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Paris et Bruxelles envoient des troupes au

Rwanda
5 octobre 1990

A quelques minutes d'intervalle, la France et la Belgique ont décidé hier d'envoyer des troupes
et des armes au Rwanda, qui subit depuis dimanche dernier une vaste offensive lancée par des
rebelles depuis l'Ouganda. Paris et Bruxelles répondent donc aux requêtes expresses du
gouvernement de Kigali. Selon le communiqué du Quai d'Orsay, « une compagnie de 150
hommes exclusivement chargée de la sécurité» des ressortissants français (200 personnes au
total) et de la protection de l'ambassade, devait partir dès hier soir vers la capitale rwandaise.
Il s'agit d'éléments d'assistance opérationnelle (EFAO) de la Légion étrangère, installés à
Bangui, faisant partie du 2e régiment de Calvi, considéré comme le meilleur de l'armée
française. Des sources autorisées à Paris évoquaient par ailleurs l'envoi d'armements légers et
de munitions. Bruxelles, de son côté, annonçait le départ de troupes et de matériel militaire
«dans le cadre d'une action humanitaire pour protéger les Belges et permettre éventuellement
leur évacuation ».
Les deux parties ont en tout cas fait part de leur inquiétude face à la situation de ce petit pays
d'Afrique centrale, ancienne colonie belge liée à la France par un accord de coopération
technique militaire. Partis donc du nord-est du pays, les rebelles avaient en effet pris Jusque-là
l'avantage sur les forces gouvernementales pour se retrouver à quelque 70 kilomètres de la
capitale Kigali. Dirigés par un ancien officier supérieur de l'armée ougandaise, le
commandant Fred Rwigyema, les rebelles font tous partie de l'ethnie Tutsi, minoritaire au
Rwanda, et qui avait dû fuir le pays vers l'Ouganda durant les années soixante pour échapper
aux massacres de la tribu Hutu, majoritaire. Dès dimanche, ils ont annoncé leur intention de
mettre fin à la «clique dirigeante et corrompue» du président Juvenal Habyarimana, arrivé au
pouvoir en 1973 après un sanglant coup d'Etat.
Hier, toutefois, les troupes gouvernementales (5000 hommes) semblaient être parvenues à
opérer un retournement de situation et à contenir les combattants de Rwigyema (estimés à
10000 par Kigali, mais sûrement plus proches des 2000 ou 3000). Selon le ministère rwandais
de la Défense, il n'y aurait même plus de ligne de front à l'approche de Kigali et deux cents
rebelles seraient morts, contre «moins de cinq soldats réguliers», l'ensemble des «
envahisseurs » ayant été repoussés à 120 km de Kigali. L'armée aurait notamment détruit le
PC des hommes de Rwigyema et brûlé une trentaine de leurs camions.
Pour l'instant en tout cas, Paris et Bruxelles se refusent à envisager une participation de leurs
troupes aux combats, qui impliquerait un nouvel envoi de soldats. A Kigali, où le président
Habyarimana est rentré, après une visite écourtée aux Etats-Unis, et où « les attroupements de
plus de deux personnes» sont interdits, la situation était apparemment calme. Mais les
combats dans le nord-est du pays pourraient déjà avoir des conséquences économiques sur les
pays voisins, et notamment le Burundi.
D'après AFP, Reuter

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