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« Faire pression, harceler, Alba ne s’en prive pas. Alors, entre nous,
c’est une sacrée enquiquineuse, pas vrai ? Et comment ! Et ce n’est
pas fini, qu’on se le dise. «A chaque fois qu’on fait du chemin, on se
rend compte qu’il y a encore beaucoup de chemin.
Et j’ai bon espoir, les jeunes vont continuer (…) Et c’est bien ce
qu’elle veut, «des citoyens pas commodes qui ne se laissent pas
raconter de balivernes»… et ce qu’elle est! Et comme dit le proverbe,
« tout seul on avance plus vite, mais à plusieurs on va plus loin ».
Alba Viotto continue donc le combat en compagnonnage pour aller
plus loin, plus longtemps. »
Pour ce 10ème anniversaire, qui n’est donc qu’une étape dans ce « combat
en compagnonnage », j’ai eu envie de vous offrir – au nom de la Ville de
Genève un petit présent, sans prétention, pour « marquer le coup » tout
simplement.
L’esprit de Genève, tel que je le conçois, mais également sûrement tel que
vous le concevez, prend corps par l’engagement dans la Cité, par
l’initiative citoyenne, par la posture éthique de ces femmes qui ont, à leur
manière, laissé une empreinte singulière dans la Genève contemporaine.
J’aimerais vous dire très simplement combien j’ai d’admiration pour vos
postures respectives, pour les choix difficiles que vous avez dû faire, pour
les obstacles que vous avez surmontés, et pour les succès personnels que
vous avez obtenus.
J’admire votre parcours d’exilée, car l’exil – quelle qu’en puisse être la
raison - est toujours un triple défi : le défi, tout d’abord, du départ, du
déracinement, du deuil des repères de son enfance ou de sa jeunesse ; le
défi, ensuite, du parcours du migrant, chaotique et incertain, cherchant
dans un rêve d’ailleurs de quoi reconstruire son espérance ; le défi,enfin,
du point de chute dans un pays hôte qui n’est pas toujours le pays du
meilleur accueil, le désir d’intégration qui est souvent source de frustration,
car cette intégration n’est pas toujours désirée en retour par les
autochtones.
Vous avez opposé votre liberté à toutes les fatalités : à celles qui tombent
sur les épaules des femmes dès leur naissance ; à celles qui entravent la
marche des migrantes et des migrants dès qu’ils franchissent le pas de
leur porte. Vous avez opposé votre engagement au destin qu’on vous avait
tracé. Et autour de vous, vous avez regroupé vos semblables.
Comme des milliers de migrantes et de migrants l’ont fait avant vous, par
votre ancrage ici et maintenant, vous contribuez à sculpter la Genève que
nous aimons, que nous respectons et dont nous sommes fières.
Je vous remercie.
Sandrine Salerno
Maire de Genève