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2001/1 - no 19
pages 161 à 171
ISSN 1164-4796
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La psychosomatique en 1981
PIERRE MARTY
* Conférence inédite, prononcée par Pierre Marty à Montréal en septembre 1981 au Congrès
mondial de psychosomatique, publiée ici avec l’autorisation de Catherine Marty.
font l’objet d’une évolution plus longue, par exemple la fonction visuelle
dont l’achèvement se situe vers l’âge de cinq ans, ou les fonctions
motrices et d’équilibration qui s’achèvent dans la douzième année. De
toutes, c’est l’évolution des fonctions mentales qui prend le plus de
temps, puisque l’organisation terminale idéale – je veux parler de l’or-
ganisation génitale œdipienne – ne peut s’instaurer qu’après la puberté ;
et encore des modifications peuvent intervenir pendant l’adolescence. Je
signale tout de suite, comme entre parenthèses, l’intérêt pour la psycho-
somatique des évolutions fonctionnelles longues, dont la lignée mentale
est l’exemple le plus représentatif. Plus une ligne évolutive fonctionnelle
est longue dans le temps, plus elle a de chances d’installer des systèmes
de fixations, lieux ultérieurs de régressions qui serviront de paliers d’ar-
rêt, puis de réorganisation, lors des désorganisations contre-évolutives.
Or, il faut savoir que les diverses organisations fonctionnelles que
nous venons d’évoquer, et bien d’autres encore, n’ont pas été l’objet, le
plus souvent, d’une évolution simple, linéaire, et relativement indépen-
dante de celles des formations fonctionnelles voisines. Elles se sont en
réalité chevauchées et combinées entre elles, certes sur le modèle du
développement classique, celui qui correspond aux programmes géné-
raux de la race et de la culture, mais aussi d’une manière personnelle et
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originale. Cela selon les aléas des rencontres et avant tout selon les aléas
actions, fonction par fonction, dans les rapports avec la mère. Il en était
déjà de même, pour un certain nombre de systèmes fonctionnels, à par-
tir des données héréditaires, pendant la vie intra-utérine. C’est un lent
processus qui se déroule ainsi jusqu’à la constitution des personnalités
adultes.
On conçoit, dans ces conditions, la multiplicité infinie des structures
terminales bien qu’on puisse en définitive reconnaître, aux différents
niveaux évolutifs, des traits communs qui permettent d’établir une clas-
sification nosographique communicable.
Cet ensemble de connaissances trouve précisément sa place dans
notre manière de concevoir la structuration de l’inconscient et l’évolu-
tion individuelle : principe de sensibilité, rythmes, automation-pro-
grammation, généraux et particuliers à chaque fonction.
Il convient de noter ici que les problèmes fondamentaux dont je viens
de parler : réactivité, rythmicité et style de décharges de l’enfant, qui se
posent également au niveau de la mère d’une manière plus complexe
encore et dont l’ensemble constitue le plan des interactions mère-enfant,
se présentent à chaque stade des évolutions fonctionnelles de l’enfant.
Je vous ai dit que la science psychosomatique, dans son aspect le plus
large, était issue de la psychanalyse. Ainsi nous intéressons-nous beau-
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– du passé psychosomatique ;
IV/ J’ai dit que la qualité du préconscient était témoin de la santé des
sujets. Il faut que j’ajoute – mais plusieurs d’entre vous le savent mieux
que moi – que certaines maladies présentent un déroulement, une évo-
lution, qui leur sont propres, même si le préconscient du patient, sup-
posé défaillant lors du début de la maladie, s’est rétabli spontanément ou
grâce à la psychothérapie, pendant la maladie. À ce sujet, à l’hôpital de
la Poterne des Peupliers, nous posons les premiers jalons dans l’espoir
d’apprécier les différents délais concernant les rapports entre les trau-
matismes désorganisateurs du préconscient et le déclenchement des dif-
férentes maladies ou des différentes crises selon la structure des
malades ; les différents délais aussi entre la remise en état du fonction-
nement mental des sujets et la fin des maladies ou des crises.
Ma conception actuelle range les processus de somatisation en deux
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C’est ainsi que les maladies les plus communes, les plus classiques lors
des régressions, se présentent souvent de manière atypique lors des
désorganisations progressives, à la fois dans leur forme et dans leur
déroulement. La durée d’une désorganisation peut être plus ou moins
longue, les atteintes fonctionnelles peuvent se précipiter, s’accumuler, ou
survenir les unes après les autres.
Nous devons également considérer, lors des désorganisations pro-
gressives, ou lors d’épisodes de désorganisation progressive – le proces-
sus de désorganisation, en effet, n’est pas forcément total ou fatal –, les
décalages dans le temps qui peuvent se produire en raison du déroule-
ment propre à certaines maladies. J’en ai parlé tout à l’heure. Je pense
ici particulièrement à des cancers. Il est à peu près certain que les
moments naturels féconds, premiers ou secondaires, dans le développe-
ment des cancers, se produisent lors de périodes de dépression essentielle
et de vie opératoire qui s’accompagnent, semble-t-il, d’une faillite des
défenses immunologiques concernées. Or, la dépression essentielle et la
vie opératoire peuvent avoir disparu au moment du diagnostic du cancer.
Celui-ci, dans une certaine mesure, poursuit une évolution autonome qui
n’est pas soumise immédiatement aux modifications favorables du dyna-
misme préconscient des sujets.
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