Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
Ordre du jour :
- Le texte lu par Jean-Pierre Rey lors des vœux du ministre de la Justice Dominique
Perben
COMMUNIQUE
L'Association DROIT à l'INFO vient d'être créée par une quinzaine de journalistes de tous
horizons (TF1, France 2, France 3, M6, Canal+, Le point, L'express, Le Figaro Magazine,
agences de presse etc...). Il s'agit de défendre les droits et la liberté des journalistes et
garantir leurs devoirs.
Nous allons dans ces prochains jours remettre au directeur de cabinet du ministre de la
justice le résultat de nos travaux que nous avons effectués en collaboration avec
Reporters sans Frontières et la Fédération Française des Agences de Presse.
Contacts :
e-mail jp.rey@wanadoo.fr
Jean-Pierre Rey, journaliste 06 03 42 60 05
Luc Hermann, journaliste 06 09 94 13 47
Association DROIT à L’INFO
Défendre les droits et la liberté des journalistes, garantir leurs devoirs
Texte lu par Jean-Pierre Rey, le vendredi 14 janvier lors des vœux à la presse
de Dominique Perben, ministre de la Justice.
Monsieur le ministre
Ce qui nous inquiète aujourd’hui c’est la manière dont la justice et la police, hier, ont traité
nos confrères de L’Equipe et du Point. Nous tenons à protester « avec vigueur » contre les
perquisitions menées dans leurs rédactions ainsi qu’aux domiciles de certains journalistes,
dans le cadre d’une procédure pour violation du secret de l’instruction.
Nous tenons à rappeler que les journalistes ne sont pas tenus au secret de l’instruction et je
tiens aussi à rappeler que le secret des sources est reconnu par le code de procédure
pénale et surtout par la Cour européenne des Droits de L’Homme.
Encore une fois en France, pays de la démocratie et de la libre pensée, notre profession est
en danger.
Aujourd’hui des textes de loi plus du tout adaptés ne nous permettent plus de travailler
librement dans le respect de notre profession.
C’est pour cette raison que notre association, DROIT à L’INFO qui vient d’être créée par des
journalistes de tous horizons ( TF1, France 2 et 3, presse écrite et radio) pour défendre notre
profession, va prochainement, avec la collaboration de magistrats, de RSF, du Syndicat des
agences de presse, remettre à Monsieur le ministre de la justice des propositions concrètes
pour modifier entre autre les articles : sur la violation du secret d’instruction, l’article, sur la
protection des sources , sur les écoutes téléphoniques des journalistes etc.
Je vous remercie de votre attention Monsieur le ministre et nous vous demandons de nous
donner votre avis sur ce sujet.
PROJET DE MEMORANDUM
Cette réflexion, à laquelle ont été associés des magistrats et des avocats, a paru
d’autant plus urgente que les autorités policières et judiciaires françaises ne semblent pas
toujours avoir pris la pleine mesure de l’évolution du droit européen de l’information
découlant de l’article 10 de la Convention européenne des Droits de l’Homme (CEDH). Les
professionnels déplorent en particulier la prévalence de procédures pénales entravant les
investigations légitimes de la presse dans des affaires d’intérêt public.
I – MODIFICATION DE TEXTES
D’une façon générale, les textes actuels ne tiennent pas suffisamment compte de la
lettre et de l’esprit de l’article 10 de la C.E.D.H, constamment interprété par la jurisprudence
de la Cour européenne dans un sens favorable à la liberté de l’information, dans la limite
exclusive de considérations d’ordre public impérieuses.
« Sauf dans les cas où la loi en dispose autrement et sans préjudice des droits de la
défense et du respect de la liberté d’expression ou d’information, la procédure au cours de
l’enquête et de l‘instruction est secrète. »
I-b) Dans le même ordre d’idée, l’article 321-1 du Code pénal (recel du secret)
devrait être complété de la façon suivante :
« Tout journaliste, entendu à quelque titre que ce soit, sur des informations … »
Il est par ailleurs proposé de compléter l’article 11 du CPP par un alinéa 3 pouvant
être ainsi libellé :
« Les pouvoirs dévolus au titre du présent code aux différentes autorités chargées
de l’action publique au cours de l’enquête ou de l’instruction ne peuvent avoir pour objet ou
pour effet de faire échec au libre exercice de la liberté de l’information. Toute personne qui
concourt à la procédure est en conséquence tenue de respecter le secret relatif à l’origine
des informations détenues par des journalistes. Dans l’hypothèse où un acte aurait pour
objet ou pour effet de porter atteinte à ce secret, l’intéressé pourra saisir, par voie de simple
requête , le juge des libertés afin qu’il statue sur la validité de l’acte litigieux. Il sera procédé
comme il est dit ci-après à l’article 56-1 alinéa 3 et suivants. »
I-d) Les perquisitions et saisies pour tenter de découvrir les sources d’information
des journalistes sont parmi les pratiques qui restreignent le plus fréquemment la liberté de la
presse. Les textes actuels devraient ajouter aux dérogations tenant aux professions
protégées celle des journalistes dont le domicile bénéficierait des mêmes protections que le
cabinet d’avocat.
I-e) L’article 100-7 relatif aux écoutes pourrait être ainsi modifié :
Enfin, il est souhaitable que les possibilités de garde à vue des journalistes soient
strictement limitées aux affaires dans lesquelles un intérêt public vital est en jeu et, dans ces
cas, d’en réduire drastiquement la durée maximum.
II – EVOLUTION DES PRATIQUES
2-a ) Formation.
La formation, on le sait, ne s’arrête pas aux écoles mais doit être un processus
continu. Il convient donc de chercher à multiplier les rencontres didactiques entre des
organisations professionnelles de la presse et celles de la magistrature et de la police. Il
serait certainement très utile qu’elles échangent davantage leurs points de vue respectifs sur
des thèmes d’intérêt commun lors de séminaires ou de colloques nationaux ou régionaux.
De tels échanges de vues seraient particulièrement opportuns en cas de modifications
législatives intéressant la presse ou à la suite d’affaires, de procès, d’articles ou d’émissions
ayant mobilisé l’opinion publique.
2-b-b – Un « comité des sages » très réduit (trois ou quatre personnalités réputées)
pourrait être créé afin d’offrir une possibilité de médiation en cas de crise ponctuelle née
d’une affaire médiatico-judiciaire.
2-b-c – Une structure de réflexion permanente plus large fournirait aux responsables
de la justice et de la presse le moyen de réfléchir à froid aux convergences déontologiques,
aux pratiques et aux adaptations périodiques de la loi afin de réduire les risques de conflits
entre deux éléments essentiels de la démocratie.