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Association DROIT à L’INFO

Défendre les droits et la liberté des journalistes, garantir leurs devoirs

Assemblée générale fondatrice


Vendredi 21 janvier 2004 - Press Club de France - 8 rue jean Goujon 75008 Paris

Ordre du jour :

1/ Présentation de l’association avec ses objectifs


2/ Les moyens
3/ Communication avec les ministères concernés et les Parlementaires
4/ Les relations avec le CSA
5/ Mobilisation des confrères de tous les médias
6/ Mobilisation sur la campagne Liberté d’Informer (accès aux archives)
7/ Validation des statuts de l’association loi 1901
8/ Validation de la composition du bureau :
Président d’honneur : Paul Lefévre
- Président : Jean-Pierre Rey
- Vice Président : Tony Comiti
- Secrétaire : Luc Hermann
- Secrétaire adjoint : Alain Hamon
- Trésorier : Dominique Carel
- Trésorier adjoint : Jacques Aragones
Délégués (deux membres par poste)
- Presse quotidienne régionale : Laid Sammari
- Presse écrite nationale :JM.Decugis, Dominique Rizet
- Radio : Frank Moulin
- Télévision : Hervé Brusini, JM.Tricaud
- Agences de presse : Arnaud Hamelin
- Communication Police : Alain Hamon
- Communication Justice : Dominique Verdeilhan
- Affaire juridique : Maitre Christophe Bigot
9/ Questions diverses
10/ Date de la prochaine réunion du bureau : Mardi 9 février

Vous trouverez dans ce dossier :

- Le communiqué envoyé à l'AFP qui dénonce la perquisition de la rédaction du Point


et de l’Equipe le 13 janvier dernier

- Le texte lu par Jean-Pierre Rey lors des vœux du ministre de la Justice Dominique
Perben

- le résultat des travaux effectués en collaboration avec Reporters sans Frontières et


la Fédération Française des Agences de Presse, des avocats, des magistrats et des
journalistes (Jean-Pierre Rey, Alain Hamon, Luc Hermann) qui seront présentés au
directeur de cabinet du ministre de la Jusitce Dominique Perben

- Une présentation de l’initiative Liberté d’Informer


Association DROIT à L’INFO
Défendre les droits et la liberté des journalistes, garantir leurs devoirs

COMMUNIQUE

L’association de journalistes DROIT A L’INFO, dénonce la perquisition de la


rédaction du Point et de l’Equipe

Paris, le 13 janvier 2005 - L'Association DROIT à l'INFO dénonce la perquisition ce jeudi


de la rédaction du Point et de l’Equipe, dans le cadre de l’enquête Cofidis. Cette perquisition,
conduite par deux juges d’instructions de Nanterre, est inacceptable. Il s’agit d’une mesure
excessive à l’encontre du légitime droit d’informer. Nous apportons notre soutien à nos
confrères journalistes de ces deux rédactions.

L'Association DROIT à l'INFO vient d'être créée par une quinzaine de journalistes de tous
horizons (TF1, France 2, France 3, M6, Canal+, Le point, L'express, Le Figaro Magazine,
agences de presse etc...). Il s'agit de défendre les droits et la liberté des journalistes et
garantir leurs devoirs.

Depuis la rentrée de septembre 2004, nous avons travaillé à un projet de modification de


certains textes de loi (article 11, 109, etc..). qui nuisent au travail de tous les journalistes en
France. Nous souhaitons garantir nos droits et dénoncer des abus (protection des sources,
violation du secret de l'instruction, gardes à vue de journalistes, écoutes téléphoniques de
journalistes, perquisitions dans les rédactions ou les domiciles de journalistes).

Nous allons dans ces prochains jours remettre au directeur de cabinet du ministre de la
justice le résultat de nos travaux que nous avons effectués en collaboration avec
Reporters sans Frontières et la Fédération Française des Agences de Presse.

Nous présenterons ce texte lors de la première assemblée générale de DROIT à L'INFO


le vendredi 21 janvier 2004 à 9H (adresse à Paris à confirmer). Tous les journalistes sont les
bienvenus. A l’occasion de cette assemblée générale, un vote sera organisé pour désigner
les membres du bureau et l'équipe de travail.

Contacts :
e-mail jp.rey@wanadoo.fr
Jean-Pierre Rey, journaliste 06 03 42 60 05
Luc Hermann, journaliste 06 09 94 13 47
Association DROIT à L’INFO
Défendre les droits et la liberté des journalistes, garantir leurs devoirs

Texte lu par Jean-Pierre Rey, le vendredi 14 janvier lors des vœux à la presse
de Dominique Perben, ministre de la Justice.

Monsieur le ministre

Ce qui nous inquiète aujourd’hui c’est la manière dont la justice et la police, hier, ont traité
nos confrères de L’Equipe et du Point. Nous tenons à protester « avec vigueur » contre les
perquisitions menées dans leurs rédactions ainsi qu’aux domiciles de certains journalistes,
dans le cadre d’une procédure pour violation du secret de l’instruction.

Nous tenons à rappeler que les journalistes ne sont pas tenus au secret de l’instruction et je
tiens aussi à rappeler que le secret des sources est reconnu par le code de procédure
pénale et surtout par la Cour européenne des Droits de L’Homme.

Encore une fois en France, pays de la démocratie et de la libre pensée, notre profession est
en danger.

Sommes nous condamné monsieur le ministre, à diffuser des informations, uniquement


données par des institutions ou bien pouvons nous enfin faire notre travail d’investigation
tout en respectant bien sur notre déontologie ?

Aujourd’hui des textes de loi plus du tout adaptés ne nous permettent plus de travailler
librement dans le respect de notre profession.

C’est pour cette raison que notre association, DROIT à L’INFO qui vient d’être créée par des
journalistes de tous horizons ( TF1, France 2 et 3, presse écrite et radio) pour défendre notre
profession, va prochainement, avec la collaboration de magistrats, de RSF, du Syndicat des
agences de presse, remettre à Monsieur le ministre de la justice des propositions concrètes
pour modifier entre autre les articles : sur la violation du secret d’instruction, l’article, sur la
protection des sources , sur les écoutes téléphoniques des journalistes etc.

Je vous remercie de votre attention Monsieur le ministre et nous vous demandons de nous
donner votre avis sur ce sujet.
PROJET DE MEMORANDUM

SUR LES ENTRAVES PÉNALES AUX ENQUETES DE PRESSE

Suite à une série de difficultés judiciaires récemment rencontrées par des


journalistes et des entreprises de presse françaises dans la conduite d’enquêtes, la
Fédération française des agences de presse (FFAP), l’association Reporters sans frontières
et des journalistes de la presse écrite et audiovisuelle ont pris l’initiative d’une réflexion sur la
relation parfois conflictuelle entre l’Information et la Justice.

Cette réflexion, à laquelle ont été associés des magistrats et des avocats, a paru
d’autant plus urgente que les autorités policières et judiciaires françaises ne semblent pas
toujours avoir pris la pleine mesure de l’évolution du droit européen de l’information
découlant de l’article 10 de la Convention européenne des Droits de l’Homme (CEDH). Les
professionnels déplorent en particulier la prévalence de procédures pénales entravant les
investigations légitimes de la presse dans des affaires d’intérêt public.

La Fédération française des agences de presse, Reporters sans frontières et les


journalistes de la presse écrite et audiovisuelle ayant participé au groupe de travail sont
parvenus à la conclusion qu’une meilleure adaptation de la France au nouveau droit
européen de l’information supposait d’une part des modifications de textes législatifs et
réglementaires visant la presse, et d’autre part une évolution parallèle des pratiques de la
part des différents acteurs concernés. L’objet de ce mémorandum est de présenter aux
pouvoirs publics un certain nombre de recommandations dans ces deux domaines.

I – MODIFICATION DE TEXTES

D’une façon générale, les textes actuels ne tiennent pas suffisamment compte de la
lettre et de l’esprit de l’article 10 de la C.E.D.H, constamment interprété par la jurisprudence
de la Cour européenne dans un sens favorable à la liberté de l’information, dans la limite
exclusive de considérations d’ordre public impérieuses.

I-a) L’article 11 du Code de Procédure Pénale (secret de l’instruction) devrait


intégrer explicitement les nécessités spécifiques du droit à l’information. Le premier alinéa de
cet article pourrait être libellé comme suit :

« Sauf dans les cas où la loi en dispose autrement et sans préjudice des droits de la
défense et du respect de la liberté d’expression ou d’information, la procédure au cours de
l’enquête et de l‘instruction est secrète. »

I-b) Dans le même ordre d’idée, l’article 321-1 du Code pénal (recel du secret)
devrait être complété de la façon suivante :

« Le recel de violation du secret de l’instruction ou du secret professionnel n’est


opposable à un journaliste que dans la mesure où sa répression n’aurait pas pour effet de
limiter l’exercice de la liberté d’expression ou d’information, sous réserve des limitations
prévues…»
I-c) Il apparaît absolument nécessaire de renforcer la reconnaissance du droit du
journaliste à ne pas révéler ses sources d’information dont le bénéfice ne doit pas rester
limité à la seule audition du journaliste en qualité de témoin. L’article 109-2 du CPP pourrait
être modifié comme suit :

« Tout journaliste, entendu à quelque titre que ce soit, sur des informations … »

Il est par ailleurs proposé de compléter l’article 11 du CPP par un alinéa 3 pouvant
être ainsi libellé :

« Les pouvoirs dévolus au titre du présent code aux différentes autorités chargées
de l’action publique au cours de l’enquête ou de l’instruction ne peuvent avoir pour objet ou
pour effet de faire échec au libre exercice de la liberté de l’information. Toute personne qui
concourt à la procédure est en conséquence tenue de respecter le secret relatif à l’origine
des informations détenues par des journalistes. Dans l’hypothèse où un acte aurait pour
objet ou pour effet de porter atteinte à ce secret, l’intéressé pourra saisir, par voie de simple
requête , le juge des libertés afin qu’il statue sur la validité de l’acte litigieux. Il sera procédé
comme il est dit ci-après à l’article 56-1 alinéa 3 et suivants. »

I-d) Les perquisitions et saisies pour tenter de découvrir les sources d’information
des journalistes sont parmi les pratiques qui restreignent le plus fréquemment la liberté de la
presse. Les textes actuels devraient ajouter aux dérogations tenant aux professions
protégées celle des journalistes dont le domicile bénéficierait des mêmes protections que le
cabinet d’avocat.

Ainsi l’article 56-2 du CPP pourrait lire :

« Les perquisitions dans les locaux d’une entreprise de presse écrite ou


audiovisuelle exerçant une activité d'information ainsi qu’au domicile d’un journaliste ou de
toute autre personne visée à l’article 42 de la loi du 29 juillet 1881 sur la liberté de la presse
ne peuvent …»

Même chose pour l’article 60-1 relatif aux saisies.

I-e) L’article 100-7 relatif aux écoutes pourrait être ainsi modifié :

« Aucune interception ni réquisition policière ou judiciaire visant à connaître la liste


des correspondants d’un journaliste ou d’un directeur de publication ne pourra être effectuée
sur une ligne téléphonique ou tout autre moyen de communication dépendant d’un organe
de presse ou dont un journaliste serait le titulaire ou l’un des utilisateurs habituels sans que
soit sollicitée l’autorisation du juge des libertés). Cette requête devra s’appuyer sur des
motifs caractérisant la nécessité de préserver un intérêt public vital. Il n’y sera fait droit qu’en
cas de stricte nécessité. »

Enfin, il est souhaitable que les possibilités de garde à vue des journalistes soient
strictement limitées aux affaires dans lesquelles un intérêt public vital est en jeu et, dans ces
cas, d’en réduire drastiquement la durée maximum.
II – EVOLUTION DES PRATIQUES

Aux yeux des professionnels de la presse, l’évolution culturelle des personnels de la


justice et de la police est peut-être plus importante encore que les changements dans les
textes pour que la libéralisation européenne du droit à l’information s’impose en France.
Sans caricaturer, on peut dire que les journalistes sont souvent considérés comme des
adversaires par les policiers et les magistrats. Il apparaît donc nécessaire que ces différents
acteurs se rapprochent pour mieux se comprendre, dans le respect des différences de leurs
missions respectives, et afin que le droit du public à l’information soit mieux satisfait.

Sans se faire d’illusions excessives sur la facilité de changement des mentalités, la


Fédération française des agences de presse, Reporters sans frontières et les journalistes de
la presse écrite et audiovisuelle ayant participé au groupe de travail pensent qu’il devrait être
possible de progresser dans cette voie par des mesures de meilleure formation d’une part, et
de plus grande concertation des acteurs concernés d’autre part.

2-a ) Formation.

Un inventaire succinct des programmes d’études des principales écoles de


journalisme fait ressortir une familiarisation variable avec le droit de la presse mais une
insuffisance générale d’échanges pédagogiques avec les personnels responsables de l’ordre
public et de la justice. Il serait souhaitable que les programmes des écoles de journalisme
comportent davantage de rencontres, à la fois théoriques et pratiques, avec des policiers et
des magistrats de plusieurs niveaux afin que les élèves soient davantage familiarisés avec
les missions et les procédures des fonctionnaires auxquels ils auront affaire.

Parallèlement, il est nécessaire que les écoles de la Police, de la Gendarmerie et de


la Magistrature ne se contentent pas d’apprendre à leurs élèves à communiquer avec la
presse, mais les sensibilisent davantage au rôle fondamental de la liberté de l’information
dans une société démocratique. Tout comme les écoles de journalisme, elles devraient
inscrire à leurs programmes davantage de prestations par des professionnels de différents
types de médias. Bien mené, ce dialogue aiderait, par exemple, à mieux faire comprendre
aux futurs détenteurs de l’autorité la légitimité du journalisme d’investigation.

La formation, on le sait, ne s’arrête pas aux écoles mais doit être un processus
continu. Il convient donc de chercher à multiplier les rencontres didactiques entre des
organisations professionnelles de la presse et celles de la magistrature et de la police. Il
serait certainement très utile qu’elles échangent davantage leurs points de vue respectifs sur
des thèmes d’intérêt commun lors de séminaires ou de colloques nationaux ou régionaux.
De tels échanges de vues seraient particulièrement opportuns en cas de modifications
législatives intéressant la presse ou à la suite d’affaires, de procès, d’articles ou d’émissions
ayant mobilisé l’opinion publique.

La Fédération française des agences de presse, Reporters sans frontières et les


journalistes de la presse écrite et audiovisuelle ayant participé au groupe de travail espèrent
vivement que les organisations professionnelles de la magistrature et de la police répondront
positivement aux initiatives qu’ils prendraient dans ce sens.
2-b) Concertation

Sans mettre en cause l’indépendance respective des parties concernées, il serait


souhaitable que soit organisée entre elles une meilleure concertation à plusieurs niveaux.

2-b-a – Dans un premier temps, la Fédération française des agences de presse,


Reporters sans frontières et des journalistes de la presse écrite et audiovisuelle proposent
au Garde des Sceaux la constitution d’un groupe de travail mixte dont la mission, bornée
dans le temps, serait de poursuivre l’examen des propositions contenues dans ce
mémorandum.

2-b-b – Un « comité des sages » très réduit (trois ou quatre personnalités réputées)
pourrait être créé afin d’offrir une possibilité de médiation en cas de crise ponctuelle née
d’une affaire médiatico-judiciaire.

2-b-c – Une structure de réflexion permanente plus large fournirait aux responsables
de la justice et de la presse le moyen de réfléchir à froid aux convergences déontologiques,
aux pratiques et aux adaptations périodiques de la loi afin de réduire les risques de conflits
entre deux éléments essentiels de la démocratie.

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