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Lectures D'Été: Le Corps À L'ère de La Bioéconomie
Lectures D'Été: Le Corps À L'ère de La Bioéconomie
D E V O I R ,
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LECTURES DT
Le corps lre de la bioconomie
ANTOINE ROBITAILLE
Dans Le corps-march, Cline Lafontaine dploie nergie et talent exposer lampleur de questions
que les comits de biothique se contentent trop souvent dexplorer au cas par cas.
Corps social
Notre Code civil, en son article 25, stipule que lalination que fait une personne
dune partie ou de produits de
son corps doit tre gratuite .
Lafontaine dmontre quel
point le grand principe inscrit
dans le marbre de la loi est
contredit, viol.
Nos socits vieillissantes et
rvant de sant parfaite ont
intgr le corps et ses composantes la mondialisation capitaliste dans sa portion bioconomie. Mme lorsque tout
est fait dans lapparence de la
gratuit et du don. Le corps (et
plus souvent celui des femmes)
devient un bioracteur, un
producteur de matriel naturel
exploiter. Lafontaine sait
critiquer les notions souvent
consensuelles ( consentement
clair ) et les lieux communs
qui simposent lorsque ces
questions sont souleves.
Si, dans ce meilleur des
mondes, des problmes de
sant individuels sont rgls,
certains vieux problmes collectifs saggravent: Face aux cots
grandissants des soins et la dmultiplication des innovations
biomdicales, les ingalits dj
prsentes risquent de saccrotre.
lire la sociologue, on pourrait croire parfois que le politique a finalement t totalement dilu dans la technique
LE CORPS-MARCH
LA MARCHANDISATION
DE LA VIE HUMAINE LRE
DE LA BIOCONOMIE
Cline Lafontaine
Seuil
Paris, 2014, 267 pages
ne balle allemande en
plein front fait taire pour
U
toujours un lieutenant de
rser ve franais qui, en 1914,
debout, crie de tirer ses
hommes craintifs, dans un
champ de betteraves prs de
Paris. Un vers de cet homme,
aussi pote, acquiert l une vibrante authenticit : Heureux
ceux qui sont mor ts pour leur
tre et leur feu. Si Charles
Pguy, qui la crit dans ve
(1913), est moins moderne en
posie que son
contemporain
Guillaume Apollinaire, sa voix reste
aussi vraie.
Jean-Pierre
Rioux, historien de
la France de
lpoque, nous en
convainc dans La mort du lieutenant Pguy. Cer tes, il souligne que celui-ci, pour tant
socialiste dans lme et dreyfusard, ne pardonna jamais un
homme de tendance politique
semblable, le tribun Jean
Jaurs, de stre oppos la
guerre par pacifisme et internationalisme. Mais il insiste davantage sur la dclaration que
Pguy fit une grande amie :
Je pars soldat de la Rpublique,
pour le dsarmement gnral,
pour la dernire des guerres.
Par ce poignant paradoxe, le
fils du peuple rve de se bat-
AGENCE FRANCE-PRESSE
Heureux ceux qui sont morts pour leur tre et leur feu , a crit
le lieutenant et pote Charles Pguy.
Courants contraires
Fils dun menuisier et dune
rempailleuse de chaises,
Pguy, en particulier dans son
essai Largent (1913), sidentifie au peuple de lancienne
Le Devoir
LA MORT
DU LIEUTENANT PGUY
5 SEPTEMBRE 1914
Jean-Pierre Rioux
Tallandier
Paris, 2014, 272 pages
FREDERICK LETIA
Les yeux de
la Nation
Les chroniques
de linquitude
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