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“Quatre ou cinq siècles durant, l'Islam fut la civilisation la plus brillante de tout l'Ancien Monde. [...] la civilisation musulmane, en ces siècles d'or, est à la fois une immense réussite scientifique et une relance exceptionnelle de la philosophie antique.” Ainsi, Braudel affirme l’apport considérable de la civilisation islamique à la science et à la philosophie occidentale. Et pour cause, alors que l’Europe du VIIIe siècle jusqu’au XIIe siècle semble “plongée dans une ignorance profonde” pour citer le mathématicien français Chasles, la civilisation islamique médiévale connaît un âge d’or qui transfigure le paysage culturel et scientifique de l’empire s’étendant à son apogée de l’Asie Centrale à l’Espagne andalouse. L’Europe occidentale profitera abondamment du bouillonnement intellectuel de cette civilisation pour rattraper son retard et inaugurer une période de renouveau à partir du XVIe siècle. Pour autant, cet apport depuis le XVe siècle jusqu’à nos jours sera constamment remis en cause. D’où cette problématique : Pourquoi l’apport considérable de la civilisation islamique via une double logique de traduction/création contredit-il les thèses les plus récentes affirmant la naissance de l’Europe moderne et l’âge d’or de la Renaissance comme un processus auto-construit, sans influence de civilisations étrangères ? La contradiction de ces thèses est d’abord évidente à la lumière du rôle de la civilisation islamique dans la redécouverte par l’Occident de la culture grecque , cette redécouverte s’appuyant sur des interfaces commerciales actives, des volontés bellicistes et la contribution d’acteurs politiques, religieux, commerciaux et intellectuels des deux côtés. (I)
Pour autant, il ne faudrait pas réduire l’apport de la civilisation islamique à une simple médiation, l’enrichissement de la culture grecque étant évident. (II)
Cet apport via une double logique de traduction/création contredit donc la tendance à une “islamophobie historique” qui perdure encore de nos jours. (III)
Titre original
L’apport de la civilisation islamique à la science et à la philosophie occidentale
“Quatre ou cinq siècles durant, l'Islam fut la civilisation la plus brillante de tout l'Ancien Monde. [...] la civilisation musulmane, en ces siècles d'or, est à la fois une immense réussite scientifique et une relance exceptionnelle de la philosophie antique.” Ainsi, Braudel affirme l’apport considérable de la civilisation islamique à la science et à la philosophie occidentale. Et pour cause, alors que l’Europe du VIIIe siècle jusqu’au XIIe siècle semble “plongée dans une ignorance profonde” pour citer le mathématicien français Chasles, la civilisation islamique médiévale connaît un âge d’or qui transfigure le paysage culturel et scientifique de l’empire s’étendant à son apogée de l’Asie Centrale à l’Espagne andalouse. L’Europe occidentale profitera abondamment du bouillonnement intellectuel de cette civilisation pour rattraper son retard et inaugurer une période de renouveau à partir du XVIe siècle. Pour autant, cet apport depuis le XVe siècle jusqu’à nos jours sera constamment remis en cause. D’où cette problématique : Pourquoi l’apport considérable de la civilisation islamique via une double logique de traduction/création contredit-il les thèses les plus récentes affirmant la naissance de l’Europe moderne et l’âge d’or de la Renaissance comme un processus auto-construit, sans influence de civilisations étrangères ? La contradiction de ces thèses est d’abord évidente à la lumière du rôle de la civilisation islamique dans la redécouverte par l’Occident de la culture grecque , cette redécouverte s’appuyant sur des interfaces commerciales actives, des volontés bellicistes et la contribution d’acteurs politiques, religieux, commerciaux et intellectuels des deux côtés. (I)
Pour autant, il ne faudrait pas réduire l’apport de la civilisation islamique à une simple médiation, l’enrichissement de la culture grecque étant évident. (II)
Cet apport via une double logique de traduction/création contredit donc la tendance à une “islamophobie historique” qui perdure encore de nos jours. (III)
“Quatre ou cinq siècles durant, l'Islam fut la civilisation la plus brillante de tout l'Ancien Monde. [...] la civilisation musulmane, en ces siècles d'or, est à la fois une immense réussite scientifique et une relance exceptionnelle de la philosophie antique.” Ainsi, Braudel affirme l’apport considérable de la civilisation islamique à la science et à la philosophie occidentale. Et pour cause, alors que l’Europe du VIIIe siècle jusqu’au XIIe siècle semble “plongée dans une ignorance profonde” pour citer le mathématicien français Chasles, la civilisation islamique médiévale connaît un âge d’or qui transfigure le paysage culturel et scientifique de l’empire s’étendant à son apogée de l’Asie Centrale à l’Espagne andalouse. L’Europe occidentale profitera abondamment du bouillonnement intellectuel de cette civilisation pour rattraper son retard et inaugurer une période de renouveau à partir du XVIe siècle. Pour autant, cet apport depuis le XVe siècle jusqu’à nos jours sera constamment remis en cause. D’où cette problématique : Pourquoi l’apport considérable de la civilisation islamique via une double logique de traduction/création contredit-il les thèses les plus récentes affirmant la naissance de l’Europe moderne et l’âge d’or de la Renaissance comme un processus auto-construit, sans influence de civilisations étrangères ? La contradiction de ces thèses est d’abord évidente à la lumière du rôle de la civilisation islamique dans la redécouverte par l’Occident de la culture grecque , cette redécouverte s’appuyant sur des interfaces commerciales actives, des volontés bellicistes et la contribution d’acteurs politiques, religieux, commerciaux et intellectuels des deux côtés. (I)
Pour autant, il ne faudrait pas réduire l’apport de la civilisation islamique à une simple médiation, l’enrichissement de la culture grecque étant évident. (II)
Cet apport via une double logique de traduction/création contredit donc la tendance à une “islamophobie historique” qui perdure encore de nos jours. (III)
Sujet: lapport de la civilisation islamique la science et la philosophie occidentale
Quatre ou cinq sicles durant, l'Islam fut la civilisation la plus
brillante de tout l'Ancien Monde. [...] la civilisation musulmane, en ces sicles d'or, est la fois une immense russite scientifique et une relance exceptionnelle de la philosophie antique. Ainsi, Braudel affirme lapport considrable de la civilisation islamique la science et la philosophie occidentale. Et pour cause, alors que lEurope du VIIIe sicle jusquau XIIe sicle semble plonge dans une ignorance profonde pour citer le mathmaticien franais Chasles, la civilisation islamique mdivale connat un ge dor qui transfigure le paysage culturel et scientifique de lempire stendant son apoge de lAsie Centrale lEspagne andalouse. LEurope occidentale profitera abondamment du bouillonnement intellectuel de cette civilisation pour rattraper son retard et inaugurer une priode de renouveau partir du XVIe sicle. Pour autant, cet apport depuis le XVe sicle jusqu nos jours sera constamment remis en cause. Do cette problmatique : Pourquoi lapport considrable de la civilisation islamique via une double logique de traduction/cration contredit-il les thses les plus rcentes affirmant la naissance de lEurope moderne et lge dor de la Renaissance comme un processus autoconstruit, sans influence de civilisations trangres ? La contradiction de ces thses est dabord vidente la lumire du rle de la civilisation islamique dans la redcouverte par lOccident de la culture grecque , cette redcouverte sappuyant sur des interfaces commerciales actives, des volonts bellicistes et la contribution dacteurs politiques, religieux, commerciaux et intellectuels des deux cts. (I) Pour autant, il ne faudrait pas rduire lapport de la civilisation islamique une simple mdiation, lenrichissement de la culture grecque tant vident. (II) Cet apport via une double logique de traduction/cration contredit donc la tendance une islamophobie historique qui perdure encore de nos jours. (III)
I-
Sappuyant sur des interfaces actives et des acteurs
divers, un rle de mdiateur
Le facteur commercial est lun des lments les plus prvalent
permettant ces changes intellectuels. En effet la civilisation islamique ds le IXe sicle entretient des liens commerciaux avec le monde occidental permettant dans le sillage des changes de marchandises des changes de savoirs. Cest ainsi que les Arabes font faire dcouvrir aux Europens des outils de navigation maritime tels le gouvernail dtambot ou la voile triangulaire. Cest aussi dans la lign de ces changes commerciaux quon assiste la cration de vritables interfaces commerciales et intellectuelles faisant le lien entre les deux civilisations. Deux zones gographiques simposent rapidement : dune part lItalie du Sud auquel on ajoutera la Sicile, dautre part lEspagne Andalouse. Mis part le commerce, les volonts bellicistes de lpoque vont galement contribuer aux changes intellectuels. Les Croisades font dcouvrir lOrient aux Latins et ceux-ci sen inspirent dcouvrant par exemple les hpitaux. Ainsi Paris, un premier hpital est fond par Saint Louis au retour de la septime croisade en 1254. Si lon sintresse la nature des acteurs favorisant ces changes, on remarquera leur diversit. Ce sont des acteurs politiques en tmoigne Roger II de Sicile conseill par un gographe arabe al-Idrisi, des acteurs religieux comme le prouve le Moine Gilbert dAurillac qui fit connatre les chiffres et lastrolabe, des acteurs commerciaux, les marchands vnitiens et pisans ralisant leur ducation Damas, Alep et Tunis pour lart du ngoce et de la comptabilit. Ce sont enfin bien sr des acteurs des milieux intellectuels qui participeront ces changes en tmoigne les nombreux voyages en terre arabe du mathmaticien italien Fibonnaci. Ainsi, grce toutes ces circonstances bnfiques lchange intellectuel, la civilisation islamique permet lOccident de redcouvrir son hritage grec. Ce processus de traduction/transmission naurait jamais pu tre possible sans les 3
changes nourris entre lempire arabo-musulman et Byzance. Cest
par son intermdiaire quun un mouvement gigantesque de traduction des textes grecs est entrepris. Au cur de ce processus sera tout particulirement lcole de Tolde dont la prise 1085 permet la dcouverte pour lEurope de dune masse de livres scientifiques, Tolde devenant principal centre de traduction en Europe et permettant la civilisation occidental de redcouvrir son hritage grec grce aux traductions arabes et notamment les textes de Ptolme en astronomie, de Galien en mdecine ou encore de Platon en philosophie. II- Un rle pas seulement mdiateur : la transmission de savoirs avancs lOccident aussi bien philosophie quen science En effet, la civilisation islamique ne se bornera pas transmettre lhritage grec, elle lenrichit et tout particulirement en philosophie et en sciences. La philosophie arabe a marqu durablement de son empreinte la philosophie occidentale du fait notamment de lapport de deux de ses figures emblmatiques. Il sagit dune part dAvicenne et dautre part dAverros. Ce dernier va bouleverser durablement la pense europenne ses ides heurtant les dogmes chrtiens de la cration et de limmortalit de lme. Comme Aristote et Avicenne, Avicenne dfendit lternit du monde et nie ainsi le dogme religieux de la cration. Selon lui, le Coran pouvait en outre faire lobjet dune libre interprtation par philosophes. En somme il mena la philosophie sur la voir de la raison et sil nemporta pas ladhsion dans la civilisation arabo-musulmane, il joua un grand rle dans lvolution de la pense occidentale. Comme le remarque le mdiviste Alain de Libera, lUniversit de Paris sera beaucoup plus influenc par laverrosme que par laristotlisme le commentaire subjuguant le texte originel. Lapport de la civilisation islamique est galement considrable en science certains allant mme jusqu affirmer que sans civilisation islamique, il ny aurait eu ni Renaissance ni grandes dcouvertes pour 4
les occidentaux. A des fins synthtiques, nous voquerons trois
domaines scientifiques consacrant un grand chercheur arabe. Cest dabord en mathmatiques que les progrs souligner, la civilisation islamique ayant tout simplement fond une branche de la discipline, savoir lalgbre grce lapport dAl-Khawrizmi (1750-850) dont le trait Kitab al-jabr wal-muqaba est lacte fondateur. En physiquechimie, un nom reste grav comme ayant rvolutionn loptique : Ibn Al-Haytham plus connu sous le nom dAlhazen en Europe (965-1039). Celui change en effet toutes les perspectives sur la thorie de la vision avec son ouvrage Livre de loptique. La mdecine occidentale doit galement beaucoup aux progrs effectus par les Arabes. Ceuxci sont les premiers dissquer des corps humains permettant des progrs considrables. Plusieurs grands noms de la mdecine arabe peuvent tre cits notamment Rhazs qui sera surnomm le Galien des arabes mais surtout Avicenne dont le livre le Canon de la Mdecine consacre lesprit rationnel dans la discipline. III- Des lments qui remettent donc en cause le dveloppement dune islamophobie historiographique En effet, ds le dbut de la Renaissance, on assiste une vritable ngation de cet hritage. En astronomie, lide dun grand vide entre Ptolme au IIe sicle et Copernic au milieu du XVIe sicle fait consensus et est relay dans les manuels dhistoires. Ce nest que rcemment que Rgis Morelon, spcialiste de lhistoire des sciences arabes a remis en cause ce vide. La critique vient galement sur le terrain de lenrichissement certains rduisant le rle de la civilisation islamique une communication des textes grecs via la traduction. Or sil est indniables que les textes grecs ont t traduits et retransmis, ils ont t considrablement enrichis, corrigs et comments comme nous avons pu le montrer dans notre deuxime partie. Cette tendance lislamophobie historiographique ne sest pas pour autant teinte au cours des sicles. Ainsi en 2008, laffaire Gouguenheim dfraye la chronique et entrane une bataille dhistoriens coup de tribunes interposs. Laffaire commence avec 5
la publication par Sylvain Gouguenheim d Aristote au Mont Saint
Michel. Celui-ci, professeur dhistoire mdivale lEcole normale suprieure de Lyon affirme que lEurope ne doit rien lIslam. En dautres termes lEurope chrtienne du Moyen Age a maintenu sa filiation grecque et la rappropriation de cet hritage sest fait de faon autonome via laccueil de rfugis byzantins et le travail dateliers de traductions europens comme latelier du Mont SaintMichel. Louvrage provoque une vive raction de la part de la communaut universitaire. Cest ainsi quune quarantaine dhistoriens et philosophes des sciences, sous la direction dHlne Bellosta RS se fendent dune tribune dnonant louvrage. Alan de Libera, mdiviste montera lui aussi au crneau. Conclusion On peut donc affirmer que lapport de la civilisation islamique t considrable aussi bien en philosophie quen science sexprimant travers une double logique : la fois de mdiation et de cration. Ces lment nient ainsi les tendances l islamophobie historiographique qui se sont matrialiss ds le dbut du XVIe sicle jusqu nos jours comme lillustre laffaire Gouguenheim. En guise douverture, on peut remarquer la volont de remettre en causes ces tendances dans la gouvernance culturelle aussi bien mondiale que rgionale comme tendent le prouver lexemple de lUNESCO et du Conseil de lEurope. En effet en mai 1991 un colloque a t organis conjointement par les deux organisations sintitulant La contribution de la civilisation islamique la civilisation europenne dont lenjeu sous-jacent tait de rapprocher les pays europens des pays du Proche et du Moyen Orient en montrant la transmission culturelle et intellectuelle qui avait pu avoir lieu entre les deux espaces gogrpahiques durant lre mdievale le directeur de lUNESCO Fredreco Major affirmant dans son discours de clture : Or cette poque [lre mdievale], lOrient ntait pas grec. Il tait musulman. Aussi-et je cite Alexandre Koyr [philosophe et historien des sciences franais du XXe sicle]-ce sont les Arabes qui ont t les 6
matres et les ducateurs de lOccident latin, matres et ducateurs,
en non seulement et simplement, ainsi quon le dit trop souvent, intermdiaires entre le monde grec et le monde latin