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Maladies à vendre

Faute d’innovation, l’industrie pharmaceutique fabrique de toute pièce des pathologies,


du rhume de l'âme au surplus de cholestérol, qui se soignent à grand renfort de gélules et
comprimés.

Dans les années 1930, Aldous Huxley décrivait dans « Le meilleur des mondes » une
incroyable pilule : le soma. « Si par hasard quelque chose allait de travers, il y a le soma. (…)
Il y a toujours le soma qui vous permet de prendre un congé, de vous évader de la réalité. Et il
y a toujours le soma pour calmer votre colère, pour vous réconcilier avec vos ennemis, pour
vous rendre patients et vous aider à supporter les ennuis ». L’industrie pharmaceutique n’a pas
encore mis au point ce médicament contre tous les maux du quotidien, à prendre chaque jour.
Elle a fait mieux : elle a transformé chaque petits tracas de la vie en une maladie qui se traite à
grand renfort de cachets. Pour maintenir ses ventes, l’industrie pharmaceutique a trouvé plus
simple d’inventer des maladies qui n’existent pas, et pour lesquelles elle propose des
médicaments sans aucune efficacité. Mais ça n’a aucune importance puisque les soi-disant
malades ne sont pas malades ! Comment le cholestérol est-il devenu une maladie aussi répandue
? Tout simplement parce que les labos ont réussi à imposer leurs propres normes. « En poussant
les choses à l’extrême, l’industrie pharmaceutique a réussi à nous convaincre que le taux de
cholestérol des gens de 25 ans doit être la norme pour tous ». « Mais en prenant ce taux pour
référence, on constate que 95% des Français et des Allemands, par exemple, sont techniquement
malades ». Et ont donc besoin de consommer des statines chaque jour ! Il suffisait d’y penser !
A force de publicité et de lobbying, les laboratoires ont fini par transformer les bien-
portants en malades chroniques. Au Japon, comme le montre le film, l’industrie pharmaceutique
a ainsi réussi à faire de la dépression un mal répandu grâce à une savante campagne de
déculpabilisation. Pour l’occasion, elle a même rebaptisé cette maladie jugée honteuse en «
rhume de l’âme », beaucoup plus acceptable… et beaucoup plus répandue parmi les Japonais !
Jackpot garanti !

Et ce n’est pas la seule trouvaille des labos. Au fil des années, ils ont médicalisé la
moindre de nos émotions. Chaque comportement a un nom, si possible savant et effrayant.
Ainsi, sont apparues des maladies telles que la maladie du désœuvrement, aussi connue sous la
dénomination « leisure sickness », le trouble généralisé de la gaité ou encore le « syndrome du
tigre en cage », qui affecte les pères débordés. Le docteur Knock de Jules Romains n’aurait pas
mieux fait ! Il est plus facile d'inventer des maladies qui rapportent gros, que de trouver des
solutions à des vraies maladies qui ne rapportent pas assez. Une preuve de plus qu'on ne peut
laisser impunément, et sans vrai contrôle, la santé dans les mains du secteur privé.

Or, c'est exactement le contraire qui se produit par les temps qui courent. L'Etat, dépassé
ou vendu aux marchands, étant incapable de faire face, la santé devient de plus en le jackpot de
l’industrie pharmaceutique et de tous ceux qui en profitent. Je rappelle que M. Servier, des labos
du même nom, est commandeur de la légion d'Honneur... Ça fait peur.

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