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Extrait du «Grand Dictionnaire Larousse» (1866): DOLLFUSS, Jean:

Manufacturier et économiste français, né à Mulhouse le 28.08.1800 [...]


A Mulhouse, dont il est le maire, Mr Jean Dollfuss s'est mis à la tête
de plusieurs institutions philanthropiques et utiles; on lui doit
notamment la fondation des Cités Ouvrières réalisées sous son impulsion,
par une société fondée en 1853 [SOMCO ou SOciété Mulhousienne de Constructions
Ouvrières]et qui a construit 300 maisons à Mulhouse. Le prix de location
s'établit sur le pied de 8% de son prix de revient et n'est que de
120Fr. par an pour une maison de la dernière catégorie.
Ces cités qui ont servi de modèle à plusieurs autres donnent chaque
jour les meilleurs résultats économiques et moraux. Grâce à la propreté
qui y règne, la mortalité a considérablement diminué parmi les ouvriers
manufacturiers.[...]
Mr. Dollfuss paie aux femmes en couche travaillant chez lui leur
salaire pendant six (6) semaines pour leur permettre de rester chez
elles et de donner à leurs enfants tous les soins nécessaires.
1804: les imprimeurs sur étoffes mettent sur pied des caisses de
secours mutuel pour la maladie et la retraite (en 1870, 36 caisses
privées dénombrent 25 000 adhérents; 258 caisses libres comptent 34 000
membres dans le Haut-Rhin);
1827: Gaspard Dollfuss et Nicolas Koechlin fondent la Caisse d'Épargne
d'Entreprise (le taux fixé est de 5%; les caisses d'État en garantissent
de 3 à 4%!);
1849: on fonde la première maison de vieillesse;
1850: suivant le rapport du Dr Penot, missionné par la SIM,
l'institution du premier système de retraite est décidée par la loi en
France, et sera améliorée par l'industrie en 1851;
1851: Jean Dollfuss et son gendre, Frédéric Engel-Dollfuss, fondent la
Société d'Encouragement à l' Épargne (elle ajoute une prime à l'épargne
des ouvriers en vue de leur retraite en abondant ±30% supplémenatires de
l'apport du salarié); est également constitué l'office technique des
assurances sociales.
«Si l'on pouvait faire cela partout, quel apaisement cela produirait
dans les esprits et quelle éloquente réponse au socialisme!»in Marie-
Joseph Bopp, in «L'œuvre sociale de la bourgeoisie haut-rhinoise» dans
«La bourgeoisie alsacienne», Istra,1967.
En Angleterre, le prince Albert de Saxe-Cobourg a encouragé Henry
Roberts à publier un livre sur la question, ouvrage qui sera traduit en
français à la demande de Napoléon III himself.
L'Exposition Universelle de Londres présente une maison ouvrière
«type». Jean Zuber-Karst voit ce modèle et le ramène en Alsace, il
décède mais Jean Dollfuss reprend le flambeau.
Le rapport du Dr Penot (cité supra) dit non aux casernes, «cette
agglomération dans une maison de dizaines de ménages étarngers les uns
aux autres, jouissant rarement d'une paisible harmonie intérieure».
Dans la Cité ouvrière, il y a deux possibilités de paiement:
> la location mensuelle (10Fr);
> la vente avec un apport initial de 250/ 300 Fr. et un loyer de 18
à 25 Fr./mois[à l'époque, le salaire minimal était de 36Fr. [Selon Jean
Fourastié, au regard de 1984, cela équivalait à un loyer de ±1 110Fr./
mois; une mensualité [remboursement d'emprunt] pour l'acquisition de 2
200 à 3 300 Fr.; le salaire minimal était de 4254 Fr./ mois].
Selon Charles Grad, le budget d'une famille ouvrière était de l'ordre
de 15% pour le logement, 16% pour les vêtements, 61% pour la nourriture
et 8% pour le divers.
En 1854, 49 maisosn sur 100 étaient achetées; en 1864: le chiffre
montait à 552 sur 616; en 1867, il y en avait 800; en 1877, le nombre
totalisait 948; en 1882, il approchait le millier (996). En 1867, le
maiosns logeaient 6 000 personnes.
Les jardins offraient un apport de salaire de l'ordre de 30 à 40 Fr./
an.
La cité ouvrière offrait comme autres services
1. une boulangerie 'à prix coûtant';
2. une salle d'asile d'une capacité de 250 enfants;
3. un restaurant avec repas de midi pour 75 cts;
4. une subvention étatique, attribuée et versée(!) en 1851 se montait
à 33% du prix estimé des lavoirs et bains dans les villes, Jean Dollfuss
en payant les 2/3; l'établissement assurait 9 000 bains et 4 000
lessives/ an; la SOMCO suivit avec la création d'un lavoir, avec
essoreuse et grande piscine, employant 60 personnes.
5. un magasin 'à prix coûtant' intégré dans une société de
consommation (= une coopérative), fournissant les articles de première
nécessité: pommes de terre, charbon, poëles et cuisinières en fonte,
manteaux et imperméables.
Edmond About, avec sa prose dythirambique, clame tout cela «Après la
ville des patrons, j'avais visité en détail les cités ouvrières, ce
chef-d'œuvre de quelques hommes de bien qui ont, par surcroît, de
l'esprit. En aucun lieu au monde, on a atnt et si bien travaillé à
réconcilier les prolétaires avec leur sort et à les élever peu à peu
vers une condition supérieure».

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