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Rhéologie et physico-chimie des boues résiduaires pâteuses

pour l’étude du stockage et de l’épandage


Jean-Christophe BAUDEZ 1
Philippe COUSSOT 2
François THIRION 1

Résumé
Le comportement rhéologique est étudié en relation avec la physico-chimie des boues résiduaires
pâteuses et son évolution au cours du stockage. On montre que bien que des phénomènes de
fermentation modifie la composition du matériau, il existe systématiquement trois régimes
d’écoulement, séparés par deux seuils de contrainte. Seules les caractéristiques non-
hydrodynamiques sont affectées par le vieillissement, ce qui implique que des similitudes de
comportement existent, à l’origine du courbe maîtresse représentative du comportement de la boue
quel que soit son âge. Par des tests simples et rapide, on montre enfin qu’il est possible de
déterminer in situ les paramètres de la courbe maîtresse pour faire de la rhéologie de terrain.

Mots-clés : boue, fermentation, rhéologie

Introduction
Pour être valorisées en agriculture, les boues d’épuration doivent avoir un intérêt agronomique,
présenter des risques limités et être d’emploi aisé. Par facilité d’emploi, on entend qu’une boue doit
pouvoir être stockée, reprise, transportée et épandue facilement. Plus que la connaissance en matière
sèche, la viscosité et la composition physico-chimique sont nécessaires à l’optimisation des
procédés de stockage et des techniques d’épandage, notamment en ce qui concerne les boues
pâteuses. Le stockage, le pompage ou l’épandage de ces boues demeurent problématiques étant
donné leur comportement, ni liquide, ni solide. Une étude rhéologique préalable s’avère nécessaire.
Cependant, la qualité variable des boues en sortie de station d’épuration rend hétérogènes les
volumes totaux stockés et mis en jeu dans le cadre de la valorisation agricole et il apparaît illusoire
de tenter une description exhaustive des caractéristiques, mécanique ou physico-chimique, des
matériaux. Aussi, l’objectif de ce travail a été d’établir un cadre précis, fondé sur des bases solides,

1
Cemagref, Domaine des Palaquins, 03150 Montoldre
2
LMSGC, 2 allée Kepler, 77420 Champs sur Marne

1
des caractéristiques rhéologiques communes des boues résiduaires pâteuses afin d’ouvrir la voie au
développement d’applications pratiques. Deux aspects ont focalisé notre attention : d’une part, le
comportement au stockage, où les vitesses de déformation sont lentes et les temps
d’expérimentation longs de plusieurs semaines et d’autre part, le comportement à l’épandage où les
vitesses de déformation sont élevées et les temps d’expérimentation courts, de l’ordre de quelques
minutes.
Les quelques travaux précédemment réalisés dans le domaine de la rhéologie des boues résiduaires
aboutissent à des résultats parfois contradictoires, souffrant souvent d’imprécisions relatives à la
méconnaissance des techniques expérimentales et des précautions inhérentes à la rhéométrie. Les
boues sont présentées comme des fluides non-newtoniens, parfois à seuil, (c’est à dire qu’une
contrainte minimum non nulle est nécessaire pour initier l’écoulement) et souvent thixotropes,
(c’est à dire que les caractéristiques rhéologiques dépendent du temps) (Campbell et Crescuollo,
1982 ; Colin et al., 1976), pour lesquels la concentration solide est l’élément clé du comportement,
(Slatter, 1997). A l’achèvement de cette étude, on peut désormais affirmer que les boues résiduaires
pâteuses sont des fluides viscoélastiques, à seuil et non thixotropes, dont les caractéristiques
mécaniques dépendent davantage des interactions entre constituants solides que de la concentration
en matière sèche.
Dans un premier temps, nous avons analysé les différents constituants de la boue, dont l’eau et la
matière organique, et leurs évolutions au cours du stockage. Ensuite, le comportement rhéologique a
été étudié en mettant d’abord en évidence les différentes facettes (communes à toutes les boues
pâteuses) du comportement. L’influence du temps de stockage sur chacune de ces composantes a
été mise en valeur, mais en décomposant la contrainte de cisaillement, nous avons montré que les
courbes d’écoulement présentent des similitudes utiles à la détermination d’une courbe maîtresse.
Enfin, l’étude est achevée sur la mise au point d’une méthode simple et rapide pour déterminer la
courbe d’écoulement in situ, par exemple sur un chantier d’épandage.

1. Composition physico-chimique des boues résiduaires


Par nature, la boue résiduaire regroupe toutes les souillures contenues dans les eaux usées. C’est un
mélange hétérogène de flocs, colloïdes organiques et inorganiques, de fibres, de micro-organismes,
de polymères extra-cellulaires et d’ions, (Forster, 1976 ; Jorand et al., 1995 ; Keiging et Nielsen,
1995), dont la composition est très sensible au stockage, (Ericksson et Hardin, 1984), le tout dans
une phase continue : l’eau. Dans un environnement réduit, sont réunis en grande quantité les
bactéries, (de l’ordre de 107 par millilitre), les nutriments indispensables au développement

2
bactérien, et le fluide porteur nécessaire aux déplacements des bactéries. Naturellement, sous
l’action des bactéries, la boue fermente et sa composition évolue.

1.1. L’eau dans les boues


Au cours du stockage, la quantité d’eau contenue dans un échantillon n’évolue pas, (figure 1). Les
pertes au séchage à 60°C pendant 72 heures sont constantes.

FIG. 1 : Pertes massiques au séchage mesurées sur


une boue stockée pendant deux mois

FIG. 2 : Pourcentage d'eau extraite sur une même


boue pâteuse à deux âges différents

Cependant, la disponibilité de l’eau diminue : celle-ci devient de moins en moins extractible par des
systèmes mécaniques avec le temps de stockage, (figure 2). On montre de surcroît (Baudez, 2001)
que la quantité d’eau extraite dépend davantage de la durée pendant laquelle la pression est
appliquée que de l’intensité de la pression. La consolidation (ou la compressibilité) n’est alors
fonction que du temps de compression, c’est à dire du réarrangement lent des particules, (fluage).

3
Ce réarrangement explique la quantité de lixiviats récupérée pendant six mois sur un stockage
couvert de boue résiduaire, (environ 8 tonnes), possédant un fond drainant, (Wiart et Effendiaz,
1998). Les couches supérieures exerçant une pression sur les couches inférieures, une importante
quantité d’eau est recueillie, notamment en début d’essai, (cf. tableau II-1).

Lixiviats Lixiviats Lixiviats


(litres) cumulés (l) cumulés (%)
Mois 1 326 326 50%
Mois 2 114 440 67%
Mois 3 86 526 80%
Mois 4 69 595 90%
Mois 5 39 634 96%
Mois 6 24 658 100%
TOTAL 658 100%
Tableau 1 : Quantité de lixiviats recueillie pendant 6 mois pour
un stockage couvert de 8 tonnes environ.

1.2. L’évolution de la matière organique


Au cours du stockage, les pertes au séchage à 60°C pendant 72 heures sont constantes, de même
que les pertes au séchage à 550°C pendant 12 heures, représentant la teneur en matières minérales
tandis que les pertes à 105°C pendant 24 heures, englobant les composés volatils, augmentent. Il y a
par conséquent un transfert entre la matière organique résiduelle après séchage à 105°C pendant 24
heures et la matière organique volatilisée. Une synthèse d’acides gras volatils, polymères
amphiphiles dégradés au-delà de 70°C, se substitue à une dégradation des polysaccharides,
hydrophiles, non dégradés à 105°C, (cf. figure 3). La teneur globale en protéines reste invariante,
mais la méthode utilisée ne permet pas d’approfondir les connaissances quant à leur solubilité.

Le passage d’un état « eau mobile » vers un état « eau immobile » est ainsi la conséquence de cet
accroissement micellaire (les AGV) qui s’auto-organise pour minimiser les contacts avec l'eau.
La boue résiduaire est donc un matériau évolutif, composé d’eau, de polymères hydrophiles et/ou
hydrophobes, connus pour leurs propriétés épaississantes et/ou gélifiantes, et de particules
minérales, ayant chacun leurs caractéristiques rhéologiques.

4
FIG. 3: Décomposition de la matière organique et
évolution en fonction du temps de stockage, pour deux
boues d'origines différentes. Les indéterminés représentent
essentiellement les acides humiques et l'ADN, (pour les
protocoles expérimentaux, voir Baudez, 2001.

2. La rhéologie des boues pâteuses

Plusieurs échantillons ont été prélevés dans différentes stations d’épuration, juste après l’étape de
déshydratation, en amont de l’aire de stockage. La boue est stockée en récipients hermétiques, à
température ambiante, (20°C), pour reproduire les conditions anaérobies des couches non
superficielles des stockages.
Des mesures de fluage et d’écoulement en régime permanent à contraintes contrôlées ont été
réalisées avec un rhéomètre Paar Physica MC1+ équipé d’une géométrie à cylindres coaxiaux à
larges entrefers et à surfaces rugueuses pour éviter les glissements aux parois (Coussot et Ancey,
1999). L’étude des effets du vieillissement sur la courbe d’écoulement en régime permanent a été
effectuée à vitesse imposée, en utilisant une géométrie à plans parallèles et à surfaces rugueuses. Au
préalable, nous avons vérifié que les deux protocoles avec les deux géométries donnent les mêmes
résultats (Baudez, 2001). Avant chaque série de test, le matériau est homogénéisé à 800 tours/mn
puis laissé au repos pendant une heure avant de prélever un échantillon pour effectuer les mesures
rhéométriques.

2.1. Le comportement général des boues


2.1.1. Réponse à une contrainte
Nous avons commencé par définir trois régimes modes d’écoulement, en mesurant la déformation
engendrée par des contraintes successives : pour des contraintes inférieures à une première

5
contrainte critique τ1 , la courbe représentant l’angle de déformation ϕ en fonction du temps
d’application t de la contrainte considérée τ est purement concave et le comportement est linéaire :
la réponse ne dépend que du temps d’application de la contrainte, (cf. figure 4), assimilable en
γ 1 t
première approximation à un modèle de Maxwell ( = + ) après un temps d’application de la
τ G µ

contrainte supérieur à 20 secondes. Au-delà de τ1 , la courbe ϕ = fτ (t ) possède un point d’inflexion


qui apparaît d’autant plus tôt que la contrainte est élevée et la linéarité n’est plus de mise. La
contrainte à partir de laquelle cette courbe n’est que convexe est appelée τ 2 , (cf. figure 5).

FIG. 4 : Rapport angle de déformation sur FIG. 5 : Allure de la déformation lorsque la


contrainte pour des contraintes croissantes. A contrainte augmente. Un point d'inflexion
partir de 38 Pa les courbes ne se superposent apparaît d'autant plus tôt que la contrainte est
plus. élevéee.

Soumise à une contrainte échelon, la réponse d’une boue résiduaire pâteuse se caractérise
géométriquement en trois groupes.
§ ∀τ < τ1 , la courbe ϕ = f (t ) est concave,
§ ∀τ1 < τ < τ 2 , la courbe ϕ = f (t ) possède un point d’inflexion,
§ ∀τ 2 < τ , la courbe ϕ = f (t ) est convexe.

2.1.2. Déformation à temps imposé


Après avoir défini géométriquement la réponse d’une boue pâteuse à une contrainte, nous allons
traduire cette description en termes mécaniques. Désormais, le temps d’application de la contrainte
est fixé (60 secondes) et on ne mesure plus que la déformation à la fin de chaque palier.
Dans un premier temps, on applique d’abord des paliers croissants, entrecoupés de courtes périodes
de repos (10 secondes). On retrouve les résultats définis précédemment, à savoir une portion
linéaire, ϕ = α ⋅ τ , jusqu’à la contrainte τ1 ; Au-delà, le comportement n’est plus linéaire, et on
observe un saut à partir de la seconde contrainte critique, τ 2 . Ensuite, dans le but de distinguer les
6
effets de la viscoélasticité de la structure interne avant rupture des effets de la viscosité au-delà de
cette rupture, on applique des contraintes décroissantes, sans période de repos, de telle sorte que le
réseau interne soit rompu du début à la fin de l’expérience.
La comparaison des déformations finales obtenues à partir de paliers de contraintes croissants et
décroissants montrent d’une part que la contrainte τ1 est un seuil d’arrêt de l’écoulement et que
d’autre part, la boue n’est pas thixotrope : au-delà de τ 2 , quelle que soit l’histoire du matériau, on
obtient la même réponse à une contrainte appliquée, (cf. figure 6).

FIG. 6 : Angle de déformation en fonction de


la contrainte pour des paliers croissants,
entrecoupés de périodes de repos et pour des
paliers décroissants, sans repos.

On peut alors définir une et une seule courbe d’écoulement qui prend soit la forme d’un modèle de
Herschel-Bulkley lorsqu’on considère toute la gamme de contraintes supérieures à τ1 soit la forme

d’un modèle de Ostwald si on se limite aux contraintes supérieures à τ 2 , (cf. figure 7).

FIG. 7: Modèlisation de la courbe d'écoulement


selon la gamme de contrainte considérée.

7
Ces résultats attestent que les différents modèles rencontrés dans la littérature peuvent représenter le
comportement rhéologique des boues résiduaires, mais dans des gammes bien précises de gradients
de vitesse ou contraintes de cisaillement.
Ce comportement, en plusieurs phases, se vérifie pour toutes les boues résiduaires analysées, bien
que de composition extrêmement variable. Comme nous allons le montrer par la suite, il se vérifie
aussi pour un échantillon donné, quel que soit son âge, alors que sa composition évolue. Nous avons
enfin observé les mêmes résultats sur d’autres fluides, tels que des gels de coiffure, (Baudez, 2001;
Baudez et Coussot, 2001), ce qui nous amène à conclure que ce type de comportement,
viscoélastique linéaire, puis non linéaire et enfin visqueux, est générique des suspensions de
polymères.

2.2. L’évolution du comportement avec le vieillissement


Le comportement rhéologique des boues résiduaires tel que mis en valeur précédemment permet de
définir quatre paramètres déterminants pour suivre son au cours du stockage : la composante
élastique G et la composante visqueuse µ du modèle de Maxwell, le seuil de contrainte, τ1 et la
τ
viscosité apparente, η = du modèle de Herschel-Bulkley.
γ&
La représentation des évolutions de la viscosité apparente en fonction du seuil de contrainte permet
de définir une composante hydrodynamique, ηhydr , représentative des interactions entre le fluide et

la matière, et une composante non hydrodynamique, ηnon− hydr , représentative des interactions entre

constituants solides, à l’origine du seuil, (Tanaka et White, 1980). En procédant de la sorte, on


montre alors que tous les paramètres viscoélastiques diminuent en fonction du temps de stockage
selon une loi puissance de même exposant tandis que la composante hydrodynamique est invariante,
(cf. figure 8).

FIG. 8 : Evolution des paramètres,


hydrodynamiques et non-
hydrodynamiques, en fonction du temps de
stockage.
8
Au stockage, la boue se fluidifie parce que la matière organique évolue (Baudez, 2001) : la
concentration en acides gras volatils augmente, (cf. figure 2), ce qui n’affecte que les paramètres
viscoélastiques. Les paramètres visqueux sont constants car ils ne dépendent que de la concentration
en matière sèche (obtenue par séchage à 60°C pendant 72 heures) qui ne varie pas au cours du
temps. Aussi en réduisant les caractéristiques rhéologiques par le seuil de contrainte τ1 représentatif
des interactions entre constituants solides, on aboutit à une courbe maîtresse du comportement de la
boue résiduaire, quel que soit son âge, (cf. figure 9). Les caractéristiques rhéologiques étant réduites
par la composante viscoélastique, les courbes maîtresses ne se distinguent alors que par un unique
paramètre ne dépendant que de la concentration volumique solide Φ v selon une exponentielle

négative, λ = a ⋅ exp(− b ⋅ Φ v ) .
Finalement, en régime permanent, le comportement des boues résiduaires pâteuses, matériau de
n
τ  γ& 
composition complexe, se matérialise par = 1 + λ ⋅   avec n ≈ 0 ,45 .
τ1  τ1 

FIG. 9 : Courbes d'écoulement mises sous forme


 γ& τ 
adimensionnelle dans un graphique  ; 
 τ 1 τ1 

3. Test pratique de terrain


En pratique, parce l’épandage a lieu au champ, la détermination rapide de la courbe d’écoulement
est souhaitable. A partir de l’équation de la courbe maîtresse, seule la connaissance du seuil de
contrainte et du paramètre λ peuvent suffire pour retrouver la loi de comportement de la boue
analysée.
Le seuil de contrainte est déterminé à partir du slump test, développé par Pashias et al., (1995), que
nous avons amélioré (Baudez, 2001) pour montrer qu’il existe une concordance entre les résultats
du rhéomètre et ceux du test d’effondrement, mais uniquement pour des fluides tels que les boues,

9
où le seuil matérialise une transition entre un régime viscoélastique linéaire et un régime
viscoélastique non linéaire.
Il s’agit de démouler un échantillon de boue, le laisser s’effondrer sous l’action de son propre poids
et d’une masse supplémentaire, (cf. figure 10) pour relier la hauteur d’effondrement s et le seuil de

2τ 1   ρg (H + z0 )  
contrainte τ1 par l’équation s = H + z0 − 1 + ln    où ρ représente la masse
ρg   2τ 1 

volumique de la boue, H la hauteur initiale de l’échantillon et z0 la hauteur virtuelle correspondant


à la masse supplémentaire appliquée.
Le paramètre λ quant à lui représente, par construction, les interactions hydrodynamiques entre le
fluide et la matière qui ne dépendent que de la concentration volumique. A partir de plusieurs
équations de courbes maîtresse, représentant au total une quarantaine de courbes d’écoulement, on
obtient une relation exponentielle, empirique, entre la concentration volumique solide

et le paramètre λ : λ = 175 ⋅ exp(− 0,44 ⋅ Φ v ) .


% MM
Φ v = % MO +
2,6

FIG. 11 : le slump test modifié aux instants initial et final

Cette méthode permet d’approcher la courbe d’écoulement par le calcul, (cf. figure 11). Simple et
rapide, elle ouvre de nombreuses perspectives quant aux travaux de recherches appliqués à
l’épandage et à l’optimisation des procédés, in situ.

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FIG. 11 : Courbes d'écoulement obtenues avec le rhéomètre, avec le slump test et l'équation de la
courbe maîtresse, avec le slump test et le calcul du paramètre λ = f (Φ v )

Conclusion
Les boues résiduaires sont des fluides de composition complexe, mélange concentré de polymères
organiques et de particules colloïdales, qui fermente au cours du stockage. La matière organique
devient de plus en plus hydrophobe et s’auto-organise de manière à minimiser les contacts avec
l’eau, ce qui influence quantitativement le comportement sans le modifier qualitativement.
En effet, systématiquement, quel que soit l’âge de la boue, en dessous d’une première contrainte
critique, τ1 , le comportement est viscoélastique linéaire. Au-delà, il est viscoélastique non linéaire,
jusqu’à une seconde contrainte critique, τ 2 , au-delà de laquelle le comportement est purement
visqueux. En régime permanent, le comportement obéit à un modèle de Herchel-Bulkley pour les
contraintes supérieures à τ1 .
Au stockage, tous les paramètres liés aux interactions non-hydrodynamiques diminuent en fonction
du temps selon une loi-puissance de même exposant tandis que la composante hydrodynamique est
invariante. De plus, toutes les courbes d'écoulement peuvent être matérialisées, sous forme
adimensionnelle, par une courbe maîtresse, ce qui montre que les interactions au sein de la matrice
solide présentent des similitudes pendant la fermentation.
Finalement, à partir de ces similitudes, il devient possible d’approcher rapidement la courbe
d’écoulement pas des tests simples consistants à mesurer le seuil de contrainte τ1 et la teneur
volumique solide en matières organique et minérale.

BIBLIOGRAPHIE
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