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Emploi - ÉGALITÉ DES CHANCES

Le travailleur immigré à la peine en Belgique


Les taux de chômage chez les immigrés en Belgique sont les
plus élevés de l'OCDE.

Ce n'est pas une surprise. Mais une confirmation cinglante. Les experts de
l'OCDE (Organisation de coopération et de développement économiques)
viennent de boucler une étude relative à l'intégration des migrants sur le
marché du travail en Belgique et démontrent sans ambiguïté que les
immigrés ont toutes les peines du monde à y trouver leur place.

Quelques chiffres.
Le taux de chômage est deux fois et demi plus élevé chez les immigrés (14,8
pc) que chez les autochtones (5,9 pc). Et si l'on ne tient compte que des
immigrés issus d'un pays non européen, l'écart est encore plus manifeste :
leur taux de chômage est près de 4 fois supérieur à celui des autochtones.
Constat identique pour le taux d'emploi. Si 68,8 pc des personnes de 15 à 64
ans nées en Belgique et y vivant ont un boulot, seulement 56 pc de ceux qui,
dans la même tranche d'âge, sont nés à l'étranger en ont un. Pour les femmes,
le constat est encore plus alarmant. Un tiers seulement des femmes
immigrées originaires d'un pays non européen et établies sur le sol belge a
un emploi. C'est, et de très loin, le plus faible score des principaux pays de
l'OCDE. Ces écarts se marquent très clairement pour les personnes
originaires de Turquie et du Maroc — lesquelles représentent
respectivement 7 pc et 12 pc de l'ensemble des immigrés en Belgique. Le
taux d'emploi des Marocains de Belgique est de 34,4 pc alors qu'il est de
49,2 pc en Europe. Et celui des Turcs de Belgique est de 32,8 pc contre 48
pc en Europe.

Naturalisations.
Un autre constat inquiète : les enfants d'immigrés, même quand ils sont
scolarisés en Belgique, affichent des résultats médiocres sur le marché du
travail. Bien plus médiocres que dans les autres pays de la zone OCDE — à
l'exception de ceux qui ont été observés en Wallonie.

Les experts de l'OCDE épinglent quand même deux points positifs pour la
Belgique.
Premièrement, les administrations publiques belges sont davantage
perméables aux immigrés que dans la plupart des autres pays.
Deuxièmement, la Belgique s'est dotée d'une législation sur la naturalisation
parmi les plus libérales — qui prévoit l'accès à la citoyenneté après 3 ans de
résidence — et cela semble porter ses fruits. Selon l'OCDE, les immigrés qui
sont devenus belges affichent des taux d'emploi plus élevés que ceux qui ont
gardé leur nationalité d'origine.

Ce tableau, noir dans son ensemble, pousse l'OCDE à gronder la Belgique.


"C'est une question à laquelle il faut répondre, professe Martine Durand
(OCDE). Car le flux des migrations ne va pas se tarir. Et c'est une chance.
S'il devait s'arrêter, la main-d'oeuvre déclinera lourdement dans tous les
pays occidentaux d'ici 2020."

Se disant interpellée par cette étude, la ministre de l'Emploi Joëlle Milquet


(CDH) a fait la liste des choses déjà faites ou qu'elle compte faire pour
améliorer la situation des immigrés sur le marché du travail belge. Elle
annonce le lancement des Assises de l'interculturalité en janvier, met en
avant les labels « Égalité Diversité », envisage d'expérimenter des tests de
discrimination et initie une enquête auprès d'un échantillon de la population
belge sur les attitudes de tolérance vis-à-vis des minorités.

V.R.

Source : La Libre Belgique – 18 novembre 2008

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