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Topographie

Apport des méthodes


topographiques et topométriques
au suivi du versant rocheux
instable des ruines de Séchilienne
Jean Paul DURANTHON, Laurent EFFENDIANTZ (CETE Bron)
Michel MEMIER, Ilario PREVITALI (Sintegra)
Grenoble
Le versant rocheux de Séchilienne, localisé dans la basse vallée
de la Romanche, entre les villes de Vizille et Bourg d’Oisans près
de Grenoble, est l’un des plus grands phénomènes instables
actuellement recensés dans les Alpes françaises. Depuis 1985, Séchilienne
la surveillance de cet aléa majeur fait appel à une large gamme
de techniques topographiques et topométriques. L’importance des
enjeux a également conduit à développer les aspects organisation
et fiabilité de la gestion du dispositif de télésurveillance.
Le site des Ruines
D
ès les premières manifestations
de la réactivation du mouve- de Séchilienne
ment de versant des Ruines de
Géographiquement, le versant instable
Séchilienne, l’importance des enjeux
des Ruines de Séchilienne se situe à
notamment liés à la sécurité de la
environ 20 km au sud de Grenoble. Il
population du bassin de la Basse
surplombe la rivière de la Romanche et
Romanche et à la protection de la Zone frontale
la RN91 qui dessert Bourg d’Oisans et
RN91 qui dessert les stations de ski de
Briançon par le col du Lautaret.
l’Oisans a conduit à mettre en place
une surveillance du site. Du point de vue géologique, il fait par-
En parallèle aux investigations de ter- tie du rameau externe de la chaîne du
rain et aux reconnaissances géolo- massif cristallin de Belledonne résultant
giques, le dispositif de surveillance du métamorphisme d’une ancienne for-
initial a été progressivement complété mation sédimentaire. Deux accidents
au fur et à mesure de l’évolution spa- majeurs de direction N20°E encadrent
tiale et cinématique du phénomène. cette unité : à l’est, le synclinal médian
Ce dispositif, outre son aspect déter- et à l’Ouest l’accident de Vizille.
minant pour la caractérisation du phé- Le pied du versant n’a pas connu de
nomène s’avère crucial pour la détec- phénomène d’obturation naturelle du
tion et la gestion opérationnelle de la lit de la Romanche à l’instar d’autres
prévention du risque menaçant l’acti- secteurs de la vallée entre le XIIe et le
vité humaine. XXe siècle. L’examen des archives a Le site des Ruines de Séchilienne vu
cependant mis en évidence des chutes depuis l’observatoire de Montfalcon
Indépendamment de la présentation
récurrentes de gros blocs à la fréquence
des techniques topographiques et rents scénarios dont le plus petit a été
approximative d’une fois par siècle.
topométriques mises en œuvre sur le évalué à 4 millions de m3.
site, une large part a été accordée à la Les dimensions impressionnantes de
Premières actions conservatoires
présentation des aspects organisation ce versant, de l’ordre de 1 500 m de
des systèmes, transmission, interpré- large sur près de 750 m de dénivelée, Dès 1980, des mesures de protection de
tation et valorisation des données col-
lectées.
font craindre un éboulement en grande
masse pouvant correspondre à diffé-
la RN91 ont été prises (fosse de récep-
tion et digue de matériaux). ...
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Topographie

... En 1985, suite à des éboulements


dépassant la capacité de ce dispositif de
Etude du phénomène et sécurité s’est finalement imposé. Il
repose sur la collecte, l’exploitation et
protection des études ont montré qu’il
dispositifs de mesure l’interprétation périodiques de données
ne s’agissait pas d’un processus banal
destinés à la surveillance qualitatives et quantitatives.
d’altération superficielle, mais que leur En parallèle aux premiers travaux conser-
Dans le cadre d’un Plan de Secours, la
origine était liée à un processus de vatoires ont été entreprises des études
Détection de situations de crise corres-
déstabilisation profond d’une partie du géologiques et le versant a été ensuite
pondant à des scénarios pré-définis est
versant. progressivement équipé de dispositifs de
ensuite possible.
mesure permettant d’assurer une sur-
En mars, les constatations effectuées
veillance continue des mouvements.
dans le versant ont conduit à mettre
A la nécessité de déterminer le contour Description
immédiatement en place une sur-
de l’aléa à l’origine des désordres s’est
veillance visuelle permanente avec Mesures topométriques manuelles et
ajouté la préoccupation de détection de
commande d’interruption de la circula- automatiques
déclenchement d’un mouvement de
tion au moyen de feux rouges
grande ampleur. Dans un premier temps, en 1985, la
Dès 1986, la protection de la RN91 et la
mise en place d’un dispositif de
garantie de la permanence de l’écou- Terminologie retenue : L’importance des
mesures manuelles et périodiques des-
lement des eaux de la Romanche en enjeux a justifié le recours à plusieurs
tinées à caractériser l’évolution du phé-
cas d’éboulement en grande masse niveaux de surveillance. (ROCHET 1992).
nomène par la quantification des mou-
ont conduit à réaliser d’importants tra-
Une première phase de Mise en obser- vements de surface a été décidée.
vaux (mur en blocs de béton couronné
vation a consisté à mettre en évidence, à • Périodicité : 1 fois par an variable
de filets détecteurs, chenal de dériva-
l’échelle humaine, l’instabilité du site à selon l’ampleur des mouvements
tion et deux ouvrages provisoires de
l’aide d’observations qualitatives ou • Méthodologie : Mesures de triangula-
franchissement de la Romanche, itiné-
quantitatives (photos/indices ou repères tion et de trilatération
raire de déviation de la RN91..).
naturels..). L’évolution du phénomène • Réseau observé : 48 sphères ou
En 1996, afin de valider les hypothèses d’instabilité a ensuite été caractérisée repères observés à partir de 5 piliers
de comportement mécanique du mas- par un Suivi et une Auscultation, d’observation rattachés à 3 points
sif et tenter de localiser la surface de consistant en un examen périodique du d’appui primaires.
rupture arrière du volume en mouve- site et un recueil de données. • Instruments utilisés : Tachéomètres
ment, une galerie de reconnaissance de Après la prise de conscience de l’exis- Leica T2002 et TC2002
240m de longueur , implantée à la cote tence d’un phénomène de grande • Précisions : Emq de 5 à 10 mm en XY
710, a été creusée. Seul le premier ampleur, un système de Surveillance et 15 à 20 mm en Z
objectif a pu être atteint. dédié à un objectif de gestion de la

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Dispositifs de mesure du système de surveillance / Organigramme
Mesures manuelles
Discontinues / périodiques
Topométrie classique et GPS / surface
Extensométrie / surface + galerie
Nivellement direct / surface + galerie
Inclinométrie / en galerie

CETE Bron /
Centre d’exploitation Réseau Télémesures
Station Via les Terminaux Extensométriques
météorologique de site 1 et 2 33 capteurs
automatique Intervalle de mesure
Système de gestion 1h/paramétrable
de la télésurveillance

Station de mesures Radar Distancemètre


topométriques automatique
50 prismes-réflecteurs
Intervalle de mesure
2h/paramétrable

Périodiquement, toutes les 2 heures, un Réseau de surface : validation et com-


A partir de 1995, le positionnement GPS
cycle de mesures sur les 54 prismes- plément des systèmes automatiques
fut mis en œuvre. Les contraintes liées
réflecteurs répartis dans le versant • Dispositifs disposés en cavalier sur les
aux dimensions du site et à sa configu-
instable est enregistré. La périodicité fractures et crevasses,
ration rendaient difficiles et imprécises
des mesures est paramétrable. Les • Nombre de bases équipées : 49,
les mesures classiques sur le réseau de
cibles couvrent largement le site, sur- • Fréquence des mesures : 3 mois (et à
piliers. De plus, il a permis de créer et de
tout en partie basse du versant. Il com- la demande),
positionner des repères de surveillance
plète le réseau de capteurs extensomé- • Type de renseignement obtenu : évo-
supplémentaires située dans des zones
triques, peu étendu et tributaire de la lution de l’ouverture de fractures ou
masquées par rapport aux piliers d’ob-
proximité des balises radios. crevasses (mouvement relatif).
servation.
La géodésie automatique présente
• Méthodologie : Sessions de 60 mn Réseau en galerie :
l’avantage de donner une vision d’en-
adaptées au mode statique • 24 bases dans la galerie 710 (galerie
semble des déplacements du versant. Il
• Réseau observé : 5 piliers et 16 repères de reconnaissance)
convient toutefois de signaler l’incon-
supplémentaires • 24 bases dans la galerie 595 (ancienne
vénient de ce dispositif qui devient
• Récepteurs utilisés : Ashtech bifré- galerie de mine)
inopérant en cas de pluie, de neige, de
quence ZXII • 8 bases dans la galerie 900 (ancienne
brouillard ou de nuages bas.
• Précisions obtenues : Emq de 5 à 10 galerie de mine)
mm en XY et 5 à 15 mm en Z Dans cette configuration, ce sont les cap- • Fréquence des mesures : trimestrielle
teurs extensométriques qui assurent (et à la demande).
Dans un second temps, un dispositif de
seuls la continuité de la surveillance (avec
mesures topométriques automatiques En galerie les repères de type DO sont
depuis quelques mois les mesures radar
destinées à fournir des données pério- utilisés pour l’extensométrie et la topo-
pour les zones les plus actives). Compte
diques beaucoup plus rapprochées graphie de manière à coupler les deux
tenu de l’imprécision des mesures angu-
adaptées à la gestion de la sécurité, en informations.
laires, seules les distances (corrigées des
période de crise, fut jugé nécessaire. Ce
effets météorologiques à l’aide de
système fonctionnant en télésurveillance
mesures réalisées sur des repères Télémesures extensométriques
assure le pilotage des mesures tachéo-
stables) sont utilisées.
métriques, leur transmission vers le Depuis 1988, il assure le suivi permanent
centre de traitement du CETE de Bron et Précision obtenue : 3 à 4 mm de 33 capteurs placés sur les principales
leur post-traitement. Depuis juillet 1996, fractures du site. Il représente la forme
une station de géodésie automatique de Mesures extensométriques manuelles automatisée du système de mesure
type LEICA TM 3000D, est implantée en manuelle DO décrit précédemment. Les
Depuis 1985, des mesures manuelles
face du versant instable dans le terminal bases automatiques sont d’ailleurs sys-
sont réalisées périodiquement en surface
de site du MONTFALCON (R.D 113). tématiquement doublées de bases
et dans la galerie de reconnaissance.
Le théodolite motorisé, piloté par le logi- manuelles (33 des 49 bases du dispositif
ciel APSWin, est associé à un distance- Type de matériel utilisé : Distancemètre DO) permettant le recalage et la conti-
mètre “longues distances” Leica
DI3000S (laser / infrarouge, 0.860 µm)
LRPC type DO orientable à fil Invar,
repères DO scellés à demeure.
nuité des mesures en cas d’intervention
de maintenance. ...
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Topographie

... Cinq “grappes” de capteurs sont reliés


par voie filaire à cinq balises radio ali-
Les radars ont par nature des capacités
pour les mesures de distances. Ces
mentées en énergie par des cellules appareils effectuent fondamentalement
photovoltaïques qui assurent des liai- des mesures de retard de propagation
sons bidirectionnelles avec le terminal qui sont ensuite converties en distance.
du site du hameau des Thiebauds. La résolution en distance dépend de la
largeur de bande émise.
Fréquence des mesures : 1 heure (para-
Des marqueurs passifs sont disposés
métrable).
sur le site pour identifier les points sur-
veillés. Ce sont des trièdres réflecteurs
Mesures inclinométriques en galerie
de 40 cm d’arête qui génèrent des
Depuis mars 1998, 2 inclinomètres (dits échos puissants, bien contrastés par
de BLUM) à silice sont implantés dans la rapport aux signaux rétro-diffusés par
galerie, ils renseignent sur le bascule- la scène naturelle.
ment des éléments constituant le massif La précision des mesures est excellente
(meilleure que 0.4 ppm sur les dis-
Fréquence des mesures : paramétrable,
tances considérées de l’ordre du kilo-
acquisition des mesures actuellement A partir de 1996, de nouvelles fissures du
mètre). Ce dispositif permet de s’af-
toutes les 60 minutes et récupération de terrain et des chutes de blocs se sont
franchir des périodes aveugles, dues à
celles-ci mensuellement et à la demande manifestées à l’ouest de la partie la plus
de mauvaises conditions météorolo-
active. Ces constatations ont conduit à
giques, afin de suivre les déplacements
Mesures micro-ondes radar équiper en 1997 ce secteur d’un repère
de réflecteurs trièdres implantés dans le
de géodésie classique à titre exploratoire.
Un radar distancemètre développé par versant instable.
Ce point ayant révélé une rapide mise
l’ONERA a été installé en décembre
Fréquence des mesures : toutes les 20 en vitesse (de quelques cm à quelques
1999 au terminal de site de Montfalcon.
secondes moyennées au pas horaire. dcm par an), les alentours ont été équi-
Ce système suit par tout temps une ving-
pés en mai 2000 de 6 capteurs extenso-
taine de repères disposés sur les points
Association et corrélation des métriques reliés à une nouvelle balise
les plus représentatifs du versant. Ce
différents dispositifs de mesures radio. Trois de ces capteurs ont
matériel fait partie intégrante du système
confirmé la récente activation du sec-
de télésurveillance du site depuis 2001. Le couplage des dispositifs tel qu’il a été
teur avec des vitesses d’ouverture de
Pour des distances relativement courtes conçu au niveau de la matérialisation
fissures qui atteignent actuellement 10
de quelques kilomètres, la propagation du support des systèmes-réflecteurs
à 40 cm par an.
des ondes radar est relativement peu (voir figure ci-dessus à droite) permet
En avril 2001, huit réflecteurs géodé-
affectée par les conditions météorolo- une corrélation entre les différents vec-
siques complémentaires ont été implan-
giques, car les longueurs d’ondes utili- teurs-déplacements observés.
tés sur les marges ouest et nord de la
sées sont généralement grandes devant
zone frontale et intégrés au dispositif de
la taille des hydrométéores : c’est là Adaptation du dispositif à
géodésie automatique. En liaison avec
l’avantage principal du radar par rapport l’évolution du phénomène
les critères de terrain, les données topo-
aux techniques optiques.
Depuis l’origine du suivi en 1985, l’équi- métriques issues de ces nouveaux
pement du site a été progressivement repères permettent d’ores et déjà d’ap-
renforcé pour reconnaître les contours préhender des changements dans l’ex-
exacts et le détail de la cinématique de tension et la géométrie du secteur le
la zone en mouvement. plus rapide.

Documents topographiques et
photographiques
Les différentes études portant sur le site
ont rapidement nécessité la réalisation
de documents topographiques destinés
à constituer des supports graphiques et
fournir des informations de type carto-
graphiques (MNT/cubatures/profils tra-
1 – Base d’extensométrie jectographiques...).
2 – Mesure distancemètre
électromagnétique sur prisme- Compte tenu des contraintes liées au site
réflecteur (dimensions et configuration), la
3 – Mesure radar sur trièdre métallique méthode photogrammétrique s’est impo-

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DOCUMENTS TOPOGRAPHIQUES
Plans photogrammétriques
au 1/5000 et 1/2000
• Représentation fiable du terrain
Radar
• MNT
• Report et visualisation des mouve-
ments mesurés
• Position des équipements
• Support pour études spécifiques et
communication

DOCUMENTS PHOTOGRAPHIQUES
Clichés stéréoscopiques aériens Tachéomètre Motorisé
Clichés terrestres
• Position des équipements
• Support pour études spécifiques et
communication
Local de mesures situé à Montfalcon

sée pour l’élaboration de plans topogra- ont été reprises dans l’architecture du de la structure technique chargée du
phiques, malgré le fort couvert végétal. nouvel outil GeSSRI (Gestion de la suivi du site.
Une première campagne de prise de Surveillance des Sites Rocheux
Pour ce qui concerne l’extensométrie
vues aériennes au 1/8000 a permis de Instables) mis en place en 1999.
automatique, le contexte vaste et
produire un plan d’ensemble au 1/2000.
Sont particulièrement concernés : escarpé du versant ne permettant pas
Périodiquement, des prises de vues par
• au niveau gestion de proximité : le pilo- des liaisons filaires, il a été mis en oeuvre
avion ou par hélicoptère sont effec-
tage des acquisitions (paramétrage des une alimentation en énergie autonome
tuées afin de disposer de documents
capteurs, pas d’acquisition, contrôle de type photovoltaïque et des transmis-
photographiques à jour du site (archi-
des systèmes), la retransmission des sions radio par balises de faible puis-
vage et actualisation de la morphologie
informations vers le Centre d’Exploi- sance disposées en relais vers le
de surface)
tation (pilotage et sécurisation des liai- Terminal de Site des Thiébauds. Ce point
sons) ; particulier est symptomatique des diffi-
• au niveau gestion à distance : la mise cultés et particularités qui ont du être
Le système de gestion à disposition des données (archivage, reprises dans la conception de GeSSRI.
de la télésurveillance mise en forme “accessible”), la déli- Une gestion en réseau du noyau com-
Les exigences spécifiques à la gestion
du site ont justifié depuis l’origine de sa
mise sous surveillance le recours à des
vrance automatique d’alertes sur
dépassement de seuils à destination
mun aux dispositifs de mesure permet
la centralisation des données. ...
développements logiciels spécifiques
réalisés en interne au CETE de Lyon Il y
a une quinzaine d’années, ces types
d’outils en étaient encore au stade des
balbutiements. La quantité et la variété
des dispositifs d’acquisition mis en
œuvre sur le terrain (bases extensomé-
triques, cibles géodésiques, trièdres
radar, sondes de température, etc..) ont
progressivement fait émerger le besoin
d’un outil moderne capable d’assurer
une gestion structurée de l’ensemble
des fonctions de la télésurveillance.
Les notions de gestion de proximité
avec deux Terminaux de Site déportés
implantés à proximité immédiate du
versant instrumenté (Les Thiébauds et
Montfalcon) et de gestion à distance
avec le Centre d’Exploitation de Bron,

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Topographie

... Le but final est d’archiver les données


réelles et calculées ainsi que de créer
des courbes de prévision et d’évolution
permettant de prévenir avec quelques
heures ou jours d’avance une accéléra-
tion des mouvements laissant supposer
l’imminence d’un écroulement en
masse et d’en prévenir les effets.
En terme de transfert de données et de
communication, il a été choisi d’utiliser
des modems sur le Réseau Télé-
phonique Commuté (RTC).
La solution est tout d’abord implémen-
tée sur le site des Thiebauds. Il est
équipé de deux PC redondants et inter-
roge les autres applications pour cen-
traliser les données et les transmettre
via un modem RTC vers le centre d’ex-
ploitation des massifs rocheux instables
du CETE de Lyon.
En cas de crise, ce site a la capacité d’ac-
cueil nécessaire et permet d’effectuer
toutes les manipulations nécessaires
pour permettre de suivre les évolutions
des données et des prévisions en temps
réel sur toute l’installation (Thiebauds et
Mont Falcon).

Utilisation et valorisation
des données
Afin d’améliorer la connaissance du
phénomène et de permettre la produc-
tion de critères de détection et d’actua-
lisation, les données font l’objet de trai- Modélisation des déformations des 170 premiers mètre de la galerie de
tements spécifiques reconnaissance située à 710 m
tels que :
Amélioration
❑ Etablissement de modèles analy- périodiques (extensométrie, nivelle-
de la connaissance du phénomène
tiques ment direct et d’inclinométrie) fournit
❑ Calculs de volumes à partir du MNT Reconnaissance dans le massif des renseignements à la fois qualitatifs
❑ Etablissement de cartes iso-ciné- Dans la galerie de reconnaissance des- (sur la structure géologique..) et quanti-
tiques, visualisation des évolutions tinée à la validation des hypothèses de tatifs (déformations de la galerie..).
❑ Courbes d’évolution , tendances comportement mécanique du massif et A partir des déformations observées,
à la localisation de la surface de rupture, une modélisation est élaborée et per-
un dispositif de mesures manuelles met d’en déduire une cinématique.

Modèle de rotation Modèle glissement plan

Schématisation du comportement
cinématique du versant des Ruines Passage en revue de modèles classiques non pertinents et non retenus

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au service de la surveillance de sites
naturels instables comme celui des
Ruines de Séchilienne contribue à amé-
liorer la gestion du risque dans les
contextes présentant des enjeux socio-
économiques importants.
Ces techniques se révèlent également
indispensables pour améliorer la com-
préhension et le diagnostic de tels phé-
nomènes très complexes à modéliser.
La topométrie et la topographie, asso-
ciées aux disciplines chargées de com-
pléter et d’interpréter les données
qu’elles fournissent, constituent tou-
jours les principales sources d’informa-
tions des déplacements de surface per-
mettant d’étudier la cinématique d’un
Modèle de “rupture interne” retenu
versant instable de grande ampleur.
L’application du positionnement GPS et
la robotisation des tachéomètres élec-
Production de critères de détection et d’actualisation
troniques ont particulièrement fait évo-
luer le dispositif général de suivi. Le
radar distancemètre présente des pers-
pectives très intéressantes, autant du
point de vue de la précision que du point
de vue de la complémentarité par rapport
aux autres dispositifs de mesures topo-
métriques classiques ne permettant pas
de fournir des données par mauvaises
conditions météorologiques. La sophisti-
cation des systèmes de télésurveillance
dédiés au suivi en continu des déforma-
tions ainsi qu’à la gestion de la sécurité
rend ceux-ci plus performants. La
nécessité d’un pilotage centralisé de ces
matériels complexes a justifié la mise au
Capteurs extensométriques rattachés à la balise 3
point d’un nouvel outil informatique. ●
EVOLUTION DES DEPLACEMENTS DEPUIS 1993

Surveillance et gestion Bibliographie


MODÈLES ANALYTIQUES
opérationnelle du site P.ANTOINE - P.CAMPOROTA - A.GIRAUD -
• Topographie : Etude structurale L.ROCHET La menace d’écroulement aux
> Modèle géométrique La gestion de la sécurité passe par une
Ruines de Séchilienne. Bulletin de liaison
connaissance constamment réactualisée
• Données topométriques / mesures des Laboratoires des Ponts et Chaussées
du niveau d’activité du phénomène. Des
n° 150-151 - 1987 p.55-64
> Modèle cinématique (zonage) seuils de prise en compte des vitesses et
> Modèle de déformation (rupture) accélérations sont déterminés en réfé- H.EVRARD - T.GOUIN - A.BENOIT -
rence à des situations types. Le logiciel JP.DURANTHON Séchilienne Risques
de gestion du suivi délivre des alertes majeurs d’éboulement en masse Point sur
Corrélations
téléphoniques aux personnels de per- la surveillance du site Bulletin de liaison
hydrométéorologiques
manence sur franchissement de ces des Laboratoires des Ponts et Chaussées
Une station météo automatique équi- seuils. Le passage en contexte de pré n° 165- 1990 p.7-16
pée d’un télénivomètre a été implantée crise, puis de crise font l’objet de procé-
Les ruines de Séchilienne. Relation entre
en 1993 au sommet du Mont Sec (cote dures affichées au Plan de Secours.
les données météorologiques et l’instabi-
NGF 1120).
lité de versant. Rapport de stage.LRL -
Cette station gérée par E.D.F. permet de
disposer des valeurs d’infiltrations
Conclusions Septembre 1994
d’eau dans le massif (pluie tombée et
neige fondue).
L’évolution des techniques de mesures
et de transmission des données mises
ROCHET - GIRAUD - ANTOINE - EVRARD
La déformation du versant sud du Mont ...
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Topographie

... Sec dans le secteur des Ruines de


Séchilienne. (Isère) - Ass. Int. Géol. de
l’Ing.- n°50 Oct.94.
L.ROCHET Zone instable des Ruines de
Séchilienne. Etude du risque d’éboulement
en grande masse Rapport CETE de Lyon
Mars 1998
Modélisation CETE de Lyon LRPC Rhône
Alpes - mars 1998
I. PREVITALI / P.LASSIAZ - Campagnes
de mesures périodiques classiques et GPS -
SINTEGRA
L.EFFENDIANTZ - JP.DURANTHON - CETE
de Lyon LRPC Rhône Alpes - Point des
mesures de suivi et de surveillance du site
1985/31mars 2002
JM.VENGEON Déformation et rupture des
versants en terrain métamorphique aniso-
trope. Apport de l’étude des Ruines de
Séchilienne. Thèse de l’Université
J.Fourrier Grenoble I 1998
C.CAUQUOT - L.EFFENDIANTZ - S.GUILLOT
Galerie hydraulique et de reconnaissance
géologique de Séchilienne. Rapport géolo-
gique. CETE de Lyon - LRPC Rhône Alpes,
Université Lyon I - CNRS - Laboratoire de
dynamique de la lithosphère LRL - 2000
M.PANET - C.BONNARD - P.LUNARDI -
M.PRESBITERO Expertise relative aux
risques d’éboulement du versant des
Ruines de Séchilienne. Rapport du collège
d’experts - Déc.2000
P.POTHERAT - P.ALPHONSI Les mouvements
de versant de Séchilienne (Isère) Prise en
compte de l’héritage structural pour leur
simulation numérique Rev. Fran. Géotech.
Préfecture Isère 38
Alertes sur CETE DDE 38 n°95/96 2e/3e trim. 2001 p.117-131
dépassement de seuils Information
Activation du
Plan de Secours ABSTRACT
AUSCULTATION The rocky landslide of Séchilienne
Mesures périodiques TELE SURVEILLANCE
- mesures continues
located in the lower course of the
discontinues Aide à la définition
(mesures continues) - pilotage et gestion de scénarii de rupture Romanche valley between the towns
et des stratégies of Vizille and Bourg d’Oisans near
d’action associées
Grenoble is one of the biggest
Définition de
Optimisation
critères d’alerte actually known in the French Alps.
des dispositifs
Since 1985, this hazard has been
monitored with a large range of
Centralisation Actualisation topographical and field
Rapports des données desmodèles measurement techniques.
mensuels Evaluation
Prise en compte de lastabilité The importance of the safety aspects
des évolutions
has also led to develop the
management and reliability sides of
the whole monitoring process.
Observations de terrain

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