Vous êtes sur la page 1sur 82

Direction Régionale PACA

Marché N°2005 33 DDP 01 - lot 21

Diagnostics territoriaux stratégiques dans les domaines


de l’intégration et de la lutte contre les discriminations

LES FEMMES AGEES IMMIGREES


EN REGION PACA
Réalité statistique et visibilité sociale

NOTE 3 :
RAPPORT FINAL
SYNTHESE DES ETUDES LOCALES
Des pistes pour l’action
AOUT 2006

groupereflex_
Acadie, Paris
Aceif.st, Strasbourg
Adeus, Marseille
Aurès, Nantes
Cerur, Rennes
Place, Bordeaux
Trajectoires, Lyon

Adeus groupereflex_
260 rue Rabelais • 13 016 MARSEILLE • tel : 04 91 03 76 09 • fax : 04 91 03 71 46 • mel : adeus@adeus-reflex.org
HT TH

SARL à capital de 7.622 € • Siret 380 354 159 00028 •APE 741 E
www.adeus-reflex.org
HT TH
Les femmes âgées immigrées en Région PACA FASILD
Réalité statistique et visibilité sociale

Etude réalisée par :


Maxence MORETEAU – chargé d’étude à l’Adeus groupereflex_
Myriam HOUSNI – Stagiaire dans le cadre du Master Professionnel « Questions Sociales, Action
Publique dans l’espace Euroméditerranéen », Université de Provence
Sous a direction de :
Salvatore CONDRO – Sociologue ethnologue, directeur d’étude à l’ Adeus groupereflex_

Note 3 : Rapport final page 1 Adeus groupereflex_


Synthèse des Etudes Locales – Pistes d’action
Les femmes âgées immigrées en Région PACA FASILD
Réalité statistique et visibilité sociale

Sommaire

Rappel de la démarche, Précisions méthodologiques____________ 4

1 L’approche statistique sur des micro-territoires ________________ 6


1.1 Cadrage statistique : Nice _________________________________________ 7
1.2 Cadrage statistique : Marseille Nord _______________________________ 13
1.3 Cadrage statistique : Nord-Vaucluse ______________________________ 25

2 Une approche genrée ? ____________________________________ 31


2.1 Des parcours migratoires différents… ______________________________ 31
Des femmes qui ont suivi ou rejoint un époux en situation de travail..............................31
Des femmes qui ont migré en famille, plus récemment ....................................................34
Des femmes qui ont migré seules ..........................................................................................35

2.2 … qui se traduisent par des légitimations différentes de la


migration féminine. _____________________________________________________ 38
Venir en France pour être avec son mari… ........................................................................38
… ou pour y trouver, pour soit-même et sa famille, meilleures conditions de vie
et épanouissement personnel ........................................................................................................39

2.3 Tentative de typologie : une « échelle de précarité » des publics,


liée aux parcours migratoires ____________________________________________ 40
Des femmes âgées impliquées dans la vie locales, maîtrisant bien la langue
française.............................................................................................................................................40
Des femmes passives dans la migration, longtemps soumises à la domination
de l’époux, qui cumulent les handicaps dans la recherche d’une émancipation
tardive.................................................................................................................................................41
Les femmes âgées arrivées récemment : l’expérience d’un « déracinement
tardif » .................................................................................................................................................42

2.4 De la difficulté à parler de « triple discrimination » __________________ 44

3 Des problématiques communes à l’ensemble des sites…_____ 45


3.1 Les cours d’alphabétisation, une réponse à un réel besoin de
maîtrise de la langue mais également à un besoin de socialisation. _______ 45
Des femmes âgées immigrées qui maîtrisent encore majoritairement mal la
langue française, malgré l’existence ancienne des dispositifs de formation
linguistique..........................................................................................................................................45
Une réponse à un double besoin : maîtrise de la langue et socialisation......................46
La nécessité de dispositifs adaptés alliant « alphabétisation appliquée » et
socialisation, par des méthodes innovantes. ...............................................................................46

3.2 Des difficultés récurrentes dans l’accès aux droits __________________ 48


Le passage à la retraite, révélateur des difficultés d’accès aux droits pour les
immigrés vieillissants… ......................................................................................................................48
… et souvent plus prégnant pour les femmes, bien qu’existent des inégalités
entre les femmes âgées immigrées. ..............................................................................................48
Un accès aux dispositifs de droit commun pour les personnes âgées limité .................51

Note 3 : Rapport final page 2 Adeus groupereflex_


Synthèse des Etudes Locales – Pistes d’action
Les femmes âgées immigrées en Région PACA FASILD
Réalité statistique et visibilité sociale

3.3 La santé des femmes âgées immigrées : plusieurs approches


nécessaires_____________________________________________________________ 52
Le rapport au corps, à la vieillesse et aux soins...................................................................52
La santé : également une question administrative ............................................................55
Des inégalités territoriales........................................................................................................56

3.4 Un isolement qui s’oppose à un fort besoin de socialisation et de


découverte du pays. ___________________________________________________ 58
Une population spatialement ségrégée..............................................................................58
Une distension des liens intergénérationnels qui peut se traduire par des
situations d’isolement. ......................................................................................................................58
Des femmes qui expriment toutes un besoin de socialisation et
d’appartenance à la France .........................................................................................................59

3.5 Un besoin de formation spécifique des opérateurs sociaux et


associatifs. _____________________________________________________________ 63
Améliorer la coordination et le travail en réseaux .............................................................63
La question des nouvelles migrations : anticiper le vieillissement ....................................64
La question spécifique des femmes âgées .........................................................................64

4 Des problématiques particulières, fonction des spécificités


locales ____________________________________________________ 65
4.1 Dans les zones rurales (l’exemple du Nord-Vaucluse) _______________ 65
Un isolement plus fort du fait d’un nombre restreint d’opérateurs associatifs. ..............65
La question de la mobilité, particulièrement sensible en milieu rural, touche
particulièrement les femmes âgées. .............................................................................................66
Une société « traditionaliste » dans laquelle la Femme a encore du mal à sortir
du foyer, chose à quoi elle aspire en vieillissant. .........................................................................67
Des opérateurs sociaux de droit commun parfois peu sensibilisés à la question
de la spécificité des publics............................................................................................................68

4.2 Dans les zones d’habitat social des pôles urbains (l’exemple des
quartiers Nord de Marseille) _____________________________________________ 69
Un isolement moins fort du fait de la présence d’acteurs associatifs, mais un
besoin tout aussi prégnant de socialisation. ................................................................................69
Une multiplicité d’acteurs, mais un manque de coordination qui ne permet pas
une mutualisation des moyens et compétences ........................................................................70
La nécessité d’une prise en compte dans la gestion des logements.............................71
Un exemple emblématique : la cité des Créneaux....................................................................73

4.3 Dans les centres-anciens des pôles urbains (l’exemple du centre-


ville de Nice) ___________________________________________________________ 75
La question du logement........................................................................................................75
Des problématiques sensiblement identiques aux autres sites étudiés...........................77

Conclusion____________________________________________________ 78

Chaque point des chapitres 3 et 4 se conclue par un


encadré où l’on retrouve des pistes d’actions et des
propositions pour améliorer la prise en compte du public
spécifique « femmes âgées immigrées » dans les différents
domaines.

Note 3 : Rapport final page 3 Adeus groupereflex_


Synthèse des Etudes Locales – Pistes d’action
Les femmes âgées immigrées en Région PACA FASILD
Réalité statistique et visibilité sociale

Rappel de la démarche,
Précisions méthodologiques

C
e diagnostic territorial d’intégration des femmes
âgées immigrées en région PACA doit permettre :

de palier à un déficit de connaissance ;


de mener une réflexion collective, à laquelle
ont participé partenaires institutionnels et
associatifs ;
de bâtir un cadre de référence pour alimenter
les réflexions stratégiques de la CRILD.

L’observation des femmes âgées immigrées s’est


faite, dans un premier temps, à l’aide de l’outil statistique.
Cette première phase de travail a permis l’élaboration
d’un atlas statistique régional 1 à l’aide des recensements
de l’INSEE de 1990 et 1999. Cette démarche, complétée
par une série d’entretiens auprès de différents acteurs, a
mis à jour des problématiques spécifiques 2 quant à l’accès
au droit, le logement, la santé…

Dans un second temps, l’approche qualitative sur la


base de trois territoires nous a permis :
d’approfondir les problématiques mises à jour
durant la première phase, et notamment de
mettre en évidence certains spécificités locales
des territoires : centre-ville, quartiers d’habitat
social, petites villes d’une zone rurale ;
d’associer activement les partenaires de
terrain, par des entretiens ciblés et la mise en
place de groupes de travail territoriaux ;
de créer en aval une dynamique régionale
autour et à partir de la mise en œuvre des
études territoriales locales : les entretiens et les
groupes de travail avaient autant vocation à
« faire remonter » de l’information qu’à diffuser
de la connaissance et sensibiliser les acteurs.

1 Voir « Note 1 : Atlas statistique commenté » ADEUS/FASILD 2006


2 Voir « Note 2 : Problématiques identifiées » ADEUS/FASILD 2006

Note 3 : Rapport final page 4 Adeus groupereflex_


Synthèse des Etudes Locales – Pistes d’action
Les femmes âgées immigrées en Région PACA FASILD
Réalité statistique et visibilité sociale

Cette dynamique régionale doit se poursuivre


par la mise en place du groupe de travail
CRILD et par l’éventuelle diffusion de cette
étude.

Cette démarche a abouti à des approches


monographiques, sur trois territoires différents de la région
PACA (Marseille-Nord, Nice-Centre et Nord-Vaucluse),
dont le présent document constitue la synthèse. Il présente
les problématiques rencontrées par les femmes âgées
immigrées en fonction des parcours migratoires et des
territoires d’accueil (centre ancien, zone d’habitat social,
zone rurale), mais également les moyens mis en œuvre par
les acteurs locaux pour accueillir ce public, leur capacité
d’identification des besoins spécifiques ainsi que leurs
éventuels besoins propres (formation, mise en réseau
d’acteurs…)
Pour chaque territoire, nous avons essayé d’organiser
un groupe de travail en prenant appui sur un opérateur
local afin de capitaliser connaissance locale des
problématiques, des dispositifs et des acteurs. Il s’agissait :
Pour le territoire de Nice Centre-Ville, de l’association
ASSIC (Association Solidarité Intégration Citoyenneté) et
de l’association Les Chibanis (Café Social), toutes deux
membres du Comité de Pilotage du diagnostic ;
Pour le territoire de Marseille Nord, du CLIC Géront’O
Nord, membre du Comité de Pilotage ;
Pour le territoire Nord-Vaucluse, de M. Sallah AZEDAG,
référent des Points d’Accès aux Droits des Étrangers
(PADE) de Bollène et Valréas, par ailleurs président de
l’association Entente du Vaucluse.
Malheureusement, ce n’est que sur Nice que le
groupe de travail a pu se réunir. Ceci montre bien toute la
difficulté à réunir les acteurs concernés par cette
problématique.

Ce travail constitue la base d’un référentiel d’actions


pour alimenter les réflexions stratégiques de la Commission
Régionale d’Intégration et de Lutte contre les
Discriminations (CRILD).

Note 3 : Rapport final page 5 Adeus groupereflex_


Synthèse des Etudes Locales – Pistes d’action
Les femmes âgées immigrées en Région PACA FASILD
Réalité statistique et visibilité sociale

1 L’approche statistique sur des micro-territoires

L’
immigration n’est plus un phénomène masculin : la
part des femmes immigrées, dans la région PACA,
est de plus en plus importantes. Alors que pendant
de nombreuses années, la migration était essentiellement
une histoire d’hommes, aujourd’hui, les mouvements
migratoires se sont homogénéisés grâce au regroupement
familial, et par l’espérance de vie des femmes plus longues
que celle des hommes. Ainsi, la part des femmes immigrées
âgées de 60 ans et plus ne cesse de s’accroître, pour
atteindre en 1999, 53% de la population immigrée
régionale. De plus, la population immigrée résidant dans la
région est plus âgée qu’en moyenne en France, surtout les
femmes : 35,6% des femmes immigrées ont 60 ans ou plus
contre seulement 26% au niveau de la France entière.
Le département des Alpes-Maritimes accueillait en 1999
23 979 femmes immigrées âgées de 60 ans ou plus, soit 31,1%
des femmes âgées immigrées de la région alors qu’elle
n’accueille que 22,6% des habitants et 28,2% de la
population immigrée de la région. C’est ainsi le département
où les femmes âgées immigrées sont le plus représentées
dans la population totale. Cette population est, de par son
profil, différente des autres départements. Les femmes âgées
originaires de pays de l’Union Européenne à 15 y sont
largement majoritaires, ce qui explique la sur-représentation
féminine, notamment chez les migrants les plus âgés.
Les femmes immigrées âgées de 60 ans et plus dans le
département des Bouches du Rhône représentent 38,9% du
total de la région. Elles se concentrent majoritairement dans
certains arrondissements marseillais, comme nous allons le
voir. En terme d’origine, en 1999, les femmes immigrées âgées
de 60 ans et plus sont principalement originaires de l’UE à 15
(51,4% contre 33,5% de femmes issues du Maghreb qui
représentent 52,6% des immigrées maghrébines âgées de la
région) et 15,1% issues d’autres pays hors UE et hors Maghreb.
Le département du Vaucluse regroupe 8,4% de la
population féminine immigrée âgée de 60 ans et plus de la
région, soit 6 476 femmes toutes origines confondues. Bien
que l’effectif des femmes immigrées âgées soit plus important
dans certaines communes comme Avignon, il est apparut
intéressant d’étudier le nord du département, zone plus
rurale.

Note 3 : Rapport final page 6 Adeus groupereflex_


Synthèse des Etudes Locales – Pistes d’action
Les femmes âgées immigrées en Région PACA FASILD
Réalité statistique et visibilité sociale

1.1 Cadrage statistique : Nice


Total femmes femmes femmes femmes
immigrées immigrées immigrées immigrées
Pop immigrée femmes âgées de 60 âgées de 60 âgées de 60 âgées de 60
pop immigrée ans et plus en ans et plus: ans et plus: ans et plus:
Pop totale99 âgées de 60 et immigrées en
en 99 99 Union Maghreb Hors UE hors
+ en 99 99
européenne à Maghreb
15
Nice 343 166 45 300 16 289 22 973 8 781 5 092 2 240 1 449
en % de la population totale 13,2% 4,7% 6,7% 2,6% 1,5% 0,7% 0,4%
en % de la population immigrée 36,0% 50,7% 19,4% 11,2% 4,9% 3,2%
en % de la population immigrée de 60 ans et plus 53,9% 31,3% 13,8% 8,9%
en % des femmes immigrées 38,2% 22,2% 9,8% 6,3%
en % des femmes immigrées âgées de 60 ans et plus 58,0% 25,5% 16,5%

Avec 8 781 femmes âgées immigrées, la ville de Nice


accueille 36,6% des femmes âgées immigrées du
département. 54% des immigrés âgés de 60 ans ou plus
sont des femmes, dont une large majorité originaire de
l’Union Européenne (58%), plus d’un quart originaires du
Maghreb et 16,5% d’autres pays.

Part, dans la population totale, des femmes Part, dans la population immigrée, des femmes
immigrées âgées de 60 ans et plus immigrées âgées de 60 ans et plus originaires...
originaires...

...du Maghreb 12,00% ...du Maghreb


1,60%
1,48% 11,24%
1,40% 10,00%
1,20%
...de pays Hors 8,00% ...de pays Hors
1,00% UE hors UE hors
0,80% Maghreb 6,00% Maghreb
0,60% 0,65% ...de l'Union 4,94%
4,00% ...de l'Union
0,40% européenne à
0,42% européenne à
15 3,20%
0,20% 2,00% 15
0,00%
% de la population totale 0,00%
% de la population immigrée

Part, dans la population immigrée féminine, Part, dans la population immigrée âgée de 60
des femmes immigrées âgées de 60 ans et ans et plus, des femmes immigrées âgées de
plus originaires... 60 ans et plus originaires...
...du
...du Maghreb 35% Maghreb
25%
30% 31,26%
22,17%
20% 25% ...de pays
...de pays
15% 20% Hors UE
Hors UE hors
15% hors
Maghreb 13,75%
10% 9,75% 10% Maghreb
...de l'Union 8,90% ...de l'Union
5% 6,31% européenne à 5% européenn
15 0% e à 15
0% % des immigrées âgées de
% des femmes immigrées 60 ans et plus

Note 3 : Rapport final page 7 Adeus groupereflex_


Synthèse des Etudes Locales – Pistes d’action
Les femmes âgées immigrées en Région PACA FASILD
Réalité statistique et visibilité sociale

Si les Alpes-
Répartition selon l'origines des femmes immigrées âgées Maritimes, et la ville
de 60 ans et + à Nice en 1999
1) Algérie de Nice en
2) Maroc
particulier,
58%
accueillent – en
3) Tunisie
opposition aux
4) Autres pays Bouches-du-Rhône –
d'Afrique
5) Turquie une population
immigrée où
6) Asie
8% dominent les
6%
1%
4% 5%
7) Amérique-Océanie personnes d’origine
2% 2% 14% 9) Autres pays européenne, la
d'Europe répartition des autres
8) Union européenne à
15 origines est
également
sensiblement différente : la population maghrébine est
majoritairement tunisienne (14%, contre 5% de femmes
âgées originaires du Maroc et 6% d’Algérie), tandis que les
autres pays européens constituent l’origine majoritaire des
femmes âgées hors UE et hors Maghreb.

E v o lu tio n d u n o mb r e d e fe mme s immig ré e s âg é e s d e 60


an s e t p lu s e n tr e 1990 e t 1999 à N ice Comme dans
40% l’ensemble de la
3 6 ,3 % région se sont les
30%
2 7 ,9 % femmes âgées
20% originaires du
10%
1 5 ,7 % 1 4 ,6 % Maghreb qui ont les
0 ,7 %
taux de croissance les
plus importants,
0%
-6 ,9 %
-1 0 % -1 4 ,7 % principalement en ce
-2 0 %
-2 3 ,1 % qui concerne les
-3 1 ,3 % femmes originaires
-3 0 %
d’Algérie (+36,3%) et
-4 0 %
-4 8 ,5 %
du Maroc (+28%).
-5 0 %
1) Algérie

2) Maroc

3) Tunisie

4) Autres pays d'Afrique

5) Turquie

6) Asie

7) Amérique -Océanie

9) Autres pays d'Europe

8) Union europ éenne à 15

Ensemble

Note 3 : Rapport final page 8 Adeus groupereflex_


Synthèse des Etudes Locales – Pistes d’action
Les femmes âgées immigrées en Région PACA FASILD
Réalité statistique et visibilité sociale

Comparaison de la répartition selon l'origine


des femmes immigrées âgées de 60 ans et Des origines plus diversifiées à
plus Nice que dans le reste du
département
100% Union européenne à 15
Ne disposant pas des
90% Autres pays d'Europe statistiques détaillées selon les
quartiers de Nice, nous avons fait le
80%
5092
Amérique-Océanie choix de comparer Nice au reste
70% 10 365
Asie
du département des Alpes-
60% Maritimes.
Turquie
50% On remarque ainsi que la ville
Autres pays d'Afrique centre accueille de manière
679
40%
privilégiée les femmes âgées
385
30% 141 1 562
Tunisie immigrées originaires des trois pays
1263 412 Maroc
du Maghreb, de Turquie et d’Asie :
20% 233
1 103 alors qu’elle accueille globalement
10% 481
559 Algérie 36,6% des femmes âgées
496
0%
632
immigrées, c’est le cas de la moitié
Nice Alpes (49,4%) des femmes âgées
maghrébines, 57% de Turquie et
Maritimes hors
Nice
48% d’Asie.

Rapport Nice / "reste des Alpes-Maritimes" dans l'accueil des


femmes âgées immigrées selon l'origine
100% Les origines
des femmes
90%
âgées
80% immigrées dans
70%
la ville-centre
Alpes apparaissent
60% Maritim es
hors Nice
ainsi beaucoup
50% plus diversifiées
que dans le
reste du
40%

30% Nice département où


plus de 60% des
20%
femmes âgées
10% immigrées sont
0% originaires des
pays de l’Union
Algérie

Maroc

Tunisie

Autres pays

Turquie

Asie

Amérique -Océanie

Autres pays

Union europ éenne

Ensemble
d'Europe
d'Afrique

Européenne à
15.
à 15

Note 3 : Rapport final page 9 Adeus groupereflex_


Synthèse des Etudes Locales – Pistes d’action
Les femmes âgées immigrées en Région PACA FASILD
Réalité statistique et visibilité sociale

Pourcentage de femmes âgées immigrées vivant seules


selon l'origine - comparaison Nice/hors Nice

50% Une présence plus marquée


45% 44,8%
46,7%
des femmes seules sur la ville
40% 40,1% centre
35% 37,3% 36,7%
Les graphiques ci-contre
33,8%
30%
25% font bien apparaître une sur-
20% représentation très marquée des
15% femmes seules dans la ville de
10% Nice en comparaison au reste
5% des Alpes-Maritimes, et ce quelle
0% que soit l’origine des femmes
Nice: hors Nice: Nice: Hors hors Nice: Nice: Union hors Nice:
Maghreb Maghreb UE hors Hors UE européenne Union âgées immigrées. Alors qu’à
l’échelle régionale un
Maghreb hors à 15 européenne
Maghreb à 15
Répartition des femmes âgées immigrées selon la taille du peu plus de 35% des
ménage et l'origine - comparaison Nice/hors Nice
femmes âgées
100% 103 157 28
155
97 48
476
296
1093 vivant dans un immigrées vivent seules,
90% 299 266 ménage de 5 ou 6 c’est le cas sur Nice de
397
personnes
80%
40% des femmes âgées
2048
70%
916
577
1 018 4 569
vivant dans un maghrébines, de 45%
ménage de 3 ou 4
des femmes âgées hors
60% 884
personnes
50%
UE et hors Maghreb et
40%
de 47% des femmes
vivant dans un
30% ménage de 2
898 649 946
2377
3 799
personnes âgées de l’UE à 15.
20% 776
10% Femmes vivant
L’écart est
0%
seules particulièrement fort
Nice: hors Nice: Nice: Hors hors Nice: Nice: Union hors Nice: pour les femmes
Maghreb Maghreb UE hors Hors UE européenne Union
Maghreb hors à 15 européenne maghrébines, dont moins
Maghreb à 15
de 30% vivent seules à
l’échelle régionale.
Répartition des femmes âgées immigrées selon le statut
matrimonial et l'origine, comparaison Nice / reste des Alpes- Corrélativement, les
Maritimes ménages de 3 personnes et
100% 177 147 126 216 334 613 plus sont sensiblement moins
90% Divorcée représentés dans le pôle
80% urbain que dans le reste du
949
département.
902 1 008 2471 4 632
70% 698 Veuve
60%
50%
Le nombre de femmes
40%
Mariée
seules peut être qualifié par
30% 1004 1 112 1 115
1989 4 616 les situations matrimoniales :
516
20%
célibataire
les proportions de femmes
10%
157 109 200
veuves, célibataires ou
86 298 504
0% divorcées sont toujours plus
Nice: Nice: Hors Nice: Union
Maghreb UE hors européenne importantes à Nice que dans
Maghreb à 15
le reste des Alpes-Maritimes.

Note 3 : Rapport final page 10 Adeus groupereflex_


Synthèse des Etudes Locales – Pistes d’action
Les femmes âgées immigrées en Région PACA FASILD
Réalité statistique et visibilité sociale

Les femmes âgées immigrées vivent


fréquemment dans de petits logements, mais moins
que ce que la structure du parc laisserait supposer
La proportion de femmes vivant seules peut être liée
à la taille de logements occupés. On constate ici encore
que le nombre de pièces est toujours sensiblement inférieur
sur Nice que dans le reste des Alpes-Maritimes, et ce quelle
que soit l’origine. Néanmoins, ces données doivent être
relativisées avec la typologie du parc de logement de la
ville. On constate alors que les femmes âgées immigrées
vivent proportionnellement dans des grands logements ! En
effet, 40,5% du parc de la commune est composé de
logements de 1 ou 2 pièces, alors que seulement 36% des
femmes âgées maghrébines, 38% de celles originaires de
pays hors UE et hors Maghreb et 39% des femmes âgées
originaires d’un pays de l’UE vivent dans des logements de
ce type.

Répartition des femmes âgées immigrées selon l'origine et la


taille des logements - comparaison Nice/hors Nice

100% 136 215 90 352


376 1 525 vivant dans
90% logement de 5
80% pièces ou plus

70% 775 2667


1275
1 311 1 151
60% 5 399
vivant dans
50% logement de 3
ou 4 pièces
40%

30%
20% 805 544 800 1930
688 2 833 vivant dans
10% logement de 1
ou 2 pièces
0%
Nice: hors Nice: Nice: Hors UE hors Nice: Nice: Union hors Nice:
Maghreb Maghreb hors Maghreb Hors UE hors européenne à Union
Maghreb 15 européenne à
15

En ce qui concerne l’analyse des statuts


d’occupation, on note une représentation moins élevée
des propriétaires à Nice que dans le reste du département,
et une plus faible propension des femmes âgées
maghrébines par rapport aux autres origines à être
propriétaires.

Note 3 : Rapport final page 11 Adeus groupereflex_


Synthèse des Etudes Locales – Pistes d’action
Les femmes âgées immigrées en Région PACA FASILD
Réalité statistique et visibilité sociale

Répartition des femmes âgées immigrées selon l'origine et le statut


d'occupation - comparaison Nice/hors Nice

100% 4,2% 5,1% 6,9% 7,3% 7,1% 5,2%


7,7% logés gratuits
90% 5,0% 3,2% 5,7%
17,5% 9,6% 12,7%
19,1%
80% 22,9% 19,7%
28,3% loc ou sous-loc
70% 25,3% meublé ou
33,1% chambre d'hôtel
60% 35,1% 30,8%
locataires HLM
50%

40%
64,8% 66,4% locataires parc
30% 58,7% 56,7% privé
43,4% 46,5%
41,7%
20%
propriétaires
10%

0%
Nice: hors Nice: Nice: Hors hors Nice: Nice: Union hors Nice: Ensemble de
Maghreb Maghreb UE hors Hors UE européenne Union la population
Maghreb hors à 15 européenne à Nice
Maghreb à 15

On note ainsi que les femmes âgées maghrébines


sont moins souvent propriétaires que les autres femmes
âgées immigrées, mais aussi que la population globale sur
Nice, alors que les personnes âgées sont habituellement
plus souvent propriétaires.
A l’inverse, c’est une population sur-représentée dans
le secteur locatif, dans le parc privé (35,1% contre 33,1%
pour la population niçoise dans son ensemble) et encore
plus dans le parc social (17,5% contre 12,7% de la
population globale).
Les femmes âgées d’autres origines sont à l’inverse
beaucoup moins représentées sur le secteur locatif, tant
privé que social.

Note 3 : Rapport final page 12 Adeus groupereflex_


Synthèse des Etudes Locales – Pistes d’action
Les femmes âgées immigrées en Région PACA FASILD
Réalité statistique et visibilité sociale

1.2 Cadrage statistique : Marseille Nord

Le département des Bouches du Rhône représentait


en 1999 39% de la population féminine immigrées âgées
de 60 ans et plus de la région et près de 87% de celle du
département, c'est-à-dire 30 024 femmes toutes origines
confondues. C’est dans les 3 premiers arrondissements et
dans les 4 derniers que la part des femmes âgées
immigrées dans la population est la plus importante. Ces
deux groupes sont toujours plus importants dans l’accueil
des femmes âgées immigrées que dans l’accueil de la
population totale : Les 3 arrondissements du Centre
regroupent 8,8% des femmes âgées immigrées contre
seulement 7,6% de la population totale, les 4
arrondissements Nord 19,7% contre 16,3%.

Poids de
Poids de
Part des Part des l'arrondissement
Poids de l'arrondissement
Femmes femmes femmes par rapport à
population l'arrondissement par rapport à
Population immigrées âgées âgées l'ensemble de la
immigrée par rapport à l'ensemble de la
totale en âgées de immigrées immigrées ville dans
totale en l'ensemble de la ville dans
99 60 ans et dans la dans la l'accueil de la
99 ville (population l'accueil des
+ Total population population population
totale) femmes âgées
totale immigrée immigrée
immigrées
globale

1er 37 280 8 963 871 2,3% 9,7% 2,7% 5,9% 3,3%


2è 24 571 5 348 522 2,1% 9,8% 1,8% 3,5% 2,0%
3è 41 659 8 530 912 2,2% 10,7% 3,0% 5,6% 3,5%
Arrdt Centre (1 2 3) 103 510 22 841 2 305 2,2% 10,1% 7,6% 15,0% 8,8%
4è 43 772 3 209 788 1,8% 24,6% 3,2% 2,1% 3,0%
5è 41 295 3 423 592 1,4% 17,3% 3,0% 2,2% 2,3%
6è 41 303 4 109 711 1,7% 17,3% 3,0% 2,7% 2,7%
7è 35 946 2 072 532 1,5% 25,7% 2,6% 1,4% 2,0%
8è 75 300 5 488 1288 1,7% 23,5% 5,5% 3,6% 4,9%
9è 72 731 5 507 1136 1,6% 20,6% 5,3% 3,6% 4,4%
10è 49 160 4 848 1048 2,1% 21,6% 3,6% 3,2% 4,0%
11è 53 346 5 135 926 1,7% 18,0% 3,9% 3,4% 3,6%
12è 56 396 3 564 1136 2,0% 31,9% 4,1% 2,3% 4,4%
Arrdt 4 à 12 469 249 37 355 8 157 1,7% 21,8% 34,3% 24,5% 31,3%
13è 80 252 9 453 1792 2,2% 19,0% 5,9% 6,2% 6,9%
14è 56 586 8 834 1253 2,2% 14,2% 4,1% 5,8% 4,8%
15è 70 484 12 083 1624 2,3% 13,4% 5,1% 7,9% 6,2%
16è 16 444 1 704 456 2,8% 26,8% 1,2% 1,1% 1,8%
Arrdt Nord (13 14 15 16) 223 766 32 074 5 125 2,3% 16,0% 16,3% 21,0% 19,7%
Total Marseille 1 369 284 152 466 26 049 1,9% 17,1% 100,0% 100,0% 100,0%
Total BdR 1 825 430 175 620 30 024 1,64% 17,10%

Note 3 : Rapport final page 13 Adeus groupereflex_


Synthèse des Etudes Locales – Pistes d’action
Les femmes âgées immigrées en Région PACA FASILD
Réalité statistique et visibilité sociale

C’est dans les 7ème, 12ème et 16ème arrondissements


que les femmes âgées sont le plus représentées dans la
population immigrée totale. Ces arrondissements
accueillent donc une population immigrée féminine et
vieillissante. Par contre, ce sont très clairement les 13ème,
14ème et 15ème arrondissement qui accueillent de manière
privilégiée les femmes âgées immigrées en comparaison
aux autres arrondissements.
Part de chaque origine dans la
population globale femmes âgées Poids des arrondissements
immigrées dans le total de la ville

Total Total Total


Total
Total Femmes Femmes Total Femmes Femmes Femmes Femmes
Femmes Femmes
Femmes immigrées immigrées Femmes immigrées immigrées immigréesimmigrées
immigrées immigrées
immigrées âgées de âgées de immigrées âgées de âgées de âgées de âgées de
âgées de 60 âgées de
âgées de 60 60 ans et + 60 ans et âgées de 60 60 ans et + 60 ans et 60 ans et 60 ans et
ans et + 60 ans et
ans et + hors UE et + ans et + hors UE et + + hors UE +
Total +
Maghreb hors UE à 15 Maghreb hors UE à 15 et hors UE à 15
Maghreb
Maghreb Maghreb Maghreb

1er 871 451 216 204 51,8% 24,8% 23,4% 7,3% 7,2% 3,2%
2è 522 268 115 139 51,3% 22,0% 26,6% 4,3% 3,9% 2,2%
3è 912 436 148 328 47,8% 16,2% 36,0% 7,0% 5,0% 5,1%
Arrdt Centre (1 2 3) 2 305 1 155 479 671 50,1% 20,8% 29,1% 18,6% 16,1% 10,5%
4è 788 304 124 360 38,6% 15,7% 45,7% 4,9% 4,2% 5,6%
5è 592 218 126 248 36,8% 21,3% 41,9% 3,5% 4,2% 3,9%
6è 711 252 130 329 35,4% 18,3% 46,3% 4,1% 4,4% 5,1%
7è 532 104 92 336 19,5% 17,3% 63,2% 1,7% 3,1% 5,2%
8è 1288 540 268 480 41,9% 20,8% 37,3% 8,7% 9,0% 7,5%
9è 1136 396 208 532 34,9% 18,3% 46,8% 6,4% 7,0% 8,3%
10è 1048 360 148 540 34,4% 14,1% 51,5% 5,8% 5,0% 8,4%
11è 926 277 130 519 29,9% 14,0% 56,0% 4,5% 4,4% 8,1%
12è 1136 292 408 436 25,7% 35,9% 38,4% 4,7% 13,7% 6,8%
Arrdt 4 à 12 8 157 2 743 1 634 3 780 33,6% 20,0% 46,3% 44,3% 54,8% 59,0%
13è 1792 748 412 632 41,7% 23,0% 35,3% 12,1% 13,8% 9,9%
14è 1253 686 153 414 54,7% 12,2% 33,0% 11,1% 5,1% 6,5%
15è 1624 720 267 637 44,3% 16,4% 39,2% 11,6% 9,0% 9,9%
16è 456 144 36 276 31,6% 7,9% 60,5% 2,3% 1,2% 4,3%
Arrdt Nord (13 14 15 16) 5 125 2 298 868 1 959 44,8% 16,9% 38,2% 37,1% 29,1% 30,6%
Total Marseille 26 049 6 196 2 981 6 410 23,8% 11,4% 24,6% 100,0% 100,0% 100,0%
Total BdR 30 024 10 051 4 540 15 433 33,48% 15,12% 51,40%

Les femmes immigrées âgées de 60 ans et plus ne


sont pas réparties de la même manière selon leur origine.
Bien que les femmes originaires de l’UE à 15 soient dans la
majorité des arrondissements les plus nombreuses, celles
qui sont originaires du Maghreb et celles des autres pays
ne se distribuent pas de la même manière dans les
différents arrondissements. Les Maghrébines sont
essentiellement concentrées dans les arrondissements du
centre (1-2-3) et dans les 13ème, 14ème, et 15ème
arrondissements.

Note 3 : Rapport final page 14 Adeus groupereflex_


Synthèse des Etudes Locales – Pistes d’action
Les femmes âgées immigrées en Région PACA FASILD
Réalité statistique et visibilité sociale

Répartition selon l'origine des femmes âgées immigrées de 60 ans et plus dans les
arrondissements Marseillais en 1999
Femmes immigrées âgées de
60 ans et +
100% 8 16 12 16 28 26 8 A utre Euro pe
32 30 76 64 28 52 54 546
52 44
Femmes immigrées âgées de
60 ans et +
90% UE à 15
139
204 632 414 Femmes immigrées âgées de
80% 328 60 ans et +
480 436 637 6 410
360 A mérique Océanie
4 5 248 329 532 540 519
70% 276 Femmes immigrées âgées de
80 65 336 60 ans et +
20 50 A sie
60% 4 38
44 12 48 4 8 Femmes immigrées âgées de
32 200 39
36 25 16 112 60 ans et +
56 125
12
48 152 1 160 Turquie
50% 19 4 40 104
97 52 37 222 63
58 29 64 72 17 708 Femmes immigrées âgées de
24 72 60
26 45 455 60 ans et +
40% 156 20 32 62 A utre A frique
76 8 14 40 28 245 16
49 184 20 168 47
28 300 12
44 24 0 2 381 Femmes immigrées âgées de
30% 16 60 ans et +
56 168 124 115 156 32 59 4 Tunisie
28 208 84
140 148 905
20% 8 148 Femmes immigrées âgées de
68 60 ans et +
278 161 54 36 417
24 416 124 M aro c
224 72 56 44 36
10% 36 216 364 2 910
172 Femmes immigrées âgées de
70 83 96 85 108 60 ans et +
64 32 A lgérie
0%
1er

10è

11è

12è

13è

14è

15è

16è

Total Marseille

Nombres de femmes immigrées âgées de 60 ans et plus selon l'origine par


arrondissements
800
Total Femmes
700 immigrées âgées de
60 ans et + Maghreb
600
500
Total Femmes
400 immigéres âgées de
300 60 ans et + hors UE et
hors Maghreb
200
Femmes immigrées
100 âgées de 60 ans et +
0 UE à 15
1er 2è 3è 4è 5è 6è 7è 8è 9è 10è 11è 12è 13è 14è 15è 16è

Note 3 : Rapport final page 15 Adeus groupereflex_


Synthèse des Etudes Locales – Pistes d’action
Les femmes âgées immigrées en Région PACA FASILD
Réalité statistique et visibilité sociale

Répartition selon les grands groupes d'origines des


femmes âgées immigrées selon les secteurs de la
ville

100%

90% Femmes immigrées


671
1959 âgées de 60 ans et +
80% 3 780
10 861
UE à 15
70%
479
60%
868 Total Femmes immigéres
50% 5 094 âgées de 60 ans et +
1634
hors UE et hors Maghreb
40%

30%
1155
2 298
10 094 Total Femmes immigrées
20% 2 743
âgées de 60 ans et +
10% Maghreb

0%
Arrdt Arrdt 4 à Arrdt Total
Centre (1 12 Nord (13 Marseille
2 3) 14 15 16)

Dans les quatre derniers arrondissements marseillais, ce


sont les femmes issues du Maghreb qui sont le plus
représentées. Plus d’une femme âgée maghrébine vivant
à Marseille sur 3 (37%) habite dans un de ces
arrondissements, contre seulement 16,3% de la population
globale et 19,7% du total des femmes âgées immigrées.
Dans les quartiers Nord, une sur-représentation
des femmes originaires du Maghreb vivant seules…

Répartition des femmes immigrées âgées de 60 ans et plus selon l'origine et la la taille du ménage -
comparaison par arrondissements 99 -

Maghreb UE à 15 autre pays


450

400

vivant seules
350

300
vivant dans un
250 ménage de 2
personnes
200
vivant dans un
ménage de 3 ou 4
150
personnes

100
vivant dans un
ménage de 5
50 personnes ou
plus
0
A rrdt centre (1- A rrdt 4 à 12 A rrdt No rd 13- A rrdt centre (1- A rrdt 4 à 12 UE A rrdt No rd 13- A rrdt centre (1- A rrdt 4 à 12 A rrdt No rd 13-
2-3) M aghreb M aghreb 14-15-16 2-3) UE à 15 UE à 15 14-15-16 UE à 15 2-3) A utres A utres pays 14-15-16 A utres
M aghreb à 15 pays pays

Note 3 : Rapport final page 16 Adeus groupereflex_


Synthèse des Etudes Locales – Pistes d’action
Les femmes âgées immigrées en Région PACA FASILD
Réalité statistique et visibilité sociale

Composition du ménage des femmes immigrées âgées de 60 ans et


plus - pourcentage en ligne Les femmes immigrées
du Maghreb vivent
plus souvent seules
vivant dans un
100% 6,3
1,2 5,1 ménage de 5 dans les quartiers nord
7,3
personnes ou que dans les autres
14,4 plus
arrondissements. Cette
90%
18,8
vivant dans un
80%
ménage de 3 ou 4 situation se retrouve
70% 47,6
29,7
personnes chez les femmes issues
des autres pays hors UE
35,9 vivant dans un
et hors Maghreb, alors
60%

ménage de 2
50%
personnes que celles issues de
40% l’UE à 15 vivent plus
vivant seules
souvent dans des
ménages de deux
30%
50,8
43,9
39,1
20%
personnes.
10%

0%
M aghreb UE à 15 A utres pays

Mais une majorité de femmes mariées

Même si les femmes originaires du Maghreb déclarent


vivre le plus souvent seules dans les derniers
Répartition des femmes immigrées âgées de 60 ans et plus selon la situation
matrimoniale

Maghreb UE à 15 autre pays


550

500

450

400

350
célibataire
300
Mariée
250
Veuve
200 Divorcée

150

100

50

0
Arrdt centre Arrdt 4 à 12 Arrdt Nord Arrdt centre Arrdt 4 à 12 Arrdt Nord Arrdt centre Arrdt 4 à 12 Arrdt Nord
(1-2-3) Maghreb 13-14-15-16 (1-2-3) UE à 15 UE à 15 13-14-15-16 UE (1-2-3) Autres Autres pays 13-14-15-16
Maghreb Maghreb UE à 15 à 15 pays Autres pays

arrondissements de Marseille, nous constatons qu’elles sont


majoritairement mariées, alors que les autres origines sont
majoritairement veuves. Ceci pourrait être rapproché des

Note 3 : Rapport final page 17 Adeus groupereflex_


Synthèse des Etudes Locales – Pistes d’action
Les femmes âgées immigrées en Région PACA FASILD
Réalité statistique et visibilité sociale

données recueillies par entretiens : les hommes rentrent


plus que les femmes vivre au pays à l’âge de la retraite,
tout en restant mariés, tandis que les femmes préfèrent
rester en France, à proximité de leurs enfants.

Situation m atrim oniale des fem m es im m igrées âgées


de 60 ans et plus dans les arrondissem ents nord de
Marseille en 1999

100% 28 36
117

80%
377 164 Divorcée
219
60%
Veuve
Mariée
40%
célibataire
423
124 113
20%

41 12 30
0%
Maghreb UE à 15 Autres pays

Des femmes qui vivent plutôt dans de grands


logements, en propriété ou dans le parc locatif

Répartition des femmes immigrées âgées de 60 ans et plus selon la taille du logement -
comparaison par arrondissements -

Maghreb UE à 15 autre pays


700

600

500

vivant dans
400
logement de
1 ou 2 pièces
300
vivant dans
logement de
200
3 ou 4 pièces

vivant dans
100 logement de
5 pièces ou
plus
0
A rrdt centre A rrdt 4 à 12 A rrdt No rd 13- A rrdt centre A rrdt 4 à 12 UE A rrdt No rd 13- A rrdt centre A rrdt 4 à 12 A rrdt No rd 13-
(1-2-3) M aghreb 14-15-16 (1-2-3) UE à 15 à 15 14-15-16 UE à (1-2-3) A utres A utres pays 14-15-16
M aghreb M aghreb UE à 15 15 pays A utres pays

Note 3 : Rapport final page 18 Adeus groupereflex_


Synthèse des Etudes Locales – Pistes d’action
Les femmes âgées immigrées en Région PACA FASILD
Réalité statistique et visibilité sociale

Les femmes âgées immigrées, quelles que soient leurs


origines, vivent majoritairement - dans les quartiers Nord
mais également dans les autres arrondissements - dans des
logements de plus de 3 pièces. Ceci doit être rapproché
d’une faible mobilité résidentielle : les femmes âgées vivent
généralement dans le même logement depuis longtemps,
celui où elles ont élevé leurs enfants.

Nom bre de pièces dans lesquelles les fem m es im m igrées âgées


de 60 ans et plus vivent - pourcentages en colonne

100%
5,1 vivant dans
logement de
58,2 5 pièces ou
80% 36,7 plus
vivant dans
21,3 logement de
60% 3 ou 4
pièces
57,2
vivant dans
21,6
logement de
40%
1 ou 2
pièces
19,1
20% 55,8 25,1

0%
M aghreb UE à 15 Aut res pays

Dans les quartiers Nord, les femmes âgées d’origine


maghrébine vivent de manière privilégiée dans de grands
appartements. Elles représentent plus de 58% des femmes
âgées immigrées qui vivent dans des logements de 5
pièces ou plus, alors qu’elles ne représentent dans ces
arrondissements que 44,8% de la population des immigrées
de 60 ans et plus.
Ceci s’explique dans ces quartiers par une sur-
représentation de cette population originaire du Maghreb
d’une part dans les logements anciens des noyaux
villageois (type « maisons de ville ») avec un statut de
propriétaire, mais également dans les logements des
années 60 du parc HLM et des grandes copropriétés
privées, qui offre également beaucoup de grands
logements [cf. graphiques pages suivantes].

Note 3 : Rapport final page 19 Adeus groupereflex_


Synthèse des Etudes Locales – Pistes d’action
Les femmes âgées immigrées en Région PACA FASILD
Réalité statistique et visibilité sociale

Répartition des femmes immigrées âgées de 60 ans et plus selon la période de


construction du logement - comparaison par arrondissements -

500

450

immeuble
400
avt 1915
1915-1948
350

300 1949-1967

250 1968-1974

200 1975-1981

150
1982-1989
100
1990 ou
50 après

0
Arrdt centre Arrdt 4 à 12 Arrdt Nord 13- Arrdt centre Arrdt 4 à 12 Arrdt Nord 13- A rrdt centre Arrdt 4 à 12 Arrdt Nord 13-
(1-2-3) Maghreb 14-15-16 (1-2-3) UE à 15 UE à 15 14-15-16 UE à (1-2-3) Autres Autres pays 14-15-16
Maghreb Maghreb UE à 15 15 pays Autres pays

Répartition des fem m es im m igrées âgées de 60 ans et plus selon le statut


d'occupation

600
propriétaire

500

locataires
400 non HLM

300 locataire
HLM
200
loc ou sous-
100
loc meublé
ou chambre
d'hôtel
0 logés
A rrdt centre A rrdt 4 à 12 A rrdt No rd A rrdt centre A rrdt 4 à 12 A rrdt No rd A rrdt centre A rrdt 4 à 12 A rrdt No rd gratuits
(1-2-3) M aghreb 13-14-15-16 (1-2-3) UE à UE à 15 13-14-15-16 (1-2-3) A utres pays 13-14-15-16
M aghreb M aghreb 15 UE à 15 UE à 15 A utres pays A utres pays

Note 3 : Rapport final page 20 Adeus groupereflex_


Synthèse des Etudes Locales – Pistes d’action
Les femmes âgées immigrées en Région PACA FASILD
Réalité statistique et visibilité sociale

Répartition des femmes immigrées âgées de 60 ans et plus


selon le statut d'occupation dans les arrondissements Nord de
Marseille

100% 3,1 3,3


8,5
9,2
15,4
12,2 Logées
gratuits
80%
27,4 Location en
19,5 meublés

40,3 locataires
60% HLM

locataires non
HLM

40% Propriétaires

59,8 59,0

40,8
20%

0%
Maghreb UE à 15 Autres pays

Dans les quartiers nord, les femmes âgées immigrées


d’autres origines sont plus souvent propriétaires que les
Maghrébines. Celles-ci sont à l’inverse plus que les autres
logées dans le parc locatif, social comme privé.

Note 3 : Rapport final page 21 Adeus groupereflex_


Synthèse des Etudes Locales – Pistes d’action
Les femmes âgées immigrées en Région PACA FASILD
Réalité statistique et visibilité sociale

Les données de la Caisse d’Allocations Familiales


Ce n’est que sur le secteur de la CAF des Bouches-
du-Rhône que nous avons pu obtenir des données relatives
aux prestations sociales délivrées par cet organisme 3 .
C’est dans le 15ème arrondissement que le nombre
d’allocataires féminines de nationalité étrangère âgées de
60 ans et plus est le plus important. C’est le deuxième
arrondissement en poids démographique des femmes
âgées immigrées, derrière le 13ème où l’on trouve pourtant
moins d’allocataires. En regard du nombre de femmes
âgées immigrées, le 14ème arrondissement est celui où l’on
trouve proportionnellement le plus d’allocataires CAF.
Nombre de femmes âgées étrangères (CEE et hors CEE)
bénéficiant de prestations CAF en tant qu'allocataires ou
conjointe d'allocataire, dans les arrondissements Nord de
Marseille (source: CAF 13)

450 AUTRES
ETRANGERES
400 CONJOINTES
145
350 144
119 AUTRES
300 ETRANGERES
RESP. DOSSIER
250

200 CEE
264 CONJOINTES
150 218 228
66
100
CEE RESP.
50 10 68 DOSSIER
6 8
30 23 20 8
0
13ème 14ème 15ème 16ème

Ces éléments donnent un éclairage particulier sur la


précarité qui peut toucher les femmes âgées étrangères
des 14ème et 15ème arrondissements. Il n’est
malheureusement pas possible de comparer les chiffres
pour des problèmes d’années et de structures des
échantillons. La CAF se base sur les femmes de nationalité
étrangère, et les chiffres datent de 2005, tandis que nous
avons travaillé pour le reste des données statistiques sur les
femmes immigrées (étrangères ou françaises nées à
l’étranger) de 1999.

3 La CAF du Vaucluse nous a adressé une fin de non-recevoir ; la Caf des Alpes-Maritimes
nous a adressé un devis qui nous a paru prohibitif en regard des données recherchées et de
la finesse de l’approche territoriale à laquelle il était possible de les obtenir.

Note 3 : Rapport final page 22 Adeus groupereflex_


Synthèse des Etudes Locales – Pistes d’action
Les femmes âgées immigrées en Région PACA FASILD
Réalité statistique et visibilité sociale

L’analyse de la nature des prestations reçues par ces


femmes âgées de nationalité étrangères nous renseigne
également sur différents éléments. Dans les 13ème, 14ème et
16ème arrondissements, plus de 80% des prestations relèvent
de l’APL. Il s’agit donc d’aides au logement versées à des
femmes logées dans le parc social. Dans le 15ème
arrondissement, la part des bénéficiaires de l’ALS est plus
importante : il s’agit d’une aide au logement sous
conditions de ressources pour les personnes vivant dans le
parc privé.

Répartition des prestations CAF selon les arrondissements et selon le


statut du bénéficiaire (source: CAF 13)

100%

90%
APL
80%

70%
ALS
203
199 115 1095
60% 218 62
110 127 ALF
61
50%

AAH
40%

30% API
68
20%
37
25 221 RMI
34
10% 5 6 6 13
18 20 5
24 6 17
5
0
18 15 57
0%
TOTAL
CONJOINTE - 14ème

DOSSIER - 14ème

CONJOINTE - 15ème

DOSSIER - 15ème

CONJOINTE - 16ème

DOSSIER - 16ème
DOSSIER - 13ème
CONJOINTE - 13ème

RESPONSABLE

RESPONSABLE

RESPONSABLE
RESPONSABLE

La troisième allocation la plus importante en nombre


est le Revenu Minimum d’Insertion, qui peut dans certains
cas être perçu par des femmes âgées de 60 ans ou plus.

Note 3 : Rapport final page 23 Adeus groupereflex_


Synthèse des Etudes Locales – Pistes d’action
Les femmes âgées immigrées en Région PACA FASILD
Réalité statistique et visibilité sociale

Il est également important de noter que certaines


femmes âgées bénéficient de l’ALF (Allocation Logement
Familial 4 ) et de l’API (Allocation Parent Isolé), ce qui
confirme le fait que certaines femmes âgées célibataires
ou veuves ont des enfants à charge.

Répartition des femmes âgées immigrées allocataires CAF ou


conjointes d'allocataire, selon les type de prestation, dans les
arrondissements Nords de Marseille (13 à 16) (source CAF 13)

1095

221

57

17
5

RMI AAH ALF ALS APL

Globalement, à l’échelle des 4 derniers


arrondissements, 95% des prestations dont bénéficient les
femmes âgées immigrées concernent les aides au
logement (APL, ALS, ALF).

4L’Allocation de logement familiale (ALF)concerne les personnes qui n'entrent pas dans le
champ d'application de l'APL et qui ont des enfants (nés ou à naître) ou certaines autres
personnes à charge, ou forment un ménage marié depuis moins de 5 ans, le mariage ayant
eu lieu avant les 40 ans de chacun des conjoints

Note 3 : Rapport final page 24 Adeus groupereflex_


Synthèse des Etudes Locales – Pistes d’action
Les femmes âgées immigrées en Région PACA FASILD
Réalité statistique et visibilité sociale

1.3 Cadrage statistique : Nord-Vaucluse

Le département du Vaucluse regroupe 8,4% de la


population féminine immigrée âgée de 60 ans et plus de la
région, soit 6 476 femmes toutes origines confondues. Bien
que l’effectif des femmes immigrées âgées soit plus
important dans certaines communes comme Avignon, il
est intéressant d’étudier le nord du département que nous
pouvons qualifier comme étant une zone rurale.
Pour ce territoire Nord-Vaucluse, nous avons travaillé
sur les communes de Valréas, Bollène, Vaison La Romaine
et Orange. C’est à Bollène que la part des femmes âgées
immigrées dans la population totale est la plus importante
(1,4%) ; mais c’est à Orange que la population immigrée
âgée de 60 ans ou plus est la plus féminine (52,6%) et que
la population féminine immigrée est la plus âgée (25,7% de
personnes de 60 ans et plus parmi les femmes immigrées).
C’est également dans cette commune que le nombre de
femmes âgées immigrées est en forte augmentation
(+8,5%) entre 90 et 99. Néanmoins, cette croissance reste
inférieure à celle du département, largement alimentée
par Avignon, mais également par les toutes petites
communes sur lesquelles nous n’avons pas pu obtenir de
données (seuil des 5.000 habitants non-atteint).

Part des
Part des Part des évolution
femmes
femmes femmes de 90/99 du
immi Femmes Femmes âgées
dans la 60 ans et + nombre de
Pop pop agés femmes âgées âgées immigrées
population dans la femmes
totale99 immi99 de 60 immigréesimmigréesimmigrées dans la
immigrée population immigrées
et + en 1990 en 1999 population
de 60 ans et immigrée de 60 ans
totale en
+ féminine ou +
1999
Bollène 14 151 1 848 404 940 192 196 1,4% 48,5% 20,9% 2,0%
Orange 27 902 3 117 624 1 274 300 328 1,2% 52,6% 25,7% 8,5%
Vaison-la-
Romaine 5 877 592 144 300 76 72 1,2% 50,0% 24,0% -5,6%
Vaucluse 491 307 45 890 12 612 23 208 5 824 6 476 1,3% 51,3% 27,9% 10,1%

Note 3 : Rapport final page 25 Adeus groupereflex_


Synthèse des Etudes Locales – Pistes d’action
Les femmes âgées immigrées en Région PACA FASILD
Réalité statistique et visibilité sociale

Sur l’ensemble de ces 4 communes, les femmes


âgées immigrées sont généralement issues de l’Union
Européenne à 15, alors que les femmes issues des pays hors
UE et hors Maghreb sont les moins représentées.

Pourcentage des femmes


Femmes immigrées âgées
immigrées âgées de 60 ans et
Origines de 60 ans et plus en 1999
plus en 99
UE à 15 4 753 73,4%
Maghreb 1 124 17,4%
Autres pays hors UE et hors Maghreb 599 9,3%

C’est à Orange que la population des femmes âgées


immigrées apparaît le plus diversifiée en terme d’origines.
Près d’une sur trois y est originaire du Maghreb, contre une
sur quatre à Bollène.

Répartition selon l'origine des femmes immigrées âgées de 60 ans


et plus en 1999 dans les villes du Nord Vaucluse

9) Autres pays
4 d'Europe
100% 28 8
8 8) Union
90% européenne à 15

80% 7) Amérique-
Océanie
70% 6) Asie
136 188
60%
96
5) Turquie
50% 60

40% 4) Autres pays


d'Afrique
30% 4 20 3) Tunisie
12 12
20%
8 2) Maroc
36 64
10%
12
4
0% 1) Algérie
84019- 84087-ORANGE 84137-VAISON- 84138-
BOLLENE LA-ROMAINE VALREAS

Dans ces deux communes, ce sont les femmes issues


d’Algérie qui sont les plus nombreuses, comme nous le
confirme le graphique suivant.
A Vaison la Romaine, seules les femmes originaires du
Maroc sont représentées. Ceci va à l’encontre des
représentations traditionnellement admises d’une sur-
représentation des immigrés originaires du Maroc dans le

Note 3 : Rapport final page 26 Adeus groupereflex_


Synthèse des Etudes Locales – Pistes d’action
Les femmes âgées immigrées en Région PACA FASILD
Réalité statistique et visibilité sociale

Vaucluse, employés dans


Répartition des femmes immigrées originaires du Maghreb et
âgées de 60 ans et plus dans le nord du Vaucluse l’agriculture. Cette répartition
selon l’origine de ne retrouve
80 pas pour les femmes âgées.

64

60
Des femmes âgées
immigrées qui vivent
Algérie
plus souvent en famille
Maroc que dans les autres
40 36
Tunisie territoires
Pour ce qui est de la
20
20 situation matrimoniale, les
12 12 12 femmes immigrées âgées
4 4
8 originaires du Maghreb sont
autant mariées que veuves
0
BOLLENE ORANGE VAISON-LA-ROM AINE VALREAS dans le département du nord
Vaucluse, respectivement 76
mariées et 72
Répartition des femmes immigrées âgées de 60 ans et plus selon la
veuves. Les
situation matrimoniale femmes issues
des autres
120 célibatair pays sont plus
e souvent
Mariée
veuves, tout
100 Veuve
comme celles
Divorcée issues de l’UE à
15. Par contre,
80
la situation
matrimoniale
60 des femmes
immigrées ne
se distribue
40 pas de la
même
manière.
20
Comme nous
avons pu le
0
constater
BOLLENE ORANGE VAISON-LA-
ROMAINE
VALREAS BOLLENE ORANGE VAISON-LA-
ROMAINE
VALREAS BOLLENE
auparavant,
ORANGE VAISON-LA-
ROMAINE
VALREAS

Maghreb
M h b
Autres pays UE à 15 les seules
femmes vivant
dans la commune de Vaison la Romaine sont d’origine
marocaine. Grâce à ce graphique nous savons que toutes
sont mariées. Mais le graphique suivant nous informera sur
la distribution spatiale de la situation matrimoniale des
femmes selon leur origine.

Note 3 : Rapport final page 27 Adeus groupereflex_


Synthèse des Etudes Locales – Pistes d’action
Les femmes âgées immigrées en Région PACA FASILD
Réalité statistique et visibilité sociale

Répartition des femmes immigrées originaires du Maghreb selon leur


origine

35

célibataire
Mariée
30
Veuve
Divorcée
25

20

15

10

0
BOLLENE ORANGE VAISON- VALREAS BOLLENE ORANGE VAISON- VALREAS BOLLENE ORANGE VAISON- VALREAS
LA- LA- LA-
ROMAINE ROMAINE ROMAINE

Algérie Maroc Tunisie

Les femmes originaires d’Algérie sont autant mariées


que veuves, respectivement 40 et 44, alors que les celles
issues du Maroc sont généralement mariées, elles
représentent 60% des femmes âgées. Les femmes
originaires de Tunisie
sont quant à elles
Répartition des femmes immigrées âgées de 60 ans et plus
selon la taille du ménage dans le nord Vaucluse
majoritairement
200 veuves, elles sont
188 188
62,5%. Pour ces deux
180 vivant dernières origines, on
seules
ne retrouve pas de
160
femmes âgées
140
célibataires,
vivant dans contrairement aux
un ménage
120 de 2 femmes algériennes.
personnes
100
Une des
84 caractéristiques de ces
vivant dans
80 un ménage territoires est une
60 de 3 ou 4 proportion
personnes
60
48 sensiblement plus faible
40 36
32
de femmes qui vivent
vivant dans
28
24 un ménage seules, comparée aux
20 de 5 autres secteurs de
8 personnes
4
ou plus l’étude.
0
MAGHREB AUTRES PAYS UE 15

Note 3 : Rapport final page 28 Adeus groupereflex_


Synthèse des Etudes Locales – Pistes d’action
Les femmes âgées immigrées en Région PACA FASILD
Réalité statistique et visibilité sociale

Répartition des fem m es im m igrées âgées de 60 ans et plus selon


la taille du logem ent dans le nord Vaucluse

300

280
280
260 vivant dans
240 logement de 1
220 ou 2 pièces
200
vivant dans
180
logement de 3
160 148 ou 4 pièces
140
vivant dans
120
logement de 5
100
pièces ou
80
100
60 48
40
40 24 24
8
20 28
0
MAGHREB AUTRES PAYS UE 15

En terme de logements, les caractéristiques sont


sensiblement les mêmes que sur les autres territoires : les
femmes âgées immigrées vivent plutôt dans de grands
logements (3 pièces et plus), et ce quelle que soient leur
origine.
Répartition des femmes immigrées âgées de 60 ans et plus selon le
statut d'occupation du logement
120

Maghreb Autres pays UE à 15 propriétaire


100

location non
80 HLM

60
location HLM

40
loc ou sous-
loc meublé
20 ou chambre
d'hôtel
logés gratuits
0
BOLLENEORANGE VAISON- VALREASBOLLENEORANGE VAISON- VALREASBOLLENEORANGE VAISON- VALREAS
LA- LA- LA-
ROMAINE ROMAINE ROMAINE

Note 3 : Rapport final page 29 Adeus groupereflex_


Synthèse des Etudes Locales – Pistes d’action
Les femmes âgées immigrées en Région PACA FASILD
Réalité statistique et visibilité sociale

Les statuts d’occupation sont d’une part liés à la


typologie du Parc de logement, d’autre part à l’origine des
migrantes âgées. L’accueil dans le parc locatif social se
fait là où il existe, c’est à dire principalement à Orange, et
dans une moindre mesure dans les autres communes. On
note que c’est un des statuts d’occupation les plus
fréquents pour les femmes âgées d’origine maghrébine,
notamment sur cette commune d’Orange. Les femmes
âgées d’origine européenne sont beaucoup plus souvent
propriétaires de leur logement.

Les femmes originaires de l’UE à 15 représentent 73,4%


de la population féminine immigrées âgées de 60 ans et
plus de ces territoires et sont plus nombreuses à vivre dans
la commune d’Orange. Elles sont majoritairement veuves
et vivent autant seules que dans un ménage de deux
personnes. Elles vivent principalement dans des logements
de 3 et 4 pièces dont elles sont propriétaires.
Les femmes originaires du Maghreb, représentant
17,4% de la population féminine immigrées âgées de 60
ans et plus de ces 4 communes, vivent pour plus de la
moitié d’entre elles (56%) à Orange. Elles sont plus souvent
mariées, mais vivent pourtant majoritairement seules. Elles
sont généralement locataires d’un logement ayant entre 3
et 4 pièces, le plus souvent dans le parc social.
Les femmes originaires des autres pays hors UE et hors
Maghreb ne représentent que 9,3% de la population
féminine immigrée âgée de 60 ans et plus. Majoritairement
veuves, elles vivent le plus souvent seules dans des
logements de 3 ou 4 pièces dont elles sont propriétaires.

Note 3 : Rapport final page 30 Adeus groupereflex_


Synthèse des Etudes Locales – Pistes d’action
Les femmes âgées immigrées en Région PACA FASILD
Réalité statistique et visibilité sociale

2 Une approche genrée ?

A
partir d’une série d’entretiens réalisés auprès
de femmes âgées immigrées, en face à face
ou en groupe dans le cadre de réunions
associatives, nous avons tenté de dégager les
caractéristiques qui rendent spécifique la migration
féminine. Ces informations concernent essentiellement les
femmes d’origine maghrébine, celles-ci étant plus
représentées et plus « structurées » au niveau associatif. Il
s’agit d’un tentative de typologie, exercice forcément
réducteur quant à la diversité des situations observées. Les
« limites » entre les différents profils sont perméables,
certaines parcours peuvent emprunter des éléments à
plusieurs situations décrites. Mais c’est dans un soucis de
clarté que nous avons opté pour cette présentation.

2.1 Des parcours migratoires différents…

On observe chez les femmes immigrées plusieurs


formes de parcours migratoires, que nous avons regroupés
selon trois grandes « familles ».
Des femmes qui ont suivi ou rejoint un époux en situation de
travail
Le premier parcours migratoire, celui que l’on
retrouve le plus souvent chez les femmes d’origine
maghrébine, est celui de femmes qui ont rejoint un
conjoint plus ou moins longtemps après la migration de
celui-ci. M., 73 ans : « Moi, je suis venue en France vers les
années 50… 53, je sais plus très bien. J’avais même pas
vingt ans, et dès que j’ai été mariée, mon mari il est venu
en France, pour faire comme les autres du village, parce
qu’on disait là-bas qu’il y avait beaucoup de travail ici en
France. Il était venu pour faire le paysan, comme au pays,
alors il était à Bollène et il travaillait aux champs. Moi je suis
venue quelques mois après, j’étais déjà enceinte. Alors je
suis venue aussi à Bollène. […] Je restais à la maison, je
sortais pas, je m’occupais des enfants… je faisais le
ménage. […] Après, j’ai travaillé un peu pour le patron de
mon mari, pour les vendanges ou pour ramasser les
pommes de terres ou les salades […]. Après, mon mari il a
été au chômage, et c’est là qu’on est venu à Marseille,
parce que son ami il avait trouvé du travail ici, mais dans le

Note 3 : Rapport final page 31 Adeus groupereflex_


Synthèse des Etudes Locales – Pistes d’action
Les femmes âgées immigrées en Région PACA FASILD
Réalité statistique et visibilité sociale

bâtiment. […] Ici, j’ai jamais travaillé… toujours, je suis


restée à la maison. On a eu six enfants. Quand le
cinquième il est né, on a déménagé dans une maison
dans le 15ème arrondissement, à St Louis […]. C’est vieux,
c’est un peu grand maintenant que je suis toute seule,
mais où tu veux que j’aille ? C’est ici ma maison… » 5 .
N., 80 ans : « Je suis venue ici pour rejoindre mon
mari… je voulais pas rester seule dans son village… tu sais,
une femme seule dans une maison, elle est souvent
harcelée… C’est pour ça… […] mon mari, il avait du travail
dans les champs, les pommes de terres, les pommes… il
travaillait à côté de Dignes […] J’avais qu’un seul enfant
quand je suis venu le rejoindre, l’autre il est né après, ici en
France, c’est son pays. […] La femme du patron venait me
voir de temps en temps et elle apportait toujours des
bonbons ou des gâteaux pour les enfants ; elle m’a
toujours dit, si tu as besoin de quelque chose, tu viens
sonner, parce qu’elle m’avait montré la sonnette de sa
maison. Quand je faisais le couscous ou le pain, je lui en
donnais et le lendemain elle me regardait et elle
embrassait ses mains, elle me disait ‘c’est du beurre ce que
vous faites’ […]. Mon mari, quand je l’ai rejoint, il n’y avait
que très peu de voitures, c’est les chevaux qui tractaient
les gens à cette époque !… alors ça fait longtemps ! […]
Moi je travaillais pas dans les champs, je restais à la maison
à faire le ménage, la lessive… tu sais il n’y avait pas de
machine à laver le linge à l’époque […]. Je sais plus
combien on est resté à Digne… quelques années et on est
parti parce qu’on avait pas assez d’argent. Un copain à
mon mari, il lui a dit que le bâtiment ça payait mieux, alors
il a travaillé dans le bâtiment, maçon… […] Mais là où on
était, il n’y avait pas trop de travail, parce que le travail en
bâtiment, tu peux le faire que là où il y a beaucoup de
monde qui habite, alors on est parti à Marseille… pour le
travail. Il y avait beaucoup d’Arabes ici, il a vite trouvé du
travail… tu sais le bouche à oreille. Mon mari sortait un peu
et vite il a trouvé du travail, il n’est jamais resté au
chômage, c’était un travailleur… Mais voilà, avec le travail
qu’il faisait, où ça l’a mené ?… il est mort, usé par son
travail, la poussière, la fatigue… […] Et avec tout ce qu’il a
travaillé, tout ce qu’il a fait pour la France, moi aujourd’hui,
j’ai droit a rien… regarde… ma retraite, c’est quoi [500 €
de pension de réversion, ndr] ?… comment je fais pour
vivre ? et en plus il a fallu que je me batte pour qu’ils me la
donnent… »

5 entretien

Note 3 : Rapport final page 32 Adeus groupereflex_


Synthèse des Etudes Locales – Pistes d’action
Les femmes âgées immigrées en Région PACA FASILD
Réalité statistique et visibilité sociale

Ce type de parcours est le plus fréquent, notamment


sur Marseille : Migration du conjoint, seul, en tant qu’ouvrier
agricole dans le Vaucluse ou les Alpes-de-Haute-
Provence ; sa femme le rejoint alors qu’elle est enceinte ou
a déjà un premier enfant ; Suite à une période de
chômage du conjoint, « exode rural » dans les quartiers
nord de Marseille, où le mari travaille dans le bâtiment.
Souvent à partir de ce moment, la femme ne travaille plus
et se consacre à ses enfants.

Décès du conjoint,
Chômage du conjoint
Naissance du premier enfant

départ des enfants


Nouvel emploi du conjoint
Migration du Migration « exode La vie est
conjoint dans féminine rural » ; centrée sur
une zone La femme installation en le foyer et
agricole reste au foyer zone urbaine. sur le
mais peut La femmes quartier
être amenée reste au foyer
à travailler
aux champs

1940-1950 1950 à 1970 1980 1990 2000

Mme T.K « Je suis née en 1937 à Kercha, en Algérie…


mon mari est venu en France en 1952, et il m’a demandé
en mariage en 1957. Il est resté trois mois et il est reparti en
France, j’étais alors enceinte de ma première fille. […] Je
vivais avec sa famille, chez ses parents. On menait une vie
de paysans, je trayais les vaches et les brebis, je
m’occupais de la maison. […] Comme je ne m’entendais
pas avec ma belle-mère, je suis partie de la maison. J’ai du
me débrouiller toute seule pour trouver un toit. Lui il
travaillait en France et il m’envoyait de l’argent […] Quand
j’ai eu mes deux premiers enfants, il m’a demandé de
l’accompagner, mais j’ai refusé. J’ai préféré rester pour
m’occuper des enfants. Je voulais qu’ils fassent des
études, qu’ils soient bien nourris et qu’ils aient un bel avenir
[…] les enfants ont grandi sans la présence de leur père.
Comme ils ne le voyaient qu’une fois par an, ils ne le
craignaient pas. […] Pendant une vingtaine d’années, je
faisais les allers et retours entre ici et là-bas. Je venais le voir

Note 3 : Rapport final page 33 Adeus groupereflex_


Synthèse des Etudes Locales – Pistes d’action
Les femmes âgées immigrées en Région PACA FASILD
Réalité statistique et visibilité sociale

et je repartais. A l’époque il ne fallait pas de visa. […]


Maintenant que les enfants sont grands et que chacun a
sa petite vie, j’ai décidé de venir vivre avec lui ici en
France. Les procédures du regroupement familial sont très
longues, mais je suis arrivée en 2002 […] 6 »

On notera que dans les secteurs ruraux que nous


avons étudiés, on retrouve la première phase de ce
parcours migratoire, qui se rompt à la phase d’exode rural.
Les familles sont restées vivre dans les territoires du Nord-
Vaucluse par exemple. C’est également sur ces territoires
que l’on observe encore ce type de profils migratoires de
femmes qui viennent rejoindre un conjoint installé, la
migration féminine pouvant avoir lieu alors que le conjoint
est déjà à la retraite [cf. note 2], même si on le retrouve
également en ville (3ème extrait d’entretien).

Des femmes qui ont migré en famille, plus récemment


Certaines femmes ont migré avec leur conjoint et
leurs enfants, en famille. Ces profils sont plus rares chez les
femmes âgées, ces migrations semblant correspondre à
une période encore récente et souvent liées aux
conditions socio-politiques. Il s’agit généralement de
familles déjà urbaines dans le pays d’origine, ayant
souvent un niveau social relativement élevé, lequel a
souvent été perdu lors de l’arrivée en France.
Certaines de ces familles ont migré dans les années
50 à 70, mais la majorité plus récemment, en lien avec les
conflits dans les pays d’émigration ; on retrouve ainsi
beaucoup de femmes algériennes ayant migré en famille
dans les années 90, mais c’est également dans ce profil
que l’on retrouve la plupart des personnes originaires
d’Europe de l’Est et d’Afrique sub-saharienne.
K., 56 ans : « On est venu en 94… Mon mari travaillait
en Algérie, moi j’avais arrêté quand j’ai eu mon premier
fils… […] Là-bas, j’avais fait des études de comptabilité,
mais ici, j’ai pas pu trouver du travail… nos diplômes, ils
valent rien ici, il aurait fallu que je recommence tout… alors
je suis restée m’occuper de la maison, même si les enfants
ils étaient déjà un peu grands, ils n’avaient plus besoin de
moi tout le temps comme quand ils sont petits… Mais moi,
au départ, je pensais que j’allais travailler de nouveau […].
On est venu parce qu’on avait peur, on voulait pas que

6 extrait des récits réalisés par l’association « Les Chibanis »

Note 3 : Rapport final page 34 Adeus groupereflex_


Synthèse des Etudes Locales – Pistes d’action
Les femmes âgées immigrées en Région PACA FASILD
Réalité statistique et visibilité sociale

nos enfants y grandissent dans la guerre, et puis ici, c’était


plus facile pour qu’ils aient une bonne éducation, qu’ils
aillent à l’école, qu’ils fassent des études […]. Ça a été dur
pour le plus grand, les autres ça va… […] Mon mari, il a pas
trouvé du travail tout de suite, c’était difficile… On est venu
ici [à Marseille, ndr.] parce qu’on connaissait un peu, il y
avait la famille et tout, qui nous ont hébergés au début…
[…] Après mon mari a trouvé du travail, mais dans le
bâtiment, et des fois il travaillait pas… c’était pas régulier.
Aujourd’hui il est à la retraite, mais on n’a pas grand
chose… Il n’a pas travaillé assez longtemps ici, alors… mais
ça va, on arrive à s’en sortir, parce qu’aussi je parle bien
français, je l’avais appris là-bas, au pays, alors j’arrive à me
débrouiller. C’est pas comme ceux qui sont arrivés y a 30
ans, ou 40 ans, et dès fois leurs femmes elle parle même
pas français… Qu’est-ce qu’elles ont fait pendant tout ce
temps ?… » 7

Si dans le premier parcours migratoire, la décision


revenait à l’homme et la migration féminine semblait liée à
la naissance d’un enfant, elle est ici davantage liée à une
cause externe (conflit principalement). Face à une
situation qui paraît dangereuse, c’est le couple qui décide
de migrer, dans le souci notamment d’assurer un avenir
« serein » aux enfants.

Des femmes qui ont migré seules


Le troisième profil rencontré est celui de femmes
ayant migré seules. Les situations sont néanmoins très
variées. On observe en effet des femmes qui ont migré
seules dès les années 50-60, « des femmes qui ont migré
comme des hommes 8 », pour un motif principalement
économique. Leur situation est assez semblable à celles
des vieux immigrés maghrébins, entre ici et là-bas. Mais
également des femmes célibataires avec ou sans enfants,
des femmes ayant fuit un mariage dont elles ne voulaient
pas, des femmes ayant suivi un « patron »… La migration
est pour elles une véritable rupture, tant géographique que
familiale, les liens avec le pays ayant souvent étés rompus.
D., 68 ans : « Pourquoi je suis venue en France ?… ben
c’est la vie, hein… […] Au pays [en Tunisie, ndr.], je

7 entretien
8 entretien responsable associatif

Note 3 : Rapport final page 35 Adeus groupereflex_


Synthèse des Etudes Locales – Pistes d’action
Les femmes âgées immigrées en Région PACA FASILD
Réalité statistique et visibilité sociale

travaillais pour un patron, il avait des terres, des cultures, je


m’occupais de la maison, je faisais à manger, le linge, je
gardais les enfants… c’était bien, c’était un bon patron, je
vivais là-bas et tout. Puis après, vers… 71, je crois ou 72, il
est revenu en France, parce que c’était un Français… et
puis il m’a dit ‘qu’est ce que tu vas faire ici ?’… Moi je
savais pas, je lui ai dit que j’allais voir et il m’a dit que si je
voulais je pouvais venir avec lui et continuer pareil. Alors je
suis partie […]. Ma famille elle a pas trop accepté, parce
que je partais comme ça, j’avais pas de mari, ils disaient
que j’étais comme une esclave… mais être l’esclave d’un
patron ou d’un mari, hein… alors… […] Au début, c’était
dans le Var, je travaillais pareil… Et puis après, comme ça, il
m’a dit qu’il pouvait plus me garder, il a cherché des
explications, mais je sais pas pourquoi… […] Alors je suis
venue ici [à Nice, ndr.] et j’ai commencé à travailler
comme femme de ménage. Mais là c’était dur, parce
qu’en plus je devais payer un logement et tout… […] Je
pouvais plus envoyer d’argent à la famille, alors là ça a
vraiment été la fin… pour eux j’étais perdue ! […] Voilà,
c’est ça ma vie… j’ai été toujours toute seule, j’ai pas eu ni
mari ni enfants… alors pour une femme… 9 »
K., 74 ans : « J’étais la deuxième fille, et mes parents ils
ont attendu longtemps avant d’avoir un garçon… Alors à
cette époque, il fallait partir pour trouver du travail et de
l’argent. C’était à Oujda [frontière Est du Maroc, ndr.] et
pour trouver du travail il fallait partir… et comme j’étais la
deuxième c’est moi qui suis partie… […] Je suis venue à
Marseille, mais j’ai travaillé aussi à Nice, à Marseille, à
Nîmes, je connais pleins d’endroits. J’ai toujours fais femme
de ménage, m’occuper des maisons, des enfants… hé
oui… […] Mais c’est pas facile, parce que je sais pas lire,
alors hein, pour faire les choses… c’est pas facile… En plus
aujourd’hui je suis vieille, je suis fatiguée, regarde, je peux
plus faire les choses comme avant… […] Quand je
travaillais, c’est ma patronne qui m’aidait pour faire les
choses, la banque, les papiers. Moi, j’ai toujours été voter,
depuis que je suis française ! mais comme je sais pas lire,
c’est ma patronne qui me disait quel papier je devais
mettre… Mais maintenant, comme je travaille plus, y a plus
personnes pour m’aider, alors je vais plus voter ! hé oui
[rires]… A chaque fois, faut que mes voisins ils m’aident,
pour le courrier, pour les papiers… […] Ici, j’ai mes neveux
et ma nièce, ils viennent tout le temps, mais que pour
prendre des trucs dans le frigo ou pour me demander de

9 entretien

Note 3 : Rapport final page 36 Adeus groupereflex_


Synthèse des Etudes Locales – Pistes d’action
Les femmes âgées immigrées en Région PACA FASILD
Réalité statistique et visibilité sociale

l’argent, ou pour que je garde le petit… Mais pas pour


m’aider… […] C’est moi qui les ai élevés, ils sont venus en
France parce que j’étais là, je les ai… comment on dit…
adoptés ? C’est comme mes enfants, sauf que des enfants
j’en ai jamais eu ! c’est les enfants de ma sœur, mais elle,
elle est restée à Oujda. […] je vais la bas, au moins deux
fois par an, mais ça me fatigue… il fait chaud, il y a tout le
monde, alors je sors pas, je reste dans la maison… je vais
plus y aller je crois… […] C’est dur tu sais… parce que
regarde, ce que la retraite elle me donne… et après le
loyer, les charges elles augmentent, et tout… et l’argent
pour aller au bled, et j’envoie un tout petit peu, et quand
M. [le neveu] il vient il faut que je lui donne aussi un peu…
pourtant il travaille, hein, mais y a la voiture et tout… et
j’achète à manger pour le petit [fils de sa nièce], parce
que elle… elle sait pas, avec elle il mange rien ! […] Alors tu
vois, à la fin, y reste pas grand chose hein… 10 »

Ces deux extraits d’entretiens illustrent les parcours


migratoires de ces femmes qui ont migré seules, la
migration pouvant être un choix individuel – émancipation,
autonomie - ou pouvant relever, comme pour les hommes,
d’une émigration « ordonnée » (comme cela semble être
le cas dans le deuxième entretien).

10 entretien

Note 3 : Rapport final page 37 Adeus groupereflex_


Synthèse des Etudes Locales – Pistes d’action
Les femmes âgées immigrées en Région PACA FASILD
Réalité statistique et visibilité sociale

2.2 … qui se traduisent par des légitimations différentes de la migration


féminine.
Les différents parcours migratoires observés et décrits
ci-avant se traduisent, pour les femmes elles-mêmes, par
des légitimations différentes de leur migration. Pour
certaines, leur migration leur semble un fait « naturel »,
puisque c’était leur rôle d’épouse de rejoindre leur mari, à
qui a incombé cette décision. Pour d’autres, la migration a
relevé d’un choix de vie, qui vient souvent se masquer
derrière « les enfants ». Venir en France, c’était pour elles
assurer aux enfants une scolarité de qualité, un cadre de
vie, etc. C’est en fait une minorité qui déclare être venue
pour son propre épanouissement. Néanmoins, ces différentes
légitimations se combinent. Il est bien entendu qu’une
femmes venue rejoindre son mari peut tout à fait avoir été
elle-même porteuse du projet migratoire. L’explicitations ci-
après vient schématiser les différents processus observés,
dans le soucis d’apporter un éclairage sur la diversité des
situations.

Venir en France pour être avec son mari…


Comme nous l’avons vu, la majorité des femmes
rencontrées déclarent être venue en France pour rejoindre
un conjoint déjà installé et travaillant ici. Le « déclencheur »
de la migration féminine est souvent l’arrivée du premier
enfant. Les femmes insistent parfois sur le rôle de l’époux
dans leur venue. « Quand mon premier fils est né, mon mari
a voulu que je le rejoigne, il voulait le voir grandir, même si
c’est moi qui m’en suis occupé… ». « Je vivais chez ma
belle-famille, dans la maison des parents de mon mari. Ça
se passait bien, je m’entendais bien avec ma belle-mère,
j’aidais à la maison. Et puis quand le petit il a eu 8 mois,
mon mari il est rentré pour les vacances et il a dit que
j’allais avec lui en France, qu’il s’était occupé de tout, qu’il
avait fait la demande et qu’il avait les papiers… Moi, je
voulais pas trop partir, j’avis peur, je connaissais pas, je
parlais pas, j’avais le petit et je devais tout quitter, tout le
monde, la famille… 11 »
Certains travailleurs sociaux vont dans le même sens,
et précisent que cette décision masculine d’une migration
féminine se trouve encore, notamment chez certains
hommes préparant la venue de leur compagne pour leur
retraite.

11 entretiens

Note 3 : Rapport final page 38 Adeus groupereflex_


Synthèse des Etudes Locales – Pistes d’action
Les femmes âgées immigrées en Région PACA FASILD
Réalité statistique et visibilité sociale

Avec l’absence de projet migratoire propre, une


forme de passivité dans la migration, celle-ci peut être
interprétée comme une perpétuation de la relation de
domination à l’époux et à la famille. Ce n’est pas la
femme elle-même qui fait le choix de la migration, mais
bien son époux, sa famille, voire un groupe social plus large
tel que c’était le cas dans l’émigration ordonnée (SAYAD,
1999). Néanmoins, cette légitimation de la migration passe
également très souvent par les enfants, et donc par les
femmes elles-mêmes : « Moi, ce que je voulais, c’était le
meilleur pour mes enfants, une bonne vie, une bonne
école, c’est ça que je voulais quand j’ai accepté de
rejoindre mon mari… et c’est ça qui me donnait envie de
venir 12 ».

… ou pour y trouver, pour soit-même et sa famille, meilleures


conditions de vie et épanouissement personnel
Bien que le conjoint soit presque toujours évoqué
comme étant à l’origine de la migration féminine, les
femmes n’en sont pas pour autant moins actives dans le
projet migratoire. Nous l’avons vu, l’éducation et l’avenir
des enfants jouent un rôle primordial dans ce projet. Si
c’est souvent la venue au monde d’un enfant qui a poussé
une femme à rejoindre son conjoint en terre d’immigration,
c’est encore les enfants qui motivent à rester en France,
rendant hypothétique le retour au pays. « C’est ici que j’ai
élevé mes enfants, qu’ils ont grandis. L’Algérie, ils ne
connaissent pas, ils veulent même pas y aller pour les
vacances… Alors si leur pays c’est ici, je me dis que j’ai
bien fais de venir, même si au début je savais pas trop… »
Ainsi, même si elles n’apparaissent pas directement
porteuses du projet migratoire, les femmes y contribuent la
plupart du temps.
Pour certaines, porteuses d’une dynamique
d’émancipation, la migration est un acte personnel. C’est
typiquement le cas des femmes qui ont émigré seules – et
souvent dans une recherche directe d’émancipation
familiale et sociale – mais également le cas des femmes
qui ont migré en famille : c’est la recherche d’un meilleur
pour leur famille et pour elles-mêmes qui a motivé la
migration. Elles ont participé pleinement à la décision de
quitter un pays pour venir s’installer en France.

12 entretien

Note 3 : Rapport final page 39 Adeus groupereflex_


Synthèse des Etudes Locales – Pistes d’action
Les femmes âgées immigrées en Région PACA FASILD
Réalité statistique et visibilité sociale

2.3 Tentative de typologie : une « échelle de précarité » des publics, liée


aux parcours migratoires
Au cours de nos investigations, nous avons pu
identifier plusieurs types de public, s’inscrivant dans des
trajectoires migratoires différentes et présentant des degrés
de « risques de précarisation » plus ou moins élevés. Encore
une fois, le risque inhérent à toute exercice de typologie
est d’être réducteur quant à la diversité des situations. Il est
donc bien entendu que les profils présentés ci-après sont
théoriques est visent à faciliter l’appréhension de ce
public. Ils ne doivent pas masquer la « perméabilité » qui
existe entre les différentes situations.

Des femmes âgées impliquées dans la vie locales, maîtrisant


bien la langue française
Des femmes actives dans le projet migratoire, souvent dans une
dynamique d’émancipation

La majorité des femmes âgées originaires de l’Union


Européenne à 15 (essentiellement des trois pays de
l’Europe du Sud : Italie, Espagne, Portugal), ainsi qu’une
minorité des femmes âgées originaires du Maghreb,
présentent un profil particulier. Il s’agit pour l’essentiel de
femmes ayant migré avant les années cinquante, en
général en compagnie de leur conjoint, mais pas
uniquement dans le but « de suivre le mari ». Il est
intéressant de noter que ce sont ici des femmes elles-
mêmes porteuses d’un projet migratoire, et qui se sont par
conséquent inscrites pour elles dans une démarche
d’intégration : elles ont en majorité fait une carrière
professionnelle, éventuellement suivi des formations en
France après avoir été scolarisées au pays, se sont inscrites
dans les mouvements revendicatifs des années 80, et sont
aujourd’hui encore souvent impliquées dans le
mouvement associatif. Elles maîtrisent bien la langue
française.
Il est significatif de préciser que ce sont souvent ces
femmes qui sont porteuses ou à l’origine des associations
qui interviennent auprès des autres femmes âgées
immigrées. Ainsi, une femme âgée d’origine espagnole,
responsable d’une association menant des actions de
socialisation (ateliers couture, sorties…) à Orange nous
déclarait « Moi, je fais ça parce que je me revois à leur
place… Je fais ce qui nous a manqué à nous quand on est
arrivées. Mais la différence, c’est que les femmes qui
viennent aujourd’hui, ça fait dès fois plus de vingt ans

Note 3 : Rapport final page 40 Adeus groupereflex_


Synthèse des Etudes Locales – Pistes d’action
Les femmes âgées immigrées en Région PACA FASILD
Réalité statistique et visibilité sociale

qu’elles sont en France ; mais elles sont jamais sorties, c’est


que maintenant qu’elles peuvent sortir des chez elles… 13 »
Néanmoins, parmi ces femmes, une part importante
est dans une situation financière préoccupante ; et,
malgré une bonne connaissance des institutions, est parfois
dans la difficulté à faire valoir ses droits.
Des femmes passives dans la migration, longtemps soumises
à la domination de l’époux, qui cumulent les handicaps dans
la recherche d’une émancipation tardive.
La majorité des femmes âgées immigrées est aujourd’hui dans une
démarche d’émancipation.

Il ressort de la totalité des entretiens effectués, tant


auprès des opérateurs associatifs que des femmes elles-
mêmes, que ces femmes veulent avant tout sortir de chez-
elles, découvrir la ville, le pays dans lequel elles vivent. Mais
elles se heurtent à la barrière de la langue et à la peur
d’un « extérieur » qu’elles ne connaissent pas. Soumises
depuis leur arrivée en France à la domination familiale,
assignées à un rôle de mère au foyer, garantes de la
stabilité du ménage, elles n’ont que peu été actrices
d’une émigration parfois présentée comme subie, et
souvent résumée à la vie domestique.
En effet, que nous disent ces personnes ? Qu’elles
sont venues en France « pour rejoindre leur mari », qu’elles
viennent principalement de zones rurales, que leur époux
était souvent au départ ouvrier agricole ou manœuvre et
qu’ils sont rapidement venus s’installer à la ville ; « qu’il [le
mari] avait peur que je sorte », et qu’elles sont restées à la
maison : « c’est les enfants ; quand un y grandissait, y en a
un autre qui arrivait… fallait toujours que je sois à la maison
parce qu’il y avait toujours des enfants petits ».
Qu’en est-il aujourd’hui ? Un nombre important a
encore de grandes difficultés pour s’exprimer en français,
et toutes sont dans ce paradoxe de vivre dans un pays
qu’elles considèrent comme le leur (« mon pays c’est la
France, ça fait vingt ans que je suis ici, mes enfants sont
là… ») et qu’elles ne connaissent que très peu (tant à un
niveau culturel, institutionnel que géographique).
Des degrés différents

Parmi ce type de public, les situations sont graduées.


On ne peut donc pas parler de « profil » type. Certaines
parlent à peine le français, d’autres maîtrisent mieux la
langue mais ont des difficultés quant à la connaissance

13 entretiens responsable associative

Note 3 : Rapport final page 41 Adeus groupereflex_


Synthèse des Etudes Locales – Pistes d’action
Les femmes âgées immigrées en Région PACA FASILD
Réalité statistique et visibilité sociale

des institutions. Certaines sont dans la nécessité de se faire


accompagner pour faire les courses ou aller au marché,
d’autre ont une autonomie bien supérieure.
Il semblerait que ces différences soient
principalement liées au niveau social d’origine et aux
rapports de domination familiaux, l’ascendant principal
étant le conjoint. Les profils sont en effet différent selon qu’il
s’agit d’une femme ayant étudié et travaillé au pays avant
de venir – laquelle aura fréquemment travaillé également
en France – seulement étudié au pays et jamais travaillé,
ou s’il s’agit d’une femme issue d’une zone agricole au
pays, qui n’a jamais été scolarisée. Dans ce dernier cas, la
seule langue maîtrisée est souvent le berbère ou le kabyle,
et la domination à l’époux, la reproduction des schémas
familiaux traditionnels restent très prégnant.

Les femmes âgées arrivées récemment : l’expérience d’un


« déracinement tardif »
Cette question des femmes arrivant par
regroupement familial lors de la retraite de leur conjoint est
apparue comme centrale lors de la première phase de
notre étude. Tous les opérateurs rencontrés nous avaient
alertés sur la situation de ces femmes qui arrivent en
France souvent à un âge avancé, sans maîtriser la langue,
sans aucun réseau. Pourtant, leur nombre semble être
largement sur-évalué par les opérateurs du fait des
difficultés qu’ils rencontrent dans leur accueil et dans les
réponses qu’ils ont à apporter. Selon l’INSEE, 458 femmes
maghrébines âgées de plus de 60 ans et 464 âgées de 50
à 59 ans sont arrivées d’un pays hors Union Européenne en
région PACA entre 1990 et 1999, soit respectivement 2,4%
et 4,3% de la population féminine maghrébine de ces
classes d’âge. Ces chiffres sont sensiblement plus
importants pour les femmes âgées originaires d’autres
pays : sur la même période 90-99, elles étaient 689 âgées
de plus de 60 ans et 516 âgées de 50 à 59 ans,
principalement originaires de pays européens (hors
UE à 15) et asiatiques, soit 6,1% et 10,7%. Ces chiffres nous
sont confirmés par l’ANAEM, qui n’a malheureusement pas
été en mesure de nous fournir des chiffres précis.
Leur situation est sensiblement identique à celles des
primo-arrivantes, mais les difficultés en sont exacerbées du
fait de leur âge et du fait que la décision de leur venue
incombe souvent au conjoint. Ces femmes, qui disposaient
au pays d’une situation sociale et familiale correspondant

Note 3 : Rapport final page 42 Adeus groupereflex_


Synthèse des Etudes Locales – Pistes d’action
Les femmes âgées immigrées en Région PACA FASILD
Réalité statistique et visibilité sociale

– en dehors de l’absence du mari – à leurs schémas de


représentations (accession au statut de maîtresse de
maison, à certains pouvoirs ou contre-pouvoirs à la
domination masculine), se voient soudainement privées de
cette forme de reconnaissance (LACOSTE-DUJARDIN,
1999). Cette transition, qui se produit tout au long de la vie
des femmes migrant jeunes, apparaît pour ces femmes
comme une véritable rupture.
La première barrière est celle du langage. Ces
femmes ne parlent en général pas le français, et pour
certaines sont analphabètes dans leur langue d’origine.
Elles parlent l’arabe dialectal, mais sont dans l’incapacité
de suivre des informations télévisées sur une chaîne
arabophone. Cette première barrière induit une situation
d’isolement, forme de « cercle vicieux » qu’il apparaît
difficile, tant de la part des femmes elles-mêmes que des
opérateurs sociaux, de briser. Isolées, dans un face à face
duel avec leur époux, les femmes arrivant par
regroupement familial tardif n’ont pas accès aux dispositifs
sociaux tels qu’ils existent pour les primo-arrivants, soit du
fait de dispositifs eux mêmes discriminants (limites d’âge
pour les formations, les cours d’alphabétisation, etc.), soit
du fait de leur méconnaissance des dispositifs auxquels
elles peuvent prétendre.
Mais le problème vient bien d’une rupture entre cette
population et les acteurs sociaux pouvant agir à son
intégration : tous déclarent être démunis pour toucher ce
public, souvent confiné au foyer. Cet état de fait semble
être d’autant plus prégnant dans les zones rurales, dans les
zones d’habitat diffus. De cette rupture, découlent des
difficultés dans l’accès aux droits sociaux et aux soins.
L’essentiel des démarches est souvent fait par le conjoint 14
en ce qui concerne la situation administrative, mais il
semble qu’il existe une véritable barrière en terme d’accès
aux soins.
Se pose la question de la situation de ces femmes lors
du décès de leur conjoint. Isolées, sans réseaux de
socialisation, sans connaissance des institutions, sans
revenus propres, quelles perspectives s’offrent à elles ?
Nous ne reviendrons pas ici sur les situations de précarité
extrêmes décrites dans la Note 2, qui peuvent mener
jusqu’à la prostitution.

14certains opérateurs nous ont signifié leurs difficultés à ne serait-ce que rencontrer ces
femmes, le mari étant souvent réticent à venir accompagné de sa femme.

Note 3 : Rapport final page 43 Adeus groupereflex_


Synthèse des Etudes Locales – Pistes d’action
Les femmes âgées immigrées en Région PACA FASILD
Réalité statistique et visibilité sociale

2.4 De la difficulté à parler de « triple discrimination »

Sans conteste, on peut affirmer que les femmes âgées


immigrées sont trois fois susceptibles d’être victime de
discrimination.
D’une part, de par leur statut de personne âgée.
Nous l’avons vu, l’âge leur rend certains dispositifs
inaccessibles, notamment lorsqu’ils sont à finalité
professionnelle. Ainsi l’exemple de cet organisme
dispensant des cours d’alphabétisation, mais n’accueillant
pas les publics après 60 ans du fait de la vocation
professionnalisante de cet enseignement.
D’autre part, le statut de femme peut conduire
également à discrimination. Cela peut se situer au niveau
familial et s’exprimer par un rapport de soumission à
l’époux. Cela peut aussi se situer à un niveau administratif
et institutionnel : pour monter un dossier de demande de
retraite, la femme devra produire des pièces
supplémentaires à celles demandées à son conjoint
(certificat de mariages traduit et certifié conforme,
certificat de vie commune…).
Enfin, le statut d’immigré constitue également un
discriminant. Ici aussi, il peut s’agir de discriminations
« sociales » dans les démarches quotidiennes (logement,
services, droit, etc.) mais il s’agit également de
discriminations institutionnelles (dossiers caisses de retraite,
demande de pension de réversion d’ancien combattant,
etc. pour lesquels le nombre de pièces à fournir est plus
important du fait du statut immigré).

Pour autant, peut-on parler d’« une triple


discrimination » ou doit-on s’en tenir « trois
discriminations » ?
Il semble que se soit ici un processus combinatoire des
variables discriminantes qui soit à l’œuvre. Chaque
discriminant va ainsi se superposer ou se combiner à un
autre, sans pour autant qu’existe de manière générale une
discrimination envers les femmes âgées immigrées
identifiée en tant que telles.

Note 3 : Rapport final page 44 Adeus groupereflex_


Synthèse des Etudes Locales – Pistes d’action
Les femmes âgées immigrées en Région PACA FASILD
Réalité statistique et visibilité sociale

3 Des problématiques communes à l’ensemble des


sites…

3.1 Les cours d’alphabétisation, une réponse à un réel besoin de maîtrise


de la langue mais également à un besoin de socialisation.

Des femmes âgées immigrées qui maîtrisent encore


majoritairement mal la langue française, malgré l’existence
ancienne des dispositifs de formation linguistique.
La non-maîtrise de la langue française est la
problématique récurrente sur les trois types de territoires,
celle systématiquement abordée en premier par tous les
opérateurs rencontrés lorsqu’on aborde avec eux la
question des femmes âgées immigrées. En effet, que ce
soit dans les quartiers nord de Marseille, dans le centre ville
de Nice ou dans les petites communes du nord du
Vaucluse, une proportion importante de femmes âgées
immigrées ne parle que difficilement le français.
Comment s’explique cette situation alors que les dispositifs de
formation linguistique financés par le FASILD existent depuis de
nombreuses années ?

Tout simplement par la spécificité du public immigré


âgé, en particulier féminin. Comme nous l’avons vu dans
notre tentative de « typologie » des publics, ces femmes
qui bien qu’arrivées en France il y a longtemps ne parlent
pas la langue correspondent à des profils migratoires
particuliers. Venues pour suivre ou rejoindre un conjoint,
mais pas elles-même porteuses d’un projet migratoire
propre, elles ont vécu « à l’intérieur » de leur logement,
fortement soumises à une domination masculine les
assignant à cette place de mère, de femme « du » foyer et
donc de femme « au » foyer. Cette situation semble avoir
été une forme de « cercle vicieux » : ne sortant que très
peu du logement du fait du mari, la méconnaissance des
institutions, des associations et des dispositifs existants c’est
renforcée, ce qui a contribué à renforcer l’isolement. Par
exemple, lors d’un entretien, une femme nous déclare
qu’elle vivait chez elle et que son mari ne voulait pas
qu’elle sorte ; cette femme ne consultait ni les services du
planning familial, ni un gynécologue. Elle n’avait aucune
connaissance des moyens de contraception. Enceinte à
chaque « retour de couche », ses grossesses se sont
enchaînées tous les deux ans. Ayant toujours un enfant en
bas âge, son « assignation » au foyer était renforcée.

Note 3 : Rapport final page 45 Adeus groupereflex_


Synthèse des Etudes Locales – Pistes d’action
Les femmes âgées immigrées en Région PACA FASILD
Réalité statistique et visibilité sociale

Aujourd’hui, la plupart de ces femmes expriment leur


besoin de découvrir le pays dans lequel elles vivent, mais la
maîtrise de sa langue est un pré-requis. De plus, la vieillesse
et le passage à la retraite constituent une période durant
laquelle les démarches administratives et institutionnelles
sont nombreuses, parfois lourdes, et nécessitent cette
connaissance du français.
Une réponse à un double besoin : maîtrise de la langue et
socialisation.
Les cours d’alphabétisation représentent donc un
double enjeu, celui de la socialisation et celui de la
compréhension institutionnelle.
La première demande des femmes âgées immigrées
est « de sortir de chez elles ». Les cours d’alphabétisation
jouent ici un rôle socialisant : les femmes y viennent pour se
retrouver entre elles, pour y parler de leurs problèmes, de
leur condition de femmes âgées en même temps que pour
apprendre la langue. Cet apprentissage constitue ici un
vecteur de socialisation, en l’absence d’espaces dédiés 15 .
La deuxième demande est par contre directement
centrée sur l’apprentissage de la langue. Il s’agit bien ici
pour les femmes âgées d’arriver à « pouvoir se débrouiller »
pour faire les courses, aller chez le médecin, à la poste, et
faciliter la compréhension lors des rencontres avec les
différents acteurs sociaux (caisses de retraites, CAF, CRAM,
etc.).
La nécessité de dispositifs adaptés alliant « alphabétisation
appliquée » et socialisation, par des méthodes innovantes.
Mais cette demande ne paraît que partiellement
satisfaite par les cours d’alphabétisation tels que dispensés
généralement. Les femmes âgées sont souvent en difficulté
dans des ateliers parfois qualifiés de « scolaires », souvent
ciblés pour les primo-arrivants ou pour des populations en
recherche d’emploi, avec une dominante « insertion
professionnelle ».
Certains opérateurs ont développé des méthodes
innovantes qui intègrent la spécificité du public « femmes
âgées ». Les ateliers peuvent par exemple être organisés
autour de thématiques globales, lesquelles sont ensuite
déclinées en différents points. Par exemple, un atelier est
organisé autour de la santé. Il sera décliné en :

15Cette fonction des ateliers d’alphabétisation est d’autant plus forte dans les territoires
ruraux du fait de la faiblesse du nombre d’opérateurs associatifs.

Note 3 : Rapport final page 46 Adeus groupereflex_


Synthèse des Etudes Locales – Pistes d’action
Les femmes âgées immigrées en Région PACA FASILD
Réalité statistique et visibilité sociale

- Le corps, les symptômes : apprendre à décrire son


corps, les symptômes ressentis, la douleur…
- La visite chez le médecin : se présenter, expliquer son
cas, les moyens de paiement, l’ordonnance, la
pharmacie, la prise du traitement…
- La protection sociale : la couverture santé, l’assurance
maladie, la carte vitale, la CMU, la CMUc, les
complémentaires santé, les relations avec la CPAM ou
la MSA…
C’est en fait une véritable « opérationnalité » qui doit
être recherchée.

La question de l’alphabétisation est donc centrale


pour les femmes âgées immigrées. Il est donc au minimum
primordial de conserver les dispositifs actuels, en veillant à
maintenir leur accès pour les personnes âgées, c’est à dire
à ne pas focaliser l’action des ateliers d’alphabétisation sur
les primo-arrivants et l’insertion professionnelle.
Dans l’idéal, les cours d’alphabétisation spécifiques
devraient être amenés à se développer, centrés comme
nous l’avons vu autour des questions prioritaires pour les
femmes âgées. Ils peuvent se dérouler sous la forme
d’ateliers, comme certains opérateurs le pratiquent déjà,
sur les thématiques des démarches administratives
(identification des acteurs, des institutions ; démarches ;
formulaires ; droits…), de la santé, etc. Pour ce, une
qualification des acteurs doit être envisagée, autour des
méthodes, mais également des contenus.

Note 3 : Rapport final page 47 Adeus groupereflex_


Synthèse des Etudes Locales – Pistes d’action
Les femmes âgées immigrées en Région PACA FASILD
Réalité statistique et visibilité sociale

3.2 Des difficultés récurrentes dans l’accès aux droits

Le passage à la retraite, révélateur des difficultés d’accès


aux droits pour les immigrés vieillissants…
Concrètement, le passage à la retraite confronte de
nombreux immigrés à une complexité administrative que
leurs difficultés à s'exprimer, à lire et à écrire le français
rendent d'autant plus obscure. Les nombreuses démarches
à effectuer, les formulaires, les imprimés à remplir, les
justificatifs à retrouver, l'éloignement géographique avec
leur lieu de naissance, les délais à respecter, constituent
des obstacles au bon suivi de leur dossier. A cela s'ajoutent
les problèmes tels que la retranscription des noms
(nombreux litiges sur l'état-civil des Portugais et des
Maghrébins), les changements de patronymes, la non-
conservation de papiers justifiant les périodes de travail, la
difficile validation des périodes de travail en Algérie avant
l'indépendance, le service militaire, etc. (GALLOU, 2001)
Ceci est d’autant plus prégnant que pour bénéficier
de la retraite, les immigrés doivent fournir plus de
documents que les nationaux, documents parfois difficiles
à obtenir (fiche individuelle d’Etat civil certifiée conforme
dans le pays d’origine par exemple).
… et souvent plus prégnant pour les femmes, bien qu’existent
des inégalités entre les femmes âgées immigrées.
Plusieurs opérateurs nous ont fait part d’une plutôt
bonne connaissance de la part des femmes âgées
immigrées quant à leurs droits. Il s’agit ici d’un public
présent en France depuis longtemps, essentiellement issu
de l’immigration maghrébine ou européenne.
La plupart maîtrisent bien la langue française, ce qui
tend à accréditer l’importance de l’analphabétisme dans
les difficultés d’accès aux droits. Vivant en France depuis
plus de 15 ans, elles ont appris – souvent dans un premier
temps accompagnées par leurs enfants – à connaître et
utiliser le système administratif et social français. Ainsi,
plusieurs responsables d’associations ou professionnels de
la santé ont pu nous affirmer que certaines femmes âgées
immigrées savaient parfaitement tirer parti de l’ensemble
des possibilités offertes, qu’elles avaient en général une
couverture maladie, qu’elles savaient à quelles
administrations s’adresser en fonction de la démarche.
Certains nous ont même mentionné qu’elles pouvaient

Note 3 : Rapport final page 48 Adeus groupereflex_


Synthèse des Etudes Locales – Pistes d’action
Les femmes âgées immigrées en Région PACA FASILD
Réalité statistique et visibilité sociale

parfois s’adresser à plusieurs services sociaux ou


associations d’accompagnement social, en fonction de la
« performance » de chacun : telle association est identifiée
pour aider à monter un dossier de demande de RMI, telle
autre pour un dossier de regroupement familial…
Il semble qu’il en soit de même pour une partie de la
communauté d’Afrique Noire. Les quelques personnes
nous ayant renseigné à ce sujet nous ont affirmé que, de
par l’existence de réseaux très bien organisés, les femmes
âgées notamment d’origine sénégalaise maîtrisent bien le
système administratif et social.

La situation est radicalement différente en ce qui


concerne le deuxième groupe de femmes, celles venues
sans projet migratoire propre, ainsi que les « primo-
arrivantes », qu’elles soient originaires d’Algérie ou du
Maroc (arrivées dans le cadre d’un regroupement familial
ou par ascendant tardif ou par naturalisation du conjoint)
ou d’Europe de l’Est.
Pour ces femmes, l’analphabétisme, l’isolement et la
quasi-absence de liens sociaux se traduisent par de fortes
difficultés dans l’accès aux droits. Ainsi, le mari ou les
enfants sont encore souvent chargés des démarches,
lorsqu’ils sont présents et en capacité de le faire. Certains
travailleurs sociaux nous ont même déclaré avoir des
difficultés à rencontrer ces femmes, l’époux étant parfois
« réticent » à venir avec son épouse.
Ces femmes sont démunies face à un système
administratif qu’elles ne comprennent pas. On est donc ici
en présence d’une population réellement très éloignée de
toute cette dimension administrative de l’accès aux droits,
d’autant plus que ce sont souvent des personnes
originaires - au pays - de milieux ruraux.
Mais il est également inquiétant que mêmes les
opérateurs associatifs, généralement bien identifiés au sein
des différentes communautés, se trouvent souvent dans
l’incapacité d’accompagner ces personnes. Si l’époux est
capable de les solliciter pour la demande de
regroupement familial, il semble qu’il y ait une rupture à
partir de l’arrivée en France, rupture qui se traduit avant
tout par une situation d’isolement social.

Note 3 : Rapport final page 49 Adeus groupereflex_


Synthèse des Etudes Locales – Pistes d’action
Les femmes âgées immigrées en Région PACA FASILD
Réalité statistique et visibilité sociale

Certains opérateurs nous ont interpellés sur le système


d’accompagnement social, qui aurait tendance à
renforcer la place symbolique à laquelle est assignée la
femme immigrée.
Ils insistent notamment sur le fait qu’on ne leur a pas
expliqué, au moment de leur venue, qu’elles disposaient
de droits et de devoirs, qu’elles s’inscrivaient dans un
système administratif complexe. « Le problème des femmes
immigrées est que durant 10 ou 15 ans, elles ont suivi des
stages d’insertion, et aujourd’hui, tout ça s’arrête, plus rien !
Elles n’ont jamais été mises au courant de leurs droits. Elles
croient que tout est acquis : RMI, CMU, allocations… Elles
ne savent pas qu’il y a des conditions (enfants à charges,
etc.) ou des devoirs pour bénéficier des aides sociales 16 . ».
« Il n’y a pas eu d’accompagnement du travail
mené, pas de suivi ; on leur a dit : tiens, tu va faire un stage
là, prendre des cours d’alphabétisation, on va remplir ces
papiers et tu auras droit à telle ou telle prestation sociale…
mais elles n’ont jamais été actrice de tout çà… on les a
menées de stages parkings en stages parkings…5 »
C’est ce qui expliquerait partiellement, chez certaines
femmes âgées, un fatalisme plus présent que pour d’autres
parties de la population immigrée. « Des fois, elles ne
veulent pas, elles ne se bougent pas.5 » Ce fatalisme de
l’âge est en partie culturel. Elles s’aperçoivent qu’elles ont
perdu énormément de temps (« demain était un autre
jour ») et qu’aujourd’hui il est trop tard. « Souvent, elles
baissent les bras et se résignent.5 »

L’accès aux droits pourra être amélioré notamment


par la mise en place d’ateliers de socialisation et
d’alphabétisation tels que développés au point
précédent.

16 entretiens

Note 3 : Rapport final page 50 Adeus groupereflex_


Synthèse des Etudes Locales – Pistes d’action
Les femmes âgées immigrées en Région PACA FASILD
Réalité statistique et visibilité sociale

Un accès aux dispositifs de droit commun pour les personnes


âgées limité
La participation des femmes âgées immigrées aux
activités de droit commun pour le « 3ème âge » apparaît
très faible. Les « clubs du 3ème âge » n’accueillent que très
rarement des personnes immigrées non-européenne. Ceci
est souvent justifié, par les opérateurs comme par les
femmes elles-mêmes, par un trop grand écart culturel.
« Nous, on a fait des efforts, on les a invité, comme eux
nous avaient invités… Mais nous le couscous, on l’avait
mangé, et eux, quand ils sont venus, ils sont restés
ensemble, ils voulaient pas boire de vin… je sais pas… c’est
pas pareil, on mange pas les mêmes choses, on danse pas
sur les mêmes musiques,… Eux, les femmes, elles viennent
pas, c’est que les hommes, ensembles, en groupe… 17 »
On observe la même ségrégation en ce qui concerne
le logement spécifique.
Nous avons contacté 21 maisons de retraite dans les
arrondissements Marseillais 13 à 16 et dans le 1er. Nous
avons eu 14 réponses 18 :
Sur un total de 1 249 résidents:
0,7% d’immigrés hors UE (9 hommes)
0,5% d’immigrées hors UE (6 femmes, 3 dans le
14ème et 3 dans le 1er arrdt.)
Nous avons effectué la même démarche auprès de 6
maisons de retraite dans le Nord Vaucluse, où nous avons
obtenu 5 réponses
Sur un total de 402 résidents:
0,25% d’immigrés Hors UE (1 homme)
0 immigrées femmes hors UE
Le CLIC de Cavaillon nous déclarait également que
c’était un public qui fréquente peu les permanences qui
existent pour les personnes âgées, et qui sollicite peu les
dispositifs d’aide à domicile.

17entretien avec une personne d’un club du 3ème âge dans le Vaucluse.
18Les 7 autres établissements ont refusé de nous dire s’ils accueillaient des immigrés non-
européens parmi leurs résidents.

Note 3 : Rapport final page 51 Adeus groupereflex_


Synthèse des Etudes Locales – Pistes d’action
Les femmes âgées immigrées en Région PACA FASILD
Réalité statistique et visibilité sociale

3.3 La santé des femmes âgées immigrées : plusieurs approches


nécessaires

Ce thème de la santé soulève plusieurs questions, à


différents niveaux : celui purement médical de l’accueil et
du traitement de femmes qui souffrent de certaines
pathologies particulières et ne maîtrise pas toujours la
langue, mais aussi celui plus administratif lié aux questions
de couverture santé et d’accès aux soins.

Le rapport au corps, à la vieillesse et aux soins


Pour beaucoup de femmes rencontrées, la santé fait
référence à un temps passé, à une période déterminée :
elles étaient en âge de procréer. Pour beaucoup, et on
retrouve ici quelque chose de typiquement féminin, elles
associent la vieillesse à un changement de statut : fin de la
période où il est possible de mettre au monde des enfants,
mais aussi où il n’est plus nécessaire « de marcher
pendants des kilomètres pour emmener les enfants ici ou
là », de « faire deux ou trois pains par jour 19 », etc. Là où la
jeunesse était synonyme de santé, la vieillesse devient
synonyme de « fatigue » et d’« infécondité ». Pour autant,
elle n’est pas forcément associée à une consommation
médicale plus importante. Ainsi, plusieurs femmes âgées
déclarent ne pas avoir besoin d’aller chez le
gynécologue : « Pourquoi j’irai le voir ? Je ne peux plus
avoir d’enfants, ça servirait à quoi, hein ? 20 »
Si elles ne consultent pas pour les troubles liés à la
ménopause, les femmes âgées, principalement
maghrébines, souffrent de différents autres symptômes.
Beaucoup sont touchées par le diabète non-
insulinodépendant (type 2). Les médecins rencontrés
mettent en avant l’hygiène de vie (nourriture grasse,
inactivité physique). Leur message est assez mal perçu par
les femmes, qui se sentent remises en cause dans leur
pratique quotidienne de préparation des repas. Elles
rejettent de plus cet argument, au prétexte que ceux
« restés au pays ne sont pas malades…mon oncle ne

19 entretiens
20 ibid.

Note 3 : Rapport final page 52 Adeus groupereflex_


Synthèse des Etudes Locales – Pistes d’action
Les femmes âgées immigrées en Région PACA FASILD
Réalité statistique et visibilité sociale

mangeait que du pain et de l’huile d’olive tous les soirs, et il


est mort très vieux… alors… 21 »
On retrouve la même incompréhension pour
l’hypertension artérielle dont souffrent également de
nombreuses femmes. Les études épidémiologiques
montrent le lien avec différents facteurs socio-
démographiques et économiques : âge, sexe, statut social,
alimentation, consommation de sel, activité physique…,
mais également avec certaines pathologies, notamment
le diabète. Les femmes elles-mêmes lient l’hypertension
davantage à leurs conditions de vie, à un état de stress, de
« fatigue », souvent lui-même corrélé à la qualité des
relations entretenues avec les enfants (« Je me suis
occupée de mes enfants toute ma vie, et aujourd’hui, ils
viennent me voir deux fois par an… c’est normal que je sois
malade 22 ! »). Mais ce malaise est également souvent relié
au statut de migrante et au pays d’accueil. Leurs
conditions de santé viennent parfois exprimer un sentiment
d’échec de la migration : « j’étais en pleine forme quand
j’étais jeune, au pays, alors que j’avais rien du tout, mais ici
aussi, j’ai vécu dans la misère, et en plus je suis malade, je
suis fatiguée… » ; « Des fois, je repense le temps d’avant,
comment c’était, et il y a tout qui me revient… je pleure…
Mes enfants ne viennent plus me voir, je suis toute seule. Je
pense et ça me revient… Moi, je suis une arabe, donc j’ai
élevé mes enfants comme une arabe, ils connaissent tout,
comme les fêtes et tout, mais ils sont comme des français,
maintenant… Pour eux, y a que Noël, l’Aïd ça n’existe
plus ! On dirait qu’ils ont tout oublié, même leur mère et
leurs origines… et ça, ça fait mal dans le cœur… et puis
maintenant, ils appellent pour me demander de l’argent, à
moi !C’est plutôt à moi de leur demander de l’argent ! […]
C’est pour ça, à chaque fois le médecin il me dit
« Madame, il faut vous calmer, vous avez de la tension
encore » mais je peux pas me calmer ! Comment je
pourrais me calmer avec ça ! Je suis tout le temps en train
de penser à l’un à l’autre, ça ne me sort pas de la tête 23 ».
Les médecins proposent donc aux femmes des
traitements médicamenteux, alors que celles-ci voient à
leurs symptômes autant des causes sociales et
psychologiques que physiologiques. On est alors
fréquemment confronté à des problèmes de suivi des
traitements. Plusieurs médecins dénoncent le fait que les

21 Entretien
22 ibid.
23 Ibid.

Note 3 : Rapport final page 53 Adeus groupereflex_


Synthèse des Etudes Locales – Pistes d’action
Les femmes âgées immigrées en Région PACA FASILD
Réalité statistique et visibilité sociale

femmes ne suivent pas leur traitement, qu’elles


l’interrompent dès qu’il y a un mieux être.

Les symptômes évoqués précédemment sont


également interprétés par les médecins comme d’origine
psychosomatique. Les fatigues chroniques sont souvent
associées à des troubles dépressifs, voire à un état de
démence. Ces pathologies ne se retrouvent pas
uniquement chez les femmes ayant connu des conditions
de vie très difficiles, mais sur une grande majorité d’entre
elles. Parmi les causes de ces troubles, la « vacance » que
constitue le temps de la vieillesse des immigrés, vacance
renforcée par la faiblesse des activités socialisatrices (voir à
ce sujet le paragraphe qui y est consacré), est souvent
mise en avant 24 .
Concernant le traitement de ces troubles, il existe à
Nice un psychiatre arabophone d’origine maghrébine,
vers qui médecins généralistes, psychiatres et associations
renvoient régulièrement les femmes âgées maghrébines,
en partant du présupposé que « issu de la même culture, il
peut les aider et nous aider à mieux les comprendre 25 . »
Celui-ci fait le lien entre certaines souffrances des femmes
et des lieux symboliques du corps dans l’Islam (association
tête / cou / gorge comme siège de l’âme par exemple).
Néanmoins, il semble que se soit avant tout sa maîtrise de
la langue plus qu’une « compréhension de la culture » qui
lui permette un meilleur suivi des patientes.

Une des grandes difficultés des femmes âgées


d’origine maghrébine dans leur accès aux soins réside
donc dans les problèmes de communication avec les
médecins : compréhension des ordonnances, respect des
prescriptions pour les femmes, compréhension des
symptômes pour les médecins. Mais il est nécessaire de
garder à l’esprit qu’un certain nombre de ces symptômes
peuvent être liés au statut de femmes âgées immigrées.

24 Notamment par A. SAYAD « La vacance comme pathologie de la condition d’immigré - Le


cas de la retraite et de la pré-retraite », in Emigrés – Immigrés, vieillir ici et là-bas, Revue
Européenne des Migrations Internationales (REMI), Vol.17, n°2001-1, AEMI, Poitiers, 2001
25 entretien médecin généraliste

Note 3 : Rapport final page 54 Adeus groupereflex_


Synthèse des Etudes Locales – Pistes d’action
Les femmes âgées immigrées en Région PACA FASILD
Réalité statistique et visibilité sociale

La santé : également une question administrative


Un deuxième thème doit être évoqué, celui plus
administratif de la protection sociale. Les acteurs
associatifs rencontrés nous ont tous déclaré recevoir
beaucoup de femmes ne pouvant bénéficier de la CMU
complémentaire, du fait de la limite des plafonds de
ressources 26 , considérés par tous comme inadaptés à la
situation des personnes âgées. Ainsi, par exemple, une
femme seule qui toucherait un revenu de 580€ (pension de
réversion, retraite personnelle) et bénéficierait d’une APL
n’a pas droit à la CMUc.
Face à ce problème de plafonds, un dispositif a été
mis en place par l’État. L’aide pour une complémentaire
santé est un dispositif prévu pour les personnes dont les
ressources sont supérieures, dans la limite de 15 %, au
plafond fixé pour l’attribution de la CMU complémentaire.
Ce dispositif est entré en vigueur au 1er janvier 2005. Il
remplace, depuis cette date, le dispositif d'aide à la
mutualisation.
En pratique, il s'agit d'une déduction sur le paiement
d'une cotisation ou d'une prime pour une complémentaire
santé. Le montant de cette aide varie de 100€ à 400€,
selon l'âge du bénéficiaire. Pour bénéficier de l'aide pour
une complémentaire santé, il convient de déposer un
dossier de demande auprès de sa caisse d'Assurance
Maladie.
A noter que, depuis le 1er janvier 2006, les personnes
qui ont droit à l'aide pour une complémentaire santé
peuvent bénéficier également, lors d'une consultation
médicale dans le cadre du parcours de soins coordonnés,
de la dispense d'avance des frais pour la part des
honoraires pris en charge par l'Assurance Maladie.

Cependant, cette aide ne couvre pas tout le


montant des cotisations à une complémentaire santé. Il est
intéressant de noter que certaines associations (dans le
Vaucluse et à Nice) ont entrepris des démarches pour
négocier des tarifs préférentiels auprès d’organismes. Il
serait ici intéressant d’envisager une mutualisation des
associations entre-elles afin d’élargir le nombre de
bénéficiaires et d’augmenter la force de négociation.

26598,23€ pour une personne seule ; 897,35€ pour un couple, auxquels s’ajoute un « forfait
logement » pour les bénéficiaires de l’APL de 51,05€ pour une personne seule ; 89,33€pour
deux personnes.

Note 3 : Rapport final page 55 Adeus groupereflex_


Synthèse des Etudes Locales – Pistes d’action
Les femmes âgées immigrées en Région PACA FASILD
Réalité statistique et visibilité sociale

Des inégalités territoriales


Enfin, le lien doit être fait entre la présence de
praticiens généralistes ou spécialistes et celles des femmes
âgées immigrées. Ce n’est que sur Marseille où nous avons
pu faire un découpage précis, du fait des arrondissements.
L’utilisation des services et des ressources disponibles
pour réparer ou prévenir des dégradations de santé varie
selon la structuration spatiale de l’offre de soins. Les
entretiens nous ont montré une prédominance des
consultations chez le généraliste pour les femmes
immigrées âgées, qui peut s’expliquer de par une proximité
spatiale. Comme le montre le graphique ci-dessous, dans
les trois derniers arrondissements où les femmes immigrées
d’origine non-européenne sont les plus représentées (en
part relative de la population totale et de la population
globale femmes âgées immigrées), les médecins
généralistes sont les plus nombreux, contrairement aux
autres secteurs.

Rapport entre l'installation des praticiens et les femmes


immigrées âgées à Marseille

4 000 1400

Femmes
3 500 1200 maghrébines

3 000 Femmes UE à
1000
Femmes immigrées âgées

15
2 500
Femmes
800
Praticiens

autres pays
2 000
600 Médecins
généralistes
1 500
400 Médecins
1 000 spécialistes

500 200

0 0
1er au 3ème 4ème au 13ème au
12ème 16ème

Note 3 : Rapport final page 56 Adeus groupereflex_


Synthèse des Etudes Locales – Pistes d’action
Les femmes âgées immigrées en Région PACA FASILD
Réalité statistique et visibilité sociale

Sur cette thématique de la santé, plusieurs pistes


d’action doivent être évoquées.
La première est celle d’une sensibilisation / formation
des médecins et du personnel médical sur une approche
globale, et non uniquement centrée sur la santé, de la
situation des femmes âgées immigrées. En effet, nous
avons vu que le discours des praticiens est souvent celui
d’une mauvaise volonté ou d’une incompréhension de la
part des femmes, sans que ne soit remise en cause leur
pratique professionnelle. Nombreux sont ceux qui parlent
de troubles psychiatriques nécessitant l’intervention d’un
spécialiste. Pour autant, une meilleure compréhension des
représentations du corps et de la maladie chez les femmes
selon les origines pourrait améliorer la compréhension,
donc le diagnostic et la prise en charge. Ce discours se
doit d’être porté auprès du corps médical par des
intervenants ayant auprès d’eux une légitimité d’action,
une reconnaissance.
La deuxième est déjà en partie mise en place. Il s’agit
de coordonner les demandes de complémentaires santé,
afin d’augmenter le pouvoir de négociation auprès des
organismes et donc de faire baisser les tarifs pour les
publics les plus démunis. Ces démarches ont déjà été
entreprises par différentes structures, lesquelles devraient
être amenées à se regrouper dans ce domaine.
Enfin, en troisième lieu, il nous paraît important que les
femmes âgées immigrées soient identifiées comme « public
spécifique » à part entière par les différents organismes
compétents. A titre d’exemple, l’Observatoire Régional de
la Santé, qui réalise et dispose pourtant de nombreuses
études très fines sur des publics très ciblés, ne disposait
d’aucune donnée sur la santé des femmes âgées
immigrées. Dans le même sens, il convient d’intégrer ce
public en tant que tel au différents documents de
programmation, tel que le PRAPS (Programme Régional
d’Accès à la Prévention et aux Soins) et le PRS (Programme
Régionaux de la Santé).

Note 3 : Rapport final page 57 Adeus groupereflex_


Synthèse des Etudes Locales – Pistes d’action
Les femmes âgées immigrées en Région PACA FASILD
Réalité statistique et visibilité sociale

3.4 Un isolement qui s’oppose à un fort besoin de socialisation et de


découverte du pays.
Un des points récurrents de l’étude, et ce quels que
soient les territoires étudiés, est la volonté des femmes
âgées immigrées de sortir de leur foyer, de rencontrer
d’autres femmes et de découvrir un pays dans lequel elles
vivent depuis souvent fort longtemps.

Une population spatialement ségrégée


Ce besoin d’ouverture peut s’expliquer en partie par
la forte ségrégation urbaine à l’œuvre. Sur les trois territoires
étudiés, le public ciblé par l’étude est toujours localisé, en
terme d’habitat, sur des secteurs définis.
Il s’agit soit de cités d’habitat social (Marseille Nord,
Nord Vaucluse), soit de secteurs déqualifiés du parc privé,
(Nice centre et Nord Vaucluse).
La barrière du foyer est ainsi renforcée par celle du
quartier, territoire rassurant car accueillant des personnes
dans la même situation que soit.

Une distension des liens intergénérationnels qui peut se


traduire par des situations d’isolement.
Un autre facteur explicatif de ce besoin d’ouverture
et de socialisation est sans doute l’évolution des rapports
parents enfants. Si la perpétuation de la présence en
France et l’abandon de l’idée d’un retour au pays est la
conséquence de la présence en France des enfants, les
liens intergénérationnels ne sont semble-t-il pas toujours à
la hauteur des attentes des femmes âgées. R. : « Ah, ne me
parle pas des gosses… J’ai deux enfants, ils vivent pas loin
d’ici, hein… et ils ne viennent jamais, sauf pour l’Aïd… Y a
que l’Aïd qu’ils connaissent… […] Des fois ils me
téléphonent qu’ils peuvent pas venir… Ils ont leur famille
aussi, leur travail, leurs enfants… je sais que c’est dur en ce
moment, on est dans une mauvaise époque. Mais même
avec ça ils ne viennent plus me voir, c’est rare… Quand
mon mari était là, ils venaient plus souvent. Tous les
vendredis, ils venaient manger le couscous, on se
retrouvait en famille, et aujourd’hui, plus rien ! » D. : « Ils
viennent que quand ils en ont envie ! […] ça me fait mal !
Je me dis que j’ai passé toute ma vie à les élever et
maintenant que j’ai besoin d’eux y a plus personne ! ça

Note 3 : Rapport final page 58 Adeus groupereflex_


Synthèse des Etudes Locales – Pistes d’action
Les femmes âgées immigrées en Région PACA FASILD
Réalité statistique et visibilité sociale

c’est parce que je suis seule, parce que si leur père était
encore là, paix à son âme, ils viendraient plus souvent »
Ces extraits d’entretiens montrent bien le sentiment
« d’abandon » que ressentent de nombreuses femmes
âgées, après le départ de leurs enfants. Il semble que le
veuvage, en plus d’augmenter la solitude, se traduise pour
ces personnes par un sentiment encore plus fort
d’éloignement des enfants, ceux-ci pouvant faire plus
d’effort sir le père, détenteur de l’autorité, est encore
présent.

Des femmes qui expriment toutes un besoin de socialisation


et d’appartenance à la France
Relayé par les acteurs associatifs, le besoin de
socialisation- sous la forme d’activités socio-culturelles, de
sorties… - semble être la principale « revendication » des
femmes âgées immigrées.
L. : « Moi, toute ma vie je suis restée chez moi… pour
être une bonne ère pour mes enfants, une bonne femme
pour mon mari… Mais lui il sortait, il allait au travail, voir ses
amis… Moi, je connaissais que les gens de ma cage
d’escalier… […] Aujourd’hui c’est pas pareil, avec
l’association, on peut se retrouver, discuter entre nous,
entre femmes, on a un endroit… […] Mon pays, en vrai
c’est pas l’Algérie… c’est ici, parce que l’Algérie, j’y vais
une fois par an, mais ça a beaucoup changé, c’est plus
pareil, c’est plus comme je connaissais… Mais ici, le pays
où mes enfants ils ont grandis, le mien aussi, je connais pas
bien… Moi j’aimerais bien connaître autre chose que le
quartier, aller au marché en centre ville avec mes amies,
aller visiter… le Pont d’Avignon, la Tour Eiffel, les
châteaux… y a plein de chose à voir en France, c’est pas
comme en Algérie où y a rien, mais nous on connaît pas,
on n’est jamais allé, et on sait pas comment… oui,
comment faire. 27 »
Z. : « Avant, je pouvais rien faire, y avait mon mari qui
voulait que je sois à la maison, il avait peur pour ma
réputation, y avait les enfants qu’il fallait que je m’occupe,
tout ça… Et aujourd’hui je suis toute seule, je peux en
profiter, au lieu de me plaindre que je suis toute seule,
mais… je sais pas comment dire… c’est difficile, quand on
connaît pas, quand on sait pas, quand on n’est jamais trop
sortis… je vais pas partir comme ça, toute seule… C’est

27 Entretien à Bollène

Note 3 : Rapport final page 59 Adeus groupereflex_


Synthèse des Etudes Locales – Pistes d’action
Les femmes âgées immigrées en Région PACA FASILD
Réalité statistique et visibilité sociale

pour ça que c’est bien quand il y a des associations,


comme ça, qui s’occupe un peu de nous, qui nous
emmènent ; dès fois ils poussent un peu celles qui ne
veulent pas se bouger… parce qu’il faut sortir, sinon on va
vieillir plus vite… 28 »
Après s’être occupé des autres pendant longtemps,
le besoin que l’on s’occupe d’elle est très nettement
exprimé ; néanmoins, ce besoin ne doit pas passer par une
nécessité de santé, un problème physique. Elles refusent
d’être qualifiées de « chibanias », lesquelles sont pour elles
les vieilles « impotentes et grabataires », qui ne peuvent
plus bouger.
On retrouve aussi dans les entretiens la volonté de se
retrouver « entre femmes ». Pour elles, c’est un besoin :
certaines choses ne se discutent qu’entre femmes, et en
l’absence d’oreilles masculines. Nous l’avons vérifié lors des
entretiens, le contact n’était pas du tout le même selon
que l’entretien était conduit par un homme ou une
femme. Il était beaucoup plus aisé d’aborder certaines
thématique (santé, corps, vieillesse, relation aux enfants…)
avec elle. Le déroulement des entretiens montre bien le
besoin de parler, de raconter leur histoire, leurs expériences
qu’ont les femmes âgées. En ce sens, tous les travaux
relatifs à la mémoire et à la transmission sont à encourager.
Le sentiment d’appartenance à la France est
également très présent. Si les travaux sur les « vieux
travailleurs immigrés » font tous état d’une vie « entre ici et
là-bas », la position des femmes âgées semble être
beaucoup plus tranchée : leur pays, c’est ici. A ce titre,
nous avons pu observer
Evolution du nombre de DEMANDES de naturalisations de la part
plusieurs cas de femmes
de femms âgées de 60 ans et plus selon l'origine en région PACA « célibataires » dont le mari
était rentré au pays, elles
200 préférant rester en France
180 24 à proximité de leurs
160 enfants. Les chiffres des
27
140
demandes de
27
120 23
23
autres naturalisation peuvent ici
100

80
149
Maghreb être utilisés comme
109
indicateur de cette
UE
60 84 94 75
40 volonté d’intégration à la
20
15 19 17
communauté nationale. En
10 8
0 2004, ce sont ainsi 181
2000 2001 2002 2003 2004
demandes de

28 entretien à Marseille

Note 3 : Rapport final page 60 Adeus groupereflex_


Synthèse des Etudes Locales – Pistes d’action
Les femmes âgées immigrées en Région PACA FASILD
Réalité statistique et visibilité sociale
Répartition des demande de naturalisation
déposées par des femmes âgées de 60 ans ou naturalisation qui on été déposées en
plus, par département, entre 2000 et 2004
préfecture pour la région PACA, dont
(source DPM)
200
une grande majorité issues de femmes
180 84
originaire du Maghreb. On voit
également que c’est dans les
160
83 Bouches-du-Rhône que le nombre de
140
demandes est le plus important.
120 13
100 Ces chiffres sont relativement en
80
06 hausse sur la période 2000-2004,
60
05
malgré une diminution en 2002 et 2003.
40
20 04

0 Evolution du nombre de naturalisations par décret


2000 2001 2002 2003 2004 de femmes âgées de 60 ans et plus en région PACA
140
selon l'origine (source DPM)

131
Evolution du nombre de demandes de
naturalisationsde femmes âgées de 60 ans et plus 120
116
160
en région PACA selon l'origine (source DPM)

149 100 100


140 92
UE
80 Maghreb
120
autres
109
60 58
100
94
84
80 40
75 27
UE
18 20 21
Maghreb 18
60 20
autres 21
8 15 17
8
40
27 27 24 0
23 23
2000 2001 2002 2003 2004
19
20 15
17 Evolution du nombre de naturalisations par
10 8 mariages de femmes âgées de 60 ans et plus en
0
6
région PACA selon l'origine (source DPM)
2000 2001 2002 2003 2004

5
5 5 5
La majorité des naturalisations de
femmes âgées se font par décret, les 4
4
naturalisations par mariage étant UE
inférieures à une dizaine chaque année. 3 3
Maghreb

En ce qui concerne les naturalisations 3


3
autres

accordées par décret, leur nombre 2


augment de manière régulière depuis 2
2
2 2

2001.
1 1

0
0 0
2000 2001 2002 2003 0
2004

Note 3 : Rapport final page 61 Adeus groupereflex_


Synthèse des Etudes Locales – Pistes d’action
Les femmes âgées immigrées en Région PACA FASILD
Réalité statistique et visibilité sociale

Au vu de cette demande – socialisation,


appartenance à la communauté nationale… -, émanant
aussi bien des femmes âgées elles-mêmes que des
travailleurs sociaux impliqués dans leur accueil et leur
accompagnement, il convient de soutenir les démarches
portées par les structures associatives visant à mettre en
place des actions spécifiques en direction des femmes
âgées.
A ce titre, il est important de sortir du débat autour de la
notion d’« occupationnel ». Nous l’avons vu, la vacance que
constitue le temps de la vieillesse pour les immigrées peut
constituer pour certaines un facteur aggravant des
troubles psychologiques : états dépressifs, démence. Ceux-
ci vont être également accrus par les situations
d’isolement.
C’est pourquoi il nous apparaît important de
développer les activités socio-culturelles à destination de
ce public, étant entendu que les femmes immigrées non-
européennes sont très peu présentes dans les « clubs de
troisième âge », en fait peu adaptés.
Néanmoins (voir ci-après), ces activités doivent être
coordonnées afin de ne pas conduire à une logique de
multiplication des actions et à un « saupoudrage » en
terme de subvention, et de maintenir une rationalité dans
l’action.

Note 3 : Rapport final page 62 Adeus groupereflex_


Synthèse des Etudes Locales – Pistes d’action
Les femmes âgées immigrées en Région PACA FASILD
Réalité statistique et visibilité sociale

3.5 Un besoin de formation spécifique des opérateurs sociaux et


associatifs.

En dehors des besoins directement liés aux femmes


âgées immigrés, les différents acteurs intervenant auprès
de ce public font également part de certains points sur
lesquels il semble nécessaire d’intervenir.

Améliorer la coordination et le travail en réseaux


Le premier point évoqué est celui de la coordination
des différents acteurs – institutionnels ou associatifs – qui
interviennent auprès des femmes âgées immigrées. Avec
des spécificités selon les territoires (que nous détaillerons ci-
après), cette question apparaît primordiale.
Plusieurs cas de figure se présentent. Dans le Nord-
Vaucluse, les acteurs sont très peu nombreux et ne se
connaissent pas entre eux. Il n’existe de plus que très peu
de passerelles entre associatifs et institutionnels. Sur
Marseille, on est semble-t-il dans une situation inverse. Les
acteurs associatifs sont très nombreux, agissant à l’échelle
des quartiers, et se livrent à une sorte de concurrence,
exacerbés en cela par la course aux subventions. A Nice,
la situation semble « un peu meilleure », avec une relative
interconnaissance des différentes structures, un travail
partenarial amorcé entre associatifs et administrations, un
réseau qui apparaît fonctionnel.

Pour améliorer ce travail, il sera nécessaire de


positionner, de manière institutionnelle, une « tête de
réseau » qui interviendra en tant que coordinateur, avec
une vision globale sur un territoire donné. Son rôle devra
être de faciliter la mutualisation des moyens, des savoirs-
faire, de capitaliser les expériences. Il pourra s’agir de
structure jouant déjà ce rôle (les CLIC par exemple,
auxquels les moyens d’assumer cette mission doivent être
données), leur légitimité à intervenir sur ce champ étant
garante de l’effectivité du partenariat.

Note 3 : Rapport final page 63 Adeus groupereflex_


Synthèse des Etudes Locales – Pistes d’action
Les femmes âgées immigrées en Région PACA FASILD
Réalité statistique et visibilité sociale

La question des nouvelles migrations : anticiper le


vieillissement
Plusieurs opérateurs nous ont alerté sur le fait qu’ils se
sentent plus ou moins démunis face à certaines
populations. Ainsi, ceux que l’on qualifie de « nouveaux
migrants », originaires d’Europe de l’Est, d’Asie, d’Afrique
sub-saharienne dans une moindre mesure sont encore
méconnus de nombreux acteurs sociaux.
En dehors de la question du vieillissement, les
opérateurs sont demandeurs de formations sur la prise en
charge de ces publics, qui demandent souvent une
approche différente (en terme culturel et social) des
populations maghrébines auxquelles ils sont habitués.
A plus long terme, il s’agit d’anticiper sur la question
du vieillissement, afin d’éviter qu’elle ne se pose de la
même manière que pour l’immigration maghrébine, et
qu’elle soit traité dans l’urgence.

Pour ce faire, il paraît important de mettre en œuvre


des sessions de formation à destination des personnels des
associations et des institutions (CAF, Caisses de retraite,
CCAS, etc.), sur cette thématique des nouveaux migrants :
schémas et modèles familiaux, culture, approche
historique ; mais également sur la question du vieillissement
de ces migrants et migrantes.

La question spécifique des femmes âgées


Enfin, il nous semble important de perpétuer le travail
amorcé par cette étude d’une réflexion globale
concertant les femmes âgées immigrées et d’une
qualification des acteurs sur cette thématique.
En effet, un certain nombre d’opérateurs associatifs
nous ont fait part de la méconnaissance de ce public de
la part des personnels de différentes institutions : CAF, MSA,
bailleurs sociaux, caisses de retraite.

Il pourrait s’agir d’une valorisation de cette étude,


sous la forme de sessions de formation à destination des
agents des collectivités et administrations, par exemple par
le biais du CNFPT.

Note 3 : Rapport final page 64 Adeus groupereflex_


Synthèse des Etudes Locales – Pistes d’action
Les femmes âgées immigrées en Région PACA FASILD
Réalité statistique et visibilité sociale

4 Des problématiques particulières, fonction des


spécificités locales

4.1 Dans les zones rurales (l’exemple du Nord-Vaucluse)

Un isolement plus fort du fait d’un nombre restreint


d’opérateurs associatifs.
Une de spécificités des territoires du Nord Vaucluse
est la relative faiblesse du nombre des opérateurs
associatifs, et pour le moins leurs difficultés à travailler
ensemble. Ainsi, chaque acteur intervient prioritairement
sur un territoire restreint (généralement à l’échelle d’une
cité), alors que son action pourrait bénéficier à une
population plus large.
Par conséquent, les publics ne se trouvant pas à
proximité de ces opérateurs n’y ont bien souvent pas
accès. Ceci renvoie à la question de la mobilité (voir ci-
après) mais également à celle du maillage du territoire.
Ainsi, seul le centre social d’Orange offre un ensemble
complet de prestations qui couvrent tous les domaines
(santé, accès au droit, activités socio-culturelles). Tous les
autres opérateurs apparaissent spécialisés sur une seule
thématique.
En conséquence, les femmes âgées immigrées se
retrouvent contraintes à s’adapter à l’offre. On observe
ainsi sur certains secteurs des cours d’alphabétisation qui
ne désemplissent pas, sur d’autres des ateliers couture où
les femmes continuent de venir se faire aider à faire un
ourlet qu’elles savent parfaitement réaliser seules. On
mesure bien ici toute la dimension de lutte contre
l’isolement que peuvent représenter ces structures.

Il est donc important de maintenir et diversifier l’offre


en direction des publics féminins âgés sur ces territoires. Il
faut pour ce encourager les acteurs déjà présents, qualifiés
sur un domaine, à intervenir sur d’autres secteurs. Pour ce,
la mise à disposition de locaux « partagés » entre les
différents opérateurs nous semble un préalable. Les acteurs
pourraient ainsi « tourner » sur les différentes communes,
comme c’est par exemple le cas des Points d’Accès aux
Note 3 : Rapport final page 65 Adeus groupereflex_
Synthèse des Etudes Locales – Pistes d’action
Les femmes âgées immigrées en Région PACA FASILD
Réalité statistique et visibilité sociale

Droits des Etrangers. Tel acteur associatif interviendrait tel


jour à Bollène, tel jour à Valréas, tel jour à Visan… Dans
chaque commune, le local pourrait accueillir un jour une
permanence d’accès aux droit, un jour un atelier
d’alphabétisation spécifique pour les femmes âgées, un
jour une activité socio-culturelle ou sportive.
Il est prioritaire d’associer les collectivités locales à ce type
de démarches, notamment pour la mise à disposition de
locaux. Il sera également nécessaire que ces acteurs
soient coordonnés dans leurs actions et les territoires
d’intervention ; c’est un des points sur lesquels le FASILD
peut être amené à se positionner directement.

La question de la mobilité, particulièrement sensible en


milieu rural, touche particulièrement les femmes âgées.
Comme annoncé précédemment, les problèmes de
mobilité sont particulièrement prégnant dans ces territoires
ruraux. Les femmes âgées immigrées sont particulièrement
touchées par ce problème, du fait de l’absence de permis
de conduire, de véhicules, et accentués par
l’analphabétisme (difficultés à lire les horaires et lignes des
transports en commun par exemple).
Ce problème de mobilité contribue donc également
à renforcer l’isolement, mais est de plus un facteur limitatif
en ce qui concerne l’accès aux droits et à la santé
notamment. Se rendre à la permanence de la Caisse
d’Allocation Familiale ou consulter un médecin spécialiste
devient très vite une expédition d’une journée si l’on ne
dispose pas d’un accompagnateur véhiculé.

Certaines communes urbaines mettent en place des


dispositifs innovants 29 de « bus à la demande » ou « taxi-
bus », où il suffit de téléphoner pour que le bus s’arrête à
proximité de son domicile sur des créneaux horaires définis
par l’utilisateur. Ce type de dispositifs, pilotés et gérés à
l’échelle intercommunale (syndicat intercommunal de
transports, Communautés de Communes…), permettraient
grandement de désenclaver certains secteurs, sans les
contraintes des transports en commun classiques. Ce type
de dispositif aurait bien sûr une vocation beaucoup plus

29Par exemple dans l’agglomération toulousaine où ce dispositif a été mis en place pour
desservir les zones d’habitat peu denses où les transports en commun n’étaient pas adaptés.

Note 3 : Rapport final page 66 Adeus groupereflex_


Synthèse des Etudes Locales – Pistes d’action
Les femmes âgées immigrées en Région PACA FASILD
Réalité statistique et visibilité sociale

large que le seul transport des femmes âgées immigrées,


mais des actions d’informations en leur direction
permettraient de les associer au projet.
Solution plus facile à mettre en place, des aides
financières pour régler les taxis et pour aider les
associations à s’équiper de moyens de transports peuvent
également être envisagées.

Une société « traditionaliste » dans laquelle la Femme a


encore du mal à sortir du foyer, chose à quoi elle aspire en
vieillissant.
La population immigrée des zones rurales est encore
fortement liée à l’activité agricole. Parmi les immigrés,
beaucoup étaient agriculteurs au pays et sont venus en
France pour exercer dans le même secteur. L’attachement
aux valeurs traditionnelles y est encore très prégnant,
notamment en ce qui concerne la place de la femme.
C’est dans ces territoires que la difficulté des femmes
à sortir, à bénéficier des ateliers d’alphabétisation,
d’activités socio-culturelles est la plus importante du fait du
conjoint. Beaucoup de femmes déclarent en effet être
contraintes par leur époux à rester à la maison et à porter
le voile lorsqu’elles sortent. R. : « Ici, je viens, j’ai le droit,
parce que mon mari il connaît, les dames de l’association
elles l’ont rencontré, et puis c’est des arabes, c’est pas
pareil, mais sinon, il veut pas… il dit que je vais faire des
mauvaises rencontres ou je sais pas, moi… 30 » Ce discours
est largement relayé par les acteurs associatifs, qui insistent
sur la difficulté qu’ils peuvent avoir à rencontrer les
femmes.

Il s’agit ici de faire évoluer les représentations


masculines de la condition féminine. C’est donc en
direction des hommes que doivent être menées des
actions pédagogiques d’information relatives au droit des
femmes et à leur besoin de socialisation te d’autonomie.
Celles-ci pourront passer par différents médias, l’idée à
faire passer étant celle de la nécessité – pour les hommes
comme pour les femmes - d’une autonomisation : ateliers
d’alphabétisation, dans le cadre de formations
professionnelles, évènements (journée de la femme,

30 Entretien à Valréas

Note 3 : Rapport final page 67 Adeus groupereflex_


Synthèse des Etudes Locales – Pistes d’action
Les femmes âgées immigrées en Région PACA FASILD
Réalité statistique et visibilité sociale

projection de films…) sans toutefois stigmatiser le public


masculin, ce qui serait contre-productif. En ce sens, il serait
intéressant d’envisager des groupes de paroles mixtes, sur
un terrain neutre : le transfert sur la situation des enfants est
à ce titre une thématique à privilégier.

Des opérateurs sociaux de droit commun parfois peu


sensibilisés à la question de la spécificité des publics
En dernier lieu, il est important de revenir sur le
manque de connaissance du public de certains
opérateurs de droit commun. Ce sont ainsi des dispositifs
spécifiques (PADE, permanences d’accès aux droits des
différentes associations) qui vont être saisis directement
pour effectuer certaines démarches administratives.
Certaines associations ont ainsi acquis une réelle
compétence dans le montage des dossiers de retraites.
Certains organismes (la MSA du Vaucluse par
exemple) tendent déjà à prendre en compte les
spécificités du public immigré âgé à un niveau global. Mais
il semble plus que le problème relève de conditions
d’accueil parfois inadaptées, d’un personnel pas toujours
disponible pour prendre le temps qu’il faut, etc.

Plus qu’un problème de prise en compte du public au


niveau institutionnel, il semble que se soit la question de la
formation des agents directement en charge de l’accueil
et du traitement des dossiers qui soit en cause.
Nous appuierons ici la proposition déjà formulée de
mettre en place des formations à destination des
personnels directement au contact de ce public dans les
différentes institutions (CAF, MSA, Caisses de retraite…),
formations qui devront associer connaissance sociale du
public et spécificités techniques propres à chaque
opérateur.

Note 3 : Rapport final page 68 Adeus groupereflex_


Synthèse des Etudes Locales – Pistes d’action
Les femmes âgées immigrées en Région PACA FASILD
Réalité statistique et visibilité sociale

4.2 Dans les zones d’habitat social des pôles urbains (l’exemple des
quartiers Nord de Marseille)

Un isolement moins fort du fait de la présence d’acteurs


associatifs, mais un besoin tout aussi prégnant de
socialisation.
Sur un territoire tel que les « quartiers nord » de
Marseille, la problématique est très différente de celle
observée précédemment dans le Nord Vaucluse. On est
en effet dans une situation inverse de multiplicité des
acteurs. L’isolement y est donc moins fort, mais pour autant
les besoins de socialisation exprimés par les femmes âgées
y sont très importants.
Dans les différents quartiers, la volonté de « sortir de la
cité » est un élément récurrent. Les sorties organisées par
les associations rencontrent beaucoup de succès. Les
sorties au marché en centre-ville, les promenades, sont très
appréciées de ces femmes qui ne connaissent parfois que
leur cité. Elles sont un moyen d’échanger entre-elles,
d’échanger avec les accompagnatrices. En ce sens, les
sorties et activités sont un média qui permet aux femmes
d’évacuer leur besoin de parler.
Ce besoin de se raconter a été fortement ressenti lors
du déroulement des entretiens. La plupart des femmes
rencontrées étaient très touchées de raconter leur vie,
leurs souvenirs et leurs liens au pays d’origine, leur
migration, les rapports à leurs enfants, à leur époux.
Malgré cette volonté de sortir, de « découvrir »
l’extérieur, la nécessité d’un accompagnement reste une
constante. Toutes déclarent que seules, elles ne feraient
pas cette démarche de sortir de chez elles, malgré le bien
que cela leur procure. « Moi toute seule, je peux pas… il
faudrait que je prenne le bus, que j’arrive dans des
quartiers… mais je connais pas, j’ai peur de me perdre… Si
on a été déjà une fois, alors là oui, je peux y retourner…
mais sinon non… 31 » Cet accompagnement reste
également pour certaines une nécessité pour certaines
démarches, notamment se rendre chez le médecin.
Beaucoup d’associations développent ainsi un
accompagnement « à la demande ».

31 entretien, Marseille

Note 3 : Rapport final page 69 Adeus groupereflex_


Synthèse des Etudes Locales – Pistes d’action
Les femmes âgées immigrées en Région PACA FASILD
Réalité statistique et visibilité sociale

L’isolement est donc moins fort, du fait des possibilités


de « réunions » offertes par les structures associatives
présentes. Celles-ci répondent à un réel besoin de
socialisation et d’ouverture.
Cependant, elles pourraient être améliorées par un
fonctionnement plus ouvert entre les cités et entre les
migrants de différentes origines. Certaines structures
travaillent sur plusieurs quartiers, mais les publics ne sont
pour autant pas en relation. Les sorties mériteraient ainsi
d’être « mutualisées ».
De plus, il nous semble important de développer le
transfert intergénérationnel. Les femmes rencontrées
expriment leur besoin de parler, mais aussi de partager leur
expérience et de transmettre leur culture. Des passerelles
sont à créer entre les activités des plus jeunes et les
groupes de personnes âgées. Le personnel
d’accompagnement mériterait d’être renforcé par des
jeunes, dont certains sont justement en recherche de
racines et d’identité. A ce titre, des partenariats avec des
institutions sont à envisager. Par exemple, des jeunes filles
dépendant de la Protection Judiciaire de la Jeunesse
(« école d’application », Unité Educative d’Activité de
Jour, Unité Educative de Milieu Ouvert par exemple)
pourraient être employées comme accompagnatrices,
développant par là-même une expérience professionnelle
dans le secteur des services à la personne, actuellement
en plein développement. La difficulté consiste ici à créer
les passerelles entre les institutions et les associations.

Une multiplicité d’acteurs, mais un manque de coordination


qui ne permet pas une mutualisation des moyens et
compétences
La spécificité de ce territoire d’étude est la présence
de nombreux acteurs, qu’ils soient opérateurs de terrain ou
délégataires d’une mission de service public dans le
domaine de l’action gérontologique et sociale.
Il semble que cette multiplicité ne soit pour l’instant
pas porteuse d’une réelle plus-value, mais à l’inverse
qu’elle entraîne une forme de dissolution des moyens et
des actions. Ainsi, sur chaque cité se mettent en place des
« pôles aînés » portés par des associations, certaines
intervenant sur plusieurs secteurs. Parallèlement, le CLIC
(Centre Local d’Information et de Coordination

Note 3 : Rapport final page 70 Adeus groupereflex_


Synthèse des Etudes Locales – Pistes d’action
Les femmes âgées immigrées en Région PACA FASILD
Réalité statistique et visibilité sociale

Gérontologique) nous a fait part de ses difficultés à créer


une synergie entre les différents opérateurs.
La problématique apparaît donc très sectorisée, tant
géographiquement que par domaines d’intervention.
Chaque association est porteuse de son projet pour les
personnes âgées, généralement axé vers le
développement d’activités (socialisation) et
l’accompagnement social aux démarches. Mais aucune
ne prend réellement en compte de manière globale et
transversale la problématique géronto-sociale, laissée au
CLIC.
Ainsi, plusieurs opérateurs sont financés sur des projets
sensiblement identiques, sans que n’existe un travail en
réseau, les opérateurs ne semblant pas convaincus de son
utilité. Le CLIC GérontO’Nord nous a fait part de ses
difficultés à réunir autour de la thématique du vieillissement
les opérateurs associatifs qui pourtant mettent en place,
chacun sur leur territoire, des « pôles aînés ». Cet organisme
de coordination a donc pris le parti de s’appuyer sur le
dispositif Contrat de Ville, principal financeur, pour tenter
de mettre en place un fonctionnement en réseau.

Il apparaît comme une nécessité de positionner -


d’imposer ? - le CLIC comme « tête de réseau » en ce qui
concerne les actions sociales en direction des personnes
âgées dans les quartiers, en particulier des femmes âgées
immigrées. C’est en effet un organisme qui dispose des
compétences pluridisciplinaires et d’une mission de mise
en réseau particulièrement adapté. Au préalable, les
moyens financiers et humains d’assumer cette mission
devront lui être donnés par les organismes financeurs.

La nécessité d’une prise en compte dans la gestion des


logements
La gestion des logements sociaux ne prend pas
toujours suffisamment en compte la question des femmes
âges immigrées. Les demandes de mutation dans des
logements plus petits sont souvent difficiles à obtenir,
maintenant des personnes seules dans de grands
logements dont les loyers ne correspondent plus aux
revenus disponibles.

Note 3 : Rapport final page 71 Adeus groupereflex_


Synthèse des Etudes Locales – Pistes d’action
Les femmes âgées immigrées en Région PACA FASILD
Réalité statistique et visibilité sociale

D’autre part se pose la question des réhabilitations.


Bien que soient en général mise en place des maîtrises
d’œuvre sociales, visant à un accompagnement social
des réhabilitations, celles-ci ne prennent pas toujours en
compte la spécificité des publics. De plus, les MOS
n’existent que sur la durée de la réhabilitation. Comme
nous le montre l’exemple de la cité des Créneaux (voir
paragraphe ci-après), c’est un travail en amont qui doit
être mené. Sur cette cité, des réunions d’information ont
eu lieu, mais il s’agissait plus d’une information des
locataires que d’une prise en compte des publics.
D., 67 ans : « Là, je ne sais pas comment on va faire,
parce qu’ils vont démolir la cité mais on sait pas encore où
on va aller… ça cause des problèmes ça tu sais de na pas
savoir où est-ce que tu va aller demain… mais le pire, ici,
c’est les vieilles femmes, elles ont toujours vécu ici, elles ont
leurs habitudes et tout et maintenant ils les jettent… ça leur
cause encore plus de soucis à elles… On verra bien
comment ça va se passer ! mais ça fait des soucis tout ça
de ne pas savoir où on va habiter ; moi ça fait des années
que j’habite ici et j’ai peur de me retrouver dans un
quartier que je ne connais pas. Ici je connais tout le
monde ! Tout le monde est gentil, ici, les jeunes viennent
m’aider quand je porte les courses, tout le monde est bien
et je n’ai pas envie de partir d’ici… […] je passe tout mon
temps à penser à ça, ça me ronge qu’on puisse mettre
des gens dehors comme ça. En plus, moi, j’ai toujours payé
mes loyers, je n’ai jamais été en retard, jamais, et là, on va
tous être dehors… »

Une sensibilisation des opérateurs de logement social


doit être engagée, sur la base des « enquêtes
d’occupation du parc social ». Celles-ci, réalisées par les
bailleurs chaque année, devront leur permettre d’identifier
les secteurs de leur parc où les femmes âgées sont
particulièrement représentées et de prendre en compte
cette spécificité dans leur gestion locative.

Note 3 : Rapport final page 72 Adeus groupereflex_


Synthèse des Etudes Locales – Pistes d’action
Les femmes âgées immigrées en Région PACA FASILD
Réalité statistique et visibilité sociale

Un exemple emblématique : la cité des Créneaux

L’exemple de la cité des Créneaux (15ème


arrondissement) nous semble illustrer de manière
intéressante la problématique du fait d’une concentration
du public ciblé par l’étude et d’autre part des difficultés
auxquelles ont à faire face les femmes âgées, en lien avec
l’enclavement de ce petit ensemble d’habitat social.
La cité des Créneaux est une ancienne « cité de
transit » dont la réhabilitation, puis la démolition sont
envisagées depuis de nombreuses années. La population
des Créneaux est constituée de familles issues de la
résorption des bidonvilles, de foyers SONACOTRA et des
Tilleuls. Selon le bailleur, un fonctionnement très « clanique »
est observé, avec des regroupements de certaines familles
et une concentration de personnes de la même origine
géographique (à l’échelle du village). Il s’ensuit une
appropriation très forte de la cité, qui vit de manière très
fermée sur elle-même, fonctionnement renforcé par son
enclavement géographique (éloignement des grands axes
urbains, absence de transports en commun).
Aujourd’hui, selon un opérateur associatif intervenant
auprès des femmes sur la cité, sur 86 logements occupés,
45 le seraient par des femmes d’origine algérienne (région
des Aurès) âgées de 60 à 87 ans, veuves, vivant le plus
souvent seules dans leur logement et ayant migré dans les
années 45-50. Dans l’hypothèse d’une future démolition, le
bailleur ne remet pas sur le marché les logements après
départ ou décès des locataires. Ajouté à cela l’effet
« répulsif » pour certains ménages de la cité, on observe un
vieillissement très fort de la population.

Sur cette cité, le principal problème rencontré par les


femmes âgées est l’isolement social, isolement renforcé
par la non-maîtrise de la langue et l’enclavement de la
cité.
La majorité des ces vieilles femmes d’origine
algérienne est venue en France pour rejoindre un époux
qui travaillait en général comme ouvrier agricole dans les
Bouches-du-Rhône ou le Vaucluse. La vie « nomade » de
l’ouvrier agricole suivant les exploitations au rythme des
saisons étant difficilement compatible avec la vie de

Note 3 : Rapport final page 73 Adeus groupereflex_


Synthèse des Etudes Locales – Pistes d’action
Les femmes âgées immigrées en Région PACA FASILD
Réalité statistique et visibilité sociale

familiale, ces familles se sont progressivement


« citadinisée » - selon l’expression de SAYAD - et implantée
dans les grandes zones urbaines.
Ces femmes déclarent toutes être venues en France
pour rejoindre leur mari, et insistent sur le fait qu’elles sont
restées au foyer toute leur vie. Sur l’ensemble des femmes
âgées vivant aux Créneaux, très peu maîtrisent la langue
française malgré leur présence ancienne en France. Elles
justifient cet état de fait par cette assignation à un rôle
domestique. Elles ne « pouvaient pas » bénéficier des cours
d’alphabétisation du fait de cette situation.
Aujourd’hui, ces femmes se retrouvent
quotidiennement dans les locaux mis à disposition d’une
association par le bailleur. Elles y discutent entre elles,
abordent avec les animatrices de l’association différents
problèmes auxquels elles sont confrontées. Ces dernières
les accompagnent dans leurs démarches (aller chez le
médecin, remplir des papiers…) sans pour autant qu’elles
bénéficient d’une formation appropriée.

Note 3 : Rapport final page 74 Adeus groupereflex_


Synthèse des Etudes Locales – Pistes d’action
Les femmes âgées immigrées en Région PACA FASILD
Réalité statistique et visibilité sociale

4.3 Dans les centres-anciens des pôles urbains (l’exemple du centre-ville


de Nice)

La question du logement
Comme nous l’avons vu en première partie, la part
des femmes âgées immigrées vivant dans un logement
dont elle ou leur conjoint est propriétaire dépasse toujours
les 40% sur l’ensemble de la commune de Nice ; c’est un
des plus élevé de la région. Pour autant, ce chiffre ne doit
pas masquer deux réalités :
D’une part, les conditions de logement de ces
femmes qui ne sont pas en location. L’accession des
ménages immigrés, et à fortiori des femmes âgées, se
concentre sur certains secteurs déqualifiés du parc de
logement (Gambetta, Dabray…) : vétusté des logements,
nuisances (proximité de voies d’autoroute, chemin de
fer…). Ce sont de plus des ménages dont la capacité
financière est souvent trop faible pour pouvoir envisager
des travaux d’amélioration de l’habitat, situation renforcée
par les difficultés de compréhension de la langue et des
rouages administratifs, et donc d’accès aux dispositifs
financiers et techniques d’aide à l’amélioration de
l’habitat lorsqu’ils existent (OPAH par exemple).
D’autre part, les 60% des femmes âgées immigrées
maghrébines qui ne sont pas propriétaires vivent des
situations diverses. La part de celles qui vivent dans le parc
locatif social est confrontées à des difficultés de mutations.
Le parc social niçois offre relativement peu de petits
logements, et les ménages de personnes âgées sont
souvent appréciés des bailleurs (du fait que se sont des
éléments « calmes » et « stables » à l’échelle d’un groupe
d’habitation). Ces derniers opposent donc fréquemment
un refus aux demandes de mutations, tandis que des
ménages composés d’une personne seule sont contraints
de vivre dans de grands logements dont ils ne peuvent
que difficilement assumer loyers et charges.
L’accès au logement spécifique est rare. Les acteurs
rencontrés insistent sur une relative autonomie des femmes
âgées immigrés, notamment les isolées, par rapport au
logement. Ainsi, le logement en hôtel meublé et les
pratiques de collocation sont rares, la situation des femmes
s’opposant ici à celle des hommes seuls. Ceci est
accentué par le fait que les foyers SONACOTRA des Alpes-
Maritimes accueillent exclusivement des hommes. La

Note 3 : Rapport final page 75 Adeus groupereflex_


Synthèse des Etudes Locales – Pistes d’action
Les femmes âgées immigrées en Région PACA FASILD
Réalité statistique et visibilité sociale

présence des femmes immigrées dans les maisons de


retraites est exceptionnelle en dehors des femmes
originaires des pays de l’Union Européenne.
Dans le parc locatif privé, les femmes âgées
immigrées sont confrontées sensiblement aux même
problématiques que les propriétaires : ségrégation urbaine
dans les secteurs déqualifiés du parc, vétusté et inconfort
des logements, peur – et méconnaissance des droits - des
locataires d’entamer des démarches auprès du
propriétaire pour demander des travaux d’amélioration.
Les problèmes rencontrés par les femmes âgées
immigrées originaires des pays hors Union Européenne dans
le centre niçois ne diffèrent guère de la problématique
générale du logement des populations immigrées :
ségrégation / agrégation dans les zones reléguées (cités
d’habitat social et secteurs déqualifiés du parc privé),
faiblesse des revenus, méconnaissance des droits des
locataires et des dispositifs publics d’amélioration de
l’habitat. Cependant, ces différents facteurs sont
accentués par la situation particulière de « femme » et de
« personne âgée ». Se rajoutent en effet les problématiques
plus spécifiques du logement des personnes âgées
(accessibilité, médicalisation, services…) mais également
l’extrême faiblesse des revenus, notamment en ce qui
concerne les femmes seules qui ne bénéficient que d’une
pension de réversion souvent limitée [voir sur ce point la
note 2 : « Femmes âgées immigrées en région PACA –
Problématiques identifiées »]. Le problème des revenus est
d’autant plus prégnant du fait de la forte pression
immobilière observée sur le territoire niçois. Se joue aussi la
question de l’isolement : les démarches liées au logement
(recherche, travaux, etc.) étaient souvent accaparées par
les hommes, les femmes se trouvant inexpérimentées lors
de leur disparition.

In fine, c’est bien la question des politiques publiques


du logement et de leur prise en compte du public
spécifique « femmes âgées immigrées » qui est posée. Il
s’agit donc d’intégrer – ou de mieux prendre en compte -
ces personnes aux différents dispositifs existants : logements
pour les personnes âgées, opération d’amélioration de
l’habitat, politique du logement social… C’est donc
l’ensemble des opérateurs intervenant sur cette question
qui doivent être associés : administrations, collectivités
locales, etc.

Note 3 : Rapport final page 76 Adeus groupereflex_


Synthèse des Etudes Locales – Pistes d’action
Les femmes âgées immigrées en Région PACA FASILD
Réalité statistique et visibilité sociale

Des problématiques sensiblement identiques aux autres sites


étudiés
On retrouve dans le centre de Nice globalement les
mêmes problématiques que sur les autres sites étudiés :
Une demande d’ateliers d’alphabétisation
spécifiques en direction des publics féminins âgés [cf. point
3.1];
Un risque d’isolement du fait des mécanismes de
ségrégation socio-spatiale, de la distension des liens
intergénérationnels et d’une présence importante des
femmes seules – célibataires, veuves [cf. point 3.4] ;
Un besoin de socialisation fort, qui passe notamment
par les activités et animations socio-culturelles et
sportives [cf. point 3.4];
Un nombre assez important d’acteurs qui
interviennent auprès de ces publics. Sur ce territoire, on
note à ce niveau un travail partenarial déjà engagé. Les
associations, institutions, médecins, travaillent en effet
fréquemment de manière conjointe. C’est ainsi sur ce seul
territoire que nous avons réussi à organiser une rencontre
des différents acteurs autours d’une même table. C’est
également à Nice que les acteurs s’identifient le mieux
entre-eux. Ainsi, chacun a pu nous renvoyer vers d’autres,
vers un médecin, vers une administration avec laquelle il
travaille en partenariat.

Note 3 : Rapport final page 77 Adeus groupereflex_


Synthèse des Etudes Locales – Pistes d’action
Les femmes âgées immigrées en Région PACA FASILD
Réalité statistique et visibilité sociale

Conclusion

L
a question du vieillissement des personnes
immigrées est régulièrement étudiée, sous ses
différents aspects, depuis plusieurs années.
Différents travaux menés sur cette problématique ont fait
apparaître au sein de cette population un groupe
exprimant des besoins spécifiques, mais encore peu étudié
et souffrant d’une forme d’invisibilité sociale : les femmes
âgées immigrées.
Il s’avère qu’aujourd’hui, la population immigrée s’est
largement féminisée. Le stéréotype du travailleur immigré
célibataire n’est plus, loin s’en faut, une réalité.
Aujourd’hui, plus d’un immigré sur deux âgé de 60 ans ou
plus est une femme. Ces femmes âgées immigrées
représentent ainsi près de 20% de la population immigrée,
et plus de 35% de la population immigrée féminine.
Cette population se concentre principalement dans
les grandes métropoles de la région (Marseille, Nice,
Toulon, Avignon), mais est également présente dans les
autres communes où elle est moins visible. C’est d’ailleurs
dans ces communes plus petites qu’elle est le plus en
augmentation, notamment dans le nord des Bouches-du-
Rhône, le Vaucluse et le Var.
Si le nombre de femmes âgées immigrées originaires
de pays de l’Union Européenne à 15 diminue partout, elles
restent les plus représentées. Pourtant, certains territoires
voient la population d’origine maghrébine croître de
manière importante. Sur ces secteurs (les Bouches du
Rhône notamment), les femmes âgées originaires des pays
du Maghreb, mais également d’autres régions du monde
(Afrique sub-saharienne, Asie, Europe de l’Est) seront
bientôt plus nombreuses. On peut donc parler d’une
diversification de l’origine des femmes âgées immigrées : A
l’échelle régionale, les femmes âgées européennes
représentaient 69% des femmes âgées immigrées en 1990,
mais plus que 61% en 1999. A la même date, parmi les
femmes âgées de 59 à 60 ans, seulement 48% étaient
d’origine européenne.
Si la « réalité statistique », avec tous ses biais, montre
bien l’importance croissante de cette population, qu’en
est-il de sa « visibilité sociale » ?

Note 3 : Rapport final page 78 Adeus groupereflex_


Synthèse des Etudes Locales – Pistes d’action
Les femmes âgées immigrées en Région PACA FASILD
Réalité statistique et visibilité sociale

Les femmes âgées immigrées semblent encore bien


peu prises en compte par les politiques publiques. D’une
part en terme d’identification : Aucun organisme
institutionnel n’a pour l’instant identifié ce public et
l’intègre en tant que tel à ses statistiques ou à ses
programmes, contrairement aux immigrés âgés masculins.
D’autre part, même en terme d’actions associatives,
les activités ciblées directement sur ce public sont encore
rares, même si l’expression des besoins aidant, on trouve
de plus en plus d’initiatives, parfois innovantes.
Corrélativement à cette absence de visibilité sociale des
femmes âgées immigrées, nous avons été confrontés à des
difficultés à réunir les acteurs autour de cette
problématique. Il semble que pour beaucoup
d’institutionnels notamment, la question ne se pose pas
réellement.

Dans notre analyse, nous avons cherché à définir des


parcours migratoires, lesquels se traduisent par des
légitimations différentes de la migration dont les
conséquences se traduisent, à l’âge de la retraite, en
terme de situations sociales. Si certaines femmes se sont
« impliquée » dans la migration et ont contribué à la
construction d’un projet de vie familial, d’autres ont vécu
leur migration de manière plus passive ou uniquement
dans un projection à travers leurs enfants. Pour celles-ci,
l’autonomie, l’accès aux droits et l’implication dans la vie
locale est beaucoup plus difficile.
Un certain nombre de points doivent notamment être
améliorés. En premier lieu, il apparaît primordial de
maintenir et développer l’accès des femmes âgées aux
cours d’alphabétisation, en envisageant notamment des
ateliers spécifiques. La maîtrise de la langue reste en effet
le principal frein à l’intégration. Ces ateliers à vocation
socialisante devront aussi permettre d’améliorer l’accès
aux droits et répondre au besoin de socialisation exprimé
par le public.
La question de la santé doit également être
améliorée, par une double approche, aussi bien médicale
qu’administrative. Des actions de sensibilisation des
médecins et l’intégration des femmes âgées immigrées
comme public prioritaire dans les différents documents de
programmation régionaux doivent améliorer la prise en
compte du public. En même temps, une coordination des
acteurs intervenant dans ce domaine doit permettre une

Note 3 : Rapport final page 79 Adeus groupereflex_


Synthèse des Etudes Locales – Pistes d’action
Les femmes âgées immigrées en Région PACA FASILD
Réalité statistique et visibilité sociale

meilleure prise en charge, aussi bien en matière de soins


que de protection sociale.
Sur les différents territoires étudiés, la question de la
socialisation et des activités a toujours été un élément
central. Beaucoup de structures n’arrivent pas à
développer des activités qualifiées « d’occupationnelles »
pour lesquelles les financeurs ne veulent pas s’engager.
Pourtant, que se soit en terme d’amélioration du bien être
psychique et physique, de lutte contre l’isolement, de
socialisation, les activités socio-culturelles sont un temps
majeur dans la vie des personnes âgées. Ce point est
d’autant plus important que les femmes âgées immigrées
non que très peu accès aux activités pour les personnes
âgées de droit commun, du fait de blocages culturels et
sociaux qu’il semble difficile de déverrouiller rapidement.
Enfin, les différents acteurs qui interviennent sur ce
champ expriment tous – de différents manières – le besoin
de formation pour prendre en charge ce public
spécifique. En effet, certaines actions peuvent être très
techniques (montage des dossiers de caisse de retraite par
exemple), et des activités peuvent nécessiter une
dimension « novatrice » (ateliers spécifiques
santé/alphabétisation part exemple). En ce sens, une
coordination des acteurs institutionnels et associatifs doit
être envisagée.
L’approche par micro-territoire a quant à elle fait
émerger des problématiques plus spécifiques : isolement et
mobilité, condition féminine, faible nombre d’opérateurs
dans les territoires ruraux ; besoin de socialisation,
multiplicité des acteurs, logement social dans les quartiers
Nord de Marseille ; logement privé, ségrégation socio-
spatiale et isolement dans le centre de Nice.

Globalement, le tissu associatif et la présence


institutionnelle ne font pas défaut. Le principal enjeu dans
la problématique de l’intégration des femmes âgées
immigrée – et nos propositions vont toutes en ce sens - est
d’arriver à coordonner, mutualiser et cibler l’action en
direction de ces publics, sans pour autant contribuer à
l’exclusion par des dispositifs trop spécifiques.

Note 3 : Rapport final page 80 Adeus groupereflex_


Synthèse des Etudes Locales – Pistes d’action
écrire les territoires, dessiner la chose publique

groupe reflex_
Acadie, Paris

Aceif.st, Strasbourg

Adeus, Marseille

Aures, Nantes

Cérur, Rennes

Place, Bordeaux

Trajectoires, Lyon

Vous aimerez peut-être aussi