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Chapitre 5

Les bétons

5
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70
04
55
8:1
.22
36
4.1
5.1 Introduction

.15
60
3:1
09
Dès 1737, un certain Bélidor avait suggéré la formulation d’un mélange de chaux, de sable et

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de cailloux qui préfigurait le béton, mais les bétons de ciment n’ont pu être mis au point et

88
8:8
utilisés qu’après la formulation des ciments, qui fut effectuée par Vicat en 1817. Dès 1824,
83
un Écossais nommé Aspdin finalisait et optimisait les résultats de Vicat et mettait au point le
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97

ciment qu’il appela ciment Portland. Les choses vont ensuite rapidement évoluer puisque
95

dès 1850, on voyait les premières utilisations d’un composite béton-métal qui allait donner
A:
ST

naissance aux bétons armés. C’est grâce au béton armé que l’on a pu concevoir des bâtiments
RU

en structure de béton, que ce matériau soit choisi pour des bâtiments robustes et massifs afin
m:
o

d’assurer une certaine résistance et stabilité (figure 5.1) ou pour des habitations collectives ou
x.c
vo

des monuments aux formes plus élancées (figure 5.2).


lar
ho
sc
al.
on
nati
er
int

© kevin14 – Fotolia.com © Ritu Jethani – Fotolia.com

Figure 5.1. Un blockhaus sur le mur de l’Atlantique Figure 5.2. La tour CN à Toronto (Canada)


(Loire-Atlantique, 1941). (J. Andraws & WZNLH, 1976).
94 | Les bétons

Le béton est un mélange de sable et de graviers en présence d’un liant. Ce mélange a la faculté
de se durcir dans l’eau. Ce matériau de construction est par nature composite : il comprend
des granulats (cailloux et/ou sable) agglomérés par la présence du liant et contient de l’air.
On peut utiliser plusieurs types de liant :
• un liant hydraulique, comme le ciment ;
• un liant hydrocarboné, comme le bitume.

Dans le cas où le mélange est pratiqué avec des granulats sans cailloux (uniquement du sable),
le mélange est appelé un mortier. Dans le cas où on utilise un grand excès d’eau, le mélange
devient fluide et est appelé coulis.
L’examen au microscope d’une coupe polie de béton montre bien la nature composite du

5
93
matériau solide obtenu après la prise : on y voit en effet (figure 5.3) les grains de cristaux de

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04
silicates di- et tricalciques (C2S et C3S), la présence de granulats (sable et graviers) et les

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­porosités.

8:1
.22
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4.1
.15
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3:1
09
Pore

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88
Granulet

8:8
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A:
ST
RU
m:

Cristal de C2S ou C3S


o
x.c
vo

© Cimbéton
lar
ho

Figure 5.3. Béton en coupe polie, microscopie optique.


sc
al.
on
ati

Le béton est maintenant devenu le matériau de construction le plus couramment utilisé à


n
er

travers le monde. Il est utilisé dans le secteur du BTP, comme matériau de structure pour des
int

bâtiments, des ouvrages d’art (ponts, tunnels, barrages…) et parfois des routes. Dans le bâti-
ment, il peut être employé comme matériau d’enveloppe (murs comme toitures, couvertures
par des tuiles en béton…). Tous les types de bâtiments sont potentiellement concernés :
logements individuels ou collectifs, hôpitaux, usines, écoles, bureaux, tout comme certains
monuments et des aménagements urbains.
Les différents bétons : compositions, caractéristiques | 95

5.2 Les différents bétons : compositions,


caractéristiques
5.2.1 Généralités
En fait, le béton est un terme générique qui recouvre des matériaux différents par leurs struc-
tures et leurs propriétés. Il y a des bétons. Outre le fait que le liant n’est pas nécessairement
du ciment (bétons de bitume, bétons cellulaires…), et si on se limite aux bétons de ciment,
on trouve :

5
• les bétons courants : ce sont ceux qui sont employés pour la grande majorité des usages, ils

93
70
peuvent être armés ou non, parfois ils seront même précontraints. Leur masse volumique

04
avoisine 2 450 kg/m3 ;

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8:1
• les bétons lourds : ils sont destinés à des emplois très particuliers comme dans des centrales

.22
nucléaires, où ils ont la particularité de s’opposer à la propagation des radiations. Leur

36
4.1
masse volumique peut atteindre jusqu’à 6 300 kg/m3 ;

.15
• les bétons légers : ils seront employés pour les structures les plus aériennes, comme des

60
3:1
tabliers de pont ou des plateformes suspendues ;

09
• les bétons de fibre : les granulats sont remplacés par des fibres végétales ou synthétiques.

07
88
Moins résistants, on les utilise pour des carrelages ou des éléments de décor ;

8:8
• pour ce qu’on appelle un béton cellulaire, ce sont essentiellement les qualités d’isolation
83
thermique qui sont recherchées. 77
97
95

Dans ce qui suit, il sera essentiellement question des bétons de ciment.


A:
ST

Il y a deux paramètres importants qui conditionnent le comportement d’un béton : sa


RU

composition et la granulométrie de ses constituants. Les constituants du béton sont le ciment,


m:

le sable, le gravier et l’eau auxquels il faut ajouter les adjuvants. Il faut aussi tenir compte de
o
x.c

la présence de porosités dans le béton durci. Il y a souvent de plus des armatures en acier (dans
vo
lar

les cas de béton armé ou de béton précontraint).


ho
sc

Les caractéristiques des ciments ont été largement évoquées lors du chapitre précédent. Il
al.

reste à étudier celle des autres constituants.


on
n ati
er
int

5.2.2 Les granulats


Outre les ciments, les bétons sont fabriqués avec de l’eau et des granulats. L’eau utilisée doit
être propre tant physiquement (sans déchets) que chimiquement (pas de sels dissouts, pas
d’eau de mer). Les granulats se caractérisent par leur courbe granulométrique, comprise entre
un minimum d et un maximum D. On appelle alors le constituant granulat d/D. On
distingue trois sortes de granulats (figure 5.4) :
• les fillers pour lesquels d = 0 et D < 2 mm, avec D70 ≤ 0,063 mm et D80 ≤ 1,25 mm ;
• les sables pour lesquels d = 0 et D ≤ 4 mm (courbe 1) ;
• les gravillons pour lesquels d ≥ 2 mm et D ≤ 63 mm (courbe 2 ou 3) ;
96 | Les bétons

Sables
Fins Gros Gravillons Cailloux
moyens
100
90

80
70
60
50
1 2 3
40
30

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04
10

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Modules 20 21 22 23 24 25 26 27 28 29 30 31 32 33 34 35 36 37 38 39 40 41 42 43 44 45 46 47 48 49 50

36
Tamis 0,08 0,10 0,12 0,16 0,20 0,25 0,31 0,40 0,50 0,60 0,80 1,00 1,25 1,60 2,00 2,50 3,15 4.00 5.00 6.30 8.0 10.0 12.50 16 25 31,5 40

4.1
20 50 63 80

.15
Désignation du granulat : 2 - Gravillon 3/8

60
1 - Sable 0/5 3 - Gravillon 8/20 © Cimbéton

3:1
09
Figure 5.4. Granulométries des granulats pour les bétons.

07
88
8:8
Ces granulats peut être naturels (ils proviennent de carrières où ils ont été roulés ou concassés),
83
artificiels (sous-produits industriels ou fabrication spéciale) ou bien recyclés (à la suite d’une 97
77
déconstruction). Avec les plus courants, on fabrique des bétons de masse volumique comprise
95

entre 2 000 et 2 500 kg/m3. Pour obtenir des bétons plus légers, on emploie de l’argile ou du
A:
ST

schiste expansé, du laitier expansé de haut fourneau. Pour des bétons plus lourds, on utilise
RU

des gravillons de corindon ou de magnétite. La plupart des granulats conviennent pour les
o m:

bétons, sauf les argiles et calcaires marneux qui peuvent provoquer un gonflement, et les
x.c
vo

sulfates, sulfures et chlorures qui réduisent la résistance mécanique ou favorisent la corrosion


lar

des armatures.
ho
sc

La norme NF EN 12620 fournit les spécifications caractérisant les granulats. On y trouve :


al.
on

• la forme, granulométrie et la masse volumique, l’absorption d’eau ;


nati

• la propreté (les fines) ;


er
int

• la résistance à la fragmentation ;
• la résistance à l’abrasion et l’usure ;
• la composition, notamment les teneurs en sulfates et en chlorures ;
• la sensibilité au gel-dégel ;
• le comportement face aux réactions alcali-silice.

5.2.3 Optimum granulaire d’un mélange


Soit un mélange de solides avec deux granulométries différentes :
• une granulométrie G avec des gros grains (d1/D1) ;
• une granulométrie P avec des petits grains (d2/D2).
Les différents bétons : compositions, caractéristiques | 97

On définit la compacité τ comme le rapport du volume occupé réellement par les grains de
solide et du volume apparent occupé par l’ensemble de la « poudre ». Celle de G est notée τ1
et celle de P est notée τ2. Si on verse la même masse de G et de P dans deux récipients
jumeaux, on constate (figure 5.5) que le volume apparent de P est plus petit que celui de G.
On en déduit pour les compacités que : τ1 < τ2.

5
93
G P G+P G + P + p'

70
04
Figure 5.5. Mélange de diverses granulométries.

55
8:1
.22
Si on transvase P dans le récipient de G, on constate que les petits grains de P se répartissent

36
4.1
entre les gros grains de G, et que le volume apparent final occupé par le mélange est inférieur

.15
à la somme des deux volumes apparents occupés respectivement par G et P : le mélange G + P

60
est donc plus compact que P. Pour que la dispersion de P se produise, il faut que la différence

3:1
de granulométrie soit suffisante pour permettre le mouvement des grains fins entre les gros

09
07
grains. Il existe alors une proportion dans les mélanges G + P pour laquelle la compacité passe

88
8:8
par un maximum (figure 5.6). Cette proportion de P dans le mélange est appelée optimum

83
granulaire, pour lequel le volume des interstices entre les grains est minimal. 97
77
95
A:

τ%
ST
RU
m:
o
x.c
vo

τ2
lar
ho
sc

τ1
al.
on
nati
er
int

G Optimum P (%)

0 granulaire 100

Figure 5.6. Mise en évidence de l’optimum granulaire.

Il devient possible d’obtenir des mélanges dont la compacité est optimisée. Cela permet
­d’obtenir des volumes d’interstices minimaux, ce qui contribue grandement à la diminution
de la porosité dans les bétons mis en œuvre à partir de ces mélanges. Une diminution des
porosités a plusieurs conséquences qui peuvent s’avérer intéressantes :
• une amélioration de la résistance mécanique ;
• une diminution de la quantité d’eau incluse dans les pores, ce qui améliore la durée de vie
du béton ;
• une plus grande résistance aux agressions chimiques, les sulfates ou les chlorures étant
souvent transportés par l’eau.
98 | Les bétons

5.2.4 Les adjuvants


Les adjuvants sont des produits ajoutés en faibles proportions, et qui vont apporter au
mélange un certain nombre de propriétés spécifiques :
• sur le béton frais : le béton est destiné à être coulé dans des coffrages ou entre des banches.
Il doit s’écouler d’une façon suffisamment plastique (au sens de la géotechnique) pour
remplir tous les espaces auxquels il est destiné. Afin de favoriser l’écoulement, il existe des
adjuvants destinés à :
–– apporter une meilleure « ouvrabilité » : utilisation de plastifiants (< 0,5 %),
–– plastifier le mélange par lubrification des grains de la pâte : fluidifiants, superplasti-

5
fiants (de 0,5 à 3 %) ;

93
70
• sur la prise du béton, on peut avoir un de ces objectifs :

04
55
–– accélérer la prise du béton (1 à 3 % d’accélérateur de prise) ; cette accélération peut

8:1
également être obtenue par l’emploi d’un ciment prompt. La prise du ciment est en

.22
effet lente : on obtient 20 % de la résistance mécanique à la compression après

36
4.1
7 jours de prise, et 80 % de cette résistance après 28 jours. Ce sont ces deux valeurs

.15
qui apparaissent dans les normes,

60
3:1
–– accélérer son durcissement immédiatement après la prise (0,2 à 3 % d’accélérateur

09
de durcissement),

07
88
–– retarder la prise (retardateur de prise, 0,1 à 1 %),

8:8
–– des adjuvants antigel peuvent s’avérer utiles (de 1 à 2 %) ;
83
77
• sur le béton durci ; on va chercher à modifier les caractéristiques du béton solidifié en
97

jouant sur les quantités d’air (porosités) et d’eau qu’il contient, à l’aide :
95
A:

–– d’un entraîneur d’air (0,5 %),


ST
RU

–– d’un hydrofuge de masse (1 à 3 %).


m:
o

Ainsi, les adjuvants peuvent modifier l’ouvrabilité du béton frais, allonger ou raccourcir la
x.c
vo

durée de la prise, ou modifier certaines propriétés (résistance au gel, étanchéité…). Les hydro-
lar

fuges de masse conduisent à la diminution de la quantité d’eau nécessaire à la prise.


ho
sc

Le plus souvent, ils se présentent sous la forme de liquides qui sont ajoutés au moment du
al.
on

malaxage, à des dosages assez faibles (moins de 5 % de la masse du ciment employé). Certains
nati

d’entre eux doivent toutefois être additionnés sous forme de poudre pour avoir un effet sur
er
int

l’optimum granulaire (voir plus loin les bétons hautes performances et les bétons auto­
plaçants).

5.3 Le béton frais


Le béton frais est destiné à s’écouler dans les coffrages pour y remplir rapidement l’ensemble
du volume disponible, tout en restant le plus homogène possible, c’est-à-dire sans ségrégation
des constituants et sans poche d’air. Les conditions de cet écoulement sont déterminées par le
comportement rhéologique du mélange.
Le béton frais | 99

5.3.1 Comportement rhéologique du béton frais


Si on étudie la déformation d’un matériau sous l’effet d’une contrainte, on observe son
comportement rhéologique. Dans notre cas, on prend en compte la vitesse de la déformation
ε′ du corps sous l’action d’une contrainte de cisaillement τ : on déduit une courbe d’écoule-
ment. Les courbes d’écoulement mettent en évidence trois comportements d’écoulement :
visqueux, visco-plastique et plastique.

ε′ ε′ ε′
Binghamien

5
93
Newtonien

70
04
Dilatant Plastique

55
µ

8:1
Pseudo plastique

.22
36
4.1
Dilatant

.15
τ τ τ

60
τ0 τ0

3:1
a : écoulement visqueux b : écoulement visco-plastique c : écoulement plastique

09
07
88
Figure 5.7. Courbes d’écoulement.

8:8
83
Si le comportement est visqueux, dès qu’une contrainte, même faible, se manifeste, l’écoule-
77
97

ment se produit (figure 5.7a). Cet écoulement est newtonien si contrainte et vitesse sont
95
A:

proportionnelles. Sinon, il est pseudo-plastique (on peut dire fluidifiant) ou dilatant. Si le


ST

comportement est visco-plastique (figure 5.7b), aucun écoulement ne se produit si la


RU

contrainte n’atteint pas une valeur minimale t0. Le comportement peut être alors binghamien
m:
o

ou dilatant. Si le comportement est plastique (figure 5.7c), le cisaillement est constant quelle


x.c
vo

que soit la vitesse d’écoulement.


lar
ho

Les observations montrent que le comportement d’un béton frais est birghamien. Lorsque la
sc

pâte s’écoule dans un coffrage à vitesse donnée, la contrainte de cisaillement est : τ = τ0 + µ  ε′
al.
on

où τ0 est le seuil de cisaillement et µ est la viscosité plastique du béton frais considéré. Cette
n ati

linéarité n’est pas respectée si la vitesse d’écoulement est très grande.


er
int

Ainsi, pour permettre au béton frais de s’écouler dans le coffrage et de se compacter rapide-
ment, il faut fournir l’énergie nécessaire pour atteindre le seuil de cisaillement. La méthode la
plus couramment pratiquée sur le chantier consiste à fournir cette énergie à l’aide d’une
vibration (utilisation d’une aiguille vibrante).

5.3.2 Le vibrage des bétons


Cette vibration a trois effets :
• elle permet de remplir complètement le moule, par plastification locale du mélange ;
• elle fait circuler le béton autour des armatures souvent présentes, qui sont alors enrobées ;
• elle augmente la compacité de la matrice cimentaire, dont les grains se densifient (effet de
serrage) avec évacuation d’eau et d’air par les capillaires présents. La compacité maximale
atteinte peut être de 85 %.
100 | Les bétons

La vibration permet donc d’obtenir pour le béton des avantages comme :


• une meilleure étanchéité ;
• une résistance plus grande à la compression ;
• un meilleur enrobage et une adhérence améliorée aux armatures ;
• une durée de vie plus grande.
Il existe plusieurs techniques pour apporter l’énergie vibratoire au béton frais : l’aiguille
vibrante est de loin la méthode la plus utilisée, mais on peut aussi citer :
• le vibreur de coffrage (pneumatique, mécanique ou électrique) ;
• la table vibrante (en usine de préfabrication) ;
• les vibreurs de surface (par chocs, par compression, par laminage, par centrifugation) ;

5
93
• le damage à l’horizontale.

70
04
55
8:1
.22
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4.1
.15
60
3:1
09
07
88
8:8
83
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95
A:
ST
RU
m:
o
x.c
vo
lar
ho
sc
al.

© Kadmy – Fotolia.com
on
ati

Figure 5.8. Serrage du béton sur chantier avec une aiguille vibrante.


n
er
int

Le serrage par aiguille vibrante (figure 5.8) s’effectue en immergeant de 10 cm environ dans
la couche superficielle de béton frais, une pointe métallique dont l’extrémité est soumise
à une vibration mécanique qui transmet son énergie au béton. On déplace horizontalement
l’aiguille pour balayer la surface, en évitant les armatures et les coffrages. On peut effectuer
plusieurs passes pour traiter des profondeurs allant jusqu’à 40 ou 50 cm.
Les constituants du mélange sont alors soumis à des minidéplacements qui contribuent à
plastifier localement le matériau, dans le rayon d’action de l’aiguille (figure 5.9). Le serrage du
béton commence le long de l’aiguille et s’élargit progressivement jusqu’à une distance corres-
pondant au rayon d’action.
Le béton frais | 101

Aiguille vibrante

Béton non serré Zone de laitance

Béton serré

5
93
70
Rayon d'action de l'aiguille

04
Béton en cours de serrage

55
8:1
.22
Figure 5.9. Serrage du béton avec une aiguille vibrante (principe).

36
4.1
.15
Le béton se resserre et l’air et l’eau qui se dégagent provoquent l’apparition d’un liquide blanc

60
3:1
à la surface : la laitance. L’opération doit cesser ou l’aiguille doit être déplacée quand le

09
­tassement du béton cesse, que les bulles d’air ne s’échappent plus et que la laitance fait son

07
apparition.

88
8:8
83
77
97

5.3.3 Caractérisation de la plasticité d’un béton frais


95
A:
ST

Il existe de nombreuses méthodes qui permettent de caractériser la viscosité ou la plasticité


RU

d’un béton frais. Certaines sont aisément praticables sur chantier, d’autres nécessitent un
m:
o
x.c

matériel spécifique ou des échantillonnages importants et sont alors réservées aux usines de
vo

préfabrication ou au laboratoire de contrôle. On peut citer :


lar
ho

• la mesure de l’affaissement du cône d’Abrams (NF EN 12350-2) ou au cône modifié


sc

(NF P 98-248-2) ;
al.
on

• la méthode Vébé (NF EN 12350-3) ;


nati

• la mesure de l’indice de compactibilité (NF EN 12350-4) ;


er
int

• la mesure d’étalement sur table à secousses (NF EN 12350-5) ;


• la méthode « slump-walz » WA ;
• la maniabilité LCL ;
• l’utilisation d’un rhéomètre à béton (mis au point par le LCPC) qui permet la détermina-
tion de µ et τ0.
Le choix de la méthode est guidé par de multiples critères, dont les habitudes de chantier ne
sont pas absentes. Certaines sont plus adaptées à des bétons plus fluides, d’autres à des granu-
lats plus fins. On peut se rapporter aux normes européennes citées plus haut. Deux ­techniques
courantes sont détaillées ci-après.
102 | Les bétons

5.3.3.1 Méthode d’Abrams (Figure 5.10)

10 cm

30 cm

5
93
70
10 cm

04
55
8:1
.22
36
Figure 5.10. Méthode du cône d’Abrams.

4.1
.15
On prélève du béton frais pour remplir un moule conique qui est ensuite retourné pour être

60
3:1
démoulé. Le sommet du cône s’affaisse par plasticité, et on mesure la hauteur de cet affaisse-

09
ment en millimètres. Les résultats permettent de classer le béton dans une des cinq classes de

07
88
consistance définies dans le tableau 5.1.

8:8
83
Tableau 5.1. Classes de consistances définies à l’aide du cône d’Abrams 77
97
95
A:

Consistance Affaissement (mm)


ST

S1 Ferme 10-40
RU
m:

S2 Plastique 40-90
o
x.c

S3 Très plastique 100-150


vo

S4 160-210
lar

Fluide
ho

S5 ≥ 210
sc
al.
on

5.3.3.2 Méthode Vébé


nati
er
int

On utilise un cône d’Abrams pour mesurer l’affaissement h comme ci-dessus, après avoir
démoulé sur une table vibrante à l’arrêt, puis on fait vibrer le cône jusqu’à étalement complet.
On note le temps nécessaire à cet étalement, appelé temps Vébé. Cette méthode convient bien
aux bétons plus fermes et moins maniables, dont les granulats ont des dimensions inférieures
à 4 cm. Elle permet de classer les bétons frais en cinq classes de consistance, selon le tableau 5.2.

Tableau 5.2. Classes de consistances définies à l’aide du temps Vébé

Consistance Temps Vébé (s)


V0 ≥ 31
V1 21-30
V2 11-20
V3 6-10
V4 3-5
Hydratation des bétons de ciment | 103

5.4 Hydratation des bétons de ciment


5.4.1 Durcissement
La prise du béton est un processus lent qui commence très tôt après l’apport d’eau (gâchage),
car débute alors l’hydratation du ciment. Le début de la prise se manifeste au bout de plusieurs
dizaines de minutes après le gâchage. On le mesure à l’aide d’une aiguille qui cesse de s’en-
foncer dans la pâte gâchée (aiguille de Vicat).
Il se forme en effet des composés solides qui conduisent à la prise du ciment à partir C2S et
C3S, ainsi que de C3A et C4AF. Les silicates de calcium régissent avec l’eau pour donner un

5
93
silicate de calcium hydraté (noté CSH) et de l’hydroxyde de calcium Ca(OH)2 sous forme de

70
04
portlandite, notée CH :

55
C3S + eau  →  CSH + CH .

8:1
.22
36
800

4.1
C3S

.15
Résistance à la compression (kg/cm2)

60
3:1
600

09
C 2S

07
88
• C3S et C2S – Constituants résistants

8:8
400 (représentent ~ 70 % en poids)

83
• C3S et C4S – Requis comme fondants
77
(représentent ~ 20 % en poids)
97

• Gypse – Régularisation prise


95

(représentent ~ 4 % en poids)
A:

200
ST

C 3A
RU
m:

C4AF
o

00
x.c

7 28 90 180 360
vo

temps en jours
lar
ho
sc

Figure 5.11. Rôle de l’hydratation des composés du ciment dans la résistance mécanique.


al.
on
ati

Le silicate C3S réagit dans des temps extrêmement courts, tout comme C3A, tandis que C2S
n
er

s’hydrate très lentement (sur plusieurs mois) ainsi que C4AF. L’hydratation de ces composés
int

conduit à l’augmentation progressive de la résistance du béton avec le temps, comme ­l’indique


la figure 5.11. Globalement, le durcissement des mortiers et des bétons conduit à une
augmentation progressive de la résistance à la compression sur des durées très longues.
Cette variation continue nécessite la détermination de résistances conventionnelles corres-
pondant à des durées spécifiées par les normes : la résistance au jeune âge (après 7 jours) et la
résistance à 28 jours. Les résistances à la compression sont ainsi notées respectivement RC7 et
RC28.
Le processus de durcissement des bétons hydratés met en jeu tant la matrice de ciment que
les granulats (sable et gravier). La matrice de CSH contient :
• des pores de dimension nanométrique ;
• des capillaires (entre les grains de pâte) de dimension micrométrique ;
• des bulles d’air occlus (de 10 µm à 0,5 mm) ;
• des défauts millimétriques possibles.
104 | Les bétons

Plus les hydrates se forment, plus la nanoporosité de CSH devient prédominante. On observe
parallèlement un remplissage des capillaires, ce qui provoque un raidissement de la pâte.
Le phénomène est décrit sur la figure 5.12.

L'eau forme autour des grains


AVANT PRISE un réseau de capillaire.

Formation de gel de tobermolite


GACHAGE à la surface des grains.

5
93
70
Les interstices capillaires se réduisent.

04
PRISE

55
Apparition d'une certaine raideur

8:1
de la pâte.

.22
36
4.1
Les interstices sont partiellement
DÉBUT DU

.15
comblés par le gel.
DURCISSEMENT

60
La pâte acquiert une résistance.

3:1
09
07
88
La résistance continue à croître tant

8:8
DURCISSEMENT que le gel continue à se développer.
ULTÉRIEUR

83
Phénomène lent et présence d'eau
nécessaire. 77
97
95
A:
ST

Figure 5.12. Durcissement de la pâte lors de l’hydratation.


RU
m:
o
x.c
vo

5.4.2 Échauffement
lar
ho
sc

L’hydratation du ciment est exothermique. Durant le processus, la température du béton est


al.
on

plus élevée que la température ambiante. Le plus gros de la chaleur est dégagé durant la
ati

première semaine, et on constate un maximum de température pour le béton au bout d’une


n
er
int

demi-journée environ (soit 12 h). La quantité de chaleur dégagée est proportionnelle à la


quantité de clinker utilisée, aussi, elle est de plus en plus faible entre les CEM I, CEM II et
CEM III.
L’élévation de la température a pour première conséquence d’accélérer l’hydratation. La
température dépend de nombreux facteurs (type de ciment, géométrie et épaisseur de l’ou-
vrage, température extérieure, modalités de coffrage…), mais elle peut atteindre jusqu’à
60 °C. Alors la solidification se produit « à chaud ».
Le refroidissement qui s’ensuit provoque une contraction de la matière, et on peut observer
alors, selon la configuration :
• un retrait dimensionnel ;
• une mise sous tension mécanique ;
• un mixage des deux.
Le béton durci | 105

5.4.3 Retrait endogène


Lors de la réaction d’hydratation, le réarrangement de la matière fait que le volume du
mélange diminue. Le matériau en effet devient plus dense. Ce retrait endogène (contraction
Le Châtelier) est indépendant de la contraction thermique, et s’ajoute à cette dernière.

5.5 Le béton durci


5.5.1 Retrait des bétons

5
93
70
04
Les caractéristiques standardisées sont celles obtenus après 28 jours de prise, mais elles conti-

55
8:1
nuent d’évoluer après cette période, et sur des longues durées. Le béton est en effet soumis à

.22
un retrait qui peut avoir plusieurs causes possédant des cinétiques différentes :

36
4.1
• les contractions thermiques dues au refroidissement après la fin des réactions exother-

.15
miques d’hydratation ;

60
• le retrait endogène de Le Châtelier signalé au § 5.4.3 ;

3:1
09
• la dessiccation due aux pertes de l’eau en excès dans les pores du matériau.

07
88
C’est la troisième cause qui s’étend sur les plus longues périodes, et conduit à des contractions

8:8
reliées au climat de la région où est implanté l’ouvrage. Le retrait peut atteindre 0,04 % dans
83
les zones à climat chaud et sec, soit 1 cm sur une poutre de 25 m. Il est donc nécessaire de
77
97

prendre ce retrait en considération dans les constructions (avec des joints de dilatation).
95
A:
ST
RU

5.5.2 Caractéristiques mécaniques


m:
o
x.c

5.5.2.1 Rôle de la composition sur la résistance


vo
lar
ho

Les caractéristiques mécaniques d’un béton dépendent de la proportion des constituants avec
sc
al.

lesquels il a été élaboré, de leur granulométrie et de la quantité de porosités qu’il comporte.


on

Ces deux derniers paramètres ont une influence directe sur la masse volumique du béton
n ati

durci : plus fins sont les grains de départ, plus le mélange est dense et moins le matériau final
er
int

comportera de porosités. On obtient alors un béton plus lourd et dont la résistance à la


compression est plus élevée. Et puisqu’il est moins poreux, il résiste mieux aux agressions
physico-chimiques liées à son environnement.
C’est l’architecte FERET qui a mis au point une formule empirique mettant en relation la
résistance mécanique avec le dosage des principaux constituants. Si C est le dosage volumique
en ciment, E celui de l’eau et V le volume d’air, la formule s’écrit :
2
C
RC28 = k   
 C + E +V 
La constante k dépend de la classe du ciment utilisé. Cette formule indique que pour avoir
une meilleure résistance du béton, on doit utiliser moins d’eau, diminuer le volume des vides
et augmenter le dosage en ciment.
106 | Les bétons

Ce sont les adjuvants qui permettent d’agir sur E et V, car les hydrofuges de masses contri-
buent à diminuer la quantité d’eau de gâchage et les entraîneurs d’air font diminuer le volume
des pores. On voit donc que ces additifs ont un rôle non négligeable sur les propriétés des
bétons.

5.5.2.2 Désignation normalisée


La norme NF EN 206-1 fait la distinction entre 30 classes de béton, soit 16 classes de bétons
normaux notés C et 14 classes de bétons légers notés LC. La notation est suivie de deux
nombres : le premier correspond à RC28 (en mégapascals) sur des éprouvettes cylindriques
normalisées, et le second à RC28 (en mégapascals) sur des éprouvettes cubiques :

5
93
• les bétons de masse volumique normale vont de C 8/10 à C 100/115 ;

70
04
• les bétons légers vont de LC 8/9 à LC 80/88.

55
8:1
La résistance à la traction des bétons est entre 8 à 10 fois plus faible que celle à la compression,

.22
ce qui occasionne quelques inconvénients lorsqu’un effort de traction sur un élément de

36
structure est la conséquence d’une flexion ou d’une torsion induite par un effort de compres-

4.1
.15
sion. Ces efforts de traction doivent alors être repris par un autre matériau que le béton. C’est

60
l’intérêt de la présence d’armatures en acier dans le béton, qui devient alors un béton armé.

3:1
Il en sera question plus loin (voir § 5.6).

09
07
88
5.5.2.3 Élasticité (déformation instantanée)

8:8
83
Sous charge de compression, le béton se rompt de façon fragile, c’est-à-dire que sa déforma-77
97

tion plastique est faible à la rupture. Par contre, il se déforme instantanément de façon élas-
95
A:

tique, en suivant la loi de Hooke : σ = E  ε.


ST
RU

Son module de Young est compris entre 30 000 et 40 000 MPa, mais il évolue lui aussi avec
m:

le temps après la prise. Au jour j, il existe une relation empirique (en mégapascals) entre Ej et
o
x.c

RCj qui s’écrit :


vo
lar

Ej  =  11 000  3 RCj
ho
sc
al.
on
ati

5.5.2.4 Fluage (déformation différée)


n
er
int

Le ciment du béton durci possède un comportement visco-élastique, c’est-à-dire qu’il se


déforme lentement sous l’action d’une contrainte permanente ou de longue durée. Cette
déformation différée, appelée fluage, résulte d’un lent réarrangement des particules solides
(tassement, orientation...) sous l’effet de la pression appliquée.
L’évolution dans le temps de la déformation est représentée schématiquement sur la
figure 5.13 : l’application d’une contrainte au temps t = 0 provoque une déformation instan-
tanée, qui est suivie d’une déformation lente par fluage sur des durées très longues (en mois
ou années). Si le temps de charge est suffisant, on considère le plus souvent que la ­déformation
différée est le double de la déformation instantanée.
Le béton durci | 107

Déformation

Retour
élastique
Fluage

Retour de
fluage
Déformation
instantanée
Déchargement Plastification

5
Temps

93
70
Figure 5.13. Déformation instantanée et fluage du béton, puis retour de fluage.

04
55
8:1
Quand on cesse d’appliquer la contrainte (déchargement), on recouvre la déformation élas-

.22
tique instantanément, puis lentement la déformation différée, diminuée d’une plastification

36
4.1
irréversible qui reste donc en fin de cycle, et qui constitue la mémoire de l’histoire du ­matériau.

.15
60
3:1
5.5.3 Propriétés thermiques

09
07
88
5.5.3.1 Dilatation thermique

8:8
83
Le coefficient de dilatation thermique du béton est en moyenne de α = 10-5 K-1. Ainsi, une77
97

poutre de 10 m de longueur portée lors d’un incendie à une température de 500 °C s’allonge
95
A:

de 5 cm, ce qui peut provoquer des problèmes d’encombrement géométrique dans une
ST

­structure, ou des complications si les appuis ne sont pas glissants.


RU
m:
o
x.c

5.5.3.2 Conductivité
vo
lar

La conductivité thermique λ (en W/mK) du béton dépend pour beaucoup de la porosité,


ho
sc

donc de sa composition et de sa masse volumique. Le béton « traditionnel » plein et de masse


al.
on

volumique ρ = 2 450 kg/m3 possède une conductivité λ = 1,75 W/mK. Le tableau 5.3 fournit


ati

quelques exemples de valeurs de ce paramètre dans d’autres conditions.


n
er
int

Tableau 5.3. Conductivité thermique des bétons liée à la masse volumique

Béton Composition ρ ( kg/m3) λ (W/m.K)


Béton traditionnel Plein 2 200-2 450 1,75
(granulats lourds) Caverneux 1 700-2 100 1,4
Plein 2 200-2 400 1,4
Béton à granulat de laitier Plein 2 100-2 300 0,8
Caverneux 1 600-2 000 0,7
1 700 0,52
Pouzzolane, laitier expansé,
1 300 0,44
Bétons de granulats légers cendres volantes
1 100 0,35
Pierre ponce naturelle 1 000 0,46
Granulats très légers Perlite ou vermiculite 400-600 0,24
Béton cellulaire Autoclavé 550-950 0,16-0,33
108 | Les bétons

On constate bien sur ce tableau que pour avoir un béton meilleur isolant thermique, il faut
le choisir plus léger. Dans ces conditions, la résistance mécanique risque d’en pâtir. On a
intérêt alors à choisir un béton résistant, ce qui nécessite de l’associer à un matériau isolant.

5.5.3.3 Capacité calorifique


Cette caractéristique est encore une fois dépendante de la porosité du matériau. Pour un
béton plein traditionnel de masse volumique ρ = 2 450 kg/m3, on a C = 840 J/kgK.
Cette valeur est de l’ordre de grandeur de celle de la brique pleine, et un peu plus faible que
celle de l’aluminium. Elle est nettement plus élevée que celle des aciers ou des fontes, et
environ trois fois plus faible que celle du bois. Plus la capacité calorifique est élevée, plus le

5
93
matériau accumule et conserve la chaleur.

70
04
55
5.5.3.4  Tenue au feu

8:1
.22
36
Le béton est un matériau incombustible de classement M0, ou Euroclasse A1. La résistance au

4.1
feu dépend de l’élément de structure qui est en béton, ou comporte une majorité de béton.

.15
On distingue les murs porteurs, les parois, les poteaux et les dalles. La durée de résistance

60
3:1
dépend des dimensions de l’élément. Les tableaux 5.4 à 5.8 donnent des valeurs de stabilité

09
au feu (SF ou R) ou de résistance coupe-feu (CF ou I) pour tous ces éléments.

07
88
8:8
Tableau 5.4. Stabilité au feu de murs porteurs en fonction de l’épaisseur du béton

83
77
97
Épaisseur (cm) 10 11 13 15 20 25
95
A:

Résistance SF (heures) SF 30 min SF 1 h SF 1 h 30 SF 2 h SF 3 h SF 4 h


ST
RU
m:
o

Tableau 5.5. Résistance coupe-feu de parois en béton en fonction de l’épaisseur


x.c
vo
lar

Épaisseur (cm) 5 6 7 9 11 15 17,5


ho
sc

Résistance (heures) CF 30 min CF 30 min CF 1 h CF 1 h 30 CF 2 h CF 3 h CF 4 h


al.
on
nati
er
int

Tableau 5.6. Résistance coupe-feu de parois en béton en fonction de l’enduit

Paroi béton 5 cm CF 30 min


Paroi béton 5 cm enduit 1 face 1,5 cm de mortier CF 1 h
Paroi béton 5 cm enduit 1 face 1,5 cm de plâtre CF 2 h
Paroi béton 5 cm enduit 2 faces 1,5 cm de pâtre CF 3 h

Tableau 5.7. Stabilité au feu de dalles en béton en fonction de leur épaisseur

Épaisseur dalle (cm) 6 7 9 11 15 17,5


Résistance SF (heures) SF 30 min SF 1 h SF 1 h 30 SF 2 h SF 3 h SF 4 h
Le béton durci | 109

Tableau 5.8. Stabilité au feu de poteaux de section carrée en béton,


en fonction des dimensions de leur côté

Exposition 1 face (cm) 10 12 14 16 20 26


Exposition 4 faces (cm) 15 20 24 30 36 45
Résistance (heures) SF 30 min SF 1 h SF 1 h 30 SF 2 h SF 3 h SF 4 h

5.5.4 Propriétés acoustiques


Le béton est un matériau qui absorbe peu les ondes acoustiques du fait de sa massivité. Il a

5
93
tendance à les réverbérer quelles que soient les bandes d’octaves. L’état de surface du matériau

70
possède une légère influence sur le coefficient d’absorption dont la valeur demeure cependant

04
55
faible, comme l’indique le tableau 5.9 ci-dessous.

8:1
.22
Tableau 5.9. Coefficient d’absorption acoustique du béton, rôle de l’état de surface

36
4.1
.15
Bande d’octave (Hz)

60
État de surface
125 250 500 1 000 2 000 4 000

3:1
09
Brut de décoffrage, non peint 0,02 0,02 0,02 0,03 0,04 0,04

07
88
Lisse 0,01 0,01 0,01 0,02 0,05 0,07

8:8
Très lisse et peint, vernis ou laqué 0,01 0,01 0,01 0,01 0,02 0,02
83
77
97

L’indice d’affaiblissement acoustique d’une paroi en béton est par contre assez important, il
95
A:

peut de plus être augmenté si ce mur est doublé avec une paroi d’isolant phonique. Le
ST

tableau 5.10 indique quelles sont les valeurs d’affaiblissement de murs en béton ou en


RU

parpaing de diverses épaisseurs.


om:
x.c
vo

Tableau 5.10. Indices d’affaiblissement acoustique de parois en béton


lar
ho
sc

Matériau Épaisseur (cm) R en dB(A)


al.

9 47
on
ati

Béton plein 18 59
n
er

22 59
int

9 47
Parpaings pleins et enduit
12,5 52

Ainsi le béton peut être considéré à la fois comme un assez bon isolant phonique pour les
bruits aériens provenant de l’extérieur d’un local, mais qui réverbère les bruits émis dans ce
local.

5.5.5 Résistance aux expositions agressives


Les normes françaises et européennes (EN 206) imposent certaines caractéristiques aux
bétons qui sont exposés à des atmosphères agressives :
• soit par la carbonatation de la chaux présente (classes d’exposition XC1, XC2, XC3,
XC4) ;
110 | Les bétons

• soit par la corrosion des armatures :


–– en eau de mer (classes d’exposition XS1, XS2, XS3),
–– en présence de chlorures sans eau de mer (classes d’exposition XD1, XD2, XD3) ;
• soit par le gel et dégel (classes d’exposition XF1, XF2, XF3, XF4) ;
• soit par un environnement chimique (classes d’exposition XA1, XA2, XA3) ;
• l’environnement non agressif est la classe X0.
Les tableaux 5.11 à 5.14 reprennent les indications extraites de la norme française pour
mettre en œuvre des bétons possédant des caractéristiques minimales applicables aux diverses
classes d’exposition définies par la norme EN 206. Dans ces tableaux, le rapport maximal de
A/A+C est déterminé avec la masse A de l’additif considéré dans la ligne du tableau, C étant

5
93
la masse de ciment.

70
04
55
Tableau 5.11. Valeurs limites applicables en environnement non agressif

8:1
et en environnement avec carbonatation

.22
36
Classe d’exposition EN 206 X0 XC1 XC2 XC3 XC4

4.1
– 0,65 0,65 0,60 0,60

.15
Rapport E/C maximal

60
Classe de résistance minimale – C20/25 C20/25 C25/30 C25/30

3:1
09
Teneur minimale [C] en liant (kg/m3) 150 280 280 280 280

07
Teneur minimale en air (% volume) – – – – –

88
8:8
Cendres volantes 0,30 0,30 0,30 0,30 0,30

83
Fumées de silice 0,10 0,10 0,10 0,10 77 0,10
Rapport
97

0,30 0,30 0,30 0,30 0,30


95

maximal Laitier moulu


A:

de A/(A+C)
Addition calcaire 0,25 0,25 0,25 0,25 0,25
ST
RU

Addition siliceuse 0,20 0,20 0,20 0,20 0,20


m:
o

Nature du ciment – – – – –
x.c
vo
lar

Tableau 5.12. Valeurs limites applicables en environnement avec gel et dégel


ho
sc
al.
on

Classe d’exposition EN 206 XF1 XF2 XF3 XF4


nati

Rapport E/C maximal 0,60 0,55 0,55 0,45


er
int

Classe de résistance minimale C25/30 C25/30 C30/37 C30/37


Teneur minimale [C] en liant (kg/m3) 280 300 315 340
Teneur minimale en air (% volume) – 4 4 4
Cendres volantes 0,30 0,30 0,30 0,30
Fumées de silice 0,10 0,10 0,10 0,10
Rapport
maximal Laitier moulu 0,30 0,30 0,30 0,30
de A/(A+C)
Addition calcaire 0,25 0,25 0,25 0,25
Addition siliceuse 0,20 0,20 0,20 0,20
Nature du ciment – – – –
Le béton durci | 111

Tableau 5.13. Valeurs limites applicables en environnement avec eau de mer ou en présence de chlorures

Classe d’exposition EN 206 XS1 XS2 XS3 XD1 XD2 XD3


Rapport E / C maximal 0,55 0,55 0,50 0,60 0,55 0,50
Classe de résistance minimale C30/37 C30/37 C35/45 C25/30 C30/37 C35/45
Teneur minimale [C] en liant (kg/m3) 330 330 350 280 330 350
Teneur minimale en air (% volume) – – – – – –
Cendres volantes 0,15 0,15 0,15 0,30 0,15 0,15
Fumées de silice 0,10 0,10 0,10 0,10 0,10 0,10
Rapport
maximal Laitier moulu 0,15 0,15 0,15 0,30 0,15 0,15

5
93
de A/(A+C)

70
Addition calcaire 0,05 0,05 0,05 0,25 0,05 0,05

04
0,15 0,15 0,15 0,20 0,15 0,15

55
Addition siliceuse

8:1
Nature du ciment PM PM PM – – –

.22
36
4.1
.15
Tableau 5.14. Valeurs limites applicables en environnement chimiquement agressif

60
3:1
09
Classe d’exposition EN 206 XA1 XA2 XA3

07
88
Rapport E/C maximal 0,55 0,50 0,45

8:8
Classe de résistance minimale C30/37 C35/45 C40/50

83
Teneur minimale en liant (kg/m3) 330 350 77 385
97
95

Teneur minimale en air (% volume) – – –


A:
ST

Cendres volantes 0,30 0,30 0,00


RU

Fumées de silice 0,10 0,10 0,10


m:

Rapport
o

maximal Laitier moulu 0,30 0,30 0,00


x.c

de A/(A+C)
vo

Addition calcaire 0,00 0,00 0,00


lar
ho

Addition siliceuse 0,00 0,00 0,00


sc
al.

Nature du ciment – – –
on
n ati
er
int

5.5.6 Formulation d’un béton à partir du cahier des charges


On souhaite préparer un béton devant répondre à un cahier des charges spécifié. Ce cahier
des charges comporte :
• l’ouvrabilité du béton frais ;
• la résistance RC28 du béton durci ;
• la classe d’exposition.
On dispose pour élaborer ce béton :
• d’un ciment aux caractéristiques connues, donc sa résistance. La masse volumique des
ciments courants est proche de 3 150 kg/m3 ;
• de granulats (gravier et sable) de masse volumique connue, généralement voisine de
2 600 kg/m3 ;
• de l’eau.
112 | Les bétons

La formule de Féret peut être transcrite en dosages massiques. La masse des vides étant négli-
geable, la masse volumique du ciment égale à 3 150 kg/m3, et celle de l’eau à 1 000 kg/m3, on
trouve :
K  R C28 (ciment)
RC28 (béton) = 2
1 + 3,15  E 
C

Le coefficient K vaut en général 4,9 (à 15 % près). E et C sont les dosages respectifs en eau et
en ciment dans le mélange, exprimés en kg/m3 de mélange.
L’utilisation de cette formule permet de déterminer E/C à partir des valeurs de résistances :

5
93
E K  R C28 (ciment)

70
3,15 = –1

04
C RC28 (béton)

55
8:1
Cela permet de vérifier que la valeur de E/C obtenue est compatible avec le E/C maximal de

.22
la classe d’exposition. Si la valeur convient, on se sert de la valeur de la « teneur minimale en

36
4.1
liant » dans la classe d’exposition, comme étant celle de C dans la formule.

.15
On en déduit la masse de E et la masse de C, puis les volumes correspondants Veau et Vciment

60
3:1
par mètre cube de béton (Vtotal = 1 000 litres). Le volume de granulats est alors :

09
07
Vgranulats  = 1 000 – Veau – Vciment .

88
8:8
On néglige le volume des additifs et des adjuvants, qui sont très faibles devant les autres
83
volumes. 77
97
95

Si on connaît l’optimum granulaire du mélange de granulats (sable + graviers), on retrouve


A:

les volumes de sable et de gravier, donc la masse de sable et la masse de gravier par mètre cube
ST
RU

de béton à élaborer, de façon à répondre au cahier des charges.


m:

Le tableau 5.15 donne les résultats obtenus avec deux calculs correspondant à deux cahiers
o
x.c

des charges différents (résistance du béton et classe d’exposition), en supposant que l’op-
vo
lar

timum granulaire du mélange sable/gravier correspond à 50 % de chacun d’eux.


ho
sc
al.

Tableau 5.15. Formulation de bétons
on
nati
er

Rciment Rbéton Classe E/C E/C C mini  E M sable M gravier 


int

MPa MPa expo maximal calculé kg/m3 kg/m3 kg/m3 kg/m3

60 50 XS3 0,50 0,45 350 158 141 141


60 75 XF3 0,55 0,31 315 98 154 154

5.6 Le béton armé


5.6.1 Généralités
Le béton résiste bien aux efforts de compression. Les efforts de traction conduisent par contre
assez vite à la rupture du béton. On considère généralement que la résistance en traction après
Le béton armé | 113

28 jours RT28 dépend de celle en compression, selon la relation suivante (valable quand RC28
> 60 MPa) :
RT28 = 0,6 + 0,06 RC28 .
Si RC28 = 65 MPa, on trouve alors RT28 = 4,5 MPa. La résistance en traction est plus de 14 fois
plus faible que celle en compression. Le béton ne doit par conséquent jamais être sollicité en
traction, sous peine de rupture de la structure.
Si on prend l’exemple d’une poutre en béton, maintenue de façon isostatique, elle fléchit sous
l’action (minimale) de son propre poids, et la contrainte normale dans la section de la poutre
s’écrit :
σ = M(x) . z / I

5
93
La flèche se situe vers le bas, et on obtient des contraintes de tractions en dessous de la fibre

70
04
neutre de la poutre, quand z est négatif. La poutre est en compression interne dans sa partie

55
8:1
haute, mais en traction interne dans sa partie basse. Puisqu’elle est proportionnelle à z, cette

.22
contrainte de traction est d’autant plus grande que l’on se situe plus bas sous la fibre neutre,

36
et elle est maximale quand on atteint la peau du matériau, dans la partie basse de la poutre

4.1
(figure 5.14).

.15
60
z

3:1
A

09
07
Compression

88
8:8
Compression

83
Traction σ
77
97
95

Traction A'
A:
ST
RU

Figure 5.14. Répartition des contraintes dans la section AA’ d’une poutre fléchie.


m:
o
x.c

On en déduit que, même si la charge semble comprimer la poutre, cette poutre fléchit sous
vo
lar

l’action de cette charge, ce qui met alors sa partie basse en traction. Cela qui n’est pas admis-
ho

sible, car dangereux.


sc
al.

Il est possible de faire en sorte que les efforts localisés de traction soit supportés par un autre
on
ati

matériau, inclus dans le béton et qui lui est solidaire (par adhérence), à condition que cet
n
er

autre matériau puisse effectivement supporter sans dommage des contraintes de traction. Les
int

métaux et les alliages métalliques remplissent cette condition. Parmi eux, les aciers possèdent
de bonnes caractéristiques mécaniques tout en ayant un coût raisonnable et une mise en
œuvre facile. On inclut donc une ou des tiges en acier dans les parties sollicitées en traction,
soit sous forme d’ancrages, soit sous forme d’armatures : c’est le béton armé. Ainsi, le béton
armé associe intimement un béton avec des armatures métalliques pour obtenir un matériau
qui cumule les qualités de résistance en compression et en traction.

5.6.2 Les différents types d’armatures


Le choix des éléments d’armature, leur ancrage et leur répartition dans le béton sont capitaux
car ils doivent reprendre les contraintes de traction localisées, et un enrobage soigné des arma-
tures est nécessaire pour les préserver des phénomènes de corrosion, car l’acier est un alliage
qui s’oxyde à l’air humide, et est sensible à la présence de chlorure.
114 | Les bétons

Très rapidement, on s’est aperçu que la présence d’armatures dans le sens de la longueur d’une
poutre était certes utile pour reprendre les efforts de traction longitudinaux, mais que l’on
pouvait encore améliorer la tenue de la poutre près des zones d’appui en faisant reprendre par
les armatures des efforts tranchants (verticaux) situés à ces appuis, ce qui diminue les risques
de fissuration. Les armatures comportent alors des armatures longitudinales (horizontales et
dans les parties inférieures) et des armatures transversales (verticales et positionnées plus
nombreuses près des zones d’appui). Le maintien de l’ensemble nécessite une armature de
montage, comme on le voit sur les figures 5.15 et 5.18, qui se positionne dans la zone de
matière comprimée.
Armature de montage Section

5
93
Armatures transversales

70
04
55
8:1
.22
36
4.1
.15
60
Armature longitudinale

3:1
Cadre

09
07
Figure 5.15. Disposition des différentes armatures dans une poutre en béton armé.

88
8:8
83
Des armatures peuvent prendre des formes particulières, comme avec les ancrages rectilignes 77
ou courbes (en forme de crochet), par exemple sur les extrémités de la poutre longitudinale
97
95

tendue de la figure 5.15. D’autres armatures assurent la liaison entre éléments d’une struc-
A:
ST

ture, avec transmission des efforts (figure 5.16) dans les règles de sécurité fixées par les
RU

Eurocodes.
m:
o
x.c

s
vo
lar

Ø
ho

s = 40 Ø
sc


al.
on
ati

3 Ø barres lisses
n

r=
5,5 Ø barres à hautes adhérence
er
int

Ø
0,6 s ou 0,4 s (ronds lisses ou H. A.)

Crochet avec angle au centre à 120°.


1

Début de la zone d’appui


r
Ø
2

Figure 5.16. Ancrages en acier dans les bétons : ancrage rectiligne, ancrage courbe, crochet normal.
Le béton armé | 115

5.6.3 Adhésion des armatures


L’association entre le béton et l’acier des armatures est efficace à partir du fait qu’il se mani-
feste une bonne adhérence entre ces deux matériaux. Ce sont les forces de frottement qui
permettent de transmettre, dans un sens comme dans l’autre, les efforts de traction ou de
compression qui sont imposés à l’un des matériaux vers l’autre.

5
93
70
04
55
8:1
.22
36
4.1
.15
60
3:1
09
07
88
8:8
83
© Fotana – Fotolia.com
77
97
95

Figure 5.17. Armature en treillis. Figure 5.18. Cadre pour poutre rectangulaire.


A:
ST
RU

Les armatures sont des assemblages de barres en acier fabriquées industriellement (barres à
m:
o

béton), qui peuvent être soit préfaçonnées en usine ou à l’atelier, soit assemblées sur chantier.
x.c
vo

On obtient des treillis (figure 5.17) ou des cadres (figure 5.18) autour desquels le béton sera
lar

coulé. Plusieurs types de barres sont employés (figure 5.19) :


ho
sc

• les ronds lisses (L) ;


al.
on

• les barres en acier haute adhérence (HA) ;


ati

• les barres nervurées ;


n
er
int

• les barres crénelées.


Toutes ces formes sont destinées à améliorer l’adhérence entre le béton et l’acier, ce qui
contribue à une meilleure transmission des efforts entre ces deux matériaux.

Barre nervurée

16 mm 16 mm
Barre crénelée
Rond lisse (HA, T, TT, C,
selon la marque)

Barre haute adhérence

Figure 5.19. Barres à béton (exemples).


116 | Les bétons

La nature des aciers utilisés correspond à des aciers standard de construction : doux, mi-durs
ou durs. Ils sont dans cette utilisation caractérisés par leur limite élastique (tableau 5.16). On
distingue les armatures sous formes de barres et les armatures en treillis, qui comportent des
soudures.
La transmission des efforts n’est assurée que si le contact entre les armatures et le béton
­s’effectue sur une surface suffisante minimale, qui se manifeste pour les armatures par une
longueur minimale d’amarrage dans le béton.

Tableau 5.16. Aciers employés pour les armatures du béton

Treillis soudé fils

5
Acier Acier Treillis soudé

93
État lisses
doux lisse haute adhérence haute adhérence

70
Φ > 6 Φ < 6

04
55
L Fe E 215 HA Fe E 400
Désignation TSL 500 TSL 520 TSHA 500

8:1
L Fe E 235 HA Fe E 500

.22
36
Cette longueur dépend des caractéristiques du béton, et notamment de sa résistance à la

4.1
.15
traction RTJ, ainsi que des caractéristiques de l’acier, et notamment de sa limité élastique fE.

60
Le frottement entre les deux matériaux est caractérisé par un coefficient de scellement Ψ, qui

3:1
vaut 1 pour les adhérences standard et 1,5 pour les hautes adhérences.

09
07
Si dF est la variation de l’effort longitudinal par élément de longueur dx, et u = π  Φ le péri-

88
8:8
mètre d’une barre en contact avec le béton (figure 5.20), la contrainte d’adhérence s’écrit :
83
1 dF 77
τ S = u  dx
97
95
A:

τS τS τS
ST
RU

F F + dF x
m:

Φ
o
x.c
vo
lar
ho

dx
sc
al.
on

Figure 5.20. Contrainte d’adhérence sur une barre.


n ati
er
int

Si la barre est un rond lisse, son coefficient de scellement est Ψ = 1, et si la barre est de haute
adhérence (HA), son coefficient de scellement est Ψ = 1,5.
En sollicitation ELU, la contrainte d’adhérence est notée tSU. Elle s’exprime en fonction de
ce coefficient de scellement et de la résistance à la traction du béton au jour J, notée RTJ, selon
la relation :
tS  =  0,6  Ψ2  RCJ
Si l’armature est une barre de scellement de forme droite, la longueur minimale de scellement
LS est proportionnelle à fe , limite élastique du métal, et inversement proportionnelle à tS,
selon la formule :
1 f
LS = 4  τ e
S

En pratique, les longueurs minimales de scellement sont choisies comme étant égales à 40 Φ
pour les barres HA en acier E400, et à 50 Φ pour les barres HA en acier E500 ou les ronds
lisses en acier E215 ou E235.
Le béton armé | 117

5.6.4 Enrobages des armatures


Les armatures sont soumises à l’agressivité du milieu ambiant, pouvant induire des phéno-
mènes de corrosion. Le béton est pour les armatures un milieu alcalin qui les conditionne
dans une ambiance qui les rend passives vis-à-vis de ce phénomène, car il se développe à
l’interface métal-béton un mince film invisible, mais protecteur. Si le milieu est modifié, ce
film disparaît et les armatures se corrodent.
Cela peut se produire dans le cas où un béton se fissure en surface, mettant ainsi l’acier des
armatures en contact avec l’atmosphère. Pour garantir la longévité d’un ouvrage, il est donc
nécessaire que toutes les armatures soient enrobées d’une épaisseur minimale de béton.

5
Cette épaisseur dépend de nombreux facteurs :

93
70
• la classe d’exposition (qui définit l’agressivité de l’atmosphère, voir le § 5.5.5) ;

04
55
• la nature du matériau des armatures (on peut concevoir des armatures en acier inoxy-

8:1
dable) ;

.22
• la classe de résistance du béton ;

36
4.1
• la durée de vie prévue de l’ouvrage ;

.15
• la précision du positionnement initial des armatures ;

60
3:1
• les mesures de contrôle de la qualité du béton mises en œuvre.

09
C’est l’Eurocode 2 et la norme NF EN 206-1 qui définissent les épaisseurs correspondantes

07
88
en fonction de l’ensemble de ces paramètres, épaisseurs qui font partie des critères servant à

8:8
garantir la durée de vie de l’ouvrage.
83
77
La norme prévoit six classes structurales pour les ouvrages, notées de S1 à S6. Au départ, on
97
95

prévoit un bâtiment ayant une durée de vie de 50 ans, classé en S4, pour lequel aucune
A:

mesure particulière n’est prévue pour le positionnement des armatures et le contrôle de la


ST
RU

qualité du béton. Le tableau 5.17 permet de déterminer les épaisseurs minimales d’enrobage


m:

en acier de construction à prévoir, en fonction de la classe d’exposition. Si les conditions


o
x.c

varient, on se reporte à la seconde partie du tableau pour changer l’indice de la classe


vo
lar

­structurale.
ho
sc
al.

Tableau 5.17. Épaisseur d’enrobage en fonction de la classe de construction et de la classe structurale


on
nati

Classe XC2 XD1 XD3 XD3


er

X0 XC1 XC4
int

structurale XC3 XD2 XS2 XS3


S1 10 mm 10 mm 10 mm 15 mm 20 mm 25 mm 30 mm
S2 10 mm 10 mm 15 mm 20 mm 25 mm 30 mm 35 mm
S3 10 mm 10 mm 20 mm 25 mm 30 mm 35 mm 40 mm
S4 10 mm 15 mm 25 mm 30 mm 35 mm 40 mm 45 mm
S5 15 mm 20 mm 30 mm 35 mm 40 mm 45 mm 50 mm
S6 20 mm 25 mm 35 mm 40 mm 45 mm 50 mm 55 mm
Classe XC2 XD1, XS1 XD2, XS2 XD3, XS3
X0 XC1 XC4
d’exposition XC3 XA1 XA2 XA3
Durée de vie
Majorer la classe structurale de 2 points
de 100 ans
C 30/37 C 35/45 C 40/50 C 45/55
Béton
Si la résistance du béton est supérieure, minorer la classe structurale de 1 point
Qualité Pour une qualité de production du béton particulière, minorer la classe structurale de 1 point
118 | Les bétons

5.7 Le béton précontraint


5.7.1 Généralités
Comme on vient de le voir, le béton en flexion est soumis en interne à des contraintes de
traction et de compression. Or, il peut supporter des contraintes de compression importantes
tandis qu’il est sensible à la ruine avec des contraintes en traction 10 à 15 fois plus faibles.
Pour résoudre ce problème, on est amené à armer le béton avec de l’acier de façon à ce que ce
soit l’acier qui prenne en charge les contraintes de traction.
Une autre technique consiste à appliquer au béton une compression préalable à toute autre,

5
93
70
dès la mise en œuvre du matériau. Si alors une sollicitation en traction apparaît au cours

04
d’une flexion, l’intensité de la compression interne préalable vient en retranchement de la

55
8:1
force de traction qui s’exerce. La résistance du béton à la traction s’en trouve notablement

.22
améliorée. On est ainsi en présence d’un béton précontraint.

36
4.1
.15
5.7.2 Principe

60
3:1
09
La compression du béton est assurée par un câble qui est maintenu en tension en s’appuyant

07
88
sur le béton. Le béton est alors comprimé par le câble : plus ce câble est tendu, plus il exerce

8:8
une compression importante. On peut alors régler l’intensité de la compression du béton en
83
jouant sur la tension du câble. Le câble métallique gardant un comportement élastique, il y a 77
97

proportionnalité entre l’effort de tension T et l’allongement et on joue en fait sur l’allonge-


95
A:

ment ε = ∆L/L du câble pour obtenir le plus précisément possible l’intensité recherchée de la
ST

compression.
RU
m:
o
x.c

5.7.3  Mode opératoire


vo
lar
ho
sc

Deux techniques sont utilisables :


al.

• on tend le câble à l’aide d’un vérin (figure 5.21) avant de couler le béton sur lui. Le béton
on
ati

se solidifie en adhérant au câble, puis on relâche la tension appliquée au câble (figure 5.22).


n
er

Ce dernier a naturellement tendance à se rétracter, et met alors le béton adhérent en


int

compression. Cette technique est appelée précontrainte par pré-tension (figure 5.23) ;

Figure 5.21. Vérin de précontrainte.
Le béton précontraint | 119

Béton coulé sur câble tendu

Câble en acier Vérin de


tension

Culée fixe Culée fixe

Figure 5.22. Précontrainte par prétension.

5
93
70
04
55
8:1
.22
36
4.1
.15
60
3:1
09
07
88
8:8
83
77
97
95
A:
ST

Figure 5.23. Poutres précontraintes par prétension.


RU
m:
o
x.c

Béton coulé sur la gaine


vo
lar

Tension du câble
ho

après la prise Câble en acier et gaine


sc

Vérin de tension
al.
on
nati
er
int

Figure 5.24. Précontrainte par post-tension.

• on coule le béton autour d’une gaine dans laquelle on fait passer un câble après la prise ; le
câble est ensuite tendu à l’aide de vérins en prenant appui sur le béton durci, ce qui
comprime le béton (figure 5.24). Il est également possible de faire passer le câble à l’exté-
rieur du béton et de le tendre après la prise en prenant appui sur le béton durci. Cette
technique est appelée précontrainte par post-tension.
La gaine est ensuite comblée à l’aide d’un coulis qui permet d’éviter au câble d’être en contact
avec l’air, ce qui évite la corrosion de l’acier.
Le ciment préconisé pour ces bétons est un ciment de type CEM I, et les aciers constituant
les torons de câbles sont à haute limite élastique. Pour la tension ou la libération des câbles,
on considère que le béton est suffisamment durci quand Rc = 25 MPa.
120 | Les bétons

5.7.4 Positionnement des câbles


Il y a aussi deux méthodes pour positionner les câbles dans les poutres, qui permettent
­d’appliquer  :
• une précontrainte centrée si le câble est positionné dans l’axe de la poutre, au centre de
gravité de chaque section ;
• une précontrainte excentrée si le câble est positionné sous le centre de gravité des sections
droites de la poutre
Prenons le cas d’une poutre de section rectangulaire (base b et hauteur h = 2b) maintenue sur
deux appuis de façon isostatique, et soumise à un chargement uniforme réparti q. Le moment

5
maximal de flexion de la poutre est situé au milieu de la longueur, et correspond à :

93
70
04
MMAX  =   qL²/8

55
8:1
À cette position, les contraintes normales en flexion sont maximales puisqu’elles corres-

.22
pondent à :

36
MMAX

4.1
σ  L ,z  = z
I 

.15
2

60
3:1
Le diagramme des contraintes à mi-longueur est alors similaire à celui de la figure 5.14 si le

09
béton n’est pas précontraint. La contrainte de traction maximale supportée par la poutre est

07
alors :

88
8:8
MMAX
σ  L ,b = b
83
2 I 97
77
95
A:

5.7.4.1 Précontrainte centrée


ST
RU

Si on tend un câble au centre de la poutre la tension T du câble est transférée sous forme de
m:

compression du béton. Posons S = h  b :


o
x.c

T
vo

σ précontrainte = –
lar

S
ho
sc

Si on règle la tension T pour que l’ensemble de la poutre soit en compression, le diagramme


al.
on

des contraintes devient celui représenté sur la figure 5.25.


nati
er
int

– Mb/I z – T/S z – Mb/I – T/S z


b – –
σ σ σ
+ =
b
+

– Mb/I

Poutre + câble Flexion Précontrainte Total

Figure 5.25. Diagramme des contraintes avec une précontrainte centrée.


Le béton précontraint | 121

La tension T est déterminée en utilisant la relation suivante, déduite de cette figure :


MMAX T
I 
b – S
= 0
Par contre, la contrainte maximale de compression dans la poutre a augmenté. Elle est en effet
devenue (en valeur absolue) :
M
σ précontrainte = MAX  b + T
I S
Il se peut que cette nouvelle valeur soit telle que la résistance du béton à la compression soit
dépassée, ce qui conduirait alors à la rupture du matériau de la poutre. Le technique utilisée
telle quelle n’est pas appropriée. La solution est d’excentrer la précontrainte.

5
93
70
5.7.4.2 Précontrainte excentrée

04
55
8:1
Si dans la section où le moment est maximal le câble est positionné sous le centre de gravité

.22
d’une hauteur e, le moment de la tension T par rapport au centre de gravité doit être pris en

36
compte. Il est égal à T e, et il induit une contrainte supplémentaire dans la section ­considérée,

4.1
.15
qui s’écrit :

60
T e
σ précontrainte = z

3:1
I

09
07
Les valeurs maximales de cette contrainte sont, en compression et en traction :

88
8:8
T e
σ précontrainte = ± b
I 
83
77
97

Le diagramme des contraintes comporte alors un terme supplémentaire qui permet de repré-
95
A:

senter la figure 5.26, sur laquelle on règle la valeur de T pour que l’ensemble de la poutre soit
ST
RU

en compression.
m:
o
x.c

– Mb/I z – T/S z Teb/I z


vo
lar


ho

b – –
sc

σ σ σ
al.

+ + =
on

e
nati

b
er
int

+
– Teb/I
– Mb/I
Poutre + câble Flexion Précontrainte Excentration Total

Figure 5.26. Diagramme des contraintes avec une précontrainte excentrée.

La détermination de T répond à la relation :


MMAX T Teb
I 
b – S – I
= 0
La contrainte maximale de compression dans la poutre est maintenant (en valeur absolue) :
MMAX
σ précontrainte = b+ T – Teb
I  S I
Cette contrainte a un peu diminué. Le béton est donc cette fois moins sollicité.
122 | Les bétons

La solution la plus efficace est de faire suivre au câble dans le béton une courbure qui fait en
sorte que les valeurs de e en fonction de x soient proportionnelles aux valeurs du moment de
flexion M dans la poutre en fonction de x. Le câble doit alors être tendu en l’obligeant à suivre
cette courbure, soit avec des cales (en prétension), soit en l’introduisant dans des gaines déjà
positionnées et rigidifiées par le béton (en post-tension).

5.8 Le béton cellulaire


5.8.1 Généralités

5
93
70
On a cherché à fabriquer des éléments de structure en béton qui soient de caractéristiques

04
55
thermiques améliorées, notamment en ce qui concerne l’isolation thermique. Cette condition

8:1
impose que la porosité du béton soit notablement augmentée, afin que le matériau comporte

.22
36
en son sein un nombre important de micro-interfaces qui vont freiner les échanges de chaleur.

4.1
La conséquence de cette évolution est que ce nouveau matériau est moins compact, donc plus

.15
léger et moins résistant mécaniquement.

60
3:1
09
07
5.8.2 Fabrication

88
8:8
83
Le béton cellulaire est constitué au départ avec les mêmes composants de base que le béton : 77
le seul granulat est le sable, que l’on prend la peine de broyer finement avant le mélange. La
97
95

granulométrie est donc fine. Le mélange comprend également du ciment, de la chaux et du


A:
ST

gypse. On y ajoute de l’eau afin d’obtenir une pâte fluide. Une fois cette pâte obtenue, elle est
RU

malaxée avec de la poudre d’aluminium finement divisée (figure 5.27), puis très rapidement
m:

coulée dans des moules.


o
x.c
vo
lar
ho

Gypse Chaux Ciment Sable affiné Eau


sc
al.
on
ati

Dosage
n
er
int

Aluminium
en poudre

Malaxage

Pose des
armatures Moule Coulage

Durcissement
Expansion Dimensionnement

Contrôle
Conditionnement Démoulage Autoclavage
Livraison

Figure 5.27. Synoptique de la fabrication du béton cellulaire.


Le béton cellulaire | 123

Le moulage doit être très rapidement effectué, car l’aluminium dans le milieu très alcalin et
humide du mélange provoque une réaction chimique qui dégage un important volume d’hy-
drogène. La pâte se met alors à mousser, et son volume entre en expansion. On constate
environ un doublement du volume initial de la pâte.
Le béton cellulaire peut être coulé sur des armatures auparavant positionnées dans les moules,
pour la production d’éléments préfabriqués comme des dalles ou des linteaux de portes ou de
fenêtres. L’hydrogène est un élément qui ruine par corrosion l’acier des armatures (fragilisa-
tion par l’hydrogène) : il est nécessaire de protéger ces armatures dans les moules en les enro-
bant préalablement à l’aide de mortier de ciment (passivation des aciers).
Encore en moules, la pâte est étuvée 2 à 3 h autour de 60 °C afin d’accélérer son durcisse-

5
ment. C’est alors que le matériau obtenu est mis aux dimensions voulues par usinage

93
70
(découpe, rainures…).

04
55
Les moules chargés avec les éléments prédécoupés sont ensuite passés à l’autoclave, ou ils

8:1
restent plus de 10 h sous une pression de gaz de 1 à 1,2 MPa (10 à 12 bars) et à une tempé-

.22
rature comprise entre 180 et 190 °C. Les variations dimensionnelles des éléments sont alors

36
4.1
assez faibles (ε < 10-4), mais le matériau devient stable et résistant mécaniquement.

.15
Le démoulage des éléments est effectué à la sortie de l’autoclave.

60
3:1
Étant donné les conditions de fabrication du béton cellulaire, il est impossible de le fabriquer

09
07
sur chantier. Il est en effet produit industriellement dans des usines de préfabrication qui

88
disposent du matériel adéquat et peuvent appliquer les bonnes mesures de sécurité (notam-

8:8
ment avec le dégagement d’hydrogène).
83
77
97
95

5.8.3 Propriétés
A:
ST
RU

Le béton cellulaire est un matériau microporeux, il est donc nettement plus léger que le béton
m:
o

classique. Suivant les dosages, sa masse volumique est comprise entre 450 et 950 kg/m3. Les
x.c
vo

éléments produits sont de couleur blanche, et peuvent se travailler facilement.


lar
ho

La résistance à la compression n’atteint pas celle des bétons classiques. Elle oscille, suivant la
sc

masse volumique, entre RC = 3 MPa et RC = 7 MPa. La résistance à la traction RT est très


al.
on

faible. Le tableau 5.18 donne des valeurs de RC et RT minimales en relation avec la masse


nati

volumique nominale ρ des blocs de béton cellulaire (à l’état sec).


er
int

Tableau 5.18. Variation de la résistance mécanique de blocs de béton cellulaire avec la masse volumique

ρ (kg/m3) 350 400 450 500 550 600 650 700 750 800
RC (MPa) 3 3 3,5 4 4,5 5 5,5 6 6,5 7
RT (MPa) 0,5 0,5 0 ,58 0,66 0,75 0,83 0,92 1 1,08 1,16

La conductivité thermique du béton cellulaire est comprise entre λ = 0,16 W/m²K (pour les
plus légers) et λ = 0,33 W/m²  K (pour les plus lourds). Elle est donc faible, ce qui confère au
béton cellulaire un caractère d’isolant thermique. On pourra se référer au tableau 5.3 pour
comparer ces propriétés avec celles d’autres bétons.
La tenue au feu est suffisante pour pouvoir mettre en place des murs coupe-feu en panneaux
préfabriqués de béton cellulaire.
124 | Les bétons

5.8.4 Produits
5.8.4.1 Les blocs
Selon la norme NF EN 771-4, les blocs en bétons cellulaire autoclavé peuvent avoir des
dimensions allant jusqu’à :
• longueur L maximale : 1 500 mm ;
• largeur l maximale : 600 mm ;
• hauteur h maximale : 1 000 mm.
La forme des blocs de béton cellulaire autoclavé suit la même norme que celle prescrite pour
les blocs de béton de granulats courants et légers. Elle est décrite dans le paragraphe qui suit

5
93
70
(§ 5.9), avec la distinction entre quatre groupes de blocs.

04
55
8:1
5.8.4.2 Les panneaux

.22
36
On peut trouver des éléments de panneaux pleins réalisés en béton cellulaire armé. Ils sont

4.1
destinés à devenir des composants de façades, dont les fonctions principales sont les suivantes :

.15
60
• résistance mécanique et stabilité ;

3:1
• tenue aux séismes ;

09
07
• sécurité en cas d’incendie ;

88
• étanchéité à l’eau et à l’air ;

8:8
83
• isolation thermique ; 97
77
• isolation acoustique ;
95

• durabilité et aspect.
A:
ST

C’est la norme EN 14992 qui précise les modalités de mise en œuvre des critères caractéris-
RU

tiques de ces fonctions, liée à la certification des produits.


m:
o
x.c
vo

5.8.4.3 Autres produits


lar
ho
sc

On peut également trouver en béton cellulaire autoclavé des produits comme des linteaux,
al.

des carreaux pour cloisons, des dalles de planchers ou des éléments de bardage. On peut aussi
on
ati

faire fabriquer à la demande des éléments de grandes dimensions.


n
er
int

5.9 Les éléments préfabriqués en béton


5.9.1 Généralités
Les éléments de construction en béton peuvent être coulés sur le chantier, mais on peut
trouver de nombreux éléments courants à disposition sur le marché pour de nombreuses
fonctionnalités, et préfabriqués. C’est même, pour les bétons cellulaires, une condition néces-
saire. Pour les bétons précontraints, on peut aussi faire élaborer des éléments de structure dans
des usines de préfabrication. Cela a été rendu possible parce que ces éléments ont des dimen-
sions normalisées et des caractéristiques certifiées, ce qui garantit leurs propriétés. De plus, les
Les éléments préfabriqués en béton | 125

usines de préfabrication sont les lieux privilégiés de mise au point et de développement de


produits innovants. Dans cette partie, nous ne reviendrons pas sur les produits en béton
cellulaire, qui ont été évoqués dans le paragraphe qui précède.

5.9.2 Les blocs traditionnels en béton


5.9.2.1 Formes et dimensions
La norme européenne NF EN 771-3 distingue quatre groupes de blocs en fonction de la
structure de leur remplissage interne (figure 5.28) :

5
93
• groupe 1 : les blocs pleins ou perforés ;

70
04
• groupes 2 et 3 : blocs creux, alvéoles débouchant verticalement ;

55
• groupe 4 : blocs creux, alvéoles débouchant horizontalement.

8:1
.22
Le groupe 4 n’est pas disponible en France. La différence entre les groupes 2 et 3 provient des

36
épaisseurs de parois internes, qui sont plus faibles dans le groupe 3 que dans le groupe 2.

4.1
.15
C’est l’Eurocode 6 qui préconise la tenue mécanique de ces blocs, ainsi que leur tenue au feu.

60
3:1
09
07
88
8:8
Blocs creux en béton
de granulats courants ou légers, Groupes 2 et 3

83
à deux rangées d’alvéoles 77
97
95
A:
ST
RU

Blocs pleins en béton cellulaire Groupe 1


m:

autoclavé avec trous de préhension (béton cellulaire)


o
x.c
vo
lar
ho
sc

Blocs perforés et blocs pleins, en béton Groupe 1


al.

de granulats courants ou légers


on
nati
er
int

Figure 5.28. Les blocs de béton traditionnels.

Le tableau 5.19 donne la classification des trois premiers groupes en fonction des pourcen-
tages volumiques des vides par rapport au volume total brut d’un bloc, aux épaisseurs de
parois internes en millimètres, et à la fraction des épaisseurs cumulées de parois par rapport
à la largeur totale.
126 | Les bétons

Tableau 5.19. Les groupes de blocs de béton traditionnels

Épaisseur Épaisseur Fraction


Volume Volume Volume de Volume total
minimale de cumulée des
total des de chaque chaque trou des trous de
paroi externe des parois épaisseurs
alvéoles alvéole de préhension préhension
(mm) (mm) cumulées
Groupe 1 ≤ 25 % ≤ 12,5 % ≤ 12,5 % – – – –
> 25 %
Groupe 2 ≤ 30 % – ≤ 30 % 18 15 ≥ 18 %
≤ 60 %
> 25 %
Groupe 3 ≤ 30 % – ≤ 30 % 15 15 ≥ 15 %
≤ 70 %

5
93
70
Les dimensions nominales de ces blocs correspondent aux spécifications ci dessous :

04
• longueur : 300 < L < 600 mm ;

55
8:1
• largeur : 50 < l < 325 mm (sens de l’épaisseur du mur) ;

.22
• hauteur : 200 < h < 300 mm.

36
4.1
.15
5.9.2.2 Caractérisation mécanique

60
3:1
Le matériau et la fonction de chaque bloc sont repérables par une lettre qui précède un

09
07
nombre représentant sa résistance en bars (avec 10 bars = 1 MPa) :

88
8:8
• B est pour les blocs à enduire de granulats courants (ρ > 1 570 kg/m3) ;

83
• L est pour les blocs à enduire de granulats légers (ρ < 1 570 kg/m3) ; 77
97

• P est pour les blocs apparents de granulats courants (ρ > 1 570 kg/m3) ;


95

• LP est pour les blocs apparents de granulats légers (ρ < 1 570 kg/m3).


A:
ST

Le tableau 5.20 donne les valeurs de résistance à la compression des blocs dans ces quatre
RU
m:

catégories.
o
x.c
vo

Tableau 5.20. Résistance à la compression des blocs de béton traditionnels


lar
ho
sc

Type Blocs à enduire Blocs de parement RC (MPa)


al.
on

L25 2,5
ati
n

L40 B40 LP40 4


er
int

LP55 5,5
Blocs creux
B60 P60 6
B80 P80 8
P120 12
L35 3,5
L45 LP45 4,5
L70 LP70 7
Blocs pleins
B80 8
ou perforés
B120 P120 12
B160 P160 16
P200 20
Les éléments préfabriqués en béton | 127

5.9.3 Les panneaux


Six grandes familles de panneaux préfabriqués en béton sont à prendre en compte :
• les panneaux pleins ;
• les panneaux nervurés ;
• les panneaux sandwichs à voiles solidaires ;
• les panneaux sandwichs à voiles extérieures dilatables (VELD) ;
• les murs composites ;
• les éléments de parement.
Ces éléments sont en fait des morceaux de murs préfabriqués qui peuvent avoir la hauteur

5
93
d’un étage. Une nervure est un renflement de section qui correspond à une épaisseur locale

70
d’au moins 15 cm pour un mur dont l’épaisseur minimale est de 6 cm. Les panneaux sand-

04
55
wichs renferment un matériau isolant thermique. Les parois (voiles) sont rendues solidaires

8:1
par l’existence de nervures, ou (mieux) de crochets métalliques. Si la voile extérieure est dila-

.22
table, la paroi extérieure n’est plus solidaire de la paroi intérieure, grâce à un dispositif métal-

36
4.1
lique qui joue le rôle d’un joint de dilatation.

.15
Les murs composites sont constitués de deux voiles de béton maintenus espacés par un treillis

60
3:1
métallique. L’espace libre entre les deux voiles est généralement comblé sur chantier par du

09
béton.

07
88
Les éléments de parement sont des panneaux de bétons rapportés et fixés mécaniquement sur

8:8
une structure porteuse. On peut intercaler un isolant.
83
77
Les fonctionnalités que la norme prend en compte sont celles déjà citées avec les panneaux de
97
95

béton cellulaire :
A:
ST

• résistance mécanique et stabilité ;


RU

• tenue aux séismes ;


m:
o

• sécurité en cas d’incendie ;


x.c
vo

• étanchéité à l’eau et à l’air ;


lar

• isolation thermique ;
ho
sc

• isolation acoustique ;
al.
on

• durabilité et aspect.
nati
er
int

5.9.4 Systèmes de plancher


Un plancher de béton est constitué de poutrelles et d’entrevous. Généralement, ces éléments
sont préfabriqués pour être montés sur le site du chantier. On peut utiliser aussi des dalles de
béton armé ou précontraint préfabriquées en usine : on les appelle des prédalles.
Les poutrelles sont :
• soit en béton armé, l’armature étant constituée d’un treillis métallique, avec un talon de
béton sous les armatures ;
• soit en béton précontraint ou armé, en forme de T renversé (figure 5.23).
Les entrevous en béton sont positionnés entre les poutrelles pour remplir les vides entre
chacune d’entre elles (figure 5.29). On peut aussi les faire participer à l’isolation phonique ou
thermique. Ils doivent être conformes aux exigences requises quant à la tenue au feu de
l’ouvrage en construction.
128 | Les bétons

5
93
70
04
55
8:1
.22
36
4.1
.15
60
© philippe Devanne – Fotolia.com © Kara – Fotolia.com

3:1
09
Figure 5.29. Poutrelles en ^ et entrevous. Figure 5.30. Installation d’une cloison en béton.

07
88
8:8
Les prédalles sont 3 fois sur 4 en béton précontraint (figure 5.30). Certains modèles comportent
83
77
au-dessus de la surface un réseau de raidisseurs en poutrelles métalliques qui sont ensuite
97

enrobées dans une dalle de compression. C’est la norme NF EN 13747 qui spécifie les carac-
95
A:

téristiques exigées de ces dalles.


ST
RU

Les dalles alvéolées (figure 5.31) sont des dalles préfabriquées qui comportent des évidements
m:

horizontaux parallèles (les alvéoles). Elles peuvent être en béton armé ou béton précontraint.
o
x.c

C’est la norme NF EN 1168 qui rassemble les caractéristiques attendues de ce type de dalle,
vo
lar

qui sont des composants structurels du plancher.


ho
sc
al.
on
n ati
er
int

Figure 5.31. Schéma d’une dalle alvéolée.

5.9.5 Autres produits


La préfabrication en usine concerne aussi de nombreux autres produits en béton, armé on
non, précontraint ou non, en bétons courant, léger ou cellulaire, en béton hautes perfor-
mances ou autoplaçant… Les exemples traités plus haut ne sont pas exhaustifs. On peut citer
la préfabrication d’éléments qui ne sont pas structuraux, comme les pavés autobloquants en
béton (figure 5.32), ou des éléments de façade, les tuyaux et bien sûr les tuiles.
Les éléments préfabriqués en béton | 129

5
93
70
04
55
8:1
© Kybele – Fotolia.com

.22
Figure 5.32. Pavés autobloquants.

36
4.1
.15
Les pavés et les dalles de sol sont moulés vibrés et comprimés.

60
3:1
Les tuiles en béton sont fabriquées à l’aide d’une pâte de béton de granulométrie très fine

09
(microbéton) comportant du ciment, du sable et de l’eau, avec des additifs et des pigments.

07
88
Le rapport « sable/(ciment + additifs) » de la pâte est compris entre 3 et 3,5. La pâte fraîche

8:8
est extrudée en continu dans des filières qui peuvent produire de façon automatique plus de
83
100 tuiles par minute. Les moules dans la filière sont profilés pour obtenir la face inférieure
77
97

de la tuile, la pâte est mise en place et compactée en passant dans une autre filière qui lui
95
A:

donne son profil supérieur. À la sortie, les bords sont mis en forme, pour aboutir à tous les
ST

types de tuiles (planes, à emboîtement, rives, faîtières...).


RU
m:

Les tuiles fraîches sont alors « prédurcies » entre 6 et 24 h dans des étuves vers 50 °C et 95 %
o
x.c

d’humidité relative, afin de faciliter leur démoulage


vo
lar

Du fait de la granulométrie des constituants, le matériau durci est un BHP dont la résistance
ho

à la traction est de l’ordre de 10 MPa. Il est étanche à l’eau et insensible au gel. Pour améliorer
sc
al.

l’aspect de surface et la durabilité, on effectue une extrusion en parallèle dans la filière pour
on

deux microbétons de finesses différentes.


nati
er

Certaines caractéristiques des toitures en tuiles de béton sont évoquées dans le chapitre  3
int

§ 3.6, qui traite des tuiles en terre cuite, et notamment dans les tableaux 3.7 et 3.8.
Les tuyaux peuvent être fabriqués à l’aide de différentes techniques :
• dans des moules sans noyau :
–– par centrifugation : le ciment très plastique est injecté dans un moule en rotation
axiale rapide,
–– par un rouleau lamineur qui est fixe dans un moule en rotation,
–– par compression axiale : un sabot en hélice comprime le béton en remontant dans un
tube vertical (procédé caduc),
–– par compression radiale : une tête tournante à rouleaux remonte le béton en le
comprimant. C’est sans doute le procédé le plus courant ;
• dans des moules avec noyau : ces procédés consistent à couler le béton frais entre le cylindre
extérieur et le moule intérieur, tous deux positionnés verticalement. Le compactage du
béton est assuré par un système vibrant assuré par le noyau :
130 | Les bétons

–– soit le noyau est en position fixe dans le cylindre,


–– soit le noyau est mobile en hauteur : il suit alors le niveau de remplissage en béton,
tout en vibrant. Ce procédé évite certaines ségrégations.

5.10 Les bétons hautes performances (BHP et BTHP)


5.10.1 Généralités

5
On a cherché très tôt à augmenter la résistance mécanique des bétons, car on peut alors

93
70
obtenir les mêmes caractéristiques pour les ouvrages en utilisant moins de matière. Ces

04
55
ouvrages peuvent être alors eux-mêmes plus légers. Pour arriver à cela, on se réfère à la formule

8:1
de Féret (voir le § 5.5.6) et on remarque que la résistance du béton augmente quand le

.22
rapport des volumes Veau/Vciment diminue. Il se présente alors deux possibilités :

36
4.1
• augmenter la quantité de ciment ;

.15
• diminuer le volume d’eau.

60
3:1
09
5.10.1.1 Rôle de l’eau

07
88
8:8
La préparation d’un béton courant fait appel à environ 170 à 200 l d’eau par mètre cube de
83
béton. Le processus d’hydratation n’en utilise que moins de 100. La quantité en supplément
97
77
sert à obtenir l’ouvrabilité du béton frais. On dispose ainsi d’une marge de manœuvre impor-
95

tante (environ 100 l d’eau par mètre cube de béton) pour augmenter la résistance du béton.
A:
ST

Au cours de la prise, cette eau devenue inutile est évacuée (par capillarité et évaporation) :
RU

c’est l’origine de la porosité capillaire de la matrice de ciment. Le ciment est donc poreux, et
m:
o

une augmentation de sa résistance mécanique passe par une diminution de sa porosité.


x.c
vo
lar

5.10.1.2 Rôle de la granulométrie


ho
sc
al.

Le béton est constitué au départ avec un mélange de poudres de granulométries différentes :


on
ati

le ciment d’une part et les granulats d’autre part. Le maximum de compacité de ce mélange
n
er

correspond à un béton plus compact, donc plus résistant. On va donc rechercher entre ces
int

poudres le mélange qui correspond à l’optimum granulaire évoqué au § 5.2.3.

5.10.2 Actions du superplastifiant


La diminution du dosage en eau nuit à la plasticité du béton frais. Si on veut dépasser une
résistance de 50 MPa, le rapport Veau/Vciment doit être inférieur à 0,4 ; la quantité d’eau dispo-
nible ne peut plus alors assurer une plasticité suffisante. En effet, les grains de ciment ont alors
tendance à s’agglomérer entre eux (floculation) pour des raisons à la fois électrostatiques et de
tension superficielle entre les grains, en utilisant un peu de l’eau qui reste (voir chapitre 1
§ 1.3.5). Cela a deux conséquences (figure 5.33) :
• la consommation d’eau fait remonter le taux de porosité et nuit à la résistance mécanique ;
• les flocs se comportent comme des grains beaucoup plus gros, ce qui nuit encore à la
­fluidité du mélange.
Les bétons hautes performances (BHP et BTHP) | 131

Sans défloculant

Floculation

Eau Floc hydraté

5
93
Ciment

70
04
55
8:1
Avec défloculant

.22
Grains hydratés

36
Figure 5.33. Défloculation par un superplastifiant.

4.1
.15
Pour combattre ces effets, il est nécessaire de s’opposer à la formation de ces agglomérats : il

60
3:1
faut mettre en œuvre une défloculation. Alors, les grains de ciment gardent un comportement

09
individualisé et l’eau n’est plus piégée. La fluidité est améliorée et toute l’eau est disponible

07
88
pour l’ouvrabilité.

8:8
Cet effet peut être obtenu en utilisant des adjuvants spéciaux, appelés superplastifiants. Le
83
77
résultat est alors un béton frais suffisamment plastique avec un béton durci plus résistant.
97
95

Pour ce qui concerne l’optimum granulaire, il existe bien avec un mélange de deux poudres
A:
ST

de granulométries différentes comme on l’a vu avec les granulats et le ciment. Les études
RU

théoriques sur des mélanges de poudres ont montré que le maximum de compacité possible
m:

pouvait être obtenu quand on mélangeait quatre poudres dont les granulométries étaient
o
x.c

d’ordres de grandeur différents. Pour obtenir le meilleur optimum granulaire, il faut donc
vo
lar

mettre en mélange quatre poudres de quatre niveaux de mouture.


ho
sc

Dans le cas du béton, les grains de gravillons ont des dimensions de l’ordre du centimètre, le
al.

sable de l’ordre du millimètre, et le ciment de l’ordre du micron. Il est donc intéressant d’y
on
ati

ajouter des « superfines » de l’ordre submicronique. Les fumées de silice répondent à cette
n
er

caractéristique. Avec un tel mélange, on obtient un béton durci dont la porosité est réduite au
int

minimum (figure 5.34), et dont la résistance mécanique est améliorée : c’est un béton hautes
performances (BHP), voire très hautes performances (BTHP).

© Cimbéton

Figure 5.34. Différences de porosité entre un béton courant (à gauche) et un BHP (à droite).


Photos prises au microscope électronique à balayage (MEB).
132 | Les bétons

5.10.3 Performances des BHP


• La fluidité du béton frais est conservée malgré le dosage en eau nettement plus faible, grâce
à l’action du défloculant. La présence des ultrafines améliore encore la fluidité du mélange.
• La résistance au jeune âge est garantie par l’utilisation d’un ciment de mouture fine, mais
la présence d’ultrafines et du défloculant accélère l’hydratation, donc la prise du béton.
• Comme on vient de le voir, la porosité du béton durci diminue et l’empilement granulaire
est optimisé, donc la résistance à la compression est améliorée :
–– celle des BHP est comprise entre 60 et 100 MPa ;
–– celle des BTHP est comprise entre 100 et 150 MPa.

5
La porosité ainsi que la teneur en eau du béton a diminué : le module de Young est plus

93

70
élevé et le fluage est moins important.

04
55
• Pour les mêmes raisons, la durabilité du béton est augmentée, car le matériau contient

8:1
moins d’eau et il est moins perméable.

.22
36
4.1
.15
5.11 Les bétons autoplaçants (BAP)

60
3:1
09
07
88
5.11.1 Principe

8:8
83
Un béton autoplaçant (BAP) est un béton qui est suffisamment plastique à l’état frais pour se 77
97

mettre en place dans les coffrages sans nécessité de le faire vibrer. Au cours de la mise en
95
A:

œuvre, généralement par pompage, il reste homogène et stable.


ST
RU

Ainsi, un BAP doit pouvoir s’écouler assez rapidement sous la seule action de son propre
m:

poids, et être pompable. Comme les bétons ont un comportement visco-plastique b­ inghamien
o
x.c

(voir la figure 5.7.b), cette fluidité correspond à un seuil de cisaillement t0 faible, et une faible
vo

viscosité plastique µ.
lar
ho

La fluidité ainsi obtenue est nécessaire, mais pas suffisante. En effet, le béton contient des
sc
al.

gravillons qui cisaillent le mortier lors du chargement. Comme ce mortier est peu résistant au
on
ati

cisaillement, les gravillons peuvent entrer en contact facilement, surtout si certains sont
n
er

freinés par des armatures. Ils peuvent alors colmater les interstices entre des armatures
int

voisines, et interrompre l’écoulement du mélange (figure 5.35). On aboutit à une ségrégation


du mélange en phase d’écoulement.

Mortier Mortier
Gravillon
Gravillon

Armature Armature

Figure 5.35. Colmatage par les gravillons des intervalles entre armatures.


Les bétons autoplaçants (BAP) | 133

Pour que le matériau conserve l’homogénéité de sa résistance mécanique, le BAP doit aussi
résister aux ségrégations statiques lors de la prise, ainsi que ne pas subir de tassement.
Il ne doit pas non plus présenter du ressuage (perte de liquide), qui pourrait modifier locale-
ment l’adhérence des armatures ou favoriser l’apparition de fissures.

5.11.2 Formulation
Toutes les résistances des bétons conventionnels peuvent être obtenues avec les BAP, en faisant
varier :
• la nature et la granulométrie du liant (ciment et adjuvants) ;

5
93
• le rapport eau utile/liant.

70
04
La résistance au jeune âge est dépendante des proportions d’additifs et d’adjuvants.

55
8:1
La formulation des BAP doit répondre aux critères suivants :

.22
• les gravillons doivent être maintenus écartés les uns des autres : le volume de la pâte doit

36
4.1
être important (entre 330 et 400 l de mélange ciment/additions/adjuvants/eau utile/air

.15
par mètre cube de BAP) ;

60
3:1
• la quantité de fines (f < 125 µm) doit être élevée, soit environ 500 kg/m3 de béton, afin

09
d’assurer la maniabilité. Ces fines sont le ciment, les additions et même les granulats ;

07
88
• pour obtenir la fluidité, il faut utiliser un superplastifiant. On le mélange souvent à un

8:8
plastifiant pour limiter les instabilités et le ressuage ;
83
77
• pour combattre le ressuage et les ségrégations, il existe des agents de cohésion qui jouent le
97

rôle d’épaississants de la pâte (polysaccharides, dérivés de cellulose…). Ils peuvent ou non


95
A:

être utilisés, car ils favorisent une diminution de la fluidité ;


ST

• pour éviter les blocages, on limite les volumes de gravillons. Le rapport gravillons/sable
RU
m:

dans les BAP est souvent voisin de 1, en fonction des volumes interstitiels disponibles dans
o
x.c

les coffrages. Le diamètre maximal de gravillons est compris entre 10 et 20 mm.


vo
lar
ho
sc

5.11.3 Validation de la formule


al.
on
ati

Cette formulation doit être testée avant toute mise en œuvre afin d’être valablement qualifiée.
n
er

Notamment, il faut s’assurer de la stabilité des propriétés en fonction des écarts de c­ omposition,
int

essentiellement avec la teneur en eau.


On doit s’assurer ensuite des propriétés mécaniques (essais sur éprouvettes).
Des mesures de rhéologie sont pratiquées : elles sont de trois types :
• le cône d’Abrams : dans ce cas, on ne mesure plus l’affaissement, mais le diamètre d’étale-
ment de la pâte ;
• la boîte en L : on fait couler le béton à travers une grille verticale qui sépare les deux
branches d’un volume en forme de L allongé (figure 5.36). À la fin de l’écoulement, on
mesure le rapport des hauteurs dans les branches horizontale et verticale. Un rapport
H2/H1 > 0,8 traduit un bon écoulement du BAP. Ce test d’écoulement peut être utilisé
d’une autre manière : on fait s’écouler le béton à travers une grille dont les barres sont
espacées d’un intervalle réglable I (figure 5.37), et on mesure le cheminement horizontal
du béton qui s’étale au-delà de cette grille sur une planche. C’est ce test qui sert à classer
les BAP en trois catégories ;
134 | Les bétons

Grille (espacement 39 mm)

H1 H2

Figure 5.36. Essai de la boîte en L.

Grille (intervalle d'écoulement)

5
93
70
04
55
8:1
.22
36
Cheminement C

4.1
.15
Figure 5.37. Test d’écoulement.

60
3:1
09
• le tamis (figure 5.38) : on teste ici la résistance à la ségrégation. On fait passer 2 l de BAP

07
à travers un tamis de 5 mm, avec une chute au-dessus du tamis de 50 cm. Après 2 min, on

88
8:8
mesure le volume de laitance ayant traversé le tamis. On fait le rapport des poids de

83
laitance et de celui du béton au départ. Le béton est stable si ce rapport est compris entre77
10 % et 20 %.
97
95
A:
ST

BAP
RU
m:
o
x.c
vo

50 cm
lar
ho
sc
al.

Tamis de 5 mm
on
ati

Laitance
n
er
int

Figure 5.38. Essai du tamis.

5.11.4 Classification des BAP


Les BAP sont classifiés en trois catégories : 1, 2 et 3. Les catégories 2 et 3 sont elles-mêmes
séparées en deux sous-catégories, notées 2a, 2b, 3a ou 3b. Cette classification est issue du test
d’écoulement décrit plus haut. On mesure donc le cheminement C observé, en fonction de
l’intervalle I de la grille. Le classement correspond à celui du tableau 5.21. Ce tableau fournit
de plus les applications correspondantes pour chaque type de béton : pour mettre en œuvre
un élément horizontal ou un élément vertical, et les domaines d’épaisseur pour un élément
horizontal.
Les bétons fibrés et les BFUP | 135

Tableau 5.21. Désignation des BAP et applications correspondantes

Intervalle Granulat C Application horizontales


Applications
d’écoulement Dmax Cheminement
Épaisseur ≤ 30 cm Épaisseur > 30 cm verticales
(cm) (mm) (m)
C < 5 2a 2a
I ≥ 10 20 1
5 ≤ C ≤ 10 2b 2b
C < 5 2a 2a
8 ≤ I < 10 14
5 ≤ C ≤ 10 2b 2b
C < 5 3a 3a
I < 8 12,5
5 ≤ C ≤ 10 3b 3b

5
93
70
La catégorie 1 est destinée aux ouvrages horizontaux d’épaisseurs faibles avec des armatures

04
écartées de plus de 10 cm. La catégorie 2 est destinée aux ouvrages horizontaux plus épais ou

55
8:1
pour des coulages verticaux courants ; dans tous les cas, l’intervalle est supérieur ou égal à

.22
8 cm. La catégorie 3 est réservée à des intervalles d’armatures serrées de moins de 8 cm.

36
4.1
La distinction entre a et b concerne le cheminement : b correspond au béton frais le plus

.15
fluide dans les coffrages.

60
3:1
09
07
88
5.12 Les bétons fibrés et les BFUP
8:8
83
77
97

5.12.1 Généralités
95
A:
ST
RU

Dans les bétons fibrés, on a cherché à remplacer les armatures du béton armé par des fibres.
m:

Celles-ci peuvent être de natures diversifiées, minérales ou non (acier, polymère, carbone…),
o
x.c

avec des dimensions et de formes variées. Ces fibres sont ajoutées au béton au cours du
vo

malaxage de la pâte, parfois lors de la projection du mortier. Le béton fibré est fabriqué tant
lar
ho

en usine que sur le chantier.


sc
al.

Une fibre est un composant filiforme dont le rapport longueur/diamètre est très important
on

(de 25 à 1 500). Dans les bétons, leur longueur est assez faible, inférieure à 6 cm. Ces fibres
nati
er

courtes se retrouvent dispersées de façon homogène dans l’ensemble du matériau, contraire-


int

ment aux armatures du béton armé. Mais tout comme avec les armatures, on cherche à faire
reprendre par les fibres les efforts de traction que le béton seul ne peut pas supporter, et c’est
par adhérence que ces charges sont transmises.
Ces fibres de faible section freinent la propagation de micro-fissures au sein de la matrice
cimentaire, retardant l’apparition de macro-fissures qui ruinent le matériau.
On distingue classiquement trois familles de fibres :
• les fibres organiques : polyamide, polypropylène, acrylique, Kevlar… ;
• les fibres minérales : carbone, verre, mica, basalte… ;
• les fibres métalliques : acier (figure 5.39), fonte, acier inoxydable, acier amorphe…
On caractérise ces fibres par leurs dimensions (longueur, diamètre), leur forme générale
(ondulées, lisses, à crans, à crochets…), leur résistance mécanique à la traction (entre 50 et
300 MPa), et bien sûr leur module d’élasticité (très variable, entre 5 000 et 200 000 MPa).
136 | Les bétons

© Cimbéton

Figure 5.39. Béton de fibres métalliques.

5
93
70
5.12.2 Principe

04
55
8:1
On considère une fibre de diamètre D et de longueur L dont la résistance mécanique à la

.22
36
traction est RT . La force FU qu’elle peut reprendre est égale à :

4.1
.15
FT = RT  π  D²/4 .

60
3:1
Si ψ est le coefficient d’adhérence de la fibre, la force d’adhérence FA qui s’applique à elle est

09
proportionnelle à sa superficie, selon :

07
88
FA  =   ψ  π  D  L .

8:8
83
L’équilibre de ces forces correspond à : 97
77
RT  D/4  =   ψ  L .
95

D’où on tire :
A:
ST

L/RT  =   D/4ψ .


RU
m:

Afin d’obtenir le rapport de longueur/résistance le plus faible possible, le diamètre D doit être
o
x.c

petit et/ou le coefficient d’adhérence ψ le plus grand possible. L’efficacité de la fibre est ainsi
vo

obtenue pour la section de fibre la plus faible possible.


lar
ho
sc
al.

5.12.3 Propriétés et utilisations


on
nati
er

Dans cette partie, les caractéristiques des bétons fibrés sont comparées à celles de bétons
int

armés courants, en prenant trois exemples correspondant à chacune des trois catégories de
fibres (figure 5.40).

© Cimbéton

Figure 5.40. Différents types de fibres pour bétons fibrés.


Les bétons fibrés et les BFUP | 137

5.12.3.1 Fibres organiques : polypropylène


On introduit dans le béton entre 500 g et 2 kg de fibres par mètre cube de béton, ce qui
représente un volume très faible (entre 0,05 % et 0,2 %).
Le béton frais est plus maniable et présente moins de retrait ; le béton durci possède plus de
cohésion et est plus résilient. Sa résistance au feu est améliorée.
Ce type de béton est mis en œuvre pour les coques minces et les bétons projetés en réparation.
On en fait aussi des dallages et des éléments à démoulage rapide. On l’emploie pour des sites
à risque d’incendie.

5.12.3.2 Fibres minérales : verre

5
93
70
On introduit dans le béton entre 25 et 50 kg de fibres par mètre cube de béton, ce qui repré-

04
55
sente un volume compris entre 1 et 2 %. Le verre est attaqué par les alcalins du ciment frais.

8:1
Cette introduction nécessite donc une préparation préalable des fibres pour les protéger de

.22
36
cette attaque.

4.1
C’est la résistance à la traction qui est notablement améliorée avec ce type de fibres. On utilise

.15
60
ces « composites ciment-verre (CCV) » pour des éléments de grande dimension mais de faible

3:1
épaisseur (de l’ordre du mètre en longueur ou largeur et du centimètre en épaisseur) :

09
panneaux et bardages essentiellement, caniveaux….

07
88
8:8
83
5.12.3.3 Fibres métalliques : acier
77
97

On introduit dans le béton entre 40 g et 160 kg de fibres par mètre cube de béton, ce qui
95
A:

représente une fraction volumique comprise entre 0,5 % et 2 %.


ST
RU

La résistance à la traction est nettement améliorée, ainsi que la ductilité. La fragilité diminue,
m:

ce qui améliore la résilience. La fissuration de retrait diminue également.


o
x.c

On utilise ces bétons fibrés pour des sols ou planchers dans l’industrie ou des pieux de fonda-
vo
lar

tion, ainsi qu’en préfabrication pour certains composants très sollicités.


ho
sc
al.
on

5.12.4 Les bétons fibrés à ultra hautes performances (BFUP)


nati
er
int

Le principe de ces bétons mis au point après 1990 est d’élaborer un béton du type BHP, et
d’y introduire des fibres particulières, afin d’obtenir un béton très compact et ductile.
Pour ce faire, le béton élaboré est très pauvre en eau (E/C < 0,2 grâce à des superplastifiants
modernes). Des particules de clinker non hydratées restent aussi présentes dans la structure.
Elles ont alors un double effet :
• elles se comportent comme des petits granulats déformables ;
• elles sont une réserve de ciment hydratable, qui peut cicatriser des microfissures.
L’empilement granulaire est optimisé avec quatre classes de granulométrie, et dont les plus
gros granulats n’excèdent pas 4 mm. Si les fibres sont métalliques, on les prend de petit
diamètre (0,1 à 0,3 mm) pour avoir une bonne adhérence, avec des longueurs comprises entre
10 et 20 mm. La fraction volumique des fibres est souvent voisine de 3 %. Lors de la mise en
œuvre d’un mélange prêt à l’emploi, la teneur en eau doit être rigoureusement respectée, et
une cure renforcée est absolument nécessaire.
138 | Les bétons

Les BFUP possèdent des performances particulières qui sont rassemblées ci-dessous :
• le béton frais est très fluide, comparable souvent à un BAP ;
• la résistance mécanique est obtenue à très jeune âge (60 MPa à 2 jours) ;
• la résistance à la compression est élevée : RC28 = 130 à 250 MPa ;
• la résistance à la traction est significative : RT28 = 5 à 12 MPa ;
• la ductilité est devenue importante ;
• une compacité très grande, d’où :
–– une faible perméabilité,
–– une excellente durée de vie,
–– une importante résistance aux agents agressifs,

5
93
–– un retrait faible,

70
04
–– un fluage très faible ;

55
• une structure granulaire fine, qui permet de réaliser des parements décoratifs.

8:1
.22
Ces propriétés permettent de construire des ouvrages avec des libertés de formes que ne

36
permettent pas les autres types de béton, et les caractéristiques mécaniques importantes

4.1
.15
permettent des économies de matière.

60
3:1
09
07
88
8:8
83
77
97
95
A:
ST
RU
m:
o
x.c
vo
lar
ho
sc
al.
on
n ati
er
int
Chapitre 6

Les métaux

5
93
et alliages métalliques

70
04
55
8:1
.22
36
4.1
.15
60
3:1
09
07
88
6.1 Introduction
8:8
83
77
97

Les matériaux métalliques sont utilisés dans


95
A:

de nombreux domaines, et notamment dans


ST

la construction mécanique, dans le génie civil


RU
m:

et le BTP. On peut trouver dans les bâtiments


o
x.c

de nombreux éléments métalliques, pour


vo

exercer des fonctions diverses.


lar
ho

Les aciers sont les plus utilisés car on les


sc
al.

trouve comme on l’a vu en tant qu’armatures


on

passives ou de précontrainte dans les bétons,


n ati

mais ils peuvent être directement employés


er
int

comme éléments de structure pour un bâti-


ment (figure 6.1) ou un ouvrage d’art
(figure 6.2), sous forme de poutres et
poutrelles. Parfois, on utilise des câbles pour
transmettre des efforts de traction impor-
tants (ponts suspendus). En effet, les métaux
supportent des efforts de traction auxquels le
béton est incapable de résister.
© crimson – Fotolia.com

Figure 6.1. Le Turning Torso, gratte-ciel en hélice


de 200 m, structure en acier, Malmö (Suède, 2005).
Architecte : Santiago Calatrava.
140 | Les métaux et alliages métalliques

5
93
70
04
55
8:1
.22
© PHB.cz – Fotolia.com

36
4.1
Figure 6.2. Le viaduc de Garabit, pont de chemin de fer de 564 m, structure fer forgé,

.15
Garabit (Cantal, 1884). Architecte : Gustave Eiffel.

60
3:1
09
D’autres métaux sont souvent utilisés :

07
• l’aluminium et ses alliages, qui sont plus légers que les aciers, tout en gardant des caractéris-

88
8:8
tiques intéressantes. Ils sont utilisés parfois pour des structures (ponts en aluminium),
83
mais on emploie aussi ces matériaux pour le second œuvre, notamment dans les m ­ enuiseries 77
97

métalliques, les couvertures, les bardages… ;


95
A:

• le cuivre est utilisable pour les couvertures (comme au musée canadien des Civilisations,
ST

Gatineau, PQ, Canada) ou des bardages (au conservatoire régional à Limoges). On le


RU

retrouve comme matériau des canalisations ou des fils conducteurs électriques. On peut le
m:
o
x.c

retrouver dans le bronze ou le laiton pour des éléments devant résister à la corrosion ;
vo

• le zinc est lui aussi un matériau de couverture, par exemple sur les bâtiments h­ aussmanniens
lar
ho

de Paris). On l’utilise aussi comme dépôt de surface sur des aciers pour des ­applications
sc

anticorrosion : c’est l’acier galvanisé ;


al.
on

• le plomb a été utilisé pour des travaux de couverture et pour les plomberies. On en retrou-
nati

vait dans les peintures. Il est surtout désormais employé pour les protections antiradiations
er
int

en radiologie et dans l’industrie nucléaire ;


• on peut encore trouver des utilisations ponctuelles d’autres métaux, comme le titane
(façades de l’Opéra de Pékin ou du Musée de Bilbao) ou le nickel (quincailleries,
­robinetterie).

6.2 Avantages et inconvénients des métaux


Un métal est un élément chimique qui a une tendance naturelle à perdre des électrons. Il se
retrouve alors sous la forme d’un cation métallique, qui donne naissance – à l’état solide – à
la liaison métallique. Cette perte d’électrons est une oxydation : un métal s’oxyde donc spon-
tanément, c’est-à-dire qu’il a tendance à se corroder. Il devient alors à l’atmosphère un oxyde
ou un hydroxyde : c’est la rouille du fer ou des aciers, ou la « rouille blanche » du zinc.
Avantages et inconvénients des métaux | 141

La liaison métallique, qui est cristalline, confère des caractéristiques générales à tous les
métaux, telles qu’une bonne résistance mécanique à la traction, une rupture ductile et une
élasticité importante, un aspect brillant à l’état poli, un caractère conducteur de la chaleur et
de l’électricité, une imperméabilité à l’eau et une faible perméabilité à la vapeur d’eau. Ces
caractéristiques ne sont pas sans incidences sur l’emploi des métaux et de leurs alliages dans
la construction.

Tableau 6.1. Propriétés mécaniques en traction de certains métaux et alliages

Masse Module Limite Contrainte


Métaux ou alliages volumique de Young E d’élasticité de rupture

5
(t/m³) (MPa) (MPa) (MPa)

93
70
Acier doux (E24) 235 360

04
Acier faiblement allié (E36) 355 510

55
Aciers 7,85 210 000

8:1
Acier à grain fin (E46) 460 560

.22
Acier pour câble 1 500 1 700

36
Fonte grise 7,2 100 000 Fragile 200/800

4.1
.15
Aluminium pur laminé recuit 2,7 65 000 50 80

60
Alliages

3:1
Al-MgSi 0,5 2,66 70 000 175 320
d’aluminium

09
07
Al-MgZn 1 2,7 70 000 250 280

88
Al-ZnMgCu 2,78 70 000 320 390

8:8
Al-Mg 4,5 Mn 2,8 73 000 570 630
83
Cuivre pur recuit 8,93 120 000 77 40 210
97
95

Laiton (33 % Zn) laminé recuit 8,35 100 000 100 320


A:

Bronze (10 % Sn) coulé brut 8,8 100 000 120 250


ST
RU

Zinc laminé à chaud recuit 7,1 85 000 60 120


m:

Plomb laminé ou extrudé 11,35 17 000 10 15


o
x.c

Titane laminé/recuit 4,5 110 000 770/430 980/530


vo
lar
ho
sc
al.

6.2.1 Une résistance à la traction et une élasticité


on

que n’a pas le béton


n ati
er
int

Les caractéristiques mécaniques des métaux sont variables d’un élément à l’autre. Leurs prin-
cipales caractéristiques sont rassemblées dans le tableau 6.1. On remarque que les métaux ont
une résistance à la traction qui n’a généralement aucune commune mesure avec celle du
béton. Seul le plomb a une résistance du même ordre – aussi ce métal n’est pas employé
comme matériau de structure.

6.2.2  Un ratio résistance/poids intéressant


Pour comparer les matériaux, on peut essayer le calcul indicatif suivant : un câble virtuel de
longueur L = 10 m et de section circulaire S supporte une charge en traction de F = 3 MN.
On fait le calcul de la masse M de matériau nécessaire pour ne pas rompre. Cinq matériaux
sont pris en compte. Un acier E24, un acier E36, un alliage d’aluminium Al-Mg-Si 0,5, un
béton C35/40 pour lequel RT28 = 5 MPa, et du plomb.
142 | Les métaux et alliages métalliques

Si g est l’accélération de la pesanteur et ρ la masse volumique du matériau, le poids du fil est :


P = M.g = ρ L S g .
Pour un matériau donné, seule la variation de la section S du câble conditionne son poids.
On en déduit :
S  =   P/g ρ L .
La contrainte de traction sur le câble doit être inférieure à RT , contrainte à la rupture du
matériau :
σ  =   F/S < RT .
On en tire :
σ  =  F g ρ L/P  =   F ρ L/M < RT  .

5
93
Ce qui s’écrit encore :

70
04
M > F  L  (ρ/RT ) .

55
8:1
La masse minimale recherchée est proportionnelle au rapport de la masse volumique à la

.22
résistance à la rupture. Plus ce rapport est faible, plus la masse nécessaire de matière est petite.

36
Le tableau 6.2 donne des valeurs de masses minimales et diamètres minimaux calculées selon

4.1
.15
les hypothèses ci-dessus.

60
3:1
09
Tableau 6.2. Comparaison des masses utiles de matériaux métalliques et du béton sollicités en traction

07
88
Matériau ρ (kg/m3) RT (MPa) ρ/RT M (kg) Diamètre (cm)

8:8
83
Acier E 24 7 850 360 2,1810-5 654 10,3
77
97
Acier E 36 7 850 510 1,5410-5 462 8,7
95
A:

Acier pour câble 7 850 1 700 4,610-6 139 2,4


ST

Alliage Aluminium 2 700 280 9,6410-6 290 11,7


RU
m:

Béton 2 450 5 4,910-4 14 700 87,4


o
x.c

Plomb 11 350 15 7,5710-4 22 700 50,4


vo
lar
ho

On voit qu’il faudrait une masse de béton beaucoup plus élevée (irréaliste) que celle du métal
sc
al.

pour obtenir la même résistance. La plupart des métaux (sauf le plomb) permettent ainsi
on
ati

d’économiser la matière et d’alléger les structures. La faible masse obtenue avec l’aluminium
n
er

justifie l’emploi important des alliages d’aluminium dans la construction aéronautique. Par
int

contre, l’acier permet d’utiliser moins de volume de matière, et cette diminution est d’autant
plus importante que la résistance de l’acier est élevée. Le tablier du viaduc de Millau (2,5 km)
a été construit avec 36 000 t d’acier. C’est 160 000 t qui auraient été nécessaires s’il avait été
construit en béton.

6.2.3 Une mise en œuvre simplifiée


Les métaux sont livrés préfabriqués sur les chantiers. Il suffit de monter les éléments entre eux
ou avec leurs voisins pour mettre en place la structure. Cet assemblage permet de réduire les
risques d’accident et les nuisances sonores dues à la mise en œuvre de bétons. La filière étant
sèche, le confort sur le chantier est à prendre en considération.
Pour les mêmes raisons, une construction métallique est évolutive en fonction des besoins, et
adaptable à de nouvelles fonctions.

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