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SUPPRESSION DES
MINORITÉS
‘Transface’ ,’Whitewashing’, ‘Blackface’… a-t-on à ce point peur d’une
représentation inclusive ?
Assimilation
culturelle
Peut être considérée comme
étant un mécanisme
d’adaptation, à travers lequel
Appropriation culturelle (n.f) : action de s’approprier des
un individu ou un groupe
subjugué adopte la culture du aspects d’une culture qui n’est pas la sienne. Cela reste par
groupe dominant contre très élémentaire comme définition et ne va pas
principalement pour des fins suffisamment loin pour prendre en compte la dynamique du
de survie. Exemples : lissage pouvoir social qui permet aux membres d’une culture
de cheveux chez les femmes dominante de prendre des éléments d’une culture d’un peuple
noires dans l’occident, qui subit continuellement une discrimination systémique de la
adoption de noms arabes chez part de ce même groupe dominant.
les peuples Amazighs après
l’Arabisation de l’Afrique du
Nord, adopter l’anglais comme
première langue pour les
peuples indigènes de
l’Amérique du Nord…
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Zakaria NASSREDDINE ASINSA1 GR93 - INSA Lyon 09/04/2018
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Une affirmation est sûre : on a tendance à réduire les cultures et les identités des
minorités à des accessoires et des costumes que l’on préfère voir incarnés par des individus
provenant des groupes privilégiés dans la société, et ça ne touche pas qu’aux groupes
ethniques, mais également aux minorités sexuelles, aux gens en handicap… Ce qui nous mène
vers l’une des formes de suppression des minorités les plus prédominantes de nos jours:
l’effacement dans l’industrie du divertissement et des médias.
Transface :
Les exemples sont multiples: Eddie Redmayne dans ‘The Danish Girl’, Jared Leto dans
‘Dallas Buyers’, Matt Bomer dans ‘Anything’, Jeffrey Tambor dans ‘Transparent’…
Jouer un rôle transgenre est même devenu un raccourci pour booster sa carrière et
attirer une reconnaissance dans l’industrie, d’autant plus lorsque c’est accompagné d’une
transformation physique: générer du buzz et des prix n’a jamais été aussi facile.
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On ne peut clairement pas nier que le choix d’actrices transgenres reste assez limité,
mais on n’attribue même pas ces rôles de femmes à des… femmes. Avoir des hommes derrière
ces rôles contribue au scénario classique et transphobe que les femmes transgenres ne sont
pas de ‘vraies’ femmes, mais des hommes en déguisement.
Le terme en soi de ‘transface’ peut ne pas être approuvé par tout le monde. Il prête à
confusion et donne l’impression de vouloir récupérer une notion d’oppression raciale pour
exprimer l’ampleur d’une discrimination non motivée par une idéologie de suprématie
ethnique. Mais les similitudes entre les deux pratiques sont flagrantes: un groupe privilégié
s’approprie un stéréotype d’un groupe opprimé, souvent à des fins de moquerie, toujours afin
d’avoir un contrôle total sur la représentation.
Ses propos peuvent s’expliquer par le constat que, lorsque ce n’est pas pour en faire une
tragédie ou communiquer l’idée que toutes la communauté trans se sent mal dans sa peau et
sombre dans la haine de soi, c’est pour avoir des personnages plats qui ont comme seule
dimension et caractéristique leur identité non-binaire, avec absolument rien d’autre à offrir.
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‘Cripping-up’
Se faire passer pour un handicapé, c’est devenu une façon presque efficace pour un
acteur de bien mettre en avant ce qu’il possède comme talent. C’est tellement commun et
normalisé que l’on voit, pour la plupart, difficilement en quoi cela pose problème. Mais si
Hollywood n’arrive pas à assumer la réalité de la communauté handicapée, quel message est-ce
que cela transmet aux jeunes audiences, et plus particulièrement la jeune population
handicapée ?
Cela ne change presque jamais d’un film à l’autre : on reproduit des histoires répondant à des
codes narratifs bien définis, renvoyant le handicap à la tragédie, aux leçons de vie et du
dépassement de soi… L’acteur valide est là pour mimer et grimer un handicapé. Ne demandant
aucune réelle prise de risque, c’est quand même très payant comme activité. Il suffit de jeter
un coup d’oeil sur le nombre d’acteurs valides ayant reçu un Oscar après avoir incarné un
personnage handicapé pour s’en rendre compte. Un autre industrie à part entière, qui se
dévoue non pas à raconter des histoires sur des personnages handicapés, mais sur le handicap
en soi. Les comédiens handicapés se retrouvent complètement mis à part, devant un
sentiment d’incapacité totale à jouer non seulement des personnages valides (cela s’impose
presque comme une évidence), mais même pas des personnages inspirés de leurs propres
vécus. A Hollywood, des acteurs valides ont joué 95% des personnages handicapés.
On s’approprie les rôles, les récits et la parole d’une communauté marginalisée pour en faire
un tas d’opportunité de plus, pour ceux qui ont en déjà le monopole.
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Whitewashing
Pratique de casting dans l’industrie du cinéma Hollywoodien qui consiste à recruter des
acteurs caucasiens pour jouer des rôles de personnages d’héritage culturel et historique non-
blanc. Une véritable censure pour les multiples talents provenant d’autres races.
Aussi tôt que les débuts du 20ème siècle, les acteurs blancs se sont mis à caricaturer les
différentes races en pratiquant le “blackface” ou le “yellowface”, pour exagérer les stéréotypes
sur les apparences physiques des autres ethnies.
Au début du 21ème siècle, les minorités restent toujours aussi sous-représentées. Alors que les
rôles de personnages noirs reviennent maintenant généralement aux acteurs noirs, la pratique
du whitewashing reste toujours fortement présente lorsqu’il s’agit d’autres minorités.
Prenons l’exemple du film ‘Aloha’, sorti en mai 2015, avec Emma Stone, actrice blanche, jouant
le rôle d’une femme d’origine hawaïenne et chinoise. La jeune blonde n’était pas la seule, avec
une équipe d’acteurs quasi-exclusivement caucasienne: Bradley Cooper, Rachel McAdams,
Bill Murray, John Krasinski, Danny McBride, Alec Baldwin. Qu’est-ce qu’ils ont tous en
commun ? On se doute que ce ne soit que leur talent. Il est important de noter que les blancs
forment une minorité à Hawaïi, où 70% de la population est constituée de gens de couleur.
C’est l’état américain avec la plus large population Asiatique et Insulaire du Pacifique, et la
plus basse population blanche dans les États-Unis. Le film est tourné dans un endroit qui
détient une immense signification culturelle pour le peuple de Hawaï , qui se retrouve
malheureusement réduit à une simple toile de fond exotique pour raconter une histoire
centrée sur des personnages blancs. Guy Aoki, ancien résident de Hawaii et fondateur du
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Réseau d’Action Médiatique pour les Asio-Américains souligne: ‘Aloha s’inscrit dans la
continuité de plusieurs films (The Descendants, 50 First Dates, Blue Crush, Pearl Harbor) qui
utilisent Hawaii pour son arrière plan exotique, en excluant toute la population qui y vit. C’est
une véritable insulte envers le tissu culturel d’un archipel aussi incroyablement riche.’
Le problème s’aggrave davantage en prenant en compte l’histoire d’Hawaii avec les américains
blancs: celle de la colonisation, de l’exploitation et d’une industrie de tourisme. Les colons ont
longuement opprimé les peuples indigènes, banni leur langue avant de s’approprier leur
culture pour en tirer profit. D’après le Bureau du Recensement des États-Unis, 15% des
habitants de Los Angeles (là où la plus grande portion de films et de séries est produite) est
d’origine Asiatique ou Insulaire du Pacifique, qui n’arrive à décrocher que 4,4% des rôles, où
plusieurs ne sont pas plus que de rôles secondaires incarnant encore plus de clichés.
Avant autant de restrictions et des rôles aussi limités, les acteurs asiatiques ne peuvent pas se
permettre d’être sélectifs au niveau des rôles qu’ils acceptent faire. Avec les Insulaires du
Pacifique, beaucoup d’acteurs ont souvent à jouer des personnages d’héritages et d’ethnies
transversalement différents, ce qui perpétue le stéréotype que les asiatiques et la culture
asiatique sont interchangeables. Le manque de rôles et l’utilisation excessive de la rhétorique
répétitive du personnage asiatique typique comme vu et revu dans presque tous les films qui
en incluent un donne l’impression qu’être asiatique est une identité monolithe et que tous les
Asio-américains ont impérativement les mêmes expériences.
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La récente sortie du film “Call Me By Your Name” a permis de pousser encore plus loin
la reflexion sur une autre habitude typique de Hollywood pas très différente de tout ce qu’on
a traité précédemment : l’attribution de rôles gay à des acteurs hétérosexuels. Pour illustrer
tout d’abord l’omniprésence du problème, on peut s’intéresser aux acteurs hétéro ayant
récemment remporté des Oscars (au courant des 25 années précédentes) pour avoir contribué
à cette pratique : Academy Award pour le meilleur acteur discerné à Tom Hanks en 1944 pour
avoir joué un homme gay qui a le Sida dans le film ‘Philadelphia’, Academy Award pour la
meilleure actrice en 2004 discerné à Charlize Theron pour avoir incarné une criminelle
lesbienne dans son film Monster, mais aussi Philip Seymour en 2006, Sean Penn en 2009 et
beaucoup d’autres. Aucun des acteurs cités n’est ouvertement gay. En effet, aucun acteur
ouvertement gay n’a jamais reçu d’Oscar pour avoir joué un personnage avec qui il partage la
même sexualité. Il s’avère facile de constater que Hollywood a beaucoup de mal à assurer de la
représentation et de l’emploi aux membres des communautés marginalisées.
Comme on l’aurait forcément deviné, ça ne va pas dans les deux sens. En effet, la façon dont
ça s’est passé pour Ellen Page après avoir fait part au grand public de son homosexualité
atteste d’un exemple de deux poids, deux mesures où l’on fait l’éloge des acteurs hétéro qui
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ont ‘le courage’, ‘l’ouverture d’esprit’ et ‘la tolérance’ pour incarner des personnages gay, tandis
qu’on dénigre les acteurs qui appartiennent ouvertement à ces minorités sexuelles et on les
estime incapables de se mettre dans la peau d’un personnage hétéro.
L’actrice américaine avait effectivement fait son coming-out public en 2014, et depuis, elle a
accusé l’industrie à plusieurs reprises de ne plus lui offrir d’opportunités pour incarner des
femmes hétéro. Elle affirme aussi qu’on lui demande toujours si elle n’a pas peur de finir dans
la monotonie, sachant qu’elle a accepté 4 rôles depuis 2014, tous de femmes gay. Cependant,
la question ne s’est jamais posée lorsqu’elle se chargeait de jouer des femmes hétérosexuelles
pendant tout son parcours antérieur.
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Pour conclure…
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