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RÉSUMÉ : Cette communication montre comment l’interaction entre le sol et un pieu isolé rigide
soumis à des charges horizontale et verticale peut être représentée par un modèle explicite au
module de réaction. Les non linéarités de l’interaction sol-pieu et l’influence de la profondeur sur le
mécanisme de déformation du sol sont prises en compte dans l’expression du module de réaction
K(z), qui dépend de la profondeur, du déplacement horizontal, de la nature du sol et du mode de
réalisation du pieu. Les schémas de calcul pour le cas d’un chargement uniquement horizontal en
sol homogène, d’un chargement général en sol homogène et d’un chargement général en sol stratifié
et les équations sont décrits. Les comparaisons effectuées avec l’expérience et d’autres méthodes
d’analyse confirment l’intérêt de cette approche.
1. INTRODUCTION
Les problèmes d’interaction entre sols et structures constituent le sujet majeur des
développements de la mécanique des sols moderne, comme en témoignent les nombreux
programmes de recherche, publications et congrès qui leur sont consacrés. Le progrès des méthodes
d’analyse numérique et l’accroissement rapide des capacités des ordinateurs ouvrent en effet des
perspectives très larges pour traiter des problèmes de plus en plus complexes (plus tridimensionnels,
moins linéaires, mêlant des matériaux variés, …). Cette évolution est probablement en cours, mais
elle se heurte actuellement à une série de difficultés qui freinent le passage des modèles approchés
ou semi-empiriques à des modélisations plus complètes et détaillées des sols et des ouvrages qu’ils
portent.
Le thème de cette communication appartient à un domaine du génie civil et de la géotechnique
où il existe justement des obstacles résistant à l’évolution des méthodes de calcul : le calcul des
pieux s’effectue dans la plupart des pays au moyen de méthodes semi-empiriques, qui utilisent les
propriétés des sols déduites d’essais en place (pénétromètre, pressiomètre,…) et qui contiennent des
coefficients de calage déduits de l’observation préalable du comportement de nombreux ouvrages.
De telles méthodes de calcul sont difficiles à remplacer.
Il existe trois classes de méthodes de calcul pour les pieux : les méthodes utilisant la théorie de
l’élasticité, les méthodes de calcul au module de réaction et les méthodes de calcul numérique en
éléments finis (ou assimilées). Les deux premières trouvent leur origine au dix-neuvième siècle,
dans les travaux de Boussinesq (1885) et dans ceux de Winkler (1867). La dernière est le fruit des
progrès de la rhéologie des matériaux, des méthodes numériques et des ordinateurs, déjà cités.
Les pieux rigides (qui sont aussi des pieux courts) et les chargements horizontaux ne constituent
qu’une petite partie du domaine des fondations profondes. Mais ils comportent toutes les difficultés
inhérentes à la modélisation des sols et des structures et ont été traités par les trois classes de
méthodes citées plus haut. Nous passerons d’abord en revue l’état des méthodes de calcul et des
données expérimentales sur lesquelles elles s’appuient, avant de développer le modèle au module de
réaction que nous proposons d’utiliser pour les pieux courts rigides sous charge horizontale.
d 4 yi
EpIp 4
Esti y i P0i
0 , (1)
dz
dont la solution dépend de façon générale de quatre constantes (deux pour un pieu rigide). On
obtient les conditions nécessaires pour déterminer ces 4n constantes en écrivant la continuité de y et
de ses dérivées aux interfaces des couches. L’opération est répétée en ajustant les valeurs de Esti et
P0i jusqu’à ce que tous les couples (Pi, yi) correspondent à des points de la courbe de réaction.
Une autre approche consiste à écrire la loi de réaction du sol à la profondeur z sous la forme :
3 y0
§z· § z ·
q z bK D ¨ ¸ ¨¨1 ¸¸ y 0 , (2)
©D¹ © D0 ¹
où q(z) dépend de y0 à la fois directement et par l’intermédiaire de \0). Cette équation peut être
analysée pour chaque valeur du déplacement du pieu à la surface du sol y0. Elle s’intègre facilement
et permet de calculer directement la fonction q(z) correspondant à chaque valeur de y0. C’est cette
approche qui est utilisée avec le modèle décrit dans la section suivante.
3. MODÈLE DE CALCUL
3.1. Généralités
Une fois retenu le cadre général du modèle des déformations locales (modèle de Winkler) pour
décrire l’interaction entre le pieu et le sol, et dans le cas simple d’un pieu rigide, la seule question
complexe reste la description du module de réaction, c’est à dire de la relation entre la pression p
appliquée au pieu à la profondeur z et le déplacement horizontal y du pieu à la même profondeur.
Nous utilisons une loi de variation du module de réaction en fonction de la profondeur de forme
générale :
Q
§z·
K z K0 KD ¨ ¸ (3)
©D¹
dans laquelle
K0=K(z=0) est la valeur du module de réaction du sol au niveau de la surface,
KD=K(z=D) est la valeur du module de réaction du sol au niveau de la pointe du pieu,
z est la profondeur sous la surface du terrain naturel,
D est la longueur du pieu,
HVW XQ H[SRVDQW FDUDFWérisant la variation de K(z) avec la profondeur.
La valeur du module de réaction en surface est supposée nulle. Pour sa part, l’exposant DYDLW été
d’abord associé à la nature du sol dans les travaux antérieurs de Shakhirev (1971) et Shakhirev et
Ziyazov (1972) :
0 d d 0,5 pour les argiles,
0,5 d d 1 pour les argiles limoneuses,
! SRXU OHV VDEOHV
Mais l’analyse des résultats des mesures effectuées sur de nombreux pieux a montré que ce
paramètre dépend en réalité plus de la valeur du déplacement horizontal du pieu provoqué par la
charge horizontale que de la nature du sol (Shakhirev, 1987) et il a été décidé de choisir la valeur de
HQ IRQFWLRQ GX GpSODFHPHQW KRUL]RQWDO \o du pieu à la surface du sol. Ce choix a été conforté par
les travaux ultérieurs de Shakhirev et Ejjaaouani (1995) et l’analyse des résultats d’études
expérimentales en vraie grandeur. Le tableau 1 décrit la relation entre K et yo présentée par
Ejjaaouani et al. (1997). Ces valeurs, d’origine expérimentale, incluent les effets de tous les facteurs
qui interviennent dans l’interaction sol-pieu, notamment les forces de frottement sur la surface
latérale du pieu et sous la pointe.
§ z ·
yz y 0 ¨¨1 ¸ (4)
© D ¸ 0 ¹
ª 1 D º
H K D y 0 bD « » HD (5)
¬ Q 1 D 0 Q 2 ¼
ª 1 § z · Q1 D §z· º
Q2
V z H K D y 0 bD « ¨ ¸ ¨ ¸ » (6)
¬« Q 1 © D ¹ D 0 Q 2 © D ¹ ¼»
ª 1 §z·
Q 2
D §z· º
Q3
M z r M HL z K D y 0 bD «
2
¨ ¸ ¨ ¸ » D z H D (7)
«¬ Q 1Q 2 © D ¹ D 0 Q 2 Q 3 © D ¹ »¼
N
yL eL yL
H H M
L L
yo yo
Do Do
D D
O O
q(z) q(z)
HD HD
yD yD ND b/3
b/2 b/2 b/2 b/2
b b
Figure 1. Schéma de calcul d’un pieu rigide Figure 2. Schéma de calcul d’un pieu rigide
dans un massif de sol homogène dans un massif de sol homogène
lors de l’application d’une charge horizontale H sous chargement complexe (N, H, N)
N
eL yL
H M
L
yo Module de réaction K(z,yo)
z1
f(z)
q(z) z2
Do
D z3
z4
O
q(z)
HD
KD
yD ND b/3 KD
b/2 b/2 KD
b KD
Figure 3. Schéma de calcul d’un pieu rigide dans un massif de sol stratifié
sous chargement complexe (N, H, M)
avec
b – dimension transversale du pieu,
HD = Ac – force horizontale à la base du pieu,
A – aire de la base du pieu,
c – cohésion du contact sol-pieu,
et
FQ1K D D3 y 0
D0 (8)
FQ 2 K D D 2 y 0 L D H D r M
b>L D Q 3 D@
F31 (9)
DQ 2 Q 3
b>L D Q 2 D@
F3 2 (10)
DQ 1Q 2
ª 1 D º y0 § D ·
H K D y 0 bD « » ¨¨1 ¸¸ N D tan MD Ac (11)
¬ Q 1 D 0 Q 2 ¼ y m © D 0 ¹
ª 1 § z · Q1 D §z· º
Q2
V z H K D y 0 bD « ¨ ¸ ¨ ¸ » (12)
«¬ Q 1 © D ¹ D 0 Q 2 © D ¹ »¼
ª Q 2 Q 3
1 §z· 1 §z· º
M z r M HL z K D y 0 bD « 2
¨ ¸ ¨ ¸ »
«¬ Q 1Q 2 © D ¹ Q 2 Q 3 © D ¹ »¼
§LD · ªy § D · º
N¨¨ y 0 r e L ¸¸ « 0 ¨¨1 ¸¸ N D tan MD Ac» D z (13)
© D0 ¹ ¬« y m © D 0 ¹ ¼»
avec les nouvelles notations ou expressions :
ND – résultante de la pression du sol sous la pointe du pieu,
f(z) – frottement sur le fût du pieu,
ym – déplacement du pieu pour lequel le frottement maximal sous le pieu est mobilisé,
D – angle de frottement du sol sous la pointe du pieu,
et
y
FQ1K D D3 y 0 L D D 0 N D tan MD >NL D N D @Dy 0
ym
D0 (14)
ªy º N b
FQ 2 K D D 2 y 0 L D « 0 N D tan MD Ac» D N D y 0 r Ne L r M
¬ ym ¼ 3
y0 § D ·
VD HD ND ¨¨1 ¸¸ tan MD Ac (15)
ym © D0 ¹
(16)
ªb § D ·º
M z D N D « y 0 ¨¨1 ¸¸» .
«¬ 3 © D 0 ¹»¼
4. COMPARAISONS ET VALIDATIONS
À titre d’exemple, nous présentons le calcul de trois pieux courts rigides moulés en place, de
diamètres b = 0,5 m, 0,8 m et 1 m, encastrés de 3 m dans le sol et soumis à une charge horizontale
appliquée à la cote L = 2 m au-dessus de la surface du sol. Les données expérimentales ont été
publiées par Shakhirev et Ejjaaouani (1995) et Ejjaaouani et al. (1997). Ces pieux ont été soumis
d’une part à une charge horizontale H et d’autre part à l’action combinée de deux forces horizontale
H et verticale (N = 150kN). Les hypothèses suivantes ont été adoptées : KD = 20 MN/m3,
ym = 0,0 !D = 25 degrés, A = Sb2/8, c = 30 kPa. La figure 4 compare les variations calculées
du déplacement horizontal y0 du pieu au niveau du sol en fonction de la force horizontale H, pour
N = 0 et N = 150 kN. Les relations H = f(y0) sont fortement non linéaires et dépendent
principalement du diamètre du pieu. Elles sont en bon accord avec les observations expérimentales.
80 b = 1m
Force horizontale H (kN)
60 b = 0,8m
40
b = 0,5m
20
Légende , , N = 0 kN
, , N = 150 kN
0
0 0,01 0,02 0,03 0,04 0,05
Déplacement horizontal du pieu au niveau de la surface du sol, y0 (m)
D’autres applications montrent que la stratification du sol exerce une influence importante sur le
résultat et retrouvent une constatation courante des études sur les pieux soumis à des charges
horizontales, qui est que la couche de surface exerce une influence déterminante sur l’interaction du
sol et du pieu.
Enfin, la comparaison en cours de cette approche de la modélisation de l’interaction sol-pieu
sous charges horizontale avec les modèles classiques de l’interaction sol-pieu montre que la
simulation globale du phénomène est assez proche mais qu’il existe des divergences dans
l’estimation des amplitudes finales des mouvements, liées aux références utilisées pour caler les
modèles sur l’expérience. Les paramètres utilisés jusqu’à présent pour l’application du modèle
présenté ici sont associés à des observations de longue durée sur le comportement des pieux. Les
courbes calculées doivent être sensiblement modifiées pour qu’elles coïncident avec les résultats
des essais de chargement avec paliers de 30 minutes qui existent dans la littérature spécialisée.
5. CONCLUSION
L’interaction entre le sol et un pieu isolé rigide soumis à des charges horizontale et verticale peut
être représentée efficacement par un modèle explicite au module de réaction dont les équations ont
été présentées dans cette communication. Les non linéarités de l’interaction sol-pieu et l’influence
de la profondeur sur le mécanisme de déformation du sol sont prises en compte dans l’expression du
module de réaction K(z), qui dépend de la profondeur, du déplacement horizontal, de la nature du
sol et du mode de réalisation du pieu. Les comparaisons effectuées avec l’expérience et d’autres
méthodes d’analyse montrent que cette approche est pertinente.
6. RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES