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© Groupe Eyrolles, 2001, 2004,


ISBN : 2-212-11258-0
3
Architecture
des réseaux locaux

Le système de câblage étant maintenant prêt à l’usage, on peut alors commencer à y installer
un réseau.
La conception d’une architecture réseau est élaborée en fonction du nombre de postes de tra-
vail à connecter. On peut considérer les cas suivants :
• petit réseau : moins de 200 postes dans un même bâtiment ;
• réseau moyen : de 200 à 800 postes dans un même bâtiment ;
• gros réseau : plus de 800 postes dans un même bâtiment ;
• 1ère variante : plusieurs bâtiments contenant un nombre varié de postes de travail ;
• 2ème variante : plusieurs sites contenant un nombre varié de postes de travail.

Bien qu’arbitraires, ces bornes correspondent à des ordres de grandeur et à des sauts techno-
logiques. En effet, plus le nombre de postes est important, plus il faut répondre à un certain
nombre de contraintes et d’exigences qui n’apparaissent qu’avec la complexité du réseau.

L’architecture réseau est bien sûre liée au système de câblage, mais celui-ci doit avoir été
conçu pour en limiter les contraintes, c’est-à-dire s’adapter à toutes les situations. Le chapi-
tre précédent a aidé à œuvrer en ce sens. Tous les systèmes de câblage sont en étoile, de
même que la topologie ; les équipements actifs seront donc positionnés dans les locaux tech-
niques. Ils serviront à connecter les postes de travail aux serveurs.

Dans le cas le plus simple, la conception d’une architecture consiste à choisir et à position-
ner les équipements actifs, puis à les connecter entre eux en utilisant le câblage.
Ethernet 802.3, commutateurs, couche MAC, spanning tree, GARP
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Les choix de base


Quel type de réseau choisir ?
La création d’un réseau local nécessite de faire des choix, et tout d’abord celui du type :
Ethernet, Token-Ring ou un autre ?
Le premier est le plus répandu et le moins cher, alors que, pour le deuxième c’est l’inverse.
Le choix ira donc de préférence au premier. L’intérêt de Token-Ring est surtout sa compati-
bilité avec les équipements grands systèmes IBM (3090, etc.). Si vous avez des contrôleurs
3174, des terminaux 3270 ou des PC devant se connecter en émulation 3270 à un système
central IBM, le choix se portera naturellement vers ce type de réseau local. Mais ce n’est pas
une obligation, car la plupart des équipements IBM acceptent désormais des cartes Ethernet.
Cela étant, les postes de travail peuvent toujours être connectés à un réseau Ethernet, et les
systèmes IBM à des réseaux Token-Ring.
D’autres solutions sont envisageables pour construire un réseau local, mais elles sont nette-
ment plus chères. Il s’agit, par exemple, d’ATM (Asynchronous Transfert Mode). Ce type de
réseau est surtout destiné à d’autres usages que nous verrons au chapitre 11.
Pour toutes ces raisons, le choix d’Ethernet s’impose.
Concernant la topologie, la plus pratique est celle de l’étoile : tous les systèmes de câblage
sont, on l’a vu, fondés sur ce principe.

Quel débit retenir ?


La décision suivante concerne le débit du réseau, c’est-à-dire la vitesse de transmission des
trames Ethernet, encore appelée bande passante. La norme Ethernet est déclinée en plusieurs
variantes : 10 Mbit/s (norme 10bT), 100 Mbit/s (norme 100bT) et 1 Gbit/s (norme 1000bT).
De par son coût et son caractère innovateur, le Gigabit Ethernet est réservé aux liaisons en-
tre les équipements de concentration et aux serveurs.
Le choix du débit se fera donc en fonction des coûts, plutôt 10/100 Mbit/s pour les PC et
100/1000 Mbit/s pour les serveurs.

Débit Utilisation
10 Mbit/s Postes de travail bureautique
100 Mbit/s Postes de travail multimédias et serveurs
1 Gbit/s Pour connecter les équipements réseaux entre eux ainsi que
les gros serveurs

Côté poste de travail, la plupart des cartes réseau fonctionnent à 10 et 100 Mbit/s, et sont au
même prix que les cartes 10 Mbit/s. En outre, la plupart des commutateurs offrent des ports
à détection automatique de vitesse (port autosense).
Architecture des réseaux locaux
47
CHAPITRE 3

LE POINT SUR ETHERNET (IEEE 802.3)


La norme 802.3 décrit un protocole de niveau 1 (couche physique) – c’est-à-dire la manière de générer les
signaux sur le câble – ainsi que le protocole de niveau 2 (couche liaison). Les spécifications, édictées par
l’IEEE (Institute of Electrical and Electronics Engineers), reposent sur le modèle suivant :

Couche MAC (Media Access Control)


Niveau 2

PLS Reconciliation Reconciliation Reconciliation


Niveau 1
MII MII GMII
PLS PCS PCS
PHY
AUI AUI PMA PMA
MAU PMA PMA PMD PMD
MDI MDI MDI MDI
Câble
1 Mbit/s 10 Mbit/s 100 Mbit/s Gigabit
10 Mbit/s

Au niveau 2, la couche MAC (Medium Access Control) a pour rôle de transporter les données entre deux
points d’un segment Ethernet. Pour ce faire, elle encapsule les données dans une trame MAC, identifie
émetteurs et destinataires par des adresses MAC et assure que les données sont transmises sans erreur,
grâce à un code de contrôle.

Les cartes réseaux se synchronisent sur ce préambule pour lire les trames.

MTU (Maximum Transfer Unit) Ethernet = 1518 octets

Préambule Délimiteur de Adresse MAC Adresse Longueur Champ de Bourrage Code de contrôle
début de trame destination MAC source données d’erreur
7 1 6 6 2 46 à 1500 0 à 46 4
(nbre d’octets)

Préambule = 10101010 x 7 Dans une trame Ethernet v2, il s’agit du type de protocole
Start Frame Delimiter = 10101011 transporté dans le champ de données (par exemple, 0x800 = IP)

Chaque carte réseau est identifiée par une adresse MAC unique sur 6 octets (par exemple,
01-00-0A-FB-5D-52). Toute trame MAC émise comporte les adresses de l’émetteur et du destinataire. La
carte réseau ne prend en compte que les trames MAC qui lui est destinée. Exception à cette règle : une
carte peut émettre une trame spéciale, appelée trame de diffusion (ou trame de broadcast), qui sera lue
par toutes les autres cartes (adresse destination dont tous les bits sont à 1 — FF-FF-FF-FF-FF-FF).
La couche MAC est également responsable de gérer l’accès au segment Ethernet quand il est partagé par
plusieurs nœuds. Lorsque deux stations émettent simultanément, la somme des deux signaux dépasse un
seuil qui est interprété comme étant une collision. Dans un tel cas, chaque station arrête d’émettre et at-
tend un temps aléatoire avant d’essayer de réémettre leur trame. Cette méthode de gestion de la contention
est appelée CSMA/CD (Carrier Sense Multiple Access / Collision Detection).
•••
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LE POINT SUR ETHERNET (SUITE)


Afin d’être le plus possible indépendant des méthodes et des supports de transmission, le modèle de réfé-
rence de la norme IEEE 802.3 repose sur plusieurs sous-couches physiques :
• La sous-couche réconciliation, qui a pour rôle d’adapter les bits manipulés par la couche MAC avec les
signaux utilisés par les couches physiques sous-jacentes.
• PLS (Physical Layer Signaling), qui interprète les bits véhiculés sur le câble (données, détection de colli-
sion, auto-négociation, etc.).
• PCS (Physical Coding sublayer), qui code les groupes de bits en symboles, c’est-à-dire en des signaux.
Par exemple, le codage 4B/5B consiste à coder 4 bits en un groupe de 5 signaux.
• PMA (Physical Medium Attachment), qui transmet et reçoit les signaux véhiculés sur le câble en bande
de base (par exemple, NRZI). La PMA, associée à un débit, est activée ou désactivée en fonction de la
négociation de débit.
• PMD (Physical Medium Dependant), qui désigne l’électronique qui génère les signaux électriques ou op-
tiques.
Les interfaces AUI (Attachement Unit Interface), MII (Media Independant Interface) et GMII (Gigabit MII), qui
sont optionnelles, assurent la liaison entre la couche MAC (logiciel hébergé dans des composants électro-
niques) et les composants gérant les signaux (PHY) de la carte réseau. Concrètement, elles se présentent
sous la forme de connecteurs, pouvant être étendus par un cordon de quelques centimètres, et raccordant
la couche MAC à un transceiver ou MAU (Medium Attachment Unit), qui intègrent donc les fonctions de la
couche PHY. Les GBIC de Cisco sont des exemples de tels transceivers.

Quel format d’équipement ?


Le marché offre le choix d’équipements seuls (stand alone), empilables (stackable), ou en
châssis : des cartes sont insérées dans des emplacements prévus à cet effet (slots). Pour
compliquer le choix, il existe également des stackables avec des slots d’extension qui per-
mettent d’ajouter un ou deux ports, dans le but de chaîner l’équipement à un autre.

Figure 3-1. Différents types de hub de la même


Les possibilités marque peuvent être empilés ON
OFF
# K 5864AZ5
des concentrateurs
empilables. Connecteurs en face
arrière servant à relier
Hub 1 ON # K 5864AA3 les deux concentrateurs
OFF
sur le même bus.

Hub 2

Up

Les deux PC sont sur des réseaux indépendants :


En blanc, les ports ils ne peuvent pas communiquer entre eux.
affectés au segment 1.
En gris, ceux affectés
au segment 2.
Architecture des réseaux locaux
49
CHAPITRE 3

Les modèles stand alone visent le marché d’entrée de gamme ; ils sont parfaits pour créer un
premier réseau local tel que celui du premier chapitre.

Les modèles empilables sont envisageables dès qu’il y a des possibilités d’extension. Par
exemple, votre société dispose de cinquante postes de travail, et vous commencez par en
connecter dix dans un premier temps. Vous pouvez alors acheter un hub 12 ports, puis un
autre 12 ports plus tard.

Un concentrateur, ou un commutateur, comprend un nombre limité de ports (généralement


8, 16, 24 ou 32). Or, la plupart du temps, un local technique concentre beaucoup plus de
postes de travail (jusqu’à plusieurs centaines). La solution est alors de chaîner les stackables
entre eux via un bus spécial, dédié à cet effet ; il s’agit d’un câble externe reliant les équi-
pements entre eux pour n’en faire qu’une unité logique. Attention, le bus étant propriétaire,
seuls les équipements d’un même constructeur pourront être chaînés entre eux, générale-
ment de 5 à 8 au maximum.

Une autre solution consiste à installer des châssis, certes plus chers, mais qui offrent de plus
grandes capacités d’accueil. Ces équipements permettent de créer plusieurs segments indé-
pendants à des débits différents.

Figure 3-2. Connecteur sur le bus La carte dispose d’un attachement vers
Principes de fond de panier chacun des 6 segments Ethernet émulés sur
un bus de fond de panier à hauts débits.
et fonctionnalités
d'un châssis.
Alimentations
redondantes et en
partage de charge

Ventilateur Ports RJ45

La carte peut être isolée pour créer un


segment indépendant, ou être associée à un
des segments Ethernet de fond de panier. Matrice de sélection
du segment

Il est possible d’insérer différents types de cartes dans un châssis : concentrateur Ethernet,
commutateur Ethernet, carte Token-Ring, FDDI, ATM, etc. Il est également possible de
combiner les débits (10, 100 et 1 000 Mbit/s) sur des segments séparés. Mais, attention, il
n’est en aucun cas possible de mélanger des débits sur un même segment Ethernet. De
même, les réseaux Token-Ring, FDDI et ATM créés seront indépendants.
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LES DIFFÉRENTS RÉSEAUX ETHERNET


Il existe actuellement trois déclinaisons d’Ethernet normalisées par l’IEEE (Institute of Electrical and Elec-
tronics Engineers) : le 10bT à 10 Mbit/s (norme 802.3), le 100bTx alias Fast Ethernet à 100 Mbit/s (norme
802.3u) et le 1000bT alias Gigabit Ethernet (norme 802.3ab).
Le premier chiffre qualifie le débit du réseau Ethernet, la lettre “ b ” signifie un codage des signaux en bande
de base (ex : Manchester) et la lette “ T ” représente “ Twisted Pair ”, ce qui signifie que le réseau Ethernet
fonctionne sur un câblage en cuivre paires torsadées.
Il existe également les mêmes déclinaisons fonctionnant sur fibre optique : 10bF, 100bFx et 1000bX
(groupe 802.3z). Parmi cette dernière, on distingue le 1000bSX (S pour short wavelength) opérant à 850
nm sur fibre optique multimode et le 1000bLX (L pour long wavelength) opérant à 1 300 nm sur les fibres
multimode et monomode.
Ethernet Codage en Codage Paires cuivre Fréquence du signal Distance
ligne complet utilisées / Longueur d’onde maximale
10bT Manchester --- 1,2 / 3,6 10 MHz (±15%) 100 m
10bF (FL et FB) Manchester --- --- 850 nm 2 000 m
100bTx NRZI 4B/5B 1,2 / 7,8 62,5 MHz 100 m
100bFx NRZI 4B/5B --- 850 nm 2 000 m
1000bT PAM5 8B1Q4 Toutes 125 MHz 100 m
1000bSX NRZ 8B/10B --- 850 et 1 300 nm 220 à 550 m*
1000bLX NRZ 8B/10B --- 1 300 et 1 550 nm 550 à 5 000 m*
* Selon le type de fibre optique et la qualité des équipements (voir chapitre 12).
Ces variantes utilisent toutes le même principe d’accès au support de transmission (détection de collision
en half duplex), les mêmes trames Ethernet et le même adressage MAC (Medium Access Control).
Il existe deux types d’équipements : les concentrateurs (hubs), qui partagent un segment Ethernet entre
plusieurs ports, et les commutateurs (switch), qui créent un segment Ethernet par port.
Certains concentrateurs peuvent être partagés en plusieurs segments indépendants, tandis que le commu-
tateur est capable d’interconnecter des segments qui sont physiquement indépendants.
Un domaine de collision comprend un ou plusieurs concentrateurs Ethernet ; une trame émise sur un port
est régénérée sur tous les autres ports des concentrateurs chaînés (via un cordon de brassage) ou empilés
(via un bus externe par un câble spécifique). Le commutateur ne laisse pas passer les collisions, mais une
trame de broadcast émise sur un port sera régénérée sur tous les autres ports.

Un segment Ethernet = un domaine de collision


Un domaine de diffusion MAC
(domaine de broadcast)

Concentrateur
Concentrateur
Concentrateur

Commutateur

...sera transmise sur


Une trame de broadcast MAC
cet autre segment.
générée sur ce segment...

Un PC connecté à un port du commutateur est seul sur le segment Ethernet : aucune collision n’est donc
possible, et il dispose de toute la bande passante. Inversement, tous les PC connectés à un concentrateur
partagent la même bande passante (10, 100 ou 1000 Mbit/s) et peuvent émettre des trames en même
temps, d’où une probabilité de plus en plus importante de collision qui croît avec le nombre de PC.
Architecture des réseaux locaux
51
CHAPITRE 3

Le tableau suivant présente quelques éléments de comparaison.

Critère Empilable Châssis

Évolutivité Ajout d’éléments empilables limité à cinq Ajout de cartes limité par le nombre de
environ slots
Segmentation Limitée à un ou deux segments Plusieurs segments par port ou par
groupe de ports
Capacité de traitement Bus externe limité à quelques centaines Bus de fond de panier de 100 Mbit/s à
de Mbit/s plusieurs Gbit/s
Alimentation Une par élément ou, rarement, une pour Une à trois pour l’ensemble du châssis
tous
Redondance d’alimentation Pas tout le temps Oui
Création de plusieurs segments Oui Oui
indépendants
Utilisation Moins de cent postes en Ethernet, en Plus de cent postes ; combinaison
Token-Ring ou en ATM Ethernet, Token-Ring et ATM possible

En définitive, l’empilable sera choisi pour des faibles densités (moins de cent postes par lo-
cal technique) ; les châssis seront privilégiés dans les autres cas. D’une manière générale,
plus le réseau concentre de postes de travail, plus la fiabilité des équipements doit être im-
portante.
Les châssis seront donc choisis là où le besoin en bande passante est élevé et où la fiabilité
est primordiale, c’est-à-dire à des points de concentration stratégiques du réseau.

Concentrateur ou commutateur ?
L’autre décision à prendre consiste à choisir entre les concentrateurs et les commutateurs.
Les premiers se contentent de générer le signal, alors que les seconds permettent de créer un
segment par port. Ces derniers sont bien sûr plus chers.
Pour une utilisation bureautique du réseau (traitement de texte, comptabilité, base de don-
nées, connexion à un serveur, etc.), les concentrateurs suffisent pour connecter les postes de
travail car il y a peu de trafic entre eux. Pour améliorer les performances, on peut jouer sur
la vitesse (10 ou 100 Mbit/s).
L’utilisation des commutateurs s’envisage dans plusieurs cas de figures :
• lorsqu’on emploie des applications multimédias (voix et vidéo) générant des débits
importants et nécessitant des temps de réponse courts ;
• d’une manière générale, lorsque le flux réseau est important et que les temps de réponse
sont mauvais ;
• pour interconnecter plusieurs segments Ethernet.
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QU’EST-CE QU’UN COMMUTATEUR ?


Un commutateur (switch) est un équipement qui offre une bande passante dédiée pour chaque port (10,
100 ou 1 000 Mbit/s par port) alors que le concentrateur partage la bande passante entre tous ses ports.
Cela revient à créer un segment Ethernet par port.
On distingue les switches cut-through (on the fly, à la volée) et les switches store and forward (les plus
courants aujourd’hui). Les premiers se contentent de régénérer la trame (même les trames erronées et les
collisions), tandis que les seconds la stockent en mémoire avant de la régénérer. La méthode adaptative
cut-through combine les deux principes : dès qu’une trame est en erreur, le commutateur bascule en
mode store and forward pendant un certain temps. La méthode fragment free, la plus performante, lit les
64 premiers octets avant de décider du mode de transmission.
Chaque port du commutateur correspond à un segment Ethernet, c’est-à-dire à un domaine de collision
(voir encadré “ Le point sur Ethernet ”).

Si vous constatez un nombre élevé de collisions lié à une charge réseau importante, vous
pouvez, dans un premier temps, segmenter le réseau (c’est-à-dire le couper en deux). Dans
ce cas, les PC situés sur un segment ne pourront plus communiquer avec ceux situés sur
l’autre.
Au lieu d’acheter un second concentrateur, l’achat d’un commutateur résoudra le problème :
les postes seront répartis sur les deux équipements, et les segments ajoutés seront intercon-
nectés.
Les 10 Mbit/s de ce port sont partagés
par les stations connectées sur le hub.
Figure 3-3.
Concentrateur
Concentrateur Commutateur
et commutateur.

Les stations sont raccordées Cordon de brassage


aux équipements actifs via le
système de câblage.

10 Mbit/s partagé par tous les PC 10 Mbit/s pour chaque station

Les stations consommant le plus de bande passante seront de préférence connectées au


commutateur. C’est le cas des serveurs qui concentrent toutes les connexions des utilisa-
teurs.
Les commutateurs apportent, par ailleurs, de nouvelles fonctionnalités et ils peuvent être
préférés aux concentrateurs rien que pour cela, indépendamment de tout problème de charge
réseau.
Étant donné qu’un commutateur crée un segment par port, il est possible de combiner les
débits (10, 100 et 1 000 Mbit/s) au sein de la même boîte. Il est à noter que seul le mode
store and forward le permet tandis que le mode cut-through, quant à lui, ne bénéficie pas de
Architecture des réseaux locaux
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CHAPITRE 3

LE POINT SUR L'ETHERNET FULL DUPLEX (IEEE 802.3X)


Le mode full duplex conserve le débit nominal de 10, 100 ou 1 000 Mbit/s, mais sépare les canaux émission
et transmission, et donc, élimine le besoin de la détection de collision CSMA/CD employée par l'Ethernet
classique (en half duplex).
Le mode full duplex n'est possible :
• que sur des liaisons point à point entre un PC et un commutateur ou entre deux commutateurs ;
• qu’avec des câbles qui séparent physiquement les canaux émission et réception, c'est-à-dire le cuivre en
paires torsadées et la fibre optique, mais pas les câbles coaxiaux ;
• qu‘avec les commutateurs qui sont seuls capables de stocker les données à envoyer lorsque le canal
émission est occupé.
L'absence de détection de collision CSMA/CD a une conséquence importante : la limitation de longueur
des câbles imposée par le délai de propagation des collisions disparaît. Seule l'atténuation du signal,
et donc la performance du câble, limite désormais la distance entre deux équipements : en pratique, on at-
teint des valeurs comprises entre 150 et 200 m au lieu des 100 m habituels, et plusieurs centaines de kilo-
mètres en fibre optique.

cette possibilité car les trames sont commutées à la volée (elles ne sont pas stockées en mé-
moire).
On trouve sur le marché les formules suivantes :
• ports à détection automatique de vitesse (port autosense, 10/100 Mbit/s) ;
• port uplink à 100 Mbit/s ou 1 Gbit/s.

,Les cartes réseau autosense 10/100 posent des problèmes avec les commutateurs qui sont
également autosense, car il n’y a pas de négociation de débit ; chacun essaie de se caler
sur la vitesse de l'autre. Il est donc recommandé de désactiver cette fonction au niveau de
la carte et de fixer la vitesse manuellement (configuration à l’aide de Windows).
Les commutateurs permettent également d’augmenter les débits de plusieurs manières :
• avec le mode full duplex entre un PC et un port du commutateur ou entre deux commu-
tateurs ;
• en agrégeant plusieurs ports full duplex du commutateur (technique du port trunking)
pour le relier à un autre commutateur.

Figure 3-4. Commutateur Commutateur

Augmentation
des débits Port et carte réseau configurés
grâce en full duplex : 100 Mbit/s
dans les deux sens. 3 cordons de brassage
aux commutateurs.
Une seule connexion logique à 3 x 10 Mbit/s,
3 x 100 Mbit/s ou 3 x 1 Gbit/s.
Ethernet 802.3, commutateurs, couche MAC, spanning tree, GARP
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Le mode full duplex ne permet pas d'augmenter la vitesse de transmission, mais consiste à
séparer les canaux émission et réception. Le débit global est ainsi augmenté, et peut, théori-
quement, être multiplié par deux. Dans la pratique, ce mode est donc intéressant pour les
serveurs et les liaisons intercommutateurs qui peuvent avoir à traiter un flux simultané dans
les deux sens.
La carte réseau doit également supporter le mode full duplex.
À l'inverse, l’agrégation consiste à créer une seule liaison logique constituée de plusieurs
liaisons physiques. Le débit obtenu est alors égal à la somme des débits des ports agrégés.
Cette technique, normalisée 802.3ad, est utilisée pour interconnecter deux commutateurs
généralement de même marque. Certaines cartes réseau supportent ce mode de fonctionne-
ment.

Fonctionnalité Concentrateur Commutateur

Segment Un seul pour le concentrateur Un par port

Segmentation (Optionnel) Réseaux indépendants Segments interconnectés par la matrice


(c’est-à-dire isolés, ne pouvant pas de commutation
communiquer entre eux)
Mélange des débits Non Oui pour le mode store and forward

Port Uplink Pour chaîner les hubs ; Pour chaîner les commutateurs entre
4 maximum en cascade eux
Administrable SNMP en option SNMP + RMON en option

Autres fonctionnalités Partitionnement des ports sur erreur Détection automatique 10/100 Mbit/s
Full duplex
Agrégation de ports
VLAN

Les VLAN (Virtual LAN) seront étudiés au chapitre 12. Pour l’instant, nous n’en avons pas
besoin.

L’architecture
Mise en place d’un réseau local d’étage
Ayant en tête toutes les possibilités des équipements à notre disposition, la conception d’une
architecture réseau simple consiste à assembler les concentrateurs et les commutateurs en
exploitant au mieux les capacités du câblage.
Partons d’un cas simple : une cinquantaine de PC situés au même étage d’un immeuble
quelconque. Les utilisateurs ont juste besoin d’échanger des données entre eux et de parta-
ger des applications (un serveur web, une base de données, des traitements de texte, etc.).
Le schéma suivant décrit l’architecture de base qui en résulte.
Architecture des réseaux locaux
55
CHAPITRE 3

Figure 3-5. LTE


Réseau local Concentrateur
sur un étage.

Deux concentrateurs
stakables empilés
Concentrateur

C’est on ne peut plus simple :


• En vertu de ce qui a été dit aux sections pré-
cédentes, deux concentrateurs empilables
10bT ont été installés et chaînés entre eux QUELS CORDONS DE BRASSAGE ?
sur un bus externe.
Pour connecter un PC à un hub, un cordon de
• Chaque poste est raccordé à un port d’un brassage droit (de même nature que le câ-
concentrateur via un système de câblage tel blage en cuivre à paires torsadées) doit être
que décrit au chapitre précédent : un câblage utilisé. Pour connecter deux hubs entre eux,
en cuivre à paires torsadées (avec, bien sûr, un cordon croisé (paires émission et récep-
des prises RJ45) centré en étoile autour d’un tion) doit être utilisé, sauf si le port uplink est
local technique. utilisé.

• Les serveurs sont ici situés dans le local


technique, et chacun d’entre eux est raccor-
dé directement à un port d’un concentrateur
via un cordon de brassage RJ45/RJ45.

Il n’y a pas de question à se poser.

Extension du réseau d’étage


Maintenant, des utilisateurs, situés à l’étage au-dessus, ont les mêmes besoins.
Pas de problème : il y a moins de dix PC, ce qui nous permet d’utiliser les rocades en cuivre
existantes, et de les connecter directement aux concentrateurs qui sont déjà installés.
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Figure 3-6. LTE-2


Extension d'un réseau local
sur plusieurs étages.

LTE-1

Concentrateur

Bus externe matérialisé


par un câble reliant les
deux concentrateurs Concentrateur

S’il y a davantage de PC, ou, d’une manière générale, s’il n’y a plus de câbles de rocade en
nombre suffisant (en général, entre 6 et 12), il suffit de créer un autre réseau sur le même
modèle. Le problème est maintenant de connecter les réseaux construits sur les deux étages
pour que tout le monde puisse accéder aux mêmes données et aux mêmes applications.
La solution la plus simple consiste à connecter les deux concentrateurs en cascade, via un
câble de rocade en cuivre.
Figure 3-7. LTE-2
Un réseau local De plus en plus de PC doivent être
connecté à cet étage : il n’y a plus de
étendu sur plusieurs étages. câbles de rocade disponible.

Concentrateur

La solution la moins chère consiste à


installer un deuxième hub et à le
chaîner avec l’autre via son port uplink.

LTE-1

Concentrateur

Port uplink
Architecture des réseaux locaux
57
CHAPITRE 3

Conception d’un réseau d’immeuble


Maintenant, la situation se corse un peu : le réseau est un succès, il y a de plus en plus de
demandes de connexions, la société utilise de plus en plus l’informatique. Il faut maintenant
créer des réseaux à chaque étage. La solution précédente, consistant à chaîner les concentra-
teurs n’est plus applicable, car on est limité par le nombre de cascades possible. De plus, au-
delà de cent postes connectés, le réseau Ethernet deviendrait saturé (du fait du nombre de
collisions qui augmente avec le nombre d’utilisateurs) et, en définitive, les temps de réponse
seraient trop grands.
L’installation de boîtes doit maintenant faire place à une plus grande réflexion, c’est-à-dire à
un travail d’architecture. Imaginons donc que nous ayons trois cents utilisateurs répartis sur
une demi-douzaine d’étages, soit en moyenne cinquante postes par étage, plus les impriman-
tes et les serveurs. On se retrouve avec soixante à soixante-dix connexions par étage.
Comme précédemment, on peut installer une pile de concentrateurs à chaque étage pour
créer un réseau local d’étage. Là encore, il faut se poser de nouveau les mêmes questions :
• Quel débit : 10bT, 100bT ou Gigabit ?
• Quelle technologie : concentrateurs ou commutateurs ?
• Un seul segment Ethernet ou plusieurs ?

Les réponses à ces questions dépendent avant tout du trafic prévisionnel, des perspectives
d’évolution et des performances mises en balance par rapport au coût. Si l’immeuble com-
prend trente autres étages, on peut supposer qu’il faudra tôt ou tard étendre le réseau. Si, en
revanche, l’immeuble n’en comprend que six, on sait que la configuration sera figée pour un
bon moment.

L’architecture doit donc être conçue pour couvrir les besoins futurs et non seulement ceux
du moment. Elle doit donc être évolutive, c’est-à-dire être bâtie sur des équipements que
l’on pourra récupérer (recycler pour d’autres usages).

Mise en place d’un réseau fédérateur


Si les besoins en trafic sont importants (applications multimédias, applications, voix, don-
nées et visioconférences), on peut envisager des commutateurs 10bT à tous les étages. Dans
la plupart des cas, un débit de 10 Mbit/s suffira, mais la différence de coût étant minime, on
peut envisager le 100bT.

La question est maintenant de savoir comment connecter les réseaux locaux entre eux. La
solution repose sur la création d’un réseau fédérateur (backbone).

On peut imaginer un câble Ethernet (topologie en bus), ou FDDI (anneau), qui parcourt tous
les étages et auquel on connecte les concentrateurs. C’est une solution peu évolutive, car le
débit est limité à la technologie utilisée (100 Mbit/s pour FDDI). En outre, le Gigabit Ether-
net et l’ATM ne sont pas prévus pour une topologie en bus ou en anneau. C’est également
une solution peu sûre : le câble étant un élément passif, il n’y a aucun moyen de le supervi-
ser à distance.
Ethernet 802.3, commutateurs, couche MAC, spanning tree, GARP
5858

L’architecture couramment utilisée est de type collapse backbone (littéralement, réseau fé-
dérateur effondré). Le principe consiste à concentrer le backbone en un seul point : au lieu
d’avoir un réseau qui parcourt tous les étages, le backbone est réalisé dans un commutateur
unique. Cela revient à créer une architecture en étoile à deux niveaux, un premier concen-
trant les PC à chaque étage et un second concentrant les équipements d’étage en un point
central, en général la salle informatique ou un local nodal dédié aux équipements réseau.

Figure 3-8. LTE-2


Conception
d’un réseau fédérateur.
Commutateur

Commutateur 10bT ou 100bT ou


Port uplink
10/100bT pour les PC générant
beaucoup de trafic

100bF

LTE-1

Concentrateur
Le débit des liaisons
uplink doit être supérieur
à ceux des ports de Concentrateur 10bT pour les PC générant
connexion des PC. Concentrateur
peu de trafic (bureautique) ou bien 100bT
s’il y en a beaucoup à cet étage

Concentrateur

100bT Port uplink Les serveurs accédés par tous les


utilisateurs doivent être connectés
Local Nodal ou Salle Informatique à un débit supérieur ou égal à celui
des liaisons uplink.

Commutateur Fédérat
Architecture des réseaux locaux
59
CHAPITRE 3

Pour un réseau de taille moyenne (de 200 à 800 utilisateurs), l’équipement central doit être
de grande capacité en termes d’accueil et de performances. Le choix se portera donc sur un
châssis qui offre une matrice de commutation à haut débit. Le réseau fédérateur n’est alors
pas limité à 10 Mbit/s, mais à 100 Mbit/s par étage et à la capacité de la matrice de commu-
tation du commutateur central, généralement plusieurs gigabits.

Quel débit et quelle technologie ?


Le choix du débit du réseau fédérateur dépend de celui utilisé par les PC.

Si les PC sont connectés à un… Le débit des liens uplink vers le commutateur
central doit être au moins égal à…

Concentrateur à 10 Mbit/s 10 Mbit/s

Concentrateur à 100 Mbit/s 100 Mbit/s

Commutateur 10 Mbit/s 100 Mbit/s

Commutateur 100 Mbit/s 1 Gbit/s

Le choix du débit des PC dépend, quant à lui, du volume de trafic généré et du type
d’application (du flux bureautique au flux multimédia). Mais le passage du concentrateur au
commutateur évite ou retarde l’augmentation du débit, ce qui permet de conserver les cartes
réseau existantes dans les PC.

Applications multimédia et client-serveur

Applications bureautiques

3 à 40 PC

Plus de 40 PC

Serveur

Indépendamment de la charge réseau et du nombre de PC, certaines combinaisons sont plus


appropriées que d’autres.
Ethernet 802.3, commutateurs, couche MAC, spanning tree, GARP
6060

COMMENT FONCTIONNE UN COMMUTATEUR ?


Un commutateur permet d’interconnecter plusieurs segments Ethernet. Sur chacun de ses ports, on peut
raccorder un concentrateur (plusieurs PC partagent alors la bande passante sur ce port) ou un seul PC
(technique de la microsegmentation).
Afin de limiter le trafic réseau inutile, les trames Ethernet échangées entre les PC d’un même segment ne
sont pas transmises sur les autres segments gérés par le commutateur (voir encart “ Le point sur Ether-
net ”).
Pour savoir quelles sont les trames qui doivent sortir du segment et celles qui ne le doivent pas, le commu-
tateur regarde toutes les adresses MAC sources des trames qui entrent sur chacun de ses ports, et les en-
registre dans ses tables d’adresses (il existe une table par port). C’est le mécanisme d’apprentissage. Si
un PC est déplacé d’un port à l’autre ou d’un commutateur à l’autre, son adresse MAC peut se retrouver
dans deux tables et créer ainsi des conflits. Pour éviter cela, les adresses sont effacées de la table au bout
de 15 à 30 secondes.
Les commutateurs d’entrée de gamme ne disposent que de très peu de mémoire et ne peuvent apprendre
qu’une, deux ou quatre adresses MAC par port. Ils sont plutôt dédiés à la microsegmentation. Les commu-
tateurs fédérateurs doivent en revanche disposer de beaucoup de mémoire et être capables d’enregistrer
plusieurs milliers d’adresses MAC, car ils fédèrent tous les flux interréseaux locaux (c’est-à-dire interseg-
ment Ethernet).
La mémoire tampon doit également être suffisamment importante pour permettre l’adaptation des débits
(entre 10 et 100 Mbit/s, et surtout entre 10/100 et 1 Gbit/s).
L’interconnexion des segments est réalisée par une matrice de commutation à haut débit capable de sup-
porter la somme des débits des ports (8 × 10 Mbit/s, par exemple). Là encore, les commutateurs fédéra-
teurs doivent comprendre une matrice de commutation très puissante (généralement des ASIC et des
processeurs RISC).

Type de trafic Réseau d’étage Fédérateur

Applications bureautiques Concentrateurs 10bT Commutateurs 10/100bT


(Word, Excel, bases de données)

Client-serveur et un peu de multimédia Commutateurs 10/100bT Commutateurs 100bT


(voix et vidéo)

Applications multimédias intensives Commutateurs 100bT Commutateurs Gigabit

Le coût est un autre critère de décision, sans doute le plus important. Lors du choix d’une
technologie (concentration ou commutation) et du débit, il faut tenir compte du nombre de
cartes réseau pour les PC ainsi que du nombre d’équipements.
Architecture des réseaux locaux
61
CHAPITRE 3

Équipement actif 8 ports Coût en Euros HT

Carte 10bT De 38 à 120

Cartes 100bT et 10/100bT De 75 à 185

Concentrateur 10bT De 75 à 770

Concentrateur 100bT (ou 10/100bT) De 385 à 1 000

Commutateur 10bT De 770 à 2 300

Commutateur 100bT (ou 10/100bT) De 2 300 à 3 000

Concentrateur 1000bT N’existe pas

Commutateur 1000bT De 7 600 à 13 800

Les écarts de prix sont dus à des différences dans les fonctionnalités proposées (concentra-
teur administrable ou non, empilable ou non, avec ou sans slot d’extension, etc.). Un exem-
ple en a été donné au premier chapitre concernant les concentrateurs 10bT. Le choix de la
fibre optique fait également monter les prix.

Suivre l’évolution des besoins


La direction a maintenant décidé de regrouper plusieurs sites sur le nôtre et de louer l’autre
aile de l’immeuble. Le nombre d’utilisateurs va ainsi passer de 300 à 500. Ils seront répartis
sur 10 étages, soit une moyenne de 70 connexions par étage en comptant les imprimantes,
les doubles connexions, etc.
Par ailleurs, les utilisateurs de bases de données client-serveur se plaignent des mauvais
temps de réponse. Il s’agit de gros consommateurs de bande passante (gestion électronique
de documents, applications décisionnelles de type datawharehouse, etc.) qui perturbe les au-
tres trafics. Les utilisateurs qui se connectent sur des serveurs Unix se plaignent également
de ralentissements brusques lors de l’affichage des écrans et du déplacement du curseur à
l’écran.
Pour faire face à cette montée en charge, nous avons plusieurs solutions, que nous pouvons
combiner.
En premier lieu, les commutateurs peuvent être généralisés. Cela permet de segmenter le ré-
seau afin qu’un flux important ne viennent en perturber un autre. Ensuite, les débits peuvent
être augmentés à 100 Mbit/s pour les plus gros consommateurs. Afin de limiter le coût du
réseau, les autres utilisateurs peuvent rester connectés à 10 Mbit/s.
Ethernet 802.3, commutateurs, couche MAC, spanning tree, GARP
6262

Figure 3-9.
Utilisation des capacités des commutateurs
pour monter en charge.

LTE-2A LTE-2B

Lien full duplex Commutateur


Commutateur 10bT à 10 Mbit/s

Les serveurs accédés uniquement par


Les commutateurs 10bT disposent les utilisateurs de cet étage peuvent
de liens uplink 100bT ou 100bF rester dans le LTE afin de réduire la
charge du commutateur fédérateur.
100bF 100bF

LTE-1A LTE-1B

Commutateur 10bT

Commutateur 10bT
Lien full duplex
à 100 Mbit/s
Le bus externe doit offrir
un débit suffisant. Sinon,
un lien uplink pour
Commutateur 10bT Commutateur 100bT
chaque commutateur est
nécessaire.

Commutateur 100bT relié


100bT au réseau fédérateur par
Trunk de deux liens Gigabit un lien uplink à 1Gbit/s.
Salle Informatique
full duplex = 2 Gbit/s

Commutateur fédérat Commutateur fédérat


Architecture des réseaux locaux
63
CHAPITRE 3

Au niveau du réseau fédérateur, la capacité d’accueil doit être augmentée. La sécurité de


fonctionnement doit également être améliorée, car la panne de l’équipement central entraî-
nerait l’arrêt de tout le réseau. Le ou les commutateurs empilables doivent donc faire place à
un châssis plus performant (en termes de bande passante de la matrice de commutation) et
qui offre des alimentations redondantes.
L’ajout d’un second commutateur, identique au premier et donc interchangeable, renforce
encore la fiabilité du réseau fédérateur.
Afin de ne pas créer un engorgement entre les deux commutateurs, un lien à très haut débit
doit être créé. Cela est réalisé en agrégeant plusieurs ports Gigabit (technique du port trun-
king).
Les serveurs très sollicités et certains postes de travail consommateurs de bande passante
peuvent voir leurs performances d’accès réseau accrues par des connexions full duplex.

Assurer la continuité de service


Près de 500 utilisateurs sont connectés. Le réseau devient un élément stratégique du système
d’information. En effet, sans lui, les utilisateurs ne peuvent plus travailler : plus de
connexion au système central, plus d’accès aux bases de données, plus de messagerie, etc.
Bref, il est nécessaire de construire une architecture redondante pour parer aux éventuelles
pannes. Celles-ci ne sont pas un mythe. En voici quelques-unes qui arrivent fréquemment :
• panne d’alimentation ;
• coupure d’un câble entre les commutateurs (erreur de manipulation lors du brassage
dans les locaux techniques) ;
• débranchement d’un câble, d’un convertisseur ou de tout autre petit boîtier : eh oui, un
transceiver ou un connecteur mal enfoncés dans la prise tendent non pas à se remettre
en place d’eux-mêmes (dommage), mais plutôt à tomber sous l’effet des vibrations et de
la pesanteur...
L’incendie ou l’inondation sont plus rares, mais, quand ils se produisent, il n’est pas ques-
tion de reconstruire un système de câblage et un réseau avant quelques heures, voire plu-
sieurs jours.
La mise en place d’un réseau redondant repose d’une part sur un système de câblage qui of-
fre l’alternative de plusieurs cheminements, d’autre part sur la mise en place d’équipements
de secours.
La redondance est généralement limitée au réseau fédérateur, mais, dans des cas critiques
(salles de marché, processus industriels en flux tendus, etc.), il peut être nécessaire de
l’étendre jusqu’au poste de travail.
On peut alors prévoir d’équiper ces derniers en carte deux ports : quand le premier perd le
contact avec le port du concentrateur, il bascule sur le second, connecté à un autre concen-
trateur situé dans un autre local technique. Côté serveur, on peut envisager la même solution
ou encore prévoir deux cartes ou plus, ce qui offre l’intérêt du partage de charge en fonc-
tionnement normal.
Ethernet 802.3, commutateurs, couche MAC, spanning tree, GARP
6464

Figure 3-10. LTE-2A LTE-2B


Cas
d'un réseau
redondant.
Commutateur 10bT Commutateur 10bT

Carte double attachement : un lien est


en attente de la défaillance de l’autre

LTE-1A LTE-1B

Commutateur 10bT

Commutateur 10bT

Lien en attente de
Commutateur 10bT Commutateur 100bT
la défaillance d’une
liaison uplink

Cordon croisé
Les serveurs et équipements réseaux sont
Salle Informatique A
répartis dans deux salles informatiques. Salle Informatique B

Deux chemins de
Commutateur fédérat
câbles différents. Commutateur fédérat

Serveur équipé de 2 cartes


full duplex à 100 Mbps

Les équipements fédérateurs sont ici des commutateurs reliés entre eux pour former un seul
réseau fédérateur. Cette liaison doit être de débit élevé afin d’absorber tous les flux issus des
étages et allant vers un serveur connecté au commutateur fédérateur opposé. On peut envi-
sager ici du Gigabit Ethernet. Les liaisons entre les commutateurs fédérateurs et les équipe-
ments d’étage peuvent être réalisées en cuivre ou en fibre optique, le choix dépendant de la
distance.
Architecture des réseaux locaux
65
CHAPITRE 3

L'agrégation de liens offre ici une protection supplémentaire car chaque lien passe par deux
gaines techniques différentes : en cas de perte d'une des liaisons (coupure du câble, incendie,
etc.), l'autre reste opérationnelle et permet un fonctionnement en mode dégradé à 1 Gbit/s au
lieu de 2 Gbit/s.
Il est à noter que cette architecture redondante n’est possible que parce que les équipements
sont des commutateurs. Ceux-ci échangent des informations sur la topologie du réseau et dé-
terminent les routes actives et celles qui ne le sont pas. Le protocole utilisé s’appelle le
spanning tree.
La même architecture avec des concentrateurs serait impossible car le segment Ethernet fe-
rait une boucle, ce qui est interdit par la norme IEEE. Pour assurer le même niveau de re-
dondance, une configuration équivalente avec des concentrateurs serait donc beaucoup plus
complexe et nécessiterait de doubler le nombre de câbles. De plus, seule l’utilisation de la
fibre optique permet ce type de redondance.

Figure 3-11. LTE-1A LTE-1B


Redondance
avec des concentrateurs Concentrateur
Ethernet.

Concentrateur

Concentrateur Concentrateur

Liens actifs Liens en attente

Salle Informatique A Salle Informatique B

Concentrateur Concentrateur

Lien en attente de la
défaillance du premier

Les liaisons en pointillé sont inactives en fonctionnement normal. En cas de rupture de la


liaison principale, le concentrateur d’étage active la seconde liaison en quelques microse-
condes.
La liaison entre les deux concentrateurs fédérateurs doit être doublée. En effet, si elle était
perdue, on se retrouverait avec deux réseaux isolés ayant le même numéro de réseau IP.
Ethernet 802.3, commutateurs, couche MAC, spanning tree, GARP
6666

Inversement, avec le spanning tree, les liens sont tous actifs, mais une des routes est invali-
dée par les commutateurs. En cas de rupture d’un lien, une nouvelle route sera calculée, gé-
néralement au bout de trente secondes.

Figure 3-12. Commutateur Commutateur


La redondance
avec le spanning tree.

Commutateur

Les commutateurs bloquent


Une autre paire de ports aurait pu
l’utilisation de ces ports car
être désactivée, mais l’algorithme
une boucle a été détectée.
spanning tree a choisi ceux là.

L’échange de trames Ethernet


Un réseau local tel qu’Ethernet est constitué de concentrateurs et de commutateurs, deux
équipements au comportement bien différent.

Caractéristique Ethernet partagé Ethernet commuté

Équipement Concentrateur Commutateur


Segment Un segment partagé par tous les ports Un segment par port
Architecture matérielle Composants électroniques ; un ou plu- ASIC et processeur RISC, matrice de
sieurs bus Ethernet commutation
Architecture logicielle Petit logiciel pour des options de confi- Logiciel plus complexe, mais traitement
guration et pour l’administration SNMP essentiellement matériel
Algorithme de routage Aucun Spanning tree
Traitement des trames Aucun traitement (transparent pour les Filtrage et transmission (forward) des
trames Ethernet) trames ; apprentissage des adresses
MAC
Couche réseau Niveau 1 = couche physique Niveaux 1 et 2 = couche physique et
liaison
Fonction Connecter plusieurs PC au sein d’un Interconnecter plusieurs segments
segment

Échange de trames sur un segment Ethernet


Commençons par étudier le fonctionnement au sein d’un segment Ethernet partagé (la trame
circule sur un seul segment).
La norme Ethernet spécifie l’utilisation d’adresses physiques liées aux cartes réseau : les
adresses MAC.
Architecture des réseaux locaux
67
CHAPITRE 3

QU’EST-CE QUE LE SPANNING TREE ?

Lorsqu’un commutateur reçoit une trame, il recherche son adresse de destination dans ses tables
d’adresses MAC (une par port). Si elle ne s’y trouve pas, il la transmet sur tous ses ports. Sinon, il l’envoie
uniquement sur le port identifié. C’est le mécanisme de forwarding.
S’il existe plusieurs chemins, par exemple entre un commutateur d’étage et deux fédérateurs, la trame ris-
que de boucler, car chacun des commutateurs transmet la trame (forward).
Le spanning tree est un protocole de routage de niveau 2 associé à un algorithme qui permet d’éviter que
les trames bouclent dans le réseau. Les commutateurs s’échangent des trames spanning tree et calculent
une route en invalidant les chemins multiples susceptibles de créer des boucles au sein du segment Ether-
net.

La carte recevant une trame Ethernet ne la prendra en compte que si l’adresse MAC de des-
tination de la trame est identique à celle qui est inscrite dans sa mémoire. La seule exception
à cette règle concerne les adresses de broadcast et, éventuellement, les adresses multicast.

En résumé, les cartes sont programmées pour accepter les trames qui leur sont destinées,
plus toutes les trames de broadcast ainsi que les trames multicast qui ont été configurées.

Figure 3-13. d Toutes les cartes sont à l’écoute des


Échange signaux qui circulent sur le câble.

des trames
Ethernet. e Toutes les cartes se synchronisent
sur le préambule des trames MAC.

g
f Les cartes lisent les adresses
MAC destination des trames qui
Oui, la trame est pour moi,
j’ai la même adresse MAC
circulent sur le câble. que l’adresse destination
Concentrateur de la trame. Je la transmets
Up
à la couche réseau IP.

g c La carte envoie la trame MAC : le signal Ethernet


Non, la trame n’est pas pour moi, se propage le long du câble et est répété par le
je n’ai pas la même adresse MAC concentrateur sur les autres ports.
que l’adresse destination de la
trame. Je l’ignore.

Les trames qui sont acceptées sont remises au protocole de niveau 3, qui correspond à
l’identifiant trouvé dans le champ « Type », soit 0×0800 pour IP. Celles qui ne sont pas des-
tinées à la station sont ignorées.
Ethernet 802.3, commutateurs, couche MAC, spanning tree, GARP
6868

LES ADRESSES MAC (IEEE 802.3)


Une adresse MAC est constituée de 6 octets et s’écrit sous forme hexadécimale séparé par des tirets,
comme par exemple 02-60-8C-EB-25-D2. L’adresse de broadcast est FF-FF-FF-FF-FF-FF.

OUI (Organizationally Unique Identifier) = Partie de Partie de l’adresse affectée


l’adresse affectée par l’IEEE à un fabricant de carte : par le fabricant de la carte :
02608C pour 3com, 00000C pour Cisco, etc. de 000001 à FFFFFE

I/G U/L Adresse du constructeur sur 22 bits Sous-adresse sur 24 bits

Å sens de transmission des bits


Bit I/G 0 = Adresse unicast (individuelle)
1 = Adresse multicast (groupe)
Bit U/L 0 = Adresse Universelle attribuée par l’IEEE
1 = Adresse Locale

Le schéma montre l’adresse dans l’ordre de transmission des bits, alors qu’en représentation hexadéci-
male, l’ordre des bits au sein de chaque octet est inversé (cf. exemple au début du chapitre 15). Ainsi, le
premier octet " 02 " indique que le bit U/L est à "1". Le site standards.ieee.org/search.html permet de re-
chercher les OUI affectés par l’IEEE.

Échange de trames entre différents segments Ethernet


On l’a vu, le commutateur est un équipement permettant de segmenter le réseau Ethernet et
d’interconnecter ces différents segments. Pour décider si la trame doit passer d’un segment à
l’autre, il se base sur son adresse MAC qu’il compare avec celles se trouvant dans ses tables
d’adresses en mémoire.
On peut envisager différentes situations dans lesquelles il existe plusieurs chemins possibles
entre deux stations.
Architecture des réseaux locaux
69
CHAPITRE 3

Adresse MAC = x

Hub 1
c Le PC émet une trame.

Table Switch 1 Switch 2 Table


1 1
Port Adr
1 X
Port Adr
1 X d Chaque commutateur transmet la trame.
2 Y 2 2 2 Y

Hub 2 f De plus, le hub 2 régénère la trame sur tous ses


ports. Chaque commutateur reçoit sur son port
Hub d’étage n° 2 la trame émise par l’autre commutateur :
celle-ci est bloquée car l’adresse MAC source
« X » se trouve déjà sur un autre port (le n° 1).

Adresse MAC = y
e Mais la trame arrive en deux exemplaires : erreur !

Il faut noter que, si le serveur n’a jamais émis de trame, son adresse MAC « Y » n’est pas
encore connue des commutateurs. Ces derniers transmettront alors la trame sur tous les au-
tres ports, dont le port n° 2. De plus, la même situation se produit pour toutes les trames de
broadcast et de multicast.

Pour éviter ces problèmes, il faut qu’une des deux routes soit interdite. C’est là qu’intervient
le spanning tree. Le but de ce protocole est de définir une route unique vers un commuta-
teur désigné racine en se basant sur des coûts et des priorités.

Compte tenu des processus d’élection, il est important de bien paramétrer les coûts (expri-
més en nombre de sauts et/ou dépendant du débit du port) ainsi que les priorités. Les valeurs
par défaut (fixées en usine) peuvent en effet aboutir à choisir des chemins qui ne sont pas les
meilleurs. Prenons le cas de notre réseau local redondant.
Ethernet 802.3, commutateurs, couche MAC, spanning tree, GARP
7070

Figure 3-14.
Conséquence
d’un spanning tree Switch 5 Switch 6

mal paramétré. c Tous les switches


ont été installés avec
les valeurs par D D
R
défaut (valeurs
usine). Ils ont les
mêmes coûts et les
mêmes priorités. d
À son initialisation, chaque switch se désigne
racine, puis compare les identifiants des autres
BPDU qui arrivent. Finalement, tous les switches
enregistrent le switch 6 comme racine.
e
Résultat : le flux entre la station et
le serveur transite par deux
commutateurs au lieu d’être direct. Switch 3 Switch 4

R R

R = port racine
D = port désigné
En pointillé, les liens
invalidés : les ports Switch 1 Switch 2
ont été bloqués par
le spanning tree. D D
R D
R
Architecture des réseaux locaux
71
CHAPITRE 3

LE POINT SUR LE SPANNING TREE (IEEE 802.1D)


L’algorithme du spanning tree consiste à construire un arbre définissant un chemin unique entre un commu-
tateur et sa racine.
Lors de la construction de l’arbre (suite à un changement de topologie), chaque commutateur émet un
BPDU (Bridge Protocol Data Unit) de configuration sur tous ses ports. Inversement, il retransmet tous les
BPDU (éventuellement en les modifiant) qui lui arrivent, et ainsi de suite jusqu’à ce que les BPDU échangés
contiennent tous la même valeur.
La première étape de ce processus consiste à élire un commutateur racine : c’est celui dont la priorité est
la plus basse ou, en cas d’égalité, celui dont l’adresse MAC est la plus basse.
Ensuite, chaque commutateur détermine le port racine — celui par lequel un BPDU émis par la racine ar-
rive. S’il y en a plusieurs, le port choisi est celui qui a le coût de chemin vers la racine le plus bas. Le coût
est déterminé par la somme des coûts des ports situés entre le commutateur et la racine. En cas d’égalité,
le port choisi est celui qui a la priorité la plus basse ; en cas de nouvelle égalité, c’est celui qui a l’adresse
MAC la plus basse.
Enfin, sur chaque segment Ethernet, le commutateur dont le port racine a le coût de chemin vers la racine
le plus bas est élu commutateur désigné. En cas d’égalité, c’est celui qui a la priorité la plus basse et, en
cas de nouvelle égalité, celui qui a l’adresse MAC la plus basse.
En définitive, sur chaque segment Ethernet, un seul chemin vers le commutateur racine sera calculé. Les
commutateurs désactivent tous leurs ports qui ne sont ni racines ni désignés.
2 octets 1 octet 1 octet 1 octet 2 octets

Identificateur de Version=0 Type de Flag chgt Priorité de la racine


protocole=0 BPDU de topologie (0 = la plus basse)
Adresse MAC de la racine

Coût du chemin vers la racine Priorité du port du


(0 = le plus bas) commutateur
Adresse MAC du port du commutateur

Identifiant du port du Âge du message Âge maximum


commutateur
Intervalle d’envoi Après chgt topologie,
des BPDU délais avant de xmettre

Afin de détecter les changements de topologie (apparition ou disparition d’un commutateur), la racine en-
voie régulièrement (toutes les deux secondes par défaut) un BPDU d’annonce (comprenant seulement les
trois premiers octets) sur tous ses ports. Les commutateurs transmettent ce BPDU sur leurs ports désignés.
Les BPDU sont envoyés dans des trames Ethernet multicast d’adresse MAC 01:80:C2:00:00:10 transpor-
tant les trames LLC identifiées par le SAP 0x42.

Tous les commutateurs ont la même priorité (par exemple 32 768) et le même coût sur cha-
que port de même débit (par exemple 19 pour les ports à 100 Mbit/s). Le switch 6 a été dé-
signé racine parce que son identifiant (priorité + adresse MAC) était le plus bas. Le même
processus de sélection a déterminé les routes menant vers la racine uniquement en se fon-
Ethernet 802.3, commutateurs, couche MAC, spanning tree, GARP
7272

dant sur les valeurs des adresses MAC, puisque toutes les autres valeurs (priorité et coût)
sont identiques.
Résultat, certains flux ne sont pas optimisés et peuvent dégrader les performances.
Reprenons les différentes phases de calcul de l’arbre spanning tree. Les commutateurs dési-
gnent la racine. Afin d’optimiser les flux, il est préférable que ce soient les commutateurs
fédérateurs qui assurent ce rôle. Leur priorité doit donc être abaissée par rapport aux com-
mutateurs d’étage. Étant donné qu’il s’agit de Catalyst 5000, la commande est la suivante :
Console> (enable)set spantree priority 10000
VLAN 1 bridge priority set to 10000.

Figure 3-15. En recevant la priorité de tous les autres


Élection Ma priorité switches, chaque switch détermine que c’est le Ma priorité
est 40000 switch 1 qui est élu racine. est 40000
du commutateur racine.
Switch 3 Switch 4

BPDU

BPDU

BPDU BPDU

Switch 1 Switch 2

D
BPDU Ma priorité
Ma priorité
est 10000 est 11000

Chaque commutateur choisit ensuite son port racine, celui dont le coût de chemin vers la ra-
cine est le plus bas. Sur un Catalyst, le coût de chaque port dépend de son débit : 4 pour 1
Gbit/s, 19 pour 100 Mbit/s, et 100 pour 10 Mbit/s. La commande suivante permet de chan-
ger la valeur par défaut :
Console> (enable)set spantree portcost 1/1 4

Figure 3-16. Le coût vers la racine est


Choix augmenté à chaque passage e Coût = 119 via port 1
et = 23 via port 0 Le switch 4 détermine que son
dans un commutateur. port racine est le port 0.
des ports racines.
Chaque switch fait de même.
Switch 3 Switch 4
Coût + 100

d 10 Mbps etc.

100 Mbps BPDU


100 Mbps BPDU

Switch 1 Switch 2

1 Gps
BPDU

D
d
BPDU Coût + 19
Coût = 19
c
c Coût =4
Architecture des réseaux locaux
73
CHAPITRE 3

Sur chaque segment Ethernet, le commutateur désigné est celui dont le port racine a le coût
le plus bas. En cas d’égalité, la priorité détermine ce coût. Étant donné que tous les ports
ayant un même débit ont le même coût et la même priorité par défaut, le choix s’effectuera
en fonction de l’adresse MAC. Pour éviter les mauvaises surprises, il est possible d’abaisser
la priorité d’un port pour être sûr qu’il soit désigné en cas de routes multiples :
set spantree portpri 1/1 32
Figure 3-17. Coût vers la Lien 10 Mbit/s : coût par défaut Coût vers la
racine = 19 = 100. Ce lien est invalidé. racine = 23
Élection
Switch 3
des commutateurs désignés. Switch 4
Le switch 2 est élu
sur ce segment.
R R
Lien 100 Mbit/s :
coût par défaut = 19

Switch 1 Switch 2

D D R D Lien 100 Mbit/s :


Le switch 1 a D coût par défaut = 19
été élu racine

Lien 1 Gbit/s : coût Coût vers la


par défaut = 4 racine = 4

En définitive, les chemins redondants ne sont pas utilisés, et le partage de la charge entre
plusieurs routes n’est pas possible.
Les mêmes BPDU sont envoyés sur tous les ports, même là où il n’y a qu’un PC connecté.
Le spanning tree peut donc être désactivé sur ces ports, ce qui présente l’avantage de dimi-
nuer (un peu) le trafic et d’éviter que des ajouts sauvages de commutateurs (qui seraient
connectés sur ces ports) ne viennent perturber votre réseau.
set spantree disable

Le commutateur racine émet régulièrement (toutes les deux secondes par défaut) des BPDU
pour maintenir l’état du spanning tree. Si le réseau est stable (peu d’incidents et de change-
ments), il est possible d’augmenter cette valeur afin de diminuer le trafic
set spantree hello 5

On peut s’assurer que, sur le switch 1, le spanning tree s’est stabilisé dans une bonne confi-
guration.
Console> (enable) show spantree
VLAN 1
Spanning tree enabled
Designated Root 00-1f-00-40-0b-eb-25-d2
Designated Root Priority 45
Designated Root Cost 0
Designated Root Port 1/1
Ethernet 802.3, commutateurs, couche MAC, spanning tree, GARP
7474

Root Max Age 20 sec Hello Time 2 sec Forward Delay 20 sec
Bridge ID MAC ADDR 00-40-0b-eb-25-d2
Bridge ID Priority 45
Bridge Max Age 20 sec Hello Time 2 sec Forward Delay 20 sec

Port Vlan Port-State Cost Priority Fast-Start


-------- ---- ------------- ----- -------- ----------
1/1 1 forwarding 4 32 disabled
1/2 1 forwarding 19 32 disabled
2/1 1 forwarding 19 32 disabled
2/2 1 not-connected 19 32 disabled
2/3 1 not-connected 19 32 disabled
3/1 1 not-connected 100 32 disabled
3/2 1 forwarding 100 32 disabled

Le processus de création de l’arbre spanning tree peut durer plusieurs dizaines de secondes.
Ce temps est, en réalité, proportionnel au nombre de commutateurs.
Pendant cette phase, aucun commutateur ne traite de trame au cours des 15 premières se-
condes (valeur par défaut) ; le réseau s’arrête donc de fonctionner chaque fois qu’un com-
mutateur est allumé ou éteint quelque part dans le réseau.
La phase d’apprentissage est encore plus longue lorsque tous les commutateurs s’initialisent
en même temps (suite à une panne de courant, par exemple). En effet, les BPDU sont reçus
par plusieurs ports dont l’un peut être élu racine, puis invalidé par la suite si un commutateur
situé en aval a invalidé sa route. Le temps de stabilisation de l’arbre peut ainsi atteindre plu-
sieurs minutes.
Dans certains cas, notamment sur les commutateurs fédérateurs, il peut être intéressant de
diminuer ce temps, surtout si l’architecture réseau est conçue sans aucune boucle.
set spantree fwddelay 5
Inversement, si ce temps est trop court par rapport au délai de construction de l’arbre, des
trames peuvent commencer à circuler et potentiellement être dupliquées dans le cas de rou-
tes multiples. Il vaut alors mieux augmenter le paramètre « forward delay » au-delà des 15
secondes par défaut.
La meilleure solution consiste à activer plus rapidement les ports qui ne sont pas concernés
par le spanning tree, c’est-à-dire ceux sur lesquels est connectée une seule station.
set spantree portfast 1/2 enable
On peut remarquer que l’échange de BPDU et l’élection d’un commutateur désigné impli-
quent que chaque port du commutateur soit identifié par une adresse MAC (comme une
carte réseau).
L’alternative à cette optimisation repose sur la nouvelle version du spanning tree, appelée
RSTP (Rapid Spanning Tree Protocol) et issue du groupe de travail IEEE 802.1w. Le pro-
tocole RSTP est compatible avec le spanning tree et sera, à terme, intégré dans le standard
802.1d.
Architecture des réseaux locaux
75
CHAPITRE 3

LE POINT SUR GARP (IEEE 802.1D)


La norme 802.d spécifie, en plus du spanning tree, le protocole GARP (Generic Attribute Registration Proto-
col), qui permet aux commutateurs d’échanger des informations de gestion. Chaque commutateur peut ainsi
déclarer aux autres commutateurs appartenir à un groupe possédant certains attributs.
La même norme spécifie une application de GARP à l’enregistrement des groupes multicast, protocole appelé
GMRP (GARP Multicast Registration Protocol). La norme 802.q utilise également GARP pour la propagation
dynamique des VLAN entre commutateurs : le protocole est appelé GVRP (GARP VLAN registration Proto-
col).
Un commutateur fonctionne avec plusieurs participants GARP, un par application et par port du commutateur.
Un tel participant est constitué de l’application et d’une instance du GID (GARP Information Declaration), qui
gère, pour chaque attribut utilisé par l’application, l’état du participant (membre, observateur…) associé à
l’état des attributs (enregistré, déclaré…). Les GID utilisent le protocole GIP (GARP Information Propagation)
pour échanger ces attributs.

Application Application
Commutateur Participant GARP
GARP GARP

Ports GID GID GID GID

Attributs A B C A B C

Déclaration d’attributs GIP Enregistrement d’attributs

À l’aide de ces composants, un port recevant la déclaration d’un attribut l’enregistre et le déclare (i.e. le pro-
page) aux autres ports. Inversement, l’annulation d’un attribut est propagée vers un port si tous les autres
ports ont annulé l’enregistrement de cet attribut.
Le PDU (Protocol Data Unit) utilisé par GIP est constitué de messages contenant des listes d’attributs re-
groupés par types.
Version du protocole Liste d’attributs Message

00 01 Type attribut Attribut 1 Attribut… Attribut N Fin Type attribut Fin


2 1 1 Nombre d’octets

Longueur Action Valeur


1 1 N Nombre d’octets

0 = LeaveAll : annule toutes les déclarations pour les attributs du type « Type attribut ».
1 = JoinEmpty : déclare l’attribut, sans l’enregistrer. Reste à l’écoute des déclarations.
2 = JoinIn : déclare l’attribut qui a été enregistré.
3 = LeaveEmpty : annule la déclaration de l’attribut, sans l’avoir enregistré.
4 = LeaveIn : annule la déclaration de l’attribut, après l’avoir enregistré.
5 = Empty : attribut non enregistré et pas de déclaration à faire. Reste à l’écoute des déclarations.

Les PDU GARP sont transportés dans des trames LLC identifiées par le SAP 0x42. Les applications GARP
sont identifiées par des adresses MAC qui leur sont réservées : 01-80-C2-00-00-20 pour GMRP et 01-80-C2-
00-00-21 pour GVRP.

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