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Bienvenue dans cette Bienvenue dans cette séquence qui est consacrée à la réforme à

Genève. On associe souvent le nom de Calvin au concept de réforme à Genève, d'une certaine
façon bien sûr, on a raison, puisque c'est Calvin qui a donné à cette réforme de Genève une
dimension internationale, mais d'une autre façon, on a tendance à oublier que quand Calvin
est arrivé à Genève, la réforme était déjà sur ses rails. Il faut commencer, par noter que, la
première génération du seizième siècle à Genève, est une génération de grand tumulte. C'est
l'époque où les Genevois se battent pour leur indépendance, par rapport au duché de Savoie,
Henry Naef, l'historien des origines de la réforme à Genève, écrit que à la fin du quinzième
siècle, au début du seizième siècle à Genève, souffle, dit-il, le souffle puissant du civisme. Ceci,
ce souffle, va conduire d'une part, à la liberté politique, ce sera l'indépendance par rapport à la
Savoie, d'autre part, à la liberté chrétienne, c'est à dire je reprends les mots de Naef, à la
réforme, et je le cite ici, vous avez cette phrase sur l'écran: "L'indépendance et la réformation
Genevoise, sont deux sœurs inséparables, quelle fut l'aînée? Ici la métaphore ne peut plus se
poursuivre, il est rarement possible d'assigner une date, à la naissance des opinions." Nous
n'allons pas pouvoir entrer ici dans les détails de la lutte de l'indépendance, pour l'indépendance,
que connaît Genève dans la première génération du seizième siècle; mais qu'il nous suffise de
noter, avec l'historien Etatsunien William Monter, que Genève est la seule ville de toute l'Europe
qui conquiert et qui parvient à maintenir son indépendance, au moment de la réformation. Un
certain nombre de rues de Genève gardent aujourd'hui encore le souvenir de ces héros qui ont
été emprisonnés, qui ont été torturés, qui ont été exilés, qui parfois ont été exécutés, parce qu'ils
se battaient pour l'indépendance de la ville de Genève, face à la puissance de la Savoie; qu'il
s'agisse bien-sûr de Philibert Berthelier, ou d'un Besançon Hugues, ou d'un Jean Pécolat, ou
d'un Ami Lévrier. L'ennemi numéro un de Genève, nous venons de le dire, c'est la Savoie. Mais
la Savoie, c'est aussi l'évêque de Genève, car Pierre de la Baume, qui tient le siège épiscopal de
Genève, qui est à la tête d'un grand diocèse, allant jusqu'au Mont Blanc, et presque
jusqu'à Lausanne, Pierre de la Baume est une créature du duc de Savoie. C'est un homme qui
doit sa position au duc, c'est d'ailleurs un conseiller personnel du duc Charles de Savoie. C'est
ainsi que la haine de la Savoie se reporte aussi sur cet évêque. Un évêque, qui, il faut bien le
dire, est assez peu présent à Genève. Il y vient assez rarement, il se préoccupe peu de toute
évidence, du bien pastoral qui lui est confié dans son diocèse, mais s'enfuit de la ville assez
souvent. Depuis 1527, on ne le voit quasiment pas à Genève. Il reviendra, c'est vrai en 1533,
apprenant que s'y déroule un certain nombre de heurts, de bagarres, mais il n'y restera que deux
semaines, et à partir de ce moment-là, on ne le reverra plus dans la ville. Le duc de Savoie lui-
même, a fait une dernière apparition en 1525, et depuis ce moment-là, on ne l'a plus vu, lui et ses
soldats, dans la ville de Genève. Le terrain était donc prêt, pour ce qu'on appelle à Genève, la
réformation évangélique, et ici, on doit faire une précision terminologique qui n'est pas sans
intérêt : les partisans de la réforme, sont aussi les adversaires de la maison de Savoie. Etant
adversaires de la Savoie, ils vont chercher des refuges, des soutiens politiques du côté de la
confédération Suisse, du côté des Eidgenossen, ces confédérés que sont la puissance de Berne
pour commencer, mais également, celle de Fribourg, celle de Zurich et d'autres. Et c'est ainsi
qu'on va leur donner ce sobriquet qu'ils accepteront volontiers, de Eidguenots, ou Eyguenots, qui
plus tard, en France, peut être que dans la deuxième moitié du seizième siècle, on n'a plus
présente alors à l'esprit, l'origine Genevoise de ce terme, qui plus tard en France, va désigner les
protestants Français, c'est à dire les Huguenots. Les Huguenots sont, d'une certaine façon, les
anciens descendants de ces résistants à la maison de Savoie, qui se battaient à Genève dans
les années vingt, dans les années trente du seizième siècle. Henry Naef à montré comment
les idées Luthériennes, ont pu progressivement gagner Genève. Genève est une toute petite
ville, 12000, peut être 13000 habitants, serrés à l'intérieur des remparts, que l'on voit en partie,
encore aujourd'hui, mais qui pour la plupart d'entre eux ont été démolis, au milieu du dix-
neuvième siècle. L'endroit où nous sommes maintenant, le toit de l'un des bâtiments de
l'université de Genève, est en dehors, largement en dehors de la ville du seizième siècle. Et
pourtant, ces 12 à 13000 habitants ont une fonction économique importante, puisque dans leur
ville, se réunissent, quatre fois par année, des marchands, qui viennent de France, des Pays-
bas, d'Italie, d'Allemagne, des marchands qui se rendent aux foires de Genève. Ces marchands
transportent sans doute leur produits à vendre, mais ils transportent aussi avec eux des idées. Et
quand ces marchands sont libraires, le produit lui-même est l'idée. Naef a pu montrer comment,
ainsi, dès les années vingt, on connait, à Genève les idées de Luther. Et il a pu montrer comment
ces idées de Luther ont contribué à nourrir le combat pour l'indépendance de Genève. Ce
combat n'est pas allé sans heurts, l'année 1533 en particulier, a connu de nombreuses émeutes,
on les appelle dans le français d'alors des "émotions", ces émotions populaires peuvent être
sanglantes; un chanoine de Fribourg, le chanoine Werly, est tué par la foule. En 1533, au moins
d'Avril, on célèbre pour la première fois à Genève, une Sainte Cène selon le rite zwinglien, et
puis on va célébrer un baptême. Les acteurs de ce changement théologique, ont comme nom
Guillaume Farel, qui vient du Dauphiné et que nous avons vu dans la séquence, dont nous avons
parlé, dans la séquence précédente; ils ont pour nom Pierre Viret du pays de Vaud, ou ils ont
pour nom Antoine Froment. Ces gens-là vont donc contribuer à mettre en place les premiers
fondements de la réforme à Genève. Au mois d'Août 1535, prenant acte de la défection
de l'évêque, le conseil de Genève va interdire, dorénavant, la célébration de la messe. Et puis,
quelques mois plus tard, ce sera en Novembre de cette même année 1535, le petit conseil va
prendre une autre décision, très importante, dans l'histoire de Genève, la création d'un hôpital
général. De quoi s'agit-il? Un hôpital, c'est en même temps un hospice, c'est l'endroit où l'on
prend soin des pauvres, mais comme les pauvres sont souvent aussi les malades, et que les
malades sont quasiment toujours pauvres, c'est la même partie de la population dont on se
préoccupe. Un livre collectif a paru il y a quelques années à Genève, sous le beau titre : "Sauver
l'âme, nourrir le corps", tel est le principe qui prévaut à la création de cet hôpital général. Cela
étant dit, l'acte de naissance de la réforme, est encore à venir, il faudra attendre le 21 Mai 1536
pour que le peuple de Genève, l'ensemble des citoyens ayant le droit de vote, qu'on appelle le
conseil général, vote à l'unanimité, et à main levée pour l'établissement de la réformation
évangélique à Genève. Vous avez un extrait de ce texte dans le matériel qui vous est donné avec
cette séquence. Il y a une chose très importante à noter, c'est que ce même jour, ce même 21
Mai 1536, le conseil général va également édicter une mesure qui va décréter l'instruction à
Genève, je vous la lis, vous avez aussi le texte sous les yeux: "Ici est aussi a été proposé l'article
des écoles, et sur celui-ci par une même voix, est résolu que l'on tâche à avoir homme à cela
faire savant, et que l'on le salarie tellement qu'il puisse nourrir et enseigner les pauvres sans leur
rien demander de salaire ; et aussi que chacun soit tenu d'envoyer ses enfant à l'école et les faire
apprendre." L'instruction publique, on pourrait dire, en commettant un anachronisme, qu'elle est
obligatoire, que chacun soit tenu d'envoyer ses enfants à l'école, on constate qu'elle est gratuite,
mais il ne faut pas se leurrer, il y a loin de la théorie à la pratique. On verra encore longtemps à
Genève des personnes illettrées; au début du dix-septième siècle, une femme de pasteur, ne sait
pas signer autrement qu'en mettant une croix. C'est dire que le principe de 1536 mettra encore
longtemps, avant de trouver sa traduction dans la réalité. Ce que l'on voit, et nous allons terminer
par cette observation, c'est que la réforme à Genève, s'inscrit dans un vaste mouvement de
changement de société. Changement politique, avec l'indépendance par rapport à la Savoie, et
cette indépendance, Genève a su la défendre sans tomber dans le pouvoir de la puissante et
encombrante alliée de Berne. Voyez, en 1536, les Bernois prennent tout le pays de Vaud, ils
prennent tout le Chablais, c'est dire que le lac Léman, en 1536, est devenu un lac Bernois, à
l'exception, à l'exception du bout du lac, où la seigneurie de Genève veille jalousement sur ses
biens. Deuxième élément important, la réforme a une dimension sociale, on l'a vu avec la
création de l'hôpital général, pour les pauvres, pour les malades. Et le troisième élément, c'est la
dimension pédagogique de la réforme, on va salarier un maître d'école et chacun devra envoyer
ses enfants à l'école pour que chacun sache lire et écrire. Nous arrivons au terme de cette
séquence, je vous remercie de l'avoir suivie.

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