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NIVEAU 17 ACTIVITÉ 03 : Apprendre à argumenter

Analyser le sujet. Le premier pas pour savoir argumenter : on souligne les


mots et expressions clés, on encadre les liens logiques, on dégage le thème
central et le problème à résoudre.
Dégager la problématique du document, c’est trouver la question centrale (ou
problème) posée dans le document. Elle peut être plus ou moins explicite selon
les articles proposés : votre travail sera tantôt de la repérer, tantôt de la
reconstituer. Et de la rendre explicite dès votre introduction.
Vous pouvez présenter votre problématique sous forme de question ;
dans votre exposé, vous allez devoir apporter progressivement une réponse à
cette question posée initialement.

Exercice A
De quoi sommes-nous prêts à nous passer en temps de crise ? Pas d’une
certaine culture ni de certains loisirs, en tout cas. « La culture est ce qui reste
quand on a tout oublié », disait Edouard Herriot* dans les terribles années
1930, au lendemain de la crise de 1929. Cela fait longtemps qu’en Espagne
aussi la culture n’est plus perçue comme du superflu, mais comme une
nécessité quotidienne. Le paysage économique a beau être sombre, il reste de
l’espace pour l’imagination, l’innovation, l’adaptation.
[…] « En janvier, les ventes de livres de poche ont augmenté de 17 % en
Espagne », souligne l’éditrice à la tête d’une collection qui représente 40 % du
marché espagnol du livre de poche. […] « Si le livre résiste bien à la crise,
explique un directeur de librairie, c’est parce que les gens ont mauvaise
conscience, ils s’en veulent d’avoir gaspillé, d’avoir vécu au-dessus de leurs
moyens, dans la culture du superflu. Ils ont compris que le livre pouvait
améliorer leur formation, leur capacité à affronter la vie et à être mieux préparés
pour un avenir incertain. Pour les mêmes raisons, ils offrent davantage de
livres, en particulier aux enfants. ».

Courrier international, d’après Josep MASSOT, La Vanguardia, 05 mars 2009

* Edouard Herriot : une des principales figures de la vie politique française des années 1920
et 1930, dont beaucoup de phrases
sont restées célèbres.
1) Relevez le thème de ce texte :
2) Choisissez la problématique la mieux adaptée.
 Le livre, seul moyen de transmettre des valeurs aux jeunes générations ?
 Le livre est-il capable de s’adapter aux nouvelles attentes des lecteurs
d’aujourd’hui ?
 Quelle est la place du livre et de la culture en période de récession
économique ?
Exercice B :
Obligés de composer avec la lourdeur des outils de tournage ou les
interdictions de filmer, les reporters doivent parfois faire appel à des pratiques
journalistiques différentes. […]
Sur l’utilisation de la caméra cachée, les expressions sont plutôt unanimes. «
Ce n’est pas une règle pour nous, dit monsieur Hermann, rédacteur en chef du
magazine “90 minutes” sur Canal+. La caméra cachée est utilisée en dernier
recours. Elle permet de faire la preuve d’une vérité que l’on veut cacher. »
Contrairement à la presse écrite, qui peut s’abriter derrière une source
anonyme (les journaux citent souvent « une personne proche du dossier » ou
« un conseiller », etc.), les journalistes de télévision doivent faire la « preuve
par l’image ». « Le protagoniste d’une histoire n’a pas le même comportement
devant une caméra que devant un stylo », explique Hervé Brusini, directeur
délégué à l’information sur France 3, qui dirige le magazine « Pièces à
conviction». « Nous utilisons une caméra cachée dans les lieux où
journalistiquement on est en droit de poser des questions, mais dont l’accès
est interdit », ajoute-t-il.
Bénédicte MATHIEU et Daniel PSENNY, Le Monde, 18 sept. 2004

1) Relevez le thème de ce texte

2) Formulez la problématique sous forme de question :


La caméra cachée, est-il le dernier outil des
journalistes ?
Activité C :
Quand la pandémie sera calmée, puissions-nous ne pas vivre la période atroce
de la vengeance. On la sent frémir déjà chaque fois que des articles ou des
interviews, voire des lettres de lecteur, évoquent « les responsables » des
souffrances vécues. Souffrances physiques, morales, financières, affectives.
Vengeance dirigée contre la Chine d’abord – qui essaie d’y échapper par des
actions commerciales de propagande – mais appel à la vengeance aussi
contre tous ceux qui ont dû, en politique, en économie ou dans le monde
médical, prendre des décisions déplaisantes. Très vite, la vindicte populaire
menace. Saurons-nous y échapper ? Saurons-nous reconnaître que personne
ne savait vraiment quelle serait la meilleure mesure ? Que personne n’avait
anticipé une telle pandémie, même ceux qui prétendraient n’avoir pas été
écoutés ? Le monde était bien trop occupé par la menace des catastrophes
climatiques pour imaginer une catastrophe sanitaire !

Saurons-nous être assez mûrs et humbles pour admettre que la faillibilité est
le propre de tous les régimes politiques, de tous les responsables, de tous les
êtres humains ? La convalescence va être douloureuse, n’y ajoutons pas les
rancœurs, les rognes, les dépits. Toute fin de conflit ou de période de crise est
menacée de voir se développer une sorte de chasse aux sorcières, d’épuration
sociale ou politique. Le phénomène est terriblement inquiétant et on en
pressent la menace quand on apprend actuellement le développement, chez
certains, du goût de la délation, de la surveillance mesquine des voisins, de
ceux qui ne respecteraient pas strictement, en privé, les règles de confinement.
Le goût de la délation contient en germe celui de la vengeance.
Les grandes épreuves engendrent des héros, mais quand elles s’achèvent,
elles sont suivies souvent d’un flot de haine comme si la vengeance pouvait
effacer les souffrances passées et en limiter les conséquences douloureuses.
Cette tentation destructrice guette chacun de nous, une fois passés les pires
moments de la pandémie ! Il importe de rester sur ses gardes !
Le Temps 12 avril 2020 Suzette Sandoz

1) Relevez le thème de ce texte

2) Formulez la problématique sous forme de question :


La vengeance, est-il inévitable ?
Exercice D :
Indépendamment du goût immodéré pour un anglais « de cuisine » – il faut «
faire branché » – la publicité participe allégrement au massacre du français.
On ne parlera ni de l’orthographe, ni des joyeusetés de la langue inclusive, ni
même des pléonasmes vicieux, mais il est une faute qui me fait
particulièrement mal, sans doute parce qu’elle révèle la dévalorisation de l’être
humain, c’est la formule : « vous serez livré ».
Vous faites une commande de quoi que ce soit, on vous informe aimablement
que « vous serez livré demain, dans deux jours, dans une semaine etc… »
Même le très sérieux journal « le Temps » m’a assurée que « je serai livrée par
porteur ». Pauvre porteur ! Ce sera lourd !
Mille sabords ! Ce sont les marchandises et les choses qui sont livrées, pas les
personnes, sauf lorsqu’un délateur livre son voisin à la vindicte populaire, ou
lorsqu’un malfrat est livré à la police.
Je souhaite qu’on me livre ma commande, mon journal, donc que les deux me
soient livrés. Mais pitié, laissez-moi libre et « ne me livrez pas avec eux ».
Il arrive certes qu’on se livre à des activités peu recommandables, on peut
toutefois aussi se livrer à la lecture ou à son sport favori, en tout bien tout
honneur !
Peut-être qu’à l’âge des robots et de l’intelligence artificielle, on ne sait plus
trop où s’arrête l’humain et où commence la machine. Serions-nous à la veille
d’être livrés pieds et poings liés aux géants du numérique qui nous mènent
déjà par le bout du nez ? Il vaut la peine de surveiller son langage.
Le Temps 21 avril 2020 Suzette Sandoz

1) Relevez le thème de ce texte

2) Formulez la problématique sous forme de question


L'être humain est-il complètement libre ?

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