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Électromagnétisme

par Gérard FOURNET


Professeur émérite de l’Université de Paris VI

1. Bases de l’électromagnétisme ............................................................. D 1 020 - 5


1.1 Définitions et grandeurs.............................................................................. — 5
1.2 Équations macroscopiques de Maxwell .................................................... — 7
1.3 Relations macroscopiques liées à l’état de la matière ............................. — 13
1.4 Énergies électromagnétiques ..................................................................... — 15
2. Différents aspects de l’électromagnétisme ..................................... — 17
2.1 Électrostatique ............................................................................................. — 18
2.2 Magnétostatique.......................................................................................... — 29
2.3 États quasi stationnaires ............................................................................. — 45
2.4 États dépendant complètement du temps ................................................ — 48
3. Applications à l’électrotechnique ....................................................... — 53
3.1 Le vecteur de Poynting et les transferts d’énergie ................................... — 53
3.2 Éléments typiques des circuits électriques ............................................... — 53
3.3 Circuits magnétiques................................................................................... — 58
3.4 Effet de peau ................................................................................................ — 64
3.5 Pertes par courants de Foucault................................................................. — 71
3.6 Lignes de transport ou de transmission .................................................... — 78
4. Annexe A : nature tensorielle des grandeurs et applications..... — 83
4.1 Nature et classement des grandeurs physiques....................................... — 83
4.2 Nature tensorielle des grandeurs et lois physiques ................................. — 85
5. Annexe B : opérateurs différentiels.................................................... — 88
5.1 Définition des opérateurs différentiels ...................................................... — 88
5.2 Application des opérateurs différentiels à des produits
ou à des fonctions ....................................................................................... — 89
5.3 Combinaisons d’opérateurs différentiels .................................................. — 89
5.4 Intégrations d’opérateurs différentiels ...................................................... — 90
Références bibliographiques ......................................................................... — 90

ne bonne connaissance de l’électromagnétisme, partie de la physique qui


U traite des relations entre les phénomènes électriques et magnétiques, est
une des bases nécessaires à l’électrotechnicien ; nous nous sommes donc
efforcés de présenter un exposé logique, précis, utile et pouvant même aug-
menter la culture générale de l’électrotechnicien.
Avant de détailler chaque point, signalons d’abord que nous avons adopté les
3 - 1993

notations et le système d’unités définis par les normes françaises et inter-


nationales [Bureau International des Poids et Mesures (1985), Union Technique
de l’Électricité (1981), Union Internationale de Physique Pure et Appliquée (1965)]
D 1 020

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(cf. articles Unités légales et facteurs de conversion [A 24] dans le traité Plasti-
ques et Composites et Système d’unités MKSA de Giorgi [D 50] dans le traité
Génie électrique). Nous utilisons donc le vocabulaire suivant :
— pour les grandeurs de base :

E champ électrique 
 
B induction magnétique 
 (1)
D déplacement (induction) électrique 
 
H champ magnétique 

— pour les sources :


ρ densité volumique de charge 
 (2)
J densité de courant 

— dans le cas de relations linéaires :

ε permittivité avec D = ε E 
  
µ perméabilité avec B = µ H  (3)

γ conductivité avec J = γ E 

Ces précisions sont très importantes dans le domaine de l’électromagnétisme


où il est difficile de dire que l’unanimité est atteinte ! Toutes les considérations
qui amènent à montrer que tel système est meilleur que tous les autres nous
paraissent d’ailleurs artificielles : un système est bon s’il permet de repérer les
différents types de grandeurs par différents types de symboles en restant le plus
près possible de la réalité physique.
■ Des considérations de pure logique montrent qu’une relation dont on ignore
le domaine de validité est inutile et peut même être dangereuse. Nous avons donc
cherché à montrer l’origine des différentes relations en distinguant dès le début
de l’article, d’une part, les lois générales de l’électromagnétisme (équations de
Maxwell et relation énergétique) et, d’autre part, les relations particulières
correspondant aux différents matériaux. C’est ainsi qu’il faut distinguer une loi
générale (div D = ρ , par exemple) d’une relation particulière ( J = γ E ) qui
n’est pas une loi mais une relation valable dans certains cas (fréquemment réa-
lisés, il est vrai).
Par ailleurs, il existe deux types de présentation (microscopique et macro-
scopique) des équations de Maxwell suivant que, par exemple, dans un solide,
la densité volumique de charge ( ρ = dQd ) est définie soit en se glissant entre
les atomes ( d nettement inférieur à 10 –3 nm3, le volume d’un atome étant de
l’ordre de 30 · 10 –3 nm3), soit, au contraire, en considérant des d comportant
au moins 10 4 atomes. C’est cette dernière présentation (macroscopique) que
nous avons considérée parce qu’elle est la plus simple et permet de traiter la
quasi-totalité des problèmes (le domaine des supraconducteurs étant exclu, cf.,
dans ce traité, article [D 2 700] Supraconducteurs) qui se présentent aux
électrotechniciens.
Enfin, pour que le lecteur puisse suivre la logique de l’exposé, nous avons tou-
jours soit donné les détails des démonstrations simples, soit indiqué seulement
le schéma du déroulement des idées dans les cas compliqués ; il est ainsi pos-
sible, par exemple, de voir que la seule loi générale sur la densité volumique
 
d’énergie magnétique est sa variation H ⋅ ∂B et non pas sa valeur µ H 22 qui
 
n’a de sens que pour les corps idéaux, c’est-à-dire régis par une loi B = µ H
 
de stricte proportionnalité entre B et H .

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■ Pour qu’un exposé puisse être précis, il faut qu’il ne comporte que des gran-
deurs bien définies n’intervenant que dans des relations intrinsèques.
L’intensité d’un courant ne peut être bien définie qu’après avoir indiqué le
sens par rapport auquel ce courant est repéré. La différence de potentiel entre
deux points A et B doit, de même, être précisée par U = VA – VB ou
U = VB – VA . La charge Q d’un condensateur n’a pas de sens : il faut indiquer
les charges Q i et Qj des électrodes i et j, etc.
La densité superficielle de charge σ à la limite de deux milieux doit s’exprimer
sous la forme de la relation intrinsèque σ = ( D 1 – D 2 ) ⋅ n 21 , où n 21 est la
normale unitaire dirigée du milieu 2 vers le milieu 1 . Cette relation est bien intrin-
sèque puisque la permutation de 1 et 2 ne change pas le résultat ; il n’en est
pas de même pour l’expression très répandue : σ = D 1n – D 2n .
On peut cumuler les deux types d’imprécisions dans une relation du type
Q = CU complètement asexuée (c’est-à-dire sans signe), alors que l’expression
intrinsèque de la charge d’une électrode d’un condensateur idéal est
Qi = C (Vi – Vj ).
■ Les électrotechniciens utilisent, de plus en plus, des courants non sinusoï-
daux et des fréquences de base plus élevées que 50 Hz. Nous avons donc, pour
certains problèmes (évaluation des pertes par exemple), considéré l’évolution
des phénomènes en fonction de la fréquence et montré qu’on pouvait se
contenter, avec une assez bonne précision, d’utiliser deux lois asymptotiques
respectivement valables pour ω → 0 et ω → ∞ . Nous avons ainsi développé une
méthode qui permet de calculer assez simplement les pertes par effet Joule dans
un conducteur de section quelconque parcouru par un courant périodique quel-
conque. Par ailleurs, l’utilisation de courants non sinusoïdaux et de fréquences
élevées montre qu’il est de plus en plus nécessaire que les électrotechniciens
acquièrent de bonnes connaissances de base sur les matériaux magnétiques.
L’exemple montre qu’il existe parfois de grandes lacunes dans ce domaine et la
 
définition de l’aimantation M comme la densité volumique dd de moment

magnétique (qui laisse croire que M est une grandeur spatialement continue) a
fait beaucoup de mal à ce sujet : on ne peut vraiment comprendre le compor-
tement des ferromagnétiques qu’en considérant la vérité, c’est-à-dire l’existence
des domaines de Weiss et leur séparation par les parois de Bloch. Nous avons
essayé de présenter ces notions de la façon la plus simple possible dans le
paragraphe 2.2.4.
■ Pour mettre en évidence les caractères des différentes grandeurs physiques,
on peut distinguer, dans un premier temps, deux types de vecteurs :
— les vecteurs polaires (comme une force F , le champ électrique E , le
déplacement électrique D ) qui ont la symétrie d’une flèche ;
 
— les vecteurs axiaux (comme un couple Γ , le champ magnétique H ,

l’induction magnétique B ) qui ont la symétrie d’une toupie en train de tourner ;
à ce stade, il est nécessaire de disposer d’un tire-bouchon pour définir les trois
composantes à droite de ce type de « vecteur » tandis qu’un tire-bouchon de
farce et attrape fournirait les trois composantes à gauche.
Le petit effort nécessaire pour acquérir cette différence permet ensuite de pré-
voir le cadre des relations possibles et de mieux comprendre ainsi les
phénomènes : à propos de flux, par exemple, on montre qu’une bonne grandeur
physique ne peut concerner que le flux de D au travers d’une surface fermée

limitant un volume ou le flux de B au travers d’une surface s’appuyant sur et
limitée par un contour fermé.

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Une analyse plus profonde et plus générale montre que chaque grandeur
physique peut être caractérisée au moyen de deux critères :
— sa nature dimensionnelle (liée aux modifications de la mesure de cette
grandeur quand on change les unités de base) ;
— sa nature tensorielle (liée aux modifications des composantes de cette
grandeur quand on change les vecteurs de base qui permettent de repérer
l’espace) ; ce second critère [très souvent négligé et considéré à tort comme très
difficile, ce qui nous a conduit, pour ne pas rebuter les lecteurs, à reporter dans
l’annexe A (§ 4) tout ce qui le concerne] permet d’acquérir des notions plus syn-
thétiques sur la physique en général et l’électromagnétisme en particulier.
Une relation générale d’égalité ne peut donc unir que deux grandeurs de
même nature tensorielle, c’est-à-dire des grandeurs dont les composantes réa-
gissent de la même façon quand on modifie les vecteurs de base de l’espace.
Comme il est possible de montrer que E et D n’ont pas la même nature ten-
sorielle, il ne peut donc exister, même dans le cas du vide (et quel que soit le
système d’unités choisi), une relation générale de pure proportionnalité entre
D et E ; néanmoins, dans ce cas, si on s’astreint à n’utiliser que des vecteurs

de base triorthogonaux, la relation D = ε 0 E est utilisable de même que la


relation « la longueur du navire = l’âge du capitaine » reste valable si on
s’astreint à conserver les mêmes unités de longueur et de temps.
 
Il est également possible de montrer que H et B n’ont pas la même nature
tensorielle et il est donc impossible de prétendre en général que, dans le cas
du vide, la différence entre ces grandeurs n’est qu’une question d’unités.
C’est toujours la nature tensorielle des grandeurs qui montre (contrairement
à ce que l’on peut lire dans certains ouvrages) que le théorème de Gauss doit
faire intervenir en général les charges électriques et le flux de D tandis que le

théorème d’Ampère doit lier les courants et la circulation de H .
 
Les erreurs que nous venons de signaler (exemple : D = ε 0 E et B = µ 0 H
dans le vide) subsistent dans la littérature parce que leurs usagers, tant qu’ils
se bornent à l’utilisation de vecteurs de base triorthogonaux, obtiennent des
résultats corrects sans être sanctionnés ; néanmoins, il ne faut pas confondre
un procédé commode et ses conditions d’utilisation (que nous emploierons) avec
la réalité des phénomènes. C’est dans ce sens que l’on peut montrer que les
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&
prétendus vecteurs axiaux sont en réalité des grandeurs d’un type T ( H et B )
qui, dans l’espace à 3 dimensions, ont 3 2 = 9 composantes (les 3 ex-composantes
à droite, les 3 ex-composantes à gauche et 3 composantes nulles), tandis qu’un
véritable vecteur (ex-vecteur polaire) est défini par 3 composantes. Si, épris de
physique moderne, on considère les doctrines relativistes (qui datent de 1905)
où interviennent de façon indissolublement liée quatre coordonnées (x, y, z, t)
d’espace-temps, on montre que l’électromagnétisme est constitué essentielle-
&
&
ment à partir de deux grandeurs du type T à 4 2 = 16 composantes (dont quatre
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&
sont nulles) : la première grandeur  est formée à partir des composantes de
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H et D , la deuxième  à partir de B et E . Le rapprochement ainsi effectué entre
 &  &
H et D , d’une part, B et E , d’autre part, montre que le vocabulaire adopté
[relations (1)] n’est pas rationnel. Il paraît néanmoins difficile de changer la dési-
gnation des grandeurs physiques à chaque nouveau progrès des connaissances.
À titre d’exemple, les partisans du changement, depuis la découverte (1939) de
la possibilité de fission de certains atomes devraient parler de la fission des
sécables d’uranium 235 (et non plus des atomes d’uranium 235).

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Les natures tensorielles complètes de  ( H, D ) et  ( B, E ) , le type T n’étant
&
&
qu’une indication partielle, montrent alors [1] que  doit satisfaire obligatoire-
ment à une certaine relation qui conduit, dans le langage relatif à l’espace à 3
dimensions, à :
 ∂D
rot H – --------- = J (4)
∂t

div D = ρ (5)
&
&
tandis que, pour  , la relation autorisée la plus simple (et donc la première à
essayer) se traduit dans les mêmes conditions par :

 ∂B
rot E + --------- = 0 (6)
∂t

div B = 0 (7)
Nous retrouvons ainsi les équations de Maxwell classiques (§ 1.2.1) à partir
de pures considérations tensorielles.

L’article comprend trois parties respectivement consacrées aux bases de l’électromagné-


tisme, à ses différents aspects et à ses applications à l’électrotechnique. L’annexe A (§ 4) est
consacrée à la nature tensorielle des grandeurs tandis que l’annexe B (§ 5) concerne les diffé-
rents opérateurs différentiels et leurs applications.

1. Bases 1.1.2 Choix de la méthode de présentation


de l’électromagnétisme
de l’électromagnétisme On peut présenter l’électromagnétisme de deux façons
principales :
1.1 Définitions et grandeurs — après un rappel d’un grand nombre d’observations expérimen-
tales traduites par des lois (loi de Coulomb, par exemple, sur les
1.1.1 Importance de l’électromagnétisme forces s’exerçant entre particules électriquement chargées), on
montre que ces lois peuvent se déduire de quelques équations de
Le but de l’électromagnétisme est d’établir les lois qui régissent base ;
les phénomènes électriques et magnétiques au sens le plus large — après avoir admis quelques équations de base, on montre
de ces termes. Il doit rendre compte de toutes les applications de que tous les phénomènes observés peuvent s’en déduire.
l’électricité : production d’énergie (alternateurs, dynamos...), trans- Quand une branche de la physique est en train de se constituer,
port et distribution de l’énergie électrique, utilisation de cette énergie on est bien obligé de suivre le premier type d’exposé. En revanche,
(moteurs, éclairage...), ondes électromagnétiques (qui vont du pour un corps de doctrine établi, la deuxième méthode (que nous
rayonnement γ aux ondes radioélectriques de communication en allons adopter) paraît meilleure parce qu’elle permet de connaître
passant par les rayons X, l’ultraviolet, la lumière visible et vraiment le noyau dur de la branche considérée, c’est-à-dire le très
l’infrarouge). petit nombre de concepts et d’équations de base à partir desquels
De plus, la matière étant composée, à l’échelle atomique on peut expliquer tous les phénomènes connus. Bien entendu, il
faut toujours revenir à ce noyau dur pour tenter d’expliquer un
( 1 A˚ = 10 –10 m ) , de particules chargées soit positivement (noyaux
nouveau phénomène et si, sans faute de logique, cette tentative est
atomiques), soit négativement (électrons), il est possible de dire
infructueuse, on doit modifier le noyau dur, ce qui entraîne une
que l’électromagnétisme est présent à cette échelle au plus intime
révision déchirante d’une partie de la physique, de nouveaux pro-
de la matière.
grès (et probablement le prix Nobel pour le casseur de noyau !).
L’électromagnétisme constitue donc une des branches les plus
importantes de la physique.

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1.1.3 Les bonnes grandeurs de l’électromagnétisme Remarquons cependant que si un courant électrique est un phéno-
mène physique indépendant de toute convention intrinsèquement
Les ingénieurs ont l’habitude d’utiliser des grandeurs directement
mesurables , l’intensité du courant qui parcourt un circuit par lié aux valeurs de J la détermination du signe de son intensité exige
exemple. Cela correspond à un souci de réalisme parce que le cahier le choix d’un sens repère (§ 3.2.2.1) : on peut aussi bien la mesurer
des charges d’un contrat ne peut porter que sur de telles grandeurs. dans le sens 12 que dans le sens 21 .
■ En revanche, quand on cherche l’expression générale d’une loi
physique, ces grandeurs directement mesurables ne sont pas
attractives. 1.1.4 Échelle d’exploration de la matière :
grandeurs macroscopiques
Citons (en supposant, pour simplifier, que les phénomènes sont
invariables en fonction du temps) deux exemples. et grandeurs microscopiques
— On considère des fils conducteurs de même nature, de même
section mais de longueurs  différentes ; l’intensité I du courant Nous sommes ainsi conduits à penser que les lois universelles
dépend de la différence de potentiel appliquée U et de la longueur  , ne peuvent être que des lois locales, faisant donc apparaître la
mais on trouve que l’intensité I ne dépend que d’une variable réduite matière, les charges électriques, etc. sous forme de densité
E = U : la différence de potentiel U est directement mesurable ; le volumique.
champ E est la bonne variable d’une loi physique. Les charges électriques, par exemple, ne peuvent apparaître
— On considère des fils conducteurs de même nature, de sections dans ces lois que par l’intermédiaire d’une densité volumique :
S différentes, soumis à un même champ E. L’intensité I du courant ne
dQ
dépend que de S tandis que sa densité J = I /S est uniquement liée à E. ρ = -------- (9)
d
Sur ces deux exemples très simples, nous voyons qu’aux gran-
deurs directement mesurables (intensité de courant et tension), les Classiquement, on définit ρ au point M en faisant le rapport entre,
seules qui intéressent en définitive les utilisateurs, il faut faire cor- d’une part, la charge dQ contenue dans un volume d entourant
respondre des grandeurs plus élaborées (densité de courant J et le point M et, d’autre part, l’étendue d de ce volume quand tous
champ électrique E ) pour espérer écrire une loi universelle. les points de la surface S ( d ) qui le limite tendent vers le point M.
Cette définition est ambiguë et, lorsqu’elle est prise au sens strict
■ Un autre caractère des grandeurs qui peuvent entrer dans des mathématique, entraîne un grand nombre de complications souvent
lois universelles est la possibilité de les définir avec le moins inutiles.
d’ambiguïté possible. Considérons, par exemple, un solide métallique ; dans les exposés
La différence de potentiel U entre deux points A et B peut être élémentaires, on indique que, dans ce type de conducteur, ρ est nul ;
aussi bien U ’ = V A – V B que U ’’ = V B – V A , V M désignant le potentiel il est facile de s’opposer à cette proposition quand on sait que le
au point M. Une définition, pour les phénomènes indépendants du solide considéré peut être décrit comme un ensemble d’ions positifs
entre lesquels se trouvent des nuages d’électrons négatifs, les dis-
temps, du champ électrique par E = – grad V ne présente pas ce tances mutuelles entre les ions les plus proches étant de l’ordre de
0,3 nm ; quand le point M est à l’extérieur des ions positifs et si le
type de défaut ; en chaque point, E est un vecteur bien défini dont volume d est négligeable devant (0,3 nm)3, ρ (M) est négatif ; sous
la valeur est même invariante quand on ajoute une constante quel- la même condition pour d , ρ est positif en d’autres points. Le para-
conque à V. mètre essentiel dans la détermination de ρ est donc l’ordre de
Le même type de remarque peut être effectué au sujet de la densité grandeur de d :
de courant ; à la notion simpliste de J = I /S (valable pour une répar- — si le volume d tend vers zéro au sens strict des mathéma-
tition uniforme), il faut substituer la notation différentielle tiques, d est bien inférieur aux dimensions atomiques et ρ prend
J M = (d I /d S )M , tandis que, pour fixer l’aspect vectoriel, il suffit de des valeurs positives et négatives ; cette première densité ( d → 0 )
est nommée densité microscopique et peut être notée ρ µ ;
constater qu’une particule de charge q k et de vitesse v k correspond — si le volume d est négligeable à l’échelle des distances que
à un élément de courant q k v k ; dans le cas où il existe plusieurs nous observons facilement (0,1 mm), tout en restant grand devant
les dimensions atomiques [par exemple, un volume d de l’ordre
espèces de particules, cela conduit à :
de (0,01 µ m) 3 contient encore plusieurs dizaines de milliers
d’atomes], la densité ρ est nulle ; cette deuxième densité, avec d
J = ∑ ci qi < v i > (8) tendant macroscopiquement vers zéro , est la densité macro-
i
scopique , nous la désignerons par ρ sans marque particulière
avec ci concentration des particules d’espèce i, avec [(8)] :
< v i > vitesse moyenne de ces particules. ρ = ∑ ci qi (10)
i

La densité de courant J , pour le système de repère Oxyz choisi, La première densité ρ µ contient beaucoup plus d’informations qu’il
est ainsi bien déterminée. est nécessaire pour traiter un grand nombre de problèmes. Dans
l’état actuel de la technique, les ingénieurs n’ont vraiment besoin
de pratiquer les densités microscopiques de charge et de courant
Nous venons de voir que les grandeurs qui peuvent intervenir
que pour comprendre, et utiliser, les propriétés des supraconduc-
dans des lois universelles doivent être bien définies en chaque
teurs. Nous renvoyons, dans ce traité, aux articles spécialisés pour
point et qu’en particulier leur signe ou leur aspect vectoriel doit
les précisions alors nécessaires. C’est pour cette raison que le
être défini par une expression universelle (par exemple, J ) présent article est uniquement consacré à ce qui peut être prévu au
sans convention particulière. moyen des densités macroscopiques, la matière étant explorée au
moyen de volumes d dont le diamètre est au moins de 0,01 µm.

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1.1.5 Lois locales macroscopiques


à droite (indice d) (où l’axe Ox est amené sur l’axe Oy en enfonçant
Nous venons de voir l’intérêt d’effectuer un exposé de l’électro- un tire-bouchon classique dans la direction Oz ), le même tire-bou-
magnétisme à partir de quelques équations de base (§ 1.1.2) four- 
nissant des lois locales (§ 1.1.3 et 1.1.4) où interviennent des densités chon permet d’associer au sens intrinsèque de rotation de H une
volumiques ( ρ et J ) macroscopiques. direction sur la droite support [d’où le vecteur H d de composante
(H d )i avec i = x, y, z ], tandis que, pour un système d’axes à gauche
Nous allons montrer que, pour prévoir tous les phénomènes
électromagnétiques macroscopiques, il suffit d’ajouter à des rela- (indice g), un tire-bouchon de farce et attrape fournirait :
tions générales régissant la physique (en particulier, celles qui
concernent la thermodynamique) trois groupes d’équations H g = – Hd
spécifiques :
et (H g ) i = – ( H d ) i
— le premier groupe (les équations de Maxwell) est formé par
les lois générales qui unissent les grandeurs électromagnétiques Nous avons toujours mis entre guillemets l’expression « vecteur
macroscopiques, quelle que soit la matière considérée (§ 1.2) ; axial » parce qu’une grandeur ainsi désignée n’est en réalité pas un
— le deuxième contient, au contraire, les relations qui définissent vecteur. Dans l’espace à trois dimensions, un vecteur n’a que trois
les propriétés électromagnétiques caractéristiques de l’état et de la composantes : les vecteurs polaires sont les véritables vecteurs ; en
matière considérés (§ 1.3) ; 
— le troisième groupe, formé par une loi générale énergétique, revanche, H a six composantes : il n’y a aucune raison de privilégier
est nécessaire pour déterminer les forces et les énergies liées à
les composantes de H d plutôt que celles de H g . On peut montrer
l’électromagnétisme (§ 1.4).
l’annexe A (§ 4.1.5) fournit des détails sur la véritable nature du
Les premier et troisième groupes contiennent des lois générales 
qui ne peuvent être modifiées sans une révision déchirante d’une champ magnétique] que H est caractérisé par le tableau suivant
partie de la physique (§ 1.1.2). Le deuxième groupe (sauf dans le cas (à ne confondre ni avec un déterminant, ni avec une matrice) :
du vide) est formé par des relations particulières, résultant de l’expé-
rience, qui sont souvent idéalisées par des expressions simples (par 0 ( Hd )z ( Hg )y 0 Hx y Hx z
exemple, J = γ E ) et commodes permettant des calculs faciles. ( Hg )z 0 ( Hd )x = H yx 0 H yz (11)
( Hd )y ( Hg )x 0 Hz x Hz y 0

1.2 Équations macroscopiques de Maxwell où l’on remarque la relation de base :


H ij = – H ji
1.2.1 Énoncé justifiée par ( H d ) z ≡ H x y = – ( H g ) z = – H yx

Les équations de Maxwell font intervenir, d’une part, les quatre ce qui entraîne H ii = 0
grandeurs de base (1) et, d’autre part, les sources (2). Ces équations Un autre exemple de « vecteur axial » est fourni par le produit
peuvent prendre plusieurs formes ; dans le système légal MKSA, on vectoriel de deux vecteurs polaires :
pose :

a ∧ b = c (12)
 ∂D
(4) rot H = J + --------- (5) div D = ρ 
∂t le sens de rotation de c étant celui qui amène le premier vecteur
  a sur le deuxième b par un angle inférieur à π ; on obtient

(6) rot E = – ∂------
B
- (7) div B = 0 également :
∂t c ij = a i b j – a j b i = – c ji
Les autres formes s’obtiennent en faisant intervenir à certains avec c d, z = a x b y – a y b x
endroits de ces formules les facteurs 4 π et c (vitesse de la lumière).
Les équations de Maxwell sont valables quel que soit le système et c g, z = a y b x – a x b y
d’axes adopté.
  En posant :
■ Deux types de flèches ont été utilisés ( E et D , B et H ) pour
distinguer les deux types de grandeurs. ∂ ∂ 
 rot ( E ) d z = --------- E y – --------- E x =  rot ( E )  x y
∂x ∂y (13)
Les vecteurs polaires ( a ) sont caractérisés par une droite sup-
port, un module et un sens sur cette droite indépendant de toute
nous voyons que :
convention et, en particulier, du choix des axes de coordonnées ; les
forces, les vitesses, les champs électriques, les densités de courant  
sont de bons exemples de vecteurs polaires. rot ( E )  x y = –  rot ( E )  yx
(14)

Le champ magnétique H créé par une longue bobine à section
circulaire fournit un exemple typique de « vecteur axial » ; en un ce qui montre que le rotationnel de E est bien un « vecteur axial »,
 
point de l’axe de la bobine, H est défini par une droite support d’où la notation rot ( E ) .
(l’axe), un module et un sens de rotation autour de cette droite, ce
Par ailleurs, lorsqu’on passe d’un système d’axes à droite à un
sens étant fixé de façon intrinsèque par le sens de passage du courant
système d’axes à gauche, il intervient un changement de signe sur
(défini par J ). Si l’on veut donner un aspect polaire à la grandeur 
 la représentation H d ou H g de H ainsi que sur les composantes
H , il faut utiliser une convention arbitraire : pour un système d’axes

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 — dans le cas où le métal possède une vitesse de translation v 0


d’un rotationnel ; la grandeur rot ( H ) ne subit donc aucun chan- par rapport à R, on a :
gement dans ce cas et on peut admettre (ce n’est pas la démons-
tration !) que ce rotationnel présente un caractère polaire, d’où la J = ( zq ) c ions v + ( – q ) c el  v + < v el , R 0 >  
 0 0
 (19)
notation rot ( H ) [(710) et (711)]. = – q c el < v el, R 0 > 
■ La densité de charge macroscopique [relation (10)] :

ρ = ∑ ρi = ∑ ci qi 1.2.2 Théorèmes généraux déduits


des équations de Maxwell
i i

s’obtient en considérant la somme des contributions ρ i dues à Ces théorèmes généraux, valables quelle que soit la situation
chaque espèce de particules, chaque contribution étant égale au considérée, s’obtiennent en intégrant chacune des équations de
produit de la charge q i d’une particule de l’espèce considérée par la Maxwell.
concentration macroscopique c i correspondante :
c i = dN i d 1.2.2.1 Théorème de Gauss
L’application de la relation (728) à l’équation (5) donne, avec (9) :
avec dN i nombre de particules d’espèce i contenues dans un
volume d pas trop petit (§ 1.1.4).
Pour un métal en équilibre, en faisant intervenir séparément les
électrons (indice el) de charge – q et les ions de charge zq, nous
Q() =  
ρ d = 

div D d 





savons que : (20)
= + D ⋅ n s dS = – D ⋅ ne dS 
ρ = (zq ) c ions + (– q ) c el = 0 (15) S () S ()


■ Avec les mêmes notations, la densité de courant macroscopique où S (  ) est la surface fermée qui délimite le volume  ; le signe
s’exprime par la relation (8) :
d’un flux lié à D ⋅ n dS ne peut être défini que si le sens de la
J = ∑ ci qi < v i > = ∑ ρi < v i > normale unitaire n est précisé.
i i
L’énoncé général du théorème de Gauss indique que la charge
puisque l’élément de courant lié à la particule α d’espèce i est le pro- totale Q (  ) contenue dans un volume  [limité par la surface
duit de sa vitesse v α par sa charge q i ; la vitesse moyenne < v i >
S (  ) ] est égale au flux de D au travers de la surface S (  ) quand
est relative aux dN i particules qui ont permis d’évaluer la concen-
ce flux est évalué par rapport à la normale unitaire sortante (indice s)
tration c i , soit :
n s de ce volume ; l’utilisation de la normale entrante (indice e) n e
∑ vα correspond évidemment au signe opposé, ce qui montre bien que
d N i particules dans d 
c i < v i > = ------------------------------------------------------------ (16) l’utilisation (fréquente !) de D ⋅ n dS n’a pas de sens.
d

L’analyse tensorielle (§ 4.2.2) montre que seul D peut jouer un


Il est important, pour simplifier, de ne faire intervenir que la rôle dans un théorème du genre Gauss ; le prétendu théorème faisant
moyenne < v > du vecteur vitesse parce que, dans le cuivre par intervenir ε 0 E n’est valable que dans le cas du vide et à condition
exemple, l’agitation thermique des électrons correspond à un d’utiliser des axes orthogonaux.
module moyen des vitesses < v > de l’ordre de 10 6 m · s –1,
tandis qu’une densité de courant de 1 A · mm – 2 conduit à un 1.2.2.2 Notion de flux d’induction au travers d’un contour

module de la moyenne du vecteur vitesse < v > de l’ordre de L’application de la relation (728) à l’équation (7) fournit :
10 – 4 m · s –1.
 

div B d  =  S ()

B ⋅ ns dS = 0 (21)
Si des personnes croient évaluer la densité de courant par une

expression du type J = ρ v (!), demandez-leur de vous indiquer Bien que le produit scalaire B ⋅ n s ne soit pas intrinsèque, puisqu’il
la valeur de ρ dans un métal. Si elles donnent la réponse correcte change de signe quand on passe d’un système d’axes à droite à un
(ρ = 0), elles seront obligées de conclure qu’il est impossible de faire 
circuler un courant dans un métal. L’analyse correcte, effectuée à système d’axes à gauche (le vecteur polaire associé à B changeant
partir de (8) et (15) :
alors de sens : B d = – B g ), la relation (21) est néanmoins correcte,

J = ( zq ) c ions < v ions > + ( – q ) c el < v el > (17) la valeur de l’intégrale portant sur B ⋅ n s étant nulle.

Un élément de flux intrinsèque B ⋅ 
montre que la même valeur de J est obtenue :
n dS :
— dans le cas où le métal est fixe par rapport au système R 0 d’axes
utilisé, ce qui impose < v ions , R 0> = 0 , on a :  
B ⋅ n → B d ⋅ nd = (– B d ) ⋅ (– n d ) = B g ⋅ ng = B ⋅ n (22)

J = ( – q ) c el < v el , R 0> (18)

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 Comme nous pouvons modifier les surfaces S 1 et S 2 indépen-


ne peut se constituer qu’en faisant intervenir un « vecteur axial » n
qui s’introduit naturellement en considérant un contour fermé Γ, un damment l’une de l’autre (exemple : S 3 ), nous arrivons à la conclu-
 
sens arbitraire sur ce contour [noté alors contour ( Γ ) avec des paren- sion que, quelle que soit la surface S ( Γ ) s’appuyant sur et limitée
 
thèses, pour le distinguer d’un vecteur axial, B par exemple] et une par le contour ( Γ ) , le flux :

surface fermée S s’appuyant sur ( Γ ) . En chaque point de S, on peut
 
ainsi définir par continuité avec ( Γ ) un vecteur n Γ (figure 1). Le

Φ (Γ ) =  
 B ⋅ n Γ dS
S( Γ )
(25)

contour Γ divise la surface S en deux parties S 1 et S 2 de sorte que est constant et constitue donc une bonne grandeur physique.
les flux Φ s relatifs aux normales sortantes :


Les produits scalaires intrinsèques sont de deux types :

Φ 1s = B ⋅ n s dS  
S1  a ⋅ b et a ⋅ b .


(23)
 
et Φ 2s = B ⋅ n s dS  Le flux de D est donc lié à une normale polaire n qui ne
S2
peut s’introduire qu’au moyen d’une surface S (  ) fermée en
sont tels [(21)] que Φ 1s + Φ 2s = 0. 
 choisissant n s ou n e (§ 1.2.2.1). En revanche, le flux de B ne
En introduisant les flux Φ ( Γ ) relatifs aux normales axiales :
peut fournir une bonne grandeur physique intrinsèque qu’en uti-

Φ1 ( Γ ) =  
 B ⋅ n Γ dS
S1 ( Γ )

 

lisant un vecteur n Γ ; celui-ci ne peut être lié qu’à un contour

 (24) orienté ( Γ ) et à la surface S ( Γ ) s’appuyant sur et limitée par
et

Φ2 ( Γ ) =  
 B ⋅ n Γ dS
S2 ( Γ )

 ce contour.

nous voyons que le choix d’axes à droite entraîne : 1.2.2.3 Pseudo-loi et loi de Faraday
 
— pour S 1 : ( n Γ ) d = n s d′où Φ 1 ( Γ ) = Φ 1s ; La pseudo-loi de Faraday est donnée par la relation (26) ; la loi
de Faraday (27) sera explicitée au paragraphe 2.3.4.
  À partir de l’équation (6), on obtient par intégration [(729)] la
— pour S 2 : ( n Γ ) d = – n s d ′ où Φ 2 ( Γ ) = – Φ 2s ;
pseudo-loi de Faraday :

tandis que des axes à gauche conduisent à Φ 1 ( Γ ) = – Φ 1s et



Φ 2 ( Γ ) = Φ 2s , montrant ainsi que la relation intrinsèque est

Φ1 ( Γ ) = Φ2 ( Γ ) .
 
 
( rot E ) ⋅ n Γ d S =
S(Γ)
 
(Γ)
E ⋅ d Γ = –
 S(Γ)

∂B 
------- ⋅ n Γ d S

 t
(26)

cela signifie qu’après avoir choisi un contour quelconque Γ et un


sens arbitraire sur ce contour (ce qui définit les d Γ ), la circulation
 
du champ E sur le contour ( Γ ) est l’opposée du flux de ∂B∂t
relatif à une surface quelconque qui s’appuie sur et est limitée par
 
( Γ ) , le sens des « vecteurs axiaux » n Γ (figure 2) étant lié au sens

adopté sur ( Γ ) . Notons qu’une relation du type :

 

∂B 
------- ⋅ n dS
E ⋅ d = – ∂t
Γ S(Γ)


n’a aucune signification ; le sens choisi sur ( Γ ) doit imposer

(figure 2) les sens de d Γ et de n Γ .
Dans la relation (26), la position de chaque point P du contour,

B , ainsi que E sont évalués par rapport à un même système
d’axes R 0 .
Cette remarque est importante parce que la loi de Faraday :


Figure 1 – Étude du flux de B au travers de plusieurs surfaces
 
(Γ)
 E ( P, t )  u
0
( P, t )
d
⋅ ( d P ) Γ = – -------
dt S(Γ)

 
B 0 ⋅ n Γ dS (27)

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comporte deux différences avec la relation (26) : Cette relation peut se simplifier et se mettre sous la forme du
— elle fait intervenir la dérivée temporelle du flux et non pas le théorème d’Ampère :
flux de la dérivée temporelle de l’induction magnétique ;

— si la position de chaque point P du contour et B sont évalués

par rapport à un même système R 0 (d’où la notation B 0 ), il faut, à  
(Γ)

H ⋅ d Γ = 
S(Γ)


J ⋅ n Γ dS (30)

ce point P et au temps t 1 , non pas utiliser E 0 ( P, t 1 ) mais : dans les cas ci-après :
— les phénomènes ne dépendent pas du temps (§ 2.2) ;

E ( P, t1 )
u ( P, t ) = E 0 ( P, t 1 ) + u 0 ( P, t 1 ) ∧ B 0 ( P, t 1 ) (28) — la deuxième intégrale du dernier membre de (29) est négli-
0 geable devant la première ; une condition suffisante est obtenue
quand le milieu considéré, soumis à des phénomènes variant sinu-
avec u 0 ( P, t 1 ) vitesse du point P, au temps t 1 , dans le système R 0 ; soïdalement en fonction du temps (avec la pulsation ω ), est tel (§ 2.3)
que :
c’est-à-dire qu’il faut donc (§ 2.3.4) mesurer E ( P, t 1 ) par rapport
J = γ E, D = εE , avec γ  ε ω
à un système d’axes R  u 0 ( P, t 1 ) animé d’une vitesse constante
Pour appliquer correctement le théorème d’Ampère, il convient
u 0 ( P, t 1 ) , quel que soit le temps, par rapport au système R 0 .
de respecter le couplage entre le sens choisi sur le contour
Nous démontrerons au paragraphe 2.3.4 ce que nous venons  
d’indiquer au sujet de la loi de Faraday, mais il était important de ( Γ ), d Γ et n Γ . À titre d’exemple, la figure 3, où le contour Γ
bien distinguer la relation (26) de l’énoncé de cette loi, des choisi est une circonférence (de rayon r ) centrée sur l’axe du fil
confusions fâcheuses ayant été observées. Il faut toutefois conduisant le courant, comporte deux parties qui ne diffèrent que
remarquer que, si le contour Γ est indéformable et si le repère R 0 
par le sens choisi sur ( Γ ) ; en axes à droite, nous avons, en
 détaillant chaque cas :
choisi pour évaluer E et B est fixe par rapport à ce contour, il y

 
a identité entre la relation (26) et la loi de Faraday.
J ⋅ n d1 dS > 0 ⇒ H d ⋅ d Γ 1 > 0
 
En résumé, par intégration d’une équation de Maxwell, on S ( Γ1 ) ( Γ1 )

 
obtient la relation (26) qui est différente de la loi de Faraday, sauf
dans le cas où le contour Γ est indéformable et à condition que
J ⋅ n d2 dS < 0 ⇒ H d ⋅ d Γ 2 < 0
le repère d’évaluation R 0 ait été choisi fixe par rapport à ce  
S ( Γ2 ) ( Γ2 )
contour.

Hd est donc colinéaire à d Γ 1 ou à – d  Γ 2 (ce qui revient au


1.2.2.4 Théorème d’Ampère

À partir de l’équation (4), on obtient par intégration [(729)] : même), fixant ainsi le sens axial de H ; par ailleurs, ce résultat
pouvait être obtenu directement grâce à la règle : le sens axial de

 

H est déterminé par le sens dans lequel on voit passer le courant
   
rot H ⋅ n Γ d S = H ⋅ d Γ 
 (défini physiquement à partir de J ).
 
S(Γ) (Γ) 


 (29)



 ∂D  
= J ⋅ n Γ dS + ---------- ⋅ n Γ d S 
  ∂ t 
S(Γ) S(Γ)


où ( Γ ) est un contour quelconque orienté (figure 2).

 
Figure 2 – Relation entre le sens de parcours choisi sur  Figure 3 – Détermination du sens axial de H

et le « vecteur axial » n 

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Il est important de remarquer que le seul théorème d’Ampère ne Le théorème de Gauss (20) s’écrit alors :

peut fournir que la moyenne de la projection de H sur le contour

Γ ; si le contour Γ est une ligne de champ, on obtient la moyenne
dS ρ
h
dh ≈ D 1 ⋅ n 21 dS + D 2 ⋅ n 12 dS (35)
 
<H > de H sur ce contour. Dans certains cas, les symétries du pro-
blème considéré permettent d’affiner les résultats ; pour la figure 3, — le premier terme du second membre est le flux D ⋅ n s dS au
par exemple, on aurait, en coordonnées cylindriques : travers de la surface dS 1 quand D 1 désigne la valeur de D dans
Iα β le milieu 1 au voisinage de la surface de séparation, la normale
H θ ( r, θ ) d = -----------
- (31)
2 πr unitaire dirigée du milieu i vers le milieu j étant notée n ij ;
Une faute fréquente consiste à choisir un contour Γ, de supposer
— le deuxième terme est le flux D ⋅ n s dS au travers de dS 2 ;
implicitement que c’est une ligne de champ et de croire déterminer
  — par ailleurs, nous avons négligé le flux sur la surface latérale
ainsi < H > et, même, H en chaque point ! du cylindre puisque l’étendue de cette surface est du 3e ordre et dS
du 2e.
1.2.2.5 Condition de continuité Quand h tend vers zéro, l’intégrale du premier membre définit la
densité superficielle de charge σ et, par conséquent, (avec
C’est la relation :
∂ρ n 12 = – n 21 ) :
0 = div J + -------- (32)
∂t
σ = ( D 1 – D 2 ) ⋅ n 21 (36)
qui s’obtient à partir de la divergence de (4) en tenant compte de
la relation (724) et de l’équation (5). Comme toutes les véritables lois de la physique, cette expression
L’intégration de (32) fournit [(728)] : est intrinsèque, c’est-à-dire indépendante du choix des repères ; le
choix de nouveaux repères (indice prime), définis par rapport aux

  
anciens au moyen de 1’ = 2 et 2’ = 1, redonne en effet :
∂ρ
– -------- d = div J d = J ⋅ n s dS (33) σ = ( D 1′ – D 2 ′ ) ⋅ n 2′1′ = ( D 2 – D 1 ) ⋅ n 12 = ( D 1 – D 2 ) ⋅ n 21 (37)
∂t
  S ()
En revanche, une expression très souvent citée dans la littérature
Pour un volume  invariable en fonction du temps (  →  0 ) , et faisant intervenir les composantes normales D i n de D i sous la
cela donne [avec (9)] : forme D 1n – D 2n = σ (!) n’est pas intrinsèque et conduit à une
contradiction : σ = D 1’n – D 2’n = D 2n – D 1n = – σ (!).

– ∂ρ d

-------- d = – ------
0
∂t dt
-
0
dQ (  0 )
ρ d = – ----------------------- =
dt
 J ⋅ n s dS (34)
S ( 0 )
Nous allons montrer maintenant que les densités superficielles
n’existent pas, mais que l’on peut les faire intervenir – souvent avec
intérêt – si on le désire. Quand h tend vers zéro, l’intégrale (35)
portant sur ρ dh ne peut être non nulle que si ρ tend vers l’infini,
On observe que l’intensité du courant qui sort (présence de n s ) ce qui est physiquement impossible : au sens strict du terme, σ est
du volume 0 est égale à l’opposée de la dérivée temporelle de la toujours nul et D n1 = D n2 quand ces composantes sont repérées sur
charge Q (  0 ) contenue dans ce volume : il n’y a que transport de la même normale ( n 12 ou n 21 ) , quelconque par ailleurs.
charge sans création ni destruction. La relation (34) exprime donc
bien la continuité de la charge (§ 3.2.2.2). Pour obtenir une représentation plus nuancée, considérons un
exemple linéaire défini par :
Cette relation de continuité est une relation de pure logique que
— toutes les grandeurs ne dépendent que de x ;
l’on peut établir sans passer par l’équation de Maxwell (4). Histori-
— les vecteurs a n’ont qu’une composante a x ;
quement d’ailleurs, le terme en ∂ D ∂t a été ajouté au deuxième
— la répartition de ρ est du type :

membre de la relation rot H = J pour permettre de retrouver ρ=0 pour x < 0
l’équation de continuité.
et ρ = ρ 0 exp (– x / λ) pour x > 0

1.2.3 Relations de passage entre deux milieux — la valeur limite de D x pour x → – ∞ est zéro.
Dans ces conditions :
Nous allons détailler les conditions de passage issues de chacun — pour x < 0, ρ = 0 impose D x = Cte d’où D x = 0 d’après la condi-
des théorèmes généraux (§ 1.2.2). tion relative à x → – ∞ ;
— pour x > 0 :
1.2.3.1 Condition de passage de D Dx = – ρ0 λ exp(– x /λ) + Cte = ρ0λ [1 – exp(– x /λ)] (38)
À la surface de séparation de deux milieux 1 et 2, considérons la deuxième expression de D x étant obtenue en imposant par conti-
un cylindre droit de révolution, infiniment petit, de hauteur h et dont nuité D x (x = + 0) = 0.
les bases dS 1 et dS 2 (de même étendue d S ), parallèles au plan
Pour bien montrer la continuité de D x à la surface de séparation,
tangent à la surface de séparation, sont situées de part et d’autre
il suffit de considérer :
de celle-ci. Nous examinons le cas où dS est un élément infiniment
petit du 1er ordre tandis que h est du 2 e ordre.
Dx ( x1 ) – Dx ( x2 ) =  x2
x1
ρ ( x ) dx (39)

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et de l’appliquer à l’intervalle (– η 2 , + η 1) quand η 1 et η 2 tendent Il ne faut pas confondre, d’une part, des répartitions de charges
vers zéro par valeurs positives, d’où : électriques réelles dont l’aspect superficiel peut être utilisé ou nié
suivant la finesse d’exploration de la matière et, d’autre part, les
 
η1 η1
charges superficielles mathématiques intervenant dans une inté-
Dx ( η1 ) – Dx ( – η2 ) = ρ (x) dx ≈ ρ0 d x = ρ0 η1 grale de surface née de la transformation d’une intégrale de volume
–η2 0
(§ 2.1.3.3). Ces dernières charges, sans existence macroscopique
qui tend bien vers zéro. réelle, sont des intermédiaires de calcul (souvent commodes) et pré-
Par ailleurs, si on explore la matière à grande échelle (plusieurs sentent le véritable aspect superficiel d’un être mathématique.
λ par exemple) la valeur : 
1.2.3.2 Conditions de passage de B
D x (x ≈ + plusieurs λ ) ≈ ρ 0 λ
La discussion effectuée au sujet de D (§ 1.2.3.1) montre que, à
permet d’écrire [(36)], n 21 étant dirigé suivant Ox : la surface de séparation de deux milieux, on a :
B n1 = B n2 (42)
 D 1 ( + plusieurs λ ) – D 2 ( x < 0 )  ⋅ n 21 = σ (40)

en remarquant que : quand ces deux composantes normales ( B n = B ⋅ n ) sont mesurées
dans le même système d’axes (à droite ou à gauche) et repérées
 ρ
plusieurs λ ∞
ρ 0 exp ( – x / λ ) d x ≈ x / λ ) d x = ρ 0 λ = σ (41) par rapport à la même normale n ( n 12 ou n 21 ) .
0 exp ( –
0 0

Quand la répartition  (x ) est liée à une longueur typique  , 1.2.3.3 Condition de passage de E
c’est-à-dire s’exprime normalement en fonction du rapport x/ (dans À la surface de séparation de deux milieux, au voisinage du

l’exemple  → λ ), l’exploration de la matière à une échelle très petite point O, nous considérons (figure 4) un contour ( Γ ) rectangulaire
devant  doit conduire à utiliser D n1 = D n2 tandis que l’exploration dont les deux grands côtés (l’un dans le milieu 1, l’autre dans le
à une échelle grande devant  permet d’utiliser (36) : milieu 2) sont parallèles au plan tangent à la surface au point O ;
la longueur des grands côtés est infiniment petite, du 1er ordre,
( D 1 – D 2 ) ⋅ n 21 = σ tandis que celle des petits côtés est du 2e ordre. À la limite, quand
Citons deux exemples. A′B = B′A  AA ′ , nous obtenons à partir de (26) :
À la surface d’un métal, la longueur typique  est de quelques
0,1 nm, ce qui montre qu’il faut toujours utiliser pour l’interface vide- E 1 ⋅ AA′ + E 2 ⋅ BB′ = 0 (43)

métal ( D 1 – D 2 ) ⋅ n 21 = σ puisque, dans le cas d’exploration à une


en négligeant la circulation de E sur les petits côtés et le flux de
échelle de l’angström ou plus fine, la structure atomique et la mécanique 
quantique doivent être utilisées, ce qui sort du cadre de notre propos. ∂B∂t au travers d’une surface tendant vers zéro (il n’y a pas de
En revanche, pour l’étude d’une jonction semiconducteur N – densité superficielle de flux !). Nous avons désigné par E 1 et E 2
semiconducteur P, les distances typiques sont de l’ordre de quelques
0,1 µm et les résultats à petite échelle sont obtenus à partir de les valeurs de E au voisinage de O respectivement dans les milieux
D n1 = D n2 .
1 et 2 et la relation (43) montre que E 1 et E 2 ont la même projection

sur AA′ puisque AA′ = – BB ′ .

Figure 4 – Détermination des relations


entre les composantes tangentielles,

E t1 = E t 2 , d’une part,
 
et H t1 et H t2 , d’autre part

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Dans le plan tangent, la direction de AA′ est quelconque, ce qui Considérons, par exemple, le cas où, dans le milieu 1 (un métal),
montre que la relation générale est :
la densité de courant J se réduit à J x = J 0 exp(– z / δ ) tandis que
E t1 = E t 2 (44) 
le milieu 2 (z < 0) est le vide où règne un champ constant H 2 . Si on
où E ti est la projection de E i sur le plan tangent. explore le métal à une très faible échelle devant δ (où l’on peut
reconnaître l’épaisseur de peau (§ 2.4.4.3), on doit écrire :

1.2.3.4 Condition de passage de H  
H t1 ( z = 10 – 2 δ ) ≈ H t2 (51)
La condition de passage au point O entre deux milieux 1 et 2
 en revanche, pour des valeurs de z de quelques δ, on a [(47)] :
s’obtient en considérant le contour rectangulaire ( Γ ) de la figure 4,

 
quelques δ ∞
où l’axe Oz , dirigé suivant B′A , permet de définir z (B’) = – η 2 < 0
exp  – ----- d z exp  – ----- d z = J 0 δ (52)
z z
J sx = J 0
 δ
≈ J0  δ
et z (A) = η 1 > 0. Quand η i  AA ′ , le deuxième membre de la 0 0

relation (29) se réduit pratiquement à : et la relation (49) fournit :

    H tx1 = H tx2 
H 1 ⋅ AA′ + H 2 ⋅ BB′ = AA′ ⋅ ( H 1 – H 2 ) (45) 
et  H ty 1 ( quelques δ )  d ≈  H t y 2  d + J 0 δ 
(53)
  
où H 1 et H 2 sont respectivement les valeurs de H au voisinage de
de façon plus fine, on a, pour z quelconque :
O dans les milieux 1 et 2.
 H ty 1 ( z )  d =  H ty 2  d + J 0 δ 1 – exp – ----- 
En remarquant que les seules variations importantes des gran- z
(54)
deurs s’effectuent en fonction de z, le troisième membre de (29) δ
devient [(12) et (732)] :
Il ne faut pas confondre, d’une part, des courants réels dont


η1 l’aspect superficiel peut être utilisé ou nié suivant la finesse d’explo-


ration de la matière et, d’autre part, les courants superficiels mathé-
∂D
J + ---------- ⋅  AA′ ∧ n 12  dz


η1 matiques intervenant dans une intégrale de surface née de la
∂t (46)

–η2 transformation d’une intégrale de volume (§ 2.2.4.5). Ces derniers


= AA ′ ⋅ n 12 ∧
–η2
∂D

J + ---------- d z
∂t
courants, sans existence macroscopique réelle, sont des inter-
médiaires de calcul (souvent commodes) et présentent le véritable
aspect superficiel d’un être mathématique.

puisque (figure 4) n Γ et ( AA′ ∧ n 12 ) sont colinéaires ; la dernière 1.2.3.5 Condition de passage de J
intégrale en d z se réduit, dans les conditions où le théorème
d’Ampère est valable (§ 1.2.2.4), à la densité superficielle : De même que l’équation (5) aboutit à la condition de passage (36),
la condition de continuité (32) entraîne :
Js =  η1 → 0

– η2 → 0
J dz (47)
 J1 – dσ
J 2  ⋅ n 21 + ------- = 0 (55)
dt
 
d’où AA′ ⋅ ( H 1 – H 2 ) = AA′ ⋅ ( n 12 ∧ J s ) (48) où nous avons utilisé la dérivée totale par rapport au temps de σ,
puisque σ résulte déjà d’une intégration sur l’épaisseur de la couche
Comme la direction de AA′ est quelconque dans le plan tangent superficielle.
en O à la surface de séparation, on en déduit pour les composantes Les remarques détaillées au paragraphe 1.2.3.1 s’appliquent
 encore : si l’exploration des milieux s’effectue à une échelle très
tangentielles H t et J s t : petite devant celles des longueurs typiques  , la relation :
  J n1 = J n2 (56)
H t1 – H t2 = n 12 ∧ J s = n 12 ∧ J s t = J s t ∧ n 21 (49)
est valable ; en revanche, si l’exploration a lieu à une échelle grande
car l’éventuelle composante normale J sn de J s donnerait : devant  , il faut utiliser (55).

n 12 ∧ J sn = 0

la relation (49) est encore équivalente à : 1.3 Relations macroscopiques


liées à l’état de la matière
   
J s t = ( H t1 – H t2 ) ∧ n 12 = ( H 1 – H 2) ∧ n 12 (50)
Nota : des indications plus précises sont fournies au paragraphe 2.1.3 sur les diélec-
Les remarques effectuées à propos de ( D 1 – D 2 ) ⋅ n 21 = σ triques et au paragraphe 2.2.4 sur les matériaux magnétiques.
peuvent s’appliquer :
Les équations macroscopiques de Maxwell ne fournissent qu’un
  cadre général obligatoire ; il faut donc, pour résoudre un problème
— la relation H t1 – H t2 = n ∧ J s (!) n’a pas de sens puisque
particulier d’électromagnétisme, introduire les propriétés macro-
l’orientation de n ( n 12 ou n 21 ) n’est pas indiquée ; scopiques des milieux considérés. Comme nous l’avons déjà
indiqué (§ 1.1.4), l’adjectif macroscopique signifie que la matière est
— les courants superficiels (47) n’existent pas, mais on peut les
explorée au moyen d’éléments de volume très petits à notre échelle,
faire intervenir si on le désire.
mais contenant encore un très grand nombre d’atomes.

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1.3.1 Champs et inductions 1.3.2 Loi d’Ohm

Dans la plupart des cas, il est possible de considérer : Il serait plus rationnel de réserver le nom de loi aux égalités univer-
selles (exemple : div D = ρ ) et le nom de relation aux expressions
D = D ( E ,… ) (57)
soit approchées, soit s’appliquant seulement dans certains cas
  (exemple, la prétendue loi d’Ohm : J = γ E ). Nous utiliserons
B = B ( H,… ) (58)
néanmoins, conformément à l’usage, le vocabulaire classique.
les variables non précisées étant la température T, les contraintes
mécaniques et l’histoire de l’échantillon (par exemple, les cycles 1.3.2.1 Domaine de validité
d’hystérésis). Ce n’est que dans le cas très particulier des corps
magnétoélectriques qu’il faut recourir à des relations du type : La loi d’Ohm :

 J = γ E (66)
D = D ( E , H ,… )
est bien connue ; elle n’est valable que dans le cas d’axes ortho-
   gonaux et s’applique alors à un grand nombre de conducteurs uni-
et B = B ( E , H,…) formes et isotropes ; ces trois conditions sont nécessaires.
Les relations (57) et (58) peuvent prendre plusieurs aspects suivant Pour des corps uniformes et isotropes, l’utilisation d’axes non
le matériau considéré et le type de système d’axes utilisé (§ 4.2.2
et 4.2.3) ; nous ne considérerons dans la suite que le cas des axes
orthogonaux conduit à des expressions du type J i = ∑ γ ij Ej (§ 4.2.2
j
orthogonaux.
Pour un milieu vide, on pose par définition : la discussion relative aux liens existant dans le vide entre D et E ).
Tous les corps cristallisant dans un système cubique (Cu, Al, Fe,
D = ε0 E (59) Ag, Ge, Si... par exemple) sont isotropes ; dans le cas de conducteurs
anisotropes (Co, Zn...), il faut considérer, au moins du point de vue
  microscopique et même en axes orthogonaux, des relations du type
B = µ0 H (60) (avec i, j, k = x, y ou z ) :

Dans le système légal MKSA, ε 0 permittivité du vide et µ 0 perméa- J i = γ i i E i + γ i j E j + γ ik E k (67)


bilité du vide ne sont pas des nombres ; le point de départ de ce La condition d’uniformité (qui correspond à l’invariance spatiale
système est de poser : de la composition chimique) n’est pas assez souvent mise en valeur ;
µ 0 = 4 π · 10–7 H · m–1 (61) elle est pourtant essentielle. En effet, dans le cas général d’un
conducteur métallique isotrope où le courant est dû à un flux d’élec-
ce qui entraîne, via la relation obligatoire (372) ε 0 µ 0 c 2 = 1, où trons, la thermodynamique permet de montrer qu’au premier ordre :
c (c ≈ 3,00 · 108 m · s–1) est la vitesse de la lumière :
1 µ ch ( r )
ε0 ≈ ----------- 10 –9 F ⋅ m –1 (62) J ( r ) = – γ ( r ) grad V ( r ) – -------------------
-
36 π q
(68)
Les diélectriques idéaux sont les diélectriques pour lesquels il 1
= γ ( r ) E ( r ) + ------ grad µ ch ( r )
existe une relation de proportionnalité entre les composantes de E q

et celles de D ; pour les diélectriques idéaux isotropes, on a donc : avec q valeur absolue de la charge de l’électron,
γ (r ) conductivité au point défini par r ,
D = ε (T ) E (63) µ ch ( r ) potentiel chimique des thermodynamiciens (la
notation classique du potentiel chimique est µ ;
tandis que le cas anisotrope se traduit par des relations du nous utilisons ici µ ch pour éviter toute confusion
style (686) : avec la perméabilité µ ).
D i = ε i i (T ) Ei + ε i j (T ) Ej + ε i k (T ) E k (64)
La dénomination potentiel chimique risque de gêner les électro-
avec i, j, k = x, y ou z. techniciens puisque, par définition, µ ch ( r ) est l’énergie supplé-
Pour les ferroélectriques, on observe un cycle d’hystérésis mentaire qu’il faut fournir pour introduire un électron supplé-
(cf. dans ce traité, article [D 213] Diélectriques. Bases théoriques et
§ 2.1.3.2) : mentaire au point défini par r ; le potentiel chimique µ ch ( r )
dépend donc de la composition chimique locale :
D = D (E ) — si cette composition est uniforme, µ ch est constant quel que
Les substances magnétiques idéales isotropes sont régies par : soit r et on retombe sur la loi d’Ohm J = γE ;
  — en revanche, dans le cas où µ ch ( r ) est spatialement variable,
B = µ(T ) H (65)
tandis que pour les corps ferromagnétiques, on observe des cycles la densité de courant n’est plus seulement liée à E ; dans le cas
d’hystérésis (§ 2.2.4.3) : limite où E serait nul à un instant t, on observerait une densité
  de courant :
B = B (H )
J = ( γ q ) grad µ ch

dans la direction où µ ch augmente et, par conséquent, la charge des


électrons étant négative, une vitesse moyenne de ceux-ci dans la
direction opposée, ce qui conduirait bien à une nécessaire diminu-
tion de l’énergie.

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Cette discussion sur la condition d’uniformité a surtout pour but 1.3.2.3 Champ électrique local et libre parcours
de montrer le caractère tout à fait relatif de la loi d’Ohm qui est
ressentie (à tort) par certains comme une vérité absolue puisqu’elle Dans un conducteur uniforme isotrope où le champ E est nul,
leur a été enseignée presque depuis la maternelle et qu’ils peuvent l’analyse microscopique montre que le mouvement d’un électron se
continuer à entretenir cette croyance fallacieuse par de mauvaises compose d’une succession de trajectoires rectilignes (ou libres par-
lectures.
cours) dont les vitesses v k sont orientées au hasard.
Au moyen de l’expression (68), on comprend pourquoi dans du
cuivre (évidemment de composition chimique spatialement Exemple : pour le cuivre, à 300 K, les ordres de grandeurs sont
les suivants :
constante), on doit utiliser J = γ E tandis que, dans un alliage
— longueur moyenne d’un libre parcours :  = 10 –7 m ;
métallique dont la composition varie, un courant nul correspond à
un champ électrique : — vitesse : v k = 10 6 m ⋅ s –1 ;
1
E = – ------ grad µ ch (69) — durée d’un libre parcours : τ = 10 –13 s
q
Pour un temps très grand devant 10 –13 s, la moyenne des déplace-
non nul, ainsi qu’à une différence de potentiel électrique entre les
points A et B : ments < v k τ k > est nulle, d’où J = 0 .
1

V A – V B = ------ ( µ ch ) A – ( µ ch ) B
q
(70)  L’application d’un champ E entraîne une très légère courbure,
dans le même sens, de toutes les trajectoires et la moyenne des
également non nulle, ce qui peut paraître étrange aux intégristes de
la loi d’Ohm. Les mêmes devront, en outre, remarquer que pour un déplacements cesse d’être nulle ; on peut montrer alors que J ( r )
alliage non uniforme, [avec cependant ε ( r ) = ε 0 ] et à courant nul, est lié à une moyenne spatiale des champs E ( r + ∆ r ) existant
il existe, en général, une densité volumique de charge [(5), (59), (69)
et (723)] : au voisinage du point défini par r , la contribution des différents

ε0 champs étant d’autant plus faible que ∆ r est plus grand (la

1
ρ = div D = div ε 0 – ------ grad µ ch
q  = – ------ ∆ µ ch
q
(71)
contribution est pratiquement nulle pour ∆ r >  ). L’utilisation de
cette moyenne (dont nous ne précisons pas la formulation
non nulle a priori. Il faut noter ainsi que la relation : dans un mathématique) :
conducteur en équilibre ( J ≡ 0 ) , la densité volumique de charge
J ( r ) = γ < E ( r + ∆ r ) > (73)
ρ est nulle, ne s’applique en réalité qu’aux conducteurs uniformes.
Dans les semiconducteurs, où tout se passe comme s’il y avait
deux types de charges libres [les électrons (repère n) et les trous est nécessaire quand les variations relatives de E ne sont pas faibles
(repère p)], il faut d’abord écrire pour chaque type de porteurs une à l’échelle du libre parcours  des électrons (largement dépendant
de la température et des impuretés du matériau) ; cela ne se produit
relation analogue à (68) définissant ainsi J n et J p pour obtenir pratiquement que pour un métal à basse température soumis à des
phénomènes électromagnétiques de fréquence élevée (effet de peau
ensuite J = J n + J p . Pour un semiconducteur de dopage uni-
forme, on retrouve (pour des champs électriques pas trop intenses) anormal ). En revanche, quand les variations relatives de E sont
la loi d’Ohm tandis que les autres situations sont beaucoup plus
compliquées. faibles à l’échelle du libre parcours (soit  grad ( E 2 )  E 2 ), on
aboutit à :
1.3.2.2 Réponse des voltmètres en régime stationnaire
J ( r ) = γ < E ( r + ∆ r ) > ≈γ E(r ) (74)
Pour éviter des erreurs, il faut signaler que les voltmètres utilisés
par les électrotechniciens ne donnent une indication non nulle que
s’ils sont parcourus par un courant si petit soit-il ; branchés entre 1.3.2.4 Conclusion
deux points A et B, ces voltmètres ne mesurent donc [(68)] que des
différences du type : La loi d’Ohm est loin d’être universelle et il convient de ne l’appli-
quer qu’à bon escient (ce qui est très souvent le cas, il faut le
( µ ch ) A ( µ ch ) reconnaître).
- – V B – ------------------B
ϕ A – ϕ B = V A – ------------------ (72)
q q
Dans le cas où (µ ch)A = (µ ch) B (réalisé, par exemple, quand les
points A et B appartiennent au même corps de composition chimique
1.4 Énergies électromagnétiques
uniforme), on obtient ainsi (V A – V B ), cette différence des potentiels
électrostatiques étant considérée par beaucoup (et à tort) comme
la réponse universelle des voltmètres en régime continu. 1.4.1 Introduction et rôle du vecteur de Poynting
En revenant sur les exemples cités au paragraphe 1.3.2.1, cette
Les équations de Maxwell, couplées aux relations propres aux
réponse prend les formes suivantes :
milieux considérés, permettent de déterminer les grandeurs
— aux bornes d’un circuit en cuivre : ϕ A – ϕ B = V A – V B ;  
— aux bornes d’un alliage métallique de composition spatiale- E , B, D et H quand les sources extérieures ( ρ et J ) sont préci-
ment variable, parcouru par un courant nul : ϕ A – ϕ B = 0, mais sées, mais aucun renseignement sur les énergies et les forces ne
(V A – V B) ≠ 0 [(70) et (72)] ; peut alors être atteint : pour obtenir ces grandeurs, il faut se donner
— aux bornes d’une jonction silicium P – silicium N non polarisée, a priori une définition soit des forces, soit des énergies (une seule
c’est-à-dire parcourue par un courant nul : ϕ P – ϕ N = 0, mais donnée suffit puisque ces deux types de grandeurs sont liés). Les
(V P – V N) ≠ 0.

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équations de Maxwell étant des équations locales, nous avons choisi Quand les phénomènes sont réversibles, c’est-à-dire quand :
d’introduire les échanges énergétiques au moyen d’une loi égale-
ment locale en posant que le flux du vecteur de Poynting : dq = T d
(80)

 T et
étant respectivement la température et l’entropie du sys-
SP = E ∧ H (75) tème, l’expression de d devient :

au travers de la surface S (  ) , qui limite un volume  , fournit la d = T d


+ d (81)
puissance énergétique  em (  ) apportée sous forme électroma- Cette forme différentielle indique que  est alors une fonction
gnétique à ce volume  , le flux étant évalué par rapport à la normale  (
,… ) dont une variable naturelle est
.
À partir de l’énergie  (la seule vraie), les thermodynamiciens
unitaire entrante n e . Notons que S P est un vecteur polaire puisque
ont montré que, pour résoudre différents types de problèmes, il est
le passage d’un système d’axes à droite à un système d’axes à intéressant de disposer de différents types d’énergies conven-
gauche entraîne deux changements de signe (représentation tionnelles (formées en ajoutant à  différents types de termes) dont
 les variables naturelles sont liées au type du problème considéré.
H d ou H g de H , composantes du produit vectoriel).
Par exemple, on définit l’énergie libre par :
La puissance énergétique  em (  ) est ainsi :
= –T
(82)
 em (  ) =  S( )

( E ∧ H ) ⋅ n e dS = 

– div ( E ∧ H ) d (76) d’où [avec (81)] :
d = ( T d
+ d ) – ( T d
+
dT ) = –
dT + d (83)
dans la dernière expression de  em (  ) , le signe moins s’introduit
parce que la relation classique (728) fait intervenir la normale unitaire L’énergie libre est ainsi une fonction ( T ,… ) dont une des
variables naturelles est T, ce qui la rend intéressante (§ 1.4.3) pour
sortante n s .
les problèmes où la température est maintenue constante. Cette
La relation universelle [(720)] : dernière proposition signifie que, pendant la transformation envi-
sagée du système étudié (le déplacement d’un de ses éléments par
   
div ( E ∧ H ) = H ⋅ rot E – E ⋅ rot H (77) exemple), la température T ( r , t ) des différents points du système
ne varie pas, c’est-à-dire que T ( r , t ) = T ( r , t + dt ) ; il ne faut sur-
montre, en tenant compte des équations (6) et (4) de Maxwell, que
la densité volumique de la puissance apportée sous forme électro- tout pas croire que la température est maintenue constante indique
magnétique est : que T ( r ) ≡ T 0 .
 En considérant maintenant les densités volumiques :
d em   ∂B ∂D
p em - = – div ( E ∧ H ) = H ⋅ ------- + E ⋅ J + E ⋅ ---------- (78)
= -------------- f = d d, s = d
d, w = d d (84)
d ∂t ∂t
L’énergie apportée sous forme électromagnétique ne comprend les variations temporelles correspondantes sont définies par :
pas (§ 3.1) l’énergie apportée sous forme de chaleur par suite de pro-
cessus électromagnétique. ∂f ∂T ∂w ∂ T ∂ w em ∂ w ≠ em
-------- = – s -------- + -------- = – s -------- + --------------
- + -------------------- (85)
∂t ∂t ∂t ∂t ∂t ∂t
Il est possible de donner dans des cas simples une interprétation
physique de chacun des termes de l’expression détaillée (78) : où nous avons distingué dans w :
— le premier et le troisième termes concernent respectivement — d’une part, w em lié aux phénomènes électromagnétiques ;
l’énergie stockée sous formes magnétique et électrostatique ; — d’autre part, w ≠ em = w – w em qui correspond aux autres
phénomènes.
— le deuxième terme E ⋅ J traduit la dissipation par effet Joule :
En explicitant ∂w em ∂t grâce à (78), nous obtenons :
(p J = γ E 2 )

∂f ∂T ∂D  ∂ B ∂ w ≠ em
dans un corps obéissant à la loi d’Ohm, tandis que, dans un supra- -------- = – s -------- + E ⋅ ---------- + E ⋅ J + H ⋅ -------- + -------------------
- (86)
conducteur, où le champ électrique est lié à la dérivée temporelle ∂t ∂ t ∂t ∂t ∂t
de la densité de courant, il correspond à l’énergie stockée sous forme
ce qui montre que la densité d’énergie libre f s’exprime naturelle-
de courants supraconducteurs (qui peuvent circuler sans perte 
d’énergie). ment sous la forme f ( T, D , B ,… ) puisque df contient des termes
Dans les cas plus compliqués où les matériaux présentent des 
en dT, d D , dB,…
 
cycles d’hystérésis B ( H ) ou D ( E ) , le premier et le troisième Pour les problèmes d’électrostatique, définis par l’immobilité de
termes conduisent en partie à des pertes par hystérésis magnétique toutes les charges (§ 2.1), la partie électromagnétique utile de (86)
ou électrique. correspond à :

df e = – s e d T + E ⋅ d D (87)
1.4.2 Évocation de thermodynamique
s e désignant la partie électrostatique de l’entropie. L’utilisation de
La variation d de l’énergie d’un système fermé (c’est-à-dire la fonction f e ( T, D ) , définie par (87), est recommandée (§ 1.4.3)
n’échangeant pas de matière avec l’extérieur) s’obtient en effectuant
la somme : quand la température et les charges (donc D ) sont maintenues
d = dq + d (79) constantes.
En revanche, la densité d’énergie électrique de Gibbs définie par :
avec dq quantité de chaleur fournie par l’extérieur au système,
d travail fourni par l’extérieur au système (ce terme
ge = fe – E ⋅ D (88)
comprend, en particulier, l’effet des forces électro-
magnétiques).

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d’où dg e = – s e d T – D ⋅ d E (89) — si la nature de a été bien choisie (nous donnons des exemples
ci-après), d syst , tot est nul et :
est une fonction g e ( T, E ) intéressante quand la température et les
potentiels (donc les champs) ne varient pas. F i = – grad M i ( syst ) (95)
Pour les problèmes de magnétostatique [définis par le maintien
constant des densités de courant (§ 2.2), soit Envisageons maintenant plusieurs exemples :
— pour un problème d’électrostatique (§ 2.1) où la température
J ( r , t + dt ) = J ( r , t ) ], la partie électromagnétique utile
de (86) correspond à : et les charges (donc D ) sont maintenues constantes :
 
df m = – s m d T + H ⋅ d B
(90) df e = – s ed T + E ⋅ d D = 0 (96)
s m désignant la partie magnétostatique de l’entropie. La fonction ce qui entraîne d e = 0

f m ( T, B ) , définie par (90), permet de résoudre des problèmes où
et F i = – grad M i ( e ) (97)

la température et les flux d’induction (donc B ) sont maintenus
constants. — pour un problème d’électrostatique où la température et les
 potentiels (donc E ) sont maintenus constants :
Pour les problèmes où la température et les courants (donc H ,

puisque rot H = J ) sont invariables, il faut faire intervenir la densité dg e = – s e d T – D ⋅ d E = 0 (98)
d’énergie magnétique de Gibbs :
ce qui conduit à d e = 0
 
gm = fm – H ⋅ B (91)
et F i = – grad M i ( e ) (99)
 
puisque dg m = – sm d T – B ⋅ d H (92) — pour un problème de magnétostatique (§ 2.2) où la tempéra-
 ture et les flux d’induction sont maintenus constants :
montre que g m s’exprime naturellement en fonction de T et H .
Bien entendu, pour prévoir l’évolution d’un système, il faut F i = – grad M i ( m ) (100)
connaître l’énergie utile du système (et non pas seulement sa densité
volumique) de sorte qu’il faut introduire, par exemple : — pour un problème de magnétostatique où la température et
les courants sont maintenus constants :
e =  
f e ( r ) d (93)
F i = – grad M i ( m ) (101)

les énergies e , m , m … étant définies par le même type d’inté-


grale à partir de g e , f m , g m . . . 1.4.4 États d’équilibre

À l’état d’équilibre d’un système, les forces sont nulles et, par
1.4.3 Forces électromagnétiques conséquent, quel que soit l’élément i, les gradients de la bonne éner-
gie du type grad Mi ( ) sont nuls. L’énergie doit donc être extrémale,
Nous allons montrer que, pour un problème donné, l’utilisation
l’équilibre stable correspondant à la valeur minimale. Dans ces
de la bonne énergie ( e , e … ) correspondante simplifie le calcul
conditions, quand, dans un problème d’électrostatique, la tempé-
des forces ; tant que cette énergie ne sera pas fixée, nous la rature et les charges sont maintenues constantes, l’état d’équilibre
désignerons par . est celui qui correspond à la valeur minimale de e ; si la tempé-
Cherchons à évaluer la force F i agissant sur l’élément i d’un rature et le potentiel sont maintenus constants, la valeur minimale
système comprenant plusieurs éléments 1, 2, . . ., i, . . ., n (des de e est liée à l’état d’équilibre, etc.

conducteurs par exemple). Le déplacement dM i de l’élément i


conduit à quatre conséquences :
— il faut fournir au système l’énergie F i ⋅ dM i où apparaît la
force cherchée ;
2. Différents aspects
— l’énergie du système syst a été évaluée en fonction des posi- de l’électromagnétisme
tions des différents éléments et des grandeurs électromagnétiques ;
la variation de la seule position de l’élément i entraîne un type bien
C’est la considération des variations temporelles des charges et
particulier de variation de cette énergie, variation dont l’expression
des courants qui permet de définir les grands domaines de l’électro-
est :
magnétisme.
grad M i ( syst ) ⋅ dM i
■ L’électrostatique (§ 2.1) correspond aux cas où les charges
sont immobiles dans le système d’axes considéré :
où le gradient doit être calculé en dérivant par rapport aux coor-
données du seul élément mobile i ;
— la variation totale d’énergie est donc : J(r )=0 quel que soit r

d syst , tot = F i ⋅ dM i + grad M i ( syst ) ⋅ dM i (94)

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■ L’électrocinétique correspond aux autres cas ; on distingue : définit le potentiel électrique V ; en toute rigueur, la composante E x
— le cas où les courants sont invariables en fonction du temps :
(sur l’axe Ox ) de E ) au point M (x M , y M , z M ) s’obtient au moyen
∂J de :
----------- ( r , t ) = 0 quels que soient r et t ∂V
∂t E x ( x M , y M , z M ) = – -------------- ( x M , y M , z M ) (104)
∂ xM
cela définit le domaine de la magnétostatique (§ 2.2) ;
— les situations opposées, où l’on sépare l’étude des états quasi il faut donc préférer aux expressions du type (103) la notation
stationnaires (§ 2.3) de celle du cas général (§ 2.4) en considérant complète [(701)] :
la rapidité des variations temporelles, ainsi que d’autres
critères (§ 2.3.2). E M = – ( grad M V ) M (105)
Notons que certains auteurs restreignent l’électrocinétique à la l’indice M du gradient indiquant qu’il faut dériver par rapport aux
magnétostatique. coordonnées du point M.
Bien entendu, comme nous l’avons dit (§ 1.2.1), l’expression de La relation (104) montre que, d’une part, V (x, y, z ) et, d’autre part,
J (8) doit être obtenue à partir des densités macroscopiques de [V (x, y, z ) + Cte ] correspondent au même champ E ; le potentiel
charge ρ (10) et des moyennes spatiales macroscopiques de la V n’est donc pas une grandeur intrinsèque : seules les différences
vitesse < v i > (16) relatives à chaque espèce de particule. de potentiel [exemple : (V M – V R )] ont un sens physique. Ce n’est
Nota : pour simplifier les exposés, nous supposons toujours que les axes utilisés sont que l’adoption d’une convention universelle indiquant que V = 0 au
orthogonaux (§ 4.2.2). point R choisi comme repère qui permet de parler, par abus de lan-
gage, du potentiel V M au point M. À titre d’exemple, la convention
V (∞) = 0 est souvent effectuée, ce qui signifie que l’on a choisi V = 0
2.1 Électrostatique pour tous les points situés à une distance infinie du domaine étudié.

Le potentiel V est une fonction continue de l’espace puisque E


L’électrostatique a pour but principal d’étudier les grandeurs élec- est toujours borné [comme le montre l’expression (145) de la force :

triques D et E quand les densités de courant macroscopiques sont F = Q E ]. En chaque point M d’une surface de séparation de deux
nulles dans le système d’axes considéré. Les relations de base de milieux 1 et 2, on a donc toujours :
l’électrostatique sont donc :
(V M)1 = (V M)2 (106)

(5) div D = ρ Cette relation subsiste même si on a considéré une densité super-
ficielle de charge σ sur la surface de séparation.
 À titre d’exemple, considérons un problème linéaire où la surface
rot E = 0 [(6)] (102)
de séparation de deux milieux 1 et 2 correspond à x = 0, le milieu
1 étant défini par x < 0.
(57) D = D ( E )
Nous posons à la limite du milieu 1 :
et J = 0 V (– 0) = V 0
et pour la seule composante D x de D :
∂J
la relation (102) étant encore valable dans les cas où ---------- = 0 . D (– 0) = D 0
∂t
C’est le type envisagé de la relation (57) qui va distinguer les Dans le milieu 2, ρ est défini par :
différentes parties de l’exposé : ρ = ρ 2 pour 0 < x < a 2
— le paragraphe 2.1.1 est consacré aux relations générales
et ρ=0 pour x > a2
valables quelle que soit la relation D = D ( E ) ;
Le calcul montre que :
— le paragraphe 2.1.2 concerne le cas du vide où D = ε 0 E ;
V (a 2) – V 0 = – a 2 (2D 0 + ρ 2 a 2)/2 ε 2
— le paragraphe 2.1.3 traite les milieux diélectriques pour les-
quand une densité superficielle est introduite par :
quels D ≠ ε 0 E , un cas particulier important étant celui où D = ε E .
σ 2 = ρ 2 a 2, avec a 2 → 0
Pour terminer, le paragraphe 2.1.4 est consacré aux relations entre
diélectriques et conducteurs. nous obtenons :
V (a 2) – V (0) = – a 2 (2 D 0 + σ 2)/2 ε 2
2.1.1 Relations générales qui tend bien vers zéro.
Elles concernent le potentiel électrique V ainsi que les varia-
2.1.1.2 Variations d’énergie
tions d’énergie.
■ À température T constante, la variation de la densité volumique
2.1.1.1 Notion de potentiel électrique V d’énergie libre de nature électrostatique s’obtient à partir de (87) :
Le rotationnel d’un gradient [(725)] étant nul, la relation (102)
( δ f e ) T = Cte = E ⋅ δ D (107)
montre que E est un gradient dont la forme traditionnelle,
E = – grad V (103)

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ce qui conduit, pour un système de volume  , à une variation qui fournit [(723)], dans le cas général, l’équation de Poisson :
d’énergie [(103)] :
ρ
∆V + ----- = 0
 
(115)
ε0
( δ e ) T = Cte = E ⋅ δ D d = – grad V ⋅ δ D d  (108)
, T = Cte  , T = Cte
et, quand ρ est nul, l’équation de Laplace :
Nota : nous distinguons, d’une part, les variations δ D , δ E , δ f e , δ V dues à une modi- ∆V = 0 (116)
fication des grandeurs locales ( D , E ,… ) et, d’autre part, les variations ( d ici ) dues à
Le laplacien de V est défini par (713) :
l’extension plus ou moins grande du domaine considéré.

Quand tous les points de la surface S (  ) qui limite le volume ∂2 V ∂2 V ∂2 V


∆V = div ( grad V ) = ---------- + ---------- + ---------- (117)
 sont suffisamment éloignés des sources de champ (c’est-à-dire ∂x 2 ∂y 2 ∂z 2
des charges) et que la convention V (∞) = 0 a été effectuée, une inté-
la dernière expression n’étant valable qu’en coordonnées
gration par parties permet d’obtenir une nouvelle forme [(730) avec
trirectangulaires.
a = V, b = δ D soit div b = δ ρ , l’intégrale de surface tendant Il est possible de démontrer les deux théorèmes ci-après.
vers 0] :
■ Dans un milieu où la densité de charge électrique est nulle, le

 
potentiel V ne peut avoir ni maximum ni minimum ; il peut se pré-
( δ e )  → ∞, T = Cte = E ⋅ δ D d = V δ ρ d (109) senter des valeurs extrémales de V sur les surfaces qui limitent le
 → ∞, T = Cte  → ∞, T = Cte milieu considéré, ce qui explique pourquoi on insiste sur dans. La
figure 5 est relative, dans un modèle linéaire, à ce qui se passe dans
plus intéressante que la première puisque l’intégration est alors un milieu vide situé entre deux métaux portés à des potentiels
réduite à tous (  → ∞ ) les éléments de volume où ρ varie. différents.
L’énergie libre e est utile pour résoudre les problèmes où
■ Pour une répartition donnée de charges, il existe (théorème
T et D (donc ρ ) sont maintenus constants. d’unicité) une unique répartition de potentiel et de champ quand la
répartition du potentiel est la même sur toutes les surfaces limites
En revanche, si T et E (donc V ) sont invariables, il faut utiliser relatives au problème : si, à la suite d’essais, on a élaboré une solu-
l’énergie électrique de Gibbs (89) qui correspond à : tion qui vérifie toutes les conditions, on a trouvé la solution.

δg e = – D ⋅ δ E (110) 2.1.2.2 Déplacement, champ et potentiel électriques


Nous allons examiner successivement ce qui est relatif à une
soit [(730)] :
charge isolée, un ensemble de charges, puis une répartition continue

  ρ
de charges.
( δ e ) = – D ⋅ δ E d = – δ V d (111)
 → ∞ , T = Cte  → ∞ , T = Cte  → ∞ , T = Cte
■ En considérant une surface sphérique de rayon r centrée sur une
charge ponctuelle Q M située au point M et seule dans l’espace,
■ Les expressions générales que nous venons d’écrire ne nous pouvons écrire [(20)] :
concernent que les variations d’énergie et non les énergies
elles-mêmes. Pour évaluer l’énergie relative à une situation donnée,
au moyen de (109) par exemple, il faut imaginer que les densités de  D ⋅ ns
S ( sphère )
dS =  ρ d
 ( sphère )
= QM (118)
charges ρ ( r ) sont apparues peu à peu ; chaque étape k ρ ( r )
[k varie de 0 à 1] correspond à une répartition de potentiel V ( k, r ) en un point quelconque M’ de la sphère, la normale n s est dirigée
d’où :
de M vers M’ et peut donc se noter n s = MM ′  MM ′ . La symétrie

δ e, k → k + δ k =  V ( k, r ) δk ρ ( r ) d
 → ∞ , T = Cte
(112) du problème montre que D ne peut être que de la forme ± | D | n s
et, par conséquent :

    δk
1
soit e = V ( k, r ) ρ ( r ) d  (113) Q M MM ′
k=0  → ∞ , T = Cte D ( M′ ) = D M′ = ------------------------------
-
3
(119)
4 π MM ′

2.1.2 Électrostatique du vide

2.1.2.1 Équations de Laplace et de Poisson


En axes orthogonaux, la relation (59) :

D = ε0 E

permet de combiner (5) div D = ρ


et (103) E = – grad V
en une seule relation div ( – ε 0 grad V ) = ρ (114)

Figure 5 – Variation dans le vide (  = 0 ) du potentiel


entre deux parties métalliques dont les faces en regard sont parallèles

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Les charges « ponctuelles » n’existent pas (elles conduiraient à
des énergies infinies !), mais cette notion est néanmoins utilisable
– et l’expression (119) valable – quand les dimensions de la charge 1 ρ M d M 1 σ M dS M
V M′ = --------------- ---------------------- + --------------- - + Cte (128)
--------------------
considérée sont très petites devant la distance entre cette charge 4 π ε0 4 π ε0
et le point d’observation. Dans ces conditions, on a [(59)] : MM ′ MM ′
 S ()

en faisant intervenir, le cas échéant, des densités superficielles σ M .


Q M MM ′
E M′ = -------------------------------------
-
3
(120) Ces expressions sont générales, sans restriction du type
4 π ε 0 MM ′
M′ M i  d i , puisque les dimensions des charges :
En considérant deux points voisins définis par M’ et M′ + dM ′ ,
respectivement situés à une distance r et r + d r du point M, il vient ( ρ M d M , σ M dS M )
[(702)] :
considérées sont infiniment petites. Quand aucun doute n’existe sur
E M′ ⋅ dM ′ = – ( grad V ) M′ ⋅ dM ′  la distinction entre, d’une part, le point M’ où l’on cherche à évaluer
 (121) le potentiel V et, d’autre part, le point courant M d’intégration, on
= – [ V ( M′ + dM ′ ) – V ( M′ ) ] = – dVM′ 
peut poser r = MM ′ et se contenter d’écrire :

 
d’où, avec (120) :

1 ρ d 1 σ dS
Q M MM ′ ⋅ dM ′ QM r d r V = --------------- ------------- + --------------- ------------- + Cte (129)
dVM′ = – -------------------------------------------- = – --------------- ---------
- (122) 4 π ε0 r 4 π ε0 r
3 4 π ε0 r 3  S ()
4 π ε 0 MM ′
mais, à la moindre hésitation, il faut revenir à l’expression intrin-
ce qui entraîne, quand MM ′ = r est très grand devant les dimen- sèque (128).
sions de la charge :
QM 2.1.2.3 Énergie libre
- + Cte (avec Cte = 0 si V ∞ = 0)
V M′ = ---------------------------------- (123)
4 π ε 0 MM ′ Dans le cas du vide, à température constante, la variation de la
densité d’énergie libre due aux phénomènes purement électriques
Quand la convention « le potentiel à grande distance des [(107) et (59)] :
charges est considéré comme nul » a été effectuée, l’expression
D
(123) se simplifie puisque la constante est alors nulle. ( δ f e ) T = Cte = E ⋅ δ D = ------- ⋅ δ D (130)
ε0
Le calcul du champ à partir du potentiel demande quelques pré-
cautions. Il faut, en détaillant, écrire [(105)] : peut être intégrée et fournit :


E M′ = – ( grad M′ V ) M′ (124)
D
D′ D2 E ⋅ D ε0 E 2
l’indice M’ du gradient indiquant qu’il convient de dériver V par rap- fe ( T , D ) = --------- ⋅ δ D ′ = --------- = ------------------ = -----------
- (131)
port aux coordonnées x M’ , y M’ , z M’ , du point M’, la dérivation par ε0 2 ε0 2 2
rapport aux coordonnées de M fournissant le résultat opposé [(706)]. 0

■ Si nous considérons maintenant un ensemble de charges, à en admettant que f e (T, D = 0) est nul. La forme la plus satisfaisante
de f e pour l’esprit est celle en D 2 puisque nous savons, de façon
condition que, pour toutes les charges, la distance M′ M i entre le
point d’observation M’ et une charge Q i soit grande devant les générale, que f e est une fonction de D .
dimensions d i de cette charge, nous pouvons généraliser les expres-
L’énergie e est alors [(109)] :
sions précédentes qui deviennent [d’après (119) et (123)] :

1
4π i
Qi Mi M ′
D M′ = ε 0 E M′ = ---------- ∑ ---------------------------
| Mi M ′ |
3
(125)
e =  D2
--------- d
2 ε0
 → ∞, T = Cte
=  E ⋅ D
------------------ d
2
 → ∞, T = Cte





1 Qi  (132)
V M′ = --------------
4 π ε0 ∑ ----------------------- + Cte (126)
V ( r )ρ ( r )


i | M M′ |
i = ----------------------------- d
2 

la constante étant nulle quand la convention V (∞) = 0 a été effectuée.  → ∞, T = Cte 

■ En cas de répartition continue de charge, ρ M d M étant la Le passage de la seconde à la troisième intégrale n’est possible
charge contenue dans le volume d M situé au point M, nous que si tous les points de la surface S (  ) qui limite le volume d’inté-
obtenons : gration  sont très éloignés des endroits où ρ est non nul (ce qui
explique la notation  → ∞ ).
D M′ = ε 0 E M′  L’application de l’expression générale (113) de e au cas du vide,

 
 où les relations linéaires (128) entre le potentiel V et les charges
ρ M MM ′ σ M MM ′  (127)
1
= --------- -----------------------
1
- d M + --------- -----------------------
- dS M  conduisent à V ( k, r ) = kV ( r ) , permet bien de retrouver (132).
4π 3 4π 3 
MM ′ MM ′ 
 S ()

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■ À titre d’exemple, l’énergie libre d’une particule seule dans ■ En généralisant à n particules pour lesquelles, quels que soient
l’espace, sphérique (de rayon r 0) et de densité de charge uniforme i et j (i ≠ j ), tous les points du volume  i de la particule i centrée sur
3 le point M i sont suffisamment éloignés de tous les points de la
ρ 0 (la charge totale est donc Q 0 = 4π ρ 0 r 0 3 ), s’obtient en particule j centrée sur Mj , on obtient :
remarquant au préalable [(118) et (119)] que :
n n
— pour r  r 0 : 1
4
e = ∑ e ii + -----
2 ∑ i i
- V′Q (138)
------ πr 3 ρ 0 rρ
i=1 i=1
3
- n s = --------0- n s
D ( r ) = ----------------------- (133)
4πr 2 3 où V i′ est le potentiel évalué au point Mi en tenant compte de toutes
— pour r  r 0 : les charges sauf celle de la particule i elle-même, soit [(126)] :
4 3 Qj
------ π ρ 0 r 0 1

3
3 r 0 ρ0 V i′ = -------------- --------------------
- (139)
D ( r ) = -------------------------
- n = -----------
-n (134) 4 π ε0 j≠i | Mi Mj |
s
4πr 2 3r 2 s
En utilisant la forme en D 2 /2 ε 0 de (132), on aboutit à : Quand, pour chaque particule i, la répartition ρ i ( r ) n’est pas

 
r0 ∞ influencée par la proximité des autres particules, les termes en e ii
2 6 2  de (138) sont constants et seule l’énergie d’interaction :
1 r 2 ρ0 1 r 0 ρ0 
e = ---------- ------------ 4πr 2 dr + ---------- - 4πr 2 dr
------------- 
2 ε0 9 2 ε0 9r 4  1
′e = ------ ∑ V i′ Q i (140)
0 r0
 (135) 2 i
2 5 2 
4π ρ 0 r0 5 3Q 0 
= ------------- ----- + r 0 = -----------------------  varie avec la position des particules et permet donc de calculer les
18 ε 0 5 20 π ε 0 r 0  forces.
■ Si on idéalise un problème en considérant des charges ponc-
Le choix de la forme en D 2 /2 ε 0 , que nous avons effectué, nous
tuelles, les énergies propres e ii seront infinies, de même donc que
obligeait à considérer tout l’espace (0 < r < ∞) ; en revanche, la forme
l’énergie totale e , mais les forces (et leurs conséquences) peuvent
en V ( r ) ρ ( r ) /2 conduit à une intégration dans le seul volume néanmoins être atteintes puisque la seule énergie alors utile, l’éner-
gie ′e d’interaction, reste finie.
(0 < r < r 0 ) où ρ est non nul, mais exige le calcul préalable de V ( r ) .
L’expression (135) montre que l’énergie libre e relative à une 2.1.2.4 Forces
charge ponctuelle (de charge finie Q 0 ), seule dans l’espace, tend vers
l’infini puisque r 0 doit alors tendre vers zéro : les charges ponctuelles ■ Pour des charges ponctuelles, de charge constante par défini-
ne peuvent donc exister. Nous allons néanmoins montrer que, tion, l’expression (97), couplée avec (140), montre que, pour la par-
moyennant certaines précautions, il est possible d’utiliser cette ticule i :
notion pour obtenir certains résultats.
∑V ′ Q 
1
■ Considérons, seules dans l’espace, deux particules distinctes 1 F i = – grad Mi ′e = – ----- grad Mi j j (141)
2
j
et 2 définies par les répartitions de charge ρ 1 ( r ) et ρ 2 ( r ) dans
où il faut bien prendre garde d’utiliser dans la sommation un indice
leurs volumes  1 et  2 centrés sur les points M1 et M2 . En dési-
j différent de i, relatif à la particule étudiée.
gnant par V 1 ( r ) et V 2 ( r ) les potentiels dus respectivement à Le terme en i de cette sommation fournit une composante de la
ρ 1 ( r ) et ρ 2 ( r ) , le calcul de e , d’après (132) : force égale à :
1 1
– ----- Q i grad Mi ( V i′ ) = ----- Q i E i′ (142)

 
2 2

1 1  où E i′ est le champ régnant au point Mi dû à toutes les charges
e = ------ ( V 1 + V 2 ) ( ρ 1 + ρ 2 ) d = ------ V 1 ρ 1 d  autres que celle de la particule i elle-même, d’après la définition (139)
2 2 
 1 et  2 1  de V i′ .

  


 (136)
 Pour l’ensemble des autres termes (j ≠ i ), on a :
1 1 1 
+ ------ V 2 ρ 2 d + ------ V 2 ρ 1 d + ------ V 1 ρ 2 d  
 ∑Q V ′ 
2 1
2 2  – ----- grad Mi j 
2 1 2  2
j ≠i
j

Qk  (143)
∑ Qj  -------------- 
1
4 π ε0 ∑
fait apparaître quatre termes. Les deux premiers correspondent aux 1
= – ----- grad Mi ------------------- 
2 |M j M k | 
énergies propres e 11 et e 22 des particules 1 et 2 (l’énergie propre j ≠i k≠j

d’une particule étant l’énergie observée quand cette particule est
seule dans l’espace). Si tous les points de 1 sont suffisamment seuls les termes faisant intervenir Mi (termes avec k = i ) fournissent
un gradient par rapport à Mi non nul ; la résultante de ces termes
éloignés de tous les points de  2 , le potentiel V 2 ( r ) dû à la particule est égale à :
2 est pratiquement égal à V 2 (M1) dans le volume  1 ; cela permet
Qi 
 ∑ Q -------------- 
1 1
de sortir V 2 (M1) de l’intégrale en V 2 ρ1 et d’obtenir (le même procédé – ------ grad Mi ----------------------- 
2 j≠i
4πε j
0 
étant valable pour l’intégrale en V 1 ρ 2) : |M M | j i  (144)
1 1 
1 1 = – ------ grad Mi ( Q i V ′i ) = ------ Q i E i′ 
e = e 11 + e 22 + ------ V 2 ( M 1 ) Q 1 + ------ V 1 ( M 2 ) Q 2 (137) 2 2 
2 2

en introduisant ainsi les charges Q 1 et Q 2 des particules 1 et 2 [(118)].

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ce qui montre qu’en définitive : En effet [avec (150) et (151)] :

∂ 2 E2 ∂ ∂
F i = Q i E i′ (145)
∂x  2 ∂y 
f x = ε 0 ------- E x – ------- + ------- ( E x E y ) + ------- ( E x E z )
∂z
D’après la façon dont nous présentons l’électromagnétisme, cette
∂E x ∂E ∂E z 
 
expression était à démontrer ; il convient néanmoins de bien voir soit f x = ε 0 E x ---------- + ---------y- + ---------- 
∂x ∂y ∂z  (153)
la signification de E i′ . Quand il n’existe que deux particules i et j, 
∂E y ∂E x ∂E z ∂E x 
on trouve immédiatement la loi de Coulomb sous un aspect
intrinsèque [(120)] : ∂x  ∂y  
+ ε 0 E y – ---------- + ---------- + ε 0 E z – ---------- + ----------
∂x ∂z  

Qi Qj Mj Mi
F i = ----------------------------------------
- (146) couplé à (102) :
3
4 π ε0 | Mj Mi | 
rot E = 0
■ Dans le cas où il existe dans l’espace, non pas des particules, mais conduit bien à [(707), (708), (709) et (5)] :
une répartition continue de densité de charge ρ ( r ) , l’adapta-
tion de (145) donne pour la densité volumique de force : f x = E x div D = ρ E x (154)

d F ( r -) = f ( r ) = ρ ( r ) E ( r )
------------------- (147) L’utilisation directe du tenseur de Maxwell est souvent pénible,
d aussi vaut-il mieux effectuer les calculs sous une autre forme, en
évaluant :
le champ E ′ ( r ) se confondant avec E ( r ) puisque les charges — d’abord T x :
ρ ( r ) d sont infiniment petites. 
T x = i T xx + j T xy + k T x z 
&
& 1 
2.1.2.5 Tenseur électrostatique de Maxwell T = ε 0 E x ( i E x + j E y + k E z ) – ------ ε 0 E 2 i  (155)
2 
Cette notion est née de l’idée de chercher à évaluer la force élec- 1 
= ε 0 E x E – ------ ε 0 E 2 i
2 
trique F agissant sur l’ensemble des charges situées dans un
«→»
volume  au moyen de l’intégrale d’une grandeur T étendue i , j , k étant les vecteurs unitaires dirigés respectivement suivant
à la surface limite S (  ) , soit :
les axes Ox , Oy et Oz ;

F =  
?
f ( r ) d =  S ()
«→»
T dS (148)
— puis le facteur qui intervient dans l’intégrale (150), soit :
1
T x ⋅ n s = ε 0 E x E ⋅ n s – ------ ε 0 E 2 i ⋅ n s (156)
L’adaptation directe de [(728)] : 2

 
— et, enfin, l’expression de F = i F x + j F y + k F z qui montre
div a d = a ⋅ n s dS (149) que [(148)] :
 S ()
«→» 
est impossible parce que, dans l’intégrale triple, figure un scalaire T = i ( T x ⋅ n s ) + j ( Ty ⋅ n s ) + k ( Tz ⋅ n s ) 
 (157)
( div a ) et non un vecteur ( f ) . En revanche, nous pouvons écrire : 1
= ε 0 E ( E ⋅ n s ) – ------ ε 0 E 2 n s 
2 

Fx =  
f x ( r ) d =  S ( )
T x ⋅ n s dS (150)
puisque i ( i ⋅ n s ) + j ( j ⋅ n s ) + k ( k ⋅ n s )  (158)
à condition que [(707)] : 
= i n sx + j n sy + k n sz = n s 
∂T xx ∂T xy ∂T xz
f x = div T x = -------------
- + -------------- + -------------- (151)
∂x ∂y ∂z Dans ces conditions, la force cherchée peut s’obtenir au moyen de :

en notant T x x , T x y et T x z les composantes du vecteur T x ; en F =  S()


1
ε 0 E ( E ⋅ n s ) – ------ ε 0 E 2 n s
2
dS (159)

continuant dans cette voie, le calcul de F fait intervenir neuf compo-


&
&
santes, les T i j (avec j = x, y, z ) étant relatifs au calcul de F i . La Nota : il ne faut pas confondre, d’une part, le tenseur T et ses neuf composantes T ij et,
«→»
considération de trois vecteurs T x , T y et T z est simpliste ; on peut d’autre part, le facteur T [(148)] qui s’exprime à partir de ces T ij [(157)].
&
&
montrer qu’en réalité les T ij définissent un tenseur symétrique T 2.1.2.6 Dipôles, quadrupôles et leur suite
[T ij = T ji (152)] du 2e ordre (§ 4.1.5).
■ Un dipôle est un ensemble composé de deux charges + Q et – Q.
Nous allons vérifier que l’expression [(684)] : ● L’étude des dipôles, base de la description des diélectriques, est
traditionnellement effectuée dans le cas où la distance entre les
1
T ij = ε 0 (E i E j – ------ δ ij E 2 ) (152) dipôles et le point d’observation est très grande devant l’étendue de
2
chaque dipôle ; cette condition est très bien vérifiée pour les diélec-
(où δii = 1 et δij = 0 quand i ≠ j ), fournit le bon résultat. triques où l’étendue des dipôles est de l’ordre des distances inter-
atomiques et souvent même beaucoup plus petite. Dans ces

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conditions, les interactions des dipôles avec l’extérieur peuvent être ■ Si la somme des charges Qi est non nulle, on a :
obtenues en assimilant chaque dipôle à deux charges ponctuelles
(§ 2.1.2.3). ΣQ i
V M′ = -----------------------------------
- (167)
Considérons donc (figure 6) deux charges ponctuelles : + |Q | au 4 π ε 0 MM ′
point M+ , – |Q | au point M– et définissons le vecteur a et le point
M par : le potentiel variant en r –1.
■ Si la somme des charges est nulle (Σ Qi = 0), la formule précé-
M – M = MM + = a  dente ne peut s’appliquer ; il faut alors définir, par rapport au point
 (160) M:
soit 2 a = M– M + 
— le centre de gravité M+ des charges positives (indice i+) :
Au point d’observation M’ (avec MM ′ = r ), le potentiel relatif
au dipôle [avec la convention V (∞) = 0] est [(123)] : ΣQ i+ MM i+ ΣQ i+ r i+
r + = -------------------------------- = ---------------------- (168)
ΣQ i+ ΣQ i+

 
1 + Q – Q
V M′ = --------------- ---------------------- + ---------------------- 
4 π ε0 — le centre de gravité M– des charges négatives (indice i–) :
M+ M ′ M– M ′ 
 (161)
 ΣQ i – MM i – ΣQ i – r i – ΣQ i – r i –
 
Q 1 1
= --------------- -------------------- – --------------------- 
4 π ε0 r – r +a 
r – = ---------------------------------
ΣQ i – ΣQ i –
- = – -----------------------
- = ------------------------
ΣQ i+
(169)
a
Avec la condition que l’on vient de donner ( r  a ) , nous — le moment dipolaire correspondant à l’ensemble des charges :
obtenons :
2 p = ΣQ i r i = ΣQ i+ r i + + ΣQ i – r i – = ( ΣQ i+ ) ( r + – r – ) (170)
r – a = (r – a )⋅(r – a ) = r2–2 a ⋅ r +a2 
 Ce moment est une grandeur intrinsèque, indépendante de M ;
2a ⋅ r  (162)
 -+…
= r 2 1 – -------------------
r2  

si ce point est remplacé par M0 , on a alors :

p0 = ΣQ i M 0 M i = ΣQ i M 0 M + ΣQ i MM i 
Q 1 a ⋅ r 1 a ⋅ r
d’où 
V M′ = ---------------- ----- 1 + --------------
4 π ε0 r r2 r  r2 
- + … – ----- 1 – --------------
-+…  (163) 
 (171)
= M 0 M ΣQ i + ΣQ i r i 

et, en définitive, θ étant l’angle défini par M – M + et MM ′ = r ,
qui redonne bien en effet p puisque Σ Qi = 0.
2 Q a ⋅ r 2 Q a cos θ Le potentiel correspondant :
V M′ = ------------------------------
- = --------------------------------
- (164)
4 π ε0 r 3 4 π ε0 r 2
p ⋅ MM ′
Ainsi, à grande distance, le dipôle situé au point M n’intervient V M′ = --------------------------------------3- (172)
que par son moment dipolaire : 4 π ε 0 MM ′

p M = 2 a Q = Q M– M + (165) est donc bien défini ; il varie en r –2 et généralise l’expression (166)


relative au dipôle. L’ensemble des charges a pu ainsi être remplacé,
et produit un potentiel variant en r –2 dont l’expression intrinsèque pour ses effets à grande distance, par un simple dipôle ; par exemple,
est : la figure 7 est relative à quatre charges dont la somme est nulle.
p M ⋅ MM ′ ■ Dans le cas où l’ensemble 1 des charges considérées est tel que
V M′ = --------------------------------------
-
3
(166)
4 π ε 0 MM ′ non seulement Σ Qi = 0 mais encore p = 0 , les considérations pré-
cédentes ne sont plus valables. On peut montrer que les effets à
Il faut évidemment bannir toute expression du type p = Q ∆M grande distance d’un tel ensemble 1 sont équivalents à ceux de son
qui n’a aucun sens puisque aucun signe n’est indiqué.
moment quadrupolaire qui est formé d’un ensemble 2 de quatre
● De façon générale, si on calcule en un point M’ le potentiel dû à
des charges ponctuelles Qi situées dans un certain volume  de charges bien choisies ; la somme de ces quatre charges ainsi que leur
l’espace en supposant que la distance entre M’ et un point M de moment dipolaire sont évidemment nuls.
référence du volume  est très grande devant l’étendue de  , on
peut considérer les points suivants.

Figure 7 – Définition du dipôle équivalent aux quatre charges


Figure 6 – Étude d’un dipôle 3 |Q |, – 2 |Q |, |Q | et – 2 |Q | situées dans le plan de la figure

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La figure 8 montre un tel ensemble 2 où deux charges + |Q |


sont disposées de part et d’autre, à la distance a, du point M sur
un axe Mu , deux charges – |Q | étant situées à une distance c de
M sur un axe Mv orthogonal à Mu . L’ensemble 1 des charges
détermine la position des axes dans l’espace, l’axe qui porte les
charges positives, le rapport c /a ainsi que 2 |Q | a 2 ; les potentiels
correspondant à l’ensemble 1 ou à son moment quadrupolaire
2 ainsi déterminé varient alors de la même façon (en r –3) à
grande distance.
Exemple : pour un atome, dont la somme des charges est nulle et Figure 8 – Représentation d’un groupe de quatre charges
les centres de gravité des charges positives et négatives confondus, la définissant un quadrupôle
première donnée importante est son moment quadrupolaire.
■ On peut imaginer des ensembles de charges dont la somme, le
moment dipolaire et le moment quadrupolaire sont nuls. On peut
montrer que pour l’évaluation du potentiel à grande distance, un tel
ensemble peut être remplacé par son moment octupolaire
(comprenant huit charges) donnant lieu à un potentiel variant en r – 4.
Exemple : les effets à grande distance d’un ensemble de charges
dont la symétrie augmente peuvent être successivement équivalents
à ceux d’un monopôle (Σ Qi ), d’un moment dipolaire, d’un moment
quadrupolaire, d’un moment octupolaire... dont les potentiels varient
respectivement en r –1, r – 2, r – 3, r – 4... ; on peut ainsi imaginer des Figure 9 – Évocation de la structure d’une molécule d’eau
2n upôles conduisant à des potentiels en r – (n + 1).

2.1.3 Diélectriques 2.1.3.2 Polarisation

Les diélectriques font l’objet, dans ce traité, de l’article [D 213] La polarisation P traduit l’existence des dipôles. Cette grandeur,
Diélectriques. Bases théoriques ; aussi ne donnerons-nous ici que pour un élément de volume macroscopique d (§ 1.1.4), est
la description des phénomènes de base.
obtenue en effectuant le rapport entre, d’une part, dp ( d ) somme
des moments dipolaires des dipôles contenus dans d et, d’autre
2.1.3.1 Généralités
part, l’étendue de d :
La distinction entre conducteurs et diélectriques peut s’effectuer
en comparant l’action permanente d’un champ électrique continu d p ( d )
sur ces substances : P = ----------------------- (173)
d
— dans un conducteur, il circule des charges et on observe un
courant ; Cette définition, tout à fait générale, est valable en chaque point
— dans un diélectrique, les charges ne se sont déplacées qu’à très
petite échelle en restant pratiquement sur place, créant ainsi des du diélectrique ; en revanche P dépend a priori du point M qui
dipôles et non pas des courants ; de ce dernier point de vue, un repère le volume dM , de sorte que la notation complète est :
diélectrique apparaît donc comme isolant.
Trois modèles sont classiquement considérés pour expliquer d p M = P M dM (174)
l’existence de ces dipôles.
Pour les diélectriques idéaux isotropes, P et E sont coli-
■ Dans un atome, lorsqu’aucun champ électrique n’est appliqué, le néaires et on pose :
centre gravité des charges négatives (les électrons) est confondu
avec le centre de gravité de l’ion positif correspondant. Sous l’action P = ε0 χe E (175)

d’un champ E , les centres de gravité se séparent et il apparaît un en définissant ainsi la susceptibilité électrique χe ; les dimensions
dipôle.
de P et D sont les mêmes ([Q] [L] –2) et par conséquent χe est sans
■ Dans un composé ionique solide (exemple NaCl), les ions positifs
dimensions.
(Na+) et négatifs (Cl– ) sont régulièrement disposés. L’application
d’un champ électrique déplace très légèrement en sens contraire les Pour les diélectriques idéaux anisotropes, il existe des rela-
deux types d’ions, ce qui correspond à la création de dipôles.
tions linéaires entre les composantes de P et celles de E du type :
■ Dans un fluide de molécules dipolaires (du type A– B+), la répar-
P i = ε 0 ∑ χe , ij E j (176)
tition des orientations de celles-ci est isotrope quand E = 0 . En j
revanche, l’existence d’un champ non nul entraîne un effet moyen
Un diélectrique quelconque est régi par une loi P = P ( E ,… )
d’orientation et l’apparition d’un moment dipolaire global. L’exemple
qui peut être compliquée et même traduire des phénomènes
le plus courant est l’eau dont la structure de la molécule (H2O) est
d’hystérésis (corps ferroélectriques).
évoquée sur la figure 9.

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2.1.3.3 Charges fictives


Par adaptation des expressions (166) et (174), le potentiel dû à
l’ensemble des dipôles se trouvant dans un diélectrique de volume
d est, en un point M’ extérieur au diélectrique :

1
V M′ = ----------------
4 π ε0  
P M ⋅ MM ′
-----------------------------
d
MM ′
3
- d M (177)

L’intégration par rapport à dM est facile en remarquant que


[(716) et (706)] :

MM ′
  = – grad  ------------------ 
1 1
---------------------- = grad M ------------------- M′
- (178)
3
MM ′ MM ′ MM ′
Nota : nous avons donné les deux équivalences pour montrer une fois de plus que Figure 10 – Étude d’un cylindre diélectrique
grad = [ f ( | MM ′ | ) ] ne signifie rien tant que le point dont on utilise les coordonnées pour dont la polarisation P est parallèle à l’axe du cylindre
effectuer la dérivation n’est pas indiqué.
Cette intégration (177) avec (178), conduit à [(730)] :
montre que tout se passe comme si les charges ± P dS étaient dis-


 posées sur les deux faces situées aux extrémités de la cylindrette, la

1 – div M ( P M )  charge positive correspondant à la face dont la coordonnée z est la
V M′ = ---------------- --------------------------------- dM  plus grande.
4 π ε0
MM ′ 


d  (179) En considérant maintenant l’ensemble des cylindrettes qui occupe
P M ⋅ ns  complètement le cylindret, nous voyons que la charge + PdS d’une
1  cylindrette est compensée par la charge – P dS de la cylindrette
+ ---------------- ------------------------
- dS M
4 π ε0 
S ( d ) MM
′  immédiatement supérieure (dans le sens Oz ) ; il n’apparaît ainsi
 aucune charge en volume, ce qui correspond bien à l’expression
générale de :
En comparant cette expression à (128) qui correspond à une dis-
tribution quelconque de charges dans le vide, nous voyons que tout
ρ P = – divP = 0 quand P est uniforme
se passe comme si nous avions une densité volumique de charge
électrique fictive : Les seules charges qui subsistent sont celles situées aux extré-
ρ P = – div P (180) mités du cylindret avec :
— pour la face 1, σ = + P, ce qui correspond bien à :
et une densité superficielle de charge fictive :
σ P 1 = P ⋅ n s1 = P k ⋅ k = P
σP = P ⋅ n s (181)
— pour la face 2, σ = – P, lié à :
située sur les surfaces limitant le diélectrique ; comme toujours, n s
est la normale sortante du volume considéré, donc, ici, du σ P 2 = P ⋅ n s2 = P k ⋅ ( – k ) = – P
diélectrique.
L’ensemble des charges fictives a une charge nulle puisque ■ Dans le cas où P est de la forme P = P ( z ) k , la somme des
[(728)] : charges apportées à leur face commune par deux cylindrettes
voisines du même cylindret est :

 d
ρP d = –  d
divP d



dP
P ( z ) dS – P ( z + d )dS = – -------- d S d 
dz
(184)
 (182)

 
quand ces cylindrettes sont respectivement centrées sur z et

= – P ⋅ n s dS = – σ P dS  z + d ; il apparaît ainsi l’équivalent d’une densité volumique de
S ( d ) S ( d )  charge égale à celle prévue, dans le cas considéré, par (180) :

Pour saisir physiquement le sens des expressions ρP et σP , ρ P = – div P


considérons (figure 10) un cylindre diélectrique dont l’axe est
parallèle à la direction Oz caractérisée par le vecteur unitaire k . 2.1.3.4 Déplacement, champ et polarisation
■ Supposons d’abord que P (P = P k avec P > 0) soit uniforme. Avec les notations simplifiées de (129) le potentiel VQ créé par
Par la pensée, isolons dans le cylindre un cylindret de même hauteur, des charges dans le vide (ces charges étant situées soit dans un
mais de section dS, puis dans celui-ci une cylindrette dS d ; le volume 0 , soit sur certaines surfaces S0i ) est de la forme :
moment dipolaire correspondant [(174)] :

dp = P dS d = ( P dS ) k d = dQ M – M + (183) 1
V Q = ---------------
4 π ε0 
0
ρ d 1
------------- + ---------------
r 4 π ε0  σ dS
-------------
ΣS 0i
r
(185)

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il est important de remarquer que : 2.1.4 Conducteurs et diélectriques


ρ
div E = div ( – grad V Q ) = ----- (186) Le but de ce paragraphe est d’étudier les situations créées par la
ε0
présence de « conducteurs » (indice c) au sein de diélectriques
fournit le coefficient de ( d4 π r ) dans l’intégrale de volume. (indice d) ou du vide, le vide pouvant être considéré comme un
Dans le cas où il existe des diélectriques et des charges dans le diélectrique particulier où P = 0 .
vide, le potentiel en un point extérieur aux diélectriques s’obtient
par : 2.1.4.1 Relations de passage entre diélectriques

 
et conducteurs uniformes

ρ+ρ σ+σ Nous supposons que les conducteurs considérés sont uniformes
1 1
V Q + d = --------------- ----------------P- d + --------------- ---------------P- dS (187) et isotropes (§ 1.3.2.1) et régis par la loi d’Ohm :
4 π ε0 r 4 π ε0 r
0 + Σ dj ΣS 0i + ΣS dj
J = γE
où l’intégrale de volume est étendue aux volumes dj des différents
Cette définition peut s’appliquer aux conducteurs métalliques,
diélectriques et au volume extérieur 0 , le même type de consi- ainsi qu’à des semiconducteurs de type bien déterminé (mais pas
dération étant valable pour les intégrales de surface. à des jonctions P – N) quand les champs électriques ne sont pas
trop élevés.
L’analogie entre les expressions (185) et (187) montre que, en pré-
sence de diélectriques, le calcul de : Nous admettons également que :

ρ+ρ D = εc E (195)
divE = div ( – grad V Q + d ) = ---------------P (188)
ε0
avec εc = ε0 pour les métaux et εc ≠ ε0 pour les semiconducteurs.
fournit le coefficient de ( d/4 π r ) dans l’intégrale de volume Nous sommes dans le domaine de l’électrostatique où les charges
de (187). sont immobiles et, donc, les courants nuls ; par conséquent, en
L’expression (188) est très importante parce qu’elle montre que chaque point des conducteurs, on a [(66), (195), et (5)] :
E dépend de (ρ + ρP ).
Ec ( r ) = 0 
Une relation de passage entre deux milieux sera donc [(36)] :  (196)
soit ρ( r ) = 0 
σ+σ
( E 1 – E 2 ) ⋅ n 21 = ---------------P- (189) ce qui montre que le potentiel de chaque conducteur i est uniforme :
ε0

En revanche, la recherche d’une expression de ρ [(188) et (180)] : [ Vc ( r ) ] i ≡ Vi (197)

ρ = ε 0 div ( E ) – ρ P = div ( ε 0 E + P ) (190) La relation de passage (44), E t1 = E t2 , fournit donc :

montre l’intérêt de poser [(5)] : E td ( r ) = 0 quel que soit S ( i ) (198)

D = ε0 E + P (191) pour tous les points des diélectriques en contact avec les surfaces
S ( i ), où S ( i ) désigne la ou les surfaces qui limitent le
Nota : le puriste, remarquant que la divergence d’un rotationnel est nulle, aurait pu conducteur i dont le volume est i .
poser :

D = ε 0 E + P + rot (X) La condition (36) ( D 1 – D 2 ) ⋅ n 21 = σ , où, par exemple, les
puis, ensuite, lors de l’élaboration de l’électromagnétisme, noter qu’il n’a jamais eu besoin repères 1 et 2 sont respectivement attribués au diélectrique et au
 conducteur, entraîne donc, pour les points du diélectrique en contact
du terme rot (X) pour satisfaire une relation et arriver ainsi à la conclusion que ce terme
avec un conducteur :
est nul en général (il était déjà nul dans le cas du vide où D = ε 0 E ).
L’expression de l’induction électrique D peut prendre ainsi σ ( r ) = D d ( r ) ⋅ n sc = ε d E d ( r ) ⋅ n sc (199)
plusieurs formes suivant que l’on considère :
— des diélectriques idéaux isotropes [(175)] : avec n sc normale unitaire sortante du conducteur,

D = ε0 E + ε0 χe E = ε0 ( 1 + χe ) E = ε E (192) σ (r ) densité superficielle de charge du conducteur au


point considéré.
— des diélectriques idéaux anisotropes [(176)] : La charge du conducteur i, uniquement superficielle, est donc :
D i = ε 0 E i + ε 0 ∑ χe , ij E j = ∑ ε0 ( δij + χ e , ij ) Ej ∑ εij Ej
 
= (193)
j j j
Qi = σ ( r ) dS = Dd ( r ) ⋅ n sc dS (200)
— ou des diélectriques quelconques : S ( i ) S ( i )

qui ne fait que traduire le théorème de Gauss (20).


D = ε 0 E + P ( E , ... ) = D ( E , … ) (194)
Par ailleurs, la combinaison de (199) et (198) donne, à la surface
Pour des diélectriques isotropes, où D = ε E , on peut introduire d’un conducteur :
la permittivité relative εr au moyen de εr = ε / ε0 . Il faut remarquer que
ε et ε0 sont des grandeurs (qui se mesurent en F · m–1 dans le système ε d E d ( r ) = D d ( r ) = σ ( r )n sc (201)
MKSA) tandis que εr est un nombre sans dimensions ; certains
phénomènes (la forme des lignes de champ par exemple) ne dépen-
dent que des εr .

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Ajoutons enfin que, pour tous les points du ou des diélectriques


qui se trouvent au contact avec la surface S ( i ) du conducteur i, potentiels imposés ; la connaissance du potentiel V ( r ) permet, en
la continuité du potentiel montre que : effet, d’obtenir le champ électrique E ( r ) au voisinage des différents
conducteurs et donc les densités superficielles de charge.
Vd ( r ) ≡ V i (202)
Il existe un grand nombre de méthodes mathématiques pour
résoudre ce type de problème mais ces méthodes sont pratiquement
2.1.4.2 Relations de passage entre diélectriques limitées aux cas où les surfaces limites sont de géométries simples
et conducteurs non uniformes (plan, cylindre de révolution, ellipsoïde, hyperboloïde). Ces
La composition chimique de ces conducteurs varie spatialement. méthodes sont très bien exposées dans Électrostatique de
L’application de la loi (68) : Durand [2].
Les méthodes numériques ont très largement étendu le champ

 q
1
J ( r ) = γ ( r ) E ( r ) + ------ grad µ ch ( r )  des problèmes que l’on peut résoudre (cf., dans ce traité, article
[D 3 020] Calcul des champs électromagnétiques ).
Dans des cas simples (§ 2.1.4.4), il est possible de déterminer le
à un tel alliage métallique (avec εc = ε0 ) montre que, même dans le
cadre général des relations entre les charges Qi et les potentiels Vj
domaine de l’électrostatique (où J = 0 ), le champ E n’est jamais des différents conducteurs (i, j ...).
nul a priori dans cet alliage et, en conséquence, le potentiel V jamais
constant. 2.1.4.4 Coefficients d’influence, condensateurs et capacités
Les relations de passage fournissent alors : ■ Coefficients d’influence Cij
1 Nous ne considérons que les cas où, d’une part, tous les conduc-
E td ( r ) = E tc ( r ) = – ------- [ grad µ ch ( r ) ] t  teurs sont uniformes et, d’autre part, tous les corps (diélectriques
q 
 (203) et conducteurs) sont idéaux avec D = ε E . Dans ces conditions,
1
= – ------ [ grad µ ch – ( n sc ⋅ grad µ ch ) n sc ] 
q  toutes les relations entre les potentiels, les champs, les dépla-
cements, les densités superficielles de charge et les charges des
 différents conducteurs sont linéaires. Quand la convention V (∞) = 0
σ ( r ) = [ D d ( r ) – D c ( r ) ] ⋅ n sc
 a été effectuée, la charge Qi du conducteur i est alors :
ε0  (204)
= D d ( r ) ⋅ n sc + ------- grad [ µ ch ( r ) ] ⋅ n sc 
q  Qi = ∑ Cij Vj = C ii V i + ∑ Cij Vj (208)
j jvi
L’intégration de (204) sur la surface S ( i ) du conducteur i, soit : Vj désignant le potentiel du conducteur j .

  
En effet, dans le cas où seul Vj est non nul (nous symbolisons ce
cas par *j ), les charges sont proportionnelles à Vj et en particulier
ε0
σ dS = D d ⋅ n sc dS + - grad µ ch ⋅ n sc dS (205)
------ Qi (*j ) = Cij Vj . L’examen de l’ensemble des autres cas semblables
q
S ( i ) S ( i ) S ( i ) (*k ), ( *  ) ... et l’application du principe de superposition – valable
dans le cas de relations linéaires – permettent d’aboutir à (208).
montre que la charge superficielle Qi,s (intégrale de σ ) est égale à
En considérant le cas (*j ) particulier où Vj est positif, le champ
la charge totale Qi (intégrale de D d ⋅ n sc ) moins la charge intérieure
E est dirigé suivant la normale sortante du conducteur j et suivant
Qi, int puisque [(71) et (728)] :
la normale entrante de tous les autres conducteurs ; on en
déduit (200) que Cjj est positif et que tous les Cij (j ≠ i ) sont négatifs.
Q i, int =  i
ε0
div – ------- grad µ ch d 
 q

 On peut encore montrer, par l’intermédiaire de la thermodyna-
mique, que les coefficients d’influence Cij (avec j ≠ i ) tels que Cij = Cji .
 (206)
=  ε0

S( )
q

– ------- grad µ ch ⋅ n sc dS 

L’expression de l’énergie e (207) devient alors, grâce à (208) :

1 1 
e = ------ ∑ C ii V i + ------ ∑ ∑ C ij V i V j
i 2
2 i 2 i jvi 

2.1.4.3 Ensemble de diélectriques 1  (209)
= ------ ∑ C ii V i + ∑ ∑ C ij V i V j 
2
et de conducteurs en équilibre
2 i i j>i

Nous considérons uniquement le cas simple où des conducteurs 
uniformes, portés à différents potentiels, sont placés dans le vide
dans lequel il n’existe aucune charge (ρ v = 0). soit, pour un ensemble de deux conducteurs :
Dans l’évaluation de l’énergie libre [(132)], les seules charges qui 1 2 1 2
interviennent sont alors uniquement les charges superficielles des e = ------ C 11 V 1 + ------ C 22 V 2 + C 12 V 1 V 2
2 2
différents conducteurs, les charges du conducteur i (dont la somme
est Qi ) étant portées au même potentiel Vi ; dans ces conditions, nous ■ Condensateurs
avons [(140)] : Un condensateur est un ensemble de deux conducteurs ; les
1
e = ------ ∑ V i Q i (207) remarques précédentes justifient les relations :
2 i
Q 1 = C 11 V 1 + C 12 V 2 = C 11 V 1 – C 12 V 2 
Quand les potentiels Vi sont imposés, les valeurs des charges Qi  (210)
peuvent être obtenues après avoir résolu, dans l’espace vide, l’équa-
Q 2 = C 21 V 1 + C 22 V 2 = – C 12 V 1 + C 22 V 2 
tion ∆V = 0, les conditions aux limites correspondant aux différents

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On peut encore, en posant : De façon générale, les termes en (Cii – C ) sont dus à des effets
de bord du condensateur (figures 11 et 12). L’idéalisation du
– C12 = |C12| = C (211)
condensateur représenté sur la figure 12a avec la partie définie par
les mettre sous la forme : – (b /2) < y < (b /2) et – (c /2) < z < (c /2) du condensateur plan infini
(dans les directions relatives aux variables y et z ) de la figure 12b
Q 1 = C ( V 1 – V 2 ) + ( C 11 – C )V 1  fait, en effet, disparaître ces termes. Dans cette dernière figure, la
 (212) seule variable géométrique significative est x, ce qui montre que,
Q 2 = C ( V 2 – V 1 ) + ( C 22 – C )V 2  dans le diélectrique où ρ = 0, on peut écrire :

Dans les condensateurs pratiquement utilisés, les termes en dD x dE x d 2V


(Cii – C ) sont négligeables devant ceux en C et on aboutit aux expres- 0 = ρ = divD = ------------
- = ε ------------ = – ε ------------2 (214)
dx dx dx
sions traditionnelles que l’on peut résumer par :
On obtient ensuite successivement :
Q i ≈ C (V i – V j ) (213)
V2 – V1 V1 x 2 – V2 x1
Dans certaines dispositions, un des termes correctifs en (Cii – C )
est nul. Par exemple, dans le cas de la figure 11, le corps 1 étant
  
V = --------------------- x + ----------------------------------
x 2 – x1 x 2 – x1 
complètement entouré par le corps 2, on peut montrer que V2 – V1 V1 – V2
C11 – C = 0 et que la charge (C22 – C ) V2 est portée par la surface exté- σ 1 = D ( x 1 ) ⋅ n s c1 = – ε --------------------- ⋅ 1 = ε ---------------------
x 2 – x1 x 2 – x1
rieure du corps 2.
V2 – V1 V2 – V1
σ 2 = D ( x 2) ⋅ n s c2 = – ε --------------------- ⋅ ( – 1 ) = ε ---------------------
x 2 – x1 x 2 – x1

Pour la section droite d’aire S = bc du condensateur plan infini,


on aboutit ainsi, avec Qi = Sσi (i = 1 ou 2), à :

Q i = ------------------ ( V i – V j ) 
x 2 – x1 
Sε  (215)
soit C = ------------------ 
x2 – x1 
Figure 11 – Coupe par un plan équatorial d’un condensateur
constitué par une sphère (1) concentrique à une coquille sphérique (2) qui fournit l’expression traditionnelle de la capacité d’un conden-
avec indications de la charge globale de chaque surface sateur plan. Ce résultat n’est qu’approché puisque l’assimilation de
divD au seul terme (dDx /dx ) n’est pas possible dans le cas du
condensateur réel de la figure 12a ; cette remarque montre que
l’expression traditionnelle (215) de C est d’autant meilleure que b
et c sont plus grands par rapport à l’épaisseur e = x 2 – x1 .
Dans le cas où l’approximation (213) est valable, la valeur de C
peut être déterminée par [(200)] :

Qi
C = ----------------

Si
ε d E d ⋅ n s ci dS
= --------------------------------------------------------
- (216)


Vi – Vj j

E ⋅ d
i

si la répartition de E est connue ; dans le cas où plusieurs types


de diélectriques existent, la valeur de εd à retenir est celle réalisée
au voisinage de la surface du conducteur (ici la surface Si du
conducteur i ) pour lequel la charge (ici Qi ) est calculée.
L’énergie libre relative à un condensateur est [(209) et (211)] :

1 2 1 2 
e = ----- C 11 V 1 – C V 1 V 2 + ----- C 22 V 2
2 2 
 (217)
1 1 2 1 2
= ----- C ( V 1 – V 2 ) 2 + ----- ( C 11 – C )V 1 + ----- ( C 22 – C )V 2 
2 2 2 

L’analyse complète de cette expression est compliquée [1], aussi


vaut-il mieux considérer directement le cas approché (213) qui,
avec (207), correspond à :
1 1
e = ----- [ V 1 C ( V 1 – V 2 ) + V 2 C ( V 2 – V 1 ) ] = ----- C ( V 1 – V 2 ) 2 (218)
2 2

Figure 12 – Comparaison entre un condensateur plan


et une portion d’un condensateur plan infini

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2.2 Magnétostatique Les conventions sur div A peuvent être différentes suivant le type
de problème considéré mais, pour chaque problème, la convention
La magnétostatique a pour but principal d’étudier les grandeurs est unique quel que soit le milieu ; on en déduit que div A est
  continu quand on passe d’un milieu à l’autre.
magnétiques H et B quand les courants électriques macrosco-
piques sont invariables en fonction du temps. Les relations de base À la surface de séparation de deux milieux 1 et 2, la relation de
de la magnétostatique sont donc : passage (42) (B n1 = B n2 ) est satisfaite quand la composante tangen-

 tielle A t est continue :


rot H = J (219)
( A t )1 = ( A t )2 (221)

(7) div B = 0
  2.2.1.3 Différentes représentations des courants
(58) B = B (H )
Pour déterminer les phénomènes dus aux circuits électriques
C’est le type envisagé de la relation (58) qui va distinguer les dif- réels, il est nécessaire d’introduire certaines notions ; nous défini-
férentes parties de l’exposé : rons ainsi successivement les lignes de courant, un tube de courant,
— le paragraphe 2.2.1 est consacré aux relations générales, un élément de courant et un tube élémentaire de courant.
  Les lignes de courant sont les lignes (figure 13) qui, en chaque
valables quelle que soit la relation B = B ( H ) ;
  point, sont tangentes à la densité de courant J .
— le paragraphe 2.2.2 concerne le cas du vide où B = µ 0 H ;
— le paragraphe 2.2.3 est relatif aux circuits électriques dans le Un tube de courant est la partie de l’espace située à l’intérieur
vide ; de l’ensemble des lignes de courant qui s’appuient sur une courbe
— le paragraphe 2.2.4 traite des matières aimantées, pour fermée Γ. Chaque section d’un tube est traversée par un courant de
  même intensité. Pour démontrer cette proposition, il suffit de
lesquelles B v µ 0 H . considérer (figure 13) deux sections S1 et S2 de ce tube ; ces sec-
tions et le tube lui-même déterminent un tronçon (de volume  ),
auquel on peut appliquer la relation (728) :
2.2.1 Relations générales

Elles concernent le théorème d’Ampère, le potentiel vecteur A ,


les différentes représentations des courants ainsi que les variations
 
div J d =  J ⋅ n s dS
S()
(222)

d’énergie ; nous introduirons également le potentiel scalaire magné-


tique  m . Le flux de J au travers de la surface S (  ) du tronçon est nul

2.2.1.1 Théorème d’Ampère puisque [(219)] div J = 0 ; le flux latéral étant obligatoirement nul
Ce théorème (30) est pleinement valable puisque les phéno- ( J ⋅ n s = 0 ) , on en déduit que les flux de J au travers de S1 et
mènes ne dépendent pas du temps (§ 1.2.2.4).
S2 sont égaux quand on choisit le même sens arbitraire ( 12 ou 21 )
2.2.1.2 Potentiel vecteur A pour les évaluer.
La divergence d’un rotationnel étant nulle [(724)], la relation L’intensité du courant qui traverse, dans une direction précisée
 portée sur les lignes de courant ( ici 12 ) , une section Si quelconque
div B = 0 montre qu’il est possible de poser :
du tube :
 
B = rot A

en introduisant ainsi le potentiel vecteur A ; la notation complète


(220)
I 12 = 
Si
J ⋅ n 12 dS (223)

  est donc une constante.


est B P = ( rot P A ) P , l’indice P du rotationnel indiquant qu’il faut
dériver par rapport aux coordonnées du point d’observation P.
Nota : pour éviter toute confusion dans l’étude des diélectriques, où intervient la polari-
sation P , nous avons désigné le point courant par M ; dans ce paragraphe, où l’intensité

d’aimantation des corps magnétiques est notée M , c’est pour des raisons analogues que
le point courant est désigné par P.

Le potentiel vecteur A n’est pas complètement déterminé


par (220) ; on démontre en effet que A ne peut être bien défini que

si on connaît en tout point, non seulement rot A , mais également
div A . Il faut de plus que A soit connu en un point : le choix tra-
ditionnel consiste à prendre A ( ∞ ) = 0 [cf. V (∞) = 0 en électro-
statique (§ 2.1.1.2)].

Figure 13 – Définitions des lignes de courant, d’un tube de courant,


d’un tube élémentaire de courant et d’un élément de courant

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Quand tous les points de la surface S (  ) qui limite le volume 


La relation div J = 0 montre ainsi que tous les tubes de cou-
rant sont obligatoirement fermés. Pour chaque tube, un contour sont suffisamment éloignés des sources de champ (c’est-à-dire des

moyen orienté ( C ) de façon arbitraire (figure 13) permet de définir courants) et que la convention A ( ∞ ) = 0 a été effectuée, une
 intégration par parties conduit à une nouvelle forme [(731), l’inté-
la normale unitaire n C [dans le sens choisi pour ( C ) ] est d’obtenir grale de surface tendant vers 0] :


 
IC en utilisant une expression du type (223). On rappelle que B  
 ( δ m )  → ∞ ,T = Cte = H ⋅ δ B d = J ⋅ δ A d (228)
désigne un vecteur axial et ( C ) un contour orienté.  → ∞ ,T = Cte  → ∞ ,T = Cte
Un élément de courant est un terme du type J d que l’on
peut mettre sous la forme : plus intéressante que la première, parce qu’elle permet de faire
intervenir l’ensemble des tubes élémentaires de courant.

J d = dI c d c (224) Quand ( c f ) désigne le contour moyen orienté du tube f, ce qui
fixe, d’une part, le signe de l’intensité de courant dIcf (notée doré-
la deuxième forme est obtenue en considérant le tube élémentaire
de courant dont fait partie l’élément d considéré, tube à l’intérieur navant dIf pour simplifier) et, d’autre part, le sens de l’élément d cf ,
 on peut alors écrire [(244)] :
duquel on choisit un contour moyen ( c ) orienté de façon arbitraire ;

  
l’élément d’intensité de courant a pour valeur :
( δ m ) T = Cte = dI f δA ⋅ dcf = d I f δ Φ f (229)

dI c = J ⋅ n c dS tous les tubes f ( cf ) f

quand dS désigne l’aire de la section droite du tube élémentaire au la variation δ Φcf (δ Φf pour simplifier) du flux d’induction étant définie
par [(729)] :
point considéré, tandis que l’expression du vecteur d c est :

d c = n c dc  
δA ⋅ d cf
( cf )
=  
 
δB ⋅ dS = δ Φ f
S ( cf )
(230)

avec dc tel que d = dS dc


grâce à (220). Il ne faut pas oublier que dIf et δ Φ f dépendent du

 sens choisi ( c f ) sur le tube élémentaire f.
Si le sens choisi pour ( c ) est inversé, les nouveaux vecteurs n c
L’énergie libre m est utile pour résoudre les problèmes où T et
et d c sont opposés aux anciens, mais dI c d c reste invariable 
puisque dIc a changé de signe. B (donc les flux) sont maintenus constants.

En revanche, si T et H (donc les courants) sont constants, il faut
Un circuit réel est un tube de courant à l’intérieur duquel on
utiliser l’énergie magnétique de Gibbs (92) qui correspond à :
peut imaginer un grand nombre de tubes élémentaires de courant.
Nota : nous verrons (§ 2.2.2.3) que certaines relations simples ne s’appliquent qu’aux  
tubes élémentaires de courant et que, pour obtenir des relations pratiquement utiles (et δg m = – B ⋅ δH (231)
donc relatives aux circuits), il est nécessaire de considérer ceux-ci comme composés d’un
très grand nombre de tubes élémentaires de courant.
soit [(731)] :
Pour un circuit quelconque  K , après avoir choisi un contour



moyen orienté ( C K ) , nous définirons avec la même orientation tous
les contours ( c fK ) des différents tubes élémentaires fK du circuit K ;
( δ m )  → ∞ ,T = Cte = –   
B ⋅ δH d
 → ∞ ,T = Cte




 (232)

 
ce choix entraîne : 
= – δ J ⋅ A d = – δ dI f Φ f 

  → ∞ ,T = Cte tous les tubes f 



IK = ∑ dIfK = dI fK
tous les tubes fK
(225)
f
■ Les expressions générales que nous venons d’écrire ne
Il faut remarquer que les densités de courant J et les éléments de courant J d , concernent que les variations d’énergie et non les énergies
comme les courants, sont des grandeurs intrinsèques, tandis que, pour ces courants, les élé- elles-mêmes. Pour évaluer l’énergie relative à une situation donnée,
ments d’intensité dI fK et l’intensité IK dépendent, pour leur signe, d’une convention.
au moyen de (232) par exemple, il faut imaginer que les densités de
2.2.1.4 Variations d’énergie courant J ( r ) sont apparues peu à peu ; chaque étape kJ ( r )
[k varie de 0 à 1] correspond à une répartition de potentiel vecteur
■ À température T constante, la variation de la densité volumique
d’énergie libre de nature magnétostatique s’obtient à partir de (90) : A ( k,r ) , d’où :
 
( δf m ) T = Cte = H ⋅ δB

ce qui conduit, pour un système de volume  , à une variation


(226)

δ m, k → k + δk = – δk J ( r ) ⋅ A ( k, r )d
 → ∞, T = Cte
(233)

 
d’énergie [(220)] :

1
soit J ( r ) ⋅ A ( k, r )d δk (234)
m =
( δ m ) T = Cte =   
H ⋅ δ B d =
,T = Cte
  
H ⋅ rot δ A d
,T = Cte
(227)
k=0  → ∞, T = Cte

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2.2.1.5 Potentiel scalaire magnétique  m obtenues au moyen d’intégration relative aux coordonnées de P ;
dans ces conditions, on a [(721) et (716)] :
Cette notion n’est valable que dans les régions où J est nul ; dans
   
B P′ = µ 0 H P′


ce cas, la relation (219) devient rot H = 0 , ce qui montre qu’il est 


possible de poser [(725)] : 
µ0  ( ) µ ( ) 

J r J r
 


0 s P
rot P′ ----------------------- dS P 
P
 = -------- rot P′ -------------------
- dP + -------
H = – grad  m (235) 4π
PP ′

PP ′ 
 S()  (242)

 

en introduisant le potentiel scalaire magnétique  m . Cette grandeur 
est un pseudo-scalaire, c’est-à-dire une quantité dont le signe change µ0 PP ′ µ0 PP ′ 
= -------- J ( r P ) ∧ -----------------3 dP + -------- J s ( r P ) ∧ -----------------dS
3 P 
quand on passe d’un système d’axes à droite à un système d’axes 4π 4π
PP ′ PP ′ 
à gauche.  S() 

2.2.2 Magnétostatique du vide Chaque élément de courant J d donne ainsi lieu à un élément
 
dB et dH (perpendiculaires au plan défini par PP ′ et J ) dont le
2.2.2.1 Équation de base sens axial est celui dans lequel on voit passer le courant depuis le
En axes orthogonaux, la relation (60) : point d’observation P’ (figure 14).
En introduisant les tubes élémentaires (c’est-à-dire en rempla-
 
B = µ0 H
çant [(224)] les éléments J d par dId ), les expressions (241)
permet de combiner (219) et (220) en une seule relation : et (242) deviennent :

ce qui fournit [(726)] :


1 

rot -------rotA
µ0 = J (236) µ0
A P′ = --------

-  d If
tous les tubes f
 
( cf )
dP
--------------
PP ′
- (243)


rot ( rotA ) = grad ( divA ) – ∆A = µ 0 J

En imposant (§ 2.2.1.2) :
(237)
et
  µ0
B P′ = µ 0 H P′ = ---------
4π  dI f
tous les tubes f
 
PP ′
d P ∧ -----------------
( cf ) PP ′
3
(244)

divA = 0 (238) Pour un tube élémentaire infini repéré par le vecteur unitaire k ,
on trouve ainsi, P0 étant le point du tube le plus proche de P’ :
on obtient :
∆A + µ 0 J = 0   µ 0 dI k k ∧ P0P ′
(239) dB P′ = µ 0 dH P′ = ----------------- --------------------------
2 (245)

P0P ′
qui correspond, pour des axes triorthogonaux et rectilignes, à trois
équations du type (avec i = x, y, z ) : résultat qui, dans cette géométrie idéalisée, s’obtient grâce au
∆A i + µ 0 J i = 0 (240) théorème d’Ampère :

semblables à l’équation de Poisson (115) relative à l’électrostatique. dH P′ = dI k 2π P0P ′


Des conclusions analogues (théorème d’unicité) peuvent s’appliquer
dans les mêmes conditions (§ 2.1.2.1). Nous désignons par boucle élémentaire de courant un tube
élémentaire de courant dont l’étendue est assez petite pour que la
2.2.2.2 Potentiel vecteur, induction et champ magnétiques distance entre le point d’observation P’ et un point P quelconque
de ce tube soit pratiquement une constante. Pour une telle boucle
L’analogie entre (239) et l’équation de Poisson (115) permet 
( c ) , l’expression [(243)] :


d’obtenir l’expression de A relative au point P’ sous la forme (128) :
µ 0 dI c d P

 
d A P′ = ----------------- ---------------
- (246)
4π  PP ′
µ0 J ( r P )dP µ 0 J s ( r P ) dS P (c)
A P′ = ------- -------------------------------- + --------- -------------------------------- (241)
4π 4π
PP ′ S (  ) PP ′
peut par transformation mathématique se mettre sous la
 forme [(734)] :


en faisant intervenir, le cas échéant, des densités superficielles de
courant Js . µ 0 dI c 
 --------------
PP ′ 
1
d A P′ = ----------------- dS ∧ grad P - (247)
 4π
 
Pour calculer [(220)] B P′ = rot P′ ( A P′ ) il faut dériver par rapport S (c)

aux coordonnées de P’ les composantes de A P′ , elles-mêmes

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elle peut se simplifier puisque le gradient de ( 1 PP ′ ) ne varie



pratiquement pas sur la surface S ( c ) délimitée par la boucle ; ce
gradient peut donc se mettre en facteur et l’intégrale ne porte plus

alors que sur dS . Le résultat est donc :

µ  1
≈ --------
 --------------
PP′ 
0
d A P′ - dI c S ( c ) ∧ grad P - (248)


P pouvant désigner un point quelconque de S ( c ) .
Dans ces conditions (à grande distance ), la boucle élémentaire
de courant n’intervient plus que par l’intermédiaire de son moment
magnétique : 
Figure 14 – Détermination du caractère axial de dH
 
d P = dI c S ( c ) (249)
cette quantité est bien intrinsèque puisque le changement du sens
 
de repère sur le contour ( c ) change le signe de dIc et de S ( c ) . On
peut montrer que l’induction correspondante calculée à partir de :

µ0  
 
1
d A P ′ = -------- d P ∧ grad P --------------- 

PP ′ 
µ0   (250)

 
1
= -------- grad P ′ --------------- ∧ d P
4π 
PP ′ 

est [(727) et (716)] :


 
  µ0 d P ⋅ PP ′
 
d P
dB P′ = rot P′ ( d A P′ ) = -------- 3 -----------------------------
5
- PP ′ – ------------------
3
- (251)

PP ′ PP ′ Figure 15 – Détermination du moment magnétique d’une sphère
(de densité uniforme  ) tournant autour d’un de ses diamètres
la deuxième égalité n’étant valable que pour des points P et P’ dis-
tincts, ce qui est toujours vrai puisque la boucle est examinée à
grande distance. En remarquant ensuite que l’induction magnétique produite par
À titre d’exemple (figure 15), nous pouvons calculer le moment un tube élémentaire de courant d’intensité dI (figure 16a ) est iden-
magnétique dû à une sphère de densité uniforme de charge ρ, de tique à l’induction due à l’ensemble de deux tubes élémentaires (de
rayon R, tournant autour d’un de ses diamètres, la vitesse angu- même intensité dI ) bien disposés et bien orientés (figure 16b ), les
 effets liés au parcours commun AB s’annulant, on arrive à montrer
laire de ce mouvement étant caractérisée par le vecteur axial ω . qu’une association de boucles élémentaires (figure 16c ) bien
La composante liée à la portion ds, située entre r et r + dr de l’axe choisies (avec toujours la même intensité dI ) correspond aux mêmes
de rotation, d’un demi-cercle (d’où ds = 2 R 2 – r 2 dr ) corres- effets magnétiques que ceux dus à un tube élémentaire. Il suffit alors
 de considérer une somme de termes analogues à (253) et relatifs à
pond à dI S ( r ) avec dI = ρωr ds et S(r ) = πr 2 ; on en déduit : ces boucles élémentaires pour obtenir le potentiel magnétique relatif
au tube élémentaire considéré, une nouvelle somme conduisant au

 =  0
R

( ρ ω r ) ( π r 2 ) ( 2 R 2 – r 2 dr ) 

potentiel magnétique qui caractérise un circuit. Pour que la méthode
soit correcte, il faut que l’approximation (248) soit valable,
 (252) c’est-à-dire que la distance entre un point d’observation et une
4π ρ R 5  QR 2  
= --------------------- ω = -------------- ω  boucle élémentaire soit toujours très grande devant les diamètres
15 5 de cette boucle, quel que soit le point, et quelle que soit la boucle.
4
en introduisant la charge totale de la sphère : Q = ------ πR 3 ρ . ■ Une autre façon d’utiliser la relation (235) est de remarquer l’ana-
3
logie (pour leur évaluation à grande distance) entre le potentiel
2.2.2.3 Potentiel scalaire magnétique  m électrostatique dû à un dipôle [(166)] et le potentiel scalaire
■ Pour justifier la relation (235) (dans une région où J est nul) et magnétique relatif à une boucle de courant [(253)], le moment dipo-
déterminer l’expression de  m , il suffit d’abord de remarquer que, laire p = Q M – M + (165), d’une part, et le moment magnétique
pour une boucle élémentaire à grande distance, le choix de [(716)] : 
 , d’autre part, jouant des rôles semblables. Entraîné par cette
 analogie, on peut être tenté d’écrire :

 -------------- 
1 1
( d m ) P′ = – --------- d  P ⋅ grad P ′ - 
4π  
PP ′  = m* P– P+ (255)
 (253)
1  PP ′ 
= --------- d  P ⋅ -----------------3  en introduisant ainsi un dipôle magnétique formé de deux masses

PP ′  magnétiques opposées (|m*| au point P+ , – |m*| au point P– ). Ces
masses magnétiques, définies par (255), ne traduisent pas bien la
fournit, après le calcul de [(717), (725), (715), et (704)] :
réalité physique. Elles ont d’abord contre elles leur caractère
  pseudo-scalaire : il suffit de passer d’un système d’axes à droite (d )
dB P′ = µ 0 dH P′ = – µ 0 grad P′ ( d m ) P′ (254) à un système d’axes à gauche (g) pour permuter le signe des masses.

l’expression déjà obtenue (251) à partir de dA P′ .

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La figure 17 donne la représentation axiale intrinsèque avec les deux Historiquement, Maxwell a développé les analogies entre
représentations (d et g) dipolaires. La figure 18 met en évidence une 
E = – grad V et H = – grad  m (d’où les appellations communes
autre critique, seul le produit m* P – P + étant défini. de champs). On sait maintenant que ces analogies ne sont pas jus-
tifiées puisque les doctrines relativistes – exigeant l’utilisation de
quatre dimensions – montrent qu’il faut considérer deux tenseurs
 
 ( B, E ) et  ( H, D ) dont nous avons indiqué les composantes,
 
B et E , H et D , relatives à l’espace à trois dimensions. Maxwell
faisait ainsi correspondre aux charges électriques Q les masses
magnétiques m* avec un potentiel magnétique du type (128) :


1
(  m ) P′ = ---------  ( ρ* m )P
--------------
PP ′
1
- dP + ---------
4π  ( σ* m )P
---------------
PP ′
dS P (256)

où ρ m
* et σ m
* désignent respectivement les densités volumique et
superficielle de masses magnétiques.
On passe ainsi de l’expression du potentiel électrostatique valable
dans un milieu vide à la relation (256) en remplaçant V par  m , ρ /ε0
par ρ m* et σ / ε 0 par σ m
*.
Les correspondances suivantes sont alors immédiates :
ρ
(115) ∆V + ------- = 0 → ∆ m + ρ *
m = 0 (257)
Figure 16 – Tubes et boucles élémentaires de courant ε0
ρ 
(103) et (114) div E = ------- → div H = ρ * (258)
ε0 m

σ  
(59) et (36)  E1 – E 2  ⋅ n 21 = ------- → ( H 1 – H 2 ) ⋅ n 21 = σ m
* (259)
ε0
Nota : les critiques que nous avons effectuées au sujet de la réalité physique des masses
magnétiques ne doivent pas empêcher l’usage des expressions (256), (257), (258), et (259)
quand elles conduisent [cas des systèmes d’aimants permanents par exemple (cf. article
[D 2 090] Aimants permanents. Principes et circuits magnétiques)] à des calculs plus simples
que ceux relatifs à l’utilisation du potentiel vecteur A .

2.2.2.4 Énergies
Figure 17 – Comparaison entre la représentation axiale intrinsèque Dans le cas du vide, à température constante, la variation de la
 densité d’énergie libre due aux phénomènes purement magnétiques
d’un moment magnétique  et sa traduction en utilisant soit [(226) et (60)] :
un système d’axes à droite (d), soit un système d’axes à gauche (g)

  B 
( δf m ) T = Cte = H ⋅ δB = ------- ⋅ δB (260)
µ0

peut être intégrée et fournit :



B

 1   B2 B⋅H µ0 H 2
f m ( T, B ) = ------- B′ ⋅ δB′ = ----------- = ------------ = --------------- (261)
µ0 2 µ0 2 2
0

en admettant que f m(T, B = 0) est nul.


L’énergie m est alors [(228) et (229)] :

m =
 B2
-----------d =
2 µ0
 → ∞, T = Cte
 J ⋅A 1

------------------ d = ------
2
 → ∞, T = Cte
2
dI f Φ f
tous les tubes f
(262)

  le flux Φf relatif au tube élémentaire f [dont le contour moyen est


Figure 18 – La traduction  d de  n’est pas univoque

repéré par ( c f ) ] est défini, d’après (230), par :

Φf =  
( cf )
A ⋅ d =   B
S ( cf )
 
⋅ dS (263)

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En introduisant, dans (262), l’expression (241) de A , l’énergie libre où δ m est la variation de l’énergie de Gibbs du système lors du
peut se mettre sous la forme plus symétrique : passage de l’état α à l’état β, soit [(232)] :


1
m = -----
2  P′
J P′ ⋅ A P ′ d P ′
µ
8π 
= ------0-
P P′
J P ⋅ J P′
- dP dP′ (264)
---------------------
PP′
δ m = m β – m α = –

Les variations δJ
A ⋅ δJ d

n’affectant que le contour infiniment petit


(271)

soit, encore, en faisant intervenir les tubes élémentaires de PP’S’S, les valeurs de A ( r ) nécessaires pour le calcul de δ m sont
courant [(224)] :
pratiquement constantes dans chaque état : A ( r , α ) ≈A ( P, α ) et

  
A ( r , β ) ≈ A ( P, β ) . Le potentiel vecteur A est dû à l’ensemble des
µ0 d P ⋅ dP′ courants ; la contribution du tube élémentaire considéré (liée à dIc)
m = --------- dI f dI g ---------------------------- (265)
est donc aussi faible que l’on désire, ce qui montre que

  PP′
tous les tubes f tous les tubes g ( c f ),P ( c g ), P′
A ( P, α ) ≈ A ( P, β ) ≈ A ( P ) .
L’énergie libre d’interaction entre les tubes élémentaires f et g est Il est donc possible d’écrire, en sortant A ( P ) de l’intégrale :
donc :
1
----- dI f dI g m fg
2
(266) δ m = – A ⋅  δ J d = – A dI c ⋅ [ PP′ + P′S′ + S′S – PS ] (272)

en faisant intervenir l’inductance mutuelle : où la dernière forme est obtenue en remarquant que le passage de
α β


à s’effectue en supprimant dI c PS et en ajoutant

µ0 d P ⋅ d P′ dI c ( PP′ + P′S′ + S′S ) .


m fg = ------- ----------------------------- = m gf (267)
4π La transformation en une intégrale de contour [(230)] :

( c f ), P

( c g ), P′
PP ′

En résumé, nous avons trois moyens équivalents d’exprimer


l’énergie libre m : δ m = – dI c  
A ⋅ d = – dI c B ⋅ ( δP ∧ d c )
PP′S′SP


 (273)
 

 
= – ( d Ic d  c ∧ B ) ⋅ δ P 
1 µ0 J P ⋅ J P′
m = ----- dI f Φ f = ------- ---------------------
- dP dP′ 
2 8π permet de faire intervenir le flux de B au travers de la surface
PP ′
tous les tubes P P′ 


(268) δdS limitée par le contour PP’S’SP (figure 19) parcouru dans le

1 sens PP′S′SP :
= ----- m fg dI f dI g
2 
f g δdS = PP′ ∧ PS = δP ∧ d c (274)
D’après (270) et (273), la force (dénommée force de Laplace) est
Nous rappelons que, pour chaque tube, dI et d sont mesurés par ainsi :
rapport au sens de parcours arbitraire choisi sur le contour moyen 
 dF P = dIc dc ∧ B (275)
correspondant ( c ) .
L’énergie de Gibbs magnétique s’obtient, dans les mêmes condi- Le travail de cette force :
tions, par :

m = – m (269) d 2δt = dF P ⋅ δP = – δ m = dI c B ⋅ ( δP ∧ d c ) = dI c d Φc(276)


2.2.2.5 Forces montre le rôle du flux dΦc de B au travers de la surface δP ∧ d c ;
Dans un espace vide où circulent des courants qui sont maintenus si on se borne à indiquer qu’il s’agit du flux coupé, aucun rensei-
gnement sur le signe n’est fourni.
constants, nous cherchons à évaluer la force dF P qui s’exerce sur

un élément J d = dI c dc = dI c PS d’un tube élémentaire de


courant en considérant deux configurations α et β (figure 19) qui
ne diffèrent que par la translation δP = PP ′ de cet élément ; dans
la position β, les branches PP’ et S’S sont nécessaires pour assurer
le passage du courant conformément au bon sens (et à div J = 0 ).
L’ensemble des courants étant maintenu constant, la force sera
obtenue grâce à [(101)] :

dF P ⋅ δP + δ m = 0 (270)
Figure 19 – Évaluation de la force s’exerçant sur un élément de courant

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L’adaptation de l’expression (275) montre, avec (224), que la Pour que cette égalité soit satisfaite, il faut que [(707)] :
densité volumique de force est :
∂T xx ∂T xy ∂T xz
f x = J y B z – J z B y = div T x = ------------
- + -------------- + -------------- (282)
dF P  ∂x ∂y ∂z
f P - = J ∧B
= ----------- (277)
d On aboutit finalement à :

 
Pour une particule de charge q k et de vitesse v k (ce qui corres- 1
T ij = µ 0 H i H j – ----- δ ij H 2 (283)
2
pond à un élément de courant q k v k ), la force magnétique est donc :
forme très proche de celle qui a été obtenue en électrostatique
 [(152)]. De même, la force qui agit sur un volume  est [(159)] :
Fk = qk v k ∧ B (278)

Il est intéressant de déterminer la force s’exerçant sur un élément


de courant dI′c d′c situé au point P’ (figure 20) et due à un tube élé-
mentaire rectiligne de courant défini par le vecteur unitaire k , dI k k
Fm =
 S()
 
 µ0 H ( H ⋅ n s ) – ----12- µ0 H 2 n s  dS (284)

et P0 , le point de ce tube le plus proche de P’. Elle s’obtient [(245)]


au moyen de : 2.2.3 Circuits électriques dans le vide
µ 0 dI k k ∧ P 0 P′ 
 
Quand aucune substance magnétique n’existe dans un système,
d 2 F P ′ = dI′c d c′ ∧ ------------------ --------------------------- 
2π 2
  
P 0 P′
 (279) nous avons en tout point B = µ 0 H (valable dans du cuivre par
µ 0 dI′c d I k  exemple) et les expressions relatives à la magnétostatique du vide
= --------------------------2- [ ( d′c ⋅ P 0 P′ ) k – ( d′c ⋅ k ) P 0 P′ ]  sont encore valables. La seule difficulté est de passer de ces expres-
2π P 0 P′  sions, faisant intervenir les densités de courant et les tubes élémen-
taires de courant, à une formulation utile pour les ingénieurs qui
Dans le cas simple où dI′c d c′ est parallèle à dI k k , il vient : considèrent comme variables de base les intensités des courants qui
circulent dans les différents circuits.
µ 0 dI′c d I k
d F P′ = – --------------------------2- ( d′c ⋅ k )P 0 P′ (280) Au cours de l’exposé nous distinguerons (figure 21) :
2π P 0 P′ — le circuit électrique  K constitué d’un volume fini K de
matière ;
ce qui montre qu’il y a attraction, tandis qu’il se manifeste évidem- — le contour moyen filiforme CK du circuit  K ;
ment une répulsion quand dI′c d c′ et dI k k sont antiparallèles. — les tubes élémentaires fK (de section transversale dS infiniment
petite) de  K ; l’ensemble des tubes fK est équivalent au circuit  K .
2.2.2.6 Tenseur magnétostatique de Maxwell
Comme en électrostatique, on peut introduire le tenseur de
Maxwell en cherchant à calculer chaque composante de la force
magnétostatique Fm qui s’exerce sur un certain volume  au moyen
d’une intégrale s’appliquant à la surface S (  ) qui limite ce volume,
soit :

Fx =  
f x d =  S()
T x ⋅ n s dS (281)

Figure 21 – Circuit électrique dans le vide

Figure 20 – Détermination de la force s’exerçant sur un élément


de courant situé au point P’

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 La meilleure façon de définir les flux est de passer par un inter-


Le même sens arbitraire est choisi sur ( C K ) et sur tous les contours médiaire énergétique. Pour cela, extrayons, dans les différentes
 expressions de l’énergie libre magnétique m [(268)], la quantité liée
moyens ( c fK ) des tubes élémentaires ; c’est ce sens qui permet de
définir IK et les dIfK ; nous avons donc [(225)] : au volume K du circuit  K soit :

IK =  dI fK
tous les tubes fK
(285)
1
mK = -----
   µ0
dI fK Φ fK = ---------
J P ⋅ J P′


- d P d P′
---------------------
2 8π 
PP ′
C’est toujours le même sens qui introduira les flux Φ fK relatifs aux tubes fK K ( P ) ∞ ( P′ ) 

 
 (289)
( c fK ) ainsi que le flux Φ K correspondant au circuit  K . 
1 
= ----- m fK, g dI fK dI g 
2 
2.2.3.1 Expression simplifiée du potentiel vecteur tubes fK tous les tubes g 
Dans l’expression du potentiel vecteur relatif à un circuit  K ,
donné, d’après (243), par : Les flux ΦfK dépendent du tube élémentaire fK considéré ; le flux
Φ K relatif au circuit électrique  K ne peut donc être défini que par

 
une moyenne. En adoptant [(285)] :
µ0 ( d R ) fK
( A P′ ) K = ---------
 
dI fK --------------------- (286)

tous les tubes fK

( cf ) PP ′ dI fK Φ fK dI fK Φ fK
fK fK
Φ K = ------------------------------------- = ------------------------------------- (290)
la contribution du tronçon d R peut se simplifier, si, pour le point
d’observation P′1 , les différentes distances correspondant à ce  fK
dI fK IK

tronçon P f P ′1 , P g P ′1 , relatives aux différents tubes élémentaires la première intégrale de (289) conduit à :
f K, gK ..., sont pratiquement les mêmes. Nous pouvons alors écrire
1
pour ce tronçon : mK = ----- I K Φ K (291)
2

 f˙K
( d R ) fK
dI fK -----------------------
P f P ′1
PP ′1
-
f˙K

d R
d R
≈ -----------------
PP ′1

dI fK = -----------------I K (287)
Les flux Φ fK sont dus aux courants circulant soit dans le circuit
électrique  K lui-même, soit dans les autres circuits (  J par
exemple).
et faire apparaître ainsi l’intensité IK [évaluée selon ( C K ) ] du courant Dans mK (289), la contribution relative à  K :
relatif au circuit  K .
Si tous les tronçons du circuit ont la même propriété (dimensions
transversales faibles devant la distance entre ce tronçon et le point
d’observation), le potentiel vecteur devient ainsi :
µ0
--------

-
  J P ⋅ J P′
---------------------
PP ′
- dP dP ′




K ( P)  ( P ′)
K 

 
 (292)
µ0 IK d R 
(A P ′ ) K = -------------

- -----------------
- (288) 1 1 1 2 
1 
(C )
PP ′1 = ----- m fK, gK dI fK dI gK = ----- I K Φ KK = ----- L K I K 
K 2 2 2 
tubes fK tubes gK 
et tout se passe comme si le courant circulait sur le contour moyen
 K . Pour le point P′2 , cette simplification n’est pas valable et à plus permet de définir le flux propre Φ KK et l’inductance propre L K par
forte raison pour un point P′3 situé à l’intérieur du circuit  K Φ KK = L KIK , les grandeurs Φ KK et IK étant évaluées à partir du même

lui-même. sens repéré ( C K ) . La partie de mK concernant le circuit  J , soit :

 
2.2.3.2 FLux d’induction au travers d’un circuit.
Inductances propre et mutuelles µ0 J P ⋅ J P′ 
--------
- ---------------------
- dP dP ′ 
Le flux de l’induction magnétique au travers d’un circuit électrique 8π 
est une notion importante. Sa définition précise est délicate parce K ( P)  ( P ′)
PP ′ 

 
J
que, d’une part, un circuit électrique réel possède toujours des 
dimensions transversales et que, d’autre part, on ne sait définir  (293)
facilement que le flux au travers d’un contour fermé filiforme sans 1 
= ----- m fK, gJ dI fK dI gJ
épaisseur [(25)]. Sans précaution, si on assimile le circuit à son 2 
tubes fK tubes gJ 
contour moyen on obtient, selon les circonstances, des résultats 
corrects ou complètement aberrants (298). 1 1 
= ----- I K Φ KJ = ----- M KJ I K IJ 
2 2
introduit l’inductance mutuelle M KJ [la structure mathématique
de (293) montre que M KJ = MJK] ainsi que l’élément Φ KJ = M KJ IJ
du flux extérieur ΦK ext, défini par l’intermédiaire de :

Φ K = Φ KK + Φ K ext = L K I K + ∑ J ≠ K MKJ IJ (294)

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Pour le calcul des inductances mutuelles, une simplification inter- 2.2.3.3 Énergies
vient quand, à l’échelle des dimensions transversales des circuits,
D’après les bonnes définitions (292) et (293) des inductances
tous les points du circuit K sont très éloignés de tous les points du
propres et mutuelles, l’énergie libre magnétique (268) est égale
circuit J. Pour un tronçon dP du premier et un tronçon dS du à [(289)] :
deuxième, la contribution correspondante de m fK, gJ ne varie alors 
1
∑ mK ∑ ----2-  LK I K + ∑  
2
pratiquement pas quels que soient les tubes élémentaires fK et gJ m = = M KJ I K IJ


JvK
considérés ( P f Sg PS ) ; les intensités de courant I K et I J
K K
 (300)
1 
= ----- ∑ L K I K + ∑ ′ MKJ IK IJ
2
peuvent donc se mettre en facteur. D’après l’hypothèse effectuée, 2 
cela peut être fait pour tous les couples de tronçons et, par K JvK 
conséquent :
MKJ IK IJ = IK IJ m K,J (295) Dans la dernière expression, le facteur 1/2 du terme concernant
les mutuelles a disparu par l’intermédiaire de deux procédés : d’une
où m K, J n’a ni indice f, ni indice g ; cela donne [(267)] : part, nous savons que M KJ = MJK et, d’autre part, l’indice prime à

 
côté du symbole de sommation indique qu’un couple JK bien déter-
miné ne doit être considéré qu’une fois.
µ0 d P ⋅ d S
M KJ = -------- ----------------------------- (296) À titre d’exemple, l’énergie libre pour deux circuits est :
4π  
( C K ), P ( C ), S
PS
J 1 2 1 2
m = ----- L 1 I 1 + ----- L 2 I 2 + M 12 I 1 I 2 (301)
  2 2
où il n’intervient plus que les contours moyens ( C K ) et ( C J ) des
L’énergie de Gibbs magnétique s’obtient par :
circuits  K et  J . Dans la littérature, on trouve toujours cette expres-
sion, mais il importe de bien remarquer ses conditions de validité. m = – m (302)

Pour les inductances propres, une transformation analogue est


2.2.3.4 Forces
impossible (il existe une infinité de couples de tronçons dP , dS ,
Quand les différents courants sont maintenus constants, le travail
qui sont confondus, d’où PS = 0 ) et l’adaptation de l’expression
de la force qui agit sur un élément d du circuit K ne peut pas s’obte-
(296) fournirait l’infini ! Le calcul des inductances propres est
nir par une généralisation abusive de l’expression (276) :
toujours pénible (nous n’en reproduirons donc aucun).
À titre d’exemple, l’inductance propre d’un tore circulaire (rayon 
de la fibre moyenne R, section circulaire du tore π r 2 ) est : d 2 δt = dIB ⋅ ( δP ∧ d )

L ≈ µ 0 R  ln  --------
8R
-
7
– -----  (297) concernant le déplacement δP d’un tronçon d d’un tube
r 4 élémentaire. La difficulté est liée à la nécessité de bien distinguer
quand on suppose que la densité de courant est uniforme dans 
dans B ce qui est lié au circuit K lui-même et ce qui est dû aux
chaque plan axial et que R r .
autres circuits. La considération des inductances mutuelles m fK, gJ
Une façon erronée de définir le flux relatif à un circuit électrique, entre les différents tubes élémentaires permet d’aboutir à :
 K par exemple, est de considérer son contour moyen et
d’écrire [(25)] : 1
dδt K = ----- I K dδ K Φ KK + I K dδ K Φ Kext (303)

 
2
!  
ΦK = 
B ⋅ dS = 
A P ⋅ d P (298) Dans cette expression le symbole d est relatif au tronçon considéré
S ( CK ) ( CK )
d du circuit K tandis que δ concerne le déplacement de ce tronçon ;
et de poursuivre en supposant que les expressions simplifiées de
l’expression dδ K Φ signifie qu’il ne faut considérer que la variation
A sont toujours valables, d’où :


de Φ due à la déformation [déplacement du tronçon d de δP
(§ 2.2.2.5 et figure 19)] du circuit K en excluant ce qui concerne soit
! µ0 d P ⋅ d P′ !
- = Φ KK + ∑ Φ KJ
Φ K = --------
4π ∑ IJ  
---------------------------- (299) les déformations des autres circuits, soit les variations des différents
courants. La force et le couple mis en jeu s’obtiennent à partir du
J PP′ JvK
( C K ), P ( C J ), P ′
gradient convenable de dδt .
On retrouve ainsi, pour Φ KJ (avec JvK ), l’expression de M KJ (que Le travail de la force agissant sur l’ensemble du circuit K, quand
nous savons valable seulement dans certaines conditions) tandis que les différents courants sont maintenus constants :
pour Φ KK , l’expression diverge comme nous l’avons déjà indiqué ;
l’expression (298) n’est donc pas correcte puisqu’elle conduit à des 1 2
δt K = ----- I K δL K + ∑ I K I J δ KM KJ (304)
absurdités. Si son usage est restreint au flux extérieur, elle peut 2 JvK
donner des résultats corrects [(296)] pour des circuits dont toutes
les distances relatives sont très grandes devant leurs dimensions est obtenu directement à partir de (303). Par ailleurs, nous savons
transversales. [(101)] que, dans ce cas :
δt K + δ K m = 0 (305)

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où δ K m est la variation de l’énergie de Gibbs magnétique corres- La présence de la constante de Planck h montre qu’il est illusoire
de donner une explication non quantique du spin. En simplifiant,
pondant au déplacement et à la déformation du circuit K. La
les spins des électrons correspondant à un atome ne peuvent
relation (302) fournit alors :
prendre que deux directions opposées ; dans la plupart des maté-
δt K = + δ K m (306) riaux (cuivre, aluminium, etc), il y a équipartition pour chaque atome
des deux types de population d’électrons (ceux avec un spin dans
ce qui redonne (303) via (300). une direction et ceux avec un spin dans la direction opposée) et
aucun effet n’apparaît à l’échelle atomique ; pour quelques solides
particuliers (fer, cobalt, nickel, certaines terres rares), on montre qu’il
2.2.4 Matériaux magnétiques existe une différence entre ces deux populations, ce qui entraîne
l’existence d’un moment magnétique par atome µ at non nul.
 
Les matériaux magnétiques (dans lesquels la relation B = µ 0 H Dans le cas du fer, par exemple, et à la température de 0 K, tout se
n’est pas valable) font l’objet de plusieurs articles dans les Tech- passe comme si µat = 2,22 µB ; à cette température, la minimisation de
niques de l’Ingénieur, soit sur des phénomènes de base [4] [5] soit 
sur les différents types de substances [6] [7], soit sur les différentes l’énergie montre que, dans une petite région, tous les µ at ont la même
utilisations [8] [9]. 
direction repérée par un vecteur unitaire k . La figure 22a donne une
Nous ne donnerons donc que la description des phénomènes de image (à deux dimensions) de cette disposition.
base en nous consacrant toutefois essentiellement aux corps ferro- Quand on élève la température de l’échantillon, la figure d’équilibre
  (figure 22b ) n’est plus la même, certains moments ayant changé de
magnétiques dans lesquels le rapport B  µ 0 H peut atteindre 104,
 
105... ce qui montre leur intérêt en électrotechnique. direction ( µ at k → – µ at k ) . Ce phénomène se poursuit (figure 22c
 
 et d ) jusqu’à la température de Curie TC où les µ at k et – µ at k sont
2.2.4.1 Aimantation macroscopique M
et aimantation à saturation Ms (T ) équirépartis.

Ces deux grandeurs sont très souvent désignées par L’aimantation à saturation Ms(T ) [(313)] est définie en faisant
« aimantation » sans précisions, ce qui facilite de dangereuses intervenir la concentration Nat des atomes et la valeur moyenne

confusions. Leur distinction exige une analyse un peu détaillée des spatiale < µ > ( T ) des moments magnétiques atomiques :
r
phénomènes.  
 Ms ( T )k = [ < µ > ( T ) ]N at (310)
L’aimantation macroscopique M , la seule qui intéresse en r
définitive l’ingénieur, est classiquement définie (dans le système
légal et avec les normes internationales) par :
  
B = µ0 ( H + M ) (307)

Cette définition est toujours valable même si M est une fonction

compliquée de H et de l’histoire de l’échantillon ; néanmoins, pour
les matériaux utilisés en électrotechnique, il vaudrait mieux
 
remplacer la notation M par la moyenne spatiale <M> [(311)], pour
obliger le lecteur à penser à la véritable nature des phénomènes
physiques.
Une autre définition – sujette à caution (§ 2.2.4.2) – consiste à

dire que M est la densité volumique de moment magnétique :
 
M = d / d (308)
où nous rappelons que le moment magnétique d’une boucle de
 
courant est défini par (249) d = dI S et peut donc se mesurer en
A · m2.
Pour bien comprendre ce qui se cache derrière l’aimantation
macroscopique, il est nécessaire de considérer la matière à diffé-
rentes échelles et suivant plusieurs points de vue.
Les propriétés magnétiques des corps utiles en électrotechnique
sont dues aux moments magnétiques liés au spin des électrons. La
moins mauvaise image non quantique que l’on puisse évoquer à
ce sujet consiste à dire que le spin d’un électron correspond à la
rotation de celui-ci sur lui-même, ce qui entraîne la création d’un
moment magnétique puisque l’électron possède une charge
[§ 2.2.2.2 et (252)]. On montre que ce moment magnétique a un Figure 22 – Réseau carré plan donnant une image,
module (magnéton de Bohr ) égal à : dans un espace à deux dimensions, du réseau cubique du fer

hq
µ B = ----------------- = 0,927 ⋅ 10 – 23 A ⋅ m 2 (309)
4πm e

où q et me désignent respectivement la valeur absolue de la charge


et la masse de l’électron.

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Dans la représentation schématique de la figure 22, relative au


fer, nous avons ainsi :
Ms ( 0 ) = N at µ at ; Ms ( T1 ) = ( 5/6 )N at µ at
Ms ( T2 ) = ( 1/3 )N at µ at ; M s ( T T C ) = 0

La figure 23 fournit la courbe expérimentale relative au fer


avec Ms (0) = (2,22 × 0,927 · 10–23 A · m2) 8,58 · 1028 m–3 = 17,66 · 105
A · m–1.
La tangente horizontale à T = 0 montre que l’ordre maintient
l’ordre tandis que la tangente verticale à T = TC – 0 indique que,
une fois un certain désordre installé, la situation ne fait qu’empirer
(ces remarques ne s’appliquent pas seulement aux corps ferro-
magnétiques).


Il n’existe pas de lien entre le champ magnétique H et la rela-
tion Ms (T ) définissant l’aimantation à saturation ; la distinction Figure 23 – Variation, en coordonnées réduites, de l’aimantation
entre cette aimantation Ms (T ) et l’aimantation macroscopique à saturation Ms (T ) du fer en fonction de la température
 
M est donc essentielle, puisque M dépend de façon plus ou

moins compliquée de H et de l’histoire de son application.

2.2.4.2 Domaines de Weiss


En consultant la figure 23 qui donne une aimantation Ms (T )
largement non nulle à la température ambiante (300 K), le lecteur
peut être gêné parce qu’il sait très bien, par ailleurs, que, à cette
température, un morceau de fer est bien loin de constituer en général
un aimant. En 1907, P. Weiss, pour échapper à ce dilemme a introduit
la notion de domaine.
■ Un domaine est une région où l’aimantation est uniforme, cette
 
aimantation Ms (T ) k étant caractérisée par un vecteur unitaire k ;
de part et d’autre de la paroi séparant deux domaines i et j, les direc-
  Figure 24 – Représentation schématique d’un polycristal
tions de k i et k j sont différentes. comportant trois monocristaux

■ Dans un domaine, l’énergie dépend de l’orientation de k par
rapport au réseau cristallin du corps considéré ; l’orientation des

vecteurs k ne peut donc être quelconque. Le fer cristallise toujours
dans un système cubique. Dans l’image que fournit la figure 25a, les
ions sont rangés dans un système carré plan, les directions de plus
facile aimantation du fer sont alors celles des droites en double trait
(côtés des carrés), les directions de plus difficile aimantation, celles
des droites en tireté (diagonales des carrés).
■ Un morceau de matière quelconque se présente en général sous
forme d’un polycristal formé de monocristaux ; dans un mono-
cristal, tous les plans de même nature sont parallèles entre eux ; à
titre d’images (toujours à deux dimensions), la figure 24 représente
un polycristal composé de trois monocristaux : dans chacun d’eux,
les côtés des carrés ne correspondent qu’à deux directions. Un
monocristal (les métallurgistes disent un grain ) comprend un ou

plusieurs domaines dont les vecteurs k sont bien orientés par rap-
port au réseau cristallin de ce monocristal ; sauf cas exceptionnel, un
domaine n’est pas commun à plusieurs monocristaux.
■ Un morceau de matière correspond ainsi, en général, à un très
grand nombre de domaines.

Figure 25 – Influence de la direction du champ magnétique H
sur l’aimantation d’un monocristal de fer

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■ L’aimantation moyenne spatiale < M > d’un volume  de L’aimantation macroscopique, définie par (308) :
matière dans lequel se trouve n domaines est :
 
 M = d /d


∑ i k i ne peut avoir de sens que si l’élément de volume d contient un
n
<M> = M s ( T ) ------------------- (311)
∑ i grand nombre de domaines. À titre d’exemple, dans les tôles de fer-
silicium, les dimensions des domaines sont de l’ordre de 0,3 mm,
n
la plage couverte s’étendant, sauf cas exceptionnel, de 0,1 à 1 mm ;
quand, à la température T considérée, le domaine i (par exemple) chaque domaine est en général étendu sur toute l’épaisseur de la
 tôle. La description de la matière aimantée par une aimantation (il
est caractérisé par son volume i , son vecteur unitaire k i et donc 
 faudrait dire aimantation macroscopique ) M ( r ) définie en tout
son aimantation M s ( T )k i . point est donc conventionnelle et assez souvent arbitraire ; il en est
■ La figure 25b fournit les courbes d’aimantation macro- donc de même pour la relation classique (307) :
scopique :   
 B ( r ) = µ0 [ H ( r ) + M ( r ) ]
  H
<M> ( H ) = [ <M> ( H ) ] ⋅ ------ (312)
H qui donne une idée faussement précise sur les variations spatiales
  
(avec H = H ) d’un monocristal de fer où H est orienté (figure 25a ) de B .
soit dans la meilleure direction (H= ), soit dans la pire (H– – ).
■ À titre d’exemple, nous avons représenté sur la figure 26, pour 2.2.4.3 Courbes d’aimantation et cycles d’hystérésis
un champ magnétique nul (H = 0), la coupe par un plan z = Cte L’application d’un champ magnétique à un corps ferromagnétique
(aucune propriété ne variant en fonction de z ) d’un monocristal de provoque soit des variations de l’étendue des domaines de Weiss,
 
fer à T < TC pour lequel < M > est nul ; dans chaque domaine i, une soit le brusque changement de sens du vecteur caractéristique k
 de certains domaines.
flèche donne la représentation en axes à droite de k i .
Sur la figure 27, nous avons représenté, extrêmement schéma-
Les formes des domaines, d’abord établies théoriquement tiquement (la figure 26 fournissant une représentation plus réaliste),
[B n1 = B n2 entraîne M n1 = M n2 , ce qui s’observe à chaque paroi, tan- la situation relative à un monocristal de fer (ne comprenant que
dis que Mn = 0 sur les faces libres entraîne B n = 0, ce qui correspond deux domaines) soumis à plusieurs conditions :
à l’absence de lignes de flux à l’extérieur et à la minimisation de
l’énergie] ont été ensuite justifiées (1933) par les techniques  
a ) le champ appliqué H est nul et <M> = 0 ;
expérimentales permettant de mettre en évidence les limites des  
domaines. b ) le champ appliqué H = H 1 k (avec H1 > 0) favorise le
 
■ Conclusion : l’expression (311) montre que, à la température T : domaine où M = +M s k (il y a ainsi diminution de l’énergie), d’où
  
<M>  M s ( T ) (313) <M> = M 1 k avec 0 < M 1  M s ; les détails indiqués sur la figure
montrent que [(311)] :
l’égalité n’étant atteinte que dans le cas où le morceau de matière
considéré ne comporte qu’un seul domaine ; c’est la relation (313) M 1 = M s [ ( 3/2 ) – ( /2 ) ]/2 = M s /2
qui justifie l’expression d’aimantation à saturation pour Ms (T ).
 
c ) le champ appliqué H = H 2 k (avec H 2 < 0) favorise le domaine
   
o ù M = – M s k , d′où <M> = M 2 k avec – M s  M 2 < 0 ; p o u r l a
figure M2 = – Ms /3.
Nous voyons ainsi comment les variations de l’étendue des
domaines (on parle plutôt du déplacement de leurs parois )

entraînent des variations de l’aimantation <M> (et de l’aimantation

macroscopique M si les éléments d ne sont pas trop petits).
On conçoit aussi que le brusque changement de sens de l’aiman-

tation caractéristique de l’ensemble d’un domaine (passage de M s k i

à – M s k i sans déplacement de paroi ) conduit à une brusque varia-

tion de <M> ; ce dernier processus est plus difficile à mettre en
œuvre que celui lié aux déplacements de paroi (parce que les éner-
gies nécessaires sont plus élevées) et n’apparaît donc que pour les
champs H assez intenses.
La théorie et l’expérience montrent que la transition entre les orien-
 
tations moyennes k α et k β des moments atomiques de deux
domaines voisins α et β ne peut s’effectuer qu’en une tranche d’une
certaine épaisseur : pour, par exemple, les domaines 1 et 2 de la
  
figure 26, le passage de k 1 à k 2 = – k 1 nécessite une épaisseur ∆y.
Figure 26 – Représentation schématique des domaines de Weiss C’est pour cette raison que l’on a introduit la notion de paroi : ces
dans un monocristal de fer parois de Bloch séparent les domaines de Weiss. L’épaisseur des

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Figure 28 – Courbe de première aimantation


Figure 27 – Évolution de l’aimantation moyenne <M >
par variation de l’étendue de chaque domaine

sous l’influence du champ H appliqué

parois dépend de plusieurs phénomènes ; l’ordre de grandeur


typique pour le fer à l’ambiante est de 0,1 µm (soit quelques cen-
taines de couches atomiques). Sur la figure 26, la trace de la paroi
de Bloch entre les domaines 1 et 2, qui devrait correspondre à un
rectangle (de côté AB selon Ox, de côté ∆y ≈ 0,1 µm selon Oy ), n’a
pu être ainsi schématisée que par le segment AB.
Dans un milieu idéalement homogène, l’énergie propre à la paroi
est la même quelle que soit sa position ; dans un matériau réel, au
contraire, il existe toujours, par suite de défauts d’homogénéité
(subis ou provoqués, § 2.4.4.4, des régions où la paroi présente une
énergie plus élevée que dans d’autres. Si, lors du passage du champ
 
appliqué de H k à ( H + dH )k , la paroi se trouve en présence d’une
telle région, elle aura tendance à rester sur place (d’où une variation
 
k ⋅ d<M>/dH = d<M>/dH très faible), puis, sous l’action d’un
champ H plus élevé, à franchir l’obstacle et à avancer d’un seul coup
(par saut ) sur une grande distance, provoquant ainsi une brusque
 
variation de <M > = <M> ⋅ k .
Figure 29 – L’énergie relative à la paroi de Bloch est maximale
Les courbes de première aimantation – qui mettent en jeu tous quand cette paroi occupe la zone hachurée
les domaines d’un morceau de matière – présentent en gros trois
parties ; pour des valeurs croissantes de H, on distingue ainsi 
(figure 28) : une brusque augmentation du domaine caractérisé par + k ) est plus
élevé que le champ H– qui, en champ décroissant, entraîne une
— une première zone où d <M >/dH est moyen, les variations de brusque diminution de ce domaine. La seule considération de la posi-
<M > étant principalement dues aux déplacements réguliers pos- tion x p(H ) fournit ainsi une contribution à la moyenne <M > (H ) qui
sibles des différentes parois ; suit des variations analogues. Ces remarques permettent de
— une deuxième zone où d <M >/dH est notable, grâce à des concevoir comment l’évolution de l’ensemble des domaines du
déplacements par saut de certaines parois ; matériau permet de rendre compte des courbes d’hystérésis.
— une troisième zone où d <M >/dH est faible, les variations de
< M > étant provoquées par le difficile changement de sens des La figure 30 montre les deux représentations les plus utilisées :
 — la courbe µ0 <M >(H )
vecteurs k des domaines où ils sont encore mal orientés ; à la
limite, on tend ainsi, plus ou moins facilement, vers l’aimantation où <M > = 0 pour H = ± HcM ;
à saturation Ms (T ). — la courbe <B > (H ) = µ0 [H + <M >(H )]
Les courbes d’hystérésis, courbes de recul, etc., s’expliquent où <B > = 0 pour H = ± HcB .
très facilement grâce à la présence d’obstacles s’opposant aux
mouvements des parois. Dans le cas de l’obstacle schématisé par Dans les deux représentations, les champs coercitifs H cM et H cB
la zone hachurée des figures 29a et b, le passage de la situation sont différents, tandis que, pour H = 0, on observe l’égalité
(a) à la situation (b) n’est pas réversible, contrairement au cas idéal |<B >(0)| = µ0 |<M >(0)| = µ0 Mr où Mr est l’aimantation rémanente.
(représenté sur la figure 27) où le déplacement de la paroi n’était Les phénomènes d’hystérésis (liés à une relation non biunivoque
soumis à aucune restriction particulière. Pour le cas étudié, la   
figure 29c indique la position moyenne (définie par xp ) de la paroi entre H , d’une part, et B ou <M > , d’autre part) conduisent à l’exis-
en fonction du champ H pour des champs, soit croissants, soit tence de pertes. À température constante, à partir de la variation
décroissants. Le champ H+ (qui correspond, en champ croissant, à

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  du champ magnétique qui sera appliquée : la figure 31 donne les


élémentaire df m = H ⋅ dB de la densité volumique d’énergie images relatives à une tôle à grains bien ou mal orientés ; la réalité
magnétique [(226)], nous obtenons en effet pour un cycle complet est plus complexe parce qu’il est nécessaire de raisonner dans
une variation : l’espace à trois dimensions. Le revêtement des tôles peut aussi

∆f m =   
H ⋅ dB
cycle
(314)
jouer un rôle important [6].
■ Les matériaux destinés aux aimants permanents (les matériaux
durs) doivent au contraire comporter des hétérogénéités (précipités,
positive [figure 30b] liée à l’aire du cycle. présence de deux phases métallurgiques, etc.) ou bien être
Pour chaque cycle, le milieu extérieur doit donc fournir une énergie constitués par frittage d’une poudre, chaque grain de cette poudre
égale au produit de ∆fm par le volume de la substance intéressée. étant assez petit pour que l’énergie globale soit minimale quand
Les deux présentations de la figure 30 conduisent au même chaque grain est monodomaine [8], la seule possibilité d’évolution
résultat puisque [(307)] : de <M > n’étant alors que les difficiles retournements des vecteurs

k caractérisant chaque domaine.

∆f m = 
cycle
 
H ⋅ dB = cycle
  
H ⋅ µ 0 ( d<M> + dH ) 


 (315)
  
= µ0 H ⋅ d<M> 
cycle 

en remarquant que :

µ0 
cycle
 
H ⋅ dH = µ 0 cycle
H2
 
d -------- = 0
2
(316)

La considération des cycles d’hystérésis montre que le point de


vue macroscopique a été adopté ; il ne faut donc pas croire que les
résultats obtenus sont exacts : le cycle d’hystérésis est une traduc-
tion approximative moyenne des phénomènes et ne permet pas d’en
appréhender toutes les finesses. Le calcul des pertes par l’inter-
médiaire de ∆fm ne pourrait être exact que si, quelles que soient la
position et l’étendue du volume d considéré au sein du matériau,
  
le cycle <B > ( H ) était le même, ce qui est impossible puisque <B> ,

par l’intermédiaire de <M> , est lié à des moyennes spatiales.

2.2.4.4 Matériaux doux et matériaux durs


■ Les matériaux destinés aux tôles de transformateurs, ou à des
usages analogues, doivent avoir des cycles d’hystérésis dont l’aire
soit très faible. Il convient donc que de tels matériaux (les matériaux
doux) soient le plus uniformes possible (pas d’impuretés métal-
lurgiques ou autres) pour que les parois puissent se déplacer très
librement. En outre, les différents grains (les monocristaux) doivent
être très bien orientés (figure 24) par rapport à la direction imposée Figure 30 – Cycles d’hystérésis

Figure 31 – Représentation schématique d’une tôle à grains bien ou mal orientés

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2.2.4.5 Représentation par les courants fictifs ampériens 


(da )2 dz donnant lieu chacun à un moment magnétique M 0 ( da ) 2 dz ;
En adoptant la représentation conventionnelle de l’aimantation  
 en posant dS = ( da ) 2 k et dI = M 0 dz , nous mettons en évidence
macroscopique M définie par (308), on peut imaginer qu’un élé- une boucle de courant :
ment de volume dP donne lieu à un élément de potentiel vecteur
 
(250), d’où, pour l’ensemble de volume a de la matière aimantée : ( M 0 dz ) ⋅ [ ( da ) 2 k ] = dI dS (322)


Les intensités de courant dIα et dIβ dues à deux prismes voisins
µ0  1 α et β sont identiques (M0 est uniforme) et les courants corres-
A P′ = --------

-
a PP′

M P ∧ grad P -------------- dP
 (317) pondants circulent en sens opposé sur la branche commune repé-
rée par PQ ; cette compensation montre qu’il n’y a pas de courant

qu’une intégration par parties met sous la forme [(736)] : en volume ( J a = rot M 0 = 0 ) tandis que, sur la surface latérale
extérieure du cylindre, où cette compensation ne peut avoir lieu, il

 

  subsiste un courant lié au sens axial de M 0 , ce que l’on retrouve
µ0 rot P ( M P ) µ0 MP ∧ n s
A P′ = --------
- --------------------------
- dP + --------
- - d S P (318)
----------------------  
4π 4π au moyen de J sa = M 0 ∧ n s . Quand M n’est pas uniforme, dIα

PP′ S ( )
PP′
a a et dIβ sont légèrement différents et donnent alors lieu à des cou-
La comparaison de ce résultat avec l’expression (241) de A relatif rants en volume [(319)].
au vide montre que tout se passe comme si nous avions une densité Avec des notations simplifiées, le potentiel vecteur créé par
volumique de courant fictif définie par : des courants (indice c) (en volume ou superficiel) en l’absence de
toute matière aimantée est de la forme [(241)] :


 
J a = rot M (319)
et, sur les surfaces libres de la matière aimantée, une densité super- µ0 J d µ 0 J s dS
A c = --------- -------------- + --------- ----------------
- (323)
ficielle fictive de courant fournie par : 4π r 4π r
 S

J sa = M ∧ n s (320) il est important de remarquer que [(236)] :

où la normale unitaire n s est dirigée vers l’extérieur de la matière  


rot B = rot ( rot A c ) = µ 0 J (324)
aimantée.
Ces densités de courant fictives (ce ne sont que des équivalences fournit le coefficient de d/4πr dans l’intégrale de volume.
mathématiques sans existences réelles) sont connues sous le nom Dans le cas où il existe des matières aimantées et des courants,
de courants ampériens : l’ensemble de ces courants est nul
puisque [(738)] : l’expression générale de A :

 a
J a d =  a

rot M d



 (321)
µ0

A = ---------

J + Ja µ0
------------------- d + --------
r 4π
-  J s + J sa
------------------------
r
dS (325)

= –  S ( a )

( M ∧ n s ) dS = –  
J sa dS 
S ( a ) 
conduit donc à

rot B = µ 0 ( J + J a ) (326)

L’expression (326) est très importante parce qu’elle montre que



Pour saisir physiquement le sens de J a et J sa , considérons B dépend de ( J + J a ) ; une relation de passage entre deux
(figure 32) un cylindre droit présentant une intensité d’aimantation milieux est donc [(49)] :

uniforme M 0 dirigée suivant son axe. Dans une tranche d’épaisseur  
B t1 – B t2 = µ 0 n 12 ∧ ( J s + J sa ) (327)
dz nous définissons des éléments (prisme à base carrée) de volume

Figure 32 – Étude d’un cylindre d’une substance magnétique dont l’aimantation M0 est parallèle à l’axe du cylindre

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Par ailleurs, la grandeur qui dépend de J s’obtient en remar- L’ensemble des masses magnétiques fictives est nul puisque (728) :
quant que [(326) et (319)] :

1
µ0



B 
J = ------- rot B – J a = rot ------- – M
µ0  (328)  
 a
ρ*
m d = –  a

div M d



 (336)
  
ce qui montre l’intérêt de poser H = [ ( B/ µ 0 ) – M ] , retrouvant ainsi
la relation (307).
= –  
M ⋅ n s dS = –
S ( a )
 σ m dS
*
S ( a )


Quand on a admis la représentation continue de l’aimantation Si nous considérons de nouveau un cylindre droit présentant
 
macroscopique M ( r ) [(308)], la relation (307) est générale et ne une intensité d’aimantation uniforme M 0 dirigée suivant son axe
  (figure 33), l’application de la relation (334) montre qu’il n’y a pas
dépend donc pas de la nature des variations de M en fonction de H . de masses magnétiques en volume tandis que les deux faces
Dans le cas (excluant pratiquement les corps ferromagnétiques) extrêmes du cylindre sont recouvertes d’une densité uniforme
  (valeur + |M 0| et – |M0|) de masses magnétiques. La figure 33b1
où il existe une relation linéaire entre M et H , on pose :
donne le résultat relatif à l’utilisation d’axes à droite. En intro-
  
M = χm H (329) duisant les relations entre M 0 d et sa représentation dipolaire
(255), on retrouve ces résultats.
χm étant la susceptibilité magnétique ; on peut définir la perméabi- Dans le cas où il existe des matières aimantées et des courants,
lité correspondante par : le champ magnétique peut s’obtenir en ajoutant la contribution des
µ = µ0 (1 + χm) 
   matières aimantées H a = – grad  ma à celle relative aux courants ;
et on a B = µ 0 ( 1 + χ m )H = µ H (330)
pour cette dernière, l’introduction de doubles couches ( ± σ * mc ) de
certains auteurs introduisent également, dans ce cas, la perméabi- densités superficielles de masses magnétiques pour représenter
lité relative µ r (par µ = µ0 µ r ). des tubes élémentaires de courant paraît vraiment artificielle ;
aussi vaut-il mieux écrire :
2.2.4.6 Représentation par les masses magnétiques fictives 
  B
En adoptant la représentation conventionnelle de l’aimantation H = – grad  ma + H c = – grad  ma + -----c-
 µ0
macroscopique M , on peut imaginer qu’un élément de volume (337)
   
d correspond à un moment magnétique d = M d et donne où µ 0 H c = B c est obtenu à partir du potentiel vecteur A c lié aux
donc lieu à un élément de potentiel scalaire magnétique [(253)] : courants. La condition de passage correspondant à (337) est [(258),
(5), (36), d’une part, et (42), d’autre part] :
1  1 1 
( d m ) P ′ = – --------- M P dP ⋅ grad P ′ --------------

PP′
  (331)
    
( H 1 – H 2 ) ⋅ n 21 = ( H 1a – H 2a ) ⋅ n 21 + ------- ( B 1c – B 2c ) ⋅ n 21 = σ *ma (338)
µ0
d’où, pour l’ensemble du volume a de la matière aimantée : puisque Bn1c = Bn2c . On peut vérifier par ailleurs que le rotationnel


de la somme (337) est bien :
+ 1  1 
(  m ) P ′ = ---------

PP ′

M P ⋅ grad P -------------- d P
 (332) rot H = – rot ( grad  ma ) + J = J (339)
 a
tandis que sa divergence [(257), (334) et (7)] :
Dans la relation (332), nous avons introduit le gradient par rapport
   1  
aux coordonnées de P (et non de P’), ce qui change le signe et permet, divH = – ∆ ma + divH c = – divM + -------divB c = – divM (340)
grâce à (730), d’obtenir immédiatement : µ0
 
montre que div ( H + M ) = 0 .


1
(  m ) P ′ = ---------
 ( – div P M P )

a
PP ′



1

------------------------------ d P + ---------

MP ⋅ n s
--------------------- dS
S ( a )
PP ′
(333)
  

Pour trouver une grandeur telle que div B = 0 [avec dans le cas

particulier du vide ( où M = 0 ), B = µ 0 H ], on est ainsi conduit à


  
En comparant ce résultat avec la formulation générale (256), tout poser (307) B = µ 0 ( H + M ) .
se passe comme si on avait une densité volumique de masse
magnétique fictive définie par : 2.2.4.7 Liens entre les deux systèmes de représentation
 Pour montrer ces liens, nous considérons de nouveau (figure 33)
ρm
* = – div M (334)
le cylindre droit (d’axe Oz avec – c < z < c ) dont l’aimantation uni-
et une densité superficielle de masse magnétique fictive : 
forme M 0 est dirigée suivant l’axe Oz . En axes à droite (que nous
 adoptons dans l’ensemble du § 2.2.4.7, M 0z est positif.
σ*
m = M⋅ ns (335)
■ Dans la représentation au moyen des courants ampériens, les
seuls courants présents correspondent à une nappe uniforme
(Js a = M0 ) sur la surface latérale du cylindre (figure 33a1). Sur la
partie a2 , nous avons représenté Bzd(r = 0, z ) (noté pour simplifier B )
en fonction de z ; la valeur maximale (pour z = 0) est inférieure à
µ0 Js a = µ0 M0 , l’égalité ne pouvant être atteinte que dans le cas où
le cylindre serait infiniment long.

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analogues de µ0 H– montrent (b2  ) que µ0 H = µ0 H+ + µ0 H– est dis-


continu en z = ± c avec :
µ0 H (– c + 0) – µ0 H (– c – 0) = – µ0 M0 (341)
µ0 H (c + 0) – µ0 H (c – 0) = + µ0 M0 (342)
Les valeurs de µ0 H sont négatives dans l’intervalle – c < z < c et
positives à l’extérieur (figure 33a 3 ). L’induction magnétique
  
s’obtient par B = µ 0 H + µ 0 M ; à l’extérieur du cylindre, nous avons
donc, avec nos notations simplifiées, B = µ0 H tandis qu’à l’intérieur,
dans les mêmes conditions, B = µ0 H + µ0 M 0 ; les variations de B (z )
sont donc continues [(341) et (342)].
■ Les deux représentations fournissent les mêmes résultats, les

courants ampériens conduisant d’abord à B tandis que les masses

magnétiques donnent H en premier lieu.

2.3 États quasi stationnaires

2.3.1 Introduction

L’appellation classique états quasi stationnaires concerne les


phénomènes dépendant du temps avec une rapidité telle que, dans
certaines relations, les dérivées temporelles doivent être considérées
tandis que, dans d’autres, un terme de la même forme peut être
négligé (§ 2.3.2). La possibilité de supprimer ce terme (et de simplifier
les calculs) ne dépend pas que de la fréquence, les propriétés du
matériau considéré (sa conductivité électrique en particulier) inter-
venant très fortement. Dans le domaine de l’électrotechnique, la for-
mulation des états quasi stationnaires peut ainsi être utilisée pour
prévoir tout ce qui concerne les conducteurs (même mauvais), tandis
Figure 33 – Comparaison entre les représentations que l’étude détaillée des phénomènes se produisant dans les
de la matière aimantée diélectriques ne peut s’effectuer qu’en considérant les équations
complètes sans approximation. Cette étude détaillée est le plus sou-
vent inutile (les phénomènes importants sont ceux qui concernent
   les conducteurs), aussi la considération des états quasi stationnaires
Le champ magnétique s’obtient par (307) µ 0 H = B – µ 0 M ; à
suffit en général pour résoudre la plupart des problèmes d’électro-
l’extérieur du cylindre, nous avons donc :
technique.
µ0 Hz d (r = 0, z ) = Bz d (r = 0, z )
soit, dans notre notation simplifiée, µ0 H = B, tandis qu’à l’intérieur, Pour un problème quelconque comportant conducteurs et
dans les mêmes conditions, µ 0 H = B – µ 0 M . Dans l’intervalle diélectriques, la solution exacte (§ 3.6.3) ne peut être obtenue
– c < z < c , nous avons 0 < B < µ 0 M et par conséquent qu’en utilisant les équations complètes de Maxwell et qu’en pre-
nant en compte, dès le début, les relations de passage entre
– µ0 M < µ0 H < 0 ; dans le matériau et sur l’axe r = 0, la direction de
milieux. Néanmoins, les calculs d’ordre de grandeur justifient le
H est donc opposée à celle de M et B . point de vue simpliste que nous venons de signaler.

■ Dans la représentation au moyen des masses magnétiques


fictives les seules masses présentes correspondent à des densités
2.3.2 Définition
superficielles σ *m uniformes sur les faces extrêmes ( z = ± c ) du
cylindre : σ * m+ = + M 0 sur la face z = c et σ *
m– = – M 0 pour z = – c En précisant ce qui a été évoqué dans le paragraphe 2.3.1, les
(figure 33b1) ; nous avons représenté (b2  ) les courbes de µ0 Hz i états quasi stationnaires sont définis en considérant les équations
de Maxwell sous la forme :
(r = 0, z ) (notées µ0 Hi et repérées par i = + ou – ), qui correspondent
respectivement aux deux répartitions σ *mi = + M 0 ou – M 0 ; à titre 
(219) rot H = J (5) div D = ρ
d’exemple, on peut montrer que µ0 H+ varie de – 0 à – µ0 M0 /2 pour
– ∞ < z < c et de + µ 0 M 0 / 2 à + 0 pour c < z < ∞ ; les variations 
 ∂B 
(6) rot E = – --------- (7) div B = 0
∂t

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L’adoption des notations de la Commission Électronique Inter- — l’induction magnétique est définie par (220) : B = rot A ;
nationale (en particulier, lettres minuscules pour les grandeurs
— le potentiel vecteur A [avec (238) : div A = 0 ] a toujours la
dépendant du temps) ne pose aucun problème pour un article
même expression (241) ;
consacré uniquement à de telles grandeurs, mais, dans un
— dans les conditions déjà signalées (§ 2.2.4.1 et 2.2.4.2), on
exposé d’ensemble de l’électromagnétisme, il nous paraît
mauvais de changer de notations en passant des phénomènes   
a (307) B = µ 0 ( H + M ) .
invariables en fonction du temps au cas général. Quelles que
soient les circonstances, les grandeurs électromagnétiques sont La relation (6) ne permet pas de conserver, comme en électro-
toujours régies par les mêmes équations de Maxwell ; il est donc 
préférable de les écrire avec les mêmes notations. Par ailleurs, il statique (103) E = – grad V qui implique rot ( E ) = 0 ; la rela-
 tion (6), couplée avec (220), montre au contraire que :
y aurait risque de confusion entre, d’une part, E et H qui, pour
les phénomènes constants en fonction du temps, doivent satis-  ∂  ∂A

 rot E = – ----- ( rot A ) = rot  – --------- (344)
faire à certaines équations et, d’autre part, E et H qui, pour des ∂t  ∂t 
phénomènes dépendant sinusoïdalement du temps, désignent
alors des valeurs efficaces qui ne satisfont évidemment pas aux c’est-à-dire que E et – ∂ A / ∂ t ont le même rotationnel et ne
équations précédentes. peuvent donc différer que d’un gradient. Dans ces conditions, nous
pouvons poser :
Il faut remarquer que l’ensemble de ces équations est illogique : ∂A
E = – grad V – ---------- (345)
∂t
— a priori, le champ E dépend du temps (on ne pose plus comme
Le potentiel V ainsi introduit est toujours défini par (187) ; nous

en électrostatique, rot E = 0 ) et, par conséquent, ∂ D /∂t n’est pas obtenons, en effet, à partir de (345) et avec (238), la relation :
nul ;
 ∂A ρ + ρP
— on écrit cependant rot H = J en négligeant le terme en div E = div  – grad V – ---------- = div ( – grad V ) = --------------- (346)
 ∂t  ε0
∂ D /∂t .
C’est ce caractère hybride qui correspond au qualificatif quasi identique à (188), et donc compatible avec (191) D = ε 0 E + P
stationnaire ; la rapidité des variations des phénomènes en fonction
puisque (180) ρP = – div P .
du temps est telle qu’il est, d’une part, nécessaire de considérer (6)
sous sa forme complète et, d’autre part, possible de ne prendre en
compte qu’une forme approchée (219) de (4). Cette simplification ne
peut se justifier que par des considérations d’ordre de grandeur. 2.3.4 Loi de Faraday
Les calculs correspondants ne sont simples que si les matériaux
considérés sont uniformes, soumis à des phénomènes variant En électrostatique, la relation (103) montre que la circulation de E
sinusoïdalement en fonction du temps, régis par D = ε E et la loi le long d’un contour fermé Γ est nulle ; dans le cas étudié dans ce
paragraphe 2.3, cette circulation est régie par la loi de Faraday (27) :
d’Ohm J = γ E . Dans ce cas, en effet, avec E = E 0 sin ω t ,
l’expression :  [
(Γ)
d
E ( P, t ) ] u0 ( P, t ) ⋅ ( dP ) Γ = – --------
dt
 
S (Γ)
 
B 0 ⋅ n Γ dS
∂D
J + ---------- = E 0 [ γ sin ω t + εω cos ω t ] (343)
∂t bien connue, bien qu’elle soit souvent énoncée sans précision, ce
qui peut conduire (et conduit) à des erreurs. Nous allons décrire les
montre que l’approximation quasi stationnaire est correcte à, par précautions nécessaires et préciser ainsi les notations de (27).
exemple, environ 1 % près si ε ω < γ /100 ; cela correspond, pour le
cuivre, aux températures usuelles (T ≈ 300 K), avec ■ Pour que le signe moins reliant les deux membres ait une signifi-

γ = 0,6 · 108 Ω–1 · m–1 et ε = ε0 = (1/36 π) 10–9 F · m–1, à une fréquence cation, il faut d’abord choisir un sens arbitraire ( Γ ) sur le contour

f < 1016 Hz ! Il ne faut évidemment pas en déduire que ce n’est que fermé [ ( Γ ) définit ainsi les ( d P ) Γ et donc la circulation de E ] ;
 
dans les cas considérés (caractère uniforme, D = ε E , J = γ E , le flux de B à travers une surface quelconque S ( Γ ) (qui s’appuie
sur et est limitée par Γ ) doit être ensuite calculé en utilisant des vec-
E = E 0 sin ω t ) que l’approximation des états quasi stationnaires est 
valable ! teurs unitaires  n Γ , normaux en tout point à S ( Γ ) et dont le sens

Dans le domaine de l’électrotechnique, la formulation des états axial est celui déterminé par ( Γ ) . Pour les réfractaires aux vecteurs
quasi stationnaires s’applique donc à tous les conducteurs, même 
mauvais. En revanche, il faut revenir aux équations complètes de axiaux et à la réalité physique, le produit B 0 ⋅ 
n Γ devient B 0 ⋅ n Γ où,

Maxwell si on veut étudier en détail les phénomènes dans les iso- en axes à droite, n Γ et ( Γ ) se correspondent par la règle du
lants, y compris l’air environnant. tire-bouchon.
■ Il faut également ne pas confondre la simple intégration d’une
2.3.3 Relations générales relation de Maxwell (26) :

  
Les relations (7) et (219) sont identiques à celles de la magnéto- 
  ∂B 
statique (§ 2.2.1), nous en tirons donc les mêmes conséquences :  ( rot E ) ⋅ n Γ dS =  E ⋅ d Γ = –  ------- ⋅ n Γ dS
S(Γ ) (Γ ) S(Γ ) ∂t
— le théorème d’Ampère (30) est valable ;

— il existe des tubes de courant, puisque div J = 0 ; qui fait intervenir le flux de la dérivée partielle ∂B/∂t , avec la loi de

Faraday qui considère la dérivée totale dΦ /dt du flux Φ de B .

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■ Dans les cas utiles d’application de la loi de Faraday, le contour La démonstration (non reproduite) fournit ainsi :
fermé Γ est une partie d’un circuit électrique ; ce circuit peut se dépla-
cer et se déformer, aussi convient-il de bien préciser le système
d’axes choisi. Nous considérons un système d’axes quelconque R 0 ;  
[Γ(t )]
[

E 0 ( P, t ) + u 0 ( P, t ) ∧ B 0 ( P, t ) ] ⋅ ( d P ) Γ 

 (351)

une grandeur évaluée dans ce système, une dérivée effectuée par
d   
rapport aux coordonnées correspondantes sont alors indiquées par = – --------  B 0 ( r , t ) ⋅ n Γ dS 
 dt S [Γ(t )]

un indice zéro (par exemple (6) : rot 0 E0 = – ∂B 0 / ∂t ). Une charge Q
où, dans le premier membre, les deux termes correspondent, dans
se déplaçant (par rapport à R 0 ) à la vitesse u 0 ( t ) subira une force l’ordre, aux deux termes signalés dans l’évaluation de la dérivée
(évaluée dans R 0 ) dont l’expression à un instant quelconque t1 du flux. Pour le point P de Γ et au temps t, d’après (350) :
s’obtient en ajoutant les forces électrique (145) et magnétique (278) :

E 0 ( P, t ) + u 0 ( P, t ) ∧ B 0 ( P, t ) = [ E ( P, t ) ] u 0 ( P, t ) (352)

F 0 ( t1 ) = Q [ E 0 ( t1 ) + u0 ( t1 ) ∧ B0 ( t1 ) ] (347)
est l’expression du champ électrique dans un système en translation
Considérons maintenant un système R animé d’une vitesse à une vitesse constante au cours du temps (cette vitesse étant celle
du point P à l’instant t ) par rapport au système R 0 .
constante U 01 (quel que soit le temps) par rapport au système R 0 ;
■ Nous avons ainsi complètement explicité l’expression (27) de la
les grandeurs relatives au système R sont indiquées par l’indice « R »
loi de Faraday. Le système R 0 est absolument quelconque (son
(par exemple, avec les dérivées correspondantes,
 changement entraînant des modifications concomitantes de

rot R E R = – ∂ B R / ∂ t ). En choisissant pour la vitesse constante U 01 
E 0 , u 0 et B 0 ) et peut donc être choisi par simple convenance.
la valeur particulière u 0 ( t 1 ) , la charge Q sera immobile par rapport
■ Deux cas particuliers très simples permettent d’isoler chacun
à R à cet instant t 1 et, par conséquent :
des deux termes de [ E ( P, t ) ] u 0 ( P, t ) .
FR ( t 1 ) = Q E R ( t 1 ) (348) ● Le contour Γ est indéformable. En choisissant un repère R 0 fixe
Les deux systèmes R 0 et R étant animés l’un par rapport à l’autre par rapport à Γ, les vitesses u 0 sont nulles. Il ne reste alors que le
d’une vitesse constante, les forces F y sont identiques, ce qui montre terme en E 0 que l’on peut retrouver par ailleurs en considérant (26)
que : 
puisque la dérivée totale du flux de B se réduit alors au flux de
 
E R ( t1 ) = E 0 ( t1 ) + u0 ( t1 ) ∧ B0 ( t1 ) (349) ∂B/∂t .

cette relation ne dépend pas du temps (t1 est quelconque), et nous ● Les différentes sources (aimant, courant) de B 0 ( r , t ) sont
pouvons écrire, de façon plus générale et à chaque instant : 
∂B
 stationnaires dans un repère R 0 ; les dérivées partielles --------- ( r , t )
∂t
E R = E R0 + u R/R0 ∧ B R0 (350)
sont donc nulles (d’où rot  ) et la circulation de E 0 sur Γ est
0 E0 = 0

où u R/R0 indique la vitesse de translation du système R par rapport nulle ; il ne reste donc que le terme en u 0 ∧ B 0 que l’on met classi-
au système R 0 ; les électrotechniciens désignent par champ élec- quement en évidence par une expérience où le contour Γ possède
 une partie fixe (en forme de U) et une partie mobile (barre glissant
tromoteur d’induction le terme u ∧ B .
sur la partie fixe). La figure 34 représente un tel dispositif où le
Nota : l’expression (350) n’est valable que lorsque la vitesse u est très faible par
rapport à la vitesse de la lumière, ce qui suffit évidemment pour les besoins de l’électro-
contour Γ est dans le plan de la figure, tandis que la direction du sup-
technique. Seules des considérations relativistes (qui distinguent les temps mesurés dans 
les systèmes R et R 0 ) permettent d’obtenir une formulation exacte. port de B est perpendiculaire à ce plan. Pour les sens définis de
 
■ La démonstration générale de la loi de Faraday doit donc s’entou- B et u , l’orientation ( Γ α ) du contour Γ correspond à des valeurs
rer des précisions suivantes :  
positives du flux Φ ( Γ α ) et de sa dérivée dΦ ( Γ α ) /dt d’où :
— on définit sur le contour Γ, en ses différents points P et dans

 
 N
le sens choisi ( Γ ) , des éléments ( d P ) Γ ;
 E ⋅ dα = E ⋅ dα < 0 (353)
— on choisit un système d’axes quelconque R 0 dans lequel sont ( Γα ) M

évalués B 0 ( r , t ) et les positions successives des différents points P 
ce qui fixe le sens de E (défini intrinsèquement par E = u ∧ B ) ;
du contour, ce qui permet d’en définir les vitesses de déplacement   
pour l’orientation ( Γ β ) de Γ, Φ ( Γ β ) et d Φ ( Γ β )/dt sont négatifs et
u 0 ( P, t ) .
par conséquent :
■ L’évaluation de la dérivée totale du flux Φ fait apparaître deux
 
M
termes :  E ⋅ d β = E ⋅ d β > 0 (354)
 ( Γβ ) N
— l’un, correspondant au flux de ∂B 0 /∂t ;
— l’autre, lié aux déformations du contour et donc aux vitesses le champ E n’étant pas modifié.
u ( , t ) .

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2.3.5 États quasi stationnaires


variant sinusoïdalement en fonction du temps

Une grande partie de l’électrotechnique est traitée dans ce cadre.


Pour éviter des répétitions, nous renvoyons le lecteur aux dévelop-
pements correspondants qui concernent :
— le rôle de l’épaisseur de peau δ (§ 2.4.4.3 et 2.4.4.7), longueur
typique définie par δ 2 = 2/ω µ γ (388) ;
— l’effet de peau (§ 3.4) ;
— les pertes par courants de Foucault (§ 3.5) ;
— la validité et la critique de l’utilisation stricte de l’approxima-
tion des états quasi stationnaires (§ 3.6.3).

2.4 États dépendant complètement


du temps

Nous prenons maintenant en compte l’ensemble des équations


de Maxwell sous leur forme temporelle complète :

 ∂D
(4) rot H = J + ----------- (5) div D = ρ
∂t

 ∂B 
(6) rot E = – --------- (7) divB = 0
∂t
les deux dernières équations permettent de poser :

Figure 34 – Loi de Faraday dans un contour déformable ∂A  


(345) E = – grad V – --------- (220) B = rot A
soumis à une induction stationnaire ∂t

La force électromotrice d’induction est la circulation du champ 2.4.1 Équations relatives à une seule grandeur
E définie par le premier membre de (27) ; son signe dépend de Au moyen de différentes combinaisons entre ces relations, il est

l’orientation ( Γ ) choisie sur le contour Γ [(353) et (354)] mais, quel possible d’obtenir des équations où il n’apparaît principalement
que soit ce choix, on a toujours : 
que E , H, A et V .

 
(Γ) dt
d 
E ⋅ d Γ = – --------- Φ ( Γ ) (355)
À titre d’exemple [(726)] :

 ∂ 
rot ( rot E ) = grad ( div E ) – ∆ E = – -------- ( rot B ) (357)
 ∂t
quand le même sens ( Γ ) est adopté pour calculer la circulation de E
 devient, pour une substance uniforme isotrope idéale (ε, µ ) :
et le flux de B .
La loi de Lenz indique que les variations temporelles du flux Φ 1 ∂J ∂2 E
∆ E – ----- grad ρ – µ ---------- – µε -------------
- = 0 (358)
d’induction produisent toujours des effets qui tendent à s’opposer ε ∂t ∂t 2
aux variations initiales. À titre d’exemple, dans le cas où l’ensemble
du contour Γ (figure 34) est matérialisé par des conducteurs, quand
Pour abréger le texte, l’indication ( ε , µ ) signifie que
la surface offerte à l’induction augmente, le champ E créé fait   
 D = ε E et B = µ H quels que soient les champs E et H ; la
circuler un courant produisant une composante de B dont le sens
présence de (ε, µ, γ ) montre que le matériau est en outre régi par
axial est l’opposé de celui de l’induction initiale.
Dans la littérature, on voit très souvent que la loi de Lenz justifie la loi d’Ohm (66) J = γ E (quel que soit E ).
le signe moins d’une relation du type :


Dans le cas où ρ = 0 et J = γ E , une forme plus simple apparaît
! d (ε, µ, γ ) :
E ⋅ d = – --------- Φ (356)
dt
∂E ∂2 E
en oubliant de signaler les liens indiqués dans (355) par la présence ∆ E – µγ ----------- – µε -------------
- = 0 (359)
∂t ∂t 2

de ( Γ ) dans chaque membre. La relation (355) est correcte tandis
que (356) peut aussi bien comporter le signe moins que le signe plus. De façon analogue et dans les mêmes conditions (ε, µ, γ, ρ = 0),
il vient :
 
 ∂H ∂2 H
∆H – µγ -------- – µε ----------
- = 0 (360)
∂t ∂t 2

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Nous voyons ainsi apparaître les deux propriétés caractéris-


Les potentiels A et V, qui n’interviennent que par des combi- tiques des solutions essayées :
naisons de leurs dérivées partielles, ne sont pas complètement défi- — à un instant t donné, tous les points d’un plan x = Cte présentent

nis à partir des grandeurs physiques mesurables B et E . la même valeur de E = E ( x, t ) ;
L’ensemble ( A , V ), avec : — au cours du temps, une même valeur de E s’observe sur dif-
férents plans parallèles entre eux, les positions successives de ces
A ( r , t ) = A 1 ( r , t ) + grad f ( r , t ) (361) plans permettant de définir la vitesse de propagation du champ
électrique.
∂f ( r , t ) Il n’y a aucun déplacement macroscopique de matière et parler
V ( r , t ) = V 1 ( r , t ) – ------------------------- (362) de la vitesse avec laquelle se déplacent les points où l’on observe
∂t

 successivement la même propriété [pour E + , u x = 1/ εµ ] est un


fournit ainsi les mêmes valeurs de B et E que l’ensemble ( A 1, V1). abus de langage. C’est pourquoi certains refusent d’utiliser dans ce
Le détail des calculs (non reproduits) montre que si la condition de cas le mot vitesse et le remplacent par célérité. Par souci de simplicité
Lorentz : nous utiliserons par la suite vitesse, mais il convient de bien
distinguer, d’une part, cette vitesse de propagation et, d’autre part,
∂V la vitesse d’une particule ou d’un objet matériel quelconque.
div A + εµ --------- = 0 (363)
∂t
Ces propriétés définissent les phénomènes de propagation par
est satisfaite [ce qui est possible par un bon choix de la fonction onde plane, la solution E + correspond à la vitesse u x = + 1/ εµ
f ( r , t ) ], les équations régissant A et V deviennent (ε, µ ) :
tandis que E – est lié à u x = – 1 / εµ .
Nous avons imposé les relations (367) et ainsi obtenu les deux
∂2 A
∆ A – µε -------------
-+µJ = 0 (364) formes (370) qui caractérisent la propagation par onde plane. Il ne
∂t 2 faut surtout pas en déduire que les phénomènes de propagation
s’effectuent toujours par onde plane !
∂2 V ρ
∆V – µε ----------
- + ---- = 0 (365) Dans le cas du vide, la vitesse c de propagation des ondes élec-
∂t 2 ε
tromagnétiques (et donc celle de la lumière) est toujours définie par :

c 2 ε0 µ 0 = 1 (372)
2.4.2 Phénomènes de propagation

Dans le cas d’un milieu isotrope idéal (ε, µ ) et isolant (γ = 0) la 2.4.3 Potentiels retardés
relation (359) devient :
∂2 E Il est possible de montrer que les solutions de (364) et (365) sont
∆ E = µε -------------
- (366) fournies par des expressions désignées sous le nom de potentiels
∂t 2
retardés :

  
L’essai d’une solution définie au moyen d’une fonction quel- r′ – r
conque F (s ) par : J r , t ′ – ----------------------- -
µ u
A ( r ′ , t ′ ) = --------- ---------------------------------------------------------- d r (373)
4π r′ – r

E = E 0 F(s ) 


 (367)
avec
x
s = t + ------ 
 1
 r′ – r
ρ r , t ′ – -----------------------
u
 -
u V ( r ′ , t ′ ) = ------------ ------------------------------------------------------- d r (374)
4π ε r′ – r
[où u (qui possède la dimension d’une vitesse) et E 0 sont des
constantes] conduit à [(714) et (713)] : où la vitesse u est encore définie par (369).

∂2 E ∂2 F d 2F 1 2 d2 F Pour évaluer A ( r ′ , t ′ ) , il faut connaître, en un point défini par


- = E 0 ----------2- = E 0 ----------2-  ----- = µε E 0 ----------2 (368)
∆ E = ------------
∂x 2 ∂x ds  u  ds
r , non pas J ( r , t ′ ) au temps t’ mais :
et montre que u2 ε µ = 1 (369)
est une condition nécessaire de validité ; si cette relation est satis- J  r , t ′ – -----------------------
r ′– r
u
-
faite, les solutions se présentent sous deux formes :
à un instant antérieur, la différence de temps étant juste égale à
E + = E 0 F ( t – x εµ )  r ′ – r /u , c’est-à-dire au temps nécessaire pour que l’information,
 (370)
E – = E 0 F ( t + x εµ ) 
se propageant à la vitesse u, franchisse la distance r ′ – r entre

puisque seul u 2 est imposé. Pour la première forme E + , à l’instant le point r considéré et le point r ′ où A est évalué.
t1 et pour tous les points du plan défini par x = x α , le champ présente Dans le cas du vide, les potentiels retardés font intervenir la
vitesse de la lumière c (372).
la même valeur repérée par s 1α = t 1 – x α εµ ; cette même valeur
sera observée à l’instant t1 + dt sur le plan relatif à x α + dx, à
condition que :
dx 1
dt – dx εµ = 0 ⇒ -------- = ----------- (371)
dt εµ

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2.4.4 Phénomènes variant sinusoïdalement 2.4.4.3 Longueurs typiques


en fonction du temps On fait souvent intervenir, en physique, des constantes de temps
[τ, par exemple, dans une expression du type exp(– t /τ )] mais il
Nous allons maintenant nous restreindre aux cas où les variations semble qu’on utilise moins fréquemment des constantes d’espace
des différentes grandeurs en fonction du temps sont sinusoïdales ; ou longueurs typiques [  , par exemple, dans une expression du
type f ( x / ) ]. Ce sont, en général, des relations de dimensions qui
il suffit, par exemple, que E ( t ) ait des variations de ce type pour fixent ces longueurs typiques. Nous allons examiner de ce point de
  vue les équations (386) [et (387)] dans deux cas opposés.
qu’il en soit de même pour B ( t ), H ( t ), J ( t ) et D ( t ) .
■ 1er cas :    (bons conducteurs)
2.4.4.1 Notations
Il est alors possible de négliger le terme en ω 2 εµ E ; la dimension
Pour, par exemple, une composante Ei du champ électrique :
∆ E étant [E] [L]–2, celle de ωµγ est [L] –2. Le carré d’une longueur
E i ( r , t ) = E max i ( r ) cos [ ω t + ϕ i ( r ) ] (375) typique correspondante est donc du type C/ωµγ, la constante C étant
choisie pour simplifier les calculs et les différentes expressions qui
nous pouvons poser :
en découlent. Le choix traditionnel introduit l’épaisseur de peau
E i ( r ) = E max i ( r ) exp j ϕ i ( r ) (376) au moyen de :
2
δ 2 = ------------- (388)
et écrire : ωµγ
E i ( r , t ) = Re [ E i ( r )exp j ω t ] (377) et conduit à des expressions du type f ( r / δ , ω t ) pour les diffé-
rentes grandeurs électromagnétiques.
dans ces conditions, nous avons : ■ 2e cas :    (bons isolants)

E ( r , t ) = Re [ E ( r ) exp j ω t ] (378) Le terme en ωµγ E est alors négligeable. La dimension de ω 2εµ


est [L] –2 ; le choix traditionnel définit la longueur d’onde λ par :
où E est défini par ses composantes E i soit, par exemple :
4 π2
λ 2 = ---------------
- (389)
E = Ei i + Ej j + Ek k (379) ω 2 εµ

quand l’espace est rapporté à un trièdre trirectangle de vecteurs les expressions intéressantes seront alors du style f ( r / λ , ω t ) .

unitaires i , j , k . 2.4.4.4 Cadre de la suite de l’exposé


Pour toutes les autres grandeurs nous utiliserons des notations Dans les paragraphes qui vont suivre (§ 2.4.4.5, 2.4.4.6 et 2.4.4.7)
analogues, par exemple : nous chercherons uniquement, pour simplifier, les solutions qui
correspondent à une propagation par onde plane (il existe bien
 
H ( r , t ) = Re [ H ( r )exp j ω t ] (380) d’autres types de propagation !) dans le sens que nous repérons par
le demi-axe Ox . Pour résoudre certains problèmes particuliers (§ 3.4
2.4.4.2 Relations de base et 3.5), il conviendra, le cas échéant, d’adapter ce type de solutions.
Dans le cas d’un matériau uniforme idéal isotrope (ε, µ, γ ) où
ρ = 0, les équations de Maxwell prennent la forme : 2.4.4.5 Propagation dans un milieu isolant
Avant d’aborder le cas général, nous allons étudier le cas simple
 où γ = 0, qui correspond à la propagation dans un isolant (comme
rot H = ( γ + j ωε ) E (381)
le vide par exemple). Le seul moyen de concilier les relations (370)
et (378) est d’écrire :
div E = 0 (382)

 
E 0 exp j ω  t – x εµ 
E = Re _


rot E = – j ωµ H (383)  (390)
= Re E 0 exp [ j ( ω t – kx ) ]

_ 

div H = 0 (384)
avec une valeur constante de E
_0 (valeur de E pour x = 0) et :
L’équation (357) devient alors :
k = ω εµ (391)

rot ( rot E ) = grad ( div E ) – ∆ E = – j ωµ ( γ + j ωε ) E (385)
La relation div E = 0 fournit – j kE 0 x = 0 , ce qui montre que _
E0
soit ∆ E – j ωµγ E + ω 2 εµ E = 0 (386) a un caractère transversal, c’est-à-dire qu’il est orthogonal à la direc-
cette relation aurait pu être obtenue à partir de (359) grâce à (378). tion de propagation Ox ; sans nuire à la généralité de l’exposé nous
On a de même : pouvons donc choisir, pour la direction de Oy , axe perpendiculaire
  
∆ H – j ωµγ H + ω 2 εµ H = 0 (387) à Ox , la direction du vecteur constant _
E 0 . Nous n’avons donc

qu’une composante de E :

E y ( x, t ) = Re E 0y exp [ j ( ω t – kx ) ] (392)

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à prendre en compte ; la relation (383) montre alors qu’il n’existe


 E 0– exp [ j ( ω t + α x ) ] }
E – = exp ( + β x ) Re { _ (404)
qu’une composante de H définie par (en axes à droite) :
qui correspondent à des propagations dans des sens opposés. Nous
kE 0y ne garderons dans la suite que la première, relative à une propa-
[ H 0z ] d = -----------
- (393)
ωµ gation dans le sens Ox :
L’ensemble des phénomènes ne dépend donc que de la pulsation — la phase ωt – αx reste constante quand dx/dt = ω /α > 0 ;
ω et de la constante E 0y qui sont déterminées par les conditions — l’amplitude des oscillations décroît quand x augmente ; ce
initiales. caractère est bien lié à l’existence de pertes par effet Joule puisque β
est nul quand γ l’est.
Dans le cas général, E 0y est complexe [ E 0y = E max y exp j ϕ 0 ]
et conduit à : La relation (382) fournit toujours – j k E 0x = 0, ce qui montre que
Ey (x, t ) = E max y cos (ωt – kx + ϕ 0 ) (394) E
_ 0 est encore transversal ( E 0x = 0 ) ; en choisissant la bonne

il suffit de changer l’origine des temps pour obtenir : direction de Oy , on écrit :


Ey (x, t ) = E max y cos (ωt – kx ) (395)
E → E y ( x, t ) = exp ( – β x ) Re { E 0 y exp [ j ( ω t – α x ) ] } (405)
et H z ( x, t )
d
k E max y
= ---------------------- cos ( ω t – kx )
ωµ
(396) 
ce qui entraîne, pour la seule composante de H :
Nous venons ainsi de mettre en évidence les caractéristiques α – jβ
d’une onde plane électromagnétique se propageant dans un H 0z
d = --------------- E 0y (406)
ωµ
milieu isolant :
ou, en posant :
— la direction de propagation ( Ox ) , le champ électrique ( E y ) α – jβ
----------------------- = exp ( – j ψ ) (407)
et le champ magnétique H z
d forment un trièdre trirectangle α2 + β2
d’axes à droite ; [ H z ( x, t ) ] d =
— la propagation s’effectue sans atténuation : quel que soit le (408)
point considéré, les amplitudes des variations sinusoïdales en [ ( ω 2 εµ ) 2 + ( ωµγ ) 2 ] 1/4
------------------------------------------------------------ exp ( – β x ) Re { E 0 y exp [ j ( ω t – α x – ψ ) ] }
fonction du temps de Hz et Ey sont constantes (respectivement ωµ
k E max y /ω µ et E max y ) ; le rapport de ces amplitudes est [(391)] :
La même expression (390) conduit ainsi à des résultats différents
H max z k ω εµ ε suivant que k est purement réel (γ = 0) ou complexe (γ ≠ 0). Dans ce
-------------------
- = ---------- = ---------------- = ----- (397) dernier cas :
E max y ωµ ωµ µ

— les variations de Hz et Ey en fonction de (ω t – k x ) sont en phase — la direction de propagation ( Ox ) , le champ électrique ( E y )


puisque le rapport de H 0z à E 0y est réel (k /ωµ ) ; la vitesse de pro- et le champ magnétique H z
d forment toujours un trièdre trirec-
pagation est u = ω /k = 1/ εµ . tangle d’axes à droite ;
— la propagation s’effectue avec atténuation, les amplitudes des
variations sinusoïdales en fonction du temps de Hz (x, t ) et Ey (x, t )
2.4.4.6 Propagation dans un milieu conducteur
décroissant en exp (– βx ) ; le rapport de ces amplitudes est [(397)] :
Nous cherchons maintenant les lois de propagation dans un milieu
H max z α 2 + β2 ε 2 γ 2 1/4
uniforme idéal (ε, µ ) satisfaisant à la loi d’Ohm J = γ E . Nous nous - = ----------------------- =  ------ +  ---------
----------------- (409)
E max y ωµ  µ  ωµ 
restreignons à une propagation dans la direction Ox, du type régi
par la relation (390), avec donc E = E_ 0 exp ( – j k x ) . La détermi- — les variations de Hz et Ey en fonction de (ωt – αx ) ne sont pas
nation de k s’effectue maintenant à partir de (386) qui montre que : en phase puisque le rapport de H 0z
d à E 0y , [(α – jβ)/ ω µ ], est

(– j k )2 – j ω µγ + ω 2 εµ = 0 (398) complexe ; il est possible de définir la vitesse de phase par u ϕ = ω /α.


Nous venons de voir le rôle fondamental de α (ω ) et β (ω ). Pour
soit k 2 = ω 2 εµ – j ω µγ = – j ω µ (γ + j ω ε ) (399)
simplifier l’étude de ces fonctions, nous supposons que µ, γ et ε ne
Pour un milieu isolant (γ = 0), on retrouve bien (391). Dans le cas varient pas en fonction de la fréquence ; ces hypothèses sont criti-
général, k est complexe et donné par : cables surtout dans le cas de matériaux magnétiques (mais on a déjà
  
k = ± [α (ω ) – j β (ω )] (400) supposé B = µ H quel que soit H ) ou de certains matériaux dié-
où α et β sont des valeurs réelles positives définies à partir de : lectriques. Grâce à ces hypothèses, les variations de lg α2 et lg β2
en fonction de lg ω se réduisent pratiquement à celles des asymp-
ω 2 εµ + ( ω 2 εµ ) 2 + ( ωµγ ) 2 totes (figure 35) :
α 2 = -------------------------------------------------------------------------- (401)
2 ω µγ ω µγ
1 1
ω→0 α 2 → -------------- = -------2- et β 2 → -------------- = -------2- (410)
2 δ 2 δ
– ω 2 εµ + ( ω 2 εµ ) 2 + ( ωµγ ) 2
β 2 = --------------------------------------------------------------------------------- (402)
2 µγ 2
4π 2
ω→∞
2
α 2 → ω 2 εµ = --------- et β 2 → ------------- = β c (411)
il existe ainsi deux solutions : λ2 4ε

_ 0 + exp [ j ( ω t – α x ) ] }
E + = exp ( – β x ) Re { E (403)

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qui se coupent au point défini par : En revanche, pour les matériaux diélectriques, ω c = γ /2 ε est très
petit et des relations du type :
µγ ω
2
γ 2
4π 2
------c-
2 2 2
ω = ω c = ------- et α c = β c = ----------- = εµω c = --------- (412)
2ε 4ε λ2  ω   2π 
E y ( x, t ) = exp ( – εµ ω c x ) Re  E 0 y exp j  ω t – ------- x  (419)
 λ 
puisque
1+ 5 2 2
α 2 ( ω c ) = ----------------- α c = 1,62 α c 
2 
 α – jβ ε ωc

(413) H 0z
d = ----------------- E 0y = -----  1 – j ------- E 0y (420)
et
– 1+ 5 2 2
β 2( ω c ) = ---------------------- β c = 0,62 β c ωµ µ  ω
2 
[ H0 z ( x, t ) ] d = (421)
Sauf éventuellement pour une petite gamme de fréquences,
nous n’avons pratiquement qu’à considérer deux cas, suivant la
ε ωc 2 1/2
 2π ω 
valeur de la pulsation ω par rapport à la pulsation critique ω c : exp  – εµω c x  ----- 1 +  ------ Re  E 0 y exp j  ω t – ------ x – arctan -----c- 

µ ω  λ ω 
γ ωµγ 1–j
1er cas : ω < ω c = ------- k = ± ( 1 – j ) ------------- = ± ----------- (414)
2ε 2 δ sont presque toujours valables.

γ γ µ
2e cas : ω > ω c = ------- k = ±  ω εµ – j ----- -----   (415) 2.4.4.7 Retour sur l’approximation des états
2ε  2 ε  quasi stationnaires
ω c  2π 

= ± 1 – j -------- --------- 
 ω λ  ∂D
Cette approximation néglige l’effet du terme en ----------- dans l’expres-
∂t
Pour le cuivre la fréquence critique est fc = ω c /2π = 5 · Hz, ce 1017 
qui montre que, dans le domaine de l’électrotechnique, tous les sion de rot H [(4) et (219)].
conducteurs métalliques, même médiocres, correspondent au pre- Pour des corps uniformes idéaux (ε, µ, γ ) cela revient à supprimer
mier cas. La propagation par onde plane se traduit alors par des tous les termes en εµ des différentes relations par l’assimilation
expressions du type : suivante :

 x  2j
– j ω µ (γ + j ω ε ) = ω 2 ε µ – j ω µγ ≈ – j ω µγ = – ------2
E y ( x, t ) = exp  – ----- Re  E 0 y exp j  ω t – ----- 
x (422)
(416)
 δ

 δ  δ
Les relations de base deviennent ainsi :
γ π
--------- E 0y exp  – j -----
1–j
H 0z
d = ------------- E 0y =

(417)
ωµδ ωµ 4 (364) ⇒ ∆ A + µJ = 0 (423)

ρ
H z ( x, t )
d  δ  ωµ
γ 
 δ
x π 
= exp  – ----- --------- Re  E 0 y exp j  ω t – ----- – -----  (418)
x
4 
(365) ⇒ ∆V + ----- = 0
ε
(424)

(la relation D = ε E étant conservée)
les grandeurs électromagnétiques ne peuvent donc avoir des valeurs
significatives que dans une épaisseur égale à quelques δ qui se (386) ⇒
2j
∆ E – j ωµγ E = ∆ E – ------2 E = 0 (425)
confond (§ 3.4) avec l’écorce des conducteurs. δ

   2j 
(387) ⇒ ∆H – j ωµγ H = ∆H – ------2 H = 0 (426)
δ
de même :
ωµγ 1
(401) et (402) ⇒ α 2 = β 2 = ------------- = ------2 (427)
2 δ
Ces relations montrent que, dans l’approximation considérée, il
n’existe plus qu’une seule longueur typique, l’épaisseur de peau δ,
et que les champs, dans le cas de propagation par ondes planes,
sont régis par les expressions (416), (417) et (418).
On peut retrouver formellement ces résultats en remarquant que
l’approximation (422) revient à considérer que ε est nul, ce qui
entraîne mathématiquement que ωc = γ /2 ε tend vers l’infini et que,
par conséquent, seul le premier cas (ω < ωc ) [(414)] est à prendre en
compte. Corrélativement il n’y aurait plus de phénomènes de pro-
pagation, ou, plutôt, cette propagation serait instantanée, εµu 2 = 1
conduisant à une vitesse u tendant vers l’infini quand ε tend vers
zéro. Au paragraphe 3.6.3.1 nous établirons que l’application stricte
de l’approximation des états quasi stationnaires montre que les phé-
Figure 35 – Les demi-droites correspondent aux asymptotes
nomènes de propagation sont instantanés et sans affaiblissement.
des courbes lg  2 [(401)] et lg  2 [(402)] en fonction de lg (  /  c ) Pour un problème comportant des conducteurs situés dans le vide
[(412)] ; les points indiquent quelques valeurs exactes (ou plutôt dans l’air), il existe alors un conflit si l’on pense (comme
le devoir nous l’impose) à considérer les conditions de continuité
entre les deux types de milieux puisque la propagation des

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phénomènes électromagnétiques serait instantanée dans les ■ Il faut remarquer que la relation (76) est générale : elle fournit la
conducteurs, tandis qu’elle s’effectuerait, dans l’air, à la vitesse de puissance apportée sous forme électromagnétique sans qu’aucune
la lumière, la longueur d’onde λ correspondante étant égale à hypothèse sur l’état ou la nature de la matière, sur le processus de
λ = 2 π c /ω. On pourrait penser que cette difficulté disparaît quand on création ou de dissipation (effet Joule, hystérésis, etc.) de l’énergie,
ne considère que des conducteurs dont la longueur est faible devant n’ait besoin d’être effectuée. Nous avons toujours mis en italique
λ (λ = 6 · 106 m pour une fréquence de 50 Hz, λ = 3 · 105 m pour « sous forme électromagnétique » pour mettre le lecteur en garde
f = 1 kHz), les champs dans l’air n’ayant alors pas assez d’espace pour contre une fausse interprétation que nous pouvons combattre au
varier sensiblement. L’étude effectuée dans le paragraphe 3.6.3 moyen d’un exemple très simple. Imaginons qu’un fil, parcouru par
montre que ce point de vue est inexact, mais que, néanmoins, dans un courant (et donc siège de pertes par effet Joule), soit idéalement
la plupart des cas concernant l’électrotechnique (conducteurs de refroidi par le milieu ambiant, la température du fil étant ainsi main-
section pas trop faible, fréquences pas trop élevées), l’approximation tenue à la valeur initiale qu’elle présentait avant le passage du cou-
des états quasi stationnaires fournit des prévisions numériques rant. La puissance électromagnétique  em apportée au fil (f ), et dont
convenables. rend compte le vecteur de Poynting, serait alors pratiquement égale
à la puissance cédée sous forme de chaleur par le fil (f ) au milieu
ambiant (a) :
 Q ( f → a ) =  em (429)
3. Applications
soit, pour la puissance formellement apportée au fil sous forme de
à l’électrotechnique chaleur :
Q ( a → f ) = – Q ( f → a ) (430)
3.1 Le vecteur de Poynting ce qui conduirait à une valeur nulle de la puissance totale apportée
et les transferts d’énergie au fil :
 tot ( a → f ) =  em +  Q ( a → f ) = 0 (431)
Nous avons indiqué (§ 1.4.1) que la puissance apportée sous
forme électromagnétique  em dans un volume  pouvait s’obtenir Il convient donc de bien distinguer les puissances :
en considérant le flux du vecteur de Poynting (75) : •  em apportée au fil sous forme électromagnétique ; dans notre
 cas,  em est positif ;
SP = E ∧ H •  Q ( a → f ) apportée au fil sous forme de chaleur par suite de
processus électromagnétique ; dans notre cas  Q ( a → f ) = –  em
au travers de la surface S (  ) qui limite le volume  , ce flux étant est négatif puisque le fil cède de la chaleur au milieu ambiant ;
•  tot ( a → f ) , puissance totale apportée ; dans notre exemple
évalué par rapport à la normale unitaire entrante n e relative à ce schématique, elle est nulle [relation (431)].
volume.
Des exemples d’utilisation du vecteur de Poynting seront donnés
■ Au sujet de la formulation mathématique de la loi (76) : dans les paragraphes 3.4 et 3.5.

 em (  ) =  S ()

( E ∧ H ) ⋅ n e dS
3.2 Éléments typiques
il faut noter les points suivants. des circuits électriques
1o) Le signe de  em est très important :
Ces éléments (résistance R, capacité C, inductance propre L ) sont
— si  em est positif, le volume  absorbe de l’énergie qui sera
caractérisés soit par des considérations énergétiques (§ 3.2.1), soit
stockée ou dissipée ;
par des relations U = F (I ) entre la différence de potentiel U et l’inten-
— si  em est négatif, le volume  fournit de l’énergie à
sité I du courant qui leur correspondent (§ 3.2.2).
l’extérieur.
Il est donc nécessaire de bien préciser l’orientation de la normale
( n e et non pas n s ou n sans indication). 3.2.1 Relations énergétiques
 Dans un premier temps, nous ne considérons que des éléments
2o) En revanche, il est inutile d’indiquer si l’évaluation de E et H
purs ou idéaux caractérisés par une relation linéaire entre U (t ) et
sur la surface S (  ) doit être effectuée pour des points intérieurs soit l’intensité I (t ) du courant, soit l’intégrale temporelle de I (t ), soit
ou extérieurs au volume  . Pour démontrer cette propriété, il suffit la dérivée dI/dt. Le cas général sera évoqué au paragraphe 3.2.1.4.
de considérer, en un point M de cette surface, un trièdre d’axes ortho- Les éléments R, C, L sont alors respectivement liés à la puissance
gonaux à droite M x y z en choisissant pour le sens de Mx celui dissipée, à l’énergie stockée sous forme électrique et à l’énergie
stockée sous forme magnétique ; ils correspondent ainsi, chacun à
de la normale entrante n e ; dans ces conditions et en ce point M, chacun, aux trois termes de la variation temporelle (à température
la relation : constante) de la densité volumique d’énergie électro-
 magnétique [(86)] :
SP ⋅ n e = E ∧ H x ⋅ 1 = E y H d , z – E z H d , y (428) 
∂f em ∂D  ∂B
------------ = E ⋅ J + E ⋅ ---------- + H ⋅ ------- (432)
∂t ∂t ∂t
ne fait intervenir que les composantes tangentielles de E et H d et
nous savons que, même si S (  ) coïncide avec la frontière de deux
3.2.1.1 Résistances
milieux, ces composantes sont respectivement égales pour les
La résistance d’un élément de circuit est le paramètre qui permet
points M ± η n e ( 0 < η  1 ) . La continuité de S P ⋅ n e au travers de de déterminer la puissance dissipée dans cet élément quand on
la surface est d’ailleurs obligatoire : sans cela il y aurait absorption connaît l’intensité I (t ) du courant qui le traverse [(445)].
ou création finie d’énergie dans une épaisseur infiniment faible !

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~
■ Nous considérons d’abord le cas simple d’un conducteur cylin- en définissant l’intensité efficace I du courant au moyen de :


drique (axe Oy ), infini, uniforme, régi par la loi d’Ohm, de section T
~
1
constante S (définie dans un plan Oxz orthogonal à Oy ), parcouru I 2 = ----- I 2 ( t ) dt = I 2 (443)
T 0
par un courant invariable en fonction du temps ; l’intensité Iy corres-
Dans le cas où les variations du courant sont sinusoïdales, avec
pondante est repérée dans le direction Oy (de vecteur unitaire n y ). I = Imax cos (ωt + ϕ ), l’intensité efficace du courant est simplement :

Dans le conducteur, le champ E ( x, y, z ) ne peut dépendre que ~


de x et z puisque toutes les sections y = Cte doivent y jouir des I = I max / 2 (444)

mêmes propriétés. Ce champ E ( x, z ) détermine : ■ L’expression classique (441) de la résistance est liée à l’uniformité
— d’une part, l’intensité du courant [(66)] : de la densité de courant. Une telle répartition ne peut s’observer que
si deux critères sont satisfaits.

Iy = S
J ⋅ n y dx dz = γ  S
E y ( x, z ) dx dz (433)
— Le conducteur doit être rectiligne et avoir une section
constante. Dans les situations opposées (tore des figures 47 et 48,
configuration de la figure 51), les corrections à apporter sont faibles
— d’autre part, la densité linéaire de puissance dissipée : soit quand le diamètre du conducteur est assez petit devant le rayon
de courbure de l’ensemble [l’expression (497) dans le cas d’un tore
d
-------- =
dy

S
J ⋅ E dx dz 

à section circulaire], soit quand les sections ne sont trop différentes
[(508)]. En général, pour les conducteurs, ces effets peuvent être
 (434)
γ 
négligés ; en revanche, dans le cas des circuits magnétiques, les
2 2 2 
= [ E x ( x, z ) + E y ( x, z ) + E z ( x, z ) ]dx dz  effets correspondants sont susceptibles d’être importants et c’est
S
pour cette raison que les détails des discussions sont donnés aux
Pour un conducteur déterminé (S, γ ) et une intensité Iy de courant paragraphes 3.3.4 et 3.3.6.
imposée, la puissance dissipée doit être minimale, ce qui implique : — Les phénomènes ne doivent pas varier en fonction du temps
ou plutôt, en étant réaliste, les variations temporelles ne doivent
Ex = – ∂ V / ∂ x = 0  pas être trop rapides (cf. détails ci-après).
 (435)
Ez = – ∂ V / ∂ z = 0  ■ Pour un conducteur quelconque, l’utilisation de l’expression
traditionnelle (442) de la puissance moyenne dissipée, même avec
L’expression de la densité de charge ρ devient donc [(5) et (195)] : l’introduction d’une résistance apparente R app :
∂ [ ε E y ( x, z ) ] ∂E y ( x, z ) ~
ρ = ------------------------------------ = ε --------------------------- (436)  ( ω ) = R app ( ω ) I 2 (445)
∂y ∂y
ce qui entraîne ρ = 0. exige plusieurs précautions.
La relation générale (365) se réduit à [(713)] : ● Pour un courant continu, cette expression est exacte avec
R app (ω = 0) = R 0 [(441) par exemple].
∂2 V ∂2 V ∂2 V ∂2 V ● Pour un courant sinusoïdal, R app (ω ) augmente régulièrement
----------2- + ----------2- + ----------2- = ----------2- = 0 (437)
∂x ∂y ∂z ∂y avec la fréquence pour atteindre un comportement asymptotique en
et montre que V (x, y, z ) = V (y ) = (a – b y ) où a et b sont de véritables ω quand ω → ∞.
constantes indépendantes de x et z [(435)]. Pour un conducteur déterminé, R app (ω ) ne dépend alors que de
La seule composante de E est donc b = Ey avec [(433)] : la fréquence et peut donc être noté R (ω ). Pour, par exemple, un fil
métallique, de section circulaire de rayon r 0 , constitué d’un matériau
Iy I
E y = ---------- = ---------- (438) caractérisé par γ, µ et l’épaisseur de peau δ [(388)], le
γS γS développement :
Le champ E étant uniforme, la puissance dissipée par effet Joule 4
dans un tronçon de longueur  du conducteur étudié est [(434)] :   1 r  
-  1 + ------ -----04- + …
R app ( ω ) = R ( ω ) = -------------- 
γ πr 0 
2 48 δ  
 =   = S γS
I 2
γS

γ E y d  = γ  ---------- S  = ---------- I 2
2
(439)  
- 1 + ---------- ω 2 µ 2 γ 2 r 0 + …
= --------------
1 4
 (446)


2  
γ πr 0 192 
En posant :
 = RI 2 (440) donne des résultats exacts à 5 % près jusqu’à ω < ( 8/r 0 µ γ ) [soit
2

on définit ainsi, dans le cas étudié, la résistance R par : pour un fil de cuivre avec r 0 = 1 cm, f < 170 Hz] ; aux fréquences
R =  /γ S (441) élevées, R ( ω ) ≈ /2πr 0 δ = ω (  µγ /2π 2 r 0 ) [cf. détails § 3.4.5].
Remarquons, de plus, que l’expression (446) montre que l’assimi-
Toujours pour le même tronçon de conducteur, mais avec des
lation de R (ω ) à R 0 [(441)] est valable à 5 % près quand la condition
courants périodiques (période T ), de fréquence pas trop élevée
2
[(446)], on peut admettre que la répartition spatialement uniforme ω < ( 3/r 0 µ γ ) est satisfaite.
de la densité de courant subsiste ; la moyenne temporelle  de la
puissance dissipée est alors : ● Dans le cas d’une intensité de courant périodique quelconque
I (ωt ), R app dépend non seulement de ω mais également de la forme
 ~ de I (ωt ), cette influence étant d’autant plus sensible que la fréquence
 = γ E 2 S = ---------- I 2 = R I 2 (442) est plus élevée (§ 3.4.7) ; en revanche, quand ω → 0, R app → R 0 .
γS

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3.2.1.2 Capacités 3.2.2.1 Résistances


Dans le cas approché déjà considéré (§ 2.1.4.2), les liens entre Quand elle est valable [une des conditions nécessaires étant le
caractère uniforme du matériau (§ 1.3.2)], la loi d’Ohm établit une
δf e = E ⋅ δ D (432), f e (131) et e [(132), (209) et (218)] montrent
que l’énergie libre stockée sous forme électrique dans un relation intrinsèque (c’est-à-dire libre de toute convention) J = γ E
condensateur : entre la densité de courant J et le champ électrique E . En revanche,
1 1
e ≈ ----- C ( V 1 – V 2 ) 2 = ----- C U 2 le signe à adopter dans la relation entre l’intensité I du courant et
2 2 la différence de potentiel U (exemple : U = ± R I ) ne peut être déter-
miné que si des conventions indiquent le sens dans lequel chaque
ne dépend que de la différence de potentiel U = V1 – V2 entre ses
variable (I et U ) est mesurée.
bornes.
Pour des différences de potentiel périodiques U (t ), la moyenne ■ Convention relative aux intensités de courant
temporelle de l’énergie stockée est : Nous avons montré que, dans le conducteur considéré au début
du paragraphe 3.2.1.1, la densité de courant est uniforme. Si, sans
1 1 ~ discussion, la valeur absolue | I | de l’intensité du courant est alors
e = ----- C U 2 = ----- C U 2 (447)
2 2
égale à S J , le signe qui relie I à S J ne peut être fixé sans
~
la valeur efficace U correspondante est définie de la même façon convention c’est-à-dire sans indiquer le sens dans lequel l’intensité
~ ~ est repérée (§ 1.1.3) :
que I [(443)], avec U = U max / 2 dans le cas de phénomènes — si le sens choisi est indiqué par la flèche de Iα (figure 36a ),
sinusoïdaux. on a :

3.2.1.3 Inductances propres I α = I 12 = S J ⋅ n 12 = S γ E ⋅ n 12 (450)

D’après ce que nous avons établi sur l’énergie libre magnétique,


  où n 12 est la normale unitaire dirigée de 1 vers 2 et ayant pour
les liens entre δf m = H ⋅ δB (432), f m (261) et m [(262), (289) support la ligne médiane de l’élément de circuit examiné ; à titre
et (300)] montrent que la contribution relative à une inductance
propre L est : d’exemple I α est positif si E est dirigé de 1 vers 2 ;
1 — si le sens choisi est indiqué par la flèche de Iβ (figure 36b ),
m = ----- L I 2 (448) on a :
2
avec [(443)], dans le cas de phénomènes périodiques : I β = I 21 = S J ⋅ n 21 = S γ E ⋅ n 21 = – S γ E ⋅ n 12 (451)

— la figure 36c ne permet pas de choisir entre (450) et (451) ;


1 1 ~
m = ----- L I 2 = ----- L I 2 (449) cette notation incomplète est donc à prohiber.
2 2
Dans le conducteur qui vient d’être considéré, le champ électrique
3.2.1.4 Cas général E = J / γ est uniforme de sorte que la différence de potentiel entre
les sections repérées par 1 et 2 (figure 37) s’exprime par :
Nous venons d’examiner le rôle des éléments purs R, C, L . La
réalité est souvent plus complexe comme le montrent les deux
exemples suivants. V1 – V2 = V ( r 1 ) – V ( r 2 ) 


r1  (452)
■ Pour un fil conducteur parcouru par un courant, on observe à la
fois une dissipation de puissance et une énergie stockée sous forme = – E ⋅ d r = E ⋅ ( r2 – r 1 ) = E ⋅ n 12  
r2
magnétique ; il faut donc associer les effets d’une résistance et
d’une inductance propre pour traduire l’ensemble des phénomènes. où  désigne la distance (toujours positive) entre les sections
considérées.
■ Pour représenter une bobine constituée par un conducteur
enroulé autour d’un noyau magnétique, il faut combiner les actions Grâce aux relations (450) et (451), nous obtenons alors :
de trois éléments : 
— une résistance qui traduit les pertes par effet Joule dans le V 1 – V 2 = ---------- I 12 = R I 12 (453)

conducteur et les pertes dans le noyau, par hystérésis et par courants
de Foucault (§ 3.5.6) ; 
V 1 – V 2 = – ---------- I 21 = – R I 21 (454)
— une inductance propre liée à l’énergie magnétique stockée dans Sγ
le noyau et (pour une part extrêmement faible) dans le conducteur ;
— une capacité pour tenir compte de l’énergie électrostatique où R est la résistance correspondant au tronçon de conducteur
due aux très faibles différences de potentiel qui existent entre les étudié.
parties en regard de spires voisines.

3.2.2 Relations entre différence de potentiel U


et intensité I de courant. Notion d’impédance

Les relations U = F (I ) qui caractérisent chaque élément typique


(R, C, L ) sont quelquefois entourées d’un certain flou au sujet de
leurs signes, aussi ce paragraphe sera surtout consacré à ceux-ci.

Figure 36 – Définitions (a et b ) et non-définition (c )


de l’intensité d’un courant

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Figure 38 – Convention quasi universelle


pour repérer une différence de potentiel

Figure 37 – Différence de potentiel entre deux sections


d’un conducteur : définition

■ Convention relative aux différences de potentiel Figure 39 – Exemple de notation stupide


La notation quasi universelle correspond, pour la figure 38, à : pour repérer une différence de potentiel

U = VA – VB (455)
où ce qui concerne le point A s’obtient en partant de B et en ajou-
tant ce qui correspond à la flèche U :
VA = VB + ( U ) = VB + ( VA – VB )
cette convention est du même type que celle utilisée en géométrie
où la composante sur l’axe Oi du vecteur BA est [(455)]
( BA ) i = x A i – x B i . Dans certains ouvrages helvétiques [9], la
convention opposée est utilisée, ce qui correspond, pour la figure 38, Figure 40 – Conventions nécessaires pour écrire la loi d’Ohm
à U = VB – VA .
La notation de la figure 39 est stupide, U ne pouvant avoir aucun
signe : un voltmètre [(VA – VB) = – (VB – VA)] ne peut donner des
indications du type de celles fournies par un pied à coulisse (dis-
tance de A à B = distance de B à A) !
■ Combinaison des conventions
Sur la figure 40, où U = V1 – V2 , les parties a et b montrent, à partir
de la figure 36 et des équations (453) et (454), que :
U = + R I12 = + R Iα (456)
et U = – R I21 = – R Iβ (457) Figure 41 – Relations entre intensité de courant et charge
dans un condensateur
cela peut se résumer en disant que la loi d’Ohm est du style U = + R I
quand les flèches qui définissent U et I sont de sens opposés, tandis
que U = – R I correspond aux cas où les flèches sont de même sens. Le lecteur doit maintenant vérifier que, pour la figure 41b, avec
Ces notations (U = ± R I ) sont uniquement liées aux sens repère Iβ = – Iα , on observe :
définis pour U et I et n’ont évidemment rien à voir avec les signes Iβ = – dQ1 /dt (459)
réels de U et I ; pour la figure 40a par exemple, on peut aussi bien La figure 42 correspond à l’ensemble d’un condensateur avec,
avoir U et Iα positifs que U et Iα négatifs. comme notations,
Les précautions qui viennent d’être indiquées sont très utiles pour
la bonne application du théorème de Thévenin (cf., dans ce traité,
I α = I 12 
 (460)
articles Réseaux électriques linéaires [D 60]), qui nécessite la défi- I β = I 21 
nition du sens dans lequel est repérée la force électromotrice E déli-
vrée par le générateur idéal. dans ces conditions, on a :

3.2.2.2 Capacités dQ 1
----------- = I 12 = – I 21
dt 
■ Relations entre la charge d’une électrode et l’intensité de courant 

Pour l’intensité de courant repérée sur la figure 41a, la relation dQ 2 
entre Iα et la charge Q1 est [(34)] :
----------- = I 21 = – I 12
dt  (461)

Iα = + dQ 1 /dt (458) d Qi 
soit ---------- = I ij = – I ji 
dt 
Pour s’en convaincre simplement, sans utiliser la relation de
continuité (32), il suffit de supposer que Iα est positif, ce qui entraîne
une augmentation des charges de l’électrode 1 en admettant que
le condensateur est idéal et qu’aucune charge ne peut franchir le
plan P ; si Iα était négatif, la charge Q 1 diminuerait et (458) serait
encore valable.

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Figure 42 – Relations entre intensité de courant


et différence de potentiel dans un condensateur

Nous avons tenu à détailler ces relations très simples parce que
nous avons remarqué que certaines contrevérités du style
« I = + dQ /dt quand le condensateur se charge et I = – dQ /dt quand
il se décharge » sont encore répandues : les relations (461)
dépendent uniquement des conventions de sens effectuées et sont
indépendantes de l’évolution du condensateur. Figure 43 – Étude d’une bobine

■ Relation entre la charge des électrodes et la différence de potentiel


Là aussi il convient de lutter contre la relation asexuée du type
Calculons la circulation i du champ [(345)] :
Q = C U qui ne renseigne que sur la faible rigueur de son utilisateur.
En admettant le caractère linéaire de la relation entre les charges ∂A
et la différence de potentiel, nous avons montré que [(213)] : E = – grad V – ----------
∂t
Q i = C (V i – V j )
le long du trajet  1 m 1  1  2 m 2  2 orienté de  1 vers  2 . L’utili-
soit Q 1 = C (V 1 – V 2 ) (462)
sation de J = γE (le matériau est uniforme), soit :
et Q 2 = C (V2 – V1) (463)

 
Si (V1 – V2) est positif, le champ E (avec E = – grad V ) est 2 2
dirigé de 1 vers 2, ce qui correspond à des charges positives sur 1
l’électrode 1 et négatives sur l’électrode 2 ; dans le cas contraire i = E ⋅ d 12 = -----
- J ⋅ d  12 = R I 12 (466)
γ
[(V1 – V2) < 0], la relation Q1 = C (V1 – V2), avec Q1 négatif, est encore 1 ( m1 1 2 m2 2 ) 1
valable.
fait apparaître l’intensité I12 du courant ainsi que la résistance
■ Relation entre l’intensité du courant et la différence de potentiel R =  1 2 / γ S de l’ensemble de la bobine et de ses connexions.
La combinaison de (461), (462) et (463) fournit, avec U = V1 – V2 La prise en compte du deuxième membre de (345) introduit deux
(figure 42) : intégrales i V et i A :
dQ d — l’évaluation de la première :
I ij = ----------i- = C ------- ( V i – V j )
dt dt


d dU
soit I 12 = C ------- ( V 1 – V 2 ) = C --------- (464) 2
dt dt
dU iV = – grad V ⋅ d 12 = V 1 – V 2 (467)
et I 21 = – C --------- (465)
dt 1 ( m1 1 2 m2 2 )

Nous retrouvons une loi identique à celle notée pour l’application est très facile ;
de U = ± R I : quand les flèches qui définissent U et I sont de sens — la seconde intégrale :
opposés, I = + C dU /dt, tandis que I = – C dU /dt correspond aux cas

 
où les flèches sont de même sens. 2 m2

∂A ∂A 
3.2.2.3 Inductances propres iA = – ---------- ⋅ d  12 = – ---------- ⋅ d  12 
∂t ∂t 
Considérons (figure 43a ) une bobine  1  2 et ses connexions 1 ( m1 1 2 m2 2 ) m1 ( 1 2 m2 ) 


 (468)
 1  1 et  2  2 dont les parties m 1  1 et m 2  2 sont pratiquement 
∂A 
confondues. Pour simplifier, nous supposons que l’ensemble  1  2 = – ---------- ⋅ d  Γ 

∂t 
est formé d’un fil, d’un matériau uniforme, de section constante S (Γ) 
et de conductivité γ . Nous supposons également que la bobine est
indéformable et fixe par rapport au système d’axes utilisé.

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se simplifie en remarquant que les parcours  1 m 1 et m 2  2 (quasi


confondus) donnent des contributions opposées et que seul est à
considérer le trajet m 1  1  2 m 2 qui peut être assimilé au contour

fermé ( Γ ) puisque les points m1 et m2 sont pratiquement en coïn-
cidence. La bobine étant indéformable, nous avons encore [(230)] :

d
i A = – -------
dt
A
(Γ) dt
d
⋅ d Γ = – -------  
 rot
S (Γ)

A ⋅ dS Γ



Figure 44 – Étude d’un circuit composite : schéma équivalent

 (469)
d
= – -------
dt
   d  
 B ⋅ dS Γ = – ------- Φ ( Γ ) 
S (Γ) dt 
3.2.2.5 Considérations énergétiques
■ Pour l’ensemble de trois éléments idéaux, représenté sur la
figure 44, nous avons [(472)] :

où Φ ( Γ ) , qu’il faut évaluer en utilisant la relation (290), est le flux
d’induction relatif à l’ensemble de la bobine et de ses connexions U I = UR I + UC I + UL I 
(un flux ne pouvant être défini qu’au travers d’une surface limitée 
par un contour fermé ). d UC 
= ( RI ) I + U C  C ------------- +  L ------- I 
dI
De la relation i = i A + i V [(345)], nous tirons :  dt   dt   (475)

 1 d 2 1 d 
d = R I 2 + ----- C ------- U C + ----- L ------- I 2 
V 1 – V 2 = R I 12 + ------- Φ ( Γ ) (470) 2 dt 2 dt
dt 
en remarquant l’identité des intensités de courant I12 et IΓ . L’expres- Le produit U I est donc la puissance  fournie par le réseau
sion (294) est donc valable et fournit, quand les inductances
mutuelles n’interviennent pas : puisqu’elle correspond, d’une part, à la puissance dissipée R I 2 et,
d’autre part, aux variations temporelles des énergies stockables
dI 12 (1/2) CU 2 et (1/2) L I 2.
U = V 1 – V 2 = R I 12 + L ----------- (471)
dt ■ Pour des phénomènes périodiques (période T ), et les éléments
Le schéma correspondant est indiqué sur la figure 43b. idéaux considérés, la puissance moyenne dissipée est donnée par :

3.2.2.4 Notion d’impédance


T
1
 = -----  0
T
1
U I dt = -----
T

0
T
R I 2 dt (476)
Nous venons de montrer que lorsque, d’une part, la flèche qui sert
de repère pour l’évaluation de l’intensité I d’un courant et, d’autre Précisons encore que, si les phénomènes sont purement sinusoï-
part, la flèche qui, par convention, indique la différence de daux [§ 3.4.6 et (446) par exemple], on a :
potentiel U considérée, sont de sens opposés (figure 44), les rela-

tions à utiliser pour des éléments idéaux sont :  = R (ω) I 2 = R (ω) I 2
UR = + R I  tandis que, dans le cas général [§ 3.4.7 et (445)], on a alors :

dU I 
-----------C- = + -----  (472)  = R app ( ω ) I 2
dt C 
dI 
U L = L -------- 
dt
3.3 Circuits magnétiques
les signes « moins » correspondent aux cas où les flèches sont de
même sens. 3.3.1 Notion de réluctance
En régime sinusoïdal, les relations correspondantes :
La réluctance  d’un circuit magnétique, autour duquel N spires
UR = R I  (parcourues par un courant d’intensité I ) sont enroulées (figure 45),
 est définie par le rapport du produit N I (désigné par force
1  magnétomotrice ) au flux Φ d’induction magnétique dans le circuit :
j ω U C = ----- I  (473)
C 
 NI
UL = j ω L I  = --------- (477)
 Φ

fournissent respectivement les impédances Z = U / I soit : Quand la réluctance est bien déterminée (c’est-à-dire indépen-
dante de l’intensité I du courant), elle joue un rôle très utile
 puisqu’elle permet d’obtenir la grandeur intéressante (le flux Φ ) à
ZR = R  partir de la force magnétomotrice imposée.
1 
ZC = ---------------  (474) Pour assurer l’indépendance de la réluctance  vis-à-vis de
jωC
 l’intensité I du courant, il faut que deux critères, au moins, soient
ZL = j ω L  satisfaits :

1 o ) le théorème d’Ampère (30) doit être valable et, par
conséquent, le courant doit être invariable en fonction du temps ou
satisfaisant aux conditions des états quasi stationnaires (§ 2.3) ;
2o) tous les matériaux constituant le circuit doivent être idéaux
 
( B = µ i H pour le matériau i ).

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Les relations linéaires entre I et H ( r ) ( 1o ), H ( r ) et B ( r ) (2o), et
donc entre I et Φ, assurent ainsi une définition de  sans ambiguïté.
Dans le cas où seul le premier critère est respecté, la relation entre
Φ et N I ne peut être déterminée que par un calcul complet (par la
méthode des éléments finis par exemple) et la relation (477), même
avec une valeur bien choisie de  , ne peut fournir que des valeurs
approchées de Φ en fonction de N I.
Dans le cas où non seulement les deux critères que nous venons
d’énoncer sont satisfaits, mais encore les conditions suivantes sont
vérifiées :
— le circuit est constitué d’un seul matériau uniforme défini par
 
B = µH ;
— la section S du circuit est constante ;
on peut obtenir une expression approchée de la réluctance sous la
forme :
 Figure 45 – Représentation d’un circuit magnétique
 = -------- (478)
µS
 désignant la longueur du contour moyen du circuit magnétique.
L’analogie formelle entre cette expression (478) et celle (441)
concernant la résistance, définie sous des conditions du même type
[ ( J = γ E ) et ( S = Cte )], peut conduire, sans justification
directe [(503)], à proposer, pour la réluctance d’un circuit magnétique
composé d’éléments i (caractérisés par  i , µi et Si ) en série, l’expres-
sion traditionnelle suivante :
i
 = ∑ -------------
µi Si
- (479)
i

Cette formule, même approchée, montre que, pour un circuit


comprenant un entrefer (figure 45), le terme prépondérant de la
réluctance est celui en 1/µ0 .
Dans la suite du paragraphe 3.3, après voir donné les lois régissant
les tubes de flux, nous établirons des expressions exactes de la réluc-
tance  d’un circuit magnétique, ce qui nous permettra de donner
les conditions de validité des expressions traditionnelles.
Figure 46 – Définition des tubes de flux

3.3.2 Les tubes de flux tube élémentaire et correspond alors à un flux ∆Φ (∆Φ f pour le
 tube élémentaire f ).
La relation (7) divB = 0 montre que les lignes de flux (cf. par Les signes ne peuvent être définis que lorsque chaque grandeur
exemple repère c f de la figure 46) ne peuvent former que des est bien repérée : sur la figure 46 nous indiquons l’orientation
contours fermés. Un tube de flux est la partie de l’espace située à  
l’intérieur de l’ensemble des lignes de flux qui s’appuient sur une commune C de tous les contours moyens c f des tubes élémen-
courbe fermée (repère Γ ). taires ainsi que le sens repère de l’intensité I du courant sur la partie
À titre d’exemple, la figure 46 schématise une bobine comprenant supérieure (en trait plein et la seule visible) des spires de la bobine.
N spires et le tube A de flux (qui ne correspond qu’à une partie du Avant d’appliquer le théorème d’Ampère (30), nous remarquons
flux Φ relatif à la bobine). que, avec les conventions choisies sur la figure, sur chaque ligne

de flux, on a (en axes à droite) H ⋅ d c = H d d c de même
L’étude effectuée (§ 2.2.1.3) à partir de div J = 0 et relative aux
 
tubes de courant a montré que le flux de J (223) est constant quelle B ⋅ dS = B d dS quand dS est l’aire de la section droite du tube,
que soit la section considérée de ce tube de courant ; à partir de 
 tandis que la valeur de l’intégrale en J ⋅ dS est simplement + I pour
divB = 0 , la même technique mathématique appliquée au tube A une spire et donc N I pour l’ensemble de la bobine. Pour simplifier
de flux indique que le flux :
la suite de l’exposé, nous supprimerons les indices « d » à H et B .

ΦA =  
S ( Γi )
 
B ⋅ dS (480)
Dans ces conditions, la relation (30), quel que soit le tube élémentaire
f considéré, fournit toujours par intégration le long du contour moyen

c f de ce tube :
est constant quelle que soit la section Si considérée du tube A, que


celle-ci soit droite (c’est-à-dire orthogonale aux lignes de flux) θ = 2π
  d f
comme S 1 = S ( Γ 1 ) ou quelconque comme S 2 = S ( Γ 2 ) ; à l’inté- H f ( θ ) --------- d θ = NI (481)

rieur du tube, nous considérons des tubes élémentaires (repère f) θ = 0 ( cf )
de section ∆S très petite, les parois de ces tubes étant uniquement
constituées de lignes de flux ; la relation (480) s’applique à chaque

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la variable θ, qui, dans le cas général, n’est pas un angle, sert à repérer Pour un tube g, l’expression (482) s’écrit :
les différents points du contour cf , les surfaces θ = Cte étant ortho-


gonales aux lignes de flux de l’ensemble du tube (et non pas seu- θ = 2π
lement d’un tube élémentaire). Si les conditions sont telles (§ 2.2.1.5) Φ dg
 
1
------ --------------------------------------------- ----------- d θ = NI (486)
que l’on puisse utiliser H = – grad U m , les surfaces θ = Cte sont G µ ( g, θ ) ∆S g ( θ ) d θ
 θ = 0 ( cg )
les surfaces U m = Cte. La surface S ( Γ 1 ) qui est orthogonale aux
lignes de flux correspond ainsi à θ = θ1 et à U m = U m1 . La notation On en tire, d’après (477) :


θ ne doit pas faire croire que les systèmes examinés ont nécessai- θ = 2π
rement une symétrie de révolution ; la figure 45 fournit un exemple 1 dg
à ce sujet.  = - dθ
-------------------------------------------------- ---------- (487)
µ ( g, θ ) G∆S g ( θ ) d θ
θ = 0 ( cg )

3.3.3 Les deux expressions exactes de la réluctance cette expression est valable quel que soit le tube g considéré, ce
résultat étant dû à la définition particulière de ces tubes.
Ces expressions s’obtiennent en décomposant le système étudié La réluctance (487) correspond aux différents éléments mis en
en un très grand nombre de tubes élémentaires de flux, ces tubes série dans le tube élémentaire g considéré [(479)] ; de façon analogue
étant en parallèle les uns avec les autres. L’ensemble des flux élé-
mentaires ∆Φ doit fournir le flux total Φ. la résistance R d’éléments (Ri ) mis en série est R = ∑ Ri .
i
■ Pour obtenir la première expression de  , nous considérons
des tubes élémentaires f quelconques. Dans la section droite ■ Dans le paragraphe 3.3.4 nous donnons un exemple d’application
(repérée par θ ) du tube f, on a [(480)] ∆Φ f = B f (θ ) ∆S f (θ ). des deux expressions de  .
En introduisant la valeur µ (f, θ ) de la perméabilité au point
considéré, la relation (481) devient :
3.3.4 Circuit magnétique à section constante


2π composé d’un milieu uniforme
∆ Φf
 ----------------------------------------- d
- ---------f d θ = NI
 µ ( f, θ ) ∆S f ( θ ) d θ (482)
Même dans ce cas, le plus simple, la formule traditionnelle (478)
0 ( cf )
n’est valable qu’en introduisant une longueur équivalente  eq telle
et définit ainsi la réluctance ∆ f [par analogie avec la relation (477)] : que :
 =  eq / µ S (488)



NI 1 d cette longueur équivalente étant différente (assez peu en général)
∆ f = ---------- = ------------------------------------------ ---------f d θ (483)
∆ Φf µ ( f, θ ) ∆S f ( θ ) d θ de la longueur  du contour moyen du circuit, longueur qu’un obser-
0 ( cf ) vateur non averti pourrait croire être la bonne.
correspondant au tube f. ■ À titre d’exemple, considérons (figure 47) un tore, de rayon
Pour l’ensemble des F tubes élémentaires (en parallèle) du moyen r moy , d’axe Oz et de section droite rectangulaire (d’aire
système, il vient :
4ab ) sur lequel N spires jointives (et donc régulièrement espacées)
F F
1 ont été bobinées. Le matériau constituant le tore est uniforme (B = µH
Φ = ∑ ∆ Φf = NI ∑ ----------
∆ f
(484) avec µ > µ0 ) et compris entre les rayons (r moy – a ) et (r moy + a )
f=1 f=1
et z = ± b.
ce qui montre que [(477)] : Ce tore peut être ainsi identifié à bon droit avec le tube de flux
F
qui correspond au flux total Φ ; les surfaces orthogonales aux
1 1 lignes de flux sont repérées par θ = Cte où θ possède ici sa signifi-
------ =
 ∑ -----------
∆ f
(485)
f=1 cation habituelle d’angle [(481)] autour de l’axe Oz .
Cette expression est à rapprocher de celle concernant la résistance
R d’éléments (R f ) mis en parallèle, soit 1/R = ∑ ( 1/Rf ) .
f

■ Pour obtenir la deuxième expression de  , nous définissons un


ensemble particulier de G tubes élémentaires (en parallèle) en pré-
cisant que chacun de ces tubes g correspond au même flux ∆Φ = Φ /G
(les tubes élémentaires f correspondaient à un flux ∆Φ f quelconque).

Dans la suite de l’article, nous distinguerons toujours les tubes


f (flux ∆Φ f quelconque) des tubes g (flux Φ /G quel que soit le tube
considéré de cette famille).

Figure 47 – Coupe axiale d’un tore d’axe Oz et de section rectangulaire

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Considérons un tube élémentaire f qui est défini, sans précaution


spéciale, en indiquant que tous ses points sont à une distance r de
l’axe Oz telle que r f < r < r f + dr f , ce qui correspond à
dS f = 2 b dr f . L’adaptation de la première expression (482) fournit
alors :
d Φ f ⋅ 2π r f
- = NI
---------------------------- (489)
µ ⋅ 2b dr f

ce qui conduit à [(485) et (483)] :


r moy + a 
dr f µb r moy + a 
1 µb --------- = --------- ln  ---------------------- 
------ = ------- rf π  r moy – a  
 π r moy – a  (490)


µ ⋅ 4ab r moy r moy + a
= ----------------------- ------------ ln  ---------------------- 
2π r moy 2a  r moy – a  

Le dernier membre met en évidence le résultat simpliste qui


serait obtenu avec  = 2π r moy soit 1/  = [ µ ⋅ 4ab / 2π r moy ] .
En posant a = s r moy , la longueur équivalente  eq est :

2a 
 eq = 2π r moy --------------------------------------------------
r moy + a 
r moy ln ----------------------
r moy – a   
 Figure 48 – Longueur équivalente d’un tore
 (491) du type représenté sur la figure 47.
2 s 
= 2π r moy -------------------- = 2 π r moy m ( s ) 
1+s 
ln -------------
1–s
-
 Pour les tores à section quelconque, en désignant par S (r ) dr
la surface de la section droite qui est située à une distance comprise
où m (s ) tend évidemment vers l’unité quand s tend vers zéro
(figure 48a ). La longueur équivalente, définie par : entre r et r + dr de l’axe Oz (les valeurs extrémales de r sont notées
r inf et r sup), on a [(485)] :

 
r moy + a
r
1 1 dr  sup


(492)  S ( r ) dr 


-------- = -------- ---------------
 eq 2πr  ----------------------- 

 
2a r sup
 rinf 2 π r
r sup
r moy – a 1 S ( r )dr 
------ = µ ---------------------- = µ S ( r )dr  --------------------------------------
-
 2πr 
r sup

(496)
est plus petite que la longueur simpliste  = 2 π r moy , puisque les r inf
r inf  
faibles longueurs 2 π r des lignes de flux sont privilégiées dans (492).  S ( r )dr 
 rinf 
À titre d’exemple, nous avons représenté sur la figure 48b la coupe
perpendiculaire à l’axe Oz d’un tore qui correspond à s = 0,5 ; dans ce où, dans le dernier membre, le second facteur est l’aire de la section
cas, la longueur simpliste 2 π r moy conduit à une erreur de 9 %. droite tandis que le troisième est égal à l’inverse de la longueur
équivalente. On trouve ainsi, par exemple, pour un tore de section
Pour utiliser la deuxième expression (487), nous calculons d’abord 2
circulaire π r 0 avec r moy – r 0 < r < r moy + r 0 et s = r 0 /r moy :
le flux :


r moy + a  eq s2 s2 s2
µNI µb r moy + a ----------------------- = --------------------------------------- = p ( s ) = 1 – ------- – ------- – … (497)
Φ = -------------- 2 b dr = N I ---------- ln  ---------------------- (493) 2 π r moy
2 1 – 1 – s 2
4 16
2πr π  r moy – a 
r moy – a
En revenant au paragraphe 3.2.1.1, la résistance d’un tore de
puis la largeur ∆r g qu’il faut attribuer au tube élémentaire g (défini 2
même géométrie [ π r 0 ; r moy ; s = r 0 /r moy] est égale à
par r g < r < r g + ∆r g ) en nous servant de la relation (486) dont l’inté-
2
gration fournit : p (s ) (2 π r moy / γ π r 0 ).

µb r moy + a 2 π rg
------- N I ---------- ln  ---------------------- --------------------------- = N I
1
(494)
G π  r moy – a  µ 2 b ∆ r g 3.3.5 Circuit magnétique
composé d’une suite de milieux uniformes
ce qui, par l’intermédiaire de (487), conduit au résultat déjà
obtenu (490) :
En introduisant la perméabilité µi de chaque milieu i, l’expression
2 π rg (487) relative à un tube élémentaire g (avec ∆Φ = Φ /G) devient :
π


 = ------------------------------------- = ------------------------------------------------ (495)
µ G ( 2 b ∆ rg ) r moy + a θ g, i max
µ b ln  ---------------------- d g
r moy – a 1 1 
µ i  S  g, i
1
 = ∑ ------
µ i
- dθ =
------------------------------ -----------
G ∆S g ( θ ) d θ ∑ ------ ------ (498)
i i
et ce, quel que soit le tube considéré de la famille g. θ g, i min ( cg )
Nota : on pourrait critiquer ce type de calcul en indiquant qu’il ne sert à rien puisque
l’évaluation, obligatoirement préalable, de Φ fournit la réluctance [(493) et (477)]. L’intérêt
sera explicité au paragraphe 3.3.5.

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où θg, i min et θg, i max sont respectivement la plus petite et la plus L’élément  12 correspondant de la réluctance :
grande valeur de θ observée dans le milieu i le long du tube g ; c’est
1   U (θ ) – U (θ )
 12, α = -----µ-  -----S 12, β = ---------------------------------------------
1
l’intégrale en θ relative au milieu i qui définit le paramètre ( /S ) g, i .  12 = -------- ------ m 1 m 2
- (501)
µ0 S Φ
Nous savions déjà que la valeur  est toujours la même quel que
soit le tube considéré ; nous venons de montrer que l’expression peut ainsi s’exprimer en faisant intervenir des perméabilités diffé-
de  prend bien la forme traditionnelle  = ∑  i pour des élé- rentes ; pour le tube γ , situé entre α et β et indiqué seulement par
ments en série, mais l’insatisfaction s’instaure quand on remarque sa fibre moyenne cγ , nous avons même :
que ( /S ) g, i dépend du tube g considéré. 1  
 13, γ + -------
µ 0  S  32, γ
1
 12 = ----- ------ - ------ (502)
Pour mettre cette propriété en évidence, considérons un circuit µ S
magnétique comportant un entrefer (figure 45), en s’intéressant plus
particulièrement à la région voisine de celui-ci (figure 49) et aux Cet exemple, concernant l’élément  12 de la réluctance du cir-
tubes élémentaires α et β qui correspondent au même flux Φ /G. cuit examiné, montre que, de façon générale, dans les différentes
formulations de  relatives aux différents tubes élémentaires, le
Pour les tronçons de ces tubes compris entre les surfaces défi- facteur de (1/µi ) relatif au matériau i dépend du tube g considéré,
nies par
1 et
2 , l’utilisation de H = – grad U m fournit, en les différentes formulations de  conduisant malgré tout à la
remarquant que le tronçon relatif au tube α est dans l’air tandis même valeur numérique.
que le tronçon correspondant au tube β est dans un matériau de On ne peut donc s’affranchir du rôle d’un tube g particulier que
perméabilité µ : par une formulation portant sur tous les tubes, chacun de ces tubes
jouant le même rôle puisqu’ils correspondent au même flux Φ /G.

 
θ2 θ2 L’expression ainsi obtenue [(498)] :
dα d β
H α ( θ ) ----------- d θ = H β (θ ) ---------- d θ = U m ( θ 1 ) – U m ( θ 2 ) (499) G G
dθ dθ  1 
µ i ∑  S  g, i  rat
1 1
θ1 ( cα ) θ1 ( cβ )  = ------
G ∑ ------ ------ = ∑ ------ ------i-
µi Si
(503)
i g=1 g=1
soit encore :


justifie la formule traditionnelle en donnant l’expression rationnelle
θ2 (indice rat), mais compliquée !, de (  i /S i ) rat :
1 1 d α 
Φ -------- - dθ
--------------------------- ---------- 
µ0 G ∆S α ( θ ) d θ   G

 ------
S i  rat
= ------ ∑  ------ 
θ1 ( cα ) i 1
 - (504)


θ2
 (500) G S g, i
d  g=1

--------------------------- ---------- d θ = U m ( θ 1 ) – U m ( θ 2 ) 
1 1 β
= Φ -----
µ G ∆S β ( θ ) d θ
θ (c )  3.3.6 Détermination pratique de la réluctance
1 β

L’expression (504) a le mérite de montrer ce qu’il faudrait faire mais


paraît peu adaptée aux problèmes pratiques. À titre d’exemple, la
figure 50, dans sa zone hachurée, montre une partie de la zone à
explorer pour déterminer le terme prépondérant [en (1/µ0 )] relatif
à la réluctance d’un circuit magnétique présentant un entrefer
(figure 49).
Pour que l’influence d’un morceau de matériau i dans un circuit
magnétique puisse intervenir par la présence d’un terme (  i / µ i S i )
dans l’expression traditionnelle (479) de la réluctance, il faudrait
que toutes les conditions suivantes soient satisfaites :
 
— le matériau i doit être idéal ( B = µ H ) et uniforme [ µ ( r ) = µ i ]
quel que soit le point du matériau i ;
— le morceau doit avoir la forme d’un cylindre droit, la hauteur
étant désignée par  i et l’aire de la section droite par Si ;
— dans tout le volume du matériau, les lignes de champ doivent
être parallèles à la hauteur du cylindre ;
— il n’existe pas de lignes de champ à l’extérieur du matériau,
une des conditions nécessaires étant que µi soit extrêmement grand
par rapport à la perméabilité (µ0 le plus souvent) du milieu extérieur.
Dans ces conditions, les erreurs commises en utilisant la formu-
lation simpliste (479) sont liées aux situations suivantes :

— présence de milieux non idéaux où B n’est pas proportionnel

à H ;
— frontière commune (en série dans le circuit magnétique) de
deux milieux de perméabilités très différentes (cf. l’entrefer de la
figure 49) ;
— variations brusques de la section d’un matériau (figure 51) ;
— raccordement de deux parties (du même matériau ou de maté-
riaux différents) où les orientations moyennes privilégiées des
champs sont différentes (figure 52) ;
Figure 49 – Étude schématique détaillée du voisinage d’un entrefer

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— présence d’une courbure des lignes de champ (cette situation


est impossible à éviter puisque les lignes de champ sont obligatoi-
rement fermées).
L’évaluation des erreurs commises est très difficile. Nous
donnons ci-après, dans l’ordre adopté pour leur classement,
quelques commentaires à ce sujet.
a) Dans un circuit présentant un entrefer, le terme relatif à l’air
est très souvent le plus important ; les erreurs commises en ne tenant
 
pas compte des relations exactes entre B et H dans un milieu fer-
romagnétique sont alors faibles.
b) Le rôle d’un entrefer est très délicat à évaluer (figures 49 et 50).
Figure 50 – Zone à explorer pour déterminer le terme en 1/ 0
Dans la littérature, il est indiqué que la valeur simpliste  e / µ 0 S e est de la réluctance
plus élevée que la valeur réelle puisque les lignes de champ s’épa-
nouissent dans l’entrefer et que la surface à prendre en compte est
donc supérieure à Se . Il est en réalité difficile de conclure simplement
[(501)] parce que la longueur des lignes de champ est toujours supé-
rieure (ou égale) à  e , la surface effective ne pouvant croître sans
une augmentation corrélative de la longueur des lignes de champ.
Une évaluation expérimentale approchée peut être effectuée quand,
dans les matériaux qui limitent l’entrefer et pour tous les points P
 
de la surface correspondante, le rapport B P / µ 0 H P est très grand
devant l’unité ; dans le cas particulier où le matériau est idéal (avec
 
B = µ H ) cette condition revient à µ / µ 0 1 .

Les lignes de champ ( H ) dans l’air (figure 49) sont alors quasi
orthogonales aux surfaces libres de ces matériaux, chacune de ces
surfaces correspondant à une valeur quasi constante du potentiel
magnétique U m . Cette situation est à rapprocher de celle des lignes
Figure 51 – Portion de circuit magnétique
de champ ( E ) dans l’air, qui sont orthogonales aux surfaces libres présentant une variation brusque de section
d’un conducteur (métal par exemple) quand celui-ci n’est parcouru
par aucun courant. On peut alors rapprocher l’expression de la capa-
cité entre deux conducteurs i et j situés dans l’air [(216)] :

Qi Si

ε 0 E ⋅ n si dS
C = ---------------- = -----------------------------------------------
- (505)

Vi – Vj j
E ⋅ d
i

de celle de la réluctance d’un entrefer entre deux parties i et j situées


dans l’air [(501)] : Figure 52 – Portion de circuit magnétique présentant un coude


j

U mi – U mj H ⋅ d c) L’effet d’un changement de section dans un matériau est très
i
 = --------------------------- = ------------------------------------------------ difficile à évaluer. Quand la perméabilité µ de ce matériau est très

Φi (506)
 grande devant celle de l’air, la quasi totalité des lignes de champ
µ 0 H ⋅ n si dS se trouvent dans le matériau, de sorte que l’adaptation des expres-
Si
sions relatives aux résistances de la même forme que celle de la
Les expressions (505) et (506) montrent que, si les mêmes partie de circuit magnétique étudié fournit une bonne estimation.
formes extérieures sont adoptées, la mesure de C peut donner une À titre d’exemple (figure 51), le passage d’un barreau cylindrique
valeur approchée de  : circulaire (section πa 2, longueur  A ) à un barreau de même type et
ε0
 = -------------
- (507) de même axe (section πb 2, longueur  B , b < a ) correspond à la réluc-
µ0 C tance supplémentaire :

puisque E et H sont régis par le même type d’équation

( ∆ E = 0 , ∆H = 0 ) , satisfaisant les mêmes conditions aux limites.
1
b
 
 S = --------- 0,250 0 – 0,354 0 -----
µb a
(508)
Il faut remarquer que, pour évaluer l’influence d’un matériau i,
une expression du type (507) obtenue en remplaçant µ0 par µi ,
b
 
+ 0,015 8 -----
a
2
 
b
+ 0,038 2 -----
a
3
 
b
+ 0,050 0 -----
a
4

n’est pas générale ; la validité n’est assurée que dans le cas où les
lignes de champ sont orthogonales aux surfaces de séparation qui s’obtient en remplaçant 1/ γ par 1/µ dans l’expression de la résis-
entre ce matériau i et les matériaux adjacents du circuit. tance supplémentaire [10] liée à cette géométrie.

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La réluctance totale relative aux deux barreaux est alors : La condition 1 est satisfaite pour la plupart des matériaux conduc-
teurs utilisés en électrotechnique, à l’exception notable des corps
A B ferromagnétiques. La condition 2 dépend du système examiné ;
- +  S + -----------------
 = ---------------- - (509)
µπa2 µπb2 cependant, nous donnons dans le paragraphe 3.4.7 des indications
relatives aux cas où les grandeurs subissent des variations pério-
en négligeant les effets d’extrémités en A et B. La réluctance sup- diques, mais non sinusoïdales, du type f (ω t ). La condition 3 est
plémentaire varie depuis (1/4µb ) pour b /a tendant vers zéro jusqu’à toujours satisfaite dans le seul cas utile des conducteurs, quand on
évidemment zéro pour b = a . néglige les interactions entre ces conducteurs et le milieu extérieur.
d) Le calcul de l’effet d’un changement de la direction moyenne 
Les conditions précédentes montrent que les champs E et H
du champ est très difficile à effectuer. On peut seulement espérer sont régis par les relations (425) et (426), qui mettent en évidence
obtenir le résultat relatif à un coude (figure 52) dans un seul matériau le rôle de l’épaisseur de peau δ .
quand l’épaisseur du circuit (selon la direction Oz ) est constante et
Nous allons étudier l’effet de peau (et la puissance dissipée) dans
très grande devant a et b .
le cas de plusieurs dispositions géométriques, où nous supposons
e) La courbure des lignes de champ et, de façon plus générale, toujours que les différents conducteurs sont seuls et placés dans l’air
la non-uniformité de la longueur totale relative à chaque tube que nous assimilerons au vide.
élémentaire sont toujours présentes. L’étude effectuée au para-
graphe 3.3.4 montre que cet effet peut être négligé quand l’épaisseur
du circuit (dont S donne une idée) est suffisamment petite [(492)] 3.4.3 Effet de peau au voisinage d’une surface
devant l’étendue générale du circuit. plane d’un conducteur de grande épaisseur

En conclusion, la formule traditionnelle (479) permet d’avoir 3.4.3.1 Définitions particulières


un ordre de grandeur de la réluctance d’un circuit avec des
erreurs difficiles à évaluer (de 1 à 10 % ou plus ?). Si on désire Nous désignons par x = 0 la surface plane considérée, l’axe Ox
augmenter la précision (dans le cas où la réluctance peut être étant dirigé vers l’intérieur du conducteur. Nous choisissons pour
définie sans ambiguïté, c’est-à-dire si tous les matériaux sont
idéaux), il faut se donner beaucoup de mal. Dans tous les cas, les axe Oy la direction constante des densités de courant J , l’axe
méthodes de calcul par éléments finis permettent de déterminer Oz venant compléter le trièdre trirectangle Ox , Oy , Oz d’axes
la relation Φ = Φ (N I ).
à droite (figure 53). Nous idéalisons le problème en supposant que
le conducteur est infini dans les directions Oy et Oz. Le milieu exté-
rieur impose une densité superficielle de courant (en A · m–1) telle
3.4 Effet de peau que :
dI
-------- = Js ( t ) = J s max cos ω t (510)
3.4.1 Généralités dz
J s max étant constant.
L’expression effet de peau est relative aux phénomènes qui se pro-
duisent quand un conducteur est parcouru par un courant électrique
dépendant du temps. L’expérience et la théorie montrent alors que 3.4.3.2 Répartition des champs
la densité de courant n’est pas uniforme : il y a concentration des Dans le problème idéalisé que nous considérons, les dérivées par
lignes de courant vers la surface extérieure du conducteur, cet aspect rapport à y et z doivent être nulles ; les différentes grandeurs ne
étant d’autant plus marqué que la vitesse temporelle de variation peuvent donc dépendre que de x et t . Les conditions définies aux
du courant est plus grande. Pour un courant périodique dont l’inten- paragraphes 2.4.4.6 et 2.4.4.7 sont alors réalisées et par conséquent
sité est du type I 0 f (ω t ) [où I 0 est constant et f (ω t ) une fonction les relations (416) et (418) sont valables puisque, d’une part, la direc-
quelconque], l’effet de peau entraîne, en fonction de la pulsation ω,
une augmentation de la puissance dissipée par effet Joule. tion de J impose que seul Ey soit non nul et que, d’autre part, une
solution du type (404) où Ey varierait en exp (β x ) = exp (x /δ ) ne peut
être envisagée puisqu’elle correspond à des grandeurs tendant vers
3.4.2 Cadre de l’exposé l’infini au fur et à mesure que x augmente.
L’évaluation de :


Nous supposons que toutes les conditions suivantes sont ∞
réalisées. Js ( t ) = E y ( x, t ) dx (511)
0
1o ) Le matériau considéré est idéal, uniforme et donc régi par
  conduit à :
B = µ H , D = ε E et J = γ E , µ, ε et γ étant des constantes.



2o ) La grandeur électromagnétique imposée par les conditions
extérieures varie sinusoïdalement en fonction du temps, ce qui J s max exp ( j ω t ) = γ E Oy
0 
x
  x
exp – ----- exp j ω t – -----
δ δ 
dx (512)
entraîne, via des relations linéaires (1o ), le même type de compor-
tement pour toutes les autres grandeurs. ce qui montre que :
3o ) Il est possible d’utiliser les lois des états quasi stationnaires 1+j 2 π
(§ 2.3), en négligeant le rôle de ∂ D /∂t devant celui de J dans
E Oy = ------------ J s max = --------- J s max exp j -----
γδ γδ 4   (513)


l’expression de rot H [relation (219)] ; la permittivité ε n’apparaît d’où [(406) et (427)] :
donc pas dans nos expressions.
 =J
1–j 1+j
H Oz = ----------------- ------------ J s max (514)
ωµδ γδ s max

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Les valeurs observables sont donc : Ce résultat peut être obtenu beaucoup plus rapidement en
considérant le flux du vecteur de Poynting sur la surface extérieure
ωµ x x π (x = 0) [(76)] :
E y ( x,t ) = J s max
γ δ  
---------- exp – ----- cos ω t – ----- + -----
δ 4   (515)
 
------------- =  E ∧ H  ⋅ n e =  E ∧ H d  x (1)
d
dS yz  (521)
x x 
H z ( x,t ) = J s max
δ  
exp – ----- cos ω t – -----
δ   (516)
= E y (x = 0, t ) H z (x = 0, t )


d’où, pour la moyenne temporelle [(513) et (514)] :
2 J s max x π
 
x
J y ( x,t ) = -------------------------- exp – ----- cos ω t – ----- + -----
δ δ δ 4   
 2

x π


(517) d 1

--------------- = ----- Re E Oy H* = ----------------
J s max
-
ωµ
---------- (522)
δ 4 
= J y max ( x ) cos ω t – ----- + -----  
dS yz 2 Oz
2 2 γ

l’astérisque indiquant qu’il s’agit d’une valeur conjuguée.


La présence du facteur exp (– x /δ ) montre que les courants ne
peuvent circuler qu’au voisinage de la surface, dans une écorce dont L’expression générale de la puissance moyenne dissipée dans
l’épaisseur est de l’ordre de quelques δ ; l’affaiblissement corres- une résistance R parcourue par un courant d’intensité I max cos ω t,
2
pondant, par rapport à la valeur 2 J s max / δ réalisée en x = 0, est soit  = ( 1/2 ) R I max , permet de traduire les pertes que nous
de 0,37 pour x = δ, de 10–1 pour x = 2,3 δ, de 10–2 pour x = 4,6 δ, venons de calculer par l’effet d’une résistance équivalente.
de 10–3 pour x = 6,9 δ . Pour un prisme (figure 54) défini par x > 0, 0 < y < b, 0 < z < c et
parcouru (dans le sens des y ) par un courant d’intensité
La figure 53 donne symboliquement les orientations relatives de
 c J s max cos ω t, la résistance correspondante R est ainsi déterminée
J , E et H à un instant donné. par [(520)] :
2
J s max 1
3.4.3.3 Puissance dissipée  = ------------------- bc = ----- R ( c J s max ) 2
2γ δ 2
La moyenne temporelle de la densité volumique de la puissance 1 b
dissipée s’obtient par [(432)] : soit R ( ω ) = ----- ------------------ (523)
γ c δ (ω )
d ( x ) 1 2 Pour rendre compte de la puissance dissipée, on imagine sou-
------------------ = J y ( x, t ) E y ( x , t ) = ----- J y ( x , t ) (518)
d γ vent un modèle dans lequel la densité de courant Jy est uniforme
dans une couche d’épaisseur  et nulle partout ailleurs, soit :
ce qui conduit, Jy (x, t ) variant sinusoïdalement en fonction du
temps, à [(517)] : J s max
J y ( x, t ) = ------------------ cos ω t 0<x< 
2   (524)
d ( x ) 1 1 2J s max 2x Jy ( x , t ) = 0 
  x>
2
------------------ = --------- J y max ( x ) = --------- ----------------------
- exp – --------- (519)
d 2γ 2γ δ2 δ
La puissance moyenne qui serait alors dissipée s’obtient par
la puissance moyenne globale dissipée est donc caractérisée par la [(518)] :
densité superficielle :
2

 
 
2
d 1 2  J s max J s max
∞ ∞  -------------- =  ----- J y ( x, t ) = --------- ------------------ = ------------------
- (525)
2 dS yz γ 2γ  2γ 
d ( x ) J s max 
 
d 2x
-------------- = ------------------ dx = ----------------
- exp – --------- d x 
dS yz d γ δ2 δ  et correspond à la valeur exacte pour  = δ .
0 0
 (520)
2 2  L’expression (523) de R reçoit ainsi une interprétation simple, mais
J s max J s max ω µ  il ne faut surtout pas en déduire que l’on peut confondre modèle
- = ----------------- ----------
= ----------------- 
2γ δ 2 2 γ 
et réalité : la densité de courant Jy (x, t ) est régie par (517) et non
par (524).


Figure 53 – Orientations relatives symboliques de J , E et H
au voisinage de la surface (x = 0) d’un conducteur (x > 0)

parcouru par un courant dans la direction Oy .

Figure 54 – Définition d’un volume prismatique


au sein du conducteur considéré sur la figure 53

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3.4.4 Effet de peau dans une plaque L’évaluation de [(526) ]:


d’épaisseur finie

J s = Re J s max exp ( j ω t ) 

3.4.4.1 Définitions particulières


 (531)
+a
x 
= Re γ A 1 ch ( 1 + γ ) ----- exp ( j ω t ) dx
Nous considérons une plaque définie par – a < x < a . Nous choi- –a δ 
sissons pour axe Oy la direction constante du courant imposé par
l’extérieur (figure 55), avec pour expression de la densité super- montre ensuite que A 1 est déterminé par :
ficielle de courant :
2 γ A1 δ
a

 J s max = ---------------------- sh ( 1 + j ) ----- (532)


+a
dI (1 + j) δ
-------- = J s ( t ) = J y ( x, t ) d x = J s max cos ω t (526)
dz –a

Pour simplifier le problème, nous supposons que la plaque est d′où


( 1 + j ) J s max
x
E y ( x ) = ---------------------------------------------------- ch ( 1 + j ) ----
δ


infinie dans les directions Oy et Oz ( Ox , Oy , Oz définissant un 2 γ δ sh ( 1 + j ) -----

δ
a 

trièdre trirectangle à droite).  (533)
et
J s max
x
H z ( x ) = – ------------------------------------------- sh ( 1 + j ) -----
δ


3.4.4.2 Répartition des champs

2 sh ( 1 + j ) -----
a
δ


Les dérivées par rapport à y et z sont nulles et les différentes gran-
deurs ne peuvent dépendre que de x et de t. Dans le problème pré- La figure 55 donne symboliquement les orientations relatives de
cédent (§ 3.4.3.2), nous n’avons considéré qu’une solution du 
E , J et H à un instant donné.
problème, celle correspondant à une propagation dans le sens Ox .
Dans notre problème, dont le domaine (– a < x < a ) est limité, il faut Pour comprendre l’évolution des phénomènes en fonction de la
au contraire considérer les sommes [(403), (404) et (427)] : fréquence, il est intéressant de considérer deux cas limites :
1o ) dans le premier cas [(a 2 /δ 2 ) = (ω µ γ a 2 /2)  1], les dévelop-
x
δ
x
E y ( x ) = E 0 + exp – ( 1 + j ) ----- + E 0 – exp ( 1 + j ) -----
δ
(527)
pements :

et, avec la relation (383) :


J s max
2a 3x 2 – a 2
J y = γ E y = ----------------- 1 + j -----------------------
3 δ2
-+…


 (534)
1 dE y
H z ( x ) = – -------------- ----------
j ω µ dx


J s max x
x2–a2
-+…
H z = – ----------------------- 1 + j -------------------
2a 3 δ2



 (528)
1–j
x
δ
1–j

x 
= --------------- E 0 + exp – ( 1 + j ) ----- – --------------- E 0 – exp ( 1 + j ) ----- 
ωµδ ωµδ δ
montrent que, en première approximation [ω → 0 et δ → ∞], l’inten-
sité du courant se répartit de façon uniforme, le champ magnétique
variant alors linéairement avec x ; la seconde approximation intro-
soit encore : duit une correction parabolique [de moyenne nulle pour J y , nulle
sur les bords (x = ± a ) pour H z ] ;
x

x
E y ( x ) = A 1 ch ( 1 + j ) ----- + A 2 sh ( 1 + j ) -----
δ δ

(529) 2 o ) dans le deuxième cas [(a 2 / δ 2 ) = ( ω µ γ a 2 /2)  1], les
expressions :
1–j
x 1–j

x

H z ( x ) = – --------------- A 1 sh ( 1 + j ) ----- – ---------------- A 2 ch ( 1 + j ) ----- (530)


ωµδ δ ωµδ δ
Jy = γ Ey 

les paramètres (complexes) A 1 et A 2 résultant de combinaisons ≈
( 1 + j )J s max

a–x

a+x
- exp – ( 1 + j ) ------------- + exp – ( 1 + j ) --------------
--------------------------------
δ δ

 (535)


linéaires de E 0 + et E 0 – .

-
– exp – ( 1 + j ) --------------
(536)
exp – ( 1 + j ) a------------
La plaque étant seule dans l’espace, la répartition de la densité
J –x a+x
de courant Jy doit être symétrique par rapport au plan médian défini Hz ≈ – -----------------
s max
-
2 δ δ
par x = 0 ; l’égalité Jy (x ) = + Jy (– x ) montre alors que A 2 doit être
nul (pour le sceptique, indiquons que l’on peut établir que la puis- montrent que la densité de courant est pratiquement localisée (à 1 %
sance dissipée est minimale, à J s max constant, quand A 2 est nul). près) dans deux couches : (a – 5 δ ) < x < a pour l’exponentielle en
(a – x ) ; – a < x < (– a + 5 δ ) pour l’exponentielle en (a + x ), les varia-
tions significatives de H z ( x ) se produisant évidemment dans les
deux mêmes zones ; au voisinage de chaque surface libre (x = a
et x = – a ), nous observons ainsi ce que nous avons décrit dans le
paragraphe 3.4.3.2.
L’étude des deux cas limites [ ( a / δ )  1 ; ( a / δ )  1 ] permet de
prévoir l’évolution générale des phénomènes en fonction de la
fréquence ; la figure 56 n’en donne qu’une représentation symbo-
lique parce qu’il est impossible de traduire sur un seul diagramme
des variations des types Hz (x, t ) = H max (x ) cos [ω t + ϕ H (x )] et
Ey (x, t ) = E max (x ) cos [ω t + ϕ E (x )] ; on remarquera néanmoins que
Hz (a, t ) = – Hz (– a, t ) = – (J s max /2) cos ω t.

Figure 55 – Orientations relatives symboliques de J , E et H
dans une lame (– a < x < a ) parcourue par un courant

dans la direction Oy

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3.4.4.3 Puissance dissipée qui est égal à deux fois la puissance dissipée à la surface d’un
conducteur épais parcouru par un courant (Js max /2) cos ω t [(522)].
La moyenne temporelle de la puissance dissipée peut s’obtenir
par trois procédés :
— la moyenne de J 2/γ (qui conduit à des calculs très lourds) ;
— l’utilisation du vecteur de Poynting ;
— la détermination de l’impédance correspondante.
■ L’utilisation du vecteur de Poynting, en reprenant (521), nous
donne ici, en considérant les deux faces x = a et x = – a de la lame et
leur normale entrante :
d
-------------- = [ E y ( a, t )H z ( a, t ) ] ( – 1 ) + [ E y ( – a , t )H z ( – a , t ) ] ( + 1 ) 
dS yz  (537)
= E y ( a , t ) J s max cos ω t 

la dernière expression ayant été obtenue en tenant compte des


symétries ; la moyenne temporelle correspondante est ainsi,
avec (533) :

d 1

-------------- = ----- Re E y ( a, t ) J*
dS yz 2 s max 

2 
J s max  a  
= ------------------ Re  ( 1 + j ) coth ( 1 + j ) -----   (538)
4γ δ  δ  
2 2 
J s max 1 J s max 
= ------------------ ------ f ( α ) = ------------------ f ( α ) 
4γ δ α 8γ a

où la fonction f (α) qui intervient est définie par :

2a 
α = ---------- = a 2 ω µ γ
δ 
sh α + sin α  (539)
f ( α ) = α --------------------------------- 
ch α – cos α 

Cette fonction présente deux formes asymptotiques :

pour α1, f (α) → f 0 (α) = 2  Figure 56 – Variations symboliques de Hz et Ey


 (540)
pour α1, f (α) → f ∞ (α) = α 
dans la lame de la figure 55 pour trois pulsations

qui ont un point commun en αc = 2 ; le point de concours des


asymptotes correspond à la pulsation ωc définie par [(539)] :
2a
2 = --------------- 
δ ( ωc ) 
2  (541)
ω c = ---------------- 
a 2µ γ 

À titre d’exemple, pour du cuivre (γ = 0,6 · 108 Ω –1 · m–1, µ = µ0 ),


la fréquence f c est de 1,69 · 102 Hz pour une épaisseur 2 a = 1 cm et
de 1,69 · 10 4 Hz pour 2 a = 1 mm.
La figure 57 montre que la fonction f (α ) peut pratiquement se
confondre avec ses asymptotes [f (2) = 2,171]. La puissance moyenne
dissipée peut ainsi approximativement s’exprimer sous deux formes
[(538), (539) et (540)] :
— pour    c , soit a  (  ) , on obtient :
2
d J
--------------
dS yz
≈ ----------------
s max
4γ a
- (542)

ce qui correspond à la puissance dissipée par une densité de courant Figure 57 – Fonction f (  )
uniforme J = (Js max /2 a ) cos ω t dans la totalité de l’épaisseur de la
plaque ;
— pour    c , soit a  (  ) , on obtient :
2 2
d J 1 2 ωµ J s max ω
-------------- ≈ ----------------
s max
4γ δ
- = -------------- J s max ---------- = ----------------- ------ (543)
dS yz 4 2 γ 4 γ a ωc

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■ Pour obtenir l’impédance relative au morceau de plaque défini 3.4.5 Effet de peau dans un fil de section circulaire
par [– a < x < a , 0 < y < b , 0 < z < c ], le courant d’intensité
c Js max cos ω t circulant dans la direction Oy, nous pouvons [les 2
mesures ne pouvant être effectuées que sur les surfaces (x = ± a ) de Nous considérons un fil conducteur d’axe Oz, de section πr 0 , par-
la plaque] considérer le rapport [(533)] : couru par un courant dont l’intensité est I = I 0 cos ω t . La symétrie
circulaire et la considération d’un morceau de fil suffisamment long
bE y ( x = a )
Z = -------------------------------
b a
= ------------------- ( 1 + j ) coth ( 1 + j ) ----- = R + j X (544) permettent de supposer qu’en coordonnées cylindriques r, θ, z le
c J s max 2cγ δ δ problème ne dépend plus que de r et t. Les expressions des champs
Ez (r, t ) et Hθ (r, t ) font intervenir [1] les fonctions de Bessel J 0 ( s )
La détermination de la puissance moyenne dissipée, au moyen
de R [avec (539)], soit : et J 1 ( s ) de la variable :

sh α + sin α 3π r
 
b b r 
R ( α ) = ------------------- ------------------------------------ = ------------------ f ( α ) (545) s = s ( r ) = ( – 1 + j ) ----- = 2 exp j ------- -----
2 c γ δ ch α – cos α 4γ ca δ 4 δ 
 (549)
3π 
conduit au résultat (538) :
4 
= exp j ------- r ωµγ  

d R ( c J s max cos ω t ) 2  La détermination de la résistance d’un tronçon de longueur  , avec


-------------- = -----------------------------------------------------
- 
dS yz bc  s 0 = s ( r 0 ) donne :
2 2  (546)
b c 2 J s max J s max   Ez ( r0 ) s0 J0 ( s0 )
= ------------------ f ( α ) ------------------------- = ----------------- f ( α )  
4γ ca 8γ a R ( ω ) = Re --------------------- = -------------------- Re --------------------------- (550)
2bc  I0 2πγ r0 2 J1 ( s0 )
L’étude déjà effectuée de f (α) montre que R (α) (545) peut prati-
cela conduit alors dans les cas limites :
quement s’obtenir en faisant intervenir soit f 0 ( α ), soit f ∞ ( α )
2 2
[relations (540)] : — pour r 0 /4 δ 2 = ω µ γ r 0 /8 =  /  c  1 , à :
— pour    c , avec f 0 (α ) :
 1 
b b R ( ω → 0 ) → -------------------2- 2 = ----- --------2- = R ( 0 ) (551)
R (α) ≈ R0 ( α ) = ------------------ 2 = ------------------ = R ( 0 ) (547) 2πγ r0 γ πr
4γ ca 2γ ca 0

expression classique relative au courant continu ; qui est l’expression classique relative au courant continu ;
— pour    c , avec f ∞ (α ) : 2 2
— pour r 0 /4 δ 2 = ω µ γ r 0 /8 =  /  c  1 , à :
b 2a b a ω
R (α) ≈ R∞ ( α ) = ------------------ --------- = ----------------- = R ( 0 ) ----- = R ( 0 ) ------ (548)

4γ ca δ 2γ cδ δ ωc  r
R ( ω → ∞ ) → R ∞ ( ω ) = -------------------2- ----0- 
2πγ r0 δ 
Les asymptotes de la courbe relative aux variations de  (552)
lg [R (ω )/R (0)] = lg [f ( α )/2] en fonction de : 1  ω 
= ----- --------------------- = R ( 0 ) -------- 
γ 2 π r0 δ ωc 
lg (ω /ωc ) = lg (ω a 2 µ γ /2) = lg (a 2 /δ 2) = lg (α2 /4)
sont représentées sur la figure 58, les différents points correspon- où tout se passe comme si la section offerte au courant était
dant aux valeurs exactes. Ces asymptotes suffisent donc pour déter- 2 π r 0 δ ce que l’on retrouve au moyen de (523) avec c = 2 π r 0 .
miner pratiquement l’évolution de R (ω )/R (0) et de la puissance La valeur commune des deux formes asymptotiques correspond
dissipée. À titre d’exemple, pour ω = ωc [soit α = 2 et δ (ω c ) = a], on à r 0 = 2 δ (ω c ) = 2 δc et définit ainsi la pulsation typique :
obtient R c = 1,085 R (0).
8 2
ω c = --------------2- = ---------------2- (553)
µγ r0 µγ δc

dont les valeurs numériques coïncident avec celles de ωc (541) pour


r 0 = 2 a.
Les asymptotes de la courbe relative aux variations de
lg [R (ω ) /R (0)] en fonction de lg (ω /ωc ) sont identiques à celles
considérées lors de l’étude de la lame et représentées en trait plein
sur la figure 58 ; la croix correspond à la valeur exacte de
R (ωc ) = 1,26 R (0). L’évolution de la puissance dissipée est donc
encore pratiquement déterminée par les deux asymptotes.

3.4.6 Effet de peau dans un fil de section quelconque


et remarque générale

Pour un fil de section quelconque (d’aire S et de périmètre P ), les


deux expressions asymptotiques de la résistance R (ω ) d’un tronçon
de longueur  sont :
Figure 58 – Évolution de la résistance d’une plaque 
R 0 ( ω ) = --------- = R ( 0 ) 
parcourue par un courant variant sinusoïdalement en fonction du temps γS 
  (554)
R ∞ ( ω ) = ------------------------ 
γ P δ (ω) 

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l’expression de R ∞ (ω ) étant basée sur l’étude effectuée au § 3.4.4.3. avec une résistance unique Rapp (ω ) traduisant l’ensemble des phé-
En définissant la pulsation typique ω c par S = P δ (ωc ), on obtient : nomènes, le calcul préalable de [(556) et (561)] :
1
∑ I n max
2
 I 2 = ------ (563)
2P2 2
ω c = ----------------
- 
S 2µ γ 
 (555) montre que :
ω 
soit R ∞ ( ω ) = R ( 0 ) ------ ∞
ωc 

2
 R ( n ω ) I n max
n=1
R app ( ω ) = ----------------------------------------------

- (564)
Nota : en remarquant que l’expression générale (555) de ωc permet de retrouver les

2
résultats particuliers relatifs soit à une plaque d’épaisseur 2 a (541), soit à un fil de section I n max
2
circulaire π r 0 (553), nous voyons que la figure 58 fournit, quelle que soit la section du n=1

conducteur étudié, les valeurs asymptotiques des variations de lg [R (ω )/R (0)] en fonction
de lg (ω /ω c ). La géométrie de la section n’intervient que pour les pulsations voisines de ω c Pour le morceau de plaque [– a < x < a, 0 < y < b, 0 < z < c]
[R (ω c ) = 1,085 R (0) pour la plaque et R (ω c ) = 1,26 R (0) pour le fil à section circulaire]. considéré au paragraphe 3.4.4.3, parcouru dans la direction Oy par
le courant défini par (556), nous trouvons ainsi [(545)] :

3.4.7 Cas des courants périodiques non sinusoïdaux

2
f ( α n ) I n max
b n=1
Ces courants intervenant de plus en plus en électrotechnique, nous R app ( ω ) = ----------------- -------------------------------------------------- (565)
4γ c a ∞
∑ I n max
considérons le problème général où un courant périodique, dont 2
l’intensité, du type : n=1

∞ α et δ se référant à la pulsation fondamentale, avec [(539)] :


I 12 (ω t ) = ∑ I n max cos ( n ω t+ ϕ n ) (556)
n=1 α = ( 2a/ δ ) = a 2 ωµγ
correspond, aux bornes d’une impédance, à une différence de Sur la figure 59, nous avons porté, en fonction de lg (ω /ω c ) [où
potentiel : ω c est toujours défini par l’expression (541)], les asymptotes des

V 1 (t ) – V 2 (t ) = U (t ) = ∑ U n max cos ( n ω t+ ψ n ) (557) courbes relatives aux variations de lg [f ( α n ) ] avec n = 1, 2 et 3 ;
n =1
pour f ( α n ) , le point de concours des asymptotes, f0n = 2 et
Dans la moyenne de la puissance calculée sur une période T f ∞n = α n , correspond à la pulsation ω cn telle que :
(T = 2π /ω ) :
2 = a 2 ω cn µγ n 
∞ ∞ 
 =  n∑= 1 Un max cos ( n ω t+ ψ n )  p∑= 1 Ip max cos ( p ω t+ ϕp )  (558) soit ω cn
2 ω
- = -----c-
= --------------------
 (566)

a 2 µγ n n 
il ne subsiste que les termes en nn, tous les termes en np (avec p ≠ n)
conduisant à une valeur nulle, d’où :

 = ∑ Un max cos ( n ω t+ ψ n ) I n max cos ( n ω t+ ϕ n )
(559)
n=1

La décomposition de :
Un max cos ( n ω t+ ψ n )
π
= R n In max cos ( n ω t+ ϕ n ) + X n In max cos  n ω t+ ϕ n + ------ (560)
 2

fait apparaître la composante en phase avec le courant (avec la nota-


tion ainsi justifiée de Rn ), cette composante étant la seule qui apporte
une contribution non nulle :

1 ∞ 1 ∞
 = ------ ∑ Rn I n max = ------ ∑ R ( n ω ) I n max
2 2
(561)
2 n=1 2 n=1

puisque Rn = R (n ω ) est la résistance qui serait observée si l’intensité


du courant ne comportait qu’un seul terme, celui en cos (n ω t + ϕ n ).
Par ailleurs, si on veut conserver l’expression traditionnelle de la
puissance moyenne dissipée [(445)] :

 = R app ( ω ) I 2 (  t ) (562)

Figure 59 – Asymptotes des courbes lg [ f (  n ) ]


en fonction de lg (  /  c )

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En n’utilisant que les différentes asymptotes, nous avons [(564)] :




2
2 I nmax
b n=1 1 b
R app ( ω → 0 ) ≈ --------------- -------------------------------- = ----- ------------ = R app ( 0 ) = R ( 0 ) (567)
4γ c a ∞ γ 2ca
∑ I nmax
2

n=1



2
a 2 ωµγ n I n max
b
R app ( ω → ∞ ) → R app∞ ( ω ) = ----------------- n--------------------------------------------------------------
=1
∞ -
4γ c a
∑ I n max
2

n=1


2
n I n max
ω n=1
soit R app∞ ( ω ) = R ( 0 ) -------- -------------------------------------
∞ (568)
ωc
∑ I n max
2

n=1

L’expression de Rapp (0) n’est pratiquement valable que pour


ω < ωcp = ωc /p où p est le rang du dernier harmonique notable
(figure 59) de I (ω t ) tandis que Rapp ∞ (ω ) peut être utilisé dès que
ω > ωc ; dans la zone intermédiaire ωc, r + 1 < ω < ωcr (par exemple,
la pulsation ω* de la figure 59 correspond à r = 2), nous obtenons :
r ∞
ω
∑ - ∑
2 2
I n max + ------- n I n max Figure 60 – Évolution de la résistance apparente d’un conducteur
n=1 ω c n = r+1 en fonction de la fréquence pour trois formes de courant
R app ( ω ) ≈ R ( 0 ) --------------------------------------------------------------------------------------------
∞ - (569)
∑ n max
2
I
n=1 Le calcul de :
D’après ce que nous avons établi au paragraphe 3.4.6, les ∞ 2 ∞
16 I B 1 
∑ ∑
2
expressions (568) et (569), obtenues uniquement à partir des asymp- I n max = -------------
- ------------------------ 
π2 ( 2q – 1 ) 2 
totes R (0) et R ∞ ( n ω ) = R ( 0 ) n ω / ω c , sont valables, quel que soit n=1 q=1

le conducteur considéré, à condition de choisir l’expression conve- 2 ∞ ∞ 
nable (541), (553) ou (555) de ωc. Les variations ainsi déterminées 16 I B 1 1 
(figure 60) de lg [Rapp (ω )/R (0)] en fonction de lg (ω /ω c ) ne dépen-
= -------------
π2
- ∑ -----2- – ∑ --------------2-
n n = 1 (2n)
 (573)
n=1 
dent donc plus que de la forme de l’intensité I (ωt) du courant par 
2 
16 I B  1 π2
- 1 – --- ------ = 2 I B
l’intermédiaire des modules In max des différents harmoniques. Les 2 
= -------------
résultats relatifs à trois formes (A, B et C) de I (ω t ) sont portés sur π2  4 6
la figure 60 ; ils permettent d’obtenir une valeur approchée de la
puissance dissipée au moyen de [(562)]  ( ω ) ≈ R app ( ω ) I 2 ( ω t ) . est classique et fournit bien le résultat obligatoire 2 I B (ω t ) [(563)].
2


■ Pour la forme A, on a :

2
Le calcul de n I n max est plus délicat ; à partir de la fonction
IA (ω t ) = IA cos ω t (570) n=1
ζ (s) de Riemann, définie par :
nous retrouvons les asymptotes de la figure 58.

1
■ Pour la forme B, I B (ω t) est défini : ζ(s) = ∑ ---------
ns
(574)
n=1
π π
— pour – ------ < ω t < ------ par I B ( ω t ) = I B > 0 
2 2  on peut montrer [avec ζ (3/2) = 2,612] que :
π 3π  (571)
— pour ------ < ω t < ------- par I B ( ω t ) = – I B  ∞ 2 
2 2  16 I B ∞ 1 
∑ π 2 q∑
2
n I n max = -------------
- ----------------------------
-

= 1 ( 2q – 1 )
3/2
Les modules des harmoniques correspondants sont tels que : n=1

2 
2 16 I B  (575)
   
1 3
2 16 I B 2 = -------------
- 1 – ---------- ζ ------ 
I ( 2q – 1 ), max = -------------------------------
- et I 2q ,max = 0 (572) π2 23 / 2 2 
( 2q – 1 ) 2 π 2 
2
16 I B 2 
= - ( 0,646 ) ( 2,612 )
------------- = 2,736 I B 
π 2

ce qui conduit, pour ω > ωc , à Rapp ∞ (ω ) = 1,368 ω ⁄ ω c R ( 0 ) [(568)].

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C’est pour ω 1 = ω c / 3 que l’expression (569) avec r = 1 a la Nous avons rappelé (figure 60) les formes A, B et C de I (ω t ) en
2
meilleure chance d’être une bonne approximation puisque prenant la précaution, pour assurer l’identité de I (ω t ) , de choisir
lg (ω1 /ω c ) = (1/ 2) [lg (ω c /ω c ) + lg (ω c3 /ω c )], est également éloigné
I B = ( 1/ 2 ) I A et I C = 3/2 I A .
des deux points critiques qui correspondent soit au seul terme en
2 2
I n max ( avec n = 1 ) , soit au premier terme en ω / ωc n I n max (avec
n = 3). En résumé, pour chaque forme de I (ω t ), il est possible, au
moyen des expressions (568) et (569), d’établir avec une bonne
Le numérateur de la fraction intervenant dans (569) est alors : approximation les variations de lg [R app (ω )/R (0)] en fonction de
lg (ω /ω c ), ces variations étant indépendantes du conducteur
16 I B
2
ω ∞  considéré à condition de bien définir dans chaque cas la pulsation
1
- 1 + -------1- ∑ -----------------------------
-------------  typique ω c correspondante [(541), (553) et (555)].
π2 ω c q = 2 ( 2 q – 1 )3 / 2 
 (576)
2 
16 I B 
-  1 + ( 3 ) –1 / 4 ( 0,646 ) ⋅ ( 2,612 ) – 1  = 2,468 I B
2
= ------------- 
π2 3.5 Pertes par courants de Foucault
et montre que R app ( ω = ω c / 3 ) ≈ 1,234R ( 0 ) ; ce résultat est indiqué
par un point sur la figure 60. Par le même procédé nous avons 3.5.1 Présentation et définition des phénomènes
calculé des valeurs approchées de R app ( ω ) pour ω = ω c / ( 3 ) ( 5 )
Dans un morceau de matière placé dans une région où l’induction
[R app = 1,105 R (0)] et pour ω = ω c / ( 5 ) ( 7 ) [ R app = 1,068 R ( 0 ) ] ; les   
magnétique B varie au cours du temps, la relation rot E = – ∂ B/ ∂t
points correspondants sont portés sur la figure 60. montre qu’il apparaît un champ électrique ce qui, dans un matériau
■ Pour la forme C, l’intensité I C (ω t ) est définie : conducteur, entraîne l’existence de courants et donc une dissipation
de puissance. Ce phénomène est désigné, lorsqu’il présente un
π π aspect nuisible, par pertes par courants de Foucault et, dans le cas
— pour – ------ < ω t < ------ par I C ( ω t ) = I C > 0 
4 4  contraire, par chauffage par induction.
π 7π IC  (577) Bien que cette puissance dissipée, relative aux pertes par courants
— pour ------ < ω t < ------- par I C ( ω t ) = – ----- 
4 4 3  de Foucault ou au chauffage par induction, soit due à l’effet Joule,
on utilise les termes :
Les harmoniques correspondants sont tels que : — pertes par effet Joule quand la cause primaire est le passage
d’un courant imposé dans le matériau considéré ;
2
2 32 I C  — pertes par courants de Foucault ou chauffage par induction
I ( 2q – 1 ), max = -----------------------------------
-  quand la cause primaire est liée aux variations temporelles de
9 π 2 ( 2q – 1 ) 2  l’induction magnétique, celles-ci étant dues au passage d’un courant
2  (578)
2 16 I C 2  imposé dans un autre matériau que celui considéré.
I ( 4s – 2 ), max = ----------------------------------
- ; I 4v, max = 0 
9 π 2 ( 2s – 1 ) 2  C’est ainsi que, dans un transformateur, on distingue les pertes
par effet Joule dans les conducteurs en cuivre et les pertes par
Le calcul de : courants de Foucault dans les tôles du circuit magnétique.
Les équations de Maxwell ne peuvent pas distinguer si la grandeur
∞ ∞ 2 ∞  
16 I C 1 1 imposée est J ou B : l’aspect formel des phénomènes est toujours
∑ - 2 ∑ ------------------------ + 1 ∑ ----------------------- 
2
I n max = -------------
9 π 2 ( 2q – 1 ) 2
s = 1 ( 2s – 1 )
2  le même, la seule différence étant liée à la détermination des
n=1 q=1
 (579) constantes d’intégration (J max ou B max par exemple) du même
2  système d’équations différentielles. Les expressions de la puissance
16 I C 3 π2 2 2 
- ⋅ 3 ⋅ ------ ------ = ------ I C
= -------------  dissipée que nous avons établies lors de l’étude de l’effet de
9 π2 4 6 3
peau (§ 3.4) seront ainsi très facilement adaptées pour la prévision
2 des pertes par courants de Foucault.
donne bien la valeur de 2 I C (ω t ) [(563)].
L’expression de : Il faut néanmoins signaler une différence très importante. Des
calculs simples (ceux que l’on peut voir dans au moins 99 % de la
∞ ∞2 ∞ littérature) ne peuvent être effectués qu’en supposant qu’il existe
16 I C 2q – 1 4s – 2 
∑ - 2 ∑ ------------------------ + ∑ -----------------------
2
n I n max = -------------     
9π une relation linéaire B = µ H (µ étant constant) entre B et H . Il en
q = 1 ( 2q – 1 ) s = 1 ( 2s – 1 )
2 2 2
n=1 
 (580) résulte que, par exemple, pour une plaque de cuivre parcourue par
16 I C
2 ∞  un courant, l’expression (538) de la puissance dissipée est très
1 
-  2 + 2  ∑ ----------------------------- = 1,038 I C
2
= ------------- bonne tandis que son adaptation (facile) aux pertes par courants
9 π2 ( 2q – 1 ) 3/2 
q=1 de Foucault dans une tôle magnétique fournit une mauvaise prévi-
sion de la réalité.
montre que, pour ω > ω c :

R app∞ ( ω ) = 1,038 ( 3/2 ) ω / ω c R ( 0 ) = 1,557 ω / ω c R ( 0 ) [figure 60] 3.5.2 Cadre de l’exposé


Les résultats relatifs à ω / ω c = 1/ ( 1 ) ( 2 ) ,1/ ( 2 ) ( 3 ) ,1/ ( 3 ) ( 5 ) et Sauf pour le cas des substances magnétiques (§ 3.5.6), nous sup-
1/ ( 7 ) ( 9 ) , soit respectivement 1,396 R (0), 1,216 R (0), 1,140 R (0) et posons que les conditions détaillées dans le paragraphe 3.4.2 sont
1,068 R (0), sont indiqués par des croix sur la figure 60. 
toutes réunies. Les champs E et H satisfont donc aux relations
(425) et (426).

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Nous allons étudier les pertes par courants de Foucault dans le et montre alors que Hz (x, t ) doit avoir la même valeur en x = a et
cas de plusieurs dispositions géométriques comportant encore dif- en x = – a. Nous pouvons donc poser :
férents conducteurs, seuls, placés dans l’air que nous assimilerons
au vide. H z (a, t ) = H z (– a , t ) = Hz max cos (ω t ) = Re  H z ( a ) exp ( j ω t )  (586)

3.5.4.2 Répartition des champs


3.5.3 Pertes par courants de Foucault
au voisinage d’une surface plane Dans la solution générale (530) déjà obtenue pour la plaque con-
d’un conducteur de grande épaisseur sidérée, il faut donc que le paramètre A 1 soit nul ; en posant :
1–j A
Hz (a ) = – -------------- a
3.5.3.1 Définitions particulières 2 ch ( 1 + j ) ----- (587)
ωµ δ δ
Nous reprenons les conditions géométriques du problème idéalisé
décrit dans le paragraphe 3.4.3.1. Nous supposons, ici, que, par rap- nous obtenons, à partir de (529) et (530) :
port au conducteur, le champ magnétique extérieur n’a qu’une
x
sh ( 1 + j ) ----- 
composante tangentielle et nous choisissons l’axe Oz dans la direc-
E y (x ) = – ( 1 + j ) ωµ δH δ 
tion correspondante ; nous posons donc (en axes à droite) : ------------ z (a ) ----------------------------------- 
2 a 
ch ( 1 + j ) -----
Hz (x = – 0, t ) = H z max cos ω t (581) δ 
x  (588)
L’axe O y vient compléter le trièdre trirectangle Ox , O y , O z . ch ( 1 + j ) ----- 
δ
H ( x ) = H z ( a ) ----------------------------------- 
z 
a 
3.5.3.2 Répartition des champs ch ( 1 + j ) -----
δ 
En s’inspirant de la relation (516), nous avons :
La figure 61 donne symboliquement les orientations relatives de
x x
H z ( x,t ) = H z max exp  – -----  Re  exp  j  ω t – -----   (582) 
δ δ E , J et H (figure 55).
Pour comprendre l’évolution des phénomènes en fonction de la
qui satisfait bien la continuité de la composante tangentielle Hz entre
fréquence, il est intéressant de considérer les deux cas limites :

x = – 0 et x = + 0 et, ensuite à partir de rot H = J = γ E : ■ 1er cas : pour a 2 / δ 2 = ω µ γ a 2 /21 :
∂H
1
γ  ∂x  1+j
E y = ----- – ---------z = ----------- H
γδ z

 x 2 – 3a 2
E y (x ) = – j ω µ x H ( a ) 1 + j ----------------------
- +...


1 x x  (583) z 3 δ2 
soit E y ( x , t ) = ---------- Hz max exp  – -----  Re  ( 1 + j ) exp  j  ω t – -----     (589)
γδ δ δ  2 – a2 
et H (x ) = H ( a ) 1 + j x
------------------
- +... 
z z δ2 
Nous voyons ainsi que (§ 3.4.3.2) les courants ne peuvent circuler
qu’au voisinage de la surface du conducteur, dans une écorce dont
l’épaisseur est de l’ordre de quelques δ . ■ 2e cas : pour a 2 / δ 2 = ω µ γ a 2 /21 :

3.5.3.3 Puissance dissipée E y (x ) ≈– ( 1 + j ) ωµ δ


 a–x a+x
-------------- H z ( a ) exp – ( 1 + j ) ------------- –exp – ( 1 + j ) -------------  (590)
2 δ δ
Le flux du vecteur de Poynting sur la surface extérieure x = 0
[(521)] permet d’atteindre la moyenne de la densité superficielle de
puissance dissipée par [(522)] : H z (x ) ≈  a–x a+x
H z (a ) exp – ( 1 + j ) ------------ + exp – ( 1 + j ) -------------
δ δ  (591)
d 1 1 1 ωµ 2
-------------- = ------ Re  E y H*z  = ------------ H z max = ------------ --------- H z max(584)
2 La figure 62 donne une représentation symbolique de la variation
dS yz 2 2γ δ 2 2 γ des phénomènes en fonction de la fréquence, la situation générale
étant assez analogue à celle de la figure 56, après avoir permuté
le rôle de Ey et Hz .
3.5.4 Pertes par courants de Foucault
dans une plaque d’épaisseur finie
3.5.4.1 Définitions particulières

Nous supposons que, comme au paragraphe 3.4.4.1, par rapport


à la plaque définie par – a < x < a, le champ magnétique extérieur
n’a qu’une composante tangentielle et nous choisissons l’axe Oz
dans la direction correspondante, l’axe Oy venant compléter le
trièdre trirectangle Ox , Oy , Oz . Nous idéalisons le problème en
supposant que la plaque est infinie dans les directions Oy et Oz .
Nous supposons également que les conditions extérieures 
Figure 61 – Orientations symboliques de J , E et H
n’imposent aucun courant global dans la plaque ; la relation (219) 
 dans une lame (– a < x < a ) soumise à un champ extérieur H
J = rot H soit, ici, Jy = – ∂ Hz /∂ x entraîne : et parcourue par un courant global nul


x =+a
0 = J y ( x, t ) dx = H z (– a , t ) – H z (a , t ) (585)
x = –a

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3.5.4.3 Puissance dissipée La fonction g (α ) présente deux formes asymptotiques :


En considérant le flux du vecteur de Poynting sur les deux faces • pour α1, g ( α ) → g 0 ( α ) = α 4 /6 (597)
de la plaque [(537)], par rapport aux normales entrantes :
• pour α 1, g ( α ) → g ∞ ( α ) = α (598)
d  qui ont un point commun en αg = (6)1/3 = 1,817.
------------- = [ E y (a , t )H z (a , t ) ] ( – 1 ) + [ E y ( – a , t ) H z ( – a , t ) ] ( + 1 ) 
dS yz  (592) Sur la figure 63, relative aux variations de lg [g (α)] en fonction
= – 2 E y (a , t ) H z (a , t )  de lg α, les deux asymptotes correspondantes sont représentées,

les points indiquant les valeurs exactes.
nous obtenons, pour la moyenne (par rapport au temps) de la La fonction g (α ), dont l’étendue des variations est très grande,
densité superficielle de la puissance dissipée [avec (588)] : peut donc pratiquement se confondre avec ses asymptotes
[g (αg) = 1,263 avec g0 (αg) = g∞ (αg) = 1,817].
d
---------------- = Re  – E y ( a ) H z* ( a )   Le point commun [αg = (6)1/3] correspond à la pulsation [(541)] :
dS yz 
 (593) ( 6 )2 / 3 2 ( 6 )2 / 3
ωµ δ
 
a  ω g = -------------------- - --------------- = 0,825 ω c
= --------------- | H z ( a ) | 2 Re (1 + j ) th ( 1 + j ) ----- = ---------------- (599)
2 δ  2a 2 µγ a 2 µγ 4

En posant, avec (539) α = 2a/ δ = a 2ω µγ : ce qui indique le domaine de validité des formes asymptotiques de
la puissance dissipée [(596)] :
sh α – sin α — pour    g :
g ( α ) = α ------------------------------------ (594)
ch α + cos α

 --------
-  ≈  ------------ 
2 2
on obtient : d d 0 H z max α 4 H z max 
= ------------------ - a 2 γ ( ω µ) 2 
- ------ = ------------------
d x d x 4γ a 2 6 6 
d ωµ δ 2 δ 1 2

-------------- = ------------ H z max ---------- g ( α ) = ------------- H z max g ( α ) (595) (600)
dS yz 2 2a 2γa 2 z max ω
H
2
2 
3 a 2 γ  ωc 
= ------ ------------------
- --------- 
La moyenne (par rapport au temps et à l’espace) de la densité 
volumique de la puissance dissipée est alors : — pour    g :

 --------
d
-
1 d 1 2
= ---------- -------------- = -------------2- H z max g ( α ) 
 --------
-  ≈  ------------- 
(596) 2 2
4γ a d H z max H z max
- ( a 2 γ ) –1 / 2 ( ω µ) 1 / 2
d x 2a dS yz d ∞
= ------------------
- α = ------------------
d x d x 4γ a 2 2 2 
 (601)
2 
1 H z max ω 1 / 2 
= ------ ------------------
2 a 2γ
-  -------
ωc
-  

Figure 63 – Fonction g (  )

Figure 62 – Variations symboliques de Hz et Ey


dans la lame de la figure 61 pour trois pulsations

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Sur la figure 64, nous avons représenté les asymptotes de :

 --------
-  ----------------- ----------
2
d a γ 2 0 5/3
lg 2
(602)
d H x 1/3 3
z max

en fonction de lg ( ω / ω c 0 ) pour des plaques, soit d’épaisseur


2
2a 0 ( avec ω c0 = 2/a 0 µγ ), soit d’épaisseur a0 (ω c = 4 ω c0), les valeurs
d
 
correspondantes de --------- étant alors respectivement déterminées
d x
en prenant soit a = a 0 , soit a = a 0 /2, dans les expressions (600)
2 2 d
 
et (601). Le facteur ( 2 5 / 3 a 0 γ )/ ( 3 1 / 3 H z max )de --------- dans (602) a été
d x
choisi pour que le point de concours des asymptotes relatives à une
plaque d’épaisseur 2 a 0 corresponde à un logarithme nul. Les deux
croix indiquent des valeurs exactes de (602) obtenues à partir
de (595).

3.5.5 Pertes par courants de Foucault


dans un ensemble de plaques
3.5.5.1 Définitions particulières

La principale application de ce paragraphe est la prévision de la


puissance (cf., cependant, § 3.5.6) dissipée par les courants de
Foucault, dans un circuit magnétique soumis à un flux d’induction
variable au cours du temps ; nous remplaçons donc maintenant
plaque par tôle.
Un paquet de N tôles (identiques et parallèles) est rapporté à des
axes orthogonaux à droite ; les axes Oy et Oz repèrent les grandes
dimensions Y et Z des tôles, tandis que, suivant l’axe Ox , l’épaisseur
de chaque tôle est 2a (figure 65). Ces tôles sont quasi jointives, Figure 64 – Variations de la densité volumique de la moyenne
isolées les unes des autres par une couche isolante dont l’épaisseur (spatiale et temporelle) de la puissance dissipée,
est négligeable devant 2a. à champ magnétique extérieur imposé,
Le paquet de tôles fait partie d’un circuit magnétique dont le dans des lames dont l’épaisseur est soit 2a 0 soit a 0
bobinage est soumis à une tension variant sinusoïdalement (cf.,
cependant § 3.5.5.5) en fonction du temps ; la tension par spire est
notée :
u (t ) = ReU exp ( j ω t ) (603)

U étant complexe a priori. Le flux d’induction Φ p auquel est soumis


le paquet de tôles n’est qu’une fraction κ du flux total, d’où :
U
Φ p = κ --------- (604)

sans se soucier du signe, seuls les modules | Φ p | et |U| intervenant
par la suite.
Pour simplifier, nous idéalisons le problème en supposant que le
champ magnétique n’a qu’une composante Hz de la forme Hz (x, t ),
négligeant ainsi les effets de bords, ce qui est une bonne approxi-
mation quand Y 2a et Z 2a . Le champ électrique n’aura donc Figure 65 – Définitions relatives à un paquet de tôles (X ≈ 2 Na )
qu’une composante Ey de la forme Ey (x, t ).
La puissance dissipée peut être rapportée à diverses grandeurs 3.5.5.2 Répartition des champs
(tension, flux, induction, champ). Nous avons choisi, dans l’exposé Sans réflexion préalable, on pourrait prétendre que la continuité
principal, de rapporter les pertes à la tension par spire u (t ) parce des composantes tangentielles de Ey et Hz montre que tout se passe
que cette grandeur se déduit directement des mesures. Nous comme si on avait une seule tôle d’épaisseur 2Na (figures 66a et
donnerons, au paragraphe 3.5.5.4, d’autres indications pour montrer b) que les tôles soient, sur leurs faces latérales, isolées électrique-
que l’expression de la puissance dissipée paraît varier de façon dif- ment les unes des autres ou pas. Le schéma 66b montre qu’il exis-
férente selon la grandeur de base utilisée [cf. en particulier (623)]. terait alors une intensité globale (Iy )i du courant pour chaque tôle
et ce n’est que la somme ∑ ( Iy )i qui serait nulle. Le schéma 66b
i
ne peut donc exister que si les tôles sont court-circuitées à leurs
extrémités (schéma 66c ). Dans le cas opposé (celui du

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schéma 66d ), qui doit être celui réalisé pour diminuer les pertes, L’analyse précédente (§ 3.5.4.2) montre que, pour une tôle quel-
l’intensité globale du courant relative à chaque tôle est nulle et tout conque du paquet (comprise dans l’intervalle – a < x < a, en choi-
se passe comme si chaque tôle était seule dans l’espace (§ 3.5.4) ; sissant convenablement l’origine O des coordonnées), il ne peut
la continuité de H z entre A et B est satisfaite (cf. détail sur le subsister dans la solution générale, décrite par les expressions (529)
schéma 66e ), tandis que la différence entre EyA et Ey B ne peut exis- et (530), que des termes en A 2 .
ter que s’il y a une couche isolante entre les deux tôles concernées. La valeur universelle (quelle que soit la tôle considérée) de A ′2
La figure 67 montre, à Φ p constant, l’évolution symbolique de – différent de A 2 du paragraphe 3.5.4 – peut être obtenue quand
Hz (x ), soit dans les cas (a ), (b ), (c ), de la figure 66, soit dans le on suppose que N est grand ; les effets d’extrémités (dans la direction
cas (d ). Ox ) sont alors négligeables et on peut admettre que chaque tôle
est soumise au même flux, d’où [(604) ; (480) et (530)] :

Φ

+a
κU
-------p- = -------------- =
N jωN –a
 1–j
  x
µ – -------------- A 2′ ch ( 1 + j ) ----- Y dx
ωµδ δ  (605)

ce qui conduit à :


 
x
κ U sh ( 1 + j ) ----- δ 
E y (x ) = – ---------------- ------------------------------------- 

 
2NY sh ( 1 + j ) ----- a
δ 
 (606)

 
x
( 1 – j ) κ U ch ( 1 + j ) ----- δ 
et H z (x ) = --------------------------- ------------------------------------- 
2NY ωµδ sh ( 1 + j ) -----
 
a 
δ 

3.5.5.3 Puissance dissipée


L’utilisation du flux du vecteur de Poynting permet d’obtenir la
moyenne temporelle de la densité superficielle de la puissance
dissipée dans une tôle sous la forme [(592) et (606)] :

d 
---------------- = Re  – E y ( a )H *z ( a ) 
dS yz 

κU (1 + j)κU* 
 
a
= Re --------------- ----------------------------- coth ( 1 – j ) -----  (607)
2 NY 2 NY ωµδ δ 
κ 2 | U |2 

 
a
Figure 66 – Ensemble de plaques : pertes par courants de Foucault = ----------------------------------- Re ( 1 + j ) coth ( 1 – j ) -----
4 N 2Y 2 ωµδ δ 

En posant toujours (539) α = 2a/ δ = a 2 ωµγ et en introduisant


la fonction :
1 shα – sinα
F ( α ) = ------ --------------------------------- (608)
α chα – cosα
la densité volumique moyenne (par rapport au temps et à l’espace)
de la puissance dissipée est alors [(427)] :

 --------
d
d
-
x
1 κ 2 |U| 2
= ---------- -----------------------------------
2a 4N 2 Y 2 ωµδ
2a
F ( α ) -------
δ
κ 2 |U| 2 γ
= ----------------------
8N 2 Y 2
F ( α ) (609)

La fonction F (α ) présente deux formes asymptotiques :


— pour α → 0, F (α) → F0 (α) = 1/3 (610)
— pour α → ∞, F (α) → F∞ (α) = 1/α (611)
qui ont un point commun en α F = 3.
Sur la figure 68, relative aux variations de lg [F (α)] en fonction
de lg α, les deux asymptotes correspondantes sont représentées, les
points indiquant les valeurs exactes. La fonction F (α) peut donc
pratiquement se confondre avec ses asymptotes [F (α F) = 0,298 avec
F0 (α F) = F∞ (αF) = 0,333].
Le point de concours (α F = 3) des asymptotes de lg [F (α)] corres-
pond à la pulsation ω F définie par [(541)] :
Figure 67 – A flux total constant, évolution symbolique de Hz (x ) 9 2 9 9
ω F = ------------------- - ------ = ------ ω c
- = --------------- (612)
soit dans les cas [(a ), (b ), (c )] de la figure 66 soit dans le cas (d ) 2a 2 µγ a 2 µγ 4 4

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Figure 68 – Fonction F (  )

Quand le volume X Y Z (avec X = 2 Na) de la partie examinée


d’un circuit magnétique est imposé, la puissance moyenne totale
dissipée par les courants de Foucault [(609)] :

d
〈 〉 x = XYZ ---------
d
  x
1 Z
= ------ ----------- κ 2 |U | 2a 2γ F ( α )
2 XY
(613)
Figure 69 – Variations de la moyenne (spatiale et temporelle)
se présente sous deux formes asymptotiques : de la puissance totale dissipée par les courants de Foucault,
à tension par spire |U | imposée, dans un paquet de tôles (figure 65)
1 Z
— pour    F , 〈 〉 x = ------ ----------- κ 2|U| 2a 2γ (614) dont les épaisseurs sont soit 2 a 0 , soit a 0
6 XY
— pour    F :
■ La moyenne spatiale de la représentation complexe de l’induction
1 Z  définie, à partir de [(604)] :
〈 〉 x = ------------ ----------- κ 2|U| 2( a 2 γ ) 1 / 2 ( ωµ ) –1 / 2 
2 2 XY  κU
 (615) 〈 B 〉 x = ------------------- (617)
1 Z ω –1 / 2  j ω XY
= ------ ------------ κ 2|U| 2a 2γ  --------  
4 XY ωc  et introduite dans la puissance totale (613) :
Sur la figure 69, nous avons représenté les asymptotes de : 1 Z
〈 〉 x = ------ ------------- ( ω XY ) 2 | 〈 B 〉 x | 2 a 2 γ F ( α ) 
2 XY 
〈 〉 x XY  (618)
lg 6 ------------------------------
2
- -------- (616) 1 XYZ
= ------ -------------------| 〈 B 〉 x |2 α4 F ( α ) 
κ |U| 2a 0 γ Z
2
8 a 2 γ µ2 

en fonction de lg (ω /ω c0 ) pour des tôles, soit d’épaisseur 2 a 0 (avec correspond aux formes asymptotiques suivantes :
2 — pour    F :
ω c0 = 2/a 0 µγ ), soit d’épaisseur a 0 (ω c = 4 ω c0 ), les valeurs corres-
pondantes de 〈 〉 x étant alors respectivement déterminées en 1 XYZ α4 2 XYZ ω 2
〈 〉 x = ------ ------------------- | 〈 B 〉x | 2 ------ = ------ ------------------- | 〈 B 〉x | 2  --------  (619)
8 a2 γ µ2 3 3 a 2 γ µ2 ωc
prenant soit a = a 0 , soit a = a 0 /2, dans les expressions (614) et (615).
Le facteur : — pour    F :
2
6XY/ ( κ 2 |U | 2 a 0 γ Z )
1 XYZ XYZ ω 3/2
〈 〉 x = ------ ------------------- | 〈B 〉 x | 2 α 3 = ------------------- | 〈B 〉 x | 2  --------  (620)
8 a 2 γ µ2 a 2 γ µ2 ωc
de 〈 〉 x dans (616) a été choisi pour que le point de concours des
asymptotes relatives à une tôle d’épaisseur 2a 0 corresponde à un Sur la figure 70 nous avons représenté les asymptotes de :
logarithme nul. Les deux croix indiquent des valeurs exactes de (616)
2
8 〈 〉 x a 0 γ µ
obtenues à partir de (609). 2
lg ------ ----------------------------------
- (621)
27 | 〈B 〉 | 2 XYZ
x
3.5.5.4 Influence des critères de comparaison
■ La puissance dissipée par les courants de Foucault, dans un en fonction de lg(ω /ω c0) pour des tôles, soit d’épaisseur 2 a0 (avec
paquet de tôles, se présente de façon différente, suivant la grandeur 2
ω c0 = 2/a 0 µγ ), soit d’épaisseur a 0 (ω c = 4 ω c0 ), les valeurs corres-
de référence qui a été choisie. Nous allons successivement examiner
les cas où cette grandeur est : pondantes de 〈 〉 x étant alors respectivement déterminées en
— la moyenne spatiale de l’induction ; prenant soit a = a 0 , soit a = a 0 / 2, dans les expressions [(619)
— le champ magnétique à la surface des tôles ; et (620)].
— la tension par spire.

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Le facteur :
2
8a 0 γ µ 2 / ( 27| 〈B 〉 x | 2 XYZ )

de 〈 〉 x dans (621) a été choisi pour que le point de concours des


asymptotes relatives à 2 a 0 corresponde à un logarithme nul. Les
deux croix indiquent des valeurs exactes de (621) obtenues à partir
de (618).
■ L’étude effectuée au paragraphe 3.5.4, où le champ magnétique à
la surface d’une tôle correspond à | H z ( a )| = H z max , montre [(596)]
que, pour le paquet de tôles considéré :
1 XYZ 2 1 XYZ
 
2
〈 〉 x = ------ ------------ H z max g ( α ) = ------ ------------ H ext g ( α ) (622)
4 a 2γ 4 a 2γ

Il suffit de remplacer dans (602) 〈 d/d〉 x par 〈 〉 x /XYZ pour


voir que la figure 64 fournit tous les renseignements utiles sur les
variations de (622).
■ Le cas où la tension par spire est prise comme référence a été déjà
étudié. La puissance dissipée est alors donnée par l’expression (613),
les principaux résultats étant portés sur la figure 69.
Exemple : dans le domaine où les pertes sont faibles, et ce
quelle que soit la grandeur de référence [la valeur moyenne de
l’induction | 〈B 〉 | (figure 70), le champ magnétique extérieur H ext
(figure 64), la tension par spire |U | (figure 69)], il y a toujours intérêt (en
négligeant les contraintes technologiques et économiques !) à diminuer
l’épaisseur des tôles. Dans le domaine des basses fréquences, les
pertes varient de la façon suivante :

〈 〉 = C 1 | 〈 B 〉 | 2 a 2 γ ω 2 = C 2 | Φ | 2 a 2 γ ω 2 Figure 70 – Variations de la densité volumique de la moyenne (spatiale


 et temporelle) de la puissance dissipée par les courants de Foucault,
 (623) à moyenne spatiale de l’induction 〈B 〉 imposée, dans un paquet de tôles
= C 3 |H ext | 2 a 2 γ ω 2 = C 4 |U | 2 a 2 γ 
(figure 65) dont les épaisseurs sont soit 2 a 0 , soit a 0
Une grande prudence s’impose donc dans l’analyse des pertes, la
grandeur de référence devant être soigneusement précisée. Suivant la
valeur de µ adoptée (il ne peut y avoir de critère sûr puisque, dans la
  Tableau 1 – Valeurs numériques des fréquences
plupart des cas, les relations entre B et H non seulement ne sont pas correspondant aux pulsations typiques  c (541),  g (599)
linéaires mais encore dépendent de l’histoire du matériau !), les fré-
quences typiques (tableau 1) f c , f g et f F peuvent être dépassées et les et  F (612) pour des plaques de différentes épaisseurs
relations (623) doivent alors être abandonnées. dans plusieurs cas caractéristiques
Ces nouvelles considérations deviennent très importantes quand les
8 –1 –1
phénomènes ne varient pas sinusoïdalement en fonction du Cuivre avec  = 0,6 ⋅ 10  ⋅m et = 0
temps (§ 3.5.5.5). Épaisseur 2a
Fréquence
1 cm 1 mm
3.5.5.5 Cas des phénomènes périodiques non sinusoïdaux
f c ............... (Hz) 1,69 · 102 1,69 · 104
Nous avons montré dans le paragraphe 3.4.7 comment ces phéno- f g............... (Hz) 1,39 · 102 1,39 · 104
mènes pouvaient être abordés. (0)
f F ............... (Hz) 3,80 · 102 3,80 · 104
■ Quand la moyenne spatiale de l’induction est de la forme : 8 –1 –1 p
Fer avec  = 0,1 ⋅ 10  ⋅m et = 10 0


〈B〉 x(t ) = B n cos ( n ω t + ϕ n ) (624) Épaisseur 2a
Fréquence
n=1 1 cm 1 mm 0,35 mm
f c ............... (Hz) 10,1 · 102 – p 10,1 · 104 – p 82,7 · 105 – p
nous obtenons (d’une façon analogue aux résultats du
paragraphe 3.4.7) à partir de (618), avec toujours α défini par (539) : f g............... (Hz) 8,36 · 102 – p 8,36 · 104 – p 68,3 · 105 – p
f F ............... (Hz) 22,8 · 102 – p 22,8 · 104 – p 186 · 105 – p

1 XYZ 8 –1 –1 p
Tôle fer-silicium avec  = 0,02 ⋅ 10  ⋅m
∑ et = 10 0
2
〈 〉 x = ------ ------------------- α4 B n n 2F (α n ) (625)
8 a 2 γ µ2
n=1 Épaisseur 2a
Fréquence
dont les formes extrêmes sont : 1 mm 0,35 mm
∞ f c ............... (Hz) .......................... 50,7 · 104 – p 414 · 105 – p
1
— pour ω → 0, 〈 〉 x → ------ XYZ a 2 γ ω 2 ∑ B n2 n 2 (626) f g............... (Hz) .......................... 41,8 · 105 – p 341 · 105 – p
6 n =1 f F ............... (Hz) .......................... 114 · 105 – p 930 · 105 – p
p est un nombre quelconque.

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— pour ω → ∞ : — les pertes par hystérésis ne peuvent exister que si les relations
 
∞ entre B et H non seulement ne sont pas linéaires mais encore
1
〈 〉 x → ------------ XYZ ( a 2γ ) 1 / 2 ω 3 / 2 µ –1 / 2 ∑ B n2 n 3 / 2 (627) dépendent de l’histoire du matériau.
2 2 n =1
Comme l’expérience montre que la somme des pertes considérées
est inférieure aux pertes mesurées, on introduit quelquefois des
■ Quand le champ magnétique à la surface des tôles est de la forme :
pertes supplémentaires.
∞ En réalité, la puissance dissipée est liée de façon fondamentale
H ext (t ) = H z ( a, t ) = ∑ H n cos ( n ω t + ψ n ) (628) à l’existence des domaines de Weiss ; nous rappelons que, dans le
n=1 
domaine i (de volume i ), l’aimantation est Ms (T ) k i où M s (T ) est
nous obtenons [(622)] pour la puissance dissipée et ses formes 
asymptotiques : l’aimantation à saturation à la température T considérée et k i le
∞ vecteur unitaire caractérisant ce domaine i. L’enchaînement des
1 XYZ
4 a 2 γ n∑
2
〈 〉 x = ------ ------------ H n g(α n ) (629) phénomènes est le suivant.
=1

■ Quand les conditions magnétiques extérieures varient, la géo-
1 
— pour ω → 0, 〈 〉 x → ------ XYZ a 2 γ ( ωµ ) 2 ∑ H n2 n 2 (630) métrie des domaines se modifie. Si le champ H augmente, le volume
6 n =1
des domaines bien orientés (§ 2.2.4.3) augmente également ; au
— pour ω → ∞ : point de vue macroscopique la moyenne spatiale :
 
1 ∞
〈 〉 x → ------------ XYZ ( a 2 γ ) –1 / 2 ( ω µ) 1 / 2 ∑ H n2 n 1 / 2 (631)
〈M 〉
r 
= M s (T ) ∑ k i i
i
  ∑i i
2 2 n =1
(qui est l’aimantation des cours élémentaires) croît tandis qu’au
■ Quand la tension par spire est de la forme : point de vue microscopique les parois séparant les domaines se
déplacent.

u (t ) = ∑ U n cos ( n ω t + β n ) (632) 
■ Au voisinage de ces parois, l’induction B est modifiée : au point
n=1
P, par exemple, pendant l’intervalle ∆t (figure 71), la variation totale
nous obtenons pour la puissance dissipée [(613)] et ses formes   
asymptotiques : de B est à peu près de µ0 Ms (T ) ( k i – k j ) . La considération de la
largeur (≈ 0,1 µm) des parois et de la variation spatiale des grandeurs
∞ magnétiques au sein de ces parois montre que, pendant un certain
1 Z
∑ U nF (α
2
〈 〉 x = ------ ------------ κ 2a 2 γ n) (633) 
2 XY n=1 temps, l’induction B de certains points subit des variations
temporelles ; il apparaît donc (théoriquement en tout point) un
— pour ω → 0 :
champ électrique E tant que les parois se déplacent.

1 Z 1 Z

2
〈 〉 x → ------ ------------ κ 2a 2γ Un = ------ ------------ κ 2a 2γ u 2( t ) (634) ■ Les courants ainsi créés donnent lieu à une dissipation de puis-
6 XY n=1
3 XY sance par effet Joule qu’une analyse tronquée et macroscopique
décompose en pertes par hystérésis, pertes par courants de Foucault
— pour ω → ∞ : et pertes supplémentaires.
∞ Pour prévoir néanmoins l’ensemble des pertes, on peut, sur des
1 Z
∑ U n n –1 / 2
2
〈 〉 x → ------------ ------------ κ 2( a 2γ ) 1 / 2 ( ωµ ) –1 / 2 (635) montages simples (où en principe tous les paramètres sont connus)
2 2 XY n=1 mesurer les puissances dissipées dans différentes conditions et
essayer de les justifier en modifiant au mieux les coefficients et les
il faut noter que, pour les basses fréquences, la puissance dissipée exposants des expressions théoriques de première génération. On
est liée au carré de la valeur efficace de u (t ) [(603)]. obtient ainsi des expressions hybrides (expérimentalo-théoriques !)
Nota : des études analogues à celles détaillées au § 3.4.7 peuvent être effectuées, que l’on utilise ensuite pour prévoir la puissance qui sera dissipée
entraînant la constitution de diagrammes analogues à ceux de la figure 60. Nous laissons dans un système complexe. Cette technique n’est évidemment
au lecteur intéressé le soin d’effectuer ce travail qui nous paraît néanmoins peu attractif
  acceptable que si les conditions de fonctionnement du système sont
puisque basé sur une relation linéaire entre B et H . très proches de celles qui ont été réalisées lors de l’étude du montage
de base ; dans le cas contraire, de graves mécomptes sont à redouter.
3.5.6 Cas des tôles magnétiques
Pour évaluer la puissance dissipée dans un circuit magnétique 3.6 Lignes de transport ou de transmission
soumis à des phénomènes variables en fonction du temps, on effec-
tue souvent la somme : Une ligne de transport ou de transmission est un ensemble de
— des pertes (F) par courants de Foucault ; deux (éventuellement trois) conducteurs reliant, en suivant le même
— des pertes (H) par hystérésis. trajet, un générateur à un récepteur (ou à un ensemble de récep-
teurs).
Il faut remarquer que ce procédé est complètement illogique
puisque :
— le calcul traditionnel des pertes par courants de Foucault est
 
effectué en admettant qu’il existe une relation linéaire entre B et H :
 
( B = µ H , µ étant constant) ;

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Figure 72 – Définition des notations


relatives à l’étude d’une ligne de transport
Figure 71 – Variation schématique de l’étendue des deux domaines i
 ∂I
et j d’une tôle magnétique quand H (dans le sens indiqué) augmente La différence dI = --------- dy (la figure 72a mettant en évidence la
∂y
loi des nœuds) entre I (y + dy ) et I (y ) provient, d’une part, d’une
3.6.1 Généralités conductance g dy entre les conducteurs 1 et 2 et, d’autre part, d’un
effet de capacité γ C dy entre ces deux conducteurs, en notant γC le
En schématisant, on peut présenter de la façon suivante les rapport dC /dy pour éviter toute confusion avec la conductivité γ . En
opinions répandues dans deux professions voisines. définissant la différence de potentiel U (y) par [(455)] :
— Les électrotechniciens supposent toujours que, à l’instant t, U (y ) = V1 (y ) – V2 (y ) (637)
l’intensité du courant I (t ) entre deux nœuds d’un circuit est la même
en tout point ; cela correspond à une propagation instantanée et sans nous voyons, d’après nos définitions (§ 3.2.2), que la flèche qui
affaiblissement ; la notion d’impédance en découle. repère U (figure 72b) est de même sens que celle relative à dI et,
par conséquent, nous devons utiliser le signe moins dans :
— Les radioélectriciens, habitués aux équations de Maxwell,
déduisent de celles-ci qu’il y a toujours propagation, c’est-à-dire que ∂I ∂U
le temps et l’espace interviennent à la fois par l’intermédiaire de dI = --------- dy = –  gdyU + γ C dy -----------  (638)
∂y ∂t
facteurs du type cos ( ω t – k ⋅ r ) , par exemple.
Avec les conventions adoptées, nous avons dU = dU1 + dU2 ; sur
C’est le second point de vue qui est exact, le premier ne pouvant chaque conducteur, dUk (k = 1 ou 2) est repéré avec le même sens
se défendre qu’en invoquant l’approximation des états quasi station-
que Ik , ce qui montre que l’introduction d’une résistance r dy et d’une

naires où rot H = J conduit à div J = 0 et à la notion de tubes de inductance propre  dy relatives à l’ensemble des deux tronçons de
courant. On peut néanmoins prétendre que le premier point de vue la ligne conduit à :
est une bonne approximation (le problème étant en réalité beaucoup
∂U ∂I
plus délicat) quand les plus grandes dimensions du circuit sont très dU = --------- dy = –  r dy I + dy --------  (639)
petites devant la longueur d’onde λ liée à la fréquence f utilisée et ∂y ∂t
à la vitesse de propagation c du champ électromagnétique par λ = c /f
[λ = 6 000 km pour f = 50 Hz]. L’analyse locale d’une ligne de transport d’énergie en régime établi
conduit donc à deux équations couplées :
Les deux points de vue peuvent se rapprocher sous l’égide de
l’étude des lignes de transmission où l’analyse locale, par des tech-
∂U 
--------- = –  gU + γ C -------- 
∂I
niques genre circuit (c’est-à-dire utilisant la notion d’impédance),
∂t 
permet de prévoir des phénomènes de propagation à l’échelle de ∂y 
et :  (640)
l’ensemble du circuit. ∂U ∂ I
--------- = –  r I +  --------  
∂y ∂t 

3.6.2 Étude des lignes par la méthode
des impédances locales 3.6.2.2 Régime sinusoïdal
3.6.2.1 Relations de base en régime établi En régime sinusoïdal, les équations de base (640) deviennent :
Les équations de base régissant, en régime établi, une ligne de dI
---------- = – ( g + j ω γ C )U 
transport (formée de deux conducteurs 1 et 2) s’obtiennent en consi- dy 
dérant un tronçon élémentaire (de longueur dy ) de cette ligne. Au dU  (641)
travers de la section repérée par y, il ne peut y avoir de transfert ---------- = – ( r + j ω  ) I 
global de charge (entre y – 0 et y + 0) et par conséquent, avec les dy 
sens repères indiqués (figure 72a) :
dont les combinaisons fournissent :

I 1,α β (y ) = I 2, β α (y ) = I (y )  2 
 d I 2 
----------2- = K I 
de même pour la section repérée par y + dy :  dy
 (636) 
∂I   (642)
I 1,α β (y + dy ) = I 2, β α (y + dy ) = I ( y ) + --------- dy d 2U

∂y  2
-----------2- = K U
 dy 

avec K 2 = ( r + j ω  ) ( g + j ωγ C ) = ( rg – ω 2 γ C ) + j ( ω  g + ωγ C r ) (643)

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Le coefficient du terme en j de K 2 est positif et, par conséquent : tend bien ainsi vers zéro. Cette répartition particulière des courants
(liée à r = 0) permet d’atteindre assez facilement les expressions cor-
K =  ( β + jα ) (644) respondantes de l’inductance propre linéique  et de la vitesse de
propagation v.
où α et β sont positifs.
À titre d’exemple de ligne de transport, considérons un câble coaxial
■ En définissant l’impédance caractéristique Z c par : constitué d’un cylindre, d’axe Oy, de rayon R1 et d’un tube de même
axe, de rayon intérieur R 2 (R 2 > R1). Si le milieu intérieur (R1 < R < R 2)
r + jω r + jω
Z c = -----------------
- = ------------------------- (645) est l’air, assimilable au vide (ε0 , µ0 ), on obtient :
K g + jω γ C
2π ε 0
la solution générale de (642) est de la forme : γ C = -------------------------
-
ln ( R 2 /R 1 )

U ( y ) = exp ( K y ) + exp ( – K y ) 
 et, dans le cas idéal où on admet que r = 0 :
1  (646)
I ( y ) = ------  –  exp ( K y ) +  exp ( – K y )   µ0
Zc   = ---------- ln ( R 2 /R 1 )

En posant : la vitesse de propagation :
 = ||exp ( j ϕ A ), = ||exp ( j ϕ B )
ln ( R 2 /R 1 ) 1/2
 
1 2π 1 1/2
v = ----------- = ---------------------------------- -------------------------
- = ------------- = c (652)
tan ( 2 ψ 1 ) = ωγ C /g, tan ( 2 ψ 2 ) = ω /r γ µ 0 ln ( R 2 /R 1 ) 2π ε 0 µ0 ε0

on peut expliciter cette solution et aboutir à : est alors celle [(372)] qui correspond au milieu considéré, soit ici, la
vitesse de la lumière dans le vide.
U (y, t ) =  exp ( βy ) cos ( ω t + αy + ϕ A )  Pour les guides d’ondes (dont le câble coaxial étudié constitue un

+  exp ( – β y ) cos ( ω t – α y + ϕ B )  (647) cas particulier) idéaux (c’est-à-dire sans dissipation d’énergie) et
pour le type de solutions qui correspond aux relations (650) et (651)
I(y, t ) [solution TEM (transverse électrique magnétique ) dans la termi-
2 1/4  nologie des guides d’ondes], la vitesse de propagation est toujours
g2 + ω 2 γ C 

= ---------------------------
r 2 + ω 2 2
-   – |  |exp ( β y ) cos ( ω t + α y + ϕ A + ψ 1 – ψ 2 )  (648) égale à celle qui correspond au milieu ambiant considéré
séparément.

+ |  |exp ( – β y ) cos ( ω t – α y + ϕ B + ψ 1 – ψ 2 )  
Quel que soit le cas considéré, les constantes  et  de la solution
Les termes en || correspondent à une propagation dans la direc- générale (646) sont toujours déterminées par les grandeurs impo-
tion « – y » (avec une vitesse vyA = – ω /α), leur module décroissant sées aux extrémités de la ligne.
dans cette même direction, tandis qu’au contraire, pour les termes
en || , la direction « + y » concerne la propagation (vy B = + ω /α) et ■ Pour une ligne infinie ( y  0 ) , la constante  doit être nulle et,
le sens de la décroissance des modules. si U (y = 0, t ) = U0 cos ω t est imposé, on obtient [(647) et (648)] :

■ Dans le cas idéal où il n’existerait aucune dissipation d’énergie U (y, t ) = U0 exp (– β y ) cos (ω t – α y ) (653)
(ce qui correspondrait à r = 0 et g = 0), le paramètre K serait pure-
1/4
ment imaginaire : g 2 + ω 2 γ C2
I ( y, t ) = 
U 0 ---------------------------
r 2 + ω 2 2
-  exp ( – β y ) cos ( ω t – α y + ψ 1 – ψ 2 ) (654)
K 2 = – ω 2γ C 
,  ■ Pour une ligne finie ( 0 < y <  ) fermée sur une impédance Z  ,
d où β = 0  (649)
et α = ω γ C  d’où :
 U (  ) = Z I (  ) (655)
ce qui conduirait à : il est préférable de considérer la solution générale (646) sous la
forme :
U ( y, t ) = ||cos  ω  t+y  γ C  + ϕ A  
 U (y ) = ′ ch ( Ky ) + ′ sh ( Ky ) 
 (650) 
+||cos  ω  t – y  γ C  + ϕ B  1  (656)
 I (y ) = – ------  ′ sh ( Ky ) + ′ ch ( Ky )  
Zc 
γ C 1/2 
I ( y, t ) =  ------   – |  | cos  ω  t + y  γ C  + ϕ A   pour obtenir, après avoir posé Z  = Z c th ϕ :
  (651)
+ |  | cos  ω  t – y  γ C  + ϕ B    
 sh [ K (  – y ) + ϕ ]
U (y ) = U ( 0 ) --------------------------------------------- 
sh ( K + ϕ ) 
avec une vitesse de propagation v = v yB = – v y A = 1/  γ C  (657)
U ( 0 ) ch [ K (  – y ) + ϕ ] 
Pour le cas idéal considéré la condition r = 0 montre que la conduc- I (y ) = ------------- --------------------------------------------- 
tivité γ des conducteurs doit tendre vers l’infini. L’épaisseur de peau Zc sh ( K + ϕ ) 
δ tend alors vers zéro (δ 2 = 2/ω µ γ ) et les courants sont donc uni-
l’impédance vue à l’entrée de la ligne est ainsi :
2
quement superficiels ; pour un fil de section circulaire πr 0 [(552)],
U(0)
la résistance linéique : Z ( 0 ) = ------------- = Z c th ( K + ϕ ) (658)
I (0)
1 1 ωµ
r = ----------------------- = --------------------- ---------
γ 2πr 0 δ 2 2 πr 0 γ

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3.6.2.3 Comparaison entre les solutions « genre circuit » 3.6.3 Validité et critique de l’utilisation stricte
et « genre ligne » de l’approximation des états quasi stationnaires
L’électrotechnicien classique, qui admet que bien évidemment, à
l’instant t et en tout point d’un circuit électrique sans ramification, 3.6.3.1 Présentation du problème
l’intensité I (t ) du courant est toujours la même (§ 3.6.1), déduirait
pour le cas qui vient d’être examiné que : Au paragraphe 2.3.2 nous avons indiqué que dans les conduc-
teurs, même mauvais, l’approximation des états quasi stationnaires
Z ( 0 ) = Z  + Z ligne (659) était valable. Dans ces conditions, en cas de phénomènes variant
sinusoïdalement en fonction du temps, l’étude (§ 3.4.4) d’une plaque
la deuxième impédance du second membre étant uniquement due définie par – a < x < a, où la direction imposée au courant est Oy,
à la présence de la ligne. Le calcul [(658)] : conduit à [(533)] :

( 1 + j )J s max
Z c2– Z 2
Z ligne = Z c th ( K + ϕ ) – Z  = ----------------------------------------------
- (660) 
2 δ sh ( 1 + j ) -----
a
x
δ 
J y ( x, t ) = Re ---------------------------------------------- ch ( 1 + j ) ----- exp j ( ω t )  (664)
Z  + Z c coth ( K  )
δ
montre qu’il n’en est rien puisque cette impédance dépend de Z  . ce qui montre, d’une part, une répartition transversale du champ (sta-
Un tel résultat était à attendre puisque les relations (647) et (648) tionnaire, sans phénomène de propagation) en f (x /δ ) et, d’autre part,
mettent en évidence des phénomènes de propagation [I (y, t ) ≠ I (t )]. dans le sens longitudinal Oy , une transmission sans affaiblisse-
En considérant le cas de la ligne infinie ( y  0 ) dont le compor- ment [aucun facteur du type exp (– β y ) n’est présent] et instantanée:
tement est décrit par les expressions (653) et (654), nous voyons que le facteur exp j (ω t – α y ) conduirait à une vitesse de propagation
les phénomènes de propagation peuvent, en étant réaliste, être négli- égale à ω/α et la présence de seulement exp (j ω t ), avec α = 0,
gés si deux conditions sont satisfaites à la fois : correspond donc à une vitesse infinie.
y Cette absence d’affaiblissement et cette vitesse infinie sont inti-
a) βy = ------- 1 (661)
e mement liées à l’utilisation stricte de l’approximation des états quasi
stationnaires où la considération de l’équation de Maxwell tronquée
où  e = 1/β est la longueur qui correspond à un affaiblissement 
(219) ( rot H = J + rien ) conduit [cf. cas général (32)] à la relation
de 1/e (e étant la base des logarithmes népériens) de l’amplitude
U0 exp (– β y ) de la différence de potentiel et de l’amplitude : div J = 0 . En effet, l’application de cette relation à une expression
2 1/4 générale du type (avec k = α – j β ) :
g 2 + ω 2γ C

U 0 ---------------------------
r 2 + ω 2 2
-  exp ( – β y )
J ( x , y , z , t ) = Re  J 0 ( x , y , z ) exp  j ( ω t – k ⋅ r )  (665)
de l’intensité du courant :
entraîne :
2πv
b) αy  2π soit y  ---------- = Tv (662)
ω
en faisant intervenir la vitesse v = ω / α, T étant la période des phéno-
  
divJ 0 exp j ( ω t – k ⋅ r ) – j ( J 0 ⋅ k ) exp j ( ω t – k ⋅ r ) = 0 (666) 
mènes sinusoïdaux considérés. et, par conséquent :
Sans faire une étude complète de α et β [(643) et (644)],
divJ 0 = 0 (667)
l’expression :
et J0 ⋅ k = 0 (668)
2β 2 = rg – ω 2  γ C + ( r 2 + ω 2  2 ) ( g 2 + ω 2 γ C2 ) (663)

montre que β augmente avec r et que, par conséquent, la condition La relation (668) montre alors que k ne peut avoir aucune compo-
(661) correspond à des distances limites y lim de plus en plus faibles
quand on considère des lignes de plus en plus résistantes. sante (réelle ou imaginaire) dans la direction de J ; dans notre
Par ailleurs, dans le cas d’une ligne idéale (c’est-à-dire sans exemple (664), k y = α y – j β y = 0 correspond bien à une propaga-
dissipation de puissance), la condition (661) est toujours satisfaite tion sans affaiblissement et à une vitesse infinie.
puisque β = 0 (649) montre que  e est infini. Nous avons également
vu [(652)] que v = c et la condition (662) fournit alors y  λ où λ cor- Dans le cas où J est unidirectionnel, la relation (667) indique que
respond à la longueur d’onde relative à l’air. Il convient de remarquer
que cette condition y  λ , souvent annoncée intuitivement, n’est J 0 ne peut varier qu’en fonction des variables transversales soit x
valable qu’en absence de phénomènes de dissipation de puissance
et que les conditions générales (661) et (662) sont plus restrictives. et z si, par exemple, J se réduit à Jy . Dans ce dernier cas, la forme
Notre exposé sur les lignes ne doit pas faire croire que des consi- générale de Jy ne peut être que la suivante [(664)] :
dérations « genre circuit » à l’échelle locale, permettent d’obtenir
l’ensemble des phénomènes qui peuvent être prévus à partir des 
J y ( x, z, t ) = Re  J 0y ( x, z ) exp  j ( ω t – k x x – k z z )   
équations générales de Maxwell. Dans le cas, par exemple, des
 (669)
guides d’ondes, ces équations mettent en évidence la possibilité de 
= Re   ( x, z ) exp ( j ω t ) 
trois types de phénomènes de propagation tandis que l’analyse que 
nous avons effectuée n’en prévoit qu’un seul (la solution TEM
citée § 3.6.2.2). Dans le problème des lignes, que nous venons de traiter au
paragraphe 3.6.2.2, il apparaît une vitesse de propagation dans le
sens longitudinal y : l’expression (654) de l’intensité du courant
comporte en effet un cosinus où intervient le groupement (ω t – α y ) ;
le champ électrique dans les conducteurs [Jy (x, t ) = γ · Ey (x, t )]
devrait donc présenter un facteur analogue, ce qui semble

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impossible à obtenir avec l’utilisation stricte (invariance des phé-


nomènes en fonction de la variable longitudinale) de l’approximation
des états quasi stationnaires.
Cette contradiction est liée au fait que, toujours, nous n’avons
raisonné que sur un seul milieu :
— dans le problème de la plaque, le milieu extérieur n’est pas
considéré ;
— dans le problème des lignes, ce milieu est pris en compte [cf.
les expressions (652) de  et γ C qui contiennent ε0 et µ0 ], tandis que
les conducteurs n’interviennent que par leurs caractéristiques géo-
métriques extérieures R1 et R2) sans trop se soucier, en général, de
la répartition de leurs densités de courant.
La seule façon d’obtenir des résultats satisfaisants est de résoudre
un problème conforme à la réalité, c’est-à-dire un problème complet
où il est tenu compte, dès le début, des conditions de passage entre
les deux milieux.

3.6.3.2 Considération d’un exemple


La résolution du problème « on considère, dans le vide, un fil cylin-
drique (d’axe Oz et de section circulaire πr 02 ), l’intensité I = I0 cos ω t
du courant étant imposée en z = 0 », présente de très nombreuses
difficultés mathématiques. C’est pour cela que nous ne donnons que
la forme (attendue) de la solution :

 e
z
  v
z
I ( z, t ) = I 0 exp – ------- cos ω t – ------  (670)

et quelques résultats sur la longueur  e (qui correspond à un facteur


de transmission de 1/e) et la vitesse v, la détermination des grandeurs
Figure 73 – Variations, en régime sinusoïdal,
typiques  e et v, ne pouvant s’effectuer qu’en résolvant numéri-
en fonction de la pulsation  , de la longueur  e ,
quement des équations comportant des fonctions de Bessel. Les
2
variations (en fonction de lg ω ) de lg  e , lg [(c – v )/c] et v /c sont res- pour des fils de cuivre à section circulaire r 0
pectivement portées sur les figures 73, 74 et 75 pour des fils dont
le rayon r 0 est 1 cm (courbes I ), 1 mm (courbes II) ou 0,1 mm
(courbes III ).
Pour ces trois figures :
— les courbes en trait plein concernent des développements que
nous avons pu établir quand r0 /δ est très petit (repère P1), pas trop
grand (P2 sur la figure 73, P sur les figures 74 et 75), assez grand
(G) ; pour indiquer le domaine attribué à chaque type de dévelop-
pement nous avons joint, par des traits mixtes, les points de ces
courbes relatifs à r0/δ égal à (0,3), (1) et (3) ;
— les points donnent les valeurs exactes pour r 0 = 1 cm (I).
Ces figures montrent que  e et v s’écartent d’autant plus des
résultats relatifs, soit à l’utilisation stricte de l’approximation des
états quasi stationnaires (  e = ∞,v = ∞ ), soit à la considération des
lignes idéales (  e = ∞,v = c ) , que r 0 et ω sont plus petits. À la fré-
quence de 50 Hz, par exemple, des fils de cuivre [avec r 0 = 0,1 mm
(courbes III)] dont les longueurs  sont 10 km, λ/100, λ/10 et λ (la
longueur d’onde λ est indiquée en double trait sur la figure 73
avec ici λ = 6 000 km) correspondent respectivement à des facteurs
de transmission exp ( –  /  e ) de (0,852), (0,384), 7 · 10–5 et 3 · 10–42
tandis que v = 6 · 10–2 c (figure 75). La proposition (souvent évo-
quée) « l’approximation des états quasi stationnaires fournit des
résultats satisfaisants quand l’étendue générale du système étudié Figure 74 – Variations, en régime sinusoïdal,
est très petite devant la longueur d’onde λ » n’est donc pas valable. en fonction de la pulsation  , de la vitesse v par l’intermédiaire
2
de [(c – v )/c ] pour des fils de cuivre à section circulaire r 0
3.6.3.3 Cas général
Dans nos différents développements (fournissant des évaluations
très voisines des valeurs exactes), les grandeurs r 0 et γ n’inter-
étant d’autant plus petits que dR /dz est plus grand. On peut admettre
2
viennent pratiquement que par le groupement r 0 γ . Cela met en qu’il en est de même pour les conducteurs de section quelconque
évidence le rôle essentiel de la résistance linéique du conducteur et que dR/dz reste le paramètre essentiel.
2
cylindrique dR/dz = 1/πr 0 γ , le facteur de transmission et la vitesse

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■ Pour définir la nature tensorielle d’une grandeur, on modifie les


vecteurs de base de l’espace et on observe les modifications
entraînées sur les composantes de la grandeur étudiée. La modifica-
tion des vecteurs de base doit être la plus générale possible : les
directions, les modules peuvent changer, les axes (rectilignes ou
curvilignes) peuvent être orthogonaux ou non. La forme et la
complexité des modifications observées des composantes d’une
grandeur permettent de définir sa nature tensorielle au moyen de
trois critères (variance, « tenseur » et grandeurs tensorielles, ordre).
Avant de décrire brièvement ces critères, il faut définir le nombre de
vecteurs de base de l’espace et en examiner les conséquences.
Si on admet que l’espace n’est rapporté qu’à trois vecteurs de base
(les coordonnées géométriques), le temps étant considéré à part, les
relations tensorielles sont aveugles par rapport au temps : une gran-
deur et, par exemple, sa dérivée par rapport au temps, apparaissent
en effet comme ayant la même nature tensorielle puisqu’une modi-
fication des trois vecteurs de base entraîne les mêmes modifications
des composantes de la grandeur et des dérivées par rapport au
temps des composantes de cette grandeur. Si on se tient au courant
de l’activité scientifique (la Relativité date de 1905), on sait qu’il faut
rapporter l’espace à un groupe de quatre coordonnées (x, y, z, t pour
fixer les idées) absolument liées ; les relations tensorielles entre
Figure 75 – Variations, en régime sinusoïdal, grandeurs fournissent alors des résultats sans ambiguïté par rapport
en fonction de la pulsation  , du rapport v /c au temps.
Pour simplifier l’exposé, nous n’avons introduit des relations
3.6.3.4 Conclusions franchement relativistes que dans le paragraphe 4.2.5.
Les résultats de nos calculs montrent que, dans le domaine de
l’électrotechnique (sauf cas particuliers), on peut négliger les phéno-
mènes de propagation tels que nous venons de les décrire.
4.1.2 Variance tensorielle d’une grandeur
La longueur d’affaiblissement  e (≈ 1 000 km pour r0 = 1 mm et
50 Hz) n’a pas de sens physique, les supports, les isolants non idéaux Considérons, à titre d’exemple, le vecteur OM joignant l’origine
limitant les phénomènes bien avant cette valeur théorique. O au point M. En utilisant un type A de vecteurs de base
Le temps de propagation sur une distance de 1 km [3,3 µs dans ( u xA , u yA , u zA ), le vecteur OM s’exprime au moyen des xi A par :
l’air et 0 µs (!) dans le conducteur (pour le lecteur non averti)] passe,
à une fréquence de 50 Hz et pour un fil dont le rayon est de 0,1 mm, 3
à 55 µs, pour le lecteur qui a remarqué que le rapport v /c est alors
de 6 · 10–2 (figure 75).
OM = u xA x A + u yA y A + u zA z A = ∑ u iA x iA (671)
i =1
Le présent paragraphe 3.6.3 sert donc principalement à rassurer
tandis que, pour un type B de vecteurs de base, définis à partir du
l’électrotechnicien, qui se demandait s’il est possible d’utiliser des
type A au moyen de :
solutions illogiques (qui violent la continuité des composantes
3

tangentielles des champs E et H ) en obtenant néanmoins des ujB = ∑ αji u iA
i =1
(672)
valeurs numériques convenables dans la plupart des cas.
il faut faire intervenir des xj B pour obtenir le même vecteur OM :
3
4. Annexe A : nature tensorielle OM = ∑ u j Bx j B (673)
j =1
des grandeurs et applications
Si les u iA sont modifiés d’une certaine façon ( u iA → u jB ) , les
4.1 Nature et classement xi A doivent être modifiés (xi A → xj B ) d’une autre façon pour que le
des grandeurs physiques vecteur OM reste invariant quels que soient les vecteurs de base
choisis. On peut montrer qu’il est alors nécessaire que :
4.1.1 Nature dimensionnelle et nature tensorielle
3
Deux systèmes indépendants permettent de classer les bonnes x iA = ∑ αji xjB (674)
grandeurs physiques en se référant soit à leur nature dimensionnelle, j =1
soit à leur nature tensorielle. Ce n’est pas parce que cette dernière
où il faut remarquer que les relations (672) et (674) se correspondent
nature est (à tort) moins enseignée que la première qu’il faut la négli-
par la permutation des indices i A et j B.
ger et la croire très compliquée.
Les coordonnées xi varient ainsi d’une façon contraire à celle des
■ La nature dimensionnelle d’une grandeur est bien connue. Pour
la mettre en évidence, on considère les grandeurs choisies comme u i et sont dites contravariantes. En revanche, une grandeur dont
fondamentales (exemple : longueur, masse et temps), on modifie les les composantes varient comme les u i est dite covariante.
unités correspondantes (exemple : m → cm) et on observe les modi-
fications qu’elles entraînent sur la mesure de la grandeur étudiée.
C’est ainsi, par exemple, que la dimension d’une accélération est
LT –2 et celle d’une force LMT –2.

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À titre d’exemple, l’évaluation du travail d’une force constante 4.1.5 Définition d’un tenseur et vocabulaire
F dont le point d’application se déplace de OM :
Après avoir défini de nouveaux vecteurs de base (type B) à partir
des anciens (type A) au moyen d’une pondération élémentaire (672),
= F ⋅ OM = ∑ Fi xi (675) une grandeur peut être considérée comme un tenseur si ses nou-
i velles composantes sont des pondérations linéaires des anciennes
composantes, chacune de ces nouvelles composantes étant régie
montre que F est covariant puisque ∑ Fi xi est invariant comme par le même type de pondération ; c’est le type de ces pondérations
(qui doivent ne faire intervenir que des facteurs αji et le déterminant
∑ ui xi quand on modifie les vecteurs de base de l’espace [type correspondant |α|) qui définit alors l’ordre, la variance et le caractère
A → type B] : densité, capacité ou « tenseur » de la grandeur étudiée ; par exemple,
pour une densité scalaire (comme la densité volumique de charge) :
 ∑ FiA xiA = ∑ FjB xjB  comme  ∑ u iA xiA = ∑ u jB xjB  ρ B = | α | ρA (676)
et pour un « tenseur » du 2e ordre deux fois covariant (comme
Le lecteur qui consultera un exposé complet sur les tenseurs l’induction magnétique) :
observera une distinction entre les indices de contravariance
(placés en haut) et ceux de covariance (en bas) ; c’est pour ( t jp ) B = ∑ αji αpq ( tiq )A (677)
simplifier que nous ne respectons pas ces normes et notons, par iq
i
exemple, α j par αji . Toutes les bonnes grandeurs physiques sont des tenseurs (§ 4.1.6)
et le plus important est la détermination de leur nature tensorielle.
Remarquons que la valeur numérique zéro permet de constituer des
tenseurs de n’importe quelle nature : une densité scalaire parce que
4.1.3 Tenseurs et grandeurs tensorielles 0 = | α | 0 [(676)], un tenseur deux fois covariant parce que

Nous venons de voir que les coordonnées xi sont contravariantes.


0 = ∑ αji αpq 0 [(677)], etc.
iq

La vitesse v du point M est donc contravariante, les composantes Une très grande partie de la physique peut être traitée en utilisant
vi = dxi /dt variant comme les xi , puisque nous n’utilisons que trois
des quantités scalaires, des tenseurs du 1 er ordre ( T ) et des
vecteurs de base [§ 4.1.1 et (671)]. &
&
tenseurs du 2e ordre ( T ) .
Une densité de courant, du type J = ∑ ρk < v k > (où l’indice
■ À l’intérieur des scalaires (qu’un désir forcené de classement
k
k repère les différentes espèces de particules) a également un carac- permet de considérer comme des tenseurs d’ordre zéro à une
composante), on peut distinguer les densités scalaires (comme une
tère contravariant (dû aux v k ), mais la présence des densités volu- densité volumique de charge ρ ou une densité volumique de puis-
sance d/d ), les capacités scalaires (exemple un volume) et les
miques ρk montre que J varie également comme l’inverse du « scalaires » au sens strict (exemple une charge électrique Q, une
volume de base défini à partir des vecteurs de base (on peut montrer puissance P, une énergie , un potentiel électrique V ).
que le volume de base est lié à l’inverse |α| –1 du déterminant | α |
■ Les tenseurs du 1er ordre sont des vecteurs et c’est toujours
formé par les αji ). Les grandeurs v et J sont donc contravariantes,
mais de type différent. cette appellation qui est utilisée ; à titre d’exemple, F est un
Pour pouvoir effectuer les distinctions nécessaires, le vocabu- « vecteur » covariant de même que E (puisque F = Q E , Q étant
laire suivant est utilisé : les grandeurs tensorielles variant soit
comme l’inverse du volume de base, soit comme ce volume de base un « scalaire » strict), J est une densité vectorielle contravariante.
ou bien insensibles à cette action sont respectivement désignées par
■ Dans une très grande partie de la physique, tenseur signifie donc
densité tensorielle (exemple J ), capacité tensorielle (exemple un pratiquement tenseur du 2e ordre. Pour l’espace à trois dimen-
sions et si les coordonnées x, y, z sont utilisées, les composantes tij
volume) et « tenseur » au sens strict du terme (une vitesse v par d’un tel tenseur peuvent se grouper dans le tableau :
exemple). Dans la suite de l’exposé, nous distinguerons les tenseurs
au sens large du terme (qui regroupent les trois catégories précé- t xx t xy t xz
dentes) des « tenseurs » au sens strict du terme. &
&
t = t yx t yy t yz (678)
t zx t zy t zz
4.1.4 Ordre d’un tenseur
(qu’il ne faut évidemment confondre ni avec une matrice ni avec un
Une définition très extérieure (elle ne concerne que le cadre obli- déterminant !).
gatoire) de l’ordre d’un tenseur consiste à indiquer le nombre de Deux cas particuliers importants sont à distinguer :
composantes qu’il comprend : 1) Les tenseurs symétriques sont définis par les relations
— dans l’espace à trois dimensions, un tenseur du 1er ordre a trois tij = + tji ; le tableau des composantes (678) prend alors la forme :
composantes du type ti , un tenseur du 2e ordre, 9 composante du
type tij ; t xx t xy t zx
— pour l’espace à quatre dimensions, les tenseurs du 1er ordre &
& t xy t yy t yz
t = (679)
et du 2e ordre ont respectivement 41 = 4 et 42 = 16 composantes.
t zx t yz t zz

où les tij d’indices i et j différents sont exprimés en n’utilisant que


txy , tyz et tzx dont les indices sont les deux premiers des permuta-
tions paires de xyz ; pour la première forme de (680), nous utilise-
rons la même règle.

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Un bon exemple de tenseur symétrique du 2e ordre est fourni ■ Pour définir [(677)] les nouvelles composantes (t jp ) B et les
par le tenseur de Maxwell [(152) et (283)]. anciennes (tiq )A , on ne considère à chaque fois qu’un seul repère (A
2) Les tenseurs antisymétriques sont définis par tij = – tji , ce qui ou B). En revanche, les αji sont liés aux deux systèmes : il n’y a ni
entraîne tii = 0 ; le tableau (678) devient alors (la deuxième forme d’anciens α ji , ni de nouveaux α ji . Les α ji ne sont donc pas les
sera explicitée ci-après à propos du champ magnétique) : composantes d’un tenseur.

0 t xy – t zx 0 ( td )z ( tg )y
& En conclusion, il faut prendre garde à ne pas confondre :
&
t = – t xy 0 t yz = ( tg )z 0 ( t )
g x (680) — la matrice (α ) des αji qui définit les ujB à partir des
t zx – t yz 0 ( td )y ( tg )x 0
uiA (672) ;
&
& — le déterminant |α |, formé par les mêmes αji , dont l’inverse
Le champ magnétique H est un tenseur antisymétrique du
fournit le rapport des volumes de base des deux systèmes ;
2e ordre (plus exactement, une densité tensorielle antisymétrique
— un tenseur du 2e ordre, par exemple le tenseur de
du 2e ordre deux fois contravariante) dont les composantes sont &
&
notées Hjk au moyen de 2 indices. Si on utilise des axes à droite, Maxwell T relatif à l’électrostatique [(152)] :
1
les composantes du vecteur H d correspondant sont définies par T jp = ε 0  E j E p – ------ δ jp E 2 (684)
(Hd)i = Hjk où ijk est une permutation paire de x y z, tandis que, 2

dans le cas d’axes à gauche, pour H g , on considère ces trois entités se présentant extérieurement de la même façon,
au moyen d’un tableau carré 3 × 3 pour un espace à trois
(Hg)i = Hkj = – Hjk où ikj est une permutation paire de x z y [cf. le
dimensions.
dernier membre de (680)].
Un autre exemple de « tenseur » antisymétrique du 2e ordre est
fourni par le rotationnel du champ électrique qui comprend six
composantes : 4.2 Nature tensorielle des grandeurs
∂ ∂ et lois physiques
t ij = ----------- E j – ----------- E i (681)
∂x i ∂x j

non nulles a priori ; les composantes en axes à droite du vecteur Pour les tenseurs et les grandeurs tensorielles, le lecteur pourra
[ rot ( E ) ] d sont toujours déterminées par : utilement se reporter aux articles du traité Sciences fondamentales :
— Calcul tensoriel [A 125] ;
 [ rot ( E ) ]d i = t jk (682) — Les tenseurs et leurs applications [A 1 210] ;
— Problèmes en élasticité semi-classique. Modélisation et réso-
ijk étant une permutation paire de xyz. lution [A 1 212].

4.1.6 Qu’est-ce qu’un tenseur ? 4.2.1 Relations entre grandeurs

La nature dimensionnelle et la nature tensorielle d’une grandeur Pour qu’une relation d’égalité entre deux grandeurs soit une
sont ses paramètres essentiels puisqu’ils sont les seuls qui per- relation physique intrinsèque, c’est-à-dire indépendante de toute
mettent de savoir dans quel type de relations (§ 4.2.1) cette grandeur convention, il faut que non seulement ces grandeurs soient de même
peut être impliquée. Néanmoins, certaines personnes posent la dimension (ce qui est bien connu), mais aussi qu’elles aient le même
question « qu’est-ce qu’un tenseur ? » bien qu’elles ne pensent pas nature tensorielle ; sans cela, un changement des vecteurs de base
à la question quasi analogue « qu’est-ce qu’une dimension ? ». Pour modifierait de façon différente les composantes des deux grandeurs,
leur répondre et donner des précisions supplémentaires, il suffit de la relation de soi-disant égalité cesserait d’être valable en montrant
répéter qu’une grandeur T est un tenseur si, lors d’un changement ainsi son caractère fortuit.
quelconque des vecteurs de base de l’espace [(672)] toutes les nou- Les relations entre tenseurs n’utilisent que deux procédés :
velles composantes de T s’obtiennent, en chaque point, à partir d’une
— la multiplication tensorielle (ordinaire, scalaire...), la nature
pondération linéaire (d’un type unique pour la grandeur considérée)
tensorielle du produit étant déterminée par des règles simples : le
des anciennes composantes en ne faisant intervenir que les αji et
leur déterminant |α| ; les relations (676) et (677) fournissent deux produit Q E de la charge Q (« scalaire » strict) par le champ E
exemples à ce sujet.
Pour qu’une grandeur puisse constituer un tenseur, il faut donc (« vecteur » covariant) fournit la force F (« vecteur » covariant) ; le
qu’elle ne fasse intervenir que les coordonnées d’un seul point expri- produit scalaire F ⋅ OM (de « vecteurs » de composantes respec-
mées au moyen d’un seul système à la fois (ce système pouvant tivement covariantes et contravariantes) exprime un travail
être quelconque). Reprenons ces deux critères en donnant des (« scalaire » strict) ; une multiplication tensorielle plus évoluée sera
contre-exemples. fournie par la relation (686) ;
■ Les αji peuvent dépendre du point considéré (passage d’axes — l’application d’un opérateur différentiel aux composantes d’un
rectilignes à des coordonnées sphériques par exemple) ; si une gran- tenseur T1 fournit un nouveau tenseur T 2 si la configuration de l’opé-
deur dépend de deux points, on ne peut donc définir les αji à utiliser rateur et la nature N1 du tenseur T1 sont bien choisies.
et une relation du type (677), par exemple, ne peut être envisagée. Comme plusieurs grandeurs physiques sont notoirement des
Les dérivées des composantes d’un tenseur (qui font intervenir for- tenseurs (exemple la force), on en déduit que toutes les bonnes gran-
mellement deux points) ne peuvent donc a priori former un tenseur ; deurs physiques sont obligatoirement des tenseurs : sans cela les
la seule exception est le gradient d’un scalaire puisque : relations dans lesquelles elles sont impliquées ne pourraient être que
fortuites.
grad (V ) ⋅ dM = V ( M + dM ) – V ( M ) (683)

montre [(675)] que ce gradient est un « vecteur » covariant.

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À titre d’exemple, nous allons montrer que l’expression de la Avant de rassurer les personnes qui ont déjà utilisé (et utiliseront
densité volumique de puissance fournie sous forme électro-
magnétique [(78)] : encore) D = ε 0 E dans le cas du vide, considérons d’abord, à titre
d’exemple, la relation bien connue [l’âge du capitaine = la longueur
&
& du navire (exemple 50 ans et 50 mètres)] et osons prétendre que
d em ∂D & & ∂B
cette relation est bonne parce qu’elle subsiste quand on modifie
- = E ⋅ --------- + H ⋅ ------- + E ⋅ J
p em = -------------- (685)
d ∂t ∂t l’unité de masse. Nous voyons ainsi que pour condamner cette pro-
position fallacieuse, il faut mettre la relation incriminée à l’épreuve
permet d’obtenir plusieurs résultats intéressants après avoir d’une modification de toutes les unités de base (longueur, masse,
d em temps) ; sans cette précaution, une relation dimensionnellement
remarqué que --------------- est une densité scalaire :
d fausse pourrait paraître correcte. Pour les natures tensorielles, il en
est de même ; il faut modifier les vecteurs de base de la façon la
— le terme E ⋅ J où E est un « vecteur » covariant et J une den- plus générale possible pour éprouver une relation.
sité vectorielle contravariante donne bien une densité scalaire [cf. À titre d’exemple, pour un système d’axes rectilignes
( F ⋅ OM ) qui fournit un scalaire strict] ; Ox ,Oy ,Oz , l′axe Oz étant perpendiculaire au plan Oxy dans
— il faut donc [cf. terme ( E ⋅ ∂D / ∂t ) ] et ∂ D /∂t et D (§ 4.1.2) lequel l’axe Ox est amené sur l’axe Oy par une rotation d’un angle
soient des densités vectorielles contravariantes ;
&
& &
& θ autour de Oz dans le sens positif, on peut démontrer que les
— on peut montrer, connaissant la nature de H , que B est un &
e
« tenseur » du 2 ordre antisymétrique deux fois covariant. composantes εij de &
ε 0 (avec i et j = x, y, z ) forment le tableau :

ε0 ε 0 cos θ
En résumé, nous avons démontré ou indiqué que : -------------- – ---------------------- 0
sin θ sin θ
• ρ est une densité scalaire ; &
ε&
0 (θ) = ε 0 cos θ ε0 (687)
• E est un « vecteur » covariant ; – ---------------------- ---------------
- 0
sin θ sin θ
• J et D sont des densités vectorielles contravariantes ; 0 0 ε 0 sin θ
&
&
• H est une densité tensorielle deux fois contravariante Les relations (686) deviennent alors :
antisymétrique ;
&
& ε0 ε 0 cos θ 
• B est un « tenseur » deux fois covariant antisymétrique. D x = --------------- E x – ---------------------- E y 
sin θ sin θ 
ε 0 cos θ ε0 
D y = – ---------------------- E x + -------------- E y  (688)
4.2.2 Relation entre D et E sin θ sin θ 

D z = ε 0 sin θ E z 

Nous venons de voir que E et D ont des natures tensorielles
différentes. Il en résulte que même dans le vide, et pour un choix et condamnent ainsi, dans le cas où θ est quelconque, toute relation

quelconque de vecteurs de base, D ne peut être proportionnel à de proportionnalité entre D et E .

E puisque leurs composantes respectives se modifient de façon En revanche, dans le cas d’axes orthogonaux (θ = π /2), le tableau
&
différente quand on modifie les vecteurs de base. Même si, avec (687) de &
ε devient :
0
certaines conventions (différentes de celles du système MKSA), on
peut arriver à mesurer les composantes de D et E avec la même ε0 0 0
& π
unité, on ne peut pas confondre sur le plan des principes E et D . 0  θ = -----
ε&
2
- = 0 ε0 0 (689)
Plus précisément, si on cherche la nature de la grandeur ε qui relie 0 0 ε0
D et E , on peut faire les remarques suivantes :
les seules composantes non nulles (toutes égales entre elles) étant
— si ε était un scalaire, ε E serait covariant ; celles de la diagonale principale. Les relations (686) donnent alors
— si ε correspondait à un vecteur contravariant, il ne permettrait Di = ε 0 Ei , ce qui se traduit par D = ε 0 E . On peut montrer que cette
de former avec E qu’une grandeur scalaire [du type = F ⋅ OM ] ; relation D = ε 0 E subsiste tant que les axes restent orthogonaux
— on conçoit donc (ce n’est pas une démonstration !) que si ε est (l’utilisation de coordonnées cylindriques ou sphériques est
une densité tensorielle deux fois contravariante (de composante εij ) possible), de la même façon que « l’âge du capitaine = la longueur
on puisse obtenir les composantes de la densité vectorielle contra- du navire » peut subsister tant que les unités de temps et de longueur
restent respectivement les mêmes.
variante D au moyen de relations du type :
En conclusion, les grandeurs D et E , fondamentalement
Di = ∑ εij Ej (686)
différentes puisqu’elles n’ont pas la même nature tensorielle, ne
j
peuvent, même dans le vide, être proportionnelles ; le choix d’axes
mettant en jeu les composantes du « vecteur » covariant E . orthogonaux cache cependant cette différence et permet d’utiliser,
dans le vide, la relation D = ε 0 E .

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&
& &
&
4.2.3 Relation entre B et H ■ On peut également montrer que la combinaison :
∂a
&
&
Nous avons déjà indiqué que B (« tenseur » deux fois covariant
∑ ----------i- = div a
∂x i
(692)
i
&
&
antisymétrique) et H (densité tensorielle deux fois contravariante relative aux composantes d’une densité vectorielle contravariante
antisymétrique) sont de nature différente. Avec un choix de vecteurs
& (de même nature N1 que D ) est une densité scalaire (de même
&
de base quelconque, et même dans le vide, B ne peut donc être nature N2 que ρ ) ; le physicien prérelativiste peut donc hésiter entre :
&
&
proportionnel à H . Si on se restreint à l’utilisation d’axes ortho- ? ? ∂ρ
gonaux, la différence de nature est cachée et on peut alors écrire div D = κ 1 ρ div D = κ 2 -------- etc. (693)
∂t
&
& &
&
pour le vide B = µ 0 H . ■ Les composantes de l’opérateur désigné par « Divergence avec
un grand D » définies par :

4.2.4 Les opérateurs différentiels de la physique & ∂h ij



&
 Div ( h )  i = ----------
∂x j (694)
j
Nous avons déjà indiqué que la dérivée (qui fait formellement
intervenir deux points de l’espace) de la composante d’un tenseur
ne peut pas a priori former une composante d’un tenseur, la seule forment une densité vectorielle contravariante (comme J et D )
exception étant relative au gradient d’un scalaire [(683)]. Si pour &
&
quand h est une densité tensorielle antisymétrique deux fois
définir une composante d’une grandeur G2 on considère, non pas
&
&
la dérivée d’une composante d’un tenseur T1 , mais une combinaison contravariante (comme H ). Dans le cas particulier de l’espace à trois
de ces dérivées [(690)], on peut montrer qu’il existe quelques asso- dimensions, nous obtenons :
ciations entre des tenseurs T 1 de nature N 1 bien déterminée, d’une
part, et des combinaisons particulières des dérivées des compo- &
& ∂H xx ∂H xy ∂H xz
santes de ces tenseurs, d’autre part, qui permettent de définir des  Div (H )  x = ------------
∂x
- + ------------- + ------------
∂y ∂z
(695)
tenseurs T 2 (de nature N2).
Avant de donner quatre exemples concernant les tenseurs T 1 dont soit en axes à droite :
l’ordre est inférieur ou égal au deuxième, il faut remarquer que l’exis-
tence des bonnes associations est très importante parce que ( H d )z ∂ ( – H d ) y
 Div ( H d )  x = 0 + ∂------------------
- + ------------------------- =  rot d ( H d )  x (696)
certaines relations entre tenseurs de nature différente sont ainsi ∂y ∂z
autorisées.
&
&
■ À titre de premier exemple, on peut montrer que les : comme Div (H ) ne peut correspondre qu’à des densités vectorielles
∂ ∂ contravariantes, seuls J et D peuvent jouer un rôle ; le physicien
t ij = ----------- a j – ----------- a i (690)
∂x i ∂x j prérelativiste aboutit ainsi à :

sont les composantes d’un « tenseur » T2 deux fois covariant et anti-  ∂J ∂D


symétrique (nature N 2) si les aj sont les composantes d’un vecteur rot (H ) = κ 1 J  ou κ2 ---------
∂t
- …  + κ 3 D  ou κ 4 ----------- … 
∂t
(697)
covariant (nature N1). À partir des relations (672) et des transforma-
■ On peut encore montrer que certaines combinaisons (nous ne
tions ( a j ) B = ∑ αji ( ai )A qui indiquent que les aj forment les compo- donnons pas de détail) de dérivées de composantes d’un « tenseur »
i
santes d’un « vecteur » covariant, on démontre en effet que [(677)] antisymétrique deux fois covariant permettent de former un tenseur
trois fois covariant. Pour un espace à trois dimensions cet opérateur
( t ij ) B = ∑ αip αjq ( tp,q )A . &
&
p,q (que l’on ne peut appliquer qu’à B ) se transforme [cf. le passage
Nous voyons ainsi que le rotationnel [(682)] du champ électrique de (694) à (696)] et correspond à div ( B d ) . On peut alors soit intro-
E (vecteur covariant) est un « tenseur » deux foix covariant et anti- duire un bon tenseur du 3e ordre (mais dans quelle relation l’impli-
symétrique et ne peut donc être rapproché que d’un « tenseur » de querait-on par la suite ?), soit, par désir de simplicité (puisque nous
&
& n’avons pas un tel tenseur sous la main), couper la chaîne des rela-
même nature tensorielle c’est-à-dire de B . Un physicien qui ignore
les doctrines relativistes considère, d’une part, l’espace à trois tions et écrire que div ( B d ) = 0 puisque la valeur numérique
dimensions et, d’autre part, le temps ; en conséquence, les αji [(672)] « zéro » permet de constituer des tenseurs de n’importe quelle
qu’il utilise forment une matrice à 32 = 9 éléments montrant ainsi nature [cf. la remarque du § 4.1.5 qui suit la relation (677)].
que les relations tensorielles correspondantes ne peuvent apporter
aucun renseignement sur le rôle du temps (§ 4.1.1). Ce physicien ne
peut donc, en considérant la seule nature tensorielle des grandeurs,
&
&
décider entre B et certaines de ses combinaisons avec le temps :
&
&
&& & ? & & & ∂B
& (&) =? κ -------
rot (E ) = κ 1 B rot E 2 ∂t- etc.
(691)

κ1, κ2 ... étant des constantes pures (1, – 1, 4π, 2π , etc.).

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On peut alors montrer que la relation autorisée [(694) et (697)] :


Nous venons d’indiquer toutes les combinaisons de dérivées
qui ne font intervenir que des tenseurs T 1 (de nature N 1) dont &
&
Div  =  (700)
l’ordre est inférieur ou égal au deuxième. Ces combinaisons, très
peu nombreuses, font intervenir les opérateurs différentiels fournit :
(gradient, divergence et rotationnel) qui enjolivent tous les traités
de physique, ces opérateurs permettant des relations entre des  ∂D
rot H – --------
- = J et div D = ρ
grandeurs physiques dont les natures tensorielles différentes ∂t
doivent être bien appariées. C’est pour cela que les relations :
&
&
 tandis qu’en écrivant que le tenseur du troisième ordre lié à  (le
 ∂H seul que l’on puisse former) est nul (ce qui est le plus simple et
div E = a 1 ρ , rot E = – a 2 -------
∂t donc la première chose à essayer), on aboutit à :

 ∂E  ∂B  
rot B = a 3 J + a 4 ---------- , div ( a 5 H ) = 0 ------- + rot E = 0 et divB = 0
∂t ∂t
sont à rejeter, quels que soient les coefficients ai et les unités de Par ailleurs [(692)] :
mesure ; dans le cas particulier de matériaux idéaux et d’axes
∂J ∂J ∂J ∂ ( jc ρ ) ∂ρ
orthogonaux, ces relations peuvent fournir néanmoins des résul- div  = --------x- + --------y- + --------z + ------------------ = div J + ------ = 0
tats corrects [les expressions (688) montrent qu’il n’existe une ∂x ∂y ∂z ∂ ( jct ) ∂t

relation entre div D et div E que dans le cas où θ = π/2]. exprime la relation de continuité.
Nous venons ainsi de voir comment la combinaison des doctrines
relativistes et des relations autorisées entre grandeurs de nature
4.2.5 Conséquences relativistes tensorielle différente permet de quasi démontrer les équations de
Maxwell ou plutôt de montrer qu’elles sont les premières à
essayer [1]. Signalons que, dans notre exposé, nous avons toujours
Nous venons de voir les liens entre les relations (691), (693), (697)
introduit les constantes qui permettent de trouver les équations de
et certaines équations de Maxwell, sans pouvoir néanmoins déter-
Maxwell sous leur forme légale. Nous avons ainsi respecté deux
miner l’influence du temps. Les doctrines relativistes exigent l’uti-
idées :
lisation de 4 coordonnées groupées (x, y, z, jct ) ; [pour des raisons
d’homogénéité, il est nécessaire de multiplier le temps t par une — la simplicité ;
vitesse universelle (donc c ) ; la justification du facteur j sort du cadre — le désir de ne pas montrer, en posant par exemple :
de notre exposé]. &
& Ei
Ces doctrines montrent alors que, pour obtenir les lois universelles Div  = α  ,  jct,i = jc γ ′Di ,  jct,i = j γ ″ -----
c
régissant l’électromagnétisme ; il suffit de considérer une densité
tensorielle antisymétrique deux fois contravariante : au lieu de (700), (698) et (699), que l’on peut inventer un très grand
nombre de systèmes, il y en a déjà trop dans la littérature !
0 H xy H xz – j cD x
&
& H yx 0 H yz – j cD y
 = (698)
H zx H zy 0 – j cD z 5. Annexe B : opérateurs
j cD x j cD y j cD z 0
différentiels
un « tenseur » antisymétrique deux foix covariant :
Les différentes sections de ce paragraphe sont consacrées à :
Ex
0 B xy B xz – j ------ — la définition des opérateurs différentiels ;
c — l’application des opérateurs différentiels à des produits ou à
Ey des fonctions ;
&
& B yx 0 B yz – j ------ — les combinaisons d’opérateurs différentiels ;
 = c
(699) — l’intégration d’opérateurs différentiels.
Ez
B zx B zy 0 – j ----- Pour simplifier, nous avons surtout cherché à donner des résultats
c
(en mettant en évidence les points délicats) plutôt qu’à en apporter
Ex Ey Ez les démonstrations ; de même, nous n’avons considéré que le cas
j ------ j ------ j ----- 0
c c c où l’espace est rapporté à un trièdre trirectangle d’axes à droite

les sources étant réunies dans les composantes (Jx , Jy , Jz , jc ρ ) de Ox , Oy , Oz de vecteurs unitaires i , j , k .

la densité vectorielle contravariante  . Comme une des bases de


la Relativité est l’impossibilité de distinguer deux systèmes en
mouvement rectiligne l’un par rapport à l’autre, il est obligatoire de 5.1 Définition des opérateurs différentiels
grouper, dans la même grandeur  , les composantes de J (liées
aux charges en mouvement par rapport au système particulier ■ Gradient
considéré) et ρ (lié à l’ensemble des charges). Des remarques ana- Le gradient d’un scalaire est un vecteur. Au point M (x M , y M , z M)
 les composantes du gradient V sont du type :
logues peuvent être effectuées au sujet du groupement de H et D
&  &
&
dans  et celui de B et E dans  .
& ∂V
( grad MV ) x = ------------ ( x M ,y M ,z M ) (701)
∂x M

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(où il faut remarquer la dérivation par rapport à x M), ce qui montre — soit en axes à gauche :
que :
∂ ( Hg ) ∂ ( Hg )
∂V  a x = -----------------y- – -----------------z
( grad MV ) ⋅ dM = ∑  -----------
∂x M 
- ⋅ ( dM ) x
 ∂z ∂y
(711)
x,y,z  (702)
 on aboutit au même résultat puisque :
= V ( M + dM ) – V ( M ) 
( H g ) i = – ( H d )i (712)
À titre d’exemple, en introduisant la distance :
■ Laplacien
 MP  = ( xM – xP ) 2 + ( yM – yP ) 2 + ( zM – zP ) 2 (703) Le laplacien d’un scalaire V est le scalaire défini par :

∂2 V ∂2 V ∂2 V
on obtient : ∆V = ---------2- + ---------2- + ---------2- (713)
∂x ∂y ∂z
1 2 ( xM – xP ) ∂ ( xM – xP ) 
 grad M  MP  
x
= ------ ---------------------------- ----------------------------
2 ∂x M  Le laplacien d’un vecteur a est le vecteur défini par :
 MP  
 (704)
xM – xP ( PM ) 
∆a = ∑ i ∆ ( a )i (714)
- = ------------------x-
= -------------------  i , j ,k
 MP   MP  

1 2 ( xM – xP ) ∂ ( xM – xP ) 
 grad P  MP   = -----
x 2
- ---------------------------- ----------------------------
∂ xP  5.2 Application des opérateurs différentiels
 MP   à des produits ou à des fonctions
 (705)
xM – xP ( MP ) 
= – -------------------- = ------------------x- 
 MP  df (  MP  )
 MP   ■ grad M f (  MP  ) = --------------------------- grad M  MP  (715)
d  MP 
La généralisation de ce calcul montre que lorsque la quantité
scalaire f (dont on considère le gradient) ne dépend que de la distance 1 1 PM MP
■ grad M -------------- = – ----------------2- ⋅ -------------- = ----------------3-
 MP  :  MP   
 MP   MP   MP 
(716)

grad M f (  MP  ) = – grad P f (  MP  )    
(706) ■ grad ( a ⋅ b ) = a ∧ rot b + b ∧ rot a 
∂a ∂b  (717)
Quand aucune ambiguïté n’existe sur le point où est évalué le + ∑ b i --------- + ∑ a i --------- 
∂x i x,y,z ∂x i
gradient, on peut se contenter d’une notation abrégée (exemple : x,y,z 
∂a ∂a y ∂a y ∂a y
« grad V ») en restant toutefois attentif à toute utilisation ultérieure
de cet opérateur.
avec  x,y,z ∂x i  y
∑ bi --------
- = b x ------------ + b y --------- + b z ---------
∂x x ∂y ∂z (718)

■ Divergence ■ div ( a b ) = a div b + b ⋅ grad a (719)


La divergence d’un vecteur est un scalaire. Au point M, la diver-    
■ div ( a ∧ b ) = b ⋅ rot a – a ⋅ rot b (720)
gence de D (de composantes Di ) est définie par :  
■ rot ( a b ) = ( grad a ) ∧ b + a rot b (721)
∂D x ∂D y ∂D z 
div M D = ----------- ( x M ,y M ,z M ) + ----------- ( x M ,y M ,z M ) + ---------- ( x M ,y M ,z M )(707) ■ rot ( a ∧ b ) 
∂x M ∂y M ∂z M ∂a ∂b  (722)
= a div b – b div a + ∑ b i --------- – ∑ a i ---------
∂x i x,y,z ∂x i 
■ Rotationnel x,y,z

Au point M, le rotationnel d’un vecteur polaire E (de composantes
Ei ) est un vecteur axial dont la représentation en axes à droite (cf.
le tire-bouchon de Maxwell) a pour composantes :
5.3 Combinaisons d’opérateurs différentiels
 ∂E z ∂E y
 rot ME d x = ------------ ( x M ,y M ,z M ) – ------------ ( x M ,y M ,z M )
∂y M ∂z M (708)
■ div ( grad a ) = ∆a (723)
et deux permutations circulaires en x, y, z, tandis que la représen- 
tation en axes à gauche correspond, par exemple, à : ■ div ( rot a ) = 0 (724)

∂E y ■ rot ( grad a ) = 0 (725)
 E z
 rot M E g x
= ---------- ( x M ,y M ,z M ) – ----------- ( x M ,y M ,z M )
∂z M ∂y M (709)  a ) = grad ( div a ) – ∆ a
■ rot ( rot (726)
 
Le rotationnel d’un vecteur axial H est un vecteur polaire a car : ■ rot  ( grad c ) ∧ b  
∂ ∂c ∂ b  (727)
= ( grad c )div b – b ∆c + ∑ b i ----------- grad c – ∑ ----------- ----------- 
— soit en axes à droite :
x,y,z
∂x i x,y,z
∂x i ∂x i 
∂ ( Hd )z ∂ ( Hd )y
a x = ----------------- – ------------------ (710)
∂y ∂z

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5.4 Intégrations d’opérateurs différentiels ■ Avec a = f c 0 où c 0 = Cte , (729) donne :

■  div a d =  S ( )
a ⋅ ns dS (728)
(Γ)
 f c 0 ⋅ d = S(Γ)

 rot 
( fc 0 ) ⋅ n Γ dS


 (733)
 

  
=  ( grad f ∧ c 0 ) ⋅ n Γ dS =  ( n Γ ∧ gradf ) ⋅ c dS 
S(Γ) S(Γ) 0
où n s est la normale unitaire sortante du volume  .

  

d’où (734)
  f d = (n Γ ∧ gradf ) dS
   (Γ) S(Γ)
■  ( rot a ) ⋅ n Γ dS =  a ⋅ d
S(Γ) (Γ) 
 (729) 
et   ( rot
 
b ) ⋅ n Γ dS =  b

⋅ d


■ À partir de (731) avec a = a 0 = Cte et b = f c :

 
S(Γ) (Γ)

  – a 0 ⋅  grad f ∧  
c + f rot c  d 
où n Γ dS = dS est un élément de surface dont le caractère axial est  
 (735)

déterminé par le sens de parcours choisi ( Γ ) sur le contour Γ. =  S()

( a 0 ∧ f c ) ⋅ ns dS =  S()
 
( f c ∧ n s) ⋅ a 0 dS 

■  div ( a b )d





d’où  

( c ∧ grad f )d 

 
  (736)
=

a div b d +

b ⋅ grad a d

 (730)

=  

f rot c d +  S()
f
c ∧ ns dS

=  S˙(  )
ab ⋅ n s dS



■ À partir de (731) avec a = a 0 = Cte :

■ 

div ( a ∧ b )d 

–   

a 0 ⋅ rot b d =  S()

( a 0 ∧ b ) ⋅ ns dS 

=  
 
b ⋅ rot a d –  

a ⋅ rot b d
 (731)


=  S()

( b ∧ n s ) ⋅ a 0 dS
 (737)

=  S()

( a ∧ b ) ⋅ n sdS

 d’où –   

rot b d =  S ()

b ∧ n s dS (738)

en notant que par permutations circulaires :


   (732)
( a ∧ b ) ⋅ n s = ( b ∧ ns ) ⋅ a = ( ns ∧ a ) ⋅ b

Références bibliographiques

[1] FOURNET (G.). – Électromagnétisme à partir [5] NOZIÈRES (J.-P.). – Ferromagnétisme. [8] BRISSONNEAU (P.). – Aimants permanents.
des équations locales. Masson (1985). E 1 730, traité Électronique, Techniques de Principes et circuits magnétiques. D 2 090,
[2] DURAND (E.). – Électrostatique. Tome I l’Ingénieur (1998). traité Génie électrique, Techniques de l’Ingé-
(1964) ; Tomes II et III, Masson (1966). [6] BAVAY (J.-C.) et VERDUN (J.). – Alliages nieur (1990).
[3] DURAND (E.). – Magnétostatique. Masson, fer-silicium. D 2 110, traité Génie électrique, [9] JUFFER (M.). – Transducteurs électro-
p 213 (1981). Techniques de l’Ingénieur (1992). mécaniques, p. 4, l’expression 1.2.6 et la
[7] COUDERCHON (G.). – Alliages fer-nickel et figure 1.2. Traité d’électricité de l’école Poly-
[4] PAUTHENET (R.). – Théorie du magnétisme.
fer-cobalt. Propriétés magnétiques. D 2 130, technique de Lausanne, Éd. Georgi (St-Sapho-
D 175, traité Génie électrique, Techniques de
traité Génie électrique, Techniques de l’Ingé- rin), vol. 9.
l’Ingénieur (1983).
nieur (1994). [10] TIMSIT (R.S.). – Proceedings of the 14th Inter-
national Conference on Electric Contact. Paris,
p. 21 (1988).

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