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Au début des années 90, les DJs sont toujours réduits au titre de « passeur de
disque ». Ils vivent de leur passion, mais mixent souvent dans des caves, en contrebas de la
piste de danse. Les propriétaires de boite de nuit ne désirent pas montrer ces individus, qui
ne sont pour eux que des employés. La face « glamour » du DJ que l’on connaîtra quelques
années plus tard n’existe pas.
Les DJs qui percent à l’époque vont être ceux qui vont sortir du lot en matière de
programmation. Depuis les années 1980, les passionnés des platines cherchent à aller plus
loin que le simple passage de disque. Ils créent des techniques de mix (scratch, arrivée des
premiers effets comme l’écho ou le flanger etc.), se créent une image, se donnent en place
mais surtout vont rechercher une programmation différente de celle des autres. En effet, la
distinction entre un simple DJ et un DJ connu se fera dans les années 1990 par sa
programmation. La musique électronique est la musique idéale pour les DJs : elle est à la
fois dansante, novatrice, encore peu développée médiatiquement.
En 1988, en réaction aux dispositions prises par Margaret Thatcher pour une
fermeture moins tardive des clubs, des « raves parties » se développent en Angleterre. Ces
fêtes clandestines réunissent des passionnés de musique électronique qui désirent écouter
une autre musique que celles des clubs traditionnels, dans un endroit libre, où la drogue et
l’alcool sont parties prenantes. C’est dans ses raves que des premiers DJs se font remarquer,
justement par cette programmation musicale différente. Ces fêtes continueront
évidemment dans les années 1990, et génèreront une génération de DJ respectée. Si ces
fêtes sont clandestines, les DJs qui y jouent n’en restent pas moins des professionnels.
Toujours à la recherche de la nouveauté qui enflammera le « dancefloor », ils naviguent de
disquaires en disquaires pour trouver la perle rare. Carl Cox sera parmi ceux la. DJ précurseur
dans les années 1980, il a toujours cherché à amener un nouveau son, en passant de
nombreux courants de musique électronique comme la techno, le breakbeat, ou encore la
Acid House. Les sons nouveaux qu’apportaient ces DJs amenaient une certaine fraicheur, à
contrario d’une scène clubbing plus institutionnelle qui se renouvèle pas, notamment à Paris
où l’on joue encore de la funk et de la disco vieux de plus de 10 ans. Des les 1992-1993, les
étrangers qui désirent entendre un son neuf traversent la Manche et découvrent un nouvel
univers, celui des raves clandestines illégales, où l’ecstasy est roi et où les affrontements
avec la police sont courants. De jeunes français partent tous les weekends s’amuser sur des
montées d’Acid House joué par des DJs qui commencent à disposer d’une petite notoriété.
Parmi eux, on retrouve un jeune fils de forain nommé Laurent Garnier. Parti en 1987 à
Manchester pour trouver du travail, il y découvre une nouvelle musique et par son culot,
réussi à obtenir une place de DJ dans une des boites les plus huppées, l’Hacienda. De retour
en France après son service militaire, il devient résident du Palace, un des clubs les plus
Laurent Garnier
ce son si particulier, fait de samples (extraits de morceau) disco et funk, mis en boucle et
arrangés de telle façon qu’ils sont reconnaissables de ce label « French Touch ». Cette house
filtrée fera la réputation des Français dans cette fin des années 1990 et sera à l’origine des
plus gros hits house.
Le plus grand bouleversement va avoir lieu dans les médias. Alors qu’en 1990 les DJs
jouaient parfois cachés, ils sont désormais des stars incontournables. Au-delà même des
noms, c’est l’image du DJ qui devient « hype ». Le DJ est alors considéré et tient un rôle
particulier. S’il n’est pas perçu comme un artiste à part entière, il est désormais respecté et
parfois idolâtré. Les jeunes ont joué un rôle primordial dans cette évolution. En effet,
nombreux ceux qui se sont identifiés à ces nouveaux artistes au statut novateur, loin des
statuts conventionnels des groupes de rock et des artistes pop, qui peinaient à se renouveler
dans les années 1990. S’ils signent parfois des succès commerciaux, les DJs et producteurs
n’ont pas cet objectif lorsqu’ils composent et font preuve parfois d’une certaine « naïveté »
dans leur son. Amateurs à leurs débuts, ils durent rapidement se débrouiller seuls, créer
leurs labels, négocier leurs contrat, distribuer leurs titres et en faire la promotion. Les
années 1990 sont donc celles d’une certaine indépendance vis-à-vis des grosses structures
musicales habituelles, bien avant la récupération de ces DJs par les majors de l’industrie du
disque.
C’est là toute la distinction des genres. Les nouveaux arrivants surfent sur la vague
engendrée par les « anciens » et reprennent sans scrupule leurs recettes, avec désormais la
certitude d’en faire un tube. Si la house des années 90 était marquée par une certaine
fraicheur et une nouveauté dans le son, le début des années est celui de la quantité plutôt
que la qualité, et les innovations musicales sont rares dans la musique électronique dite
dance.
L’autre catégorie de producteurs, que l’on pourrait appeler les « anciens », se lassent
très rapidement des productions typées « French Touch » et voient déjà arriver la lassitude
du public. Ils décident pour certains de changer radicalement de cap et d’explorer de
nouveaux univers. Le groupe Cassius sort un nouvel album Au Rêve en 2002, comprenant
des titres totalement différents de leur premier opus, aux sonorités plus soul, ne
comprenant pas de titres véritablement destinés aux clubs. Le véritable virage musical de
cette catégorie est réalisé par le groupe Daft Punk. Le groupe en réalisera deux au début des
années 2000.
David Guetta, une des figures actuelles du monde de la nuit, est un DJ français
reconnu de part le monde. Pourtant, sa carrière n’a rien de linéaire. Avant de devenir un des
DJs les plus chers au monde, il connaît un parcours exemplaire qui est la parfaite illustration
de la mutation du métier de DJ. Il débute son métier à l’âge de 17 ans, d’abord dans de
petits clubs gays, puis au Rex Club ou aux Folies Pigalles (Paris). Il rejoint ensuite le Bataclan
où il rencontre Catherine Lobe qui deviendra plus tard et avec laquelle il reprendra quelques
mois plus tard le prestigieux club Le Palace. Il y instituera une nouvelle politique au niveau
musical et organisera de nombreuses soirées qui réuniront toutes les classes sociales. « … ».
En 2001, il fait la rencontre de Joachim Garraud, musicien de formation qui lui composera et
produira son premier l’album, « certains le considérant même comme son nègre » (Stéphane
Jourdain, French Touch). Ce premier album Just A Little More Love connaît un bon succès
commercial, notamment en France, en Italie et en Espagne, où le single phare « Love Don’t
Let Me Go » tourne en boucle à Ibiza où le couple Guetta organisent sa première soirée
événement F*** Me I’m Famous, au club le Pacha. David continue sa progression artistique
avec son second album Blaster, bien mieux préparé et vendu par sa maison de disque qui
connaît désormais mieux son potentiel commercial. Toujours coproduits par Garraud, les
singles « Money », « The World Is Mine » et « Stay » sont des succès commerciaux un peu
partout en Europe. Parallèlement à ca, porté par ses tubes, sa carrière de DJ connaît un
essor considérable, devenant rapidement le DJ français le plus demandé mais aussi le plus
cher, dépassant rapidement les acteurs de la vague French Touch.
En 2006, il sort le titre « Love Don’t Let Me Go
(Walking Away) », bootleg de son titre « Love
Don’t Let Me Go » et du titre « Walkin’ Away »
du DJ The Egg. C’est un immense succès
commercial qui relancera sa carrière,
notamment en Angleterre où il joue désormais
dans certains festivals huppés. En juin 2007,
David Guetta sort son troisième album studio
Pop Life, où l’on retrouve une nouvelle fois des
collaborations avec Joachim Garraud, dont les
célèbre « Love Is Gone » mais aussi « Baby
When The Light », « Delirious », « Tommorow
Can Wait » ou encore « Everytime We Touch »
produit par les Suédois Steve Angello et
Sebastian Ingrosso. Cet album a un retentissement international, notamment aux Etats-Unis
où David est de plus en plus appelé à jouer. Pour son album « One Love », David décide d’un
commun accord de se séparer de son acolyte Joachim Garraud. En effet, de nombreuses
rumeurs disent qu’il ne serait pas le compositeur de ses morceaux.
Dans une volonté de conquête du marché
américain, il s’adjoint les collaborations de
producteurs de hip-hop et de rnb comme Will I
Am des Black Eyed Peas, le rappeur Akon ou la
chanteuse Estelle. De ces collaborations naitront
le single « When Love Takes Over » avec Kelly
Rowland, le tube « Sexy Bitch » avec Akon ou le
titre « Memories » avec le rappeur Kid-Cudi. En
échange de ces collaborations, les artistes
américains lui demandent des titres pour leurs
albums respectifs, une consécration pour David
Guetta dans sa carrière de producteur. Il propose
« I Gotta Feelin’ » aux Black Eyed Peas, un titre
qui deviendra le tube de l’été 2009 et qui lui
permettra d’obtenir la consécration aux Etats-
Unis, où les demandes de collaboration et de remixes pleuvent. En février 2010, le single
« Madonna vs David Guetta – Revolver » est propulsé en tête des diffusions radio. Guetta
obtient donc ses gallons de producteur seul, même si il reste accompagné de nombreux
producteurs comme Fred Rister (« I Gotta Feelin’ ») ou Sandy Vee (« Sexy Bitch »). Cette
progression artistique montre que David Guetta a dépassé cette image de DJ qui lui colle
pourtant à la peau. Pourtant, il rencontre un certains nombre de critiques, notamment de la
part de la scène DJ parisienne dont il faisait partie. Il lui reproche son aspect marketing
purement commercial et ses titres de mauvaise qualité. C’est le cas d’une partie des
producteurs restés « underground » comme Justice, Alex Gopher ou encore les Daft eux-
mêmes qui par leur position particulière, ont une légitimité dans leur critique.
Les années 2000 auraient pu être une décennie purement commerciale dans la
musique électronique sans des producteurs comme Justice ou Sébastien Tellier. Dans la
digne descendance des Daft Punk, ces groupes ne sont pas à proprement parler des DJs. S’ils
produisent de nombreux titres, leurs prestations scéniques ne sont pas des « sets »
classiques, mais de véritable concert.
Si Justice rencontre des succès populaires comme « D.A.N.C.E», il résiste par tous les moyens
à tomber dans les travers d’un marketing trop poussé ou d’une image trop politiquement
correct. A la manière des Daft Punk, il ne donne que très peu d’interviews et se font discrets,
à contrario des Guetta ou des Sinclar. Les concerts électroniques sont devenus légions dans
les années 2000. De nombreux festivals sont organisés partout en France et la musique
électronique entre progressivement dans le paysage musical français, avec notamment
l’apparition de DJs dans certains festivals autrefois exclusivement rock.
En 2007, le groupe Daft Punk réalise une série de concert baptisé « Alive » à travers le
monde. C’est un succès critique et populaire qui fait entrer le groupe de plus en plus dans
une dimension de rock-star.
Tous les publics « électroniques » se reconnaissent dans ce groupe, ce qui en fait sa force et
lui permet des innovations musicales comme « Human After All ».
Un autre pays est particulièrement par une génération de DJ très talentueuse : les
Pays Bas et leur dutch-house, nom donné à ce genre très particulier de house dont les
meilleurs acteurs connaissent depuis 2009 une renommée internationale. Depuis 1997, la
Hollande était représentée par le DJs super stars Armin Van Buuren et Tiesto, deux DJs
spécialisés dans la Trance, une musique électronique extrêmement mélodique très populaire
dans le nord de l’Europe et en Allemagne.
Parallèlement à la progression artistique vertigineuse
de ces deux derniers, Laidback Luke, un jeune DJ
hollandais connaît un plein essor, en proposant des
sets DJ extrêmement techniques et de multiples
remixes et bootlegs. Il devient particulièrement
populaire en 2008 avec la sortie du remix de « Show
Me Love » en collaboration avec Steve Angello.
La France n’est pas en reste avec depuis 2005 une nouvelle génération « French
Touch 2.0 ». Possédant les caractéristiques de la génération précédente (intérêt pour la
période Disco/Funk, mise en scène de l’image du DJ etc.), ces membres font pleinement
partie de la génération house internationale actuelle.
Parmis ceux-ci, on retrouve le duo Arno Cost et
Norman Doray, producteurs et DJ en duo depuis
2006. Arno Cost se rendit célèbre en 2007 avec son
titre « Magenta », en duo avec un autre producteur
tallentueux, Arias. Cost et Doray sortirent fin 2007 le
titre « Apocalypse », plébiscité par tous les grands
DJs actuels. Annoncés comme les nouveaux fers de
lance de la house française, ils préfèrent pour le
moment se concentrer sur leur musique.
On peut citer également de nombreux autres artistes membres de cette génération : Tristan
Garner, auteur du hit « Give Love » en 2007, Arias, Sébastien Drums ou encore Dim Chris.
BIBLIOGRAPHIE :