Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
CHASSE A MORT
TRADUIT DE L'AMERICAIN
PAR ROUARD
ÉDITIONS J'AI lu
Titre original:
WATCHERS
PREMIERE PARTIE
OUBLIER LE PASSÉ
H. G. WELLS
C. G. JUNG
Chapitre premier
Chapitre quatre
Chapitre sept
Clic-clic.
Au cours de son entraînement antiterroriste, Travis
avait appris à traquer des hommes, et il était efficace.
Mais le problème c'était que cette créature, aussi
intelligente qu'un homme peut-être, ne pensait sans
doute pas comme un homme. Il n'avait aucun moyen
de prévoir ses réactions, de savoir comment elle allait
répondre à ses propres initiatives. Son étrangeté même
lui donnait l'avantage terrifiant de la surprise.
Clic.
Travis recula d'un pas, puis d'un autre, progressant
avec d'extrêmes précautions pour que la bête ne
s'aperçoive pas qu'il battait en retraite. Dieu seul
savait ce qu'elle ferait si elle comprenait que ses
victimes s'enfuyaient hors de portée. En silence, Eins-
tein le suivit, voulant lui aussi mettre une certaine
distance entre lui et l'ennemi.
Arrivé près du corps de Ted Hockney, Travis regarda
derrière lui pour repérer le passage le moins encombré
vers la porte. Nora était là, près du fauteuil. Terrorisée
par les coups de feu, elle avait pris un couteau de
boucher dans la kitchenette de la caravane pour venir
à leur secours.
Impressionné par son courage, mais effrayé de la
voir ainsi dans la lueur de la lampe, Travis eut soudain
l'impression de revoir ses vieux cauchemars: sa peur
de perdre Nora et Einstein allait devenir réalité, la
Malédiction Cornell frappait à nouveau. A l'intérieur
de la maison, tous deux étaient vulnérables, à la portée
de la bête immonde qui se terrait dans la cuisine.
Nora voulut parler.
Travis mit un doigt devant sa bouche.
Nora se mordit les lèvres et baissa les yeux vers le
corps qui gisait sur le sol.
En progressant toujours dans les décombres, Travis
craignait que l'ennemi n'ait fait le tour par l'arrière, au
risque d'être aperçu par les voisins dans la pâle clarté
du crépuscule, et qu'il se précipite vers eux, vite, trop
vite. Nora se trouvait entre Travis et la porte, et il
n'aurait pas pu tirer car, si elle arrivait de ce côté, la
créature se jetterait sur Nora en moins d'une seconde.
Essayant de surmonter sa panique, de ne pas penser
aux yeux béants de Ted, Travis recula rapidement dans
la salle à manger, au risque de faire craquer les feuilles
sous ses pas. Le son ne parviendrait peut-être pas
jusqu'à la cuisine si la bête y était encore. Il prit Nora
par le bras et la poussa vers la porte, l'aida à descendre
l'escalier, regardant à droite et à gauche, s'attendant à
voir le cauchemar se précipiter vers eux, mais la
créature n'était pas en vue.
Les coups de feu et les cris de Nora avaient attiré les
voisins qui regardaient la rue de leurs perrons. Cer-
tains s'étaient même avancés sur les pelouses. Quel-
qu'un avait sûrement déjà averti la police. Avec la
présence d'Einstein, elle représentait un danger pres-
que aussi grave que l'animal aux yeux jaunes.
Ils se réfugièrent dans le camion. Nora ferma sa
porte à clé et Travis fit de même pour la sienne. Il
démarra, fit marche arrière avec le camion et la
caravane, et s'engagea dans la rue, sous le regard des
badauds.
La nuit tombait vite, comme toujours près de
l'océan. Déjà, le ciel s'obscurcissait à l'est, et seule une
lueur rouge sang éclairait encore l'horizon. Travis se
sentait rassuré par la protection de l'obscurité, bien
qu'il sût que la créature en profiterait elle aussi.
Il passa devant les voisins ahuris, qu'il n'avait
jamais eu l'occasion de rencontrer dans ses années de
solitude, et tourna au premier carrefour. Nora serrait
Einstein dans ses bras; Travis conduisait aussi vite
que possible. La caravane oscilla derrière eux, dans les
deux virages suivants qu'il prit trop rapidement.
-Que s'est-il passé ? demanda Nora.
-Elle a tué Ted Hockney, hier ou plutôt dans la
journée...
-Elle?
- ... et elle attendait que nous arrivions.
-Elle?
Einstein gémit.
-Je t'expliquerai plus tard.
Il se demandait jusqu'à quel point il pourrait expli-
quer. Aucune description ne rendrait justice à la
créature. Il ne possédait pas les mots nécessaires pour
traduire une telle étrangeté.
Ils n'avaient guère dépassé huit pâtés de maisons
lorsqu'ils entendirent retentir les sirènes. Travis en
longea encore quelques-uns avant de se garer sur le
parking d'une école.
-Qu'est-ce qu'on fait ?
-On abandonne le camion et la caravane. Ils vont
les rechercher.
Travis mit le revolver dans le sac de Nora qui insista
pour garder le couteau de boucher.
Ils descendirent du camion, avancèrent le long du
terrain de sport, franchirent la porte et s'engouffrèrent
dans une rue de quartier résidentiel bordée de grands
arbres.
Avec la nuit, la brise s'était changée en un vent vif et
doux, qui soufflait dans les feuilles mortes et soulevait
des fantômes de poussière sur le trottoir.
Travis savait que, même sans la caravane, ils étaient
encore facilement reconnaissables. Les voisins parle-
raient d'un homme, d'une femme, et d'un golden
retriever, un trio pas si courant ! On tiendrait à leur
témoignage, les recherches seraient poussées. Il fallait
qu'ils disparaissent, et vite.
Travis n'avait aucun ami chez qui se réfugier. Après
la mort de Paula, il s'était éloigné d'eux et n'avait
gardé aucun contact avec les agents immobiliers avec
lesquels il avait travaillé. Nora n'avait pas d'amis non
plus, grâce à tante Violet.
Les maisons éclairées de lumières chaleureuses
offraient ironiquement leurs sanctuaires inaccessibles.
IRVINE .
-Ça paraît logique. Je t'ai trouvé dans les bois au
nord d'Irvine. Le jeudi 18 mai, en fait. Quand t'es-tu
sauvé ?
Einstein regarda les lettres, gémit, et n'en choisit
aucune.
-Dans toutes tes lectures, tu as bien appris ce
qu'étaient des mois, des semaines, des jours et des
heures. Tu devrais avoir le sens du temps, mainte-
nant ?
-Maintenant sans doute, mais pas à l'époque,
c'est pour ça qu'il n'arrive pas à s'en souvenir.
Einstein se mit immédiatement à former:
C EST ÇA.
-Tu connais le nom des chercheurs de Bano-
dyne ?
DAVIS WEATHERBY.
- D'autres ?
Hésitant fréquemment sur les diverses ortho-
graphes possibles, Einstein produisit finalement LAW-
TON HANES, AL HUDTUN et quelques autres.
-C'est eux qui te chercheront ?
OUI. ET JOHNSON.
-Johnson? C'est un des chercheurs? demanda
Nora.
NON. Le retriever réfléchit un moment et poursuivit:
SÉCURITÉ .
-C'est le responsable de la sécurité à Banodyne ?
LEMOOOL.
-Non, ça n'existe pas, dit Nora.
Einstein recommença. LAMYOUL. LIMUUL.
-Mais non, tu te trompes.
Travis comprit soudain qu'Einstein essayait de
reconstituer le nom phonétiquement et choisit lui-
même six lettres. LEMUEL.
-Lemuel Johnson, s'exclama Nora.
Einstein se pencha vers elle et lui lécha le cou, tout
heureux d'avoir trouvé le nom grâce à eux.
Ensuite, il se concentra de nouveau et écrivit:
SOMBRE LEMUEL.
-Sombre... ? Tu veux dire qu'il est méchant ?
Einstein ronfla comme s'il les trouvait parfois un
peu obtus.
NON. SOMBRE.
- Noir ! s'exclama soudain Travis après avoir réflé-
chi un moment. Lemuel Johnson est noir !
Einstein secoua la tête, remua la queue et indiqua
dix-neuf lettres, la plus grande phrase qu'il ait jamais
produite.
Y A DE L ESPOIR POUR VOUS.
Nora éclata de rire.
-Ah, monsieur fait son malin ! dit Travis.
Pourtant, il vibrait d'une allégresse qu'il aurait été
incapable de décrire avec des mots. Depuis plusieurs
semaines, ils communiquaient avec le retriever, mais
les lettres de Scrabble apportaient une nouvelle
dimension à leur conversation. Plus que jamais, Eins-
tein prenait la place d'un véritable enfant. Mais Tra-
vis avait aussi l'impression de briser les barrières de
l'expérience humaine, de transcender l'humanité.
Bien sûr, Einstein n'était pas un chien comme les
autres et son intelligence semblait plus humaine que
canine, mais il restait un chien, avant tout, un chien,
et ses raisonnements étaient différents de ceux d'un
homme, si bien qu'il y avait un profond sens du
mystère et du merveilleux dans ce dialogue inter-
espèces. Regardant encore les mots formés par le
retriever, Travis sentit qu'ils pouvaient avoir une
signification plus large, que le message s'adressait à
l'humanité entière.
Pendant une demi-heure, ils continuèrent à interro-
ger le chien et Travis notait toutes ses réponses. Bien
sûr, ils durent aborder le problème de la créature aux
yeux jaunes.
-Qu'est-ce que c'est ? demanda Nora.
L AUTRE.
-L'autre ? qu'est-ce que tu veux dire ? dit Travis.
IL NE RESSEMBLE A RIEN.
-Je ne comprends pas, dit Nora.
OUI.
-Aussi intelligent que toi ?
PEUT-ETRE .
-Mon Dieu ! s'exclama Travis, bouleversé.
Einstein émit un gémissement malheureux et se
blottit la tête sur les genoux de Nora, cherchant à se
faire rassurer par des caresses.
-Pourquoi ont-ils créé une bête pareille ?
TUER POUR EUX.
Un frisson secoua Travis et l'ébranla jusqu'au plus
profond de lui-même.
-Qui veulent-ils tuer ?
ENNEMI .
-Quel ennemi ?
PENDANT LA GUERRE.
En entendant cette révélation, Travis fut au bord de
la nausée. Appuyé sur le bois de lit, il s'entendait
encore dire à Nora que, malgré la richesse et la liberté,
le monde futur ne serait jamais le paradis à cause des
potentialités maléfiques de la race humaine...
-Alors, tu dis que l'Autre est le prototype d'un
soldat créé génétiquement. Une sorte de... chien
policier très intelligent destiné aux champs de
bataille ?
ME HAIT.
-Pourquoi ?
SAIS PAS.
-Est-ce qu'il continuera à te chercher ?
OUI. TOUJOURS.
-Mais comment fait-il pour qu'on ne l'attrape
pas ?
VOYAGE LA NUIT.
-Quand même !
ME SENT.
-Te sent ? que veux-tu dire ?
Le retriever réfléchit longuement, commença quel-
ques mots qu'il n'acheva pas avant de former:
SAIS PAS.
-Et toi ? Tu le sens ? demanda Travis.
PARFOIS.
-En ce moment ? Tu le sens ?
IL VIENT.
-Quand te trouvera-t-il ? demanda Travis en fris-
sonnant de plus belle.
SAIS PAS.
Le chien tremblait.
-Bientôt ?
JE DEVRAIS PARTIR.
-Qu'est-ce que tu veux dire ?
VOUS METS EN DANGER.
-Ne pense jamais plus à une chose pareille, s'écria
Nora en lui passant les bras autour du cou. Tu fais
partie de la famille. Nous sommes tous dans le même
pétrin, et nous resterons ensemble, comme toutes les
vraies familles.
Elle approcha son visage de celui du chien et le
regarda droit dans les yeux.
-Si un jour je me réveille et que je m'aperçois que
tu n'es plus là, j'en aurai le coeur brisé. Tu me
comprends, Poilu ? dit-elle, les larmes aux yeux. J'au-
rai le coeur brisé.
Le chien s'écarta d'elle pour choisir d'autres lettres.
J EN MOURRAI.
Tu mourrais si tu nous quittais ? demanda Tra-
vis.
Le chien désigna d'autres lettres, attendit qu'ils
forment le mot et les regarda solennellement pour
s'assurer qu'ils avaient bien compris.
JE MOURRAI DE SOLITUDE.
DEUXIEME PARTIE
Chapitre huit
PAS MOI.
-Non, pas toi effectivement, je sais que tu ne leur
ferais pas de mal, mais les écureuils ne savent pas que
tu n'es pas comme les autres. Pour eux, tu ressembles à
un chien, tu as l'odeur d'un chien, alors ils ont peur de
toi comme de tous les chiens.
J EN AI BESOIN.
- Pourquoi ?
JE NE SAIS PAS.
-Si tu ne sais pas pourquoi tu en as besoin
comment sais-tu que tu en as besoin ? L'instinct ?
ouI.
- Et c'est quoi l'instinct ?
NE M ÉNERVE PAS.
Le soir, tous trois s'installèrent sur des coussins
devant la cheminée pour écouter de la musique. La
fourrure dorée d'Einstein brillait sous la lumière des
flammes. Finalement, le chien avait sans doute raison
de manger de l'herbe, il avait l'air en bonne santé,
pensait Travis, en tenant Nora par la taille et en
caressant le chien de sa main libre. Il éternuait de
temps en temps, mais cela semblait être une réaction
naturelle provoquée par les excès de la fête et par l'air
sec et chaud. Pas un instant, Travis ne s'inquiéta de la
santé du chien.
SOIF.
-Tu es sûr que tout va bien ?
PAS TOI?
-Si, trop souvent même.
Travis remplit l'écuelle du chien et Einstein la vida
en un instant. Travis le resservit. Le retriever semblait
enfin avoir bu à satiété. Travis pensait qu'il voudrait
sortir pour uriner, mais Einstein remonta l'escalier et
s'installa près de la chambre où Nora dormait tou-
jours.
-Ecoute, murmura Travis, si tu veux, viens dormir
avec nous.
C'était effectivement ce qu'Einstein désirait. Il
s'enroula sur le sol du côté de Travis.
Dans le noir, Travis avait son fusil et le chien à
portée de main. Il se sentait plus rassuré par la
présence du retriever que par celle de son arme.
En temps et en heure...
Ces mots inquiétaient Travis.
Combien de temps faudrait-il avant qu'Einstein ait
récupéré toutes ses facultés ? Quand l'Autre arrive-
rait, il vaudrait mieux qu'Einstein soit en bonne
santé et que tous ses sens soient en éveil. Le système
infrarouge n'était pas tout, ils comptaient sur Eins-
tein pour les mettre sur leurs gardes.
Après le départ du dernier malade, à cinq heures et
demie, Jim Keene s'absenta pour une promenade
mystérieuse et revint avec une bouteille de cham-
pagne.
-Je ne bois pas beaucoup, mais certaines occa-
sions exigent un petit verre...
Nora avait juré de ne plus boire une goutte
d'alcool pendant sa grossesse, mais même le voeu le
plus solennel pouvait être brisé en certaines circons-
tances.
Ils amenèrent les verres à l'infirmerie et portèrent
un toast à Einstein qui les observa une minute avant
de se rendormir, épuisé.
-Oui, mais c'est un sommeil naturel, dit Keene
je ne lui ai pas donné de sédatifs.
-Combien lui faudra-t-il de temps pour se remet-
tre ? demanda Travis.
-Pour surmonter la maladie de Carré ? Quelques
jours, une semaine au plus. J'aimerais le garder un
jour ou deux, vous pouvez rentrer chez vous, mais si
vous voulez rester, vous êtes les bienvenus. Votre
aide m'a été précieuse.
-Nous restons, répondit immédiatement Nora.
-Mais après, il sera encore très faible ?
-Au début, oui, il sera très très faible. Mais peu
à peu, il récupérera presque toutes ses anciennes
forces, si ce n'est pas toutes. A présent, je suis sûr
que la maladie n'est jamais passée au deuxième
stade, malgré les convulsions. Vers le premier de
l'an, il n'y paraîtra plus, et il n'y aura aucune
séquelle, pas de tremblements ni de danse de Saint-
Guy.
Le premier de l'an.
Travis espérait que cela ne serait pas trop tard.
Chapitre dix
TROUBLE.
-Trouble?
TROUBLE.EMBROUILLE.
-Tu parles de ta perception de l'Autre ?
Rapide agitation de la queue. Oui.
-Tu ne le sens plus ?
Un aboiement. Non.
-Tu crois qu'il est... mort ?
SAIS PAS.
-Ou alors ton sixième sens ne fonctionne plus, il
est affaibli, comme toi ?
PEUT-ETRE.
En rassemblant les lettres pour les ranger dans leurs
tubes, Travis se laissa emporter par ses pensées. Des
pensées noires, troublantes. Bien sûr, leur maison était
protégée par un système d'alarme, mais d'une certaine
manière, ils comptaient sur Einstein pour leur délivrer
les premiers avertissements. Travis aurait dû faire
confiance à son installation et à ses capacités d'ancien
membre de Delta Force, mais il restait tourmenté par
la crainte d'avoir laissé une faille dans son système de
défense, et, lorsque la crise viendrait, il aurait besoin
d'Einstein pour parer aux éventualités les plus inatten-
dues.
-Il faut que tu te remettes le plus vite possible. Il
SOUPE AU POULET.
-Bon, d'accord, je t'en prépare une ce soir, dit
Travis en riant.
TETE D AFFICHE.
-Ça ne fait pas le moindre doute.
Il prit le chien dans ses bras et tous deux rirent
chacun à leur manière.
Malgré les plaisanteries, Travis savait qu'Einstein
était fort perturbé par son impossibilité de sentir
l'Autre. Ce n'était qu'un moyen de défense, destiné à
exorciser la peur.
Cet après-midi-là, épuisé par la promenade, Einstein
dormit pendant que Nora peignait fébrilement. Devant
la fenêtre, Travis observait les bois, repassait mentale-
ment en revue le système de défense, à la recherche de
la faille.
SAIS PAS.
-L'Autre?
PEUT-ETRE .
-Proche ?
SAIS PAS.
-Ton sixième sens revient enfin ? demanda Nora.
GRAND NOIR.
-Tu as senti un grand noir ?
Oui.
-Qu'est-ce que ça veut dire ? demanda Nora mal à
l'aise.
PEUX PAS EXPLIQUER. JUSTE SENTI.
Nora vit dans les yeux de Travis une inquiétude qui
réfléchissait sans doute celle de son propre regard.
Il y avait un grand Noir quelque part dehors... et il
approchait.
MICKEY .
DONALD .
-Pas celui d'un canard !
PLUTO .
-Un peu de sérieux, Poilu.
Nora l'empêcha fermement d'essayer de sortir
d'autres lettres, ramassa les carrés de plastique
éteignit la lumière et retourna à table.
-Vous trouvez peut-être ça drôle, dit-elle à Jim
et à Travis, hilares tous les deux, mais lui, il ne
plaisante pas.
Après le dîner, autour du sapin illuminé, ils parlè-
rent de tout et de rien et Jim leur fit part de son
intention d'acquérir un autre chien.
-Pooka a besoin d'une compagne. Il a presque
un an et demi et je crois que la compagnie des
hommes ne leur suffit plus une fois qu'ils sont
adultes. Alors, tant qu'à choisir autant prendre une
femelle de pure race pour qu'ils puissent faire des
petits.
Einstein ne semblait pas s'intéresser particulière-
ment à cette partie de la conversation, pourtant,
après le départ de Jim, Travis trouva un message
dans le cagibi.
UN COPAIN. PARTENAIRE. DEUX DE LA MEME ESPECE.
Le retriever attendait qu'ils remarquent le mes-
sage soigneusement élaboré et il arriva derrière eux
pour observer leurs réactions.
-Tu veux une copine ? demanda Nora.
Einstein sortit d'autres lettres: ÇA VAUT LA PEINE
D Y SONGER.
-Mais, Poilu, il n'y en a pas deux comme toi.
Aucun chien n'est aussi intelligent que toi.
BÉBÉ, MICKEY ?
-Il n'en est pas question, dit Nora.
MAUVAISE JOURNÉE.
-La pluie peut-être ?
PEUT-ETRE .
Soulagé, mais encore un peu nerveux, Travis
retourna à sa pâtisserie.
Chapitre onze