feuillets annoteès ? D'une part, l'examen des
feuillets Y5 aé Y8 montre que la reliure empieéte sur certaines des anno-
tations les rendant difficiles aé lire. Ces feuillets ont donc eèteè extraits du
volume et reèinseèreès ensuite au cours de la reliure du tome I. D'autre
part, nous avons vu que dans l'exemplaire de Dublin le feuillet a2
avait eèteè deètacheè pour eêtre ensuite, lui aussi, reèinseèreè. L'explication la
plus plausible est que les feuillets annoteès de l'exemplaire de Dublin
avaient eèteè extraits pour servir d'exemplar, c'est-aé-dire de copie aux

Exhortatio
compositeurs de l'eèdition Goulston-Gataker. La raison para|êt eèvidente
dans le cas des feuillets manquants de l' qui correspondent
aux pages 9-15 signeèes c1-c4r. Ces feuillets sont ceux qui contiennent
des passages oué Galien cite beaucoup, notamment Homeére, Heèrodote,
Pindare etc. La mise en page des citations grecques aé partir de l'exem-
plar devait poser des probleémes particuliers aux compositeurs. En
effet, dans l'eèdition de Baêle certaines citations font partie du corps du
texte, d'autres non. Les caracteéres mesurent 9 centimeétres sur
20 lignes, alors que dans l'eèdition Goulston-Gataker toutes les cita-
tions sont seèpareèes du corps du texte par des alineèa et que les caracteé-
11
res employeès ne mesurent que 6,7 centimeétres (voir planche II).
Il n'est pas eètonnant, eètant donneè les pratiques d'atelier de l'eèpoque,
que les feuillets extraits et fournis aux compositeurs n'aient pas eè teè ren-
dus et ne soient pas relieès dans l'exemplaire de Dublin. Mais alors,
pourquoi donc les feuillets Y5 aé Y8 qui comportent les nombreuses
annotations de deux mains diffeèrentes ont-ils eèteè aé un stade ou aé un
autre reèinteègreès au volume ? Pour reèpondre aé cette question il nous
faut consideèrer, toujours dans la perspective de l'histoire de l'eè dition
Goulston-Gataker, quel usage Gataker a fait des annotations de son

Exhortatio ad medicinam & artes


deèfunt ami. Nous allons analyser quelques exemples tireè s du deèbut du

Opus
texte du traiteè l' (feuillet a1 de l'eèdition

cula varia lectiones variae et adnotationes


de 1538) que nous comparerons avec le texte imprimeè dans les -
et en nous reèfeèrant aussi aux don-
neèes en appendice de l'eèdition 1640. Ces notes de l'appendice portent
aé la fois sur des conjectures, sur des explications et sur des notes histori -
ques et litteèraires.
L'exemplaire de Dublin fait appara|être le caracteére heèteèrogeéne des
choix faits par Gataker parmi les corrections ou notes manuscrites de
l'exemplaire. Les marques marginales qui renvoient aé des conjectures

(11) C'est le cas, par exemple, d'une citation d'Euripide (l. 9, f. a2r, p. 3 de

l'eèdition annoteè e, correspondant aé la page 10, l. 6 et suivantes de l'eè dition de 1640).


une eèdition de galien 303

et des annotations font dans l'ouvrage imprimeè Goulston-Gataker par-


fois l'objet de reèfeèrences marginales, parfois non. Ainsi la reèfeèrence
marginale û katá t auÊton ý (p. 1, ligne 21, f. a1r) û nihil emend(a-
tum) Adelph(i) ý laisserait supposer que le texte imprimeè de la Baêle
ne doit pas eêtre corrigeè. Neèanmoins Gataker introduit dans son eèdition
une correction et reètablit û ý avant ûtòn ý (ligne 51, chap. II).
auÊton
Autre exemple: ligne 16 du feuillet a1 de dans
Hortatio ad artes discendas
l'exemplaire annoteè de Dublin de l'eèdition de Baêle, on remarque l'an-
notation marginale: û entet. potis(sime) ý qui offre une conjecture
pour le mot û tetùjyken ý=û ý. Dans ce cas-ci la variante
a² tetuj
est rejeteèe par Gataker dans le texte imprimeè des . Mais elle
Opuscula
est signaleèe par un asteèrisque en marge (p. 1, ligne 44). Un dernier
exemple: ligne 20 du feuillet a1, en marge de l'exemplaire annoteè,
deux notes abreègeèes û Platonis Th×t ý et û Iliad ý renvoient aé des
mots du texte qui ont eèteè souligneès. Dans l'eèdition de 1640, ces renvois
ne figurent plus en marge du texte. Mais une note de l'appendice si-
gnale la lecture suivante (p. 2, ligne 9) û , [...] etc
tá ty˜q gy˜q nèrhen
vide Platonem in Theaetet(e). & Clement. Alexandr. [c'est-aé-dire
Titus Flavius Clemens] Stromat(eis). lib. 5 ý. Par contre deux lignes
plus bas dans l'eèdition de 1640, on lit imprimeè en marge le nom de
Pindare, renvoyant au texte, mais ce renvoi ne figure pas parmi les
annotations manuscrites de l'exemplaire de Dublin.
Les exemples que nous venons de donner confirment aussi l'analyse
deèjaé effectueèe par Daniel Beèguin des û variantes ý du et du
De sectis De
optima secta signaleèes par l'eèdition de 1640. Elle montre que la plupart
des corrections apporteèes concernent des substitutions de lettres ou de
syllabes û entra|ênant un changement de cas ou de mode ý et refleétent
des transformations simples 12. Souvent les choix retenus sont des ques-
tions de style ( dè tó, tò ge , Gataker, p. 348). Toutefois, ces choix
que Daniel Beèguin attribue aé Goulston sont en fait ceux qu'a effectueès
Gataker comme le montre notre analyse.
Nous n'aborderons pas une analyse deètailleèe des choix faits par
Gataker dans les multiples annotations que l'on rencontre inscrites
dans les pages de l'exemplaire de Baêle de 1538 qui contiennent le texte
du Quod animi mores . Il est possible qu'une eètude systeèmatique de ces
annotations produise pour les traiteès sur l'aême publieès dans les Opuscula
varia un certain nombre de lec° ons nouvelles, outre celles deèjaé signaleèes
par Vivian Nutton pour le . Dans le
De substantia naturalium facultatum
cadre de cet article, il est impossible de proceèder aé cette analyse deètail-
leèe. Les passages concerneès, comme le montrent les clicheès joints, sont

(12) D. Beèguin, art. cit ., p. 344.


304 magdalena kozèluk, jean-paul pittion

tellement surchargeès et ratureès qu'un tel tri exigera une analyse longue
et deèlicate.
Mais avant de conclure sur l'eèdition de 1640 et sur le contexte de la
publication, revenons un instant sur le mysteè rieux codex Adelphi, une
des sources citeèes dans cette eèdition. Nous avons montreè que la seconde
main qui ajoute, corrige et compleéte les premieéres conjectures de
Goulston sur le traiteè Quod animi mores, ne peut eêtre que la main de
Gataker. On peut penser que les conjectures et variantes que Gataker
a porteèes directement sur l'exemplaire de son ami ou sur des bandes de
papiers accoleèes, proviennent, en effet, d'un autre exemplaire annoteè ,
û freére ý (û aÊdelfòq ý) du premier. Ou ne peut-on pas envisager que
lorsque Gataker dans l'appendice renvoie au codex Adelphi, il renvoie
aux feuillets qu'il avait preèpareès pour servir aé l'eèdition ? Seule une
eètude deètailleèe qui reste aé faire devrait permettre de reèsoudre cette eèni-
gme eèditoriale. Quoi qu'il en soit, ces deux deèsignations sont vraisem-
blablement le fait de Gataker et non de Goulston : rappelons qu'elles
n'apparaissent que dans l'appendice de l'eè dition de 1640 et que cet
appendice dans sa forme imprimeèe est duê au seul Gataker. D'ailleurs
certaines des reèfeèrences aé des eèditions classiques contemporaines qui
figurent dans l'appendice ne peuvent eêtre que de lui. Tel est le cas de
la citation d'Euripide deèjaé mentioneèe. (ligne 9, f. a2r., p. 3 de l'eèdition
annoteèe, correspondant aé la page 10, ligne 6 et suivantes de l'eèdition
de 1640). Dans l'appendice (p. 19), une note renvoyant aé cette cita-
tion donne la correction û aÊ sfelèq pour û aÊfelèq ý et renvoie aé
² feleq ý. Il est clair que note a
l'eèmendation proposeèe par Grotius û w
eèteè ajouteèe plus tardivement par Gataker, puisque les marges de l'eè di-
tion de Dublin proposent la variante û w² feleq ý ^ conjecture rejeteèe
ensuite dans la note de l'appendice.
En conclusion, l'eèdition procureèe par Gataker, compareèe aé l'exemp-
laire de Dublin, teèmoigne des heèsitations et des incertitudes de son eèdi-
teur face aé la valeur et aé la porteèe exacte des annotations et eèmenda-
tions proposeèes par Goulston. Gataker devant la multipliciteè et la
complexiteè des variantes relatives aux traiteès sur l'aême, a abandonneè
l'ideèe de proceèder aé un choix raisonneè entre elles. De fac°on geèneèrale,
dans tous les textes, il reèsout certaines ligatures mais pas toutes. Il
identifie les reèfeèrences, propose plusieurs lectures, mais n'eètablit pas sa
version deèfinitive du texte. Dans le Quod animi mores, notamment,
devant l'ampleur des conjectures ou annotations, il lui arrive meê me de
sauter des fautes des plus eèvidentes et de surcro|êt corrigeès dans les
annotations. Ainsi, il identifie une erreur sur le titre du traiteè d'Hippo-
crate De aere, loci et aquis (NER ` I A` ERWN, UD `ATWN, TOPWN) ou
é le texte
de la Baêle donne pour û pòpwn ý le mot û wotw
˜ n ý fautif. Goulston
corrige dans la marge le mot grec û pòpwn ý en û tòpwn ý. Mais dans
une eèdition de galien 305

le texte imprimeè de l'eèdition (ligne 10, p. 236) le mot û pòpwn ý est


conserveè.
Il est certain qu'au stade de la preèparation de l'exemplar destineè aé
la composition de l'eèdition, Gataker a baisseè les bras devant l'ampleur
de la taêche et s'est reèsolu aé ne donner qu'une apparence d'eèrudition aé
l'eèdition interrompue par la mort de son ami. Mais de ce qui peut
appara|être comme un abandon de la part de Gataker, du point de vue
strictement textuel, on ne saurait conclure que son eè dition ne reèpon-
dait pas aux attentes d'un certain public professionnel. Un bref exa -
men des notes retenues par Gataker pour figurer dans l'appendice,
reèveéle l'orientation qu'il a voulu lui donner.
En effet, durant la premieére moitieè du xvii e
sieécle en Angleterre,
deux theémes de reèflexion suscitent l'inteèreêt de la penseèe philosophique
et meèdicale. Le premier de ces theémes, illustreè par Sir John Davies et
par Sir Thomas Browne, est celui de la nature de l'aême et de son
immortaliteè. Comme le rappelle Jackie Pigeaud, la lecture mateè rialiste
des textes de Platon sur l'aême par Galien, a encourageè la naissance
d'une tradition meèdico-philosophique mateèrialiste sur la relation de
. Cette lecture jointe aux speèculations aristoteèlicien-
13
l'aême et du corps
nes des Padouans, a acquis une force nouvelle dans la penseè e meèdicale
de la Renaissance. Le poeéme de Sir John Davies Nosce te ipsum (1619),
re
l'eècrit de Sir Thomas Browne Religio medici (1 eèd. 1642) sont la
preuve des reèelles inquieètudes susciteèes chez d'honneêtes croyants par la
diffusion de cette tradition.
D'autre part, la meèdecine de l'eèpoque, speècialement en Angleterre,
est confronteèe aux pheènomeénes d'aberration mentale et de conduites
aberrantes qui sont classeès dans la nosologie de l'eèpoque comme ceux
de la meèlancolie. Le ceèleébre ouvrage de Robert Burton The anatomy of
melancoly (1621) teèmoigne de la veèritable obsession de l'eèpoque pour
comprendre les multiples dimensions de cette pathologie mentale. Or,
le traiteè Quod animi mores, s'il vise bien aé monter que les passions
(û pathemata ý) et non pas les erreurs (û hamartema ý) suivent les
mouvements des tempeèraments du corps, ce traiteè, comme l'a montreè
Jean Starobinsky, propose aussi une forme de sauvegarde sinon de
salut. Il offre par laé la possibiliteè d'une christianisation de la tradition
galeènique sur les rapports de l'aême et du corps.
Theèodore Goulston, comme l'a deèjaé souligneè Vivian Nutton, avait
par ailleurs orienteè son ami William Harvey sur les questions relatives
aé l'aême. On comprend alors que Gataker, fideéle aé l'esprit de Goulston,
ait choisi de deèdier son ouvrage aé l'archeveêque de Canterbury,

(13) J. Pigeaud, La maladie de l'aême. E¨tude sur la relation de l'aême et du corps dans la
tradition meèdico-philosophique antique, Paris, 1981.
306 magdalena kozèluk, jean-paul pittion

. En plac°ant sous le patronage de la figure la plus eè mi-


14
William Laud
nente de l'anglicanisme, un ouvrage qui joignait les traiteè s sur l'aême
traduits par Goulston aux traiteès propeèdeutiques, il mettait ainsi aé la
disposition des meèdecins qui aspiraient obtenir la licence du College of
Physicians, un compendium rassemblant des textes d'actualiteè s et dont
l'orthodoxie non seulement meèdicale mais aussi religieuse paraissait
par laé assureèe.

Magdalena Kozèluk (Universiteè de —oèdzè)


Jean-Paul Pittion (CESR Tours)

(14) V. Nutton, Harvey, Goulston and Galen, in Koroth, t. 8, n³ 11 -12 (Summer

1985), repr. in V. Nutton, From Democedes to Harvey. Studies in the history of medicine

from the Greeks to the Renaissance, Londres, 1988.


TOWARDS GENERATING A STEMMA

OF COMPLICATED MANUSCRIPT TRADITIONS :

PETRUS ALFONSI'S DIALOGUS

I ^ Introduction

In the last decade or so various attempts have been made to use phy -
logeny software from modern molecular biology to generate stemmata
1
of manuscript traditions . Molecular biologists have developed such
software in order to infer the relatedness of species or populations by
comparing parts of their DNA sequences. The most common methods
and then construct-
2
are based on the calculation of a distance matrix
3
ing a tree graph from the matrix. The applicability of these methods
to manuscript traditions is based on the parallelism between DNA

(1) First approaches, however, date back to the 1970s, e.g. P. Tombeur, J.-C.

Boulanger, J. Schumacher, Geèneèration automatique d'un stemma codicum, in La pratique

des ordinateurs dans la critique des textes, Colloque international du CNRS, Paris, 29 -31 mars

1978, Paris, 1979, p. 163 -183. In the last few years there were some significant publi -

cations on testing different methods from Leuven, cf. especially the contributions in

C. Maceè , P. Baret, A. Bozzi, L. Cignoni (eds.), The evolution of texts : Confronting

stemmatological and genetical methods, Proceedings of the International Workshop held in Lou -

vain-la- Neuve on September 1 -2, 2004, in Linguistica computazionale, 34-35, 2006. Further

cf. M. Spencer, E. A. Davidson, A. C. Barbrook, C. J. Howe, Phylogenetics of arti -

ficial manuscripts, in Journal of theoretical biology, 227, 2004, p. 503- 511, and M. Spen -

cer, C. J. Howe, Estimating distances between manuscripts based on copying errors, in

Literary and linguistic computing, 16, 2001, p. 467 -484, and L. R. Mooney, A. C. Bar -

brook, C. J. Howe, M. Spencer, Stemmatic analysis of Lydgate's `Kings of England' :

a test case for the application of software developed for evolutionary biology to manuscript stem -

matics, in Revue d'histoire des textes, 31, 2001, p. 202 -240.

(2) A distance matrix is a table that contains all the distances d (in some defined

metric) between any pair of items (a,b). As the distance d(a,b) must by definition be

equal to d(b,a), the matrix is symmetrical ; and as any element must be at distance

zero from itself (d(a,a) = 0 for all a), the full information is contained in the lower

triangle matrix.

(3) A tree is a a connected graph in which any two nodes (the species in this case)

are connected by exactly one path (along edges of variable length). Nodes that are

connected with only one edge are called leaves of the tree. In our trees every node

that is not a leave connects exactly three edges. A tree is called rooted if exactly one

node is designated as the root. In a rooted tree the edges are oriented (as pointing

away from the root). A tree can be turned into a stemma codicum by rooting it.

Revue d'histoire des textes, n.s., t. V, 2010, 307-331 ©


308 philipp roelli, dieter bachmann

samples (sequences of nucleotide base pairs) and natural language


4
texts (sequences of letters of the alphabet) .
In this article we will study the case of a medieval Latin text. Our
algorithms construct a distance matrix out of text samples which can
then be fitted to tree form. Our contribution is part of a larger project
presently under way at the University of Zurich, in which Carmen
Cardelle de Hartmann plans to edit Petrus Alfonsi's Dialogus (more
in a historical-critical manner for the first
5
fully Dialogus contra Iudaeos)
time, and to study its sources in depth. The present study of the mss
will provide a necessary basis for such a new edition of the text. For
this project our main goal is to group the more than 60 complete mss
of the texts. We base our analysis primarily on a text sample of some
500 words transcribed from 51 mss. To assess our results, on the one
hand we apply our algorithmic method to an artificial manuscript tra -
dition (for which the û true ý stemma is known), and on the other
hand we compare our solution for the (unknown) stemma of the Dialo-
gus tradition to a philological evaluation.

II ^ Petrus Alfonsi's Dialogus

was a Jew who converted to Christianity on St. Pe-


6
Petrus Alfonsi
ter's Day (June 29) 1106 in Huesca, which had been taken from the
Muslims by Peter I of Aragoèn ten years before, under King Alfonso I
7
of Aragoèn . In honour of the day and of his royal godfather he

(4) Cf. C. Maceè , Ph. Baret, Why phylogenetic methods work : the theory of evolution

and textual criticism, in The evolution of texts (op. cit.), p. 89-108.

(5) The Dialogus is edited in Migne's Patrologia Latina (PL 157, cols. 527 -672)

following the 1536 editio princeps (Gy in table 1) which in turn is based on a lost ms.,

apart from this there is a semi-critical edition by K. -D. Mieth, Der Dialog des Petrus

Alfonsi. Seine Uë berlieferung im Druck und in den Handschriften. Textedition, Dissertation,

FU Berlin, 1982 [henceforth û Mieth ý]. His edition is based on four mss (B1, B2,

P1, P2) and the editio princeps (Gy) ; in his text he usually follows B1. An English

translation of the Dialogus is available in I. M. Resnick, Petrus Alfonsi, Dialogue

against the Jews, The Fathers of the Church, Medieval Continuation vol. 8, Wash -

ington D.C., 2006.

(6) Fundamental for Petrus is J. Tolan, Petrus Alfonsi and his medieval readers,

Gainesville (Florida), 1993, for an assessment of Petrus' works, cf. Ch. Burnett,

The works of Petrus Alfonsi : Questions of authenticity, in Medium aevum, 66, 1997, p. 42-

79. For one of current research cf. C. Cardelle de Hartmann, Pedro Alfonso y su

Dialogus : estado de la cuestioèn, in Actas del V congreso internacional de lat|è n medieval hispaè -

nico, Barcelona 7 -10. Sept. 2009 (in print).

(7) Called el Batallador for his military prowess ; he reigned from 1104 to his

death in 1134.
generating a stemma of complicated manuscript traditions 309

changed his name from Moses to Petrus Alfonsi or Alfonsus . Unfortu-


8

nately this is the only precise date we have about our author. He had
probably grown up in al-Andalus (Islamic Spain) and studied Arabic
and Hebrew in depth. After his conversion he spent time in Northern
France and England. Among his pupils in England was Walcher of
Malvern . His two major works are the Disciplina clericalis and our Dia-
9

logus. In his Ýuvre Petrus brought for the first time reliable informa -
tion about the Qur'an, Islam in general, Arabic sciences and contem -
porary Judaism to Latin readers and he quickly became an authority
on Islam and Judaism in the Latin-speaking world. As a consequence
his works are extant in a large number of manuscript copies, many of
which date still from the twelfth century. The nature of the manuscript
tradition, rapidly divergent within a century of the composition of the
original text, accounts for a complicated stemma with a large number
of manuscript groups.
Unfortunately, it is not clear whether Petrus wrote his Dialogus right
after his conversion in 1106. Indeed, judging from his addressing
Alfonso as imperator we may conclude that the text was written be-
10
tween 1109 and 1114 when Alfonso rightfully bore that title . We have
11 12
found 59 complete manuscripts of the text and three more that
contain substantial parts. The oldest of these (P3) was written still in
13
the first quarter of the twelfth century , leaving a gap of at best little
more than a decade between this oldest ms. and the original text of
. However, certain readings and the fact that P4 is a con -
14
Alfonsi's
taminated copy of P3 (i.e. contaminated by another, unknown ms.)

(8) Either in genitive or nominative, depending on the source. In fact the mss

mostly write the name Alfunsus.

(9) Cf. the Sententia Petri Ebrei, cognomento Anphus, quam dominus Walcherus prior

Malvernensis ecclesie in latinam transtulit linguam, short De dracone, about the prediction

of eclipses. The text dates from 1120.

(10) He acquired and subsequently lost it by his marriage to Urraca of Leoè n.

From the mentioning of 1040 years (cf. Mieth 33,35) since the latest Jewish captivitas

(after the destruction of the Second Temple) some scholars conclude that the work

was written in 1109 or 1110. More about dating in Cardelle de Hartmann ( op.
cit.).

(11) Some of them lack some pages due to loss or damage during the transmis -

sion, unfortunately especially two of the oldest and most important ones (P3 and

Ar).

(12) Two more were lost when the library of Turin burned down in 1904 and

one in the second World War.

(13) All mss within a century or so of the original have been dated anew accord -

ing to paleographic criteria by Carmen Cardelle de Hartmann for this project. Her

new datings are contained in table 1.

(14) The next oldest mss are some decades younger : P4 (2/4), Ar (2/3 or even 2/

4), P2 (3/5) and B1 (3/5 or 4/5). For the notation, cf. note 18.
310 philipp roelli, dieter bachmann

make clear that this ms. is not the archetype itself, which is, as in most
cases, lost. Compare table 1 for basic information on all the mss we
used ; this includes just the more or less complete ones actually taken
into account in our calculations, the approximately 30 more short
excerpts or redactions of the text are not included. For easy reference
we have already included the groups of manuscripts we will determine
below.

15 16 17 18 19
Manuscript sig. gr. ff. age provenance and comments

Paris, Bibliotheé que de A1 Ò 158r- xiii St. Victor (Paris) ^ incomplete


l'Arsenal 769 179r 1/4 (tituli 1-5 of 12)

Paris, Bibliotheé que de A2 A 53r- xii/xiii Cluniacensian monastery St.


l'Arsenal 941 98v Martin des Champs (Paris)

Paris, Bibliotheé que de A3 A 20r- 1451 Written by Thomas Poyet, later in


l'Arsenal 553 98v Colleége de Navarre

Antwerp, Museum Plantin An B 77v- xii Cistercian abbey Vaucelles


Moretus lat. 2 / M 15.3 124v 3/3

Arras, Bibliotheé que Ar B 1r-41r xii Benedictine abbey St. Vaast


municipale 1016 (ex 432) 2/3 or (Arras) ^ pages missing
2/4

Augsburg, Universita«ts - Au Ò 157r- xv substantially altered text


bibliothek Cod. II. 1 fol. 41 214v

Berlin, Staatsbibliothek zu B1 F 1r- xii prob. French, later in Colleé ge des


Berlin ^ PreuÞischer 132v 3/5 or Jeèsuites de Clermont
Kulturbesitz, Phillips 1721 4/5

Berlin, Staatsbibliothek zu B2 E' 1r- 14th Benedictine abbey San Giorgio


Berlin ^ PreuÞischer 42v Maggiore (Venice)
Kulturbesitz, Hamilton 21

Bern, Burgerbibliothek cod. Be1 H 35r- xii Celestinian abbey Sancta Maria
188 89r 3/3 (Metz)

Bern, Burgerbibliothek cod. Be2 H 169r- xii copy of Be1, also from there
111 217v 4/4

Burgo de Osma, Biblioteca Bo b 7r- 1380 Spanish


Capitular 35 (28) 139r

(15) For easy reference from our plots the mss are given in alphabetical order of

their sigla. We include in this list three mss that were destroyed and one we could

not obtain copies from.

(16) The abbreviations are mostly based on Tolan (op. cit.).

(17) The symbol Ò denotes manuscripts that do not fit into any of the groups.

The asterisk (*) denotes probable cases of contamination.

(18) All dating in Roman numbers was newly done paleographically by Car -

men Cardelle de Hartmann for the current Petrus Alfonsi Project at the University

of Zurich. In order to save space the dating system gives the possible interval by a

û fraction ý number. 1/2, e.g., means first half of the century given by the Roman

number. Century dates in Arabic numbers are taken from the extant manuscript

catalogues. Precise numbers are given for dated mss.

(19) Note that by provenance we mean the earliest traceable location. Not in all

cases the manuscript will have been written there. The information, unless other -

wise stated, is from the relevant catalogues, from Santiago -Otero (in M. J.

Lacarra, Pedro Alfonso, Zaragoza, 1991), Tolan (op. cit.), with detailed informa -

tion about other works in the mss, and from Mieth (op. cit.) ; in all of these further

information on most of the sources can be found.


generating a stemma of complicated manuscript traditions 311
Brugge, Bibliotheek van het Br H 1-104v xiii Cistercian abbey Ten Duinen
Grootseminarie ms. 26/91 2/2 (Koksijde)

Cambrai, Bibliotheé que Ca A' 154r- late cathedral library Cambrai


municipale 166 (161) 197r 14th

Cambridge, Corpus Christi Cc C 37r- xiii Benedictine abbey St. Mary


College 309 78v 1/3 (York)

Cambridge, Pembroke Cp E 49v- 14th Pembroke College, Cambridge


College 244 91v

Cracow, Biblioteka Cr G 23r- 15th Austria


Jagiellonè ska 1197 118v

Chartres, Bibliotheé que de la Ct 12th Benedictine abbey Saint Peé re,


nd
Catheè drale 127 (130) Chartres ^ destroyed in the 2
World War

Dijon, Bibliotheé que D1 F 2r-92r xii C|êteaux


municipale 228 (ex 190) 4/4

Dijon, Bibliotheé que D2 F' 2r- xiii C|êteaux, copy of D1


municipale 230 (ex 192) 101v 1/2

Douai, Bibliotheé que Do B 95r- xii Benedictine abbey Anchin


municipale 199 158v 3/4 (Douai)

Cambridge, Fitzwilliam Fi A' 1r- xii English


Museum, McClean Collection 129v 3/3
120

Go«ttingen, Niedersa« chische Go B 1-66v 15th given to Benedictine abbey


th
Staats- und Universita« ts- Lu
« neburg still in the 15 century
bibliothek, Luneb. 12

Coloniae apud Ioannem Gy B - 1536 editio princeps based on a lost ms. e


20
Gymnicum : Petri Alphunsi ex Bibliotheca Corbenensi (sic) ^
Iudaeo Christiani Dialogi reprinted with some mistakes
in Migne

Cambridge (Mass.), Harvard Ha B 1r- xv Germany


21

College Library, MS Judaica 182r 2/4


16

Hereford, Cathedral Library He E 1r- xii English, prob. from Hereford


P. 2 IV 108v 3/3 Cathedral

Cambridge, St. John's J1 A 117r- xii provenance unknown


College, E. 4 (James 107) 180v 3/3

Cambridge, St. John's J2 C 1r-64v xii/xiii Premonstratensian monastery


College, D. 11 (James 18) Beauchief (Derbyshire)

Klosterneuburg, Kn1 Ò 101r- 14th French


Stiftsbibliothek 352 146v

Klosterneuburg, Kn2 D 87r- 1391 Augustine Canons at Neuburg


Stiftsbibliothek 826 207r

Kremsmu« nster, Kr G 1r-68v 15th German, same scribe as Me ?


Stiftsbibliothek 82

London, British Library, L2 E* 1ra- xii English


22

Harley 3861 93vb 3/3

London, British Library, L3 E* 116ra- early Salisbury cathedral


Royal 15 C II 177rb 13th

London, British Library, L4 F' 31r- xiii Cistercian abbey Cambron


Additional Ms 15404 144r 2/2 (Belgium)

(20) This could mean Corbie or Corvey. Our grouping of the text with mostly

German mss suggests that Corvey in North Rhine -Westphalia is meant. Quotation

from Mieth , p. xiv .


(21) According to Santiago-Otero (op. cit. p. 20). The dating is based on Ger -
man origin, otherwise the ms. might be older ( xiv ).

(22) According to paleographic evidence (Carmen Cardelle de Hartmann) ;

very similar to He.


312 philipp roelli, dieter bachmann

Leiden, Bibliotheek der Ld A 1r- xiii provenance unknown


Rijksuniversiteit, Scaliger 42 104v

Lieége, Bibliotheéque Geèneè rale Li Ò 139r- 15th Regular canons (Croisiers) at Huy
de l'Universiteè 360 (cat. 351) 198v (close to Lieége)

Lisbon, Biblioteca Nacional, Ls F 1r- xiii Cistercian abbey Santa Maria de


23
Alcobac°a 148 (CCXLI) 123r 1/4 Alcobac° a

Melk, Stiftsbibliothek 1059 Me G p. 25- 1414 Benedictine abbey Melk, scribe


160 Nicholas of Newberg, cf. Kr

Munich, Bayerische Mu D 81r- xiii Cistercian abbey Kaisheim


Staatsbibliothek Clm 28225 168r 1/2

Oxford, Bodleian Library, Ob E 206r- 15th û ex dono Joannis Blacman ý


Bodley 801 268v

Oxford, Bodleian Library, Ol P 1r- 15th French, copy of P2 (Tolan)


Laud. Misc. 356 120r

Oxford, Bodleian Library, Or E 1r-60v 14th English


Rawlinson C. 322

Paris, Bibliotheé que nationale P1 A 63v- xii provenance unknown


de France lat. 10624 171r 3/3

Paris, Bibliotheé que nationale P2 P 3r-76v xii Anglo-Norman or French ?


de France lat. 10722 3/5

Paris, Bibliotheé que nationale P3 A 145r- xii Benedictine abbey Feè camp
de France lat. 5080 205r 1/4

Paris, Bibliotheé que nationale P4 A/P* 49r- xii Benedictine abbey St. Germain
de France lat. 14069 113v 2/3 des Preès ^ contaminated copy of
24
P3

Paris, Bibliotheé que nationale P5 A' 205r- xii St. Victor (Paris)
de France lat. 15009 255r 3/3

Paris, Bibliotheé que nationale P6 B/E* 2r-61v xiii/ Benedictine abbey of St. Jean de
de France lat. 3359a xiv Laon ^ incomplete ( tituli 1-5 of
12)

Paris, Bibliotheé que nationale P7 F 2r-61r 14th provenance unknown


de France lat. 16523

Paris, Bibliotheé que Mazarine Pm b 93r- xiv Benedictine abbey St. Denis
th
980 129v 1/2 (Paris) since at least the 17 c. ^
incomplete ( tituli 1-10 of 12)
Porto, Biblioteca Puè blica Po F 1r-73r xiii Canons Regular at Santa Cruz de
Municipal do Porto 34 (43) 1/4 Coimbra, cf. Ls

Prague, Archiv Praz­ skeèho Pr1 E' ? 14r- 14th provenance unknown
hradu C.XCV 37v

Prague, Archiv Praz­ skeèho Pr3 G 56r- early Bohemia


hradu N.XLI 110v 15th

Salamanca, Biblioteca Sa T 4r- 16th Spanish, transcribed by Juan de


Universitaria 2579 130v Paria for printing

Santo Domingo de la Calzada, Sd E 96r- xiii Spanish, since 1568 in the


Biblioteca Capitular 2 141r 1/2 Franciscan monastery San
Francisco (Santo Domingo)

Troyes, Bibliotheéque T1 F' 1r- xiii Clairvaux


municipale 509 57v 1/2

Troyes, Bibliotheéque T2 T 1r-68v xiii provenance unknown


municipale 1720 1/2

Tarragona, Biblioteca Ta F 109r- xiii writing not Spanish ; was in the


provincial, Coèdice Miscelaè neo 215v Cistercian abbey Santes Creus
55 (olim 126) (Tarragona)

Tortosa, Biblioteca de la To F 1r- xiii provenance unknown


Catedral 15 115r 2/2

(23) We thank Aires A. Nascimento (Lisbon) for this dating and the one of Po

which is likely to be a little younger and thus a direct copy of Ls.

(24) Tolan (p. 194) considers contamination by P5. But this ms. is younger

than P4 and the contamination may well be the other direction.


generating a stemma of complicated manuscript traditions 313
Turin, Biblioteca Nazionale Tu1 13r- 15th both ms. were destroyed in the fire
Codex E. I. 43 31r of 1904 ^ for both the provenance
was unknown

Turin, Biblioteca Nazionale Tu2 ? 15th


Codex D. I. 16

Utrecht, Bibliotheek der Ut T? 156r- 1466 provenance unknown


Rijksuniversiteit 257 (eccl. 205v
195)

Vatican, Biblioteca Apostolica V1 F 80r- 1455 written in Leuven ^ pages missing


Vaticana, Vat. lat. 988 155v

Vatican, Biblioteca Apostolica V2 B 1r-72v 1392 the Pal. lat. codices stem from
Vaticana, Pal. lat. 425 Heidelberg

Vatican, Biblioteca Apostolica V3 ? ? ?


25
Vaticana, Vat. lat. 1294

Vienna, Oë sterreichische Wi D 1r-83r early Carthusian abbey Mauerbach


Nationalbibliothek 1623 xiv
Zurich, Zentralbibliothek MS Zu H 1r-88r xiii Cistercian abbey Aldersbach
C 125 1/2

Table 1

List of the manuscripts of the main redaction of the Dialogus

used in our simulations, including three lost ones (Ct, Tu1, Tu2)

and one we could not obtain copies from (V3).

Table 2 summarises what we know about the provenance of our


mss. We see that the transmission of our text throughout Europe lar -
gely happened among Benedictine and Cistercian monasteries and
mainly in France (and Belgium) and to a lesser degree in Germany,
England and on the Iberian Peninsula.

Benedictines Cistercians Canons others / unknown total

France/ Ar, Ct, Do, P3, P4 ?, An, Br, D1, A1, A3 ?, B1, Ca, Kn1, Ol, P2 ?, V1 26
Belgium P6, Pm ? D2, L4, T1 P5, Li
Celestinians : Be1, Be2
Cluniacensians : A2

Germany/ Go, Me Mu, Zu Kn2 Cr, Gy ?, Ha, Kr, Pr3, V2 12


Austria Carthusians : Wi

England Cc Praemonstratensians : J2 9
Cp, Fi, He, L2, L3, Ob ?, Or

Iberia Ls, Ta Po Bo, Sa, Sd 6

Italy B2 1

unknown Au, J1, Ld, P1, P7, Pr1, T2, To, 12


Tu1, Tu2, Ut, V3

total 14 10 5 37 66

Table 2

Summary of mss provenance listed in table 1, by monastic Order.

(25) Contains our text according to Santiago-Otero (in Lacarra, op. cit.),

p. 20. Unfortunately there is no catalogue for this ms. outside the Vatican and a

reproduction can presently not be obtained due to the Vatican's library closure. So

we could not use it in the present study.


314 philipp roelli, dieter bachmann

A critical edition for Alfonsi's other major work, the Disciplina clerica-
26
lis was published by Hilka and So«derhjelm a century ago . We do not
know the work's date of composition. The editors found 48 complete
and 15 fragmentary mss, of which only one also contains the Dialo-
27
gus . As the Disciplina is a kind of summa of moral teachings and is thus
intended for a rather different audience than our polemical dialogue,
this is not very surprising. Many of its mss go back to the twelfth cen -
tury ; nevertheless the editors were not able to produce a stemma : the
text seems to have diversified too quickly in the first decades of its exis -
tence and has suffered contamination. They were, however, able to
distinguish an older (better) recension (contained in 36 mss) and a
younger one (in 12 mss). Among the older one, some clusters of two to
four mss could be grouped. Consequently they based their edition on a
28
single manuscript enriched by readings of some of the others. Karl
29
Strecker severely criticised the editors for their failure to group the
textual tradition and thus using a single ms. as basis for the edition. He
believed it would have been possible to reconstruct a text close to the
author's. The traditions of the two works have many things in
common. With Strecker we believe that also for the Dialogus, despite
its complicated tradition, a text close to the author's can be regained.

III ^ Algorithms

1. Data preparation

Our method is based on a text sample, excerpted from each manu -


script. Obviously, the longer the excerpted text, the more reliable the
result is going to be. As excerpting dozens of manuscripts is labour
intensive, the preparation of the sample is the bottleneck in terms of
cost or effort. For the Dialogus, we chose a sample compiled from three
different parts of the text ; two from the beginning (sample 1 : Mieth
1,10-29 ; sample 2 : Mieth 3,14-39) and one at the very end of the text
(sample 3 : Mieth 143,15-23). The text at the end was not a very fortu-
30
nate choice as it was missing in 6 (out of 62) manuscripts . Four more

(26) A. Hilka, W. So
« derhjelm, Petri Alfonsi Disciplina clericalis. I. Lateinischer

Text, Helsingfors, 1911.

(27) Tolan's Be3, kept in Bern, is one of the mss with an altered recension of the

Dialogus. Therefore it is not contained in table 1.


th
(28) Oxford, Corpus Christi College 86 (14 century).

(29) In a review in Deutsche Literaturzeitung, 33, 1912, col. 862 -865, online at

www.archive.org

(30) A1, J2, P3, P6, Pm, Sd. Thus among them the oldest ms. P3 ; fortunately it

has a close relative in the complete Fi.


generatingastemmaofcomplicatedmanuscripttraditions 315
mss had other parts of the sample texts missing 31. These ten mss were
removed from the sample and especially dealt with at the end. After

+ +
also removing the idiosyncratic Au we retained a total of 51 mss. Our
text sample has an average length of 521 10 words or 2943 52

+ +
letters. By comparison, the artificial tradition of Baret et al., used to
test our algorithm below, has a length of 977 113 words or 4490
590 letters (based on 13 mss). For the Dialogus, we found the 520 words
excerpt to be on the lower limit of usability and have augmented it
with some further data for the final stemma (see below and fig. 5).
Before comparing the excerpts of the individual mss, the text sample
needs to be normalised in order to minimise the impact of trivial varia-
tion. This normalisation included (i) removing punctuation, (ii) col -
lapsing letter case, (iii) collapsing j and y with i, and v with u, as well as
(iv) the normalisation of common spelling variants in medieval Latin,
such as quicquid / quidquid, immo / imo, mihi / michi, archana / arcana etc.,
and (v) silent emendation of some obvious misspellings (e.g. adhesserat
for adheserat). In addition, as the text is a dialogue, most manuscripts
indicate the speaker (i.e. either û Petrus ý or û Moyses ý often as
rubrics). Since this is done inconsistently, these indications have been
ignored altogether. It should be noted that strictly speaking, this sort
of normalisation already entails a philological judgement on which
variations are significant (or which should be considered û errors ý as
opposed to trivial variants).

2. Distance matrix

The excerpted sample from each ms. will be compared to that of


each other ms., introducing a notion of quantitative (numeric) û re -

½6
latedness ý or û distance ý between text strings. For n mss, this amounts
to n (n-1) comparisons, or in our case of n = 51 to a total of 1275
distance calculations. Arranged in tabular form, these figures are the
distance matrix of the tradition. The notion of û distance ý employed
here is mathematically speaking a metric between text strings. In the
most general case, such a metric would operate at the character level.
We found it practical, however, both for philological reasons and for
reasons of calculation cost, to consider metrics operating at the word
level, i.e. we consider our excerpts as ordered lists of words. The selec-
tion of a good metric is the crucial step, determining the quality of the
generated tree. By contrast Baret et al. in their artificial text tradition
(discussed below, cf. note 38) used one metric, essentially a manual

(31) Ls ( Mieth 1,10-19), Ar and Ol ( Mieth 3,26-39) and V1 even the entire
sample 2.
316 philipp roelli, dieter bachmann

implementation of the û diff ý metric, and focussed on comparing


algorithms for generating tree graphs from the matrix.
The generation of the actual tree from the distance matrix is indeed
a highly non-trivial problem 32, but it is also one shared by phylogeny
in general and thus not specific to our case. The cost of calculation of
the optimal tree from the matrix 33 is super-exponential in the number
of mss, but there are a number of common methods to approximate a
near-optimal tree in use in biology. We used a standard weighted least
squares approach, the Fitch-Margoliash method 34 as implemented in
the PHYLIP package 35 with a calculation cost proportional to the
square of the number of mss.

(i) Simple word frequency metric

The most na|ëve and cost-efficient way of comparing two texts is by


simply counting the number of occurrences of each word and then
summing up the differences in these counts between the two texts. This
amounts to ignoring word order and treating the texts as unordered
û bags of words ý. We mention this simple metric for the sake of
completeness. It is capable of generating a stemma which correctly
identifies the main phylogenetic groupings in the Dialogus, of a quality
not far short of the result of the much more calculation intensive û diff ý
method discussed below. Evidently it fails in cases where large portions
of text were omitted or added to a ms. (in our case e.g. for Cc and Ca).

(ii) Edit distance (û diff ý)

The problem of comparing two texts is known in computing as


û edit distance ý, a notion of distance between two text strings expres-
sed in the number of edits or basic operations necessary to transform
one into the other. The exact value will depend on the number of pos -
sible basic operations taken into account. The edit distance reported

(32) Cf. the attempt to define a metric in tree space for the purpose of an objec -
tive comparison of solutions generated from different algorithms presented by
T. Roos , T. Heikkila« , Evaluating methods for computer -assisted stemmatology using artifi -
cial benchmark data sets, in Literary and linguistic computing advance access published

March 14, 2009. Their metric is based on the û triples distance ý introduced by
D. E. Critchlow , D. K. Pearl , Ch. Qian, The triples distance for rooted bifurcating
phylogenetic trees, in Systematic biology, 45, 1996, p. 323 -334.

(33) I.e. the best possible tree graph fitting the distance between two elements
to the path length between the corresponding nodes.
(34) W. M. Fitch, E. Margoliash, Construction of phylogenetic trees, in Science,
155, 1967, p. 279-84.
(35) J. Felsenstein , PHYLIP ^ Phylogeny inference package, version 3.68, Univer-
sity of Washington, 2009, http ://evolution.genetics.washington.edu/phylip.html.
generating a stemma of complicated manuscript traditions 317

by the algorithm should by conception correspond to the number of


single mistakes made by a manuscript's scribe. The edit distance be -
tween any two text samples should therefore reflect the û number of
mistakes ý made by the sum of copyists connecting the two manu -
scripts from which the samples were taken. In principle, such mistakes
may consist in deletion, insertion or transposition of one or more words
from the text. In practice, most file comparison software calculates
edit distances by solving the so-called longest common subsequence prob-
lem. A standard implementation of this approach is the diff utility,
36
developed for UNIX in the 1970s .

(iii) û diff ý based metric weighing consecutive edits

The diff algorithm returns a list of lists, each sublist identifying a


number of consecutive edits made to the text at a specific offset. As we
decided to operate on words, an edit is either the deletion or the inser -
tion of a word. One na|ëve metric derived from this would simply count
the number of edits contained in the diff output, corresponding to the
number of words that need to be changed (inserted or deleted) to
transform each text into the other. In scribal reality, however, a single
error may affect a number of consecutive words (e.g. omitting a line in
the manuscript). Therefore it seems sensible to give a lower score to a
number of edits on consecutive words than to the same number of edits
at discrete positions in the text. We address this by introducing a pa -
p
rameter p, weighing a number of k consecutive edits as k . A choice of
p = 1 would thus give equal weight to each edit, while p = 0 would
count any number of consecutive edits as a single edit which would
tend to put mss with substantial text loss unrealistically close to the
archetype, and to one another. The tree shown in fig. 2 below is based
on an intermediate choice of p = 1/2, thus weighing a series of con-
secutive edits with the square root of its length. Variation of the param -
eter between realistic values of, say, 1/3 to 2/3, is a way of assessing the
robustness of the result : groups that can be postulated with any cer -
tainty remain invariant, while mss of uncertain affiliation (such as B2,
Kn1 or An and Do) will fluctuate within the tree.

(iv) û diff ý metric refined to detect likely leitfehler

The preceding paragraph illustrates that what we should ideally


look for in our metric is not a simple count of edits or û errors ý, but a

(36) Cf. J. W. Hunt and M. Douglas McIlroy, An algorithm for differential file

comparison, in Computing science technical report, Bell Laboratories, 41, 1976, p. 1-8. The

implementation we used was the Algorithm : :Diff perl module (version 1.15), writ -

ten by Ned Konz.


318 philipp roelli, dieter bachmann

figure to which each error contributes weighed by its severity or signi -


37
ficance to the stemma. This is an emulation of the concept of leitfehler
or error significativus in classical stemmatology. Variant readings that
are unlikely to occur independently and unlikely or impossible to be
reverted by later scribes should be given much more weight than the
rank-and-file of everyday copyist's mistakes. Examples of such errors
unsuited for manuscript differentiation are trivial changes to Latin
syntax (e.g. word transpositions) or indeed simple spelling mistakes,
already addressed by our normalisation procedure above. The assess -
ment of the distinction as a leitfehler of any given variant reading is, of
course, a philological task that we cannot hope to automate. But we
can improve our metric by automatically collecting a preselection of
leitfehler candidates. These will be comparatively rare words which
appear in some mss but not in others. Compiling such a list of candida -
tes, we can then pair any two list items A and B, and divide our entire
manuscript corpus into four groups based on the occurrence of
A and B, viz. (A, B), (A, no B), (no A, B) and (no A, no B). This is
illustrated in table 3 below with the candidates plebis and superare (cor-
responding to the two variant readings plebis iudeorum vs. plebeiorum and
uel superare vs. nil). If both words are true leitfehler, one of the four
combinations cannot occur. The archetype reading could be any of
the three remaining combinations, depending on the phylogenetic
connection of the two errors. Assessing all such pairings, we assume
that the best leitfehler will contribute to the largest number of pairings
that are û consistent ý in the sense that the manuscript corpus has
exactly three out of four possible combinations. In order to avoid eve -
ryday words we did not include words of 4 letters or less. This informa -
tion can be fed into the metric, giving any edit that includes one of the
identified û good leitfehler ý a significantly higher score.

nothing uel superare

plebeiorum Br, P2, P4, Zu A2, A3, An, Au, B2, Be1, Be2, Ca, Cc, Cp,
Do, Fi, Go, Gy, Ha, He, J1, Kn1, Kn2, L2,
L3, Ld, Li, Mu, Ob, Or, P1, P5, Pr1, Sa, T2,
Ut, V2, Wi

plebis iudeorum B1, Bo, Cr, D1, D2, Kr, L4, Me, ^
P7, Po, Pr3, T1, Ta, To

Table 3

Two of the most promising leitfehler in our text sample combined.

The combination plebis iudeorum and uel superare exists in no ms.

(37) Leitfehler may be differentiated into Trennfehler and Bindefehler, separating

and linking mss respectively.


generating a stemma of complicated manuscript traditions 319

Testing with an artificial tradition


38
Baret et al. have tested various methods on an artificially produced
tradition comprising twelve manuscripts that were copied by different
people from one another in a rather complicated manner (including a
case of contamination). Various groups of biologists used their pro -
grams to reconstruct a stemma, and most of their results were quite
good, even though the best result was reached by classical, manual
stemmatology. The authors see this as due to the limited size of their
tradition and believe automated approaches to be of special value
û with large textual traditions and different scholars working in part -
nership to provide new transcripts and collations. ý Baret et al. had a
French text of some 1000 words transcribed by different people. We
39
used their data to gauge our diff algorithm. Fig. 1 compares our
40
result, a selected û good ý result from Baret et al. and the true
stemma. The ms. W was û lost ý, i.e. its data was not available for ana-
lysis. On the whole our result compares with the best artificially gene -
rated ones in Baret et al. The main flaws in our stemma are (a) the
hyparchetypes A and U are placed too far off their parent nodes (in
the case of U, this distance is sensitively dependent on the parameter p
due to the specifics of the errors of that particular scribe) and (b) the
algorithm was inherently unable to detect the contamination in F.

Figure 1

Artificially created manuscript tradition. Comparison of our result


with the diff algorithm and a coefficient of p = 0.5 (left), one of the
best results in Baret et al. (middle) and the true stemma (right).
Neither of the generated trees is rooted.

(38) Ph. Baret, C. Maceè , P. Robinson, Testing methods on an artificially created

textual tradition, in The evolution of texts (op. cit.), p. 255-283. The quote from p. 280.
(39) Many thanks to Caroline Maceè for the digital text !

(40) Obtained by the Neighbour Joining method, cf. op. cit. p. 270.
320 philipp roelli, dieter bachmann

Results for the Dialogus

In the following, we present the automatically generated trees for


the 51 complete mss of the Dialogus text sample, using the approach
detailed above. All trees are generated from their distance matrices
using the Fitch-Margoliash method. Fig. 2 shows the simple approach
of counting edits reported by û diff ý, consecutive edits weighed with
the exponent of p = 1/2 as discussed above. Fig. 3 additionally uses the
25 best leitfehler candidates identified automatically 41. The contribu-

Figure 2

Tree graph using a simple diff algorithm, again with a coefficient p = 0.5,
for our 51 complete mss. The branch length between any two mss is
calculated to approximate their distance in the present metric.

(41) For our text samples these were (in order of their automatically calculated
goodness) : plebis, plebeiorum, effectu, expositor, propter, prophetiarum, relatorem, recte, fuis -
set, cognosceres, recipimus, iudeorum, elatorem, delegissem, effectum, adheserat, scriptis, perue -

nit, rectam, recepimus, compositor, superare, coequeuos, uirili, scripturis.


generating a stemma of complicated manuscript traditions 321

tion of edits involving one of these 25 words to the distance function


was set at 30 times the contribution of a regular edit. The resulting
graph has a more articulated structure, setting the phylogenetic
groups identified more pronouncedly apart from the symmetric star-
shape of a û null solution ý graph. The main flaw in this tree is the
crowded double group in the middle to the left, basically group E (see
below), but adding also T2 and P2.

Figure 3

The same graph improved with a list of 25 automatically found leitfehler.

(v) Manually improving the list of leitfehler

Since we have developed a method of generating a tree largely


determined by a given list of significant variant readings or leitfehler,
there is nothing to stop us from reviewing the leitfehler candidates
322 philipp roelli, dieter bachmann

manually and redrawing the stemma based on a hand-picked list of


words that we consider significant in this sense. It should be noted that
at this point, we depart from the goal of a stemma that is generated in
a fully automatised way, as it were at the push of a button. In the fol-
lowing, we present much rather our best guess at the stemma based on
a happy marriage of our human philological judgement with the
computing power of our algorithm. In fig. 4, we show the tree gener-
ated in the same manner as fig. 3, but based on a list of 22 leitfehler we
selected manually from the suggested candidates. For this we removed
cases like effectu (vs. effectum ; the two often hardly distinguishable in
the mss) of fuisset (vs. esset, which could easily replace it) and added a
few short but good ones (like uie vs me). As the two readings of a single
leitfehler can in any pairing of two ms. only once be different, it does
not matter whether we include one or two readings of the pair 42. The
improved result is shown in fig. 4.

IV ^ Philological analysis

Manually improving the automatically detected Leitfehler list used


for fig. 3, we arrived at a more reliable stemma shown in fig. 4. As this
data still seemed unable to differentiate what will be groups B and E
at the centre of the plot, we chose to compare another 14 promising
leitfehler we found outside our text sample in a more technical section
of the Dialogus (between Mieth 10,39 and 13,6) 43. This new data we
appended to our previous excerpts and obtained the improved plot in
fig. 5. The new data was indeed capable of resolving the big cluster of
mss in the centre into groups E and B. So fig. 5 uses information from
the Dialogus in addition to the 520 word text sample we had excerpted,
as indeed our text sample seems to have been somewhat short.
In order to classify the ten mss that did not contain all our sample
text and were therefore excluded above, we plotted the tree graph for
only that part of our text sample which was contained in any of the
missing mss with all the complete mss. These plots, except for V1
where about half our sample text is missing, yielded plots very similar

(42) Using our philological knowledge about the tradition we changed the list
to : plebis/ iudeorum/ plebeiorum, compositor/ expositor, relatorem/ elatorem, genuit/ peperit,

intueor/ uideo, aduersi onis/ defensionis, recte/ rectam, uie, propter, aduenire, perpendimus, adhe -

Where the corresponding word occurred often in the text (like


serat, delegeris, uirili.

me corresponding to uie) it could not be used. These leitfehler largely correspond to


table 4, without making use of the 14 leitfehler from outside our text sample.
(43) We thank Darko Senekovic for helping us search the mss for these readings.
generating a stemma of complicated manuscript traditions 323

Figure 4

The same graph with a manually improved list of leitfehler.


The main groups are much more clearly separated now.

to fig. 5. In order to save space we chose not to include these plots but
instead manually integrate the incomplete mss into fig. 5 at the
approximate position they occupied in the partial plots. These inser -
tions are indicated by grey arrows and the incomplete mss are additio-
nally marked by brackets. As the different plots show, the resolution of
our method is not good enough to yield much detail about the depend-
encies at the central cluster of nodes (where ideally the position of the
324 philipp roelli, dieter bachmann

archetype W should be resolved alongside early hyparchetypes). While


hyparchetype b is clearly articulated (marked in fig. 5), hyparchety-
a
pe , which we will postulate below, close to W linking b with
groups P and (partly) H, is not discernible at all. The oldest mss (bold
and in italics in fig. 5) are scattered over a large part of the plot indi-
cating the quick differentiation of the manuscript tradition.

Figure 5

The same graph further improved by 14 more leitfehler from outside


our text samples. Additionally inserted into this plot are the
approximate positions of the incomplete mss (marked with arrows).
Mss still from the twelfth century are highlighted in bold -face, those
probably even from its first half in bold and italics. Our proposed groups
(cf. fig. 6) are added in grey capital letters.
generating a stemma of complicated manuscript traditions 325

Combining fig. 5 with a manual study of the mss 44, resulting in a list
of trennfehler (separating variants) between the groups, presented in
table 4, we can propose a reliably confident stemma of the tradition
(drawn in fig. 6). The vertical boxes contain the individual manu-
scripts in each group, aligned chronologically. In cases where we were
confident of direct descent we marked it with a line (horizontally
where the direction seemed unclear). Probably contaminated mss are
marked by an asterisk and dotted lines.

Figure 6

The final stemma codicum we propose for the Dialogus. W represents


a b
the archetype, and early hyparchetypes, the boxes below contain
group symbols, introduced for ease of reference ; they are not meant
to necessarily represent a single (lost) manuscript each.
The numbers refer to the leitfehler listed in table 4.

(44) Such a manual study of a large number of mss is facilitated by the freeware
application Juxta (http ://www.juxtasoftware.org/).
326 philipp roelli, dieter bachmann

No. errores significativi other mss ? comments

1 similiter gradus qui est in occidente sole in Aren H has it contamination


occumbente, non est idem cum eo qui eadem hora

missing [Mieth 10,31-32]


alii apparet civitati
not in Be1, H is contaminated, cf. 6/7
missing [143,16]
uel superare
Be2
2 not
me ad [1,11]
ad uie - many differences; b is clearly
not [3,24]
propter per - secondary
not
plebis iudeorum [3,34]
plebeiorum -
not
cotidie [10,40] etc.
assidue -
3 not
expositor [1,10]
compositor - auctor: Pm; Ls, Po, Bo passage
missing
not
elatorem [3,28]
relatorem - emulatorem: A1 & D1 ( elatorem
[a subgroup has : Ls, Po, To, V1]
latorem a.c.)
4 added [1,26]
descendit ad inferos -
not
elegissem [3,17]
delegissem also Kn1 Pr3: sub ras.
d
not
aduenire [3,21]
ad te uenire also P
not
propter quam [3,24]
propter quid also Li, Kn2
5 not
genuit [1,20]
peperit - both incl. P4*
not
aduenire [3,21]
ad te uenire also G
6&7 not
aduersionis [3,28]
defensionis - in H only
similiter gradus qui est in occidente sole in Aren - 7: in H (with W) though missing
occumbente, non est idem cum eo qui eadem hora in a
extant [10,31-32]
alii apparet civitati

8 uiri not [1,20]


uirili also F' excl. P4*
delegeram not [3,17]
delegissem - incl. P4*
intueor not [3,23]
uideo - incl. P4*
9 accurrit not [3,18]
peruenit also P2, Mu B2 and Pr1 do not have this
(cf. 13) reading, but are otherwise
closely related to E
10 supradicta missing [12,33] P2 and maybe Ol (data
predicta :
missing)
agnosceres not [143,21]
cognosceres Au, Br, Ls P6 passage missing
11 qui a primeua etate meus consocius fuerat -
condiscipulus missing [3,15-16]
cur not [3,24]
per quam -
12 abducens not [11,28] etc.
educens - Li differs from all other groups,
it seems to be most closely
related to C
13 uenit not peruenit [3,18] not Mu Mu has (
aduenit a.c.)
accurrit ;
both are not very good errors
existimationenot [3,32]
estimatione also An, Do,
P4*
14 delegerismissing [3,25] - uncertain group
15 uiri not [1,20]
uirili also A (not incl. D1, F' seem to be copies of
P4*) it
16 cf. 5 and 8
17 P6* often has readings from E and is
contaminated; most likely by L3. Equally
L2* contains readings from B
4 Table

The best for each grouping found in our text passages.


leitfehler

The numbers correspond to the in fig. 6.stemma codicum


generating a stemma of complicated manuscript traditions 327

Let us now summarise what we know about the groups visible in the
stemma (fig. 6). Suspected direct copies are marked with an arrow,
cases of probable contamination with an asterisk.

Group A (û Anglo-Norman ý
45
) : P3 4 Fi, 4 P5* 4 Ca ; P1 ^
46
J1
4 A2, A3, Ld ; (P4)*. This group is based on the Anglo -Norman ms.
P3 from the Benedictine abbey Feècamp in Normandy. P4, of unknown
provenance, is contaminated between groups P and A, there probably
descending directly from P3. In our plots it fluctuates between these
two groups. It may have been occasionally used in turn in the writing
of P5 (based on P3) which has a rather erroneous descendent in Ca
(together û A' ý). Among the rest of the group P1, J1 and A2 are
more closely related. Fi seems to be faithfully copied from P3. The
later A3 and especially Ld are less faithful copies belonging to this
group.
Group B (û Belgian ý) : Ar ; Do 4 An ; V2, Ha, Go, Gy ; P6*. The
three oldest mss of the group are from the French-Belgian border
region. The oldest and best ms. of the group would be Ar which, unfor -
tunately, lacks pages. Do seems to be slightly older than An, so An is
likely a copy of it. The two mss are closely related and have many
additional mistakes in common, so due to the contamination in L2
(and possibly L3) in our less sophisticated plots these two mss fluctu -
ated between groups E and B. V2, Ha, and Go are German (as far
back as there provenance is traceable), therefore it seems likely that
the ms. the editio princeps Gy was based on came from Corvey in Ger-
47
many not from Corbie . P6 is contaminated by group E (perhaps
L3), besides being incomplete and containing many mistakes of its
own.
Group C (û Cambridge ý) : J2, Cc. The two mss in this group are
now in Cambridge. They share some omissions and do not seem to
have a very good text. Li, which does not fit in any of the groups, has
some readings in common with C and may be considered a distant
relative of the group.
Group D (û Danubian ý) : Mu, Kn2, Wi. The three mss in this
group stem from the Danube region. We have found no very convinc -
ing leitfehler for them, but the bulk of the ones we have still make for a
clear-cut grouping.
Group E (û English ý) : He 4 Cp 4 Or ; 4 ? L2*, L3* ; Sd 4 Ob.
This mostly English group is in many respects the most complicated

(45) These names are meant to be mainly mnemonic.

(46) P1 and J1 are closely related and roughly of the same age. Probably one is

a copy of the other.

(47) Cf. above note 20.


328 philipp roelli, dieter bachmann

one ; its mss differ in few leitfehler and thus tend to get clogged together
at the centre of our plots. The old ms. He has two probable descen -
dants in Cp (a bad copy) and Or. L2 has a layout virtually identical
to that of He ; it is likely to be a copy of it, probably contaminated by
group B. L3 (a bad copy) may also be contaminated by group B
(or L2) and in turn seems to have contaminated P6*. Sd, which has
curiously found its way to Spain (Santo Domingo de la Calzada), has
a descendent in Ob (they share the unique gremio instead of cunis
[Mieth 3,37]). B2 (more closely) and Pr1 seem to be related to
group E though they do not share its most distinctive reading.
Group T (û Troyes ý) : T2, Sa ; Ut. This group with its oldest ms.
from Troyes is not well defined. But its three mss do seem to be related.
All of them are quite far from the centre of our plots. Curiously the
diff-plot (fig. 2) is able to resolve this group unlike plots 3 and 4 ;
plot 5 finally resolves them quite clearly. Sa was prepared for printing
by a humanist, apparently from a lost ms. The editor smoothed the
text significantly.

On hyparchetype a 48
depend two groups and another hyparchetype,
b.
Group H* (û Helvetic ý) : Be1 4 Be2 ; Zu, Br. The entire group is
contaminated. The Bern mss often differ from the other two which are
mostly in accord among themselves.
Group P (û Parisian ý) : P2 4 Ol, P4*. P2 and its late copy Ol
contain many special readings, some of which are shared by the conta -
minated P4 (cf. group A).

Hyparchetype b has usually inferior readings 49


.
Group F (û French ý) : B1 4 ? Ta, D1 4 (T1, D2, L4), Ls 4 4
Po ?
V1 and To, P7. This big group's most ancient mss are French, many
of its descendants, however, are found on the Iberian peninsula. Most
of the mss were written in Cistercian abbeys ; apparently they moved
among Cistercians from France to Spain and Portugal. Ta seems to be
quite a bad copy of B1 ; T1, D2 and L4 copies of D1 thus forming a
subgroup (F'). Ls, Po (these two very closely related, Ls apparently a
50
little older), To and V1 lacking pages share the reading latorem
[Mieth 3,28], suggesting another subgroup. The two mss Bo and Pm
depend on hyparchetype b, possibly being direct copies of it, but not

(48) Its existence can be deduced from the two leitfehler in table 4, position 1.

(49) Therefore Mieth's decision to use one of its mss (B1) as his main witness

was unfortunate.

(50) Among V1's missing text is unfortunately our entire text sample 2. Thus

the ms. could not be well positioned automatically in the tree.


generatinga stemmaofcomplicatedmanuscript traditions 329
to one of the two groups here described. Pm is incomplete and contains
a lot of mistakes.
Group G (û German ý) : Me, Cr, Kr, Pr3. This mostly German
group is the only one comprising only late mss. Nonetheless, as they
share a number of readings, they will all go back to a lost copy of b.
Me and Kr seem to be copied by the same scribe. Cr is a bad copy.
Manuscripts that do not belong to any of the groups above, besides
the mentioned B2, Pr1 (related to E) and Li (to C), are : A1 (incom -
plete), Kn1 (both quite different from all the rest) and Au, which has
changed the text so much that it is not possible anymore to determine
51
where it belongs to .

In conclusion, we were able to determine different groups of manu -


script traditions of the Dialogus. The following manuscripts are the
most important ones in their groups. A: P3 (where incomplete
Fi) ^ B : Ar (where incomplete Ha or Go) ^ C : does not contain good
mss (the related Li being the most interesting) ^ D : Mu ^ E : He (and
possibly B2, Pr1) ^ T : T2 ^ A1 seems interesting though incomplete,
Kn1 should also be considered for a critical edition ^ dependent on
hyparchetype a, Be1, maybe Zu and P2 ought to comprise the whole
range of readings ^ among the secondary hyparchetye b B1 is the
oldest and most important ms., Bo and Me also interesting seem.

V ^ Unresolved issues
We have compared stemmatology in philology to phylogenetics in
biology. This parallelism is not original to us, nor is it recent : it was
th
developed in the 19 century, the golden age of philology, as evident
from the metaphor of genealogy in stemma, or stammbaum, which to-
gether with the stammbaumtheorie in historical linguistics reflect the desire
to reproduce the rigour of Darwin's Origin of species of 1859 in the
humanities. Nevertheless, there are a number of significant differences
between the tradition of a text and biological evolution. These dif -
ferences are mostly a matter of scale, as in the length of the û text ý
being transmitted, the number of generations and the number of
extant individuals available for analysis. There are also more funda -
mental differences, which we shall now briefly discuss.
One problem not addressed by our algorithm is the localisation of
the (lost) archetype within the stemma. This is the problem of û root -

(51) This bad and highly idiosyncratic ms. has been omitted from the plots

because its very long branch would have used a lot of space and not provided addi -

tional information.
330 philipp roelli, dieter bachmann

ing ý the tree diagram. In practice, a û vertex ý in the diagram where


52
many lines converge will likely be the archetype, or at least an
important hyparchetype. But note that in the case of two major ver -
tices, as seen in W and b in fig. 5, there is no indication of whether the
vertex at b descends from W (as we suggest), or vice versa. In order to
determine this, a notion of directionality needs to be introduced. In
biology, this can be done from a distantly related û out -group ý. For a
text that was written (i.e. created so to speak ex nihilo) at a certain
53
point in time, this method is not available . Traditionally several
methods based on leitfehler together with a good deal of intuition are
used in ways that do not lend themselves to algorithmic description.
A second, even more severe problem for manuscript stemmata are
contaminations. Unlike the biological agents that replicate DNA,
manuscripts are copied by thinking scribes, who may produce errors
that are not distributed randomly. In particular, a scribe may have
more than one manuscript from which to create his copy, and may use
his own judgement in cases where his originals disagree. The result is a
stemma that is not tree-like, containing nodes with more than one
parent node. A somewhat comparable effect in biology would be the
so-called horizontal gene-transfer especially common among bacteria.
There does not seem to be any established way of dealing with the prob -
lem among biologists. Pseudo-nodes, allowing more than three bran-
ches to branch off, could be introduced to simulate this problem. They
have to be heavily penalised in the algorithm in order to avoid that
the algorithm uses them to find easy fits. Recently, Makarenkov et
54
al. . have attempted to implement such an approach. Their idea is to
calculate a true tree which is then gradually improved by adding
pseudo-nodes. Applying such approaches to manuscript traditions is
beyond our present scope.
A third, and somewhat prosaic issue is that of uncertain readings
and lacunae in damaged mss. Such flaws in the excerpted text will
tend to deteriorate the quality of the database. In general, the solution

(52) Strictly speaking, a cluster of nodes in close proximity, as in our tree -dia-

grams each node connects exactly three lines.

(53) A possible parallel to the û out -group ý approach would be quotations

from a work not readily available to the scribe (unlike the Bible) but whose original

text is known. In our case the direct translations from the Qur'an or the Talmud

that Petrus Alfonsi makes might be used as an out -group as both texts were virtually

unknown in the Latin West. However, due to problems of translation and the

absence of critical editions of the source texts this idea is beyond our present scope.

(54) Cf. V. Makarenkov, P. Legendre, From a phylogenetic tree to a reticulate net -

work, in Journal of computational biology, 11, 2004, p. 195 -212, and the online tool :

http ://www.labunix.uqam.ca/~makarenv/trex.html.
generating a stemma of complicated manuscript traditions 331

will be a pragmatic emendation in places where the reading does not


differ significantly across mss. In the case of mss that lack significant
portions of the excerpted passage, the incomplete mss can be omitted
in a first step, and fitted to the generated stemma in a second step, as
we have done above.

Philipp Roelli, Dieter Bachmann


University of Zurich
¨
LE PAPYRUS D'ARTEMIDORE :

LE LIVRE, LE TEXTE, LE DËBAT

C'est une des plus passionnantes controverses que la philologie clas -


sique ait connues depuis un demi-sieécle. C'eètait aussi, au moment oué
la presse savante l'annonc°ait, une des plus prometteuses deècouvertes
de la papyrologie. Le papyrus d'Arteè midore, ainsi appeleè du nom du
geèographe des ii i
e
/
er
sieécles avant notre eére dont il produit, sur deux de
1
ses colonnes, un sommaire consacreè aé la peèninsule Ibeèrique , est en soi
un hapax proteèiforme. Signaleès en 1998 dans un article cosigneè par
2
Claudio Gallazzi (Milan) et Ba«rbel Kramer (Treéves) , les fragments
qui en subsistent ont permis de reconstituer partiellement un rouleau
de plus de 2,50 m de long et de 32,5 cm de haut. Sur son recto, on dis -
tingue au total cinq colonnes d'eècriture dues aé la meême main, les deux
dans lesquelles on a reconnu Arteèmidore (col. IV-V) et trois autres
portant un texte anonyme au ton ampouleè et au contenu amphigou-
rique, qui exalte le meètier de geèographe et la mission quasi divine qui
lui serait deèvolue (col. I-III). Les deux ensembles distincts que consti-
tuent ces colonnes d'eècriture sont seèpareès entre eux d'un meétre envi-
ron ; selon une succession sur laquelle on reviendra plus loin, ils sont
accompagneès par une repreèsentation de type cartographique sans
eèquivalent dans notre documentation, mais aussi sans les noms de lieux
neècessaires aé sa lecture et aé son interpreètation, et par des portraits
d'homme et des dessins anatomiques de mains et de pieds qui parais -
sent provenir d'un atelier d'art. Au verso, le papyrus est couvert de
dessins d'animaux, familiers du Nil ou fantastiques, identifieè s par des
leègendes, qui peuvent avoir servi de modeéle aé un mosa|ëste ou aé un

3
(1) P. Artemid. = Mertens-Pack 168.02. ^ Le floruit d'Arteèmidore tombe en

104-101 avant notre eé re, selon Marcien d'Heè racleèe, dans son eèpitomeè du Peèriple de

Meènippe, 3 (eèd. C. Mu« ller , Geographi Graeci minores, t. I, Paris, 1855, p. 566). Les

158 fragments de ses Geographoumena connus par la tradition indirecte ont eè teè publieès

par R. Stiehle , Der Geograph Artemidoros von Ephesos, dans Philologus, t. 11, 1856,

p. 193-244 ; augmenteè s des fragments papyrologiques (dont P. Oxy. 2694, cf. infra

n. 68), ils feront prochainement l'objet d'une nouvelle eè dition par Silvia Panichi

dans les Fragmente der Griechischen Historiker, V.

(2) Cl. Gallazzi- Kramer B. , Artemidor im Zeichensaal. Eine Papyrusrolle mit Text,

Landkarte und Skizzenbu« chern aus spa«thellenistischer Zeit, dans Archiv fu«r Papyrusforschung,

t. 44, 1998 [1999], p. 189-208. ^ Dans la presse italienne, un premier signalement a

eèteè lanceè par Giulio Giorello , Un papiro svela la Geografia di Artemidoro. Fra arte e filo -

sofia, dans Corriere della sera, 28 juin 1999, p. 27.

Revue d'histoire des textes, n.s., t. V, 2010, 333-371 ©


334 didier marcotte

peintre et qui semblent confirmer le remploi du livre dans une bou -


tique d'artiste ou dans une eècole de dessin. Le verso preèsente eègale-
ment, comme en miroir, des traces d'encre laisseèes par les textes du
recto, pheènomeéne provoqueè par l'humiditeè du lieu oué le papyrus eètait
conserveè avant sa mise au rebut, intervenue sans doute, comme on le
er 3
verra, aé la fin du I sieécle de notre eére .

a b c

Fig. 1

Le recto du P. Artemid. et ses trois fragments apreé s restauration du papyrus

Le papyrus a eèteè acheteè en octobre 2004 par la Fondazione per


l'Arte della Compagnia di San Paolo et mis en deèpoêt au Museo Egizio
de Turin. A © Turin toujours, il a fait l'objet d'une exposition en 2006,

inaugureèe en meême temps que s'ouvraient dans cette ville les Jeux
; le catalogue de cette exposition, richement illus-
4
olympiques d'hiver
treè, offrait une description exhaustive du contenu et trac° ait une pre-
mieére histoire du papyrus, de sa copie aé son remploi, puis aé sa mise au
5
rebut et aé sa redeècouverte . L'eèdition princeps, assureèe par Claudio
Gallazzi et Ba«rbel Kramer, avec le concours de Salvatore Settis, est
sortie en mars 2008, en deux volumes, dont un de planches et de fac -
6
simileès , au moment oué s'ouvrait aé Berlin une nouvelle exposition
7
consacreèe plus particulieérement aé l'illustration du papyrus .

(3) Cf. infra p. 346.

(4) Le Corriere della Sera s'est fait l'eècho de ces eèveènements sous la plume de Ste -

fano Bucci, le 8 octobre 2004, p. 35 (deèpoêt du papyrus), et le 19 feè vrier 2006, p. 37

(son exposition).

(5) Cl. Gallazzi -S. Settis (eèd.), Le tre vite del papiro di Artemidoro. Voci e sguardi

dall'Egitto greco-romano, Turin, 2006.

(6) Cl. Gallazzi , B. Kramer, S. Settis ( eèd.), Il papiro di Artemidoro, Milan,

LED, 2008 (2 vol., avec DVD), avec des contributions de Gianfranco Adornato,

Albio Cesare Cassio et Agostino Soldati [citeè deèsormais Gallazzi- Kramer - Set-
tis ]. La bibliographie consacreè e au papyrus de 1999 aé janvier 2008 est reè unie p. 13 -

50, en meê me temps que la litteè rature ancienne sur Arteè midore. Les articles de presse

ne sont pas mentionneè s ; nous citons ici ceux qui nous paraissent avoir joueè un roêle

deèterminant dans le deè bat.

(7) La meê me exposition s'est deè placeèe aé Munich au Staatliches Museum Øgyp -

tischer Kunst en juillet 2008. Le catalogue commun aux deux manifestations a eè teè
le papyrus d'arteè midore 335

Deés 2006, Luciano Canfora a eèmis des doutes sur l'authenticiteè de


l'objet, textes et dessins reèunis, et proposeè de les attribuer aé Constantin
Simonideés (1815-1890), auteur de nombreux faux sur papyrus dans les
anneèes 1861-1864, dont quelques reèalisations plus ou moins habiles
8
sont conserveèes dans la collection Joseph Mayer de Liverpool . Dans
une monographie collective parue quelques mois avant l'eè dition prin-
ceps, le philologue italien a ainsi donneè une proekdosis des passages preê-
teès aé Arteèmidore, dans lesquels il a cru eèpingler quelques anachronis-
mes, et tenteè une traduction du texte theèorique des colonnes I-III,
dans le lexique et la syntaxe duquel il a voulu reconna|ê tre des faits de
9
langue tardive . Avec l'aide de Luciano Bossina, il a brosseè eègalement
un portrait brillant de Simonideés et proposeè une analyse peèneètrante
du nationalisme exacerbeè qui aurait pousseè cet aventurier des lettres aé
vouloir se reèapproprier les grands teèmoins de la geèographie grecque
10
antique et l'aurait ainsi conduit aé contrefaire Arteèmidore . Enfin,
dans une seèrie d'articles parus dans la presse aé partir d'avril 2008,
l'historien de l'art Maurizio Calvesi s'est employeè aé identifier dans la
peinture de la Renaissance les modeéles des illustrations dont le papyrus
est couvert et aé montrer que le texte des col. I-III, dans ses formules
contourneèes, ne serait qu'une paraphrase, assez laêche en veèriteè, du
prologue de la Geèographie geèneèrale compareèe de Carl Ritter, geèographe

conc°u par Fabian Reiter (eèd.), Anatomie der Welt. Wissenschaft und Kunst auf dem Arte -

midor-Papyrus, Begleitheft zur Ausstellung, Berlin, 2008.

(8) Les premiers doutes ont eè teè exprimeès par Luciano Canfora dans le Corriere

della sera, aé propos des illustrations (23 mars 2006, p. 79 : Che ci fanno i disegni alla

Goya in quel papiro ?), puis aé propos du texte dans les Quaderni di storia, t. 64, 2006,

p. 45-60 (Postilla testuale sul nuovo Artemidoro). La presse italienne a rapidement reè per -

cuteè le deèbat naissant ; voir D. Messina, dans Corriere della Sera, 14 septembre 2006,

p. 39 (compte rendu de l'article des Quaderni di storia et entretien avec L. Canfora) ;

15 septembre 2006, p. 57 (avec les avis du papyrologue Rosario Pintaudi et de l'his -

torien de la geèographie Francesco Prontera). ^ Sur les papyrus copieè s par Simoni -

deés, voir en particulier L. Capponi, Visita ai papiri di Simonidis, chez L. Canfora

(eèd.), Il papiro di Artemidoro (op. cit. infra n. 9), p. 457 -461 ; V. Maraglino, I papiri

di Simonidis nella Collezione Mayer, ibid., p. 462 -463.

(9) L. Canfora (eèd.), Il papiro di Artemidoro, Bari, 2008, avec des contributions

de Luciano Bossina, Livia Capponi, Giuseppe Carlucci, Vanna Maraglino, Stefano

Micunco, Rosa Otranto et Claudio Schiano [citeè deèsormais Canfora, Il papiro].

Sorti dans les premiers jours de 2008, l'ouvrage faisait l'objet deé s sa parution d'un

long article dans la presse allemande sous la plume de Heike Schmoll, Artemidors

geheimnisvoller Papyros ^ eine Fa«lschung ?, dans Frankfurter Allgemeine Zeitung, 9 janvier

2008, p. 3.

(10) L. Bossina, chez Canfora, Il papiro, p. 390- 420.


336 didier marcotte

allemand eèleéve de Herder, dont la traduction franc°aise, parue en


11
1835, avait connu une large audience dans l'Europe romantique .
L'eècho consideèrable qu'ont rencontreè les arguments de Luciano
Canfora et de Maurizio Calvesi, la vive eèmotion qu'ils ont susciteèe
dans la communauteè des antiquisants et des historiens de l'art, mais
aussi les interrogations que continue d'alimenter le cas singulier de ce
papyrus hors norme appellent une mise au point meè thodologique, aé
laquelle les pages ci-dessous voudraient apporter une contribution
12
deèpassionneèe . Depuis le deèbut de la poleèmique, en effet, l'attention
s'est porteèe trop souvent, aé mon sens, sur les peèripeèties de la deècouverte
du papyrus, les circonstances de son acquisition, les modaliteè s de sa
mise en valeur dans les meèdias, les effets d'annonce dont on a pu
imprudemment l'entourer, l'organisation meê me de la communication
dont il a fait l'objet, l'uniciteè de son contenu, sa foisonnante varieèteè et
la fortune sans pareille dont celle-ci porte le teèmoignage. Sans doute
sont-ce laé des questions qui devaient trouver leur place dans la discus -
sion, mais on peut aussi deèplorer que le primat dont elles ont beèneèficieè
dans la litteèrature des dernieéres anneèes ait finalement occulteè des pro-
bleémes de meèthode et ait pu faire oublier que l'objet lui-meême devait
eêtre consideèreè d'abord dans sa mateèrialiteè.
Il s'agit laé d'un point crucial dont plusieurs articles reè cents parais-
sent avoir fait reèsolument l'eèconomie. Il importe au premier chef de
rappeler que, suivant un principe inspireè par les pratiques juridiques,
la charge de la preuve incombe en l'espeéce aé celui qui soutient la theése

¨
(11) C. Ritter, Geèographie geèneèrale compareèe, ou Etude de la terre dans ses rapports avec

la nature et avec l'histoire de l'homme, trad. par E. Buret et E. Desor, t. I, Paris, Paulin,

1835 ; M. Calvesi, Quel papiro non eé di Artemidoro, dans Corriere della sera, 7 avril 2008,

p. 1 et 25 (repris dans L. Canfora -L. Bossina [eèd.], Wie kann das ein Artemidor -Papy-

rus sein ? Ma come fa a essere un papiro di Artemidoro ?, Bari, 2008 [Ekdosis, 6], p. 210 -

215) ; Id., Un Artemidoro del xix secolo, dans Storia dell'arte, t. 119, 2008, p. 109-128.

(12) Plusieurs seè minaires importants ont eè teè consacreè s au papyrus depuis la

parution de l'eè dition princeps. Nous mentionnerons notamment celui d'Oxford (13

juin 2008), dont les actes viennent d'eê tre eèditeès par Kai Brodersen et Jasè Elsner,

Images and texts on the û Artemidorus Papyrus ý. Working papers on P. Artemid. (St. John's

College Oxford, 2008), Stuttgart, 2009 (Historia Einzelschriften, 214) [citeè deèsormais

Images and texts] ; et celui de Rovereto (29 -30 avril 2009), dont les actes sont sous

presse (voir deè jaé la chronique parue dans Quaderni di storia, t. 70, 2009, p. 321-

330). ^ Il n'est pas possible ici de signaler tous les comptes rendus croiseè s qui ont

deèjaé eèteè consacreès aux ouvrages de Gallazzi - Kramer - Settis et Canfora, Il

papiro ; parmi les contributions les plus importantes parues aé ce jour (novembre

2009), il faut citer A. J. Dom|è nguez Monedero, dans Archivo espanì ol de arqueolog|è a,

t. 81, 2008, p. 305 -309 ; E. Gangutia El|è cegui, El papiro di Artemidoro : dos visiones

enfrentadas, dans Emerita, t. 76, 2008, p. 329 -342 ; R. Janko, The Artemidorus Papyrus,

dans Classical review, t. 59, 2009, p. 403 -41 ; C. M. Lucarini, Il nuovo Artemidoro,

dans Philologus, t. 153, 2009, p. 109 -134.


le papyrus d'arteè midore 337

de l'inauthenticiteè. Preèciseèment, dans le domaine du droit, ce n'est pas


l'addition de faits partiellement probants ou seulement vraisemblables
qui pourrait eètablir une culpabiliteè ; de la meême manieére, en philolo-
gie, seule une preuve irreèfutable, qu'elle soit textuelle ou mateèrielle,
pourra faire condamner un texte comme inauthentique. Or, dans le
cas particulier du papyrus d'Arteèmidore, si beaucoup d'arguments
forts ou simplement seèduisants ^ certains meême deècideèment impres-
sionnants ^ ont eèteè mis en avant pour faire douter de sa qualiteè, aucun
d'entre eux, pris isoleèment, n'est apparu de nature aé emporter la
conviction. Ce constat explique que, malgreè quatre anneèes de poleè-
mique nourrie, de nouveaux arguments aé charge soient reègulieérement
produits, ce qui n'aurait pas lieu d'eêtre si la preuve avait eèteè adminis-
treèe ; c'est aussi ce constat qui justifie qu'on puisse entreprendre ici,
dans une revue eèminemment philologique, une nouvelle preèsentation
sommaire du livre et du texte, sans preèjuger de ce que pourra encore
13
apporter le deèbat .

I ^ Le livre

On ne dispose que d'informations parcellaires sur la provenance du


papyrus et les circonstances de son arriveèe en Europe. Dans les anneèes
1970, il aurait eèteè retrouveè en lambeaux dans une sorte d'amas û de
papier maêcheè ý, qui avait peut-eêtre servi de rembourrage de momie,
avec divers documents d'eèpoque flavienne (a. 69-96), lesquels permet-
14
traient de dater sa mise au rebut . De cet amas (ammasso en italien,
Konvolut en allemand), dans lequel quelque cinquante fragments
appartenant aé notre livre auraient eèteè deègageès, on a une photographie
15
polaro|ëd dans l'eèdition princeps . Le clicheè, de pieétre qualiteè, fait

(13) J'ai pu voir le papyrus aé Munich en octobre 2008 et ai eu, sur les questions

que son interpreè tation suscite, d'inteè ressants eè changes de vue avec Pascal Arnaud,

Guido Bastianini, Serena Bianchetti, Luciano Canfora, Giambattista D'Alessio,

Daniel Delattre, Jean Gascou, Patrick Gautier Dalcheè , Ricardo Gonzalez Villa -

escusa, Ba« rbel Kramer, Stefano Micunco, Brigitte Mondrain, Pierre Moret, Michel -

Yves Perrin et Francesco Prontera, que je remercie vivement pour leurs remarques.

Bien entendu, j'assume l'entieé re responsabiliteè des reèflexions qu'on pourra lire ici.

(14) Gallazzi -Kramer -Settis, p. 60-62. Certains des documents se reèfeérent aé

des contrats concernant des gens d'Alexandrie et aé un domaine situeè dans le nome

d'Antaioupolis ; sur les hypotheé ses que cette association de noms dans l'ammasso per-

met d'avancer aé propos de la provenance du papyrus d'Arteè midore, voir P. J. Par -

sons, A papyrologist's view, dans Images and texts, p. 28-29.

(15) Gallazzi -Kramer -Settis, p. 61. ^ Sur la base de la photographie et de

la description des opeèrations de deè montage rapporteèes par les eèditeurs, D. Obbink

(P. Artemid. : the artefact, dans Images and texts, p. 14-16) eècarte la possibiliteè que
338 didier marcotte
appara|tre des eèleèments reconnaissables du texte et des figures, mais
avec lesê deèformations ineèvitables que preèsente tout fragment de papy
rus avant son deèroulement et sa restauration. De surcro|t, les ombres
-

propres qu'y offre l'objet, comme son ombre porteèe, ê rendent une
image sans volume, qui a fait suspecter un montage digital et pousseè
certains tenants de la theése du faux aé supposer que le faussaire aurait
inopineèment rec° u, quelque cent trente ou cent quarante ans apreés
avoir conc° u son artefact, le secours d'un moderne amateur d'imagerie
numeèrique 16. Il faut reconna|être que la photographie en question, pro
duite dix ans apreés le signalement du papyrus, loin de reèpondre aé l'at
-

tente des speècialistes, n'a fait qu'ajouter aux soupc° ons qui condition
-

naient deèsormais le regard du public; mais, en tout eètat de cause, les


-

questions qu'elle souleéve ne devraient pas interfeèrer avec l'analyse des


fragments eux meêmes.
Au reste, on dispose eègalement de deux autres photographies, peut
-

eêtre plus instructives celles ci, publiees par Salvatore Settis dans une
-

monographie parue aé l'automne 2008è 17. Elles font voir le fragment


-

portant la figure R2, ainsi que la18 col. I (voir fig. 1), dans l'eètat oué il se
a

trouvait avant sa restauration . Dans la premiere de ces photos, le


fragment preèsente encore les effets du chiffonnageé qu'il aurait subi,
meême s'il appara|êt deèjaé partiellement deèfroisseè ; la seconde (voir plan
che hors texte) teèmoigne d'un deèplissage avanceè ; les deux reproduc
-

tions qui en sont donne es paraissent en tout cas s'accorder sans mal au
- -

fait qu'il proviendrait duè deèmontage d'un rembourrage.


La datation des fragments d'Arteèmidore au carbone 14 indique une
fourchette entre 40 avant et 130 apre s J. C., avec 95% de certitude,
-

donneèe compatible avec la preèsence, é danserl'amas d'origine, de19docu


-

ments datables de la seconde moitieè du I sieécle de notre eére . Plu


-
-

l' provienne d'un cartonnage de momie. Des interrogations sur la constitu


tion de l' et sur les rapports laisseès aé propos de son deèmontage par les eèdi
ammasso -

teurs, voir L. Vigna, ,


ammasso -

dans , t. 68, 2008, p. 294 317 (p. 294 301).


Le risolutive analisi chimico -fisiche del cosiddetto û Artemidoro ý

(16) L. Bossina, ,
Quaderni di storia - -

dans , 25 juin 2009, p. 8; voir la reèaction de B. Kra


Der Artemidor -Papyrus ist das Produkt einer digitalen Reproduktion

mer, dans le meême journal, 2 juillet 2009, p. 36. Une eèquipe de la police scientifique
Frankfurter Allgemeine Zeitung -

de la section Marche Abruzzo a proposeè, au cours du colloque de Rovereto (cf.


n. 12), une analyse technique de la photographie, dont les reèsultats ont paru
-

sous le titre
supra

(Bari, 2009) dans une plaquette des , t. 70, 2009.


Indagine tecnica sul Konvolut. Nuove prospettive di analisi sul Papiro di Artemi -

(17) S. Settis, xxi, Turin, Einaudi, 2008 [citeè


doro anteprima Quaderni di storia

i
deèsormais Settis, ].
Artemidoro. Un papiro dal secolo al

(18) Settis, , p. 12 13.


Artemidoro

(19) Gallazzi Kramer Settis, p. 66 71. Voir les reèactions de L. Vigna,


Artemidoro -

n. 15, p. 304 306.


- - - art.

cit. supra -
le papyrus d'arteè midore 339

sieurs types d'encre se laissent repeèrer. Pour les textes geèographiques,


on a une meême encre d'un noir soutenu et opaque, comparable aé celle
de la carte, tandis que les dessins, au recto comme au verso, ont eè teè tra-
ceès dans des encres de qualiteè et d'intensiteè diffeèrentes, variant du noir
au gris. Toutes sont d'origine organique, conformeèment aux recettes
20
antiques .
Visiblement, le papyrus n'est pas palimpseste. Par ailleurs, on ne
constate pas de deèbords d'encre sur les leévres des fragments qui en sont
resteès ; inversement, les deèchirures paraissent bien posteèrieures aé l'eècri-
ture. Ce sont laé sans doute des observations qui, ordinairement, n'ont
pas leur place dans une description de type positif et qui, de ce fait,
n'ont pas eèteè formuleèes en ces termes aé propos du papyrus qui nous
occupe. Elles ne sont pas non plus de nature aé imposer la theése de l'au-
thenticiteè, mais, assorties des remarques qu'on vient de faire sur le sup -
port, elles entra|ênent aé tout le moins que, s'il s'agit d'un faux, le faus-
saire se sera procureè un rouleau antique, vierge de toute eècriture et
long d'environ 2,50 meétres ou qu'il aura disposeè de larges morceaux
21
totalisant cette longueur , puis qu'il aura, une fois sa copie reèaliseèe,
laceèreè son travail et formeè, avec les lambeaux ainsi obtenus, une masse
compacte qu'il aura encolleèe et qu'il a ensuite fallu deèmeêler. La photo-
graphie, deèjaé eèvoqueèe, du grand fragment de la section a avant son
deèplissage, teèmoigne bien du fait que certaines pieéces du papyrus preè-
sentaient, avant leur restauration, un aspect fripeè significatif du traite-
ment qu'on deècrit ici.

II ^ L'eè criture

Contrairement aé ce que d'aucuns ont affirmeè, on ne peut preêter au


meême copiste les cinq colonnes du recto et les leègendes qui accompa-
22
gnent les figures animales . L'eècriture du verso, de petit module, est
deèpourvue des apices ornementaux qui caracteèrisent celle du recto ;
l'axe des lettres y est leègeérement inclineè vers la gauche, tandis que l'in-
clinaison est plutoêt aé droite dans l'eècriture du recto. Plusieurs lettres
preèsentent des morphologies treés diffeèrencieèes sur chacune des deux

(20) Gallazzi -Kramer -Settis, p. 71-78 ; cf. P. J. Parsons, art. cit. supra n. 14,

p. 28-29. Sur l'analyse des encres, voir les remarques critiques de L. Vigna, art. cit.

supra n. 15, p. 306 -314.

(21) Le plus long papyrus dont l'attribution aé Simonideé s est certaine mesure

106 cm sur 15 ; il s'agit d'extraits neè otestamentaires, visiblement copieè s en 1861 ;

voir V. Maraglino, l. l. supra n. 8, p. 462-463.

(22) Voir par exemple R. Janko, The Artemidorus Papyrus, dans Classical review,

t. 59, 2009, p. 403.


340 didier marcotte

faces. L'hypsilon du verso peut eêtre deèpourvu de pied et se reèduire aé


un V, alors qu'au recto il preèsente deux types distincts, toujours avec
une haste bien marqueèe (fig. 3 et 7, l. 2). L'alpha du verso est systeèma-
tiquement traceè en trois temps et il offre un front gauche vertical, au
contraire de celui du recto, qui est souvent fait en deux traits et produit
reègulieérement une boucle qui peut plonger loin aé gauche, sous la ligne
(fig. 7, l. 6).
Ce sont les apices deèjaé signaleès qui, sur le recto, retiennent d'abord le
regard. Si on peut en retrouver dans la tradition libraire deé s le iiie sieé-
cle avant notre eére (on parle en anglais de serifs, en allemand de Zier-
23
stiel, en italien d'apici ornamentali) , l'usage en para|êt ici exacerbeè et
24
peut susciter la perplexiteè du speècialiste . Mais, par ailleurs, tout dans
le traceè des lettres invite aé dater la copie de la seconde moitieè du Ier sieé-
cle avant J.-C. ou des premieéres deècennies de notre eére. On releévera
notamment plusieurs traits caracteèristiques de l'eècriture de la fin de la
peèriode helleènistique qui, eu eègard aé la maigreur de la documentation
papyrologique dont on disposait aé son eèpoque, n'auraient pu eêtre iden-
25
tifieès comme pertinents par Simonideés . En particulier le kappa
pourvu d'un trait infeèrieur droit horizontal (fig. 3-4), le delta avec une
assise leègeérement bombeèe (fig. 4), l'eèta avec une haste droite comme
maintenue en suspens, limiteèe dans sa descente aé la ligne rectrice infeè-
rieure du scheèma bilineèaire (fig. 2). Ce sont laé des caracteèristiques
qu'on retrouve notamment dans plusieurs papyrus documentaires
dateès de la fin de l'eèpoque lagide, comme dans une ordonnance d'alleè-
gement fiscal prise par Cleèopaêtre VII en 33 avant J.-C.
26
.

(23) Voir G. Menci , Scritture greche librarie con apici ornamentali ( iii a. C. ^

ii d. C.), dans Scrittura e civiltaé , t. 3, 1979, p. 23 -53 ; G. Cavallo, La scrittura greca e

latina dei papiri. Una introduzione, Pise-Rome, 2008 (Studia erudita, 8), p. 34-36 (trattini

decorativi) ; G. Cavallo -H. Maehler (eèd.), Hellenistic bookhands, Berlin-New York,

2008, p. 15 -16.

(24) Ainsi chez N. Wilson , P. Artemid. : a palaeographer's observations, dans Images

and texts, p. 23-26.

(25) Les papyrus litteèraires dont l'eè criture peut offrir des points de comparaison
e a
avec celle du P. Artemid. sont le P. Lit. Lond. 134 (Hypeèride, 2 moitieè II -deèb. Ia ?),
qui preèsente aussi beaucoup d'apices ornementaux (voir planche dans Cavallo -
Maehler , op. cit., n³ 4, p. 80-81, et commentaires de P. J. Parsons , art. cit. supra
e a
n. 14, p. 31), et PSI II 120 (collection de maximes, 2 moitieè II ; planche dans

Cavallo - Maehler , n³ 61, p. 98-99).

(26) P. Berol. inv. 25239 = P. Bingen 45 ; eèd. P. Sarischouli , chez H. Melaerts


(eèd.), Papyri in honorem Johannis Bingen octogenarii (P. Bingen), Louvain, 2000 (Studia

varia Bruxellensia, 5), p. 214 -222 et pl. 26 ; reproduit eègalement chez F. Reiter
(eèd.), Anatomie der Welt (op. cit. supra n. 7), p. 14.
le papyrus d'arteè midore 341

Fig. 2 Fig. 3.

P. Artemid. recto, col. I, l. 14 P. Artemid. recto, col. I, l. 23

Fig. 4 Fig. 5

P. Artemid. recto, col. I, l. 11 P. Artemid. recto, col. IV, l. 17

Il n'est pas eètonnant que plusieurs de ces faits d'eècriture se rencon-


trent aussi dans les papyrus d'Herculanum, notamment parmi les
restes de rouleaux du Ier sieécle avant notre eére
27
. Or, la collection
d'Herculanum se trouve aussi avoir eèteè la premieére aé faire l'objet
d'une publication systeèmatique, sous la forme de planches graveèes.
A© l'epoque de Constantin Simonides, deux series de Volumina Hercula-
è é è
nensia eètaient disponibles. La plus ancienne, appeleèe communeèment
Collectio prior, comprenait onze tomes ; elle avait eèteè publieèe de 1793 aé
28
1855. La seconde, ou Collectio altera, avait eèteè lanceèe en 1862 . Quand
l'activiteè de Simonideés a atteint son acmeè, en 1864, avec la production
29 30
du faux Peèriple d'Hannon , trois tomes de cette seèrie eètaient sortis .

(27) Voir l'alphabet du PHerc. 1006 eètabli et commenteè par Maria Grazia

Assante, Per un riesame del PHerc 1006 (Demetrio Lacone, Alcune ricerche comuni sul

modo di vita), dans Cronache Ercolanesi, t. 38, 2008, p. 157 -160.

(28) Onze tomes, publieè s aé Naples entre 1862 et 1876, forment la collection,

intituleè e comme la premieé re Herculanensium voluminum quae supersunt ; cette seèrie ne

comporte que des planches inciseè es, dues aé Giuseppe et Giambattista Casanova.

(29) Collection Mayer, M11169k. A © propos de la confection de ce papyrus,

C. Simonideé s se flattait de sa connaissance des eè critures anciennes et de sa capaciteè

aé reconna|être les encres ; voir son ouvrage The Periplus of Hannon, King of the Karchedo -

nians, Londres, 1864, p. 21 -22 (passage reproduit par Canfora - Bossina, Wie kann

das, op. cit. supra n. 11, p. 121).

(30) C'est sur la base de ces planches graveè es disponibles en 1863-64 que Daniel

Delattre a proceè deè aé une comparaison systeèmatique de l'eè criture du P. Artemid. avec

celles des PHerc. ; voir ses eè tudes La main du papyrus dit û d'Arteè midore ý et les eècritures

dessineèes de quelques papyrus d'Herculanum, chez L. Canfora (eèd.), The true history of the

so-called Artemidorus papyrus. A supplement, Bari, 2008, p. 13 -18 ; L'eècriture du papyrus

û dit d'Arteèmidore ý et les dessins graveè s de quelques papyrus d'Herculanum, aé para|être dans

les actes du Convegno Il papiro di Artemidoro, Rovereto (29-30 avril 2009).


342 didier marcotte
Preèciseèment, Richard Janko a voulu reconna|être dans le second d'en-
tre eux, sorti en 1863, le modeéle qu'aurait suivi le faussaire pour copier
les colonnes du papyrus d'Arteèmidore, ce qui donnerait un terminus post
31
quem pour la copie en question . Mais un examen rapide des deux
photographies ci-dessous (fig. 6-7) permettra de mesurer combien la
similitude n'est que partielle entre l'eècriture des planches d'Hercula-
num et celle de notre papyrus, laquelle offre, dans la succession des let -
32
tres sur la ligne, une dynamique totalement absente de l'autre .

Fig. 6 Fig. 7
Volumina Herculanensia, P. Artemid. recto, col. I, l. 10-23
Coll. alt., t. II, 1863,
pl. 18

La forme du kappa, qui est en l'occurrence la plus suêre des pierres de


touche, est treés ordinaire dans l'extrait reproduit en fig. 6, alors que,
dans la fig. 7, oué elle appara|êt dans une ligature caracteèristique avec
l'omikron (l. 2 ; cf. fig. 4), elle correspond bien au scheèma qu'on a deècrit
plus haut. En bonne meèthode, les ressemblances indeèniables qu'on
pourrait relever entre les deux eècritures n'ont pas aé eêtre rapporteèes

(31) R. Janko, The Artemidorus Papyrus, dans Classical review, t. 59, 2009, p. 405-
407.

(32) Dans les planches d'Herculanum, le caracteé re hieèratique des lettres tient

en partie au fait que les auteurs des dessins, qui eè taient d'authentiques artistes,

eètaient aussi ignorants du grec et de la science paleè ographique, et qu'ils transcri -

vaient preè ciseèment leurs modeéles lettre apreé s lettre.


le papyrus d'arteè midore 343

a priori aé un lien de deèpendance de l'une aé l'autre, mais seulement au


fait qu'elles sont significatives des formes que pouvait reveê tir l'eècriture
de librairie au tournant de la peèriode helleènistique et du Principat ; ce
sont bien plutoêt les divergences, en ce qu'elles ont d'irreèductible, qui
devraient faire sens.
D'une fac°on geèneèrale, une analyse paleèographique des cinq colonnes
d'eècriture du recto ne permet pas de deèceler l'intervention d'un faus-
saire, aussi doueè fuêt-il. La main para|êt suêre et poseèe et ne trahit pas la
moindre heèsitation de ligne en ligne. Le copiste ne semble pas avoir eu
aé se ressaisir pour se conformer aé un modeéle qu'il aurait voulu imiter.
En particulier, c'est la dynamique de l'eè criture qui est reèveèlatrice : le
long des fibres, les lettres se succeédent avec une reègulariteè et un mouve-
ment qu'on ne retrouve dans aucun papyrus copieè par Simonideés, sous
la main de qui chaque lettre semble avoir acquis une autonomie rigide.
Dans le papyrus d'Arteèmidore, au contraire, les ligatures sont freè quen-
tes et s'inscrivent souplement dans le scheèma bilineèaire ; ainsi dans les
groupes - ei- et -er- (fig. 2), ou encore dans l'association des lettres tau
et omikron (fig. 3), suspendues aé la ligne rectrice supeèrieure. La succes-
sion de kappa et d'omikron, col. I, l. 11, est remarquable (fig. 4), comme
celle de tau et d'eèta en col. IV, l. 17 (fig. 5).
Autre fait de graphie notable, l'usage du sampi (appeleè aussi para-
kùïsma) surmonteè d'une lettre en exposant aé valeur deèmultiplicatrice,
pour deèsigner les milliers, qui est ici employeè dix fois. Ce signe a eèteè
e
releveè d'abord par Bernard Haussoullier, aé la fin du xix sieécle, dans
des inscriptions d'Asie Mineure d'eèpoque helleènistique, et interpreèteè
correctement en 1907 par Bruno Keil, qui l'avait identifieè dans un
papyrus d'Ëleèphantine (a. 310a)
33
. Reècurrent dans les archives de
Zeènon (a. 261-229a), il est tombeè en deèsueètude en Ëgypte au iie sieécle
avant notre eére, mais est resteè en usage dans la production lapidaire de
Didymes et de Prieéne ; sa preèsence dans notre papyrus trahit peut-eêtre
l'origine asiatique du copiste ou indiquerait un lieu de copie en
34
Ionie .
En deèpit de ce que suggeére la preèsence d'illustrations, le livre d'ori-
gine ne devait pas constituer une eèdition de luxe. Ses marges irreègulieé-
res, la largeur ineègale de ses colonnes en teèmoignent aé leur manieére,
comme l'usage des abreèviations qui y est fait largement ( stad pour

(33) B. Keil, chez O. Rubensohn (eèd.), Elephantine Papyri, Berlin, 1907, p. 84 ;

A. Soldati, Notazione di migliaia tramite il parakùisma sovrastato da esponente moltepli-


cativo, dans Rendiconti della Classe di Scienze morali, storiche e filologiche dell'Accademia dei

Lincei, s. 9, t. 20, 2009. Cf. aussi infra, p. 370-371.

(34) Gallazzi - Kramer - Settis, p. 92 ; voir aussi P. J. Parsons, A papyrologist's

view, art. cit. supra n. 14, p. 30.


344 didier marcotte
35
exprimer les mesures en stades) . Mais les erreurs de graphie qui
eèmaillent le texte et qui ne sont pas imputables aé un usage local en
sont aussi une preuve ; on releévera ici quelques-unes des fautes les plus
grossieéres : geografìa (passim), stujnai˜q pour sujnai˜q (col. I, l. 23),
o²reuxin pour o²rexin (col. I, l. 32) . 36

Les observations qu'on vient de lire ne sont rien d'autre que le reè sul-
tat d'un examen provisoire, et sans doute imparfait, du papyrus dans
sa dimension mateèrielle. Elles sont aussi d'ordre essentiellement
meèthodologique. Si elles n'ont pas permis de reconna|être une pieéce qui
fuêt fausse, elles n'ont pas non plus chercheè aé minimiser, voire aé eèluder,
les interrogations que la multiple singulariteè de celle-ci ne peut man-
quer d'eèveiller. Mais, en consideèrant l'impossibiliteè dans laquelle on
est aujourd'hui d'eètablir l'inauthenticiteè de l'objet lui-meême, je pro-
pose, pour en eèclairer le contenu, de le tenir par hypotheése pour
authentique et d'eèviter ainsi d'expliquer, le cas eècheèant, obscura per ob-
scuriora.

III ^ La structure et le contenu originels du rouleau


D'apreés la reconstitution qu'en ont tenteèe les eèditeurs (cf. supra fig.
1), le rouleau de papyrus devait n'avoir aé l'origine qu'un contenu geèo-
graphique. Apreés un agraphon laisseè en teête du volume, on aurait
d'abord trouveè le texte theèorique qui exposait l'objet de la geèographie
et dont ont surveècu les trois premieéres colonnes (col. I-III) ; ce texte
aurait servi de prooimion au livre de geèographie lui-meême ; auraient
suivi une carte au moins, longue de preés d'un meétre (voir fig. 9), puis
une description de l'Espagne, ramasseèe en deux colonnes (col. IV-
37
V) .
Deés juin 2008, Gideon Nisbet a suggeèreè de deèplacer vers la fin du
rouleau le fragment placeè en teête par les eèditeurs, afin de reèunir en un

(35) Cf. infra n. 118. A© propos de l'usage, dans le P. Artemid., des conventions

d'eècriture, qui renverraient aé un eècrit sub-litteèraire, voir P. J. Parsons, art. cit., p. 30.
(36) Sur l'orthographe des col. I -II, voir les remarques de L. Bossina, chez
Canfora, Il papiro, p. 344-347, qui y voit la confirmation de l'intervention d'un

faussaire. Mais peut-on raisonnablement imaginer qu'un Grec du xix e


s. ait sacrifieè

quatre fois (col. I, l. 1 et 16 ; II, l. 2 et 22 -23) l'omega de l'eèleèment gew- ?


(37) Gallazzi-Kramer-Settis, p. 62-64. Sur la structure supposeèe par les eèdi-
teurs deés l'annonce de 1998 (cf. supra n. 2), voir les remarques souvent judicieuses

de R. Otranto, Bibliological observations on the new Artemidorus, chez L. Canfora


(eèd.), The true history of the so -called Artemidorus Papyrus, with an interim text, Bari, 2007

(Ekdosis, 5), p. 31-51.


le papyrus d'arteè midore 345
38
ensemble coheèrent les dessins du recto . Mais en avril 2009, au terme
d'un examen minutieux des reports d'encre que le recto a laisseè s sur le
verso, Giambattista D'Alessio a pu prouver que le papyrus, au
moment oué il a subi ce dommage, eètait effectivement enrouleè avec la
carte en son centre et les col. I-III situeèes vers l'exteèrieur
39
, confirmant
qu'il fallait restituer ainsi la seèquence originelle des pieéces du rouleau :
carte, description de l'Espagne (col. IV-V), espace occupeè par des des-
sins (pieds, mains, teêtes d'homme), texte theèorique (col. I-III).
A priori, la preèsence d'une carte aé gauche de la col. IV invite aé sup-
poser que, dans le plan eèditorial du libraire, la description geèogra-
phique devait eêtre accompagneèe d'une repreèsentation figureèe. Comme
il eètait d'usage dans les scriptoria antiques, le copiste engageè dans une
eèdition illustreèe devait laisser au dessinateur autant de colonnes vierges
d'eècriture qu'il fallait d'espace pour tracer le dessin, ici huit colonnes
(ou selides) en tout. En consideèrant la reconstitution opeèreèe par Giam-
battista D'Alessio, je n'exclurais pas que le second blanc laisseè par le
copiste entre la col. V et la col. I, qui semble avoir eè teè d'une longueur
similaire au premier (soit environ huit selides), ait reèpondu au meême
but.
Or, dans le coin infeèrieur gauche de sa carte, aé la limite de la marge,
le papyrus conserve les traces d'une didascalie qui devait comporter
deux lignes d'eècriture au moins, dont on a ici la fin. La main qui l'a
laisseèe dans une encre paêlie ne se laisse pas identifier a priori avec celle
aé qui on doit les textes du recto, ni avec celle qui a transcrit les leè gen-
des du verso. La lecture en est malaiseèe, mais fait appara|être aé coup
suêr des donneèes chiffreèes :

]yl
.
]roc qp
.a
.

Il doit s'agir d'indications aé l'adresse de l'illustrateur chargeè de dres-


ser la carte preèvue aé cet endroit, voire les cartes qui devaient se succeè-

(38) G. Nisbet, P. Artemid. : the sequence of the fragments, dans Images and texts,

p. 19-22. ^ En raison du sens de ses fibres, l'espace blanc qui a accueilli les deux

teêtes R1 et R2, aé gauche de la col. I, ne peut eê tre un protokollon ; cf. P. J. Parsons,

art. cit. supra n. 14, p. 29.

(39) G. B. D'Alessio, Il papiro della discordia, dans L'Indice dei libri del mese, avril

2009, p. 7. Le meê me auteur publiera sur le sujet une eè tude approfondie dans la

Zeitschrift fu« r Papyrologie und Epigraphik, t. 171, 2009. Il avait deè jaé montreè, dans la

meême revue, le parti qu'on peut tirer de l'analyse de ces reports d'encre dans la

reconstitution de rouleaux ; voir Danni materiali e ricostruzione di rotoli papiracei : le Elle -

niche di Ossirinco (POxy 842) e altri esempi, dans Zeitschrift fu« r Papyrologie und Epigraphik,

t. 134, 2001, p. 23 -41. ^ Sur l'interpreè tation des reports d'encre par les eè diteurs du

P. Artemid., voir les reèserves de L. Vigna, art. cit. supra n. 15, p. 301 -303.
346 didier marcotte

der dans le rouleau. Sur ce constat, les eèditeurs ont eègalement proposeè,
40
exempli gratia, de compleèter ainsi les deux lignes :

pìnax prw ˜ toc


. .]y l
.
pìnax deùte]roc q p .a
.
Les nombres se rapporteraient aux dimensions des cartes, deux en
l'occurrence, ou aé la nomenclature qu'il convenait d'y reporter. La dif-
ficulteè majeure est, en l'espeéce, de comprendre la succession des
valeurs numeèrales, 8 et 30 dans le premier cas, 90 et 81 dans le second.
Mais quelle que soit l'interpreètation qu'il faille lui donner, cette didas-
41
calie doit appartenir aé la premieére phase de la confection du livre .
Apreés son arriveèe dans l'atelier du cartographe, le papyrus aura
cependant connu un destin impreèvu. Seul le premier espace blanc
aurait commenceè aé recevoir une carte, mais les leègendes qui auraient

ê accompagner le traceè de celle-ci n'ont jamais eèteè transcrites, ce qui


du
laisse aé penser que l'eèdition projeteèe aura eèteè brutalement abandon-
neèe. Le papyrus aura alors eèteè reèutiliseè comme support de dessins,
er
d'abord sur son verso, pour accueillir avant le milieu du I de notre
eére les figures zoologiques, puis finalement sur son recto, dans l'espace
demeureè libre entre les col. V et I. Le lieu oué ce remploi a eèteè effectueè
ne se laisse pas deèterminer, mais l'hypotheése avanceèe par Salvatore
Settis et Gianfranco Adornato, selon qui le livre aurait servi de reè per-
toire de motifs dans une boutique d'artisan, a pour elle la force de la
42
simpliciteè et de la vraisemblance .
Une fracture ancienne a laisseè des traces aé hauteur de la figure R20.
Elle a fait l'objet d'une restauration avant que le rouleau ne soit
deèmembreè, l'opeèration visant aé maintenir en l'eètat le libro di bottega
43
qu'eètait devenue la faune du verso .

IV. L'Iberia d'Arteè midore

Si elles formaient, dans le livre d'origine, une section bien distincte,


marqueèe par les blancs qui l'isolaient du reste, les colonnes IV et V

(40) Gallazzi -Kramer -Settis, p. 306-308.

(41) Plus bas, p. 355, nous mentionnons des didascalies chiffreè es conserveè es dans

plusieurs manuscrits primaires de la Geèographie de Ptoleè meèe.

(42) Sur les diffeèrentes phases d'utilisation du papyrus, voir en dernier lieu

S. Settis, Artemidoro, op. cit. supra n. 17, p. 37-41. ^ Sur la question du reè pertoire de

modeéles ou pattern -book, voir aussi J. Elsner, P. Artemid. : the images, dans Images and

texts, p. 35-50 (p. 43-46).

(43) Gallazzi -Kramer -Settis, p. 80-81.


le papyrus d'arteè midore 347

preèsentent cependant une morphologie qui les diffeè rencie l'une de


l'autre. La premieére comporte 38 lignes de texte de 25 aé 28 lettres
environ, pour une largeur maximale de 13,5 cm, tandis que la deu -
xieéme compte 45 lignes d'une moyenne de 35 aé 44 lettres et atteint en
largeur jusqu'aé 18,5 cm, ce qui est inhabituel dans notre documenta-
44
tion . En consideèrant les blancs que le copiste a laisseès de part et
d'autre, on pourrait rapporter les dimensions particulieé res qu'il a don-
neèes aé la seconde aé son souci de ne pas creèer une troisieéme colonne

ê t incompleéte et d'eèconomiser ainsi un peu d'espace sur son sup-


qui fu
port. Ceci confirmerait, du reste, que nous n'avons pas affaire aé une
eèdition de luxe.
Par leur composition et par leur contenu, les colonnes IV et V
constituent un chapitre coheèrent et qui para|êt complet. Il s'ouvre sur
la division administrative de l'Iberia, appeleèe aussi Hispania, en deux
provinces (eÊparjei˜ai) romaines, les Hispanies Citeèrieure et Ulteè-
rieure, avant de donner un rapide portrait physique de la peè ninsule,
dont les contours (col. IV, l. 14-15 : týn oÌlyn perigrafỳn) sont deèfi-
nis aé partir des Pyreèneèes et en suivant les coêtes dans le sens horaire.
Une fois acheveèe la preèsentation des formes geèneèrales du pays (col. V,
l. 13 ; tó oÌlon sjy˜ma), le texte offre de fac°on syntheètique (l. 15 : eÊn
eÊpitomð˜) les principales mesures de distance entre les points coêtiers de
reèfeèrence (l. 16 : tá diastỳmata tw ˜ n tòpwn), neècessaires pour se
repreèsenter le pays dans ses dimensions exactes (aé titre d'illustration,
on trouvera en fig. 8 un essai de scheèmatisation). C'est un veèritable
paràplouq (l. 14-15) que nous avons laé, depuis le pieèmont pyreèneèen
du golfe du Lion jusqu'aé Gadeèira (act Cadiz) et de laé au promontoire
des Artabres (act. cap Ortegal), pointe nord-ouest de la peèninsule ; le
littoral nord de la peèninsule est en revanche eèvoqueè comme non
encore reconnu (l. 44-45 : tó dé loipón ty˜q paralìaq ouÊdeíq eÊpeheẁ-
rysen).

(44) Si la largeur en elle - meême est inhabituelle, les irreè gulariteè s dans le nombre

de lignes par colonne et dans la largeur de celle -ci se rencontrent cependant dans la

production d'eèpoque tardo- helleènistique et romaine ; voir W. A. Johnson, Bookrolls

and scribes in Oxyrhynchus, Toronto, 2004, p. 37-39 et 56-58. A© ce propos, P. J. Par -

sons (art. cit. supra n. 14, p. 29) rappelle que les copistes greè co-eègyptiens ne recou -

raient pas aé la reèglure.


348 didier marcotte

Fig. 8

Essai de figuration des diasteèmata et du paraplous de la peè ninsule Ibeèrique


d'apreé s les col. IV -V du P. Artemid. (dessin de Pierre Moret)

Ce sont les quatorze premieéres lignes de la col. IV qui ont permis


aux eèditeurs d'attribuer cette breéve preèsentation de la peèninsule aé
Arteèmidore d'Ëpheése et qui ont aussi, du meême coup, deèclencheè la
poleèmique sur l'authenticiteè du papyrus. Pour les besoins de notre ana-
45
lyse, le texte doit en eêtre reproduit ad litteram :

aÊpó tw˜n Purynaìwn oÊrw˜n eÌw q tw˜n | katá Gà deira tò pwn kaí tw˜n
eÊn|totèrwi klim[àtw]n yÉ sùmpasa | jẁra sunwnùmwq ÈIbyrìa kaí
ÉIspa|nìa kalei˜tai· dieìrytai dÈ uÉpó É Rwi|maìwn eiÊ q dùo eÊparjeìaq kaí
ty˜[q] | mén prẁtyq eÊstín eÊparjeìaq yÉ | diateìnousa aÊpó tw˜n Pury-
naìwn | oÊrw˜n aÌpasa mèjri ty˜q Kainy˜q Kar|[jy]dònoq kaí Kastolw˜[noq]
kaí tw˜n | tou˜ Baìtioq pygw˜n· [t]y˜q dÈ eÉtèraq | eÊstín eÊparjeìaq tá
mèjri Gadeì|rwn kaí tá katá týn Luseitanì|an pànta.

Depuis les monts Pyreè neèens jusqu'aé la reègion de Gadeèira et aux secteurs

de l'inteèrieur, tout le pays s'appelle aussi bien Ibeè rie qu'Hispanie. Il a

eèteè subdiviseè par les Romains en deux provinces. A© la premie re province


é

(45) Treés deègradeèes, les deux premieéres lignes ne gardent plus que quelques let -

tres. Les suppleè ments inspireè s du texte de Constantin Porphyrogeè neéte, produit plus

bas, sont signaleè s par les braquets placeès en indice. J'omets de pointer les lettres dont

seules subsistent des traces.


le papyrus d'arteè midore 349

appartient tout le pays qui s'eè tire des monts Pyreè neè ens jusqu'aé la Nou-

velle Carthage, aé Castalon et aux sources du Beè tis. A © l'autre province

appartient le reste du pays jusqu'aé Gadeèira et tout ce qui est du coê teè de

la Lusitanie.

Dans son traiteè De administrando imperio, aé propos de la division admi-


nistrative de l'Hispania romaine, l'empereur Constantin VII Porphy-
rogeèneéte (a. 905-959) s'autorise expresseèment d'Arteèmidore en des ter-
mes qui correspondent preèciseèment au texte du papyrus :

ÈArtemìdwroq dé eÊn tð˜ bì tw˜ n Gewgrafoumènwn ouÌtwq diairei˜shaì


fysin· aÊpó dé tw˜ n Purynaìwn oÊrw˜ n eÌwq tw˜ n katá Gàdeira tòpwn
eÊndotèrw kaí sunwnùmwq ÈIbyrìa te kaí iÉIspanìa kalei˜tai. dið̀rytai
dé uÉpó iÉRwmaìwn eiÊq dùo eÊparjeìaq 5 4
... diateìnousa aÊpó tw˜ n
Purynaìwn oÊrw˜ n aÌpasa [kaí] mèjri ty˜q Kainy˜q Karjydònoq kaí tw˜ n
tou˜ Baìtioq pygw˜ n, ty˜q dé deutèraq eÊparjeìaq tá mèjri Gadeìrwn kaí
Lusitanìaq.

Dans le monde romain et jusqu'aé la fin de l'Antiquiteè, l'autoriteè


d'Arteèmidore a eèteè consideèrable et lui a valu de voir son acmeè, fixeèe en
la 169e olympiade (a. 104-101), conserveèe par les chronographes
46
.
Pour avoir voyageè jusqu'aux rivages de l'Atlantique, il jouissait aussi
47
de la reèputation d'un teèmoin oculaire en matieére occidentale . Il avait
su reèunir les qualiteès du politique attacheè aé sa citeè, en tant que repreè-
48
sentant d'Ëpheése aé Rome , et de l'homme de science cosmopolite,
avec sa Geèographie du monde en 11 volumina. Dans cette Ýuvre monu-
mentale, dont Strabon s'est largement servi, il avait aussi concilieè avec
bonheur l'ambition de la syntheése Ýcumeènique, qu'appelait la Reèpu-
blique triomphante, et les meèthodes de la description itineèraire, dont
le modeéle eètait multiseèculaire. Les dimensions de l'ouvrage, autant
que son succeés, ont inspireè les abreèviateurs et c'est tout aé la fois sous sa
forme inteègrale et sous la forme d'un eèpitomeè qu'il eètait encore lu au
temps de Justinien, quand le lexicographe Ëtienne de Byzance compi-
lait ses Ethnika (ca 530-560). De ce vaste reèpertoire de toponymes et de
noms de peuples qui couvrait tous les genres litteè raires et toutes les

(46) Cf. supra n. 1. On estime que cette date correspond aé celle de sa preèsence aé

Rome (cf. infra n. 48).

(47) Avant la deè couverte du papyrus, on disposait de deux eè tudes sur l'Ibeè rie du

geèographe : G. Hagenow, Untersuchungen zu Artemidors Geographie des Westens, diss.

Go«ttingen, 1932 ; J. M. Alonso Nuè nì ez, Les renseignements sur la peè ninsule Ibeèrique d'Ar-

teèmidore, dans L'Antiquiteè classique, t. 49, 1980, p. 255-259.

(48) Son intervention aé Rome en faveur des Ëpheèsiens est mentionneè e par Stra-

bon, XIV, 1, 26 (C. 642) ; sur cet eè pisode et la deè dicace d'une statue qu'il a value aé

l'ambassadeur, voir C. Ampolo, Onori per Artemidoro di Efeso : la statua di bronzo

`dorata' , dans Parola del passato, t. 63, 2008, p. 361 -370.


350 didier marcotte
peèriodes de l'histoire grecque depuis Homeére, nous n'avons plus
qu'une version abreègeèe, reèaliseèe du vivant d'Ëtienne par un certain
Hermolaos. Parmi les quelque 75 citations qu'il produit d'Arteè midore
dans cette editio minor, Ëtienne se reèfeére 18 fois aé une eÊpitomý tw
˜ n
eÌndeka, qu'il attribue une fois expresseèment aé Marcien d'Heèracleèe 49.
Ce dernier, lui-meême auteur d'un Peèriple de la mer Exteèrieure, eètait eèdi-
teur d'itineèraires marins et d'autres textes de nature peèrieègeètique ; la
collection des geographi minores du manuscrit de Paris, Suppl. gr. 443
(s. xiii), constitueèe aux v /vi e e
s., porte sa marque
50
.
La citation que faisait Constantin, donneèe ici d'apreés l'eèdition
Moravcsik-Jenkins, eètait indirecte ; l'empereur la devait en fait aé la
51
version longue, aujourd'hui perdue, des Ethnika d'Ëtienne . Elle offre,
aé la ligne 5, un kaí encadreè ici de deux crochets droits, qu'Isaac Vos-
sius deèjaé, en 1658, a condamneè aé juste titre comme interpoleè et qu'on

5 4
ne trouve pas non plus dans le papyrus. Par ailleurs, elle est entacheè e
d'une omission apreés eiÊq dùo eÊparjìaq, que Vossius encore proposait
de suppleèer par prẁty mén eÊparjìa , en l'expliquant par un quasi
saut du meême au meême, et qu'on ne deèplore pas dans le papyrus, oué la
mention de la premieére province est introduite sans accroc dans la syn-
52
taxe . Enfin, elle comporte aé la ligne 3 une lec°on garantie par le
manuscrit de Constantin (Paris. gr. 2009, s. xi), eÊndotèrw kaí sunw-
nùmwq, que Heinrich Schubart, en 1843, a voulu corriger en kaí eÊndo-
tèrw sunwnùmwq. Et c'est effectivement cette seèquence qu'on trouve
53
dans le papyrus .
Les trois conjectures qu'on vient de citer ont eè teè accepteèes par
August Meineke, qui les a introduites dans son eèdition d'Ëtienne,
parue en 1849, et rec°ues dans la fouleèe par Robert Stiehle pour son
54
eèdition des fragments d'Arteèmidore, parue en 1856 . Le fait qu'on

(49) Les scholies aé Apollonios de Rhodes (III, 859) citent eè galement l'eèpitomeè

(p. 242 Wendel = Artemid. epit. fr. 18, p. 242 -243 Stiehle), que Marcien s'attribue

expresseè ment dans son propre Peèriple (Per. Ext. 1, 3, p. 519 Mu« ller ; 2, 19,

p. 551 M.). Les citations d'Arteè midore par Ëtienne ont eè teè eètudieèes par M. Biller-
beck, Artemidorus' Geographoumena in the Ethnika of Stephanus of Byzantium : source
and transmission, dans Images and texts, p. 65-87.

(50) Cf. A. Diller, The tradition of the minor Greek geographers, Lancaster-Oxford,
1952, p. 46 ; D. Marcotte, Geèographes grecs, Tome I, Paris, 2000, p. cxvii-cxxx.
(51) G. Moravcsik -R. J. H. Jenkins (eèd.), Constantine Porphyrogenitus. De admi -
e
nistrando imperio, 2 eèd., Washington, 1967.

(52) I. Vossius, Observationes ad Pomponium Melam de situ orbis, La Haye (Hagae


Comitum), 1658.

(53) H. Schubart, dans Zeitschrift fu«r die Alterthumswissenschaft, mars 1843, col.
197.

(54) A.Meineke (eèd.), Stephani Byzantii quae supersunt, I, Berlin, 1849, p. 324 ;
R. Stiehle, Der Geograph Artemidoros von Ephesos, dans Philologus, t. 11, 1856, p. 203.
le papyrus d'arteè midore 351

aurait, dans le papyrus, une confirmation de leur pertinence ne devrait


pas, en soi, donner matieére aé deèbat. En effet, Vossius et Meineke, pour
ne citer qu'eux, eètaient des philologues de haut vol, dont la sagaciteè a
eèteè maintes fois eèprouveèe par la posteèriteè. Mais Luciano Canfora, qui
tient les deux dernieéres conjectures pour malvenues et la troisieéme en
particulier pour erroneèe, interpreéte au contraire l'accord du papyrus
comme la preuve de son inauthenticiteè et veut reconna|être dans l'eèdi-
55
tion de Meineke la source directe du faussaire . A © tout le moins, la

chronologie ne s'opposerait pas aé la theése d'une intervention de Simo-


nideés : le livre de Meineke suscitait un inteèreêt nouveau pour les frag-
ments de geèographes, confirmeè par les Geographi graeci minores de Mu«l-
ler, parus en 1855 et 1861 ; de son coêteè, Stiehle venait de rendre en
1856 un certain relief aé Arteèmidore, neègligeè par Mu«ller ; enfin l'en-
gouement de l'eèpoque pour les papyrus, aiguiseè par la publication des
Volumina Herculanensia, pouvait sans mal, aé partir de 1861, pousser le
faussaire grec aé imaginer deèsormais un Arteèmidore sur papyrus, dont
le texte devait fatalement se fonder sur les travaux de la philologie
moderne.
Mais ce raisonnement n'est valide que si les conjectures invoqueè es
sont indues ou reviennent aé introduire des fautes dans le texte d'Arteè-
midore. Or, il n'en est rien. L'eèlimination du kaí aé la ligne 5 s'impo-
sait reèsolument, comme Luciano Canfora lui-meême l'admet. D'un
autre coêteè, un suppleèment eètait neècessaire entre eÊ parjìaq et dia-
teìnousa et, comme l'ont bien constateè les derniers eèditeurs de Cons-
tantin, qui n'ont pas voulu en arreêter les termes meêmes, le deètail des
mots aé y inclure eètait au fond accessoire pourvu que la solution fuêt
logique et eèconomique, ^ ce que n'est pas absolument celle de Vossius,
56
aé laquelle manque un verbe . Enfin et surtout, le deèplacement de la
conjonction dans le groupe eÊ ndotèrw kaí sunwnùmwq eètait appeleè par
le sens qu'il faut preêter neècessairement aé la deèmonstration geèogra-
phique, comme on va le voir ; si Moravcsik ne l'a pas enregistreè , c'est
naturellement parce qu'il s'agissait pour lui d'eè tablir le texte de Cons-

(55) L. Canfora, Le molte vite del fr. 21 di Artemidoro, dans Quaderni di storia, t. 65,

2006, p. 271 -298 ; repris avec des ajouts dans Il papiro, p. 221-242.

(56) Reprise par Berkel dans son eè dition d'Ëtienne, parue en 1688, la conjecture

5
de Vossius n'a pas eè teè inteègreèe comme telle par Meineke dans sa propre eè dition de

4
1849, oué il la qualifie d'insuffisante (non sufficit) dans l'apparat critique. En s'inspi -

rant du papyrus, on pourrait suppleè er plutoêt kaí ty˜q mén prẁtyq eÊ stín eÊ parjeìaq
yÉ , un saut du meê me au meême ayant entra|êneè la disparition de ce groupe de mots

jusqu'aé eÊ parjeìaq et ayant provoqueè du meême coup l'eèlimination de l'article, qui

devenait syntaxiquement difficile. Cf. C. M. Lucarini, Il nuovo Artemidoro, art. cit.

supra n. 12, p. 123 ; M. West, All Iberia is divided into two parts, dans Images and texts,

p. 98.
352 didier marcotte

tantin, non pas celui d'Ëtienne de Byzance, ni a fortiori celui d'Arteèmi-


dore, et qu'il a preèfeèreè preêter aé l'auteur du De imperio administrando l'or-
dre des mots, meême erroneè, que garantissait son manuscrit unique.
On a dit plus haut pourquoi le geèographe d'Ëpheése pouvait encore
eêtre suivi aé date byzantine sur des questions de topographie ou de
toponymie occidentales. En reèaliteè, c'est avec lui que le nom d'Iberia,
qui avait eèteè reèserveè jusque laé aux territoires littoraux situeès entre la
Narbonnaise et Gadeèira, s'eètait vu eètendre pour la premieére fois aé une
large part de la peèninsule Ibeèrique comme eèquivalent d'Hispania, mais
sans que le point de vue adopteè par lui dans la deèfinition euêt cesseè pour
. Aussi, dans sa fac°on de baliser l'exten-
57
autant d'eêtre meèditerraneèen
sion qu'il proposait de donner aé Iberia, Arteèmidore ne pouvait-il pas
dire que le pays deèsigneè par ce nom û s'eètire depuis les Pyreèneèes jus-
qu'aé la reègion de Gadeèira, plus aé l'inteèrieur, et s'appelle eègalement Ibe-
ria et Hispania ý ; dans un esprit de mise aé jour, il deèclarait appliquer le
nom aux territoires qui s'eètirent û depuis les Pyreèneèes jusqu'aé Gadeèira
et aux secteurs qui sont situeès plus vers l'inteèrieur ý, en continuant de
consideèrer cet espace depuis la Meèditerraneèe comme le faisaient ses
58
preèdeècesseurs, Polybe compris . Logiquement, quand il passait
ensuite aé la frontieére geèographique qu'il convenait de fixer entre les
deux provinces romaines, il retenait deux points d'articulation, le pre -
mier sur le littoral (Nova Carthago), l'autre dans l'inteèrieur des terres
(Castalon et les sources du Beètis). Pour donner enfin aé la seconde pro-
vince une limite vers le nord et l'ouest, il se contentait d'eè voquer
û tout ce qui est du coêteè de la Lusitanie ý, sans qu'il faille voir dans la
mention de la Lusitanie un anachronisme, comme certains l'ont fait ;
dans le texte du papyrus, en effet, le pays en question n'est pas deè signeè
comme une entiteè bien distincte (on ne trouve pas l'expression û toute

(57) Sur ce criteé re de la deè finition ancienne du nom, voir mon article De l'Ibeèrie

aé la Celtique : geèographie et chronographie du monde occidental avant Polybe, chez G. Cruz

Andreotti, P. Le Roux, P. Moret (eèd.), La invencioèn de una geograf|è a de la Pen|ènsula

Ibeèrica, vol. I (La eèpoca republicana), eèd., Madrid (Casa de Velaè zquez)-Maèlaga,

2006, p. 31 -38.

(58) Cf. Polybe, III, 37, 10-11. ^ La col. IV deèfinit aé deux reprises (l. 18 -19 et

35-36) le point de vue adopteè avec les formules yÉmetèra jẁra et yÉmetèra hàlassa ;

si cette seconde occurrence est correcte, elle est un latinisme aveè reè, dans la mesure

é , si l'expression grecque ordinaire yÉ eÊf' yÉmw


ou ˜ n hàlassa a pu geèneèrer la formule
latine mare nostrum, seule cette dernieére peut en retour expliquer les mots du papy-

rus ; je renvoie sur cette question aé mon article Latinismes et eècriture historique au temps

de Polybe, dans Lalies, 14, 1994, p. 181 -182. Selon Elvira Gangutia El|è cegui (El papiro

di Artemidoro, art. cit. supra n. 12, p. 336), on peut maintenir dans le texte les mots

yÉmetèra jẁra, que les eèditeurs corrigent en yÉm. hàlassa, en les rapportant aé la
vision, deèfendue par un Isocrate (V, 112), de la Meè diterraneèe comme d'une jẁra

tw˜ n É Ellỳnwn qui aurait ses limites aux Colonnes d'Heè racleés.
le papyrus d'arteè midore 353

la Lusitanie ý) et ne constitue pas non plus a fortiori une division admi-


59
nistrative, laquelle appara|êtra seulement sous Auguste .
La terminologie de la description, dans les col. IV et V, est sensible -
ment plus technique que dans les fragments qui subsistent du livre II
d'Arteèmidore chez Constantin, Ëtienne et Strabon ; elle appellerait
une analyse qui, malgreè une bibliographie deèjaé substantielle, n'a pas
encore eèteè entreprise. J'eèpinglerai seulement le mot klìma, qui se ren-
contre deux fois, col. IV, l. 3 et 38, oué il reveêt une acception peu freè-
quente, celle de secteur geèographique deèfini en latitude ou de reègion preèsentant
des caracteèristiques physiques et ethniques qui permettent de l'individualiser sur la
60
carte . Le terme ressortit au lexique de la cartographie alexandrine ;
on le retrouve chez Poseèidonios d'Apameèe, au deèbut du Ier sieécle avant
notre eére, dans les sens indiqueès plus haut, plus particulieérement aé pro-
pos de reègions susceptibles de geèomeètrisation, comme l'eètaient les
sjỳmata dans la carte d'Ëratostheéne
61
. On remarquera que Constan-
tin, suivant sans doute en cela Ëtienne, ne l'a pas conserveè dans sa cita-
tion ; il est probable qu'aé date byzantine, quand le sens ptoleèmeèen
s'eètait imposeè, l'emploi que pouvait en faire un geèographe d'eèpoque
62
helleènistique n'apparaissait plus clairement .
Or, loin d'offrir une description de la peèninsule Ibeèrique, nos deux
colonnes reèpondent aé un but beaucoup plus modeste : eètablir une
forme (sjy˜ ma) en la deèfinissant dans ses contours (perigrafỳ) et
moyennant des opeèrations de mesure de distance (diastỳmata). On a
laé, reèsumeèes en quelques termes cleès, les eètapes du travail de cartogra-
phie appliqueè aé la peèninsule, et non pas l'amorce d'une chorographie
de celle-ci. Deés lors, il n'y a rien d'eètonnant aé ce que, comme l'ont
deèploreè certains, manquent ici la plupart des toponymes et des ethni -
. La rai-
63
ques citeès par nos sources aé propos du livre II d'Arteèmidore

(59) Voir L. Canfora, Il papiro, p. 276-280. ^ La formule tá katá týn Lusei-
tanìan pànta ne peut renvoyer aé une entiteè administrative constitueè e ; en ce qu'elle

a de vague, on la traduira comme nous l'avons proposeè (û tout ce qui est du coteè de

la Lusitanie ý) ; voir aussi M. West, art. cit. supra n. 56, p. 99-100.


¨
(60) Sur ces sens, voir mon eè tude La climatologie d'Eratostheéne aé Poseèidonios. Geneé se

d'une science humaine, chez G. Argoud -J.-Y. Guillaumin (eèd.), Sciences exactes et scien-

ces appliqueèes aé Alexandrie, Saint-Ëtienne, 1998 (Centre Jean -Palerne, Meèmoires,

XVI), p. 263-277.

(61) Poseèidonios, fr. 223, 249, 281a Edelstein -Kidd ; cf. aussi Strabon, III, 2, 5

(C. 144), peut -eêtre d'apreé s Poseèidonios.

(62) Dans la Geèographie de Ptoleè meèe, les klimata correspondent aux climats horai -

res deèfinis par Ëratostheé ne ; dans sa Syntaxe matheèmatique, il a opeèreè un choix de sept

climats remarquables, ceux -laé meême que les hommes du moyen aê ge, tributaires en

cela du geè ographe, consacreront dans leurs mappemondes.

(63) Voir C. Schiano, chez L. Canfora, Il papiro, p. 109-112, qui donne le

deètail des noms manquants. ^ Inversement, on trouve dans le papyrus un topo -


354 didier marcotte
son de cette absence tient aé la nature du texte auquel nous avons
affaire et qui, puisqu'il para|êt se suffire aé lui-meême, ne peut eêtre qu'un
condenseè du livre II, un tableau syntheètique du pays eètudieè. Ce ne
peut eêtre l'eèpitomeè procureè par Marcien, ni non plus une seèrie d'ex-
traits emprunteès aé celui-ci, aé moins d'admettre que la copie n'ait eèteè
exeècuteèe dans l'empire byzantin, en suivant un modeé le d'eècriture
archa|ësante, sur papyrus plutoêt que sur parchemin et aé une eèpoque oué
64
le codex s'eètait imposeè depuis longtemps . On pensera plutoêt aé un
abreègeè qui, au tournant de notre eére, circulait deèjaé aé coêteè de l'Arteèmi-
dore complet.
Dans le projet eèditorial dont teèmoigne le papyrus, ce tableau eètait-il
lui-meême destineè aé accompagner une carte, un pìnax ? C'est ce qu'il
n'est pas interdit de penser aé la vue du livre qui nous occupe. Certes,
on ne dispose d'aucune information sur la preèsence de cartes dans les
ouvrages de geèographie de la peèriode helleènistique et on a meême pu
affirmer c°aé et laé, sans veèritable preuve, que la structure meême du livre
sous forme de volumen n'eètait pas adapteèe aé l'alternance de textes et de
cartes en regard. Mais, aé l'eèpoque antonine, Ptoleèmeèe a bien preèvu
des cartes pour illustrer sa Geèographie : du livre II au livre VII, il
donne le deètail de chacun des 84 secteurs aé cartographier, appeleès
periorismoì ou perigrafaì, et fournit les instructions neècessaires aé la
construction de chacun des 26 pìnakeq reègionaux qui forment son
livre VIII. Or, dans ce dernier livre, chaque carte est commenteè e par
un reèsumeè de la topographie des perigrafaì qu'elle regroupe, le tout
constituant, sur deux colonnes en moyenne dans les manuscrits byzan -
tins, une sorte de û fiche ý technique destineèe aé soutenir l'interpreèta-
tion de la carte. Si meême la vocation des deux ouvrages eètait fonda-
mentalement diffeèrente, ne pourrait-on voir dans la conception du

nyme, Ipsa (col. V, l. 32), qui para|ê t confirmeè par la leègende de monnaies mises au

jour entre 1986 et 1988 ; voir Gallazzi-Kramer-Settis , p. 58 et 252 -253 ; contra,

G. Carlucci , L'Ipsa dello pseudo -Artemidoro, dans Quaderni di storia, 70, 2009, p. 387-

407. ^ A la col. V, l. 41, un hydronyme Obleuiwn semble confirmer la pertinence

d'une conjecture que Xylander avait faite en 1571 sur un passage corrompu de Stra -

bon, III, 3, 4 (C. 153), oué on lit, aé propos d'un fleuve dit û de l'Oubli ý ( ty˜ q
Lỳhyq), oÌn tineq Limaìan, oiÉ dé beliw˜ na kalou˜si ; Xylander avait admis ici une
confusion d'onciale opeè reèe sur un nom latin correspondant aé lỳhy (obliuio) et cor-

rigeè en oiÉ d' 'Obliouiw˜ na. Sur le fait de prononciation latine archa|ë que que refleète-
rait la graphie du papyrus (obleiuio), voir maintenant M. West , art. cit. supra n. 56,

p. 101.

(64) Si, comme L. Canfora l'affirme, le faussaire preè sumeè s'eètait inspireè de Mar-

cien pour compiler un texte attribuable aé Arteèmidore, il aurait sans doute inseè reè

dans le deè tail des repeé res coêtiers, entre Neè a Karthago et Kalpeè (col. V, l. 23), une

mention de Malakeé , seule ville d'Ibeèrie aé eêtre citeèe par Ëtienne d'apreés l'eèpitomeè du
ê
aé Marcien (s. v. Malàky, p. 429 Meineke = p. 243 Stiehle).
le papyrus d'arteè midore 355

livre VIII de Ptoleèmeèe un point de comparaison pour eèclairer la


nature de l'eèpitomeè du livre II d'Arteèmidore que nous offre le papyrus
sur ses col. IV et V ?
En tout cas, dans la fac°on treés suggestive, presque physique, qu'il a
de deècrire son travail de collation des donneèes et leur transcription,
Ptoleèmeèe para|êt bien consideèrer le rouleau comme le support naturel
de son livre. Il eèvoque en effet la succession des colonnes d'eècriture,
qu'il appelle selìdeq, sur le mode du deèroulement
65
. Par ailleurs, dans
plusieurs manuscrits primaires de la Geèographie, on releéve effectivement
des traces de renvoi aé l'organisation du texte en selìdeq dans quelque
archeètype. Ainsi dans le synopsis du livre II, que conservent notam -
ment l'Urbinas gr. 82 et le Seragliensis 55 et oué la reèfeèrence au pìnax cor-
66
respondant est eègalement indiqueèe :

iÊouernìaq nỳsou brettaniky˜q pìnax prw˜ toq, a sel. oq


iÉspanìaq baitiky˜q pd
iÉspanìaq lousitanìaq py
(...) iÊllurìdoq libournìaq rla.

Est-on si suêr que Ptoleèmeèe ait eèteè le seul ou le premier aé avoir eu le


projet de pourvoir une geèographie d'un appareil de cartes ? D'une
manieére geèneèrale, les teèmoignages sont sans doute discrets sur l'usage
des cartes dans le monde antique, et leur rareteè meême suggeére que le
recours aé cet outil devait eêtre treés limiteè. Mais inversement, sur quelles
bases pourrait-on refuser aé un eèditeur du temps de Strabon ou de Pline
l'initiative d'avoir fait dresser des cartes reègionales pour accompagner
des textes chorographiques ? Il faut se garder d'avoir un jugement
hypercritique sur les origines d'une pratique de librairie encore mal
documenteèe. Prenons l'exemple du corpus de Denys le Peè rieègeéte, poeéte
du temps d'Hadrien, auteur d'une Description du monde parmi les plus
lues de l'antiquiteè et du moyen aêge : dans les scholies de la recension la

(65) Ptol., Geogr., II, 1, 4 (p. 72 Mu« ller). J'analyse ce passage dans Ptoleèmeèe et

la constitution d'une cartographie reè gionale, chez G. Cruz Andreotti, P. Le Roux,

P. Moret (eèd.), La invencioèn de una geograf|è a de la Pen|ènsula Ibeèrica, vol. II (La eèpoca

imperial), Madrid (Casa de Velaèzquez)-Maèlaga, 2007, p. 161 -172 (p. 167-168).

(66) Voir C. Mu« ller (eèd.), Claudii Ptolemaei Geographia, vol. I (l. I -III), Paris,

Firmin -Didot, 1883, p. 70 -71 (apparat critique) ; A. Diller, Lists of provinces in

Ptolemy's Geography, dans Classical philology, t. 34, 1939, p. 238. ^ Si on s'en tient

aux indications fournies par le synopsis, le texte de Ptoleè meèe pris en consideè ration se

serait donc deè rouleè sur 55 selìdeq, de la description de l'Hibernie aé celle de l'Illyrie ;

dans l'eè dition de Nobbe, qui offre 29 lignes en moyenne par page, la diffeè rence est

de 68 pages, soit 1972 lignes. Si on admet qu'il y avait dans l'archeè type viseè dans le

synopsis un nombre de lignes eè quivalent aé celui que produit l'eè dition de Nobbe, oué

chaque ligne correspond en geè neèral aé un site, on se repreè sentera un archeètype

offrant 36 lignes aé la colonne.


356 didier marcotte

plus ancienne, attribuable aé une eècole neèoplatonicienne, un commen-


grammatopìnakeq (il aurait duê parler plu-
tateur eèvoque l'activiteè des
pinakogràfoi) et deèplore aé plusieurs reprises, sur des questions
toêt des
de topographie reègionale, un deèsaccord entre le texte et un pìnax qu'il
aurait eu sous les yeux ; faut-il admettre obligatoirement qu'il se soit
agi d'une carte de l'Ýkoumeéne, sur laquelle le scholiaste aurait dit
? Dans un travail d'heu-
67
n'avoir pu repeèrer l'|êle menue de Peèpareèthos
ristique, il convient de recevoir d'abord chaque donneè e dans son uni-
citeè ; eu eègard aé la maigreur des documents et au nombre de teèmoins
dont on dispose, une histoire de la cartographie antique sera toujours,
par neècessiteè, une eètude de hapax.

V ^ Les colonnes I-III

Si l'on sait par Constantin et Ëtienne, compleèteès par Pline et Stra-


bon, quel eètait l'horizon geèographique du livre II d'Arteèmidore, le
contenu exact du livre I est encore mal eètabli. On peut tenir pour pro-
bable qu'il comportait des proleègomeénes de nature doxographique et
fournissait des mesures aé l'eèchelle de l'Ýkoumeéne. On peut penser
aussi que, suivant un ordre d'exposition heè riteè de la geèographie
ionienne, il entamait la description du monde connu par l'Occident,
mais il n'est pas certain qu'il l'ait commenceèe par les Colonnes d'Heèra-
cleés. On sait en effet, par quatre citations preècises d'Ëtienne, que la
choêra Massaliote eètait eètudieèe dans le premier livre, ce que confirme un
68
papyrus d'Oxyrhynque . Il est possible, d'ailleurs, qu'Arteèmidore ait
consideèreè les coêtes de la Narbonnaise et celles de l'Ibeèrie comme fai-
sant partie d'un meême ensemble historique, l'uniteè du tout eètant
constitueèe par l'antique preèsence phoceèenne dans le secteur, ou qu'il
ait pris en compte, comme Strabon l'a fait aussi, l'ancienne extension
du nom d' Iberia aé l'espace littoral situeè entre le Rhoêne et Gibraltar et
qu'il ait ainsi associeè eètroitement la matieére de ses deux premiers
69
livres .

(67) Schol. in Dion. Per. 3 (p. 430, col. 2, l. 3 -11 Mu« ller), 409 (p. 446), 522

(p. 450), 533 (p. 451). Eustathe, qui a eu acceé s aux scholies anciennes aé Denys pour

son propre commentaire, mentionne les palaioí pinakogràfoi pour leur repreèsen-
tation de l'Europe et de la Libye ( Comment. in Dion. Per. 4, p. 218, l. 10 -18 Mu«ller).

(68) Arteèmidore, fr. 3 -6 Stiehle (p. 199-200) ; A. A. Raschieri, Il numero delle


isole Stechadi in un frammento papiraceo di Artemidoro (P.Oxy. 2694) , dans Quaderni del
Dipartimento di filologia, linguistica e tradizione classica Augusto Rostagni , n.s., t. 6, 2007,
p. 87-93.

(69) Strabon, III 4.19 (C. 166) : û Le nom (d' Iberia) a eèteè donneè par nos preèdeè-
cesseurs aé tout le pays situeè au delaé du Rhoêne et de l'isthme formeè par l'eètrangle-
le papyrus d'arteè midore 357

Mais ces questions, qui ont eèteè fort deèbattues au cours des dernieéres
70
anneèes , ont perdu de leur pertinence dans l'analyse du papyrus,
depuis que G. B. D'Alessio, arguments mateè riels aé l'appui, a proposeè
de placer en teête du rouleau la carte et le sommaire de la description
de l'Espagne. Sous beèneèfice d'inventaire, le probleéme de savoir si les
consideèrations theèoriques et le ton rheètorique des col. I-III pouvaient
se justifier dans ce qui aurait eèteè un prologue au livre II ou s'ils pou-
vaient refleèter la matieére d'un livre I ne se pose eèvidemment plus dans
les meêmes termes. En revanche, l'interpreètation de la teneur meême de
ces colonnes et de la destination du texte qu'elles conservent reste un
probleéme entier, auquel aucune solution n'a eèteè apporteèe aé ce jour.
Seule la premieére colonne preèsente une marge infeèrieure. Elle
compte 44 lignes et offre une largeur de 10 cm environ, comme la col.
II apparemment. De celle-ci ne subsistent plus que les 28 premieéres
lignes, fort lacunaires d'ailleurs. Seul le deèbut des 13 premieéres lignes
de la col. III a surveècu. La main est celle des col. IV et V.
Le texte deèsarc°onne au premier abord par sa solenniteè grandilo-
quente, servie par un lexique preècieux et une syntaxe eècheveleèe. Il
deèfinit le meètier du geèographe dans l'engagement qu'il suppose, les
fatigues qu'il entra|êne, les dangers qu'il comporte, toutes consideèra-
tions qui, aé la fin de la peèriode helleènistique et aé date impeèriale, releé-
71
vent plutoêt du poncif . Mais, sur le mode moral, il assimile aussi la
pratique du genre aé un exercice spirituel, pour lequel des armes speè cifi-
ques seraient requises (col. I, l. 19 : perí eÉautýn oÌpla bastàzei), la
science en question eètant perc°ue meètaphoriquement comme une lutte
sunagwnìsashai). Il compare eègalement la geèographie, art
(l. 12-13 :
siwpa˜ç), aé la divine philosophie (l. 13-14 : tð˜ heio-
silencieux (l. 16 :
tàtð filosofìaç), dont les doctrines (l. 25 : dògmata) sont pour cer-
tains un fardeau d'Atlas (l. 26 : i’Atlànteion fòrton) librement
consenti, voire une charge qui ne ferait pas sentir son poids (l. 28 -29 :
aÊkopìaton fòrton).
Si l'homme s'ouvre largement au monde (l. 39 -40 : aÉplou˜tai gár oÉ
a²nhrwpoq tw˜ç kòsmw
ç, le geèographe reste malgreè tout un speècialiste du

ment des golfes Galatiques, alors qu'aujourd'hui on lui donne pour borne le mont

Pyreèneè et qu'on en fait un synonyme d'Hispanie. ý Le suppleè ment est de Lasserre.

Les golfes Galatiques sont le golfe de Gascogne et celui du Lion. ^ Sur la double

hypotheése formuleè e ici, voir mon eètude De l'Ibeèrie aé la Celtique (art. cit. supra n. 57),

p. 35-37.

(70) Par exemple chez C. Schiano, Che cosa conteneva il primo libro dei Gewgra-
fikà ?, dans Quaderni di storia, t. 70, 2009, p. 343 -351.

(71) On les trouve exprimeèes deés les premiers chapitres de Diodore, I, 1, 2. Si

meême l'enqueê te est livresque, le modeé le eèpique de l'historien geè ographe reste para-

doxalement Ulysse ; cf. [Scymnos], 98 -99, 102 et 108.


358 didier marcotte

terrain. Face aé son domaine, qui se voit qualifier ici d' y² peiroq jẁraq
(col. II, l. 4), il en consideére premieérement la superficie (l. 5-6 : tó
kùtoq ty˜q parakeimènyq jẁraq), avant de dilater son aême au pays
dans sa totaliteè (l. 10-1 : týn vùjyn eÉautou˜ sunplatùnein tð˜ uÉpokei-
mènð jẁra 72
ç ) . Dans cette discipline de vie, il recevra des marques de
confiance de ceux qui marquent pour la geè ographie, ici personnifieèe,
une veèneèration exempte de meèpris (l. 20-23 : dèxetai pìsteiq tw˜ n
dediòtwn kaí mý katafronoùntwn geografìaq).
Dans un essai magistral, Luciano Bossina a donneè une analyse
exhaustive du lexique et des meètaphores de ce texte eènigmatique. Son
enqueête a fait appara|être de la fac°on la plus claire que certains mots
rares qu'on y releéve n'ont d'autres attestations que dans la litteè rature
tardo-antique et byzantine . Pour d'autres termes, tels que kùtoq,
73

aÊkopìatoq, citeès plus haut, les loci similes qu'il a retrouveès dans les tex-
tes tardifs pourraient eêtre mis en concurrence avec des paralleéles d'aêge
; de meême pour l'expression oÌpla bas-
74
helleènistique ou impeèrial
tàzwn, qui se rencontre deèjaé dans les Epitrepontes de Meènandre (v.
324). Cependant, l'ideèe majeure qui sous-tend la theése de L. Bossina
est que nous aurions affaire ici au prologue d'un ouvrage dont les
modeéles auraient eèteè fournis par Strabon, dans les proleègomeénes de sa
Geèographie, et par les commentaires d'Eustathe aé Homeére. Par exem-
ple, dans sa fac°on de deècrire l'attitude du geèographe/philosophe
adonneè aux dògmata filosofìaq, soumis aé des sujnai˜q merìmnaiq
˜ noq (col. I, l. 23-25), attentif aé son environnement et travaillant
di' aiÊw
sans sommeil (col. I, l. 35-36 : pànta pèrix skopou˜nta a² grupnon),
l'auteur se serait inspireè du commentaire, par l'archeveêque de Thessa-
lonique, du passage de l'Odysseèe (u 22-24) oué est relateèe l'agitation
d'Ulysse dans son sommeil avant son combat contre les preè tendants

(72) Michel-Yves Perrin me suggeé re un paralleé le avec Ps. 118, 32 et 2 Co 6, 11

(yÉ kardìa yÉmw


˜ n peplàtuntai).
(73) L. Bossina, chez Canfora, Il papiro, p. 319-389. Sans doute faut-il retirer

de la liste de L. Bossina le participe protalanteùsanta, qu'il voudrait lire col. I,

l. 3-4, ou . [- |teùsanta. L'espace entre pro- et


é le papyrus porte pro[.]la -la- eètant
de 6 mm, la syllabe -ta- ne pourrait s'y loger. Meê me si elle revient aé un hapax, il
faut donc preèfeèrer la lecture proplasteùsanta suggeèreèe par les eèditeurs ; d'autres

composeès formeès sur plasteùw se trouvent dans la documentation papyrologique.

(74) Voir les remarques d'E. Gangutia El|è cegui, El papiro di Artemidoro, art. cit.

supra n. 12, p. 332-333. ^ Au sens de terrain, kùtoq (analyse fouilleèe chez Bossina,

art. cit. supra n. 73, p. 347-358) se trouve deè jaé chez Polybe, V, 59, 8, aé propos de la

superficie d'une ville entoureè e de ses murailles. Je suggeèrerais d'expliquer la preè-

sence de ce terme, qui reste rare et reè pond ici aé un emploi imageè , en rapport avec le

verbe (pro)plasteùw (cf. supra n. 73), qui deè signe l'action de modeler, eè difier

(notamment des murs) ; en filant ainsi la meè taphore, l'auteur preêterait au geè o-

graphe un roê le de fac°onneur (de sa matieé re et de l'espace).


le papyrus d'arteè midore 359

(a² üpnon o²nta tón i’Odussèa ... sujná merimnw˜nta nuktòq) ; il aurait
enfin repris au meême commentateur une iunctura que celui-ci offre en
d'autres endroits de son Ýuvre, tá pèrix skopèw/blèpw 75
.
Le paralleéle est sans conteste inteèressant, mais peut-on le tenir pour
significatif ? Les conditions du travail du chercheur telles qu'elles sont
deècrites ici ne releévent-elles pas simplement de lieux communs, aussi
intemporels que la fatigue et la solitude ? J'en verrais une confirmation
dans les premieéres pages du Traiteè sur l'abstinence de Porphyre, oué le
philosophe fait le portrait type de son lecteur, l'homme en eè veil, qui
organiserait tout autour de lui pour maintenir un eè tat de veille (pa˜n
tó perí auÉtón próq aÊgrupnìan suntàxanti) et qui souleéverait sans
relaêche sa penseèe inquieéte (merìmnyq aÊ nakìnysin sùntonon poiei˜s-
hai) . Ce pourrait eêtre aussi la permanence d'un certain discours
76

convenu, chez le savant soucieux d'exalter son engagement, qui


explique que Carl Ritter, dans son ambitieuse Geèographie geèneèrale compa-
reèe, ait recommandeè aé û l'homme moral, pour accomplir sa fin ý,
d'avoir û la conscience intime de ses forces ý et de û conna|ê tre ce qu'il
77
rec°oit du dehors, ce qui l'entoure ý ; les theémes que Maurizio Calvesi
a reconnus dans le prologue de ce geèographe allemand appartiennent
peut-eêtre aé une forme de koineè, que favorise, aé certains moments de
l'histoire, l'optimisme scientiste, toutes langues et toutes cultures
confondues.
Il est vrai que, en l'eètat de nos connaissances, la litteèrature helleènis-
tique ne pourrait fournir de paralleéle deècisif aé notre texte, qui s'inscri-
rait au mieux dans un mouvement inspireè par le moyen platonisme,
78 ©
oué la philosophie eètait preèsenteèe comme divine . A la rigueur, certains
traits, dans le vocabulaire en particulier et dans les images mises en
79
Ýuvre, peuvent faire penser aé un Cleèanthe . Sur le plan stylistique,
on peut rapporter eègalement aé une tendance asianiste, qui se reèclamait
d'Heègeèsias de Magneèsie, plusieurs faits remarquables, comme les freè-
quentes asyndeétes, l'absence de peèriode, le recours insistant aé la meèto-
nymie, le pathos ou l'affeèterie des figures, dont le secours visait aé agir
80
sur l'affect de l'auditeur ou du lecteur . Pour ces raisons, d'ailleurs,

(75) Cf. Eustathe, Comm. in Odyss., II, 224, 12 -19 ; L. Bossina, art. cit. supra

n. 73, p. 330 -332. Autre occurrence de la tournure dans le papyrus, col. II, l. 12 :

pollá pèrix blèpwn.


(76) Porphyre, De abstin., I, 27, 2 et 4.

(77) Texte reproduit par L. Canfora, The true history (op. cit. supra n. 30), p. 39.

(78) Gallazzi - Kramer - Settis, p. 115.

(79) Cf. E. Gangutia El|è cegui, El papiro di Artemidoro (art. cit. supra n. 12),

p. 332.
e e
(80) L'influence d'Heè geèsias sur les historiens et rheèteurs des iii et ii sieécles a eèteè

consideè rable ; cf. G. Staab, Athenfreunde unter Verdacht. Der erste Asianist Hegesias aus
360 didier marcotte

Benedetto Bravo suggeére de voir dans les col. I-III l'extrait d'un pro-
treptikóq lògoq teinteè d'asianisme, qu'il attribuerait aé Arteèmidore
et qui aurait eèteè destineè aé susciter chez les jeunes un inteèreêt pour la
81
recherche geèographique .
De manieére geèneèrale, on doit admettre que, dans notre documenta-
tion, la prose entre Polybe et Diodore de Sicile accuse un hiatus de
preés d'un sieécle ; elle est repreèsenteèe essentiellement par des auteurs
fragmentaires, tel le sto|ëcien Poseèidonios, dont il n'est pas suêr que nous
ayons toujours des citations litteèrales, ou encore l'eèpicurien Philodeéme,
dont les papyrus d'Herculanum conservent de geèneèreuses portions et
qui reste, par le lexique comme par la syntaxe, treé s proche de Polybe.
Par ailleurs, la diversiteè des courants estheètiques, si on peut parler
ainsi, nous eèchappe largement. Pour des questions de meèthode, laé
aussi, il importe de rester prudent. En la matieé re, il convient surtout
d'aller du livre au texte, de la deèmarche bibliologique aé l'analyse litteè-
raire ; en d'autres termes, il faut consideèrer d'abord le support, la
structure du rouleau, son eècriture, l'organisation apparente des chapi-
tres qui le constituent, des colonnes de texte qui s'y succeé dent, avant
de chercher aé deèfinir le genre des textes eux-meêmes, d'en dater la
composition et, in fine, de les attribuer. Si les col. I-III doivent eêtre pla-
ceèes apreés les col. IV-V, elles ont peu de chance de renfermer un prolo-
gue aé une geèographie descriptive ; si les col. IV-V, aé leur tour, ne peu-
vent eêtre qu'un reèsumeè du livre II d'Arteèmidore, on est moins fondeè aé
vouloir preêter aé cet auteur le contenu des col. I-III.

VI ^ Les illustrations

On conna|êt peu de dessins sur papyrus. Cet eètat de choses tient en


partie au fait que, par vocation, le papyrologue dirige prioritairement
son inteèreêt vers les textes et que, par tradition, les papyrus qui ne sont
ni litteèraires ni documentaires ne font l'objet que de brefs signale -
ments ; ceci explique, par exemple, que la collection d'Oxyrhynque
82
compte encore quelque 370 papyrus illustreè s ineèdits . Par ailleurs, le

Magnesia zwischen Rhetorik und Geschichtsschreibung, dans Zeitschrift fu« r Papyrologie und

Epigraphik, t. 148, 2004, p. 127 -150.

(81) B. Bravo, Artemidoro di Efeso geografo e retore. Per la costituzione e l'interpreta -

zione del testo del Papiro di Artemidoro, dans Zeitschrift fu« r Papyrologie und Epigraphik,

t. 170, 2009, p. 43 -63 (p. 57). ^ G. Nisbet (P. Artemid. : the sequence of the fragments,

art. cit. supra n. 38, p. 22) voit dans les col. I -III un exercice de sùgkrisiq rheèto-

rique.

(82) Pour une eè valuation du mateèriel dont on dispose, voir H. Whitehouse,

Drawing a fine line in Oxyrhynchus, chez A. K. Bowman, R. A. Coles, N. Gonis,


le papyrus d'arteè midore 361

nombre modeste de papyrus illustreès au regard de la masse totale des


papyrus mis au jour peut s'expliquer par le fait que les sites les plus
riches pour nous correspondent aussi souvent aé des villes provinciales,
83
qui produisaient peu d'eèditions de luxe . Enfin, les quelques corpus de
dessins dont on dispose font voir des travaux assez frustes au regard de
. Depuis plu-
84
ce qu'offre notre papyrus, et notablement plus tardifs
sieurs anneèes, toutefois, des publications majeures s'attachent aé faire
l'inventaire du patrimoine graphique conserveè dans les principales col-
lections d'antiquiteès grecques et reèveélent progressivement des dessins
d'un niveau artistique soutenu, qui, s'ils restent des teè moins rares, per-
mettent aussi de ne plus tenir le papyrus d'Arteèmidore pour totale-
85
ment isoleè .
Les illustrations de notre papyrus sont sans doute ce qui a le plus
contribueè aé son succeés dans la presse quotidienne et ce que les exposi-
tions, moyennant une certaine theèaêtraliteè, ont le mieux mis en eèvi-
dence. Leur interpreètation est d'autant plus complexe qu'elles sem-
blent correspondre aé trois phases dans l'utilisation du papyrus, ou, si
l'on preèfeére la meètaphore qui a eèteè proposeèe d'embleèe deés 2006, aé trois
de ses vies : comme on l'a dit plus haut, la carte devait clore la premieé re
de ces phases ; apreés l'abandon du projet geèographique, le papyrus
aurait eèteè remployeè sur son verso, avant le milieu du Ier sieécle de notre
eére, pour recevoir une quarantaine de figures animales ; enfin, les par -
ties resteèes vierges au recto auraient eèteè couvertes de portraits
d'homme et d'autres dessins anatomiques de mains et de pieds, comme
on peut en dessiner encore dans les eècoles modernes de beaux-arts
86
.

D. Obbink, P. J. Parsons (eèd.), Oxyrhynchus. A city and its texts, Londres, 2007

(Graeco-Roman Memoirs, 93), p. 296 -306 (et pl. XXVI -XXX).

(83) Cf. E. G. Turner, Greek Papyri. An introduction, Oxford, 1968, p. 50.

(84) La plupart des papyrus mentionneè s dans le reè pertoire de U. Horak (Illumi-

nierte Papyri, Pergamente und Papiere, Vienne, 1992, p. 227-261) sont de l'Antiquiteè

tardive ou du deè but du moyen aê ge. Une bonne partie de notre documentation est

constitueè e de patrons ; cf. A. Stauffer, Antike Musterbla«tter. Wirkkartons aus dem spa« t-

antiken und fru« hbyzantinischen Øgypten, Wiesbaden, 2008. Les quelques exemples de

livres illustreès citeès par D. Obbink (P. Artemid. : the artefact, dans Images and texts,

p. 16-17) sont eègalement plus tardifs et preèsentent une iconographie assez rudimen -

taire par rapport aé P. Artemid. ; voir la reproduction qu'il donne (pl. 60) du P. Oxy.
p
2331 (s. III ; aventures d'Heè racleés).

(85) Voir par exemple H. Froschauer, Zeichnungen und Malereien auf Papyrus und

Pergament aus den Papyrussammlungen Berlin und Wien, Vienne, 2008. ^ On a deèsormais

une eèdition du P. Oxy. 4842, qui porte le dessin treé s eèlaboreè de deux colonnes aé cha-

piteau corinthien et d'une frise ; le style architectural repreè senteè date des premieéres
e
deècennies du ii sieécle de notre eé re ; cf. H. Whitehouse, Drawing a fine line in Oxy-

rhynchus (art. cit. n. 82), p. 304-306 (et pl. XXX), avec une contribution de J. J.

Coulton.

(86) Pour une chronologie supposeèe, voir Settis, Artemidoro, p. 37-41.


362 didier marcotte
On ne s'eètendra pas ici sur les illustrations des deuxieéme et troisieéme
phases, qui ont treés toêt susciteè l'inteèreêt de speècialistes, comme Philippe
87
Bruneau . Certains n'ont pas manqueè de reconna|être dans les dessins
du recto des imitations de la Renaissance et proposeè , avec plus ou
moins de bonheur, d'identifier les possibles modeéles de telle posture de
main chez Raphae«l, ou de tel portrait viril chez Bramante ou chez
. Il n'est pas jusqu'aé Simonideés qui ne se soit vu preêter aé l'occa-
88
Du«rer
sion des talents de portraitiste, qu'il faudrait deèceler dans les figu-
; mais cette dernieére figure (voir pl. hors-texte), que
89
res R1 et R2
S. Settis et G. Adornato ont rattacheèe au type de Zeus Ammon en
vogue aé la fin de la peèriode helleènistique, pourrait tout aussi bien se voir
rapprocher de la figure barbue et cornue, datable des deè buts du Princi-
pat, qui fait office de protomeè sur deux angles de l'autel funeèraire de
90
L. Aufidius Aprilis, retrouveè en 1965 et conserveè aé la Crypta Balbi .
Les modeéles du verso ont eèteè chercheès dans des miniatures de manu-
91
scrits byzantins ou dans la mosa|ëque de Preèneste . Il n'y a pas aé
s'eètonner que cette dernieére, qui date de la fin de la peèriode helleènis-
tique, offre une faune comparable aé celle du papyrus ; si celui-ci porte
aé sa manieére un reèpertoire de motifs, il est normal qu'il soit le reflet des
types qui faisaient floreés aé son eèpoque. Il faut plutoêt constater que,
dans le paysage nilotique de Preèneste, les abacules formant le nom qui
accompagne la repreèsentation d'un hybride de l'hippopotame et du
crocodile preèsentent un deèsordre qui en compromet la lecture et que la
leègende de la figure correspondante du papyrus, xifìaq, permet de
92
corriger de manieére deècisive . Ce fait ne suggeére pas que le papyrus
soit tributaire de la mosa|ëque.

(87) Ph. Bruneau , Les mosa|ëstes antiques avaient -ils des cahiers de modeé les ? (suite, pro-

bablement sans fin), dans Kteéma, t. 25, 2000, p. 191-197 ; J. Elsner , P. Artemid. : the
images, dans Images and Texts, p. 35-50.
(88) Voir M. Calvesi , Artemidoro ? Sembra proprio Du« rer, dans Corriere della sera,

22 septembre 2008, p. 35 ; G. Adornato , Goya, Bramante and others on P. Artemid. ?,

dans Images and texts, p. 51-55.

(89) Voir R. Janko , The Artemidorus Papyrus , dans Classical review , t. 59, 2009,

p. 407-410, qui suggeé re que R1 aurait pour modeé le le portrait de l'eè vangeèliste Mat -

thieu dans une lithographie publieè e en 1861 par Simonideé s. Celui-ci se flattait

d'avoir eètudieè la peinture aé Paris avec un eè leéve de David, nommeè Geènie Vidal.

(90) Je dois cette suggestion aé Ricardo Gonzalez Villaescusa.

(91) Voir S. Micunco , Figure di animali : il verso del papiro di Artemidoro, dans

Quaderni di storia, t. 64, 2006, p. 5 -43 ; repris avec quelques ajouts chez Canfora ,

Il papiro, p. 180-206.
(92) Figure V9 ; Gallazzi-Kramer-Settis - , p. 350 354. Sur la leè gende, voir

deèsormais I. Pajon Leyra XIFIAS in the Artemidorus Papyrus


, , dans Zeitschrift fu«r
Papyrologie und Epigraphik, t. 170, 2009, p. 64.
le papyrus d'arteè midore 363

Mais il n'est pas interdit de chercher d'autres paralleé les aé la faune de


notre livre parmi les vingt-deux figures zoologiques de la fresque de
Marisa, dont la deècouverte date de 1902. Peintes vers 200 avant notre
eére et eègalement pourvues de leègendes, ces figures sont emprunteèes aé la
faune du Levant, du bassin du Nil ou de la Corne de l'Afrique ; elles
93
peuvent aussi reèpondre aé des types fantastiques . La figure de la
girafe, en tout cas, appeleèe en l'occurrence kamylopàrdaloq, preèsente
un type assez voisin de celui qu'on trouve sur le papyrus, oué la leègende
se lit kamylopòrdaliq 94
. En attendant qu'une syntheése exhaustive
leur soit consacreèe, la typologie des repreèsentations animalieéres du
verso et la taxinomie aé laquelle renvoient les leègendes commencent aé
95
faire l'objet d'eètudes ponctuelles et rigoureuses ; les premiers indices
que celles-ci ont livreès n'ont pas encore fait appara|être d'eèleèments de
nature aé faire douter de l'antiquiteè de l'ensemble.

VII ^ La carte

Comme on l'a rappeleè plus haut, l'eètat du corpus ne permet aucune


affirmation cateègorique, ni positive, ni neègative, sur la preèsence de car-
96
tes dans la production libraire avant Ptoleèmeèe . Ce constat de carence
peut au moins faire eètudier la carte de notre papyrus comme un hapax
comparable aé ce qu'est, finalement, le lointain modeéle antique,
datable du ive sieécle, auquel renvoie en dernier ressort la nomenclature
de la Tabula Peutingeriana. Mais l'eètude qu'on pourra en entreprendre
sera neècessairement frustrante, puisque la carte en question est muette

6
et que son orientation ne nous est pas suggeèreèe.
Dans ses dimensions actuelles, 99 cm 32,5 cm, la carte occupe
sept kolleèmata, mais elle devait certainement en couvrir huit aé l'ori-
97
gine . Comme la Tabula Peutingeriana, oué l'espace est eècraseè dans le
sens nord-sud et les mers litteèralement comprimeèes entre les masses
continentales, elle fait voir un eètirement des terres qui rappelle une

(93) Les fresques, deè couvertes aé environ 60 km au S. -O. de Jeèrusalem, ont eè teè

signaleèes aé John Purnet Peters et Hermann Thiersch en juin 1902 ; cf. D. M. Jacob -

son, The Hellenistic paintings of Marisa, Londres, 2005 (Palestine exploration fund

annuals, 7).

(94) Figure V21 ; Gallazzi - Kramer - Settis, p. 391-393.

(95) G. Adornato, Didascalie, disegni e zoologia sul Papiro di Artemidoro, dans Archiv

fu«r Papyrusforschung, t. 54, 2008, p. 224 -245 ; R. Kinzelbach, Tierbilder aus dem ersten

Jahrhundert. Ein zoologischer Kommentar zum Artemidor -Papyrus, Berlin -New York, 2009

(Archiv fu« r Papyrusforschung, Beiheft 28). Voir infra p. 368.

(96) Cf. supra p. 355.

(97) Cf. Gallazzi - Kramer - Settis, p. 275.


364 didier marcotte
repreèsentation de type itineèraire, oué les rapports geèomeètriques ne sont
pas pris en compte. Comme on peut s'en assurer avec la fig. 9, qui
reproduit un deètail significatif de la carte, on distingue au premier chef
des lignes onduleèes, dirigeèes pour la plupart dans le sens horizontal, les
unes courant par couples en paralleéle et figurant sans doute des cours
d'eau importants ou des bras de mer, les autres rejoignant les premieé -
res et repreèsentant peut-eêtre des affluents ou des canaux d'irrigation
98
.
Des vignettes de plusieurs sortes, dont la typologie a eè teè dresseèe par les
99
eèditeurs , accompagnent le traceè des lignes geèneèrales : comme dans la
Tabula Peutingeriana, elles permettent de repeèrer diffeèrentes cateègories
d'agglomeèrations ou des monuments, avec une attention porteèe aé cer-
taines caracteèristiques architecturales des sites signaleès (par exemple
des villes fortifieèes, un eèdifice aé quatre frontons, ou encore, tout en
haut aé droite, une colonne repreèsentant une steéle milliaire ou peut-eêtre
un caput viae). Les petits rectangles devaient servir notamment aé mar-
quer des lieux eètapes sur les voies de communication ou des eè tablisse-
. Par ailleurs, quelques eèleèments du paysage sem-
100
ments modestes
blent avoir eèteè individualiseès (petits coênes figurant des reliefs ou
bouquets d'arbres figurant des foreêts).
Comme l'a bien vu Richard Talbert, le fait que les lignes simples ne
se coupent jamais entre elles et ne traversent jamais non plus les
vignettes figurant les agglomeèrations impose l'ideèe qu'elles ne peuvent
repreèsenter des routes, contrairement aé ce qu'en ont admis les eèdi-
. Selon moi, il est possible que les voies de communication ter -
101
teurs
restres, dans le projet initial, avaient vocation aé eêtre traceèes dans une
encre de couleur diffeèrente, comme dans la Tabula par exemple, oué
elles apparaissent en rouge. Sans doute, en effet, un enlumineur
aurait-il du
ê intervenir ensuite sur la carte, destineèe aé eêtre peinte
conformeèment aux principes dont teèmoignent encore, aé coêteè de la
Tabula, la carte de Doura Europos et les manuscrits meè dieèvaux de Pto-
leèmeèe. Mais R. Talbert n'exclut pas que le û cartographe ý ait voulu
concentrer son attention sur les cours d'eau, ce qui serait significatif du

(98) On doit aé Pierre Moret d'avoir, le premier, compris la fonction des traceè s
©
paralleéles, dans son eè tude A propos du papyrus d'Arteè midore et de la û plus ancienne carte

d'Espagne ý, dans Meèlanges de la Casa de Velaèzquez, t. 33, 2003, p. 350 -354.

(99) Seize types de vignette sont distingueè s ; cf. Gallazzi-Kramer-Settis ,

p. 282-284.

(100) La signification possible de ces petits rectangles (les piccoli quadrati des

types 15 et 16 distingueè s par les eèditeurs) a eè teè brieévement analyseè e par R. Tal-
bert , P. Artemid. : the map, dans Images and texts, p. 61, qui en a examineè la distribu-

tion et l'association avec d'autres symboles.

(101) R. Talbert , art. cit., p. 61-62.


le papyrus d'arteè midore 365

but qu'il aurait assigneè aé son travail ; les rivieéres et les fleuves deètermi-
neraient par exemple, plus que ne le font les routes, la marche d'une
102
armeèe .

Fig. 9

Fac-simileè d'un deètail de la carte du P. Artemid. (dessin de Pierre Moret)

En raison de l'absence de leègendes et de noms, rien dans la carte de


notre papyrus ne permet malheureusement de deè terminer qu'il s'agisse
103
bien d'une repreèsentation de la peèninsule Ibeèrique , ni d'un secteur

(102) R. Talbert, art. cit., p. 62-63 (propose un paralleéle avec l'organisation

geèneèrale de deux croquis cartographiques d'eè poque destineè s aé guider les troupes

espagnoles dans leur progression de la Franche -Comteè vers les Pays-Bas, aé la fin du
e
xvi sieécle ; dessins reproduits dans les pl. 68 et 69).

(103) Ce constat corrobore d'ailleurs l'impression que la carte n'est pas un faux ;

un faussaire aurait chercheè a priori aé suggeèrer un lien direct avec le texte des col. IV -

V.
366 didier marcotte

coêtier particulier, comme les estuaires de l'E© bre ou du Tage, la plaine

delta|ëque du Beètis (act. Guadalquivir) ou encore la reè gion d'Onuba


Aestuaria (preés d'Huelva), aé laquelle a penseè nagueére Robert
104
Knapp . Si cette carte a donc des chances d'eêtre, avec celle de Doura,
la plus ancienne de celles que l'Antiquiteè nous a laisseèes aé ce jour, on
ne peut dire avec certitude, comme on l'a dit au moment de sa deè cou-
105
verte, qu'elle soit la plus vieille carte d'Espagne .
Au reste, l'organisation originelle de la matieére dans le livre ne nous
est pas totalement connue, non plus que l'ordre de succession des par -
ties du monde qui y eètaient eètudieèes. Or, rien ne permet de dire que la
fiche consacreèe aé l'Espagne ouvrait le rouleau complet et il n'est pas
possible de deèterminer si l'illustration preèceèdait ou suivait le texte affeè-
106
rent . Dans ces conditions, nous ne pouvons savoir si l'eèbauche de
carte se rapportait finalement aux col. IV-V. Mais on peut au moins
avancer une hypotheése sur les circonstances qui auraient preècipiteè la
fin de la premieére vie du papyrus : c'est peut-eêtre parce qu'il se serait
aviseè qu'il venait de confondre deux planches de son modeé le et de tra-
cer, dans l'espace qui lui avait eèteè reèserveè, la carte d'une autre partie
du monde que le cartographe aurait deèfinitivement compromis l'eèdi-
107
tion illustreèe aé laquelle il eètait associeè .

Didier Marcotte
Universiteè de Reims

(104) R. Knapp, The new Artemidorus fragment and the cartography of ancient Iberia ,
chez J. M. Candau Moroè n, F. J. Gonzalez Ponce, G. Cruz Andreotti (eèd.),

Historia y mito : el pasado legendario como fuente de autoridad, Maèlaga, 2004, p. 277-296.

Cette proposition a eè teè formuleè e sur la base du deè tail reproduit dans la fig. 9, le seul

qui eètait eèditeè en 2004. ^ Qu'il s'agisse d'une reè gion delta|ëque est admis eè galement

par G. Nisbet, art. cit. supra n. 38, p. 21.

(105) L'identification a treé s toêt souleveè des doutes ; cf. B. Kramer, The earliest
known map of Spain ( ?) and the Geography of Artemidoros of Ephesus on papyrus , dans Imago
mundi, t. 53, 2001, p. 115-120 ; P. Moret, art. cit. supra n. 98.
(106) Selon G. Nisbet (art. cit. supra n. 38, p. 21), la carte devait se rapporter

au texte situeè aé sa gauche, qui aurait eè teè consacreè aé une question de geè ographie

locale.

(107) Salvatore Settis ( Artemidoro, p. 63 et 118) estime que l'illustrateur aurait

pu rattraper une erreur de ce type en retranchant les kolleèmata concerneès et en col-

lant aé leur place de nouvelles feuilles blanches. ^ Francesca Mattaliano voudrait

voir dans le papyrus l'esquisse d'une carte de Chypre et de l'Est de la Meè diterraneè e,

qui aurait eè teè dessineèe laé par erreur ; cf. Il Papiro di Artemidoro tra Eratostene e Strabone ,
chez P. Anello -J. Mart|è nez - Pinna (eèd.), Relaciones interculturales en el Mediterraèneo
antiguo : Sicilia e Iberia, Maèlaga-Palerme, 2008, p. 192.
le papyrus d'arteè midore 367

post - scriptum

Le texte qu'on vient de lire a eèteè acheveè en novembre 2009. Depuis


cette date, plusieurs publications importantes sur le sujet sont interve -
nues, certaines ayant eèteè signaleèes comme imminentes dans les pages
ci-dessus. On mentionnera d'abord les comptes rendus auxquels l'eè di-
tion de Gallazzi-Kramer-Settis a donneè lieu sous la plume de deux
papyrologues, Peter van Minnen et Wolfgang Luppe, qui ne mettent
108
pas en doute l'authenticiteè du papyrus .
Deux eètudes reècentes portent plus speècialement sur les reports d'en-
cre. Celle de Giambattista D'Alessio permet de reconsideè rer la struc-
109
ture originelle du rouleau, dans le sens qu'on a deècrit plus haut .
Celle de Guido Bastianini formule en termes theè oriques les enseigne-
ments aé tirer de la position relative des taêches d'encre du verso par
110
rapport aé leurs û matrices ý du recto . En effet, la distance entre la
matrice et son empreinte est significative de la circonfeè rence de la
volute du papyrus aé cet endroit, la distance eètant maximale pour la
volute situeèe aé l'exteèrieur du rouleau. Dans le cas du papyrus d'Arteè-
midore, selon la reconstitution qu'en a donneèe G. B. D'Alessio (carte,
col. IV-V, col. I-III), les empreintes sont situeèes aé gauche de leurs
matrices respectives ; or, la distance entre les matrices et leurs emprein -
tes y augmente de gauche aé droite sur le recto, pour passer de 13 aé
16 cm environ. Au moment oué il a subi le dommage, le rouleau eètait
donc enrouleè, comme l'a bien constateè G. Bastianini, en position finale
de lecture pour son recto. Ce fait me para|êt au moins pouvoir confir-
mer l'hypotheése des eèditeurs, dont on a fait eètat plus haut, selon
laquelle les dessins anatomiques et les figures humaines du recto
auraient eèteè porteès en dernier sur le papyrus. Chercheur aé l'Institut
d'histoire et de techniques de la restauration de l'universiteè de Turin,
Luigi Vigna serait plutoêt tenteè d'expliquer les reports d'encre comme

(108) P. van Minnen, Less Artemidorus and more, dans Bulletin of the American society

of papyrologists, t. 46, 2009, p. 165 -174 ; W. Luppe, dans Gnomon, t. 81, 2009, p. 686-

691. ^ Apreés R. Janko, ce sont les premiers papyrologues aé prendre position dans

une recension de l'eèdition princeps. A ma connaissance, celle -ci n'a pas encore fait

l'objet d'un compte rendu dans le monde francophone, au contraire de l'ouvrage de

L. Canfora, Il papiro di Artemidoro, preèsenteè par G. Aujac, Poleèmique autour d'un papy -

rus, dans Anabases, t. 8, 2008, p. 225 -229, laquelle para|ê t se ranger aé la theése du

faux.

(109) G. B. D'Alessio, On the ``Artemidorus'' Papyrus, dans Zeitschrift fu« r Papyrolo-

gie und Epigraphik, t. 171, 2009, p. 27 -43.

(110) G. Bastianini, Sull'avvolgimento del rotolo di Artemidoro, dans Archiv fu«r Papy-

rusforschung und verwandte Gebiete, t. 55, 2009 (Festschrift fu« r Gu« nter Poethke zum 70.

Geburtstag), p. 215-221.
368 didier marcotte

le reèsultat de l'utilisation, par un graveur du xixe sieécle, des proceèdeès


111
de la lithographie en faveur chez les artistes romantiques .
Les illustrations du papyrus continuent d'alimenter la reè flexion des
historiens de l'art, partageès entre les positions de Salvatore Settis et
Gianfranco Adornato d'un coêteè, et celles de Maurizio Calvesi et Anna
. Sur les figures animales, on dispose deèsor-
112
Ottani Cavina de l'autre
mais d'une monographie, par Ragnar Kinzelbach, speè cialiste d'eètho-
logie et d'histoire de la zoologie avant Linneè, qui s'attache plus parti-
113
culieérement aé la caracteèrisation, par l'artiste, des types repreèsenteès .
L'illustration cartographique a eèteè eètudieèe en relation avec le contenu
des col. IV et V lors d'un colloque organiseè le 27 novembre 2009 par
la Societaé geografica italiana ; les actes en sont annonceès pour l'au-
tomne 2010. Les contributions de Richard Talbert et de Pierre Moret
ont permis d'eètablir une typologie des vignettes et d'eèclairer les ques-
tions d'orientation, qui devraient eêtre deèterminantes dans l'identifica-
tion du pays figureè.
La langue dont teèmoignent les colonnes I-III est un des points les
plus eèpineux de l'interpreètation du papyrus. Son analyse, rendue diffi-
cile par notre maigre connaissance de l'eè tat de la prose grecque au
tournant des iie et ier sieécles avant notre eére, devrait mettre en lumieére
la personnaliteè de l'auteur de ces lignes, autant que le milieu culturel
auquel il convient de les ramener ; un volume collectif, dirigeè par les
eèditeurs du papyrus, devrait prochainement apporter des eè leèments
114
nouveaux . Sous beèneèfice d'inventaire, et comme l'a montreè Luigi
Lehnus, il para|êt difficile d'attribuer aé Arteèmidore les traits asianistes
115
dont les colonnes en question sont lourdes . Le fait que plusieurs
expressions d'occurrence tardive figurent dans le texte demeure une
quaestio uexata ; consacreèe par Galileèe et adopteèe ensuite par toutes les
langues de l'Europe, la formule û un fardeau d'Atlas ý qu'offre la
col. I (l. 26 : ÈAtlànteion fòrton ), n'a pas d'autre attestation antique,
comme l'a justement releveè Luciano Canfora ; aé l'entendre, cette

(111) L. Vigna , art. signaleè ci-dessus, n. 15, p. 314-317. ^ L'invention de la

lithographie remonte aé l'extreê me fin du xviii e sieécle.

(112) Aux reè feèrences donneèes dans l'article ci-dessus, n. 11 et 88, il faut ajouter

l'autoriteè d'A. Ottani Cavina , Un papiro di pieno Ottocento, dans La Repubblica, 11

juin 2008, p. 40. ^ La Scuola normale superiore de Pise organisera un colloque sur

les illustrations du papyrus aé la fin de l'anneè e 2010.

(113) R. Kinzelbach , Tierbilder aus dem ersten Jahrhundert. Ein zoologischer Kom -

mentar zum Artemidor-Papyrus, Berlin-New York, 2009 (Archiv fu«r Papyrusforschung


und verwandte Gebiete. Beiheft 28).

(114) C. Gallazzi , B. Kramer , S. Settis ( eèd.), Intorno al papiro di Artemidoro.

I. Lingua, stile e contesto culturale, Milan, 2010.


(115) L. Lehnus , Artemidoro elegiaco (SH 214), dans Quaderni di storia , t. 68, 2008,

p. 279-288.
le papyrus d'arteè midore 369

meètaphore signerait le faux, avec d'autres traits du preè tendu prooi-


116
mion .
117
Dans un livre paru en janvier , le meême L. Canfora a eètabli un
bilan de nos sources sur la carrieére et l'Ýuvre d'Arteèmidore. Il propose
une mise en paralleéle treés suggestive de l'expeèrience du terrain que le
geèographe se voit preêter par la tradition et des voyages que, de son
coêteè, Constantin Simonideés a accomplis ou qu'il revendique. La theése
principalement deèveloppeèe dans ce livre est que, deés le deèbut des
anneèes 1850, le faussaire aurait entameè un processus d'identification aé
l'auteur des Gewgrafoùmena . Bon connaisseur des livres anciens,
grand amateur de voyages et de litteèrature geèographique, Simonideés
est preèsenteè dans ses possibles contacts avec les milieux berlinois oué se
renouvelait la science geèographique (autour d'A. von Humboldt et de
C. Ritter) et dans ses relations avec les fonds de manuscrits oué eètaient
conserveès les teèmoins de l'Ýuvre d'Arteèmidore, au monasteére de Vato-
pedi sur l'Athos, aé Paris ou aé Munich. Luciano Canfora releéve les pos-
sibiliteès qu'a eues Simonideés, en 1854 et 1864, de consulter aé la Biblio-
theéque impeèriale le manuscrit du De administrando imperio de
Constantin Porphyrogeèneéte (Paris. gr. 2009) et le corpus de Marcien
118
d'Heèracleèe (Paris. suppl. gr. 443) , dont on a deèjaé parleè. Il admet que
Simonideés a pu s'autoriser du fragment d'Arteèmidore sur le Nil,
conserveè dans le Monacensis gr. 287, qu'il aurait consulteè en 1856 et qui
119
a pu inspirer le bestiaire du verso de notre papyrus . Enfin, il voit
l'assimilation de l'aventurier au geèographe consommeèe dans le reècit
d'un voyage archeèologique que le premier a publieè en 1853/54 et dans
lequel il preètend avoir suivi les littoraux de la mer Rouge selon les eè ta-

(116) L. Canfora, û Una fatica veramente atlantica ý, dans Quaderni di storia, t. 70,

2009, p. 373 -382

(117) L. Canfora, Il viaggio di Artemidoro. Vita e avventure di un grande esploratore

dell'Antichitaé , Milan, Rizzoli, 2010.

(118) Simonideé s aurait emprunteè aé ce manuscrit de Marcien et au Palatinus Hei -

delberg. gr. 398, teè moin du second corpus byzantin des geè ographes grecs û mineurs ý,

l'abreèviation stad , pour stàdia stàdioi


/ (cf. Canfora, Il viaggio, p. 186-194), qui

ne se rencontre nulle part dans le reste de notre documentation papyrologique. Je

pense que la preè sence, dans deux corpus byzantins aé traditions manuscrites distinc -

tes, de la meê me abreèviation pourrait aussi eê tre consideèreèe comme un signe de l'anti -

quiteè de celle-ci.

(119) Il s'agit du fragment 90 Stiehle, oué l'exposeè des affluents du Nil est confus ;

une des branches de l'Astaboras (act. Atbara) y est deè crite comme se dirigeant vers

la mer Ërythreè e, comme chez Strabon, XVI, 4, 8 (C. 770), qui doit suivre en l'oc -

currence Arteè midore. Sur ce fragment, cf. J. Desanges, Les affluents de la rive droite du

Nil dans la geèographie antique, dans Toujours Afrique apporte fait nouveau. Scripta minora,
th
Paris, 1999, p. 281 (article paru d'abord dans Proceedings of the 8 International Con-

ference of Ethiopian studies, Huntingdon, 1988, I, p. 137 -144).


370 didier marcotte

120
pes signaleèes par Strabon d'apreés Arteèmidore en XVI, 4, 5 . C'est
121
donc en veèritable Doppelga«nger du geèographe que Simonideés aurait
conc°u le papyrus, aé la reèalisation duquel il aurait aussi apporteè ses
122
talents de graveur .
D'une fac°on geèneèrale, l'argumentation de Luciano Canfora, ici ou
dans les publications preèceèdentes, est servie par d'exceptionnelles qua-
liteès heuristiques et eèristiques, qui expliquent d'ailleurs l'audience pas -
sionneèe et l'inteèreêt soutenu qu'elle rencontre dans le monde savant ou
aupreés du grand public. Elle a permis de corriger ou de nuancer plu -
sieurs des hypotheéses qui avaient eèteè avanceèes, quelquefois de manieére
haêtive, sur la structure du rouleau, la nature des textes, leur langue et
leur finaliteè ; aé cet eègard, elle reste un moteur deèterminant de l'examen
auquel il convient de soumettre le papyrus. Mais elle se caracteè rise
aussi par le fait qu'elle associe eètroitement trois questions qui n'avaient
peut-eêtre pas, aé l'origine, vocation aé eêtre solidaires : l'antiquiteè du
texte et l'eèpoque de sa copie ; la personnaliteè de celui (en l'occurrence
le faussaire) ou de ceux aé qui il faut preêter la confection du livre dans
toute sa diversiteè ; la vie et l'Ýuvre de Constantin Simonideés. Or, sous
l'influence de la theése de L. Canfora, ces trois questions sont si intime-
ment unies dans la litteèrature reècente qu'on peut constater deèsormais
une tendance de la critique aé pointer de preèfeèrence ce qui, dans le
contenu du papyrus, ne saurait eêtre attribueè aé un faussaire actif entre
1850 et 1880. Le risque est deés lors de voir la recherche de l'anachro-
nisme deèterminer l'interpreètation des cinq colonnes de texte. Dans
l'analyse qu'il a consacreèe aé la structure du papyrus, G. B. D'Alessio a
ainsi montreè accessoirement que le verbe composeè proplasteùw , qu'il
faut reconna|être aé la col. I, l. 3-4, avait peu de chance d'avoir eèteè forgeè
par un moderne, avec le sens qu'il faut ici lui preêter, avant l'eèdition
123
d'une seèrie de papyrus du Fayoum en 1885 . De son coêteè, Ju
« rgen
Hammerstaedt est revenu sur le probleéme de la preèsence du sampi,
dans les col. IV-V, oué cette lettre reveêt une valeur numeèrale dont les

(120) L'opuscule, intituleè Spoudaiodròmion aÊ rjaiologikòn , a eèteè inseèreè par

C. Simonideé s dans son recueil d'Autographa, publieè aé Moscou en 1853 et aé Odessa en

1854 ; eèdition et traduction des extraits significatifs par Canfora, Il viaggio, p. 287-

295. Il faut souligner que Strabon n'attribue pas aé Arteèmidore d'avoir effectueè le

voyage en question ; il ne le cite explicitement que comme sa source d'information

pour la toponymie des principales escales de la mer Rouge.

(121) Cf. le titre eè vocateur de l'article de presse par lequel Federico Condello

signale la parution du livre, Artemidoro e il suo doppio, dans Corriere della sera, 16 feèvrier

2010, p. 39.

(122) Cf. Canfora, Il viaggio, p. 257-258, qui se fonde sur les conclusions de

L. Vigna (supra, n. 15) sur le possible usage, par Simonideé s, d'un proceèdeè lithogra-

phique.

(123) D'Alessio, art. citeè supra n. 109, p. 31. Cf. aussi supra p. 358, n. 73.
le papyrus d'arteè midore 371

eèpigraphistes et les papyrologues n'ont eu connaissance qu'aé partir de


1897 ; il a montreè de fac°on cateègorique que, contrairement aé ce que
Giuseppe Carlucci a voulu admettre, Simonideés n'aurait pu relever
lui-meême le sampi en question sur les pierres mises progressivement au
jour au milieu du xixe sieécle dans la reègion de Prieéne ou de Smyrne, oué
124
un seèjour de l'aventurier est bien signaleè aé cette eèpoque .
La figure de Simonideés est exemplaire d'une certaine eèpoque, celle
d'un romantisme avide d'ineèdit, et repreèsentative d'un type universel,
celui de l'amateur d'antique eèclaireè et sans scrupule. A ce titre, elle
appellerait une monographie exhaustive, oué l'aventure policieére
coêtoierait suêrement l'histoire des ideèes. Avec beaucoup de rigueur,
Luciano Canfora et son eèquipe ont deèjaé deèfini le cadre d'une entreprise
de ce genre, en ont montreè la leègitimiteè et en ont fourni sans doute le
mateèriau le meilleur. S'il appara|êt que le papyrus d'Arteèmidore ne
peut eêtre rapporteè aux deècennies 1850-1880, il ne faudrait pas que ce
fait obliteèraêt la pertinence des remarques que l'eècole de Bari a formu-
leèes sur le contenu du rouleau ni sur le milieu dans lequel celui -ci, par
eètapes, a eèteè enrichi.

(124) J. Hammerstaedt, Warum Simonides den Artemidorpapyrus nicht ha« tte fa«lschen

ko«nnen : eine seltene Schreibung fu« r Tausender in Inschriften und Papyri, dans Chiron
(Munich), t. 39, 2009, p. 323 -337 ; G. Carlucci, Sampi e dintorni, dans Quaderni di

storia, t. 69, 2009, p. 297-312.


INDEX DES MANUSCRITS

CITEè S DANS LE PREè SENT VOLUME

Les manuscrits ne sont pas, dans certains cas, citeè s comme dans les articles auxquels

il est fait reèfeèrence. On a cru bon, en effet :

1³ d'unifier la preè sentation, en substituant aux appellations conventionnelles telles

que Scorialensis, Bruxellensis, etc., le nom moderne du lieu de deè poêt, de la bibliotheéque

et du fonds, si possible sous leur forme originale ;

2³ de preè ciser ou de rectifier les cotes, lorsque les citations paraissaient ambigue« s ;

3³ de les abreèger, pour reèpondre aux exigences de concision d'un tel index.

Pour faciliter la consultation en eè clairant certaines reè feè rences, les sigles donneè s aux

manuscrits par les auteurs des articles sont indiqueè s entre parentheé ses.

ADMONT, Stiftsbibl. 759 (ms. Am) : 108, BURGO DE OSMA, Bibl. Capit. 35
109, 112, 114, 123, 135, 138, 140 -146, (28) (ms. Bo) : . . . . . . . . . . 310, 328
149-152 CAMBRAI, Bibl. mun. 166 (161) (ms.
ANTWERPEN, Museum Plantin -More - Ca) : . . . . . . . . . . . . . . . . 311, 327

tus, lat. 2/M 15.3 (ms. An) : 310, 327 CAMBRIDGE, Corpus Christi Coll. 309
ARRAS, Bibl. mun. 1016 (432) (ms. Ar) : (ms. Cc) : . . . . . . . . . . . . . 311, 327

310, 327 ^ ^ 451 : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 161


AUGSBURG, Universita« tsbibl. II.1.fol. ^ Fitzwilliam Mus., McClean 120 (ms.
41 (ms. Au) : . . . . . . . . . . . 310, 329 Fi) : . . . . . . . . . . . . . . . . . 311, 327

BALTIMORE, Walters Art Gallery Libr. ^ Pembroke Coll. 244 (ms. Cp) : 311, 327,
383 : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 262 328

BASEL, Bibl. Univ. F.VIII.14 (ms. Ba) : ^ St John Coll. D.11 (James 18) (ms. J2) :
260, 262, 263, 264, 280 311, 327

BERLIN, Staatsbibl. Preuss. Kulturbe - ^ ^ E.4 (James 107) (ms. J1) : . . 311, 327
sitz, Hamilton 21 (ms. B2) : 310, 328, ^ ^ E.28 (James 131) : . . . . . . . . . . 170
329 ^ Univ. Libr. Ii.3.9 : . . . . . . . . . . . 162
^ ^ Phill. 1721 (ms. B1) : . . . . . 310, 328 ^ ^ ^ Nn.2.40 (ms. C) : . . . . . . . . . . 260
BERN, Burgerbibl. 111 (ms. Be2) : 310, CAMBRIDGE (Mass.), Harvard Coll.

328 Libr., Judaica 16 (ms. Ha) : 311, 327

^ ^ 141 : 244 CHARTRES, Bibl. Cath. 127 (130) (ms.

^ ^ 188 (ms. Be1) : . . . . . . . . . 310, 328 Ct) : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 311

BRUGGE, Stadsbibl. 549 (ms. Bg) : 104, DIJON, Bibl. mun. 219 : . . . . . . . . 172
155 ^ ^ 228 (190) (ms. D1) : . . . . . . 311, 328

^ Bibl. van het Grootseminarie 26/91 (ms. ^ ^ 230 (192) (ms. D2) : . . . . . . 311, 328
Br) : . . . . . . . . . . . . . . . . 311, 328 DOUAI, Bibl. mun. 199 (ms. Do) : 311,
BRUXELLES, Bibl. royale 2067-2073 327

(VdG. 368) (ms. Br) : . . . . . . . . 104 ERFURT -GOTHA, Universita« ts- u. For -

BUDAPEST, Orszaè gos Szeècheènyi Ko«niv- schungsbibl., Amplon. 8³ 16 (ms. E) :


tar, clmae 10 (ms. Bu) : 103, 146, 154, 135, 140-146

156, 157, 158 FIRENZE, Bibl. Med. -Laur., plut. 35,


374 firenze paris
29 : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 264 ^ ^ Harley 50 : . . . . . . . . . . . . . . 166

^ ^ ^ 35, 30 (ms. L) : . . . . . . . . 260, 261 ^ ^ ^ 3861 (ms. L2) : . . . . . 311, 327, 328

^ ^ ^ 35, 31 (ms. F) : . . . . . . . . . . . 260 ^ ^ ^ 5792 : . . . . . . . . . . . . . . . . . 70

GOë TTINGEN, Niedersa«chs. Staats - u. ^ ^ Royal 15.C.II (ms. L3) : 311, 327, 328
Universita«tsbibl., Luneb. 12 (ms. Go) : MADRID, Bibl. Nacional 9180 : . . 213

311, 327 ^ ^ 9482 (ms. B) : . . . . . . . . . . . . . 221

GRAZ, Univesita« tsbibl. 1515 (ms. G) : ^ ^ 9502 (ms. A) : . . . 209, 210, 220 -221

103, 105, 113, 123, 130, 135, 146, 147, ^ ^ 9513 (ms. V) : 200-211, 216, 218, 219,
154, 155, 156, 157, 158 220

HAGION OROS, Moneé Meg. Lauras I ^ ^ 9522 (ms. M) : . . . 200 -211, 216, 218

70 : . . . . . . . . . . 5, 12, 13, 15, 16, 18 ^ ^ 9537 (ms. F) : . . . . . . . . . . . . . 220

^ ^ G 90 (ms. M) : . . . . . . . . . . . 1-23 ^ ^ Reserva 141 : . . . . . . . . . . . . 199

HEIDELBERG, Universita« tsbibl., Palat. MANTOVA, Bibl. Com. 32 (olim A.II.1)


gr. 398 : . . . . . . . . . . . . . . . . . 369 (ms. Ma) : . . . . . . . . . . . . 101, 120

HEREFORD, Cath. Libr. P.2.IV (ms. MELK, Stiftsbibl. 1059 (ms. Me) : 312,
He) : . . . . . . . . . . . . . 311, 327, 328 329

ISTANBUL, Topkapi Sarayi Mu« zesi MILANO, Bibl. Ambr. M 79 sup. : . 141

Ku«tu«phanesi 55 : . . . . . . . . . . . 355 ^ ^ P 34 sup. (gr. 617) : 30-42, praes. 33

KÒBENHAVN, Kgl. Bibl., Fabricius 91 MONTPELLIER, Bibl. interuniv., Sec-


4³ (ms. K) : 103, 104, 133, 154, 155, tion Meèdecine H 48 : . . . . . . . . 291

156, 157, 158 MÛNCHEN, Bayerische Staatsbibl., clm

^ ^ Fond. ant. 211 F (ms. G) : 259, 264, 9684 : . . . . . . . . . . . . . . . . . . 109

271 ^ ^ ^ 14784 (ms. M) : 102, 123, 133, 135,

^ ^ Gl. Kgl. S. 1905 4³ : . . . . . . . . . 104 136 -139, 142, 146, 150, 153, 154, 155,

KLOSTERNEUBURG, Stiftsbibl. 352 156, 157, 158

(ms. Kn1) : . . . . . . . . . . . . 311, 329 ^ ^ ^ 17209 (ms. Mu) : 123, 135, 136, 138 -
^ ^ 826 (ms. Kn2) : . . . . . . . . . 311, 327 139

KRAKOè W, Bibl. Jagiellonì ska 1197 (ms. ^ ^ ^ 19411 : . . . . . . . . . . . . . . . 121

Cr) : . . . . . . . . . . . . . . . . . 311, 329 ^ ^ ^ 28225 (ms. Mu) : . . . . . . 312, 327

KREMSMÛNSTER, Stiftsbibl. 82 (ms. ^ ^ gr. 8 (ms Mb) : . . . . 25 -42, praes. 33


Kr) : . . . . . . . . . . . . . . . . 311, 329 ^ ^ ^ 287 : . . . . . . . . . . . . . . . . . 369

LAON, Bibl. mun. 444 : . . . 69-71, 80, 81 NAPOLI, Bibl. Naz. II.E.5 (ms. Ne) : 26-
LEIDEN, Bibl. d. Rijksuniv., Scaliger 42 42, praes. 32

(ms. Ld) : . . . . . . . . . . . . . 312, 327 ^ ^ IV.E.51 (ms. Na) : 260, 262, 264, 265,
^ ^ Voss. lat. F. 30 (ms. O) : 259, 261, 267, 276

264, 271, 272 OXFORD, Bodleian Libr., Addit. C

^ ^ ^ F. 94 (ms. Q) : . . 259, 261, 264, 271 144 : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 143

LEIPZIG, Universita« tsbibl. 106 (ms. L) : ^ ^ Barocci 224 (ms. T) : . . . . . . . . . 9


123, 135, 136, 139 ^ ^ Bodley 801 (ms. Ob) : 312, 327, 328

LIEé GE, Bibl. Univ. 360 (catal. Granjean ^ ^ Canon. Class. Lat. 32 : . . . . . 262

351) (ms. Li) : . . . . . . . . . . 312, 329 ^ ^ Laud. Misc. 356 (ms. Ol) : 312, 328

LINCOLN, Dean and chapter Libr. 149 : ^ ^ Rawl. C.322 (ms. Or) : 312, 327, 328

291 PADOVA, Bibl. Antoniana 89 Scaff. V :


LISBOA, Bibl. Nac., Alcobac°a 148 163-164

(CCXLI) (ms. Ls) : . . . . . . . 312, 328 PARIS, Bibl. de l'Arsenal 265 : 162-163
LONDON, British Libr., Addit. 15404 ^ ^ 553 (ms. A3) : . . . . . . . . . 310, 327

(ms. L4) : . . . . . . . . . . 311, 327, 328 ^ ^ 769 (ms. A1) : . . . . . . . . . 310, 329
paris vaticano 375

^ ^ 941 (ms. A2) : . . . . . . . . . 310, 327 ^ ^ N.XLI (ms. Pr3) : . . . . . . . 312, 329
^ Bibl. Mazarine 711 :. . . . . . . . . . 291 SAINT-DIEè , Bibl. mun. 42 : . . . . . 179

^ ^ 980 (ms. Pm) : . . . . . . . . . 312, 328 SAINT-OMER, Bibl. mun. 185 : . . . 169

^ ^ 998 : . . . . . . . . . . . . . . . . . . 170 ^ ^ 195 : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 171

^ ^ 1002 : . . . . . . . . . . . . . . . . . . 160 SALAMANQUE, Bibl. Univ. 2579 (ms.

^ B.N.F, Coislin 168 (ms. Q) : . . . . 1-23 Sa) : . . . . . . . . . . . . . . . . 312, 328

^ ^ gr. 1983 (ms. Pa) : 29-42, praes. 30-31 ^ ^ gr. 7 (ms. S) : . . . . . . . . . . . . 1-23

^ ^ ^ 2009 : . . . . . . . . . . . . . . . . 369 ^ ^ ^ 74 : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3

^ ^ ^ 2207 (ms. C) : . . . . . 19, 20, 21, 22 ^ ^ ^ 279 : . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3

^ ^ ^ 2210 : . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9 ^ ^ ^ 567 : . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3

^ ^ ^ 2217 : . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9 SAN LORENZO DE EL ESCORIAL,

^ ^ ^ 2916 (ms. Pb) : . . . 29 - 42, praes. 32 Bibl. del Real monast. Y.II.10 (gr.
^ ^ ^ 2977 (ms. Pc) : . 29 -42, praes. 31-32 265) (ms. E) : . . . . . . . . . . . . . 43-64
^ ^ suppl. gr. 338 (ms. W) : . . . . 13, 22 SANTO DOMINGO DE LA CAL -

^ ^ ^ 443 : . . . . . . . . . . . . . . . . 369 ZADA, Bibl. Capit. 2 (ms. Sd) : 312,


^ ^ ^ 446 : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1 327

^ ^ lat. 1871 : . . . . . . . . . . . . . . . 78 SAVIGNANO SUL RUBICONE, Accad.

^ ^ ^ 1880 : . . . . . . . . . . . . . . . 71-81 dei Filopatridi 45 (ms. S) : 104, 105,


^ ^ ^ 3088 : . . . . . . . . . . . . . . . 65-81 106, 108, 109, 110-122, 130, 133, 134,

^ ^ ^ 3359a (ms. P6) : . . . 312, 327, 328 135, 136, 137, 138, 141, 155, 156, 157,

^ ^ ^ 3739 : . . . . . . . . . . . . . . . . 170 158

^ ^ ^ 3761 : . . . . . . . . . . . . . . . . 121 ^ ^ 68 (ms. S) : . . . . . . . . . . . . 259 -280

^ ^ ^ 5080 (ms. P3) : . . . . . . . . 312, 327 TARRAGONA, Bibl. prov., Misc. 55

^ ^ ^ 9768 (ms. A) : 231, 241, 242, 246, (olim 126) (ms. Ta) : . . . . . . 312, 328
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^ ^ ^ 10306 (ms. P) : . . . . . . . . . . 260 313

^ ^ ^ 10307 : . . . . . . . . . . . . . . . . 81 ^ ^ E.I.43 (ms. Tu1) : . . . . . . . . . . 313


^ ^ ^ 10624 (ms. P1) : . . . . . . . 312, 327 TORTOSA, Bibl. Catedral. 15 (ms. To) :
^ ^ ^ 10722 (ms. P2) : . . . . . . . 312, 328 312, 328

^ ^ ^ 14069 (ms. P4) : . . . . 312, 327, 328 TROYES, Meèdiatheéque de l'aggl.

^ ^ ^ 14515 : . . . . . . . . . . . . . . . 161 troyenne 259 : . . . . . . . . . . . . . 171

^ ^ ^ 14590 : . . . . . . . . . . . . 168 -169 ^ ^ 509 (ms. T1) : . . . . . . . . . . 312, 328


^ ^ ^ 14663 (ms. B) : 231, 246, 247, 248 ^ ^ 1720 (ms. T2) : . . . . . . . . . 312, 328
^ ^ ^ 14807 : . . . . . . . . . . . . . . . 172 ^ ^ 3203 (ms. T) : 233-242, 246, 247, 252,
^ ^ ^ 14842 : . . . . . . . . . . . . . . . 160 253

^ ^ ^ 15009 (ms. P5) : . . . . . . . 312, 327 UTRECHT, Bibl. d. Rijksuniv. 257 (eccl.

^ ^ ^ 16523 (ms. P7) : . . . . . . . 312, 328 195) (ms. Ut) : . . . . . . . . . . 313, 328

^ ^ ^ 17282 : . . . . . . . . . . . . . . . . 171 ^ ^ Litt. Lat. X f. 82 rariora (ms. v) :

^ Bibl. Sainte-Genevieé ve 5856-5859 : 292 260, 268, 271, 272

^ ^ Z 2-602 (1) : . . . . . . . . . . 291 -294 VATICANO, B.A.V., Barb. lat. 154


POITIERS, Bibl. mun. 213 (ms. P) : 103, (ms. B) : . . . . . . . . . . . . . . . . . 260

104, 106, 114, 130, 133, 155, 156, 157, ^ ^ Ottob. gr. 145 : . . 2, 4, 5, 12, 16, 18

158 ^ ^ Ottob. lat. 1354 : . . . . 139, 141, 142


PORTO, Bibl. Puèbl. 34 (43) (ms. Po) : ^ ^ ^ 1954 : . . . . . . . . . . . . . . 262, 265
312, 328 ^ ^ ^ 1956 : . . . . . . . . . . . . . . 263, 280
PRAHA, Arch. Praz­keèho hradu C.XCV ^ ^ Palat. gr. 23 (ms. Vh) : 30-42, praes.
(ms. Pr1) : . . . . . . . . . 312, 328, 329 32-33
376 vaticano zu«rich
^ ^ Palat. lat. 425 (ms. V2) :. . . 313, 327 WIEN, Oë .N.B., phil. gr. 163 : . . . . . 3
^ ^ ^ 1801 (ms. V) : 103, 113, 123, 146, ^ ^ lat. 107 (ms. V, U) : . . 259 -260, 264
154, 155, 156, 157, 158 ^ ^ ^ 246 (ms. Wf) : . . . . . . . . . . . 104
^ ^ Regin. lat. 1625 : . . . . . . . . . . . 81 ^ ^ ^ 289 : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3
^ ^ Urb. gr. 82 : . . . . . . . . . . . . . 355 ^ ^ ^ 1623 (ms. Wi) : . . . . . . . 313, 327
^ ^ Vat. gr. 2228 (ms. Vd) : 30-42 passim ^ ^ ^ 2507 : . . . . . . . . . . . . . 153, 155
^ ^ Vat. lat. 355-356 : . . . . . . . . . . . 78 ZÛRICH, Zentralbibl. C 58 : . . . . 121
^ ^ ^ 988 (ms. V1) : . . . . . . . . . 313, 328 ^ ^ C 125 (ms. Zu) : . . . . . . . . 313, 328
^ ^ ^ 1294 (ms. V3) : . . . . . . . . . . . 313
^ ^ ^ 3276 (ms. A) : . . . . . . . . . . . . 260 PAPYRI
^ ^ ^ 9991 : . . . . . . . . . . . . . . 103, 146 P. Artemid. : . . . . . . . . . . . . 333-371
VENEZIA, Bibl. Marc. XI 22 (ms. M) : P. Berol. inv. 25239 (P. Bingen 45) : 340
43-64 PHerc. 1006 : . . . . . . . . . . . . . . . 341
VERONA, Bibl. Capit. CCLXII (234) P. Lit. Lond. 134 : . . . . . . . . . . . 340
(ms. Ve) : . 109, 119, 131, 132 -133, 153 P. Oxy. 4842 :. . . . . . . . . . . . . . . 361
REVUE D'HISTOIRE DES TEXTES

Nouvelle seèrie, tome V, 2010

REè SUMEè S

Gabrielle Lherminier , Un eèpisode de l'histoire du texte de Paul d'Eè gine au xiv e


sieécle :

les deux copies de Pierre Teè leèmaque ^ Revue d'histoire des textes, n.s., t. V, 2010, p. 1 -23.

Connu jusqu'alors comme copiste de trois manuscrits dateè s de 1355 aé 1363, dont le

Paris. Coislinianus 168 contenant les Epitomae Medicae de Paul d'eègine, Pierre Teèleèmaque a

eègalement exeè cuteè le Salmanticensis gr. 7, manuscrit de commande dans lequel on peut lire

aussi le traiteè de ce fameux meè decin byzantin. Ce nouveau manuscrit, dont l'examen phi -

lologique invite aé remettre en cause certaines hypotheé ses sur la tradition du texte, permet

aussi de mieux conna|ê tre ce copiste et les raisons qui l'ont pousseè , outre l'incontestable

populariteè des Epitomae Medicae, aé exeè cuter ces deux copies, comme l'avait deè jaé fait

Michel Loulloudeé s au deèbut du xiv e


sieécle. Nombreuses, en effet, sont les annotations de

contenu scientifique de sa main qui jalonnent le texte, ainsi que les ajouts successifs de

textes meèdicaux ineèdits en fin du Paris. Coislinianus 168, qui prouvent que Teè leèmaque a eu

ce manuscrit aé sa disposition durant une dizaine d'anneè es et s'y est reè feèreè avec assiduiteè,

en lecteur attentif, feè ru de meè decine doubleè d'un eè diteur scrupuleux, qui, soucieux de

combler des lacunes conseè quentes, a eu recours aé deux autres modeé les dont le Paris. Coisli -

nianus 168 est aé ce jour le seul teèmoin.

Duarte Perí
stàsewn
Rui Miguel , The transmission of the text of the P scholia to Hermogenes'

^ Revue d'histoire des textes, n.s., t. V, 2010, p. 25 -42.

Le traiteè Eè tats de cause ( Perí stàsewn ), du rheè teur Hermogeéne de Tarse, dateè du iii e

sieécle apreés J.-C., a fait pendant des sieé cles l'objet de nombreux commentaires d'eè cole.

Une partie de ces scolies a eè teè transmise graê ce aé une famille de manuscrits deè signeè e P, et

repreè senteè e par deux codices du xi e


sieécle, Pa et Pc, les teè moins survivants les plus anciens

de cette famille. De ces scolies C. Walz fit une eè dition au xix e


sieécle (Rhetores Graeci,

vol. 7, p. 104-696 [W7]). Au sieé cle dernier, plusieurs experts ont eè tudieè la tradition du

texte de ces scolies. Dans une dissertation doctorale (en 2006), l'auteur a repris cette

eètude, proposant une nouvelle eè dition critique d'une partie de ce texte (correspondant aé

W7, p. 104 -245), pourvue d'une traduction portugaise. Le but du preè sent article est

d'examiner l'eèdition W7 (fautive sous plusieurs aspects) et d'eè tablir les rapports de

deèpendance entre les manuscrits et le stemma codicum.


Alexander Sideras, Die codices Escur. 265 (Y II 10) und Marc. XI 22 als Ûberliefe -

rungszeugen der Lobrede des Gregorios Antiochos an den Patriarchen Basileios Kama -

teros ^ Revue d'histoire des textes, n.s., t. V, 2010, p. 43 -64.

L'article examine la valeur des mss Escur. 265 (Y II 10) et Marc. XI 22. A partir

d'une liste deètailleèe et de l'eèvaluation des leurs variantes (fautes orthographiques, varian -

tes formelles et lexicales dans le texte qu'ils transmettent) dans le paneè gyrique du patriar -

che Basileios Kamateros par Gregorios Antiochos, on montre que l'Escurialensis est un

teèmoin de meilleure qualiteè que le Marcianus. Les deux mss ne deè pendent pas l'un de

l'autre et ne proviennent pas d'un meê me modeéle. En conseè quence, une nouvelle eèdition

devra tenir compte aussi du Marcianus en raison des fautes de l'Escurialensis, qui restera

toutefois fondamental.

Guillaume Bonnet, Remarques sur la diffusion et les origines des Graeca collecta ex

Hieronymo ^ Revue d'histoire des textes, n.s., t. V, 2010, p. 65 -97.

Le preè sent article reprend le dossier des Graeca collecta ex Hieronymo, collection ineèdite

de gloses anonymes conserveè es, partiellement, dans le manuscrit Paris. Lat. 3088 ( ix e
s.),

et dont certains eèleèments ont eè teè signaleès, aé leur place, dans les marges d'un eè pistolier du

xii e
s. (Paris. Lat. 1180). L'eètude des sources du glossateur conduit au manuscrit Laon

B.M. 444, ou tout au moins aé plusieurs des pieé ces qui le composent, ce qui permet de

situer la copie carolingienne tout preé s de la reèdaction des gloses. Quant au second teè moin,

on eètablit qu'il a sa source, directement ou non, dans le premier manuscrit. L'ordre des

textes gloseès se laisse ramener aé un type connu d'eè pistolier : on peut ainsi localiser les glo -

ses perdues, dont certaines seraient conserveè es dans le manuscrit plus reè cent. On propose

enfin l'eèdition des Graeca collecta ex Hieronymo d'apreés les deux teèmoins d'une tradition qui

para|êt unique.

Anne-Marie Turcan-Verkerk, Le Liber artis omnigenum dictaminum de ma|être Bernard

(vers 1145) : eè tats successifs et probleé mes d'attribution, I ^ Revue d'histoire des textes, n.s.,

t. V, 2010, p. 99 -158

Ma|ê tre Bernard, dit de Bologne, actif en Romagne autour de 1145, a conc° u une ars

dictandi compleéte traitant des trois types de dictamina : la prose, le vers quantitatif et le

vers rythmique. Il est ainsi l'auteur du premier manuel de versification rythmique pro -

fane qui nous soit parvenu. L'eè tat final et complet du traiteè n'est conserveè que par un

teèmoin de la seconde moitieè du xii e


sieécle, Savignano sul Rubicone, Rubic. Accad. dei Filopa -

tridi, 45, sous le titre Liber artis omnigenum dictaminum. Cette premieére partie d'une eètude en

deux volets montre l'uniteè d'auteur du Liber, et retrace les eètapes de sa conception et de

sa mise au point. Ce sont les eè tats successifs des traiteès de versification et des recueils

d'exordes qui permettent d'analyser l'eè laboration progressive d'un travail fondamental

pour l'histoire ulteè rieure de la discipline.

Elsa Marguin-Hamon, Jean de Garlande, entre poeètique et musique ^ Revue d'histoire des
textes, n.s., t. V, 2010, p. 159 -173.

L'existence affirmeè e par les textes de deux auteurs contemporains nommeè s l'un comme

l'autre Jean de Garlande, l'un ma|ê tre de grammaire et poeéte, l'autre musicologue, pose
la question de leur identiteè . Parfois postuleèe, plus souvent deèmentie, celle-ci ne peut s'eèta-

blir que sur la base d'eè leèments propres aux Ýuvres respectives des deux homonymes.

Force est de constater en la matieé re que de nombreuses similitudes se reè veélent, tant en ce

qui concerne la place que l'un et l'autre accordent aé la musique au sein de l'ensemble des

savoirs, que dans l'usage commun qu'ils font d'un vocabulaire treé s speècialiseè . C'est ainsi

que, seul parmi ses homologues, le poeè ticien Jean de Garlande emprunte aux traiteè s de

plain chant mesurable un ensemble de notions qui lui servent en particulier aé codifier la

poeèsie rythmique, aé laquelle il accorde un inteè reêt sans preèceèdent. Plus largement, les trai -

teès poeè tiques et prosodiques du grammairien et ceux du musicien sont aé consideèrer dans la

perspective d'une Ýuvre unique, conciliant musique meè lodique, meètrique et rythmique.

Patricia Canìizares Ferriz, Edicioèn y estudio de un florilegio del Vademecum de la biblio-


teca del conde de Haro ^ Revue d'histoire des textes, n.s., t. V, 2010, p. 199 -229.

Les manuscrits conserveè s aé la Biblioteca Nacional de Madrid sous les cotes 9513 et

9522 sont deux miscellaneè es de contenu pratiquement identique ayant appartenu aé la

bibliotheé que de don Pedro Fernaèndez de Velasco, premier comte de Haro, l'une des plus

repreè sentatives de la noblesse de Castille dans la premieé re moitieè du xv e


sieécle. Parmi

beaucoup d'autres textes, le recueil qui a rec° u le titre de Vademecum contient un petit flori -

leége de contenu moral composeè d'extraits du De consideratione de saint Bernard, des traiteè s

De officiis et De amicitia de Ciceèron, du De officiis de saint Ambroise et d'une lettre de saint

Augustin tireèe du Decretum de Gratien. La section formeè e par ce mini-florileé ge est intro-

duite par un prologue aé une traduction perdue du De consideratione de saint Bernard faite

par Vasco Ram|è rez de Guzmaè n. Le but de l'article est d'eè diter et d'eètudier les textes qui

composent ce mini-florileé ge de morale pratique.

Giovanna Murano, Le opere di Acardo di San Vittore ( 1170/1171) ^ Revue d'histoire des

textes, n.s., t. V, 2010, p. 159 -173.

Les Ýuvres de l'anglais Achard, abbeè de Saint-Victor de 1155 aé 1160 puis eè veêque

d'Avranches, ont eèteè restitueè es aé la critique dans les dernieé res deècennies graêce surtout

aux recherches de Jean Chaê tillon et de Marie -Theèreése d'Alverny. Trois Ýuvres ont aé ce

jour eè teè identifieèes avec certitude : le De discretione animae, spiritus et mentis, le De trinitate et

un recueil de quinze sermons. La paterniteè des Quaestiones conserveè es dans les mss Dijon

119, f. 204-216 et Paris, BnF, lat. 14807 qui n'ont pas encore fait l'objet d'une eè tude speè -

cifique, est incertaine. La nature et le genre litteè raire d'une seèrie de fragmenta copieè s

dans deux teèmoins aé la suite des sermons XV -XIII et eèditeè s avec eux reste douteuse. La

tradition manuscrite des traiteè s est plutoêt faible. On conna|êt quatre teè moins du De discre-

tione. Le De trinitate a eèteè identifieè graêce aé de longues citations de Johannes Cornubiensis

et de Johannes de Ripa, puis eè diteè d'apreés un seul teèmoin tardif (Padoue, Bibl. Antoniana,

89 Scaff. V). La tradition des sermons est plus riche et plus complexe.

Courtney M. Booker, An early humanist edition of Nithard's De dissensionibus filiorum

Ludovici Pii ^ Revue d'histoire des textes, n.s., t. V, 2010, p. 231-258.

L'article examine l'histoire et le contenu d'une copie neè gligeèe du Serment de Stras-

bourg transmis par Nithard ^ premieére apparition du franc°ais (Troyes, Meè diatheéque de

l'Agglomeèration Troyenne, 3203). Copieè au xvi e


sieécle par l'humaniste Pierre Pithou, le
ms. comporte un commentaire approfondi, historique et linguistique, sur l'Ýuvre de

Nithard, par ailleurs conserveèe dans deux mss seulement. Il permet de reconsideè rer

non seulement l'histoire de la transmission et de la reè ception du Serment, mais aussi

d'eètudier les modifications de la conscience historique et la valorisation correè lative de

la preuve documentaire. Une seè lection repreèsentative des interventions eè ditoriales de

Pithou est donneèe en appendice.

Antonia R|èsquez , Revisioè n de un manuscrito de Lucrecio : Savignano sul Rubicone, Bibl.

Accad. 68 ^ Revue d'histoire des textes, n.s., t. V, 2010, p. 259 -280.

L'article traite de la tradition italienne du De rerum natura de Lucreéce, notamment du

ms. de Savignano sul Rubicone qui a eè teè peu eètudieè . Le ms. est deè crit de fac°on aé le situer

dans la tradition italienne. On propose que Pomponio Leto, l'une des plus grandes figures

de l'humanisme italien du xv e
sieécle, est l'auteur de cette copie, reè aliseèe pendant son

emprisonnement dans la prison du Castel Sant'Angelo. Il est ainsi possible d'affirmer

qu'une famille de mss de Lucreé ce eèmane de Pomponio Leto : le Neapolitanus, le Savignanus

et le Basiliensis, outre l'incunable d'Utrecht de l'eè dition de Veèrone (1486) annoteè et cor -

rigeè par lui.

Stefano Trovato , Sallust's Historiae in Eumenius' Pro instaurandis scholis. A new source

for fragment I.11 Maurenbrecher ^ Revue d'histoire des textes, n.s., t. V, 2010, p. 281 -

290.

Dans un discours du corpus des Panegyrici Latini, le rheè teur Eumeé ne, apreés avoir ceèleèbreè

la restauration de la potestas romaine due aé la teè trarchie, insiste sur la neè cessiteè de stimuler

la renaissance de l'eè loquence et cite un passage (le deè but du fr. I.11 Maurenbrecher) des

Historiae de Salluste, procurant ainsi un important teè moignage jusqu'ici ignoreè . Eumeéne

ne semble pas se rendre compte de l'ameé re reèflexion de Salluste sur le contraste entre

l'accroissement de la puissance mateè rielle et la deègeèneèrescence morale de Rome apreé s la

troisieéme guerre punique. Ce qui inteè resse l'orateur est en fait la renaissance des eè coles de

rheètorique. Eumeé ne ne reproduit donc pas la complexiteè ideèologique du fragment, mais

l'utilise pour souligner qu'un des aspects de la grandeur de Rome dans le passeè fut l'eè lo-

quence, et donc en souhaite la renaissance.

Yann Sordet , Sur un fragment de la Passio sancti Alexandri ^ Revue d'histoire des textes, n.s.,

t. V, 2010, p. 291 -294.

Un fragment de la Passio Alexandri papae et sociorum (BHL 266 ; AASS, Mai, I, p. 371 -

375) a reècemment eèteè retrouveè dans une reliure veè nitienne du premier quart du xvi e
sieé-

cle, au sein d'un ensemble de livres et de manuscrits, essentiellement liturgiques, deè cou-

vert dans l'eè glise parisienne de Saint -Eè tienne du Mont et deèposeè depuis 2007 aé la Biblio-

theéque Sainte-Genevieé ve. Il s'agit du bifeuillet central d'un cahier, contenant

8 colonnes, soit environ la moitieè du reècit complet de la Passion. Le leè gendier dont il pro-

vient a vraisemblablement eè teè copieè au xi e


sieécle en Italie du Nord.
Magdalena Kozluk, Jean-Paul Pittion, Une mysteèrieuse eèdition de Galien : les Opuscula

varia eèditeès par Theè odore Goulston et Thomas Gataker (Londres, 1640) ^ Revue d'his -

toire des textes, n.s., t. V, 2010, p. 295 -306

L'eèdition d'un choix de traiteès de Galien avec traduction latine, eè tablie par Theodore

Goulson et publieè e aé Londres par Thomas Gataker en 1640, Klaudiou Galynou ...twn

swzomenwn tina. C. Galeni opuscula varia, pose plusieurs probleémes quant au choix des
traiteès, aé l'eètablissement de leurs textes et au contexte de sa publication. L'article eè tudie

le roêle joueè par Thomas Gataker dans la preè paration et la parution de l'eèdition, en exa -

minant les annotations manuscrites figurant dans l'exemplaire d'un volume de l'eè dition

baêloise de Galien de 1538 conserveè aé la Bibliotheéque Marsh de Dublin. Cet exemplaire a

eèteè deècouvert et identifieè par Vivian Nutton comme eè tant celui sur lequel a travailleè

Theodore Goulston lorsqu'il preè parait son eèdition. L'eètude des annotations montre que

certaines d'entre elles sont d'une autre main que celle de Goulston. De l'eè tat du volume,

on peut aussi conclure que les feuillets correspondant aé certains des traiteè s publieès dans

l'eèdition de 1640 appartiennent aé un exemplar preèpareè par Thomas Gataker et destineè aé la

composition de l'eè dition. Devant l'eè tat inacheveè des eèmendations auxquelles travaillait

Theodore Goulston aé sa mort, Thomas Gataker a eè teè contraint de proceèder aé des choix

parfois arbitraires et guideè s par des consideè rations autres que d'ordre textuel.

Philipp Roelli, D. Bachmann, Towards generating a stemma of complicated manu -

script traditions : Petrus Alfonsi's Dialogus ^ Revue d'histoire des textes, n.s., t. V, 2010,

p. 307-331.

Dans cet article, nous eè tudions la tradition manuscrite du Dialogus contra Iudaeos de

Petrus Alfonsi, eè crit aux alentours de l'an 1110. Ce texte fut largement recopieè durant le

Moyen A ª ge, surtout pendant le sie cle suivant sa composition ; plus de soixante manuscrits
é
complets du texte sont connus. Dans le but de les grouper nous calculons une matrice de

distance d'un extrait de texte standardiseè transcrit des manuscrits. Partant de cela, des

dendrogrammes peuvent eê tre facilement produits aé l'aide de logiciels deè veloppeès pour la

phylogeèneètique en biologie. Le dendrogramme reè sultant peut eêtre ameèlioreè iteè rativement

en modifiant la matrice de distance aé l'aide de diffeèrentes meè thodes : certaines d'entre

elles sont algorithmiques, tandis que d'autres s'appuient sur des jugements philologiques.

Nous sommes ainsi capables de diviser les manuscrits en une dizaine de groupes.

Didier Marcotte, Le Papyrus d'Arteèmidore : le livre, le texte, le deè bat ^ Revue d'histoire

des textes, n.s., t. V, 2010, p. 333 -371.

Depuis son signalement il y a une dizaine d'anneè es, le papyrus d'Arteèmidore a susciteè

une litteèrature consideè rable, nourrie par la nouveauteè absolue de son contenu, textes,

carte et dessins reè unis, mais aussi par les doutes qui sont reè gulieérement eèmis sur son

authenticiteè. Cet article proceé de aé une eètude critique de la bibliographie consacreè e au

rouleau et aé son contenu ; il propose eè galement un reèexamen de la structure du livre, de

son eècriture et de l'organisation de ses textes en colonnes. Il vise aé caracteè riser l'eèdition

antique aé laquelle on a affaire ici et suggeé re de poser en des termes renouveleè s la relation

aé eètablir entre l'illustration cartographique qui occupe preé s d'un meétre du papyrus et le

reèsumeè d'Arteè midore qu'offrent les colonnes IV et V.


REVUE D'HISTOIRE DES TEXTES

Nouvelle seèrie, tome V, 2010

ABSTRACTS

Gabrielle Lherminier , Un eèpisode de l'histoire du texte de Paul d'Eè gine au xiv e


sieécle :

les deux copies de Pierre Teè leèmaque ^ Revue d'histoire des textes, n.s., t. V, 2010, p. 1 -23.

Hitherto known as the scribe of three manuscripts dated between 1355 and 1363,

among which is Paris. Coislinianus 168 containing the Epitomae Medicae of Paulus Aegineta,

Pierre Teè leèmaque also wrote Salmanticensis gr. 7, which again contains the treatise of this

famous Byzantine doctor. From a philological point of view, this new manuscript calls

into question certain hypotheses concerning the textual tradition, and it also instructs us

about the scribe and the reasons, other than the undisputed popularity of the Epitomae

Medicae, that prompted him to make two copies of the text, just as Michel Loulloudeé s did

at the beginning of the fourteenth century. The annotations of scientific content in his

hand that punctuate the text are numerous, as are the unpublished medical texts added

successively at the end of Paris. Coislinianus 168. This proves that Teè leèmaque had the

manuscript in his possession for a decade and referred to it assiduously, as an attentive

reader who was keen on medecine, and as a scrupulous editor, who, bent on filling impor -

tant lacunae, had recourse to two other models, of which Paris. Coislinianus 168 is the only

known witness.

Duarte Perí
stàsewn
Rui Miguel , The transmission of the text of the P scholia to Hermogenes'

^ Revue d'histoire des textes, n.s., t. V, 2010, p. 25 -42.

The treatise On issues ( Perí stàsewn ) by the rhetorician Hermogenes of Tarsis, dating

from the third century AD, has for centuries been the object of many commentaries in the

schools. Part of these scholia have been transmitted by the P family of manuscripts, repre -

sented by two ninth -century manuscripts, Pa and Pc, the oldest surviving witnesses in the

family. C. Walz made an edition of these scholia in the nineteenth century (Rhetores

Graeci, vol. 7, p. 104-696 [W7]). In the last century, several experts studied the textual

tradition of these scholia. In a doctoral dissertation (2006), the author returned to these

matters, proposing a new critical edition of a part of the text (corresponding to W7,

p. 104-245), with a Portuguese translation. The aim of the present article is to examine

the edition of W7 (inaccurate in many respects) and to establish the dependency between

manuscripts and the stemma codicum.


Alexander Sideras, Die codices Escur. 265 (Y II 10) und Marc. XI 22 als Ûberliefer -

ungszeugen der Lobrede des Gregorios Antiochos an den Patriarchen Basileios Kama -

teros ^ Revue d'histoire des textes, n.s., t. V, 2010, p. 43 -64.

The article examines the value of the manuscripts Escur. 265 (Y II 10) and Marc.

XI 22. From a detailed list and an evaluation of their variants (spelling errors, formal

and lexical variants in the text they transmit) in the panegyric from Gregorios Antiochos

to the patriarch Basileios Kamateros, one can show that Escurialensis is a better witness

than Marcianus. The two manuscripts do not depend on one another and do not come

from the same model. Consequently, a new edition ought to take into account Marcianus

because of the errors in Escurialensis, which remains in any case fundamental.

Guillaume Bonnet, Remarques sur la diffusion et les origines des Graeca collecta ex

Hieronymo ^ Revue d'histoire des textes, n.s., t. V, 2010, p. 65-79.

This article reconsiders the Graeca collecta ex Hieronymo, an unpublished collection of

anonymous glosses partially preserved in the manuscript Paris, BnF, latin 3088 (ninth

century) ; some elements have been noted, in their proper place, in the margins of an lec -

tionary of the twelfth century (Paris, BnF, latin 1180). The study of the sources of the

glosser lead to manuscript Laon, BM, 444, or at least to several of the pieces in it, which

allows us to situate the Carolingian copy close to the composition of the glosses. The sec -

ond witness has its source, directly or not, in the first manuscript. As the order of the

glossed texts points to a known type of lectionary, one can localise the lost glosses, some of

which are preserved in the more recent manuscript. An edition of the Graeca collecta ex

Hieronymo is given of the two witnesses in a tradition that appears to be unique.

Anne-Marie Turcan-Verkerk, Le Liber artis omnigenum dictaminum de ma|être Bernard

(vers 1145) : eè tats successifs et probleé mes d'attribution, I ^ Revue d'histoire des textes, n.s.,

t. V, 2010, p. 99 -158

Master Bernard, said to come from Bologna, was active in Romagna around 1145 and

wrote a complete ars dictandi that treats the three types of dictamina : prose, quantitative

verse, and rhythmical verse. He is also the author of the first secular manual of rhythmic

versification that has come down to us. The final and complete state of the treatise has

been preserved in only one witness from the second half of the twelfth century, Savignano

sul Rubicone, Rubic. Accad. dei Filopatridi, 45, under the title Liber artis omnigenum dictami -

num. This first part of a two part study demonstrates the authorial unity of the Liber and

traces the steps in its conception and development. The study of the successive states of

versification treatises and collections of exordia help in the analysis of the progressive ela -

boration of a work which was fundamental for the later history of the discipline.

Elsa Marguin-Hamon, Jean de Garlande, entre poeètique et musique ^ Revue d'histoire des
textes, n.s., t. V, 2010, p. 175 -197

The existence, asserted by the texts, of two contemporary authors both named Jean de

Garlande, one a grammarian and poet, the other a musicologist, poses the question of
their identity. Occasionally suggested but more often denied, their identity can only be

established on the basis of internal elements in the respective works of the two homonyms.

There is no choice but to accept that many similarities exist, as much with regard to the

place that both give to music within the realm of knowledge, as in the common use made

of a very specialised vocabulary. Among his homologues, the poet Jean de Garlande is

the only one to borrow from the treatises on measurable plain chant a group of notions

that serve him for codifying rhythmic poetry, for which he shows special interest. More

generally, the poetic and prosodic treatises of the grammarian and those of the musician

should be considered in the perspective of a single oeuvre, reconciling melodic, metric

and rhythmic music.

Patricia Canìizares Ferriz, Edicioèn y estudio de un florilegio del Vademecum de la biblio-


teca del conde de Haro ^ Revue d'histoire des textes, n.s., t. V, 2010, p. 199 -229.

The manuscripts housed in the Biblioteca Nacional in Madrid under the shelfmarks

9513 and 9522 are two miscellaneous collections with nearly identical contents. They

come from the library of Pedro Fernaè ndez de Velasco, first Count of Haro, one of the

most representative of Castilian nobles in the first half of the fifteenth century. Among

the many texts in the collection, which was given the title Vademecum, there is a small flor -

ilegium of moral texts composed of extracts from the De consideratione of Saint Bernard,

Cicero's De officiis and De amicitia, the De officiis by Saint Ambrose, and a letter by Saint

Augustine taken from Gratian's Decretum. The section formed by the mini -florilegium is

introduced by a prologue from a lost translation of Saint Bernard's De consideratione made

by Vasco Ram|è rez de Guzmaè n. The aim of the article is to edit and study this mini -flori -

legium of practical morality.

Giovanna Murano, Le opere di Acardo di San Vittore ( 1170/1171) ^ Revue d'histoire des

textes, n.s., t. V, 2010, p. 159 -173.

The works of the Englishman Achard, abbot of Saint Victor from 1155 -1160 and then

bishop of Avranches, have been reconstituted in the last decades thanks to the research of

Jean Chaêtillon and Marie-Theèreése d'Alverny. Three works have now been identified with

certainty : the De discretione animae, spiritus et mentis, the De Trinitate and a collection of fif -

teen sermons. The paternity is uncertain of the Quaestiones, preserved in two manuscripts,

Dijon 119, f. 204-216 and Paris, BnF, lat. 14807, which have not yet been the subject of a

specific study. The nature and the literary genre of a series of fragments copied in two wit -

nesses after the sermons XV -XIII and edited with them remains dubious. The manuscript

tradition of the treatises is rather weak ; only four witnesses are known of the De discretione.

The De Trinitate has been identified thanks to the long citations from John of Cornwall

and Johannes de Ripa, then edited after a single late witness (Padova, Bibl. Antoniana, 89

Scaff. V). The tradition of the sermons is richer and more complex.

Courtney M. Booker, An early humanist edition of Nithard's De dissensionibus filiorum

Ludovici Pii ^ Revue d'histoire des textes, n.s., t. V, 2010, p. 231-258.

This article examines the history and contents of Troyes, Meè diatheéque de l'Agglomeè ration

Troyenne, 3203, an overlooked manuscript copy of an important text by the ninth -century
lay author Nithard-- a text that contains the Strasbourg oaths, the first appearance of the

French language. Copied in the sixteenth century by the hand of the French humanist

Troyes, M. A. T. 3203 preserves Pithou's extensive linguistic and historical commentary

on Nithard's work (a work otherwise extant in only two manuscripts), and allows an

opportunity to reconsider not only the history of its transmission and reception, but also

what this history reveals about shifts in historical consciousness and the correlative value

of evidence. A representative selection of Pithou's editorial interventions is included in

the article's appendices.

Antonia R|èsquez , Revisioè n de un manuscrito de Lucrecio : Savignano sul Rubicone, Bibl.

Accad. 68 ^ Revue d'histoire des textes, n.s., t. V, 2010, p. 259 -280.

The article treats the Italian tradition of the De rerum natura of Lucretius, more spe -

cifically the manuscript û Savignano sul Rubicone û , which has been little studied. The

manuscript and text of the poem are described, and thereby situated in the Italian tra -

dition. It is proposed that this manuscript was transcribed by Pomponio Leto, one of

the greatest figures of fifteenth -century Italian humanism, during his imprisonment in

Castel Sant'Angelo. It is thus possible to affirm that one family of the manuscripts of

Lucretius emanates from Pomponio Leto : the Neapolitanus, the Savignanus and the Basi-

liensis, as well as the incunable in Utrecht of the Verona edition (1486), which he anno -

tated and corrected.

Stefano Trovato , Sallust's Historiae in Eumenius' Pro instaurandis scholis. A new source for

fragment I.11 Maurenbrecher ^ Revue d'histoire des textes, n.s., t. V, 2010, p. 281 -290.

In an oration in the corpus of the Panegirici Latini, the rhetorician Eumenius, after hav -

ing celebrated the restoration of Roman power by the tetrarchy, insists on the need to sti -

mulate the renaissance of eloquence and cites a passage (the beginning of the fragment

I.11 Maurenbrecher) from the Historiae of Salluste, thus furnishing an important witness

hitherto unnoticed. Eumenius does not seem to perceive the bitter reflexion of Salluste

concerning the contrast between the growth of material power and the moral degenera -

tion of Rome after the third Punic War. What interests the orator is in fact the renais -

sance of the schools of rhetoric. Eumenius thus does not reproduce the ideological com -

plexity of the fragment, but uses it to underline that one of the aspects of the greatness of

Rome in the past was eloquence, which he wishes to see reborn.

Yann Sordet , Sur un fragment de la Passio sancti Alexandri ^ Revue d'histoire des textes, n.s.,

t. V, 2010, p. 291 -294.

A fragment of the Passio Alexandri papae et sociorum (BHL 266 ; AASS, Mai, I, p. 371 -

375) has recently been found in a Venetian binding from the first quarter of the sixteenth

century, of a volume which is one of several books and manuscripts, mostly liturgical, that

were discovered in the Parisian church of Saint -Eè tienne du Mont, on deposit at the Bib -

liotheéque Sainte-Genevieé ve since 2007. It is the central bifolium of a quire and has eight

columns, which present nearly half the complete text of the Passion. The fragment comes

from a passionary probably copied in the eleventh century in northern Italy.


Magdalena Kozluk, Jean-Paul Pittion, Une mysteèrieuse eèdition de Galien : les Opuscula

varia eèditeès par Theè odore Goulston et Thomas Gataker (Londres, 1640) ^ Revue d'his -

toire des textes, n.s., t. V, 2010, p. 295 -306

The 1640 London edition of Claudii Galeni Pergameni Opuscula varia (Londini : typis

Richardi Badger : sumptibus Ph. Stephani, et Ch. Meredith, sub Aureo Leone in C×me -

terio Paulino, 1640) by Theodore Goulston raises a number of questions concerning the

selection of texts, the establishment of these texts, and the context of their publication.

This article discusses the part played by Thomas Gataker in the preparation and publica -

tion of the edition, by examining the marginal notations in a copy of the 1538 Basel edi -

tion of Galen housed in the Marsh Library in Dublin. This copy was discovered and iden -

tified by Vivian Nutton as being the one Theodore Goulston worked on while preparing

his edition. A study of the annotations shows that some are in a hand other than Goul -

ston's. From the state of the volume, one can also conclude that the leaves corresponding

to certain treatises published in the 1640 edition belong to an exemplar prepared by

Thomas Gataker for the edition. Given the unfinished state of the emendations on

which Theodore Goulston was working at his death, Thomas Gataker was obliged to

make choices that are sometimes arbitrary and respond to religious as well as scholarly

considerations.

Philipp Roelli, D. Bachmann, Towards generating a stemma of complicated manu -

script traditions : Petrus Alfonsi's Dialogus ^ Revue d'histoire des textes, n.s., t. V, 2010,

p. 307-331.

In this paper we study the manuscript tradition of Petrus Alfonsi's Dialogus contra

Iudaeos, written around AD 1110. This text was widely disseminated in the Middle Ages,

especially during the century after its composition ; there are over sixty complete manu -

scripts known. In order to group them we calculate a distance matrix from standardised

text strings transcribed from the manuscripts. From this, tree graphs can be generated

easily and quickly with the aid of software developed for biological phylogeny. The

resulting tree graph can be iteratively improved by modifying the distance matrix using a

number of methods, partly fully algorithmic, partly relying on philological decisions. We

are thus able to divide the tradition into some ten main groups.

Didier Marcotte, Le Papyrus d'Arteèmidore : le livre, le texte, le deèbat ^ Revue d'histoire des

textes, n.s., t. V, 2010, p. 333 -371.

Since its description a decade ago, the Artemidorus Papyrus has given rise to consider -

able discussion, fed by the absolute novelty of its content - texts, map and drawings -, but
also by repeated doubts concerning its authenticity. This article offers a critical study of

the bibliography devoted to the roll and its content ; it also proposes a re -examination of

the structure of the book, its writing and the organisation of its texts in columns. It

attempts to characterise the classical edition that is dealt with here and suggests a new

approach to the relation between the cartographic illustration, which occupies nearly

one metre of the papyrus, and the reèsumeè of Artemidorus in columns IV and V.
gabrielle lherminier Pl. I

Salmanque, Bibl. Univ., gr. 7 (avant 1355), f. 1r


gabrielle lherminier Pl. II

Paris, Bibl. nat., Coislin 168 (ca 1365), f. 306v


courtney m. booker Pl. I

Troyes, Meèdiatheé que de l'agglomeèration troyenne, 3203,

entre f. 87 et 88, f. 1v
courtney m. booker Pl. II

Troyes, Meèdiatheé que de l'agglomeè ration troyenne, 3203, f. 1r


courtney m. booker Pl. III

e
Troyes, Meèdiatheéque de l'agglomeè ration troyenne, 3203, f. 2
courtney m. booker Pl. IV

Troyes, Meèdiatheé que de l'agglomeèration troyenne, 3203, f. 59r


courtney m. booker Pl. V

Troyes, Meèdiatheé que de l'agglomeè ration troyenne, 3203, f. 68v


courtney m. booker Pl. VI, 1

Troyes, Meèdiatheé que de l'agglomeèration troyenne, 3203, f. 43r


courtney m. booker Pl. VI, 2

Troyes, Meèdiatheé que de l'agglomeè ration troyenne, 3203, f. 43v


yann sordet Pl. I

Graduel, Venise, 1513. Reliure exeècuteèe aé Venise, premier quart du xvi e


s.,

Bibl. Sainte -Genevieé ve, Fol Z 647 INV 602 FA.


yann sordet Pl. II

Bifeuillet (face externe) contenant un passage de la Passio sancti Alexandri,


Italie du nord, xi e s., Bibl. Sainte-Genevieéve, Ms. Z 2-647(1).
magdalena kozèluk, jean-paul pittion Pl. I

Galien, Opera , Baêle, Froben, 1538. Quod animi Mores , f. Y7 r, annotations (deè tail).

By kind permission of the Governors and Guardians of Marsh's Library, Dublin.


magdalena kozèluk, jean-paul pittion Pl. II

Galien, Opera, Baêle, Froben, 1538. Hortatioadartesdiscendas , f. a2 r, annotations (deè tail)

By kind permission of the Governors and Guardians of Marsh's Library, Dublin.


didier marcotte

P. Artemid., fr. a, recto (fig. R2 et col. I)

apreé s deèmontage de l'amas d'origine

et avant restauration finale

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