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L’ERREUR MÉDICALE

L’erreur médicale peut intervenir à tous les stades de la prise en charge. Elle peut
provenir du médecin, mais aussi du patient ou de la situation ; elle est, en fait, toujours due
à un concours de circonstances. C’est une épreuve dont aucun médecin ne peut sortir
indemne s’il y est confronté.
La prise de risque est inséparable de la pratique médicale de laquelle l’erreur ne peut être
totalement exclue.

Indépendamment des responsabilités individuelles auxquelles il n’est pas question de


se soustraire, l’erreur médicale peut être considérée comme un véritable « accident du
travail » à aborder à la fois sur le plan individuel et sur le plan collectif.

Qu’est-ce qu’une erreur médicale?

L’erreur ne se conçoit pas sans référence à des normes appuyées sur des statistiques
forcément relatives et évolutives, et fondées sur des priorités et des valeurs.
Dans une è re où , malgré la complexité et la nature probabiliste de l’art médical, l’accè s à
l’information est universel, l’efficacité évidente et le droit aux soins confondu avec le droit à
la guérison et à la santé, l’erreur est littéralement scandaleuse. Or, bien des intermédiaires
existent entre ce qu’il faut faire, ce qu’on peut faire, ce qu’on peut ne pas faire et ce qu’il ne
faut pas faire. L’erreur ne se rapporte qu’à cette derniè re catégorie.

L’erreur, le reproche, la faute : 3 notions à dissocier...

L’erreur correspond à un dysfonctionnement, censé évitable, par rapport à une


norme théorique et forcément partielle, mais reconnue comme valide. Ce niveau s’inscrit
dans le registre de la compétence et donc de la formation qui inclut la connaissance de ses
qualités et de ses faiblesses en tant que soignant.

Le reproche se traduit par une critique formulée, voire une procédure juridique
engagée par la personne lésée ou son entourage, à l’encontre de la personne supposée
responsable de l’erreur alléguée ou réelle. Il s’inscrit le plus souvent dans une problématique
relationnelle, indépendamment de la gravité de l’erreur commise.

La faute doit être prouvée. Elle suppose la tromperie ou la négligence. Quand elle
survient, la sanction judiciaire suppose une plainte civile ou pénale, et nécessite l’existence
d’un préjudice, d’une faute et d’un lien de causalité entre les deux.

L’erreur sans reproche (erreur médicale) relè ve d’une transgression de la rè gle
médicale. Elle devrait entrai ̂ner un travail du médecin sur lui-même, soit pour expliciter et
argumenter les raisons de cette transgression, soit pour l’éviter.
Le reproche sans erreur (erreur relationnelle) correspond à une insatisfaction du
patient. Il traduit soit une difficulté relationnelle délicate et importante, soit une position du
médecin qui gagne à être clarifiée et assumée.

Le reproche avec erreur (erreur sociale) peut générer un processus juridique. Or la loi
est censée s’appuyer, au moins pour toutes les questions techniques, sur la rè gle médicale. Il
y a alors un certain degré de connivence entre les erreurs « médicales » et les erreurs «
sociales ».

Quelle est la fréquence des erreurs médicales?

Les seules données disponibles sur l’erreur médicale sont issues des compagnies
d’assurance. Elles sont forcément partielles, puisque toutes les erreurs ne donnent pas lieu à
une procédure ni même à une déclaration. Il est probable que la fréquence des erreurs est
d’autant plus importante que leur déclaration est déculpabilisée ou, en tout cas,
anonymisée.

Quels sont les mécanismes des erreurs médicales?

Bien que responsable en tant que professionnel qualifié, le médecin n’est pas le tout-
puissant agent de procédures parfaitement codifiées s’appliquant à une machine soumise et
parfaitement malléable. L’erreur peut donc provenir du médecin, du patient, ou de la
situation ; elle est, en fait, toujours due à un concours de circonstances. Considérons les
facteurs liés au médecin.
À tous les stades de la prise en charge, l’erreur peut intervenir. Il peut s’agir d’erreurs
:
 cognitives (mémorisation, raisonnement, exécution) ;
 sensorimotrices (inaptitudes physiques, manque d’entrai ̂nement, inadéquation du
matériel, difficultés propres de l’acte) ;
 d’attitudes.
Les dysfonctionnements de la relation médecin-patient sont souvent sources d’erreurs,
notamment par une mauvaise observance ou une communication inadaptée.
Un certain nombre de facteurs intrinsè ques relevant du médecin :
 les éléments affectifs : désirs, préférences, aversions, préjugés, tabous, sympathies,
pitié ;
 les éléments caractériels, culturels et idéologiques : préjugés personnels et attitudes
envers ceux des autres, notamment les positions vis-à -vis de l’Ordre, de l’université,
de la Sécurité sociale, de la formation continue, de l’État...
 les éléments éthiques : degré de transgression par rapport à des normes
réglementaires, déontologiques ou simplement morales ;
 les éléments de gestion : organisation du travail, dossiers, gestion du temps,
matériel, entretien du cabinet.
Cas d’ erreur médicale

DARYOUSH MAZAREI, 2008

Un cas bien connu d’erreur médicale est le cas de Daryoush Mazarei. Daryoush Mazarei
était un homme de Pennsylvanie, âgé de 76 ans. En février 2008, Daryoush a été opéré à
l'Université de Pittsburgh Medical Center-Presbyterian pour obtenir un shunt installé dans sa
poitrine. Le shunt était destiné à drainer le liquide du cerveau. Après l’opération, il a
commencé à ressentir une douleur terrible comme si quelque chose «était sorti de son
corps». Sa fille a également remarqué quelque chose d'inhabituel qui apparaît sous la peau
de son père, juste en dessous de ses côtes. Ils sont retournés chez ses chirurgiens et se sont
plaints à ce sujet, mais les médecins ont soupçonné que Daryoush avait menti et l'ont
envoyé chez le psychiatre. Après que Mazaris ait insisté plusieurs fois, ils ont finalement cru
le vieil homme et l'ont vérifié, pour découvrir qu'il disait la vérité. Dans son cavité
abdominale était restée un rétracteur - un outil pointu qui devrait rétracter la peau pendant
une intervention chirurgicale. En règle générale, il doit y avoir quelqu'un pour garder cet
objet pendant toute l'opération, mais cette fois la question a été négligé et le rétracteur a
été scellée dans l'anatomie du patient, provoquant une douleur terrible pour presque un
mois entier. Bien sûr, il a poursuivi l'hôpital, mais a finalement conclu un accord avec eux,
parce qu'ils ne voulaient pas de telles informations pour atteindre les médias et l'hôpital
d'acquérir une mauvaise réputation.

KIM TUTT, 2000

Kim Tutt, une jeune femme de 34 ans, originaire du Texas, est une autre victime
d’erreur médicale. En juillet 2000, elle etait allée chez le dentiste et avait besoin d'une
radiographie pour la mâchoire. Le docteur a remarqué quelque chose dans sa mâchoire et l'a
envoyée à d'autres examens. Après un certain temps, les medicins lui a dit qu'elle avait du
cancer et qu'elle n'avait que 3 à 6 mois à vivre. Sa seule option pour obtenir plus de temps
avec ses fils (10 et 12 ans) consistait à subir une chirurgie majeure: les médecins ont
remplacé la mâchoire par un fragment de sa fibula. Elle a subi 5 interventions chirurgicales
et a eu 9 dents enlevées avec sa mâchoire. Après avoir enduré tout cela, elle a reçu un appel
téléphonique de ses chirurgiens, quelques mois plus tard. Apparemment, elle n'a jamais eu
du cancer. Ils lui ont dit que sa biopsie s'était probablement mélangée dans le laboratoire. La
femme dit que tout l'argent qu'elle a reçu pour cette erreur massive ne compensera jamais
le fait qu'elle est incapable de mâcher normalement ou qu'elle a été défigurée pour
toujours.

JESICA SANTILLAN, 2003

L'un des événements les plus tragiques est survenu en février 2003, en Caroline du
Nord, à une jeune fille de 17 ans, nommée Jesica Santillan. Elle est née au Mexique, avec une
cardiomyopathie restrictive et depuis lors, sa famille a fait d'énormes sacrifices pour pouvoir
déménager aux États-Unis et donner à la fille une chance d'obtenir un traitement médical de
qualité. À partir du moment qu’ils ont réussi à réunir les fonds nécessaires pour l'opération,
le jour tant attendu de la transplantation était finalement arrivé au Centre médical de
l'Université Duke, à Durham. Un donneur a été trouvé pour Jessica. Cependant, après
l'opération, son corps a rejeté les organes. Et ceux qui en étaient responsables étaient ses
médecins. Il semble qu'ils aient manqué un détail essentiel: son groupe sanguin était de 0 et
le groupe sanguin du donneur était A. Elle a reçu une autre transplantation après deux
semaines, mais il était déjà trop tard pour elle. Son cerveau a été trop gravement
endommagé et elle est entré dans la mort cérébrale et a été retirée de la vie. L'hôpital a
reconnu leur erreur et depuis, ils ont mis en place un système de double contrôle avant
toute transplantation.

Conclusions

Soigner est une attitude, incompatible avec l’exercice d’un pouvoir, mais beaucoup
de médecins l’ignorent ou ne veulent pas le savoir, car c’est le pouvoir qui les intéresse, et
non le soin.
Tout médecin est en position d’abus de pouvoir ou de confiance. C’est une personne
d’autorité ; les patients qui se confient à lui sont vulnérables et lui font confiance.
Cette confiance, induite non seulement par l’espoir d’aller mieux, mais aussi par le
respect spontané, entretenu culturellement, que nous vouons aux figures d’autorité, rend
beaucoup de patients malléables. D’ailleurs, pour beaucoup de médecins, un "bon" patient,
c’est un patient qui suit les instructions du praticien sans poser trop de questions.
Autrement dit : un patient confiant, docile, soumis.
Si le praticien n’a pas de scrupules (ou s’il est guidé par des motifs plus puissants que
ne le sont ses scrupules ou son sens moral), l’abus de pouvoir est inévitable. En principe, les
abus de pouvoir sont interdits par la loi. Dans la réalité, la confidentialité de la relation de
soins et les habitudes de soumission à l’autorité donnent un avantage certain aux médecins.
Si un praticien agresse ou violente un patient sans témoin, la parole du médecin a de fortes
chances de l’emporter sur celle du patient. En France, du moins.
En Angleterre ou aux Etats-Unis, un médecin ne pratique jamais un examen
gynécologique sans présence d’un(e) assistant(e) infirmier(e).
Et, par principe, les affirmations des patients sont considérées comme sérieuses car
ce n’est pas à la victime présumée de faire la preuve de l’agression, c’est à la suite du débat
entre accusation (les enquêteurs) et la défense (les avocats) que le juge et/ou les jurés
doivent se prononcer. En France, la lourdeur des procédures, le parti-pris notoire (et répété)
de partialité de l’Ordre des médecins et les collusions de classe inévitables entre médecins,
juges et avocats rendent les choses beaucoup plus compliquées.
La constatation : beaucoup/trop de médecins brutalisent les patients qui les
consultent. Ils les brutalisent physiquement et psychologiquement en (liste non exhaustive) :
 se moquant de, ou répondant par le mépris à leurs requêtes ou à leurs plaintes ;
 leur posant des questions intrusives, indiscrètes ou déplacées ;
 les stigmatisant sur leurs habitudes ou leur état (les fumeurs, les personnes obèses,
entre autres, font souvent les frais de ce type d’attitude) ;
 les culpabilisant pour « n’avoir pas consulté plus tôt », ou « avoir eu un
comportement à risque » ou « n’avoir pas pris leurs médicaments » ou « n’avoir pas
fait leur régime/leur radiographie/leur bilan sanguin » ;
 leur imposant un examen clinique humiliant ou douloureux sans égards et souvent
sans nécessité ;
 refusant de répondre à des questions concernant le diagnostic, le pronostic, le
traitement, le suivi, etc.
Ce qui, de plus, blesse profondément les patients lorsqu’un praticien adopte un
comportement ou des paroles blessants, brutaux.
L’Association médicale mondiale (AMM) a rédigé et adopté en novembre 1983 un Code
international d’éthique médicale (amendé en 2006), qui illustre le consensus existant sur les
principes fondamentaux en matière d’éthique médicale.
Le Code de l’Association médicale mondiale développe les principes et obligations
fondamentaux suivants :

Obligation de soin

L’obligation de ne pas refuser des soins à celui qui en a besoin et de ne pas discriminer
pour des raisons financières ou autres est liée à l’obligation de respecter la vie et de
considérer les soins d’urgence comme une obligation humanitaire. Cette obligation éthique
se traduit dans le droit à la santé et dans le droit pénal sous la forme du délit de non-
assistance à personne en danger. Cette obligation de fournir des soins médicaux oblige aussi
le médecin à agir dans l’intérêt exclusif du patient.

Respect du consentement

L’obligation d’informer le malade, d’obtenir et de respecter son consentement éclairé


avant tout acte de soin est un impératif qui protège l’équilibre de la relation médecin-
malade et le respect de la dignité du patient. Cette obligation relativise le pouvoir du
médecin sur le patient. Même si le médecin doit toujours agir dans l’intérêt supérieur du
patient, il ne peut pas se substituer à lui pour décider de ce qu’il souhaite. Cette obligation
est protégée par la plupart des droits nationaux et ouvre des droits à réparations civiles.
Quand le patient ne peut pas consentir pour lui-même pour des raisons médicales ou légales
(patient inconscient ou mineur) ou quand le consentement n’est pas libre (patients détenus,
dépendants), le médecin est garant du caractère éthique de la décision et de l’acte. Les
critères éthiques peuvent aller au-delà ou à l’encontre des règles légales ou des instructions
administratives.

Secret médical

L’obligation de confidentialité médicale est un impératif éthique qui lie le médecin et son
malade y compris après la mort de celui-ci selon le serment de Genève. Toutefois, cette
exigence a perdu son caractère absolu dans la formulation retenue par le Code international
d’éthique médicale amendé en 2006. Celui-ci mentionne le fait qu’il est conforme à l’éthique
de divulguer des informations confidentielles lorsque le patient y consent ou lorsqu’il existe
une menace dangereuse réelle et imminente pour le patient ou les autres et que cette
menace ne peut être éliminée qu’en rompant la confidentialité. Cette obligation de garder le
secret est aussi tempérée par le droit national de nombreux pays sous la forme d’une
obligation faite au médecin de notifier aux autorités nationales des informations couvertes
par le secret médical au nom de la défense de l’ordre public (pour les cas de victimes de
violence ou de maltraitance) et au nom de la santé publique (pour les patients souffrants de
certaines pathologies). Le secret médical se trouve donc placé au centre d’obligations
duelles qui doivent être arbitrées par le médecin sur la base de critères éthiques et pas
seulement légaux.

Ne pas nuire, respecter l’intérêt supérieur du patient

L’obligation d’agir dans l’intérêt supérieur du patient et de ne pas nuire implique


l’obligation de référer un patient à une personne compétente quand le cas médical excède
ses propres capacités professionnelles. Elle interdit de procéder à un traitement médical
dont les effets négatifs excèdent les bénéfices thérapeutiques. Elle encadre aussi la
possibilité de passer outre le consentement et interdit de procéder à des expérimentations
médicales si cela n’est pas dans l’intérêt direct du patient, avec un équilibre positif entre le
risque encouru et le bénéfice escompté et avec le consentement libre et éclairé du patient.

Ces éléments d’éthique sont présents dans des codes de déontologie professionnelle
destinés à garantir la qualité des pratiques et leur indépendance vis-à-vis des différentes
formes de pressions extérieures. Cette indépendance est assurée par des mécanismes
d’autorégulation et de discipline au sein de la profession en marge de l’État, ainsi que par la
protection du secret professionnel y compris vis-à-vis des autorités nationales. Le droit
national incorpore certaines de ces règles éthiques pour leur donner une valeur juridique
contraignante. Les règles qui établissent l’obligation de notification aux autorités visent à
protéger le médecin d’une plainte de la part du patient dans ces cas-là. Elles n’autorisent pas
le médecin à agir contre l’interêt du patient et sans son accord.

SOLUTIONS CONTRE LES MAUVAIS TRAITEMENTS EN MEDECINE

« Médecins du Monde » est une Organisation Non Gouvernementale (ONG)


internationale qui s’appuie sur l’engagement de ses membres (professionnels de la santé et
autres bénévoles) pour porter secours aux populations les plus vulnérables en Belgique et
partout dans le monde. Leur premier objectif est de soigner. Chaque jour, les volontaires de
l’association viennent en aide aux populations dans le besoin: les victimes , de maladies ou
de conflits, les peuples minoritaires, les enfants des rues et tous les exclus des soins de santé
en général. Mais l’association va plus loin que les soins. A partir de sa pratique médicale,
Médecins du Monde témoigne des difficultés à l’accès aux soins, des atteintes aux droits de
l’homme et à la dignité humaine. L’ONG engage le dialogue avec les politiques pour
améliorer la situation des personnes en situation de précarité.
Mais la meilleure solution est d'annoncer quand nous remarquons un cas d'abus
physique ou mental et d'encourager des campagnes qui combattent la violence.
Nous devons défendre les droits de l'homme, mais aussi prendre en compte nos
obligations et responsabilités et essayer de construire un avenir meilleur dans une meilleure
communauté.
Références

 Grenier B. Évaluation de la décision médicale. Masson, 1999.


 Pratiques. L’erreur en médecine 3e 94. La responsabilité médicale N° 7 3e 99
 Anaes. Principes méthodologiques pour la gestion des risques en établissement.
Janvier 2003.
 Dumas Régis. Médecin expert.
 https://www.aimseducation.edu
 https://www.ausmed.com
 https://www.nytimes.com
 https://pharmpsych.com
 https://wesserlaw.com

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