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CHAPITRE I :
GENERALITES SUR LE BETON A HAUTES
PERFORMANCES
1. Introduction :
On appelle Béton à Hautes Performances (BHP) les bétons hydrauliques ordinaire (Sable +
Eau +Graviers +Ciment) auxquels on rajoute des adjuvants (fluidifiant) et éventuellement des
ultra fines pour augmenter leurs performances, dont la résistance, qui doit dépasser les 60MPa
à 28 jours.
La résistance à la compression est généralement considérée comme la principale propriété
caractéristique du béton et qui s’accompagne fréquemment de l’amélioration d’autres
propriétés, comme la résistance à la traction, la rigidité, la résistance à l’usure, la durabilité,
etc. Pour certaines applications, ces propriétés peuvent même être plus essentielles que le
niveau de résistance atteint. Dans pareil cas, le choix des composants et de la composition ne
doit pas être axé sur l’obtention d’une résistance maximale, mais davantage sur l’obtention
d’une prestation optimale des propriétés souhaitées. La résistance supérieure obtenue est pour
ainsi dite une incidence de second ordre.
Dans ce cadre, le contenu de l’expression ‘béton à haute résistance’ s’avère insuffisant. Nous
lui préférerons dès lors l’appellation ‘béton à hautes performances’, qui est clairement plus
générale. Il est parfaitement possible d’obtenir un béton présentant des hautes performances
pour une propriété donnée, tout en ne possédant pas une résistance nettement supérieure.
Ces dernières années ont vu l’utilisation de bétons de résistance en compression deplus en
plus élevée pouvant aller de 50MPa jusqu’à 400MPa et même de 800MPa en utilisant des
traitements thermiques et mécaniques appropriés et des produits spéciaux comme la poudre
métallique .De telles résistances élevées ont donné une nouvelle classification de bétons, ils
sont actuellement appelés bétons à haute résistance (BHR), bétons à hautes performances
(BHP), bétons à très hautes performances (BTHP), bétons à poudres réactives (BPR), et
bétons fibrés ultra performants (BFUP).
2. Définition :
Les bétons de hautes performances (BHP) ont d’abord été appelés « béton de hautes
résistances », car c’est cette caractéristique facilement mesurable qui a fait des progrès
spectaculaires. Les gains de résistance ne sont pas les seuls avantages de ces bétons qui tirent
leurs propriétés d’une forte réduction de leur porosité, en effet se sont, des matériaux à très
haute compacité, et permettent de réaliser des ouvrages subissant un environnement sévère
(climat, agressions marines, effets du gel), oudes structures soumises à des contraintes élevés.
Ils apportent aussi des résistances précoces et élevés, ce qui permet d’accélérer les cadences
de fabrication en usine ou sur chantier et de façon générale, présentent une durabilité accrue.
3. Composition des bétons à hautes performances :
Pour un béton ordinaire, le problème de la composition consiste à réaliser un mélange le plus
compact possible ayant une maniabilité acceptable et un coût inférieur, ce qui conduit en
générale à limiter le dosage en ciment, composant le plus cher. Pour les BHP, investissement
n'est pas vraiment le même. L'objectif est de confectionner un béton avec une résistance à la
compression supérieur accompagné d'une amélioration remarquable dans le comportement du
béton, aussi bien à l'état frais, qu'à long terme. Alors le dosage en ultrafine qui implique un
dosage de super plastifiants représente un facteur très important.
Les BHP sont divisés en cinq grandes catégories correspondant chacune à une plage de
résistance de 25MPa.
La classe Ireprésente les BHP qui ont une résistance comprise entre 50 et 75MPa, la classe II,
une résistance comprise entre 75 et 100MPa, la classe III, une résistance comprise entre 100 et
125MPa, la classe IV, une résistance comprise entre 125 et 150 MPa et la classe V, une
résistance supérieure à 150MPa (tableau I.1). Les deux dernières classes correspondent en
France aux bétons à très hautes performances.
Résistance à
la 50 75 100 125 150
compression
Classe des classe I la classe II la classe III la classe IV classe V
BHP
Le choix du ciment est la première étape sur lequel il faut s'attarder lorsqu'on veut fabriquer
un BHP est celui du ciment, même lorsque l’on utilisera d’autres ajouts cimentaires parce que
la performance du ciment en termes de rhéologie et de résistance devient critique au fur et à
mesure qu’augmente la résistance à la compression visée. [2]
3.2. Fumée de silice pour les BHP :
Le BHP diffère par le type d’ajout et sa teneur, incorporé dans le but de modifier certainsde
ces propriétés en raison des conditions d’environnement ou de performances mécaniques
auquel ces bétons sont destinés.
L’incorporation de fumée de silice dans les bétons conduit à des améliorations remarquables
des caractéristiques rhéologiques et mécaniques des bétons. Pour les bétons frais, la fumée de
silice complète le fuseau granulaire et supprime les tendances au ressuage ou à la ségrégation
tout en réduisant les chaleurs d’hydratation. Pour les bétons durcis, la finesse de la fumée de
silice permet de créer une microstructure très dense qui conduit à des bétons extrêmement
compacts, à caractéristiques mécaniques élevées en réduisant les teneurs en eau grâce à
l’adjuvantation. Ces bétons ont ainsi une résistance nettement renforcée vis-à-vis des agents
ou des phénomènes agressifs : attaques chimiques, acides, sulfates, abrasion gel/dégel, en
réduisant significativement la porosité et la perméabilité, la carbonatation, les phénomènes
d’alcali-réaction et de réaction sulfurique interne.
à pomper et à utiliser. Son procédé de fabrication conduit à un produit très finement dispersé
dans l’eau et donc dans le béton lors du malaxage.
3.2.3.Mode d’action :
La fumée de silice est utilisée dans les bétons pour améliorer leurs propriétés mécaniques et
leur durabilité.L’hydratation du cimentet favorise la formation des silicatesde calcium
hydratés (gel C-S-H).
Cette phase C-S-H lie les différents composants entre eux pour créer une matrice cimentaire
dense et compacte. Sa finesse et ses propriétés pouzzolaniques confèrent à la fumée de silice
une forte réactivité avec les Ca(OH)2 produits durant l’hydratation du béton :
SiO2, 3CaO + H2O →CSH + Ca(OH)2.
SiO2 + Ca(OH)2 →CSH
Sa haute réactivité augmente l’homogénéité du mélange et réduit la porosité et la perméabilité
du béton.
3.2.4. Avantages de la fumée de silice :
3.2.4.1. Performance à l’état frais :
Maniabilité : Les bétons formulés avec la fumée de silice ont une rhéologie différente des
bétons courants. Ils sont thixotropes et ont donc un comportement
visqueux et compact au repos et deviennent fluides dès qu’on leur applique une pression.
Cette particularité offre en particulier les avantages suivants :
_ moins de ségrégation (nids de cailloux et ressuage) ;
_ transfert par pompage sous pression possible sur de grandes distances ;
_ projection sur des parois sans perte de produit dans le cas de béton projeté.
3.2.4.2. Performances à l’état durci :
Performances mécaniques : La fumée de silice permet d’optimiser l’empilement granulaire et
ainsi d’améliorer l’adhésion des différents constituants d’un béton, ce qui a un impact direct
sur ses propriétés mécaniques, en particulier sur les résistances mécaniques en compression.
Ces dernières sont directement liées à la quantité de fumée de silice ajoutée au ciment.
L’utilisation de fumée de silice pour un béton de même qualité permet d’augmenter la
proportion de granulats grossiers par rapport aux granulats fins.
Durabilité : L’utilisation de fumée de silice limite la porosité des bétons en réduisant la taille
des pores. Cette baisse dela porosité et de la perméabilité empêche la pénétration d’agents
agressifs comme notamment les acides, les sulfates, le dioxyde de carbone et les chlorures
marins.
d’abaisser les concentrations pour obtenir de plus petits pics. Dans le même temps, l’effet
d’adhérence moyen entre les granulats et la pâte de ciment durcie diminue, car la surface
spécifique et la quantité de mortier nécessaire à l’enveloppement de tous les grains
augmentent. Il va de soi que le diamètre maximal des grains ne peut pas se réduire trop
fortement, car, à défaut, la quantité d’eau nécessaire à l’hydratation des granulats augmentera
trop fortement. La plupart du temps, le diamètre maximal des grains sera compris entre 10 et
20 mm, par exemple 16 mm.
La composition doit être optimalisée de telle sorte que la granulométrie, des gros grains aux
très fins, soit la plus compacte possible. Ce n’est qu’en réduisant au minimum le volume de
vides entre les grains que la combinaison idéale entre la résistance et l’ouvrabilité souhaitées,
avec un minimum de pâte de ciment et d’eau, peut être réalisée. La multiplicité des
composants ne facilite guère la détermination de la composition optimale.
3.5. Adjuvants :
3.5.1. Définition :
On appelle adjuvant, tout ingrédient autre que le ciment, les granulats et l’eau, que l’on ajoute
au mélange. Ce sont le plus souvent des polymères de synthèse au poids moléculaire assez
élevé (20000- 30000). Les adjuvants de béton sont des produits chimiques solubles dans l’eau
qui modifient principalement :
-les solubilités;
- les vitesses de dissolution;
-l’hydratation des divers constituants d’un liant hydraulique.
Les super plastifiants empêchent la formation néfaste des conglomérats (figure I.1). Les
molécules du superplastifiant se fixent par adsorption sur l’interface entre le grain de ciment
et l’eau de gâchage. Unefois adsorbé, le superplastifiant forme une charge négative autour
dechaque grain de ciment. Ce faisant, les grains se repoussent les unsdes autres. La dispersion
qui en résulte réduit la viscosité de la pâtede ciment et augmente l’ouvrabilité. La structure
moléculaire dusuperplastifiantsous la forme de longues chaînes renforce également cet effet.
Les molécules fixées les unes aux autres pour formerdes spirales avec des ramifications dans
différentes directions s’enroulent entre les grains de ciment et empêchent de la sorte leur
rapprochement réciproque. Grâce aux structures de polymèresmodernes ‘en
forme de peigne’, il est possible de réduire le rapporteau-ciment à moins de 0,3. La seule
utilisation d’un super plastifiantpermet également d’obtenir des résistances à la compression
d’environ 80 MPa.
3.5.2. Définition des types des super plastifiants et relation avec leur fonction dans le
béton :
Le tableau ci-dessous (Tableau I.3) présente les différents types de super plastifiant et leur
fonction et effets principaux :
Tableau I.3- Les caractéristiques des adjuvants en relation avec leur fonction. [4]
Adjuvant Norme Effets principaux
Adjuvant plastifiant NF P 18-336 À consistance égale, il
réducteur d’eau permet une réduction du
dosage en eau et, à
dosage en eau constant, il
permet une augmentation de
l’affaissement au cône
d’Abrams.
Adjuvant super P 18 - 330 Sa définition est identique à
plastifiant –haut celle du plastifiant –
réducteur d’eau réducteur d’eau mais la
réduction du dosage en eau et
l’augmentation de
l’affaissement au cône est
plus marquée
Adjuvant entraîneur NF P 18-338 Il permet la formation, au
d’air moment du malaxage, d’un
réseau uniforme de petites
bulles d’air qui subsiste dans
le béton durci.
Adjuvant accélérateur NF P 18-331 Il avance le début de prise,
de prise c'est-à-dire le moment où le
béton frais passe de l’état
plastique (moulable) à l’état
rigide. La mesure du temps
de prise se fait sur mortier
normale (pr. NF P 15-
431).
On adaptera également chaque classe granulaire afin d’obtenir un mélange à très haute
compacité (les éléments fins remplissant les espaces entre les plus gros granulats).
La première démarche peut être utilisée seule et permet déjà des gains de propriété importants
(en terme de résistance mécanique, on peut ainsi atteindre des bétons de classe de résistance C
60/75). La seconde voie implique obligatoirement le recours simultané à l’emploi de super
plastifiants. Elle permet d’obtenir de nouveaux gains de performances.
5. Contrôle des BHP :
Les BHP sont soumis aux mêmes types d’essais que les bétons traditionnels dans le cadre de
leur conformité à la norme NF EN 206-1, par exemple :
* Consistance mesurée au cône d’Abrams
* Etalement à la table à secousse
* Rhéomètre (Cet essai permet de mesurer, lors de la formulation, le seuil de cisaillement et la
viscosité plastique des BHP).
* Méthode du Mortier de Béton Equivalent (MBE)
Elle permet, par exemple, d’étudier l’influence de la qualité du sable sur la rhéologie ou
d’estimer les dégagements de chaleur.
-Par ailleurs, des essais spécifiques ont été développés
pour mesurer des paramètres associés à la durabilité des
BHP tels que :
* Résistance à la compression
Divers essais complémentaires permettent de mesurer les propriétés des BHP aussi bien au
stade de mise au point de la formulation, que lors des convenances, ou des contrôles sur
chantier.
* la pénétration des chlorures ;
* la microstructure des bétons ;
* la perméabilité au gaz du béton durci ;
* la mesure de l’épaisseur de béton carbonaté [5]
Le béton à hautes performances se caractérise par une meilleure adhérence entre les granulats
et la matrice de ciment. En outre, la résistance de la matrice sera pratiquement égale à la
résistance des granulats. Dès lors, l’apparition et le développement de fissures d’adhérence ou
de microfissures seront retardés. A l’approche de la rupture, les fissures se seront désormais
généralement propagées au travers des granulats (figure I.2).
6.4.1. Retrait endogène :Ce processus s’accompagne d’une réduction du volume. Par rapport
au volume initialement occupé par l’eau et par le ciment, le volume du produit de la réaction
après hydratation complète sera réduit d’environ 10 %.
Le retrait endogène pourrait en effet provoquer l’apparition d’importantes fissures dans un
BHP frais.
6.4.2 Retrait de dessiccation :Le retrait de dessiccation se produit dans un environnement
qui n’est pas saturé en eau. Dans ce cas, l’eau peut s’évaporer des pores.
Ce phénomène donne lieu à des forces capillaires qui contractent les pores et génère par voie
de conséquence une réduction du volume.
Le volume réduit des pores capillaires est une caractéristique typique du béton à haute
résistance. Par rapport au béton ordinaire, il sera dès lors moins sujet au phénomène du retrait
de dessiccation. Il en ressort que le retrait de dessiccation diminue en cas d’augmentation de
la résistance. L’addition de fumées de silice n’a aucune incidence sur le retrait final, mais
accélère le processus.
6.5. Le fluage :
Le fluage du béton à hautes performances – c’est-à-dire la déformation croissante sous l’effet
d’une contrainte constante – est fréquemment inférieur au fluage observé pour un béton de
résistance conventionnelle. L’âge du béton au moment de la sollicitation est également
extrêmement important pour le BHP. Lorsque la charge est exercée sur un béton jeune, la
déformation par fluage sera plus importante que dans le cas d’un béton plus âgé.
Il convient cependant de conserver à l’esprit que les contraintes observées dans le BHP sont
nettement supérieures à celles inhérentes au béton conventionnel. [4]
7. Autres propriétés des BHP :
7.1. Imperméabilité :
Leur faible porosité capillaire confère aux BHP une très faible perméabilité
7.2. Résistance aux agents agressifs :
La faible perméabilité des BHP leur confère une bonne résistance à la pénétration et au
transfert dans la masse du béton des agents agressifs en phase gazeuse ou liquide (eaux de
mer, eaux sulfatées, solutions acides, dioxyde de carbone, etc.).
7.3. Migration des ions chlorure :
La résistance des BHP à la migration des ions chlorures est supérieure à celle des bétons
courants, grâce à sa microstructure plus dense.
12. Conclusions :
Depuis longtemps, la relation entre la composition du béton et ces propriétés rhéologiques et
mécaniques a intéressé les chercheurs. Ces dernières décennies, les travaux de recherche ont
orienté vers les effets néfastes des excès de l’eau de gâchage, pour la résistance et la durabilité
des bétons ainsi que la recherche d’un mélange de très haute compacité, lors de la
composition du béton. Ces deux voies de recherche sont abouties à des résultats très
intéressants, et à la découverte des nouveaux bétons qui ont des performances très élevées et
surtout au niveau de la résistance et de la durabilité, se sont les Bétons à Hautes Performances
(BHP) et à très Hautes Performances (BTHP).
Donc, pour obtenir un béton à hautes performances ; Deux voies de nature physicochimique
sont distinctes :
_ La défloculation des grains de ciment : grâce à l’utilisation de super plastifiants ce qui
conduit à une réduction sensible de la quantité d’eau de gâchage. La sélection du couple liant
- superplastifiant est une démarche très importante pour une bonne
formulation et l’élaboration des bétons à hautes performances.
_ L’amélioration de l’étendu granulaire : par l’utilisation d’éléments ultra fin tel que la fumée
de silice, fillers de laitier, cendre volante etc. chimiquement réactifs destinés à remplir les
microvides de l’empilement des grains en améliorant ainsi la compacité.
Le BHP a été avant tout conçu pour des applications très particulières, comme les buildings. Il
a été à différentes reprises mis en oeuvre pour la réalisation de gratte-ciel, avec des bétons
présentant des résistances de 120 à 130 MPa. Cependant, le BHP peut également être une
solution alternative pour les constructions réalisées habituellement en béton conventionnel car
il présente des avantages et des performances très intéressantes par rapport au béton
traditionnel tel que :
_ Durabilité améliorée face aux agressions physico-chimiques,
_ Une fluidité très élevée à l’état frais,
_ Résistance accrue au jeune âge,
_ Une résistance finale accrue après durcissement,
_ Un module d’élasticité supérieur,
_ Un retrait total réduit,
_ Permet la réalisation de constructions plus élancées,
_ L’aspect visuel des surfaces de béton, tant coulées sur place que préfabriquées.
Le recours judicieux au BHP exige de toute évidence une collaboration très étroite entre le
propriétaire, l’architecte, l’ingénieur, l’entrepreneur, la centrale à béton et le laboratoire de
recherche