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MISE AU POINT
MOTS CLÉS Résumé Le syndrome cave supérieur est l’expression clinique de la compression de la veine
Syndrome cave cave supérieure par un processus gênant le retour du sang veineux vers le cœur. Les étio-
supérieur ; logies sont nombreuses, actuellement dominées par les causes tumorales. Le diagnostic est
Radiothérapie ; clinique. La sévérité du tableau clinique dépend essentiellement de la rapidité d’installation
Chimiothérapie ; du syndrome cave, pouvant être à l’origine d’un œdème laryngé ou cérébral mettant en jeu le
Traitement pronostic vital. En dehors de ces deux situations qui nécessitent une prise en charge immédiate,
endovasculaire ; une biopsie est nécessaire avant l’instauration de tout traitement. Celui-ci doit être multidis-
Tumoral ciplinaire, intégrant radiothérapie, chimiothérapie et traitement endovasculaire, et dépendra
essentiellement de la sévérité des symptômes, du type et du stade tumoral, mais également
de l’état général du patient.
© 2014 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.
KEYWORDS Summary Superior vena cava syndrome comprises various symptoms and signs resulting from
Superior vena cava the obstruction of the superior vena cava and resulting in reduced blood flow. Superior vena
syndrome; cava may occur secondary to a variety of conditions, but malignant etiologies are the most com-
Radiotherapy; mon. Usually, the diagnosis is based on a quite clear clinical presentation. Patient with acute
Chemotherapy; presentation can develop life-threatening complications such as cerebral or laryngeal edema.
Venous stenting; In the absence of these two conditions, a histologic diagnosis should be obtained before the ini-
Malignant tiation of any therapy. Management of superior vena cava syndrome requires a multidisciplinary
team. Therapeutic approaches include radiotherapy, chemotherapy and endovascular
∗ Auteur correspondant.
Adresse e-mail : sara.bellefqih@gmail.com (S. Bellefqih).
http://dx.doi.org/10.1016/j.pneumo.2014.08.001
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approach, and the choice of therapy will depend on the severity of the symptoms, the type and
the stage of the tumor, but also the patient’s general condition.
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la VCS et à l’élévation de la pression veineuse des terri- l’œdème laryngé ou cérébral). Kishi et al. ont proposé dès
toires situés en amont. Ces signes peuvent être regroupés 1983 un score de gravité clinique permettant notamment
en trois catégories : hémodynamiques, neurologiques et res- de poser l’indication d’un traitement endovasculaire en cas
piratoires (Tableau 1) [21]. de score supérieur à quatre [22]. L’équipe de Yale a éga-
Le tableau clinique peut être discret ou au contraire lement proposé un score, calqué cette fois sur les Critères
mettre en jeu le pronostic vital (cas notamment de Communs de Terminologie des Évènements Indésirables
Tableau 1 Principaux signes et symptômes cliniques en cas de syndrome cave supérieur [6,21].
Signes ou symptômes Fréquence (%) Intervalle (%)
Hémodynamiques
Œdème facial 82 60—100
Œdème des membres supérieur 46 14—75
Turgescence des veines jugulaires 63 27—86
Circulation veineuse collatérale 53 38—67
Pléthore facial 20 13—23
Signes oculaires 2 0—3
Respiratoires
Dyspnée 54 23—74
Toux 54 38—70
Dysphonie 17 15—20
Stridor 4 0—5
Neurologiques
Syncope 10 8—13
Céphalées 9 6—11
Vertiges 6 2—10
Confusion 4 0—5
Obnubilation 2 0—3
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(Common Terminology Criteria for Adverse Events) du associée d’un thrombus endoluminal), analyse la circulation
National Cancer Institute et comprenant donc cinq grades collatérale, fournit des éléments d’orientation étiologique,
de gravité croissante (Tableau 2) [21]. et enfin, permet la planification du traitement endovascu-
Le diagnostic du SCS est clinique, l’imagerie quant à elle laire (Fig. 2) [15]. La classification de Stanford en quatre
permet de préciser les caractéristiques de la sténose, de stades, établie en 1986 puis modifiée et adaptée au scanner
fournir des éléments d’orientation étiologique et donc de par Qanadli, permet aussi bien de quantifier la sévérité de
guider le traitement. la sténose que d’établir un pronostic (Tableau 3) [10,24].
La radiographie thoracique révèle une anomalie dans 84 % L’imagerie par résonance magnétique a un rôle limité
des cas. Les signes les plus souvent rencontrés sont un élar- du fait de la mauvaise tolérance du décubitus et de la fré-
gissement du médiastin (64 %) et un épanchement pleural quente présence d’une dyspnée. Elle est actuellement non
(26 %) [23]. indiquée sauf en cas de contre-indication au phlébo-scanner
Le phlébo-scanner avec opacification veineuse uni- [15]. L’écho-Dopppler ne permet pas une étude optimale
brachiale est l’examen clé en cas de SCS. Il objective de la VCS du fait aussi bien de l’interface osseuse chon-
les caractéristiques de la sténose cave supérieure (siège, drosternale que gazeuse. Il est indiqué en cas de suspicion
longueur, degré, rapports avec l’atrium droit, présence de thrombus [15]. Enfin, la phlébographie cave supérieure,
Figure 2. Syndrome cave supérieur chez un patient de 60 ans présentant une récidive ganglionnaire (latéro-trachéale droite) d’un
carcinome bronchique à petites cellules. Scanner thoracique : coupe axiale (a) et reconstruction multiplanaire coronale (b) objectivant
l’adénopathie latéro-trachéale droite, la veine cave supérieure étant le siège d’un thrombus intraluminal. À noter la présence d’une
circulation veineuse collatérale.
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Chez les patients pour qui une stratégie curative est envi- SCS lors de l’hyperhydratation associée. Par ailleurs, elle
sagée, des doses de 36 à 70 Gy sont recommandées (en doit être administrée préférentiellement par un cathéter
fonction du type histologique) avec le plus souvent un frac- placé dans la veine cave inférieure via la veine fémo-
tionnement classique (1,8 à 2 Gy par fraction) afin de limiter rale.
la toxicité tardive. Certains protocoles comportant des De ce fait, les thérapies ciblées, notamment celles admi-
doses élevées, de 3 à 4 Gy, les 2 à 4 premières séances suivies nistrées par voie orale, pourraient trouver des indications
d’un fractionnement plus classique sont parfois retrouvés, chez les patients ne pouvant tolérer une chimiothérapie. Le
les données des séries rétrospectives suggérant un soulage- cas d’un patient présentant un SCS secondaire à un méla-
ment plus rapide des symptômes [17,36,37]. Cependant et nome métastatique, et traité par vémurafenib, un inhibiteur
plus récemment, une série rétrospective ne retrouvait pas de la protéine kinase BRAF, a ainsi été récemment rap-
de différence entre les différents protocoles de radiothéra- porté. Les résultats sont des plus encourageants avec une
pie [38]. disparition complète de la symptomatologie clinique en 48
En situation palliative, le choix de la dose et du fraction- à 72 h, et une réponse durable, maintenue à plus de 6 mois
nement dépendra essentiellement du pronostic et de l’état [44].
général du patient. Une radiothérapie hypofractionnée est
alors indiquée, et les différents schémas retrouvés dans la
littérature semblent être équivalents en termes de béné- Traitement endovasculaire
fice clinique [16,39]. Pour les patients en bon état général,
des doses de 30 Gy en 10 fractions quotidiennes seront pri- Décrite pour la première fois en 1986, la mise en place par
vilégiées, un bénéfice en survie ayant été suggéré. Chez voie percutanée d’une prothèse endovasculaire en position
les patients altérés, des schémas plus courts seront préfé- cave supérieure permet de rétablir la continuité de la veine
rés, le but du traitement étant avant tout une amélioration cave supérieure et de lever l’obstacle au retour veineux
des symptômes avec une préservation de la qualité de vie brachiocéphalique [45].
[39]. Chez le sujet âgé (de plus de 70 ans) une radiothérapie Il s’agit d’un geste rapide, peu invasif, réalisé sous anes-
comportant deux séances de 6 Gy à une semaine d’intervalle thésie locale le plus souvent, fréquemment précédé d’une
donne un taux de réponse de 87 % avec une toxicité tolérable angioplastie mais qui est non systématique. Par ailleurs, en
[40]. présence d’un thrombus, une thrombolyse in situ peut être
Des doses plus élevées par fraction exposent à une toxi- associée à la pose de la prothèse endovasculaire. Dans ce
cité supérieure et des cas de myélite radique ont été dernier cas, du fait du risque hémorragique, une IRM céré-
rapportés [39], cependant et grâce à la généralisation brale doit précéder le geste afin d’éliminer la présence de
de la radiothérapie conformationnelle, ce type de toxi- métastases cérébrales.
cité est devenu exceptionnel. Par ailleurs, les avancées L’intérêt de l’anticoagulation après la pose de la PEV
récentes en radiothérapie, notamment la radiothérapie par est également non consensuel. En général, une héparino-
modulation d’intensité ou volumétrique, l’asservissement thérapie est de mise au moment de la pose de la PEV et
respiratoire, la stéréotaxie ou encore le guidage par l’image poursuivie pendant 48 à 72 heures. Pour les patients ayant
permettent une protection optimale des organes à risque eu une thrombolyse, elle sera poursuivie au long cours.
et une meilleure couverture du volume cible. Plusieurs Pour les autres elle est le plus souvent relayée par un
études ont mis en évidence les avantages dosimétriques traitement par antiagrégant plaquettaire. La durée de ce
de cette radiothérapie de haute technicité par rapport à traitement est également non codifiée et varie selon les
la radiothérapie conformationnelle dans l’irradiation tho- équipes [6,15,16,20,46].
racique [41,42]. À ce jour un seul cas a été rapporté Le taux de réponse après mise en place d’une PEV est
dans la littérature évaluant l’intérêt de la radiothéra- de 90 à 100 %, et elle présente l’avantage d’un soulagement
pie stéréotaxique en cas de SCS chez un patient suivi rapide des symptômes : les céphalées disparaissent dans les
pour un CBNPC. Une amélioration de la symptomatolo- minutes qui suivent sa pose, la cyanose en quelques heures,
gie était obtenue dès la deuxième séance et la réponse et l’œdème en 24 à 72 heures [16,46].
clinique était complète à la fin de la radiothérapie Sa morbidité est par ailleurs faible, les séries les
[43]. plus récentes retrouvent un taux de complications de
l’ordre de 4 à 10 % et comprennent la migration du stent
Chimiothérapie vers l’oreillette droite, les infections, la tamponnade,
l’œdème aigu pulmonaire ou encore l’embolie pulmonaire
La chimiothérapie constitue le traitement de choix en cas [46].
de SCS secondaire aux CBPC, aux LMNH ou aux tumeurs De ce fait, si cette technique était réservée initialement
germinales. Elle est à l’origine d’une réponse clinique de aux récidives des SCS, elle a vu peu à peu ses indica-
80 % en cas de LMNH ou de CBPC, mais de seulement tions s’étendre, et est désormais proposée en cas de SCS
40 % en cas de CBNPC. Le délai de réponse clinique est mal toléré, notamment en l’absence de diagnostic histo-
identique à celui de la radiothérapie et varie de 7 à logique. En effet, elle permet une amélioration rapide et
15 jours [16]. Elle est parfois associée à la radiothérapie, durable des symptômes, autorisant dans un second temps
notamment en cas de CBPC localisé ou de LMNH de type des investigations complémentaires ou un traitement local
« Bulky ». ou systémique. Elle peut être également proposée en cas
Elle nécessite cependant une perméabilité suffisante d’antécédent de radiothérapie ou de contre-indications à
de la VCS afin de prévenir les risques de thrombose la chimiothérapie, et enfin en cas de tumeurs chimio- ou
sur cathéter veineux central et de décompensation du radiorésistantes.
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Radiothérapie, chimiothérapie ou traitement long terme. Il est intéressant de noter qu’aucune récidive
endovasculaire ? n’a été rapportée [50].
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