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Nouveaux fragments coptes d’une homélie

de Jean iv de Constantinople

Catherine Louis

E n , E.A. Wallis Budge publiait, parmi ses Coptic Homilies1, le texte
d’une homélie de Jean IV de Constantinople (le Jeûneur)2, « on repentance
and continence »3, tirée d’un manuscrit de papyrus conservé à la British Library
de Londres4. Dans son édition de 1910, Budge accompagnait son texte copte de la
version syriaque de cette homélie et de sa traduction, insérées en annexe5.
Le codex copte dont est tirée notre homélie fut découvert en 1896, soigneusement
protégé par un coffre de pierre dissimulé sous les ruines d’un couvent de Haute-
Égypte. Il se composait d’un ensemble de 175 feuillets de papyrus écrits sur deux
colonnes, que Budge date du septième siècle. L’examen de ce codex par Budge lui
fit poser l’hypothèse, plus que probable, qu’il n’était pas dans son état d’origine.
En effet, outre les erreurs habituelles de pagination, il présente des irrégularités qui
permettent de penser qu’à l’origine, le livre comprenait deux volumes, qui furent, à
un moment donné, désolidarisés pour être à nouveau reliés en un volume unique,
mais d’une manière différente de celle qui était au demeurant la leur. Ce codex se
présente en effet aujourd’hui comme suit : paginé d’abord de 181 à 191, puis de
211 à 348, « as if ten leaves had been omitted »6, la pagination repart ensuite à 1
et s’achève à la page <141>7. On peut donc supposer que les deux volumes furent
assemblés de telle sorte que le second se retrouva finalement en première position.
En 1974, T. Orlandi, de son côté, identifiait et publiait une série de 12 fragments
de papyrus conservés à l’Österreichische Nationalbibliothek de Vienne sous la cote
K. 7602-7613, contenant le début de cette même homélie8.

1
Budge 1910, p. 1-45 (texte), et p. 147-191 (traduction).
2
Qui fut archevêque de Constantinople de 582 à 595.
3
Correspondant au texte de la PG vol. 88, col. 1937-1978 ; CPG 7555 (De Pœnitentia, et Continentia,
et Virginitate).
4
Or. 5001.
5
Budge 1910, p. 289-338 (texte syriaque), p. 339-379 (traduction).
6
Budge 1910, Introduction, p. xvi.
7
Pagination manquante sur le dernier feuillet, restituée par Budge (loc. cit.).
8
Orlandi 1974, n°VII, p. 83-109 et pl. 12-14.

Études coptes XI, Treizième journée d’études (Marseille, 7-9 juin 2007),
éd. par A. Boud’hors et C. Louis
(Cahiers de la Bibliothèque copte 17), Paris 2010
252 catherine louis

Le succès de cette homélie, attestée dans plusieurs langues de l’orient chrétien,


peut surprendre au premier abord, mais il s’explique en réalité très facilement si
l’on tient compte du nom donné dans les manuscrits à l’auteur du texte, appelé
simplement Jean de Constantinople, ce qui évoque bien évidemment le fameux
Jean Chrysostome9. La découverte récente d’un nouveau codex ayant contenu ce
texte vient encore confirmer son succès.
L’homélie de Jean IV est en effet représentée, outre les deux codices coptes
déjà mentionnés, par cinq fragments de feuillets de papier de petite taille (environ
200 x 130 mm), contenant 21 à 23 lignes de texte par page, écrits sur une seule
colonne. Ces feuillets sont conservés à la BNU de Strasbourg et au Musée du
Louvre10. Du fait que les deux premiers fragments (BNU, Copte 35 et 36) se
trouvent être deux fragments du même feuillet11, cela ne porte plus qu’à quatre,
à ma connaissance, les feuillets survivants de cette homélie. Ce feuillet reconstitué
de la BNU (fig. 1) ne conserve malheureusement aucune pagination, mais il est
clair, étant donné son contenu, qu’il précédait immédiatement le fragment coté
Copte 26 du même fonds, lui aussi sans pagination (fig. 2). Ces deux feuillets nous
donnent un texte parallèle aux p. 36, l. 6-31 (BNU, Copte 35-36) et p. 36, l. 32-37,
l. 24 (Copte 26) de l’édition de Budge. Venait ensuite, dans le codex d’origine, un
fragment conservé au musée du Louvre et coté AF 1634 (fig. 3), qui a également
perdu sa pagination, mais qui suivait immédiatement le fragment Copte 26 de la
BNU, et qui contient le texte des p. 37, l. 24-38, l. 18 de l’édition de Budge. Un
dernier fragment, également conservé au Louvre sous la cote SN 501, suit encore
immédiatement le précédent et est, quant à lui, parallèle aux p. 38, l. 18-39, l. 9
du texte édité par Budge. Contrairement aux précédents, le fragment SN 501 a
conservé intacte sa pagination (la-lb), ce qui permet de restituer la leur aux autres
fragments conservés, comme suit :
Strasbourg, BNU, Copte 35+36 p. [25-26]
Strasbourg, BNU, Copte 26 p. [27-28]
Paris, Louvre, AF 1634 p. [29-30]
Paris, Louvre, SN 501 p. 31-3212
9
Bien que les manuscrits grecs semblent avoir porté le nom complet de « Jean de Constantinople
le Jeûneur », Migne a classé ce texte parmi les Spuria de Jean Chrysostome. Il faut dire qu’en
dehors du nom de l’auteur, qui peut prêter à confusion, le contenu même de son œuvre n’est pas
sans rappeler Jean Chrysostome, Jean le Jeûneur ayant abondamment puisé dans les textes de son
homonyme (voir de Aldama 1965, p. 99 pour un relevé des emprunts de Jean IV aux œuvres pseudo-
chrysostomiennes).
10
Je voudrais exprimer ici tous mes remerciements aux responsables de ces deux fonds, Daniel
Bornemann à la BNU de Strasbourg, Marie-Hélène Rutschowscaya et Florence Calament au Musée
du Louvre, pour m’avoir autorisée à publier ces feuillets. Mes remerciements vont également à Anne
Boud’hors, qui a accepté de relire ce texte et de me faire part de ses remarques, ainsi qu’à Loreleï
Vanderheyden.
11
Ce fait était déjà signalé dans l’inventaire manuscrit des papyrus de la BNU.
12
Du fait que la marge supérieure gauche du feuillet est en lacune, il est impossible d’en déduire le
type de cahiers auquel nous pourrions avoir eu affaire. Dans le cas de quaternions réguliers, ce feuillet
fragments coptes d’une homélie de jean iv de constantinople 253

L’écriture est une onciale copte qui semble relativement tardive, sans être toutefois
une onciale penchée, et que l’on peut dater grossièrement des douzième-treizième
siècles13. L’ornementation, plutôt sobre, se limite à des traits rouges doublant parfois
des traits noirs en fin de paragraphe, à l’ornementation des capitales en début de
paragraphe, ou à celle de la pagination, toujours uniquement en rouge. La panse des
v est également emplie de rouge. Sur le plan des diacritiques, l’usage standard est
régulièrement suivi, à l’exception d’un certain nombre d’omissions usuelles, avec la
seule particularité que les iota portent la surligne de manière presque systématique
(celle-ci est, exceptionnellement, remplacée par un tréma). La ponctuation consiste
en principe dans un ou deux points servant à délimiter les segments de phrases
ou les phrases, et dans des lignes plus ou moins longues en fin de paragraphe.
On notera toutefois que, dans de rares occasions, les points (souvent deux points
superposés) sont placés de manière quelque peu arbitraire, allant parfois jusqu’à
séparer le préfixe verbal du verbe qu’il régit, ce qui tendrait à prouver, me semble-t-
il, que les copistes de l’époque n’avaient plus qu’une compréhension imparfaite de
ce qu’ils écrivaient. Par ailleurs, le texte lui-même présente souvent des irrégularités
orthographiques, notamment dans les mots grecs, mais également dans les préfixes
verbaux, ce qui m’a souvent amenée, dans ma traduction, à suivre les leçons du
manuscrit publié par Budge.
Enfin, il faut signaler que le premier feuillet, composé des deux fragments de la
BNU de Strasbourg (Copte 35-36), a conservé, dans la partie inférieure de sa marge
interne, des traces de lettres qui, de toute évidence, ne font pas partie du texte de
l’homélie de Jean IV. Leur position sur la page me semble pouvoir évoquer les traces
qu’aurait pu laisser une bande de restauration dont l’encre aurait déteint et se serait
imprégnée dans le papier du feuillet, avant que ladite bande ne se décolle.
Le musée du Louvre conserve encore, sous la cote SN 502, un fragment copié
par la même main que les feuillets mentionnés ci-dessus, et qui a probablement
appartenu au même codex. Ce fragment, peu exploitable étant donné sa taille et le
fait qu’il contient surtout une suite de préfixes verbaux dont les verbes eux-mêmes
sont la plupart du temps en lacune, ne contient pas l’homélie de Jean IV, mais un
texte qui jusqu’à présent a résisté à toute identification. Peut-être s’agit-il du même
texte que celui contenu dans un feuillet conservé à la Bibliothèque nationale de
France sous la cote Copte 131(7), fol. 52, lui aussi copié par la même main. Son
contenu, clairement homilétique, est une incitation au jeûne, prenant Daniel pour

aurait dû représenter le dernier du cahier 2 ; mais, dans la mesure où nous sommes en présence d’un
codex de papier, l’usage du quinion serait peut-être plus probable. La lacune rend malheureusement
impossible toute affirmation en ce domaine.
13
Ce type d’onciale se retrouve toutefois jusqu’au quatorzième siècle : voir notamment les scalae
coptes-arabes (BnF, Copte 43), dont certains passages sont datés de 1296 et 1310 apr. J.C., ou encore
la fragment de papier conservé à l’Ifao du Caire sous la cote 282, et qui porte la date de 1338 AD. Ce
dernier fragment montre toutefois une écriture en onciale légèrement penchée.
254 catherine louis

exemple, et citant, notamment, le texte de He 3,13. Ce dernier fragment de la BnF


est encore paginé siz-sih (217-218) 14.
Les trois versions coptes de l’homélie de Jean IV présentent également un intérêt
sur le plan du travail de copie. Le texte de Budge (codex B), en effet, présente un
problème par rapport à la version grecque : une importante portion de texte a été
déplacée, modifiant ainsi l’agencement du texte tel qu’il était connu dans sa version
grecque. Budge, puis Orlandi, ont supposé que le copiste qui aurait copié le codex
ayant servi de modèle à B aurait commis une erreur au moment de l’assemblage
des cahiers, et qu’il aurait cousu l’un de ceux-ci au mauvais endroit15. Comme
cette portion de texte peut tout à fait correspondre à la longueur d’un cahier, cette
hypothèse me semble plausible. Le copiste du codex B aurait alors recopié le texte
de son modèle sans prêter attention à cette erreur, qu’il aurait ainsi reproduite.
Si l’on observe maintenant le codex V, celui qu’édita Orlandi, on constate
que son agencement suit celui du texte grec ; il est donc tout à fait probable que
le modèle de V n’est pas B, ni même un codex copié sur B. Quant au codex de
papier dont il est question ici (codex P), on constate que malheureusement tous
les fragments qui nous sont parvenus de cette homélie se situent précisément dans
la section problématique du codex, c’est-à-dire dans la section que B a déplacée.
Cependant, du fait qu’une page de notre codex contient à peu de chose près autant
de texte qu’une page de V, et que leur pagination est pour ainsi dire similaire, on
peut en conclure sans trop de risque que le copiste de notre codex n’a pas suivi le
même modèle que B, ni un codex recopié sur ce modèle ou sur B lui-même.
Le tableau ci-après s’efforce de résumer, en se basant sur le texte grec de Migne,
l’agencement des différentes versions coptes que nous connaissons. Les sections
mises dans le même corps (gras ou italique) des sections 2 et 3 se correspondent
dans le texte. On voit ainsi comment le codex B se distingue des autres versions,
aussi bien grecque que coptes.

14
Tous les fonds de manuscrits coptes n’ayant pas pu être explorés, il reste possible qu’il se cache
encore dans certains d’entre eux d’autres fragments copiés par la même main.
15
Budge détaille cette erreur d’agencement dans son introdctuion, op. cit., p. xxiii-xxv.
Tableau comparatif des versions grecque et coptes

codex B
codex V codex P
Texte grec (texte copte,
(texte copte, papyrus, Vienne, (texte copte, papier,
(PG 88) papyrus, Londres, Or
K 7602-7613, éd. Orlandi) Strasbourg/Paris)
5001, éd. Budge)

1. PG 88, col. 1937-1941C p. [1-2] Vienne, K 7602 fol. 1-8 r° col. 2


p. [9-10] Vienne, K 7607
p. [13-14] Vienne, K 7604

2. PG 88, col. 1941C-1948D p. [15-16] Vienne, K 7605 fol. 8 r°, col. 2


p. [17-18] Vienne, K 7610 => fol. 44 r°, col. 1
p. [19-20] Vienne, K 7606
p. 21-22 Vienne, K 7609
p. [23-24] Vienne, K 7608 p. [25-26] BNU, Copte 35+36
p. [25-26] Vienne, K 7611 p. [27-28] BNU, Copte 26
p. [27-28] Vienne, K 7612 p. [29-30] Louvre, AF 1634
p. [29-30] Vienne, K 7603a p. 31-32 Louvre, SN 501

3. PG 88, col. 1948D-1973A p. [35-36] Vienne, K 7603b fol. 44 r°, col. 1


p. [45-46] Vienne, K 7613 => fol. 54 v°, col. 1
fragments coptes d’une homélie de jean iv de constantinople

4. PG 88, col. 1973A-1978 fol. 54 v°, col. 1


=> fol. 60 v°, col. 1
255
256 catherine louis

édition critique du texte

BNU, Strasbourg, Copte 35+36 recto


[ke]
qeW[rei n]ak nJOine : eu
mour Mmoou nqe njen
nth‡ : eunou∂E mmooU
etEJrw NSate Etmouj
5 JEN[KO]Oue eUMOUR mmoou
[eneuo]uerHTE Men neu
[‡i]∂ Eunou∂e mMoou ep
[k]AKE etjibol :
J[o]Ine EUpara†dou mmoOU
10 E[m]Pbšnšt natšnkot¸k : meN
pΩAJΩJ ıı{n}obje ––
÷ oua Men Eut‡a¾eîo Ómof
∂e af[sw]BE Kakws para
peuoE[iÒ] ––
15 keoua ∞ eF[sk]Andalize
Ì ∂e af∂i [pe]Tjitouwf
ı‡onšs kaT[a la]Au ısmot –
keoua de euk[ri]ne mmof
etbe jennoB[e] eujhp
20 eafaau ∞ ––
keoua eujorize NJenDUmw
REia e∂wf : etBe jeN
1 [n]ak : om. B || 4 Etmouj : om. V || 6-7 ENEUOuerHTE ... mmoou lac V ; ENEUOuerHTE men
neu|ΩI∂ : eneu‡i∂ mn neuouerhte B || 12 Eut‡a¾eîo : eu‡aeio B || 13 ∂e : etbe ∂e B ||
14 peuoE[iÒ] : peuouoeiÒ B || 15 keoua ∞ eF[sk]Andalize : keoua de afskandalize
mpefson B keoua de skandalize V || 17 kaT[a la]Au ısmot : om BV || 18 keoua de
euk[ri]ne : ke t eukrine B || 21-22 JenDUmw|REia : jentimwria BV

BNU, Strasbourg, Copte 35+36 verso (fig. 1)


[k§]
[Ò]a∂e nargon eaF∆oou ∞
[ke]Oua eukatakrine mmof
etbe ougnwmh eqoou ∞ ––
keoua : euÒtam erof ıtmšn
5 tero etbe jšnswÒe <e>afaau
keoua de <e>autaaF Ejrai e[uko]
lasis nattal‡o etBE T[ef]
mšntrefskoptei ∞ ––
keoua ∞ autaaf ejrai e[u]no‡
16
Les variantes orthographiques ne figureront dans cet apparat que lorsqu’elles m’ont semblé apporter
des éléments utiles à la compréhension du texte ou du travail de copie.
fragments coptes d’une homélie de jean iv de constantinople 257

Fig. 1. BNU, Copte 35+36 verso


© BNU, Strasbourg
258 catherine louis

10 ne‡ men ouÒipe ∑a enšj ––


jenkooue eaujourW[ou] Ep
thršf etegnwsis ÓpNoute
auswtÓ ∂e n†sooUn Ó
mwtšn an : ∂e N[te]tšn jen
15 ebol twn : etB[e] ∆[e] auer ou
jwb jen ne[jbh]ue eto n
jwte epe[cs] ere naï ‡e
Òoop ıteije ∞ [Ò]Òe eron
etrenÒwp[e] NaÒ ensmot
20 ısa tren[t]auo epesht
Ómhne ıjenmou nSWRM
ıršmeih ∞ ıten∂oos jwwã
4-5 keoua ∞ euÒtam erof ıtmšn|tero : ke t Òtam erwf mpro ntmntero B
ket de euÒtam erwf ntmn˘štero V || 5 afaau : sans doute une erreur du copiste pour
eaf∂oou comme dans BV || 9 keoua ∞ autaaf : keoua eautaaf BV || 7-8 etBE T[ef]
mšntrefskoptei : etbe tefmntrefmest peqoou B, V? (lacune partielle) || 13 n†sooUn :
†sooUn BV || 17 jwte : fote B, lac V || 21-21 nSWRM|ıršmeih : nswrmeih V

BNU, Strasbourg, Copte 26 recto (fig. 2)


[kz]
men pEProvhths ∂e ni[m]
petna† noumoou e∂en tA
ape ∞ auw oupigh ırEm
eih e∂en nabal ∞ ıtarime
5 e∂en nanobe Ópejoou
Men teuÒh ∞ ∂ekas ına
Ò‡em‡om epwt ebol ı
tkOLAsis etnaÒwpe –
[ma]REnerÒoršp ıtenexomo
10 [lo]GEi ııınobe jaqh : Ó
[p]Ma n†jap etÓmau ∞
[maren]Epikaleï nemmıt
[Òana]Jthf Ópnoute
[enjo]SOn ıjenpima n
15 [Òwpe ∞] PE∂af gar ∂e nim
[petnao]UWnj nak ebol
[jı amnt]E ∞ ––
[mareneime] epai w name
[rate ∂e Óme]Los throu ı
20 [tevusis Óp]enswma
[apnoute taau] Nan eukhb
4 ıtarime : tarime B, lac. V || 6-7 ∂ekas ınaÒ‡em‡om : erreur probable de copie pour
∂ekas enaÒ‡em‡om comme dans B, lac. V || 8 etnaÒwpe : om. V || 11 n†jap etÓmau :
n†jap etÓmau etjajote BV || 12-13 nemmıt|[Òana]Jthf : nm mıtÒanajthf B,
ntmıtÒanjthf V || 13 Ópnoute : mp∂oeis B, mpen∂oeis V
fragments coptes d’une homélie de jean iv de constantinople 259

Fig. 2. BNU, Copte 26 recto


© BNU, Strasbourg
260 catherine louis

BNU, Strasbourg, Copte 26 verso


[kh]
[kai] gar afcarize nan nsnau
[ı]bal : snau Ómaa∂e ∞ ‡i∂
S˜Nte ∞ esÒanÒwpe ‡e ∞ ı
teoua ınai Òww‡e jiten
5 ouÒwne ∞ Òanparamu
qize ıtencria jitšn keouA
[o]UyucH de ıouwt tEntaf
taas Nan ∞ eSÒantakoS De
jiten tamulia Nnawnšj
10 naÒ ıje ∞ MArEnbi Ó
ProouÒ ‡e ıtai ıtenTEmka
ke laau ınajran ıtpe .
Ópesou∂ai : ebol ∂e t[ai te]
qe etounatajos eratš[s ek]
15 rine mmos ∞ auw etr[esapo]
logize ji pbuma [etÓmau ∞]
ekÒan∂oos jemP[eouoeiÒ]
etÓmau : ınajrM [peref†]
jap : ∂e necrhM[a neıtau]
20 apata Ómoi ∞ [fnaouw]
Òšb nak ı‡i pD[ikasths]
etÓmau ∂[e eïe Ópek]
swtÓ eroI [eïwÒ ebol erok]
2-3 ‡i∂|S˜Nte : ‡i∂ snte ouerhte snte B, lac V || 3-4 n|teoua : etre oua B, lac V || 6 jitšn
keouA : jitm pkeoua B, lac V || 12 ınajran : om B || 8 eSÒantakoS : enÒantakos B lac
V || 9 ENnawnšj : enawnj BV || 13-14 t[ai te]|qe etounatajos : taï tetounatajos B,
V || 17 jemP[eouoeiÒ] : de mpeouoeiÒ B, lac V || 22 etÓmau : om BV

Paris, Louvre, AF 1634 recto


[kq]
[∂e ere] prwm[e] na†jhu n[ou]
EF∑An† jhU ÓpkosmO[s]
thršf : nf†oSe de jw˜w˜f
ntefyUCh – h ou pete
5 re prwme nataaf nÒeb
biw ntefyuch ∞ fna
∂oos de nak on ∂e mpe : euJA
†jhu ılaau : ıteres∂oos
∂e pjof pentafapata
10 mmoï ∞ ∞ tenou ‡e w naSN
[h]U ∞ eanka nai jen ııjht
amhiten ıtentounos
ejrai Ópenerht mmin
mmon ∞ amhitı ıten
fragments coptes d’une homélie de jean iv de constantinople 261

15 †eoou MPnoute Ópate


÷ pkaKE ∑wpe – Ópetef
ei e∂wn ı‡i pejoou etÓ
mau : pno‡ etouwnj ebol
pai ıta peprovhths
20 Òa∂e etbhhtšf : ∂e eis
p∂oeis nhu : auw nïm pet
naÒjupomonh epejoou
3 nf†oSe de jw˜w˜f : de jwwf om B ; jwwf om V || 9 pentafapata : pentafr jal B
|| 10-11 w nasnhu : nesnhue B, V ? (lacune partielle) || 13 mpenerht : mpenourot B, lac V
|| 16-17 Ópetef[ei : Ópatefei B, lac V

Paris, Louvre, AF 1634 verso (fig. 3)


[l]
[mp]efei ejouN – oujote
[pe] pejoou etmmau ∞ –
[ou]joou pe pejoou etmma
nkake : ji ‡osm –
5 oujoou gar nkake ji jtomtšm
oujoou naÒkak pe : ji sal
pig∆ ∞ alla meÒak : kna
∂oos ∂e nim petnaÒer
bol nnai ∞ ∞ swtšm tatsa
10 bok ∞ mpermeeue gar : w
pson ∂e kÒanjarej epeK
swma efouaab : knaeÒ
∂wk ebol nnentolh
÷ alla jotan erÒan oua
15 diabale mmok : ntok jwwk
ıgvilosovia –
jotan euÒansajou Ómok
ıtok jwwk ıgsmou eroou ∞
jotan ekÒannhsteue
20 ıgtšm∂ise ıjht –
kai gar psajwwk ebol an
nen‡inouwm pe tnhs†a
Mme ∞ alla psajwwk on ebol
3-4 [ou]joou pe pejoou etmma | nkake ji ‡osm : oujoou pe ıkake pe ji ‡osm B,
lac V || 5 oujoou gar nkake ji jtomtšm : oujoou pe ıkloole pe ji jtomtÓ B, lac
V || 6 oujoou naÒkak pe : oujoou pe naÒkak B, lac V || 9 nnai : enaï throu B lac
V || 9-10 swtšm tatsa|bok : swtÓ anok petnatsabok BV || 10-11 mpermeeue gar :
w | pson ∂e kÒanjarej : mpermeeue gar ∂e ekÒanjarej BV || 11-12 pekswma :
pekswma Ómate BV || 12-13 knaeÒ|∂wk ebol nnentolh : eknaÒr bol B, lac V ||
14-15 alla jotan erÒan oua| diabale mmok : alla jotan erÒan oua r oupeqoou
nak ngr oupetnanouf naf epefma ∞ jotan euÒandiabale Ómok B, lac V || 16
vilosovia : vilosovi B, lac V || 21 psajwwk ebol an : psajwk an ebol Ómate V ||
22 nen‡inouwm : nı‡inouoom Ómate B || 23 psajwwk on : psajwk on pe B, lac V
262 catherine louis

Paris, Louvre, SN 501 recto


la
nnnobe ∞ ÒÒe eron ejot
jet ınegravh ∞†jthk
gar de ou‡erwf ıÒe nka
roia : penta peprovhths
5 nau erof ıÒoršp ∞ ∞ menen
sws : oucalcion : eusajte
JaroF : efouwnj Ópjwb
ebol : ∂e petenefna : ani
Ce an Óp‡erwf ıtesbw
10 [Ó]pima ∞ ∞ pkwjšt ıtge
[jen]na : petnadokimaze
[Ó]Mof jem pke ma ––
[j]M pismot on ıouwt : ıtau
tsabe mwªshs : eustullos
15 ıkloole ∞ men oustu[l]los
ıkwjšt : faÒkak ebol
eouon nim ∞ ∂e petnaswtšm
ensa pnomos : efna : apo
laue Ópouoein ––
20 petnaer atswtšm de : sena
para†dou mmof epkwjšt
wÒ jen neuaggelion etouaA[b]
1-2 ejot|jet ınegravh : etrenjotjet jı nekravh B, V ? (partiellement lacuneux) || 7
JaroF : jarof pe B, lac V || 8-9 petenefna ani|Ce an : petna anece an B, lac V || 13-
14 ıtau|rsabe : ıtautsabe B, lac V || 15 ıkloole : ıouoein B, lac V || 16 faÒkak :
efaÒkak B, lac V || 19 Ópouoein : Ópouoein Óme et jolš‡ B, lac V || 20 de : om B, lac V
|| 22 etouaA[b] : om B, lac V

Paris, Louvre, SN 501 verso


lb
ıtetıEime ∞ ∂e ENÒAN[ei e]
bol jem pikosmos mšn laAU
NaÒboiqei eron ∞ mEN
OUSON naÒset ∞ ouson ∞ eBO[l]
5 jen ıbasanos natw∂šn ∞
mšn ouÒbhr ∞ naÒbOIQeI e
pefÒbhr ∞ ∞ oude jeNEiote
ıneUÒhre ∞ oude jenÒh
re NNeueiote ∞ auw ajroi
10 eiÒa∂e etbe jenrwme ı
teije japlws ± oud[e]
ıtof nwje ∞ men danih|[l]
mn iwb ± ısenaeÒtou
∂e Òhre an : oude Òeere ∞
fragments coptes d’une homélie de jean iv de constantinople 263

Fig. 3. Musée du Louvre, Copte, AF 1634 verso


© G. Poncet, Musée du Louvre
264 catherine louis

15 alla pollagis knA∂oos nai


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11-12 oud[e] | ıtof : oude gar B, lac V || 13-14 ısenaeÒtou|∂e : senaÒtou∂e B, lac
V || 19 ∆E : om B, lac V

Traduction
([25]) Regarde (qewrei'n) (comment) certains (d’entre eux), attachés comme de
l’ivraie, sont jetés dans la fournaise de feu ardente (cf Mt 13,30), tandis que d’autres,
attachés par les pieds et les mains, sont jetés vers l’obscurité extérieure (Mt 22,13).
Certains sont livrés (paradidovnai) au ver qui ne dort jamais (cf. Mc 9,48) et
au grincement de dents (cf. Mt 22,13). L’un (mevn) est condamné parce qu’il a
ricané (swbe kakw'") au mauvais moment (parav peuouoeiÒ) ; un autre, pour
avoir commis un outrage (skandalivzein) ou (h[) parce qu’il a fait violence à son
voisin de quelque manière (katav laau ısmot). Un autre (dev) est jugé (krivnein)
pour des péchés qu’il a commis secrètement. Un autre est condamné (oJrivzein) aux
tourments (timwriva) à cause de
([26]) paroles stériles (ajrgov") qu’il a prononcées ; un autre est jugé (katakrivnein)
pour une mauvaise pensée (gnwvmh), un autre se voit fermer (la porte du) Royaume
pour avoir proféré des insultes. À un autre aussi (dev), on impose un châtiment
(kovlasi") éternel à cause de sa moquerie (mšntref skwvptein). Un autre subit la
raillerie et la honte éternellement. D’autres, totalement dépouillés de la connaissance
(gnw'si") de Dieu, s’entendent dire : « Je ne vous connais pas (Mt 25,12) ; d’où venez-
vous ? », parce qu’ils ont commis une action, parmi celles que le Christ abhorre.
Ceux-ci se comportent ainsi. Nous, de quelle manière convient-il que nous nous
comportions, si ce n’est en versant chaque jour des torrents de larmes, et en disant
nous aussi
([27]) avec le prophète : « Qui versera de l’eau sur ma tête, et une fontaine (phghv)
de larmes sur mes yeux ? » (cf. Jér. 9,1). Je pleurerai jour et nuit sur mes péchés, pour
pouvoir échapper au châtiment (kovlasi") qui adviendra. Hâtons-nous de confesser
(ejxomologei'n) nos péchés avant (de nous rendre) dans ce lieu-là du jugement.
Implorons (ejpikalei'sqai) la pitié de Dieu, tant que (o{son) nous sommes des
habitants de ce lieu-ci, car (gavr) (l’Écriture) dit : « Qui te louera dans l’Amenté ?»
(Ps 6,5). Sachons ceci, mes bien-aimés : Dieu nous a donné en double tous les
membres (mevlo") de notre corps (sw'ma) matériel17.

17
Litt. « tous les membres (mevlo") de la nature (fuvsi") de notre corps (sw'ma) ».
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([28]) En effet (kai; gavr), Il nous a gratifiés (carivzesqai) de deux yeux, de deux
oreilles, de deux mains ; s’il arrive que l’un d’entre eux soit frappé par une maladie,
nous comblons (paramuqivzein) nos besoins18 (creiva) grâce à un autre. Mais (dev)
Il ne nous a donné qu’une seule âme (yuchv) ; or (dev), si nous la détruisons19 par
négligence (ajmevleia), comment vivrons-nous ? Prenons soin de celle-ci, et ne
plaçons rien d’autre devant nous au-dessus de son salut, car c’est elle20 qui sera mise
en jugement21, et qui devra (se) défendre (ajpologei'sqai) devant ce bêma (bh'ma).
Si tu dis à ce moment-là en face de celui qui rend la justice : « Ce sont les richesses
(crh'ma) qui m’ont trompé (ajpata'n) », ce juge (dikasthv") te répondra : « Tu ne
m’as donc pas entendu, lorsque je te criais :
([29]) “ Quel profit l’homme retirera-t-il, s’il gagne le monde (kovsmo") entier, mais
(dev) qu’il perde lui-même son âme (yuchv) ? Ou (h[) que pourra donner l’homme en
échange de son âme (yuchv) ? ” (Mt 16,26) ». Et (dev) il te dira encore : « Ève n’a rien
gagné lorsqu’elle a dit : “ C’est le serpent qui m’a trompée (ajpata'n) ! ” » (Gen 3,18).
Maintenant, mes frères, que nous avons mis cela dans nos cœurs, allons nous-
mêmes réveiller notre joie22 ! Allons rendre gloire à Dieu tant que l’obscurité n’est
pas encore arrivée, et tant que ce jour n’est pas encore venu sur nous, le grand (jour)
brillant, celui dont le prophète (profhvth") a dit : « Voici que le Seigneur vint ! Qui
soutiendra (uJpomonhv) le jour
([30]) de son arrivée ? » (Mal 3,1-2). C’est un jour de terreur, ce jour-là ; c’est
un jour d’obscurité et de tempête, car (gavr) c’est un jour obscur et ténébreux, un
jour de cris et de trompette (savlpigx). Mais (ajllav) peut-être diras-tu : « Quel est
celui qui sera capable d’échapper à cela ? ». Écoute, et je t’instruirai. Ne crois pas en
effet (gavr), frère, que si tu veilles à ce que ton corps (sw'ma) soit pur, tu pourras
accomplir les commandements (ejntolhv) ; mais (ajllav) lorsque (o{tan) quelqu’un
t’accuse (diabavllein), toi, au contraire, (agis) avec sagesse (filosofiva) ; si
(o{tan) des gens t’invectivent, toi, au contraire, prie pour eux ; lorsque (o{tan) tu
jeûnerais (nhsteuvein), ne t’en glorifie pas, car (kai; gavr) ce n’est pas le fait que tu te
détournes de la nourriture qui constitue le jeûne (nhsteiva) véritable, mais (ajllav)
le fait que tu te détournes aussi
(31) des péchés. Il convient que nous explorions les Écritures (grafhv), car
(gavr) prête aussi (dev) attention (au fait que) c’est un bâton en bois d’amandier
(karuva)23 que le prophète (profhvth") a d’abord vu, et après cela, c’était un

18
Litt. au singulier.
19
J’ai choisi de lire ici eNÒantakoS comme dans B, plutôt que eSÒantakoS.
20
Le texte du fragment strasbourgeois donne ici ebol ∂e t[ai te] qe etounatajos eratšs.
J’ai suivi pour la traduction la leçon de B et de V, celle du fragment strasbourgeois me semblant
erronnée.
21
Litt. « qui sera placée pour être jugée (krivnein) ».
22
Ici encore, j’ai suivi dans ma traduction la leçon de B (ourot) au lieu de erht.
23
nkaroia : lire karuva. La même orthographe apparaît aussi dans B, ainsi que dans le texte même
de Jérémie (cf. Feder 2002, p. 113).
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chaudron de bronze (calkivon) brûlant24 (cf. Jér 1,11-13), pour lui montrer que
celui qui n’endurera pas (ajnevcein) le bâton de l’enseignement en ce lieu-ci, c’est
le feu de la géhenne (gevenna) qui le mettra à l’épreuve (dokimavzein) dans l’autre
lieu. C’est aussi de cette même manière qu’instruisait Moïse, au sujet d’une colonne
(stuvlo") de nuée et d’une colonne (stuvlo") de feu (cf. Ex 13,21-22), en criant à
chacun : « Celui qui obéira à la Loi (novmo") jouira (ajpolauei'n) de la lumière,
mais (dev) celui qui désobéira sera livré (paradidovnai) au feu ». Lisez les évangiles
(eujaggevlion) saints,
(32) et vous saurez que lorsque nous quitterons ce monde (kovsmo"), personne
ne pourra nous venir en aide (bohqei'n) : aucun frère ne pourra sauver un frère des
supplices (bavsano") sans fin ; aucun ami ne pourra secourir (bohqei'n) son ami, ni
(oujdev) des parents leurs enfants, ni (oujdev) des enfants leurs parents. Mais pourquoi
parlerais-je simplement (aJplw'") des hommes ordinaires25 ? Noé lui-même, et
Daniel, et Job, ne (oujdev) seraient26 pas capables de délivrer un fils ou (oujdev) une fille.
Mais (ajllav) souvent (pollavki"), tu me diras : « Quelle est la preuve (ajpovdeixi")
de ces paroles ? ».Considère cet homme, qui n’a pas sur lui le vêtement de mariage
(cf. Mt 22,12-13) : lorsqu’on l’eut chassé de la chambre nuptiale, personne, parmi
les convives, n’intercéda (presbeuvein) pour lui.

MISHA - UMR 7044


CS 50008
 Strasbourg cedex
catherine.louis@misha.fr

Références bibliographiques

Aldama de, J.A. , Répertoire pseudochrysostomien (Documents, études et répertoires publiés par
l’Institut de Recherche et d’Histoire des Textes X), Paris.
Budge E.A.W. 1910, Coptic Homilies in the Dialect of Upper Egypt, Londres.
Crum W.E. 1905, Catalogue of the Coptic Manuscripts in the British Museum, Londres.
Feder Fr. 2002, Biblia Sahidica. Ieremias, Lamentationes (Threni), Epistula Ieremiae et Baruch (TU
147), Berlin, New-York.
Orlandi T. 1974, Papyri copti di contenuto teologico, Vienne, 1974.

24
Litt. « un chaudron de bronze, une brûlure étant sous lui ».
25
Litt. « des hommes de cette manière, simplement ».
26
Litt. « seront ».

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