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Montagnier Chap3
Montagnier Chap3
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Le système de câblage étant maintenant prêt à l’usage, on peut alors commencer à y installer
un réseau.
La conception d’une architecture réseau est élaborée en fonction du nombre de postes de tra-
vail à connecter. On peut considérer les cas suivants :
• petit réseau : moins de 200 postes dans un même bâtiment ;
• réseau moyen : de 200 à 800 postes dans un même bâtiment ;
• gros réseau : plus de 800 postes dans un même bâtiment ;
• 1ère variante : plusieurs bâtiments contenant un nombre varié de postes de travail ;
• 2ème variante : plusieurs sites contenant un nombre varié de postes de travail.
Bien qu’arbitraires, ces bornes correspondent à des ordres de grandeur et à des sauts techno-
logiques. En effet, plus le nombre de postes est important, plus il faut répondre à un certain
nombre de contraintes et d’exigences qui n’apparaissent qu’avec la complexité du réseau.
L’architecture réseau est bien sûre liée au système de câblage, mais celui-ci doit avoir été
conçu pour en limiter les contraintes, c’est-à-dire s’adapter à toutes les situations. Le chapi-
tre précédent a aidé à œuvrer en ce sens. Tous les systèmes de câblage sont en étoile, de
même que la topologie ; les équipements actifs seront donc positionnés dans les locaux tech-
niques. Ils serviront à connecter les postes de travail aux serveurs.
Dans le cas le plus simple, la conception d’une architecture consiste à choisir et à position-
ner les équipements actifs, puis à les connecter entre eux en utilisant le câblage.
Ethernet 802.3, commutateurs, couche MAC, spanning tree, GARP
4646
Débit Utilisation
10 Mbit/s Postes de travail bureautique
100 Mbit/s Postes de travail multimédias et serveurs
1 Gbit/s Pour connecter les équipements réseaux entre eux ainsi que
les gros serveurs
Côté poste de travail, la plupart des cartes réseau fonctionnent à 10 et 100 Mbit/s, et sont au
même prix que les cartes 10 Mbit/s. En outre, la plupart des commutateurs offrent des ports
à détection automatique de vitesse (port autosense).
Architecture des réseaux locaux
47
CHAPITRE 3
Au niveau 2, la couche MAC (Medium Access Control) a pour rôle de transporter les données entre deux
points d’un segment Ethernet. Pour ce faire, elle encapsule les données dans une trame MAC, identifie
émetteurs et destinataires par des adresses MAC et assure que les données sont transmises sans erreur,
grâce à un code de contrôle.
Les cartes réseaux se synchronisent sur ce préambule pour lire les trames.
Préambule Délimiteur de Adresse MAC Adresse Longueur Champ de Bourrage Code de contrôle
début de trame destination MAC source données d’erreur
7 1 6 6 2 46 à 1500 0 à 46 4
(nbre d’octets)
Préambule = 10101010 x 7 Dans une trame Ethernet v2, il s’agit du type de protocole
Start Frame Delimiter = 10101011 transporté dans le champ de données (par exemple, 0x800 = IP)
Chaque carte réseau est identifiée par une adresse MAC unique sur 6 octets (par exemple,
01-00-0A-FB-5D-52). Toute trame MAC émise comporte les adresses de l’émetteur et du destinataire. La
carte réseau ne prend en compte que les trames MAC qui lui est destinée. Exception à cette règle : une
carte peut émettre une trame spéciale, appelée trame de diffusion (ou trame de broadcast), qui sera lue
par toutes les autres cartes (adresse destination dont tous les bits sont à 1 — FF-FF-FF-FF-FF-FF).
La couche MAC est également responsable de gérer l’accès au segment Ethernet quand il est partagé par
plusieurs nœuds. Lorsque deux stations émettent simultanément, la somme des deux signaux dépasse un
seuil qui est interprété comme étant une collision. Dans un tel cas, chaque station arrête d’émettre et at-
tend un temps aléatoire avant d’essayer de réémettre leur trame. Cette méthode de gestion de la contention
est appelée CSMA/CD (Carrier Sense Multiple Access / Collision Detection).
•••
Ethernet 802.3, commutateurs, couche MAC, spanning tree, GARP
4848
Hub 2
Up
Les modèles stand alone visent le marché d’entrée de gamme ; ils sont parfaits pour créer un
premier réseau local tel que celui du premier chapitre.
Les modèles empilables sont envisageables dès qu’il y a des possibilités d’extension. Par
exemple, votre société dispose de cinquante postes de travail, et vous commencez par en
connecter dix dans un premier temps. Vous pouvez alors acheter un hub 12 ports, puis un
autre 12 ports plus tard.
Une autre solution consiste à installer des châssis, certes plus chers, mais qui offrent de plus
grandes capacités d’accueil. Ces équipements permettent de créer plusieurs segments indé-
pendants à des débits différents.
Figure 3-2. Connecteur sur le bus La carte dispose d’un attachement vers
Principes de fond de panier chacun des 6 segments Ethernet émulés sur
un bus de fond de panier à hauts débits.
et fonctionnalités
d'un châssis.
Alimentations
redondantes et en
partage de charge
Il est possible d’insérer différents types de cartes dans un châssis : concentrateur Ethernet,
commutateur Ethernet, carte Token-Ring, FDDI, ATM, etc. Il est également possible de
combiner les débits (10, 100 et 1 000 Mbit/s) sur des segments séparés. Mais, attention, il
n’est en aucun cas possible de mélanger des débits sur un même segment Ethernet. De
même, les réseaux Token-Ring, FDDI et ATM créés seront indépendants.
Ethernet 802.3, commutateurs, couche MAC, spanning tree, GARP
5050
Concentrateur
Concentrateur
Concentrateur
Commutateur
Un PC connecté à un port du commutateur est seul sur le segment Ethernet : aucune collision n’est donc
possible, et il dispose de toute la bande passante. Inversement, tous les PC connectés à un concentrateur
partagent la même bande passante (10, 100 ou 1000 Mbit/s) et peuvent émettre des trames en même
temps, d’où une probabilité de plus en plus importante de collision qui croît avec le nombre de PC.
Architecture des réseaux locaux
51
CHAPITRE 3
Évolutivité Ajout d’éléments empilables limité à cinq Ajout de cartes limité par le nombre de
environ slots
Segmentation Limitée à un ou deux segments Plusieurs segments par port ou par
groupe de ports
Capacité de traitement Bus externe limité à quelques centaines Bus de fond de panier de 100 Mbit/s à
de Mbit/s plusieurs Gbit/s
Alimentation Une par élément ou, rarement, une pour Une à trois pour l’ensemble du châssis
tous
Redondance d’alimentation Pas tout le temps Oui
Création de plusieurs segments Oui Oui
indépendants
Utilisation Moins de cent postes en Ethernet, en Plus de cent postes ; combinaison
Token-Ring ou en ATM Ethernet, Token-Ring et ATM possible
En définitive, l’empilable sera choisi pour des faibles densités (moins de cent postes par lo-
cal technique) ; les châssis seront privilégiés dans les autres cas. D’une manière générale,
plus le réseau concentre de postes de travail, plus la fiabilité des équipements doit être im-
portante.
Les châssis seront donc choisis là où le besoin en bande passante est élevé et où la fiabilité
est primordiale, c’est-à-dire à des points de concentration stratégiques du réseau.
Concentrateur ou commutateur ?
L’autre décision à prendre consiste à choisir entre les concentrateurs et les commutateurs.
Les premiers se contentent de générer le signal, alors que les seconds permettent de créer un
segment par port. Ces derniers sont bien sûr plus chers.
Pour une utilisation bureautique du réseau (traitement de texte, comptabilité, base de don-
nées, connexion à un serveur, etc.), les concentrateurs suffisent pour connecter les postes de
travail car il y a peu de trafic entre eux. Pour améliorer les performances, on peut jouer sur
la vitesse (10 ou 100 Mbit/s).
L’utilisation des commutateurs s’envisage dans plusieurs cas de figures :
• lorsqu’on emploie des applications multimédias (voix et vidéo) générant des débits
importants et nécessitant des temps de réponse courts ;
• d’une manière générale, lorsque le flux réseau est important et que les temps de réponse
sont mauvais ;
• pour interconnecter plusieurs segments Ethernet.
Ethernet 802.3, commutateurs, couche MAC, spanning tree, GARP
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Si vous constatez un nombre élevé de collisions lié à une charge réseau importante, vous
pouvez, dans un premier temps, segmenter le réseau (c’est-à-dire le couper en deux). Dans
ce cas, les PC situés sur un segment ne pourront plus communiquer avec ceux situés sur
l’autre.
Au lieu d’acheter un second concentrateur, l’achat d’un commutateur résoudra le problème :
les postes seront répartis sur les deux équipements, et les segments ajoutés seront intercon-
nectés.
Les 10 Mbit/s de ce port sont partagés
par les stations connectées sur le hub.
Figure 3-3.
Concentrateur
Concentrateur Commutateur
et commutateur.
cette possibilité car les trames sont commutées à la volée (elles ne sont pas stockées en mé-
moire).
On trouve sur le marché les formules suivantes :
• ports à détection automatique de vitesse (port autosense, 10/100 Mbit/s) ;
• port uplink à 100 Mbit/s ou 1 Gbit/s.
,Les cartes réseau autosense 10/100 posent des problèmes avec les commutateurs qui sont
également autosense, car il n’y a pas de négociation de débit ; chacun essaie de se caler
sur la vitesse de l'autre. Il est donc recommandé de désactiver cette fonction au niveau de
la carte et de fixer la vitesse manuellement (configuration à l’aide de Windows).
Les commutateurs permettent également d’augmenter les débits de plusieurs manières :
• avec le mode full duplex entre un PC et un port du commutateur ou entre deux commu-
tateurs ;
• en agrégeant plusieurs ports full duplex du commutateur (technique du port trunking)
pour le relier à un autre commutateur.
Augmentation
des débits Port et carte réseau configurés
grâce en full duplex : 100 Mbit/s
dans les deux sens. 3 cordons de brassage
aux commutateurs.
Une seule connexion logique à 3 x 10 Mbit/s,
3 x 100 Mbit/s ou 3 x 1 Gbit/s.
Ethernet 802.3, commutateurs, couche MAC, spanning tree, GARP
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Le mode full duplex ne permet pas d'augmenter la vitesse de transmission, mais consiste à
séparer les canaux émission et réception. Le débit global est ainsi augmenté, et peut, théori-
quement, être multiplié par deux. Dans la pratique, ce mode est donc intéressant pour les
serveurs et les liaisons intercommutateurs qui peuvent avoir à traiter un flux simultané dans
les deux sens.
La carte réseau doit également supporter le mode full duplex.
À l'inverse, l’agrégation consiste à créer une seule liaison logique constituée de plusieurs
liaisons physiques. Le débit obtenu est alors égal à la somme des débits des ports agrégés.
Cette technique, normalisée 802.3ad, est utilisée pour interconnecter deux commutateurs
généralement de même marque. Certaines cartes réseau supportent ce mode de fonctionne-
ment.
Port Uplink Pour chaîner les hubs ; Pour chaîner les commutateurs entre
4 maximum en cascade eux
Administrable SNMP en option SNMP + RMON en option
Autres fonctionnalités Partitionnement des ports sur erreur Détection automatique 10/100 Mbit/s
Full duplex
Agrégation de ports
VLAN
Les VLAN (Virtual LAN) seront étudiés au chapitre 12. Pour l’instant, nous n’en avons pas
besoin.
L’architecture
Mise en place d’un réseau local d’étage
Ayant en tête toutes les possibilités des équipements à notre disposition, la conception d’une
architecture réseau simple consiste à assembler les concentrateurs et les commutateurs en
exploitant au mieux les capacités du câblage.
Partons d’un cas simple : une cinquantaine de PC situés au même étage d’un immeuble
quelconque. Les utilisateurs ont juste besoin d’échanger des données entre eux et de parta-
ger des applications (un serveur web, une base de données, des traitements de texte, etc.).
Le schéma suivant décrit l’architecture de base qui en résulte.
Architecture des réseaux locaux
55
CHAPITRE 3
Deux concentrateurs
stakables empilés
Concentrateur
LTE-1
Concentrateur
S’il y a davantage de PC, ou, d’une manière générale, s’il n’y a plus de câbles de rocade en
nombre suffisant (en général, entre 6 et 12), il suffit de créer un autre réseau sur le même
modèle. Le problème est maintenant de connecter les réseaux construits sur les deux étages
pour que tout le monde puisse accéder aux mêmes données et aux mêmes applications.
La solution la plus simple consiste à connecter les deux concentrateurs en cascade, via un
câble de rocade en cuivre.
Figure 3-7. LTE-2
Un réseau local De plus en plus de PC doivent être
connecté à cet étage : il n’y a plus de
étendu sur plusieurs étages. câbles de rocade disponible.
Concentrateur
LTE-1
Concentrateur
Port uplink
Architecture des réseaux locaux
57
CHAPITRE 3
Les réponses à ces questions dépendent avant tout du trafic prévisionnel, des perspectives
d’évolution et des performances mises en balance par rapport au coût. Si l’immeuble com-
prend trente autres étages, on peut supposer qu’il faudra tôt ou tard étendre le réseau. Si, en
revanche, l’immeuble n’en comprend que six, on sait que la configuration sera figée pour un
bon moment.
L’architecture doit donc être conçue pour couvrir les besoins futurs et non seulement ceux
du moment. Elle doit donc être évolutive, c’est-à-dire être bâtie sur des équipements que
l’on pourra récupérer (recycler pour d’autres usages).
La question est maintenant de savoir comment connecter les réseaux locaux entre eux. La
solution repose sur la création d’un réseau fédérateur (backbone).
On peut imaginer un câble Ethernet (topologie en bus), ou FDDI (anneau), qui parcourt tous
les étages et auquel on connecte les concentrateurs. C’est une solution peu évolutive, car le
débit est limité à la technologie utilisée (100 Mbit/s pour FDDI). En outre, le Gigabit Ether-
net et l’ATM ne sont pas prévus pour une topologie en bus ou en anneau. C’est également
une solution peu sûre : le câble étant un élément passif, il n’y a aucun moyen de le supervi-
ser à distance.
Ethernet 802.3, commutateurs, couche MAC, spanning tree, GARP
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L’architecture couramment utilisée est de type collapse backbone (littéralement, réseau fé-
dérateur effondré). Le principe consiste à concentrer le backbone en un seul point : au lieu
d’avoir un réseau qui parcourt tous les étages, le backbone est réalisé dans un commutateur
unique. Cela revient à créer une architecture en étoile à deux niveaux, un premier concen-
trant les PC à chaque étage et un second concentrant les équipements d’étage en un point
central, en général la salle informatique ou un local nodal dédié aux équipements réseau.
100bF
LTE-1
Concentrateur
Le débit des liaisons
uplink doit être supérieur
à ceux des ports de Concentrateur 10bT pour les PC générant
connexion des PC. Concentrateur
peu de trafic (bureautique) ou bien 100bT
s’il y en a beaucoup à cet étage
Concentrateur
Commutateur Fédérat
Architecture des réseaux locaux
59
CHAPITRE 3
Pour un réseau de taille moyenne (de 200 à 800 utilisateurs), l’équipement central doit être
de grande capacité en termes d’accueil et de performances. Le choix se portera donc sur un
châssis qui offre une matrice de commutation à haut débit. Le réseau fédérateur n’est alors
pas limité à 10 Mbit/s, mais à 100 Mbit/s par étage et à la capacité de la matrice de commu-
tation du commutateur central, généralement plusieurs gigabits.
Si les PC sont connectés à un… Le débit des liens uplink vers le commutateur
central doit être au moins égal à…
Le choix du débit des PC dépend, quant à lui, du volume de trafic généré et du type
d’application (du flux bureautique au flux multimédia). Mais le passage du concentrateur au
commutateur évite ou retarde l’augmentation du débit, ce qui permet de conserver les cartes
réseau existantes dans les PC.
Applications bureautiques
3 à 40 PC
Plus de 40 PC
Serveur
Le coût est un autre critère de décision, sans doute le plus important. Lors du choix d’une
technologie (concentration ou commutation) et du débit, il faut tenir compte du nombre de
cartes réseau pour les PC ainsi que du nombre d’équipements.
Architecture des réseaux locaux
61
CHAPITRE 3
Les écarts de prix sont dus à des différences dans les fonctionnalités proposées (concentra-
teur administrable ou non, empilable ou non, avec ou sans slot d’extension, etc.). Un exem-
ple en a été donné au premier chapitre concernant les concentrateurs 10bT. Le choix de la
fibre optique fait également monter les prix.
Figure 3-9.
Utilisation des capacités des commutateurs
pour monter en charge.
LTE-2A LTE-2B
LTE-1A LTE-1B
Commutateur 10bT
Commutateur 10bT
Lien full duplex
à 100 Mbit/s
Le bus externe doit offrir
un débit suffisant. Sinon,
un lien uplink pour
Commutateur 10bT Commutateur 100bT
chaque commutateur est
nécessaire.
LTE-1A LTE-1B
Commutateur 10bT
Commutateur 10bT
Lien en attente de
Commutateur 10bT Commutateur 100bT
la défaillance d’une
liaison uplink
Cordon croisé
Les serveurs et équipements réseaux sont
Salle Informatique A
répartis dans deux salles informatiques. Salle Informatique B
Deux chemins de
Commutateur fédérat
câbles différents. Commutateur fédérat
Les équipements fédérateurs sont ici des commutateurs reliés entre eux pour former un seul
réseau fédérateur. Cette liaison doit être de débit élevé afin d’absorber tous les flux issus des
étages et allant vers un serveur connecté au commutateur fédérateur opposé. On peut envi-
sager ici du Gigabit Ethernet. Les liaisons entre les commutateurs fédérateurs et les équipe-
ments d’étage peuvent être réalisées en cuivre ou en fibre optique, le choix dépendant de la
distance.
Architecture des réseaux locaux
65
CHAPITRE 3
L'agrégation de liens offre ici une protection supplémentaire car chaque lien passe par deux
gaines techniques différentes : en cas de perte d'une des liaisons (coupure du câble, incendie,
etc.), l'autre reste opérationnelle et permet un fonctionnement en mode dégradé à 1 Gbit/s au
lieu de 2 Gbit/s.
Il est à noter que cette architecture redondante n’est possible que parce que les équipements
sont des commutateurs. Ceux-ci échangent des informations sur la topologie du réseau et dé-
terminent les routes actives et celles qui ne le sont pas. Le protocole utilisé s’appelle le
spanning tree.
La même architecture avec des concentrateurs serait impossible car le segment Ethernet fe-
rait une boucle, ce qui est interdit par la norme IEEE. Pour assurer le même niveau de re-
dondance, une configuration équivalente avec des concentrateurs serait donc beaucoup plus
complexe et nécessiterait de doubler le nombre de câbles. De plus, seule l’utilisation de la
fibre optique permet ce type de redondance.
Concentrateur
Concentrateur Concentrateur
Concentrateur Concentrateur
Lien en attente de la
défaillance du premier
Inversement, avec le spanning tree, les liens sont tous actifs, mais une des routes est invali-
dée par les commutateurs. En cas de rupture d’un lien, une nouvelle route sera calculée, gé-
néralement au bout de trente secondes.
Commutateur
Lorsqu’un commutateur reçoit une trame, il recherche son adresse de destination dans ses tables
d’adresses MAC (une par port). Si elle ne s’y trouve pas, il la transmet sur tous ses ports. Sinon, il l’envoie
uniquement sur le port identifié. C’est le mécanisme de forwarding.
S’il existe plusieurs chemins, par exemple entre un commutateur d’étage et deux fédérateurs, la trame ris-
que de boucler, car chacun des commutateurs transmet la trame (forward).
Le spanning tree est un protocole de routage de niveau 2 associé à un algorithme qui permet d’éviter que
les trames bouclent dans le réseau. Les commutateurs s’échangent des trames spanning tree et calculent
une route en invalidant les chemins multiples susceptibles de créer des boucles au sein du segment Ether-
net.
La carte recevant une trame Ethernet ne la prendra en compte que si l’adresse MAC de des-
tination de la trame est identique à celle qui est inscrite dans sa mémoire. La seule exception
à cette règle concerne les adresses de broadcast et, éventuellement, les adresses multicast.
En résumé, les cartes sont programmées pour accepter les trames qui leur sont destinées,
plus toutes les trames de broadcast ainsi que les trames multicast qui ont été configurées.
des trames
Ethernet. e Toutes les cartes se synchronisent
sur le préambule des trames MAC.
g
f Les cartes lisent les adresses
MAC destination des trames qui
Oui, la trame est pour moi,
j’ai la même adresse MAC
circulent sur le câble. que l’adresse destination
Concentrateur de la trame. Je la transmets
Up
à la couche réseau IP.
Les trames qui sont acceptées sont remises au protocole de niveau 3, qui correspond à
l’identifiant trouvé dans le champ « Type », soit 0×0800 pour IP. Celles qui ne sont pas des-
tinées à la station sont ignorées.
Ethernet 802.3, commutateurs, couche MAC, spanning tree, GARP
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Le schéma montre l’adresse dans l’ordre de transmission des bits, alors qu’en représentation hexadéci-
male, l’ordre des bits au sein de chaque octet est inversé (cf. exemple au début du chapitre 15). Ainsi, le
premier octet " 02 " indique que le bit U/L est à "1". Le site standards.ieee.org/search.html permet de re-
chercher les OUI affectés par l’IEEE.
Adresse MAC = x
Hub 1
c Le PC émet une trame.
Adresse MAC = y
e Mais la trame arrive en deux exemplaires : erreur !
Il faut noter que, si le serveur n’a jamais émis de trame, son adresse MAC « Y » n’est pas
encore connue des commutateurs. Ces derniers transmettront alors la trame sur tous les au-
tres ports, dont le port n° 2. De plus, la même situation se produit pour toutes les trames de
broadcast et de multicast.
Pour éviter ces problèmes, il faut qu’une des deux routes soit interdite. C’est là qu’intervient
le spanning tree. Le but de ce protocole est de définir une route unique vers un commuta-
teur désigné racine en se basant sur des coûts et des priorités.
Compte tenu des processus d’élection, il est important de bien paramétrer les coûts (expri-
més en nombre de sauts et/ou dépendant du débit du port) ainsi que les priorités. Les valeurs
par défaut (fixées en usine) peuvent en effet aboutir à choisir des chemins qui ne sont pas les
meilleurs. Prenons le cas de notre réseau local redondant.
Ethernet 802.3, commutateurs, couche MAC, spanning tree, GARP
7070
Figure 3-14.
Conséquence
d’un spanning tree Switch 5 Switch 6
R R
R = port racine
D = port désigné
En pointillé, les liens
invalidés : les ports Switch 1 Switch 2
ont été bloqués par
le spanning tree. D D
R D
R
Architecture des réseaux locaux
71
CHAPITRE 3
Afin de détecter les changements de topologie (apparition ou disparition d’un commutateur), la racine en-
voie régulièrement (toutes les deux secondes par défaut) un BPDU d’annonce (comprenant seulement les
trois premiers octets) sur tous ses ports. Les commutateurs transmettent ce BPDU sur leurs ports désignés.
Les BPDU sont envoyés dans des trames Ethernet multicast d’adresse MAC 01:80:C2:00:00:10 transpor-
tant les trames LLC identifiées par le SAP 0x42.
Tous les commutateurs ont la même priorité (par exemple 32 768) et le même coût sur cha-
que port de même débit (par exemple 19 pour les ports à 100 Mbit/s). Le switch 6 a été dé-
signé racine parce que son identifiant (priorité + adresse MAC) était le plus bas. Le même
processus de sélection a déterminé les routes menant vers la racine uniquement en se fon-
Ethernet 802.3, commutateurs, couche MAC, spanning tree, GARP
7272
dant sur les valeurs des adresses MAC, puisque toutes les autres valeurs (priorité et coût)
sont identiques.
Résultat, certains flux ne sont pas optimisés et peuvent dégrader les performances.
Reprenons les différentes phases de calcul de l’arbre spanning tree. Les commutateurs dési-
gnent la racine. Afin d’optimiser les flux, il est préférable que ce soient les commutateurs
fédérateurs qui assurent ce rôle. Leur priorité doit donc être abaissée par rapport aux com-
mutateurs d’étage. Étant donné qu’il s’agit de Catalyst 5000, la commande est la suivante :
Console> (enable)set spantree priority 10000
VLAN 1 bridge priority set to 10000.
BPDU
BPDU
BPDU BPDU
Switch 1 Switch 2
D
BPDU Ma priorité
Ma priorité
est 10000 est 11000
Chaque commutateur choisit ensuite son port racine, celui dont le coût de chemin vers la ra-
cine est le plus bas. Sur un Catalyst, le coût de chaque port dépend de son débit : 4 pour 1
Gbit/s, 19 pour 100 Mbit/s, et 100 pour 10 Mbit/s. La commande suivante permet de chan-
ger la valeur par défaut :
Console> (enable)set spantree portcost 1/1 4
d 10 Mbps etc.
Switch 1 Switch 2
1 Gps
BPDU
D
d
BPDU Coût + 19
Coût = 19
c
c Coût =4
Architecture des réseaux locaux
73
CHAPITRE 3
Sur chaque segment Ethernet, le commutateur désigné est celui dont le port racine a le coût
le plus bas. En cas d’égalité, la priorité détermine ce coût. Étant donné que tous les ports
ayant un même débit ont le même coût et la même priorité par défaut, le choix s’effectuera
en fonction de l’adresse MAC. Pour éviter les mauvaises surprises, il est possible d’abaisser
la priorité d’un port pour être sûr qu’il soit désigné en cas de routes multiples :
set spantree portpri 1/1 32
Figure 3-17. Coût vers la Lien 10 Mbit/s : coût par défaut Coût vers la
racine = 19 = 100. Ce lien est invalidé. racine = 23
Élection
Switch 3
des commutateurs désignés. Switch 4
Le switch 2 est élu
sur ce segment.
R R
Lien 100 Mbit/s :
coût par défaut = 19
Switch 1 Switch 2
En définitive, les chemins redondants ne sont pas utilisés, et le partage de la charge entre
plusieurs routes n’est pas possible.
Les mêmes BPDU sont envoyés sur tous les ports, même là où il n’y a qu’un PC connecté.
Le spanning tree peut donc être désactivé sur ces ports, ce qui présente l’avantage de dimi-
nuer (un peu) le trafic et d’éviter que des ajouts sauvages de commutateurs (qui seraient
connectés sur ces ports) ne viennent perturber votre réseau.
set spantree disable
Le commutateur racine émet régulièrement (toutes les deux secondes par défaut) des BPDU
pour maintenir l’état du spanning tree. Si le réseau est stable (peu d’incidents et de change-
ments), il est possible d’augmenter cette valeur afin de diminuer le trafic
set spantree hello 5
On peut s’assurer que, sur le switch 1, le spanning tree s’est stabilisé dans une bonne confi-
guration.
Console> (enable) show spantree
VLAN 1
Spanning tree enabled
Designated Root 00-1f-00-40-0b-eb-25-d2
Designated Root Priority 45
Designated Root Cost 0
Designated Root Port 1/1
Ethernet 802.3, commutateurs, couche MAC, spanning tree, GARP
7474
Root Max Age 20 sec Hello Time 2 sec Forward Delay 20 sec
Bridge ID MAC ADDR 00-40-0b-eb-25-d2
Bridge ID Priority 45
Bridge Max Age 20 sec Hello Time 2 sec Forward Delay 20 sec
Le processus de création de l’arbre spanning tree peut durer plusieurs dizaines de secondes.
Ce temps est, en réalité, proportionnel au nombre de commutateurs.
Pendant cette phase, aucun commutateur ne traite de trame au cours des 15 premières se-
condes (valeur par défaut) ; le réseau s’arrête donc de fonctionner chaque fois qu’un com-
mutateur est allumé ou éteint quelque part dans le réseau.
La phase d’apprentissage est encore plus longue lorsque tous les commutateurs s’initialisent
en même temps (suite à une panne de courant, par exemple). En effet, les BPDU sont reçus
par plusieurs ports dont l’un peut être élu racine, puis invalidé par la suite si un commutateur
situé en aval a invalidé sa route. Le temps de stabilisation de l’arbre peut ainsi atteindre plu-
sieurs minutes.
Dans certains cas, notamment sur les commutateurs fédérateurs, il peut être intéressant de
diminuer ce temps, surtout si l’architecture réseau est conçue sans aucune boucle.
set spantree fwddelay 5
Inversement, si ce temps est trop court par rapport au délai de construction de l’arbre, des
trames peuvent commencer à circuler et potentiellement être dupliquées dans le cas de rou-
tes multiples. Il vaut alors mieux augmenter le paramètre « forward delay » au-delà des 15
secondes par défaut.
La meilleure solution consiste à activer plus rapidement les ports qui ne sont pas concernés
par le spanning tree, c’est-à-dire ceux sur lesquels est connectée une seule station.
set spantree portfast 1/2 enable
On peut remarquer que l’échange de BPDU et l’élection d’un commutateur désigné impli-
quent que chaque port du commutateur soit identifié par une adresse MAC (comme une
carte réseau).
L’alternative à cette optimisation repose sur la nouvelle version du spanning tree, appelée
RSTP (Rapid Spanning Tree Protocol) et issue du groupe de travail IEEE 802.1w. Le pro-
tocole RSTP est compatible avec le spanning tree et sera, à terme, intégré dans le standard
802.1d.
Architecture des réseaux locaux
75
CHAPITRE 3
Application Application
Commutateur Participant GARP
GARP GARP
Attributs A B C A B C
À l’aide de ces composants, un port recevant la déclaration d’un attribut l’enregistre et le déclare (i.e. le pro-
page) aux autres ports. Inversement, l’annulation d’un attribut est propagée vers un port si tous les autres
ports ont annulé l’enregistrement de cet attribut.
Le PDU (Protocol Data Unit) utilisé par GIP est constitué de messages contenant des listes d’attributs re-
groupés par types.
Version du protocole Liste d’attributs Message
0 = LeaveAll : annule toutes les déclarations pour les attributs du type « Type attribut ».
1 = JoinEmpty : déclare l’attribut, sans l’enregistrer. Reste à l’écoute des déclarations.
2 = JoinIn : déclare l’attribut qui a été enregistré.
3 = LeaveEmpty : annule la déclaration de l’attribut, sans l’avoir enregistré.
4 = LeaveIn : annule la déclaration de l’attribut, après l’avoir enregistré.
5 = Empty : attribut non enregistré et pas de déclaration à faire. Reste à l’écoute des déclarations.
Les PDU GARP sont transportés dans des trames LLC identifiées par le SAP 0x42. Les applications GARP
sont identifiées par des adresses MAC qui leur sont réservées : 01-80-C2-00-00-20 pour GMRP et 01-80-C2-
00-00-21 pour GVRP.