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|CANADA
PROVINCE DE QUEBEC
District de Montréal
COUR SUPERIEURE
(Chambre civile)
Ne
Dr JEAN-FRANCOIS GUITE,
500-17-102311-183
Demandeur
LE MINISTRE DE LA SANTE ET
DES SERVICES SOCIAUX,
2021 avenue Union, bureau 10.051,
ville et district de Montréal, province
| de Québec, H3A 289 ;
Defendeur
POURVOI EN CONTROLE JUDICIAIRE
(ARTICLES 34 ET 529 ET SUIVANTS C.
A LUN DES HONORABLES JUGES DE LA COUR SUPERIEURE SIEGEANT EN
|CHAMBRE DE PRATIQUE POUR LE DISTRICT DE MONTREAL, LE DEMANDEUR
| EXPOSE CE QUI SUIT
I. LE CONTEXTE
1, Le demandeur est un médecin radiologiste, tel qu'il appert de son certificat del
spécialiste en radiologie diagnostique délivré par le Collége des médecins du
Québec, pigce P-1;
2. Le défendeur est le ministre de la Santé et des Services sociaux, (ci-aprés!
«le Ministre ») lequel est seul habilité délivrer les permis en conformité avec la
Loi sur les laboratoires médicaux, la conservation des organes et des tissus et la
disposition des cadaures, RLRQ, ¢. L-0.2;
3. En 2013, le demandeur entreprendra le projet d'établir un laboratoire d’imagerie?
médicale générale (ci-aprés « LIM ») dans la ville de Saint-Jérome, avec services
d'imagerie par résonance magnétique (ci-aprés « IRM 1) ; 7
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N/D: 5851-94. Le demandeur s'appliquera les années suivantes a convaincre les divers
responsables du ministére de la Santé et des Services sociaux (ci-aprés le
« Ministére ») et les autres parties prenantes que les besoins de la population de la
région de Saint-Jérome y justifient l'établissement d'un LIM ;
5. En septembre 2013, le demandeur déposera auprés du défendeur une premiére
demande de permis pour établir un LIM avec des services IRM au 200 rue Durand
dans la ville de Saint-Jérome, tel qu’il appert de la demande de permis datée de
septembre 2013, piéce P-2 ;
6. Le 12 décembre 2013, Dr Louis Couture, Souis-ministre adjoint dé la Santé et des
Services sociaux, faisait parvenir une lettre au demandeur expliquant que le
Ministére était a élaborer des indicateurs d’accés aux services d’imagerie médicale
et des critéres de performance pour leur utilisation et qu’entre temps, aucun
nouveau permis ne serait octroyé, tel qu'il appert de la correspondance dudit
sous-ministre adjoint datée du 12 décembre 2013, piéce P-3 ;
7. Le demandeur s'armera de patience et lorsqu’il sera informé par le Directeur des
affaires médicales et universitaires du Ministére, Dr Pierre Blanchard, que les
travaux du Ministére étaient terminés, il présentera, le 25 mars 2015, une
demande de réactivation de la demande initiale de permis, tel qu'il appert de la
demande de réactivation de permis datée du 25 mars 2015, piéce P-4 ;
8, Le 23 décembre 2015, Dr Pierre Lafleur, Sous-ministre adjoint de la Santé et des
Services sociaux, signera la lettre par laquelle la demande de permis du
demandeur est rejetée pour quatre motifs, le tout tel quil appert de la
correspondance dudit sous-ministre adjoint datée du 23 décembre 2015,
pice P-5 ;
9, Le 29 février 2016, le demandeur présentera une nouvelle demande de permis de
LIM avec services IRM toujours pour l'adresse située au 200 rue Durand dans la
ville de Saint-Jérome, en prenant soin de répondre aux motifs qui avaient justifié
le rejet de sa demande initiale, et ce, tel qu'il appert de la demande de permis
datée du 29 février 2016, piece P-6 ;
10,Le 6 septembre 2016, compte tenu de l’absence de nouvelles du Ministre et du fait
qu'un groupe commercial qui avait présenté une demande concurrente de permis
de LIM, tentait de s’établir a Vadresse en face de celle choisie par le demandeur
pour opérer le LIM projeté, le demandeur bonifiera sa demande de permis en
| validant Vintérét de dix des douze radiologistes ceuvrant au sein de l'hépital de
Saint-Jérome a s'impliquer professionnellement dans le LIM projeté, et ce, tel quil
appert de la correspondance adressée au Ministre datée du 6 septembre 2016,
piece P-7 ;
1L.Le 12 septembre 2016, suite a des échanges avec le CISSS des Laurentides et le
Ministére, le demandeur bonifiera une fois de plus son projet en proposant une
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DUPUIS PAQUIN
N/D: 5451-3nouvelle adresse d’exploitation du LIM projeté, au 300, Sé* rue dans la ville de
Saint-Jéréme, terrain vacant devant accueillir un immeuble médical neuf de
60 000 pieds carrés ;
12.En mai 2017, Jean-Francois Foisy, PDG du CISSS des Laurentides (ci-aprés
« Foisy »), informera le demandeur qu'il obtiendrait Pautorisation d'établir le LIM
projeté, en lavisant que le Ministére I'accorderait s'il devait opter pour une adresse
@opération dans l'immeuble étre construit par Médifice inc., adresse située
immédiatement a c6té du 300, Sé° mie, ou encore pour une autre adresse de son
choix ;
engagements envers les propriétaires du 300, Se rue et entamer des négociations
avec le président et propriétaire de Médifice inc., Marcel Landry (ci-aprés
« Landry ») ;
f
|
| 13.Pour répondre A cette invitation, le demandeur devra se dégager de ses
14.Le 18 mai 2017, suite & deux semaines de négociations intenses avec Landry,
Ie demandeur signera une entente de principe avec Médifice inc., prévoyant les
paramétres d’établissement du LIM dans son immeuble a étre construit, et ce, tel
quill appert de cette entente datée du 18 mai 2017, piéce P-8 ;
| 15.Le 19 juillet 2017, le demandeur recevra une correspondance du Ministre refusant
la demande de permis pour la fourniture des services IRM, estimant que les
besoins de la région ne commandaient pas loctroi du permis, tel qu'il appert de la
correspondance du Ministre relative aux services IRM datée du 14 juillet 2017,
piéce P-
16.Le méme jour, le demandeur recevra une correspondance signée de la main du
Ministre Vautorisant a procéder a 'aménagement des locaux et a linstallation des
équipements de radiologie pour V'opération d'un LIM, lui accordant un délai d'un
an pour réaliser son projet, tel qu'il appert de la correspondance. du Ministre
relative au LIM datée du 14 juillet 2017, piéce P-10 ;
17.Le demandeur s'enquerra auprés du Ministére des raisons pour lesquelles il était
mentionné dans la lettre d'octroi de T'autorisation d’ouverture du LIM qu'elle ne
constituait pas un permis d'opérer les équipements de radiologic. Le Ministére
informera le demandeur que c’était 14 la pratique du Ministére ;
18.A compter de ce moment, le demandeur déploicra des efforts humains et
financiers considérables pour mener a bien Je projet d’établissement du LIM ;
19.Entre temps, le demandeur commence A entendre des rumeurs a T'effet que le
groupe commercial qui avait présenté une demande concurrente travaillait avec
dautres intéréts privés dont Médifice inc. pour renverser la décision du Ministre ;
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N/D: 5451-3| 20.C'est dans ce contexte que, dans les semaines qui suivront, Médifice ine. prendra
| des positions contraires a Ventente de principe du 18 mai 2017. La société de
Landry :
- refusera d'accorder I'espace suffisant dans son projet immobilier qu'il avait été
convenu d'allouer au LIM ;
- _refusera de respecter les termes financiers convenus nuisant ainsi a la viabilité
@ court et moyen terme du LIM ;
+ Yehlisera de” Consentir aux amienageMments physiques Técéssaires “pour bier
servir les futurs usagers du LIM.
21.Ces positions intenables et irréconciliables avec une opération viable d'un LIM
destiné & la population de Saint-Jéréme forceront le demandeur a chercher un
plan alternatif pour la mise en place de son projet ;
22.Le demandeur finira par trouver en le Projet Valéo Yoption de relocalisation
parfaite :
- L’accés pour la clientéle ambulatoire se serait vu facilité par la localisation
visible et aisément accessible en bord d’autoroute, sans avoir a entrer dans le
secteur congestionné de la localisation initiale ;
| - Le potentiel nouvel emplacement se trouvait A une distance adéquate de
Vhopital tout en desservant plus spécifiquement louest de Vautoroute 15, une
i des régions du Québec dont la croissance démographique est la plus forte ;
| - La Ville de Saint-Jérdme se montrait enthousiaste et coopérative & la création
| dune navette entre P’hopital et le site (qui se situe 4 2,2 km de lhépital), a la
| création de nouvelles lignes de transport en commun, 4 I’élargissement de la
I rue daccés, a la création de nouveaux arréts d’autobus, a la création d'une
i nouvelle signalisation et & la mise en branle de processus rapides
| d'autorisations des permis ;
i
- Le partenaire immobilier s‘était engagé a installer un immeuble de
60 000 pieds carrés d'une dimension suffisante pour y établir une destination
santé de premiere ligne avec notamment les caractéristiques suivantes : un
nombre suffisant d’ascenseurs, une marquise pour débarcadére pour le
transport adapté et la navette inter hospitaliére, un hangar 4 ambulances pour
faciliter les transferts nécessaires, 230 places de stationnements gratuits et
une liberté offerte aux médecins dans le choix des locataires adjacents ;
23.Le 23 octobre 2017, le demandeur enverra une correspondance au Ministre afin
d'obtenir son avis sur une éventuelle relocalisation vers le site du Projet Valéo, tel
quil appert de la correspondance au Ministre datée du 23 octobre 2017,
piece P-11;
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ND: 5451-824.Le demandeur sollicitait ainsi l'avis du Ministre afin qu'il soit en mesure de
déterminer sil powvait relocaliser son projet dans un site qu'il considérait apporter
des bénéfices supérieurs a la population ou sil n’avait d’autre choix que d’engager
des procédures judiciaires contre Médifice inc. pour que Ventente de principe
convenue soit respectée ;
25.Le Ministére indiquera au demandeur quil consultera le CISSS des Laurentides
au sujet de la relocalisation et requerra le 26 octobre 2017, de Vinformation
supplémentaire quant a la distance entre les deux sites, information qui sera
fournie le jour méme tel quill appert de Véchange de correspondance entre
le Ministére et le demandeur le 26 octobre 2017, piece P-12 ;
26.Le 6 novembre 2017, sans nouvelles du Ministére, le demandeur le relancera, tel
quill appert de la correspondance au Ministre, datée du 6 novembre 2017,
piece P-13 ;
27.Le 14 novembre 2017, le CISSS des Laurentides donnera son aval a la
relocalisation du LIM vers le site du Projet Valéo ;
28.Le 15 novembre 2017, le demandeur demandera une nouvelle fois au Ministére de
se positioner par rapport a la relocalisation du LIM sur le site du Projet Valéo, tel
quill appert de la correspondance au Ministre datée du 15 novembre 2017,
piéce P-14 ;
29.Entre le 25 et le 30 novembre 2017, le demandeur et ses associés se rendront a
Chicago et s’affaireront A l'acquisition des équipements dimagerie médicale
nécessaires a l'opération du LIM ;
30.Les appels dioffres seront lancés dés leur retour au Québec, la sélection du
meilleur offrant devant clle étre arrétée au plus tard le 18 janvier 2018 ;
31.Le 29 novembre 2017, ta direction des services professionnels du CISSS des
Laurentides fera parvenir une invitation aux radiologistes et autres médccins de
Vhopital, dont le demandeur, pour la présentation du projet médical de Landry ;
32.Le demandeur assistera a cette réunion et sera témoin de affirmation des
promoteurs de Médifice inc. a effet qu'un LIM opéré par le compétiteur,
Radiologix, y prendrait place ;
33.Le I" décembre 2017, le demandeur relancera une fois de plus le Ministére quant
@ la relocalisation du LIM, tel qu’ll appert de la correspondance au Ministre datée
du Le décembre 2017, pice P-15 ;
34.Le ou vers le 5 décembre 2017, le demandeur contactera Michel Bureau, Sous-
ministre associé de la Santé et des Services sociaux, pour Vinformer de Vurgence
obtenir une décision du Ministre en vue de respecter les délais prescrits par
Vautorisation ministérielle d’aménagement du LIM du 14 juillet 2017, lequel sous-
ministre associé l'informera qu'une décision finale sur la relocalisation serait
rendue prochainement ;
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NyD: 5451-335.A cette époque, des efforts importants avaient été déployés et continuaient a Vétre
pour mobiliser les équipes médicales dans le cadre de la réalisation du Projet
Valéo, des offres de location de groupes médicaux avaient été signées ou étaient en
voie de Vétre et des sommes majeures avaient é€é investies pour permettre la
réalisation du Projet Valéo dans les délais ;
|
36.Le ou vers le 20 décembre 2017, le Ministre enverra une lettre au demandeur qui
ne sera recue que le 9 janvier 2018 vers minuit le soir dans un courriel de
Favocate du Ministére, et seulement aprés avoir découvert son existence
fortuitement et entrepris de multiples démarches pour lobtenir, Vavisant de sa
| décision de + procéder d une nowvelle analyse de [sa/ demande dé permis de LIM
| pour sassurer quelle réponde adéquatement aux besoins de la population » ;
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i
37.Dans sa lettre du 20 décembre 2017, le Ministre exige du demandeur : 1) une
confirmation écrite des personnes qui exerceront au sein du LIM ; et 2) les
informations relatives & l'état dlavancement du projet afin de valider la possibilité
que le projet soit complété dans les délais prescrits ;
38.Entre le 9 janvier 2018 et le 20 janvier 2018, le demandeur, le Ministre et leurs
avocats respectifs échangeront plusieurs correspondances en lien avec la demande
davis sur la relocalisation du LIM et Ia lettre du 20 décembre 2017, et ce, tel qu'il
appert de change de correspondances entre le 9 janvier 2018 et le 20 janvier
2018, en tiasse, piéce P-16 ;
39.Le 26 janvier 2018, Ie demandeur recevra par lettre recommandée la décision du
| Ministre indiquant que « malgré la pré-autorisation déja transmise, [sa] demande
de permis pour lopération dun LIM a SaintJérome est refusée », tel quil appert de
la correspondance du Ministre datée du 24 janvier 2018, piéce P-17 ;
40.Dans cette annonce choc, le Ministre tient aussi a préciser que « [il] naurait tout de
méme pas accepté la derniére demande de changement d'adresse transmise en
octobre dernier considérant qu'fil) était davis que le site préaiablement accepté [oelui
de la société de Landry] permettait de répondre plus adéquatement aux besoins de
la population » ;
41.Tout au cours de cette saga, le demandeur a été conseillé et guidé par le
consultant Eric Rousseau (ci-aprés « Rousseau »), qui possédait Texpérience du
dispositif et des processus mis en place par le Ministére pour l'octroi de permis de
LIM. Le demandeur avait engagé Rousseau en février 2015 comme mandataire
pour qu'il prenne la charge de ses communications avec le Ministére et le CISSS
des Laurentides et produire ses représentations a ces instances. Or, un peu avant
que le Ministre n'annonce sa décision choc, Rousseau renongait @ son mandat
dans des circonstances plus que troublantes ;
42.Jusqu’a trés récemment, le demandeur était dans l'ignorance du véritable cadre
juridique dans lequel les décisions du Ministre disposant de ses demandes de
permis de LIM devaient étre prises ;
es Page 6 de 18
&
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N/D: 5451-3I, LE CADRE JURIDIQUE DE LA DECISION CONTESTEE.
43.C’est la Loi sur les Laboratoires médicaux, la conservation des organes et des tissus
et la disposition des cadavres (ci-aprés « La Loi ») et non les pratiques du Ministére
qui circonscrit les pouvoirs du Ministre de délivrer des permis de LIM, et plus
précisément, son article 36 qui se lit comme suit :
36. Sans égard au nombre de permis en vigueur ou au nombre de demandes de permis, le
ministre délivre le permis si le demandeur remplit les conditions et les modalités déterminées
par réglement et sil verse les droits qui y sont prescrits.
Il delivre toutefois un premier permis @ toute personne qui opére un laboratoire le 17 avril
1974,
Nonobstant le premier alinéa, le ministre peut refuser toute demande de permis de laboratoire,
siilestime que les besoins de la région oui doit étre situé ce laboratoire ne le justifient pas.
44,Suivant ces balises impératives imposées par le législateur, la seule discrétion
dont dispose le Ministre relativement @ la demande d’un médecin radiologiste
remplissant les conditions réglementaires, est de refuser une demande de permis
de LIM « si les besoins de la région ov doit etre situé ce laboratoire ne le justifient
pas»;
45.Le 14 juillet 2017, exercant sa discrétion en évaluant que les « besoins de la
région » le justifiaient, le Ministre a transmis au demandeur une autorisation
@aménagement du LIM ;
| 46.Méme si, dans sa décision choc de révoquer I'autorisation d'aménagement
accordée le 14 juillet 2017, le Ministre sfefforce de faire accroire qu’aucun permis
navait encore été délivré en présentant cette autorisation comme une « pré-
autorisation » n’octroyant aucun droit d’opération, la Loi ne distingue pas entre un
| permis d’aménagement de LIM et un permis d’opération de LIM
47.D'ailleurs, les conditions prévues A Vautorisation du 14 juillet 2017 impliquent
nécessairement que le titulaire de l'autorisation aménage entigrement tous les
aspects liés a operation d’un LIM ;
48.Ainsi, cette distinction artificielle entre permis d’aménagement de LIM et permis
@opération de LIM ne peut tenir la logique. Il ne peut étre demandé aux médecins
radiologistes dinvestir avec leurs associés dans l'aménagement d'un LIM
consacrant ainsi des millions de dollars en ressources financiéres et en temps,
sans avoir accordé le droit au permis du LIM ;
49.En fait, une fois que le permis d’aménagement est accordé & un médecin
radiologiste, aucune discrétion ne subsiste pour le Ministre qui a alors déja évalué
les « besoins de la région » que ce soit pour conclure que ce critére justifiait la
délivrance du permis sinon que ce critére n’empéchait pas sa délivrance ;
50.11 en résulte que les conditions subsistant pour délivrer le permis d’opération ne
sont que des formalités techniques ne laissant place a aucune discrétion
ministérielle ;
& Page 7 de 18
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N/D: 5851-351.Conséquemment, la seule interprétation qui tienne est que la Loi ne prévoit la
délivrance que d'une sorte de permis et que le demandeur Ia obtenu le 14 juillet
2017 avant que le Ministre ne le révoque dans Varbitraire le 24 janvier 2018 }
52.Toute autre interprétation par le Ministre de son autorisation du 14 juillet 2017
ne constitue qu'une vaine tentative de ses conseillers juridiques de le placer en
meilleure situation pour justifier sa décision arbitraire ;
53.En proposant la formulation de ses lettres du 20 décembre 2017 et 24 janvier
2018, les conseillers juridiques di Ministre omettent notamment de rappeler 4 ses.
souvenirs la lettre du PDG du CISSS des Laurentides adressée le 3 aout 2017 &
ses deux sous-ministres et of on peut lire
« Tout dabord, nous saluons la décision d’accorder un permis de LIM sur le
territoire de Saint-Jéréme. Ceci répondra assurément aux besoins croissants
de notre population. [..]»
54.Considérant ce qui précéde, le demandeur s'estime bien fondé de s’adresser au
Tribunal administratif du Québec, conformément A Varticle 41 de la Loi, son
permis ayant été révoqué par le Ministre dans sa lettre datée du 24 janvier 2018 ;
55.Malgré ce qui précéde, et afin de préserver ses droits, le demandeur loge
également le présent pourvoi en controle judiciaire de la décision du Ministre
| constatée dans cette méme lettre ;
IIL LES QUESTIONS EN LITIGE
56.Les questions en litige dans le cadre du présent pourvoi en contréle judiciaire sont
les suivantes
A. Le Ministre était-il_functus officio lorsqu’il a rendu sa décision le 24 janvier
2018 ?
B. Le Ministre a-t-il excédé sa compétence par sa décision du 24 janvier 2018 >
C, La décision du 24 janvier 2018 du Ministre est-elle raisonnable ?
D. Le Ministre a-t-il manqué a léquité procédurale et aux exigences de la justice
naturelle lorsqu'il a rendu sa décision du 24 janvier 2018 ?
A. LE MINISTRE ETAIT FUNCTUS OFFICIO
57.Le demandeur soumet que la norme de contréle applicable A cette question est la
norme de la décision correcte ;
| 58.Le Ministre, ayant analysé les « besoins de la région » préalablement &
Vautorisation du 14 juillet 2017, ne pouvait pas revenir sur cette décision
| le 24 janvier 2018 ;
nN page 8 de 18
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N/D: 5451-359.En effet, ayant exercé sa compétence le 14 juillet 2017, le Ministre était dessaisi
de la question et ne pouvait pas se repencher dessus quelques mois plus tard
dans sa réponse a une demande qui recherchait tout simplement son avis sur la
relocalisation du LIM ailleurs qu’a l'adresse ott le projet avait été autorisé ;
60.Une interprétation différente ne se justifie pas dans les circonstances alors que,
une fois I'autorisation du 14 juillet 2017 obtenue, le demandeur disposait d'un
délai d'un an pour mener & bien l'entiéreté de son projet avant de pouvoir
benéficier du permis d’apération ;
G1. est donc inconcevable qu’entre le moment de Voctroi du permis d’aménagement
et celui du permis d’opération, que le Ministre soit autorisé A réévaluer le critére
des « besoins de la région » ;
62.La présente affaire montre a quel point cette prérogative que s'est octroyée le
Ministre nous plongerait dans un absolu arbitraire ;
63.A compter du 14 juillet 2017, le demandeur était légitimé et avait acquis le droit
de considérer que le pouvoir discrétionnaire du Ministre reposant sur les « besoins
de la région » avait été vidé. Le Ministre était devenu a l'égard de cette question
functus officio ;
64. Ce principe est un fondement de notre droit administratif
Black's Law Dictionary (Se éd. 1979)
(TRADUCTION) “une fonetion remplie’:
[TRADUCTION] Ayant rempli sa fonction, s'étant acquitté de sa charge ou ayant réalisé son
objectif et n’ayant done plus aucun pouvoir ni compétence. S'apptique a un fonctionnaire
dont le mandat est expiré et qui n'a donc plus de pouvoir officiellement; également & un acte, A
un pouvoir, & un organisme, etc., qui a atteint Tobjectf visé lors de sa constitution et n'a done
plus aucun autre effet.
Prineipes de contentieux administratif (2e éd. 1982)
Dans les cas des actes quasi judiciaires, la jurisprudence considére que les décisions
réguliérement rendues sont irrévocables, On veut en quelque sorte que les droits accordés ou
reconnus aux administrés par lAdministration ne puissent étre remis en cause par le biais
d'un pouvoir de reconsidération; les administrés ont droit a la sécurité juridique des
décisions, Une fois la décision rendue, le dossier est fermé et 'Administration est “Tunctus
officio®. [.)
B, LE MINISTRE A EXCEDE SA COMPETENCE
65.Le demandeur soumet que la norme de contréle applicable & cette question est la
norme de la décision correcte ;
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NYD: 5431-366.Tel que précédemment mentionné, c'est l'article 36 de la Loi qui encadre V'exercice
du pouvoir discrétionnaire du Ministre dans sa prise de décision relative A la
délivrance de permis de LIM, sa discrétion se limitant a refuser la délivrance si elle
n'est pas justifiée par les » besoins de la région » ;
67.La seule autre implication du Ministre dans le processus de délivrance du permis
n'est pas discrétionnaire, En effet, le Ministre n"a pas le choix de délivrer le
permis
L..] si le demandeur remplit les conditions et les modalités déterminées par
reglementet sit verse tes droits qui-y sont prescrits:
68.Bn Tespéce, le demandeur avait jusqu’au 13 juillet 2018 pour faire valoir au
Ministre qu'il avait rempli ces conditions et ces modalités et qu'il avait versé les
droits prescrits ;
69.0r, la décision du 24 janvier 2018 justifie Ia révocation du permis par des motifs
complétement étrangers aux « besoins de la région », aux « conditions » et
« modalités » déterminées par réglement et aux « droits » qui y sont prescrits ;
70.Selon ce qui y apparait, la décision du Ministre de révoquer le permis du
demandeur repose sur les motifs suivants :
- Les médecins du département de radiologie du Centre intégré de santé et de
services sociaux de Saint-Jérdme ont retiré leur appui A la demande de permis
du demandeur ;
- La majorite des médecins radiologistes qui se disent maintenant préts &
exercer leur profession dans le LIM du demandeut sont de Vextérieur de la
région des Laurentides ;
- Le site préalablement accepté permettait de répondre plus adéquatement aux
besoins de la population.
71.Ainsi, malgré la clarté de la législation encadrant les conditions de délivrance des
permis de LIM et le pouvoir discrétionnaire limité y ayant trait, Ie Ministre a
outrepassé sa compétence en ajoutant des exigences non prévues dans la Loi et
ses réglements ;
C. LA DECISION EST DERAISONNABLE
72.Le demandeur soumet que la norme de contréle applicable & cette question est la
norme de la décision raisonnable ;
73.La décision de révoquer le permis du demandeur pour des motifs non prévus dans
Ja Loiet ses réglements ne peut étre que déraisonnable ;
|
y
a Page 10 de 18
DUPUIS PAQUIN
NyD: 5451-2la relocalisation du LIM ailleurs qu’a l'adresse oui il avait été autorisé ne peut étre
que déraisonnable ;
|
: | 74.La décision de révoquer le permis du demandeur suite a une demande d’avis sur
75.S'agissant des motifs ayant trait au fait que le site de Médifice inc. répondait plus
DUPUIS PAQUIN
N/D: 5451-3
adéquatement aux besoins de a population, le Ministre prend une position
incompréhensible au regard des renseignements qui lui avaient été soumis par le
demandeur dans sa communication du 10 janvier 2018 et dont voici un extrait
Aucun doute ne doit subsister dans Vesprit des interlocuteurs ministériels sur
la capacité du PROJET VALEO a naitre en temps opportun si le ministére
accorde son autorisation avant le 19 janvier 2018. Les permis de construction
de a ville avec plans et devis finaux ont éés soumis en décembre et sont
attendus dans la semaine du 8 janvier 2018, Le calendrier de réalisation et
la clause pénalisante de retard d’exécution du contracteur rassure sur le
respect des échéanciers: Nous joignons dailleurs a la présente tous les
documents utiles informant sur ld faisabilité du projet.
Le PROJET VALEO qui, nous en sommes convaincus, apportera de plus
grands bénéfices pour la région, pour ses usagers et pour les médecins y
travaillant est évidemment contraire aux intéréts financiers de Ventreprise
Médifice. [...]
En fin de compte, les promoteurs du LIM de StJérome implanteront celui-ci
dans la localisation que te Ministere attribuera quelle que soit cette
localisation. Cependant, nous aurions besoin que cette décision soit prise
urgemment et @ la lumiére des faits décrits dans la présente.
Cest ainsi que nous attendrons une réponse finale de la part du Ministére
ici le 19 janvier 2018, sans quoi nous devrons considérer qu'il s’agit d'un
refus de relocalisation et prendrons alors les mesures nécessaires pour mener
@ bien létablissement du LIM @ la localisation initialement acceptée par le
Ministére, a savoir sur le site de Médifice,
76.De plus, s‘agissant des motifs ayant trait a la perte de l'appui des médecine du
département de radiologic du Centre integré de santé et de services sociaux de
Saint-Jérome, le Ministre prend une position incompréhensible au regard des
renseignements qui lui avaient été soumis par le demandeur dans sa
communication du 19 janvier 2018 et dont voici un extrait :
Tout cela montre a quel point est évolutif lappui de tel ou tel radiologue a tel
ou tel projet 4 tel ow tel moment. Diailleurs, lautorisation d’aménagement que
vous nous avez accordée ne posait aucune condition de la nature de celle qui
ressort de votre lettre. Jamais il nous a été demandé de maintenir un
répertoire de « confirmations écrites de personnes qui exerceront au sein du
LIM ».[..]
Page 11 de 18Cela-dit, nous sommes convaincus que lorsque le LIM sera en opération,
Vengouement sera contagieux et nous aurons réalisé le pilier unificateur dont
ce groupe a besoin depuis plusieurs décades.
Pour terminer sur ce volet, nous ne pouvons que réitérer le caractére inclusif
de notre projet qui a obtenu votre autorisation d’aménagement, Il ne nous
apparait pas envisageable ni du point de vue éthique ni autrement, que
Vautorisation d’aménagement puisse étre remise en question en cours de
réalisation alors que nous garantissons ce qui est lessentiel :
~-le-contréle de Vorganisation par des-radiologues-locaux:;
- le présentiel nécessaire au succes médical de ce projet via les
obligations reliés 4 Vactionnariat
- le caractére totalement inclusif du projet, le tout, & Vimage du projet
initialement déposé.
Non, rien n'a changé dans notre projet si ce n’est le travail de sape qui
influence et intimide momentanément certains collégues.
D. LE MINISTRE A MANQUE A L’EQUITE PROCEDURALE ET AUX EXIGENCES DE
LA JUSTICE NATURELLE
77.Le demandeur soumet que la norme de controle applicable est la norme de la
décision correcte ;
78.11 ressort de ce qui précéde que les lettres du Ministre datées du 20 décembre
2017 et 24 janvier 2018 n'ont pas été émises et les décisions qu’elles
communiquaient n'ont pas été prises suivant des préoccupations légitimes li¢es
aux besoins de la population et au meilleur intérét général ;
79.Le comportement du Ministre depuis limplication des médias dans cette affaire,
sinscrivant dans le cadre de la contestation par des groupes commerciaux
concurrents celui du demandeur de sa décision d'octroyer & ce dernier le permis
de LIM, sert une finalité impropre, étrangére A celle que la Loi lui a confiée ;
80.Considérant tout ce qui précéde, le demandeur est justifié de demander que soient
annulées judiciairement les décisions rendues par le Ministre le 20 décembre
2017 et le 24 janvier 2018 et qu'il soit ordonné au Ministre de délivrer au
demandeur un permis de LIM ;
POUR CES MOTIFS, PLAISE A LA COUR:
ACCUEILLIR le présent pourvoi en controle judicaire ;
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DUPUIS PAQUINDUPUIS PAQUIN
N/D: 5451-3
ANNULER
ANNULER
ORDONNER
la décision du Ministre de 1a Santé et des Services sociaux
contenue dans sa lettre datée du 20 décembre 2017 par
laquelle le Ministre décide de procéder A une nouvelle analyse
de la demande de permis de LIM présentée par le demandeur
le 29 fevrier 2016 ;
la décision du Ministre de la Santé et des Services sociaux
contenue dans sa lettre datée du 24 janvier 2018 par laquelle
le Minsitre décide de révoquer le permis de LIM accordé au
demandeur le 14 juillet 2017.
au Ministre de la Santé et des Services sociaux de délivrer au
demandeur un permis de LIM assorti des mémes
caractéristiques que celui qui lui a été délivré le 14 juillet
2017, et & la condition que le demandeur remplisse les
conditions et les modalités déterminées par réglement, dans sa
version actuelle, et qu'il verse les droits qui y sont prescrits
dans l'année suivant le jugement définitif a étre rendu dans
cette affaire ;
LE TOUT, avec frais de justice.
ea, NOCATS ET
ipa At
Laval, le 26 février 2018
(S] DUPUIS PAQUIN
DUPUIS PAQUIN
Avocats du demandeur
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