Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
Exercice A
De quoi sommes-nous prêts à nous passer en temps de crise ? Pas d’une
certaine culture ni de certains loisirs, en tout cas. « La culture est ce qui reste
quand on a tout oublié », disait Edouard Herriot* dans les terribles années
1930, au lendemain de la crise de 1929. Cela fait longtemps qu’en Espagne
aussi la culture n’est plus perçue comme du superflu, mais comme une
nécessité quotidienne. Le paysage économique a beau être sombre, il reste de
l’espace pour l’imagination, l’innovation, l’adaptation.
[…] « En janvier, les ventes de livres de poche ont augmenté de 17 % en
Espagne », souligne l’éditrice à la tête d’une collection qui représente 40 % du
marché espagnol du livre de poche. […] « Si le livre résiste bien à la crise,
explique un directeur de librairie, c’est parce que les gens ont mauvaise
conscience, ils s’en veulent d’avoir gaspillé, d’avoir vécu au-dessus de leurs
moyens, dans la culture du superflu. Ils ont compris que le livre pouvait
améliorer leur formation, leur capacité à affronter la vie et à être mieux préparés
pour un avenir incertain. Pour les mêmes raisons, ils offrent davantage de
livres, en particulier aux enfants. ».
* Edouard Herriot : une des principales figures de la vie politique française des années 1920
et 1930, dont beaucoup de phrases
sont restées célèbres.
1) Relevez le thème de ce texte :
2) Choisissez la problématique la mieux adaptée.
Le livre, seul moyen de transmettre des valeurs aux jeunes générations ?
Le livre est-il capable de s’adapter aux nouvelles attentes des lecteurs
d’aujourd’hui ?
Quelle est la place du livre et de la culture en période de récession
économique ?
Exercice B :
Obligés de composer avec la lourdeur des outils de tournage ou les
interdictions de filmer, les reporters doivent parfois faire appel à des pratiques
journalistiques différentes. […]
Sur l’utilisation de la caméra cachée, les expressions sont plutôt unanimes. «
Ce n’est pas une règle pour nous, dit monsieur Hermann, rédacteur en chef du
magazine “90 minutes” sur Canal+. La caméra cachée est utilisée en dernier
recours. Elle permet de faire la preuve d’une vérité que l’on veut cacher. »
Contrairement à la presse écrite, qui peut s’abriter derrière une source
anonyme (les journaux citent souvent « une personne proche du dossier » ou
« un conseiller », etc.), les journalistes de télévision doivent faire la « preuve
par l’image ». « Le protagoniste d’une histoire n’a pas le même comportement
devant une caméra que devant un stylo », explique Hervé Brusini, directeur
délégué à l’information sur France 3, qui dirige le magazine « Pièces à
conviction». « Nous utilisons une caméra cachée dans les lieux où
journalistiquement on est en droit de poser des questions, mais dont l’accès
est interdit », ajoute-t-il.
Bénédicte MATHIEU et Daniel PSENNY, Le Monde, 18 sept. 2004
Saurons-nous être assez mûrs et humbles pour admettre que la faillibilité est
le propre de tous les régimes politiques, de tous les responsables, de tous les
êtres humains ? La convalescence va être douloureuse, n’y ajoutons pas les
rancœurs, les rognes, les dépits. Toute fin de conflit ou de période de crise est
menacée de voir se développer une sorte de chasse aux sorcières, d’épuration
sociale ou politique. Le phénomène est terriblement inquiétant et on en
pressent la menace quand on apprend actuellement le développement, chez
certains, du goût de la délation, de la surveillance mesquine des voisins, de
ceux qui ne respecteraient pas strictement, en privé, les règles de confinement.
Le goût de la délation contient en germe celui de la vengeance.
Les grandes épreuves engendrent des héros, mais quand elles s’achèvent,
elles sont suivies souvent d’un flot de haine comme si la vengeance pouvait
effacer les souffrances passées et en limiter les conséquences douloureuses.
Cette tentation destructrice guette chacun de nous, une fois passés les pires
moments de la pandémie ! Il importe de rester sur ses gardes !
Le Temps 12 avril 2020 Suzette Sandoz