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PROLETAIRES DE TOUS LES PAYS, UNISSEZ-VOUS! FEVRIER 1946 PRIX: 20Fr. : 10 Fr, Belges 2 Fr. Suisses FOU TRIEME. INTERNATIONALE a La Question de LULR. S. S. SOMMAIRE : ® EDITORIAL: NOTRE POSITION ACTUELLE SUR L'U.R.S.S. ® L’EXPLOSION D'IMPERIALISME BUREAUCRATIQUE. @ LA POLITIQUE DU KREMLiN-EN ASIE. @ THESES SUR LA RUSSIE STALINIENNE D‘AUJOURD’HUI. ® DEFENSE INCONDITIONNELLE DE L’U.R.S.S. @ PERSPECTIVES ECONOMIQUES POUR L’ AMERIQUE D’APRES GUERRE. @ LA STAGNATION DE L'ECONOMIE FRANCAISE. NOUVELLES DU MOUVEMENT EES ET DE L'INTER- NATIONALE, ABONNEMENTS POUR SIX PUBLICATIONS FRANCE 100 Francs ‘SUISSE — 1Q Francs suisses BELGIQUE 50 Francs belges @ Adressez provisoirément yos Abonnements 19, Rue Daguére - PARIS (14°) Compie Cheque Postal : Faujet - 3.205-19 Paris. FEVRIER 1946 Publications du Comité Exécutif Européen de la IV" INTERNATIONALE La guerre accélére les différents processus politiques. Elle peut accélérer le processus de régénérescence révolu- tionnaire de I'U.R.S.S. Mais elle peut aussi accélérer le processus de sa dégénérescence finale. Pour cette raison, il est indispensable que nous suivions attentivement et sans préjugés les modifications que la guerre peut introduire dans la vie intérieure de I'U.R.S.S. de facon a ce que nous puissions faire une juste appréciation de leurs rythmes. (L’'U.R.S.S. en Guerre). L. Trotsky (septembre 1939). NOTRE POSITION ACTUELLE SUR L’ UE R825. OMMENT pouvons-nous faire le bilan de la deuxiéme guerre impérialiste pour iC YU.R.SS. et défnir la position que nous défendons en ce qui concerne son earactére de classe, et la question de sa défense inconditionnelle ? Les attaques venant du dehors et de nos rangs eux-mémes se multiplient contre notre position —- celle que Trotsky a défendue jusqu’A ses derniers instants — au fur et A mesure que s'accumulent les effets de la dégénérescence bureancratique de YU.RSS, : violation du droit des peuples A disposer d’eux-mémes, transferts massifs de populations, pillages, terreur policiére, bureaucratisation et prostration du mouvement ouvrier, abandon de Yinternationalisme et d’une politique de classe. Les ouvriers avancés, aussi bien dans les pays occupés ou contrélés par YU.R.S.S. que dans le reste du monde, sont complétement désorientés devant ces manifestations de la politique de la bureaucratic soviétique et des Partis Commu- nistes qu'elle contréle, et qui sont & l’opposé des théses essentielles, des parties intégrantes et fondamentales de la notion et du contenu de notre doctrine socialiste. Les ouvriers et les paysans des pays qui ont assisté a Ventrée en guerre de VArmée Rouge, et qui ont subi son occupation, ces mémes ouvriers et paysans qui ont salué, en entrant dans une action révolutionnaire, cette arrivée comme synonyme du commencement de la Révolution, restent encore stupéfaits devant le primitivisme et 1a brutalité sous laquelle leur est apparu le visage de I’Etat ouvrier, du pays du Socialisme, en la personne de la bureaucratie soviétique. Cependant, est-ce que cela est déjé suffisant pour changer notre appréciation sur la nature de’ classe de !'U-R.S.S, ? 2 Iv) INTERNATIONALE Nous pensons, quant & nous, que les éyénements depuis 1940, au lieu de nous ineiter & prendre le chemin des révisionnistes de toute couleur sur cette question fondamentale de la politique du prolétariat révolutionnaire, confirment pleinement, au contraire, l'analyse donnée par Trotsky. Quels étaient les éléments essentiels de cette analyse et comment se sont-ils confirmés par l'expérience de la guerre et de ses conséquences ? ‘Trotsky, patiem- ment, systématiquement, a expliqué, jusqu’aux derniers moments de sa Vie, que si on veut rester fidéle & la théorie marxiste, le caractére de classe de !'U.R.S.S. doit étre déduit de son origine historique et de ses rapports de propriété, et non pas de la politique suivie par la couche sociale qui détient le pouvoir étatique. L'U.R.S.S. représente encore a Vheure actuelle un type d’Btat gui a été instauré griice & la révolution prolétarienne d’octobre 1917, et qui a transformé les rapports de propriété capitalistes par I’étatisation des moyens de production et la planifi- cation de l'économie étatisée, Ce type d’Btat qui a une telle origine historique, et qui maintient encore une économie étatisée et planifiée, malgré la politique de la couche sociale qui détient le pouvoir étatique, ne peut étre qualifié que comme un Etat ouvrier dégénéré, c'est-a-dire que comme un tat qui ne représente pas un nouveau type de société historiquement nécessaire entre le capitalisme et le socialisme, mais une déformation trés avancée de Etat ouvrier dans les conditions de V'isolement _ de la Révolution dans un seul pays arriéré, entouré de limpérialisme, Les partisans de la théorie que I'U:R.S.S. est redevenue un Etat capitaliste, fasciste et impérialiste, tombent dans Vabsurde et le revisionisme pur en admettant que le capitalisme est capable dans sa phase de décadence impérialiste, de donner A sa structure économique une forme générale et durable d’étatisation et de plani- fication, en maitrisant ainsi ses contradictions internes, son anarchie, ses crises, et en assurant un nouveau développement de ses forces productives. Les partisans de la théorie que 'U.R.S.S. constitue un Etat de type nouveau — le collectivisme bureaucratique de Burnham, de Bruno R, et de Schachtman — admettent en réalité la nécessité historique dune telle étape succédant au capi- talisme, et par cela méme, éliminent les possibilités révolutionnaires et les perspec- tives socialistes du prolétariat international, ‘Nous disons, nous: la preuve décisive que 'U.R.SS. n'est pas redevenue encore un Etat capitaliste, et ne constitue pas non plus un état de type nouveau, sera donnée aprés une période qui, mesurée d’aprés notre échelle humaine, peut nous paraitre longue, plus longue gu’on T’a escompté, mais qui, mesurée a l’échelle de V'Histoire, ne paraitra pas plus longue que quelques heures dans ld vie d'un homme, La guerre n'a déterminé ni la chute du régime économique et social, ni la chute du régime politique de Staline, ni la régénérescence prolétarienne et socia- liste de PUR.S.S. Est-ce que cela au moins constitue un démenti de Vanalyse de Trotsky et de sa justesse théorique ? Nous ne le pensons pas, Rt tout d'abord, Trotsky n'a jamais envisagé la période des hostilités ouvertes comme la seule période critique pour le sort définitif de 1'U.R.S.S. Tl @ toujours parlé de la guerre et de ses conséquences, des hostilités et de la période les suivant jmmédiatement, Nous vivons encote dans cette période qui, sous plusieurs aspects, protonge la guerre, en tant que période qui continue a opposer violemment I'U.R.S.S. & Vimpérialisme, Deuxiémement, ‘Trotsky envisageait durant les hostilités un front impérialiste plus uni et plus puissant contre YU.RS.S, et, & travers la guerre et ses consé- quences, un mouvement révolutionnaire des masses plus ample et plus profond que celui d’aujourd’hui, La stabilité du régime de 'U.R.SS, et de Staline ne peut s'expliquer aujourd'hui quen tenant compte des facteurs suivants : Durant Jes hostilités ouvertes, 'U.R.S.S, et Staline ont bénéficié des antago- nismes interimpérialistes qui ont empéché V’impérialisme d’unir toutes ses forces contre 'U:R.S.S. Is ont bénéficié dautre part des avantages du régime économique intérieur, des possibilités de redressement et de production de l'économie étatisée et planifiée, ‘Aujourdhui, aprés la fin des hostilités ouvertes, Staline bénéficie de Vabsence @un fort mouvement révolutionnaire en U-R.S.S. méme et dans le reste du monde capable de le renverser. D’autre part, il est en butte & Ja pression de l'impérialisme et deg éléments néo-capitalistes de Tintérieur, La bureaucratie honapartiste maintient en définitive son équilibre général entre Yimpérialisme et la Révotution, entre le retour au capitalisme et la régénérescence Se eee Ive INTERNATIONALE 3 socialiste de YU:R.S.S., parce que ni Yimpérialisme déchiré par ses contradictions internes, ni le mouvement ouvrier subissant encore V'influence démoralisante du stalinisme, n'arrivent encore & déterminer une poussée décisive dans un sens ou dans Yautre, Que cette situation puisse se prolonger pendaht une période plus longue qu'on le prévoyait, cela est une chose ; mais que cette situation évolue vers un dénouement inexorable est une autre chose, Nous sommes entrés dans cette période critique qui décidera du sort final du régime économique et social établi en U.R.S.S. et du régime politique de Staline. Les changements intérieurs et extérieurs provoqués par la guerre ont modifié dans un sens le rapport des forces sur lequel se basait V’équilibre relatif de 1a. bureaucratie soviétique, Nous n’avons pas encore toutes les données nécessaires pour apprécier la situation intérieure exacte de UR.SS. Mais, d’ores et déjé, nous sommes en mesure d'esquisser quelques lignes directrices : La guerre a marqué, selon Yexpression de Molotov méme, V'arrét du dévelop-, pement de V'appareil productif de YU.R.S.S., et par ses destructions, a ramené de plusieurs années en arriére Véconomie du pays. Les destructions en Ukraine seule sont évaluées & plus de 100 milliards de dollars, soit cing fois le plus haut revenu national total de 1938. Dautre part, !'U.R.S,S, a perdu 17.000.000 a’hommes et 3,000.000 d'irrécupé- rables, Parmi ces pertes, figure la fleur des ouvriers des villes industrielles et de la jeunesse soviétique, qui ont défendu le pays les deux premieres années malheu- reuses de la, guerre germano-soviétique, Le recul économique du pays, les ravages dans les rangs des meilleurs éléments et des couches les plus avancées du prolétariat, ont, d'une part, renforcé les éléments néo-bourgeois de la paysannerie (kholkhoziens millionaires), et, autre part, la bureaucratie dans son ensemble par rapport au prolétariat soviétique. Au sein méme de la bureaucratie, les conditions de la guerre ont renforcé les éléments militaires contre lesquels la bureaucratie du Parti se voit aujourd'hui obligée de réagir, D’autre part, 'appauvrissement général du pays, 'abaissement extraordinaire du niveau de vie de la’ population, et Ie contact pour la premiere fois depuis la Réyolution de millions et de millions de citoyens soviétiques avec 1'Hurope capi- taliste et son standard de vie, provoquent des réactions dans les masses, réactions dirigées d'une facon directe ou indirecte contre’la bureaucratic, Ty a actuellement, selon toute probabilité, en U.R.S.S,, une telle situation de diffieultés économiques et de tension sociale et politique entre les différentes couches de 1a population, entre les masses et la bureaucratic, entre les différentes fractions de la bureaucratie, qu'il ne peut y avoir d’apaisement que grace a Vaide extérieure, Ce qui explique en premier leu la politique actuelle d’expansion de la bureau- eratie soviétique, Le «< socialisme dans un seul pays > sous le nom duquel la bureaucratie a théorisé son effort de construire une économie autarchique, fermée, servant ses propres intéréts de caste privilégiée, a fait définitivement faillite, €conomiquement et politiquement, La bureaucratie cherche & parer a ces difficultés actuelles, & restaurer sa base économique, apaiser le mécontentement des masses, et a’ se garanitir contre la pression et le retour offensif de Vimpérialisme, par extension de sa zone d’influence et de controle effectif tant en Europe qu’en Asie. Les pays occupés ou controlés par 1'U.R.S.S. doivent avant tout contribuer # la restauration rapide de la puissance économique de 'U.R.S.S, méme, - Une partie des richesses industrielles, agricoles et humaines de ces pays a été rapidement enlevée et transférée en U.R.S.S. (démantélement des usines de I’Alle- magne, de la Hongrie, de l'Autriche ; réparations en nature de la Finlande et de la Roumanie ; déporlation de la main-d’euvre allemande, ete...), Ce processus a été accéléré particuliérement dans toute cette partie de sa zone actuelle @influence, que 1a bureaucratie croit peut-étre qu’elle sera amenée, tot ou tard, céder & la pression de l'impérialisme. Par contre, dans tous les autres cas, la bureaucratie travaille selon une perspective plus longue, qui consiste a préparer Vincorporation graduelle d'une série des pays dans son orbite économique et politique. (Hn Europe : Tchécoslova- quie, Pologne, Hongrie, Roumanie, Bulgarie, Yougoslavie, et méme une partié de Allemagne et de I'Autriche). Dans tous ces pays, V'action de la bureaucratic, déterminée en définitive par son _caractére complexe de classe, a suivi la ligne générale indiquée par I'analyse de Trotsky. i igi ‘5 SS ie. 2 ae Pk fe ee i Lientrée de'l’Armée Rouge dans ces pays a donné partout une < impuision au mouvement révolutionnaire des masses », comme en Finlande et en Pologne en 1940, Dans tous ces pays, Vinstallation du controle de la bureaucratic sovidtique ‘a provoqué des changements de la structure sociale, par Vaccomplissement de la réforme agraire, expropriation des capitaux étrangers, l’étatisation plus ou moins étendue des industries, la formation des comités ouvriers et des comités de paysans. Trotsky a expliqué que ce processus devient inévitable, non pas parce que « la hureaucratie est attachée au programme socialiste, mais parce qu'elle ne désire et n’est pas capable de partager le pouvoir et les privileges que ce dernier comporte avec les anciennes classes dirigeantes dans les territoires occupés >. ‘Cependant, cette transformation structurelle — de caractére révolutionnaire — se fait dans un sens militaro-bureaucratique et ne remplace nullement la révolution socialiste, c'est-A-dire I'activité révolutionnaire indépendante des masses dans le but d’arrver non seulement & étatiser les moyens de production, mais & controler @abord et A gérer ensuite par elles-mémes la production. La bureaueratie ne peut cependant admettre cette action indépendante des masses. LA oil elle tolére les comités ouyriers et paysans, clle ne le fait que dans la mesure oi elle a assuré par le controle bureaucratique et policier sa prépondérance sur les masses révolutionnaires. Nous nous séparons résolument de ceux qui nient le caractére progressif’ des mesures économiques prises par la bureaucratie dans les pays occupés par elle et qui refusent de les défendre contre les attaques de l'impérialisme et de la réaction intérieure. ‘Mais nous nous délimitons aussi de ceux qui, partant du caractére progressif relatif de ces mesures, conférent a la bureaucratie une mission historique pro- gressive, « Lfétatisation des moyens de production, écrivait en 1939 Trotsky, est, nous disions, une mesure progressive. Mais son caractére progressif est relatif; son poids ‘spédifique dépend du total des autres facteurs. Nous devons dabord et prineipa- Tement établir que Yextension du territoire dominé par Vautocratie et le parasitisme bureaucratique, camoufié sous des mesures, « socialistes », peut augmenter le prestige du Kremlin, engendrer des illusions concernant la possibilité de remplacer Ja révolution prolétarienne par des mancnvres bureaueratiques et ainsi de suite. Ce danger pase de loin -pius lourdement que le contenu progressif des réformes staliniennes en Pologne. « Pour que la propriété nationalisée dans les territoires occupés, ainsi que dans PU.R.S.S, méme, devienne la base d’un développement socialiste, il est néces- saire de renverser la bureaueratie de Moscou, Notre programme, par conséquent, garde toute sa validité. Les événements ne dotvent pas nous prendre & V'improviste. Tl est nécessaire seulement de les interpréter correctement. Tl est nécessaire de comprendre clairement que des contradictions aigués sont contenues dans le carac- tare de 'U.R.S.S, et dans sa position internationale. Il est impossible de se libérer d'une de ces contradictions par une pirouette terminologique (état « ouvrier » — ‘ou pas « état ouvrier »). Nous devons prendre les falis tels qu'lls sont ; nous devons construire notre politique en prenant comme point de départ les relations et les contradictions réelles. Nous ne confions aucune mission historique au Kremlin, Nous étions et nous restons contre Ia eonquéte de nouveaux territoires par le Kremlin. Nous sommes pour Vindépendance de Ukraine sovictique, et si, les Russes de Ia Biélo-Russie eux-mémes le désirent, nous sommes pour leur indépen- danco, En méme temps, dans les parties de la Pologne occupée par Armée Rouge, Jes partisans de la IV: Internationale doivent jouer un role décisif dans les expro- priations des propriétaires fonciers et des capitalistes, en eant les terres entre les paysans, ea créant des soviets et des comités d’ouvriers, etc.. Tout en agissant ainsi, ils doivent maintenir leur indépendance politique, ils doivent Inter, ‘durant Jes élections pour les soviets et comités dusines, pour Pndépendancd compléte de ces dernicrs vis-2-vis de la bureaueratie, et ils doivent mener une propagande réyolutionnaire dans un esprit de méfiance vis-a-vis du Kremlin et do ses agences locales. » Crest encore aujourd'hui notre position en ce qui concerne nos téches dans les pays contrdlés par I'U.R.S.S, "Mais 1a, aussi bien qu’a V’échelle mondiale, la question de Ja défense de la propriété étatique des moyens de production de I'U.R.S.S. et des mesures progres- | sives économiques et sociales appliquées dans les pays controlés par elle, est aujoura’hui subordonnée avant tout a la défense des intéréts de la révolution prolétarienne mondiale. Ht cette défense implique, aussi bien en U.R.S.S. que dans Te reste du monde, une lutte implacable pour le renversement révolutionnaire de Ive INTERNATIONALE 5 la bureaucratic thermidoriemne, et contre la politique revisionniste et antiproléta- rienne des partis staliniens, « Le principal critare politique pour nous, écrivait Trotsky, n'est pas Ia transformation des relations de propriété dans telle ou telle région, aussi impor- tante qu’elle soit en elle-méme, mais plutdt les changements dans la conscience et Vorganisation du prolétariat mondial, le renforcement de son aptitude 4 défendre ses conquétes précédentes et & en faire des nouvelles, De ce point de vue, Je seul point de vue décisif, Ia politique de Moscou, prise comme un tout, garde comple- tement son caractére réactionnaire, et reste le principal obstacle dans la vole de la Révolution mondiale. » x LEXPLOSION x D’IMPERIALISME BUREAUCRATIQUE toire sur V'Allemagne, ont oc- | ses de haine chauviniste aveugle sont cupé I'Europe orientale et, en | constamment inoculées, traité comme du grande partie, l'Europe centrale. | bétail par ses < gradés », se rattrape Personne, évidemment, ne s’attendait A | par des brutalités contre la population ce quelles s/arrétassent aux frontiéres | locale, par le pillage et le viol. Des wa- de V'U:R.S.S. et le fait méme de traver- | gons de biens volés traversaient récem- ser des frontiéres, lors du dernier acte | ment la Pologne, selon un journaliste d'une guerre gigantesque, n’a pas en soi | américain, décorés de Pétoile soviétique de signification politique indépendante: | (!) et d'inscriptions comme celle-ci: Ja nécessité militaire en est évidente. Le | « Nous appartenons & une nation de probléme & examiner n’est pas le sim- | vainqueurs >. Cette dépravation morale ple passage des frontiéres, mais 1a poli- | est un produit direct du régime brutal tique suivie par les autorités @occupa- | de 1a bureaucratie, Faire le silence sur tion. eet aspect de Yoccupation, c’est faire le cist aapens silence sur un des plus monstrueux cri- mes de Staline. de Ia politique d’occupation I ES armées russes, aprés leur vie- | Le soldat soviétique, @ qui de fortes do- Pourtant, quand tout a été ait sur Ja Le premier point & noter dans cette | politique chauviniste réactionnaire de la politique, c'est I'absence totale dinter- | bureaucratie, sur la corruption: de V’ar- nationalisme. Les autorités soviétiques | mée soviétique, il reste un certain nom- sément et cultivent avec grand soin le | pre de faits, tels que les indemnités réel- chauvinisme aveugle, esprit de revan- | lement fantastiques, le démantélement che. L'internationalisme et méme toute | d'usines, le travail forcé & grande compassion humaine élémentaire sont | échelle, ete., qu'il est impossible d'ex- piétinés, Ce seul fait serait suffisant | pliquer autrement que par des causes Pour que nous condamnions la politique | économiques et sociales plus profondes. staliniste en Europe. Mais il n’est 18 | Le démantélement d’usines, systémati- rien de nouveau, Seules des illusions sur | quement opéré de l'Autriche a la Corée, la réalité soviétique pouvaient faire at- | n'est pas simplement di a la déprava- Yendre quelque chose d’autre, tion de tel général ou bureaucrate so- viétiques. Nous avons 1a toute une série Comme deuxiéme point, i faut m de phénoménes dont les racines sociales tionner Yattitude des soldats soviéti- | et économiques sont A rechercher dans Ja. ques, Il n'est aucune raison de faire un | gestion bureaucratique de l'économie so- Pudique silence sur cet aspect répugnant | viétique. C’est ce dernier aspect de Yoc- de Voccupation, pourvu que la cause en | cupation que je propose de nommer im- soit proprement, expliquée et la respon- | périalisme, plus précisément impérialis- sabilité placée 1€ oil il se doit. Vingt ans | me bureaucratique, pour une série de de la barbarie politique de Staline ne | raisons que je vais essayer de présen- sont pas passés sans laisser de traces. | ter, 6 Ive Il est A noter dés maintenant qu'il est plus correct de parler d’éléments d’im- périalisme, Nous n’avons observé ces nouveaux phénoménes que pendant une période qui, historiquement, est encore fort bréve, Ce n'ont été jusqu’a main- tenant que des explosions, certes vio- lentes, mais concentrées dans un inter- valle de temps encore trés court. Ces éléments a’impérialisme ne jouent en- core dans l'économie soviétique qu'un rdle secondaire; ils sont encore bien loin d’avoir engendré un systéme parfait, tel que l'empire britannique. Cependant, en tant qu’éléments, leur existence est indéniable. ‘La gestion bureaucratique engendre Vimpérialisme Liimpérialisme qui domine actuelle- ment le monde est Vimpérialisme finan- cier. Liimpérialisme bureaucratique so- viétique n'est manifestement pas un im- périalisme financier, Bien au contraire. L/impérialisme financier trouve son res- sort interne dans une surabondance de capital, précédemment accumulé, en quéte d'investissements, Le trait distine- tif de l'économie soviétique est encore le bas degré de Vindustrialisation et le probléme dui se pose & elle ne ressemble nullement @ celui qui se pose au capi- talisme mdr, mais bien plutot a celui que dut résoudre le capitalisme naissant: @est le probléme de l'accumulation pri- mitive, Le pays qui fut & la téte du dévelop- perient capitaliste, Angleterre, résolut le probléme de I'accumulation primitive par des méthodes barbares dont Marx nous a laissé une vive description dans Vavant-dernier chapitre du premier yo- lume du Capital: les lois contre les pau- vres et les vagabonds, les rapts d’en- fants, ete, Dans les pays qui suivirent VAngleterre sur le chemin du capitalis- ame, les mémes méthodes furent coml nées, & des degrés divers, & I'investisse- ment de capitaux anglais, précédemment accumulés, ce qui permit de.résoudre la tache plus facilement, : Liéconomie soviétique est encore loin @avoir yéalisé une industrialisation du pays comparable A celle des pays capi- talistes avancés, Or la bureaucratic sta- liniste gére V’économie soviétique d'une maniére telle que le fonds d’accumula- tion amnuel se trouve fortement réduit. Non seulement a bureaucratie s’appro- prie une part disproportionnée du reve- nu national, mais encore, — et c'est 1a Je point Je plus important, — par ses méthodes, elle retarde Vaccroissement, de la productivité du travail, multiplie les pertes et, en général, entrave de plus en plus le développement de l'économie. La bureauecratie se trouve ainsi con- trainte, pour que le taux d’accumulation’ ne tombe pas A un niveau ridiculement INTERNATIONALE bas ou méme ne devienne négatif, & pil- ler, partout o0 elle le peut, les moyens de production et la force de travail afin de combler les frais que sa gestion im- pose & l'économie soviétique, Le carac- tére parasitaire de la bureaucratie se manifeste, dés que les conditions poli- tiques le permettent, par le brigandage impérialiste. La politique de la bureaueratie sovié- tique & Vextérieur de !'U.R.S.S, n’est que la continuation de sa politique a Vinté- rieur, Certains peuvent conclure de ce fait, incontestable en soi, que explosion d'impérialisme bureaucratique ne mérite guére dattention spéciale et qu'il s'agit d'une simple extension géographique dun systéme déjé existant; par consé- quent, rien de Politiquement nouveau. C'est simplifier le probléme & Vexces, car Vaction de la bureaucratie, A Vin- térieur et a Vextérieur de !URS.S, ne s'exerce pas dans le méme milieu, ‘Les armées russes ont oceupé en Eu- rope des régions beaucoup plus avancées que.I'U.R.S.S. par le développement des forces productives et de la technique, par le niveau culturel des ouvriers et de la Population laboriewse en général (les cas extrémes sont ceux des régions in- dustrielles de la Tehécoslovaquic, de YAllemagne, de V’Autriche, etc.). La bureaueratie trouva sa raison a’étre historique en U.R.S.S, dans V’état barbare du pays, dans la nécessité d’im- planter la technique étrangére. ile remplit ces taches a sa maniére, c'est-A- dire. fort mal, et, & mesure qu’elle les remplissait en partie, elle devint un frein de plus en plus grand au dévelop- pement wltérieur de lindustrialisation, de la technique, de la culture. Peut-étre Vextension du pouvoir de Ja bureauoratie du Kremlin sur un pays arriéré, comme 1a Mongolie extérieure, par exemple, peut-elle encore signifier pour un tel pays un développement in- Gustriel plus rapide, (Méme dans ce cas, il est maintenant permis de rester scep- tique apres le démantélement d’usines en Mandchourie et dans la partie de la Corée occupée par Parmée russe.) Mais dans les zones hautement industrialisées de YBurope centrale, Yoccupation sovié- tique a des conséquences directement et effroyablement réactionnaires. L’ « abolition des koulaks en tant que classe », il y a quinze ans, ne manqua pas Whorreurs. Selon un témoignage cité par Trotsky, les troupes de la Guépéou enlevaient les bottes des jeunes enfants < koulaks », Cependant, quelle que puisse étre notre indignation devant de telle méthodes, V'expropriation facilita. la réalisation du premier plan quinquen- nal, La situation en Europe aujourd'hui est bien différente, Lorsque les bureaucrates Ive INTERNATIONALE 7 soviétiques font démanteler'les usines de ‘Vienne, ils condamnent Youvrier viennois A une mort plus terrible que la mort physique, c'est la mort de sa classe, 52. mort sociale, C'est condamner le pays a ne pas sortir du marasme économique, social, politique et culturel, C'est pro- voquer la décomposition du_prolétariat, la seule classe d’oU puisse venir le salut de PEBurope. C'est frapper au coeur mé- me Ja perspective du socialisme, Démantélement d’usines et travail forcé Selon des chiffres officieux, la bureau- cratie du Kremlin avait aéj démantelé en septembre dernier et envoyé en Rus- sie 20 % de Vindustrie tchéque, 30 % de Vindustrie polonaise. Ce sont 14. des pays < alliés >, Que s’est-il passé en Au- triche, en Silésie, etc.? Et ces chiffres sont purement quantilatifs: les bureau- erates n’ont certainement pas pris le matériel le moins moderne. Moscou s'est arrogé le privilége de saisir dans les pays oceupés, < amis > ou ennemis, toute machine qui porte une marque de fabri- que aliemande; c'est en fait se procla- mer le droit de faire main basse sur tout ?équipement industriel de ces pays. L'économie des pays ennemis est en ov tre écrasée par des indemnités de guerre normes pour un avenir indéfini, Au démantélément d'usines s'ajoute le travail foreé, Les prisomniers de guerre, les déportés polonais et baltes de 1939- 40, les prisonniers politiques, les mino- rités allemandes déplacées de la Volga ou de Roumanie, ete., forment un trou- peau de malheureux forcats, dont le nombre est certainement supérieur & huit millions et peut-étre pas inférieur A quinze ou vingt (+), Le sort de ces infortunés est inférieur a celui d’escla- ves, car le propristaire d’esclaves les fait vivre, en général, dans des condi- tions qui permettent leur reproduction indéfinie, Par contre, le bureaucrate so- viétique, par suite de sa propre situa- tion, ne pense awa tirer des forcats tout Je travail possible dans le plus bret délai, D'un certain groupe de 100.000 pri- sonniers allemands, 6,000 survivaient il (®) Les statistiques officielies sont évidem- ment silencieuses sur ce secteur de l'économie # socialiste > (!) Le lumigre est faite sur un petit morceau de la réalité par des infor- mations que les menchéviks viennent de pu- blier sur une certaine colonie de la Guépéou. Dans le nord-est de la Sibérie, prés du fleuve olyma, se trouvent des gisements auriferes si riches que l'exploltation peut, s'en faire Sans grande mochinorle, La région entiere, arune superficie & peu prés égale 2 celle de Ja Brance, fut remise & la Guépéou. Celle-ci exploite les gisements & T'aide de cing, mil- Hons de Zorcuts, Polonais déportés en 1939-40 ou prisonniers de guerre allemands, réduits au régime du pain et de Teau, privés de toute vie sociale, traités, dans le gens Je plus strict des mots, comme du bétail, dans une region aut climat Je plus inclément'du monde. y a trois mols, aprés trois ans de capti- Vité, selon un de ces matheureux qui se serait échappé, Le travail foreé a pris dans l'économie sovistique une place qui est loin a’étre négligeable en face du travail salarié. Avec huit A vingt millions de forcats & Coté de la classe ouvriére russe, le tra~ vail fore n’a pas seulement une impor- tance politique, mais aussi économique. Avec la gestion bureaucratique de !'éco- nomie soviétique, le probléme de la main-d'couvre et du rendement est inso- luble. Le résultat le plus immédiat d'une telle gestion, avec son commandement incontrolé et son arbitraire, avec ses ini quités et ses brutalités, est, en effet, de maintenir Je rendement du travail & un niveau exrémement bas. Liouvrier, privé de tout droit et de toute protection, ne se sent guére poussé & produire davan- | tage, & prendre meilleur soin de ses ou- | tils et de sa machine, ete... (**). | Le bureaucrate essaie de résoudre ce probléme par ses méthodes: stakhano- yisme, extréme différenciation des salai- res, et, enfin, travail foreé & grande échelle’ Celui-ci s’insére dautant plus facilemient dans le syst8me que le ren- dement du travail salarié est fort bas, souvent gudre supérieur & celui du tra- vail foreé, et qu'il est ainsi maints tra- vaux plus avantageux A exécuter avec du travail foreé que du travail salarié, surtout lorsque ces forcats sont privés de toute vie sociale et réduits a étre de simples donneurs de force de travail jusqu’ leur mort, Tl serait économique- ‘ment impossible d'employer le travail foreé sur une aussi grande échelle aux Etats-Unis, par exemple, ott la force de travail douvriers bien payés, équipés de machines modernes, serait 1a plupart du temps meilleur marché que la force de travail de forcats A trés faible rende- ment, Ainsi, la gestion bureaucratique de V’économie, en entretenant la faible productivité du travail, appelle et en méme temps rend possible l'emploi du travail foreé & grande échelle, ‘Les manifestations les plus vives de Vimpérialisme bureaucratique, — pillage, livraisons forcées, démantélement dusi- nes, travail foreé, — sont donc les con- séquences directes de la domination bu- veaueratique de Véconomie soviétique et non le produit du caprice de Jouko ou (#8) Cet aspect tien connu de l'économie soviétique était encore souligné récemment dans un rapport d'une délégation des syndi- eats anglais du fer et de V'acier, & son retour de TU.RSS.: « Les ouvriers’ sont compé- tents, mais, molzré des histoires d’augmenta- tons’ fabulguses de production, nous croyons que ja production par homme’ et par, heure je travail est considérablement _au-dessous Ge la notre, Les délégues furent défavorable- ment frappés par le peu d’importance atta- ché au soin de la machine. » (The New York | Times, 17 novembre 1945). 8 ive de la soif de pouvoir de Staline, ni méme de facteurs tels que la déprava- tion des soldats soviétiques. Toute la gestion bureaucratique de_1’économie appelle de telles méthodes, En ce sens, il est pleinement légitime de parler dimpérialisme bureaucratique en tant que systéme répondant & des besoins économiques précis. ‘Tout impérialisme nait de difficultes dans l'économie du pays. Ce que cet impérialisme recherche révéle quelles sont ces difficultés, L’impérialisme financier, en quéte d’investissements, réyéle dans la métropole une surabon- dance de capital ne trouvant pas un taux de profit suffisant, Limpérialisme bureaucratique, avec ses millions de for- cats et ses enlévements de machines, réyéle les besoins d'une économie étouf- fant sous la gestion bureaucratique. A ce point quelqu’un fera sans doute remarquer que la guerre a tant détruit en U.RS.S, que cette destruction suffit en elle-méme & expliquer les besoins de économie soviétique, indépendamment du gaspillage bureaucratique. marque reste trop abstraite. Li soviétique ne repart pas de zéro. Dans Jes années précédant immédiatement la guerre, en 1938-40, Yexistence de la bu- Teaucratie pesait de plus en plus lour- dement sur V’économie, Les taux de dé- veloppement des industries-clés avaient beaucoup baissé en ces années-la, La guerre, avec la misére qu'elle a amenée, @ approfondi, matériellement et spiri- tuellement, l'abime entre la bureaucratic et Je peuple. Celle-ci, se sentant de par- tout entourée de haine, peut de moins en moins faire appel & l’émulation, & Yenthousiasme, au sacrifice volontaire, pour sortir d'une situation terriblement difficile. Comment le bureaucrate pour- rait-il demander au peuple tchéque ou hongrois de collaborer volontairement. avec le peuple soviétique pour l'édifica- tion d'un avenir meilleur ? De tels ap- pels sortant de Ja bouche d’un parvenu niont guére l'accent de la vérité et de- meurent sans effet. Le bureaucrate, & sa maniére, le sait fort bien, Tl ne reste que la yoie de la violence et des rapines, Impérialisme et état ouvrier dégénéré apparition d’éléments d’'impérialisme implique-t-elle la révision de la théorie que 'UR.SS. est un état ouvrier dégé- néré ? Pas nécessairement, La bureau- eratie soviétique se nourrit, en général, dune appropriation du travail dautrui et nous avons depuis longtemps reconnu ce fait comme partie intégrante de Ja dégénérescence de Yétat ouvrier. Or, Vimpérialisme bureaucratique n'est qu'une forme particuligre de cette ap- propriation, Si elles n’impliquent pas nécessaire- INTERNATIONALE ment une révision de la théorie, les di- verses manifestations d'impérialisme bu- reaucratique nous forcent néanmoins a. constater combien la. dégénérescence est. avancée, II n’est plus possible de parler simplement d’état ouvrier et d’ajouter, comme entre parentheses, dégénéré, Des deux épithétes, « ouvrier > et « dégé- néré », c'est ce dernier quiil faut main- tenant souligner avec le plus de force. La dégénérescence a fait de tels progrés et Vimpact de cette dégénérescence sur VEurope a des conséquences si terrible- ment réactionnaires qu'il est impossible c’appliquer automatiquement &YUR.SS. @aujourd’hui des propositions qui se- raient valables pour un état ouvrier « normal >, L’Union soviétique est aussi peu un état ouvrier « normal » qu'une | pomme pourrie est une pomme < nor- | male », et personne ne s'aviserait de | planter ses dents dans une pomme pour- | tie, Avec les brigandages impérialistes | | aujourd'hui, la dégénérescence a at- teint le dernier stade de la putréfaction. A la suite de circonstances historiques que nous avons bien souvent analysées, est apparue une formation sociale qui | est réellement un monstre de Vhistoire. De méme que les biologistes nous expli- quent qu'un monstre est di a des trou- bles survenus lors du développement de Yembryon, Visolement d'une révolution prolétarienne dans un pays barbare a engendré une société, non seulement sans précédent, mais aussi bien différente de toutes les normes tracées. Répéter aujourd'hui que < fondamen- talement > 'U.R.S.S, est un état ouvrier parce que les moyens de production sont nationalisés, c’est se leurrer de mots, A ce compte-la, la Pologne de Bierut serait une bonne approximation de la dictature du prolétariat | Si une forme économique est séparée du contexte so- cial et politique dans Iequel elle baigne, elle devient une abstraction vide. Trotsky vit bien plus clair que tous ces amateurs de phrases creuses quand, dés 1936, il écrivait qu’en U.R.S.S. « le ca- ractére de l'économie dépend entizrement: de celui du pouvoir », Si Union soviétique reste encore au- jourd’hui, & mon avis, un état ouvrier Wégénéré, crest que de cette société, monstrueuse en quelque sorte, rien de nouveau et de stable n'est encore sorti. Dans la pomme pourrie aucun germe n'est apparu, La position personnelle du bureauerate reste encore bien précaire. Les manifestations d’impérialisme que nous pouvons maintenant observer ré- valent précisément le caractére parasi- taire d'une bureaucratie qui vit au jour le jour de rapines et dexpédients, Si le monstre s'avérait capable de se repro- | duire, ce ne serait plus un monstre, mais Eee IV) INTERNATIONALE 9 une espéce nouvelle, Si un systéme d’ab- solutisme politique combiné & une éta- tisation des moyens de production devait s’étendre sur le monde, la bureaucratic soviétique serait, bien entendu, des aujourd'hui, le prototype de ce systéme. Mais Vhistoire n'a pas encore prouvé que de la bureaucratic staliniste puisse sortir un systéme social d’envergure his- torique, dans le plein sens du mot. Ad- metire dés aujourd'hui que la preuve a &té faite, c'est, me semble-t-il, négliger tout ce qu'il y a de monstrueus, d’excep- tionnel, de parasitaire et d’instable dans le régime bureaucratique staliniste. Questions de termes Les divers traits d'impérialisme pu- veaucratique que nous observons actuel- lement sont un phénoméne nouveau et, comme tout phéneméne nouveau, il est difficile de les étiqueter. Il faut forger un terme nouveau ou bien utiliser un nom déjé appliqué @ d'autres phénomé- nes, Créer un mot nouveau est facile, mais créer un mot nouveau qui soit compris de tous, qui soit utilisable dans notre propagande et notre agitation quo- tidiennes, c'est bien plus difficile et jus- qu’a maintenant rien de ce genre n'a été Proposé, Nous en sommes done réduits 4 utiliser un terme déja employé pour qautres phénoménes, c'est-a-dire, dans une certaine mesure, & étendre son sens. Deux noms ont déja été utilisés : expan- sionnisme et impérialisme, et 1a question de choisir entre les deux serait bien mes- quine, si souvent il ne se cachait der- riére ce choix des désaccords plus pro- fonds, Pesons un instant les avantages et désavantages relatifs des deux termes, Le terme d'impérialisme est employé je plus souvent pour désigner Vimpéria- lisme financier des pays capitalistes avancés. (Pas uniquement, cependant. Trotsky, décrivant Vimpérialisme tsaris- te, y découvre bien des traits qui x’ap- partiennent nullement @ Vimpérialisme financier classique.) Si Yon veut em- ployer le terme pour la bureaucratic soviétique, il importe done, pour éviter Ja confusion, de préciser quelles sont les racines économiques et sociales de l'im- périalisme bureaucratique, et clest ce que jai essayé de faire plus haut, Une fois cette tache remplie, il reste Pargu- ment formel que parler dimpérialisme bureaucratique, c'est identifier 'U.R.SS. aux pays capitalistes, car c'est em- ployer le méme mot pour les deux camps, Mais la méme objection, si elle était valable, atteindrait également le terme @expansionnisme (et bien d'autres ter- mcs aussi, comme oppression, rapines, stc.), car les grandes puissances capi. talistes pratiquent aussi V'expansionnis- me (et Voppression, les rapines, etc.). Ainsi, tout argument formel dirigé con tre le mot d'impérialisme se retourne aussi contre celui d’expansionnisme, Si Jes désavantages sont les memes, le terme d’impérialisme Vemporte dans la colonne des avantages. Quelle est, en effet, la différence ? Expansionnisme est um terme beaucoup plus neutre, égale- ment applicable, par exemple, & une expansion pacifique dans un continent vierge. Impérialisme désigne bien plus précisément Voppression et Yexploitation de peuples étrangers et est bien plus chargé d'opprobe, ce qui doit, devant les monstrueux erimes de la bureaucratic soviétique, nous décider A adopter le terme dans notre propagande et notre agitation, Une citation de Trotsky En octébre 1939, lors de Yoccupation de la Pologne orientale, Trotsky écrivit : «Peut-on appeler impérialisme Vexpan- sion actuelle du Kremlin ? Avant tout, il faut. convenir du contenu social que nous mettons dans ce terme. Lhistoire a connu Vimpérialisme de Pétat romain. basé sur Yesclavage, Vimpérialisme de Ja propriété fonclére féodale, Vimpéria- lisme du capital commercial et indus- friel, Vimpérialisme de la monarchie tsariste, ete. La force motrice de la bureaucratie de Moscou est, indubitable- ment, Vaspiration & étendre son pouvoir, son prestige, ses revenus. C’est 1a V'élé- ment d’ « impérialisme », dans le sens Je plus large du mot, qui fut propre dans le passé & toutes les monarchies, oligar- chies, castes dirigeantes, corps et clas- ses. Cependant, dans la littérature contemporaine, au moins Ia littérature marxiste, on entend par impérialisme Ia politique expansionniste du capital finan- cier, laquelle a un contenu économique bien défini, Appliquer & 1a politique étrangére du Kremlin le terme d’ « im- Périalisme », sans expliquer ce que Yon veut exactement dire par 1a, signifie simplement identifier la politique de Ia. bureaucratie bonapartiste 4 Ia politique du capitalisme monopoliste sur la base du fait que Yun et Vautre emploic la force militaire & des fins dexpansion, » De cette citation, il apparait claire- ment que Trotsky slirrite contre ceux qui emploient le terme d'impérialisme a Végard de I'U.R.S.S, comme une simple insulte pour laisser échapper leur indi- gation, mais < sans expliquer ce que Yon veut exactement dire par 1a >. Or, adresser cette demande, c'est accepter implicitement qu'il est possible, une fois qu’elle est satisfaite, d’étendre Union Soviétique le terme d’impérialisme, En 1940, on entrait dans une guerre gigantesque qui allait apporter une ré- Ponse @ bien des questions et il était légitime d/hésiter & introduire & ce mo- ment-la une innovation théorique, D'au- 10 iv TERRORS INTHRNATIONALE| tre part, les territoires occupés étaient économiquement insignifiants, leur occu. pation avait un caractére & peu prés uniquement militaire a la veille d'une guerre imminente, les quelques déman- telements d’usines qui y furent effectués n’étaient pas conus a l’étranger au mo- ment oi Trotsky écrivait. Aujourdhui il s'agit de la moitié de ’Burope, plus de larges territoires en Asie, Peu de temps avant la guerre, nous critiquions encore le Kremlin pour ses actions dans la Société des Nations, le pacifisme, les pactes, cte, Tout cela apparait aujour- hui presque comme un jeu d’enfants, comparé au régime de violence et de pillage qui s'est étendu sur l'Europe. Des pays au prolétariat avancé sont voués & la décomposition économique, sociale et culturelle. Le communisme est discré- aité en fait aux yeux de larges masses. Les partis de la démocratie petite- bourgeois retrouvent soudain du pres- tige et des voix, La perspective méme du socialisme est mise en jeu. Loppression et exploitation, le pil- lage a grande chelle, les millions de forcats, Ia situation sans issue des pays occupés, — tous ces faits sont indénia- bles, J'ai essayé de montrer quills nétaient point de simples épisodes pol tiques, mais qu’ils résultaient de la ges- tion bureaucratique de l'économie sovié- tique et quill était donc légitime de parler d’impérialisme bureaucratique. La réalité est si complexe que la place ne manque pas pour des discussions sur ce point. Mais méme sur le mécanisme exact de V'impérialisme financier les dit eussions n'ont jamais cessé parmi les marxistes depuis un demi-siécle ! A bien plus forte raison le caractére tératologi- que de ?Union soviétique suscite-t-fl un constant réexamen de nos conceptions. Ce u'll faut demander & quiconque aborde ces discussions, c'est, bien plus quune adhésion immédiate, un désir d'apprendre, un souci de peser tous les arguments, une décision bien établie de faire taire ceux qui veulent entraver Ia recherche par des considérations étran- geres au débat. C’est seulement ainsi que nous pourrons avancer. Daniel LOGAN. Le 25 décembre 1945. a LA POLITIQUE DU KREMLN EN ASIE Ainsi que le démontre le tableau politique de l!'Extréme-Orient, la politi- que de Voligarchie du Kremlin en Asie est symétrique avec celle qu'il méne en Hurope, Staline se fait Vallié de Vimpé- rialismé américain en piétinant toutes les manifestations révolutionnaires des masses coloniales, il utilise les masses insurgées comme bouc émissaire pour sa diplomatie réactionnaire ; et comme en Burope, il s'est lancé dans une poli- tique éhontée de conquétes et de pil- lage. La caste dirigeante stalinienne est en train de se tailler un nouveau grand domaine dans les étendues illimitées de YExtréme-Orient, Depuis que la chance militaire tourna en leur faveur, les dirigeants du Kremlin commencérent & avoir des vues sordides sur la Mandchourie et 1a Corée, Us sa- vaient que lorsque Vimpérialisme japo- nais serait vaincu, de nouveaux maitres viendraient pour réclamer leur butin. Le Kremlin était décidé a percevoir sa part de « droit », et préparait en conséquence ses plans militaires et diplomatiques. Churchill nous informa dans son der- nier discours devant le Parlement bri- tannique que Staline avait fermement promis A ‘Téhéran que ses armées @Extréme-Orient attaqueraient les po- sitions japonaises en Mandchourie trois mois apres la fin des hostilités en Eu- rope, Et, ajouta Churchill, Staline est toujours prompt a tenir ses engagements militaires (vis-A-vis des impérialistes). Et, en effet, Staline était plus que Prompt dans Cette affaire. Lorsque le Ive INTERNATIONALE a Japon tremblait sous les coups dévasta- teurs que lui portait la machine militaire des Etats-Unis et était sur le point de capituler, Staline donna hativement Yordre a ses troupes d’entrer en action, plusieurs jours avant la date prévue, par peur que le Japon ne s'écroule < préma- turément » et que l'Union Soviétique ne puisse réclamer sa part de la défaite. Stale ne devait pas étre volé de sa place a la « Table de Paix » de YExtréme-Orient, Malgré les minimes contributions mi. Jitaires de !Union Soviétique en Extre- me-Oriént, Staline occupe une place importante & la table de banquet des conquérants, En accord avec des pactes secrets précédents conclus avec les alliés anglo-américains, !Armée Rouge occupe Je sud de Sakhaline, le nord de la Corée et les Kouriles, Par un traité supplé- mentaire avec Ja Chine, les positions de Union Soviétique en Mandchourie sont celles qu’occupait la Russie tzariste avant la guerre russo-japonaise de 1905. LIUR.S.S, recoit en participation avec Ja Chine la possession et ’administration de Port-Arthur comme base navale et une zone autour du port est prévue dans Jaquelle "Union Soviétique a le droit de maintenir une armée, une aviation et une marine. ,L'autre port important en Mandchourie, Dairen, est déclaré port libre. Mais méme ici, il est prévu que le ehef de port sera russe et que 'URSS. bénéficiera d'une location sans frais de Ja moitié de toutes les installations et de Yéquipement du port. Tout ceci s'ajoute a la < sphere d'infiuence » sovié- tique en Mandchourie, LU.R.S.S,, d’au- ‘tre part, continue & exercer un contréle sur la Mongolie intérieure. Ainsi, Staline semble avoir réalisé les réves centenaires de l'ancienne diplomatie tzariste, Staline trahit le Mouvement du Yennan. Et quel est le prix que Staline a da payer pour cette < sphere d’influence » Soviétique en Asie ? Indubitablement, du point de vue de Staline, un prix trés raisonnable. Il avait simplement a don- ner sa garantie qu'il soutiendrait pleine- ment les buts et les plans contre-révo- Jutionnaires anglo-américains, Bt comme Preuve de bonne foi, il devait commencer ar trahir le mouvement du Yennan en Chine, Staline remplit cette promesse aussi ponctuellement que ses promesses sur le plan militaire, Précisément ati moment oi les troupes du Yennan et du Kuomintang s’élan- gaient vers les villes principales de 1a Chine, précisément au moment ‘od, des deux cotés, ils luttaient pour obtenir la reddition des troupes japonaises, préci- sément au moment ot limpérialisme américain | intervenait _impudemment dans les affaires de la Chine et soute- nait ouvertement Ie Kuomintang, Staline publia officiellement son traité avec Chang-Kai-Check. Cette bombe coupa Vherbe sous les pieds de ses adeptes chinois, Staline donna formellement sa garantie de soutenir moralement et de fournir du matériel militaire uniquement au gouvernement national de la Chine, Je Kuomintang. D’autre part, il fut an- Roncé que Molotov, Commissaire Sovié- tique des Affaires Etrangéres, dit a T. V. Soong, Premier Ministre chinois, lors de la visite de ce dernier 4 Moscou, que la lutte entre Tchoung-King et le Yen- nan serait une « question interne > et que l'Union Soviétique n’interviendrait aucune maniére, Cette déclaration sem- ble avoir été faite prédlablement au Major général Patrick J. Hurley, Am- bassadeur des Btats-Unis en Chine, lors de sa visite au Kremlin, Le mouvement des masses insurgées en Chine r’est pour le Kremlin qu’un pion qu’on utilise cyni- | quement et 1A oti c'est nécessaire ; on le vend pour servir les buts de la basse diplomatie de Staline, Quels sont les motifs qui poussent Voligarchie soviétique vers 1a politique actuelle de furieuse expansion ? Pour- quoi cette caste est-elle si empressée de se lancer dans une aventure aprés Pau- tre ? Quelques-uns ont une réponse ‘toute préte : < Impérialisme ! L'Union Soviétique est devenue impérialiste, » Mais une telle explication embrouille plutot que de clarifier le probléme. UHistoire connait Yexpansionnisme de différentes monarchies, oligarchies, clas- ° ses dirigeantes féodales, classes esclava- gistes, etc... Dans le vrai sens du mot, tous pourraient étre appelés « impéria- listes >. Uhistoricien matérialiste _conscient, par contre, doit toujours étudier et ana- lyser chaque « impérialisme » avec la. plus grande attention afin de déterminer jes lois précises qui gouvernent son expansionnisme et les causes historiques précises qui poussent sa classe ou sa caste dirigeante & poursuivre cette voie. Kautsky, par exemple, a accompli un tel travail dans son ceuvre monumentale « Les origines du Christiannisme » en indiquant soigneusement les causes ma- tériellés de Yexpansionnisme des classes dirigeantes esclavagistes de I'antiquité. Seuls, des journalistes superficiels peu- vent se contenter q’étiqueter sans dis- tinction toutes ces manifestations va- riées d'expansionnisme comme < impé- rialistes », croyant avoir ainsi résolu le | probiéme, Ea définition marxiste de Vimpérialisme Dans la littérature marxiste, Vimpi Tialisme moderne a un sens bien défini : c'est la politique d’expansion du capital 12 Ive INTERNATIONAL financier se dégageant du développement du capitalismie dans son stade monop. leur, Il est certain que 1'Union Sovie que ne représente pas l'expansionnisme du capital financier, Wt pourtant Vexpan- sionnisme soviétique est un fait, Quelles sont alors les lols qui gouvernent Yexpansionnisme spécifique de I'Union Soviétique ? Quels sont les motifs mati riels primordiaux du régime stalinien qui Je poussent & sortir de ses frontiéres ? Nous perdrions naturellement notre temps en essayant de trouver l'explica- tion de ce probléme en nous adressant. aux < théoriciens » capitalistes — ou leurs imitateurs pseudo-marxistes — qui nous ont fourni la formule de I « Im- périalisme Soviétique >. Aucun d'eux, lit- téralement aucun, n’a essayé de définir conerétement ce que ce « nouvel impé- rialisme » signifie, quelles sont les lois qui gouvernent son développement, en. quoi il resemble & Yancienne forme de Yexpansionnisme et en quoi il en differe. (Ceci n'est qu'une petite illustration de Ja banqueroute des idées’de la bourge sie dans la période de V'agonie du capi- talisme.) Sans vouloir essayer a’épuiser ce pro- bléme, nous pouvons tracer quelques- unes des raisons principales qui poussent Ja bureaueratie de Staline dans se voie @expansion actuelle, Primo, établissons le fait que l'Union Sovictique, méme dans sa période saine, dans la période de Lenine et de Trotsky, suivit dans la mesure oli elle ‘en était ea- pable une politique d’expansion, Trotsky nous apprenait que: < La révolution prolétarienne, qui eut Heu sur le terri- toire de Empire Tsariste, tenta des le début de conquérir et, pendant un cer- tain temps, a conquis les pays baltes, tenta de pénétrer en Roumanie et en Perse, et, & un moment Ianca ses troupes contre Varsovie (1920). » Pourquoi? Afin d’augmenter les forces de la révo- lution socialiste internationale, afin d'at- teindre un plus grand champ d'action pour son développement économique. ‘Afin de renforcer sa position stratégi- que contre le monde capitaliste, 1'Btat Ouvrier dégénéré se tient encore & ces deux considérations, Mais naturellement, Lenine et Trotsky résolurent leurs pro- blames (les problémes de l'Union Sovié- tique et, en derniére analyse, du Socia- lisme mondial) en liaison avec la con- science de classe et Vindépendance des ouvriers; I'Armée Rouge de Trotsky était partout le porte-drapeau de la Ré- volution Socialiste, Staline tente de ré- soudre ses problémes (les problémes de Ja caste dirigeante sovictique) exclusi- ‘vement par des moyens bureaucratiques et militaires et ses administrateurs op- priment et pillent les populations des pays conquis de 1a méme fagon que les officiers tsaristes, La caste du Kremlin a de nouvelles perspectives: Deuxiémement, A mesure que la caste dirigeante s’afférmit, ses prétentions sont plus effrontées. La guerre lui a sou- dainement ouvert de gigantesques et in- croyables perspectives. Pourquoi ne pas profiter de la bonne prise? Ses ambi- tions et son avidité semblent ne pas con- naitre de limites. Indiscutablement de la méme fagon qué Jes anciennes dynasties, elle est poussée par des besoins irrésisti- bles d'augmenter son pouvoir, ses reve- nus et son prestige. Sentant la faiblesse du capitalisme mondial, elle cherche tou- tes les issues et pousse de plus en plus en avant jusgu’a ce qu'elle se heurte & ue forte opposition. L’expansion sovié- tique est possible moins par la foree de YUnion Soviétique que par Ja faiblesse de TImpérialisme et lactuelle lassitude des peuples pour la guerre. Le troisiéme et le plus décisif des fac- teurs, c'est la peur du Kremlin devant Vimpérialisme anglo-américain et son dé- i enforcer 1a position de I'Union ique contre toute éventualité fu- ture. Dans ce sens, Yoccupation et les conquétes actuelles de l'Union Soviéti- que peuvent étre comparées @ celles de 1939, excepté que Yoccupation de 1939 avait un but principalement défensif contre Allemagne. L’occupation actuel- le est tournée surtout contre les Etats- Unis et son allié britannique, La politi- que étrangére de toute grande puissan- ce consiste en partie A manceuvrer con- tre ses rivaux et A s'emparer de points stratégiques de soutien, afin de renfor- cer sa position en prévision de futurs confiits. Il est certain que ces faits jouent un role important dans la mancou- vre actuelle et dans la querelle entre les deux plus imporrtants Etats du monde, les Btats-Unis et PUR.S.S. ‘Mais un élément encore plus impor- tant dans cette friction, c’est le fait que les Etats-Unis et 'U.R.SS, ne s'affron- tent pas seulement comme Etats rivaux, mais s'opposent dans leur systéme so- cial antagoniste. Malgré la terrible d générescence de l'Union Soviétique (elle est terrible) et malgré le bloc actuel entre Vimpérialisme anglo-américain et T'Union Soviétique qui peut bien se pour- suivre pendant toute une période — cet antagonisme fondamental entre les sys- temes sociaux continuera et persistera, aussi longtemps que 'U.R.S.S. maintien- dra sa base de la propriété nationalisée. Les défauts de Ia Nouvelle Théorie, Ht c'est précisément ici que nous pou- vons discerner 1a défectuosité de 1a théo- rie de ? < Impérialisme Soviétique > dans la mesure ob V’on peut accorder un titre si important a une si pauvre phrase, Cette < théorie » embrouille Yantagonisme fondamental entre deux systmes sociaux divergents, Au lieu de clarifier les forces motrices du confit, elle les embrouille en identifiant Jes ty- pes d’expansionnisme totalement diffé- rents de !'U.R.S.S. et des puissances an- glo-américaines, Utilisant cette pigce montée théorique, les Max Hastmans, Liston Oaks, et au- tres littérateurs mercenaires payés ou non de Vimpérialisme américain. n’a- vaient aucun mal de donner leur apput & la contre-révolution en Gréce. Le pro- bléme était simple pour eux: Tl s’agis- sait, nous dirent-ils, d’un confit entre les impérialismes britannique et russe. Rt, puisque la Grande-Bretagne est plus dé- mocratique (malgré Inde!) ils soutien- nent le moins méchant: I'Impérialisme britannique. Le contenu de tout cela nest pas seulement un argument du dia- ble interprétant les écritures bibliques Pour ses propres buts néfastes; la « théorie » de Videntification de Yexpan- sionnisme de l'U.R.S.S, avec l’Impéria- lisme méne vers des positions réaction- INTERNATIONALE 1s naires lorsqu’il s'agit de la politique dans la pratique, Si nous rejetons la _« théorie » de P< impérialisme soviétique », cela ne veut pas dire que nous soutenons méme. légérement les conquétes et Yoccupation par le Kremlin, Au contraire! Nous condamnions occupation de la Pologne et des pays baltes par le Kremlin en 1939, bien que celles-ci furent accompa- gnées par la nationalisation de la pro- priété privée. C’était notre position parce que les avantages stratégiques ainsi obtenus étaient négligeables en comparaison la haine et au dégoat que Staline provoqua dans les masses contre YUnion Soviétique par sa politique bru- tale de conquérant, A plus forte raison, nous condamnons et nous combattons contre les conquétes actuelles de Sta- dine, qui ne servent & aucun but pro- gressif de quelque sorte que ce soit, et ne sont destinées en premier lieu — ne Youblions pas — qu’a briser les mouve- ments révolutionnaires en Asie et en Eu- rope. (@xtrait de la revue « Fourth International », Octobre 1945.) THE SES SUR LA RUSSIE STALINIENNE DAUJOURD HUI par G. HIRT (Extraits) — Le régime stalinien commence a s’approcher de la phase finale, qui, de toute maniére, entraine- Ta sa fin, a) La deuxiéme guerre impérialiste mondiale représente principalement. 1a guerre de Vensemble de la bourgeoisie mondiale, et a comme but de surmonter pour tm certain temps la crise mortelle du systéme capitaliste, aux frais du pro- létariat mondial et de Etat prolétarien, afin de pouvoir & nouveau se procurer provisoirement un espace permettant de continuer la production capitaliste, Sur cette base, se joue Vantagonisme mili- taire des puissances impérialistes entre elles, antagonisme qui n'est que secon- daire: La crise du syst@me capitaliste est si profonde, qu'il faut éliminer une partie de la concurrence capitaliste mon- diale pour rendre possible, du moins aux impérialistes vainqueurs, la continuation pour une certaine période, de 1a prodtic- tion sous la forme capitaliste, c’est-a-dire la production de profits, b) La Russie Soviétique a gagné la guerre contre une partie de la. bourgeoi- sie mondiale, contre Allemagne d’Hitler, et a pris également part a la victoire contre le Japon, mais elle a perdu la guerre contre ensemble de la bourgeo! sie mondiale par suite de la politique sui- vie aprés 1923-1924 par le régime, la bureaucratic et le parti staliniens, poli- oe evs Ive INTERNATIONALE tique subjectivement réactionnaire, ob- jectivement contre-révolutionnaire!’ Elle niavait pas dépassé en 1939, méme pas atteint le premier des Etats capitalistes, les Etats-Unis, mais son équipement se montait déj 4 60 % de celui de lap- pareil industriel américain, Les impéria- listes anglo-américains conduisirent la guerre mondiale en employant une tac- tique qui permettait A l'impérialisme allemand de détruire le plus possible Vappareil industriel soviétique, et qui obligeait Union Soviétique dans sa lutte contre Vimpérialisme allemand a s'épui- ser tout en épuisant également l'impéria- lisme allemand. C'est de cette fagon que Yépée de l'impérialisme allemand, au ser- vice effectif de Yimpérialisme anglo- saxon, a détruit & peu prés la moitié de Véquipement industriel russe, En méme. temps, la bourgeoisie américaine aug- mentait son appareil industriel au moins: de 20 %, en réalité de beaucoup plus, En 1939, le’ rapport de Vappareil industriel russe vis-a-vis de celui des Etats-Unis était de 60 contre 100, aujourd'hui ce- lui-ci n'est guare que de 30 contre 120 ou de 25 contre 100! ‘Tel fut le recul de économie soviéti- que, si grande est la défaite causée par la politique de Staline, de la Russie so- viétique, comparée aux conditions de la bourgeoisie mondiale, dont exemple frappant se voit dans la comparaison avec Etat capitaliste principal: les Etats-Unis, La, dépendance économique du « So- cialismo stalinien dans un seul pays » envers la bourgeoiste mondiale, et sur- tout envers les Etats-Unis, s'est accrue depuis 1939. La vietoire russe sur J’Al- lemagne hitlérienne n’aveugle que coux qui comparent la Russie seulement YAllemagne et au Japon. Mais la dia- lectique matérialiste nous oblige a voir, examiner et juger la guerre mondiale dans son ensemble et dans ses consé- quences principales, dans leur dépendan- ce réciproque dans Vespace et dans le temps, et A n'isoler un probléme spécial que dans ce cadre et que sur cette base. Les victoires éclatantes de Ia Russie dans la guerre contre une partie de la classe capitaliste mondiale, contre lim- périalisme allemand et japonais, ne peu- vent nous tromper sui l'ensemble ca- tastrophique des conséquences provo- quées par cette méme politique stali- nienne, dans ses rapports avec Ia bour- geoisie A l’échelle mondiale, et surtout, dans ses rapports avec les E.-U., Etat capitaliste dominant le monde, ¢) Staline, le régime stalinien, la bu- reaueratie stalinienne et les partis sta~ liniens cherehent & cacher cette faillite catastrophique de leur politique générale aux yeux du prolétariat mondial et sur- tout aux masses russes, Ils amplifient Yeuphorie de la victoire sur !impérialis- me allemand et japonais, afin de détour- ner V’attention des masses du rapport de forces décisif avec la bourgeoisie mon- diale et d’attirer leur attention sur le rapport relativement secondaire des for- ces avec la partie allemande et japonaise de cette bourgeoisie. En méme temps, ils mettent tout en euvre pour diminuer par Je pillage des machines, le travail foreé, les annexions, ’émigration forcée, ete... Ia défaite catastrophique et la fai- Dlesse de la Russie comparée & la classe capitaliste mondiale, défaite causée par Ja politique de Staline. Dans la mesure oft cela leur réussit, ils obtiennent une légére amélioration, qui ne change pour- tant pas grand’-chose & I’état catastro- phique de Vappareil productif russe, comparé & celui des E.-U, — et ils n’ob- tiennent cela qu’au prix de profondes contradictions dans lesquelles ils s'enga- gent, entrainant avec eux Etat Sovié- tique. Car ils ne tentent d’obtenir ectte < amélioration » de la, catastrophe rus- se, que par les méthodes criminelles qui consistent & rejeter & coups de pieds ta classe ouvriére allemande, — qui, du point de vue de classe — ne tomba sous Je joug du nazisme que par la faute po- litique des partis staliniens, de la bu- reaucratie et du régime stalinien et de Staline lui-méme — et en méme temps ils piétinent et ébranlent les sympathies des travailleurs de tous les pays, pro- voquées par la lutte héroique des tra- vailleurs et des paysans patvres russes contre les brutes nazies, Se surpassant dans Yopportunisme et la trahison en- vers le prolétariat et 1a révolution mon- diale, Staline, son régime, sa bureaucra- tie et son Parti font Ie jeu de la bour- geoisie mondiale dans la décision finale du sort de tat prolétarien, d) Cette situation générale et ces per- spectives sont provisoirement yoilées, camouflées sous Vapparence trompeuse des « glorieuses victoires et conquétes >, gui ne sont en réalité que des pillages réussis de toutes sortes, dans la phase intermédiaire, Pour entrainer la Russie Soviétique également dans la guerre con- tre le Japon, les bandes impérialistes anglo-américaines firent toutes les con- cessions de brigands possibles & la bande de Staline, C'est ainsi que la guerre con- tre le Japon impérialiste a rapporté au «< Généralissime > Staline d'autres < lau- riers, conquétes, etc... », clest-a-dire @autres succés de brigands. Peut-étre que, dans Tivresse de sa nouvelle « vic~ toire », au comble de sa < gloire », il tentera de se faire enfin couronner Tzar par V'Rglise satisfaite de son évolution droitiére. Pourtant la guerre contre le Japon, & peine terminée aussi « victo- rieusement > que possible, le dernier Iv) INTERNATIONALE 15 videau de la deuxiéme guerre impéria~ liste va se lever, le dernier acte de ce drame mondial va commencer lentement a se jouer. Dans certaines conditions un jeu plus rapide des événements n’est pas impossible, ) Aprés Ja capitulation japonaise, la Russie sera isolée politiquement; pour se protéger contre Vimpérialisme anglo- américain, elle n’aura plus A sa dispo- sition la possibilité d’une alliance avec Ja bourgedisie allemande et japonaise. ‘Les impérialistes anglo-amércains dé- sirent garantir leur victoire mondiale économique et politique méme contre TVUnion Soviétique. Car cette derniere a réussi, par le moyen de la production collective, dans Vespace de vingt ans, non seulement & se rétablir, mais encore & monter rapidement et, finalement a entret dans le marché mondial et & met~ tye en danger, par une vigoureuse con- currence, Vexploitation avec profits de la production capitaliste des E-U. et de YAngleterre, Méme encore plus, La bour- geoisie mondiale a appris & estimer Sta- line et sa bande comme instruments subjectivement tout a fait dignes de confiance contre 1a révolution et le pro- létariat mondial, Pourtant, de son point. de vue capitaliste, elle sait reconnaitre clairement dans Texistence de la pro- priété et de la production collectives, un danger politique décisif pour elle, qui pousse objectivement — contre la volon- ‘té de la bureaucratie stalinienne — au éveloppement de la révolution proléta- rienne internationale et qui constitue une réserve formidable qui, au moment cul- minant de Vévolution révolutionnaire, peut se transformer en un levier de la. révolution mondiale, Le besoin de garan- tir le gigantesque butin impérialiste, la. position impéraliste générale et les po- sitions économiques et politiques du ca- pitalisme mondial, pousse les capitalis- tes américains et anglais et les capita~ listes internationaux en général a liqui- der finalement la propriété collective, & rétablir en Russie soviétique la propriété capitaliste des moyens de production, et a assurer cette dernigre par un Btat ‘ca- pitaliste totalement digne de confiance, @est-a-dire par un appareil étatique ca- pitaliste, Néanmoins, cette propriété collective est et reste la base de la bureaucratie stalinienne usurpatrice puisqu’elle en vit en V’exploitant en parasite, et qu'elle ne peut Vabandonner volontairement dans sa totalité, sans perdre son dernier ap- pui parmi les ouvriers de Russie et du monde, sans se liquider elle-méme, sans commettre un suicide politique. Utilisant le plus possible les partis staliniens comme instruments contre la Révolution prolétarienne qui monte, les impérialistes anglo-américains tachent de toute fagon de forcer la bureaucratie stalinienne & abandonner la propriété collective. is combineront tous les moyens d'amoreage (emprunts gigantes- ques, ete...) avec les moyens de pression. Us essaieront de plus én plus de colla- borer d'une fagon ou de Yautre avec Jes nouveaux éléments capitalistes de Rus- sie, qui se sont développés déja large- ment et vont se développant. continuel- Jement et qui sont le résultat objectit de Yensemble de la politique stalinienne, afin de fortifler la pression extérieure impérialiste par la pression intérieure des nouveaux éléments capitalistes rus- ses qui demeurent encore a I’intérieur de la bureau cratie et autour d'elle & Yarriére-plan, Afin de mettre toujours plus fortement en action les éléments bourgeois de Russie dans cette direction, ils concentreront la pression au commen- cement sur le rétablissement de la démo- cratie bourgeoise, sur l'introduction de la liberté de la presse, de réunion, d’as- sociation, d’organisation et la formation des partis politiques pour les nouveaux éléments possédants, Vinstauration d'un Parlement bourgeois-démocrate, qui de- vra garantir a ces derniers la possibilité totale de développer et de réunir les forces bourgeoises, d'utiliser les masses afin d’en titer le plus de réserves pos- sibles ct de les mobiliser pour leurs fins. Is prépareront cette campagne politi- que par une premiére attaque qui se dé- veloppera selon un plan, dont Je but sera de donner, dans la « zone de sécurité » européenne de Staline, le pouvoir A la démoeratie bourgeoise, A la bourgeoisie «< démocratique », Si cette pression accrue et combinée par étapes ne suffit pas, les impérialis- tes iront jusqu’au bout: jusqu’a action brutale contre-révolutionnaire de Vinté- rieur et de Vextérieur ou de V'extérieur et de Vintérieur; ils combineront le sou- lévement contre-révolutionnaire des nou- Veaux €léments bourgeois russes, qui sortiront enfin de leur attitude peureuse, avec Vinvasion impérialiste venant de Yextérieur. Dans ce dernier acte de la deuxiéme guerre mondiale qui sera im- médiatement dirigé ouvertement contre YEtat prolétarien, le Labour Party, la social-démoeratie et la bureaucratic dé- générée des syndicats et des corporations rendrent aux impérialistes anglo-saxons leur offices de valets, selon toute proba- bilité avec le mot d’ordre « Pour la dé- moeratie (bourgeolse, cela va sans dire) méme en Russie Soviétique >. Grace aux services gigantesques qui leur ont été rendus par le régime, la bureaucratic et le parti de Staline, les brigands anglo- saxons n'auront pas. besoin de mener eux-mémes le dernier acte de la guerre. La bourgeoisie allemande et japonaise, 16 ive qui sera « démocratique > entre temps, et se sera effectivement incorporée & Vimpérialisme anglo-saxon, ne deman- dera qu’a se précipiter dans cette guerre, contre la promesse d'une amélioration des conditions de paix qui leur ont été imposées. Les coups de pieds de Staline et de sa bande donnés aujourd’hui A la classe ouvriére allemande, demain & la classe ouvriére japonaise, faciliteront cette opération des capitalistes alle- mands et japonais, L’Amérique et I’An- gleterre impérialistes leur procureront encore d’autres alliés, les équiperont ri- chement de matériel de guerre, et, pour le reste, se limiteront A les soutenir « du ciel >. VI. — Le mécanisme du processus général du capitalisme, son économie, sa Politique, ses intéréts, son profit, pous- sent les impérialistes anglo-américains dans cette direction. Ce qui importe, est le rythme de leur action. En géné- ral, les considérations impérialistes tour- neront autour des alternatives suivantes: Une action lente donnerait le temps & TUnion Soviétique de se renforcer — un développement régulier au cours des prochaines années (et de plus en plus rapide) se heurterait par contre non seu- lement a une Union Soviétique politique- ment isolée, économiquement affaiblie par ses énormes sacrifices humains, mais devrait compter dans le monde’ entier avec les masses désorientées par vingt années de politique du stalinisme, du Labour Party, de la social-démocratie, de la bureaucratie dégénérée des syndi- cats et des corporations, des droitiers, des centristes, des < ultra-gauches », des anarchistes, Aprés 6 années de guerre impériatiste, les soulévements sont plus lents qu’aprés la premigre guerre mondiale, en Alle- magne et surtout au Japon; il n’en sera guére autrement avec les masses écra- sées impitoyablement par le régime de Staline. ‘VII, — Seule la révolution proléta- viene internationale survenait victo- rieusement & temps, qui, dans son avan- ce, animera inévitablement les ouvriers et les paysans pauvres russes, peut en- traver le plan perfide et meurtrier des impérialistes anglo-américains et sauver YUnion Soviétique en tant qu’Htat pro- iétarien, en renversant la bourgeosie eu- ropéenne et le régime stalinien, en libé- vant et en épurant Etat soviétique de la bureaucratie stalinienne, en le réfor- mant selon les principes léninistes, en ré- tablissant la démocratie prolétarienne et en instaurant la Fédération Mondiale des Républiques Soviétiques Démocrati- ques Prolétariennes de tous les Conti nents, par la Fédération de !'Union So- INTHRNATIONALE viétique démocratique prolétarienne avec la Fédération des Républiques Soviéti- ques Démoeratiques Prolétariennes d'Eu- rope. Par Voceupation de V’Allemagne, les impérialistes anglo-saxons et les buréau- crates staliniens russes, soutenus par le Labour Party, la Social-démocratie, les partis staliniens, la bureaucratie dégé- nérée des syndicats et des corporations affaiblissant le prolétariat mondial et renforcant la bourgeoisie mondiale par leur continuelle trahison des intérets prolétariens dans tous les pays, ont em- péché la révolution prolétarienne des masses allemandes et le réglement ré- volutionnaire de leur compte avec le na- tional-socialisme, le fascisme et Vensem- ble de la bourgeoisie allemande (et ils préparent la méme chose pour le Japon) Cependant, le sort barbare qu’ils prépa- vent aux masses allemandes, atteint de plus en plus l'Europe toute entire, La désindustrialisation de Allemagne, liée & Vémigration et Yimmigration for cée par les staliniens de plusieurs mil- lions d’hommes, ete..., fait baisser le pouvoir d'achat des masses allemandes, A un grand degré, et raméne tous les pays du continent européen A une dimi- nution de 20 & 40 % de leurs exporta- tions, En méme temps, les E.-U. et J’An- gleterre leur rendent a peu prés impos- sible la vente sur le marché mondial, pour que la production aux E.-U. et en, Angleterre puisse étre poursuivie sui vant les formes capitalistes avec un pro- fit accru, malgré Paccroissement formi- dable des forces de production aux E.-U. Pour pouvoir jeter quelques mieties de ces surprofits aux masses anglo-améri- caines en prenant un aspect socialiste et réformiste, pour éviter aux E.-U, et & VAngleterre la crise économique, Je cho- mage massif et Ia révolution des masses, Ja classe capitaliste anglo-américaine augmentera les exportations au détri- ment de tous les autres pays dont les exportations seront diminuées de 50 %. Létranglement économique et politique de P'Allemagne empéche provisoirement la Révolution en Allemagne, mais cela se contrebalance par le développement. du processus révolutionnaire allant de la périphérie au centre de ’Europe. Dans tous les pays européens, la fer- mentation des masses s’étend et s'ap- profondit en avancant par vagues suc- cessives, C'est précisément pourquoi, dans tous les pays européens, les partis ouvriers » petits-bourgeois (Labour Party, social-démoeratie, partis stalt- niens) prennent de plus en plus la di- rection des Btats capitalistes pour pou- voir cette fois aussi étrangler par leur trahison leur perfidie et leur brutalitée au setvice de la bourgeoisie mondiale, la réyolution prolétarienne, FORT eR tn ae Iv) INTERNATIONALE a7 Comme la social-démocratie en Alle- magne et en Autriche en 1918-1919, le Labour Party en Angleterre, malgré sa. majorité parlementaire, laisse appareil étatique capitaliste intact, en abandon- nant de cette facon la force politique ef- fective aux mains de la classe capita- liste, De ce fait, ’étatisation de la Ban- que d’Angleterre, de 'Industrie houillére, etc, n’affaiblissent pas, mais au con- traire, renforcent la puissance économi. que de la bourgeoisie anglaise, Le La- bour Party veut encore augmenter les fardeaux matériels imposés par la guerre impérialiste aux masses anglaises, par des indemnités s’élevant a des milliards distribués aux milliardaires anglais de la bangue et de la houille. Dans le meil- leur des cas, cette étatisation (capita- liste) élévera une couche d’ouvriers & 1a, position d’employés de Etat capitaliste au-dessus de la grande masse des ou- vriers anglais, La politique du Labour Party tend, suivant ses conséquences gé- nérales, & fortifler Yaristocratie ouvriere et par 18 1a bourgeoisie, et a diviser par | le méme moyen la classe ouvriere, & la. miner, et A provoquer Vaffaiblissément. de la grande masse des ouvriers anglais, La déception innévitable de la politique du Labour Party entrainera finalement méme en Angleterre les masses ouvrie- res profondément mécontentes et qui ont tout de méme appris quelque chose de- puis 1918-1920 dans la fermentation ré- yolutionnaire, Au point culminant de cette évolution, le processus révolution- naire se transportera brusquement de la périphérie au centre. La révolution euro- péenne reste & ordre du jour, Dans son développement, elle se transportera en Russie, s‘unissant étroitement aux ou- vriers et paysans pauvres révolutionnai- res de Russie et mettant a Yordre du jour la révolution prolétarienne a 1’é- chelle mondiale, VII. — Méme si les masses ne s'en rendent pas clairement compte, elles n’ont pas d’autre choix: ou se laisser entrainer toujours plus brutalement par Ja décadence du capitalisme vers la har- barie, jusqu’é la veritable catastrophe — ou entrer dans la seule voie du salut, celle de la révolution prolétarienne, par Je renversement de la bourgeoisie, pour Yétablissement de la dictature proléta~ vienne des travailleurs, des paysans pau- vres et des petits-bourgeois, de THtat soviétique démoeratique _ prolétarien, pour la liquidation du capitalisme, pour Ja construction du socialisme et du com- munisme sur toute la terre. IX, — Les masses croient encore que le Labour Party, la social-démocratie, les partis staliniens leur apporteront le so- Cialisme et le communisme avec leur po- litique réaliste d'expérience vivante. Mais les combats qui se sont deja dé- roulés et qui se produiront encore aé- masqueront de plus en plus compléte- ment les Partis de la trahison devant les masses. La marche des événements dé- couvrira toujours plus nettement l'es- sence réelle, la trahison de ces partis de la bureaueratie et de Varistocratie ou- yrigre dégénérée et embourgeoisée, qui feignent le « socialisme > et le « com- munisme >, mais ne sont objectivement en réalité que la main gauche de la pourgeoisie, aprés la faillite provisoire de la main droite du capitalisme, le fas- cisme; cette main gauche & la golde de Ja bourgeoisie mondiale accomplit effec- tivement le service de retenir, de diviser, @endormir, au besoin d’écraser par la force brutale et en tout cas de tenir en échec, les masses révoltées par le mas- sacte impérialiste mondial dans la phase actuelle au moyen de méthodes « démo- eratiques > capitalistes et par des miet- tes du soi-disant « socialisme > et du social-réformisme. Apres avoir accom- pli ce travail ingrat, aprés s’étre com- promis aux yeux de la classe ouvriére, ainsi désabusée, divisée, et fSnalement paralysée, la main gauche fera place & nouveau @ la main droite de la bour- gevisie, c'est-A-dire au fascismé, sous un nouveau nom, avec de nouveaux mots ordre, de nouveaux camouflages et de nouveaux tortionnaires... Le temps ap- proche od les masses reconnaitront le role des partis traitres et commenceront Ase tourner contre les partis staliniens, Je Labour Party et la social-démocratie. X, — La marche des masses révolu- tionnaires avance déj a YOuest et au Sud de VHurope, bien que la fin rapide de la guerre au Japon puisse retarder pour un certain temps cette évolution. ‘Les masses anglaises et méme américai- nes seront entrainées dans un courant toujours croissant, profondément tou- chées et secouées par la crise du sys- téme capitaliste, le chmage massif et la guerre impérialiste, Les masses ouvrié- Tes anglaises et américaines entraveront Jes mouvements de l'impérialisme anglo- saxon qui fera tout pour écraser Ja révo- lution européenne, Le mouyement révolu- tionnaire de libération des masses po- Pulaires coloniales, fortifié et entrainé par Je développement révolutionnaire en Europe, donnera de’son cOté une impul- sion plus forte & ce dernier. La révolution vient inévitablement. Mais, pour qu’elles prennent la bonne yoie, pour qu’elles puissent vainere, les masses ont besoin de la direction prolé- tarienne révolutionnaire par le Parti de ¢lasse prolétarien, par 1’Internationale prolétarienne, la TV’ Internationale, La tache la plus pressante, la plus impérative de Vheure présente est celle de son établissement et de son renforce- 18 Lye INTBRNATIONALE ment partout, Seules la coopération et la lutte commune des masses révolution- naires avec le parti prolétarien de la R6volution, Internationale révolution- naire, et sous sa direction, assureront aux masses le salut de I'Etat proléta- rien dégénéré et finalement de toute Yhumanité, les sauveront de la barba- rie des brigands impérialistes de leurs tortionnaires fascists, de leurs laquais staliniens, du Labour Party, social-démo- crates, bureaucrates syndicaux, droitiers, centristes, ultra-gauchistes, anarchistes. Le salut sera apporté par la révolution prolétarienne démocratique victorieuse des travailleurs, des paysans pauvres et des petits bourgeois, par le socialisme et le communisme révolutionnaires, in- ternationaux, prolétariens - démocrati- ques. G, HIRT. 18-8-1945.) DEFENSE INCONDITIONNELLE DE bibe S s. UE yeut dire Ia défense ) du systéme de ¢ collectivisme bureaucratique » comme possibilité théorique. Tis découvrirent en cela une complete révision du Marxisme. Ceci est un malentendu manifeste. La compréhension marxiste des nécessités historiques n'a de commun avec le fatalisme. Le Soclalisme n'est pas réalisable « par Iui-méme >, mais comme résultat de la lutte des forces vivantes des classes et de leurs partis. L’avantaze décisif du prolétariat dans cette lutte réside dans le fait qu'il représente le progres his- torique alors que la bourgeoisie incarne la réaction et le déclin. C'est précisément en cela que nous trouvons la source de notre conviction dans la victoire. Mais nous avons entigrement le droit de nous demander: Quel caractére prendra la société, si les forces de Ja réaction sont victorieuses? Les marxistes ont formulé, un incalculable nombre de fois, Valternative: Socialisme ou retour A la Barbarie. Aprés 1’ < expérience > de I'ltalie, nous avons répété mille fois: Com- munisme ou Fascisme, Le vrai passage au Soclalisme ne peut pas manquer d’apparattre incomparablement plus compliqué, plus hété- rogéne. plus contradictoire, qu'il n'était pré- vu dans le plan historique général. Marx parlait de la dictature du proiétarial et de 8a future disparition, mais ne dit rien d'une dézénérescence bureaucratique de la dicta- ture. Nous avons observé et analysé pour la. pramiére fois V'expérience de cette dégénéres- cence, Est-ce 1 une révision du marxieme? ‘Les événements se succédant ont démontré que te retard de la Révolution socialiste en- gondre indubitablement le phénoméne de la barbarfe — chomage chronique — appauvris- Sement de la petite bourgeoisie, fascisme, et finalement les guerres d’extermination qui n'ouvrent aucune nouvelle voie. Quelles sont les formes sociales et politiques que peut prendre la nouvelle ¢ barbarie », si nous ad- mettons théoriquement que l'homme n'est pas en mesure de s'élever au Socialisme? Nous avons Ja possibilité de nous exprimer sur ce sujet, d'une facon plus concréte que Marx. Le fascisme d'une part, Ja dégéné- rescence de I'Htat Soviétique d'autre part, esquissent les formes sociales et politiques d'une néo-barbarie. Une alternative de cette sorte — socialisme ou servitude totalitaire — n'a pas seulement un intérét théorique, mail prend également une importance considéra- ble dans Iagitation, car c’est dans sa clarté qu’apparalt la nécessité de la Révolution so- sialiste, Si_nous devons parler d'une révision de Marx, c'est en réalité de Ia révision des camarades qui voient un nouvel Etat ¢ non- bourgeois » et < non-ouvrier ». Parce que Yalternative que j/ai développée les entraine & tirer de leurs propres pensées leurs con- clusions logiques, quelques-uns de ces ori- tiques, apeurés par la conclusion de leur propre théorie, miaccusent... de révision au Marzisme. Je préfére penser que ce n'est qwun geste amical. La Nature de 'U.2.S.S. La défnition de 'U.R.S.8. donnée par Ie camarade Burnham, < un Etat ni ouvrier ni bourgeois >, est purement négative, arrachée de la chaine de I’évolution historique, sus- INTERNATIONALE 19 pendue dans I'air, dépourvue de la plus petite parcelle de sociologie et ne représente simplement qu'une capitulation théorique im- pertinente devant un phénoméne historique contradictoire. Si Burnham était un matérialiste dialecti- que, il aurait fait Ia preuve des trois ques- tions sulvantes: (1) Quelle est Vorigine his- torique de I'U.R.S.S.?; (2) Quelles sont_ les transformations qu'a subies cot Etat pendant son existence?; (8) Ces transformations ont- elles passé de la quantité a 1a qualité? C'eat- a-dire, ont-elles créé une domination histori- quement nécessaire par une nouvelle classe exploiteuse? Répondre A ces questions aurait foreé Burn- ham tirer la seule conclusion possible: — L'U.RSS. reste un Etat Ouvrier dégenéré, La dialectique n'est pas une clef magique pour toutes les questions. Elle ne remplace Pas Vanalyse concrdte scientifique. Mais elle dirige cette analyse sur le bon chemin, la protége contre les crrements stériles dans te Gésert du subjectiviame et de la littérature, Bruno R. range les deux régimes soviétiaue et fasciste dans la méme catégorie du « col- Jectivisme bureaucratique >, parce que 1'V. R.SS., [tale et l'Allemagne sont dirigées par une bureaucratie; ici et 1A on trouve les principes de la planification, dans un cas 1a propriété privée est liquidée, dans Yautre elle est Imitée, etc... Ainsi, sur la base de la similitude relative de cerfaines caractéristi- ques extérieures d'origines différentes, de poids spécifiques différents, de significations Sociales différentes, est établie une identite fondamentale de régimes sociaux tout & fait dans Yesprit des professeurs bourgeois qui établissent des catégories d’ < 6conomies con- trOlées >, d’ < Mtats centralisés », sans pren- dre d’aucune fagon en considération la na- ture de classe de I'un ou de l'autre, Bruno R, et ses adeptes, ou semi-adeptes comme Burm: ham, dans Je meilleur des cas sont restés dans Ja sphére do la classification sociale, au niveau de Linné, dont il faut noter en sa faveur qu'il vivait avant Hegel, Darwin et Marx, Pires et encore plus dangereux peut-étre, sont ces éclectiques qui expriment Vidée que le caractére de classe de I'Btat Soviétique « ne Joue aucun rdle > et que la ligne de notre politique est déterminée par « le caractére de Ia guerre >. Comme si 1a guerre était une substance indépendante super-sociale; comme si le caractire de la guerre n'était pas déter- miné par le caractére de la classe dirigeante, Cest-A-dire par le méme facteur social qui détermine également le caractére de I'Htat. ‘Crest étonnant comme quelques eamarades ou- blient facilement 'A.B.C. du Marxisme sous Jes coups des événements, I n'est pas surprenant que les théoriciens de Yopposition qui rejettent los idées dialee- tiques capitulent lamentablement devant Ja nature contradictoire de 'U.R.S.S. Pourtant, es contradictions entre les bases sociales éta- blies par la révolution, et Ie caractére de la caste née de la dégénérescence de 1a Réve- Tution, ne sont pas seulement un fait his toriquement irréfutable, mais représentent également une force motrice. Dans notre lutte pour le renversement de Ja bureaucratie, nous nous basons sur cette contradiction. Mntre temps quelques ultra-gauchistes ont d6ja at- teint V'ultime absurdité d'affirmer qu'il est nécessaire de sacrifler la structure sociale de 20 Lve teen renee INTERNATIONALE VU.R.S.S. afin de renverser Voligarehie pona- partiste! Ils ne craignent pas que T'U.R.S.S. moins la structure sociale, fondue par la Révolution d’Octobre, soit un régime fasciste, Je Renoncement au Critére de Classe. Retournons une fois de plus A I'A.B.C. Dans la sociologie marziste, le point initial pour Yanalyse, c'est la définition de Ia classe du phénoméne donné, par exemple: Btat, parti, tendances philosophiques, école littéraire, ete... Dans la plupart des cas, pourtant, la seule défnition de classe est inadéquate, car une classe est constituée de différentes cou- ches, traverse différentes étapes de gon évo- lution, apparatt dans des conditions différen- tes, est soumise & Tinfluence d’autres classes. Tl devient nécessaire ’introduire ces facteurs: de deuxitme et de troisiéme ordre afin de terminer Vanalyse, et on les prend partielle~ ment, ou complétement, cela depend dans quel Dut. Mais pour un marxiste, une analyse est impossible sans définir le caractére de classe du phénoméno considéré, Le squelette et le systtme musculaire ne terminent pas l'anatomie d’un animal; pour- tant un traité anatomique qui ossayerait de faire « abstraction » des os et des muscles resterait suspendu dans 'air. La guerre n'est Pas un organe mais une fonction de la so- ciété, clest-a-dire de sa classe dirigeante, Tl est impossible de aéfnir et d'étudier une fonction sans compréhension de l'organe, crest-a-dire de T'Htat; il est impossible d’ar- river 4 une compréhension scientifique de or gane sans comprendre la structure générale de Vorganisme, c'est-A-dire la société. Les os et les muscles de la société sont faits des forces productives et des relations de classe (propriété), Shachtman pense qu’il est pos- sible qu'une fonction, c'est-i-dire la guerre, soit analyse < coneretement », indépendam- ment de Porgane auquel elle appartient, c'est a-dire I'Htat. N'est-ce pas monstrueux? Uncore une fois: la Pologne, ‘Ma_remarque, que le Kremlin, avec ses méthodes bureaucratiques, @ donné une im- pulsion & 1a révolution gocialiste en Pologne, est transformée par Shachtman en une affir- mation que, & mon avis, une « révolution Dureaucratique » du prolétariat est présumée possible, Ceci n'est pas seulement incorrect, mais déloyal. Mon expression était stricte- ment limitée; il n'est pas question de « révo- Jution bureaucratique », mais seulement d'une impulsion bureaucratique Nier cette impul- sion, c'est nier la réalité. Les masses popu- laires de I'Ukraine de l'Ouest et de la Biclo- Russie, en tout cas sentaient cette impul- sion, comprirent sa signification, et I'utili- sérent pour l'accomplissement d'une complete transformation des relations de la propriété. Un parti révolutionnaire qui manquerait de voir cette impulsion en temps voulu, et qui refuserait de utiliser, ne serait hon & rien, Get élan vers la Révolution socialiste n’était possible que parce que la bureaucratie de VU.RSS. s'étend ot prend ses racines dans Yéconomie d'un Etat Ouvrier, Liutilisation réyolutionnaire de cette « impulsion » par les Ukrainions, Biélo-Russes, n'était possible que par Ia Tutte dos classes dana les territoires occupés et par le pouvoir dé V'exemple de la Révolution d’octobre, Finalement, l'étrangle- meat rapide, ou le demi-étranglement de ces mouvements de masses n’était possible que par Yisolement de ces mouvements et Ia pul: sance de la bureaucratie de Moscou. Ceux qui ne comprennent pas interdépendance dialec~ tique de ces trois facteurs: I'Btat Ouvrler, les masses opprimées, et la bureaucratie bona- partiste, feraient mieux de s'abstenir de par- ler inutilement des événements en Pologne. Lors des élections pour Assemblée Natio- nule de 'Ukraine Occidentale et de la Biélo~ Russo Ossidentale, le programme électoral naturellement dicté par le Kremlin compre- nait trois points tres importants: I'inclusion des deux provinces dans la Fédération de YURSS.; confiscation des domaines des gtands propriétaires en faveur des paysans; nationalisation des grandes industries et des Danques, Les démocrates ukrainiens, a en ju- ser par leur condulte, estimérent comme ‘un moindre mal; détre unifiés sous la direction d'un seul Etat. Et du point de vue de la lutte future pour V'indépendance, ils ont rai- son. Quant aux deux autres points du pro- gramme, on pourrait penser qu'il -ne peut y avoir aucun doute dans nos rags, quant & leur nature progre: Cherchant A ¢on- tourer la réalité, c'est-a-dire que rien d'au- tre que les bases sociales de T'U.R.SS. n'a poussé Ie Kromlin & laborer un programme Social de nature révolutionnaire, Shachtmann se référe A la Lithuanie, & l'Hsthonie et la Lettonie oit tout est resté comme dans l'an- cien temps. Quel incroyable argument. Per- Somme nia dit que toujours et partout I bureaucratie soviétique désire ou ast capable d'accomplir Yexpropriation de Ia bourgeoisie, Nous disons seulement qu'aucun sutre gou- Vernement n’aurait pu accomplir cette trans- formation sociale que la bureaucratic sovié- tique, malgré son alliance avec Hitler, fut foreée de sanctionner en Pologne. Si elie ne Yavait pas fait, elle n’aurait pas pu inclure ces territoires dans la Fédération de 'U.R. 'S.S. Shachtman ge rend compte de la trans formation elle-méme, II ne peut pas Ie nier. i est incapable de lexpliquer. Mais pour- tant il essaye de sauver la face. Il écrit: , etc... LiArmée Rouge par contre n'avait rien A voir @ cela, Elle entra en Pologne comme une « force contre-révolutionnaire > pour briser le mouvement. Mais pourquoi les ou- vriers et les paysans en Pologne de V/Ouest conquise par Hitler, n'arrangtrent-ils pas une Révolution? Pourquoi est-ce que ce furent surtout les révolutionnaires, es < démocra-° tes », les juifs qui s'enfulrent, alors qu'en Pologne Orientale — ce furent surtout les propriétaires fonciers et les capitalistes qui Stenfuirent? Shachtman n’a pas Ie temps de réfléchir & cela — il est pressé de m'expli- quer que Ia conception d'une « révolution bureaueratique > est absurde, car I'émanci- pation des travailleurs ne peut venir que des travailleurs cux-mémes. N’ais-je pas raison de répéter que Shachtman a vraiment Tlm- pression d’étre 2 la maternelle? Dans l'organe parisien des Mencheviks — Qui, si cela est possible, sont encore plus « irréconciliables > que Shachtmann dans leur | attitude envers Ia politique strangere du | Kremlin — il est dit que dans les villages — trés souyent & approche des troupes s0- viétiques (méme avant leur entrée dans unc Ive INTERNATIONALE 2 province donnée, — L. T.) — des comités de paysans se formarent spontanément partout organismes élémentaires du pouvoir des pay- ‘sans révolutionnaires... » Les autorités mili- taires se dépéchérent naturellement de sou- mettre ces comités aux organismes bureau- eratiques qu'elles avaient établis dans les centres urbains. Malgré tout, elles étaient forcées de maintenir les comités de paysans, ar sans eux il était impossible d’accomplir Ia révolution agraire, Le chet des Mencheviks, Dan, écrivait le 49 octobre: < Diaprés le témoignage unanime de tous les observateurs, l'apparition de l'ar- mée soviétique et de la bureaucratic soviéti- que engendre, non seulement dans les terri- foires qu'elle accupe mais également en de- hors de ses limites — une impulsion (!!!) de tumultes’ sociaux et de transformations sociales. >» L’ ¢ Impulsion >, il faut le dire, nia pas été inventée par moi, mais par « le témoignage unanime de tous les observa teurs » qui avaient des yeux pour voir et des oreilles pour entendre. Dan va méme plus Join, et exprime la supposition que « les va- gues engendrées par cette impulsion ne frap- peront pas seulement 1’Allemagne dans un temps comparativement court, mais également 4 un certain degré s'étendront & d'autres Etats. > Un autre auteur menchevik écrit: _< De quelque manigre qu’ils aient escayé au Krem- tin d’éviter tout ce gui pourrait avoir Ie goat de la grande Révolution, le fait méme de l'entrée des trouves soviétiques en terri- toire de la Pologne Orlentale vivant encore dans des conditions agraires semi-féodales, périmées depuis longtemps, devalt provoquer un mouvement agraire tempétueux. Avec T'ap- proche des troupes soviétiques, les paysans commencerent & s'emparer des domaines des grands propriétaires et & former des comités de paysans. > Veuillez observer: ... avec I'ap- proehe des troupes soviétiques et non avec leur retraite comme il devrait suivze d'aprés Yeeuvre de Shachtman, Je cito les témoigna- ges des mencheviks parce qu'ils sont tres bien informés, leurs sources d’informations venant d’émigrés polonais et juifs sympathisants aveo eux qui se sont retrouvés en France, et éga- jement parce que, ayant capitulé devant Ja, ourgeoisie francaise, ces gentlemen ne peu- ‘vent Gtre suspectés d'avoir capitulé devant le stalinisme. confirmé par les rapports de la presse bour- geoise: « La révolution agraire en Pologne So- vistique a eu la puissance d’un mouvement spontané. Aussitot que le bruit se fut ré- pandu que I'Armée Rouge avait traversé la rivigre Zbrucz, les paysans commenctrent & se partager les terres des grands propriétal- res, La terre fut d'abord donnée aux petits paysans, et de cette facon A peu prés 50 % dos terres furent expropriées, » (New York ‘Times, 17 janvier 1940) Sous Tapparence de nouvel argument, Shachtman me rend mes propres aproles pour dire que Vexpropriation des propriétaires en Pologne Orientale ne peut changer notre ap- préciation de la politique générale du Krem- lin, Naturellement qu'elle ne Ie peut pas! Porsonne n’a avaneé cela, A Yaide du Co- mintern, le Kremlin a désorienté et démo- ralisé la classe ouvriére, ayant ainsi non seu- lement facilité I'éclatement d'une nouvelle guerre impérialiste, mats également rendu dif- ficile Vutilisation de celle-cl pour Ia Révolu- tion. Comparée & ces crimes, la transforma- tion sociale dans les deux provinces, au prix de T'esclayage de la Pologne, est naturelle- ment d'importance secondaire et ne change rien au caractére général réactionnaire de 1a politique du Kremlin, Mais au sujet de I'ini tiative de opposition elle-méme, la question posée maintenant n’est pas une question de politique géndrale, mais de sa réfraction con- eréte dans des conditions spécifiques de temps et de liew. Pour les paysans de la Galicie et de la Biglo-Russie Occidentale, 1a transfor- mation agraire était de la plus haute impor- tance. La IV* Internationale n’aurait pas pu boycotter cette transformation sous te pré- texte que linitiative en fut prise parlabureau- cratie réactionnaire. Notre tiche immédiate 6tait de participer A cette transformation aux ebtés des ouvriers et des paysans, et dans cette masure, aux cotés de l'Armée Rouge. En méme temps il était indispensable de pré- venir infatigablement les masses du caractére général réactionnaire de la politique du Kremlin ct des dangers quielle comportait pour les territoires occupés. Sayoir comment | lier ces deux taches, ou, plus précisément, les deux aspects d'une seule taiche — voila jus- | toment Ja. politique bolchévigue Le témoignage des mencheviks est de plus | | | 22 Eve INTERNATIONALE PERSPECTIVES ECONOMIQUES POUR L’AMERIQUE D’APRES ductive, dominant un monde appauvri, les ploutocrates des Etats-Unis s'atten- dent au « siécle américain », Bnergi- quement et sans pitié, ils proctdent A la ré- organisation de l'économie mondiale en fail- lite suivant leurs appétits et leurs intérdts, Faisant des plans pour un lointain avenir afin de subjuguer et d'exploiter la planéte, ils chantent de joyeux hymnes 4 approche de leur prospérité, e CLATANT de richesses et de force pro- ‘La presse capitaliste d’aujourd’hui est rem- plie de prédictions optimistes aur le prochain * boom ». Le « Times ». du 17 septembre eonclut ainsi: < Les analysoa des affaires ouvernementales et privéer accord sur les perspectives immédiates: Le cours des affaires baisserait pendant & peu Brés 6 mois, pour s'élever ensuite. Les pro- phétes optimistes sont & peu prés tous unani- mes pour pensor que les années 1947 et 1918 yerront un revenu national d'un niveau élevé peut-étre d’A peu prés 185 milliards de dollars (maximum en temps de guerre: 165 milliards). Ensuite, quelques pronosties pré- veient une profonde dépressiou, commencant peut-Gtre en 1949, » Les actions ont eu un cours élevé pendant 4 années et le marché de la bourse de New- York a été tr’s actif. Cecl indique que ‘Wall Street ne parle pas simplement de con- sommation du public, mals place son argent pour une période anticipée de profits faciles. es prédictions de prospérité pour Vaprés- guerre ont ét6 suivies de promesses faites par des politicions capitalistes libéraux tels @ue Ie Ministre du Commerce, Mr. Wallace et leurs enfants de chceur du mouvement ou- vrier, promesses de 60 millions d’embauches basées sur un revenu national annuel de § 200 milliards, Poursuivant leur fonction sociale en trompant et induisant les ouyriers en erreur, ces charlatans sont obligés d’exa- gérer, au dela. de Jour pensée, lea estimations des organismes officiel de la grosse indus- ‘rie, Quant aux capitalistes, ile ont de bonnes raisons pour étre satisfaits, Premigrement, iis ont accumulé des profits sans précédent pendant la guerre. Les profits nets, taxes payées, des industries américaines, ' totali- sent 43,7 milliards de dollars de 1939 & 1945. Leur capital courant, net, augmentait de $246 milliards en 1999 A’ § 45,5 milliards en 1945... um saut de 85 %. La’ circulation des actifs s'élevait dans la méme période de § 546 milliards & $ 98 milliards, Une prodigieuse accumulation de richesses! sont en majorite: GUERRE Deuxiémement, ces profiteurs parasitaires wont pas besoin de craindre des représail- les, car le gouvernement a garanti leurs profits pendant la reconversion, Des diminu- tions d'impdts de $ 5,7 milliards afflueront dans les caisses des ‘sociétés l'année pro- chaine. Les lois sur les imp6ta assurent vir- tuellement la plupart de compagnies contre les pertes. Le Service des Recherches du GLO. déclare: « Si toute Pindustrie métal- lurgique, par exemple, tombait au-dessous de 49 % de sa capacité ct perdait autant d'ar- gent qu’en 1938, elle recevrait un chaque du gouvernement fédéral de plus de § 167.000.000, Ceci représento 32 % de plus qu’elle ne pon vait répartir en profits nets, taxes payées, pour Ies 4 années de paix 1936-1939, » ‘Troisitmement, les industriels sont préts ‘A un grand ¢ boom ». Tis ont l'eau a la bou- che & Tidée du festin de profits dont ils espérent. jouir, D'aprés les estimations don- nées par le < United States News > du 28 septembre, le revenu total de toutes les So- clétés américaines pour 1945 seront do § 190 milliards. Bn 1947, disent-ils, on peut s'at- tendre & des revenus en gros atteignant $205 milliards. Tis auralent un revenu total plus élevé pendant ces années que pendant Jes années de paix. Quels en seront les profits? Si les impots des super-profits sont abrogés en 1045, les profits des Sociétés toutes taxes payées s'é- Tveront & § 5,5 milliards; et en 1947 a $ 9,8 milllards nets, toutes taxes payées. Ce seront des records encore jamais obtenus. Voila Ja pluie d'or & laquelle s'attend Wall Street. Mais la prospérité capitaliste n'ap- porte pas aux ouyriers les mémes bienfaits qu'aux employeurs. Qu’est-ce que les ou- yriers peuvent attendre d'un Boom? Quelles sont les chances d’embauche et d'améliora- tion du standard de vie? Combien de temps peut durer une telle période de prospérité? Afin de faire le point, et de préparer leur strategie pour la prochaine période, il est nécessaire pour la classe ouvritre gue ces questions trouvent des réponses basées sur une appréciation réaliste des principales ten- dances et perspectives do l'économie améri caine. ‘Les Facteurs en Faveur d’un « Boom », Commencons notre enquéte par un examen: des facteurs économiques les plus favorables qui rendent Tes capitalistes américains si optimistes. Ils vofent un immense marché in- térfeur plein de consommateurs avides des marchandises qui leur furent refusées pen- dant la guerre et disposant d'un pouvoir ive @achat sans précédent. Les < United States News > du 15 juin donnent une évaluation de cet aspect de la situation dans les ter- anes suivants: < Les versements des rentes ‘A des personnes individuelles seront en 1945 do § 159 millions ou un peu plus élevés qu'en 4. On considére maintenant comme peu probable que le revenu moyen de personnes individuelles tombe au-dessous de § 119 mil- lions comparé & § 76 millions en 1940... Les épargnes individuclles accumulées depuis 1910 ent aiteint un total de plus de § 121 mil- ons au début de cette année. » On s'attend @ ce que ce réservoir du pouvoir d'achat fasse naitre chez le public esprit de la dé- pense, La propagande capitaliste disant que Jes ouvriers posstdent une formidable réserve @épargne doit naturellement etre fortement démentie. Le volume des milliards en ¢ War Bonds » et épargne est détenu par les indus- triels, institutions financiéres et familles ri- ches. Pourtant, bien des ouvriers touchant de bonnes payes ont économisé une partie de ee quills ont gagné pendant la guerre et autres sont préts a hypothéquer leurs re- venus en achetant les marchandises qu’sls eésirent par le moyen du erédit. Les paysans les plus prosperes attendent également de pouvoir transformer leurs avolrs liguides et leurs bons @’Htat en voitures, tracteurs, améliorations ménagéres, ete... Les paysans ont joui d'un revenu net, dépenses séduites, d’a peu prés i1 milliards de dol- lars pour les deux dernigres années! Hn meme temps, il est prévu que la garantie gouver- uementale des prix du blé, coton, ete... con- tinuera jusgu’en 1948, tant donné que la paysannerie constitue I'un des principaux sou- tiens du marché intérieur, ce deuxiéme grand eourant de pouvoir d'achat doit encore dou- bier le « Boom >, Le déblocage des « besoins effectits » des ‘biens de consommation, tels quo voitures, radios, accessoires ménagers, etc., doit mal tenir l'industrie en activité pendant plusieurs années.. La durée du < Boom > ne peut etre Jaugée par petites mesures, vu le nombre @e voitures automobiles pouvant étre ven- gues. Liindustrie automobile régle la mar- che de toute la production américaine. Elle forme le chatnon entre Vindustrie légére et Vindustrie lourde. Le caoutchoue, V'acier, 1e verre, l'aluminfum, etc... sont étroitement liés @ans ses opérations, Combien d'automobiles le marché peut-il absorber et dans combien de temps sera- saturé? Le Ministre do la Production de Guerre prédit qu'a peu prés 500.000 auto- mobiles seront construites en 1945; 3,7 mil- Mons en 1946, et prés de 5 millions en 1947, Ceci dépasserait 1a production de 4,7 millions ‘enregistrée en 1929, Le « United States News » estime que: « 2 ow 3 années seraiont nécet ssires pour épuiser Vassaut des demandes @automobiles. » Parallélement aux besoins en biens de con- sommation, les capitalistes entreyolent les esoins du bitiment. W.P.B, Chairman Krug estimait récemment que la construction en 1945 totaliserait $ 6,5 milliards, 44 % ae plus que cette année et un peu’ plus qu'en 1939. Les constructions finaneées par des par- ficuliers sont estimées a $ 4.850,000,000, in- eluant $1 milliard pour de nouvelles usines, le chiffre te plus élevé dans T’histoire, et 1, milliard en constructions d'habitations. INTERNATIONALE 23. Le déclin du capitalise, Aussi proches de Ja réalité que soient ces évaluations, les Etat-Unls, sans aucun doute, Jouissent de toutes les facilités nécessalres Pour faire face A ces exigences — et méme A beaucoup plus. Le meilleur appareil indus- triel connu des hommes est concentré dans ce pays; il est A la pointe de la technique et de Vorganisation moderne, La guerre qui a détruit par les bombardements et a causé Yusure de Tindustrie de toutes les autres grandes puissances, a servi A renouveler et A développer Vindustrie américaine, De plus, les Etats-Unis tiennent la part du lion des richesses mondiales. Le Dollar est roi des finances et du commerce inter- nationaux. Le monde entier court apres le dollar américain, la seule monnale forte et comparativement stable qui reste dans cette Société capitaliste appauvrie et en falllite Les Btats-Unis ne possédent pas seulement une plus grande quantité et de meilleures ma- chines que toutes les autres nations, mais ils ont également une marine et une aviation plus nombreuses et de meilleure qualité. Dans Ia classe ouvriére américaine, ils possident la force de travail 1a plus effieace, Ces cireonstances donnent au capitalisme américain le controle du commerce mondial et Tui permettent de repousser toute concur- renee, de conquérir des marchés étrangers et de devenir le principal fournisseur. de Produits fabriqués et de machines. L'avilis- sement du reste de la planéte sert A aug- menter Ie nombre des gros profiteurs des Etats-Unis, Ceci est un cté du tableau, Ie c6té de T'éco- nomie américaine et de ses perspectives cha- touillant les palais des profiteurs et four- nissant des bases matériclles pour les cal- culs de Wall Street, Ceci est une description do Vavenir exagérée par le Grand Capital et outrageusement gonflée par leurs apologistes dans tes cercles ouvriers et libéraux. Mais il y a un autre cOté de Ia situation que les capitalistes voudraient iznorer et ca- cher aux autres et que lours agents dans les Tangs ouvriers ont peur de révéler. C'est le hidenx visage de la décadence du capitalisme étendue sous la surface de la prospérité ca~ pitaliste. Jetons un coup d'ceil sur ces igno- los: traits. Les Btats-Unis ont hérité de la guerre une dette nationale de plus de § 300 milliards. La guerre cote § 34 milliards, Ceci repré- sente 11 fois le cot de la premitre guerre mondiale et presque deux fois les dépenses totales du gouvernement fédéral pendant les ipl années entre 1789 et 1940! Ce colossal fardeau financier doit avoir des conséquences extrémement sérieuses pour l'économie améri- caine et principalement pour les masses labo- rieuses. Les milieux financiers, tels que les baw: ques, compagnies d'assurancos, grandes soci tés, ‘riches personnalités, posstdent 1a plus grande partie des bons et autres obligations du gouvernement qui constituent la dette na- tionale, Tis devront rapporter & peu praa 6 milliards de dollars d'intéréts par an, D'ot viendra cet argent? Les capitalistes n'ont pas intention de supporter ces charges: ils com- mencent déja & vouloir supprimer les impdts sur les super-profits at autres taxes quills considérent comme un frein A l'industrie, Les représentants des classes possédantes pro- 2 ve posent de faire payer cette dette nationale bar des taxes extirpant argent de la classe ouvritre, La dette nationale actuelle se monte 2 $ 2.400 par habitant des Etats-Unis chom- mes, femmes et enfants), plus que la moyenne du revenu annuel d’une famille ouvritre, Te! est le fardeau que la guerre a placé eur les epaules des owvriers. Et cette charge de dettes deviendra plus jourde a Vavenir. Le < United States News » du 24 aotit nous rappelle que: « Les expé- riences aniérieures démontrent que les dé- penses d’aprés-guerre, résultant de Ia guerre elle-méme, équivalent peu -2 peu aux dépen- ses de la guerre, lorsque s’acoumulont les dépenses au Dénéfice des anciens combat- tants ». Le projet de budget pour l'année prochaine en témoigne., Le gouvernement fé- aéral ne put équilibrer son budget pendant la décade préeédant la guerre; un budget nor- mal davant guerre s'élevait’ approximative: ment 2 § 5 milliards. Le budget proposé pour Yannée prochaine peut s'élever a § 50 mil- Hards. Méme un gratte-sous comme Je Séna- teur Robert Taft, de l'Ohio, ne volt pas comment on pourralt réduire ce budget au- dessous de $ 20 milliards. Cela veut dire que de n'importe quelle maniéro, les masses seront foreées de déduire de leurs revenus les § 6 milliards d’intéréts de la dette, plus § 6 mil- liards pour les frais millitaires afin de faire ja garde du monde pour Wall Street, Wiles deyront également payer une bureaucratie amplifiée, des emprunts étrangers de plu- sieurs centaines de millions, des subventions pour les denrées agricoles, et toutes les dé- penses supérieures d’un gouvernement dominé par les ploutocrates. Ceci ne peut manquer a'avoir un effet ruineux sur Jour standard de Pendant que les impéts taillent leur part dans Ie revenu des ouvriers, la hausse des prix en découpera une portion de plus en plus grande. L’évolution du processus d'in- fation a augmenté sa vitesse pendant la guerre. Pendant les cinq derniéres années, ily a eu une hausse du cot de Ia vie dau moins cinquante pour cent, Sous la pression des profiteurs, I'adminis- tration se dépéche d’effacer tout controle des prix. Comme le sait chaque ouvrier et sa femme, ‘le controle pendant la guerre n'em- pécha pas los prix d’augmenter, N'empéche qu'il freinait Yinflation, La suppression de ces restrictions ouvrira la porte aux spéoula~ teurs ct profiteurs. Le Fléau de Inflation, Avec Yaccélération des forces inflation, mous pouvons nous attendre & ume hausse encore plus forte du coat de 1a vie pendant les cing prochaines années. Ainsi que Vindi- guait le CLO-P,A.C. dans sa brochure Le Plan Populaire pour la Reeonversion: « Apres la premigre Guerre Mondiale, du Jour de Varmistice & juin 1920, 1o cott de la vie a augmenté de 46 %. Que devinrent les salalres pendant cette méme période! (regardez — re- gardez bien attentivement!) Les salaires bais- sérent de 44 pour cent. » Malgré leur silence & co sujet, Jes capi- talistes des E.-U. se préparent a répéter la méme performance aprés cette guerre et cécl sur une plus grande échelle et avec des con- ‘séquences encore plus catastrophiques pour Ja classe ouvriere. t INTERNATIONALE La liberté des prix sera Y'erme principale dans les mains des capitalistes non seule- ment pour gruger les consommateurs, mais pour diminuer la valeur réelle des salaires ouvriers. Méme quand tes ouvriers obtlen- dront gain de cause dans leur lutte pour une augmentation des salaires, ils verront que ces conquétes perdront rapidement de leur valeur par augmentation sans frein du cont de la vie. Sans échelle mobile des salaires tenant téte a l'augmentation du coat de la vie, les couches laborieuses devront subir une baisse de leur standard de vie, En plus de laugmentation des impots et des prix, les ouvriers sentiront les contre- coups des progrés de la foree productive de ces derniéres années, Pendant que les mono- poles ont resserré leur emprise sur I'écono- mie américaine pendant la guerre, il y a ou ume énorme augmentation des forces produc- tives par la rationalisation de Vindustrie et Vamélioration de Youtillage et de la < spé- cialisation ». Le < Economic Outlook » du C.L0. de novembre 1944 déclare que: « Dans Yindustrie de‘ guerre, l'augmentation du ren- dement par salarié depuis 1941 a ét6 ostimée & peu prés A 30 pour cent (en valeur), Le rendement par ouyrier en heures de travail, lorsque la reconversion sera achevée, sera a moins de 25 pour cent au-dessus du niveau de 1929. » Les statistiques du Service du 'Tra~ vail établissent que la productivité d’aprés- guerre des industries de fabrication augmen- tera de 10 pour cent par an pendant trois ans aprés la premiére année de reconversion to- tale. Cela veut dire qu'un nombre d'ouvriers diminué de 30 % peut produire la méme quantité de marchandises que pendant les années d’avant-guerre, Ces circonstances réduiront certainement les chances d'embauche pendant le < Boom > Waprés-guerre. Il y a eu 9 millions de eho- meurs dans ce pays jusqu’en 1940. Quelles sont alors les perspectives réelles pour lem= bauche en présumant un < boom > formi- dable? Ze revenu national en perspective. Lorsque nous consultons les capitalistes eux-mémes, nous nous apercevons que: pas un de leurs représentants autorisés n'admet la probabilité ou méme ne prend au sérieux la propagande des 60 millions d'embauches a raison de 40 heures par semaine, basées sur § 200 milllards de revenu national annuel. Geite sorte de tape-A-V'eeil est réservés exclu sivement aux ouvriers qui ont encore quelque conflance dans le capitalisme et ses soi-disant sauveurs des mouvements libéral et ouvrier. Lors d'un < Congrés de la Guerre et de la Reconversion > tenu fin 1944 par la ¢ Na~ tional Association of Manufacturers >, le pré- sident Robert Gaylord se moquait de telles prédictions. « Voyons les faits, dit-il En 1929, 48 millions d’hommes travailiaiont un peu plus de 48 heures par semaine et il n'y avait virtuellement pas de chomage, Cela représentait 2.304 millions heures par se- maine rapportant un rovenu national de § 85 miilliards, Maintenant, il est dit que 2.400 mil- lions d’heures par semaine, ou seulement 4 % de plus qu’en 1929, peuvent rapporter un xe- venu national augmenté de 240 %, Soyons done sérieux. Parlons-nous de $ 200 milliards de vrais dollars ou de dollars diminués de 50%» Comme nous voyons, te représentant de peer Lye INTERNATIONALE ee SE 25 ‘Wall Street repousse cos propositions avec mépris. Des représentants de Wall Street, tour nons-nous vers I'Angleterre pour avoir une idée des « Pespectives d’embauche aux Etats- Unis >. L’ < Economist du 11 aott, cet or- gane influent du capitalisme britannique, en- treprend un < examen clinique » de I'écono- mie américaine, L'auteur avoue franchement Ie motif de cette enquéte: < Depuis que Bretton Woods propose I'établissement d'une liaison directe, aussi Glastique solt-elle, entre lea différentes économies nationales, il est nécessaire de savoir & quelle sorte de force motrice I'économie britannique doit etre lige. > - Le point de départ de son examen, est le fait que « L'économie américaine est dominée par Vénorme, presque miraculeuse, augmen- tation de son rendement général’ qui s'est produite pendant Ia guerre. » Les B.-U. pro- duisirent presque deux fois autant en 1944 qu’en temps de paix. Voici les estimations officielles de 1a Production Nationale données par a Chambre de Commerce: 1929, § 93,4 milliards; — 1998, $ 54,8 milliards; — 1989, § 88,6 milliards; — 1944, § 198,7 milliards. Ces statistiques démontrent clairement que « Si Am6rique doit éviter le chOmage mas- sif, une bien plus grande quantité de mar~ chandises et de produits de consommation devront étre fabriqués et consominés, comme cela ne s'est jamais fait en temps de paix ». Dang une brochure ayant comme titre « Bud- get National pour ’Embauche totale >, I'As- sociation Nationale de Planification a estimé que, pour garantir une embauche totale, la production nationale totale aux prix de i941 devra s‘élever & peu pres & $ 170 milliards, ce qui équivaut & peu prés a $ 200 milliards des prix d'inflation de 1944, L’économie amé- rieaine peut-elle « produire des demandes effectives se montant 4 § 170 milliards en 1950? » demande I'auteur. 11 proctde a Yanalyse des trois principales composantes du revent national: consomma- | tion individuelle, dépenses gouvernementales, | et investissoments en capital fixe. D'aprés des évaluations de 1'Association de Planification d’aprés-guerre (en milliards de dollars): la consommation individuelle, Gtait en 1929 de 69,9, de 625 en 1907 et de 76 en 1944, s'élevera A 1141; les dépenses gouvernementales qui étaient de 10 en 1929, 136 en 1987 et 932 on 1944, s'éleveront & 254 ot les investissoments en capital fixe ui étaient de 17,9 en 1929, 12,9 en 1997 et 2 en 1914 s'éléveront & 2%, De cétte facon, la ‘production nationale au total attemdrait 161.5, alors qu’elle était de 87,8 en 1929, 90 en 1997 et 171.2 en 1946 Le premier coup d'cell sur ces chiftres dé | montre que les calculs les plus optimistes | de! « Association de Planifieation Nationale > sont inférieurs de § 8,5 milliards & la somme exigée de $ 170 milliards, Ensuite auteur Gémontre A quel point est exagéré le total estimé A § 161.5. La somme de 114.1 millierds de dotlars prévue pour la consommation civile devrait tre de 50 pour cent au-dessus de celle de 194 ot de 80 pour cent au-dessus de celle des années-records dlavant-guerre En dehors ac ume infinite de demandes mon satis faites >, autour doute que le public omé- ricain ¢ pulsse faire un tel bond dans sa consommation habituelle >. Les principales dépenses qui se montent & § 22 milliards « semblent étre estimées d'une facon encore plus optimiste >. La construc- tion d'habitations ne se montait quia $ 3,5 milliards pendant la conjoncture de 1929 au cont Ie plus élevé qui prévalait alors, et n'a jamais dépassé § 2,5 milliards (au prix courant) pendant la décade d’avant-gueere. Maintenant, estimation se monte a $ 6 mil- Viards. De méme, les § 13 milliards prévus pour la construction et V’équipement d'usi- nes n'ont encore jamais été atteints ni en temps de paix mi pendant la guerre. Liin- vestissement total du Gouvernement Médéral dans les usines de guerre pendant toute 1a période suivant le IF juillet 1940 n’était que de $ 16 milllards. De méme pour l'estimation de $ 2 milliards prévus pour le prochain Dilan d’exportation, 1 n'y a, & cette étape, qu’é noter le fait que tous les plans publics aux E.-U. pour venir A bout de I'embauche totale stipulent une large utilisation de Tex- portation. Ixauteur conclut que © dang I'absence de toute stimulation spéclale, Ia courbe des de- mandes effectives peut étre au-dessous du vo- Iume nécessaire pour venir i bout de V'em- bauche totale, mon pas de § 8,5 milliards comme Vestime l'Association de Planification Waprés-guerre, mais de quelque chose comme $15 ou 20 milliards ». Dans le meilleur des cas, 1’ « Economist > ne donne au capitalisme.américain pas plus que 50 % de chances d’éviter « une autre Gépression sur une grande échelle ». Ainsi, nous apprenons des témoignages des capitalistes eux-mémes, que la prospérité de- vant créer des conditions d'embauche totale ne fera rien de cette sorte, Elle sera ac- ‘eompagnée d'un chomage massif de millions d'ouvriers. Ceci ne trouble pourtant pas les accapareurs, car cela ne les empéche pas de faire de gros profits sans production accé- Igrée_et sans un maximum d'embauche. Le Vice-Président du U.A.W.-C.1.0, Walter Reu- ther publia quelques. chiffres d'information dans le ¢ New-York Times > du 16 septembre, démontrant 1a possibilits pour les grandes Sociétés de s'en sortir avec un minimum de rendement. ¢ 65 usines donnant leur rapport au « War Production Board » ont révélé le volume de production auquel ils sont certains de faire faillite; méme en temps de paix. Sur los soixanté-cing, soixante et une usi- nes déclarérent qu’elles pourraient travail- Jer sans pertes avec un rendement de capa- cité au-dessous de 70%. Le taux du rende- ment limite dans Yindustrie automobile est de 55 %. > Za politique des aceapareurs. Les industriels peuvent prospérer avec un taux de rendement de 80 % méme si 20 % | de leur force productive reste inemployée. Les restrictions de la production sont prin- cipalement a politique des magnats capita Ustes qui possédent et contrdlent 'indu: trie amérieaine, Afin de maintenir leur posi- tion daccapareurs et de garantir leurs pro- fits, ils maintiennent les prix élevés, font baisser les salaires, et restreignent ta pro- duction. C'est pourquoi ils cherchent a sup- primer ou a fermer toutes les usines d'Htat quills ne peuvent utiliser avec profit, méme si ces usines peuvent étre aisément transfor- mées pour la production civile. Reuther se plaint que Ia formule des acca- Sn ee ee 26 Ive INTERN Pareurs: < bas salaires, prix Slevés, pro- fits élevés par unité, petites unités » a comme conséquences « un pouvoir d’achat déficient, des marchés restreints, une augmentation du chomage, la conviction de plus en plus grande de Ja part de ceux que Vindustrie » rejetés, que le jeu de In libro entreprise, fait & leurs dépens, ne vaut pas Ia ehandelle. » Tout ceci est certainement vrai, Mais Reuther, < Hom- me d'tat de gauche », n'ira pas bien loin Gans sa tentative de voulolr persuader des ploutocrates qu'il faut changer leurs manié- res, Ils sont acharnés au maintien de leurs profits et de leurs priviléges, sans soucls pour le potentiel de production de notre éc0- nomie et les souffrances des masses. Les ouvriers né savent que trop bien 2 quel point les radieuses perspectives et les pro- messes extravagantes d’embauche totale sont loin de la réalité, Le journal « Associated Pross » du 21 sep- tembre indiquait que 2.500.000 ouvriers ont été licenciés, depuis la reddition japonaiso — et les listes de chdmeurs s'allongent tous les jours. La production industrielle a baissé de 212 % de 1a moyenne de 1935-1989 en juillet, et au moins de 195 % en goat. On s'attend & une baisse d’au moins 175 % en septembre. Le débit des grands magasins, 1a produc- tion d'électricité, et 1a production sidérur- gique ont baissé en proportion, Ce reoul a déji cu comme résultat une s6- rleuse diminution des salaires, te chdmage, des allocations de chémage 4 un taux do famine avec toutes leurs conséquences né- fastes pour les ouvriers, Mais ces conditions ne sont que « temporaires >, disent les capi- talistes aux ouvriers. Tl vaut mieux pour yous en rire et les supporter, et dans un an ott | plus, lorsque le passage de I'économie de guerre a I'économie de paix sera accompll, il seen sulvra une merveilleuse époque ae prospérité. C’est toute 1a consolation qu’sis Offrent sux ouvriers, Mais le recul brutal de l'appareil de pro- duction que les capitalistes réfutent si faci- lement comme n’étant qu'une étape insigni- fiante et passagire, n'est que dans sa pre- migre phase. Tous les commentaires indi- quent une tendance au recul qui durera pen- sdant plusiours mois. Personne ne peut étre sQr du degré qu'atteindra co recul et com- bien de temps cela pourra durer, Dans tous les eas, ses conséquences sur économie n: tionale sont Ja baisse des salaires et une ra- pide augmentation du chomage qui n'ont falt que commencer & ge manifester. Quetle ampleur prendra T'armée des cho- meurs dans 1a prochaine période lorsqu’un grand nombre douvriers perdront leur tra- vail dans Vindustrie de guerre, et que 8 mil- lions d'ancien combattants seront démobili- sés? Les évaluations au sujet du maximum que pourra atteindre le chOmage avant la « reconyersion > se sont fixées A un total de allant de 12 18 millions Ie revenu des ouvriers tra- subi_une réduction brutale. Des statistiques publiées par le « United Sta tes News » du 28 septembre démontrent & quel point Ie revenu des ouvriers a été ré- duit par le seul fait de la réduction des heu- yes de travail. La paye hebdomadaire moyen- ne d'un ouvrier d’usine en 1944, sans la déduction de la taxe de 20 %, s'élovait & § 48,08 pour 45,2 heures de travail, les heures supplémentaires incluses, Si nos ajoutons ATIONALE ces $ 46,08 l'augmentation officielle du coit de la vie de 28,6 % (en réalité I'augmen- tation était facilement deux fois plus impor- tante), il ne reste & louvrier qu'une paye réelle de § 36.56 en 1944. Par la suppression des heures supplémen- taires, mais pourtant sur la base d'une se- maine de 40 heures et avec une augmenta- tion de 29,8 % du coat de la vie depuis 1939, les salaires réels de la moyenne des ouvriers Se sont abaissés cette année jusqu’a présent A $ 28,66. Ainsi les ouvriers ont subi une ré- duction de 30 % de leur feuille de paye par le simple retour de l'industrie A la semaine de 40 heures. Et méme si les syndicats réus- sissaient A faire aboutir leur revendication d'une augmentation des salaires de 80 %, les salaires réels n'attemndraient jamais le niveau du temps de guerre, f Diautre part, Jes capitalistes eux-mémes went fort bien, malgré les promesses fal- acieuses avec lesquelles ils nourrissent les ouvriers, que méme si les usines tournalent & nouveau, des millions d’ouvriers resteraient sans travail: Un rapport secret du 0.P.A. ne prévolt pas moins de 10,400.00 chomeurs jusqu’en décembre 194 lorsque T'industrie aura accompli sa reconversion. Le chef do YO.P.A., M. Bowles, parlant devant 1.000 magnats de Vindustrie lors d'un meeting au Waldorf Astoria, le 20 septembre, déclara que différents groupes d’éconemistes du gou- xernement « seralent d'accord pour dire qu'il y_aurait une prospérité < superficielle » en 1940, rapportant de gros profits et des divi- dendes intéressants, mais que, derrigre cette facade, il y aurait tm recul de $ 25 milliards du revenu national, et 8 ou 9 millions de chdmeurs, dont la moitié d'anciens combat- tants, en hiver, et 6 millions d’hommes res~ tant toujours sans travail, un an aprés la Noél, > . Ainsi, méme sur la base’ d'un prochain, « boom », plusieurs millions q’ouvriers ne pourront trouver du travail dans l'industrie. Des 8 4° 10 millions de chomeurs et d'an- clens combatants qui. battront le pavé en 1946, pas plus d'une petite partie d’entre eux me pourra trouver un travail régulier. La promesse des 60 millions d'embauches et d'un reventt national de § 200 milllards avec Je systOme économique actuel est une trom- perie flagrante, Hn présumant méme que le < boom > d'a~ prés-guerre serait de I'importance que Wall Street Iui donno, les masses n'en tireralent aucun profit. Les ploutocrates, par contre, Tamasseront certainement d’énormes profits et pourront nager dans le luxe, Mais les travailleurs devront toujours supporter les lourdes charges des impdts, payer des ‘prix excessifs pour les denrées indispensables et subir des restrictions de salaires. La classe ouvrigre touchera une partie proportionnelle- ment inférieure du revenu national diminué, La solution socialiste. Dans ces circonstances, les militants des syndicats doivent comprendre et en instruire leurs camarades ouvriers, que le chOmage, ‘Tinséeurité grandissante, Ie standard de vie diminué et toutes les autres conséquences néfastes pour Ios ouvriors, ne sont pas des phénomenes passagers. Méme un < boom » he pourra pas supprimer ces maux que le capitalisme déendent déverse en masse sur 1a classe ouvriére. | ey rag ms 7 Ive INTERNATIONALE oT Bi que trouvons-nous aprés une tele pé- riode de fiéyreuse prospérité capitaliste? Une dépression nouvelle et encore plus catastro- phigue! Les formidables ‘forces productives Se pressant contre des marchés rétrécis et des barriéres douaniéres imsurmontables, tout cela accompagné d'une inflation accélérée et d'une dette nationale monstruouse, finira iné- vitablement en explosion. Plus fort sera le < boom », plus profonde, plus étendue et dévastatrice sera la crise qui s'en suivra. ‘Que ce soit en temps de paix ou en temps de guerre, dans le « boom > ou dans la dépression, 1a nation capitaliste Ia plus riche ne peut Satisfaire les hesoins élémentaires do sa classe ouvriére en lul assurant du tra- vail 2 des salaires viables, des habitations décentes, une alimentation et des yétements convenables. Tant que les riches tireront des profits de la sueur et du sang des travail- ieurs, ils ne s'occuperont pas de savolr com- bien douvriers n'ont pas de travail, pas de logement, combien ont faim et n'ont aucun espoir dana T'avenir. La guerre a développé la prodigieuse ca- pacité de production de notre économie et a. fait la preuve que celle-ci peut facilement produire suffisamment pour tout le monde. La paix capitaliste servira a faire compren- Gre de plus en plus aux masses qu’elles m0 peuvent trouver aucune solution & leurs pr blémes sociaux dens les conditions du capi- talisme monopoteur. Seule une clique de ma- gnats capitalistes profitent de T'abondance. Pour développer la production et arriver & une. embauche totale, les ouvriers doivent arracher Te contrOle des usines, des bangues et des autres principaux moyens de pro- duction des mains des accapareurs, et établir leur propre toi sur l'industrie et Ia société humaine, La produetion pour le profit doit étre remplacée par une production planifée, Stabile d'aprés Tes besoins de tous et dirigée par ceux qui produisent cux-mémes, Cest Ja a solution socialiste a I'enarchie, &@ V'in- sécurité et & la misdre du capitatisme. ‘William F. WARDE. LA STAGNATION DE L’ECONOMIE FRANCAISE Seize mois aprés la fin de Voccupation allemande a Paris, sept mois aprés la fin de la guerre en Burope, l'économie francaise continue A souffrir ’un profond marasme. La production industrielle reste & un niveau inférieur de moitié A celui de 1938, Toutes les branches de la production, & Yexception du gaz, de V’électricité et de Valuminium, connaissent un niveau de production encore plus bas que ne Je fait ressortir le chiffre moyen de 50 %, C’est ainsi que la production de Pindus- trie chimique ne représente que 27 % de celle de 1998, la, production de T'industrie du papier ef du carton 28 %, de la fonte 20 %, et de l'acier 23 %. En d'autres termes, les mois écoulés n’ont pas permis au capitalisme francais de reprendre une activité un peu ample et V'incapacité ot il est d’accrottre la production d’objets de consommation pése lourdement sur les conditions de vie. Du c6té agricole et alimentaire, la situation est tout aussi catastrophique. Au mois d’aott dernier (et la situation ne s'est pas améliorée, loin de 18), 1 rationnement officiel ne couvrait que 50 % des besoins en calories; les besoins physiologiques minimum en matiéres grasses n’étaient couverts qu’a concurrence de 35%. Pratiquement, au cours de toute l'année 1945, on n’a pas enregistré la moindre amélioration dans le rationnement officiel; au cours de ces derniéres semaines, les arrivages dans les grandes villes, et notamment a Paris, sont méme en recul, La situation du ravitaillement alimentaire est certainement celle qui a le plus de conséquences quant au maintien d'un niveau de vie extrémement bas Sans aucun doute, ceci est lié 4 une organisation du ravitaillement officiel orientée tout autant vers la satisfaction d'un certain’ nombre d’intéréts privés, et vers je maintien de larges profits. commerciaux, que par la situation méme de la production agricole. Toutefois, ce facteur joue aussi un réle considérable, C'est méme certaine- ment de ce coté que les signes d'une catastrophe éventuelle, en absence a’impor- tations massives, sont le plus visibles, Tl suffit de dire qu’en ce qui concerne le 28 ive INTERNATIONALE bIé, pat exemple, la récolte de V'année n’a été que de 43 millions de quintaux, contre 81,5 millions de quintaux avant la guerre, Comme la production d'avant. guerre suffisait @ la consommation courante, c'est done un déficit de 38,5 millions de quintaux qui est & enregistrer. Pratiquement, par Vaugmentation du taux de blutage, par Ja réduction des surfaces ensemencées, on estime que ce déficit sera réduit & 25 millions de quintaux, Ce chiftre, certainement optimiste, indique qu'au moins le tiers des besoins vitaux devront étre couverts par des importations. La situation est la méme en ce qui concerne le suere, puisque la récolte de betteraves Sucriéres s'éléve & 4 millions de tonnes, contre 9,2 millions de tonnes avant guerre. Pratiquement, la production de sucre atteindra 350.000 t. contre 820,000 t. avant guerre, car les attributions de charbon A V'industrie du sucre ne permettent méme pas de tirer entiérement parti de la récolte de betteraves, La encore, des importa tions se montant a 150.000 t. doivent permettre de maintenir Ia ration annuelle & 7 kg. de sucre au lieu de 25 kg. avant guerre, Pour les pommes de terre, le vin, Jes matiéres grasses, etc..., la situation est du méme ordre. Pour la viande, on estime que le cheptel qui subsiste actuellement permet tout au plus de fournir la moitié de Ja production de viande d'avant-guerre, et la production laiti@re est menacée d'une nouvelle réduction, Finalement, la. situation agricole est telle que, pour fournir & la population des rations inférieures aux besoins physiologiques minimum, il faudra importer au cours de Vannée (ce sont les prévisions offi- cielles) au moins 10 millions de tonnes de denrées alimentaires. Et, pour certains Produits, il s'avére déja que les importations seront difficiles en raison du déficit mondial en viande, en sucre et en matiéres grasses, Ces chiffres d'importation de denrées alimentaires mettent en lumiére la Gépendance dans laquelle le capitalisme francais est tombé A Végard des pays fournisseurs éventuels. Cette dépendance se manifeste encore en ce qui concerne les matiéres premieres, dont tous les stocks ont été épuisés au cours des cing années de guerre et d'occupation et qui ne peuvent étre reconstitués qu’d l'aide @importations massives, puisque l'économie francaise manque complétement de pétrole, de métaux non ferreux (& l'exception du nickel et de l'aluminium), de coton, de soie, de jute, ete,.., et surtout de charbon. Les importations de matigres premiéres et de denrées alimentaires envisagées pour l'année 1946 portent sur un total de 2.500 millions de dollars, soit, ai cours actuel du change, 125 milliards de francs. Ce chiffre d’importation, s'il est réalisé, épuisera, & lui seul les réserves d’or de la Bangue de France et la plus grande partie des avoirs francais & I'étranger; et il ne faut pas oublier que ces importa- tions permettent seulement de couvrir les besoins courants. et ne font pas la moindre place aux besoins d’équipements suscités par 1a nécessité de reconstituer un outillage vieilli usé ou en partie détruit, Pour la reconstitution de son outillage, le capitalisme francais sera obligé, comme vient de le faire le capitalisme anglais, de recourir & un emprunt massif auprés des Btats-Unis; avec toutes les conséquences que cela comportera sur le plan économique et politique. La presse bourgeoise n'ose pas dire un mot sur le fond du probléme de la reconstitution du potentiel de production de Véconomie francaise. Elle siamuse méme & répéter, avec quelques variantes, les absurdités des déclarations gouvernementales et, notamment, les passages du discours de de Gaulle ott il est question de Varrivée au point de < stabilisation conjuguée des finances publiques, de la monnaie, des prix, des salaires et des traitements », alors que l'économie francaise est en réalité a la veille de difficultés sans pré- cédent. La base objective: de ces difficultés est constituée par le délabrement complet de Vappareil de production, et notamment de l'appareil de production industrielle. Diaprés des estimations officielles, les seules destructions et prélévements subis par l'économie francaise au cours de ces derniéres années se chiffrent & 470 mil- jiards de francs de 1938; sur la base de la production actuelle, qui ne peut pas étre sensiblement augmentée tant que Vappareil de production ‘Ilui-méme, aujour- hui tellement vétuste, n'aura pas été au moins en partie refondu, on éstime & environ 20 milliards de francs les possibilités de rééquipement dont’ dispose l'éco- nomie frangaise livrée & ses propres forces, Autrement dit, ces 470 milliards repré- sentent 23 ans et demi d'efforts de reconstruction; ceci pour ne rejoindre que le niveau de 1938, époque A laquelle le capitalisme francais était déja étonnamment en retard sur la technique de la plupart des autres pays avancés. Les branches industrielles qui travaillaient avant guerre pour le marché exté- vieur, essentiellement l'industrie légére, sont impatientes de voir se reconstituer leur outillage, afin de retrouver une partie de leur activité, activité qui se trouve Ive INTERNATIONALE 29 paralysée actuellement par leurs prix de revient élevés, conséquence d’un outillage démodé. Ce sont les capitalistes représentant ce secteur qui font actuellement le plus pression pour obtenir des importations massives sur la base de crédits amé- ricains, tandis que Vindustrie lourde voit dans ume reconstruction lente et prolongée la garantie d'un marché intérieur qui lui serait ouvert pour de longues années, Hi semble que les solutions actuellement envisagées soient des solutions de compromis, devant aboutir & des importations d/outillages ne dépassant guére un milliard A un milliard et demi de dollars, importations qui dailleurs ne pourront étre finaneées que sur la base de crédits américains, C'est justement alors que le probléme surgira de savoir si le capitalisme américain ne posera pas la question du « tout ou rien », c'est-A-dire s'il n’exigera pas une refonte densemble de 1a structure économique francaise, nécessitant d’ailleurs des crédits beaucoup plus considérables, faute de quoi il refuserait tout prét. ‘Tel est Vaspect fondamental des difficultés dans lesquelles se débat le. capi- talisme francais; les autres aspects ne sont que l'expression du précédent, ©n particulier, Vimpossibilité d'une stabilisation des prix, les phénoménes inflation- nistes, la dégradation des finances publiques découlent directement de cette source premiére, L’importance immédiate de ces derniers phénoménes n’en reste pas moins considérable. C'est ainsi qu’en dépit d'une soi-disant remise en ordre des salaires, ceux-ci se trouvent, par rapport & 1938, aux environs du coefficient 3,5, alors qu’en moyemne les prix ont augmenté de 7 a 8 fois, ce qui correspond bien & un abaisse- ment d'un peu plus de 50 % du salaire réel, abaissement paralléle A celui de la production industrielle et agricole. La hausse des prix a dlailleurs permis une accumulation rapide des profits industriels, accumulation qui s'exprime notamment dans le gonflement des dépots en banque qui, de 65 milliards en aodt 1939, sont passés A prés de 400 milliards a fin 1945, La hausse des prix s'est encore accélérée au cours de ces derniers mois, puisque les prix de gros des matiéres premiéres ont presque doublé du mois de mars 1945 A Ia fin de l'année, tandis que les prix des produits finis, légarement en retard sur les préeédents, ont augmenté de 65 %; d'ici peu, ces hausses se répercuteront & nouveau sur le niveau des prix de détail. On est 1a en présence d'une politique des prix délibérée, politique destinée a 1a reconstitution des profits industriels, Le gonflement des prix s’accompagne évidemment de phénoménes inflation- nistes, qui ont leur base dans le déséquilibre des finances de I'Btat. Du 1° sep- tembre 1939 au $1 décembre 1944, le montant total des dépenses de Etat s'est élevé & 1.960 milliards de francs; ces dépenses n'ont été couvertes que pour 579 milliards par des recettes d'impots, tandis que 929 milliards ont da étre demandés 4 Yemprunt et 452 milliards @ 1a planche a billets, Autrement dit, c’est seulement 30 % des dépenses qui ont été couvertes par la voie des recettes ordinaires, Le budget de 1945 prévoyait 400 milliards de dépenses et 190 milliards de recettes pudgétaires; en réalité, il semble que les recettes effectives ne dépasseront pas 140 milliards et que le reste aura di étre demandé A Yemprunt et a l'augmentation de la circulation, Pour 1946, des prévisions optimistes chiffrent les dépenses a 464 milliards et ies recettes & 280 milliards, Le déficit serait encore de 180 mil- liards, La hausse des prix et l'inflation au cours de l'année 1946 housculeront cer- tainement toutes ces prévisions. Le budget de 1946 est @ailleurs tras caractéris- tigue, puisque, sur 464 milliards de dépenses prévues, 200 milliards seulement sont des dépenses civiles, tandis que plus de 200 milliards sont des dépenses militaires ou des dépenses dites de liquidation des hostilités, Quant & Ia reconstruction civile, il ne Tui sera consacré que 60 milliards de francs environ, et il s’agit de francs de 1946 ne représentant, plus que le sixiéme de franes de 1938. Tels sont les principaux aspects des difficultés dans lesquelles se débat le capitalisme francais; 4 ceci viennent s’ajouter les faiblesses techniques tradition- nelles de l'économie francaise, notamment Vinsuffisance de ses réserves énergétiques et houilléres qui font que V'industrie francaise ne peut fonetionner que grace a des importations de charbon, importations qui, avant la guerre, représentaient le tiers de la consommation totale de houille. C'est 14 un aspect qui, a lui seul, mérite de retenir attention, puisque, par le controle des importations de charbon, tel qu'il est désormais exereé par les puissances angio-saxonnes, le fonctionnement de économie francaise tout entiére est sous leur dépendance étroite. C’est 1A un point sur lequel nous reviendrons dans un prochain article lorsque nous étudierons plus spécialement la situation de V'industrié francaise. G, NISART. 30 Ive INTERNATIONALE ALLEMAGNE La provinge de Brandebourg était e prin- cipal fournisseur de produits agricoles pour Ja ville de Berlin jusqu'a occupation, Maintenant, 1a population _y vit exclusive ment de pain et de pommes'de terre. Mais, méme ces deux denrées sont tres rares, Dan? certains cas, on distribue seulement 2 kg. 1/2 de pommes'de terre par personne pour tot un mois, et la viande n'existe pas, Le bétail a crevé ‘pendant les exodes, ou a été abattu ar les soldats des différentes armées qui ont passé par 18. La région est riche en lacs, mais il n'y a plus de poisson, can les soldats Yon tué en péchant “avec. des grenades & main. I n'y a pas eu de distribution de ma- titres grasses depuis 16 mola de mai, Le lait nest distribué qu’aux enfants juaqu’a 3 ans, & raison d'un quart de litro, mais méme ces distributions sont, trés irrégulleres. Les mé- depins ont constaté un amalzrissement, pénc- val de la population d'une moyenne de 20 ke, chez les personnes normalement développécs 90 % des maisons d'habitation sont entié- rement ou partiellement détruites, On estime & 1,3 millions le nombre de per- Sonnes qui sont, pour diverses raisons, sans carte d'alimentation. 9 millions de rétugiés expulsés de la Polégne et des Balkans ont passé par la région et on en attend 5 millions ‘Nombre a@’habitants (en millions) LES CONDITIONS DE VIE | NOUVELLES DU MOUVEMENT OUVRIER | ET DE L’INTERNATIONALE Prochainement. Ii n'y a pas d’hommes val dos parmi ces expulsés car ils ont été dépo: tés vers Est, Il n'y a que des vielllards, des femmes ef des enfants et tous dans un état lamentable; ces réfugiés n'ont le droit de sejourner qu'un seul jour dans une com- mune et la plupart du temps on ne peut pas les loger, mais on est oblige de leur donner de la soupe. Tl n'y a pas de lait pour les enfants des’ expulsés, aussi mourent-ils en masse. Gest un miracle qu'il n'y ait pas eu de véritables épidémies jusqu’a “présent dans cette province, mais les cas de flevre typholde et de diphterie sont de plus en plus tré- quents, Les autorités doceupation craignent beaucoup pour leurs troupes et meme pour la contagion de leur propre pays. Dans los environs de Berlin, des essais ont été faits Pour vacciner Ia population, mais on a dit ¥ Fenoncer car trop de gens mouraient, n'é- tent pas assez résistants pour supporter le vacein, On ne posséde pas de statistiques sur la mortalité pour, toute Ia provinee de Brande- bourg, on Vestime a dix fois celle d'avant- guerre. A Borst, ville rurale d’a peu pres 36.000 habitants, Uy a journellement 35 4 4) morts, dont les cadavres portent les sizes de la sous-glimentation. Pour la ville de Ber- Yin, les médecins ont dressé la statistique suivante (que les autorités elles-mémes trou- vent tres incomplétes), Nombre de sorts | ar jour Mai & juillet 1945 Depuis le Ie aont 1845 La mortalité infantile est particuliérement ) Slevée, par endroits elle attet exactement 100 %. Dans le département de Ruppin, on a euregistré 45 nouveaux-nés ot 41 bébés Joris ‘dens Je méme période. A ochov, i n'y cut dans les-dernigres semaines que des moris-nés, A’ Berlin, la mortalité infantile siéleve a 60 9%. Pour compléter le tableau qui ressemble & celui de la Russie en 1921, on estime aujour- hut 4 10.000, dans 1a province de Brande- bourg, les enfants abandonnés qui vagabon- dent, ‘volent ot pillent. On s'attendalt & whe aggravation de 1a si- tuation en hiver, La récolte n’a ét¢ que par- tiellement possibile, car bien des champs sont restés incultes par suite des combats et du manque de machines agricoles et méme des utils les plus rudimentaires qui ont ¢t6 ré- ‘quisitionnés, La situation n'est guére meilleyre dans les provinces plus & Fouest et elle est pire vers Fest. 280 {les bombardements. 20 { sepuis armistice 40 Justus tes morts per LA REFORME aGRamEr ‘EN ZONE RUSSE, Pour 1a zone Wosoupation russe de Alle magne, le partage des grandes proprictés ter- Hennes a Re décréte le 6 septembre 10:0 Dans la province de Brandsbourg, un quart ae la superficie arable a ete expsoprice ius Guan mols doctobre. 1 Sagit de 238) pro- Driéigs qui’ englobsient 758.952 Hia., dont 400815 Ha. de foréis. o8t! demandes pour tne attribution de termes ont ete recues pur Jes autorites, dont $8400 par des « paysans panuros >, 25/07 par des ouvsiets abricolos et des artisans, 18.668 par des réfugiés venant Go Vist, 4.922 familles ont deja regu abl? Ha, de terres, ‘Dans 1a province de Mecklenbourg, on doit aistribuer "700.000. a, de terres afables ct 200.000 Ha, de forét, £6,740 demandes ont éte aéposces, dont In moitié par des relusies, Dans les deux provinces, Jes gros paysans nazis ont 68 expropriés,' Ceux qui” furent lye INTERNATIONALE 31 pasticulltrement opts en, tant, gue nazis, ont ie expropries meme lorsquils possédaient Snoins de 100 Ha, de terres. Les anciens pro- prictaires ont été aéportés dana des, camps Zur des files de la Beltique. Les demandes attributions de terres furent si nombreuses: Que Ie nouveatix propriétaires me recevront due 5Ha. eu maximum, mais les nouveaux fropriétaizes manquent d'outillage et d’habl- fations. Les malsons des anciens propriétai- tes ont bien été requisitionnées, mais leur hombre est insuffisant. La plupart du temps, Teg habitants vivent dans des baraques d'ar- file et utilisent en commun Jes quelaues ou- Gis qui restent aprés les réquisitions faites ‘Dar jes autorités russes, Liengrais, les ma- Ehines agricoles, le bétail et le bois de cons- fruction manguent totalement. «Le probléme du financement n'est_pas en- core résolu », écrit le < Deutsche Volkzzei- fang » de Berlin (Journal du Peuple Atle- jand > stalinien). Ce méme journal polémi- Jue contre < les saboteurs qui font des théo- wie sur Pinstauration du systeme des Kol- hoses en Allemagne et qui par cela donnent de Vespoir aux réactionnaires. >» ANGLETERRE Oi en est In situation ° ia situation politique d’aujourd’hui_ en ‘Angleterre est catactérisée en général par un tale inquiétant, La nationalisation de la Banque d'Angleterre, et la, proposition de fationalisation des mines, toutes Jes deux Zous le principe de Ja < compensation équi Sable >, ont rassuré pour T'instant les cap! falistes, TI est évident pour eux que le gou Sernement du Labour Party n'a pas Vinten Yon de prendre des mesures fortes < les ‘ities et Cie se contentent de procéder A des {nationalisations » qui ne sont que des mict~ fes pour les aspirations profondément. gocia- Tistes des masses, mais. qui, on réalité, ne Servent qu'a. maintenir Je sysiéme économique Bellannigue traversé de crises par une plus Brande gentralisation de la structure éapi- Efiste Mais les capitalistes se demandent pourtant. si les masses, qui porterent avee un Po élan le Labour Party au pouvoir en juillet Qemier, ne renverseront pas les plans de frahison de leurs mauvais chefs. ‘La classe ouvritre anglaise, d'autre part, 62 trouve dans un état d'attente. Les masses attendent de yolr par leur propre expérionce Gomment se passeront, les nationalisation: filles veulent donner Toccasion & leur gou- vernement. de montrer ce qu'il peut faire, TL Est incontestable que les indemnités allouées Ont deja fait naitre des doutes considérables, Particuliérement parmi les ouvriers avancé: Pour savoir 2 qui profiteront Jes < nationali- Eotions ». 1 est certain que des luttes éoo- Fomidues sporadiques contre Je programme Gu Labour-Gouvernement de maintenir les Suvriers an bas niveau de vie du temps de Buerre, ct méme de l'abaisser pour permettre Eck capitalistes de développer leur commerce Gexportation en faillite, ont, eu lieu et, se Poursulvront. C'est. ce gui s'est, passé der- Rigrement dans la derniére grande gréve des Gockers, cfest ce qui se produit actuellement Sur un’ plan moins spectaculaire dans plu: Sleurs industries of se développe Tentement Tesprit de gréve. Mais les masses continuent B soutenir Je gouvernement du Labour-Party, et de récentes Glections particles montrent Ta meme tendance que les élections générales gf dos lections munieipates de le dernigre ‘Le Parti trotskyste britannique, le Parti Communiste Reévolutionnaire, concentre jus- fanent son agitation sur le mot d/ordre ‘Nationalisations sans indemnités ct sous, le controle des ouvrlers > et en soutenant les Greves qui ont Tiou avec le mot dordre de Feéchelle mobile des salaires pour compenser Ja hausse du coit de la vie. Un probléme immédiat sur lequel nos camarades du R.C.P. centrent leur activité est celui du probléme Gu logement, Tis réclament des mesures effi~ caces pour résoudre cette question. brilante, Ya réquisition des maisons inutilisées des riches et leur habitation immédiate par les ouvtiers sinistrés ot les anciens combattants, ‘Le fascisme britannique reltve A nouveau la tete, Les partisans de Mosley s'organisent dang le < Part Populaire > ef Ia < Leazue of Service Men and Women >. Is tentent de préparer le terrain pour pouvoir capitaliser Ye mécontentement et la désillusion que ne manquera pas de faire naitre parmi les masses Ia politique de trahison des Attlee ot Cie Un meeting quia eu leu & Londres, Holborn Hall, le 6 décembre, servait’ de pallon d’essai. Nos camarades’ du RCP. mobilistrent leurs ‘membres ouvriers contre ce meeting. Ensemble, avec des centaines de militants de bases du’ Parti stalinien, qui ne participait pas en son propre nom & cette action, nos camarades réussirent & arrétei jo meeting qui fut pris en main par les Ouyriers et finit au chant de < l'Internatio- nale >. Comme dans Varmée américaine, ume ré- volte sest produlte dans les forces britan- Riques, particullérement en Bxtreme-Orient, pour protester contre la lenteur des démo- Bilisations, Mais ici, particuliérement pour le cas. des unités de'la Royal Air Worce, la révolte ne sest pas limitée 2 des démons- trations, mais a pris la forme de gréves effec~ tives dans toutes les unités principales du Pacifique, La presse capitaliste, comme dans le cas des dernitres greves, cria aux « azi- tateurs trotskystes >. Mais ce mouvement était si étendu que Te gouvernement se trouva forcé de céder aux soldats sur les revondi- cations pour le retour au pays ct de prendre jmmédiatement des mesures pour faciliter leur retour plus rapide, ‘En général, on peut dire que les symptomes de grandes Tuttes de classes prochaines peu- vent étre discernés on Angleterre. Hn meme temps se developpe Taction des masses atx Indes par des démonstrations et des eréves réclamant Ja libération des 150.000 membres Ge Varmee nationale hindoue de Subhas Bose que Timpérlalisme britannique veut condam- ner pour « trahison » — et pour lesquelles les troupes britanniques de !'Extréme-Orient, apres les rapports du < Socialist Appeal > Gu RCP. manifestent ouvertement leur sympathie. ETATS - UNIS Ges derniers mois, la lutte des classes en ‘Amérique du Nord 2 claté avec un élan sans précédent dans histoire de Ia classe ouvrigre fe ce continent. Au moment. d'éerire cos lignes, pres do 2.000.000 de grévistes tionnent tes piquets de gréve. Parmi ceux-ci 175.000 ouvriers appartiennent 2 1 < United Anto Workers », luttant depuis plus de deux moi contre la Soclete « General Alotors », controlee par le trust Dupont. 700.000 ouvriers métal- Rirgistes, 200.000 électriciens, 90.000 ouvriers des machines agricoles, ainsi que des milliers dajusteurs, do, télésraphistes, de téléphonis- fes, etc., sont également en gréve. fin d'ob- tenir le’reprise du travail de 850.000 bouchers ef embalieurs de viando, le gouvernement a da saisir Jes usines et garantin aux ouvriers tne augmentation sensible de leurs salaires avant que ceuxel ne quittent leurs piquets de gréve. Entre temps, 260.000 teléphonistes juenacent de ge mettre en greve pendant 30 jours, et la grove a été votse par 216.00) che- tninots. Le mouvement est tellement, étendu et si profond que la presse capitaliste parle fyec ferreur de la possibilité d'une gréve générale. ‘Alors que la rovendication officielle de In plupart des ouvriers en gréve est uno aug- fuentation des salaires d’&_ peu pres 30% pour compenser augmentation du coat de ia a2 Ive INTERNATIONALE vie, le terrain actuel de la lutte est plus elevé. Les uvriers de Yautomobile, industrie- elé entre l'industrie Jourde comme celle de Facier et Vindustrie légere des produits de consommation, ont marqué un point dans leur Tutte contre la General Motors. Dans Ia dé- Glaration & la, presse pendant lés pourparlers précédant la greve, leur syndicat a caracterise ta Tutte comme n’étant pas seulement Gcono- migue, mals comme une lutte contre ¢ un complot réactionnaire de la part des grandes Societés pour briser le mouvement syndical, Gtablir une dictature fasciste et dérouler un Programme de domination du monde menant Girectement & la troisi¢me guerre mondiale ¥. | La tendance générale de cette vague de gré- ves, comme on peut le voir par eet exemple, se dirige vers une politisation, une conscience Ge classe que n'a encore jamais montré le Jeune et puissant prolétarist. américain, Hn méme temps que la puissante vague des gréves, Vimpérialisme amérieain a du. faire Jace & une révolte prenant des proportions aussi grandes dans Ses armées de conquete, Dans les Philippines, au Japon, en Chine, en Htalic, en France, én Ailemagno, & travers toute la terre, des milliers et des’ milliers de Gls. ont manifesté dans les rues, réclamant leur retour au pays. La conséquence immé- diate fut une declaration du < War Depart nent,» (itinisitre de In Guerre) dlsant” que la _démobilisation serait ralentie, Mais les GIs. manifestant allérent plus loin que leur vevendication immédiate. Hlisant des comités et mettant en avant une < Magna Charta pour Gus., ils dénoncerent le sysieme prussien de Varmiée et réclamérent la démocratisation de Varmée, prenant. une position tres ferme contre occupation des pays « Ubérés » ct, « alliés >. Tei également, il est évident que In politisation est en progres, La coincidence de ces doux grandes vagues de révoltes n'est pas un hasard, Les méthodes G'action militante des masses adoptées par les soldats sont caractéristiyues des traditions ouvritres américaines. A” Paris, la presse rapporta par exemple que les G.ls,, dans leur manifestation, appelerent < jaunes > ceux qui vefusaient de se joindre & eux. ‘Tout comme tes ouvriers qui élirent des comités de greve, les troupes élirent des comités de soldat Pendant que les anciens combattants de re~ tour en Amérique sont a la téte des piquets de gréve chez eux, les militants syndicalistes sont a la tele des comites de soldats a’outre- mer. Les sympathies entre ces deux secteurs des masses américaines cont manifestes, Au moment méme ou le commandement supréme prenait des mesures pour empecher G'autres manifestations, il était forcé de faire des concessions. La démobilisation fut aces lerée. Les grévistes également obtiendront des avantages, quel que soit le cours de la lutte. Leur esprit. combattif sera ainsi ren foreé par les victoires concrétes quils auront obtenues. De plus grandes luttes, sur un plan | plus élevé, sulvront, La bureaucratic travail- liste, qui'a fait tout ce qu'elle a pu. pour Sloigner les ouvriers de la lutte, fut forece de prendre Ia direction dans cette premitre phase. Dans les luttes prochaines, les ou- vriers, on peut le prédire, rentreront dans un conflit plus aigu avec leur bureaucratic. De nouveaux mots dordre ont eu un pro- fond écho dans cette vague actucile de luttes, Ces mots d'ordre sont Jes mots d'ordre des frotskystes américains, du < Socialist Workers Party », qui applique le programme. transi- toire dé la IVe Internationale en Amérique, « Ouvrez les livres de comptes >, < Retires Jes troupes du sol étranger » ont été des mots dordre qui, il y a quelques mois, apparurent pour la premiere fois dans < The Militant », organe du S.W.P. Aujourd'hui, jis sont dans Js bouche de millions d’ouvriers et de soldats « The Militant », publié & plus de 100.000 exomplaires, est distribué, connu, Iu et appré cié par tous les piquets de greve. Il indique Yetape suivante aux ouvriers, dans chague numéro hebdomadaire, Les trotskystes ainé | ricains ont provoqué par leur travail la haine de, toutes les réactions. Des tentatives de créer une atmosphere de pogroms contre ies militants du S.W.P., par les jaunes et les staliniens, ont rencgntré la repulsion de la Part, des “grévistes i Flint, T'un des points Gruciaux de la lutte ; les ouvriers se rallierent a Ja défense de ces militants dirigeants et au Réclamant actuellement une conférence ur- gente des syndicats pour centraliser la lutte des gréves, le S.W.P. conerétise le programme de toutes les revendications pan 1é mot dor Gre « Pour un parti travailliste indépendant » basé sur les syndicats, Tout comme les autres mots ordre, ce mot dordre, dans ia période Suivante, deviendra colut de millions d'ou- vriers, FRANCE Le 2 Congrés ‘du P.C.1, | Notre section francaise a tenu, du 2 au 6 fevrier 1946, son deuxiéme congrés national. ¥ assistaient environ quatre-vingts délégués, los représentants de plusieurs sections de 1'In- ternationale, ainsi que de nombreux auditeurs Les débats ‘du Congres ont tourné autour de Vexamen de la situation mondiale et nationale et de ia réorgamisation du Parti, Des rés0- lutions importantes ont été prises sur tous ces sujets Le Congrés a élu une nouvelle direction nationale élargie du Parti eta adopte un manifeste. Sa convocation coincide avee_I'éclatement de la crise gouvernementale en France, crise qui a mis en lumiere toute la gravité de la situation économique du capltalisme $ et Vimpasse of conduit Ja politique des Partis Communiste et Socialiste, HOLLANDE Le Congrés du P.C.R. Les Trotskystes en Hollande, qui étaient organisés dans le Comité des Marxistes Révo- lutionnaires (C.R.M.) ont tenu ieur Congres d'inouguration pendant les vacances de Not 2 Amstordam, Plus de cent delegués et invités y prirent part. Le Congres demontra que Vorganisation a considérabiement augments ses effectits depuis la « libération » att prin- temps. Des groupes ont été formes dans esque chaque grande ville de la Hollande. délégués exprimerent leur opinion cer taine que Torganisation, qui prit le nom de Parti Communiste Révolutionnaire, ‘Section Hollandaise de 1a IV» Internationals, se ren- foreera et grandira rapidement. Les principales résolutions du Congres étaient : Vadoption dun programme d'action adaptant le programme transitoire de I'Inter- nationale a Ja situation actuelle en Hollande, ie vote d'une résolution sur la lutte pour une Indonésio libérée de Vimpérialisme holiandais, et une résolution qui conerétise et précise 1a Position trotskyste vis-a-vis de 1U.R.S.S. en rapport avec les dernitres evolutions, Ty cut des discussions vivantes sur ces sujets qui révélerent un accord fondamental du consres en général avec les positions traditionnelles de Ja IVs Internationale. =, Une grande partie du travail du congrés était reservée aux questions organisationnelles et surtout a Y'élaboration d'un programme d'expansion. Le principe d'une campagne organisationnelle fut adopté. Des campaznes font été lancées pour 250 membres ot 1000 nouveaux abonnements organe central ¢ De Rode October > pour le 1°" Mal, Une campa- gno fut également prévue pour un fond de Soutien financier. La principale activité d'agitation du Parti est contrée antour du mot dlordre < U'Indo- ibérée immédiatement de la Hotlands >. Ho activité n'a pas seulement fait gagner Ge Vintuence aux Trotskystes hollandals sur Te mouvement des masses des Indonésiens en Hollande — qui ont été délaisses par tous les Eol-disant partis politiques et groupes ou- vriers — mais ils ont également gagné de nombreux militants de pase du Parti: stall- len, parni lesquels cette question a provo- Gué une crise d'une tertaine envergurs, Les Staliniens hollandais soutiennent 1a politiaue fndonésienne du . gouvernement, impérialiste, ‘Tiagitation de Nos camarades sur la question coleniale « eu de grandes répereussions. Le congrés de la Confederation Syndiccle (8. ES ul ext eu fin, décembre, adopts une résolution, malgré le direction stalinienne, se declarant pleinement solidaire avec les Indo- nésiens dans leur lutte pour 1a Ubération de foute oppression impérialiste ITALIE La mort da ©. Nicola di Eartolomeo Nicola di Bartolomeo, fondatew de notre section ielienne, le Parti Ouvrier Commu- iste, est mort le 10 janvier 1948, a lage de Hans, Tl @ commencé sa vie de militant aussitot aprés la premiere guerre mondiale, nésie Ii ‘Apres Vavénement du fascisme en Italie, ‘wartolomeo gagne clendestinement la France et rejoint de bonne heure les rangs de l'op- position de gauche. H_milite pour son programme en France, en Belgique, en Hollande, en Angleterre, La révolution espagnole de 1936-1983 le trolive parmi sos combattante, ten. plus d¢- voues. Aprés la défaite de Ia revolution, il rezagne de nouveau le France. Amreté par Ja police francaise aussitdt apres la declaration de Ja deuxiéme guerre impé- Pialiste, il passe quelques mois dang un camp Ge concentration, avant d’étre livré au fascis- me italien qui le deporte dans Vie de Tremiti. Il jette doja de cette fle tes bases du\mou- yament trotskyste en Italle. Aussitét apr’s_sa. liberation, i] _fonde Je Partito Operaio Communista, qui aditre & te Ive Internationale, En sa personne, le mouvement ouvrier écrit Vorgine central de notre section ita= Henne — perd un militant syndicaliste d'une haute competence, un journaiiste ot un ora- teur de valeur, mals’ surtout une grande figure de =nilitant infatigable et de révolu- tionnaire incorruptible. > NT La suite de l'article « La situation iniérieure de la Suisse >, dont la premiére partie a éié publiée dans le N’ de décembre 1945-janvier 1946 de < Quafrieme Internationale >, par mars 1946, ra dans le prochain numéro de Cette puBlicaTiON PARAITRA DESORMAIS UNE FOIS PAR MOIS SUR - 32 PAGES — Imprimerie spéctale de la IV: Internationale DEROGATION 0. P. L. ov 18 Févaien 1946

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