Vous êtes sur la page 1sur 7

Drame, rituel et religion dans la version scénique de Yerma de

João Garcia Miguel

BRUNO SCHIAPPA
Université de Lisbonne
brunoschiappa@gmail.com

Résumé: Si l'on suppose que le théâtre est un simulacre alors que le rituel est reçu
comme réel, l'analyse du cas de la version scénique de Yerma, du metteur-en-scène
portugais João Garcia Miguel, a partir du texte original de Garcia Lorca se présente
comme une réflexion sur le texte et la performance et cherchant à encadrer les
éléments de commutation d'un support à l'autre et qui permettent de trouver une
transversalité et une coexistence thèmatique. Ici, nous pouvons voir que les hypothèses
de René Girad peuvent passer d'un texte à la scène.
Mots clés: mimesis; Yerma; théâtre; Girard; bouc émissaire

Abstract: Assuming that the theater is a simulacrum while the ritual is received as
real, the case analysis of the scenic version of Yerma, by the Portuguese director João
Garcia Miguel, from the original text De Garcia Lorca presents itself as a reflection on
text and performance and seeks to frame the elements of switching from one medium
to the other and which make it possible to find a transversality and a thematic
coexistence. Here, we can see that René Girad's hypotheses can pass from a text to a
scene.
Keywords: mimesis; Yerma; theater; Girard; scapegoat
1 – INTRODUCTION

Il [Victor Turner] a vu dans le


rituel le fonctionnement du «
travail des dieux » - mais travail
dans le sens de la façon dont un
groupe développe les moyens de
donner à l'effort un but moral.
(Turner, 1969: vi)

Si l'on suppose que le théâtre est une imposture alors que le rituel est reçu comme
réel, l'analyse du cas de la version scénique de Yerma, du métteur-en-scène portugais
João Garcia Miguel, du texte original de Garcia Lorca se présente comme une réflexion
sur le texte et la performance à la recherche des éléments qui transitent d'un support à
l'autre et permettre de trouver une transversalité et coexistence thèmatiques.

2 – YERMA

Yerma est un drame du poète espagnol Federico García Lorca. Écrit en 1934, il a
été présenté dans la même année. Il est une œuvre populaire de caractère tragique, qui
se déroule en Andalousie, au début du XXe siècle. A la suite du titre, dans le texte
imprimé,vous pouvez lire la désignation Poema trágico en tres actos y seis cuadros.
Résumé: Yerma est une femme qui vit le drame de ne pas être en mesure de concevoir
un enfant. Elle cherche toutes les formes de tomber enceinte face à l'indifférence de
son mari, Juan, qui ne montre aucun intérêt à partager leurs angoisses.
Dialogue du personnage Marie avec Yerma sur le sentiment de porter un enfant:
- Maria: Ne demande pas plus. N'a tu jamais senti un oiseau vivant serré dans la
main?
- Yerma: J'ai senti.
- Maria: C'est la même ... mais à l'intérieur du sang.
Obstiné, Yerma participe, contre la volonté de son mari, d’un rituel dans la maison
d'une guérisseuse, d'invoquer la maternité, ce qui provoque grande discussion entre les
deux. Désespéré, Yerma découvre que son mari ne veut pas avoir des enfants, et
enragée entre le désir mimétique de concevoir un enfant et son impossibilité,
l'étrangle.
3 – JOÃO GARCIA MIGUEL et "leur" Yerma

Le théâtre est vu [...] comme un outil


éducatif et aussi catéchétique, raison pour
laquelle, les gens qui, comme les
Portugais, pris sur eux la tâche de
christianiser le monde, Ils l'utilisent
comme une arme efficace et ductile pour
pénétrer dans le cœur du peuple conquis.
(PICCHIO 1964: 160)

João Garcia Miguel (João Miguel Osorio de Castro Garcia dos Santos, né à
Lisbonne en 1961) est un métteur-en-scène, dramaturge, artiste et interprète portugais.
Il a commencé sa carrière professionnelle dans les années 80 couvrant différents
expressõers artistiques.
Il est l'un des fondateurs des collectifs artistiques: Canibalismo Cósmico, Galeria
Zé dos Bois e OLHO – Associação Teatral, dont il a été directeur artistique entre 1991-
2002.
En 2008, il a été nommé directeur artistique du Teatro Cine de Torres Vedras.
Il est un artiste associé du Actor’s Center à Rome et à Milan, en Italie.
En 2002, il est devenu impliqué dans un volet académique se liant à
l'enseignement et à la recherche.
Depuis 2007, mène des recherches à l'Université d'Alcalá de Henares, l'Université
de Grenade et maintenant et à FBAUL, Faculté des Beaux-Arts de Lisbonne, en
concentrant sa thèse de doctorat sur le corps de l'artiste et les notions de sacrifice et
d'empathie.
Il a reçu en 2008 le prix FAD Sebastià Gash et en 2013 le prix de meilleur
spectacle de l'année avec Yerma par la Société Portugaise des Auteurs.
Il est le directeur du Théâtre ibérique depuis 2016.
3. 1 – À PROPOS DU THÉÂTRE

Le théâtre est un simulacrum mais partie d'une idée, d’un texte, d’un fait ou d'une
“chose”.
En ce qui concerne le théâtre, plutôt que de se référer à un théâtre, il est de penser
à l'existence de plusieurs idées de théâtre et, par conséquent, différents types de
théâtre, comme indiqué Maria João Brilhante puisqu'il est un

[...]art qui se caractérise par la confluence de plusieurs langues, la fugacité de leurs


pratiques et de l'impact social et culturel qui comporte (BRILHANTE, 2009: 9).

Cette idée d'avoir plusieurs théâtres (ou différents types de théâtre) demande
instamment à la nécessité de baliser cette communication dans la relation directe avec
le théâtre dudit réseau d'Aristote, de sorte que l'articulation entre les comparaisons
peut être sans ambiguïté. Sur la question “Quel est le theatre?” dit toujours Brilhante:

Du sens originel du mot jusqu’à memorabilia qui est aussi le théâtre évanescent, nous
pouvons savoir ce qu'il est en découvrant qui le fait et pourquoi, où il est fait, qui le voit,
qui crée des conditions par son existence, comment il se rapporte aux autres arts, quels
endroits il occupe dans la vie d'une société. (BRILHANTE, 2009: 9)

Le fait que les formes d'action sont directement liés à un objectif qui déplace la
persona quid agit ou la dramatis personae de la pratiquer justifie l'extrapolation du
théâtre comme art au théâtre comme une métaphore de la société, i. e., pour d'autres
formes d'action sociale une fois que, aussi, socialement, nous sommes mus par un
objectif spécifique qui conduit à utiliser et profiter de certaines lignes (ou un ensemble
de procédures) pour réussir au résultat.
Il faut garder à l'esprit qu'une action avec une signification culturelle, est, à son
tour, un signifiant culturel. En conséquence, Victor Turner a nommé cette action
culturelle en tant que drame social. Ce drame social, alors que encadrant la théâtralité,
se produit également dans le théâtre car, selon Richard P. Martin,

La sémantique et les conventions associées au moindre geste ont un impact, au-


delà des mots, lors de la lecture sur le grand espace du théâtre, en raison de la
sensibilité des spectateurs par rapport à ces actions. (WALTON e MCDONALD,
2007: 37/38)
Ce “grand espace” se réfère à l'extension et amplification qui sont associées à la
théâtralité. La “sensibilité” des spectateurs est stimulée exactement par cette façon à
donner à voire à travers le cadre (framing) et l'expansion. L'attention du spectateur est
dirigé, à travers de ces aspects, pour une action spécifique.
Cela signifie que, le théâtre, pour permettre une information, étend l'action qu'il
represent exactement pour l’isoler dans un espace et un temps spécifiques qui, à
travers les yeux des spectateurs, acquérir une dimension informative mis en évidence.
Cette expansion stimule la sensibilité et les sens du spectateur d'une manière que, au
lieu et le temps au hasard du quotidien, n’arrive pas.
En utilisant les noms dans la division établie par Roland Barthes sur les questions
du langage et de la littérature et en prolongeant le champ d'application, nous trouvons
dans divers aspects de la société, trois caractéristiques de leurs pratiques culturelles:

1 - résiduel: intégré dans le passé et qui reste dans ce domaine;


2 - transitive: résiduel qui est en train de disparaître donnant lieu à une nouvelle ou a
la même changée;
3 - Émergente: qui est reçu en tant que nouveau

3. 2 - LA VIOLENCE ET LE PATHOS DANS YERMA

L'atrocité qui hantait l'exécution publique joue


donc un double rôle: elle établi le principe de la
communication entre le crime et la peine, en e
aussi exacerbation de la peine par rapport au
crime. (Foucault 1977: 74)

Si nous gardons à l'esprit que la violence est une perturbation d’une ordre
déterminé, ou une rupture d'équilibre, on se rend compte que, pour défier l'ordre de la
communauté ou de la société, Yerma provoque, non seulement les rancunes de l'église,
mais aussi un déséquilibre dans les citoyens qui sont d'accord avec le système. Ce
déséquilibre exalte les passions, les excès de ces derniers.
Cet état émotionnel est appelé pathos.
Par ailleurs, étymologiquement, être le terme clinique au-delà un état
pathologique - une condition - pathos est le mot grec pour la passion, l'excès ou une
catastrophe impliquant, pendant le transit de cette passion, i.e., au cours de la
liminalité, un pasage à une autre étape émotionnelle, à travers les souffrances infligées.
Nous pouvns ainsi identifié une violence et pathos traverse la triade Yerma /
mari / peuple, dans cet ordre ou l'ordre inverse. La violence résultant d'un conflit et
qui provoque un trouble réside dans chacun des éléments de cette triade.

6 – EN CONCLUSION

João Garcia Miguel est un metteur-en-scène qui travaille la condition humaine


cruelle, pas dans le sens de la juger, mais plutôt d'observer les zones où cette condition
apparaît plus ouvertement.
Si, dans le texte original de Lorca, nous pouvons trouver les paradigmes de
Girard, sur les questions de la violence, la mimesis et la religion - que sustain le texte Le
bouc émissaire et Dieu - l'analyse et la comparaison avec la version scénique de João
Garcia Miguel veut montrer que ces mêmes paradigmes sont transposés à la scène,
travaillant leur pertinence et leur intégration dans le contexte esthétique actuelle du
metteur-en-scène portugais.
Dans le cas de Yerma, la question du Dieu catholique, punisseur et intolérant,
apparaît violemment conditionnant l'existence et les attentes d'une femme dont les
tentatives d'être une mère sont boycotté.
Si Dieu est un “bouc émissaire” à partir de laquelle l'être humain s’organise en la
société, pour l'individu ce même “bouc émissaire” agit comme inhibiteur et punisseur
cruel et sans pitié imposant une existence misérable et castratrice.
Le contexte de l'Espagne catholique de Lorca était remarquable dans ce “fléau”
divin.
Dans le cas de la version de Garcia Miguel, la performance peut transmettre
cette relation rituel/religieux qui existe dans le texte original et où l'on peut trouver la
théorie mimétique de René Girard aussi que la théorie de l’imaginaire de Durand et
celle des rites de Turner.
Des sociologues et des anthropologues comme Emile Durkheim et Victor Turner
et des théoriciens contemporains tels que Michael Silverstein ils considèrent le rituel
comme une action (rite) visant des transformations sociales spécifiquement conçues,
en général, en termes cosmiques. Bien que ces changements peuvent, également, être
considérés comme personnels, ils tirent une sorte d'événement cosmique: l’individu
s'étend à “l'éternité”.
RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES:
TURNER, Victor, 1969, The Ritual Process, Structure and Anti-Structure, New York:
Aldine de Gruyter
BRILHANTE, Maria João e WERNECK, Maria Helena, (org.), 2009: Texto e Imagem:
estudos de teatro, Rio de Janeiro: 7Letras
WALTON, J. Michael and MCDONALD, Marianne and, (ed.), 2007: Cambridge
companion to greek and roman theatre, Cambridge: University Press
FOUCAULT, Michel, 1977: The Spectacle of the Scaffold, London: Penguin Books;
2009: Vigiar e Punir, 37ª edição, Petrópolis, RJ: Editora Vozes
PICCHIO, Luciana Stegagno, 1969: História do teatro português, trad. de Manuel de
Lucena, Lisboa : Portugália Editora, 1969
http://www.espacioebook.com/sigloxx_27/lorca/lorca_yerma.pdf
http://www.lusosofia.net/textos/girard_rene_o_bode_expiatorio_e_deus.pdf
http://socioumane.ro/blog/annalesphilosophici/files/2010/10/Abshire.pdf
http://www.educadores.diaadia.pr.gov.br/arquivos/File/2010/sugestao_leitura/sociol
ogia/regras_metodo_sociologico.pdf
http://www.nesua.uac.pt/uploads/uac_documento_plugin/ficheiro/b7ce361c64c727c
9a974422515d9322de0ff7ea8.pdf
http://www.ihuonline.unisinos.br/index.php?
option=com_content&view=article&id=4238&secao=382&limitstart=1
http://repositorio.ucp.pt/bitstream/10400.14/14732/1/A%20hipotese%20mim
%C3%A9tica%20e%20a%20paix%C3%A3o%20segundo%20Ren
%C3%A9%20Girard.PDF

Date et lieu; Braga, 13/02/2017

Vous aimerez peut-être aussi