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Après la tempête qui a frappé le grand sud-ouest la semaine dernière, Mont de Marsan

venait se frotter hier soir à une équipe toulonnaise remontée comme une pendule. La
faute sans doute à trop de suffisance lors des oppositions précédentes, le peuple
toulonnais attendait un rachat de la part de ses joueurs et une preuve de leur capacité à
porter le brin de muguet. Plantons le décor, d’un côté des Montois tels qu’on les connait,
joueurs, costauds en mêlée, réalistes, tous prêts à mourir pour le voisin et par-dessus
tout : courageux. En face, les Toulonnais, revanchards désireux de prouver à leur public
que la saison repartait de là. Alors Aubin Hueber et Martin Jagr ne faisaient que rajouter
les dernières gouttes d’huile dans la cruche qu’allaient verser les 30 acteurs sur le feu
rugbystique.

Electrique. Dix minutes avant le coup d’envoi on sentait Mayol retenir quelque peu son
souffle, peu de chants, légers applaudissements pour les joueurs. Ce soir c’était, pour
beaucoup, la vie ou la mort. Les joueurs sortent sur l’excellent « Hells Bells » d’AC/DC et
en voyant les Montois rentrer fièrement en marchant sur la pelouse, on comprit qu’ils
répondraient présent au combat annoncé ! On allait se régaler, au stade ou devant son
écran. Tous les ingrédients étaient réunis pour voir LE match de rugby de l’année. C’était
sans compter sur la cécité passagère de Mr Pechambert qui en dépit de contrôler le
match montra aux yeux de la France du rugby son incapacité à gérer un match sous
haute tension.

20H34 sur la Rade. Il fait doux pour une fin de mois de Janvier mais la chaleur dans le
stade devient étouffante quand le Pilou-pilou se fait entendre et que Yannick Lafforgue
donne le coup d’envoi, loin dans le camp Toulonnais. Un ballon récupéré par les « Jaunes
et noirs » - en blanc hier soir – et voilà que le très bon demi d’ouverture témoigne des
intentions Montoises en passant un drop entre les perches. A peine 1 minute de jeu, le
score est déjà ouvert. Sur le coup d’envoi les Toulonnais essaient de repartir au charbon,
par crainte de se faire voler la vedette mais sur un hors-jeu les locaux se mettent à la
faute, à 60 mètres de leur ligne. En deux secondes la décision Montoise est prise : on n’a
pas fait ce voyage si long, ce séjour sur l’île de Bendor pour perdre. On décide de taper la
pénalité. Damien Cler d’ordinaire funambule sur son aile prend trois pas d’élan et
transforme une pénalité impressionnante. Huit minutes de jeu déjà à Mayol et les
Montois mènent 6-0. Ils se rêvent alors à ramener une victoire sur leurs terres, ce qui
donnerait à son peuple un peu de joie suite au désastre naturel de la semaine dernière.
Sur le renvoi, Mr Pechambert commence son concerto, refusant visiblement de siffler
coup sur coup face à un troisième ligne Montois totalement détaché sur mêlée fermée, et
des hors jeu flagrant incessant, il ne laisse pas passer l’occasion de sortir un carton jaune
pour Ross Skeate. Le deuxième ligne Toulonnais châtiant du coude un Montois en position
de hors jeu.

« On en a marre de passer pour des branleurs ». Martin Jagr l’avait annoncé, il fallait
côté Toulonnais, retrouver ses repères et sa fierté. Sur la première récupération propre,
les Toulonnais accéléraient et laissaient parler leur cannes et on retrouvait enfin le jeu de
l’an dernier, la touche Umaga…Après deux relais au sol, l’ailier Sinoti s’infiltre, bien
relayer par Ai’i et Henjack qui pousse au pied dans l’en but et l’ailier tchèque plus rapide
plonge pour aplatir du bout des doigts le premier essai de la soirée. Tusi Pisi ratait la
transformation en coin et le Stade Montois gardait l’avantage au score et la tête froide
pour résister aux attaques toulonnaises des dix minutes suivantes.

Réalisme, réussite et courage. A la 22e minute du match les données sont simples. Le
Stade Montois joue à 15 contre 14 pour encore une petite minute, les mêlées sont toutes
âprement disputées et les 3/4 Toulonnais sentent qu’il ne manque rien pour que Mayol
explose. Alors les hommes d’Aubin Hueber et de Tana Umaga attaquent franchement.
Mais c’est à ce moment que Mont de Marsan va décider de démontrer, s’il en était encore
besoin, leur courage et leur réalisme. Attaquant trop près de la ligne de défense adverse,
les Toulonnais se font chiper la beuchigue par un Mazzonetto en réussite qui file aplatir
derrière les poteaux en cavalier solitaire. Yannick Lafforgue transforme aisément et le
Stade Montois mène par 13 à 5 après 23 minutes de jeu. Ross Skeate rejoins alors ses
partenaires. A quinze contre quinze les Toulonnais témoignent alors des mêmes qualités
de leurs adversaires d’un soir et se montrent réalistes. Car 4 minutes plus tard, Sinoti
aplatit en coin suite à un beau mouvement collectif des arrières varois. Pisi, rate encore
la transformation et Mont de Marsan mène à la demi-heure de jeu par 13-10.

Mr Péchambert. Et bientôt 16-10 car Lafforgue allait passer sa première pénalité,


sanctionnant des Toulonnais à la faute, selon Mr Pechambert, sifflant plus volontiers de
légers hors jeu que des contacts et passages à vides grossiers… En montrant de telles
aptitudes à diriger un match de rugby, il n’était alors pas très étonnant de voir le match
lui échapper totalement. Ainsi, à deux minutes de la mi-temps, Matt Henjack assassine
un Montois (je crois que c’est Durquet mais pas certain ;- ) ), se fait sanctionner d’un
carton jaune et offre trois points de plus aux hommes de Marc Dal Maso qui n’en
demandait pas tant. Sur le renvoi, la sirène a sonné et les montois se mettent à la faute
– là encore je vais devoir revoir les règles pour comprendre le coup de sifflet – face aux
poteaux et Pisi passe son premier coup de pied de la soirée. Les Montois rentrent aux
vestiaires avec une avance confortable de six points due à un réalisme, un brin
d’opportunité et une conquête pas forcément dominatrice mais suffisante. Ne sont-ce pas
là les caractéristiques d’une grande équipe ? Avec déjà 32 points marqués à la pause, le
match est plaisant à voir, les deux équipes s’envoient et la tension reste vive… l’enjeu n’a
pas tué le jeu !

Remontage de brettelle et coup de massue. Revenus sur le terrain avec les mêmes
intentions qu’en début de match, les Montois passent une nouvelle pénalité - par
l’intermédiaire de l’inévitable Lafforgue - six minutes après la reprise et mènent alors 22-
13. Mais les Toulonnais se sont fait sérieusement remonter les bretelles par leurs
entraîneurs qui ne veulent pas que la victoire leur échappe ce soir. Alors du côté de la
Rade on se concentre sur ce que l’on sait faire de mieux : les ¾ sonnent la charge et en
quinze minutes plient un match jusqu’alors crispant. Le treiziste Sonny Bill Williams file
aplatir suite à un exploit personnel. Les midinettes de la rade n’ont pas finis de le revoir
en rêve… Essai transformé par Pisi. Trois minutes plus tard c’est Martin Jagr qui réalise le
doublé en plongeant en terre promise. Pour son retour à la compétition le Jaguar montre
qu’il a le niveau pour évoluer en Top 14. Les Montois viennent de recevoir un vrai coup de
massue derrière la tête et ne s’en remettront jamais. Toulon mène pour la première fois
au score par 25-22. Les Montois méconnaissables flanchent alors sur le physique et
commettent des erreurs que l’on ne leur connaissait pas et font preuve de largesses
défensives quasi-inédites cette saison. Maintenant presque dominateur en mêlée, le RCT
peut lancer des mouvements pour ses arrières et Mayol se régale de voir Sinoti effectuer
à son tour un doublé. D’autant que Pisi a enfin trouvé les bons réglages au pied. Il reste
20 minutes à jouer et le RCT mène 32-22.

Les mouches ont changé d’âne. Jusque là réalistes, la scoumoune va poursuivre les
arrières landais, maladroits et malchanceux sur des réceptions près de la ligne de touche
ou sur des lancements de mouvements. Dans le même temps, il ne semble plus rien ne
pouvoir arriver aux toulonnais. L’illustration de cette baraka toulonnaise en seconde
période reste sans doute ce drop totalement raté de Pisi qui finit en touche à 5 mètres de
la ligne – il y a un mois il aurait finit de l’autre côté du poteau de coin. Le reste du match
est euphorique pour le public toulonnais qui libère sa frustration des six derniers mois, la
ola fait le tour du stade, Pisi ajoute 6 points au pied, Mr Péchambert regagne les
vestiaires sous les sifflets et les Montois – à leur habitude à Mayol – sous les
applaudissements. Hier soir les toulonnais ont gagné leur match de la dernière chance
mais il reste encore de nombreuses joutes à disputer pour les deux équipes, rien n’est
acquis et la lutte pour le maintien durera jusqu’au bout de la saison. Les combats à venir
entre Castres, Dax, Bourgoin, Mont de Marsan et Toulon s’annoncent des plus palpitant…
après des matchs comme hier soir, une seule phrase me vient à la bouche : que c’est
beau le rugby !

Les meilleurs hier soir, A Mont de Marsan : Lafforgue, Mazzonetto et Tastet.

A Toulon : Van Niekerk, Sinoti, Jagr, Maestri et Williams

signé Drago

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