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TRAVAUX 1>E L ’ IN STITU T FRAN ÇAIS D ’ ÉTUDES AN D ^ES

TOME X I

%*
JUAN DE MATIENZO

GOBIERNO DEL PERÚ


( 1567 )

Edition et Etude préliminaire


par
G u il l e r m o L o h m an n V il l e n a

OUVRAGE P U B L IÉ AVEC LE CONCOURS

DU M IN IS T È R E DES A F F A IR E S ÉTRANGÈRES

P A R IS-LIM A
1967
I
AYANT-PROPOS

C’est une œuvre de premier plan, en très grande partie inédite, que
l’Institut Français d’Etudes Andines offre maintenant aux historiens,
ethnologues, hispanistes et américanistes.
Lorsque mon ami Guillermo Lohmann Villena me dit un jour qu’ il
tenait prêt pour l’édition le texte intégral du Gobierno del Perú, je lui
demandai aussitôt s’ il pourrait le publier dans la collection des « Mémoires
et Travaux » de notre Institut. Personne n’ était aussi qualifié que lui pour
faire l’étude préliminaire de cette œuvre essentielle de Juan de Matienzo,
terminée, on le sait, vers 1567.
Bien que très déficiente et tronquée à près de 40% —■on le voit main­
tenant —• l’édition de 1910 à Buenos Aires avait attiré dçpuis longtemps
notre attention sur la valeur de ce document comme source historique pour
le Pérou du X V I e siècle — et même, ajouterons-nous, pour un Pérou
presque contemporain à travers ses survivances dans le monde indigène.
Lohmann a magistralement situé l’ œuvre dans son contexte péruvien,
cette inquiétante décennie 1560-70 oh tout est remis en question dans une
floraison d’ouvrages, eux-mêmes de premier plan, que, grâce à lui, nous
connaîtrons mieux maintenant. Il s’ agit bien d’ une époque exceptionnel­
lement importante, celle qui, au-delà des désordres de la conquête, puis des
inquiétudes et des interrogations, annonce déjà dans le Gobierno del Perú
l’organisation nouvelle, voire la refonte d’ une société, sous le vice-roi Fran­
cisco de Toledo (1569-81). Mais cette restructuration politique, sociale et
économique, n’ est évidemment pas l’œuvre d’ un seul homme et d’ un moment :
la vaste et minutieuse législation de Toledo codifie, ou guide, plus souvent
qu’ elle ne les crée, de profondes transformations, en partie spontanées dans
un certain milieu, en partie aussi imposées ou dirigées selon des normes,
fruit de l’ expérience, des idées ou des intérêts d’une cohorte de religieux et de
fonctionnaires — parmi eux, et peut-être en première place, Juan de
Matienzo, dont s’est directement inspiré le vice-roi, on nous le montre.
[2] G o b ie r n o d e l P e r ú

A cette époque, les idées généreuses de Las Casas n’ont plus, certes, leur
influence d’antan, même en métropole : après la rébellion pizarriste, le Roi
n’a rétabli son autorité au Pérou qu’au prix d’un compromis qui a consacré
leur abandon, comme l’ a bien vu Marcel Bataillon (1), tandis que se mani­
festent déjà les premiers symptômes de la mentalité des « Espagnols améri­
cains », fils ou héritiers des conquérants, et qu’on va bientôt assister à la
naissance d’une « conscience créole » en Amérique espagnole. Tout en défen­
dant, de par ses fonctions, les intérêts de la Couronne, Matienzo croit à la
nécessité de composer avec le milieu et ne laisse pas d’être influencé par
les points de vue des Espagnols des Indes — lorsqu’il recommande par
exemple l’ implantation de seigneuries (aux droits limités, bien sûr) et la
perpétuité des encomiendas, ou bien qu’il défend et tend à faire reconnaître
telles prérogatives que se sont arrogées les mineurs et nouveaux propriétaires.
A vrai dire, si la seconde partie du Gobierno del Perú a une valeur his­
torique, politique et juridique, justement soulignée, en nous faisant mieux
connaître la mise en place de la solide administration vice-royale, la première
partie de l’œuvre est peut-être plus originale, voire plus profonde. Elle
traite, en effet, de Vorganisation du monde indigène au niveau des commu­
nautés villageoises, paroisses et encomiendas, en particulier dans leurs
rapports avec les grandes mines ou les domaines (chácaras) des Espagnols,
c’est-à-dire d’ institutions locales et cadres sociaux si solidement structurés
vers cette époque qu’ une partie d’entre eux, résistant aux transformations
de plus en plus rapides des X I X e et X X e siècles, sont bien reconnaissables
aujourd’hui pour Vethnologue et même le simple observateur.
Les projets de réglementation de cette première partie, loin d’être théo­
riques, comme certaines lois des Indes élaborées dans des bureaux, sont au
contraire adaptés de très près au milieu, toujours évoqué ou décrit dans les
propositions de / ’oidor, qui cherche habituellement à mieux contrôler des
états de fait. Car Matienzo connaît bien les régions vitales du pays, depuis sa.
résidence de l’Audience des Charcas ; lorsqu’ il rédige, il a déjà enquêté sur
le travail des Indiens à Potosí et Porco ; il a instruit un « jugement de rési­
dence » à Cuzco ; il a habité ou parcouru les zones les plus peuplées de la
sierra, et il a même eu des entretiens avec le descendant à demi insoumis de
VInca, dans les montagnes de Vilcabamba...
C’ est ainsi que nous avons, souvent de première main, une foule de ren­
seignements sur le fonctionnement des encomiendas, sur les diverses sortes
de mitas — ces services de travail principalement dans les mines — sur les
tributs et redevances, Vimplantation du système de tutelle des Indiens consi­
dérés comme mineurs d’ âge, les différentes catégories de travailleurs indi*

(1) M. Bataillon, La rébellion pizarriste, enfantement de VAmérique espagnole, Diogène,


43, juillet-septembre 1963, p. 47-63. Cf. du même auteur, Origines intellectuelles et reli­
gieuses du sentiment américain en Amérique latine, Annuaire du Collège de France, LU I,
1953, p. 277-284 (développé dans une conférence inédite donnée à l’ Institut français de
Mexico).
A v a n t- propos [3]

gènes, hatunrunas, tindarunas, yanaconas... etc., utilisés et organisés


plus ou moins spontanément par les conquérants en fonction de leurs nou­
veaux besoins.
Pour prendre le bref exemple des yanaconas employés par les maîtres et
propriétaires espagnols, nous constatons que Matienzo décrit et propose de
légaliser en le contrôlant un système de travail qui existe encore très souvent
dans les haciendas du haut Pérou (notamment dans la sierra de Trujillo,
où nous l’avons reconnu sous le même nom, troqué ailleurs pour celui de
colonos... etc.). L ’Indien yanacona est astreint à cultiver une partie de la
semaine les terres du propriétaire, sur lesquelles il a l’obligation de résider ;
en échange, il reçoit à perpétuité dans le domaine un lopin de terre qui ne
peut lui être enlevé et il jouit d’ une certaine protection de la part du maître
— situation assez semblable à celle des « serfs chasés » du Moyen Age.
Matienzo reconnaît au maître le droit de punir « modérément » ses yanaconas,
qui restent attachés au domaine lorsqu’ il est vendu, comme en Espagne les
vasallos solariegos, précise notre oidor (chap. VIII) .
De même, les populations du haut Pérou ont été habituellement regroupées
en villages, bâtis, comme nos anciennes « villes neuves » et « bastides » de l’Eu­
rope méridionale, autour d’ une place centrale qui, aujourd’hui encore, offre
souvent la disposition préconisée par Matienzo dans un curieux dessin : église,
maison du conseil, prison... etc. (chap. X I V ) . Cette « urbanisation »-type
n’est d’ailleurs que la forme extérieure la plus visible, la coquille si l’on veut,
d’ une société largement remodelée au X V I e siècle, en particulier dans ses
structures religieuses et même agraires.
Arrêtons là les exemples, en notant aussi les limites du Gobierno del
Perú comme témoignage et source historique. Matienzo a un but essentiel­
lement pratique, qui est d’ informer le roi en vue de mieux administrer, de
conserver et développer la vice-royauté. Il n’y a donc pas lieu de s’étonner
qu’ il ne manifeste point de curiosité excessive pour les anciennes civilisations
indigènes, à l’égard desquelles il poursuit une politique d’assimilation en
cherchant à les hispaniser. Enfin, son souci de ne pas donner d'arguments
aux Las Casiens (tenus encore par les encomenderos et colons comme
l’ennemi numéro un) explique peut-être qu’ il n’ait pas insisté sur le phé­
nomène essentiel que représente la diminution de la population indigène,
tout en donnant d’ailleurs des chiffres intéressants sur cette population, pour
l’époque où il écrit. Mais cette récession démographique est fort mal connue
et il n’est pas impossible que, dans toute son ampleur, elle ne soit un peu
plus tardive au Pérou.
Il n’en reste pas moins que le Gobierno del Perú offre un grand intérêt
à beaucoup d’ égards, comme le montre bien Lohmann Villena, et pas seu­
lement, certes, dans le domaine de Vethnohistoire sur lequel nous venons
d’ insister. Ainsi, Juan de Matienzo n’occupe-t-il pas encore, on nous le dit,
la place qui lui revient dans l’historiographie hispano-américaine. La cause
en est sans doute dans l’ impression si hâtive, sous le titre de son œuvre
[4] G o b ie r n o d e l P e r ú

essentielle, d’une sorte de long « digest » rédigé (pour qui ?) tantôt en style
télégraphique, tantôt en longues phrases reproduites sans la ponctuation
moderne, peu compréhensibles parfois, avec beaucoup de lectures défec­
tueuses, surtout des mots quechuas.
La présente publication s’ imposait donc. Nous la devons à la compétence
de Guillermo Lohmann Villena, dont l’étude préliminaire a été traduite par
B. Lavallé et M me Jean Piel, à l’intérêt qu’a bien voulu y prendre Marcel
Bataillon et à la générosité de la Direction générale des A ffaires Culturelles
et Techniques du Quai d’ Orsay, qui en a assumé les frais. Qu’en ce quatrième
centenaire de l’achèvement du Gobierno del Perü (1567-1967) ils trouvent
ici tous nos vifs remerciements.

François C h e v a l i e r .
ÉTUDE
PRÉLIMINAIRE

par

G u il l e r m o LOHMANN VILLENA
Directeur de la Bibliothèque Nationale du Pérou
TABLE DE L ’ÉTUDE PRÉLIM INAIRE

I — L’E nvironnement . . ........................................................ v


1. La décennie 1560-1570 : incertitude et expectative vi
2. Les formes de la critique............................................. x
3. La curiosité envers le monde autochtone ............. xm
4. Anatomie de la « République des Espagnols » . . . . xvn
5. Le « Gobierno del Perú » emblème et synthèse
d’une période de l’histoire........................................... xxi
II — L’H omme ............................................................................. xxm
1. Les esquisses biographiques ....................................... xxm
2. La formation d’un magistrat....................................... xxiv
3. « ...A ver si mudando mundo y tierra mejorarla mi
suerte... » ....................................................................... xxvi
4. « ...Las cosas de este reyno del Pirú... » ................. xxvn
5. Des illusions au désenchantement ............................ xxx
6. « ...El andar a derechas aprovecha poco en esta
tierra... » ......................................................................... xxxi
7. L’apogée : années de plénitude ................................ xxxvi
8. Le déclin ......................................................................... xlii
9. La famille et la descendance....................................... xlvii
III — L’Œuvre ............................................................................. l
1. Les textes scientifiques ............................................... li
2. Les écrits politiques .................................................... liii
3. Exégèse du « Gobierno del Perú » : valeur et
contenu ........................................................................... lvii
4. Genèse et vicissitudes de l’œuvre.............................. lxiii
5. La présente édition ...................................................... lxviii
I — L’ENVIRONNEMENT

Les œuvres à caractère doctrinal ou politique, comme constructions


conceptuelles, sont forcément tributaires du climat idéologique qui les
a vu naître ; elles comportent, parallèlement, une expression définitive
de la pensée de leur auteur, dont elles nous révèlent la mesure exacte.
Si nous voulons comprendre la genèse du Gobierno del Perú et apprécier
comme il faut la signification de cette étude intégrale des institutions
politiques et juridiques de la Vice-royauté péruvienne, force nous est
de reconstituer, au moins schématiquement, les contours de l’époque
dans laquelle l’ œuvre du Licencié Matienzo a été écrite, ce traité où
les idées et les événements s’entrecroisent en une harmonieuse synthèse
de doctrines, inégalée jusqu’à la parution de la monumentale Política
Indiana de Solórzano Pereira.
Il est indispensable d’indiquer préalablement la trame sur laquelle
le Gobierno del Perú est ourdi. A peine a-t-on pénétré dans ce traité
juridico-politique rédigé dans la septième décade du x v ie siècle, qu’on
perçoit, toute proche, la rumeur des affrontements qui agitèrent la vie
publique de la Vice-royauté, et qu’on constate — ombre ou lumière —,
présence de personnages illustres avec lesquels notre auteur put nouer
de bonnes relations personnelles, et celle d’autres qu’il considéra comme
des adversaires : tels Las Casas ou le Gouverneur Garcia de Castro, des
experts en questions du passé péruvien, comme l’ Evêque Santo Tomás,
les Licenciés Bravo de Saravia, Polo de Ondegardo et Hernando
de Santillân... ; il partage si intimement leurs préoccupations sur les
problèmes du Pérou, qu’ on ne peut comprendre vraiment l’ œuvre de
Matienzo si l’on néglige de la projeter sur son environnement historique.
Par une fatalité singulière, on ne connaissait jusqu’à présent qu’une
version défectueuse et incomplète du livre de ce magistrat de 1’ Audiencia
de Charcas. Malgré ce handicap, son mérite exceptionnel s’est imposé
de lui-même, et ce texte est unanimement considéré aujourd’hui comme
une source fondamentale pour l’interprétation des aspects sociaux,
politiques et économiques du Pérou du x v ie siècle, alors en plein processus
de leur formation institutionnelle. A cet égard, il convient de préciser
VI G o b ie r n o d e l P e r ú

que Matienzo — comme León Pinelo et Solórzano Pereira au siècle


suivant — vécut les problèmes du pays ; en conséquence, le Gobierno
del Perú, au même titre que les dissertations des deux auteurs que l’on
vient de citer, loin d’ être une simple digression de caractère spéculatif,
apparaît comme le fruit d’ une expérience personnelle et le reflet authen­
tique de la réalité, comme l’œuvre d’ un homme qui observe le milieu
dans lequel il se trouve placé. La monographie qui nous occupe est donc
comme la clé de voûte qui mène de l’ étude doctrinale et érudite — c’est-à-
dire de l’ utopie — à l’application pragmatique sur le plan de l’action
politique, donc sur celui de la réalité la plus urgente.
Pour conclure ces indispensables considérations préliminaires, qu’il
nous soit permis d’ajouter cette précision : la familiarité qui s’établit
normalement entre le biographe et son personnage conduit — parfois
involontairement — à faire de celui-ci l’homme le plus remarquable de
son époque, l’inspirateur méconnu d’événements capitaux. Tel n’est
pas notre propos : Matienzo est un auteur qui se passe fort bien de
panégyrique. Il n’a nul besoin de louanges, plus ou moins forcées, pour
occuper la place privilégiée qui lui revient dans la hiérarchie des valeurs
historico-littéraires de son temps.
Une ultime remarque : il était impossible de faire tenir dans les
pages qui suivent un exposé des idées politiques et d’énumérer l’une
après l’autre les innovations et les réformes proposées par Matienzo.
Nous aspirons seulement à introduire le lecteur dans cette grande œuvre
— désormais accessible dans son texte originel et authentique — comme
un miroir sur lequel viendront se refléter les réactions et la mentalité
du juriste et du politique face aux problèmes du moment. Nous voudrions
surtout aider à bien saisir les points de vue et l’attitude de l’auteur
devant la conjoncture contemporaine, prise dans son ensemble. Ortega
y Gasset a fait remarquer que chacun de nous se trouve devant la réalité
dans la même situation que les spectateurs au théâtre : tous croient
contempler la même scène, mais chacun la voit d’ une place difïérlhte,
donc avec une partialité jusqu’à un certain point inévitable. Ainsi les
pages de ce livre reflètent l’optique du magistrat; il faudra confronter
ses jugements avec ceux des hommes d’ Etat, économistes, militaires,
religieux, fonctionnaires, et même avec les critiques ingénues d’ obscurs
citoyens ou de chimériques arbitristas, pour pouvoir se faire une idée
valable de la réalité vivante de cette époque.1

1. L a d é c e n n ie 1560-1570 : in c e r t it u d e e t e x p e c t a t i v e

Pendant le gouvernement du troisième Vice-roi, don Andrés Hurtado


de Mendoza, Marquis de Cañete (juin 1556-septembre 1560), les institu­
tions coloniales semblaient s’être définitivement consolidées : les menaces
de rébellions et d’émeutes s’étaient dissipées, les structures sociales
E t u d e p r é l im in a ir e VII

étaient plus fermes ; l’implantation d’institutions politiques et fiscales,


enfin, donnait à penser que, dans cet horizon ouvert et ces perspectives
de stabilité, l’Etat atteindrait rapidement ces buts qui justifient sa raison
d’ être (1).
Et voilà que, brusquement, l’on se trouve au carrefour de deux
périodes nettement différenciées : l’ère de prospérité qui s’annonçait
vers 1560 se disloque, et c’est une période de crispation et d’inquiétude
qui s’ouvre avec la septième décade du x v ie siècle. Entre les deux-dates
extrêmes (fin du gouvernement du Marquis de Canete et début de celui
de Toledo), on voit surgir une foule de mémoires, rapports, traités,
relations, sur les problèmes brûlants de la Vice-royauté, dont quelques-
uns, très documentés sur divers aspects du passé pré-hispanique, consti­
tuent des sources historiques irremplaçables. Soudain le Pérou tout entier
est ébranlé dans ses bases politiques, idéologiques, éthiques. Tout
— société, gouvernement, Eglise, système des rapports avec la popula­
tion indigène, structures économiques — accuse un bilan négatif et se
trouve mis sur la sellette. De toutes parts le doute systématique éclate ;
le Pérou connaît un tournant crucial, une de ces conjonctures que les
philosophes nomment apories.
Est-ce un hasard ? Peut-être. Cette décennie, cependant, livrée à
l’activité imaginative, présente un caractère bien particulier, et sollicite
par là même notre cüïiosité qui peut être féconde. Pourquoi de toutes
parts et au même moment, cette floraison de documents polémiques
sur les questions économiques et sociales, dont certains, par la profondeur
de l’analyse, sont uniques en leur genre ? (2).
Tous ces textes témoignent de la même préoccupation : comment
mettre à l’unisson la collectivité espagnole et la collectivité ipdigène,
de telle sorte qu’ensemble elles puissent réaliser le bien général ? Pour
cela, on cherche anxieusement à interpréter le présent en vue d’une
transformation urgente.
Prise de conscience aiguë, analyses « en profondeur », prurit de
réforme et aspiration à une régénération, tout cela annonce et prépare

(1) Le tableau tracé par Sánchez Bella dans son étude sur « El Gobierno del Perú —
1556-1564 », dans Anuario de Estudios Americanos (Sevilla, 1960), X V II, p. 407-524,
présente beaucoup d’ombres et n’ est pas aussi net. Nous ne pouvons tenir compte des
motivations internes de la conduite du Marquis de Cañete, et nous devons nous contenter
seulement de ses résultats concrets. Ce sont eux qui en définitive dessinent le profil de la
période.
(2) Dans l’état actuel de nos connaissances, et abstraction faite de la brève existence
du Mercurio Peruano (1791-1794), nous ne retrouvons qu’ une époque semblable au cours
de la Vice-royauté : les dix ans du gouvernement d’Abascal. Le climat d’inquiétude et
la nécessité de l’ analyse critique se manifestent alors par des œuvres comme les Observa­
ciones sobre el clima de Lima, de Unanue (1806) ; le « Discurso sobre la preferencia de los
Americanos », de Mariano Alejo Alvarez (1808) ; le Plan del Perd, de Vidaurre (1810) ;
l’avis sur les causes des troubles en Amérique, de Baqufjano y Carrillo (1814) ; le projet
de nomination d’enquêteurs chargés d’identifier les raisons de l’instabilité politique, de
Mariano Tramarria, et la Manifestación histórica y política de la revolución de América,
de Riva-Agüero (toutes deux de 1816). Il est évident qu’un élément inconnu du x v i1 *8
2
siècle — la presse — a contribué à amplifier ce climat d’inquiétude en ce début du x ix 8
siècle.
VIII G o b ie r n o d e l P e r ú

le nouvel ordre qu’instaurera don Francisco de Toledo, ordre qui, à


quelques détails près, restera en vigueur jusqu’aux réformes des Bourbons.
Alors, l’autocritique sévère et l’inquiétude morale — qualités spé­
cifiques du génie espagnol selon Menéndez Pidal (1) — réapparaissent
au premier plan. Le courant d’introspection qui s’empare des hommes
politiques, législateurs, théologiens et juristes débouche sur la formula­
tion anxieuse des problèmes capitaux posés par le respect de la personne
humaine face à la servitude, par la condition juridique de la main-
d’œuvre autochtone, et les rapports des indigènes avec leurs encomenderos.
Le climat d’angoisse qui en résulte atteint son point culminant lors du
refus de l’absolution sacramentelle à nombre de conquistadores et de
possesseurs de fiefs. Poussés par l’inquiétude et le remords, ceux-ci vont
alors rivaliser non plus d’exploits guerriers mais d’actes de réparation
éclatants, manifestant ainsi de la manière la plus dramatique cette
intense aspiration à l’éternel propre au caractère espagnol (2).
De 1560 à 1570 l’ardeur critique pousse toujours plus loin l’analyse
des groupes sociaux qu’il s’agissait d’intégrer dans les cadres de la
civilisation chrétienne. L’essence même de l’entreprise menée par la
Couronne et les moyens qu’elle utilise : autorités civiles, hiérarchie
ecclésiastique, encomenderos, doctrineros, sont remis en question par ce
courant de controverse collective. On s’interroge même sur les principes
cardinaux de la politique des Indes et sur les méthodes que l’action
missionnaire emploie parmi les populations aborigènes.
Ce n’est pas un pur hasard si à ce moment même on envoie au Pérou
les Pères Luis Zapata et Juan del Campo comme Commissaires généraux
de l’ordre franciscain et Diego de Osorio pour les dominicains, et un
Visiteur général, le Père Diego de Angulo, pour les frères de la Merci.
A travers ces questions, ces impatiences nées de la délicate situation
de la Vice-royauté du Pérou, tenue en fin de compte pour la plus impor­
tante du Nouveau Monde, se dégage en dépit des retards et des hésitations
une seule orientation : connaître intimement les couches profondes du
pays afin de formuler un diagnostic précoce.
Quels éléments obscurs, quelles circonstances politiques, quelles
crises spirituelles ou idéologiques, ont permis par leur conjonction la
naissance de ce courant autocritique ? Il est révélateur que ce changement
de mentalité ait été perçu par un critique autorisé dans le domaine
littéraire comme spécifique de la génération de 1564 (3).
Pourquoi remet-on radicalement en question tout ce passé ? S’agit-il
d’un bilan final après la tourmente d’ un quart de siècle d’anarchie,1 3
2

(1) Voir le prologue à l ’œuvre Colonización española en América. Anuario de la Asocia­


ción Francisco de Vitoria (Madrid, 1960), X I I I , p. 6.
(2) Nous avons exposé cette question dans notre travail « L a restitución por conquis­
tadores y encomenderos : un aspecto de la incidencia lascasiana en el Perd », dans Anuario
de Estudios Americanos (Séville, 1966), X X I I I p. 21-89.
(3) Cf. Arrom , « Esquema generacional de las letras hispanoamericanas », dans Thésau­
rus, Boletín del Instituto Caro y Cuerpo (Bogotá, 1961), X V I , n ° 1, p. 25-35.
E t u d e p r é l im in a ir e ix

ou de l’adieu nostalgique à ce temps révolu ? N’est-ce pas plutôt l’aspi­


ration à la réalisation d’un état de bonheur et de liberté qui semblait
jusque-là du domaine de l’utopie ? Est-ce un écho de l’inquiétude créée
par la pression de la première génération de créoles qui surgit, assoiffée
de pouvoir, pour réclamer sa place dans le concert social ? On enregistre
des mouvements analogues en Nouvelle Espagne. Nous trouvons-nous
devant une conséquence de la réaction provoquée par les conspirations
de la population autochtone (1) ; une prise de position devant le défi
qu’impliquerait alors le taquioncoy — croisade teintée de mysticisme
qui se propage chez les Indiens (2) ? S’agit-il de la manifestation d’un
trouble qui se répand chez quelques vecinos respectables du Cuzco et
Potosí (3), ou d’une réponse aux tentatives de mutinerie des métis et
des plébéiens qui fermentent au cœur même de Lima et Cuzco (4 )?
Est-ce un réveil devant la hardiesse croissante des curacas qui, utilisés
par les tonsurés dans leur campagne contre la perpétuité des encomiendas,
sont poussés sur la scène politique ?
Sans doute faut-il tenir compte d’autres éléments pour expliquer
la naissance et le développement de la critique : le marasme économique
né de la taxation stricte du tribut fourni aux encomenderos, la chute
verticale de la production d’argent à Potosí vers 1566 à cause du manque
de main-d’œuvre et de l’épuisement des filons les plus riches, et même
la diminution du nombre des vassaux attirés des encomiendas vers les
villes et les industries.
Ne peut-on penser que cette inquiétude révèle la lutte sourde de
l’aristocratie issue de la conquête pour conserver ses privilèges contre
la couche de fonctionnaires venue de l’extérieur pour se substituer à elle ?
Ou qu’elle naît, une fois dissipé le mirage de la perpétuité des encomiendas
et de la création d’une société hiérarchique et paternaliste, de l’intégration
à contre-cœur des anciens aristocrates dans les cadres imposés par l’Etat ?
Quelles tensions sociales ou quels mouvements démographiques prétend­
on détourner par la création de nouvelles villes à l’époque du Comte
de Nieva ?
Du jour au lendemain on découvre l’existence de deux sociétés
totalement différentes dont l’une constitue, après plusieurs années de

(1) L a création d ’autorités propres aux indigènes est à cet égard sym ptomatique.
Cf. Lohmann Villena, E l Corregidor de indios en el Perú bajo los Austrias (Madrid, 1957),
Livre Premier, Chapitres I à IV .
(2) Cf. Millones « Un m ovimento nativista del siglo x v i : el taki onqoy », dans Revista
Peruana de Cultura (Lim a, 1964), n ° 3, p. 134-140, et du même auteur « Nuevos aspectos
del taki onqoy », dans Historia y Cultura. Organo del Museo Nacional de Historia (Lim a,
1965), I, num. 1, p. 138-140.
(3) Dans un procès intenté pour sédition en 1561 sont impliqués des vecinos aussi
importants que Pedro de Avendafio, Pedro de Córdoba, Jerónimo Luis de Cabrera, Juan
Ram írez Segarra, Rodrigo de Esquivel et A m a o Segarra. Archivo General de Indias
[Dorénavant A .G .I .] . Justicia, 1088, R am o 4.
(4) Comp. López Martinez, « U n m otin de mestizos en 1567 », dans M ercurio Peruano
(Lim a, 1962), X L I I I , n ° 4 19, p . 114-119, et « U n m otin de mestizos en el Perú (1567) »
dans Revista de Indias (Madrid, 1964), X X I V , n ° 9 7 -9 8 , p. 367-381.
X G o b ie r n o d e l P e r ú

vie côte à côte, un monde d’inconnues qu’il s’agit de déchiffrer. Eprouve-


t-on alors un sentiment d’ échec dans l’évangélisation des autochtones
et sent-on la nécessité de nouvelles méthodes ? Nous sommes peut-être
en présence de ce sentiment d’insécurité dont Castro fait l’une des pré­
misses de l’interprétation de l’histoire d’ Espagne (1) ?
La Vice-royauté faisant partie du dessein global de la Monarchie,
il faut aussi retourner à la source. L ’atmosphère de chaos général n’est-
elle pas liée à la grande récession des premières années du règne de Phi­
lippe II et à la grave crise financière de 1565 ? Correspond-elle au renfor­
cement absolutiste de la politique philippienne vers 1568 qui, se mani­
festant dans tous les domaines, se signale par le durcissement en Flandres
et la rébellion des Alpujarràs (2) ? Le processus de décomposition po­
litique amorcé sous le Comte de Nieva et révélé par la détérioration
de l’autorité du Gouvernement Garcia de Castro a sans doute catalysé
le mouvement du Pérou.

2. L es f o r m e s d e l a c r it iq u e

Personne ne s’est encore arrêté suffisamment sur cette période


historique, significative et complète, qui s’étend approximativement
de 1560 à 1570 (3), et cette carence est grave. En effet, du point de vue
de l’historiographie péruvienne on ne peut ignorer qu’à ce moment là
sont élaborés des ouvrages inégalés, tant par la densité de leur information
que par la rigueur analytique et la hauteur de pensée dont ils témoignent.
D ’autre part la connaissance intime du climat idéologique de la Vice-
royauté en cette période est indispensable pour comprendre l’écho du
Gobierno del Perú à tous les niveaux.
Jetons d’abord, à l’appui de ce que nous affirmons sur la conjoncture
exceptionnelle de cette décennie, un coup d’œil sur les pièces les plus
représentatives du courant critique. Nous ne nous attarderons pas sur
tout le matériel d’information contemporain : rapports bureaucratiques
de routine et textes législatifs rocailleux, ni sur les écrits mineurs, mais
seulement sur les documents typiques de la pensée d’ un secteur social :
reflets de l’état de l’opinion publique et symboles d’ une préoccupation
générale grâce à la personnalité de leur auteur. Telle la « Relación de
cómo los españoles entraron en el Pirú » publiée sous le nom de Don

(1) España en su historia (Buenos Aires, 1948), Chapitre I.


(2) Voir grands traits de cette évolution dans l ’ouvrage de Reglá Felip I I i Catalunya
(Barcelone, 1956), p. 181-182, et du même auteur « Política de Carlos V en Cataluña;»,
dans Carlos V — Homenaje de la Universidad de Granada (Granada, 1958), p. 270.
(3) L ’intuition littéraire de Azorin imagine aussi à partir de 1560 la série de tableaux
qui a constitué, sous le titre Una hora de España, son discours de réception à la Real
Academia de la Lengua (1924).
E t u d e p r é l im in a ir e xi

Diego de Castro Titu Cussi Yupanqui et en fait rédigée par l’augustin


Fray Marcos Garcia ; tels d’autres écrits contemporains du même genre.
E% fait, la vague critique qui submerge cette décennie s’étend suivant
trois directions, dans lesquelles on retrouve le même souci de démonter
les éléments constitutifs du complexe social-économique et administratif,
pour y rencontrer l’ origine du dérèglement actuel.
a) La tendance rétrospective tournée vers l’ethnohistoire préhispanique
pour y découvrir à la fois l’ancienne organisation politique et sociale
et les vieilles croyances. On pense ajuster ensuite les nouvelles structures
éthiques et juridiques à cette mentalité vétuste et coutumière retrouvée,
et d’autre part intégrer certains éléments autochtones à ces structures
d’origine européenne.
b) L ’orientation méditative ou révisionniste. Les auteurs examinent
l’état politique de la Vice-royauté et les causes du malaise. Ils s’attaquent
en particulier au problème de la perpétuité des encomiendas, posé de
façon impérative par la mort des premiers bénéficiaires de ces « grâces ».
La partie du courant critique qui allume le foyer lascasien est directement
issue de ces problèmes dans la mesure où elle remet en cause les fonde­
ments mêmes de l’action menée par l’ Espagne comme puissance conqué­
rante. De sorte que dans la conscience des Espagnols de la Contre-
Réforme, face à l’idée profondément enracinée qu’ils sont les agents de
la Providence dans la lutte entre le Bien et le Mal, surgit un doute inquié­
tant qui exige une réponse satisfaisante, car là se joue le salut de l’âme.
Au Pérou cette controverse prend un relief particulier car elle se mêle
au problème de la politique à mener face au noyau rebelle des Incas
de Vilcabamba. Ceux-ci traitent quasi d’égal à égal les représentants de
Philippe II, le monarque sur l’empire de qui le soleil ne se couchait
jamais. La conclusion de ce débat acharné devait être l’enquête exhaus­
tive de Toledo lors de sa «visita», car il veut accréditer que les Incas
n’ont jamais été les veri domini de leurs domaines et de leurs terri­
toires (1). Sarmiento de Gamboa le complète dans son Historia Indica,
et à leur tour les chroniques de Diego de Trujillo et Pedro Pizarro
répondent au même besoin de recherche quant aux événements relatifs
à la conquête et aux guerres civiles.
c) Finalement, le biais constructif. Devant l’accumulation de facteurs
négatifs — autorités et magistrats vénaux, ecclésiastiques dénués de
vertu et de zèle apostolique, encomenderos spoliateurs, curacas pervertis,
population indigène dans l’anarchie, législation inefficace —, un courant
idéaliste veut transformer ce relâchement général en utopique Arcadie.

(1) Levillier, Don Francisco de Toledo, Supremo Organizador del Perú. (Buenos Aires,
1940), II, p. 3-204.

2
XII G o b ie r n o d e l P e r ú

Dans cette perspective deux tentatives majeures se détachent : pour


le domaine spirituel, le deuxième Concile de Lima (2 mars 1567-21 janvier
1568) manifeste Tardent désir d’implanter la Cité de Dieu (1), et, pour le
politique, le traité du meilleur Gobierno del Perú du Licencié Matienzo
ébauche une république platonicienne.
Pour mieux cerner la période historique qui préside à l’élaboration
de l’œuvre du perspicace Oidor des Charcas, il ne faut pas oublier à
l’entrée de cette décennie l’ événement capital que constitue la mission
des Commissaires de la perpétuité, dont les instructions datent du 23
juillet 1559. Quant aux événements majeurs de la période, 1565 marque
la fondation de l’ Hôtel des Monnaies à Lima, première sur le territoire
de la Vice-royauté du Pérou ; en 1568 Pie V communique au Nonce de
Madrid, Gian Battista Castagna, les célèbres instructions concernant le
traitement des indigènes d’Amérique ; 1567 marque le début de la visite
décisive au Conseil des Indes de Juan de Ovando. Elle allait conduire
à une administration efficace, appropriée à la législation que le talent
exceptionnel de ce ministre de Philippe II avait imaginée (2).
La convocation de la Junta Magna en 1568 (où il n’est pas impossible
qu’on ait connu le manuscrit de Matienzo), témoigne de façon éloquente
de la pensée de la Métropole sur l’état critique du Pérou. Les réformes
doivent aller au cœur des problèmes et non se limiter à l’implantation
de nouvelles Audiences (Charcas, Quito et Chili) (3), à la création de
sièges épiscopaux (Santiago du Chili et La Impérial), ou au réajustement
des doctrinas, à partir de la Cédule de 1567, aux normes du Real Patro­
nato (4).
Il nous appartient, une fois ce préambule formulé, d’énumérer
suivant leurs rubriques respectives les textes et documents intéressants
qui témoignent de ces trois courants. De cet ensemble se détache avec un
éclat particulier le Gobierno del Perú.

(1) Il n’est pas inutile de rappeler, ne serait-ce qu’en note, que de nombreuses dispo­
sitions adoptées à cette assemblée, notamment celles qui règlent la vie quotidienne des
indigènes, coïncident avec les suggestions de Matienzo : constitution de paroisses de 400
fidèles (Parte Segunda, Constitution 77) ; concentration en villages (80) ; interdiction
des pratiques de déformation crânienne (100) ; des actes de superstition que pratiquent les
indigènes lorsqu’ils se peignent ou se coupent les cheveux (101) ; répression de l’ ivresse
publique (108) ; domination de la masse populaire par l’intermédiaire des curacas (111) ;
hygiène de la vie domestique (112). Ce sont là autant de preuves de la sagesse et de la
perspicacité de l’ analyse de la réalité andine faite par Matienzo.
(2) Jiménez de la Espada, E l Código Ovandino (Madrid, 1891), et Schâfer, E l Consejo
Real y Supremo de las Indias (Sevilla, 1935), I, p. 129 et suivantes.
(3) Le Gouverneur Garcia de Castro pensait de la création des deux premiers tribu­
naux : « .. .que ha sido, sigún acá dicen, haber hecho en este Reino Castilla y Francia y
Portugal... ». Rapport du 12.1.1566. Levillier, La Audiencia de Charcas, I, p. 6 72, et
Gobernantes del Perú., I I I , p . 132.
(4) A rm as Medina, « Evolución histórica de las doctrinas de indios ». Anuario de
Estudios Americanos (Sevilla, 1952), I X , p. 124-126, et Cristianización del Perú (Sevilla,
1953), p . 126-127.
E t u d e p r é l im in a ir e x iii

3. L a c u r io s it é envers le monde autoch tone

Dans ce catalogue figurent des textes et des noms aux talents inégaux,
mais tous font partie des éléments indispensables à la connaissance
de la vie des indigènes au temps des Incas (1).
Malgré les recherches sur l’ époque incaïque effectuées déjà en 1559
par le Licencié Polo de Ondegardo (2), nous donnerons la première
place au dominicain Fray Domingo de Santo Tomás. En 1560 l’impression
de son Lexicón... et de sa Grammática o Arte de la Lengua general...
établit par l’approche du runa simi les premières bases de la compréhen­
sion du monde culturel autochtone (3). La même année voit la naissance
de la « Relación de la religion y ritos del Perú » faite par les premiers
augustins qui sont venus dans la Vice-royauté (4), et l’établissement
du premier recensement général de la population indigène que l’on
connaisse, selon une disposition du Marquis de Cañete (5). Quoique
datant d’environ un lustre, les renseignements uniques contenus dans
deux rapports établis respectivement dans les régions de la côte et de
la Cordillère du Pérou, sont seulement mis en circulation dans ces années.
C’est la « Relación general de la disposición y calidad de la provincia
de Guamanga, llamada San Juan de la Frontera, y de la vivienda y
costumbres de los naturales de ella », recueillie en 1557 par le Visitador
Damián de la Bandera (6) et la « Relación y declaración del modo que
este valle de Chincha y sus comarcanos se governavan antes que hobiese
Ingas, y después que los hubo, hasta que los christianos entraron en esta
tierra » signée en février 1558 par le Dominicain Fray Cristóbal de
Castro, vicaire au couvent de Saint Thomas, que son ordre possédait
à Chincha, et par le Corregidor Diego de Ortega Morejón (7).

(1) Nous nous empressons de préciser que nous ne pouvons tenir compte ici d’écrits
comme 1’ « Itinerario » du franciscain Fray Marcos Jofré ; le traité « D e ritibus indorum »,
de son frère d’ordre, F ray Mateo de los Angeles ; les « Anotaciones » du frère de la Merci
P . Melchor Hernández, et d’autres dont l’existence n’ est pas clairement prouvée si ce n’ est
par des allusions de la Relación du Jésuite P . Luis López. Cf. Tres relaciones de antigüe­
dades peruanas (Madrid, 1879), p. 138, 139, 140 et 142-143.
(2) L e Père Cobo les a consultées. Cf. Historia del Nuevo M undo (Séville, 1892), III,
p. 116-117.
(3) Edition fac-similé de 1951 établie par l’ Institut d ’Histoire de l’ Université Nationale
Majeure de San Marcos (Lim a). Cf. aussi Cisneros « L a primera gramática de la lengua
general del Perú », dans Boletín del Instituto R ioa-Agüero (Lim a, 1 951-1952), I, p. 197-
264.
(4) A .G .I . Patronato, 192, N » 2 , R am o 6. Copie dans la Real Academia de la Historia.
Madrid. Collection Muñoz. Tom e L X X X V I I , fo l. 2 33-260. Publiée dans la Colección de
Documentos Inéditos de América y Oceania, I I I , p . 5 -5 8 , et la Colección de Libros y Docu­
mentos referentes a la Historia del Perú (L im a, 1918), I re série, X I , p . 3 -5 6 .
(5) Real Academia de la Historia. Madrid. Collection Muñoz. Tom e L X V , fol. 55.
Voir aussi infra, p . 109.
(6) A .G .I . Indiferente General, 1530. Jiménez de la E spada, Relaciones Geográficas
de Indias (Madrid, 1881), I, p . 9 8-103.
(7) Biblioteca de Palacio. Madrid. Mss. 616. Copie dans la Miscelánea de Ayala.
Tom e X X X I I , fol. 261-273. Publiée dans la Colección de Documentos Inéditos para la
Historia de España, L , p. 206-220 ; Colección de Libros y Documentes referentes a ta Historia
del Perú (Lim a, 1934), 2® série, X , p. 134-149, et Trimborn, Quellen zur Kulturgeschickte
des prâkolumbischen Amerika (Stuttgart, 1936), III , p. 236-246.
XIV G o b ie r n o d e l P e r ú

Vers cette même date des données de première main sont recueillies
par un chercheur anonyme. Elles sont connues seulement par une version
postérieure remaniée, la « Relación del origen e gouierno que los Ingas
tuvieron, e del que havia antes que ellos señoreassen a los indios deste
Reino, e de qué tiempo, y de otras cosas que al gouierno convenía,
declaradas por señores que sirvieron al Inga Yupangui, e a Topa Inga
Yupangui, e a Guaina Cápac, e a Guáscar Inga » (1).
Dès cette époque deux auteurs s’aperçurent du profit qu’ on pouvait
tirer de ces documents en en faisant les canevas de leurs traités. Tout
d’abord le Licencié Hernando de Santillán qui, vers le milieu de 1563,
travaillait à Madrid sa « Relación del origen, descendencia, política y
govierno de los Ingas » conformément au questionnaire proposé dans
la Cédula du 20 décembre 1553 (2). On reconnaît au début de son œuvre
le schéma du mémoire anonyme ci-dessus cité, et dans le texte on note
également des emprunts facilement reconnaissables aux deux premières
Relaciones.
Quelques années plus tard le même Fray Cristóbal de Castro ajoute
— selon le témoignage du chroniqueur Lizárraga (3) — le fruit de ses
enquêtes personnelles à ce même document, et élabore la version qui
nous est connue (4), en reprenant le fragment de la « Relación » de La
Bandera (5) concernant le passé indigène.
Dans les premiers mois de 1564 un religieux inconnu dédie à Juan
de Sarmiento, Président du Conseil des Indes, un « Parecer acerca de
la perpetuidad y buen gobierno del Perú y aviso de lo que deben hacer
los encomenderos para salvarse » (6). A cette même époque, comme le
prouve l’analyse interne du texte, le clerc Pedro de Quiroga donne, dans
ses quatre dialogues rhétoriques du Libro intitulado Coloquios de la Verdad
(7), une interprétation extrêmement pessimiste de l’état social du Pérou.

(1) A.G.I. Lima, 30.


(2) Biblioteca del Escorial. Ms. L-116-1-5, fol. 307-346. Dans Tres relaciones de anti­
güedades peruanas (Madrid, 1879), p. 3-133, et Colección de Libros g Documentos referentes
a la Historia del Perú. (Lima, 1927), 2e série, IX , p. 1-122.
Notons que la Cédule de 1553 a servi aussi de guide aux « Noticias particulares de la
Nueva España » de 1’ Oidor Alonso de Zorita.
(3) Descripción del Perú...., en N.B.A.E. (Madrid, 1909), X V , p. 520-a.
Meléndez donne dans ses Tesoros Verdaderos de las Indias (Rome, 1681), I, fol. 453-
454, des détails biographiques très révélateurs sur le P. Castro, mort vers 1572 ou 1573.
(4) Medina, La Imprenta en Lima (Santiago, 1904), I, p. 200-215 ; Colección de Libros
y Documentos referentes a la Historia del Perú (Lima, 1920), 2e série, III, p. 55-86, et Levil-
lier, Gobernantes del Perú, IX , p. 289-296.
(5) Nous n’entrerons pas ici dans des considérations heuristiques sur les influences
réciproques des sources historiques de cette époque, sujet traité par Wedin dans sa mono­
graphie El concepto de lo incaico y las fuentes. Studia Histórica Gothoburgensia (Uppsala,
1966), p. 55-73. L’ important est pour nous de les classer en tant que preuves d’une inquié­
tude. De pareils transferts, qui ne peuvent être qualifiés de plagiat vu l’ optique de l’époque,
révèlent l’ existence de cercles d’ esprits curieux qui étaient en rapport.
(6) A.G.I. Indiferente General, 1530. Reproduit partiellement dans Medina, op. cit.,
I, p. 222-231, et Colección de Libros y Documentos referentes a la Historia del Perú (Lima,
1920), 2« série, III, p. 145-164.
(7) Biblioteca del Escorial. Mss. j-K-15 ; copie à la Biblioteca de Palacio. Madrid.
Ms 846. Ed. par Zarco Cuevas, Biblioteca Colonial Americana (Séville, 1922), VIL
E t u d e p r é l im in a ir e XV

En ces mêmes années le Licencié Polo de Ondegardo compose ses


écrits massifs. Le premier parmi ceux qui nous sont parvenus doit être
« Instrvciôn contra las cirimonias y ritos que vsan los indios conforme
al tiempo de su infidelidad » (1), suivi du « Tratado y averiguación
sobre los errores y supersticiones de los indios » (2). L ’œuvre impropre­
ment intitulée « Informe al Licenciado Briviesca de Muñatones sobre la
perpetuidad de las encomiendas del Perú » composée selon les normes
de la Cédule de 1553, est datée du 12 décembre 1561 (3). Elle fait allusion
bien sûr à la « Relación sobre los adoratorios en los cuatro caminos que
salían del Cuzco » (4). La « Carta para el doctor Francisco Fernández de
Liébana » (5), objet d’attention particulière lors de la Junta Magna de
1568, et base essentielle de l’ entreprise de compilation de la législation des
indiens (6), doit se situer vers 1565. Le dernier de ces écrits est sans doute
la « Relación del linaje de los Incas y cómo conquistaron y acerca del
notable daño que resulta de no guardar a los indios sus fueros » (7). Bien
que daté ostensiblement de Cuzco, le 26 juin 1571, il remónte à une
époque antérieure, comme le montre l’analyse interne du texte.
L’anonyme « Discurso de la descendencia y govierno de los Ingas »,
qui eut le privilège non mérité d’être imprimé trois fois, remonte aussi
à ces années-là (8).

(1) Source de Murúa pour les chapitres que celui-ci consacre aux superstitions des
indigènes. Cf. Duviols « Les sources religieuses du chroniqueur péruvien F ray Martin de
Morúa », dans Etudes Latino-Américaines (Aix-en-Provence, 1962), I, p. 33-43 .
(2) Publiés pour la première fois dans le Confessionario para los coras de indios (Lim a,
M .D .L X X X V , et Séville, 1603), fol. 1-5 et 7 -1 6. Reproduits dans la Revista Histórica
(Lim a, 1906), I, p. 192-201 et 2 07-230, et Colección de Libros y Documentos referentes a la
Historia del Perú (Lim a, 1917), Ire série, I I I , p. 3 -4 3 et 189-203.
(3) A .G .I . Patronato, 188, R am o 2 2 . Dans Revista Histórica (Lim a, 1940), X I I I ,
p. 128-196.
(4) Cobo, op. cit., IV , p. 9-46 ; Colección de Libros y Documentos referentes a la Historia
del Perú (Lim a, 1917), I te série, I V , p. 1-43, et Valcárcel, Historia del Perú antiguo (Buenos
Aires, 1964), I I I , Appendice, p. 4 35-468.
(5) Nueva Colección de Documentos Inéditos para la Historia de España (Madrid,
1896), V I, p. 274-281, et Colección de Libros y Documentos referentes a la Historia del Perú
(Lim a, 1918), Ire série, IV , p. 153-160.
Il est fort possible que le porteur de ce document ait été un certain Juan Fernández
de Liébana, qui résida deux ans et demi dans le district de Charcas et qui regagna la
métropole en 1565, l’ année où son homonyme (et parent ?) quittait le Conseil des Indes
pour celui de Castille.
(6) Manzano, Historia de las Recopilaciones de Indias (Madrid, 1950) I, p . 2 0 et 84-85.
(7) Une copie contemporaine existe à la Biblioteca Nacional de Madrid. Manuscrits,
2821, fol. 1-77 v. Publiée dans la Colección de Documentos Inéditos de América y Oceania,
X V I I , p. 5-177, et Colección de Libros y Documentos referentes a la Historia del Perú (Lim a,
1917), Ire série, I II, p. 45-188.
Des fragments non suivis de cette Relation se trouvent dans le volume 3169, fol. 37-
60 de cette même Bibliothèque. Ils correspondent au texte qui va dans le volume 2821
du fol. 3 au fol. 28 v. On relève de légères variantes. D e toute manière la leçon la plus
sûre est celle du ms. 2821, dont la copie du m s 3169 comporte plusieurs blancs et omet
quelques épigraphes. Cette duplicité et ces mutilations ayant été ignorées, le texte infidèle
a été inséré dans la Colección de Libros y Documentos referentes a la Historia del Perú,
IV , p. 45-94.
(8) Biblioteca Nacional de Madrid. Mss. 2010, fol. 54-73. Dans Revista de Archivos
y Bibliotecas (Madrid, 1904), X I , p. 441- 451 ; Juicio de Límites entre el Perú y Bolivia
(Madrid, 1906), Prueba Peruana, V I I I , p. 149 -1 6 5, et Luna, E l Cuzco y el gobierno de los
Incas (Lim a, 1962), p. 26-51.
XVI G o b ie r n o d e l P e r ú

Dans le cadre que nous nous sommes choisi, il faut aussi noter les
« Antigüedades del Perú » de YOidor Melchor Bravo de Saravia (1) à
qui, vu son jugement éclairé, Cieza de León, soumit ses notes sur le
Señorío de los Incas (2). Notons aussi une « Instrucción para descubrir
todas las guacas del Pirú y sus camayos y haciendas » du Licencié Cris­
tóbal Carrillo de Albornoz, chanoine et vicaire général de l’ Evêché du
Cuzco (3).
Quatre œuvres encore, bien qu’écrites juste après la limite de la période
étudiée, témoignent du même état d’esprit : le « Compendio historial
del estado de los indios del Perú » du Bachelier Lope de Atienza (4) ;
le « Memorial que el Racionero Villarreal dió al Virrey Francisco de Toledo
de las costumbres que tenían y tienen los indios de los Reynos del Perú
y de la Nueva España y de cómo se podrían mejor gouernar y enseñar
en la religión Christiana », dont les très curieuses informations font un
écrit digne de sortir de son état d’inédit (5) ; la très célèbre « Relación
de las Fábulas y Ritos de los Incas » (ca. 1574) du P. Cristóbal de Molina,
rééditée tant de fois à partir du siècle dernier, et le mémoire sur l’origine
des monarques indigènes du Frère de la Merci P. Diego de Angulo (6).
Il faut ajouter pour finir aux témoignages précédents de l’acharne­
ment à connaître le passé les fameuses visites effectuées de 1560 à 1570
qui, abstraction faite de leur but, donnent par leurs enquêtes statistiques
une abondance de renseignements sur la vie des indigènes. Nous ferons
allusion seulement à celles de Huánuco de 1562 et de Chucuito en 1567,
rendues publiques par l’ édition (7), et à celle de 1566 effectuée par

(1) Le P . Juan de Velasco allègue quelques fragments dans son Historia del Reino
de Quito. Cf. Parte Primera, Libro 4 °, § 4, n° 14, et § 6, n° 2 ; et Parte Segunda, Libro I o,
§ 5, n ° 7 et 15, § 6, n» 2 ; Libro 2 °, § 10, n° 16 et Libro 5°, § 10, n° 1.
(2) C’est ce qu’il avoue à la fin du dernier Chapitre.
Le Comte de Nieva, ignorant peut-être que Bravo de Saravia avait étudié au Collège
Saint Clément à Bologne, fait allusion avec mépris à ses « medianas letras », mais il admet
qu’il était « persona de mucha yspiriencia en esta tierra y que tiene ya entendidas las cosas
de los naturales de ella ». Rapport du 1 0 .IX .1 5 6 3 . Gobernantes del Perú, I, p. 543 et 548.
(3) González Suárez l ’a consulté. Cf. son Historia General del Ecuador (Quito, 1890),
I, p. 130 n ., et 137 n.
II indique 1’Archivo General de Indias comme dépôt de ce document. Il en existe une
copie au Musée Jijón y Caamaño (Quito).
(4) Atienza se trouvait à Quito en juin 1560. Il figure sur un acte aux côtés du fran­
ciscain Fray Marcos Jofré, Provincial de son ordre et célèbre pour ses connaissances du
passé. Voir supra, note 1, p. x m . Voir l’ acte de publication des Constitutions synodales de
l’Evêché de Quito. A .G .I . Patronato 189. R am o 40. L ’écrit d’Atienza a été publié par Jijón
y Caamaño dans L a religión del Imperio de los Incas (Quito, 1931), Appendice I, p . 1-235.
(5) Biblioteca de Palacio. Madrid. Mss. 2850, fol. 291-315.
(6) L ’ écrit de ce religieux de Burgos abordait le sujet d’une façon « en algo diferente »
de ses devanciers. Il ajoutait des propositions sur la meilleure méthode pour enseigner
la religion, et sur l’utilité de la création de couvents de femmes indigènes. Voir sa lettre
datée de Lim a le 1 4 .III.1 5 7 5 . A .G .I . Lim a 270. Publiée par Barriga dans Los Mercedarios
en el Perú en el siglo X V I (Arequipa, 1939), II, p. 344.
(7) Iñigo Ortiz de Zúñiga, Visita de la Provincia de León de Huánuco en 1562 (H uánuco,
1967), p. 3-2 66 , et Espinosa Soriano, Visita hecha a la Provincia de Chucuito por Gard
Diez de San M iguel en el año 1567 (Lim a, 1964), p. 5-287.
E t u d e p r é l im in a ir e x v ii

VOidor González de Cuenca dans la juridiction de Trujillo et Cajamarca,


qui préfigure la grande inspection de Toledo (1).

4. A n a t o m ie d e l a « R é p u b l iq u e d e s E s p a g n o l s »

Ce cortège de documents joint, à l’analyse critique de l’état contem­


porain de la Vice-royauté, l’inquiétude de trouver de nouveaux schémas
de gouvernement selon deux courants : descriptif et polémique. Dans
le premier groupe s’inscrivent tous les textes de contenu politique dont
les auteurs, s’ils critiquent les déficiences de la réalité, en suggèrent la
réparation par toutes sortes de réformes et rectifications dans les struc­
tures existantes. Dans le second sont compris tous ceux qui abordent le
problème de la légitimité des titres et les questions éthiques et juridiques
qui en découlent.
Bien que le limpide Cuaderno du Comte de Nieva et des Commissaires
de la perpétuité des encomiendas occupe la première place vu la person­
nalité de ses signataires (2), il est avantageusement complété par l’écrit
du Licencié Santillán (3) sur le même sujet, et bien d’autres documents
n’ont rien à lui envier. Tout particulièrement l’éloquente mais impartiale
« Carta escrita a Su Magestad sobre los negocios de las Indias » (4),
qui malgré son titre ambitieux traite exclusivement du Pérou. Sous
l’anonymat on découvre à l’examen le Trésorier de Potosí, Diego de la
Cuba (5). Ce texte est suivi chronologiquement par T« Informe sobre
lo que es necesario al servicio de Dios y de Su Magestad en el Perú »
(27 avril 1561) du Franciscain Fray Francisco de Morales, où sont
concentrés vingt ans de résidence dans ce pays, enrichis par la connais­
sance du quechua (6). En 1562 l’Administrateur de l’Hôpital Saint André
de Lima, le Père Francisco de Molina, envoie au Roi, à l’évêque de Charcas
Santo Tomás, au Licencié Polo de Ondegardo et à d’autres correspondants
ses « Epístolas familiares » sur la perpétuité des encomiendas et la souf­
france des indigènes (7).

(1) Voir l’interrogatoire à l’A .G .I . Indiferente General, 532, Lib. I, fol. 334-339 v.
Le rapport à l’A .G .I . Lim a, 92. Lissón l’ a publiée dans La Iglesia de España en el Perú
(Séville, 1944), II, p. 329-343. Ces documents sont complétés par les Ordonnances sur le
m ontant du tribut, édictées à Jayanca, 2 9 .V III.1 5 6 6 . A .G .I . Patronato, 189, Ram o 11.
(2) A .G .I . Patronato, 1 88, R am o 30. Un extrait dans le Ram o 33. Publié dans la
Nueva Colección de Documentos Inéditos para la Historia de España, V I , p. 46-105, et dans
Gobernantes del Perú, I, p . 395-471.
(3) A .G .I . Patronato, 188, R am o 30. Publié par Levillier, L a Audiencia de Lima
(Madrid, 1922), I, p . 266-272.
(4) Nueva Colección de Documentos Inéditos para la Historia de España, V I , p . 218-259.
(5) A .G .I . Contaduría, 1801.
(6) A .G .I . Lim a, 313. Vargas Ugarte le reproduit dans son Historia de la Iglesia en
el Perú (Burgos, 1959), II, p. 529 -5 3 8.
(7) British Muséum, A d d . 1 3.9 9 2, fol. 2 24-233.
Il avait déjà fait connaître son opposition à la perpétuité dans une lettre datée de
Lim a 1 5 .IX .1 5 5 9 . A .G .I . Lim a, Lim a, 313.
XVIII G o b ie r n o d e l P e r ú

Vers la fin de 1563 le Dominicain Fray Bartolomé de Vega adresse


au Roi son apocalyptique « Memorial sobre los agravios que reciben los
indios del Perú » (1), qui fut incontestablement, comme l’a montré
Bataillon (2) l’événement qui incita Las Casas, frère d’ordre de l’auteur,
à écrire le traité connu sur le nom de Doce Dudas (3).
Le substantiel « Memorial para el buen asiento y gobierno del Perú »
(4), jusqu’ici inexploité, date de cette même fin de 1563. Très supérieur
au bruyant manifeste adressé par le Bachelier Luis Sánchez au Président
du Conseil de Castille le Cardinal Espinosa (5), il est remarquable par
la clarté et la prudence des réformes qu’il suggère. On peut de ce point
de vue le comparer au mémoire d’un tonsuré anonyme, les « Apunta­
mientos para el asiento del Pirú » (6). :;
Dans le présent inventaire les trois écrits qui font partie des pièces
de la visite au Conseil des Indes effectuée par Ovando ont leur place :
la déclaration du Licencié Cristóbal Ramírez de Cartagena (Madrid,
24.VII.1567), notable par l’abondance des problèmes abordés ; celle du
Licencié Diego Briviesca de Muñatones, Commissaire de la perpétuité
et visiteur de l’ Audience de Lima (Madrid, 12.X.1567), qui se remarque
par le sérieux de ses suggestions de réforme de la Vice-royauté, et enfin
le « Memorial sobre las cosas que tienen acabados a los indios » (Madrid,
2.1.1568) du franciscain Fray Francisco de Morales, important par les
innovations proposées tant dans le domaine politique que spirituel (7).
Les nombreux écrits de Diego de Robles Cornejo, connaisseur averti
du Pérou et particulièrement de la région de Charcas (8), comme le
« Memorial sobre el asiento del Pirú », « Proveimientos generales y parti­
culares del Pirú », « Memorial dado en 5 de abril de 1570 », « Apunta­
mientos para el acierto del Pirú y buen gobierno de los naturales »,
« Parecer sobre la perpetuidad de los indios », « Contra el Cuaderno que

(1) Nueva Colección de Documentos Inéditos para la Historia de España, V I , p. 105-131.


(2) « Les “ Douze questions" péruviennes résolues par Las Casas », dans Etudes sur
Bartolomé de Las Casas (Paris, 1965), p. 259-272.
(3) Biblioteca Nacional de Madrid. Manuscrits, 3.226, fol. 1-95. Dans la Biblioteca
de Autores Españoles (Madrid, 1958), C X , p. 478-536. Un extrait se trouve à l’A .G .I .
Patronato, 192, Número 2, R am o 12. Publié dans la Revista Histórica (Lim a, 1946), X V I ,
p. 137-150, et dans Los pequeños grandes libros de Historia Americana (Lim a, 1948), Série
I, X V , p. 95-119.
(4) Colección de Documentos Inéditos para la Historia de España, X C I V , p. 164-222.
(5) En date du 2 6 .V III.1 5 6 6 .
A .G .I . Patronato, 171, Número 1, Ram o 11. Publié dans la Colección de Documentos
Inéditos de América y Oceania, X I , p. 163-170.
(6) Ibid., X I , p. 48-55.
(7) British Muséum. A d d . 33983, foi. 1-20 v. ; 53-175, et 252-266 v. Cf. Peña y Cámara,
« Nuevos datos sobre la visita de Juan de Ovando al Consejo de Indias. 1567-1568 »,
dans Anuario de Historia del Derecho Español (Madrid, 1935), X I I , p. 425-438, et Reseña
y Trabajos del X X V I o Congreso Internacional de Americanistas (Madrid, 1948), II, p. 219-
234.
(8) Quelques-uns conservés à l’Archivo General de Indias ont été imprimés dans la
Colección de Documentos Inéditos de América y Oceania, X I , p. 2 0-29 , 29-43, 43-48, 97-102,
et 181-186, et la Nueva Colección de Documentos Inéditos para la Historia de España, V I,
p. 268-270. D ’ autres, peut-être plus intéressants encore, demeurent inédits dans le
dossier 1624 de l’ Indiferente General du même Archivo.
E t u d e p r é l im in a ir e x ix

los Comisarios escribieron de la division de la perpetuidad » y «Sobre


el gobierno del Perú » (1), font preuve d’imagination créatrice quant à
l’élaboration d’une organisation convenable de la Vice-royauté et d’une
juste politique envers les indigènes.
Sur le plan de la foi et de la morale, l’instauration du Tribunal du
Saint Office en 1570 répond au relâchement régnant aussi dans ce domaine
pendant la période qui nous occupe, relâchement dont témoigne le succès
de l’astrologie judiciaire pratiquée par le médecin du Comte de Nieva
et le futur célèbre navigateur Pedro Sarmiento de Gamboa. Les éga­
rements d’illuminés n’étaient pas rares : rappelons par exemple les procès
intentés aux hérésiarques dominicains Gaseo et De La Cruz (2), et le
luthérianisme couvait dans divers groupes sociaux. Des poussées de
judaïsme, des influences morisques et des déviations dogmatiques variées
dont la plus fameuse est celle du gouverneur de Tucumân Francisco
de Aguirre (3), se manifestent également dans la masse des catéchumènes
indigènes : autant de témoignages de cette crise intellectuelle qui carac­
térise la septième décennie du x v ie siècle.
L’ épreuve cruciale pour les consciences fut provoquée par la contro­
verse à propos du droit à contraindre les Indiens à participer aux travaux
d’utilité publique, de leurs liens avec les encomenderos et des droits sur
les terres et les biens que les conquérants espagnols s’étaient appropriés.
A cette controverse juridico-morale sont liées des questions éthiques
nées du problème de l’usufruit des encomiendas et leur cortège de cas
de conscience. Toutes ces questions, abordées du haut des chaires par
des théologiens éprouvés ou des prédicateurs imprudents, font partie du
domaine public et les positions opposées ne tardent pas à se figer dans une
hostilité inquiétante.
Les directives données le 11 mars 1560 aux confesseurs des conqué­
rants et des encomenderos constituent sans doute l’événement capital
de la période (4). L ’ antécédent de ces lois établies par l’Archevêque
Loaysa, des tonsurés et des hommes de loi, se trouve sans doute dans
les consignes de Fray Tomás de San Martin, Evêque de Charcas, qui
abordait le même problème (5). Cette question n’est d’ailleurs pas propre

(1) Egaña a publié un fragment de ce dernier écrit (conservé à l’A .G .I . L im a, 270),


ainsi que d’ autres inédits du même auteur (datés du 1 0.III.1 5 7 1 et du 2 9 .V II.1 5 7 2 ) dans
son Monumenta Peruana (R om e, 1954), I. p. 516-517. L e Vice-roi Toledo manifesta à
plusieurs reprises son scepticisme sur Robles. Ces doutes furent confirmés par les forfaits
de ce dernier à Potosí. Toledo juge ses propositions en termes très sévères. Cf. Gobernantes
del Perú, V , p. 8 2 , 141, 356 et 359.
(2) Procès intenté au Supérieur du monastère franciscain de Quito, 1568. Archivo
General de la Nación. México. Inquisición, vol. 1 18, n ° 3.
(3) Medina, Historia del Tribunal del Santo Oficio de la Inquisición de Lim a (Santiago,
1887), I, Chapitres II, I I I , IV et V , et Historia del Tribunal del Santo Oficio de la Inquisi­
ción en Chile (Santiago, 1890), I , Chapitres I et X I I I .
(4) Voir le travail déjà cité à la note 2, p. v in , p. 37-38.
(5) Colección de Documentos Inéditos de America y Oceania, V I I , p. 348-362.
XX G o b ie r n o d e l P e r ú

au Pérou, car elle s’étend à toutes les régions qui affrontent la même phase
historique (Nouvelle Espagne, Chili, Nouvelle Grenade) (1).
Les règles du 11 mars 1560 sont immédiatement suivies d’un effet
fulminant dont nous retrouvons la trace dans de nombreux documents
notariaux qui font état de l’institution du cens, de la création de legs
de restitution par certains conquérants scrupuleux et encomenderos
soucieux de réparer d’éventuels dommages causés à leurs vassaux (2).
Peu de temps après se succèdent les truculents plaidoyers pour la
conservation et la multiplication des naturels du Pérou du dominicain
Fray Domingo de Santo Tomás, correspondant du Père Las Casas (3) ;
l’impartial avis sur le principe de l’obligation du travail dans les mines
donné le 8 janvier 1567 par l’Archevêque Loaysa et les prélats des ordres
religieux à la demande du Gouverneur Garcia de Castro (4), et en fin
la « Representación de los daños y molestias que se hacen a los indios »
soumise au second Concile de Lima par le Licencié Francisco Falcón (5).
Deux textes mettent un point final à cette polémique qui les anime
tous : le fameux « Dictamen sobre el dominio de los Ingas y el de los Reyes
de España en los Reynos del Perú » (Yucay, 16 mars 1571) (6) et le
mémoire présenté en octobre 1572 au Vice-roi Toledo par les notables
du Cuzco, qui critique l’exposé des mobiles de la conquête donnés par
les chroniqueurs et légitiment le transfert de la souveraineté sur les
domaines de l’empire Inca aux monarques d’ Espagne, vu l’usurpation
d’Atahualpa (7).
La gravité de la crise fut telle que ses échos parvinrent en Espagne

(1) Esquivel Obregón, Apuntes para la Historia del Derecho en M éxico (Mexico,
1938), II, Livre IV , p. 5 -7 3 ; Romero, Fray Juan de los Barrios y la evangelización del
Nuevo Reino de Granada (Bogotá, 1960), p. 402 et suivantes ; et Huneeus Pérez, Historia
de las polémicas de Indias en Chile durante el siglo X V I (Santiago, 1956), Chapitre V I ,
p. 70 et suivantes.
(2) Nous les avons utilisés pour la préparation de l ’étude déjà annoncée dans la note 2,
p. v in .
(3) Cf, ses écrits des 13 et 1 6 .III , et 5 et 6 .IV .1 5 6 2 , et du 1 0 .X I I .1 5 6 3 . Lissón, op. cit.,
II, p. 193, 196, 203, 205 et 247. D ’autres réunis par Hanke et Giménez Fernández dans
Bartolomé de Las Casas. Bibliografía crítica (Santiago de Chile, 1954), N os 436 et 446
( = 450). Sur sa personne, voir le livre du P . Vargas, F ra y Domingo de Santo Tomás, defensor
y apóstol de los indios del Perú (Quito, 1937).
(4) Levillier, Organización de la Iglesia en el Perú, I, p. 53-60 , et Lissón, op. cit.,
II, p. 343-349.
(5) Biblioteca N acional de Madrid. Manuscrits, 3042, fol. 220-237 o. Publié entre
autres, dans la Colección de Documentos Inéditos de América y Oceania, V I I , p. 451-495,
et Los pequeños grandes libros de la Historia americana (Lim a, 1946), Série I, X , p. 123-164.
(6) Biblioteca Nacional de Madrid. Manuscrits, 9442, fol. 69-87 v. Publié dans la
Colección de Documentos Inéditos para la Historia de España, X I I I , p . 425-469, la Colección
de Libros y Documentos referentes a la Historia del Perú (Lim a, 1917), Ire série, IV , p. 95-
138, et la Revista del Archivo Histórico del Cuzco (Cuzco, 1950), I, p. 301-335.
Bataillon attribue la rédaction de cet écrit au jésuite P . Jerónimo Ruiz de Portillo,
bien que.la controverse ne soit pas définitivement close. Cf. Etudes sur Bartolomé de Las
Casas (Paris, 1965), p. 273 -2 9 0.
(7) L e document fu t remis au R oi avec un rapport du Corregidor du Cuzco, Loarte,
le 2 4 .X .1 5 7 2 . Cf. Gobernantes del Perú, V I I , p . 117-128.
L e texte original fait partie des pièces qui constituent le volume des Ordonnances
de Toledo, aujourd’hui dans la Biblioteca de la Universidad de Salamanque (antérieure­
ment à la Biblioteca de Palacio, Madrid, Manuscrits, 50).
E t u d e p r é l im in a ir e xxi

et peu à peu se répandirent à travers l’ Europe, tournant la curiosité


générale vers ce lointain territoire d’outre-mer.
En effet, en 1562 le P. Las Casas aborde dans le De thesauris in
Perú (1) le problème de l’appropriation des richesses trouvées dans ces
tombes préhispaniques, et en 1564 il exprime la note la plus poussée
dans ses Doce Dudas; entre 1565 et 1567 Diego Fernández el Palentino
et le chroniqueur royal Juan Cristóbal Calvete de Estrella rédigent leurs
récits respectifs des dernières guerres civiles au Pérou.
Dans le cadre européen il faut signaler la traduction en italien de
la Historia del Descubrimiento g Conquista del Perú du Contador Agustín
de Zárate par Alfonso de Ulloa (Venise, 1563), puis en flamand l’année
suivante, et la réédition sévillane en 1577.
En 1565 les Navigationi e Viaggi de Ramusio sont imprimés, et
VHistoria del Mondo Nuovo du Milanais Girolamo Benzoni, dont le Livre
Troisième, inspiré du récit de López de Gomara, tfaite du Pérou, est
mise en circulation. Enfin, la paraphrase du texte de Zárate par Levinus
Apollonius dans son De Peruviae Regionis inventione (Anvers, 1566 et
1567) est une preuve supplémentaire de l’intérêt des milieux européens
cultivés pour le Pérou devenu sujet d’actualité.

5. Le « G o b ie r n o del P e r ú » e m b l è m e e t s y n t h è se
d ’une p é r io d e d e l ’ h is t o ir e

Le catalogue précédent — loin d’être exhaustif — nous montre


bien que l’hypothèse qui nous a conduit jusque-là n’est pas arbitraire.
Une telle concentration d’ études et d’ analyses dans l’espace chronolo­
gique qui voit naître le Gobierno del Perú n’ est pas fortuite ; il y eut
inquiétude et âpre recherche d’ une solution, volonté nette de réforme.
Il convenait d’ébaucher ce mouvement qui fut couronné par le traité
de Matienzo, en même temps que celui-ci annonce la fermeture de cette
période, définitivement close par les ordonnances du Vice-roi Toledo.
Les maximes énoncées dans le Gobierno del Perú nous conduisent de
l’anarchie idéologique des années 60-70 à la sereine législation de Toledo.
Dans la vaste étude de Matienzo sont débattus systématiquement
tous les problèmes qui accablaient alors les autorités comme les adminis­
trés. L ’ Oidor de La Plata est le premier à proposer un schéma positif
de gouvernement à la Vice-royauté péruvienne, et les difficultés surmon­
tées ne soulignent que mieux son mérite. Se situant dans la ligne des
traités de l’école classique espagnole, il lie le pouvoir politique au bien
commun, s’opposant aux doctrines postérieures de l’inconditionnalité
de l’autorité royale (2). Il traduit cette préoccupation en ajoutant à

(1) Edité par Losada (Madrid, 1958), p. 1-455, sous le titre Los Tesoros del Perú.
(2) Sánchez Agesta, E l concepto del Estado en el pensamiento español del Siglo X V I
(Madrid, 1958).
XXII G o b ie r n o d e l P e r ú

de nombreux chapitres des minutes de lois qui s’inspirent de ces prin­


cipes. Les maximes du Gobierno del Perü se rapportant à la morale
publique et à la vertu privée (I, xiv et x x m , et II, i, x x n et xxv) trouvent
leur pendant dans les conseils de Don Quichotte à son écuyer partant
gouverner son Ile (II, x l i i et x l i i i ) ( 1).
S’inspirant de son expérience du barreau et du monde qui l’entourait,
Matienzo accumule dans ses pages une somme d’observations et de
jugements personnels. Méthodiquement, au long de ses quatre-vingt-
quatre chapitres, il dissèque la réalité environnante, passant en revue tous
les problèmes politiques, législatifs, juridiques, administratifs, financiers,
sociaux, religieux et économiques.
L ’ œuvre de Matienzo a de plus le mérite d’être composée selon une
structure binaire répondant à la dualité République des Espagnols-
République des Indiens, et au problème des rapports à la fois indépen­
dants et harmonieux des deux collectivités au sein de la Vice-royauté.
Un rapide coup d’œil sur les sujets traités dans le Gobierno del Perü
nous convaincra à la fois de l’acuité de l’analyse de Matienzo et de sa
hardiesse dans le désir d’offrir à son Roi — comme fidèle vassal — conseil
et avis sur ce qu’il faut faire et ce qu’on doit observer (2).

(1) Cf. Menéndez Pidal, La España del Cid (Buenos Aires, 1943), p. 448-451, et Maravaü,
La teoría española del Estado en el siglo X V I I (Madrid, 1944), p. 108, 137 et 146.
(2) Guevara, Menosprecio de Corte y alabanza de aldea (Madrid, Clásicos Castellanos,
1915), p. 19.
II L’HOMME

1. L es e s q u is s e s b i o g r a p h iq u e s

Le prestige et l’honnêteté scientifique de Matienzo justifient l’ atten­


tion que les érudits lui ont consacrée. La liste des notes et essais dont
il est l’objet, fort enrichie d’ailleurs de nos jours, est longue. On l’a
étudié soit de façon synthétique, soit pour éclairer telle ou telle face
de son rôle de magistrat.
Nicolás Antonio (1) et Mendiburu (2) rédigent déjà quelques notes,
mais le premier apport important est dû aux historiens boliviens : Rück
(3), René-Moreno (4), puis Abecia (5). Cependant, après eux il reste encore
beaucoup à faire pour tirer de l’oubli le véritable Matienzo.
L’ Argentin Levillier, en publiant les rapports officiels de Matienzo
depuis son premier contact avec le Pérou en 1561 jusqu’à peu avant
sa mort, donna un nouvel aspect du personnage et put sans difficulté
tirer profit de cette information abondante dans son opuscule (6). Il
montra ainsi l’aspect visionnaire de Matienzo lorsqu’il réclamait la remise
en activité du port de Buenos Aires ou l’établissement de nouvelles routes
commerciales intérieures dans l’espace Charcas - Chili - Rio de la Plata,
afin d’ équilibrer le système de circulation passant par Panamá. Levillier
se plaît à souligner le poids exercé par cette proposition sur l’ avenir des
régions du Rio de la Plata.
Grâce à ce matériel abondant, les études purent aisément se multi-

(1) Bibliotheca Hispana N ova ... (Madrid, M .D C C .L X X X I I I ) , I, col. 739.


(2) Diccionario Histérico-Biográfico del Perú (Lim a, 1885), V , p. 217.
(3) « Los Matienzo », dans E l D ía, N ° 818, de Sucre, année 189Í (cité par R uiz Guiñazú,
La magistratura indiana (Buenos Aires, 1916), p . 154 n.).
(4) Biblioteca Peruana (Santiago, 1896), I, p. 89, N ° 321, et I I , p. 446, note 50.
(5) II se contente de refondre les informations de René-Moreno dans ses Adiciones
a la Biblioteca Boliviana... (Santiago, 1899), p. 1 60 -1 6 2, n ° 397, et dans son Historia de
Chuquisaca (Sucre, 2 e édition, 1939).
(6) « E l Licenciado Matienzo, Oidor de la Audiencia de Charcas (1561-1579)», comme
introduction au premier volume de La Audiencia de Charcas (Madrid, 1918), p. X X V - L X I I .
XXIV G o b ie r n o d e l P e r ú

plier, à preuve celles du Bolivien Otero et de l’Argentin Reyna (1), et


aussi l’article de Bonifaz, quant à l’influence de Matienzo sur l’ordonnan­
cement juridique de la Vice-royauté, malgré son énoncé par trop
revendicatif (2).
Mais jusqu’ici manque une monographie d’ensemble qui comprendrait
à la fois l’étude de la personnalité de Matienzo et de l’influence de sa
pensée dans la genèse des normes juridiques du Pérou au moment de
la réglementation des institutions par Toledo.
Contraint par les limites d’ une étude préliminaire, nous ne pouvons
entreprendre cette tâche. Nous nous contenterons donc de glisser quelques
annotations, de suggérer des pistes, de réunir une masse de documents
souvent inédits ou inconnus, qui constitueront un matériel utile pour
une future synthèse sur YOidor de Charcas.

2. L a f o r m a t io n d ’ un m a g is t r a t

Matienzo vit le jour à Valladolid le 22 février 1520 (3), veille de


l’entrée de l’ Empereur dans la ville ; peu après, des heures sombres
s’ abattirent sur l’ Espagne avec l’insurrection des Comunidades dont
certains épisodes décisifs eurent pour cadre la vieille cité castillane.
Son père, le Licencié Atienza (4), cristiano viejo originaire de Colindres
(Santander), fut pendant vingt ans employé subalterne à la Cancillería
de Valladolid. De sa mère nous ne connaissons que le prénom : Ana.
Valladolid, alors à son apogée, siège effectif de la Cour durant de
longues périodes, constituait le milieu le plus approprié à la formation
d’un enfant d’une famille de juristes et à son intégration à la bourgeoisie

(1) « E l Licenciado D on Juan Matienzo de Peralta, Oidor de la Audiencia de Charcas »,


dans Mercurio Peruano (Lim a, 1944), X X V , n ° 212, p. 499-519, reproduit (avec l ’inter­
polation du paragraphe V I I ) sous le titre «Biografía del Licenciado D on Juan Matienzo
de Peralta y su visión geo-política de la Audiencia de Charcas », dans Universidad de San
Francisco Xavier (Sucre, 1950), X V I , n ° 37-38 , p. 111-136.
Le travail de Reyna « E l Licenciado Matienzo (Semblanza de un libro en preparación) »
dans la Revista Oficial de la Junta Provincial de Estudios Históricos de Santa F e (Santa Fe,
1946), X V , p. 17-23, est beaucoup plus léger.
(2) « E l Licenciado D on Juan de Matienzo, Oidor de la R eal Audiencia de los Charcas,
el verdadero legislador del Perú. U na rectificación histórica », dans Revista de Estudios
Jurídicos, Políticos y Sociales (Sucre, 1948), I X , n ° 19-20, p. 59-72 .
(3) L a date précise ignorée jusqu’à présent est cachée dans son traité Commentaria...
in Librum Quintum... (Madrid, M D L X X X ) , Titre 10, L oi X I X , glose 1, N ° 2 . Ceci est
corroboré par une déclaration de Matienzo qui le 21 août 1571 reconnaît avoir 51 ans.
A .G .I . Lim a, 1633. Actes du Procureur contre Juan Arias Maldonado sur l’émeute des
métis au Cuzco, 1577. Voir aussi infra p . 314.
(4) Notre personnage porta ce nom jusqu’en 1558 ou 1559. Il est appelé ainsi en 1556
au baptême de son neveu, fils du docteur Luis de Mercado (Alonso Cortés, Miscelánea
Vallisoletana (Valladolid, 1955), II, p. 105 n .). E n 1557 il est proposé au R oi, sous ce nom ,
dans la liste des magistrats susceptibles d’occuper une place dans la future Audience de
Charcas. En 155841 s'appelle toujours ainsi lors de sa nomination aux Indes, mais sa pre­
mière oeuvre Dialogus Relatoris..., éditée cette même année, porte le nom sous lequel il
s’ est rendu célèbre dans l ’Histoire du Droit hispanique, bien que le Privilège accordé
l’ année d’avant le soit pour le Licencié Atienza.
E t u d e p r é l im in a i r e XXV

d’hommes de loi (1). La villa — elle n’était pas encore ciudad — abritait
depuis le milieu du x iv e siècle l’un des plus anciens établissements d’études
supérieures de la Péninsule, et, dès le règne de Juan II, une cour d’appel
s’y était installée. Cette tradition universitaire et juridique devait être
décisive pour la carrière de Matienzo. A la Faculté de Droit de sa ville
natale — plus modeste mais aussi qualifiée que celle de Salamanque — il
obtint au bout des dix années de scolarité obligatoire l’insigne amarante
du Licencié en Droit (2).
Il est suggestif de noter qu’au moment même où Matienzo fréquente
l’ Université, ou peu après, des vallisolétains de grand renom partent
au Pérou : le Contador Agustín de Zárate, auteur de l’élégante Historia
del Descubrimiento y Conquista del Perú; son neveu le Licencié Juan Polo
de Ondegardo, et le Licencié Hernando de Santillán, juge à la Chancillería
de Castille jusqu’en 1549. Matienzo fut l’ami du second (3). Fut-il incité
par lui ou par son collègue Santillán à se rendre au Pérou ?
En 1542 il entre à la Chancillería et y accomplit dix-sept ans de services.
Il parvient au poste de rapporteur et acquiert comme jurisconsulte une
réputation méritée. Sa profonde connaissance du latin, qu’il utilise dans
trois de ses études juridiques, témoigne de son instruction. Par ses fonc­
tions il entre en rapport avec des gens de robe, dont certains avaient acquis
la notoriété par leurs charges dans le Nouveau Monde. Il fut lié avec le
Licencié Cristóbal Vaca de Castro, ancien Gouverneur du Pérou, à qui
il dédie, le 15 octobre 1557, son premier livre ; avec le Président Pedro
de la Gasea, contrefait mais fort habile, qui à cette date faisait construire
l’église de la Madeleine dont le frontispice évoque la victoire sur Gonzalo
Pizarro et ses partisans ; avec le Licencié Lope García de Castro, qu’il
devait rencontrer de nouveau au Pérou ; avec le Licencié Gutierre Villa-
gômez, successivement Conseiller des Indes et de Castille, et avec le
Licencié Juan de Pedrosa lui aussi Conseiller de Castille (4). Nous avons
déjà mentionné le Licencié Hernando de Santillán qui, muté à l’Audience
de Lima, laissa un de ses frères, le Licencié Alonso de Santillán, magistrat
à la susdite Chancillería (5). Dans les préfaces de ses traités nous trouvons
trace d’une étroite amitié avec le prédicateur et conseiller de Philippe II,
le bienheureux Alonso de Orozco.
Son attention dut également être attirée sur les problèmes des Indes
par les débats idéologiques qui virent Las Casas s’opposer à Sepùlveda

(1) Comp. Maravall « La formación de la conciencia estamental de los letrados »,


dans Revista de Estudios Políticos (Madrid, 1953), X L V III, n° 70, p. 53-81.
(2) Il n’est pas difficile de suivre le cours des études professionnelles de Matienzo,
car l’Archivo Provincial y Universitario a Valladolid renferme en effet les livres de l'Uni­
versité depuis 1521. Cf. l’ article de Arribas Arranz dans la Revista de Archivos. Bibliotecas
y M useos (Madrid, 1958), L X V , p. 261-267.
(3) Cf. infra, p. 119, 120 et 177.
(4) Rapport de Matienzo du 31.1.1562, dans La Audiencia de Charcas, I, p. 53.
(5) Cf. le pouvoir donné par le Licencié Hernando de Santillán à Lima, 25.11.1553.
Archivo Nacional del Perú. Section Notariale, Protocole de Diego Gutiérrez, 1545-1555,
fol. 493 v.
XXVI G o b ie r n o d e l P e r ú

d’août 1550 à avril de l’ année suivante (1), et qui se développent dans


la métropole castillane où le fougueux dominicain était installé depuis
1548. Au même moment la commission présidée par le Marquis de Mon-
déjar examinait le problème de la perpétuité des encomiendas (2).
Toute cette agitation devait transparaître dans les réunions auxquelles
participait Matienzo, stimulant sa curiosité et orientant ses préoccupa­
tions vers l’administration des domaines espagnols en terres indiennes.
Quelques années plus tard, à la veille de sa nomination à la toute récente
Audience de Charcas, la question de la perpétuité, de nouveau agitée
à Valladolid, se rappelle à lui (3). Il fait une allusion déguisée à Las
Casas dans un passage du Gobierno del Perú (I, m ) et réfute plus loin
avec véhémence ses opinions sur les découvertes de trésors dans les sépul­
tures préhispaniques (I, xxxix). Une fois magistrat des Charcas, il eut
la possibilité d’entrer en contact avec un fervent partisan de Las Casas,
l’ évêque du diocèse Fray Domingo de Santo Tomás Navarrete, qui en
1559 s’occupait justement à Valladolid de l’impression de ses ouvrages
linguistiques (4).

3. « ...A VER SI MUDANDO MUNDO Y TIERRA


MEJORARÍA MI SUERTE... » (5)

Quelles raisons ont pu pousser le magistrat de Valladolid à partir


aux Indes ? Influence d’amis ? Désir professionnel de voir par lui-même
cette société contradictoire en formation qui nécessitait des juristes ?
Mirage de la fortune ? Nous ne le savons pas encore exactement. De toute
manière, il est certain que les Conseillers des Indes l’ont d’eux-mêmes
proposé au Monarque le 2 juillet 1557 en reconnaissance de ses capacités
pour occuper ce poste nouveau d’ Oidor des Charcas (6).
Une longue année s’écoule encore avant la nomination officielle, qu’il
ne cherche sans doute pas à écourter, car il veille à l’impression de son
premier livre Dialogas Relatoris et Advocati Pintiani Senatus... Le 7 sep­
tembre 1558 on lui notifie sa nomination et la rémunération annuelle
de 4 000 pesos or (7). En signe de considération, on lui octroie le titre
de doyen des Oidores, ce qui le place juste après le Régent Ramírez de
Quiñones (8).

(1) Manzano, La incorporación de las Indias a la Corona de Castilla (Madrid, 1948),


p. 175-190.
(2) Zavala, La encomienda indiana (Madrid, 1935), p. 186-189.
(3) Del Busto, El Conde de Nieva. Virrey del Perù (Lim a, 1963), I, p. 76-79.
(4) L a licence royale lui fut accordée le 1 3 .X II.1 5 5 9 . A G .í. Indiferente General,
4 25 , Livre 23, fol. 435.
(5) Quevedo, La Vida del Buscón, in fine.
(6) La Audiencia de Charcas, I, p. 511-513.
(7) A .G .I . Lim a, 5 67, Livre 8 , fol. 384.
(8) Cédule du 8 .IX .1 5 5 9 . A .G .I . Lim a, 568, Livre 9, fol. 351 v. Publiée dans la Colec­
ción de Documentos Inédites de América y Oceania, X V I I I , p. 19-20.
E t u d e p r é l im in a i r e x x v ii

Le 25 novembre 1559, l’enquête coutumière terminée, on lui donne


le passage aux Indes accompagné d’une nombreuse suite qu’ on désigne
sous l’euphémisme de criados (« nourris ») : ses beaux-frères Juan de
Toro et Francisco Ordáz de Mercado ; Isabel González de Mercado (tante
d’ un autre beau-frère) ; un certain Andrés de Atienza, et sa cousine
María de Villagra ; Garcia de Esquivel et Alonso de Medina (1). On
l’autorise même à emmener, avec exemption d’impôt, quatre esclaves
noirs, les armes qu’il juge nécessaire, des bijoux et des meubles jusqu’à
concurrence de 500 ducats (2). Comme on l’accusait plus tard de trafics,
il précisa que son unique délit avait été de se pourvoir en mobilier et
vêtements pour huit ans. Voilà donc l’ explication de ses volumineux
bagages I
Le 25 janvier 1560, il s’embarque à Sanlúcar sur le vaisseau de
Gonzalo Hernández. Le Comte de Nieva, d’autres hommes de loi dont
les Oidores de Lima Ponce de León et Salazar de Villasante, et un futur
collègue d’Audience, López de Haro, étaient du voyage. A Panamá,
faute d’embarcation, leur séjour se prolongea de mai à octobre et fut
particulièrement pénible. Sur l’ ordre du Comte de Nieva, Matienzo et
les autres juristes constituèrent une cour provisoire pour entendre les
plaignants de l’Audience locale qui ne pouvaient, faute de moyens,
recourir au Conseil des Indes ou à Lima (3).
L’hiver gêna ensuite leur traversée et ce n’est qu’au bout de deux
mois qu’ils aperçurent la côte péruvienne. Pour arriver plus vite, Matienzo
préféra débarquer à Paita pour continuer vers Lima par voie terrestre ;
le Vice-roi, lui, débarqua à Trujillo. Ainsi il devança le Comte de Nieva
(qui fit son entrée officielle le 11 février 1561), en parvenant à Lima le
mercredi 5 février (4).

4. « .. .L a s c o sa s d e e s t e R e y n o d e l P irú ... » (5)


Poussé par son esprit d’observation, il consigna dès son arrivée tout
ce qui le frappait, réunissant toutes ces notes afin d’ « entender de raiz
las cosas deste Reino del Pirú » (i.e. comprendre en profondeur les affaires
du pays). Il arrive au Pérou au moment où la présence des Commissaires
chargés de résoudre le problème de la perpétuité des encomiendas ouvrait

(X) A .G .I . Contratación, 5537, Livre II (1558-1562), fol. 46. Cf. Bermúdez (Plata,
Catálogo de Pasajeros a Indias (Séville, 1946), III , n ° 4405. Il n’ existe aucune information
de cette année-la dans le dossier 5219 de Contratación.
(2) A .G .I . Lima, 567. Livre 8, fol. 396 v.
(3) A .G .I . Panamá, 275. Rapport de Matienzo, Ponce de Léon, Salazar de Villasante
et López de Haro, daté de Panamá le 2 9 .V I.1 5 6 0 .
(4) Rapport de Matienzo daté de L im a le 1 3 .IV .1 5 6 1 . Dans Juicio de Limites entre
el Perú y Bolivia (Barcelona, 1906), Prueba Peruana, I I I , p. 4 8, et La Audiencia de Charcas,
I, p. 14.
(5) Prologue au lecteur du Gobierno del Perú, infra, p. 3.

3
X X V III G o b ie r n o d e l P e r ú

la controverse qui mettait en jeu les bénéficiaires des fiefs, les aspirants à
ces domaines, les religieux et la masse indigène. Dans cette atmosphère
surchauffée, soucieux de ses responsabilités, Matienzo s’informe avec
zèle auprès de quelques mentors : les Oidores Bravo de Saravia et Santil-
lân, et le Licencié Polo de Ondegardo, provisoirement à Lima au début
de 1561 (1).
Le lendemain de son arrivée il occupe à titre temporaire un des
fauteuils de l’Audience de Lima dont les titulaires étaient suspendus
pour quatre mois en attendant que le Commissaire Briviesca de Muna-
tones ait fini d’instruire le jugement de résidence du Licencié Santillân,
dernier cas à régler. Pris par cette tâche et le problème des encomiendas,
le Comte de Nieva et les Commissaires ne pouvaient se pencher sur
l’ étude des limites de l’Audience à naître.
Très vite les contrariétés arrivent. Les Officiers royaux refusent de
lui verser son salaire sous prétexte qu’il devait lui être payé par les
caisses des Gharcas. On lui avance à peine 1 000 pesos, qu’il s’offre à
rembourser en huit mois (2), et il se voit forcé, devant l’insuffisance
de cet acompte, de contracter des emprunts à gros intérêts. Avec ce
capital il acheta 10 aunes de drap fin écarlate, 20 de velours bleu et 6 de
velours noir, 2 de drap rouge grossier, 1 quintal de savon, 6 barriques de
vin et autres articles, dont le montant de 1 315 pesos devait être payé
à Arequipa dans un délai maximum de deux mois et demi (3). Il acquit
aussi pour 1 153 pesos plus de 200 aunes de toile grossière (pour empa­
queter ses bagages lors du voyage à La Plata), 12 aunes de taffetas et
80 jarres de vin ; il devait régler sa dette aussi à Arequipa dans les cinq
mois (4).
Le 4 avril, en même temps que ses collègues Lôpez de Haro et Pérez
de Recalde, il prêta serment en qualité de magistrat des Charcas (5).
Aussitôt commence le travail de critique et d’ élaboration qui devait
remplir pour lui les vingt années à venir. Malgré le découragement devant
le silence qui accueillait ses écrits ou ses conseils, rien ne l’empêcha de
poursuivre avec obstination sa tâche de fidèle vassal. On retrouve dans
ses rapports plusieurs échos de cette amertume. Le 28 novembre 1567

(1) Cf. Colección de Documentos Inéditos para la Historia de Chile, V I I , p. 279.


Santillân, en tant que collègue à la Chancilleria de Valladolid, dut le prendre sous sa
protection et l’informer sans perdre de temps de l’état de la Vice-royauté. Ils furent
d’accord sur la solution à apporter au problème de la perpétuité des encomiendas : tous
deux la conseillent mais en ôtant le pouvoir de juridiction sur les vassaux. Voir la Relación
de Santillân §§ 118 à 122, et le Gobierno del Perú (I, x x v m à x x x n ) .
(2) A cte notarial du 28.11.1561. Archivo Nacional del Perú. Section Notariale,
Protocolos de Alonso Hernández, 1561, fol. 128.
(3) A cte notarial du 1 8 .IV .1 5 6 1 . Ibid. Protocolos de Diego R uiz, 1557-1563, fol. 662 v.
Le 22 du mois suivant, Matienzo endossa une traite d’une valeur de 1 250 pesos. Id.
fol. 748 v.
(4) A cte notarial du 1 3.V .1 56 1 . Ibid. Protocole de Juan Cristóbal de Frías, 1561-1562,
fol. 591.
(5) Rapport du Comte de Nieva et des magistrats mentionnés, daté du 8.IV .1561
à Lima. Dans Gobernantes del Perú, I, p. 373-374.
E t u d e p r é l im in a i r e x x ix

il soupire : « He escrito algunas cartas dando los avisos que me han


parecido provechosos para esta tierra, y de nenguna he merecido res­
puesta, pero con todo eso no cesaré de escribir hasta que Su Magd. me
mande que no lo haga » (1). Quelques mois avant sa mort il écrit :
« Muchas [cartas] tengo escritas a Va Maga, de mucha ymportancia y
calidad, y de ninguna he visto respuesta, mas esto no será parte para
que dexe yo de hazer lo que d eb o...» (2). Comble de malheur, alors
qu’il avait obtenu certains ordres royaux le favorisant, le messager qui
les apportait, son beau-frère Juan de Toro del Castillo, décéda en chemin
et les documents s’égarèrent ; il dut en demander en 1574 un dupli­
cata (3).
Source de découragement aussi le fait que les autorités du Conseil
des Indes, indifférentes ou jalouses, ne voyant pas en lui l’écrivain remar­
quable, doté d’une préparation théorique bien supérieure à celle de ses
collègues, le maintiennent dans la même charge jusqu’à sa mort alors
que d’autres s’élèvent dans la hiérarchie. Pourtant, au sein même du
Conseil il jouit de l’estime du Président Ovando, des faveurs du Gouver­
neur Garcia de Castro lorsque celui-ci reprit ses fonctions, mais sans
doute son identification au Vice-roi Toledo lui fut-elle préjudiciable
dans ce Conseil qui ne l’aimait guère. Peut-être aussi nourrissait-on dans
les bureaux des préjugés contre son esprit entreprenant et son désir de
réforme 1
Ses rapports le dépeignent au naturel : passionné, débordant d’acti­
vité et d’initiatives ; personnalité difficile, prompte à la récrimination,
ne sachant ni pardonner ni composer. Le Chapitre x x m de la Deuxième
Partie du Gobierno del Perú est bien révélateur. Il sollicite avec ardeur
des informations, des précisions auprès de personnes de poids. Deux mois
après avoir mis les pieds au Pérou, il peut déjà proposer diverses innova­
tions et dénoncer des abus. Il ne suggère rien de moins que la suppression
de la charge de Vice-roi, remplacée par le gouvernement d’un tribunal
de six Oidores qui engloberait les Audiences de Lima et des Charcas et
irait s’installer à Arequipa, point clef pour l’administration du Pérou,
des Charcas et du Chili. En même temps il se prononce sur le problème
de l’extension de la juridiction de son Audience (4).
Cependant le Comte de Nieva et les magistrats à Lima, après de
longues discussions (5) fixent le 22 mai les limites et le siège de la nou­
velle Audience (6). Le Vice-roi remet à Matienzo — doyen des Oidores

(1) La Audiencia de Charcas, I, p. 236. Comp. infra, p. 266.


(2) Rapport du 4.1.1579. Dans La Audiencia de Charcas, I, p. 4 81.
(3) A .G .I . Indiferente General, 1084. Registro de peticiones, 1574, fol. 187.
(4) Rapports des 8 et 1 3.IV .1561 dans La Audiencia de Charcas, I, p. 1-7 et 8-16 ;
le second dans Juicio de Limites entre el Perú g Bolioia (Barcelone, 1906), Prueba Peruana,
I II, p. 48-56.
(5) Rapport de l’Audience de L im a, daté du 2 8 .IV .1 5 6 1 . Dans La Audiencia de
Charcas, I, p. 524-525. A vis de personnes compétentes, id., p. 514-523.
(6) A .G .I . Patronato 187, Ram o 19. Dans La Audiencia de Charcas, I, p. 526-529.
XXX G o b ie r n o d e l P e r ú

en l’absence du Régent Ramirez de Cartagena — le sceau royal et les


documents relatifs à la fondation. Sans tarder Matienzo se met en route.
Par de pénibles étapes il rejoint Arequipa par la route de côte et gagne
de là les hauts plateaux.

5. D es il l u s io n s a u d é s e n c h a n t e m e n t

Le 7 septembre 1561, trois ans jour pour jour après sa nomination,


on procède à l’installation officielle de l’ Audience. Matienzo assume la
charge de recteur jusqu’à l’arrivée du Régent.
La ville, fondée en 1539, comptait 32 encomenderos, environ deux
cent résidents et enfin quelque 800 Espagnols disséminés dans les
haciendas et les mines. La vie spirituelle de cette ville (évêché depuis
1552) était confiée à deux paroisses, Saint Lazare et Saint Sébastien, et
quatre communautés : les Augustins qui comptaient cinq ou six religieux,
les Dominicains et les Franciscains quatre, et les Frères de la Merci deux.
Les demeures, de brique séchée, ne manquaient pas d’allure avec leurs
toits de tuiles (1).
Là s’écoulèrent quatre lustres de vie ingrate pour Matienzo : son
salaire était insuffisant ; ses disputes avec ses collègues, qui transpa­
raissent dans ses écrits, l’aigrissent ; l’oubli des autorités métropolitaines
et les difficultés de sa tâche face à la cupidité régnante ne le poussent pas
à la sérénité. Seules sa fidélité au Roi et à la profession le soutiennent, et
peut-être l’isolement lui fut-il un stimulant : il dut écrire pour que ne
se tarissent point en lui le jaillissement des idées et de l’inquiétude
active du bien commun.
Il ne put réprimer sa désillusion au contact de la dure réalité de ce
pays si éloigné des commodités de Valladolid : « La fama de la gran
riqueça del Perú, a los que acá estamos, nos parece que lo debimos soñar,
y en despertando no vimos nada... no es la veyntena parte de lo que
allá se dice... » (2).
La présence de son concitoyen le Licencié Polo de Ondegardo, connais­
seur du passé péruvien, devait lui être d’ un grand secours. Leur amitié
— non sans nuage (3) — dura jusqu’à la mort du célèbre érudit en
novembre 1575. Leurs points de désaccord portaient sur des critères
d’interprétation dont il serait intéressant de faire l’analyse (4). Par

(1) Voir la description de la ville de L a Plata par son Conseil municipal (1561), dans
Relaciones Geográficas de Indias (Madrid, 1885), I I , p. 81-87 , et López de Velasco, Geografía
y Descripción Universal de las Indias (Madrid, 1894), p. 496-498.
(2) Rapport du 31.1.1562. Dans L a Audiencia de Charcas, I, p . 47.
(3) Malgré une lettre du 10.1.1567 adressée au Gouverneur Garcia de Castro, où
Matienzo se plaint de la conduite professionnelle de Ondegardo (La Audiencia de Charcas,
I, p. 217-218), il le mentionne spontanément dans le Gobierno del Perú. Cf. infra p. 119,
120 et 177.
(4) Góngora a senti les désaccords entre Matienzo et Ondegardo dans E l Estado en
el Derecho Indiano (Santiago, 1951), p. 129-130, 139 et 213-215.
E t u d e p r é l im in a ir e xxxi

contre, ses relations ne durent guère être cordiales avec l’évêque Fray
Domingo de Santo Tomás, ami et correspondant de Las Casas, d’abord
parce que Matienzo professait des doctrines opposées sur le problème
de l’indien, ensuite à cause de la rivalité entre les magistrats et l’autorité
ecclésiastique qui culmine avec le procès du Gouverneur Francisco de
Aguirre. Chaque fois que le Gobierno del Perú fait allusion au prélat, c’est
avec une rancune mal dissimulée (1).

6. « ...EL ANDAR A DERECHAS APROVECHA POCO EN ESTA TIERRA... » (2)

Matienzo occupa d’abord la maison d’un opulent vecino, Bernardino


de Meneses, sans se préoccuper d’ en payer le loyer. Peu après il acheta
pour 3 000 pesos un immeuble déjà construit, dont il ne manquait que
la toiture ; ce travail demanda quatre mois durant lesquels la médisance
alla bon train. On prétendait qu’on reconnaissait les portes et les fenêtres
empruntées à la maison de Meneses ; on murmurait que 1’ Oidor n’avait
pas hésité à s’attribuer personnellement quelques maçons lors de la répar­
tition des corvéables indiens pour les travaux publics locaux. II dissipa
les doutes en prouvant qu’il avait engagé des journaliers indigènes à
raison d’un peso hebdomadaire chacun et qu’il avait dû débourser 3 000
pesos supplémentaires pour l’ achèvement de l’immeuble.
Sa situation économique s’aggravait. Le voyage Lim a-La Plata
l’avait obligé à contracter une nouvelle dette de 5 000 pesos, alors que
ses honoraires ne dépassaient pas 4 000, et de plus la vie à La Plata était
quatre fois plus chère qu’à Lima. Il sollicita alors de la Couronne, pour
deux ans, la charge de Corregidor à Potosí, qui rapportait 5 000 pesos,
ou à défaut la vacance éventuelle du Régent Ramírez de Quiñones qui
désirait partir au Guatemala (3).
En fait sa première sortie fut pour Potosí, mais pas dans ces brillantes
perspectives. Il y fut envoyé par l’Audience pour tirer au clair un vol
effectué en septembre 1562 sur les biens des défunts. Comme ses collègues
n’ignoraient pas son intérêt pour les problèmes locaux, ils le chargèrent
d’inspecter les gisements de Potosí et de Porco et d’ enquêter sur les
conditions véritables dans lesquelles les indigènes y travaillaient ; toute
faculté lui était donnée d’introduire des réformes qu’il jugerait utiles (4).
Il ne semble pas que durant ces premières années les magistrats aient
été surchargés de travail. Le Gouverneur Garcia de Castro déclare en

(1) Cf. infra p. 120, 127 et 322.


(2) Rapport de Matienzo au Gouverneur Garcia de Castro, daté du 10.1.1567. Dans
La Audiencia de Charcas, I, p. 2 17.
(3) Rapport de Matienzo du 31.1.1562. Dans La Audiencia de Charcas, X, p. 47-53.
(4) Rapport de Matienzo du 2 0 .X .1 5 6 1 (sic). Dans Juicio de Limites entre el Perú
y Bolivia (Barcelone, 1906) Prueba Peruana, II, p. 5 -1 3, et La Audiencia de Charcas, I,
p. 54-60. Rapport du Comte de Nieva du 3 1 .V III.1 5 6 3 . Dans Gobernantes del Perú., I,
p. 530-531.
XXXII G o b ie r n o d e l P e r ú

plaisantant « hay tan pocos negocios que... no están una hora en audien­
cia... y la plaça de la ciudad de La Plata está tan llena de yerba como
cualquier prado bien regado » (1). Il faudrait vérifier cette assertion
en consultant aux Archives Nationales de Bolivie (Sucre) les Libros de
Acuerdos de la Real Audiencia (2). Matienzo put en tout cas trouver le
temps de s’intéresser aux affaires de haute politique de la Vice-royauté,
et en particulier aux problèmes de son Audience. Pour vaincre l’isolement
de la région des Charcas, six mois après son entrée en fonction il recom­
mande avec fougue aux autorités métropolitaines l’ouverture d’une voie
de communication suivant le Río de la Plata vers l’Atlantique. Il réitère
cette proposition dans le fameux rapport du 2 janvier 1566 (qu’il incor­
pore à son livre sur le Gobierno del Perú) (3). If y revient le 20 juillet
1567, le 23 décembre 1577 et le 4 janvier 1579 (4). Un an après, le
11 février 1580, alors que Matienzo est déjà mort, Juan de Garay, en
fondant la ville de Buenos Aires pour la seconde fois, met en pratique
l’idée que YOidor du Charcas avait défendue.
Son abondante production littéraire (publiée ou encore inédite) nous
le montre sous l’ aspect d’un grave magistrat, mais il ne faut pas oublier
les détentes nécessaires aux tâches de justice (et conformes à son âge)
pas toujours appréciées des habitants de La Plata. Ces données nous
permettent de compléter la silhouette du personnage.
Les commérages nous ont transmis de savoureux épisodes de la vie
privée de Matienzo. L ’après-midi du samedi 22 avril 1564, en compagnie
de ses collègues VOidor López de Haro et le Procureur Rabanal, il traverse
la ville. A la stupeur des assistants, tous trois montent à la genette —
les étriers courts — en chemise, sans la tenue correspondant à leur dignité,
une pique à la main, et plus loin, dans un terrain vague, ils se livrent à
un tournoi, à la consternation générale.
Le même López de Haro semble avoir été un fidèle compagnon
de fête. Tous deux allaient chez un musicien portugais, Francisco
Lobato (5), et au son de ses instruments, les deux juristes et la femme
de l’hôte s’adonnaient à des danses grotesques simulant des combats
avec épées de bois et vessies gonflées d’air. Souvent il jouait avec
acharnement aux échecs et on murmurait en ville que Matienzo em-

(1) R apport du 12.1.1566. Dans La Audiencia de Charcas, I, p . 672, et Gobernantes


del Perú, I I I , p. 132.
(2) Gómez Cañedo, Los archivos de la Historia de América (M exico, 1961), I, p. 491-492.
(3) Comp. La Audiencia de Charcas, I, p. 168-179, avec le Gobierno del Perú (I I , x v ).
Cet important rapport de 1566 se trouve également reproduit de façon fragmentaire dans
Relaciones Geográficas de Indias, II, Appendice I I I , p. X L I - X L V I I I , et Garay, Colección
de documentos relativos a la Historia de América g particularmente a la Historia del Paraguay
(Asunción, 1899), I, Docum ent X L I V , p. 431-441.
(4) L a Audiencia de Charcas, I, p. 221-224, 463-464 et 482 ; le rapport de 1567 est
aussi reproduit dans la Colección de Documentos Inéditos para la Historia de Chile, 2 e série,
I, p. 94-96.
(5) Lohm ann Villena, E l arte dramático en Lim a durante el Virreinato (Madrid, 1945),
p. 16.
E t u d e p r é l im in a ir e x x x iii

pochait l’argent lorsqu’il gagnait, mais avait coutume de se dérober


lorsqu’il perdait.
D’autres accusations plus graves le poursuivaient : on lui reprochait
de faire du commerce par l’intermédiaire de son beau-frère Toro del
Castillo. Celui-ci fit un voyage spécial à Lima pour y acquérir 2 000 pesos
de marchandises — somme que Matienzo s’était fait avancer sur son
traitement — et ce voyage se fit même aux frais de la Couronne, puisque
Matienzo avait obtenu de ses collègues que Toro fût chargé de porter
la correspondance officielle au Gouverneur Garcia de Castro. Les marchan­
dises étaient ensuite vendues dans une boutique qu’il possédait à Potosí.
Il était aussi de notoriété publique que ses esclaves faisaient le commerce
des bougies indispensables aux mines, et d’autres babioles.
Les mêmes sources l’accusent de jouer aux quilles et aux dés même
sur le bureau de l’Audience. On prétendait que fréquemment les plaideurs
jouaient gros avec lui pour gagner ensuite ses faveurs en se laissant
battre (1).
On rapporte aussi qu’il utilisait, sur le domaine qu’il venait d’acquérir,
les yanaconas venus se plaindre de leurs maîtres à l’Audience, en atten­
dant l’examen de leur cas ; quand ces insinuations lui parvinrent il se
défit sans retard de ses terres et de son bétail (2), et il sut se tirer à son
avantage de semblables racontars (3).
Au début de 1565 il fut chargé d’instruire, conformément à la Cédule
du 4 octobre 1563, le jugement de résidence du docteur Gregorio González
de Cuenca, Corregidor du Cuzco de 1561 à 1563. Cuzco dépendait des
Charcas depuis le 29 août de cette dernière année (4). Il ne se doutait
pas de la série d’épreuves qui l’attendaient.
Il se mit bientôt en chemin. Pour lui faire honneur le Conseil municipal
du Cuzco prépara sa future demeure et on fit acheter une arrobe de vin
blanc, une de vin rouge et une livre d’épices, destinés à préparer des
boissons pour la réception (5). Oublieux de l’ordonnance qui lui interdisait
le logement chez des particuliers dans l’exercice de ses fonctions, il fut
accueilli libéralement dans la maison de l’ancien conquérant Juan de Pan-
corbo, ce qui lui valut une remontrance (6). Parmi les détails connus de

(1) Voir la déclaration de Antonio de Robles dans les A ctes cités à la note 3 de la p. x x iv .
(2) Déclarations du Chanoine de L a Plata Palacio A lvaràdo, du vecino Fernández
de Liébana et de l’ancien Corregidor de l’endroit, le Capitaine Juan Cortés (Madrid,
octobre 1566), dans Nueva Colección de Documentos Inéditos para la Historia de España,
V I, p. 177-179, 182 et 190-192.
(3) Voir son rapport du 7 .V I.1 5 6 5 où il se justifie des calomnies précédentes. Dans
La Audiencia de Charcas, I, p. 156-166.
(4) A .G .I . Charcas, 418, Livre 1, fol. 2 02 . Dans Juicio de Limites entre el Perú y Bolivia
(Barcelone, 1906) Prueba Peruana, I I I , p. 143.
(5) Archivo Histórico del Cuzco. Livre 2 e du Cabildos du Cuzco, 1564-1570. A cte du
5.11.1565.
(6) Cédule du 1 3 .V II.15 7 3. Dans Colección de Documentos Inéditos de América y
Oceanía, X V I I I , p. 105-106.
XXXIV G o b ie r n o d e l P e r ú

son séjour au Cuzco figure l’achat d’un esclave noir ayant appartenu au
cordonnier Miguel Sánchez (1).
L ’intègre fonctionnaire dut mener une enquête très serrée sur Gon­
zález de Cuenca (2), car la vengeance ne se fit pas attendre. UOidor
de Lima mobilisa influences et amitiés pour accumuler calomnies et
ragots sur Matienzo, qui s’en défendit avec colère (3).
A l’expiration du délai imparti à son enquête (avril 30), il proposa
ses bons offices pour les tractations avec 1’ Inca Titu Cussi Yupangui
réfugié à Vilcabamba. Les négociations qui eurent lieu d’avril à juin,
furent marquées par deux conférences dans la région de Chuquichaca.
Matienzo y consacre l’ un des plus longs chapitres de son traité. Ayant
étudié cet épisode par ailleurs, nous ne nous y attarderons pas ici (4).
Le 30 juin Matienzo confie à Juan Palencia de Albornoz, qui se
disposait à regagner la métropole (5), le compte rendu du jugement de
González de Cuenca, mais ce messager, intimidé lors de son passage à
Lima par la toute puissance de l’ancien Oidor, se laissa suborner pour
200 pesos et remit le dossier à l’inculpé, qui s’empressa d’en retirer
les quelque six cents feuillets qui le compromettaient. Le dossier ainsi
amputé partit pour l’ Espagne. Cette fraude n’ayant pu rester secrète,
Matienzo l’apprit par le Procureur Monzón et s’empressa d’envoyer
à ses frais un nouveau compte rendu au Conseil des Indes, qui jugea le
cas sur cette copie (6). Le tricheur rejeta alors l’accusation de fraude sur
Matienzo ; il demanda la cassation du jugement pour vice de forme,
prétendant qu’on avait ajouté six cent pages à l’ original après la fin de
la procédure. Il chargea ses fondés de pouvoir : Polo de Ondegardo, le
Licencié Contreras, Hernando de Céspedes, Gaspar de Sotelo, Lope de
Zuazo, le Licencié d’Arequipa Gómez Hernández et le greffier du Cuzco
Luis de Quesada d’intenter une action en justice contre Matienzo (7).
La Couronne intervint alors, chargeant par une Cédule l’Audience
de Lima d’éclaircir le cas (8). L ’innocence de Matienzo fut constatée
rapidement, car à la suite de l’inspection de l’ex-Gouverneur Garcia
de Castro à l ’Audience des Charcas, notre auteur fut le seul à être lavé

(1) A cte du 1 4 .III.1 5 6 5 . Biblioteca Nacional del Perú. |Manuscrit A /3 8 . Protocole


de Luis Garcia-Sancho de Orúe, fol. 428.
(2) Les pièces, à l’A .G .l . Justice, 660 à 664, y compris les accumulés sur les mouve­
ments et les rumeurs d ’insurrection motivés au Cuzco par la perpétuité.
(3) Voir son rapport déjà cité note 3 de la page précédente.
(4) Ci. Gobierno del Perú ( I I , x v u i) ; et Lohmann Villena, « E l Inga Titu Cussi Y upan­
gui y su entrevista con el Oidor Matienzo (1565) », dans Mercurio Peruano (Lim a, 1941),
X X I I I , n ° 167, p . 3-18.
(5) A cte notarial du 3 0 .V I.1 56 5 dans le Protocole cité note 1 fol. 856.
(6) Mémoire de Alonso de Herrera, au nom de Matienzo. Madrid, 1 5.V I.1 57 0. Dans
La Audiencia de Charcas, I, p. 261-264.
(7) L e dossier, dans A .G .I ., Justicia, 652. A cte notarial du 1 1.IV .1 57 1. Archivo
Nacional del Perú. Section Notariale. Protocole de Alonso Hernández, 1571-1579, fol. 390.
Voir une lettre de González de Cuenca au Cardinal Espinosa, du 2 9 .III.1 5 7 1 , à Lim a,
dans la Colección de Documentos Inéditos para la Historia de España, X C I V , p. 317-320.
(8) Cf. un rapport de Toledo, daté du Cuzco le 1 °.III.1 5 7 2 . Dans Gobernantes del
Perú, IV , p. 183.
E tude p r é l im in a ir e xxxv

de toute accusation. Sur ces collègues les sanctions s’abattirent sévère­


ment. Le Président Ramírez de Quiñones fut démis de ses fonctions et
exilé des Indes; YOidor López de Haro fut suspendu pour quatre ans de
la magistrature, et le Licencié Pérez de Recalde pour un an. Le verdict
est la preuve d’une conduite irréprochable à l’heure où on prêtait si
complaisamment l’oreille aux ragots et aux calomnies contre les auto­
rités (1).
Le Gouverneur Garcia de Castro, qui avait déjà connu Matienzo
à la Chancellerie de Valladolid, lui fit une confiance totale. Il le consul­
tait fréquemment sur les problèmes délicats de l’administration de la
Vice-royauté et Matienzo lui rend cette confiance en le louant partout
chaleureusement (2), et en lui ouvrant son cœur. Il lui révèle par exemple,
dans une lettre, avoir appris que le scélérat Diego de Heredia avait décidé
de l’assassiner d’un coup d’ arquebuse. Découragé, il déclare : « Yo deseo
salir en paz de esta Audiencia, y en breve, porque el andar a derechas
aprovecha poco en esta tierra, a do toda maldad prevalece... ». Irrité
par le manque de rigueur de ses collègues dans l’exercice de la justice,
il ne cache pas sa nature autoritaire : « ...Y o confieso que no soy para
Oydor en esta tierra si no guío la dança, y entonces a mí sólo se eche la
culpa del delito que quedare por castigar... » (3).
Cette arrogance, qui prouve à tout le moins une haute idée de soi-
même, lui attira pas mal d’inimitiés. En sévère Castillan, il est partisan
d’une implacable justice et il proclame, quant à la répression des rebel­
lions, que « las imaginaciones y pensamientos se habían de castigar con el
mismo rigor que los delitos consumados... »(4).
Même ses relations avec le Gouverneur Garcia de Castro ne l’ébranlent
pas. Il condamne sans ménagement, dans les rapports du 24 novembre
et du 1er décembre 1567, le cumul des charges par le Président de l’Au­
dience de Lima (fonction de son correspondant) (5).
Vers le milieu de 1567, malgré ses occupations de magistrat, il
termine sa deuxième grande œuvre : notre Gobierno del Perú, et se range
avec éclat parmi les auteurs de traités sur le Droit Politique des Indes.
Très vite on le considère comme un spécialiste en la matière. En même
temps un essai en latin : 1’Estilo de Chancilleria, fait la somme de ses
expériences au tribunal de sa ville natale.

(1) Le résultat de l’inspection se trouve dans la Cédule du 1 3.V I I .1573. A .G .I . Indi­


ferente General, 524. Visites et Résidences, 1565-1585, fol. 16 ¡>-20 v.
(2) Cf. infra, p. 38, 197 et 199.
(3) Lettre au Gouverneur Garcia de Castro du 10.1.1567. Dans La Audiencia de
Charcas, I, p. 216-220, et Revista de la Biblioteca Nacional (Buenos Aires, 1943), I X ,
N » 28, p. 391-395.
(4) Déclaration du Licencié Campuzano dans le compte-rendu des mérites et des
états de service de Matienzo. 1580. La Audiencia de Charcas, II, p. 542.
(5) La Audiencia de Charcas, I, p. 240-242.
XXXVI G o b ie r n o d e l P e r ú

7. L’ APOGÉE : ANNÉES DE PLÉNITUDE

En 1569, après tant d’amertumes et d’injustice, s’ouvre une période


de satisfaction : ses efforts et son efficacité vont enfin être appréciés, il
va jouir de son heure de gloire. Post nubila, Phoebus.
Le Vice-roi Don Francisco de Toledo, qui savait infailliblement
reconnaître et utiliser la valeur des hommes, estima tout particulièrement
Matienzo et l’appuya totalement. Bien que seules des hypothèses per­
mettent de supposer que le Gobierno del Perú fit partie des documents
consultés en 1568 par la Junta Magna et que le futur Vice-roi put alors
le connaître avant de venir au Pérou (nous reviendrons plus loin sur ce
sujet), par contre il existe des indices certains prouvant qu’il le connut à
Lima. Comment expliquer, sinon, ce passage d’un rapport de Toledo (daté
du 1er mars 1572 à Cuzco) où il rend compte de son intense préparation
liménienne et où il dit avoir «visto algunos libros de personas graves...
que en materia de gobierno están escritos aunque no impresos... » ? (1).
N’est-ce pas une allusion au traité de Matienzo dont l’existence était
connue de tout son entourage (2) ? Nous nous appuyons aussi sur des
concordances parfois frappantes entre le travail de YOidor des Charcas
et des passages de YInstruction générale remise le 16 juin 1571 aux Visi­
tadores par le Vice-roi (3).
L ’idée fondamentale d’une « visite » ayant pour but l’organisation
de la vie politique des Indiens est déjà recommandée avec beaucoup
d’insistance dans le Gobierno del Perú (I, xiv et xxi). L ’analyse de YIns­
truction permet de déceler les apports de Matienzo. Quelques exemples
des ressemblances des deux textes nous permettront d’affirmer presque
à coup sûr que le traité de Matienzo a servi de canevas à l’élaboration
de YInstrucción de Toledo. L ’exhortation aux caciques de déclarer le
nombre exact de leurs vassaux (p. 132) (4) reprend presque mot pour
mot le texte de la loi iv du Chapitre xiv de la Première Partie. La réserve
concernant les Indiens demeurant à Potosí et Porco (Chapitre 5 des
Apuntamientos a la Instrucción general, p. 173), figure dans le dit Cha­
pitre x iv du Gobierno del Perú et en constitue la loi v. Le passage recom­
mandant l’inventaire du bétail et des biens de communauté par les
qui pus (p. 147), constituait la matière de la loi v du Chapitre x x de la
Première Partie. L’interdiction des battues (p. 148) figure dans la loi v
du Chapitre xxvi.

(1) Gobernantes del Perú, IV , p. 50.


(2) Rapport de YOidor Barros de Sanmillán, daté de L a Plata le 8 .1 X .1 5 7 2 . Dans
La Audiencia de Charcas, I , p. 268.
(3) Ce texte est dans le Libro de la Visita General del Perú, publié dans Revista H is­
tórica (Lim a, 1924), V I I , p . 113-216.
(4) Les chiffres entre parenthèses qui suivent reportent aux pages correspondantes
du document cité à la note précédente.
E t u d e p r é l im in a ir e x x x v ii

Le préambule du chapitre « Sobre las reducciones de los indios »


(p. 163) est inspiré directement des premiers paragraphes du Cha­
pitre xiv. L ’idée directrice figure dans le passage « Por esto, lo pri­
mero... » (1). L’ordre des mots même : « ...tierras, aguas, pastos, montes... »
est celui de Matienzo (2). La structure urbaine des réductions (p. 164)
est très semblable dans les deux textes (3). L’initiative même de séparer
les sexes dans des habitations différentes (p. 165), est inspirée de la loi ix,
du même Chapitre xiv. La question de l’instauration de hiérarchies
autochtones (p. 166) était déjà abordée dans les lois x, xi et xn de ce
Chapitre.
L ’ouverture d’un Hôtel des Monnaies à La Plata, idée que Matienzo
avait soutenue (II, x) pourrait constituer un indice supplémentaire de
ce que nous affirmons. Dans la pratique ce fut d’ailleurs un échec reten­
tissant faute de lingots d’argent sur place. Toledo dut en ordonner le
transfert à Potosí (4).
En tout cas Matienzo fut inclus dans l’ équipe de conseillers du Vice-
roi aux côtés des Pères jésuites Acosta, Ruiz de Portillo et López, des
juristes Polo de Ondegardo, Loarte et Gutiérrez Flores, et de l’Augustin
P. Juan de Vivero. En juin 1571 il fut nommé à la tête du comité de
onze membres chargés de l’inspection du district de La Plata. Il inaugura
cette mission par une visite personnelle en septembre de l’année suivante,
pour laquelle il reçut 3 000 pesos (5).
Pendant un an et demi il eut l’occasion de mettre en pratique ses
propres théories, organisant au mieux la vie des communautaires,
définissant depuis le rôle de leurs autorités propres jusqu’à l’agencement
de leurs villages (6).
Il entendait à la fois définir le régime le plus approprié aux indiens
et justifier le maintien de la Couronne espagnole dans le Nouveau
Monde. Meilleur régime après le despotisme des Incas et les abus des
curacas (7).
Il travailla personnellement à l’établissement du recensement, et à
la rédaction de ses observations, accompagnées de cartes de la région (8).
Parmi les faits les plus saillants de la visite figurent les deux réductions
pratiquées, la première à Moromoro où onze hameaux furent réunis
en une seule localité : Villanueva de la Plata ; l’autre à Caracara, où le

(1) CI. infra, p. 48.


(2) Cf. infra, p. 50.
(3) Cf. infra, p. 50.
(4) Rapport de Toledo du 2 0 .X I I .1 5 7 3 , Chapitre 19, et du 2 0 .III.1 5 7 4 , Chapitre 37.
Dans Gobernantes del Perú, V , p. 308 et 375.
(5) Revista Histórica (Lim a, 1924), V I I , p. 124.
(6) Gobierno del Perú (I, x iv ), et rapport de Matienzo du 21.1.1573. Dans L a Audiencia
de Charcas, II, particulièrement p. 467-475.
(7) Gobierno del Perú, I, Chapitres i, n , v i et v u .
(8) Déclaration de Gaspar Rodríguez dans le compte rendu des mérites et états de
service de Matienzo. 1588. La Audiencia de Charcas, II, p. 591.
X X X V III G o b ie r n o d e l P e r ú

village fondé fut nommé Toro, sans doute en hommage à sa femme (1).
Le 23 décembre 1572, lorsque Toledo fit son entrée à Potosí, Matienzo
s’empressa de lui rendre compte de sa visite. Peu après il lui remit un
mémoire sur l’amélioration de la région de Charcas et le développement
de sa prospérité par l’industrie minière (2).
Quelle impression le Vice-Roi retira-t-il de ce contact personnel ?
Dans un rapport au Conseil des Indes il décrit Matienzo de cette manière :
« ...aunque es cabezudo y le parece bien su opinión, es amigo de más
justicia, menos ambicioso de ser bienquisto, y más desinteresado e
inclinado a las cosas de Va Mgd... » (3), soulignant bien .l’essentiel de
son caractère : ténacité un peu teintée d’obstination, rigueur autoritaire,
détachement de hidalgo et diligence de fidèle vassal. Grâce à ses qualités,
il devint le bras droit du Vice-roi durant son séjour dans la région de
Charcas. Toledo fait paraître cette confiance dans sa correspondance
avec Philippe II (4). En 1574 il se félicite de la suspension de plusieurs
magistrats à la suite de la visite de Garcia de Castro à l’Audience, et il
ajoute qu’il lui suffit de Matienzo, car il a constaté «que hace justicia
y que no tiene respetos ». Il recommande sa promotion et le ferait même
volontiers venir à Lima en qualité de Régent de l’Audience (5).
Les « Ordenanzas de los indios yanaconas de la provincia de los
Charcas ; cómo han de ser doctrinados, y tributo que han de pagar »,
promulguées par Toledo à La Plata le 6 février 1574 (6), sont le fruit
de l’expérience accumulée par Matienzo durant sa visite du territoire.
Si la pensée générale de ces ordonnances se trouve dans les recommanda­
tions sur le statut des indigènes disséminés dans le Gobierno del Perú,
l’inspiration directe en est dans le Chapitre vm de la Première Partie :
l’ Ordonnance iv (interdiction des beuveries dans les fermes) développe
la loi vu dudit Chapitre ; la vu (interdiction de chasser de leurs terres
les yanaconas qui y résident depuis plus de quatre ans) et la ix (défense
de transférer les Indiens dans une autre propriété), sont en germe dans
la loi v ; la vm (possibilité de renvoyer les Indiens ayant moins de
quatre ans de résidence dans une exploitation) est ébauchée dans la
loi ii, et enfin la xi (pour une juste rétribution) est suggérée dans la loi m .

(1) Le rapport de Matienzo rédigé le 21.1.1573 dans la vallée de Sibisto, constitue


en fait le compte rendu sur l’ enquête menée aux alentours de L a P lata. La Audiencia
de Charcas, II, p. 465-490.
(2) Nous rendrons compte plus loin de ce travail, lorsque nous aborderons les écrits
politiques de Matienzo.
(3) Rapport du 3 0 .X I .1 5 7 3 , Chapitre 26. Gobernantes del Perú, V , p. 246.
(4) Mémoire du Vice-roi Toledo au Président du Conseil des Indes, contenant des
présentations pour les diverses charges civiles et ecclésiastiques. Sans date, mais approxi­
mativement de 1573. A .G .I . Indiferente General, 856.
(5) Rapport du 8 .X I .1 5 7 4 . Gobernantes del Perú, V , p. 442.
C’était l ’occasion pour promouvoir Matienzo à l'emploi de Président de l ’Audience
des Charcas, mais on nom m a à cette place le Docteur Diaz de Armendáriz.
(6) Ballesteros, Ordenanzas del Perú (Lim a, 1685), Livre Second, Titre X , fol. 150 ;
Memorias de los Vireyes y Audiencias del Perú (Lim a, 1867), I, p. 2 17-229, et Gobernantes
del Perú, V I I , p. 2 02 -2 1 5, et V I I I , p. 241-255.
E t u d e p r é l im in a ir e x x x ix

Dans les « Ordenanzas de los mesones y ventas de la provincia de


los Charcas, y cómo han de estar proveídos », signées par le Vice-roi
le 1er mars suivant (1) la dette à l’égard de Matienzo diminue. On y
retrouve quelques statuts du Chapitre x de la Première Partie, car l’ Or­
donnance iv semble recueillir le contenu des lois vi et xn, et l’ Ordonnance
vu reflète la loi i.
Il nous a paru inutile d’entreprendre la comparaison des « Orde­
nanzas de minas » du 7 février 1574 (2) avec le projet du Chapitre x l i
de la Première Partie, car il faudrait avant même de tenter de déterminer
l’influence de Matienzo sur Toledo, distinguer déjà l’apport personnel,
dans l’ œuvre de Matienzo, de l’emprunt qu’il a lui-même contracté envers
les Ordonnances de La Gasea (1550) et du Comte de Nieva et des Com­
missaires (1562), Il ne faut pas oublier d’autre part qu’entre le moment
où Matienzo établit ses lois et la promulgation des Ordonnances s’écoulent
sept années, marquées entre autres innovations par l’instauration du
régime légal institué par la Nueva Recopilación (1567) et que par ailleurs
l’utilisation du mercure à Potosí a transformé radicalement l’industrie
extractive. Donc, à bien des égards, les normes suggérées par Matienzo
étaient déjà dépassées. Remarquons seulement que le Livre X V de la
réglementation de Toledo traite « De los tesoros y huacas ». Ses rapports
avec le sujet principal sont très lâches et il convient de le rapporter au
Chapitre x x x ix de la Première Partie du Gobierno del Perú.
L’influence des idées de Matienzo sur la refonte des Ordonnances
sur les indigènes (Arequipa, 6 novembre 1575) (3) est encore plus mince.
On retrouve la trace de ses idées maîtresses des Chapitres xiv, xx, xxm ,
et x x x v de la Première Partie, mais l’ensemble de ces Ordonnances, en
donnant un statut officiel aux réductions, impliquent une organisation
politique et civique des indigènes inexistante à l’époque du Gobierno
del Perú.
Pour en terminer avec cette étude de l’influence de Matienzo sur
la législation de Toledo, il reste à parler d’ une série de dispositions
inédites conservées dans un codex de la Bibliothèque Nationale du
Pérou. Tant parce que ces lois règlent divers aspects de la vie publique
dans la région des Charcas et de Potosí, que parce que leur date de pro­
mulgation coïncide avec la période de contacts personnels intenses entre
Toledo et Matienzo, nous pouvons supposer que ce dernier ne fut pas
étranger à leur rédaction.
Cet ensemble comprend : 1) Une instruction aux Visiteurs (6 mars
1573) ; 2) Des précisions du Vice-roi Toledo sur l’observation de l’ Ins-

(1) Ballesteros, op. cit., loc. cit. Titre X I ; M em orias... cit., p. 230-235, et Gobernantes
del Perú, V I I I , p. 273-280.
(2) Ballesteros, op. cit., Livre Troisième, fol. 221-279 v. ; M em orias... cit., p. 267-348,
et Gobernantes del Perú, V I I I , p, 143-240.
(3) Ballesteros, op. cit., Livre Second, Titres I à X I I ; M em orias... cit., p, 155-217,
et Gobernantes del Perú, V I I I , p. 304-382.
XL G o b ie r n o d e l P e r ú

truction générale par les inspecteurs (7 mars 1573) ; 3) Manière de pro­


céder aux réductions d’indiens (6 mars 1573) ; 4) Ordonnances pour les
surveillants des mines de Potosí (18 avril 1573) ; 5) Ordonnances pour
les mines d’argent ; 6) Ordonnances pour la bonne administration de la
ville de La Plata ; 7) Ordonnances pour l’hôpital des Espagnols de La
Plata (dont Matienzo fait partie) ; 8) Taxation du salaire des indiens
répartis et des yanaconas à La Plata ; 9) Sur les juges des indigènes ;
10) Sur les défenseurs et procureurs des indiens ; 11) Instruction pour les
défenseurs des indiens ; 12) Ordre relatif à la charge de métal portée par
les indiens à Potosí ; 13) Provision aux gens de justice de ne pas maltraiter
les caciques et notables indigènes ; 14) Ordre pour que les indiens venant
à Potosí vivent avec leurs semblables et 15) Ordonnances pour l’hôpital
des indigènes de Potosí (1).
La plupart de ces matières avaient été abordées par Matienzo et
si nous ne pensons pas qu’il est possible d’affirmer, comme le fait René
Moreno, que les Ordonnances de Toledo furent rédigées par Matienzo (2),
il est raisonnable de penser qu’il a pu intervenir en plus d’ un passage
de ces dispositions. On peut considérer qu’il a inspiré en bien des aspects
ces Ordonnances qui furent considérées par la Couronne comme législa­
tion locale préférentielle au Pérou (3).
Le chef-d’œuvre de Matienzo, comme assesseur de Toledo, est le
réajustement du tribut des yanaconas. L ’innovation, qui paraît simple
puisqu’elle se réduit à augmenter seulement d’un peso la capitation en
vigueur, résulte en fait d’une étude qui tient compte des possibilités des
indigènes, des nécessités financières et des raisons éthiques de l’opération.
Des sept pesos d’argent payés par chaque tributaire, cinq reviennent
à Yencomendero, un à l’enseignement religieux et le dernier au fisc. On
obtient ainsi une rente qui permet de payer les Corregidores et les autres
autorités chargées du maintien de l’ordre public. C’était la proportion
que l’Etat pouvait légitimement retenir d’après la doctrine exprimée
dans le Gobierno del Perú (4).
Il conseilla, de plus, de commencer le recouvrement de la dîme dans
la population indigène sans attendre la décision pontificale relative aux
modalités d’application. Cette proposition fut soutenue de nombreuses

(1) Biblioteca Nacional del Perú. Ms. B .5 1 1 . Codex de Toledo, fol. 64 »-8 9 , 89-97 ,
9 7 -1 0 4 ,1 0 7 -1 1 4 » , 153 » -1 6 0 ,1 6 0 »-226 » , 2 4 3 -2 9 9 ,3 2 3 -3 2 7 » , 3 2 8 -3 3 0 ,3 3 0 -3 4 5 ,3 4 5 »-348 »,
349-354, 357, 358 » , 3 60, e t 387-393.
(2) Biblioteca Peruana, cit. I, p. 89.
(3) Recopilación de Leyes de Indias, I I , I, x x x v i i .
(4) Cf. Première Partie, Chapitres xii , xvi et xxxvm.
Rapports de Matienzo des 21.1 et 2 8 .X I .1 5 7 3 . Dans L a Audiencia de Charcas, II,
p. 485-490 et 494, et du 1 4 .X .1 5 7 6 , ibid., I, p. ¡401. Voir aussi rapports de Toledo des
2 0. I I I . et 3 0 .X I .1 5 7 3 , Chapitres 7 et 16 respectivement. Gobernantes del Perú, V , p. 80 et
147.
E t u d e p r é l im in a ir e xli

autorités (1). Le projet, envoyé pour approbation au Conseil des Indes,


fut retourné à l’Audience des Charcas maîtresse de la décision (2).
La Provision fixant les taxes des yanaconas, signée de Toledo, attri­
buée au travail du Président Ramírez de Quiñones et des Oidores Matienzo,
López de Haro, Pérez de Recalde et Barros de Sanmillán, aidés du Licencié
Gutiérrez Flores, répète en fait les arguments et thèses extraits de l’œuvre
de notre auteur (3), comme le confirme d’ailleurs huit ans plus tard
le greffier Antonio de Salas. Il précise de plus que Toledo, lorsqu’il
parcourut le territoire de l’Audience, ordonna l’application de ces taxes
et chargea Matienzo de la réforme complète du système d’imposition
sur la région de Charcas (4).
Peut-être un projet que Matienzo garde secret et ne veut exposer
que devant le Monarque et le Conseil des Indes touche-t-il à ces questions ?
Il déclare le 18 octobre 1573 au Président Juan de Ovando : « Sólo me
resta dar otro aviso más importante que todos los que he dado, el quai
no me atrevo a dar por carta, porque quiero dar raçôn de lo que dixere
y responder a las objeciones que se me pusieren, y para ello ir en persona
ante Su Magestad y ante Vuestra Ilustrísima y los señores de ese Real
Consejo, el qual aviso servirá de que, en pocos años, este Reyno será
el más próspero y rico de toda la Cristiandad, y los habitantes dél lo
mesmo, y que se aumenten las rentas reales doblado de lo que agora son,
y no me alargo más, aunque pudiera ; lo qual todo se hará sin perjuicio
de indios ni de españoles ni de otra persona alguna, antes con mucho
aumento de todos en general y en particular, y asi diré que, en conciencia
y en justicia, se debe hacer esto para que Su Mgd justamente pueda
llevar las rentas que lleva deste Reino, lo qual, como sea cosa tan impor­
tante y que necesariamente ha de tener contradictores, no conviene
al servicio de Su Mgd que se dé este aviso por cartas, sino personalmente
y con autoridad de oficio que Su Mgd me dé, para con ella responder
libremente a las objeciones que se me pudiesen hacer, y si para hacer
este tan señalado servicio a Su Mgd fuese necesario empeñarme más de
lo que estoy para ir en persona a esa Corte, yo me ofrezco al gasto de

(1) A .G .I . Indiferente General, 1624. Copie d’ un rapport rédigée à La Plata le


2 0. I X .1573, où il répond à treize questions du Vice-roi Toledo sur les taxes et les tributs,
la création du paiement des dîmes par les Indiens, la façon de les recouvrer, etc.
Voir aussi son ouvrage intitulé Commentaria... in Librum Quintum ..., Titre 10, L oi 12,
Glose 1, n ° 4. Rapport de Matienzo du 1 8 .X .1 5 7 3 , dans Medina, Biblioteca Hispanoame­
ricana, I, p. 292, et La Audiencia de Charcas, II, p. 492.
(2) Décret du 1 5.X I I . 1574 pris d’ après un rapport de Matienzo du 2 8 .X I .1 5 7 3 .
La Audiencia de Charcas, II, p. 494-498 ; et Cédule du 2 4.1.1575. A .G .I . Charcas, 415,
Livre 2, fol. 16. Dans Colección de Documentos Inéditos de América y Oceania, X V I I I ,
p. 114-116.
Comp. avec Gobierno del Perú, I, x x x v in .
(3) Cf. le Libro de la Visita General del Perú (cité note 3, p. x x x v i), particulièrement
pages 186-196 et 197-201, avec le Gobierno del Perú, I, i, v , v u , x n , x m , x i v , x v i, x v m ,
et x x v n , et II, x i. Cf. aussi le rapport de Toledo du 2 0 .III.1 5 7 4 , Chapitre 2 8, dans Gober­
nantes del Perú, V , p. 369-371.
(4) Déclaration dans le compte rendu des mérites et des états de service de Matienzo.
1580. La Audiencia de Charcas, II, p. 534.
XLII G o b ie r n o d e l P e r ú

todo lo que me pudiera costar, y lo daré por bien empleado, por servir
a Va Ilustrísima en esto y en otras cosas que diré estando en presen­
cia... » (1).
Mais le Conseil des Indes répondit avec dédain que le projet pouvait
être envoyé par écrit et il ne donna pas l’ autorisation à Matienzo de
quitter son siège (2). Ce dernier renouvela sa proposition quelques années
après, sans plus de succès (3).
La réforme fiscale, si elle entraîna un accroissement de revenus de
400 000 pesos environ par an, valut à Matienzo l’inimitié universelle.
Son collègue Barros de Sanmillán, poussé par des soucis mesquins d’avan­
cement, écrit : « ...[Matienzo]... ansí en un libro que escribió del gobierno
del Perú, como en cartas particulares que ha escrito a V. Mgd, tiene
prometidas grandes cosas cerca del aumentar vuestro patrimonio real
sin agravio de los indios ni encomenderos, y porque en los negocios de
Indias se hablan y escriben varias cosas que parecen ciertas en la ciencia
y vía especulativa, las quales reducidas a práctica se resuelven en pala­
bras y humo, y todo viene a ser como lo de los alquimistas, tuve por
acertado que el dicho Licenciado Matienço saliese a ensayar lo que
había dicho y publicado, y entendiésemos cómo abraçaba la teórica y
práctica, para que, si acertase, todos le siguiésemos, y en conclusión
acabásemos de verificar este secreto... » (4).
L ’aide apportée à Toledo durant son séjour dans le territoire des
Charcas toucha bien d’ autres branches du gouvernement. Nous avons
fait allusion à son mémoire sur la stabilité et le développement de la
province de Charcas, avec un plan de pacification des rebelles Chirigua-
naes (5). Durant son séjour à Potosí il fit partie d’une commission
chargée de contrôler les autorités fiscales et municipales de la localité,
tâche qui n’avait jamais été effectuée depuis la fondation de la ville (6).
Avec VOidor Pérez de Recalde, il dut ainsi inspecter les établissements
commerciaux et les boutiques, afin de saisir l’argent mêlé de cuivre et
de plomb qui circulait dans le centre minier affaiblissant le cours légal
du métal (7).
Le 16 mai de la même année Matienzo rédige un rapport au Vice-roi
sur la nécessité d’ une répression contre les Indiens Chiriguanaes, où il
indique la stratégie à suivre pour le succès de l’opération (8). En
décembre 1574 il signe, avec les autres magistrats de l’Audience et

(1) Medina, op. cit. I, p. 292-293 ; Matienzo, Gobierno del Perú (Buenos Aires, 1910),
Advertencia, p. I X - X , et L a Audiencia de Charcas, I, p. 492-493.
(2) Cédule du 1 7 .X .1 5 7 5 . A .G .I . Charcas, 415, Livre 2 , fol. 17 ».
(3) Rapport du 4 .1.1579. La Audiencia de Charcas, I, p. 482.
(4) Rapport du 8 .I X .1 5 7 2 . L a Audiencia de Charcas, I, p. 268 -2 6 9.
(5) Supra, note 2, p. x x x v i i i .
(6) Rapport des Oidores de Charcas, du 1 6.V .1 57 5 . A .G .I . L im a, 270.
(7) Rapport de Toledo, à Potosí, 2 0 .III.1 5 7 3 , Chapitre 11. Gobernantes del Perú,
V , p. 53.
(8) L a documentation relative à ce sujet se trouve au A .G .I . Patronato, 2 35, R am o 2.
Voir aussi La Audiencia de Charcas, I, p. 271-279.
E t u d e p r é l im in a ir e x l iii

plusieurs théologiens convoqués par Toledo, un avis sur l’ obligation


pour le Souverain et les encomenderos de restituer aux Indiens les sommes
versées pour la doctrine, non appliquées à leur but dans les repartimientos
de la Couronne et des particuliers (1). Enfin, nommé par le Vice-roi, il
constitue avec le Président Ramírez de Quiñones et le Licencié Gutiérrez
Flores, le triumvirat chargé d ’enquêter sur l’action et le comportement
des Visitadores dans le district de l’Audience durant l’exercice de leur
mission (2).

8. L e d é c l in

Toledo reparti, Matienzo restera démuni devant ses adversaires.


L’envie et la jalousie, que le caractère entier de notre auteur n’avait pas
contribué à désarmer, déclenchèrent une campagne de discrédit contre
les réformes tolédiennes dont il avait été un des principaux artisans.
La Président Díaz de Armendáriz assure le 25 septembre 1576, sans
aucune pitié : « ...Dice el Licenciado Matienço que ha hecho gran servicio
a Va Mgd en haberse introducido por su parecer que paguen los indios
un peso más para lo que el Virrey ha ordenado, que será (según dice)
en gran augmento de las rentas de VaMgd, y jactándose de ésto el Licen­
ciado Matienço, le respondió otro letrado que si aquel aviso y parecer
tenía por tan provechoso, que él daría otro que lo fuese más, y era que
como se añadía aquel peso a los indios, para Va Mgd se les añadiesen otros
cuatro, y así digo yo que las traças del Virrey y las del Licenciado
Matienço, después de bien entendidas, no tienen otro primor ni sotileza
más que lo tendría si un gobernador puesto por Va Mgd, en su ausencia
en España o en otro de sus Reinos, añadiese a los vasallos pecheros y
les impusiese mayores pechos o nuevas imposiciones y tallas, sin mirar
si lo podrán pagar buenamente y sin tener advertencia a lo que adelante
de ello podría redundar, con mayor pérdida de la hacienda de Va
Mgd... » (3).
Il revient à la charge Je 4 du mois suivant avec plus de dureté encore.
Car l’application des nouvelles taxes a entraîné des perturbations et il
a cru de son devoir d’en informer son Souverain : le Vice-roi et les Oidores
de Charcas ont approuvé «. . . excepto el Licendiado Matienço, que lo tomó
por ofensa particular, diciendo que si las tasas y lo demás estaba errado,
él tenía la culpa, porque todo lo había hecho el Virrey por su parecer y
consejo, y que éllo tenía bien fundado por largos papeles que había enviado
a Va Mgd... », et il conclut : « De los que escriben al Virrey y a V a Mgd en

(1) Levillier, Organización de la Iglesia en el Virreinato del Perú (Madrid, 1919), I,


p. 93-96, et Lissón, op. cil., II, p. 756-758.
(2) Déclaration de Antonio Bautista de Salazar dans le compte rendu des mérites
et états de service de Fray Pedro Gutiérrez Flores. L im a, 1583. Archivo Histórico Nacional.
Madrid. Inquisition, 1.646, n ° 3.
(3) La Audiencia de Charcas, I, p. 381.

4
XLIV G o b ie r n o d e l P e r ú

estas cosas de indios y del gobierno, ninguno hay tan sospechoso ni a


quien se deba dar menos crédito que al Licenciado Matienço, porque
aunque es virtuoso y de mucho recogimiento en su estudio, y cuidadoso
en su oficio, no hay que hacer caso en lo que dice y escribe, antes conviene
que Va Mgd le mande remover de aquí y servirse de él en otra plaza,
haciéndole merced conforme a sus méritos y servicios... » (1).
Un rapport réservé de Matienzo, adressé le 14 du même mois à Phi­
lippe II, présente l’autre face des choses. Il le confie à son fils Gaspar,
demandant que seul le Secrétaire du Monarque voie cet écrit, par crainte
d’ennuis éventuels.
Il y rappelle ses seize années de magistrat dans l’Audience des Charcas
et sa satisfaction d’avoir été le seul maintenu dans ses fonctions après
l’inspection de Garcia de Castro. Il se flatte d’avoir inspiré la réforme
des taxes de la région du Charcas et s’enorgueillit que Toledo ait promul­
gué des Ordonnances s’inspirant des normes suggérées neuf ans plus
tôt dans le Gobierno del Perú.
Il dénonce avec exaspération la campagne des nouveaux magistrats
de l’Audience pour détruire l’ œuvre du Vice-roi et déploie tous ses efforts
pour neutraliser de tels desseins qui entraîneraient des dommages irré­
parables. Il sollicite, sur le bénéfice acquis grâce à sa réforme, une rente
perpétuelle de 4 000 pesos, et une place de Conseiller des Indes en récom­
pense et offre pour finir un autre « aviso más útil que los demás para
que sea este Reino más rico y tenga príncipe cristiano en todo el mundo,
con aumento de las rentas reales, sin perjuicio de los indios y sin tener
más trabajo del que ahora tienen » (2).
Malgré toutes ces tâches exténuantes, il trouve encore le temps de
composer alors deux œuvres, dont vraisemblablement une fut la monu­
mentale glose des lois du Cinquième Livre de la Nueva Recopilación,
imprimé quatre ans plus tard, après la mort de l’auteur.
Heureusement Toledo, pleinement satisfait du zèle et de l’intelligence
dont Matienzo avait fait preuve, sut rester sourd aux plaintes et le
prouva en septembre 1577 en le choisissant pour le gouvernement de
Potosí.
Dans le centre minier vivaient à cette époque deux mille vecinos,
vingt mille ouvriers indigènes avec leurs familles, et une population
flottante de marchands, fournisseurs, vagabonds, etc. ; cent soixante
moulins traitaient le minerai. Lorsque Toledo pensa à remplacer le

(1) Ibid., I, p. 395 et 397.


(2) Rapport réservé de Matienzo du 1 4 .X .1 5 7 6 . Dans La Audiencia de Charcas, I, p.
400-405 ; le passage cité vient des pages 403-404.
Ce document a eu effectivement un sort particulier au Conseil des Indes. A u lieu d ’être
compris dans le même dossier que la correspondance des magistrats de l’Audience de
Charcas (aujourd’hui au Archivo General de Indias, Charcas, 16), il fut séparé et se trouve
classé à Patronato 192, N ° 1, R am o 70.
E t u d e p r é l im in a i r e XLV

Corregidor Gómez Hernández, il songea à Matienzo qui alliait l’ancienneté


au prestige.
Ce dernier, outre le jugement de résidence de son prédécesseur,
devait étendre sa tâche aux Alcaldes ordinaires, aux Veedores, alcaldes
et capitaines de mines, ainsi qu’à d’autres autorités subalternes. Il
devait de plus inspecter les galeries et travaux des mines. Les dossiers
d’épuration terminés, Matienzo fut nommé Justicia Mayor à Potosí
en attendant un autre Corregidor. Toledo pensa que la présence d’un
magistrat affermirait l’ordre dans ce lieu si fréquemment troublé.
Matienzo, sachant que le climat et l’altitude de la ville pouvaient lui
être nocifs, n’hésita pas à partir aussitôt occuper ses fonctions. Il put se
rendre compte de la négligence et de la corruption qui avaient sévi
jusque-là dans les affaires publiques. Tout en instruisant les jugements
de résidence des autorités locales, il s’évertua à rétablir les Ordonnances
de Toledo tombées en désuétude. Il mit sur pied une nouvelle organisation
des équipes d’ouvriers pour le travail en sous-sol et dans les moulins.
Entrant de façon irréfléchie dans les vues des mineurs, il assigna 3 000 tra­
vailleurs de plus pour ces travaux (Comp. infra, p. 133, 137 et 157). Il
se préoccupa même de faire peindre et d’envoyer au Conseil des Indes la
fameuse colline ; puis, sans souci de son organisme délabré, il entreprit de
parcourir les galeries d’exploitation.
Poussé par l’amour invétéré du progrès, il appuya les expériences
de Francisco Mejia tendant à améliorer la fonte du minerai argentifère
par purification de la gangue, la méthode de l’amalgame étant trop
coûteuse. Matienzo, manquant de connaissances techniques, semble
bien avoir été abusé par Mejia. Toledo le laisse entendre, et ajoute :
« ...se conduce razonablemente, aunque se confía más en lo que le dicen
otros que se podría sacar de riquezas, que de lo que lleva la experiencia
de las mentiras que de esta materia he verificado... ». Séduit par d’illu­
soires résultats, Matienzo se proposait d’aller à Porco pour y appliquer
ce système que le Vice-roi considérait avec tant de scepticisme.
Il demeura à Potosí une bonne partie de l’année 1578, mais la Cou­
ronne décida de le renvoyer à ses fonctions habituelles et fit demander
à l’Audience de Lima une information sur le profit ou les préjudices
résultant des innovations introduites à Potosí par Matienzo (1).
A cette époque son organisme est déjà éprouvé par l’ âge. Sa santé
subit des oscillations inquiétantes. La goutte et une affection urinaire
l’empêchent souvent de se rendre au Tribunal (2).

(1) Rapports de Matienzo du 2 3 .X I I .1577, du 30.1, des 3 et 19.11.1578. La Audiencia


de Charcas, I, p. 455-465, 466-469, 470 et 471-472. Rapports de Toledo du 1 2 .X I I .1 5 7 7 ,
18.IV .1 57 8 et 1 9 .IV . et 2 3 .X I .1 5 7 9 , dans Gobernantes del Perú, V I , p. 10, 60, 132, 203
et 206. Cédules du 21.11.1579 et 3 0 .I X .1 5 8 0 . A .G .I . Lim a, 570. Livre 14, fol. 196 et 256 o,
et Charcas, 415, Livre 2, fol. 21.
(2) Rapports de Toledo du 1 8.IV .1 5 7 8 et du 1 9.IV .1 5 7 9 . Dans Gobernantes del
Perú, V I , p . 60 et 132.
XLVi G o b ie r n o d e l P e r ú

Le Président Díaz de Armendáriz étant transféré en Nouvelle Grenade,


il assume, fin 1578, la régence du tribunal en qualité d'Oidor le plus
ancien. Il profite de son intérim pour établir un dossier contre 1’ Oidor
Barros de Sanmillán qui depuis quelque temps déjà, avec l’aide du
Président Díaz de Armendáriz et du Licencié Juan Torres de Vera y
Aragón, s’opposait à toutes ses propositions (1). Il se venge en même
temps de Torres de Vera y Aragon qui avait emporté sur son fils Fran­
cisco la main de la fille de l’Adelantado Juan Ortiz de Zarate et du même
coup la Gobernación du Río de la Plata.
En pleine extravagance, Matienzo envoie le 4 janvier 1579 un ensemble
fascinant de propositions astucieuses sur les impôts, la guerre et le
gouvernement. Il réserve le détail de ces propositions à un mémoire
confidentiel (que son fils aîné Bernardo devait remettre au Conseil des
Indes) et offre de livrer le secret d’un meilleur rendement des mines qui
augmenterait les rentes royales d’un million de pesos par an. Il tient
aussi en réserve un plan d’action pour soumettre les Chiriguanaes et les
Calchaquies et établirait ainsi un contact plus facile entre Charcas,
l’Atlantique et la Métropole. Il renouvelle par la même occasion sa
vieille idée d’ une cité à l’embouchure du Río de la Plata. Atteint de méga­
lomanie, il pose comme condition à la réalisation de tous ces plans sa
nomination comme Président titulaire de l’Audience, jouissant de tous
pouvoirs sur sa juridiction, augmentée des districts du Cuzco et de Hua-
manga. Isolé, malade, Matienzo se livre à la jactance : « Yo sólo he sido
el que ha sustentado lo que ha hecho [le Vice-roi], y si por mí no fuera,
lo hubiera todo revocado y echado por el suelo el doctor Lope Díaz de
Armendáriz... por pasión particular... » (2).
Une grave maladie, puis la mort, détruisirent des projets aussi
brillants. Le 24 décembre 1579 les magistrats de l’Audience informent
sèchement : « ...el Licenciado Matienzo falleció a 15 de Agosto... » (3).
Avec lui disparaît le dernier survivant des fondateurs de l’Audience
où il avait servi dix-huit années durant, à peu près autant qu’à la Chan­
cellerie de Valladolid.
Le jour de sa mort il se trouvait si démuni que l’on ne put réunir
assez d’ argent chez lui pour couvrir les frais d’enterrement. Sa famille
dut vendre argenterie et bijoux (4). Pour parer à la pénurie qui suivit
et obtenir de modestes gratifications royales, sa veuve fit établir deux
dossiers sur ses mérites et services, en octobre de la même année et en
décembre 1588 (5).

(1) Rapport de Matienzo du 1 °.X II .1 5 7 8 . Dans La Audiencia de Charcas, I, p. 473-474.


(2) La Audiencia de Charcas, I, p. 481-488. Un mémoire annexe à ce rapport est
inconnu.
(3) Ibid., I, p. 499.
(4) Compte rendu des mérites et des états de service. 1580. La Audiencia de Charcas,
II, p. 537.
(5) A .G .I . Charcas 90 et 4 3, respectivement. Ibid., II, p. 517-549 et 571-596.
E t u d e p r é l im in a ir e x l v ii

Dans le premier compte rendu figurent les témoignages d’amis éprou­


vés comme Diego Rodriguez de Figueroa (auteur d’une Historia de los
Ingas) (1), qui l’avait accompagné en 1565 dans sa tentative pour
réduire l’ Inca Titu Cussi Yupangui; le Capitaine Jerónimo Osorio ; Tomé
de Villagra ; le Chanoine Fernando Palacio Alvarado, qui en 1560 avait
voyagé vers le Pérou avec lui ; le greffier Antonio de Salas, son second
durant la visite des Charcas, et le Licencié Campuzano. En 1588, au
témoignage renouvelé d’Osorio et de Villagra, s’ajoutent ceux de Ber-
nardino de Aguilar, Cristóbal Maldonado, Andrés de Balmaceda et Gaspar
Rodríguez.
Au vu de la procédure de 1579 parvenue au Conseil des Indes en
décembre de l’année suivante (2), fut établie la consultation du 23
décembre (3). Une Cédule de Philippe II accorda le 3 janvier 1581
à Doña Ana de Toro l’équivalent d’une demi-année du salaire du défunt,
conformément à l’usage observé envers les veuves de magistrats décédés
en activité (4).

9. L a f a m il l e et la descendance

Le Licencié Matienzo avait pour épouse Doña Ana de Toro del Cas­
tillo, originaire comme lui de Valladolid, fille de Don Juan del Castillo
et de Doña Bárbola de Carrión. Elle avait pour frères et sœurs Doña
Juana de Toro, femme du docteur Luis de Mercado, Premier Médecin
du Royaume, médecin de la chambre de Philippe II, praticien le plus
renommé du x v ie siècle en Espagne ; don Diego de Toro del Castillo,
chanoine à Valladolid ; Don Juan de Toro, qui accompagna son beau-
frère au Pérou ; Doña Francisca de Toro, épouse de Lorenzo de Salcedo,
Alguacil Mayor de l’Audience de Galice, et le Licencié Jerónimo de Toro,
avocat (5).
De leur union naquirent dix enfants :
1) Le Licencié don Bernardo Matienzo, né à Valladolid, avocat des
Conseils Royaux. Il ne partit pas aux Indes avec ses parents mais s’établit
à Madrid où il épousa doña Catalina Barrionuevo de Peralta y Solier.
Il mourut le 27 août 1615 et fut enterré dans l’église paroissiale de San
Ginés, à Madrid (6). Auteur d’écrits juridiques publiés en 1598 (7),

(1) Voir sa lettre du 1 °.X I I .1 5 8 2 , dans Relaciones Geográficas de Indias (Madrid,


1885), II, Appendice I I I , p. X X X I I I .
(2) A .G .I . Indiferente General, 1087. Registro de Peticiones, 1580, fol. 267 v et 270.
(3) A .G .I . Indiferente General, 739.
(4) A .G .I . Charcas, 415, Livre 1, fol. 74 ».
(5) Alonso Cortés, Miscelánea Vallisoletana (Valladplid, 1955), II, p . 9 3-123, article
« Luis de Mercado », en particulier p . 103.
(6) Cf, son testament olographe du 2 8 .X I I .1 6 1 3 . Les formalités d’ ouverture et l ’in­
ventaire des biens. Archivo Histórico de Protocolos. Madrid. Protocole n ° 1832. Juan de
la Cotera, 1615, fol. 763-768 et 869-874 v.
(7) Pérez Pastor, Bibliografía Madrileña, I, n ° 5 81, et Medina, op. cit., II, n ° 828.
XLVIII G o b ie r n o d e l P e r ú

il eut à son tour un fils, Juan de Matienzo y Peralta, renommé en la


matière. Ce dernier fait mention de son père et son grand-père dans
l’introduction de ses Repetitiones Tredecim in varia iurisconsultorum
responsa, Imperatorum sanctiones et Ponlificum Décréta... (Antuerpiae,
m . d c . x x v i i ), solide étude de Droit Civil et Canonique dédiée au Comte-
Duc de Olivares (1).
2) Francisco de Matienzo, né à Valladolid en 1552. Passé au Pérou
avec ses parents, il participa à la conquête de la région de Tucumân
sous les ordres du Gouverneur Francisco de Aguirre, puis de Toledo,
lors de la campagne contre les Chiriguanaes, entretenant trois soldats
à ses frais. En 1575 il se voit nommer parmi les lanciers de la garde
vice-royale. Le 7 août 1584 une Cédule le recommande au Vice-roi (2).
Les huit cent pesos attribués à sa fonction dans la garde ne furent qu’une
fiction pour lui, car pour en justifier le paiement il devait effectuer un
service effectif à Lima, mais il fut incapable car il était retenu à La Plata
par la charge de sa mère et de ses sœurs non mariées. Il demanda à
retourner en Espagne au début du x v i i ® siècle pour s’occuper d’affaires
importantes. Il y fut autorisé tout en conservant sa charge dans la
garde (3).
3) Agustina de Matienzo, née à Valladolid, qui épouse en 1567 à
La Plata le Capitaine Hernando de Aguirre, fils du Gouverneur du Chili
et de Tucumân, Francisco de Aguirre (4).
4) Catalina de Matienzo y Toro, née aussi à Valladolid, qui épousa
à La Plata le conquérant Hernando Sedano de Ribera, encomendero de
Paccha, qui mourut assassiné par les indiens chichas. Une de leurs filles,
dona Maria de Ribera, épousa Polo de Ondegardo y Penalosa, fils du
fameux juriste, et s’allia par sa descendance aux Pardo de Figueroa,
Malo de Molina, Marquis de Monterrico, Spinola et autres familles de
premier plan de la Vice-royauté du Pérou (5).
5) Ana de Matienzo, qui resta à Valladolid après le départ de ses
parents et épousa don Juan de Iturrieta Alcibia, Trésorier et Juge officiel
de Cartagena de Indias (6).

(1) Exemplaire à la Biblioteca Nacional de Madrid. Cote 2 /13.181.


(2) Medina, op. cit., I, p. 293.
(3) A .G .I . Indiferente General, 1428. Demande de Francisco de Matienzo, et Cédule
du lo .X I .1 6 0 7 . Indiferente General, 481, Livre 3 , fol. 101.
(4) Silva Lezaeta, E l Conquistador Francisco de Aguirre (Santiago, 1904 et 1953).
(5) Real Academia de la Historia. Madrid. Collection Salazar y Castro, D -2 9 , fol. 27 v
et 4 7. A .G .I . Charcas, 90. Compte rendu de Cristóbal de Sotomayor Manrique (La Plata,
1630). Lohm ann Villena, Los americanos en las Ordenes Nobiliarias (Madrid, 1947), I,
p . 313-314, et Espejo, « L a familia del Licenciado Polo de Ondegardo », dans Revista de
Estudios Históricos (Santiago, 1956-1957), n ° 6 -7 , p. 53-58.
(6) Archivo General de la Nación. México. Inquisition, vol. 846, fol. 274. Relation
de la généalogie de Doña Mariana de Alcibia, épouse du Licencié Diego Gómez de Mena,
Alcalde del Crimen de l ’A udience de Mexico. 1616. Cf. Fernández de Recas, Aspirantes
americanos a cargos del Santo Oficio (México, 1956), p . 52.
E t u d e p r é l im in a ir e x l ix

6) Antonia de Matienzo se retira au monastère du Sacrement de


Valladolid, sa ville natale.
7) Gaspar de Matienzo, né à La Plata ; il partit en 1576 pour la
métropole. Son père le présente comme « ...hombre de muy buenas
letras y mejor intención ». En 1591 il est élève du collège San Antonio
d’ Alcalá (1) et plus tard il devient Chanoine à Zamora.
8) Juliana de Matienzo, de qui nous ne savons — comme pour ses
deux dernières sœurs — que le lieu de naissance : La Plata.
9) Juana de Matienzo, et
10) Paula de Matienzo.

(1) Marqués de Ciadoncha, Indice de los Colegiales del M ayor de San Ildefonso y
Menores de Alcalá (Madrid, 1946), p. 511.
III — L’ŒUVRE

L’application et la concentration de Matienzo dans le travail intellec­


tuel étaient célèbres ; elles seules peuvent expliquer le nombre considé­
rable de ses ouvrages. Son Gobierno del Perú suffit sûrement pour qu’il
prenne place avec éclat parmi les auteurs de traités de droit espagnol,
mais en fait chacun de ses autres écrits publiés ou connus auraient pu
le lui permettre.
Il profitait du moindre instant de loisir dans son labeur de magistrat
pour travailler à ces solides études. Dans le compte rendu de ses mérites
effectué en 1580, figure expressément son travail constant à la prépara­
tion de livres scientifiques et de mémoires riches de propositions pour
un meilleur gouvernement de la Vice-royauté. Lui-même note avec
plaisir : « ...en este ejercicio me ocupo el tiempo que me sobra del que
tengo obligación a mi oficio... » (1).
En offrant à Philippe II en 1567 ses deux dernières œuvres — le
Gobierno del Perú et YEsiilo de Chancilleria —, « que me han costado
mucho trabaxo », il sollicite l’autorisation de les imprimer et un privilège
pour quinze ou vingt ans, en disant que cette faveur « será añadirme
fuerzas y alas para que prosiga otras obras que tengo comenzadas, y
las saque a luz para aprovechamiento de los que de mi sudor y trabaxo
se quisieren ayudar » (2). Dans toute sa production il se signale par la
clarté de ses idées ; connaissant tous les écrits sur les sujets qu’il traite,
il se montre toujours personnel dans l’interprétation.
Dans la somme considérable de ses rapports aux autorités métropo­
litaines on ne trouve pas de détails inutiles : partout se confirment ses
qualités d’homme d’ Etat. Le Provincial des Augustins, le Père Luis
López, exaltant ses dons, voyait en lui un esprit de « grande peso y
buenas letras » (3).

(1) Rapport du 1 4 .X .1 5 7 6 . Dans La Audiencia de Charcas, I, p. 402.


(2) Rapport du 2 8 .X I .1 5 6 7 . Ibid, I, p. 238.
(3) Lettre datée de Lim a le 1 5 .IV .Í5 7 2 . A .G .I . Lim a, 270.
E t u d e pr é l im in a ir e li

On peut distinguer dans son œuvre deux groupes d’ouvrages nette­


ment différenciés : les textes de genre académique ou technique (comme
le Dialogvs Relatoris et Advocati, VEstilo de Chancilleria, les Commentaria...
in Librum Quintum), et les traités qui révèlent son inquiétude doctrinale
et politique (le Gobierno del Perú et le mémoire sur la stabilité et le déve­
loppement de la province de Charcas) ; c’est-à-dire, d’un côté, les fruits
de son savoir d’homme de loi, de l’ autre ceux de son intuition d’ homme
d’Etat.

1. L es textes s c ie n t if iq u e s

Le premier écrit de Matienzo qui fut imprimé est un vade-mecum


sur le fonctionnement de la Chancellerie de Valladolid et de la magis­
trature en général, en forme de colloque sous le titre de : Dialogvs Rela­
toris et Advocati Pinciani Senatvs. In qvo varia hiñe inde proponuntur
& longe controuertuntur ad renunciatorum, aduocatorum, & iudicum
muñera : eorumque dignitatem & eminentiam spectantia, eorumdemque ad
eledionem probe faciendam plurima advertuntur...
L ’édition princeps, tirée à Valladolid en 1558 chez Sebastián Martínez,
porte en frontispice les quatre quartiers du blason du mécène, l’ancien
Gouverneur du Pérou Vaca de Castro (Castro, Quiñones, Cabeza de
Vaca et Osorio). Dans l’édition de 1604 l’ écusson royal les remplaça.
Le 6 août 1557 un privilège de dix ans pour la publication fut octroyé
au Licencié Atienza (sic). On autorisait la publication du dialogue en
latin. Très vite on se dispute, vu leur utilité, les rares exemplaires restés
dans le commerce — « no se hallaban sino era en librerías de difuntos,
y se pedían a precios muy excesivos ». Aussi le libraire de Valladolid
Jerónimo de Yepes se préoccupa-t-il de demander une licence royale
de réédition et l’obtint le 7 mai 1603.
L ’édition effectuée par Johannes Berner à Francfort-sur-le-Main en
1623, le nouveau titre... De referendariorum, advocatorum, iudicum,
oflicio, requisitis, dignitate, eminentia. Tradatvs qvadripartitvs, quem in
Dialogismi forma sub persona Relatoris et Advocati Senatvs Vallisoletani
proposuit... (1) témoigne de la renommée qu’il se fit à l’ étranger.
Par ordre chronologique, la deuxième oeuvre technique de Matienzo
est 1'Estilo de Chancilleria que nous ne connaissons qu’à travers des
références. Elle devait traiter, si l’on en juge par les allusions ultérieures
de son auteur, des problèmes essentiels comme celui des caractères spéci­
fiques du tyran ; de la légitimité de l’incorporation des Indes ; de l’assi-

(1) Il existe un exemplaire de la première édition du Dialogvs à la Library of Congress,


W ashington ; de la seconde et de la troisième à la Biblioteca Nacional de Madrid, aux
cotes ; R /2 9 .001 et 2/10.185. .
Voir aussi Medina, Biblioteca Hispanoamericana, N ° s 181, 494, 675 et 748.
Matienzo lait allusion à ce livre dans le Gobierno del Perú, infra, p. 197, 200, 2 0 1 ,2 0 2 ,
203, 204, 205 et 322.
LU G o b ie r n o d e l P e r ú

gnation des yanaconas aux terres qu’ils cultivaient ; du droit des


monarques à percevoir gabelles et impôts, et des devoirs incombant aux
bénéficiaires de ces rentes lorsque le Souverain les cédait ; de la rémuné­
ration des gens de justice, du droit du Patronato et des prérogatives
royales sur les sépultures abandonnées (1). En 1567 l’auteur annonce
la fin de ce traité dont la rédaction a exigé « mucho trabaxo » (2). Le
texte était en espagnol mais les gloses et commentaires en latin.
En 1576 il envoie deux autres livres en métropole, l’un en latin
l’autre en espagnol ; ils étaient dédiés à l’illustre canoniste don Diego
de Covarrubias y Leiva, Président du Conseil de Castille, et au Conseiller
d’ Etat et Ambassadeur à Rome, don Diego Fernández de Cabrera y
Bobadilla, Comte de Chinchón, respectivement (3). Dans le Gobierno
del Perú Matienzo s’adresse au premier d’une façon qui laisse supposer
des relations personnelles entre les deux hommes (4). Nous ignorons le
titre et le contenu des deux œuvres. Le texte en latin était peut-être le
commentaire aux lois du Livre Quint de la Nueva Recopilación dont
Matienzo aurait changé la dédicace en 1577 à la mort de Covarrubias
au profit de l’évêque de Badajoz, Mauriño de Pazos. »
En effet, un monumental traité alors posthume est mis en circulation
en 1580. La note finale précise qu’il fut achevé à Pâques 1576. C’était
une glose circonstanciée du Livre concernant la régulation juridique de
la famille dans le code philippin, qui plaçait Matienzo au rang des grands
commentateurs de la législation espagnole : Gregorio López, Alfonso
de Acevedo, Juan Gutiérrez, Burgos de Paz, Díaz de Montalvo...
Le frontispice, orné des armes de l’ évêque de Badajoz, porte l’inscrip­
tion : Commentaria loannis Matienzo Regii Senatoris in Cancellaria
Argentina Regni Peru, in Librum Quintom Recollectionis Legum Hispa-
niae... (5).
Le privilège pour l’ édition princeps fut accordé le 28 février 1579,
c’est-à-dire cinq mois et demi avant la mort de l’auteur, sur la demande
de son fils le Licencié Bernardo. L ’ouvrage fut imprimé chez Francisco
Sánchez, à Madrid.
La Dédicace fait état du désir de Matienzo de faire paraître des

(1) Cf. infra, p. 10, 12, 3 0 , 42, 4 3 , 79, 119, 1 2 4 ,1 2 8 ,1 2 9 et 131.


Solórzano Pereira en parle, mais de seconde main, dans Política Indiana, Livre II,
Chapitre I V , § 6 , note (1).
(2) Rapport du 2 8 .X I .1 5 6 7 . Dans La Audiencia de Charcas, I, p. 238.
(3) Rapport du 1 4 .X .1 5 7 6 . Ibid, I, p. 402.
(4) Cf. infra, p. 262.
(5) Voir dans la Bibliografía Madrileña par Pérez Pastor, N os 157, 540 et 1237 ;
René-Moreno, Biblioteca Peruana, I, p. 89, et Medina, op. cit., N os 2 62 , 380 et 590.
Il existe des exemplaires de la première édition à la Biblioteca Nacional de Madrid
(R /29 .0 90 ) ; à la Biblioteca N acional du Pérou (X 3 4 9 ;6 /M .2 8 ), et du Chili (14-78-27).
D e la seconde à la Biblioteca Nacional de Madrid (R /29 .0 85 ), et à celle du Pérou (même
cote que la première). D e la troisième à la Faculté de Philosophie et des Lettres de Buenos
Aires. Instituto de Investigaciones Históricas (X I I -9 -1 1 ).
Etude p r é l im in a ir e L in

gloses semblables des huit autres Livres de la Recopilación, mais la mort


l’empêcha d’accomplir ce projet ambitieux.
Les références à des matières indiennes sont dispersées et il renvoie
en général au Gobierno del Perú, par exemple lorsqu’il précise que les
natifs sont pusillanimes, ou lorsqu’il fait allusion aux réformes de Toledo,
à ses réductions et à sa politique à l’égard des indigènes (1).
Sur la demande du même Licencié Bernardo Matienzo, un nouveau
privilège fut accordé le 16 février 1595. La réédition se fit, toujours à
Madrid, chez Pedro Madrigal, aux frais du fameux libraire Juan de
Sarria, en 1597. Elle est semblable en tous points à la première si ce n’est
que la table des matières a été transférée à la fin. Pour finir, en 1613
l’imprimeur madrilène Luis Sánchez réédita cette œuvre si demandée,
et remplaça le blason original du mécène par le sien.
Bermùdez de Pedraza recommande ce traité comme fondamental
en la matière (2), et encore aujourd’hui on l’invoque pour l’intérêt de
la doctrine qu’il expose, preuve que les points de vue du magistrat de
Charcas ne sont pas dépassés (3).

2. L e s é c r it s p o l it iq u e s

Dans cette rubrique prendront place deux textes d’inégale valeur,


mais répondant à là même fin. Dans l’un — le Gobierno del Perû — la
matière incitait Matienzo à développer l’ étude de son savoir ; dans le
second, limité à une seule province, les propositions générales ne peuvent
venir que de façon occasionnelle et limitée.
Vu l’importance du premier travail et le but même de cette Etude
Préliminaire, nous réservons l’ examen détaillé du grand traité de Matienzo
à un paragraphe spécial. Nous nous bornerons ici à quelques remarques
sur le texte imprimé il y a un demi-siècle, seule version connue jusqu’ici
et qui est l’antithèse du véritable traité.
En effet, en une malheureuse occasion on exhuma un manuscrit
bâtard qui, sans justification aucune, usurpait le titre de l’ œuvre originale
de Matienzo (4).
Cette piètre publication fut effectuée à partir de la copie d’un manus­
crit conservé au British Muséum (5). En 1910, M. Victor M. Maürtua,
délégué du Pérou lors de la controverse de frontières avec la Bolivie,

(1) Cf. Titre I, Glose 1, N » 2 8, et Titre X , Loi X I I , Glose 1.


(2) Arte legal para estudiar la Ivrisprudencia... (Salamanque, 1612) p. 73.
(3) Robbins, Community property laws, with translations of commentaries thereon of
Matienzo, Acevedo & Gutierrez... (Sacramento, Californie, 1940).
(4) Facultad de Filosofía y Letras. Sección de Historia. G o b ie r n o d e l P e r u . Obra
escrita en el siglo x v i por el Licenciado Don Juan Matienzo, Oidor de la R eal Audiencia
de Charcas (Buenos Aires, 1910). X + 219 p. Introduction de José Nicolás Matienzo
(p. V I I -X ) .
(5) A d d . 5.469. Volume de 137 folios. Décrit par Gayangos, dans le Catalogue of the
Manuscripts in the Spanish Language... (Londres, 1877), II, p. 470.
LIV G o b ie r n o d e l P e r ú

decida de donner la copie en question, alléguée pour la défense des droits


du Pérou avec de nombreux autres documents, à l’ Université de Buenos
Aires, en remerciement de l’aide apportée depuis 1907 par les divers
membres de la Faculté de Philosophie et Lettres de ladite Université.
Le Doyen don José Nicolás Matienzo, descendant (?) de l’auteur (1),
s’étant aperçu de la valeur de ce document, le fit imprimer sans perdre
de temps, en hommage au X V IIe Congrès International des Américanistes
réuni cette année-là dans la capitale argentine (2).
Le titre précise justement la nature de ce texte : « + Relación
del libro intitulado Gouierno de El Perú, que hizo el Licenciado Matienzo,
Oydor de la ciudad de La Plata ». Mise à part l’inexactitude sur les fonc­
tions de Matienzo — Oidor de l’Audience toute entière et non de la seule
ville de La Plata — , il est fort clair que le manuscrit n’est qu’une relación,
c’est-à-dire le compte rendu, l’extrait ou le résumé d’un livre. Faute
d’avoir tenu compte de ce point capital, on vit paraître un véritable gali­
matias sur l’ œuvre et l’érudit argentin Molinari lui-même n’y échappe
pas (3).
Seuls des incompétents en matière historique pouvaient accepter
un pareil texte rédigé en langage télégraphique. Le plus novice est surpris
par l’incohérence générale de la rédaction ; les barbarismes de construc­
tion grammaticale transforment des paragraphes entiers en véritables
casse-têtes ; le laconisme des phrases, qui ne correspond pas au style
fleuri de l’époque, et la brièveté de certains chapitres, composés d’anno­
tations schématiques incompréhensibles, font supposer que nous sommes
en présence du brouillon ou de l’ébauche d’une œuvre plus complète (4).
Comment n’a-t-on pas remarqué que le texte désigne quelquefois
le Pérou par l’expression « aquel Reyno », alors que la « Advertencia » de
la publication affirme que l’auteur a écrit son traité en étant Oidor
de Charcas (5) ?
Est-il concevable que Matienzo parle de lui à la troisième personne
(p. 193, avant-dernière ligne) ? Ailleurs, la comparaison avec le texte
authentique montre que celui-ci est à la première personne alors que la

(1) Menegazzi, « Biobibliografía de José Nicolás Matienzo », dans Boletín del Insti­
tuto de Investigaciones Históricas (Buenos Aires, 1940), X X I V , p. 571-839.
(2) Caillet-Bois, « Emilio Ravignani », dans Boletín del Instituto de Historia Argentina
(Buenos Aires, 1957), II, n " 4 -6 , p. 241.
(3) « E l “ Gobierno del Perú” (Siglo x v i). Ensayo de reconstitución bibliográfica »
dans Anales de la Facultad de Derecho y Ciencias Sociales (Buenos Aires, 1916), I, p. 2 33-266.
D evant les informations inconnues par Molinari que nous possédons et le texte authen­
tique du Gobierno del Perú, de nombreuses conjectures de ce travail paraissent bien byzan­
tines. Ainsi il èst supposé que Mendiburu aurait disposé d’une copie du traité de Matienzo.
Il suffisait d’ ouvrir la Política Indiana (Livre V , Chapitre X I V , § 28), pour identifier le
passage cité par Mendiburu.
(4) Le Chapitre 32 de la Seconde Partie (p. 219) comprend dix lignes ; le 37 de la
Première (p. 64) en a neuf ; le 20 de la Seconde (p. 198) huit, et le 22 (p. 200) est terminé
en six.
(5) E n de rares occasions l ’abréviateur distrait suit rigoureusement l ’original véri­
table. Alors il laisse échapper « llaman acá garúa » (p. 91) ; « viniere » alors qu'il s’ agit
du contraire (p. 213, lignes 3 et 7), ou « acá », pour <« allá » (p. 218, ligne 35).
E t u d e p r é l im in a ir e lv

version publiée utilise l’impersonnel. En divers endroits l’abréviateur,


le copiste, ou le typographe commettent d’amusantes bévues : « pino
oregón » (p. 86, ligne 17) pour « pinares » ; « gruesos mojones que comen »
(p. 90, ligne 15) au lieu de « manjares y guisos que comen » ; « ...Dios
y Su Magestad se servirán tasar se han los indios... » (p. 165, ligne 17) ;
«no elexandro » (p. 177, ligne 11), pour «no dexando » ; « a negocios
parezca » (ibid., ligne 16) pour « algunos parezca » ; «franceses » (p. 189,
ligne 7) au lieu de « corsarios » ; « chaqueles » (p. 219, lignes 2/3) pour
« chasquis », et sic de coeteris.
Enfin il y a un anachronisme si flagrant que Matienzo ne peut être
l’auteur de ce texte et qu’il est surprenant que les éditeurs ne s’en soient
pas avisés. A la page 21, ligne 18, on lit « Audiencia de La Plata » et
puis entre parenthèses (Buenos Aires). Il est évident que l’abréviateur
officieux a identifié de façon erronée l’Audience de Charcas et celle de
Buenos Aires, fondée en 1661. Ce détail renvoie le texte édité un siècle
au moins après la rédaction de l’original.
En réalité, la version publiée de façon aussi peu rigoureuse n’est
qu’un résumé élaboré à Madrid, peut-être pour les fonctionnaires du
Conseil des Indes, amputé des préambules doctrinaires qui expliquent
la partie législative, et des citations et notes. Seules la substance de
l’argumentation et ses conclusions, concentrées sous forme de règles ou
de préceptes en fin de chapitre, intéressent l’abréviateur. D’innombrables
paragraphes sont escamotés, d’autres sont mutilés par un etc. expéditif.
Le « Prologue au lecteur » est lui aussi sacrifié.
Néanmoins le bureaucrate inconnu aux ciseaux agiles était instruit
en matière de législation des Indes. Il synthétise les normes que doivent
suivre les membres des expéditions et remplace la fastidieuse énumération
de Matienzo par un judicieux renvoi : « las demás, como en las instruc­
ciones para nuevas poblaciones » (p. 221, lignes 1/2) reportant le lecteur
aux fameuses Ordonnances du 13 juillet 1573.
Ces défauts, qui rendent inutilisable l’ édition de Buenos Aires, ne
restèrent pas complètement inaperçus. Pietschmann déjà pensait que
de telles extravagances ne pouvaient être attribuées à un homme de la
valeur de Matienzo (1).
On doit en revanche reconnaître malgré tout à cette version, qu’elle
propose des mots ou des phrases mal rédigés dans les deux codex complets
de New York et du Vatican. Elle ne provient pas pour autant d’ une source
distincte des copies déjà connues, comme en font preuve le blanc de la
page 188, ligne 25, et l’errata «novenario » (p. 213, ligne 29), au lieu de
« inventario » dans les textes authentiques.
L ’autre écrit politique de Matienzo est un mémoire qu’il remit à
Toledo sur l’état de la province de Charcas et l’essor de la production

(1) Voir le compte rendu de l’ édition de Buenos Aires dans les Göttingischen Gelehrten
Anzeigen (Berlin, 1912), n ° 12, p. 726-736.
LVI G o b ie r n o d e l P e r ú

des gisements miniers (1). Certains des thèmes abordés trouvent place
aussi dans le Gobierno del Perú (Première Partie, Chapitres x l à x l i i ).
Rédigée en 1573, cette étude ébauche un programme en dix points ayant
pour but la stabilité et le bien-être de la province.
La condition essentielle du développement est le renforcement de
la paix menacée par les Indiens Chiriguanaes. Il faut donc envoyer,
dès que les conditions climatiques le permettront, un détachement de
troupes pour faire la guerre contre ces sauvages. Le second est la cons­
truction du pont demandé depuis longtemps au maçon Toribio de Alcaraz
sur le Rio Grande. Le troisième concerne la promulgation et l’application
immédiate à Potosí des règles énoncées au Chapitre x l i de la Première
Partie du Gobierno del Perú, et le quatrième précise en corollaire la mise
en place d’autorités compétentes. En cinquième lieu, Matienzo recom­
mande de planter des pêchers autour de la ville, afin d’avoir une réserve
de bois de soutènement et de bois d’usage domestique. Le sixième point
demandait d’exploiter le minerai d’argent selon les propositions du Con­
tador Gabriel de Castro, 5% du minerai étant laissé aux ouvriers. Le
septième chapitre traite de l’avantage d’effectuer les transactions com­
merciales et les paiements en métal brut et non en argent soumis au
droit de quint, ni en réaux. Pour éviter les fraudes il recommande aussi
de ne travailler aucune pièce d’argent qu’elle n’ait préalablement été
soumise à l’impôt royal. Le huitième point suggère la suspension des
litiges quant à la propriété des mines afin d’en stimuler l’exploitation.
Le neuvième traite de la nécessité de préciser le salaire des indiens dési­
gnés pour être occupés dans les mines : soit une certaine quantité de
métal extrait, soit trois tomins journaliers à ceux qui travaillent au fond
et deux à ceux qui servent dans les moulins. Enfin il insinue un projet
de loi qu’il complète par certaines ordonnances sur l’exploitation des
mines faisant partie des Titres II et III du Chapitre x l i déjà cité.
Reste le problème des écrits apocryphes ou douteux attribués à
Matienzo. On lui attribue une « Memoria del Libro Tercero de las Provi­
siones y Despachos del Licenciado Matienzo » (2), dont le titre ne corres­
pond nullement au contenu fait de dispositions et ordres du Vice-roi
Toledo. L ’auteur de cette compilation résidait à Lima, et de plus des
dates de la fin 1580 y figurent. La mort de Matienzo était intervenue
un an et demi plus tôt (3).

(1) Biblioteca Nacional de Madrid. Manuscrits, 3044, fol. 7 5-76 v.


Une copie faite le 1 0 .IV .1 7 2 3 et qui appartenait à la bibliothèque de González de Barcia
(Cf. son E p ítom e..., I I , col. 643), a été incorporée à la Collection M uñoz, tom e L X V I I ,
fol. 394-399 v, de la R eal Academ ia de la Historia à Madrid. Elle a été publiée dans la
Colección de Documentos Inéditos de América g Oceania, X X I V , p . 149-162.
(2) Ibid., X X , p. 5 43 -5 6 2.
(3) Biblioteca Nacional de Madrid. Manuscrits, 3044, fol. 79-88.
L ’ erreur provient de ce que dans l ’index qui ouvre ce volum e factice, la référence du
document qui nous intéresse contient un dicho qui se rapporte non à M atienzo, auteur
de l ’écrit immédiatement antérieur, mais au Vice-roi Toledo à qui sont adressés d ’autres
documents qui constituent le codex.
E t u d e p r é l im in a ir e LVII

Pour en terminer, une brève référence à un soi-disant répertoire


« De los escritores de las cosas de Indias » qui lui est également attribué.
Le sujet n’étant pas de son ressort, et Matienzo ne faisant par ailleurs
jamais allusion à cet écrit, il y a de fortes raisons d’ écarter cette mono­
graphie de son œuvre (1).

3. E x é g è s e d u « G o b ie r n o d e l P e r ú » : v a l e u r e t c o n t e n u

Si Matienzo n’ occupe pas encore une place privilégiée parmi les auteurs
de traités juridico-politiques sur les Indes, c’est uniquement parce que
son œuvre remarquable sur le gouvernement du Pérou est restée en fait
jusqu’à ce jour inédite. C’est à dessein que nous utilisons ce terme d'inédit,
car le texte de 1910 est un résumé si défectueux ou, pour mieux dire,
une caricature si infidèle qu’il a peut-être contribué à rabaisser les mérites
de ce travail (2).
Avec le Gobierno del Perú c’est pour la première fois que le niveau
de la littérature descriptive des chroniqueurs est dépassé par cet ambi­
tieux exposé de politique et plan d’action de longue haleine.
Matienzo était homme de formation universitaire solide et de vaste
expérience. On retrouve dans ses pages la clarté de son esprit de juriste
et l’étendue de ses connaissances tant de la législation castillane que de
celle des Indes ; à la largeur de vue d’homme d’Etat, il joint la perspicacité
de l’observateur.
Comme bien des visionnaires et créateurs, il allie volonté ferme et
enthousiasme de chevalier errant ; muni aussi d’ une éthique rigoureuse,
il élabore des règles pour combattre les vices et les maux, mais jamais
en théoricien irresponsable : toujours il s’appuie fermement sur la réalité.
Ainsi recommande-t-il « ...más ha de gobernar estos asientos la presencia
y buen entendimiento del que en ellos estoviere, que las ordenanzas
hechas en ausencia, porque por experiencia se ha visto que lo que hoy
conviene, mañana daña y no es necesario, y el guardar inviolablemente
lo que está ordenado ha sido causa de total destrucción jde ellos... » (3).
A cet égard le Premier Chapitre de la Seconde Partie contient des pages
fort instructives sur l’ habileté et le tact dont doivent faire preuve les
hommes d’ Etat dès qu’ils assument le pouvoir.
Le Gobierno del Perú est du plus grand intérêt pour l’histoire du
régime politique et administratif du premier siècle de la Vice-royauté

(1) Alcedo, Bibliotheca Americana. Catálogo de los autores que han escrito de la Am érica...
(Quito, 1965), II, p. 31. Alcedo, qui a constitué ce répertoire au début du x i x e siècle,
suit en général Nicolás Antonio, mais dans ce cas nous ignorons la source de son infor­
mation.
(2) Le traité de Matienzo souffrit la même mésaventure que la « Relación del descu­
brimiento y conquista del Perú » du chroniqueur Pedro Pizarro (1571), dont ne nous est
parvenu qu’un extrait déficient.
(3) Rapport du 2 0 .X .1 5 6 1 . Dans La Audiencia de Charcas, I, p. 57.
LVIII G o b ie r n o d e l P e r ú

méridionale. Il a pour son époque la même valeur qu’auront pour le


siècle suivant le De Indiarum Iure et la Política Indiana de Solórzano
Pereira, le Gobierno Eclesiástico Pacífico de FAugustin Villarroel, le
De Contradibvs du jésuite Oñate, et le Thesavrus Indicos du P. jésuite
Avendaño — les traités de Hevia Bolaüo étant tout à fait exclus (1).
Ces comparaisons ne sont pas forcées étant données la hauteur de vue
de notre auteur et sa préoccupation d’élaborer un programme constructif
même s’il se révèle par ailleurs juriste analytique plutôt qu’intuitif,
comme Solórzano, et esprit moins profond que les théologiens cités plus
haut.
Matienzo fut le plus remarquable écrivain juriste des Indes au
x v ie siècle. Sa pensée pragmatique dépasse celle de ses contemporains
Vasco de Puga ou Alonso de Zorita, bien qu’il présente avec ce dernier de
nombreux points communs : intérêt pour l’étude du passé et volonté de
condenser en un code la vaste législation. La structure cohérente et
harmonieuse de son traité le situe bien au-dessus des écrits d’auteurs
connus comme Santillán, Ondegardo, Falcón, Pedro de Quiroga, Diego
de Robles ou autres. Dans le morne ensemble de la bibliographie juri­
dique des Indes, l’analyse aigue des problèmes vitaux de la fusion hispano-
indienne de Matienzo se détache avec un éclat particulier.
C’est à juste titre que Matienzo appela son traité Gobierno del Perú.
Toledo put se rendre compte, lors de sa visite, de l’importance capitale
de la contrée qui s’étendait du Cuzco à Potosí. Là se trouvait l’axe du
pays, la région dont l’administration requérait un soin particulier ;
la population espagnole et indigène y était la plus nombreuse, on y récol­
tait les produits agricoles de base, on y exploitait les gisements les plus
riches (2). A partir de l’analyse de ce secteur vital de la Vice-royauté,
Matienzo put atteindre l’ensemble, passer de la partie au tout. Les pro­
blèmes étant partout semblables, les jugements de Matienzo sur les
Charcas pouvaient être étendus à la Vice-royauté toute entière.
Passons à l’analyse du contenu, en regroupant par thèmes les sujets
abordés par Matienzo.
Le « Prólogo al lector » (complété par quelques pages du Chapitre xvi
de la Première Partie annonce le propos de l’ auteur : dire leur vérité
aux censeurs qui dénoncent à la légère l’action des autorités dans leurs
fonctions ; et d’ autre part augmenter le bien-être de tous les groupes
sociaux du pays par des propositions constructives, et cela sans jamais
oublier que la Vice-royauté fait partie de la vaste monarchie espagnole.
Le traité proprement dit s’ouvre par une introduction plus polémique

(1) Je pense avoir démontré que nous sommes devant des œuvres écrites par un auteur
ne résidant pas au Pérou, dans le travail « En torno de Juan de H evia Bolaño. La incógnita
de su personalidad y el enigma de sus libros », publié dans 1’Anuario de Historia del Derecho
Español (Madrid, 1961), X X X I , p. 121-161.
(2) Rapport du Vice-roi Toledo, écrit à Potosí, le 2 0 .III.1 5 7 3 , Chapitre 36. Gober­
nantes del Perú, V , p. 66-67.
E t u d e p r é l im in a ir e l ix

que juridique, où sont exposés à grands traits les titres qui légitiment,
pour Matienzo, la conquête du Pérou, notamment la preuve dérivée
de la domination par la force des Incas. Matienzo s’écarte plusieurs fois
de l’interprétation de Vitoria (I, i, n, m et xxx ix ). Devançant les
mobiles de Toledo dans les fameuses Informations, il est le premier au
Pérou à s’attaquer au problème des justes titres.
Matienzo s’interroge tout d’ abord sur l’idiosyncrasie de l’indigène;
son pessimisme révèle l’influence aristotélicienne de la doctrine de la
servitude naturelle (I, iv, xix, x x v et x l ) qu’il n’est pas le seul à subir (1).
Il examine ensuite le statut juridique de l’indigène ; l ’axe des relations
avec le peuple dominé étant l’utilisation de son effort, Matienzo veut
élucider le problème de l’obligation du travail et des fameux services
personnels (I, v, xm , xvi et x l ). Il justifie à ce sujet les méthodes coer­
citives dans le recrutement de la main-d’ œuvre avec les mêmes arguments
que le P. jésuite Acosta (2) et le franciscain Fray Miguel de Agia (3).
Au contraire Solôrzano Pereira les rejette (4), car entre temps les
fameuses Cédules du 24 novembre 1601 et du 26 mai 1609 avaient été
promulguées.
Il énumère par ordre hiérarchique décroissant la nature des presta­
tions demandées aux curacas (I, vi) puis aux différents types de travail­
leurs : yanaconas (I, v i i i ), hatunrunas et tindarunas (I, ix et xvn ) ; il
envisage les différentes sortes de mitayos (I, x et xi) et de mitimaes (I,
xxv), et examine enfin le régime de travail dans les mines de Potosi
et de Porco (I, x l ).
Ensuite Matienzo justifie longuement, du point de vue des principes,
le paiement du tribut. Il en étudie soigneusement le calcul, le recouvre­
ment et la répartition entre les différents bénéficiaires (I, x i i , xm , xvi,
x v i i , x v i i i et x x i i ).
Il s’intéresse à la structure socio-économique andine traditionnelle
afin d’organiser sans la briser la nouvelle vie des indiens. Il s’attache à
ses différents aspects : concentration de la masse autochtone dans des
noyaux urbains établis sur le plan de la cité idéale (I, xiv) ; régularité
de l’inspection de ces centres (I, xxi) ; établissement dans ceux-ci d’auto­
rités espagnoles (I, xx) ; protection par la mise en tutelle des indigènes
contre les abus des curacas et des espagnols (I, vu, x x v et x x v i i ) ; implan­
tation des normes élémentaires de la vie communale (I, xix, x x m et
x x x i i ), acquisition des coutumes et de la langue espagnole (que Solôr­
zano Pereira défendra à son tour) (5) par la vie côte à côte des espagnols
et métis (I, xxiv). Pour Matienzo, le processus de transformation de

(1) Hanke, E l prejuicio racial en el Nuevo M undo. Aristóteles y los indios de Am érica
(Santiago, 1958), Chapitre V I I , p. 79 et suivantes.
(2) D e Procurando Indorum Salute (Salamanque, 1589), Livre I I I , Chapitre X V I I .
(3) Tratado qve contiene 1res pareceres graves en derecho... (Lim a, 1604), Comp. le
Second Parescer.
(4) Política Indiana, Livre II, Chapitres V et V I.
(5) Op. cit., Livre II, Chapitre X X V I .

5
LX G o b ie r n o d e l P e r ú

l’ Indien prenait naissance dans l’assimilation d’idées et de formes de


vie européennes (1).
Il examine de près les particularités de l’économie indienne : le
régime des terres indigènes collectives et privées (I, xv), des terres
d’Espagnols (II, x m ) et des biens de communauté (I, x x et xxvi).
Il s’attarde aussi sur l’assistance religieuse des aborigènes (I, xxxiv,
x x x v , x x x v i et x x x v m ) ; les normes du Patronato et le délicat problème
du choix du clergé. Il faut souligner que Matienzo devance les disposi­
tions du Concile de Trente (non encore divulguées dans l’Archidiocèse
de Lima ni ses sufïragants) concernant l’obéissance du clergé régulier
comme séculier a l’ Ordinaire (I, xxxvn ). Il traite du paiement des dîmes
par les indiens (I, x x x v m ), question non encore résolue (2), et que
Solôrzano Pereira lui-même ne put élucider. Comme corollaire aux thèmes
spirituels, il traite des huacas et des richesses qui y sont enterrées et
dispute avec Las Casas sur le droit de conserver ces trésors (I, xxxvi,
et x x x ix ).
Comme problème annexe des questions indigènes, citons l’action
répressive contre le fléau que constituaient les belliqueux Chirguanaes
et l’ opinion de Matienzo (à l’ opposé de Solôrzano Pereira (3)), que
les prisonniers peuvent être traités comme esclaves (II, ix). Citons
aussi le cas passionnant de l’ Inca rebelle de Vilcabamba avec qui notre
auteur négocia (II, xvm ).
Le problème des encomiendas affectait les intérêts des deux Républiques
en touchant aux intérêts économiques des espagnols et à la prestation
du travail par les indigènes. Matienzo se montre surtout soucieux d’ ar­
bitrer les différentes solutions proposées dans le conflit de la perpétuité
des fiefs qui culmine alors (I, xxvm , xxix, x xx, x x x i et xxxii). Il
propose un corps de lois applicable aux possesseurs des encomiendas
(I, x x x m ).
Face à l’inertie de la population indigène, la mobilité des groupes
sociaux entrés au Pérou depuis 1532 demandait une étude. La Seconde
Partie du livre de Matienzo traite donc de la communauté espagnole.
Le thème dominant des trente-deux chapitres est la critique construc­
tive des institutions politiques, administratives, économiques et sociales
de la Vice-royauté.
Il s’attaque en premier lieu au poste suprême de la Vice-royauté.
Une circonstance occasionnelle — l’occupation de la première magis­
trature par le Gouverneur Garcia de Castro — amène Matienzo à mettre
en cause le fait que le pouvoir politique soit détenu par le Vice-roi, et
à proposer de le remettre à une autorité aux attributions moins étendues.

(1) Gôngora, op. c i t , p . 212.


(2) Voir à ce sujet ¡ ’enquête établie par les Commissaires de la perpétuité (Lim a,
1 °.IV .1 5 6 2 ). A .G .I . Patronato, 188, R am o 37.
(3) Op. cit., Livre II, Chapitre I, § 27.
E t u d e p r é l im in a ir e lxi

Il esquisse alors le portrait du gouvernement idéal, précise ses attributions


et son rôle dans l’administration vice-royale et suggère de transférer
son siège au Cuzco (II, i et u) (1).
Les Audiences occupent ensuite sept chapitres avec le détail de leur
régime intérieur, et de leur système d’inspection (II, in, iv, v, vi, vu,
vin et x x v i i ). L ’administration des provinces de Chucuito, Tucumân
et du Paraguay ou Rio de la Plata, et des centres miniers de Potosí
et Porco font l’objet de recommandations particulières (I, x l et x l i i ,
et II, xiv, xvi et x v i i ). Enfin la réglementation du régime municipal
est abordée (II, x i i ). Dans le cadre des institutions juridico-politiques
de la Vice-Royauté, Matienzo apporte l’idée originale de créer une cour
suprême appelée Rota (II, 11) formée du Vice-roi ou du Gouverneur,
et deux Oidores, l’un de Lima et l’autre de Charcas.
Dans la partie qui traite de la vie politique des espagnols il dénonce
l’avarice, obstacle majeur à l’obtention de charges publiques (II, x x i i ).
Il étudie ensuite la répression et le régime pénal du vagabondage et de
la sédition (II, x x i et x x m ), les restrictions apportées aux droits des
hommes mariés en Espagne (II, x x x ) et, au contraire, les récompenses
et privilèges accordés aux colons et conquérants (II, xiv et xxiv), l’édu­
cation de leurs enfants (II, xxv), faisant écho aux Dialogues de Juan Luis
Vives. Il s’interroge enfin sur le droit d’obliger les ouvriers à travailler
à leur métier (II, xxix). Soulignons l’intérêt de Matienzo quant à la
préférence à donner aux créoles dans l’attribution des bénéfices (II, xxiv),
et quant au soin à apporter à leur formation de futurs cadres de la
société (II, xxv).
Un ensemble de propositions de réorganisation des limites des circons­
criptions ecclésiastiques et de recouvrement de certains droits (II,
xxvi) est complété par l’étude minutieuse du problème de la restitution
des biens acquis par les conquérants en récompense de leurs faits d’armes
(II, x x v i i i ). L’auteur n’oublie pas non plus une institution aussi parti­
culière que celle chargée du soin des biens des défunts (II, xxxi).
Les finances publiques — « nerfs et muscles de la Monarchie » — ne
pouvaient être ignorées par Matienzo. Deux chapitres traitent des
questions fiscales et monétaires (II, x et xi). Les propositions de Matienzo
sur le mécanisme des échanges commerciaux Métropole-Pérou et
l’activité commerciale de la Vice-royauté sont d’ailleurs fort intéres­
santes (2).
La liste des initiatives de notre auteur sur le bien commun et la pro­
motion économique et industrielle est abondante. Les historiens argentins
ont exalté en ce sens la lucidité de quelques idées-force de VOidor de

(1) C’ était là une opinion si bien enracinée, que vingt ans après le P . Rodrigo de
Loaysa, informateur très digne de foi, la soutenait encore dans une communication au
Secrétaire Mateo Vásquez. Cf. Colección de Documentos Inéditos para la Historia de España,
X C I V , p. 575.
(2) Cf. infra, p. 96-97, 106 et 133.
Lxn G o b ie r n o d e l P e r ú

Charcas : la politique de fondation de villes aux endroits stratégiques,


et l’ouverture de voies de communication vers l’Atlantique à travers le
bassin du Rio de La Plata (II, xv, x ix et xx), qui devait être complétée
par un service de poste efficace (II, x x x i i ).
Il annonce d’autre part la mise en valeur des mines sur une grande
échelle (I, x l i i i ) et, pour stimuler leur exploitation, ébauche un ensemble
de lois qui seront à la base des dispositions promulguées quelques années
plus tard par Toledo (I, x l i et l i i ). En huit chapitres denses, il examine
le problème alors tant controversé de la culture et de la commercialisa­
tion de la coca (I, x l i v , x l v , x l v i , x l v i i , x l v i i i , x l i x , l et l i ). Enfin
il recommande en termes chaleureux l’ amélioration de l’économie domes­
tique par mise en culture de fermes familiales, installation de moulins
à sucre, d’ateliers de textile et constitution de petits troupeaux
(II, xm ).
En somme, il n’est aucun problème important du monde agité de la
Vice-royauté en ces décennies du x v ie siècle qui ait laissé Matienzo
indifférent. Cependant il ne se satisfait pas de ce travail et, voulant
compléter l’ étude doctrinale par des conclusions pratiques, il entreprend
une œuvre qu’on put considérer comme l’ embryon du premier code
péruvien.
Il fallait commencer par une compilation des lois en vigueur pour
retrouver les principes du Droit public et privé. Dans de nombreux
chapitres l’exposition théorique, véritable ratio legis, débouche sur un
ensemble de préceptes concrets dont beaucoup sont une refonte de ceux
promulgués par la Couronne, mais adaptés aux circonstances de temps
et de lieu. Réunis par thèmes dans le Gobierno del Perú, ils composent
un schéma de codification. On y remarque un ensemble de règlements
relatifs aux mines (I, x l i ) et au fonctionnement des Audiences (II, iv).
Le premier s’appuie sur les Ordonnances de Gasea et de celles promul­
guées par le Comte de Nieva le 11 octobre 1561 (1), mais Matienzo en
élabore beaucoup d’autres « que hasta agora no están hechas ». Pour le
règlement des Audiences il est certain que Matienzo a connu les Ordon­
nances signées par Philippe II le 4 octobre 1563 (2). De même, les
projets de créations urbaines (II, x x v m ) recueillent et amplifient (v. gr.
lois ni, vi, v in ,...) les Instructions sur les découvertes et nouvelles
colonisations communiquées au Marquis de Cañete par la Cédule du
13 mai 1556 et retransmises à l’Audience de Charcas sept ans plus tard.
(3). Ainsi il suffisait de feuilleter le Gobierno del Perú pour consulter
une sorte d’abrégé de la législation en vigueur dans chaque matière.

(1) A .G .I . Patronato, 188, Ram o 27.


(2) A .G .I . Charcas, 418, Livre 1, fol. 2 5-67. Dans La Audiencia de Charcas, I, p. 6Q9-670.
(3) A .G .I . Lim a, 567, Livre 8, fol. 148-151 v. Publiées par Konetzke dans la Colección
de documentos para la historia de la formación social de Hispanoamérica (Madrid, 1953),
I, p. 335-339. On les renouvela à Toledo le 3 0 .X I . 1568 (voir Encinas, C edulario..., IV ,
fol. 229-232), et Ovando leur donna existence définitive en 1573.
E t u d e p r é l im in a ir e LXIII

4. G e n è s e e t v i c is s i t u d e s d e l ’ œ u v r e

Le « Prologue au lecteur » du Gobierno del Perú est daté du 24 août


1567 à La Plata (1). L’examen interne et la comparaison avec les rap­
ports officiels de notre auteur permettent d’affirmer que l’élaboration
du traité fut lente. La date la plus éloignée remonte à 1563 (2) mais le
plus grand nombre de références se rapporte aux alentours de 1567 (3)
ou situe la rédaction même dans les derniers jours de cette année (4).
Les emprunts à ses communications au Conseil des Indes ne sont pas rares
et se retrouvent incorporées dans le texte (5) ; l’inverse arrive parfois :
des fragments de l’œuvre en cours passent dans ses rapports bureaucra­
tiques et dans sa correspondance même on en trouve des traces.
Matienzo même était bien convaincu de la valeur de son œuvre et
ne perdait pas une occasion de la recommander aux Conseillers des
Indes et d’en souligner l’influence sur les décisions prises depuis (6).
Mais il lui arrive aussi de douter de l’efficacité de ses propositions et
dans son livre il reconnaît amèrement « todo esto me parece que es
predicar en desierto » (7).
Lorsqu’il envoie le manuscrit en Métropole en 1567, il prétend l’avoir
composé « para recopilar por mejor orden lo que tengo escrito [c’est-à-
dire ses rapports officiels à la Couronne] y otras muchas cosas más...»;
il l’avait écrit en espagnol « por que mejor gocen todos de él », précisant
en marge des « filósofos y teólogos y otros muchos y muy graves auto­
res... » (8).
En 1573, au moment où s’achève la visite de Toledo, il se plaît à
souligner que seuls quelques problèmes restent à résoudre « aunque sin
la ispiriencia que agora tengo, me atreví a dar algunos avisos por un
librillo (sic) que invié a esa Corte intitulado Gobierno del Perú » (9).
La même année il s’adresse à Ovando, Président du Conseil des
Indes, pour lui témoigner son amertume devant l’inutilité des efforts
déployés dans le Gobierno del Perú : « Ansimesmo, he dado quenta a
Va Illustrissima en qué he gastado el tiempo los ratos que me han sobrado

(1) Muñoz donne cette date, le manuscrit sous les yeux, et commet une légère erreur
dans le chiffre des dizaines : 1557 au lieu de 1567.
(2) Ci. infra, p. 132.
(3) Cf. infra, p. 281 et 285.
(4) Cf. infra, p. 97, 282, 283, 2 91 , 309 et 321.
(5) Comparer un rapport du 2 0 .X .1 5 6 2 avec des passages du Chapitre i x de la Seconde
Partie. Voir aussi le rapport si connu du 2.1.1566 qui passe dans le Chapitre x v de la même
Partie.
(6) Cf. son rapport du 1 4 .X .1 5 7 6 . Dans L a Audiencia de Charcas, I, p . 4 0 2 , et Anales
de la Biblioteca (Buenos Aires, 1915), X , p. C C V II.
(7) Cf. infra, p. 312.
(8) Rapport du 2 8 .X I .1 5 6 7 . Dans L a Audiencia de Charcas, I, p . 236-238.
(9) Rapport du 21.1.1573. Dans L a Audiencia de Charcas, II, p. 465.
LXIV G o b ie r n o d e l P e r ú

después de haber cumplido la obligación que tengo a mi oficio, y de ello


darán testimonio las obras que he enviado y [las] que tengo medio acaba­
das para enviar a imprimir a ese Reyno, que como he empleado el tiempo
en esto, pudiera haberle empleado en lo que otros, pudiera haber adqui­
rido hacienda como ellos ; mas todo lo he pospuesto por hacer lo que debo
al servicio de Su Magestad, a quien tengo tanta obligación, y no me he
cansado ni me cansaré en dar avisos, demás de los que di en el libro sobre
el gobierno del Perú, para que los naturales de estos Reynos, de cuyo
sudor y trabajo he comido, sean aprovechados, así en aumento de sus
haciendas como en ser instruidos en la policía humana y religión cris­
tiana, y el patrimonio real sea aumentado, sin perjuicio de los encomen­
deros y demás habitantes y moradores de este Reyno, antes en mucho
provecho y utilidad de todos... » (1).
Lorsqu’il met le point final à son travail et l’envoie, l’auteur perd
sa trace dans les tortueux chemins des étagères bureaucratiques. Expé­
rience douloureuse pour Matienzo, qui vit entrer dans l’ombre puis
sombrer dans l'oubli l’ œuvre de sa vie !
Envoyé à Madrid à la fin de 1567, le Gobierno del Perú ne dut pas
passer complètement inaperçu au Conseil des Indes. Il y arrivait à la
veille de la convocation de la Junta Magna et coïncide avec le thème
principal de cette réunion. En effet, le traité est « todo enderezado a
que un tan próspero Reyno como éste... se conserve en perpetua paz
y sosiego..., lo cual todo se podría efectuar y poner en orden en seis u
ocho años, cometiéndose a persona diligente y de confianza... » (2).
Voilà suggérée la nécessité de nommer un responsable de l’envergure
de Toledo! Et plus, dans le compte rendu des états de service de 1588,
l’un des témoins, Gaspar Rodríguez, précise que Matienzo « envió un
quaderno del orden y aviso que habían de tener el virrey y gobernador
a quien Su Magestad encargase la visita de estos Reinos... » (3).
Comme les actes ou les minutes des délibérations de la Junta ont
disparu, on ne peut connaître les textes utilisés en cette occasion. Un
détail laisse à penser que le Gobierno del Perú a été consulté. Dans la
Cédule du 28 novembre 1568 sur le recouvrement du tribut, il est recom­
mandé de le prélever en or ou en argent près des gisements miniers mais
de le convertir en maïs ailleurs. C’ est exactement l’alternative proposée
par Matienzo (4).
Un autre indicé que le Gobierno del Perú fut connu à Madrid peut être
la proposition adressée au Monarque au début de 1574 suggérant, après

(1) Rapport du 1 8 .X .1 5 7 3 . Dans Medina, Biblioteca Hispanoamericana, I, p. 292,


et La Audiencia de Charcas, I I , p. 491-493.
(2) Rapport du 2 8 .X I .1 5 6 7 . Dans La Audiencia de Charcas, I, p . 236-237.
La Audiencia de Charcas, II, p. 592.
S Comp. Revista Histórica (Lim a, 1924), V I I , p. 118 avec le Chapitre x m de la
Première Partie. Infra, p . 4 4-45 .
E t u d e p r é l im in a ir e lxv

les mauvais résultats obtenus par les Yice-rois de haute noblesse (comme
le Marquis de Cañete ou le Comte de Nieva), que la charge soit occupée
par des magistrats. Le Roi, d’accord dans un premier temps, changea
d’avis après la mort d’ Ovando (1). Ceci reprenait exactement la théorie
soutenue dans le Gobierno del Perú (II, i) et à laquelle Solôrzano Pereira
adhéra aussi (2).
De toute manière nous savons que dans les premiers mois de 1570
Juan de Toro del Castillo (beau-frère de Matienzo) était venu à Madrid
pour y transmettre des informations de première main sur l’ état de la
province de Charcas. Il suppliait par un mémoire le Président Ovando
de « ver y examinar un libro intitulado Gobierno del Perú que trata cómo
se entiende será bien gobernado aquel Reyno y acrecentada la Real
hacienda y los naturales se conserven y aumenten » (3).
Le 16 mars 1576 le Licencié López de Gamboa, Conseiller des Indes,
dans un avis relatif à un traité écrit par Pedro de la Cadena sur l’admi­
nistration indienne, suggère de l’adjoindre à un travail similaire du plus
grand intérêt laissé par le Licencié Matienzo, qui se trouve aux archives
depuis quelques années, et recommande de conserver les deux œuvres
avec le plus grand soin pour les consulter au moment utile (4). Cette
même année l’auteur revient à la charge et rappelle l’existence de son
livre, perdu dans quelque obscur tiroir du Conseil « el cual quisiera
yo que Va Mgd le hubiera visto » (5). Près de la mort, il déplore encore
le sort contraire à son œuvre pourtant méritoire (6).
En 1580, d’après une affirmation digne de foi (provenant de l’un des
fils de l’auteur), le livre était entre les mains du greffier de la Chambre
de Gouvernement Juan de Ledesma, très lié au Président Ovando, et
qui dut lui remettre le manuscrit (7).
Habent sua fata libelli. Les vicissitudes postérieures de l’ œuvre furent
malheureuses. L ’original partit voyager dans les bibliothèques. En
1629 un Conseiller des Indes, le docteur Lorenzo Ramírez de Prado

(1) Schâfer, op. cit., II, p. 50-51.


(2) Op. cit, Livre V , Chapitre X I I , §§ 12 et 13.
(3) A .G .I Indiferente General, 858.
(4) Menéndez y Pelayo, Historia de la Poesía Hispano-Americana (Madrid, 1913),
II, p. 141. Le détail semble avoir été fourni par Jiménez de la Espada avec une erreur de
date. L ’avis de López de Gamboa ne peut être de 1676 puisque celui-ci fu t conseiller de
1571 à 1579.
(5) Rapport du 1 4 .X .1 5 7 6 . Dans La Audiencia de Charcas, I, p. 402.
(6) Rapport du 4.1.1579. Ibid., p. 481.
(7) Demande pétitoire au compte rendu des mérites et des états de service de Matienzo.
1580. Dans La Audiencia de Charcas, II, p. 518.
On connaissait d’ailleurs l’existence au Secrétariat du Conseil de l’œuvre de Matienzo.
Dans une « Relación de lo que en suma contienen algunos capítulos de cartas escripias
a S.M . por diversas personas en lo que toca a materia de perpetuydad » (A .G .I. Indiferente
General, 1530), écrite vraisemblablement par López de Velasco, on donne un extrait du
rapport de Matienzo du 31.1.1562 (La Audiencia de Charcas, I, p. 51-52). E n marge on lit
cette annotation : «A se de ver lo que escribe sobre esta materia en el libro que hiçop*
el gov° del Perú en la p» parte ».
LXVI G o b ie r n o d e l P e r ú

(1583-1658), bibliophile sans scrupule, qui a bien pu s’emparer du codex,


possédait un texte qui semble avoir été l’autographe. L ’information
nous est donnée par León Pinelo, pour une fois trahi par sa prodigieuse
minutie, puisqu’il fut le premier à affirmer que le Gobierno del Perú
comprenait quatre livres (1). Les ouvrages accumulés par Ramírez
de Prado passèrent à Salamanque, où ils furent acquis par le Collège
Majeur de Cuenca (2).
C’est cet exemplaire que décrit en juillet 1782 l’américaniste Juan
Bautista Muñoz, Là se trouvaient aussi la Historia General de los Ingas
del Perú du frère de la Merci le P. Murúa, et les quatre volumes de la
monumentale Noticia General del Perú du Contador López de Cara-
vantes (3). Muñoz rapporte que le texte comprenait deux parties et
que la dédicace était datée de La Plata, le 24 août 1557 (sic). Le résumé,
intelligent, se termine par la précision suivante : « un tomo fol. escrito
de mano del Autor en papel de China o Filipinas ».
Puis c’est l’inconnu. Nous hasarderons une hypothèse. Une fois
le Collège Majeur de Cuenca fermé, sa bibliothèque passa à la Biblio­
thèque Royale de Madrid où sont conservés de nombreux imprimés et
manuscrits de cette provenance. Le Gobierno del Perú fut-il l’un de ces
codex spoliés par le Roi intrus Joseph Ier en 1813, comme l’original du
P. Murúa (4) ? Ces deux ouvrages sont-ils partis pour Londres ? La copie
appartenant à Lord Kingsborough est un indice révélateur.
A l’ époque où le collectionneur de livres Ramírez de Prado disposait
d’un texte, un de ses rivaux, don Tomás Tamayo de Vargas y Salazar
de Mendoza (1588-1641), s’en procura un autre (5). Sa charge de chroni­
queur officiel des Indes depuis 1628 (6) lui permit de fouiller à son aise
dans les bureaux du Conseil et d’y trouver l’original, dont il se fit faire
une copie (7). Les exemplaires aujourd’hui connus en dérivent.
Solórzano Pereira disposa probablement d’un autre spécimen existant
au Pérou. Il mentionne l’ œuvre dans le De Indiarum lure composé vers
1618 et dont il envoie le premier volume de Lima en 1626. Dans la
Política Indiana (1647) les références au traité de Matienzo se font

(1) Epítome de la Biblioteca Oriental g Occidental... (Madrid, 1629), p. 117.


(2) Entrambasaguas, Una familia de ingenios : los Ramírez de Prado (Madrid, 1943),
p. 121.
(3) Real Academia de la Historia. Collection Muñoz, tome X C I I I , fol. 217.
Jiménez de la Espada a divulgué la note de Muñoz dans les Relaciones Geográficas
de Indias (Madrid, 1881), I, Antécédents, p. X L V I I I .
(4) Voir Ballesteros-Gaibrois, Introduction, p. X X V I - X X V I I , à l ’édition de la H is­
toria General del Perú, de F ray Martín de Murúa (Madrid 1962), I.
(5) Voir Entrambasaguas, op. cit., p. 56-57.
(6) Schäfer, op. cit., II, p . 414-415.
(7) En 1624 il ne le connaissait pas encore, puisqu’il ne le cite pas dans son répertoire
« Junta de libros, la m ayor que España ha visto en su lengua... ». Biblioteca Nacional de
Madrid. Manuscrits, 9.752 et 9.753.
E t u d e p r é l im in a ir e l x v ii

nombreuses : 62 se rapportent à la Première Partie et 25 à la Seconde (1).


Les notes le citent comme « Tract, manuscript. de Modérât. Regn. Perù ».
Nicolás Antonio signale que déjà vers 1672 existait à Rome à la Biblio­
thèque Barberini un codex de Matienzo dont il obtint une réplique (2). Ce
fonds fut acquis en 1902 par le pape Léon X III et enrichit la Bibliothèque
du Vatican où il figure aujourd’hui sous la cote Cod. Barb. Lat. 3585.
C’est un volume de 405 feuillets, relié en parchemin. Le frontispice déclare
que le manuscrit provient de la bibliothèque de Tamayo de Vargas et
précise « Sacóse del original de su autor ».
Au x v m e siècle González de Barcia étend notre information : il
affirme en 1737 l’existence d’ un texte appartenant à l’Ambassadeur du

(1) Voici l’inventaire correspondant ; dans la première colonne figurent les chapitres
du Gobierno del Perú, puis le livre, le chapitre et le paragraphe de la Política Indiana où
ils sont mentionnés :
Première Partie
IV II, v i; 32 ; v u , 15 et 55 ; ix , 8 ; x i i i , 5, et x x v n i, 1
V II, v i, 2.
VI II, x x v i, 19 et 38, et x x v i i , 2.
V II II, x x v i i , 7 et 40.
V II I II, iv, 6.
IX II, v il, 5, 45 et 5 5, et v in , 5.
X II, x i i i , 11 et 30.
XI II, x i, 14.
X II II, n i, 2, et x ix , 8 ; I I I , x x v , 15 et x x v i, 4.
X III II, il, 4 et 21 ; et x ix , 28, 30 et 44.
X IV II, x x iv , 17 ; I I I , h , 27, et n i, 39.
XV II, x , 13.
XVI II, x i x , 48 ; et x x i, 2 et 20.
XX V , ii, 2.
X X IV II, x x v , 6 ; et x x v i i , 13 ; et I I I , in , 39.
XXV II, x x iv , 28 et 31.
X X V II IV , v in , 32.
X X V III I II, x x v , 15 ; x x v i, 4 et x x x n , 56.
X X X IV II, v u , 6 5, et I V , x v , 17.
XXXV IV , x v , 12.
XXXVI IV , x v , 43 et 4 6.
X X X V II IV , in , 16 ; x v , 12 ; x v i, 4 1, et x v n , 37.
X X X V III I I , x x n , 42, et x x i n , 32.
X X X IX V I , v , 7.
XL II, x v , 2 et 32 ; et V I, i, 23.
X L IV II, x , 7.

Deuxième Partie
I V , ix , 8 ; x n , 12 et x iv , 28.
III V , v , 22.
IV V , n i, 5.
V V , x v iii, 3.
IX II, i, 27.
XI V I, ix , 8.
X II III , x x v i i , 6 et 11 ; V , i, 7 et 14.
X III II, ix , 1 et 15 ; x i , 14, et X I I , 12.
X X II V , h , 7.
X X III V , v , 3.
XXVI IV , v , 5 , et x x iv , 4.
X X V II V , x , 23.
X X V III I I I , x x v i, 45.
XXXI V , v u , 3 et 12.
X X X II II, x iv , 12.
(2) Op. cil., I, col. 739.
LXVIII G o b ie r n o d e l P e r ú

Danemark auprès de la Cour de Madrid, M. Friedrich Adolphe Hansen von


Ehrenkron, et que Jacob Kries à Amsterdam possédait un duplicata
reproduisant directement l’original que possédait Tamayo de Vargas (1).
D’après Pietschmann, la collection de Hansen fut mise aux enchères
à la Haye vers 1718 (2).
En 1848 le bibliophile et marchand de livres nord-américain établi
à Londres, Obadiah Rich vendit parmi un lot de 142 volumes une copie
qu’avait possédée Lord Kingsborough, américaniste distingué dont la
collection fut dispersée à sa mort. Cet exemplaire est un codex relié en
maroquin, orné des armes de son premier propriétaire. L ’ écriture est de
la première moitié du x v n e siècle ; le titre est le même que celui de l’exem­
plaire du Vatican et il appartient à la même famille. Les erratas, blancs
et fausses lectures sont identiques, la provenance est la même : l’original
de l’auteur. Le nouveau propriétaire, James Lenox, donna l’ensemble
des livres en 1895 à la Bibliothèque Publique de New York où ils sont
encore conservés. Le manuscrit figure à la Manuscript Division (Room
319), sous la cote Rich Collection, n° 74. Il porte quelques notes au crayon
de l’ archéologue Adolphe Bandelier. Ce codex comprend 336 feuillets.
Ainsi, grâce à Tamayo de Vargas l’œuvre de Matienzo a été restituée
dans sa rédaction authentique. L ’original envoyé au Conseil des Indes
a disparu, comme l’autographe que Muñoz avait compulsé à Salamanque ;
peut-être le verrons-nous apparaître dans quelque bibliothèque cachée
de Grande-Bretagne ou en un lieu encore plus insoupçonné. De toute
manière, les copies connues suppléent heureusement à ce manque, elles
ne trahissent pas le génie de Matienzo et ne rognent pas son texte à tort
et à travers comme le texte bâtard de 1910.

5. L a p r é s e n t e é d it io n

Exactement au quatrième centenaire de sa rédaction paraît sous les


auspices de l’ Institut Français d’Etudes Andines, cette première édition
complète du Gobierno del Perü.
Quelles en sont les caractéristiques ? Nous avons voulu d’abord offrir
une leçon facilement intelligible tout en gardant les particularités de
l’original, bien que le style de Matienzo donne par endroits l’exemple
de la pire prose bureaucratique. Sans perdre la saveur de l’ époque, nous
avons évité à la fois la pure édition diplomatique et la modernisation
complète. Pour la transcription, nous avons suivi un moyen terme raison­
nable : conservation des archaïsmes traditionnels, modernisation de l’or­
thographe lorsqu’elle engendrait le doute, et, après une sévère critique
E t u d e p r é l im in a ir e l x ix

textuelle, introduction dans la limite du possible de la ponctuation pour


aider à comprendre le sens exact des phrases.
La présente édition suit les deux copies connues — celle de New
York et celle du Vatican — comparées entre elles et avec le sommaire
de Londres (1). Elle a été purgée des erratas scandaleux commis par
les copistes ignorants des vocables indigènes. Aucun des deux manuscrits
n’étant olographe, nous ne nous reprochons pas d’avoir faussé le texte
de Matienzo en l’épurant de lectures viciées.
Dans la mesure du possible, et lorsqu’elles le méritaient, nous avons
restitué les citations de l’original ; quelquefois nous avons placé en bas
de page de brèves notes indispensables. Il est bien regrettable de ne pas
connaître les annotations mises par l’auteur lui-même. Elles éclaire­
raient sur des sources complémentaires du plus haut intérêt ; comme l’ex­
pliquait Matienzo lui-même dans ses notes marginales, il utilisait des
« filósofos y teólogos y otros muchos y muy graves autores », parmi les­
quels nous n’avons pu mettre en lumière que la trace de Cieza de León.
Devant la disparition totale des citations — détail étrange — plu­
sieurs hypothèses nous viennent à l’esprit : Matienzo, pour sauvegarder
ses droits, a-t-il envoyé à Madrid seulement une copie (2), dont déri­
veraient toutes les copies ultérieures, ou bien le copiste de Tamayo de
Vargas les a-t-il considérées comme inutiles, et omises ? Muñoz, qui
affirme avoir eu sous les yeux un manuscrit « de mano del autor » ne
dit rien de l’existence des notes marginales malgré son compte rendu
très détaillé. Point d’interrogation supplémentaire qui lui aussi ne sera
éclairci que lorsqu’apparaîtra l’original de l’ œuvre que nous offrons ici
à tous les curieux des anciens groupes sociaux andins, à ceux qui étudient
les institutions politiques et juridiques de la Vice-royauté, et enfin
à tous ceux qui cherchent à travers l’évolution d’une collectivité au long
des siècles à déterminer ses éléments constituants et ses constantes
historiques.

(1) Nous avons utilisé le microfilm tiré du manuscrit du Vatican, qui appartient
actuellement à l’Ecole des Etudes Hispano-Américaines et à la Chaire d ’ Histoire du
Droit Indien de la Faculté de Droit de l’ Université de Séville, occupée par le docteur
Antonio Muro Orejón. La transcription a été réalisée par le docteur José Llavador Mira.
Cette version, après avoir été comparée au texte de N ew Y ork, a été soigneusement épurée
par nos soins.
(2) Telle est la définition donnée dans le compte rendu des mérites et des états de
service de Matienzo (1580) du texte conservé par le fonctionnaire Ledesma, du Conseil
des Indes. Cf. La Audiencia de Charcas, II, p. 518.
T

I
*

GOBIERNO DEL PERU


CON TODAS LAS COSAS
PERTENECIENTES A ÉL
Y A SU HISTORIA
por el Licenciado

JUAN DE MATIENZO,
Oidor de la Chancilleria de la ciudad de La Plata
CATOLICA REAL MAGESTAD :

Besa ios reales pies y manos de


Vuestra Magestad su menor y más
obediente criado,
P rólogo a l lector

Para no ser tenido por ocioso y hombre de poco cuidado, he siempre


procurado, lector carísimo, en todo el camino desde España hasta esta
ciudad de La Plata, y estando en ella y en la de Los Reyes sirviendo el
oficio de Oidor, el tiempo que me sobra acabados los negocios que tocan
a nuestro oficio y a mi principal estudio, darme a entender de raiz las
cosas deste Reino del Pirú, para saber dar cuenta de lo que es bueno a
quien me la pidiere, ansí de lo tocante a indios, como a españoles ; y
juntando algunas memorias que escribí, ansí viniendo de camino, como
estando de asiento y pasando por algunas ciudades y villas destos Reinos
(que son el Nombre de Dios, Panamá, Paita, San Miguel de Piura, Tru-
jillo, Lima, Cañete, Arequipa, Potosí, Porco, la ciudad de La Plata, la
provincia de Chucuito, Omasuyos, la gran ciudad del Cuzco y la tierra
del Inga (1), acordé ponellas por orden y hacer esta obra, por la cual
pretendo que se entienda que algunas personas que han ido desta tierra
e informado a Su Magestad encareciendo los malos tratamientos de
los indios y tiranías que decían que con ellos usaban los españoles (jun­
tando los tiempos primeros con los presentes), no han tenido razón,
que está ya todo remediado en este Reino, que no hay para qué conferir
aquellos tiempos con éstos; y para que se entienda que los que hasta
agora han dicho tantos males no han dado ningún remedio ni han conde­
nado tanto a otros mayores robadores, que son los caciques, ni han dado
orden cómo cesen sus grandes tiranías y salgan los pobres indios, sus
sugetos, de la servidumbre y opresión en que están ; y para que se entien­
dan otras muchas cosas (como se verán por el discurso de la obra) que
han sido reprobadas poniéndoles nombres esquisitos y han causado
grandes alteraciones y muertes de españoles e indios sin haber diferido
en sustancia de las que los que esto informan permiten, como se verá
en particular en los Capítulos que dello tratare ; sólo movidos por sus
fines y pretensiones, o porque por ventura no han entendido más.
Pretendo también declarar los medios que se podrán dar para conser­
var la tierra y para que los indios sean aprovechados, ansí en lo espiritual

(1) I. e. Vilcabamba. Cf. Parte Segunda, Chapitre X V I I I .


4 G o b ie r n o d e l P erú

como en lo temporal, y alcancen la libertad que algunos llaman, sin


dar la orden cómo puedan salir de la servidumbre, y para que ansimesmo
sean todos aprovechados y aumentada la Real Hacienda sin daño de
nadie.
Bien sé que no faltarán detractores que pongan por el suelo la obra
y murmuren de ella, dando razones en mi ausencia coloreadas a que yo
quizá tenga respondido, o por ser tan frívolas haya dexado de responder,
y negando algunos principios que son tan verdaderos que ellos mismos
los confesaran si hubieran visto lo que de ellos voy infiriendo ; pero
ni esto, ni otras cosas que callo que me podrían mover a mudar propósito,
no me han de apartar de hacer y proponer lo que entiendo y siento que
haya de ser remedio de una perdición tan grande como creo que verná
a este Reino no se haciendo lo que digo, y si Dios Nuestro Señor ha de
ser servido con ello, también lo será de ponello en el corazón de Su
Magestad para que lo mande poner por obra, y si no ha de ser para servir,
plegue a Su Divina Magestad lo aparte, porque mi ánima no reciba
detrimento en lugar del premio que pensava sacar deste trabaxo, hecho
con el fin que Su Divina Bondad sabe.
Si alguno dixere que todo lo que he hecho va enderezado a mi prove­
cho, entendiendo que por dar avisos para acrecentar tánto los quintos y
rentas reales se me han de hacer mercedes, responderé yo que se engaña,
pues sabe claro lo contrario : si del aviso quisiera sacar el premio que
dice, no lo publicara, ni lo dixera a las personas que me lo han querido
preguntar, ni pretendiera que se imprimiera, antes lo encubriera hasta
dar el aviso a Su Magestad en persona, como otros hacen. Mas, como
mi intento no sea sino el provecho universal que de ello viene a todos,
de lo cual me es Dios testigo, quiero todos gocen del aviso, y ruego al
lector que si viere algo que no le contente, no repruebe por ello toda la
obra, antes pase a ver lo demás.
Si algo fuere bueno y le aprovechare, lo terné por premio y fruto
del trabaxo, y protesto si algo hubiere dicho, o dixere en esta obra, no
tal cual conviene, de me someter (como me someto), a la corrección
de la Santa Madre Iglesia y de otra cualquiera persona que lo sienta
mexor que yo.

La Plata, a 24 de Agosto de 1567.


PARTE PRIMERA
CAPÍTULO PRIMERO

D e l g o b ie r n o y t i r a n í a d e l o s I n g a s ,
Y CÓMO NO ERAN REYES NATURALES DE ESTOS REINOS
d el P erú

Para tratar de lo que adelante con el favor divino tengo de dizir,


hay necesidad de prosuponer quiénes fueron los Ingas, y de la manera
en general de su gobierno.
Por no se haber hallado en este Reino, ni en los demás de las Indias,
hasta agora, uso de letras, más de sus quipos que ello., llaman, que son
unos cordeles, y en ellos munchos ñudos y señales por donde conocen
lo mesmo que nosotros por las letras, diré lo que, por relación de los
indios del Cuzco antiguos, sabemos.
Habiendo grandes guerras entre los indios de este Reino, y viviendo
todos muy sin orden, haciendo grandes maldades y delitos, y hablando
y tratando con el demonio, enemigo del linage humano, que les engañaba
y persuadía a que se matasen unos a otros muy cruelmente, permitió
Dios darles otro mayor tirano que los que antes les gobernaban, que con
mayor crueldad y tiranía los tratase y castigase. Éste se llamó Mango
Capa, el cual fundó la ciudad del Cuzco, e hizo leyes a su gusto y prove­
cho, y no al de sus súbditos, aunque algunas fueron buenas y muy
necesarias, y fueron hechas a buen fin.
Este Mango Capa y sus descendientes se llamaron Ingas, que quiere
decir reyes o grandes señores. Pudieron tanto, que señorearon y conquis­
taron desde Pasto hasta Chile ; y sus banderas vieron, por la parte del
sur, al río de Maulé, y por la del norte, al río de Angasmayo, y estos rios
fueron términos de su imperio, que fué tan grande, que hay de una parte
a otra más de mil y trescientas leguas, y para le conservar edificaron
grandes fortalezas y aposentos fuertes de piedra, admirablemente
labrados.
Al sol tuvieron por dios soberano, al cual hicieron grandes templos,
y, engañados del demonio, adoraban en árboles y en piedras, como
gentiles. En los templos prencipales tenían grand cantidad de vírgenes
P a r t e p r im e r a — cap. i 7

muy hermosas, que llamaban mamaconas, conforme a las que hubo en


Roma en el templo de Vesta, y casi guardaban los mesmos estatutos
que ellas (1).
Ha habido siete sucesores deste Mango Capa Inga, primer tirano,
hasta Atagualipa, que fué el que por el Marqués don Francisco Pizarro
fué preso, año de 1533 (sic), llevando en su compañía solos ciento e
cincuenta españoles, y venció a más de un millón, harto milagrosamente.
Este Atagualipa también fué tirano, porque siendo su hermano Guáscar
Inga, le mató y se quedó él con el reino.
Por estas razones parece que los Ingas fueron tiranos, y no reyes
naturales, pues aquél se dice tirano que, por fuerza o engaño, a traición
toma y ocupa reino ageno (2), como estos Ingas lo hicieron, y aunque
hobiera duda si eran reyes naturales, o no, se presume ser tiranos por
las señales que luego diré, y aun, por algunas de ellas, sabiéndose que
lo eran, se podrán justamente tener por tiranos.
La primera — que es tener respecto en todas las cosas más a su prove­
cho que al bien público y de sus súbditos y vasallos — se verifica en los
Ingas, pues es cierto que no dexaban poseer cosa alguna a sus indios,
antes cualquier oro o plata que sacaban, era para el Inga, y ellos de
nenguna cosa dello se aprovechaban, ni los dexaban aprovechar (3).
La segunda señal de tiranos es si procuran que sus súbditos sean
probes, para que, fatigados y ocupados en sus cotidianos trabaxos, no
puedan alzar cabeza contra ellos, de lo cual son exemplo las pirámides
de Egipto, el edificio del Olympo de Pisístrato, tirano de Atenas, hixo
de Hipócrates, y las obras de Policrates, tirano que reinó en la ínsula
de Samos, y los excesivos tributos que llevó Dionisio [I el Viejo] tirano
a los siracusanos, que en cinco años se les había consumido todas sus
haciendas en los pagar.
Suelen también los tiranos procurar de empobrecer a sus súbditos,
procurando contino guerras y disinciones, teniendo siempre aparexada
gente de guarnición, y a costa de ellos, como lo dice y prueba Aristóteles,
y otros munchos.
Pues, ¿ por quién se puede decir esto, y a quién puede mexor quedar,
que a los Ingas ? Toda su pretensión era procurar — por todas vías —
que sus súbditos fuesen probes, y no poseyesen cosa propia, haciéndolos
continuamente trabaxar sin premio alguno en obras mayores y más
costosas que las de Egipto y las demás arriba referidas, como son las

(1) Le texte de Matienzo, à partir de la phrase « E ste se llamó Mango Capa, el cual
fundó la ciudad del Cuzco... », jusqu’ à « . . . guardaban los mesmos estatutos que ellas »,
est tiré presque littéralement du Chapitre X X X V I I I de la Crónica General del Perú, de
Cieza de León.
(2) Cette conception du tyran, selon la doctrine classique reflétée dans VEthique
d’Aristote, se trouve déjà définie dans les Partidas (II a, I, x ).
(3) L ’ argument du mépris du bien public par le tyran, qui gouverne pour son profit
personnel, est invoqué aussi dans la Relección D e I w e belli de Vitoria, § 12, lequel à
son tour se réfère à Aristote dans sa Politique, Livre IV , Chapitre X .
8 G o b ie r n o d e l P e r ú

de la fortaleza del Cuzco, adonde hay piedras traídas de muy lexos,


que parece imposible haberse traído sino por arte máxica, que yo he visto
por mis ojos algunas de ellas es impusible movellas diez mil hombres ;
la fortaleza de Tambo (1), que también he visto, obra mayor que la
del Cuzco ; los edificios de Tiaguanaco, que es cosa admirable ; la forta­
leza del Guarco, en los Llanos, y los ricos aposentos de Tomebamba,
de que hace minción Cieza (2), y otras munchas semexantes a éstas ; y
cuando no tenían en qué los ocupar, los hacían traer tierra para sus
huertas y recreaciones de Quito, que son trescientas leguas del Cuzco,
y de otras partes más lexos.
Hacíanles también hacer acequias y calzadas más insines y mayores
que las que hicieron los romanos, y hacer en sierras y cuestas muy altas
y llenas de piedras y peñas, andenes de piedra, para que pudiesen sem­
brar en ellos, subiendo tierra de los Llanos para poder sembrar mejor
y más fértil : cosa increíble a los que no lo han visto. Todo para no los
dexar un punto ociosos.
Por los tener más seguros, estando probes y ocupados, siempre traían
guerra, y tenían depósitos de maiz y armas en los caminos reales, en
ciertas casas que para ello había deputadas. Todo, a costa de los probes
indios, pues tributos pagaban todos, sin excusarse nenguno, y los traían
a cuestas al Cuzco, de cien y duzientas leguas, y más ; y los que no tenían
qué tributar, los hacían que traxesen pioxos en unos cañutos, y con ellos
venían de cien y ducientas leguas.
Finalmente, eran más que esclavos : ni aun eran señores de sus muxeres
e hixos, antes el Inga las daba a quien quería.
Otra señal de tiranía es crueldad grande, porque como dice Séneca :
entre el rey y el tirano, ¿ qué diferencia hay, pues ambos tienen un
mesmo poder e licencia ? No hay otra sino que el tirano es cruel y invía
matar sin causa todas las veces que quiere, y deléitase en ello ; el rey,
no sin gran causa y necesidad, mata sólo cuando es pública utilidad. El
tirano tiene siempre en el corazón la crueldad, así que el tirano sólo
difiere del rey en los hechos, no en el nombre, de donde se colixe que
Dionisio el Mayor, aunque era tirano, fué mexor en el gobierno que
munchos reyes ; y Lucio Sila se puede con razón llamar tirano, pues
nengún tirano ansí se deleitó en beber sangre humana como él, que mató
cinco mil ciudadanos de Roma.
¿ Qué gente ha habido en el mundo tan cruel como estos Ingas,
pues dicen sus mesmos deudos y descendientes, y se halla por sus quipos,
que uno dellos mató cinco mil hombres en un lugar junto a Paltas, y
les hizo sacar los corazones y cercar la fortaleza de ellos, crueldad nunca
oida ? Guáscar Inga, hixo de Guayna Capa, mató junto a Xaquixaguana,
en los pueblos del Cuzco y Quilliscachi, todos cuantos varones en ellos

(1) Actuel Ollantaytam bo, dans la vallée de Y ucay (Cuzco).


(2) Cf. Cieza de León, Crónica General del Perú, Chapitre X L IV .
P a r t e p r im e r a cap. i 9

había, aunque estoviessen en el vientre de sus madres, abriéndolas los


vientres para los sacar de ellos, por lo cual aquellos pueblos se llaman
el dia de hoy’pueblos de hembras, en memoria de tan gran crueldad.
También Huayna Capa hizo matar todos cuantos varones hobo en
Otavalo y Carangue, dexando solamente los mochachos, y ansí se llaman
hoy dia huambraconas (que quiere decir « agora soys mochachos»),
según refiere Cieza, en la primera parte de la corónica del Perú (1).
Finalmente, eran tan crueles que mataban no solamente a los que
delinquían, mas aun a todos sus parientes. Además de esto, sacrificaban
a sus Ídolos muchos mochachos, y enterraban y consentían en enterrar
con los prencipales sus mugeres bibas y sus criados, cosa horrenda,
y excedieron en crueldad a Lucio Sila y a Nerón y a todos los tiranos
del mundo.
Otra señal no menor de tirano es procurar tres cosas : que falte a
sus súbditos el poder, que sean pusilánimes y temerosos, y que no haya
hombres de crédito y confianza, por lo cual persigue a los buenos como
personas que estorban su mal fin. Ansí, como le sirven por temor, todos
— o los más — sírvenle contra su voluntad, deseando siempre salir del
cautiverio y sujeción en que están, y ansi su imperio no puede ser diu-
turno, esto es, no puede durar mucho tiempo, como lo prueba bien Santo
Tomás, y se ve por ispiriencia, pues estos Ingas por todas vías procuraban
que estos probes indios les temiesen. Haciendo las crueldades y castigos
arriba dichos procuraban que fuesen pusilánimes, y que les faltase poder.
Deminuian y amedrentaban los ánimos de los probes indios, no les
dexando gozar de su libertad y albedrío, de tal manera que ni les consen­
tían comer lo que querían, sino lo que el Inga les mandaba ; ni tomar
las mugeres que ellos querían, sino las que él les daba ; ni tenían sus
propios hixos en su poder, antes en el de los tiranos, los cuales se los
quitaban y daban a quien querían, lo cual se sabe claramente, y todos
ellos lo dicen hoy día, que no sufrían esto de su voluntad, sino forzados
y atemorizados, que es gran tiranía.
Otra señal de tiranos es echar los naturales e sospechosos de la ciudad
y mudarlos a otra parte, y aunque esto suele algunas veces hacerse por
los emperadores y reyes en las ciudades nuevamente ganadas, que echan
algunos hombres de ellas y los ponen en otras partes, mas por la mayor
parte esta es obra de tiranos. Los Ingas, cosa notoria es que usaban
deste remedio para los poder mexor sojuzgar, haciéndoles pasar de
una tierra a otra. A éstos los llamavan mitimaes, y hoy día se están y
son como naturales de la tierra adonde el Inga los pasó, sin esperanza
de bolver jamás a su naturaleza.
Otra señal de tiranía es tener temor y sospecha de los naturales
súbditos : de aqui es que se guarden de ellos, y ponen guardas estrangeras,

(1) Cf. Chapitre X X X I X . Sans indication d’ origine, ce même paragraphe se retrouve


dans Cobo, Historia del Nuevo M undo (Sevilla, 1892), III , p. 283.
10 G o b ie r n o d e l P e r ú

y jueces naturales alquilados, los cuales, al revés de los reyes naturales,


que se fian de los vecinos y no de los estrangeros y no temen a los súbditos,
antes temen no les venga algún daño, y ansí los reyes son obedecidos de
voluntad, y los tiranos, por fuerza.
Los Ingas de quien hablamos eran tan sagaces, que, para conservar
su tiranía, siempre se acompañaban de sus parientes y criados goberna­
dores en todas sus tierras, y de otros Ingas deudos suyos, a los cuales
inviaban a vesitar la tierra por capitanes de ella, y no se fiaban de
otros, ni de los mesmos naturales, como verdaderos tiranos.
Otra señal de tiranos es no gobernar por leyes ni costumbres, sino
por su apetite y voluntad, como hicieron los Ingas, que no habia más
ley ni razón de querello, y ansí parecían más tiranos que reyes, pues
querían cosas tan injustas como está dicho que hacían, que no hay cosa
más peligrosa que querer cosas injustas y malas el que puede hacer todo
lo que quiere (como dice Plutarco).
Otra señal de tirano es echar de la ciudad o del reino las personas
más prencipales y que más daño le pueden hacer, o matarlas, mayor­
mente hermanos y parientes suyos, como lo hizo Atagualipa, que mató
a Guascar Inga su hermano, y sucesor verdadero que era de Guayna
Capa.
Por tanto, aunque estos Ingas fueron reyes naturales del Perú,
se podían llamar tiranos, pues concurrían en ellos las señales que arriba
están dichas, que es que el verdadero rey se vuelve tirano por sus maldades,
como dicen el filósofo y otros munchos, que refiero en el Estilo de Chan-
cilleria.

CAPÍTULO II

De lo s e s p a ñ o l e s e n e s t e R e in o l ,
cóm o e n t r a r o n
Y CÓMO FUÉ JUSTAMENTE GANADO Y TIENE
Su M a g e s t a d j u s t o t ít u l o a é l

Nuestra humana naturaleza es muy mudable e inquieta, y los pensa­


mientos se esparcen y estienden no sólo a lo que conocen y alcanzan,
pero aun a lo que nunca vieron ni oyeron, lo cual es causa que no seamos
amigos de sosiego y quietud, antes de novedades, como dicen Séneca
y otros muy graves autores, y según refiere el mismo Séneca, ninguna
cosa ha quedado en el mismo lugar a do fué engendrada.
Cada día se muda algo en tan gran mundo como habitamos, de que
son testigos los pueblos griegos que hay entre los bárbaros, y los mace-
donios entre los indios y los persas y los atenienses y todos cuantos habitan
P a r t e p r im e r a — c a p . ii 11
en Asia, los sirios en África, los cartagineses en España, y los griegos
en Francia y los franceses en Grecia, y otros en otras partes muy lejas
de su nación, porque yendo a buscar tierras nuevas, de cansados se
quedaron allí, o que por fuerza de armas las conquistaron e ganaron,
echando de su tierra a los naturales della, y otros a éstos, y así nunca
la Fortuna deja a nadie en un estado mucho tiempo.
Este intento pudieron traer los españoles cuando, dexando su propia
tierra, vinieron a esta tan apartada de la suya, y no el que algunos
hipócritas fingen, diciendo que no vinieron con buen celo, sino movidos
por codicia, juzgando los ánimos agenos por los suyos propios.
Inclinación pudo ser natural y satisfación divina para que descubriesen
esta tierra, que tanto tiempo había estado tan escondida, en que su
sancta palabra se cumpliera predicándose su sacrosanto Evangelio en
todo el mundo, y porque mi intención es tratar solamente del Reino
del Perú, dejaré de decir algunas causas que los teólogos y juristas de
nuestro tiempo largamente tratan y esaminan para fundar que las Indias
fueron justamente ganadas, como son porque el Sumo Pontífice concedió
al Rey de España estas tierras y le hizo príncipe de ellas; porque el
Emperador Don Carlos nuestro Señor, de gloriosa memoria, era señor
de todo el Mundo por razón del Imperio, y en su tiempo se purgó el
vicio (si alguno hubo antes en lo adquirir) ; porque estos Reinos se
hallaron desiertos por los españoles ; y porque los indios no quisieron
recevir la fe aunque fueron requeridos por sus grandes y abominables
pecados contra natura, o por razón de la infedilidad, y diré solamente y
trataré de una causa que, junta con las demás (y aun sola por sí), bastaría
para fundar que este Reino del Perú fué justamente ganado y tiene a
él Su Magestad muy justo título, que es la tiranía de los Ingas arriba
en el Capítulo Primero referida, al tener opresos los reyes naturales de
los indios que son los caciques de cada repartimiento o provincia, y
haberles tomado por fuerza sus tierras sin les dexar poseer cosa propia
a ellos ni a sus indios, ni aun poder comer sino lo que el Inga les mandaba,
ni casarse a sí ni a sus hijos sino con quien los Ingas querían, finalmente,
haciendo todas las obras de tirano que arriba están dichas en el Capítulo
Primero.
Pues siendo esto como es ansí verdad, justamente pudieron el Marqués
don Francisco Pizarro y los 150 hombres que con él vinieron a esta
tierra del Pirú, año de 1533, prender como prendieron a Atagualipa,
para librar a los indios y a sus reyes naturales de la tiranía y opresión
en que estavan, y para ello hacer a él y a su gente lícitamente guerra,
porque a cualquiera mandó Dios que librase a su próximo de opresión
o fuerza injusta, y todos somos próximos, luego los españoles pudieron
muy bien y justamente hacer guerra contra los Ingas para que cesasen
las dichas tiranías e sacrificios de indios que hacían al demonio, y ésta
es causa bastante para que los indios pudiesen mudar nuevo príncipe,
como le han mudado, lo cual probé largamente en el Estilo de Chancillería.
12 G o b ie r n o d e l P e r ú

Esta causa de tiranía es bastante para hacer la guerra habiendo man­


dato y autoridad del emperador, o rey que no reconozca superior, y no
de otra manera : pues don Francisco Pizarro, por mandado y comisión
del Rey de España, nuestro Señor, descubrió y ganó esta tierra, y es
cierto y averiguado que nuestro Rey no reconoce superior, según la
común opinión católica ; e si se dixese (como Fray Francisco de Vitoria
dice (1)) que los indios estaban contentos con la tiranía y con los sacri­
ficios que hacían de niños, y que no pidieron a los españoles ayuda ni
socorro, ni les rogaron que les librasen de la opresión en que estavan,
podríase responder que, estando como estaban opresos, no pudieron
declarar su voluntad, ni para ello tuvieron libertad, mayormente siendo
como son tan tímidos y pusilánimes (como diré en el Capítulo IV), mas
por lo que agora dicen y contento que muestran tener (como se verá
en el Capítulo siguiente), declaro y colixo que lo hicieran si tubieran
libertad, lo cual basta tanto como si lo hubieran pedido.
Suélese también contra esto comúnmente oponer que fueron muchos
los excesos, malos tratamientos y robos que los españoles hicieron a
los indios, y que no tuvieron intento de ayudallos sino de roballos, que
parece ser causa para que no se pueda decir estar justamente hecha la
guerra ni ganados los reinos. Mas, a esto se responde que los Reyes,
nuestros Señores, a los que al descubrimiento de estas tierras inviaron,
les dieron muy justas e santas instruciones, las cuales si ellos guardaron
no pecaron, ni aun venialmente ; mas llevando ellos otro intento y exce­
diendo las comisiones, no pudieron perjudicar a Su Magestad, porque el
delito del capitán, nuncio o procurador no perjudica al señor, como lo
probé muy largamente en el Estilo de Chancillería.
Cualquier exceso que ellos hicieron, lo han pagado en esta vida, y
aun por ventura en la otra, y los que son vivos lo pagarán no haciendo
enmienda y satisfación como luego diré, y si se dixese que no fué el
principal intento inviar estos capitanes al descubrimiento destas tierras
por el bien de los indios, sino por dilatar los reinos y por el provecho que
de ello se podía seguir, esto no es de creer de príncipes tan cristianos,
antes que el principal intento fué para que se reduxesen a nuestra santa
fe y porque nuestra santa fe católica se aumentase, y secundariamente,
por los provechos temporales.
Y aun caso que fuera con el intento ya dicho, aunque en ello se pecó,
no por eso sería Su Magestad obligado a la restitución destos reinos ni a
los daños que se hicieron, pues no faltaron los prencipales requisitos
que son autoridad y justa causa, como está dicho, y es común opinión.
Por ventura fué Dios servido que este Reino se ganase por los españo­
les, para que estos tiranos fuesen castigados y privados de estos reinos
por sus deméritos, y los naturales fuesen restituidos a su antiguo señorío
y echasen la servidumbre y gran opresión que tenían e pudiesen usar

(1) Relección Primera de Indios, Parte Tercera, § 15.


P a r t e p r im e r a cap. Il 13

de su libre albredrío para escoger e seguir el bien si quisiesen, lo cual no


afirmo constantemente, mas de que se puede creer ser ansí por las señales
que hasta aquí han sucedido, una de las cuales es la gran tiranía de los
Ingas referida en el Capítulo Primero, por la cual algunas veces Dios
pasa el reino de unas gentes en otras, como se prueba por munchas auto­
ridades de la Sagrada Escritura ; y si los capitanes y soldados en la manera
de la conquista excedieron, ellos lo habrán ya pagado, o pagarán los
que son vivos no haciendo enmienda y satisfación, mas no por eso dexa
de estar el Reino justamente ganado y el Rey no estará obligado a la
restitución, como arriba está dicho.
Otra señal es por estar estas tierras de indios tan escondidas, que
ninguno de los sabios antiguos tuvo noticia dellas, pues dividieron todo
el Mundo en tres partes — Asia, África y Europa — , y de ésta, que era
la mayor, no hicieron minción ni tuvieron de ella entonces noticia,
hasta que aquel famoso ginovés Colón se atrevió a echar por el Mar
Océano y vino milagrosamente a aportar a este Nuevo Mundo, que
piadosamente se puede creer que Dios Nuestro Señor, para que no
quedase esta gente bárbara perpetuamente olvidada, antes fuese enseñada
en la policía humana y les fuese predicado su santo Evangelio y no rei­
nase más el demonio que tanta parte tenía en ellos, le dió del corazón
a que viniese tan larga e ignota peregrinación.
La tercera señal es los muchos milagros que acaecieron en la población
y conquista de esta tierra, como se podrá ver por la historia de la pere­
grinación de Alvar Núñez Cabeza de Vaca, y de Cortés, Marqués del
Valle, y del Marqués don Francisco Pizarro, que ganó este Reino. ¡ Qué
más conocido milagro se puede ver que el que le acaeció en el prencipio
de su entrada, que con ciento e cincuenta españoles que traía en su
compañía, venció e suxetó al tirano Ataualipa y a tantos millones de
indios que traía en su compañía ! No se puede entender que fuerzas
humanas bastasen, sin el auxilio divino y después, en el cerco del Cuzco,
que cien hombres cercados venciesen a 30 Ü indios, sin tener más de
uno o dos arcabuces. ¿Quién podrá hacer seto sin el ayuda del Cielo ?
Ansí, los indios decían a la sazón, y dicen agora, que el que los vencía
era un hombre viexo, cano, que venía en un caballo blanco, que ellos
pensaban que era uno que llamaban Alonso de Mesa (2), el cual por
enfermedad quedaba en la cama y no había salido a la guerra, y dícese
debió de ser el Apóstol Santiago, abogado de nuestra España, inviado

(1) Effectivement durant l’ assaut du Cuzco un «viejo cano » se m it en évidence (Relación


del sitio del Cuzco dans la Colección de Libros y Documentos referentes a la Historia del
Perú (Lim a, 1934) ; 2 e série, X , p. 34.) En cette occasion le soldat Alonso de Mesa était
bien malade (Pedro Pizarro, Crónica de la Conquista del Perú, dans ibid, l re série, V , p. 99)
mais il ne semble pas qu’ il s’agisse ici de ce conquérant, marié avec la princesse inca Cata­
lina Huaco Ocllo. E n 1536 il ne pouvait être d’ un âge avancé, puisqu’il vécut encore un
demi siècle. Ses dernières dispositions testamentaires sont du 12 février 1587 et il dut
décéder dans les premiers jours de juin suivant. Cf. le dossier de l’hôpital des Indiens du
Cuzco contre la succession de Mesa : Archivo Nacional de Chile. Jésuites ; Perú ; liasse 372.
Voir aussi l’ esquisse biographique qui précède un autre testament, dans la Revista del
Archivo Nacional del Perú (Lim a, 1925), V , p. 1-22.
14 G o b ie r n o d e l P e r ú

por Dios para que los indios fuesen vencidos, y para que no fuesen para
se hacer mal a sí mismos, no recebiendo el bien que Nuestro Señor les
tenía aparexado, y que ellos mesmos agora reconocen.
Otra señal no menor que estas pasadas nos muestra Dios cada dia
después que estos Reinos los poseen cristianos, y es que milagrosamente
castigó en esta vida a los que cruelmente se han habido con los pobres
indios, matándolos, o despoxándolos de sus haciendas, mugeres e hijas
injustamente, o cargándolos de tal manera que por ello hayan venido a
enfermar gravemente o m orir; o siendo jueces, o perlados, o personas
principales, les han dado mal exemplo con su vida y costumbres. Unos
de ellos habernos visto morir ahorcados y echos cuartos, y otros sin confi­
sión en poder de tiranos ; otros ahogados en ríos no pareciendo más
sus cuerpos ; otros clérigos e frailes también morir ahogados en pequeños
arroyos ; otros cruelmente a manos de indios ; otros perdiendo sus hacien­
das ; otros, que tenían ciento e cincuenta mil pesos de renta, morir a
manos de sus enemigos, o por mexor decir, de sus amigos, y al tiempo
de su muerte no se hallar una sábana con qué les amortaxar; otros,
súbitamente de rayos ; otros, de caídas de caballo, de que podría traer
hartos exemplos que inchiesen seis pliegos de papel, mas déxolo para
los historiadores, porque no es mi intento tratar ni contar historias ;
y por el contrario, los buenos vemos les paga Dios en esta vida, demás
de la paga que esperan en la otra, con mucha salud e prosperidad, que es
la más sana tierra esta del mundo, por todo lo cual, y por lo que diré
en el Capítulo siguiente, claramente nos muestra haber sido Dios servido
que esta tierra viniese a manos de españoles, aunque no de las crueldades
que algunos han hecho, así que justamente la tiene y posee y gobierna
Su Magestad, como luego diré.

CAPÍTULO III

D e l c o n t e n t o q u e l o s in d io s t i e n e n d e l b u e n t r a t a m ie n t o
QUE AGORA SE LES HACE POR LOS ESPAÑOLES Y DEL GRAN
CUIDADO QUE DE ELLO TIENEN LAS AUDIENCIAS POR MANDADO
d e Su M a g e s t a d

No se puede encarecer el contento grande que los indios tienen en


estos Reinos, especialmente en esta provincia de los Charcas, de estar
sugetos al Rey Nuestro Señor, y de vivir conforme a sus leyes que para
este Reino fueron dadas, todas en su favor e libertad, y de la tiranía
de que fueron librados, y beneficios a ellos fechos por los españoles, que
fueron munchos.
P a r t e p r im e r a — c a p . i i i 15

El primero, las muy justas e santas leyes que para este Reino se
hicieron (de que abaxo trataremos largo), lo cual es señal de buen Rey
e no de tirano, como dice Aristóteles.
El segundo beneficio es que Su Majestad, y sus capitanes en su
nombre, han restituido en el señorío de sus tierras a los reyes e señores
de ellos, que son los caciques (o curacas, que ansí llaman en esta tierra
a los señores), que antes les estaba tomado y tiranizado por los Ingas,
por lo cual estos caciques están muy contentos e muy felices e muy de
voluntad suxetos al Rey nuestro Señor, como lo dan a entender con
señas y palabras que claramente muestran su voluntad. ¡ Qué más claridad
puede haber, que en cada repartimiento haya un clérigo o relixioso que
les doctrina, al cual respetan tanto que consienten ser por él castigados
y acusados los caciques y señores, pudiéndole matar si quisiesen, pues
habita solo entre ellos ! Pues no lo hacen se ve claro que de buena gana
reciben su dotrina y están suxetos voluntariamente a Su Magestad.
El tercero beneficio es que los españoles los libertaron de dos servi­
dumbres : una, del demonio, que les tenía tan suxetos y esclavos, que
conversaba, trataba e comunicaba con ellos familiarmente, haciéndoles
que le adorasen e reverenciasen e le sacrificasen mochachos, mugeres y
hombres (como se dixo en el Capítulo Prim ero); y la segunda, de la
tiranía de los Ingas, que ni les dexaban tener cosa propia ni usar de su
libre albedrío, como está dicho.
El quarto beneficio es que han comenzado a vivir políticamente,
especialmente los que son yanaconas e residen en las minas, y los de
Chucuito, que poseen cosas propias e se aficionan a ellas ; hacen de sí
y de sus hijos lo que quieren, y naide se los toma por fuerza ni contra
su voluntad, como se hacía en tiempo de los Ingas.
El quinto beneficio es que ninguno les osa ofender ni hacer travaxar
sin pagárselo, porque Su Magestad lo ha mandado y encargado muncho
a las Audiencias, y se hace y guarda ansí en el Perú, mayormente en
esta provincia.
El sesto beneficio es que ya casi todos han recebido el agua del bau­
tismo de su voluntad, y son enseñados en nuestra santa fe católica, y a
cualquier peligro en que están invocan el nombre de « Jesús » y de la
« Virgen María, nuestra Señora, sea su santísimo nombre alabado para
siempre xamás », lo cual cada vez que lo oyo se me salen las lágrimas de
placer e alegría.
Lo séptimo es que se les administra justicia igualmente, ansí contra
otros indios como contra españoles, e ninguno les dexa de pagar el salario
que se les debe por su trabaxo : es tanto, que los indios que se alquilan
en esta ciudad, que serán 3 U, y en Potosí e Porco, que serán 1 500,
ganan cada año de jornal ordinario ciento e setenta mil pesos, que es
más que lo que todos los indios de esta provincia pagan de tasa a sus
encomenderos, sin otra muncha más plata que ganan otros en sus gran-
gerías.
16 G o b ie r n o d e l P e r ú

Lo octavo, que han aprendido todos, o la mayor parte, a tratar y


granxear y a usar de oficios mecánicos y de labradores.
Por las cuales causas, e por otras munchas, parece que están suxetos
al Rey nuestro Señor de su voluntad, que es otro no menos justo título
que el que dixe en el Capítulo pasado que Su Magestad tiene a este Reino,
mayormente que siendo como los más de ellos son ya cristianos, no
sería lícito a Su Magestad de dexallos y entregar el Reino al Inga, aunque
por fuerza algunos de ellos hobiesen sido cristianos, porque se volverían
a su infedilidad e negarían la fe y bautismo que hobiesen recebido, lo
cual reprehenden y prohíben mucho los que en esta materia escriben.

CAPÍTULO IV

De la n a t u r a l in c l in a c ió n y c o n d ic ió n d e l o s in d io s

Para lo que adelante se dirá, hay necesidad de saber la condición y


natural inclinación de los indios, porque mal puede gobernar el que no
conoce la condición de los que han de ser gobernados, ni menos corregir
las costumbres de los que no conoce. Por eso son por los sabios grave­
mente reprehendidos los que al principio de su gobierno comienzan a
hacer muchas leyes y mudan las hechas, como se refiere en la Política
de Plutarco, pues paran a caer en este yerro.
Para que se entienda que ha de ser muy diversa manera de gobierno
el suyo que el de los españoles, o de otra gente de razón, las quise poner
al principio porque es fundamento de lo que en la prosecución desta obra
se ha de decir.
Son, lo primero, todos los indios de cuantas naciones hasta aquí
se han descubierto pusilánimes e tímidos, que les viene de ser melancó­
licos naturalmente, que abundan de cólera adusta fría. Los que este
hábito o complesión tienen (dice Aristóteles) son muy temerosos, floxos
e necios ; que les viene súbitamente, sin ocasión ni causa alguna, muchas
congojas y enojo, y que si se les pregunta de qué les viene, no sabrán
decir porqué. De aquí viene desesperar y ahorcarse cuando son muy
mozos o muy viexos, lo cual acaece cada hora a los indios, que por cual­
quiera pequeña ocasión o temor se ahorcan. Dáse a entender tener esta
complesión por la color del rostro que todos tienen, y por su complesión
y condición de que se va tratando.
Que sean pusilánimes se prueba por tenerse en menos de lo que
podrían merecer, pues de un negro esclavo hacen más cuenta que de un
cacique principal, y el mismo cacique les hace honra y se la tiene con
P a r t e p r im e r a — c a p . iv 17

él. No piensan que merecen bien ni honra alguna, y ansí ni tienen ni


procuran honra, aunque sean muy principales, ni tienen por injuria
que les azoten públicamente sus caciques, ni a los caciques los jueces,
ni tienen por injuria que les tomen su muger, antes con muncha paciencia
(aunque de su voluntad se haya ido con otro), la piden y recoxen y no
la castigan, e lo mismo a sus hijas, hermanas y parientas.
Son muy sucios y comen en el suelo sin tener con qué limpiarse más
de a sus mesmos pies. Las uñas de los pies y de las manos tienen muy
crecidas. Ansí hombres como mugeres comen los piojos que sacan a
otros de las cabezas.
Son muy crédulos, que si alguno les dice : salte de esta casa o de
esta chácara, que yo te daré una manta y una camiseta, se salen de la
parte donde se han criado y nacido y les tratan muy bien, y se van con
aquel que aquello les prometió, aunque les engañe y no les dé después
nada.
Son fáciles y mudables, y amigos de novedades : se huelgan de mudar
señores, aunque les haga más bien el que dexan que el que toman de
nuevo.
Son muy espaciosos y quieren que en ninguna cosa les den priesa.
Su caminar es trotando, y caminan bien si les dan coca, una yerba que
ellos precian mucho, de que trataré abaxo (1). Nunca van sin carga,
que ellos llaman quipi (2), en que llevan su comida, y beben el agua
más salobre y encenagada que hallen. Desde niños que comienzan a
andar les enseñan a cargarse, y ningún niño hay, por pequeño que sea,
que no traya su quipi.
Todo lo cual da a entender que naturalmente fueron nacidos y criados
para servir, y les es más provechoso el servir que el mandar, y conócese
que son nacidos para esto porque, según dice Aristóteles, a estos tales la
Naturaleza les creó más fuertes cuerpos y dió menos entendimiento, y
a los libres menos fuerzas en el cuerpo y más entendimiento. Ansí se vé
en que estos indios son muy recios de cuerpo, mucho más que los españoles,
y sufren más que ellos, pues se ve que traen cargas a cuestas de una y
dos arrobas, y caminan con ellas muy sin pena ; y las mugeres, yendo
por el camino preñadas con sus propias cargas, suelen parir en el camino
y se van luego a lavar ellas y la criatura y la echan sobre la carga y
continúan su camino. Duermen siempre en el campo, al sereno y al frío
y en el suelo, y ninguna cosa destas les hace mal y, cuantas más fuerzas
tienen en el cuerpo, tanto menos tienen de entendimiento.
Son partícipes de razón para sentilla, e no para tenella o seguilla.
En esto no difieren de los animales, que ni aun sienten la razón, antes
se rigen por sus pasiones, y vése esto claro pues no hay para ellos mañana,

Cf. infra Chapitres X L I V à L I.


(2) Quipe, mot quechua qui signifie « carga de bestia ». Cf. Santo Tom ás, Lexicon...
(Valladolid, 1560), p. 27 v.
18 G o b ie r n o d e l P e r ú

antes se contentan con lo que han menester para comer y beber aquella
semana, y acabado aquello, buscan para otra.
Son enemigos del trabaxo y amigos de ociosidad, si por fuerza no
se les hace trabaxar. Son amigos de beber y emborracharse y idolatrar,
y borrachos cometen graves delitos. Comunmente son viciosos de mugeres.
Esténse en una borrachera bebiendo un dia y una noche, y más tiempo
algunas veces, aunque algo se van enmendando en esto en Potosí y en
las ciudades de españoles.
Por temor obedecen muy bien a sus mayores, y ansí es menester quien
les mande, rija y gobierne, para que les haga trabaxar e servir e ocuparles
en algo, para que no hagan tantos excesos como de la ociosidad y borra­
cheras nacen.
Tienen poca caridad con sus próximos, ni se ayudan unos a otros,
ni curan de los enfermos que no pueden trabaxar por vexez o enfermedad,
aunque sean sus padres.
Son mentirosos y usan de traición cuando pueden a su salvo, espe­
cialmente si ven a un español solo en tierras que no están muy pacíficas.
Son muy crueles, que se matan unos a otros por pequeña ocasión, y a
españoles quando les saben solos o dormiendo. No pelean de noche,
sino son los chiriguanaes.
Ellos, finalmente, nacieron para servir, como tengo dicho, e para
aprender oficios mecánicos, que en esto tienen habilidad. Son muy
buenos texedores y pintores. Cualquier cosa sacan del natural haciendo
reposteros y adóbanles. Son sastres, zapateros, cordoneros, plateros,
herradores, herreros y muy buenos labradores.
Finalmente, hacen destas cosas cuanto les mandan y enseñan, porque
son de los que dice Platón que les infundió la Naturaleza metal, y no
oro ni plata ninguno. Pues, ¿ podrá negarse que, para les quitar estas
malas costumbres que tienen, les está mexor ser suxetos a españoles y
gobernados por ellos que no por los Ingas ? Mayormente haciendo las
cosas que diré en los Capítulos siguientes, porque tienen mucha humildad,
paciencia e obidiencia, y puédese en ellos imprimir cualquier dotrina y
enseñamiento de cosas que pueda alcanzar su entendimiento, no les
sacando de las que ellos pueden comprender.
P a r t e p r im e r a — c a p . v 19

CAPÍTULO V

Si c o n v ie n e e se p u e d e com peler a l o s in d io s
A QUE TRABAXEN, O DEJALLOS ANDAR OCIOSOS,
Y QUÉ COSAS LES INCLINARÁN AL TRABAXO

Vista la ociosidad de los indios y su condición, y el daño que de ello


se sigue, nadie dexará de creer y entender que es bien inclinalles y com-
pelelles al trabaxo, para que ocupados en algo, se olviden de los vicios
a que son inclinados, porque la ociosidad es madre de todos vicios,
mayormente en estas partes que tan poca razón tienen.
Teniéndose esta consideración, por leyes, Cédulas y Provisiones Reales
hechas con acuerdo de los señores del Consexo Real de las Indias, santa
y muy prudentemente se ha proveido e mandado por una muy antigua,
dirigida al Presidente e Oidores del Pirú, que no consientan estar ociosos
a los yndios, antes den orden que se alquilen para trabaxar en labores
del campo y obras de la ciudad, y los conpelan a ello las Justicias y no
otras personas (1), y les hagan pagar su salario, y se les pague a ellos
mesmos e no a sus caciques, y que los que fueren oficiales se ocupen en
sus oficios.
Por otra se manda que el Virrey don Antonio de Mendoza se informe
si será bien inviar a los indios del Collao al cerro de Potosí para que
paguen su tasa, y si de ello les verná daño o no, y entretanto haga lo
que le pareciere, lo cual se guarde hasta que Su Magestad mande otra
cosa.
Por otra orden, Su Magestad y su Real Consexo de las Indias, con
santo celo mandan que las Audiencias del Pirú no consientan que vengan
indios alquilados a servir a las ciudades de españoles de más lejos de ocho
o diez leguas (2), y remíteles la tasa del salario como a personas que lo
tienen presente.
Para tratar lo que conviene cerca de esto, diré primero lo que a estos
indios les moverá a trabaxar y no estar, ociosos, y después, las cosas en
que se podrán ocupar para que se cumpla el intento de Su Magestad y
sus provisiones reales.
Quanto a lo primero, dice Aristóteles que dos cosas son las que incli­
nan al hombre a tener cuidado y a amar : tener cosas propias, y aficio­
narse a ellas, porque de lo que es común de muchos no se tiene en ello
tanta deligencia como de lo que es propio : desto último tienen gran
cuidado los hombres, y de aquello más poco — como dice él mesmo y
pone exemplo en los criados que han quedado con muchos, que sirven

(1) Cf. Recopilación de Leyes de Indias, V I, I, x x i.


(2) Ibid., V I, X I I , m .
20 G o b ie r n o d e l P e r ú

menos que cuando con pocos, y cada uno tiene cuidado del oficio y minis­
terio que se le encarga.
Ansí, estos pobres indios no es muncho que sean ociosos y no tengan
cuidado de trabaxar pues hasta aquí no han tenido cosa propia, sino
todo en común. Mal se han podido aficionar al trabaxo pues no era
en su provecho, sino de sus caciques. Poniéndose agora en orden, como
luego diré, y dándoles a cada uno tierras propias y dinero para sí mismos
en pago de su trabaxo, para con él comprar carneros de la tierra e ganado
de España e otras cosas para sí, aficionarsean a trabaxar, y comenzará
por aquí a entrar en ellos la pulida, como aconsexó el filósofo repro­
bando la República de Sócrates.
Lo segundo, que es en qué cosas se deven los indios ocupar y por
qué orden, es muy necesario para el intento que llevamos. Para ello, se
ha de prosuponer que en el Perú, especialmente en el destrito desta Real
Audiencia, hay munchas maneras de indios : unos se llaman caciques
o curacas o principalejos, otros yanaconas, otros hatunrunas, otros tinda-
runas, otros mitayos, y otros uros o pescadores. Cada uno de estos tienen
diversas ocupaciones, y ansí trataré de cada uno en particular.

CAPÍTULO VI

De la o c u p a c ió n que deben t e n e r los c a c iq u e s


Y PRINCIPALES, Y DE SUS ASIENTOS Y ORDEN

Los caciques, curacas e principales son los príncipes naturales de


los indios, y los que los gobiernan y mandan con muy gran concierto,
aunque con muy gran tiranía, como diré en el Capítulo siguiente.
En cada repartimiento o provincia hay dos parcialidades : una
que se dice de hanansaya, y otra de hurinsaya. Cada parcialidad tiene
un cacique principal que manda a los prencipales e indios de su parciali­
dad, y no se entremete a mandar a los de la otra, excepto que el curaca
de la parcialidad de hanansaya es el principal de toda la provincia, y
a quien el otro curaca de hurinsaya obedece en las cosas que dice él.
Tiene el de hanansaya el mexor lugar de los asientos y en todo lo demás,
que en esto guardan su orden. Los de la parcialidad de hanansaya se
asientan a la mano derecha y los de hurinsaya a la mano izquierda, en
sus asientos baxos que llaman dúos, cada uno por su orden : los de hurin­
saya a la izquierda tras su cacique principal, y los de hanansaya a la
mano derecha, tras su curaca.
Este de hanansaya es el principal de todos y tiene éste señorío sobre
los de hurinsaya. Llama y hace juntas y gobierna en general, aunque
P a r t e p r im e r a cap. vi 21

no manda en particular. Cobra la tasa y págala, porque aunque no la


cobra de los de hurinsaya en particular, cóbrala del curaca o cacique
principal de los de hurinsaya, el cual ha cobrado de sus ayllos. En esto
hay gran concierto, aunque algunas veces el que más puede, que es el
de hanansaya, coxe algunos ayllos de los de hurinsaya, y sobrello suele
haber grandes pleitos, pero los que están diestros bien entienden que
cada uno ha de tener sus ayllos, y que los de hurinsaya no puede tenellos
el cacique de hanansaya, ni ser suyos, ni por el contrario, y ansí, sin
probanzas, se pueden librar semejantes pleitos si todos quisiésemos
darnos a enquerir esto y otras cosas que, visitada la tierra, podremos
saber de raíz.
Los caciques e principales su oficio es holgar, y beber, y contar y
repartir, que son muy diestros en esto, más que ningún español, y mién­
tanlo de espacio y con sus piedras de munchas colores, que cierto es
cosa de ver.
Estos caciques y principales no entienden en otra cosa más de lo
que está dicho, porque ni ellos labran heredades, ni se alquilan para
trabaxar, antes se mantienen del tributo que les dan los indios de su
ayllo. Esto se había de remediar mandando que no hobiesse exentos
del trabaxo y de la tasa más de tres principales de cada parcialidad, y
los otros todos contribuyesen y trabaxasen como los demás. Esto ha de
quedar al albedrío de lo que le pareciere al que visitare, conforme a la
calidad y pusibilidad del repartimiento, que no se puede dar regla general
para todos los que lo vayan a entender; y lo mesmo en qué se habían
de ocupar estos caciques y principales después de estar reducidos a pueblos
y tasado lo que ellos hobiesen de haber, y puesto todo en orden, e que
les enseñasen a ellos ■
— si no fuesen muy viexos — a leer y escrebir, y lo
mismo a sus hijos, y la lengua castellana, y estoviessen muy instruidos
en la dotrina cristiana, porque sabiéndola ellos y siendo verdaderamente
cristianos, sin duda lo serán sus indios, porque no tienen otra voluntad
de la que quieren sus caciques. Sabiendo la lengua castellana y mandán­
doles que no hablasen otra lengua con sus indios, so pena de privación
de cacicazgo, delante de ningún español, y executando la pena, y que
no sabiendo sus hijos hablar español les hablasen por lengua, ellos procu­
rarían de se la enseñar, y luego la aprenderían (como hicieron con la
lengua general que aprendieron todos por mandado del Inga), y sabién­
dola, está cierto que aprenderían mexor la dotrina evanxélica, porque
su lengua no tiene vocablos aptos para comprender y entender lo que
se les pretende enseñar, y cumpliráse ansí lo que Su Magestad tiene
mandado por su Provisión Real dirixida al Virrey para que a los indios
de este Reino se enseñe la lengua española (1).

(1) Cf. Cédula du 7 juin 1550, éditée dans la Colección de Documentos Inéditos para
la Historia de América y Oceania, X V I I I , p. 472 ; et dans Konetzke, Colección de Documen­
tos para la Historia de la formación social de Hispanoamérica (Madrid, 1953), I, p. 272.

7
22 G o b ie r n o d e l P e r ú

Ocupados los caciques en esto y sus hixos, no estarán ociosos ni se


enborracharán, y podrá ser que vengan a aprender la ley de Dios y la
enseñen a sus indios. Demás de esto, les han de ocupar en alguna obra
de manos, como a ser pintores, plateros, o oficios semexantes. Cómo se
les haya de enseñar lo diré después.
También se ha de procurar no hurten ni roben a sus indios, ni les
tomen sus hijas, ni tengan muchas mugeres o mancebas como tenían
en su infedilidad, como diré luego en el Capítulo siguiente.

CAPITULO VII

D e LA TIRANIA DE LOS CACIQUES ;


DE SUS MALAS COSTUMBRES, Y DEL REMEDIO PARA ELLO

En los Capítulos pasados he tratado de la tiranía de los Ingas, así


como del gran bien que Su Magestad y los Reyes sus antecesores han
hecho a los caciques naturales desta tierra e a sus indios, en les librar
de la gran oprisión y servidumbre en que estauan, y cómo ellos lo entien­
den y reconocen. En éste diré y referiré brevemente algunas de las dichas
tiranías y robos que los caciques hacen a sus indios, y otras maldades
que hacen, y del remedio para que todo cese, y los indios acaben de
salir del todo de ser esclavos de tantos, y tener alguna libertad para
poder comenzar a ser hombres, y entender en las cosas que cumplen a
su alma y cuerpo, pues ello es justo y Su Magestad manda, por sus
leyes y Provisiones Reales dirigidas a esta Audiencia y a la de los Reyes,
que los indios sean libres, y que se dé orden cómo sus caciques no
les roben, antes se tase lo que les han de dar, y si llevaren mucho, lo
moderen (1).
La tiranía es notoria, porque, después que los caciques se libraron
de la oprisión de los Ingas, aprendiendo dellos cada uno se ha hecho
otro Guayna Capac, o poco menos, y aunque en algunas cosas se les va
a la mano por las Audiencias, pero no en todo, porque quieren encubrir
sus maldades los que les dotrinan y sus encomenderos, que pretenden
estar bien con ellos por sus fines y contrataciones que con los pobres
indios tienen. Esto no lo digo por todos, sino por algunos que no hacen

(1) Cf. Cédule du 16 août 1563, adressée à l’Audience de Los Charcas, qui confirme
celle du 18 janvier 1552 à l’Audience de Lim a, sur la répression des abus dont les « cura­
cas » se rendaient coupables à l’égard de leurs subordonnés. Dans Colección de Documentos
inéditos para la Historia de América y Oceania, X V I I I , p. 496-498.
P a r t e p r im e r a cap. VII 23

sino ladrar y decir que los españoles agravian a los indios, y dicen cosas a
las Audiencias para remedio de ellos por persuasión de sus caciques, que
antes en ello serían agraviados los pobres indios, como de ello diré en
particular adelante.
Lo que hacen, pues, estos caciques contra sus indios, es estorbar e
impedilles no tengan libertad, ni hacienda, ni capacidad, ni entendi­
miento para se poder quexar de ellos, y para esto no quieren ver españoles
entre ellos, ni que vayan a Potosí ni a las Audiencias, a do tienen libertad
e ganan dinero e tratan con españoles que les enseñan, y si por fuerza
dan algunos para que residan en Potosí, procuran estén poco tiempo
y envían luego otros nuevos porque no aprendan a saber quexarse, ni
se hagan ricos, y les estén siempre suxetos.
Suelen también procurar — ellos y los que les dotrinan — que se
les baxe la tasa, y encubren indios para el efeto, pero aunque se baxen
mil y dos mil pesos, no por eso dexan los caciques de llevar la tasa antigua
enteramente, porque ni el indio sabe lo que ha de dar a su encomendero,
ni hace más de dar lo que el cacique le pide. En esta Audiencia se ha
averiguado de una visita que se hizo a los indios de Puna, que eran de
Diego Centeno, que por seis mil pesos que cabía dar a todo el reparti­
miento, cobraba el cacique diez e ocho mil, cobrando cada tercio lo que
habían de dar cada año.
Si el cacique les pide la hija, se la han de dar, y todo cuanto les pidiere,
y no osan hacer otra cosa. Si para algún camarico (1) o presente han de
dar dos gallinas, reparten ciento o las que quieren, que no hay quién
les vaya a la mano. Si quieren enviar chasquis (que quiere decir mensaxe-
ros) a cualquier parte, han de ir luego y venir al tiempo que Ies manda,
o les castigan gravemente, sin les pagar cosa alguna por ello. Si tienen
algo en común para los pobres — ganado de Castilla o otra cosa —
cómenlo los caciques y aprovéchanse de ello, y no hay más cuenta.
Si no remediásemos algo acá en las Audiencias, estarían los indios
tan opresos como en tiempo de los Ingas, más váseles a la mano en todo
lo que podemos, y no podremos muncho si la tierra no se pone en orden
como abaxo diré, porque los encubren munchos y no podemos saber todo
lo que pasa, ni cómo se sabrá y castigará puesto el remedio.
Aunque por Provisiones Reales referidas en el Capítulo próximo
pasado está proveído y mandado que se pague el jornal a los indios
mismos que trabaxaren, y no a sus caciques, aunque ellos no lo cobran
de los españoles, mas pídenles cuenta de ellos a los indios y cóbranlo
ellos, so color que es para pagar la tasa, y es para ellos y para lo que ellos
quieren, lo cual cesaría si el indio supiese lo que había de dar de tasa.
Mayormente usan de esta tiranía en los mitayos, de que trataré en el
Capítulo X.

(1) Cf. in fra, Chapitre XXVII.


24 G o b ie r n o d e l P e r ú

Quando los encomenderos les mandan hacer alguna casa, o otra


obra que entienden en ella hombres y mugeres, unos hoy y otros mañana,
y después se paga lo que se tasa al cacique para en descuento de su tasa,
él no por eso dexa de cobrarla enteramente de los indios, sin les descon­
tar cosa alguna a los que ansí han trabaxado. Por ello, se había de hacer
ley particular para que no se hiciese ansí, sino que el que quisiese hacer
casa o obra alguna, que pagase en plata cada semana a los propios indios
que trabaxasen, o que se le descontase al indio de lo que era obligado a
pagar de su tasa, estando ya dada la orden de lo que cada indio hobiesse
de pagar y sabiéndolo él, y el encomendero lo había de enviar a hacer
saber al cacique y al tocoirico (1) (que es el juez cobrador que había de
haber en cada repartimiento, como después diré), para que lo asentase
por su quipu o cuenta, y se le descontase después al cobrar de la tasa.
Suelen también los caciques tener cinco o seis mancebas o mugeres,
y algunos de los que los dotrinan suélenles consentir que las tengan,
por no les descontentar por sus fines, y el Visitador que envía el Obispo,
o los mesmos clérigos o religiosos que están en las dotrinas, les penan
en plata — algunos para sí y otros no se sabe para qué — , y como sea
pena de dinero no se les dá nada y vuelven luego a tener las rtlesmas
mugeres, lo cual es cosa absurda y digna de remedio, porque la conver­
sión y cristiandad de estos pobres indios (como he dicho y volvueré a
decir munchas veces), está en que lo sean sus caciques, y estando siempre
los caciques en pecado mortal, ansí por lo que roban a sus indios, como
por tener y estar amancebados con tantas mugeres, no puede entrar
en ellos dotrina cristiana, y no siendo ellos cristianos, menos lo serán
sus indios.
El remedio para no roballos diré abaxo. El de no tener más de una
muger, y no tener tantas públicamente, se puede dar mandando que
ningún cacique tenga más de una muger ni esté amancebado pública­
mente, so pena de privación del cacicazgo y de ducientos azotes pública­
mente, que se les den con voz de pregonero que manifieste su delito,
y le sean cortados los cabellos, que es la mayor pena — fuera de la
muerte — que se les puede dar ; si no fuere cacique, ducientos azotes y
cortados los cabellos, y que pague doblada la tasa, y que pague la pena
al tucuirico o juez que hobiere entre ellos, y a las mancebas la mesma
pena y desterradas por dos años del repartimiento, y que sirvan en casa
de algún hombre casado pobre estos dos años, a quien la Justicia mandare.

(1) Cf. in fra, Chapitre XIV.


P a r t e p r im e r a — ■ c a p . v i i i 25

CAPITULO VIII

De los in d io s yanaconas : si c o n v ie n e q u e los haya ;


EN QUÉ SE HAN DE OCUPAR, ASÍ LOS DE LAS CHÁCARAS
COMO LOS DE ESPAÑOLES, Y SI CONVIENE QUE VUELVAN
A SUS REPARTIMIENTOS

Hay en este Reino del Pirú otra manera de indios, que se llaman yana­
conas : estos son indios que ellos, o sus padres, salieron del repartimiento
o provincia donde eran naturales, y han vivido con españoles sirviéndoles
en sus casas, o en chácaras y heredades, o en minas.
Tratar de si conviene que los haya parece cosa escusada, pues a
todos es notorio cuánta utilidad de ello se sigue a ellos mesmos y a la
conservación de la tierra, pues de esclavos que estando en sus reparti­
mientos eran de sus caciques, se vuelven libres ; de no saber qué cosa
era tener cosa propia, poseen agora su ganado y chácaras y hacen sus
sementeras para sí y tratan y contratan; y de no tener ninguna pulida
en poder de sus curacas, estando con españoles la tienen, aprendiendo
oficios de sastres, zapateros, labradores y otros oficios mecánicos con
qué ganan de comer. Viven como cristianos entre cristianos; son mexor
enseñados y curados y amados de sus amos que no de sus caciques;
comen e visten mexor que no en sus tierras ; tienen más honra que los
caciques mesmos, y les asientan consigo y tienen en mucho, porque al
fin reconocen que son más y entienden más que ellos y están más conten­
tos.
Y si a mí no se me cree, pregúntese a ellos estando solos, sin que
naide les persuada a que digan lo contrario de lo que quieren, y verse
ha cuál les dá más contento : si estar con españoles, o con sus caciques.
A la república viene tan gran provecho e utilidad que, sin ellos, no
se puede conservar. Ninguno con verdad podrá decir otra cosa, porque
españoles no sirven en esta tierra, ni conviene que sirvan, porque perde­
rían muncha autoridad con los indios, y atrevérselesian, lo cual no con­
viene por conservación de esta tierra.
¿ Quién es tan mal aventurado que dexa su tierra y viene a ésta,
pasando tántas mares y tántos peligros por mar y por tierra, por sólo
comer, y para lo tener sirviese a otro en cosas viles como hacen en
España ? Ni acá habrá ninguno (si no fuese loco), ni hasta ahora le ha
habido, ni habrá : cosa nunca sabida, que he visto ponerse por tacha
al testigo que ha servido a otro, y no de acompañarle a pié o de a caballo,
o de traer de comer, sino de grangear su hacienda.
Negros hay pocos, aunque sería mexor no hobiese tantos.
26 G o b ie r n o d e l P e r ú

Pues si yanaconas no hobiesse que sirviesen de arar y cavar y acom­


pañar, y de todo lo demás, claro está que no podría naide vivir en esta
tierra, y se despoblaría si no hobiese indios labradores en las chácaras
o en las minas, ni habría qué comer, ni plata, porque mediante la comida
que se invía a Potosí y a Porco se sustentan los que están en aquellos
asientos, y se saca plata de ellos.
Suelen algunos ladradores, que comen de lo que todos tenemos, sin
arar ni cavar, y gozan de más plata que los mesmos dueños de minas,
poner algunos inconvinientes, diciendo, lo primero, que los tienen como
esclavos, porque aunque se quieran ir con otro, las Justicias no se lo
consienten, lo cual dicen que es contra la ley de Indias e provisión que
sobre ello habla, que dice y manda que no se encomienden yanaconas
en Potosí, ni se pueda servir nenguno de indios por via de naboría ni
de tapia, ni otro modo alguno contra su voluntad, como lo manda la ley
susodicha (1), la cual guardando manda que naide se pueda servir de
yanaconas contra su voluntad, y sin les pagar su trabaxo.
Lo segundo, dicen que es inconviniente sacarlos de sus repartimientos,
y no les dexar volver a ellos.
A lo primero se responde que estos indios son como menores o inca­
paces, y como a tales les damos curador para pleitos y para hacer cuales-
quier contratos, y la mesma Audiencia es su curadora e protetora. Pues
cierto es que si un tutor o curador quiere poner con un oficial sastre o
zapatero a su menor a deprender el oficio o aprender a leer y escrevir,
y si el menor no quisiese por andar ocioso e no trabaxar, claro está
que por compelelle a ello no se diría quitarle la libertad, antes hacer
lo que al menor cumplía. Ansí, por la mesma razón, las Audiencias, e
los jueces adonde no hay Audiencias, como curadores e protetores de
los indios, les mandamos lo que les cumple contra lo que ellos por su
flaco entendimiento desean, y parando aquí, sé que no me será admitida
esta respuesta por los que este inconviniente ponen, si no doy razón
más particular, porque no se confían tanto de nosotros como Su Magestad
y su Real Consexo de Indias, que si esta confianza hicieran, no era menes­
ter otra razón ; mas, por cumplir con ellos, lo diré en particular.
Presupónese que hay quatro maneras de yanaconas : unos, que sirven
en chácaras de pancoxer; otros, que sirven a españoles en su propia
casa; otros, que sirven en las minas, y otros en las chácaras de coca,
que llaman camayos, que también sirven de traxinería.
Los primeros, que sirven en chácaras de pancoxer, se ocupan en
arar, sembrar, y coxer el pan de trigo, cebada, o maíz, o papas, o chuño,
suyo y de sus amos. Dixe suyo porque cualquier yanacona de los que
hay en las chácaras tiene en ellas sus tierras que les dan sus amos, en
que siembran maíz o papas para su comida, y aun algunos para vender

(1) Cf. Cédule du 11 mars 1550, dans Colección de Documentos Inéditos para la Historia
de América y Oceania, X V I I I , p. 471, et Konetzke, op. c it , I, p. 262.
P a r t e p r im e r a cap. VIH 27

a otros ; demás de esto, tienen sus carneros de la tierra con qué acarrean
y ganan para sí, y ovexas de Castilla y cabras ; finalmente, tienen propios
y viven con libertad y en pulida, porque viven juntos en sus bohíos o
casas, a su modo, y allí crían aves, ánades, gallinas, y puercos. Tienen
un principal que les manda y gobierna, que ellos escogen.
En cada chácara hay un pueblecito de yanaconas, en que viven más
sin pesadumbre que en los pueblos de sus repartimientos. Allí tienen
quien les dotrine ; sus amos les quieren y tienen como a hixos por que
no se les huyan. Dánles, además de las sementeras dichas y dotrina,
a cada uno un bestido cada año ; cúranlos de sus enfermedades, y cuando
no se coxe pan que baste para el año, les dan de comer a su costa los dueños
de las chácaras. Finalmente, no reven en otra cosa sino en los contentar,
porque sin ellos no tienen hacienda ; mas, como los indios son fáciles y
de poco entendimiento, por inducimiento de otros se huyen y van a
otras chácaras para andar holgazanes, y como tienen arrimo de hombres
que les quieran bien, venden y truecan la hacenduela que en muchos
años han ganado, por un poco de coca o maíz para emborracharse, y a
las veces dexan sus mugeres y vánse con otras, que siempre los españoles
que los sonsacan les ceban con esto.
¿ Pues quién dirá que no es cosa justa lo que las Audiencias en esto
hacen, o deben de hacer, no les consintiendo salir de allí, que es ya su
natural, pues tienen sus mugeres e hixos, y aun algunos nacieron allí
y están muy ricos y bien tratados, porque aunque algunos los castigan,
se entiende que es moderadamente ?
Para que no hagan borracherías o para que no anden holgazanes o
para que no tomen las mugeres axenas, no les consentimos hacer mudanza,
pues si les diésemos lugar a la hacer, los dueños de las chácaras dejarlesian
andar a su voluntad en borracheras y en otros vicios a que son inclinados,
por que no se les fuesen. Ansí, nunca serán corregidos ni dotrinados.
Mas, si vemos que es mucho el castigo o maltratamiento, quitárnosles
de allí y asiéntanse con otros.
Entonces, a mi parecer, ni es quitarles su libertad, ni ir contra lo
que las leyes y provisiones reales arriba referidas mandan, antes es con­
forme a ellas, pues aquel no se puede decir forzado a quien compelen
que haga lo que debe y lo que le está bien, ni es quitarles libertad, antes
hacerles bien, que es el intento que llevan las dichas leyes.
Los segundos, que son los que los españoles tienen en sus casas y
se sirven de ellos en la caballería, o en acompañamiento, o en traxinería,
que es ir con cargas de carneros de la tierra a Potosí o a otras partes,
estos son muy bien tratados y dotrinados y saben más que los otros,
por andar siempre entre españoles y aprender de ellos.
A éstos no conviene en ninguna manera mudarse, si no es tratán­
dolos mal, porque se ha visto por ispiriencia que de consentilles mudarse
de unos amos a otros, no se tiene tanta cuenta con su dotrina y aprove­
chamiento en sus costumbres. De aquí es que son los más de ellos grandes
28 G o b ie r n o d e l P e r ú

bellacos y muy finos ladrones, cuanto más ladinos son. Por hurtar se
ha ahorcado a muchos, y si no se va a la mano a esta disolución, se per­
derá la tierra, porque si esta mala costumbre de hurtar pasa a los demás
indios, no dexarán plata que no hurten y para esto es menester obiar
a los principios.
Hay también otro inconviniente en esto de dexarlos mudar amos
a menudo : andan ya más de dos mil en esta provincia y en el Cuzco
sin amos, no entendiendo en otra cosa más de emborracharse y hurtar
lo que pueden.
Estos todos se deberían mandar recoxer y asentallos con amos para
que Ies sirviesen, y aprendiesen oficios y los usasen, como diré adelante.
Demás de esto, por andar ansí holgazanes vienen a perder y jugar lo que
han ganado con sus amos, y si enferman no hay quién los cure, y ansí
se mueren munchos porque entre ellos hay poca caridad (como dixe en
el Capítulo IV). Españoles tampoco les curan como no tienen noticia
dellos, ni pueden tenella no les sirviendo.
Demás desto hay otro no menor inconviniente, y es que estando casa­
dos en un pueblo, huyen de su amo y se van a casar en otro, y ansí se
casan tres y quatro veces.
Demás de esto, como son ladinos y han aprendido de los españoles,
suelen irse a los indios de los repartimientos y hócenles alzar y quitar
el miedo de los españoles y de los arcabuces y caballos, como acaeció
en los chiriguanaes, en Tucumán, en Chile, y en otras partes, por lo cual
parece que conviene que siempre sirvan a amos y se ocupen en oficios
mecánicos, a que son inclinados.
La tercera manera de yanaconas son de los que están en las minas
de Potosi y Porco, que luego que se descubrió Potosí se solían encomendar
y daban cada semana un tanto a sus amos. Esto ya se quitó por la ley
y Provisión arriba referida (1).
Lo que agora hacen es labrar en las minas de sus amos y guayrar y
sacar plata para sí, toda la que sale de la tierra que está en la caxa junto
al metal, que llaman llampos (2) y desmontes, que es diez veces más
que la que sus amos sacan de la caxa y veta, aunque en Porco no se les
dan estos llampos, y el metal que sale de la caxa y veta es de los dueños
de las minas, y ellos lo compran y en ellos se remata dando tanto como
dan otros por ello, y son ya tan ricos y abonados, que se les fia sin fianza
quatro y cinco mil pesos, y yo me hallé al vender el metal que había
salido en una semana de la mina de Su Magestad que tiene en Porco, y
se fiaron a los yanaconas cinco mil pesos que dieron por el metal y llampos
de aquella semana, y lo pagaron de ahí a quince días.
A estos no les dan sus amos otro salario más de estos aprovecha­
mientos (que es harta riqueza, como diré adelante), ni ellos dan a sus

(1) Cf. supra, p. 26.


(2) Llampos : métal réduit en poudre dans les mines comme conséquence de l’humidité.
P a r t e p r i m e r a -r- c a p . v i i i 29

amos cosa alguna más del metal que se saca, el cual aun no sacan ellos,
sino indios alquilados. Los yanaconas labran para sí todo el tiempo que
no hay metal y ayúdanles indios alquilados que ellos pagan, porque los
llampos que sacan, como he dicho, son para ellos y no para sus amos, y
ellos de su voluntad trabaxan en las minas como les va tanto interés.
Hacen a sus amos provecho en labrar hasta llegar al metal fino sin
costa suya, y en llegando meten indios alquilados a su costa, como dixe.
Estos yanaconas no los echarán del cerro aunque los maten, aunque
hay otros recién venidos que no tienen tanto provecho, que fácilmente
los sacan y llevan a chácaras, que es harto daño y no se había de permitir.
En estos asientos de minas se hallan mexor los indios que en sus
tierras : comen bien ; están bien vestidos y bien dotrinados ; tienen toda
libertad, como españoles; están ricos, y tanto, que los más de ellos no
trabaxan por sus personas, antes para ello traen indios alquilados para
sacar y beneficiar sus llampos, y cuando llegan al metal, sácase a costa
de sus amos, y del llampo que entre el metal sale, se aprovechan los
yanaconas. Están allí muy sanos e sin ninguna enfermedad, y cuando
la tienen, son muy bien curados. Procrean muchos hixos, en tal abun­
dancia, que no hay muger que no para cada año, y ansí trae uno en
brazos, otro de la mano, y otro en la barriga, que es cosa de ver porque
en ninguna parte del Reino procrean más que allí.
Mucho hace al caso el contento que tienen para ello. Pues, ¿ quién
sería tan sin entendimiento que dixese que era bueno quitalles de do
tan bien se hallan y de donde tanto provecho tienen, y pasarles a otra
parte, donde no fuesen tan bien tratados, aunque ellos por algún enoxo
o liviandad, inducidos y engañados por españoles, dixesen lo contrario ?
Con éstos había de tener mucha cuenta el que gobernase aquellos asientos
de minas, como diré adelante. Ya están allí estos yanaconas como vecinos,
y algunos nacidos y criados en ellos, por lo cual sería mayor el daño
llevallos a otra parte.
Los otros yanaconas que están en los Andes en el beneficio de la coca
están tan contentos en aquel exercicio, que no hay para qué hagan
mudanza, como los demás. De estos se ha de tratar más largo en Capítulo
aparte ; por eso no me detengo en ello (1).
Quanto a lo segundo que se pone por inconviniente, diciendo que
lo es muy grande sacar los indios de sus repartimientos y no dexallos
volver a ellos, porque se podrían despoblar si aquesto se consintiese,
esta Audiencia, en lo que toca a esta provincia, viendo el inconviniente
que de dexar salir indios de los repartimientos vendría a todo el Reyno,
y de mandar que los que son yanaconas se volviesen a sus repartimientos
redundaría a todos en general, ha dado orden que esté todo en el estado
que lo hallamos cuando esta Audiencia se asentó, que fué a 7 de Septiem­
bre de mil y quinientos y sesenta e un años, y de allí adelante no se

(1) Cf. in fra, Chapitre L.


30 G o b ie r n o d e l P e r ú

consienta a los yndios salir de sus repartimientos para servir a españoles,


ni que los yanaconas que en aquella sazón había, se vuelvan a sus reparti­
mientos, por los daños que de lo uno y de lo otro podrían suceder, y ansí
se ha guardado.
No son pequeños los inconvinientos que de volver los yanaconas a
sus repartimientos se siguirían : como saben más que los hatunrunas
que residen y están suxetos a sus caciques, hácenles entender !muchas
cosas que no es bien que sepan, como las que arriba dixe, e impónenles
que traigan pleitos sobre lo que no es suyo, y que hagan jurar falso a
los testigos, cosa que antes que viniesen españoles no sabían hacer, antes
confesaban de plano aunque luego les hubiesen de matar, y ansí lo hacen
agora los que no están industriados y persuadidos por españoles o por
yanaconas, aunque no digan verdad, lo cual se podría remediar con
tiempo, antes que se estraguen todos, si hubiese alguien que de ello se
doliese. Indúcenlos a que pidan retasa y hácenles esconder indios, por
lo cual no conviene que estos yanaconas estén entre indios hatunrunas
en sus repartimientos, ni se vuelvan a ellos, porque volviéndose a ellos
se hacen maliciosos y vuelven a idolatrar y se destruiría la tierra por
lo que arriba está dicho.
Suelen también decir que el que tiene chácaras y yanaconas en ellas,
los suele vender juntamente con la chácara, y que dan más por ella tenién­
dolos, que no teniendo tantos.
A esto se responde que esto no es inconviniente, y aunque el nuevo
amo los quisiese echar de allí y tomarles las tierras que labran para sí,
no se le consintiría en ninguna manera, ni esto es cosa nueva, pues lo
mesmo hacen en España los señores que tienen vasallos solariegos :
véndenlos y estímanlos y tásanlos, mas no por eso son esclavos sino
libres, y ellos se pueden salir cuando quisieren dexando las tierras al
señor. Mas, esto de salirse no se les permita a los indios todas las veces
que quieran, sino cuando les es útil por las razones arriba dichas, como
probé más largo en el Estilo de Chancillería.
¿ Qué daño le viene al indio de mudar señor la chácara en que mora,
pues ni a él le puede el que nuevamente viene quitar sus tierras, ni hacerle
trabaxar más que solía, ni hacerle otro mal tratamiento, ni impedirle
su libertad, con la cualidad de que el juez vea si le está bien salirse y
usar de la libertad o no ?
Como arriba dixe, la ocupación destos yanaconas ya está dicha en
qué cosa ha de ser, y cómo no ha de estar en su voluntad no servir amo
ni salir de la parte y lugar que están bien, no haciéndoles algún mal
tratamiento, lo cual ha de quedar al albedrío de las Audiencias, y de
otras personas de confianza, a quien ellas lo cometieren.
Las leyes que cerca desto se debían hacer, a mi parecer son :
i Que las Justicias del Pirú no consientan salir de los repartimientos
indio ninguno a servir a españoles, sin licencia de la Audiencia, la cual
no la pueda dar sino habiendo gran causa para ello.
P a r t e p r im e r a — c a p . v iii 31

11 Item, que las dichas Justicias del Pirú no consientan que los indios
que sirven a españoles en sus chácaras, o en sus casas, o en las minas
de Potosí y Porco y otras, o en la coca, o en acarreto de carneros, o en
otras cosas, que llaman yanaconas y lo han sido desde el mes de Septiem­
bre del año de mil y quinientos y sesenta y uno, se vuelvan a sus reparti­
mientos, ni los permitan sonsacar a otros españoles,
m Item, que las dichas Justicias los asienten con amos y no les permitan
andar ociosos y castiguen a los que lo anduvieren, y les hagan pagar
lo que se compusieren con ellos y lo que se les suele y acostumbra dar,
y que sean obligados sus amos a les dotrinar e corregir y les curar sus
enfermedades.
iv Item, que ningún mulato, ni negro horro, ni mestizo que no sea
vecino, o hixo legítimo de vecino, o hombre rico y aprovado, pueda
tener ni tenga yanacona sin licencia del Justicia mayor de cualquier ciudad
o de la Audiencia, so la pena que pareciere.
v Item, que a los yanaconas que están en las chácaras no les puedan
quitar las tierras que les tienen dadas, ni echarlos de la chácara contra
su voluntad, no habiendo hecho algún delito por donde lo merezcan a
albedrío del juez, y ninguna persona los sonsaque, so pena de cincuenta
pesos y que no quede el yanacona con el que le sonsacare ; y si el indio
quisiere irse por algún mal tratamiento notable, el juez le ponga con
otro amo, mas no sea por su antoxo o que a requerimiento de otro se
quisiere salir, que a esto no han de dar lugar los jueces, viendo y enten­
diendo que es tal mudanza mal a los indios.
vi Item, pues se ve por ispiriencia el gran provecho e utilidad que se
sigue a los yanaconas que están en las minas de Potosí y Porco, así en
su salud y dotrina como en su hacienda, y que son livianos y de poco
entendimiento, y que por persuasión de algunos españoles dicen que se
quieren salir de aquellos asientos, y de hecho se salen algunos, que las
Justicias no consientan salir ninguno de los dichos asientos sin licencia
de la Audiencia, la cual no den sino habiendo lexítima causa, y al que
los llevare y sonsacare le condenen en ducientos pesos de España, apli­
cados por tercias partes juez, hospital de los indios, y Cámara.
vil Item, que ningún español que tuviere yanaconas les dexe andar
holgazanes y vagamundos, ni les consienta hacer borracherías, so pena
de veinte pesos para obras públicas y para el hospital de indios, por la
primera vez, y por la segunda, que le quiten el yanacona y le pongan con
otro amo, encargándole que le dotrine y castigue.
v iii Item, que no sea obligada la muger del yanacona que está en la
chácara, a trabaxar en la hacienda de su amo, ni la compelan a ello,
porque con más vigor pueda trabaxar en la hacienda de su marido.
32 G o b ie r n o d e l P e r ú

CAPÍTULO IX

De los in d io s hatunrunas y tindarunas; en qué se han


de ocupar, y s i c o n v ie n e que s e l im it e n las leguas
DE DONDE HAN DE VENIR A SERVIR POR SU ALQUILER

Otra manera hay de indios, que se dicen hatunrunas. Estos son los
que están en los repartimientos suxetos a sus caciques. Hánse de ocupar
en las cosas que diré abaxo, en el Capítulo que trata de cómo han de
ser juntados a pueblos y aprender oficios (1). Los tindarunas son los
que se alquilan para obras públicas y para otras cosas en las ciudades y
asientos de minas. Éstos, manda Su Magestad por su Cédula que referí
en el Capítulo Y, que no vengan a trabaxar de más de diez o doce leguas,
y no de más lexos (2).
Diré cerca de esto dos cosas : la una, cómo se reparten y en qué
cosas se ocupan estos indios, y la segunda, si conviene que se guarde la
Provisión, y daños que de guardalla se recrecerían al Reino, y cómo
se les ha de pagar el trabaxo.
Cuanto a lo primero, como los españoles no trabaxan en esta ¡tierra
por sus personas, ni hay negros (ni convenga que los haya), que ¡puedan
hacer las obras en las ciudades, ni las sementeras, ni que saquen plata
u oro de las minas, se suele en este Reino mandar que en cada ciudad y
en cada asiento de minas vengan indios de los repartimientos a alqui­
larse, y les tasan el salario conforme a la cualidad de la tierra y el valor
de los mantenimientos de ella.
Así, si ha menester esta ciudad de La Plata quinientos indios para
edificios y otras cosas, llámase a dos o tres caciques principales, y mán­
dales la Justicia y Regimiento que los repartan, y luego se juntan y
hacen su repartimiento entre todos los caciques y repartimientos de la
mesma ciudad, conforme a los indios que tienen, sin agraviar a naide.
Cabe a un repartimiento veinte indios, a otro treinta, a otro diez, a otros
más o menos, conforme a la pusibilidad y número de indios que cada
uno tiene, que en esto tienen gran destreza los caciques.
Cada repartimiento o provincia, aunque en ella entren dos o tres
repartimientos, envía un principal que tenga cuenta con los indios,
porque no se vayan, y en cada ciudad tienen su ranchería, que quiere
decir su asiento de casas. Cada noche los recoxe su principal y le da cuenta
de ellos al que los reparte.
Nombra la Ciudad y Regimiento de ella uno de los Alcaldes o algún
Regidor que los reparta entre los que edifican, o a los que los han menes-

(1) Cf. infra, Chapitre X V I I .


(2) Cf. supra p. 19.
P a r t e p r im e r a — c a p . ix 33

ter para yerba y leña, o para chácaras, al tiempo de las sembrar, desherbar
o segar, y hácese el repartimiento de esta manera : da primero a las
iglesias y monasterios, a diez, o a seis indios, conforme a como cada una
ha menester ; luego a las obras públicas — al texero, al carnicero — ; luego
a los que edifican casas; luego a los que llaman « soldados » para que
les trayan yerba y leña, y luego a los chacareros, aunque en esta ciudad
no se les dan indios para fuera de la ciudad, por haber pocos indios y
munchos edificios.
Este repartimiento se hace al principio de cada semana, y tiénenlos
toda la semana y páganles al fin de ella a ellos mesmos, que no a sus
caciques. En esta ciudad les dan cada día un tomín y medio ; en La
Paz, a tomín, y en Potosí y Porco, a tres tomines.
Son mil yndios los que se reparten en Potosí : la mitad de aquella
provincia y la mitad del Cuzco, de La Paz y del Collao. En Porco, qui­
nientos indios. En esta ciudad, trescientos, y había menester mil, y
haríanse grandes edificios y muncho provecho a todos, y más a los mesmos
indios, que ellos lo desean por ganar de comer, porque comen con el
medio tomín y ahorran un tomín en cada día para pagar su casa y para
su vestir.
Cuanto a lo segundo, si conviene que se guarde la Provisión que manda
que los indios no vengan a servir de más de doce leguas, diré lo que común­
mente cerca desto todos entienden. Presuponen que los indios no tienen
cosa qué dexar cuando les mandan salir de alguna parte, sino que todo
lo que tienen, hixos y muger, llévanlo consigo, que son grandes peones,
ellos y sus mugeres, y que vienen para estar en la ciudad adonde van
a servir un año, o por lo menos medio, a do ganan mexor de comer y
son mexor dotrinados que en sus tierras.
Parece claro que no les viene perjuicio ninguno, aunque vengan a
servir de cincuenta y aun de ochenta leguas, no siendo tierra de diverso
temple, que esto podríales hacer daño a su salud, pero siendo todo como
en el destrito de esta Audiencia es de un mesmo temple, ningún daño
les viene que vengan de lejos o cerca, y vése claro porque a Potosí vienen
indios del Cuzco e de otras partes más lejos, de ciento e diez leguas, y
se hallan mexor que en sus tierras, como dixe en el Capítulo pasado.
Inconvinientes habría muchos que viniesen de doce leguas no más
a servir, porque los que están dentro de ellas, porque no cargase todo
sobre ellos, se mudarían a partes más lejas, donde no los compe­
liesen a venir a servir. Ésles muy fácil dexar sus tierras y casas e irse
a otras, porque todo lo que tienen traen consigo, como el caracol, y el no
venir les sería más dañoso que venir a servir de ochenta ni de cien leguas.
Demás de esto, sería cargar muncho a los indios cercanos a las ciu­
dades, que no es justo ni lo podrían sufrir, y por fuerza se habrían de
ir a otras tierras, como tengo dicho. También, como son invidiosos y
de poca o ninguna caridad, no pueden sufrir que a unos echen más carga
que a otros, y echándosela no servirían aunque los matasen ; y no es
34 G o b ie r n o d e l P e r ú

razón que los que están lexos de las ciudades dexen de aprender a ganar
plata y a tener cosa propia y a saber quexarse de sus caciques, como lo
aprenden en las ciudades y asientos de minas, comunicando con españoles,
y esto es mayor provecho que el daño que reciben de venir de lejos,
pues han de estar un año, o medio por lo menos, sirviendo por su alquiler
en la ciudad y asientos de minas.
Allende de lo dicho, si no les mandasen venir de todas partes a servir
a las ciudades, los que están a diez y a doce leguas, aunque sirviesen todos
y no se ocupasen en otra cosa, no bastarían, ni ellos lo podrían sufrir, ni
sería justo darles tanto trabaxo, y ansí iríanseian despoblando las ciuda­
des de indios y de españoles y los asientos de Potosí y Porco se destrui­
rían. El salario se les ha de pagar a ellos, y no a sus caciques.
Las leyes que para esto se debieran hacer, a mi parecer, son :
i Que porque los indios no anden ociosos y tengan en qué se ocupar
para pagar su tasa y para se mantener, a sí y a sus hixos, y se aficionen
a ahorrar y tener algo para el tiempo que no pudieren trabaxar, y para
que las ciudades se pueblen, que las Audiencias y Justicias del Perú
hagan que a todas las ciudades, villas y lugares del Reyno y asientos de
minas, vengan indios de los repartimientos que caen en la jurisdicción
de las tales ciudades, los que fueren necesarios, para se alquilar e tra­
baxar en las obras públicas e labores del campo, los cuales reparta entre
los españoles el Corregidor o una persona del Cabildo cual por él fuere
nombrada, el Lunes para toda la semana, y en los asientos de minas se
haga el repartimiento por cuatro meses, por el inconviniente de los
andar mudando y hallarse nuevos en la labor de las minas.
ii Item, que los que alquilaren indios de la plaza, que llaman tindamnas,
les paguen al fin de la semana el salario a ellos mesmos, y no a sus caci­
ques ; ni los caciques se lo tomen, so pena de ducientos azotes y suspen­
sión de un año del cacicazgo ; y al que no les pagare, si de ello se viniere
algún indio a quexar al repartidor, que le haga pagar y no le reparta
más indios en un mes, y por la segunda vez, en un año.
m Item, que las Audiencias, cada una en su destrito, tengan cuidado
de les hacer tasar el salario que en cada ciudad de su destrito se les
deba dar, teniendo respeto y consideración al valor de los manteni­
mientos de la tal ciudad, villa, lugar o asiento de minas, a do se hiciera
la tasa de tal salario.
iv Item, que para traer cal o tierra a cuestas para hacer adobes o
para alguna otra cosa necesaria, les den los que los alquilaren cueros o
mantas o otras cosas en que lo trayan, porque no rompan sus propias
mantas en que lo suelen traer, so pena de les pagar el daño que les hicieren
en el vestido y que no le repartan más indios en un año.
v Item, porque algunos vienen de lejas tierras, las dichas Audiencias
provean y manden que los tales indios que se vinieren a alquilar tengan
sus casas e rancherías y estén en ellas por tiempo y espacio de un año,
P a r t e p r im e r a — c a p . i x 35

o por lo menos medio, y sean bien dotrinados y enseñados, y curados


de sus enfermedades.
vi Item, que en cada ciudad o asiento de minas estén uno o dos alcaldes
de los mesmos indios, para que cumplan lo que las Justicias les mandaren,
y tengan cuidado de cumplir todos los indios del repartimiento, sin que
falte nenguno, y estos alcaldes sean cada año, o cada dos años, de los
caciques principales de la provincia, como les cupiere, a los cuales
obedezcan todos los indios.
Lo que toca a los asientos de minas se dirá abaxo (1).

CAPÍTULO X

C u á n t a s m a n e r a s d e mitayos h a y ; d e su s o c u p a c io n e s ;
DE LAS CARGAS QUE LES HACEN LLEVAR, Y DE QUÉ MANERA
SE PODRÁN ESCUSAR DE LLEVARLAS SIN PERJUICIO DE LOS PASAXEROS

Mitayos se dicen los indios de los repartimientos que sirven por sus
tandas, que acá llaman mitas. Estos son de tres o cuatro maneras :
unos, que dan pará servir en las ventas o tambos; otros, para servir a
españoles en sus casas ; otros, para guardar ganado de españoles, y otros,
para venir a servir a sus encomenderos en sus casas. Diré de cada género
de estos en particular.
Mitayos de tambos son los que se dan para traer yerba e leña a los
pasaxeros e para llevar cargas de un tambo a otro. Estos se repartieron
por el Gobernador Vaca de Castro, por ordenanzas que hizo conforme
a las del Inga, que hasta hoy se guardan, en que repartió los pueblos
que habían de servir en cada tambo en los caminos reales (2). Verdad
es que después acá se han continuado más algunos más caminos que
en aquel tiempo, y otros se han venido a desusar, como son el camino
del Cuzco a Arequipa por el despoblado, que ya no se usa tanto como
solía, y el del Cuzco a Chucuito, a La Paz, a esta gran ciudad de La Plata
y a Potosí, que continúa más que ninguno, por el gran concurso de gente
que viene a esta Audiencia, y a la negociación e contratación de Potosí,
por lo cual se ha añadido más servicio que el que Vaca de Castro ordenó.

(1) Ci. infra, Chapitre X L .


(2) Cf. les « Ordenanzas de tam bos », distances des uns aux autres, façon de charger
les Indiens, et obligations des autorités judiciaires respectives promulguées par le Gober­
nador Vaca de Castro, à Cuzco, le 31 mai 1543. Real Academia de la Historia. Collection
M ata Linares, X X I I I , fols. 42-89, publiées dans Revista Histórica (Lim a, 1908), III, p. 427-
491.
36 G o b ie r n o d e l P e r ú

Estos son tan necesarios, que en ninguna manera se podría caminar


si no los hubiese, a lo menos acá en la Sierra, porque aunque están
abiertos los caminos y pueden pasar bestias de carga, mas hay otra
mayor dificultad para no poderse escusar las cargas, y es que como
no hay en los más tambos comida para que el pasaxero la pueda comprar,
ni camas en qué dormir, ni otra cosa más que un bohío, no puede escu-
sarse de llevar todo consigo, pues llevar un pobre « soldado » más de un
caballo en que vaya, es inpusible que tenga para tanto, y aunque sea
rico, si pasa toda su casa de una ciudad a otra, no podrá hallar tantos
caballos para que la lleve toda en ellos, hasta que se vaya puniendo la
tierra en más orden.
Mayormente esto es inpusible a los clérigos y frailes que andan en
las dotrinas, que estos llevan más y han menester más indios cargas
cuando pasan de un pueblo a otro, que han de llevar su cama y comida
y los aparexos para decir misa, lo cual no pueden llevar en caballos ni
tienen posibilidad para ello, y aun hay caminos que es inpusible llevar
las cargas en caballos, y ellos mesmos han de ir a pie para no se despeñar.
Por manera que es inpusible escusarse las cargas, mas es de ver el
daño que de ellas viene a los indios, y el remedio que se podrá dar para
que los indios no se carguen, pues Su Magestad tiene proveído e mandado
por sus leyes e provisiones Reales que las Audiencias tengan cargo de
que no se carguen los indios, y en caso que esto no pueda ser en algunas
partes, sea de tal manera que de la carga inmoderada no se siga peligro
en la vida, salud y conservación de ellos, e que contra su voluntad e
sin se lo pagar, en ningún caso se permita; que se castiguen gravemente
los que lo contrario hicieren, y que en esto no haya remisión por respeto
de persona alguna. Por Provisiones se declara que esta permisión no
se entienda con los que truxeren mercaderías a vender, ni con los negros
e mestizos, ni con los vecinos e hijos lexítimos de vecinos, que a estos
en ningún caso se les permite cargar indios, aunque sea de su voluntad
e pagándoselo, y aunque no haya caminos abiertos, y en los casos que
se permite cargar los indios, sea con licencia del Juez, precediendo
información de la necesidad que hay, cuántos indios han menester, el
peso de las cargas que han de llevar, el camino que en un día han de
andar y la paga que les han de hacer. Pónese pena de mil castellanos al
que lo contrario de lo arriba dicho hiciere, y siendo persona que no los
pueda pagar, le den cien azotes e que pierda todo lo que llevare en las
cargas, aplicada la cuarta parte para el denunciador, y lo demás para
la Cámara.
El daño que a los indios viene de cargarse es solamente en un caso :
cuando la carga es inmoderada, o cuando no se la pagan. De otra manera,
antes les viene provecho de ello, porque ellos — como dixe arriba —
desde que nacieron son hechos a cargarse ; y en tiempo del Inga nenguno
entraba ante él que no fuese cargado, y él puso esta orden en los tambos,
para que los mitayos allí puestos llevasen las cargas de la gente de guerra
P a r t e p r im e r a — c a p. x 37

e del mesmo Inga e de sus capitanes, y no les pagaban por ello cosa alguna.
Ellos no se desprecian de traer cargas, ni lo tienen por afrenta más
que los ganapanes de España, que les pesaría si no tuviesen cargas que
llevar, porque teniéndolas ganan de comer, y de otra manera no. Lo
mesmo hacen los indios, y si les pesa por llevar cargas, no es por la
pesadumbre que les da, ni porque se afrenten de ello, sino porque son
amigos de ociosidad y aún no están inclinados a tener cosa propria,
porque — como he dicho — se lo quitan todo sus caciques. Mas si se
diese orden cómo no se lo quitasen, ellos mesmos desearían cargarse,
como lo desean en España los ganapanes, para ganar de comer, pues
no tienen más honra que ellos, antes menos.
Los tambos por esta tierra de la Sierra son de tres a tres, o cuatro
a cuatro leguas, de cinco, y a lo más largo a seis, lo cual es causa que
sea menos el trabaxo de las cargas. Algunos despoblados hay que pasan
en dos jornadas la carga. Las cargas son tan moderadas que ninguna
pasa de dos arrobas, y gánase el indio un tomín que le dan por ellas.
Por mayor trabaxo tienen los indios el alquilarse para hacer casas y
edificios que para cargarse, porque en el edificio trabaxan todo el día,
y en las cargas, a mediodía tienen andada la jornada, por manera que
los que encarecen mucho las cargas de indios no tienen muncha razón,
por lo que está dicho.
Haber de preceder licencia de juez, con conocimiento de causa, para
las cargas, si es para los caminantes, es inpusible, porque no hay jueces
en el camino que la puedan dar, y menos al salir de las ciudades, porque
acaece en el camino morírseles un caballo y haber menester más indios
de carga que al principio.
Otra Provisión que manda que se abran los caminos y se aderecen,
y se encarga al Presidente que lo haga hacer (1), es muy justo guardarse,
pero hay poco cuidado de hacella guardar para el camino de la Sierra, de
que en este libro es el principal intento tratar.
Se podría dar un remedio para que los indios no se cargasen, y es
que en cada tambo hubiese sesenta o cien carneros de la tierra, que fuesen
del común de los indios que sirven el tambo, por la orden que abaxo
diré, y bastaría la mitad de los indios que ahora sirven; uno o dos de
ellos guardasen los carneros, y no caminasen días de Pascua, ni Domingos,
ni días de Nuestra Señora. Con estos se podrían llevar las cargas. Lleva
un carnero por dos indios, y para andar una jornada ándanla muy apriesa;
y se les pagase a los indios por cada carnero tanto como por un indio,
y podría llevar seis carneros cada uno ; la plata fuese la mitad para el
indio, y la otra mitad para ayuda de curar y beneficiar y perpetuar el
ganado, de lo cual había de tener cuenta un principal que allí estuviesse,
y él la había de dar al tucuirico y al cacique principal, y habíaseles de
mandar que tuviesen en el tambo aparexo de comida, y tuviesen su aran-

(1) Cf. infra, Parte Segunda, Chapitre X X .

8
38 G o b ie r n o d e l P e r ú

cel, para que conforme a él les pagasen yerba y leña y todo lo demás
que está ordenado se dé.
No parece que conviene que se execute la Provisión nueva que manda
que se pague la yerba y leña, porque aún la tierra no está muy asentada,
ni lo estará hasta que Su Magestad ponga en ella un hombre — como
el que agora está (1) — , que guste de hacer lo que convenga a la república
más que lo que conviniere a su propia hacienda, y con más poderes.
Conocérsela a este tal por lo que le vieren tratar, que el que es de tierra
habla de la tierra, y el que es de Dios oye las palabras de Dios, como
dice el Evangelio (2).
Las leyes que cerca de esto se podrían hacer, a mi parecer, son estas :
i Que en todos los tambos del Perú haya algún español que los provea,
y en los que no hubiere español, provean de agua, leña, yerba, maíz,
e otros mantenimientos, los indios que ordinariamente sirven en los
tales tambos, y de esto tengan cuidado los caciques, y no lo haciendo,
sean castigados.
ii Item, que en cada tambo esté la mitad de los mitayos que hasta aquí
han servido, y ansimesmo estén otros tantos carneros de la tierra como
solía haber indios, o los que a las Audiencias o al Gobernador pareciere
que son menester, para que lleven las cargas a los españoles que por los
tambos pasaren, y se les pague un tomín por cada carnero, más o menos,
conforme a la cualidad de la tierra, y vaya un indio con cada seis carneros,
e lleve el indio la mitad de lo que se diere por los carneros, y la otra
mitad sea para emplear en los carneros, en curallos y en su conservación,
para que no falte xamás el número que en cada tambo ha de haber;
y aun cuando el español no quisiere más de un carnero, pague dos tomines
por la carga : uno al indio, y el otro por el carnero, si no fuere cuando
haya más españoles que quieran el medio de los seis carneros que puede
llevar el indio, que entonces no pague más de siete tomines (como está
ya dicho) ; y si el español no tuviere más de dos arrobas que llevar, que
no dé más de un tomín, y las lleve el indio a cuestas, o en carnero,
cual más quisiere su principal.
m Item, que con estos indios siempre vaya un principal que los mande
y gobierne y tenga cuenta de lo que rentaren estos carneros, para la
dar a su curaca y al tucuirico o juez de su repartimiento, para que haya
buen recaudo en todo.
iv Item, que se dé orden — cuando se visitare la tierra — que de los
propios que cada pueblo ha de tener en comunidad, se compren carneros
de la tierra para servir en los tambos que los tales indios suelen servir.
v Item, que los indios que en cada tambo estuvieren, y su principal,
tengan cuenta de guardar el ganado susodicho, por sus mitas, y tengan

(1) Le Gouverneur Lope García de Castro (1564-1569).


(2) CI. Saint Jean, Chap. 3, v . 31-32.
P a r t e p r im e r a — c a p . x 39

prestas las huascas (1) y aparexos que el ganado suele tener para se cargar,
de manera que con toda presteza estén aparexados para llevar la carga,
y a los que lo guardan se les pague del común y de lo que rentaren los
carneros.
vi Item, que tengan cuenta que los mesmos carneros sirvan por sus
mitas, unos una semana y otros otra, por que tengan lugar de descansar
y dieren más.
v ii Item, que no lleven mercadurías ni sean obligados a las llevar,
si no fuere hacienda de pasaxero ; so pena que el que les compeliere a
lo contrario pierda la mercaduría que en ellos truxere, si no fuere con
licencia de la Justicia, y siendo tan poca carga que no ocupe más de dos
o tres carneros, habiendo necesidad de traerla a esta provincia con
presteza por haber en ella falta de la tal mercaduría, y no en otra manera.
v iii Item, que los curacas de los pueblos que sirvieren en los tambos
procuren que se críen puercos y se apacienten en la parte más cómoda,
a do menos perjuicio hagan a los sembrados, para curar a los carneros
de la tierra el carache (2), que es una enfermedad ordinaria que suelen
tener, y se cura con manteca de puercos.
ix Item, que en faltando algún carnero, compren luego otro de el
depósito que hobiere, de lo que se sacare del alquiler de los dichos carneros,
porque no haya falta en el servicio.
x Item, que en el entretanto que no hobiere esta orden, las Audiencias
procuren que en la carga de los indios se tenga la moderación que con­
viene, no llevando un indio más de dos arrobas, y pagándole a él mesmo,
y no a su cacique, un tomín por cada cinco leguas; y no consientan que
mercaderes, ni mestizos, ni mulatos, los carguen, so las penas en las
leyes contenidas.
xi Item, que las Audiencias procuren que haya tambos de cinco a cinco
leguas, o de seis a seis leguas a lo más largo, y si hobiere tambos en medio,
no se paguen las cargas más de al respeto de las dichas cinco o seis leguas ;
y por que haya más servicio procuren que los tambos que más cerca
estovieren, se quiten, o a lo menos los que en éstos sirven, sirvan en los
más necesarios que la Audiencia diputare y declare por tales.
x ii Item, que en los dichos tambos haya arancel, y no se exceda dél,
so la pena que a la Audiencia pareciere.
x iii Item, porque algunos españoles suelen tratar mal a los indios, y
por no haber jueces ni quién los ampare en el camino, se salen con ello,
que las Audiencias provean que se pueblen los lugares de los indios en
los mesmos tambos o cerca de ellos, habiendo comodidad para ello, como
están los de Chucuito, porque estando en ellos jueces los amparen y
defiendan, e no consientan les sea hecho agravio.

(1) Guasca, mot quechua qui signifie corde ou cordeau. Cf. Santo Tom ás, op. cit.,
p. 211 et 287.
(2) Rogne ou gale des moutons. Cf. Santo Tom ás, op. cit., p. 93 v et 116 v. V . aussi
Cobo, Historia del Nuevo Mundo (Séville, 1891), II, p. 323. Infra, p. 172.
40 G o b ie r n o d e l P e r ú

x iv Item, que los indios que sirven en los tales tambos tengan especial
cuidado que los caminos que cayeren en su pertenencia estén limpios e
bien aderezados, y no lo estando, sean castigados.
xv Item, que adonde hubiere ríos y puentes de criznejas o balsas,
que tengan cuenta de las tener bien aderezadas, e indios que lleven las
balsas ; y que por las balsas se pague del común de los indios a los indios
que allí sirvieren; y las puentes de criznejas y aderezo de ellas, se pague
también del común de los indios a los indios, pues ponen muncho trabaxo
en ello con sus personas, hasta que haya puentes de piedra.

CAPÍTULO X I

De lo s mitayos para s e r v ir a lo s españoles en su s


CASAS O PARA GUARDA DE SUS GANADOS ¡ Y DE LOS UROS,
EN QUÉ SE HAN DE OCUPAR

Otra manera hay de mitayos que se dan a los Corregidores, a los


clérigos de la dotrina, y a otros españoles, para que les sirvan en casa
de traer leña, yerba, e agua, y en la caballeriza. Estos sirven todo el
año y están en casa como criados, Domingos y fiestas y todos los días,
y múdanse cada semana : unos sirven una semana y otros, otra. Dánles
cada año un tanto, como veinte y cinco o treinta pesos, y esto no se
paga a los mesmos indios, sino a sus caciques, lo cual es grande agravio
y aun robo que los caciques acostumbran ordinariamente a hacer, porque
adrede los mudan cada semana para que no cobren nada de lo que
trabaxan.
Lo mesmo hacen cuando dan mitayos a sus encomenderos, cuando
hacen casas para ellos — como arriba dixe — y cuando hacen alguna
iglesia, lo cual está por Provisión real vedado, y mandado que no se
echen peonadas de indios para hacer iglesias ni monesterios, aunque
los encomenderos sean obligados a lo tomar en cuenta en parte de pago
de sus tributos.
Suelen también dar mitayos e repartirlos en algunas ciudades para
servicio de españoles que no tienen indios ; también para guardar ganados.
Esto es muy necesario, mas ya que estos mitayos se dan, se les debe
pagar a ellos mesmos, aunque se muden cada semana, lo cual es harto
dificultoso, y ansí me parece cuando se dé la orden de la visita — cosa
que adelante diré (1) — , habrá poca necesidad de mitayos, pues habrá

(1) Cf. infra, Chapitre X I V .


P a r t e p r im e r a — c a p . x i 41

hartos indios que de su voluntad se alquilen, pues sabrán que el provecho


ha de ser para ellos, y cuando conviniese dar algunos mitayos, la Justicia
10 mandase y diese orden cómo les pagasen a ellos, y no hiciesen concierto
con sus caciques.
Los indios uros son pescadores; viven ordinariamente en la gran
laguna de Chucuito y en otras que hay en esta tierra; no siembran ni
se mantienen de otra cosa sino de lo que pescan, y aves que matan en
la laguna, y de totora, que es la raíz de espadañas que se crían en la
laguna. No tienen polecía ninguna, ni son bien dotrinados por tratarse
como bestias ; mas, a mi parecer convernía a éstos ponerlos en la mesma
yolecía que a los demás, y mandarlos que fuesen a servir a Potosí y Porco
p a las ciudades, para que comenzasen a gustar de comer pan y carne,
p ganaran alguna plata para se vestir. Para que entrase en ellos alguna
yolecía y se tratasen como hombres, se comenzó a repartir algunos de
ellos para Potosí y para esta ciudad, mas la Audiencia, por quexa de
sus encomenderos, les mandó no sirviesen.
Las leyes que cerca de esto se podría hacer, son :
i Que a los mitayos que se dieren a los clérigos e relixiosos, a los Corre­
gidores y a los otros españoles, se les pague el tiempo que sirvieren, a
ellos mesmos, y no a sus caciques.
11 Item, que a los indios que se dieren para hacer casas a sus encomen­
deros o iglesias, se les pague en fin de cada semana lo que fuere tasado
por la Justicia, a ellos mesmos, y no a sus caciques, y si las mugeres tra-
baxaren, se les pague la mitad de lo que se les paga a los hombres, y no
se pague después de hecho, tasándose lo que merece (como hasta aquí
se ha hecho), porque gocen del provecho los que lo trabaxaren, y no
sus caciques.
m Item, por que se críe ganado en esta tierra, que las Justicias den
orden cómo se den indios para la guarda de ellos, pagándoles su trabaxo
a ellos mesmos y no a sus caciques.
iv Item, que a los indios uros se procure poner en polecía, mandando
que sirvan en las minas y en las ciudades, pagándoles su alquiler como
a los demás, por que se aficionen a tener algo y aprendan de otros indios,
y para que puedan ser mexor dotrinados.
42 G o b ie r n o d e l P e r ú

CAPÍTULO X II

D e l o s t r ib u t o s q u e l o s in d io s d a n a Su M a g e s t a d ,
Y A LOS ENCOMENDEROS EN SU NOMBRE ; POR QUÉ RAZÓN
SE DEBEN Y LOS PUEDEN JUSTAMENTE LLEVAR

Suelen dudar algunos si los indios deben dar tributos a Su Magestad,


y a sus encomenderos en su nombre. Cierto, los que de esto dudan son
harto escrupulosos y no muy leídos, pues o no tienen por bien ganado
el Reino ni al Rey nuestro Señor por verdadero rey de él, y siendo esto
verdad, hay poca duda, pues al que no es rey no se deben tributos ; y
si lo es — como lo probamos en el Capítulo II — tampoco hay duda,
sino que al rey verdadero se debe por sus vasallos tributo por derecho
divino, conforme aquello de San Mateo : « Dad lo que es del César al
César, y lo que es de Dios a Dios » (1), y San Pablo : « Toda ánima está
suxeta a los príncipes, y por eso les dáis tributos ; porque son ministros
de Dios que le sirven haciendo justicia ; pagad, pues, los que debáis,
tributo a quien se debe tributo, pecho a quien se debe pecho ; temor a
quien se debe el temor, y honrad a quien se debe honrar » (2).
Estos tributos se deben al Príncipe para que de ellos se alimente, y
para conservar en paz a sus súbditos, y para pagar con ello a la gente de
guerra para defensa de sus tierras y vasallos, y por estos tributos es el
Rey obligado a pagar las costas de la guerra, y los salarios de jueces que
se dan para provecho de la república ; y no haciendo el rey lo que a ella
conviene, no se le deben los tributos, como probé más largo en el Estilo
de Chancilleña, Título Primero, Preeminencia diez y siete.
De aquí es que los encomenderos, por razón del tributo que llevan
de los indios que tienen encomendados, estén obligados a la defensa del
Reino y a pagar a los soldados que fueren en su defensa, como lo hice
una vez practicar en este Reino, estando ausente el Presidente de esta
Audiencia, cuando se alzó Don Juan Calchaquí, cacique principal de los
diaguitas del Tucumán, e hizo alzar a munchos indios suxetos a esta
ciudad, hasta una parcialidad de los chichas, para lo cual enviamos al
Capitán Martín de Almendras, el cual con la gente que llevó, a costa de
los vecinos, lo apaciguó y lo dexó pacífico y se volvió a esta ciudad (3).
Por otra segunda razón llevan el Rey y los encomenderos el tributo :
por la obligación que tienen los encomenderos a enseñar a los indios la
dotrina y relixión cristiana, como Su Magestad se lo encarga cuando

(1) Saint Mathieu, Chap. 2 2 , v . 21.


(2) La version si obscure du texte de Saint Paul reproduite par Matienzo est tirée
de l’Epître aux Rom ains, Chap. 13, w . 1 et 6-7.
(3) Cf. infra. Parte Segunda, Chapitre IV .
P a r t e p r im e r a cap. XII 43

les encomienda los indios, y para este efeto está proveído por leyes y
Provisiones reales que, en cada repartimiento, haya un clérigo o relixioso
que les dotrine a costa de los encomenderos, y por esto es lícito a los
clérigos recibirlo y aun concertarse con los encomenderos por el trabaxo
que de enseñarles reciben, como prueba Santo Tomás y Fray Francisco
de Vitoria, en los lugares por mí referidos en el Estilo de Chancillería.
No teniendo clérigo en las dotrinas, está proveído por Provisión Real,
despachada a 17 de Diciembre de mil y quinientos e cincuenta e un
años, que, por el tiempo que le dexare de tener, no gocen de los tributos,
antes se cobren para la Caxa real, y que las Audiencias lo hagan ansí
executar (1).
Por otra cosa también se deben los tributos a Su Magestad y a los
encomenderos en su nombre : porque están obligados a ser sus protectores,
por su poco entendimiento y pusilanimidad y temor que tienen (como
dixe en el Capítulo IV), lo cual es causa que tengan necesidad de señor,
para que en premio de su servicio sean instruidos, defendidos y enseñados,
y no sean de naide agraviados, pues de derecho todo hombre que fuere
tutor, administrador o protetor de otro, ha de recebir premio e salario.
Comparemos lo que los españoles reciben y lo que dan a los indios,
para ver quién debe a quién : dárnosles dotrina, enseñárnosles a vivir
como hombres, y ellos nos dan plata, oro, o cosas que lo valen.
Dice Job : « La sabiduría ¿ dónde se halla ? ¿ Cuál es el lugar de la
intelixencia ? No sabe el hombre su precio, ni se halla en la tierra de
los vivientes. El abismo dice : No está en m í; y el mar responde : Tampoco
está conmigo. No se compra con oro finísimo, ni se pesará la plata en
su trueque, ni se comprará con las teñidas colores de la India ni con
las preciosísimas piedras » (2) ; y Salomón dice : « Vino a mí el espíritu
de la sabiduría e túvelo en más que los reinos e señoríos ; las riquezas
(dixe) eran nada en su comparación, ni lo comparé a las piedras preciosas,
porque todo el oro, en su comparación, es arena pequeña, y la plata en
trueque dello era como un poco de lodo » (3).
Pues, ¿ qué otra cosa diremos que nos han dado los indios por cosas
tan inestimables como les habernos dado, sino piedras e lodo ? Mayor­
mente, que como bárbaros no usaban de la plata para con ella comprar
las cosas necesarias, y si algo les aprovechaba, era para hacer de ella y
del oro vasos para beber, y esto a los Ingas solamente y algunos caciques
a quien ellos daban para ello licencia, como diré adelante más largo a
otro propósito (4).

(1) Archivo General de Indias. Audiencia de L im a, 567, Livre 7, fols. 80-81; dans
Encinas, Cedulario, II, fols. 220-221.
(2) L a citation est tirée de Job, 2 8, v v . 12 à 16.
(3) Le passage se trouvera dans le Livre de la Sagesse, 7, v v . 7 à 9.
(4) Ce bilan ou comparaison entre la valeur de ce que l’Espagne a donné aux Indiens
et sa contrepartie dans les richesses matérielles du Nouveau Monde, se trouve déjà dans
le Chapitre C C X X I V intitulé « Loor de españoles » de la Historia General de las Indias,
de López de Gômara. C’est à peu près dans les mêmes termes que s’ exprime sur cet échange
le P. Cobo dans son Historia del Nuevo M undo (Séville, 1891), II, p. 344.
44 G o b ie r n o d e l P e r ú

Luego claro es que es más lo que les damos que lo que ellos nos dan.
Todo esto se dice para probar que son muy debidos los tributos a españo­
les ; y otra no menor razón hay para ello : porque sin ellos no se podría
conservar la tierra y se volverían los indios a su infedilidad, como proba­
remos largamente adelante (1).

CAPÍTULO X III

Si c o n v e r n á q u e l a t a s a d e l o s t r ib u t o s s e a e n d i n e r o o d e l a s
COSAS QUE CRÍAN e n SUS TIERRAS ; O SI SE TENDRÁ CONSIDERACIÓN
A LA DAR EN LAS COSAS QUE MENOS TRABAXAREN,
AUNQUE VALGAN MÁS, Y SI SERÁ POR PERSONAS
O POR HACIENDAS, Y DEL SERVICIO PERSONAL

Los tributos que los indios pagan a sus encomenderos, manda Su


Magestad por sus Provisiones Reales que se tasen de manera que no
sean muy vexados, para que no den más de lo que pudieren cómoda­
mente pagar, antes menos de lo que solían dar a los Ingas, para que les
quede con qué criar y alimentar y casar a sus hijos, curar de sus enferme­
dades, y suplir otras necesidades que les ocurrieren, de manera que queden
relevados y descansados, y antes se enriquezcan y no estén tan probes;
y que se tenga respeto y consideración que los tributos que ansí hobieren
de pagar sean de las cosas que ellos tienen o crían o nacen en sus tierras
y comarcas, y que los encomenderos no lleven más de lo tasado, so grave
pena : el cuatro tanto por la primera vez, y por la segunda vez perdimiento
de indios y la mitad de sus bienes para la Cámara.
Lo cual está justísima y santamente ordenado, y conforme a lo que
siente Fray Domingo de Soto, y ansí no tengo que tratar de ello, más
de advertir que en las tasas que hasta aquí se han hecho en el Perú, ni
se ha guardado la orden que está dada, ni el intento que Su Magestad
tiene y es servido que se guarde, que es relevar a los indios de muncho
trabaxo, antes les han dado muy mayor y muncha más ocupación que
se les diera si no se tasara como luego diré, y fuera doblado el provecho
de los españoles, y aun de los mesmos indios, porque ha acaecido tasar a
unos indios en Huánuco que den a su amo mil hanegas de maíz, que en
beneficiallas se ocupan diez mil peones, y no valen quinientos pesos, y
aun algunas veces no valen nada por que no hay quién lo compre ; y

(8) Cf. le Chapitre suivant, p. 46.


P a r t e p r im e r a — c a p . x i i i 45

si los mandaran trabaxar en minas de oro que están allí cerca, no les
vernía de labrar en ellas daño ninguno a su salud, y con la mitad de los
peones que entraron en beneficiar las mil hanegas se sacaran mil e
quinientos pesos poco menos, sin lo que ellos tomarán para sí, que valdrá
otro tanto ; por manera que los indios fueran más aprovechados y con
menos trabajo suyo, y el encomendero fuera también más aprovechado,
y de ello resultaría mayor provecho a la república y a la Real Hacienda.
Como puse el exemplo de minas, se podría poner en otras cosas.
Infiero de aquí que en la tasa no se ha de tener consideración a si
dan mucho o poco los indios, sino al trabaxo u ocupación que tienen,
como se declara más en particular adelante.
Otra desorden se ha tenido en la tasa que hasta aquí se ha hecho, y
es que visitado el repartimiento y sabido los indios que hay (y las más
veces sin visitarse), se ha mandado a bulto que todo el repartimiento dé
mil o dos mil pesos en plata, tanta ropa de la tierra, tantas xáquimas y
cabestros, y tantas gallinas y güevos y otras cosas, sin repartir a cada
indio lo que le cabe, para que él sepa lo que ha de dar ; lo cual ha sido
causa que los caciques tengan más ocasión de hurtar, porque aunque le
quepa al indio cinco, le hacen entender que le caben diez, y si han de
dar cien ropas o cien gallinas, reparte cuatrocientas, y ansí los indios,
aunque trabaxan todo el día, nunca acaban de pagar la tasa que el cacique
les pide. En esta ciudad de La Plata hay un indio yampará, que es barbero,
y gana cada día un peso, y el cacique le hace pagar de tasa ochenta pesos,
no le cabiendo seis pesos. Es cosa lastimosa entender esto y no lo poder
remediar. Débese (a mi parecer) dar orden cómo cada indio sepa lo que
le cabe a pagar, para que no le roben.
Cuanto a lo segundo — si converná que la tasa sea en plata o en
las cosas que crían — , de lo dicho se puede bien entender (pues está
claro), que si en dar plata trabaxan menos que en dar otra cosa, les
converná que la den ; aunque en esto se ha de tener consideración siempre
que parte se dé en plata, y parte en otras cosas que tienen en sus tierras,
como se dará horden en particular en el Capítulo X V II.
Cuanto a lo demás — si la tasa ha de ser por personas o por hacien­
das — , parece que el tributo se debe tasar por las haciendas, cada uno
a como tuviere, y éste es más justo tributo que el personal, que es más
como el de Julio César : para soberbia e ambición e para codicia, que
no para la pública necesidad del príncipe, que esto es lo que ha de tener
el tributo para ser justo, como lo prueba bien Fray Domingo de Soto.
De aquí se manda por leyes e Provisiones Reales que no haya servicio
personal, cuya guarda ha costado munchas vidas españolas y de indios :
más cuestará el servicio personal y muncha suma de dineros a Su Mages-
tad, y esto debe ser con más gusto. Pues está proveído con tanto acuerdo,
que otra autoridad mayor que la mía habia de ser para poder persuadir
otra cosa, mas no dexaré de decir mi parecer, aunque no sirva más de
para mover dudas, y otros más doctos y leídos que yo den la resolución.
46 G o b e r n io d e l P e r ú

Primero diré cómo no se han escusado ni se pueden escusar los servi­


cios personales, y cómo los indios no reciben tanto agravio en ellos
como en la tasa que en el Perú hasta aquí se ha hecho. Lo segundo,
cómo se hará de manera que los indios no reciban agravio, antes sí gran
provecho.
Cuanto a lo primero, los indios no tienen hacienda de qué poder dar
tributos, y esto es cosa cierta ; si algunos la tienen, será de ciento uno,
y tan poca, que no basta para dar la tasa. El tributo que dan lo ganan
con su trabaxo y sudor.
Por no saber lo que han de trabaxar, ni lo que han de dar, les lleva
el cacique tresdoblado de lo que les cabe, y los hace trabaxar todo lo
que él quiere, y todo cuanto trabaxan dice que es para la tasa, de manera
que la tasa que hasta aquí han dado ha sido en efeto servicio personal,
pues para la dar trabaxan con su cuerpo ; ni pueden dar tasa que no
sea trabaxando, pues no tienen hacienda, de do se sigue que no darán
tasa ninguna si no sirven personalmente, y no la dando es inpusible
que no se despueble el Perú de españoles, pues mediante la tasa y de ella
se sustentan cuantos en este Reino habitan, y faltando ellos, los indios se
volverían a su infedilidad, y esto sería mayor daño que no sé que recibi­
rán en servir personalmente. De aquí se infiere que no puede ser menos
para pagar el tributo sino que con el servicio personal.
Resta, pues, dar orden cómo sea con menos trabaxo de los indios y
con provecho suyo, y esta orden se dará en el Capítulo X V I en particular.
Baste ahora darla en general, y será que se les declare a los indios, a cada
uno en particular, los dias que son obligados en cada un año a trabaxar
para el encomendero, y para sus caciques y principales, y para la comu­
nidad, y para el beneficio, y que se les declare en qué y cómo han de
trabaxar, y que en los demás días, lo que trabaxaren ha de ser para ellos
y no para otros.
Servirá esto de que ansí se aficionen al trabaxo y a adquirir hacienda ;
comiencen a salir de servidumbre y tiranía, y saber qué es libertad, para
que después que tengan haciendas se dé otra orden, cual pareciere que
más convenga, y se pueda cumplir el intento de Su Magestad e sus
Provisiones Reales.
A lo que dixe que el tributo o censo que se dá por persona es más
por soberbia o codicia que no para el efeto para que el tributo fué ’orde­
nado, se responde que esto se entiende tributo por hacienda juntamente
con el personal, mas si por falta de hacienda se dá sólo el personal, no se
prohíbe, antes (según siente el mismo Soto), siendo impuesto es personal
y como los demás, para sustentación necesaria del príncipe y conservación
de la tierra, se debe en conciencia conforme a lo del Apóstol (1), mayor­
mente en esta tierra, que no lleva el tributo Su Magestad sino los vecinos
encomenderos que sustentan la tierra, por lo cual se dice propiamente

(1) Allusion au passage de Saint Paul noté supra, p. 42.


P a r t e p r im e r a — c a p . x i i i 47

tributo, pues se dá como estipendio a los capitanes y soldados que están


en ella para su sustentación.
No niego que el servicio personal sería mal llevado cuando no fuesen
tasados los días que lo habían de hacer, y cuando se dexase en voluntad
de los encomenderos y caciques empleados aquellos días en lo que ellos
quisiesen ; o si se permitiese — como antiguamente solía ser — que
los encomenderos se servían de ellos como esclavos, por lo cual algunos
relixiosos informaron a Su Magestad y a su Real Consexo de las Indias
que convenía quitarse, con buen celo a lo que se debe presumir, mas
también deberíán informar (y con mayor razón) del servicio personal
perpetuo que los probes indios sirven a sus caciques de acompañarles,
yendo a doquiera que se les antoxa, sin paga, y hacerles trabaxar en sus
chácaras, y ocuparlos en lo que quisieren, sin término ni medida.
Esto se había de quitar primero, y poco a poco lo de los españoles,
mas hasta hoy no se ha oido ni entendido lo que pretenden y desean
los probes indios, sino lo que sus caciques informan a los padres que les
dotrinan, para su provecho y no de sus indios, aunque en alguna manera
parece que lleva color que lo hacen para los desagraviar ; y si piden
retasa, no es para provecho de sus indios sino suyo, porque no por eso
les dexan de llevar enteramente la tasa viexa, por no saber los indios
10 que a cada uno le cabe. En esto se debiera poner delixencia, más que
en otras cosas que han causado más muertes y daños que se causaron
no se habiendo tratado ni efetuado.
Las leyes que para lo en este Capítulo contenido se podrían e jdeberían
hacer, a mi parecer son :
i Que en las tasas que se hicieren del tributo que han de dar los indios
se tenga consideración a su trabaxo y ocupación más que a lo poco o
muncho que hobieren de dar, y los ocupen en aquellas cosas que menos
daño recibieren, y donde más se puedan aprovechar a sí y a sus encomen­
deros, sin daño de su salud.
11 Item, que para que los encomenderos y sus caciques no les puedan
llevar más de lo que se tasare, se dé orden cómo cada indio sepa los días
que se ha de ocupar para su encomendero, y sus caciques, y para el
común, y en qué cosas ha de trabaxar, y lo que ha de dar, para que todo
el otro tiempo sepa que lo que ganare ha de ser para sí.
Lo demás tocante a esto diré más por estenso y en particular en el
Capítulo que tratare de la tasa (1).

(1) Cf. infra, Chapitre X V I .


48 G o b ie r n o d e l P e r ú

CAPÍTULO X IV

De có m o los in d io s han de s e r v i s it a d o s y ju n ta d o s
A PUEBLOS Y PUESTOS EN POLECÍA ; Y LA JUSTICIA
QUE HA DE HABER EN LOS PUEBLOS, Y DE LA TRAZA DE ELLOS,
Y DEL tOCUiñcO

Entre otras cosas a que tiene obligación Su Magestad, y los encomen­


deros de indios en su nombre, una es enseñarles la polecía humana, para
que teniéndola puedan con más facilidad ser enseñados en nuestra santa
fe católica, que es el prencipal intento que todos debemos tener.
Para que esto se ponga en efeto, ha proveído santamente Su Magestad,
con acuerdo de los señores de su Real Consexo, por Provisión librada a
9 de Otubre de mil e quinientos y cuarenta y nueve años, dirixida a la
Audiencia del Perú, que, platicado con Perlados, poco a poco provea
que los indios se reduzgan a pueblos; que se hagan alcaldes y regidores
y alguaciles y otros oficiales de Consexo, para que hagan justicia en pleitos
civiles, como se acostumbra hacer en la provincia de Tlaxcala en la
Nueva España y otras partes ; que tengan cárcel y cepo en cada pueblo
para aprehender los malhechores, y un corral de Consexo para meter
los ganados que hicieren daño ; que se les persuada que tengan ganados
ovejunos y puercos, en común o en particular; que en cada pueblo de
indios haya mercado y plaza donde haya mantenimientos para que los
españoles e indios puedan allí comprar lo que hobieren menester por
sus dineros para pasar su camino, y que se les compela a que tengan
rocines para alquilar o para otros usos, a lo cual se persuada a los indios
blanda y amorosamente, pues es en su provecho, y que cerca de esto
provea el Audiencia lo que conviniere (1).
En este Capítulo y en los siguientes diré lo que me parece que se
debe hacer para en execución de esta Provisión Real, y lo que cerca de
10 en ella contenido conviene hacerse.
Lo primero, naide ignora los inconvinientes que se siguen a los indios
de estar apartados y escondidos en h u a y co s (2) y quebradas, así para
lo tocante a su policía como a su conversión, porque ni pueden ser dotri-
nados ni ser hombres perpetuamente, no estando juntos en pueblos, y
en esto no es menester dar más razones de las que todo el mundo sabe.
Por esto, lo primero que conviene que haga el visitador, es visitar
toda la tierra, poblada y no poblada, de cada repartimiento, y ver los

(1) Cf. Konetzke, op. cit., I, p. 260-261.


(2) M ot quechua, pour crevasse ou lente de la terre. Cf. Santo Tom ás, op. cit.,
p. 87 v ; et González Holguín, Vocabulario de la lengua quechua (E d . Lim a, 1952), p. 648.
P a r t e p r im e r a cap. XIV 49
lugares más acomodados para poder poblar los indios, que tengan agua
y tierras suficientes en qué poder sembrar, y donde vivan más sanos, y
que esté en comarca de sus heredades. Visto esto de camino que lo va
viendo, ir visitando los lugares poblados, y asentar por memoria todos
los indios que hay, ansí hombres como mugeres, diciendo los que hay
en cada casa, la edad que tienen, los que son solteros, casados, amance­
bados, e viudas y doncellas, y poner por memoria los nombres de los
caciques y principales, y cuántos indios tiene cada uno, y cuáles son
hanansayas y cuáles hurinsayas.
Asentado todo por memoria, háles de ir diciendo que les viene a
desagraviar y a que sepan lo que han de dar, y los días que han de servir
a sus encomenderos, y a sus caciques y principales, y que todo el tiempo
restante ha de ser para ellos mesmos, y que entiendan que no han de
dar ni servir más de lo que él les dexare mandado ; y que Su Magestad
es servido que se puedan quexar libremente de sus caciques y encomen­
deros si les pidieren o llevaren otra cosa más de lo que les cupiere y el
mismo visitador les mandare, y que serán gravemente castigados haciendo
lo contrario.
Hecho esto, les ha de mandar hacer uno, dos, o tres pueblos, conforme
a la gente que hubiere en el repartimiento, y paréceme que en cada
pueblo ha de haber quinientos indios de tasa, y si en el repartimiento
hubiere seiscientos o setecientos indios, hacer dos pueblos : la mitad en
uno, y la mitad en otro, aunque sean menos los de una parcialidad que
los de la otrá.
Ha de trazar el pueblo de esta manera por sus cuadras, y en cada
cuadra cuatro solares, con sus calles anchas y la plaza enmedio, todo
de la medida que pareciere al visitador, conforme a la gente y la dispo­
sición de la tierra.
La iglesia esté en la cuadra que escogiere de la plaza, y tenga una
cuadra entera, y la otra casa de enfrente ha de ser aposento para españoles
pasaxeros, toda la cuadra, y lleve en la cuadra cuatro cuartos, con sus
caballerizas y cubiertos de teja, con terrados encima de la casa, porque
esté más segura.
En un solar de la otra cuadra han de hacer casa de consexo, adonde
se junten a juzgar y tratar de lo que conviene a la comunidad. En otro
solar ha de haber hospital, y en otro, huerta y servicio de hospital. En
el otro solar, corral de consexo.
En otro solar se ha de hacer casa del Corregidor, toda ella de texas.
La casa del padre que los dotrinare ha de ser en dos solares, junto a
la iglesia, de texa.
Los demás solares de la plaza han de ser casas de españoles casados
que quisieren vivir entre los indios, todas cubiertas de texa, o terrados,
que estén seguras del fuego. A cada cacique se ha de dar una cuadra,
o dos solares, conforme la gente que tuviere. A cada indio se ha de dar
un solar, o dos, conforme a la gente que tuviere ; y en los dos solares
50 G o b ie r n o d e l P e r ú

Tucuirico

Casa
del Cárcel
Corregidor

Casa de
españoles
TI a z a
~jasarxeros
~

Casa
de
Casa Consejo»
de
Hospital
Corral

que están detrás de las casas del Corregidor, se ha de hacer la casa del
tucuirico, y la cárcel, adonde ha de haber dos cepos y cuatro pares de
grillos y dos cadenas.
Entretanto que se hace el pueblo, ha de pasar a visitar otro reparti­
miento, y dexar en él la mesma traza y comenzado a hacer las casas ;
o en el mesmo repartimiento, si hubiere de tener más de un lugar, y luego
volver al primer lugar, que ya estará hecho, y hacer la tasa y dexar
señaladas las tierras como diré en el Capítulo siguiente.
En los asientos de los lugares ha de mirar que el temple sea bueno,
y que tengan agua, tierras, pastos y montes, y no los determine él solo,
sino con el parecer del clérigo o relixioso que estuviere en la dotrina,
y de los caciques e principales, y ha de tener consideración a que no
estén las tierras que ellos labran muy lexos.
Item, ha de procurar que en un pueblo esté siempre el tambo, o cerca
del tambo, para que el Corregidor o protetor que allí estuviere defienda
a los indios de los que les quisieren hacer algún agravio y les hagan
pagar su trabaxo, porque por temor de las guerras civiles que en este
P a r t e p r im e r a — c a p . x iv 51

Reino ha habido, se han pasado a vivir fuera de los caminos y despoblado


los lugares que estaban en los tambos.
Las Justicias que ha de haber en cada repartimiento y de qué y cómo
han de conocer : parece que conviene que en cada pueblo se nombren
cada año, por los mesmos indios, dos alcaldes ordinarios y un alguacil
en cada pueblo, o dos, si fuere menester, los cuales elixan los caciques
y principales y el tocuirico ; y si hubiere Corregidor o protetor español,
los elixa él con el parecer de los dichos tocuirico, caciques y principales,
haciendo de manera que todos lo vengan a ser un año uno, y otro año
otro, para que entiendan la libertad que tienen, y comience a entrar
en ellos la policía.
La jurisdicción que estos han de tener, es que pueden conocer ambos,
o cada uno de ellos, de cualesquier pleitos civiles y criminales que acae­
cieren entre indios, con que las causas que los indios truxeren con sus
caciques o principales, ceviles o criminales, las ponga por quipo el tocui­
rico para hacer lo que luego diré, y esto, no habiendo Corregidor español,
porque habiéndolo se remitirá a él, pero en las causas criminales que
merecieren muerte o mutilación de miembro, no procedan en ellas más
de hasta prender los culpados, y luego las remitan al Corregidor español
que hubiere en el pueblo, y no le habiendo, al Corregidor de la ciudad
en cuyo destrito cae el tal repartimiento.
No se ha de escribir ni hacer proceso por escrito cosa ninguna ante
estos alcaldes indios, excepto la sentencia que dieren. Esta ha de
quedar escrita habiendo en el repartimiento quién escriba, y si no, ha de
quedar en los quipos de que ellos usan ; y de las sentencias que los alcaldes
dieren, se pueda apelar para el Corregidor español, si le hubiere en el
repartimiento, y si no, ante el de la ciudad.
Estos alcaldes indios no puedan conocer de los pleitos tocantes al
cacique principal, sino el Corregidor español, y si fuere cosa que merezca
privación de cacicazgo, se ha de remitir a las Audiencias, para que
conforme a las leyes puedan ellas conocer, y no otra Justicia alguna,
salvo el Oidor que fuere a visitar los pueblos.
Porque al cacique no se le quite el señorío e jurisdicción que tiene,
como señor natural, sobre sus indios, que los alcaldes comuniquen con
él todas las causas criminales que ellos puedan conocer, y las civiles de
cualidad, y faltando, después del cacique principal, con la segunda
persona.
Todas las demás cosas tocantes al gobierno las haga el cacique, o
faltando él, la segunda persona. El castigo de los indios que se hiciere
en el repartimiento, queda reservado al cacique, y faltando él, al tocui­
rico ; y lo mismo el castigo del que no viniere a la dotrina o a misa los
Domingos y Pascuas y días de fiesta principales, y el castigo de los
que no quisieren cumplir las sentencias de los alcaldes indios.
En ninguna manera han de tener jurisdicción sobre españoles, porque
se desvergonzarían contra ellos, y se vernía a perder la tierra. Si algún
52 G o b ie r n o d e l P e r ú

español hiciere algún agravio a los indios, se ha de pedir ante el Corregidor


o protetor de indios que en el repartimiento hobiere, y no le habiendo,
ante el Corregidor de la ciudad ; y porque ninguno se vaya sin les pagar
ni les haga agravio (aunque sea de un tomin que les lleve), se pueda el
indio venir a quexar del español, y se mande que venga el indio agraviado
tras el español que le agravió, con dos indios testigos, hasta donde hubiere
Corregidor español, y allí se quexe ante él y digan sus dichos los testigos,
sin escribir nada, y el juez le condene de plano en lo que él llevó, o en
lo que no le pagó, con el cuatro tanto, y más pague a cada indio de los
que vinieren con él, dos tomines por cada día de los que se ocuparen en
la ida, estada, y vuelta. Ansí escarmentarán de no hacelles daño, y ellos
ternán avilantez para se quexar de españoles.
Demás de esto, en cada repartimiento ha de haber un tocuirico
(que quiere decir : todo lo ve), que ha de traer vara. Este ha de ser indio
ladino, estrangero, y no de aquel repartimiento sino de otro bien lexos,
para que no tenga deudo con los de aquel repartimiento, y no ha de estar
muncho tiempo, por que no se haga con los caciques, y ellos ¡le sobornen
para que calle sus tiranías, como ordinariamente hasta aquí han hecho
a españoles. Ha de estar un año, o dos a lo más largo, y hále de tomar
residencia otro que viniere.
Lo que ha de hacer es tener memoria, por escrito si supiere leer, y
no lo sabiendo, por quipo, de cuántos indios hay en el repartimiento,
y de la edad de cada uno, por casas, diciendo : Juan Coca, indio casado;
su muger, Juana; tienen cuatro hijos, etc. Poner los que son cristianos,
y los que no lo son. Ha de dar esta cuenta cada año al Corregidor español
del repartimiento, e no le habiendo, a el de la ciudad, para que se entienda
cuántos se han muerto, cuántos nacido, y cuántos llegado a la edad
suficiente para poder pagar tasa. Ha de tener cuidado de cobrar la tasa
de cada indio en particular, y no la ha de recebir él solo, sino él y el caci­
que, y estando él ausente, la segunda o tercera persona, y uno de los
alcaldes, y han de echar luego lo que cobraren en la caxa de tres llaves,
como luego diré. Demás de esto, los indios que se le vinieren a quexar
de sus caciques, ha de asentar por escrito la quexa, e no sabiendo escribir,
en su quipo, y cada cuatro meses o seis, llevarlas al Corregidor para que
él haga justicia.
Y porque los alcaldes y alguaciles estarán ocupados en su juzgado
y no podrán entender en ir a ganar para la tasa, que paguen la mitad
y no más. Para poder ganar esta mitad, se pueda cada uno de ellos,
quedando el otro en el pueblo, ausentar por dos meses, si para ganar
lo que para ella hubiere menester fuere menester ausencia.
Y porque hay muchos principalejos, que éstos no se escusen de
pagar la tasa, sino fueren dos curacas de cada parcialidad ; los demás,
todos contribuyan, sino cuando fueren muy principales conocidos, lo
cual declare el visitador, y el que se agraviare apele para el Audiencia.
P a r t e p r im e r a — c a p . x iv 53

Los alcaldes y el tocuirico han de tener cargo que las calles y casas
del pueblo estén limpias, porque son tan sucios que ellos y sus hixos se
ensucian en las casas, adonde comen y duermen, y esto es horriblemente,
lo cual causa enfermedades. Háse de dar orden para que fuera del pueblo
se vayan los indios a proveer a la parte de mediodía, contra donde
corre ordinariamente el viento en esta tierra, y lo que estuviere sucio
lo hagen luego limpiar de ocho a ocho días, y sean castigados los que
lo contrario hicieren.
Y porque de dormir en el suelo les vienen enfermedades, que se mande
que tengan barbacoas en que duerman, y porque el padre y la madre y
los hixos e hijas están en un bohío todos juntos, y duermen juntos, que
se haga en cada casa o bohío un apartamiento en que estén las hijas, y
no como bestias aprendiendo y viendo deshonestamente lo que los padres
hacen, que esto creo ha sido la causa que todos sean tan lujuriosos y
malos y deshonestos. Esto cierto conviene mucho para no perder la
vergüenza.
De estas cosas han de tener cuidado el cacique y el tocuirico y el
Corregidor español, si le hubiere. Héseles de quitar la costumbre de comer
todos juntos en las plazas públicamente, y mandarles que cada uno coma
en su casa, como hombres de razón, sino fuere en días de Pascua o en
fiestas, que lo puedan hacer con licencia del padre o del juez, y no de
otra manera.
Las leyes que cerca de esto se podrán hacer, a mi parecer, son :
i Que el que fuere a visitar los repartimientos y pueblos de indios visite
y amoxone toda la tierra, poblada y despoblada, de cada repartimiento
de indios, y mire las partes más cómodas adonde hayan de estar los
pueblos de indios.
n Item, diga a los indios y les dé a entender cómo les va a visitar y
tasar lo que son obligados a dar a sus caciques y a sus encomenderos,
y los días que les han de servir, y en qué, para que no les dén más de
lo que se tasare, y que les dará orden para que se puedan quexar de sus
caciques y principales, ni que Ies osen hacer mal ni daño alguno.
m Item, que en el repartimiento que visitare asiente por memoria
todos los indios que en él hubiere; los cristianos y los que no lo so n ;
los que son casados, solteros o viudos, y los hijos o hijas que tienen;
de qué ayllo o parcialidad son, y la edad que tienen, la cual memoria
y un traslado signado de ella han de quedar en poder del tucuirico, para
que él lo asiente por su guipo si no supiere escrebir, y otra ha de tener
el Corregidor que residiere en el repartimiento, y no le habiendo, el
de la ciudad adonde cae el tal repartimiento.
iv Item, que el visitador aperciba a los caciques que cuantos más
indios tuvieren, tanto más tasa o servicio se les ha de dar, y que los
indios que no declararen se darán al que los hallare o descubriere, ahora
9
54 G o b ie r n o d e l P e r ú

sea español, ahora sea cacique de otro repartimiento, para que descubran
todos los que hubiere, y no encubran ninguno, y que sea gravemente
castigado el que encubriere indios.
v Item, porque hay muchos indios en Potosí y en Porco, en tambos,
y en servicio de las ciudades, que el visitador lleve por memoria y por
fe de escribano los indios que hobiere en los asientos, y en la ciudad,
y en los tambos, con las mugeres e hixos que tuvieren, y con la edad de
cada uno, para que con más brevedad se haga la visita y tasa.
vi Item, que en cada repartimiento haga el dicho visitador un pueblo,
o dos, o tres, los que le pareciere que son menester; que haya en cada
pueblo quinientos indios de tasa, y si en todo el repartimiento hubiere
seiscientos o setecientos indios, que haga dos pueblos, poniendo en cada
uno la mitad, o los de una parcialidad en un pueblo, y los de otra en el
otro, aunque sean menos los de un ayllo que los del otro.
vn Item, que se hagan los pueblos en la parte y lugar de mexor temple,
con parecer del padre que los dotrinare, y de los caciques y principales;
que tengan agua, leña, y tierras cerca y en comarca que no sea muy
lejos de las tierras que suelen sembrar, y que se procure que estén los
pueblos en los tambos (como están en Chucuito), porque no se les haga
agravio por los pasageros y los defienda e ampare el Corregidor o protetor
que allí estuviere.
vni Item, que los pueblos se hagan por sus cuadras, y la plaza en
medio, trazándolos como está arriba en este Capítulo. Las cuadras que
caen junto a la plaza se repartan desta manera : que en una cuadra,
la que esté guardada de aires, se haga la iglesia cubierta de texas desta
manera, para que requepan más, y la
casa del clérigo o relixioso que les dotri- y 1 \
nare, junto a la iglesia, en un solar o dos
de la cuadra a mano derecha ; y en la
cuadra de enfrente se haga el tambo con
cuatro cuartos, en cada uno su caballe­
riza ; y en la otra cuadra se haga la casa
del Corregidor español en dos solares, y
en otro la cárcel con su cepo y prisiones,
y en el otro solar la casa del tucuirico ;
y en otra cuadra la casa del consexo en
dos solares, y en los otros dos la casa
del cacique principal; y en las demás
cuadras y solares, se hagan casas con
sus caballerizas para españoles casados que se quisieren venir a vivir
entre los indios, con que el edificio lo paguen los tales españoles. En
las demás cuadras se dé a cada indio un solar, e a los caciques dos, y
si algún indio tuviere mucha gente, se le den dos solares.
P a r t e p r im e r a cap. X IV

ix Item, que en cada casa o bohío de los indios se ha


apartamientos, con sus barbacoas cada uno, para que di
los hixos, y no junto con los padres, como hasta aquí.
x Item, haya en cada pueblo dos alcaldes y dos alguacilá
se elixirán cada año por el Corregidor de indios, con parecer dé
y de los caciques y principales; y no lo habiendo, les elixan el
tucuirico y los caciques y principales ; que éstos sean regidores perpetuos,
y no haya otros.
xi Item, que estos alcaldes puedan conocer de cualesquier pleitos
que haya entre indios e indios, ceviles y criminales, con que no sea de
muerte o mutilación de miembro, que de éstos ha de conocer el Corre­
gidor español, y los indios alcaldes no han de hacer proceso por escrito
más de la sentencia, si hobiere indio en el pueblo que sepa escrebir, e
no le habiendo, se ponga la sentencia por quipo, y las penas pecuniarias
no puedan pasar de un peso, el cual se aplique al común de los indios.
xn Item, porque el cacique es señor natural de estos indios, y porque
no se pierda el señorío que tiene sobre ellos, que todos los pleitos cremi-
nales y civiles de cualidad se comuniquen con el cacique prencipal, y
faltando él, con la segunda persona, y se haga lo que él mandare, concor­
dándose con alguno de los demás jueces.
xiii Item, que si algún indio pidiere algo o acusare a algún prencipal,
no lo pueda pedir ante los alcaldes, sino ante el Corregidor español,
y no le habiendo, se pida ante el tucuirico, para que él lo ponga en su
quipo por memoria, y de cuatro a cuatro meses vaya con el quipo ante
el Corregidor de la ciudad, para que sumariamente haga justicia sobre
las quexas que traxere por quipo, sin que parezcan ante él los que se
quexaron si fuere cosa de poca importancia, y les haga brevemente
restituir lo que les hubieren tomado ; si fuere la culpa que merezca priva­
ción de cacicazgo, se remita a la Audiencia, porque no puede otra justicia
conocer de privación de cacicazgo sino el Audiencia, o el Oidor que
anduviere visitando.
xiv Item, que si algún español hiciere algún agravio a indio, que no
le puedan convenir sino ante el Corregidor español, y no le habiendo
en el repartimiento, vaya el indio tras el español, con dos testigos, aunque
sea un tomín lo que le hubiere tomado o dexado de pagar, y se quexe
ante la primera Justicia de españoles que topare, la cual, sin escrebir
cosa alguna, tome el dicho a los testigos, y hallando culpado al español,
le haga restituir lo que le hubiere tomado o dexado de pagar, con el
cuatro tanto para el mesmo indio, y pague a dos tomines al tal indio y
a los testigos por cada día de los que se ocuparen en ir y volver y en la
estada, porque otros no se atrevan a lo hacer ; y si les hubiere maltratado,
le tenga ocho días en prisión, o lo castigue conforme al delito que hubiere
cometido.
56 G o b ie r n o d e l P e r ú

x v Item, que quede reservado al cacique todo el gobierno y el castigo


de los que no vinieren a la dotrina, o a misa las fiestas, y del que no
compliere lo que mandaren los alcaldes ; y faltando el cacique, lo castigue
el tucuirico.
xvi Item, que en cada repartimiento haya un tucuirico, indio ladino,
que no sea natural del tal repartimiento, antes de fuera dél, el cual se
nombre por la Audiencia o por el Corregidor de la ciudad donde cayere
el tal repartimiento, y no esté más de un año, o a lo más largo dos, y
acabado el tiempo, se nombre otro que le tome residencia.
x v ii Item, que el tal tucuirico tenga cargo de cobrar de los indios la
tasa, la cual cobre juntamente con el cacique, y en su ausencia, con la
segunda persona del repartimiento, y no el uno sin el otro, so pena del
cuatro tanto.
x v m Item, ha de tener cuidado de asentar por memoria por escrito,
e no sabiendo escrebir por guipo, todos los indios e indias del reparti­
miento, y su edad, y cada cuatro meses llevar el quipo de los que hay
al Corregidor de la ciudad, y de los que se han muerto o ídose, y de los
que han llegado a diez y ocho años, que es la edad en que han de ser
obligados a contribuir y pagar tasa, para que se entienda los que han
de contribuir aquel año.
x ix Item, que los alcaldes y alguaciles, el año que lo fueren, no paguen
más de la mitad de la tasa, y para la ganar cada uno de ellos pueda hacer
ausencia dos meses, si para ello fuere menester ausencia.
x x Item, que todos los principalejos paguen tasa, y no queden sin
pagalla más de dos curacas de cada parcialidad, si no fueren principales
muy conocidos, lo cual declare el visitador, y el que se agraviare, pueda
apelar para el Audiencia.
xx i Item, los alcaldes y el tucuirico han de tener cuidado que las calles
y casas del pueblo estén limpias, como arriba está dicho, y no consientan
lo que hasta aquí se ha usado, que ha sido causa que muchos mueran y
haya muchas enfermedades, sino que se vayan a proveer fuera del pueblo,
contra donde corre el aire, y se limpien cada semana una vez, y los que
en esto excedieren, sean castigados.
x x iiItem, que no les consientan comer todos juntos en la plaza, antes
coma cada uno en su casa, si no fueren algunos días de fiestas principales,
que en éstos les puede dar licencia para ello el padre de la dotrina y el
juez.
x x iii Item, q u e de cualquiera cosa que proveyeren y mandaren los
dichos jueces, e cualquiera de ellos, se pueda apelar para el Corregidor
o para el Audiencia, y allí se libren sumariamente, sin escrebir nada
más de la sentencia, y se la dé signada el escribano, con relación de lo
que s e pidió, para en guarda de su derecho.
P a r t e p r im e r a — c a p . x v 57

CAPÍTULO XV

D e la s t ie r r a s q u e e l v is it a d o r h a d e s e ñ a l a r
A lo s in d io s p o r p r o p ia s , y a l o s c a c iq u e s y p r i n c i p a l e s ,
Y AL COMÚN DE LOS INDIOS ; LAS QUE HA DE DEXAR
PARA ESPAÑOLES, Y DE LAS DEL SOL, Y DEL INGA

El visitador, en el repartimiento que visitare, ha de dexarle amoxo-


nado y ha de señalar tierras, lo primero a los caciques e principales
(si no las tuvieren suyas propias); luego al común, las que le pareciere
que bastan, para que de alli suplan las necesidades que abaxo diré, y
luego a los indios, a cada uno en particular tantos topos (o medidas),
que sepa y entienda que son suyas y naide se las ha de poder quitar
ni tomar, y siempre se les han de señalar dobladas tierras de las que
hobieren menester. Han también de señalar tierras para los españoles
que quisieren vivir en los pueblos de indios, que han de ser los que abaxo
diré, y no han de ser las tierras j untas o entre las de los indios, sino aparte,
por que no se las vayan tomando poco a poco como más poderosos
que los indios.
De tener los indios tierras propias les viene muncho provecho, pues
esto es lo que les ha de aficionar al trabaxo y a ser hombres, y los apartará
de la ociosidad (como dixe arriba), porque hasta aquí no han poseído
tierras propias, antes el cacique se las reparte como él quiere.
No viene perjuicio a los indios de señalar en el repartimiento tierras
para españoles, porque les sobra las que en cada repartimiento hay,
aunque hubiese seis tantos indios. Viéneles también provecho a los
indios, porque estando todos juntos no les hará el ganado daño en las
sementeras, porque se puede señalar lo que ha de ser para pastos, apartado
de la tierra de los indios. Viéneles también provecho de tener tierras
para el común, para que con los demás bienes comunes que tuvieren,
se provea el hospital y se compren carneros para servir en los tambos
(como dixe arriba), y se suplan otras necesidades que diré adelante.
Todas estas tierras ha de dexar el visitador amoxonadas, y no se ha
de permitir que ninguna tierra de los indios, que tuvieren propias o
en comunidad, se puedan vender a españoles, pero bien se pueden vender
a otros indios las que fueren de particulares, y no las del común, que
estas en ningún caso se han de poder enagenar.
Ha de averiguar también el visitador las tierras que están dedicadas
al sol y al Inga, para que se repartan a españoles, con que cada uno de
ellos, después de pagado el diezmo, dé otra décima parte de los frutos
que coxiere, a Su Magestad, pues Su Magestad sucedió en lugar de los
Ingas en estos Reinos, y es señor legítimo de ellos, como probé en el
58 G o b ie r n o d e l P e r ú

Capítulo II, y los Ingas, demás de que no eran señores ni reyes lexítimos,
por su tiranía perdieron el señorío que tenían al Reino y a las tierras e
bienes que ellos poseían, y lo adquirieron el señor y rey lexítimo, como
subrogado y puesto en lugar de los Ingas, aunque con mexor título.
Y para que puedan los indios labrar las tierras con más facilidad
que hasta aquí, que las han arado con palos e con los pies con muncho
trabaxo, que tengan vacas e bueyes de comunidad, los cuales presten
a los probes, hasta que vayan ganando y teniendo algo para lo poder
comprar; y para guardar los bueyes de labor tengan guarda particular,
cada indio por sus mitas los días que le cupieren, porque no hagan daño
en los sembrados ; los ganados que hicieren daño los encierren en el corral
del consexo, y los alcaldes averigüen el dueño, y páguenles los daños
del tal ganado, sin pagar otra pena más de lo que fuere tasado que han
hecho de daño.
Las leyes que para lo contenido en este Capítulo se pueden hacer,
son a mi parecer :
i Que el visitador dexe amoxonado todo el repartimiento que visitare,
porque no haya pleitos ni dudas entre los indios del un repartimiento
y del otro, y so pena de muerte no muden los moxones.
ii Item, que averigüe las tierras que son del sol y del Inga, y las amoxone
aparte.
m Item, que en uno, o dos pagos, o más, los más comarcanos y mexores,
señale y dé a cada indio en particular dobladas tierras de las que tuviere
necesidad, y les haga entender que son suyas propias, que naide se las
puede quitar.
iv Item, que averigüe las tierras que tienen los caciques y principales ;
qué título tienen a ellas, y cuánto tiempo ha que las poseen, y teniendo
justo título se las dexen por suyas ; y si aquellas no bastaren, o no tuvieren
ningunas, que les den tierras competentes en que hagan sus chácaras y
sementeras, conforme a lo que cada uno hubiere menester.
v Item, que dexe una buena chácara para la comunidad, que labren
en común los indios, para las necesidades que en común les ocurrieren,
y que estas chácaras tengan su topo (o medida).
vi Item, que las tierras que hallare que son del sol y del Inga, las ha
de dexar aparte para repartir a españoles que vivieren entre los indios,
y no habiendo tierras del sol ni del Inga, les señale algún pago para les
repartir, porque todos ganen de comer y se apliquen y no anden ociosos,
y paguen por las tales tierras al Rey, sacado el diezmo que pagan a la
iglesia, otra décima parte de lo que se coxiere en ellas, y con este cargo
se las den si las quisieren.
vi i Item, que las tierras que ansí se adjudicaren a los indios, no las
puedan vender a españoles, sino a otros indios, y entonces la venta se
P a r t e p r im e r a cap. xv 59

haga con autoridad del Corregidor o protetor, y no de otra manera,


porque no sean engañados.
vm Item, se procure que los indios tengan de comunidad ganado
vacuno para que aren sus tierras con bueyes, y no a mano, como hasta
aquí han hecho, y tengan rexas de hierro y arados en comunidad, para
lo prestar a los probes, hasta que tengan con qué lo comprar.
ix Item, que guarde el ganado de labor cada indio por su mita, los días
que le cupiere, para que no haga daños en las sementeras.
x Item, que la res que tomaren en alguna sementera la prendan y
metan en el corral del consexo, para que su dueño pague el daño que fuere
tasado por los alcaldes de indios, y no le lleven otra pena más del daño.
xi Item, si hubiere tierras de regadío, repartan el agua por días, o
como les pareciere.
xn Item, que haga hacer acequias para que se pueda regar.
x m Item, que dé orden cómo las papas, chuño, o maíz que se coxiere
para el común, lo que sobrare — proveído el hospital y los probes —
se venda y beneficie llevándose en carneros a Potosí o Porco o otras
partes, para que lo que de allí se sacare se emplee y gaste en las cosas
que diré adelante para provecho común, y de esto ha de tener cuidado
el Corregidor español o protetor que entre los indios estuviere, así de
hacer que se beneficie, como de hacello gastar bien.

CAPÍTULO X V I

De la tasa de lo s t r ib u t o s que han de dar l o s in d io s


a sus e n c o m e n d e r o s , y a sus c a c iq u e s y p r in c ip a l e s ,
Y PARA EL COMÚN, Y PARA EL BENEFICIO PERPETUO,
Y PARA Su MAGESTAD, Y PARA LOS CORREGIDORES,
Y PARA EL tUCUiríCO QUE HA DE HABER EN LOS REPARTIMIENTOS

Dixe en el Capítulo X III cómo la tasa que los indios han de dar ha
de ser por persona, pues no tienen hacienda. En éste trataré de la manera
cómo se podrá hacer así la tasa, y de los provechos que de ella resultarán
a los indios, a los encomenderos, a todo el Reino, y aun a los mesmos
caciques, contra cuya tiranía va principalmente enderezada esta manera
de gobierno, porque una de las principales causas que han dado ocasión
a los caciques de hurtar y agraviar a sus indios ha sido la ceguedad de
los que hasta aquí han tasado, por no les haber dado la orden cómo
cada uno sepa lo que ha de dar y trabaxar, antes las tasas han sido en
60 G o b e r n io d e l P e r ú

dinero, ropa o comida, diciendo que todo el repartimiento dé tanto,


sin que cada indio sepa ni pueda saber lo que le cabe, mas de lo que el
cacique le quisiere pedir, y eso han de dar y han dado hasta aquí sin
réplica.
Paréceme que será bien dar orden cómo este robo y tiranía cese y
no corra, y no será posible ataxallo si no se hace la tasa declarando en
particular los días que cada indio ha de trabaxar para su encomendero,
y sus caciques, y para el común de los indios, y para el beneficio curado
que en cada repartimiento ha de haber perpetuo, y para Su Magestad,
para que su parte se reparta entre los Corregidores españoles y tuctíiricos
que en el repartimiento hubieren de haber; y en qué cosas se han de
emplear estos días, y que sepan que todo el otro tiempo que les sobrare
ha de ser para ellos mesmos, y no han de dar parte a otra ninguna
persona.
Por lo que toca a esta provincia y a todo el destrito de esta Audiencia
de los Charcas, me parece que se podría mandar, en general, que cada
indio de edad de diez y ocho años hasta cincuenta, fuese obligado a
trabaxar en las cosas que le mandase el visitador o el Corregidor, en
cada un año setenta días : los cuarenta días para el encomendero, los
ocho para el beneficio curado perpetuo, los diez para sus caciques y
principales, los cuatro para la comunidad, y los ocho restantes para
Su Magestad, para que de ellos pagase al Corregidor, al tucuirico, y
otras Justicias del Reino. Estos días, en qué se hayan de ocupar, diré
en el Capítulo siguiente, porque no ha de estar en voluntad del encomen­
dero ocuparlos en lo que él quisiere, sino en lo que el visitador o el Corre­
gidor de cada pueblo ordenare.
El provecho que a todos se siguirá de esta manera de tasa es muy
grande, y de que naide se podrá agraviar.
Lo primero : a los indios les es muy útil, porque demás de que se les
quita muncho trabaxo (como arriba dixe), porque si antes estaban ocu­
pados todo el año y no para su provecho, ahora estarán no más de setenta
días en todo el año, y lo demás emplearán en adquirir y trabaxar para
sí, y enseñarseian a ocuparse en oficios en que puedan allegar algo para
sí, y aficionarsean al trabaxo. Como el provecho sea para ellos, ternán
orden y concierto, y entenderán que son libres, y no esclavos de sus
caciques y amos y estarán muy contentos en comenzando a gustar qué
cosa es tener cosa propia, que hasta aquí no han sabido.
Lo que se saca del trabaxo de los setenta días es todo para su provecho,
e se le da al encomendero para que le defienda e ampare e procure su
salud y aumento, y su aprovechamiento e polecía humana, y no consienta
que naide le haga agravio, y para que esté siempre aparexado con sus
armas y caballos para defender la tierra de enemigos, y para la seguridad
de los que les enseñan la dotrina cristiana, y defensa y aumento de nuestra
santa fe, y para que con lo que llevaren de los tributos sustenten la repú­
blica gastándolo y espendiéndolo con los que no tienen indios, que
P a r t e p r im e r a — c a p . x v i 61

llaman « soldados », y con los clérigos y frailes que residen en las ciudades
de españoles, y con los hospitales, y con mercaderes, letrados y oficiales,
para que todos se aprovechen de ello, y para los mesmos indios, que
les cabe la mayor parte de salarios y jornales.
Lo que se da al beneficio curado es también para su bien de los indios,
pues es para su enseñamiento y dotrina evangélica que el cura y benefi­
ciado les ha de enseñar.
Lo que cabe a la comunidad es para ellos mesmos, pues de ello se
han de sustentar las necesidades comunes, los pobres, y el hospital.
Lo que cabe a Su Magestad es para que se tenga más cuenta con
su salud y aumento, y para pagar al Corregidor español y tucuirico que
les han de tener en justicia, y para que no les consientan llevar más
tasa de lo que son obligados a dar, ni les consientan llevar sus hixas o
hixos, ni hacer otros agravios que comúnmente les hacen sus caciques.
Viene también desto muy gran provecho al encomendero, pues se
aumentará conforme a esta orden comunmente su tasa sin daño de sus
indios, y podrála llevar con más seguridad de conciencia ; no tendrá
que pagar dotrina (aunque en efeto la paga, pues sale de la mesma tasa).
Aunque el indio trabaxe en su tierra y no salga de ella, ganará para
poder dar cada día un tomín ensayado, que verná a ser en los cuarenta
días cinco pesos, y los que estuvieren en Potosí ganarán tres tomines,
y los que en la coca dos, por manera que el indio que menos diere en el
destrito desta Audiencia, será cinco pesos cada año. Así, pues, de quinien­
tos y treinta y cinco mil indios tributarios que hay en el Perú, los cuales
pagan de su trabaxo a los encomenderos un millón y ciento y cuarenta y
siete mil y ciento y setenta pesos, sin cinco ciudades que están por
tasar (1), trabaxando cada uno de ellos casi todo el año, vernán, tra-
baxando menos, no más cada uno de setenta días, en cada un año dos
millones y seiscientos y setenta y cinco mil pesos a los encomenderos,
y otro millón a los beneficios y a Su Magestad, para los Corregidores y
tucuiricos, sin lo del común y lo que se ha de dar a los caciques, de lo
cual resulta también gran beneficio al Reino, que habrá que se reparta
más entre todos, y se sacará más plata, porque los indios no sacan más
ni menos de lo que han menester, de que también resultará provecho
a los quintos reales, pues de tres millones les verná seiscientos mil pesos,
y en esto se dobla la renta que al presente tiene Su Magestad, y hácense
los indios más ricos. Cabrále también a Su Magestad, pagando los Corre­
gidores y tucuiricos de su parte, otros ducientos mil pesos.
Verná también provecho a los clérigos, que no ternán que contentar
a los encomenderos, ni ser sus calpisques : dotrinarán mexor a los indios,
como quien tiene el beneficio en perpetuidad y no se le han de poder
quitar, y no ternán el hipo que ahora tienen de irse a España con lo

(1) Ces districts sont Jaén de Bracamoros, Santiago de los Valles, Zam ora, Santa
Cruz de la Sierra et Tucumán. Cf. infra, p. 109.
62 G o b ie r n o d e l P e r ú

que adquirieren; y ansí no han sido hasta agora los pobres indios tan
aprovechados ni instruidos en la fe cuanto lo serán habiendo de residir
para siempre, no haciendo delito por do deban ser privados.
A los caciques, aunque se les quite el provecho temporal, les será
mayor provecho, porque serán mexores cristianos, y no estarán siempre
en pecado mortal como ahora lo están, robando a sus indios, y siendo
ellos cristianos, lo serán sus indios, y no de otra manera, como lo dixe
arriba y repetiré munchas veces, porque es muy necesario.
Es tan buena obra, que ruego a Nuestro Señor ponga en el corazón
de Su Magestad, si esto ha de ser para su servicio y conversión de estos
naturales, que lo mande poner en efeto.
Bien sé que parecerá a algunos que es crueldad aumentarles tanta
tasa, queriéndolo mirar ansí en confuso, viendo lo que agora dan y lo
que han de dar haciéndose lo que he dicho, mas entendido que con dar
10 poco que agora dan trabaxan doblado, y que en su poder no entra
tomín de cuanto trabaxan, antes se lo toman todo sus caciques ; y que
a los caciques, en poner esta orden no se les quita nada de su señorío,
antes les está mexor para sus ánimas no robar a sus indios y ser con ellos
tan tiranos como son, y que no morirán tantos como mueren por sus
malos tratamientos, antes se aumentarán, de lo cual les verná a los cura­
cas gran provecho ; entendiendo — como digo — esto, naide, por boto
juicio que tenga, dexará de reconocer ser esto lo mexor, si no es tan porfiado,
como hay algunos ladradores en este Reino, que niegan los principios
tan ciertos y notorios como son los sobre que va fundado lo que tengo
dicho, para estorbar una tan buena obra como ésta, a los cuales Su Mages­
tad no debería dar crédito, si no diesen ellos mexor orden que hasta agora.
Cierto : en cuantos libros han escrito diciendo mal de la nación espa­
ñola e infamándola, no lo han dado, y como los libros quedan hablando
siempre, pensarán los que los leyeren que es verdad, y pasar lo que ellos
dicen agora, y no es ansí, porque hay ya tanto concierto, que se hace
más justicia y regalo a los indios que a los españoles, y ninguno les osa
afrentar ni castigar.
Las leyes que para lo contenido en este Capítulo se podrían hacer,
a mi parecer, son :
i Que para que los indios sepan lo que han de dar a sus encomenderos
y a sus caciques, y no puedan de ello pretender inorancia, que en la tasa
que se hiciere se tenga consideración a que no den más de lo que podrían
ganar en setenta días cada un año, declarándoles en qué se han de ocupar
estos días, y que todo el otro tiempo ha de ser para ellos mesmos.
11 Item, que de estos dichos setenta días, los cuarenta sean para sus
encomenderos ; los ocho para el beneficio curado que ha de haber en
cada pueblo de quinientos indios de tasa ; los cuatro días para la comu­
nidad ; los diez para los caciques, y los ocho restantes para Su Magestad,
P a r t e p r im e r a — c a p . x v i 63

para pagar a los Corregidores de pueblos de indios y de las ciudades, y


para pagar al tucuirico.
m Item, que todos los indios que fueren de diez y ocho años, hasta
cincuenta, paguen tasa, y los que pasaren de cincuenta no la paguen,
ni los que no allegaren a diez y ocho.
iv Item, que los primeros días que comenzaren a trabaxar en cada
año sean para cumplir con su tasa, porque si el indio se fuere, o enfermare,
o muriere, se pague la tasa por los que le heredaren, y no teniendo de
qué, se pague de la comunidad, que estas necesidades, y otras que diré,
se han de suplir con la hacienda y renta de la comunidad.

CAPÍTULO X V II

E n q u é c o sas se han de ocupar lo s in d io s


hatunrunas q u e están en l o s r e p a r t im i e n t o s ,
PARA PAGAR SU TASA

Háse de advertir por los visitadores que no han de dar a los encomen­
deros entrada ni salida con los indios más que cobrar la tasa, ni que los
cuarenta días que a cada indio les cabe de trabaxo ha de ser a su escoxer
del encomendero, en lo que los quiera emplear, ni a voluntad de los
indios, antes él lo ha de dexar declarado. Dar regla general en esto es
inpusible, porque en cada tierra se ha de hacer de diversa manera.
Trataré agora de los que hay en esta provincia y en la de Chucuito,
y luego de los de La Paz y del Cuzco.
En esta provincia y en la de Chucuito, y aun en todo el Collao, se
puede dar esta traza : que la décima parte de los indios de cada reparti­
miento de los que caen en estas provincias vaya a los cerros de Potosí
y Porco, unos para alquilarse para la labor de minas, en que ganan cada
día tres tomines, y de estos unos irán porque les cabe la mita de los que
son obligados a dar, otros de su voluntad, otros irán a guayrar (que ansí
llaman al sacar de la plata), otros a tratar y granxear en carbón, candelas,
amasijos, traginería, y otras cosas semexantes, y estos ganarán un peso,
o por lo menos medio, cada día. A éstos puédeseles tasar que den dos
tomines ensayados cada uno por cada día de todos los setenta de tasa,
de manera que por cada indio de los que se han de ocupar en Potosí
o Porco le cabrán al encomendero diez pesos, y al beneficio dos pesos
por sus ocho días, pero ha de dar de estos un peso para el que dotrinare
en Potosí o Porco (que ansí está tasado por cada indio de tasa, con su
muger e hixo) — por manera que al beneficio del repartimiento le queda
64 G o b ie r n o d e l P e r ú

un peso ; cábeles al cacique y principales, por sus diez días, dos pesos y
medio : esto les ha de dar el indio en plata, para sus vestidos y otras
necesidades.
Lo demás que hubieren de dar los indios, estando en sus reparti­
mientos, ha de ser (como luego diré), a Su Magestad, para pagar los
Corregidores y tucuiricos y otras necesidades públicas. Le cabe dos
pesos de cada indio de tasa.
Y si se dixese qué han de comer estos setenta días, pues todo lo que
ganan es para tasa, se responde que todavía les queda algo para comer,
y que se tiene consideración a que han de estar todo un año en Potosí
con sus mugeres e hixos, y queriendo trabaxar todo el año ganará, el
que menos, novecientos tomines en trescientos días que habrá que hacer
algo. Comerá los cuatrocientos y pagará a la tasa ciento y cuarenta, y
sobrarle han trescientos y sesenta tomines, que valen cuarenta y cinco
pesos, que es gran caudal para el indio. La muger ganará para vestir a
todos, y estarán seguros que no se lo llevará todo el cacique, como hasta
aquí se lo han llevado.
Háse de advertir que los indios que vinieren a Potosí o a Porco no
converná que estén más de un año, ansí porque vienen de lexos, como
porque no conviene al asiento andarse mudando de breve en breve tiempo,
sino que unos vengan y estén un año, y otro año vuelvan otros, de lo
cual a ellos y al asiento viene gran provecho.
Otra décima parte de los indios se puede echar para los que han de
servir en la plaza de la ciudad, que llaman tindarunas, para los edificios,
y para traer yerba y leña, y para los tambos. Todos estos ganan cada día
en esta ciudad tomín y medio, y en otras a tomín, por manera que pueden
dar cada día un tomín ensayado al encomendero, que sale cinco pesos
cada año por los cuarenta días que le caben; al clérigo y beneficio un
peso, y a Su Magestad, para lo que está dicho, otro peso. Estos han de
servir los días que les caben, a sus caciques, y a la comunidad, en benefi­
ciar sus chácaras.
Los demás indios se han de ocupar, cada uno, los cincuenta y seis
días de tasa (y los demás días que quisieren), para sí mismos : unos en
alquilarse para chácaras de españoles; otros en obraxes de paños ;
otros en ingenios de azúcar ; otros en usar sus oficios mecánicos en las
ciudades o en sus pueblos ; otros en hacer texas y c a l; otros en alquilarse
para edificios ; otros para traxineros y llevar recuas de carneros de la
tierra ; otros en labor de viñas ; otros alquílanse para los Andes de la
coca, en el Cuzco, La Paz, y en esta provincia de los Charcas en los
yungas ; otros en labrar en las minas de plata y oro (que hay muchas
en esta tierra); otros en hacer reposteros e ropa de la tierra, dándoles
lana ; otros en chácaras de chuño y papas, y otros en guardar ganados.
A cada uno de estos se ha de tasar conforme a lo que pudieren ganar
en su ocupación : el albañil podrá ganar un peso, echarle medio peso ;
el texero y zapatero, otro tanto. Si se hubiere de dar la tasa, o parte de
P a r t e p r im e r a cap. XVII 65

ella, en maíz, en reposteros o ropa de la tierra, o otra cosa semexante,


háse de averiguar cuántos obreros o peones se ocuparán en hacer un
repostero, o una pieza de ropa de la tierra, o una hanega de maíz, y man­
dar los que son mexores oficiales de aquel oficio que se ocupen en hacer
tantas ropas o tantos reposteros o en coxer e beneficiar tantas hanegas
de maíz, repartiéndolo de manera que ninguno se ocupe en ello más
de los dichos cincuenta y seis días que caben al encomendero y al bene­
ficio y a Su Magestad ; para los caciques y el común se han de ocupar
en labrar sus chácaras y sementeras, o en hacer ropa de la tierra, como
le pareciere al visitador, o en su ausencia, al Corregidor y al cacique.
En los Llanos, o donde hubiere oro, puedan mandar que la mitad
se eche a las minas, no siendo enfermo el asiento de minas ; estos podrán
dar cada uno cada día dos tomines.
Los demás se ocupen en servicio de tambos y ciudades y chácaras y
en otras cosas que más convenientes pareciesen al visitador o al Corre­
gidor de la ciudad.
Lo que toca a los indios del Cuzco y de La Paz, y los demás donde
hay coca, se dirá más largo en el Capítulo XLVI.
El cuidado de hacerlos ir a trabaxar y ocuparlos en lo que más útil
les sea, ha de ser del cacique y del tucuirico lo primero, y lo segundo del
visitador o del Corregidor, porque si no hay quien tenga cuenta con
ellos, no querrán ir a trabaxar, sino holgar.
Las leyes que para lo contenido en este Capítulo se pueden hacer, son :
i Que el visitador, o en su ausencia el Corregidor, tenga cuenta de hacer
ocupar los indios de los repartimientos los setenta días que han de pagar
su tasa, parte de ellos en minas no siendo temples contrarios, y otra
parte en servicio de ciudades y tambos, y otros en traginerías, y otros
en chácaras de pan, vino o coca, y otros en sus oficios mecánicos, y otros
en alquilarse para obraxes de paños e ingenios de azúcar, y otros, en
otras cosas, y para el cacique en sus chácaras, y lo mismo para el común,
procurando que al cacique se le dé alguna plata para comprar lo nece­
sario, y le hagan alguna ropa de la tierra.
ii Item, que aunque se les tasan los días y se les señala en qué se han
de ocupar, que el visitador les tase lo que han de dar por cada día, con­
forme a la ocupación que tuvieren, porque no se descuiden y procuren
de trabaxar, y el que tuviere hacienda lo pueda de ella pagar, sin que
se le compela a trabaxar.
m Item, que los caciques y principales, y el tucuirico, tengan cuidado
de hacer y mandar que los indios se ocupen en lo que el visitador les
hubiere dexado por orden se ocupen, y en lo que el Corregidor conforme
a ello les mandare ocupar.
iv Item, que se tenga gran cuenta de les ocupar en las cosas que más
provecho les venga a los indios y al encomendero, no olvidando que
hagan sus chácaras y sementeras, que esto ha de ser su principal trato.
66 G o b ie r n o d e l P e r ú

v Item, que si parte de la tasa se hubiera de dar en ropa de la tierra,


o maiz, o reposteros, o otra cosa semexante, se ha de averiguar cuántos
obreros o peones se ocuparon en hacer un repostero, o una pieza de ropa
de la tierra, o en beneficiar una hanega de maiz, y mandará el visitador
a los que mexor supieren hacer el oficio, que se ocupen en hacer tanta
ropa, o tantos reposteros, o en coxer y beneficiar tantas hanegas de
maiz, repartiéndolo de manera que ningún indio se ocupe en ello más
de los cincuenta y seis días que caben al encomendero y al beneficio
y a Su Magestad ; y también los días del cacique y del encomendero
— si le pareciere — aquellos días se ocupen en hacer las chácaras del
común y de los caciques y principales, cual más quisiere el cacique y
el visitador viere que conviene.
Si algún escrupuloso que ni lo entendiere ni lo quisiere entender por
sus fines, dixere que era mucha la tasa y mucho el dinero que se acre­
cienta, conforme a lo que aquí digo, se le podrá responder que si antes,
dando mucho menos interes trabaxaban doblado y tresdoblado como
está dicho, no se podrá decir de los indios que son agraviados, pues tra-
baxan menos en lo que se les manda dar, y el dinero no le dan ellos de
sus cosas, sino de lo que los españoles les dan por su trabaxo, o de lo
que ellos con más facilidad sacan de la tierra por la industria que les
damos.

CAPÍTULO X V III

CÓMO Y POR QUIÉN SE HA DE COBRAR LA TASA ;


EN QUÉ TIEMPO SE HA DE PAGAR ; CÓMO SE HA DE IR AÚADIENDO
CONFORME A LOS INDIOS QUE EN EL REPARTIMIENTO FUEREN
CRECIENDO Y FUEREN DE EDAD DE DIEZ Y OCHO AñOS,
Y DISMINUYENDO CONFORME A LOS QUE MURIEREN O FALTAREN,
Y DEL PROVECHO QUE DE ESTO SE SIGUIRÁ A TODOS

Gran provecho viene a los indios, a los encomenderos, y a todos en


general, de que se haga la tasa como se dixo en los dos Capítulos pasados.
A los indios, porque serán más mirados y bien tratados por sus enco­
menderos, por sus caciques, por los clérigos de la dotrina y por los Corre­
gidores, los cuales todos mirarán más por su salud y aumento, pues
tanto más han de tener de renta cuantos más indios tuvieren, y tanto
menos, cuantos menos o más enfermos tuvieren ; y ternán también
cuenta que no se les vayan, por la mesma razón, y ansí los habrán de
sobrellevar necesariamente bien. Les es también de provecho, pues
no trabaxaran tanto y tan sin premio como hasta aquí.
El provecho que viene a los encomenderos y a los clérigos es claro,
P a r t e p r im e r a cap. XVIII 67

y ya se dixo en los Capítulos precedentes, y porque siendo tan bien tra­


tados procrearán más hixos, y cuantos más hubieren, tanto más crecerá
la renta.
La cobranza de los tributos se ha de hacer por el tucuirico y por el
cacique juntamente, y no por el uno de ellos solo, porque no se encubra
ni pierda nada ; y faltando el cacique, con la segunda, o tercera persona.
Esto es en los pueblos y tambos, mas en Potosí y en las ciudades se ha
de cobrar por el principal que allí estuviere, y por el indio alcalde de
Potosí, ambos a dos juntamente, y no el uno sin el otro.
Háse todo de recoxer en una caxa de tres llaves que ha de estar en
el repartimiento, en casa del cacique principal, y allí se ha de guardar
todo lo que se recoxiere. Una llave ha de tener el cacique, otra el tucuirico,
y otra el Corregidor que hobiere en el repartimiento, e no lo habiendo,
la terná el clérigo de la dotrina.
Háse de pagar la tasa en dos pagas : una por San Juan, y otra por
Navidad, excepto el pan, que se ha de dar al tiempo que se coxiere, y
un mes después.
El principal que estuviere con los indios en Potosí y Porco y en los
Andes de la coca, ha de cobrar la tasa de los indios que allí estuvieren,
y llevarla a la caxa de tres llaves del repartimiento, para que a su tiempo
se acuda con ello al encomendero y a los demás que lo han de haber, y
si el encomendero quisiere hacer alguna casa, o sillas, o mesas, o bancos,
0 xáquimas, cabestros, o otras alhaxas para su casa, de las que los
indios saben hacer, ha de ser con licencia de la Justicia, pagándoles lo
que se les suele pagar de xornales de indios en la ciudad a do hubieren
de trabaxar, o descontándosele a cada uno de ellos lo que son obligados
a pagar por su tasa, el cual concierto no se haga con los caciques, sino
pedir licencia en la Audiencia, o ante el Corregidor de la ciudad ; la
Audiencia, o el Corregidor se la darán pareciendo que conviene, y darán
su mandamiento para que el Corregidor que residiere en los pueblos, o
en su ausencia el tucuirico y el cacique, hagan hacer la tal obra a los que
la supieren hacer, y se la descuenten de la tasa, conforme a los indios y
días que en ello se ocuparen ; habiéndose de hacer en la ciudad, envíe
los indios que le pareciere que serán menester para el tal edificio, y si
los ocuparen más días de los que la tasa manda, se lo paguen en dinero,
a tomín y medio cada día, o a como valiere en la tal ciudad.
Las leyes que se podrán hacer cerca de lo contenido en este Capítulo,
son :
1 Que cada seis meses el tucuirico envíe memoria, por escrito o por
quipo, de los indios que se han muerto, o aumentado y llegado a edad
de diez y ocho años, o huídose, para que se sepa lo que se ha de dar de
tasa, y dé la memoria al que llevare la tasa, para que lo diga al encomen­
dero y al Corregidor de la ciudad, y también la dé al Corregidor de pueblos
de indios, para que haya cuenta y razón de todo.
68 G o b ie r n o d e l P e r ú

ii Item, que la tasa se cobre por el iucuirico y por el cacique, y faltando


él, por el otro curaca segunda persona, juntamente, y no cobre el uno
sin que esté el otro presente, porque no se hagan vexaciones y molestias
a los indios, y lo que cobraren lo echen en una caxa de tres llaves que ha
de estar en casa del cacique, y la una llave ha de tener el cacique, y otra
el iucuirico, y otra el Corregidor de indios, y no le habiendo, el clérigo
de la dotrina.
m Item, que cada seis meses se abra la caxa y se envíe la tasa, o lo
que de ella estuviere cobrado, al encomendero a la ciudad do residiere,
debaxo de cuyo destrito cae el tal repartimiento. La una paga ha de ser
por San Juan, y la otra por Navidad, y si fuere pan o coca, al tiempo
que se coxiere.
iv Item, que lo que se pagare en Potosí o Porco, o en otra parte fuera
del repartimiento, lo cobre el principal que allí estuviere con los indios,
juntamente con el alcalde de indios que allí residiere, el cual lo lleve hecho
barra, ensayado y marcado, o en reales o escudos habiendo moneda, a
meter en la caxa de tres llaves, para que de allí se envíe al encomendero ;
o ante Juez lo quintado y marcado, si se hubiere de dar en plata corriente.
Estando el encomendero más cerca que no el repartimiento, se le lleve
a él y se le pague ante el Juez o ante escribano y testigos, con cuenta y
razón de qué y cuántos indios hay en Potosí y Porco y pagan aquella
tasa, para que no se les torne otra vez a pedir, ni pueda en ello haber
engaño.
v Item, que si el encomendero quisiere hacer alguna casa, o que se le
haga algún axuar por sus indios, de lo que saben hacer, que pida para
ello licencia en la Audiencia, o ante el Corregidor, y si le fuere dada, se
guarde en ello la orden susodicha en este Capítulo, y el encomendero
no lo haga de otra manera, so pena del cuatro tanto, aplicada la mitad
para el común de los indios, y la otra mitad para la Cámara y Fisco ;
y el cacique, para lo mismo, haya de pedir la mesma licencia al Corre­
gidor de indios, y no lo haga o cobre de otra manera, so la mesma pena,
y por la segunda vez sea privado del cacicazgo.

CAPITULO X IX

Cómo se en señ arán o f ic io s a los in d io s d e los r e p a r t im ie n t o s ;


Y SI CONVERNÁ QUE HAGAN PÓLVORA Y TIREN ARCABUCES,
Y ANDEN A CABALLO Y SE VISTAN ROPAS DE ESPAÑOLES

Los indios — como dixe arriba — son inclinados a cosas baxas y


viles, porque son de los que Platón dixo que les infundió la Naturaleza
metal, y sacarlos de su natural parece yerro, según se colixe de la misma
P a r t e p r im e r a — c a p . x i x 69

autoridad de Platón, a quien siguen Aristóteles, y los demás que allí


alego (1).
Por esta razón, me parece que es bien que se les enseñen oficios mecá­
nicos y de labradores y aquellos a que son más inclinados, y que en nin­
guna manera aprendan a andar a caballo, ni a hacer pólvora, ni a tirar
arcabuces, que hay algunos que los tiran mexor que españoles. En el
Cuzco, por el mal gobierno que siempre allí ha habido, saben los indios
de Yucay, y otros muchos, hacer muy excelente pólvora; y algunos
indios principales corren muy bien un caballo, y juegan cañas, aunque
de estos hay pocos, pero podría pasar el pasmo adelante si no se ataxase.
Los indios de este Reyno son tan hábiles, que ninguna cosa les enseñan
que no aprendan muy bien, como no sean cosas que requieran prudencia,
que esto no cabe en sus entendimientos, que si esto no les faltara, no
fueran de los que Aristóteles dice que nacieron de naturaleza siervos,
aptos para obedecer y servir a los que les dió la misma Naturaleza por
libres.
Atento esto, me parece que se les debe prohibir lo que arriba dixe,
y mandar que se les enseñen oficios mecánicos y cosas baxas que no
les saquen de su natural inclinación, lo cual se ha de hacer poco a poco,
comenzando por un repartimiento grande (como es el de los Charcas),
y de allí comenzar a hacer lo que tengo dicho en los Capítulos pasados.
Además de aquello, se ha de procurar de enseñar a los mochachos oficios
conforme a la cualidad de cada uno, porque los que son hombres, tarde
lo aprenderán. Y a los hixos principales de los caciques y curacas los
tengan a cargo, el que los dotrinare, de les enseñar a leer y escrebir, a
cantar y tañer flautas, que lo aprenden muy bien, lo cual les podrán
enseñar otros indios que hay muy diestros de otros repartimientos. A
otros hijos de indios comunes se les puede enseñar a hacer texas, y cal,
y trastexar, y a ser carpinteros y albañiles.
Para esto han de tener herramientas de comunidad, y que sepan
hacer carretas y arados, y ser herradores y herreros, para saber hacer
rexas y otras cosas semexantes.
Para esto, que se dé Provisión por el Audiencia, para que los indios
oficiales que en otras partes hobiere, se lleven al tal repartimiento que
se visitare, para que enseñen a los mochachos de edad de trece años,
los que el Corregidor del tal pueblo señalare, el cual les dé el salario que
le pareciere, y compre las herramientas todo el común, y el tucuirico
ha de saber algún oficio para que él lo enseñe.
El vestirse ropas de españoles no solo no es malo, pero es muy bueno
por munchas causas. Lo primero, porque tomen amor con nosotros y
con nuestro traxe ; lo segundo, porque comiencen a tener algún ser de
hombres, y esto digo que se les debe de permitir a los caciques y princi-

(1) Renvoie au Chapitre IV et au x références placées en marge du texte, malheureu­


sement supprimées dans toutes les copies connues.

10
70 G o b ie r n o d e l P e r ú

pales; lo tercero, porque estando vestidos como españoles, habrán


vergüenza de se sentarse en la plaza públicamente a comer, beber y
emborracharse, y lo cuarto, porque cuanto más gastaren, tanto más
plata sacarán de la tierra, y tanto más mercadurías de España se vende­
rán, que todo será en aumento de los quintos reales. Será, finalmente,
gran provecho de españoles, sin daño de los indios, pues la plata ni
el oro no lo han de menester, ni lo sacan para las contrataciones que tienen
unos con otros, sino para la que tienen con los españoles, la cual si cesara,
cesaría el sacar de la plata, pues como munchas veces he dicho, no la
sacarían ni la sacan sino para lo que han menester.
Las leyes que para lo contenido en este Capítulo se podrían hacer,
son :
i Que ningún indio pueda hacer ni haga pólvora, so pena de muerte,
y que la Justicia la execute sin ninguna remisión.
ii Item, que ningún indio tenga en su casa, ni tire, ni haga arcabuz,
so la mesma pena, aunque sea cacique, ni Inga, ni otro alguno de cual­
quier estado ni condición que sea, ni las Justicias lo consientan por
manera alguna, so pena de privación de sus oficios.
m Item, que ningún indio pueda andar a caballo, ni tenerle en su casa,
sin licencia de la Audiencia, so pena de perdido el caballo y de ducientos
pesos de pena para el común, y que la Audiencia no dé licencia, si no
fuere a cacique principal, habiendo justa causa y andando en hábito de
español, y no de otra manera, para que los caciques, y no otros, puedan
andar a muía (1).
iv Item, que las Justicias no consientan que los yanaconas suban encima
de caballos, ensillados, ni en pelo, ni de otra cualquiera manera ; y si
los llevaren a beber, sea de diestro, so pena que al que hallaren encima
del caballo le corten los cabellos, y le den cien azotes con voz de pregonero.
v Item, que los clérigos de la dotrina tengan cuenta con enseñar a
los hijos de caciques y principales a leer y a escrebir, y a cantar y tañer
flauta, y a oficiar una misa en canto llano y canto de órgano, y a leer
bien en latín, y para ello se traigan indios que lo sepan, del repartimiento
o de otras partes.
vi Item, que el Corregidor español que estuviere en el repartimiento,
tenga cuenta que a los demás muchachos de catorce o quince años, o a
algunos de ellos, los más hábiles, se les enseñen oficios mecánicos, espe­
cialmente hacer texas y cal, y ser albañiles, texeros, carpinteros o herra­
dores, y hacer carretas y arados y rexas, y para ello estén en depósito
del común herramientas necesarias hasta que lo aprendan, y para ello
se les den provisiones, para traer al repartimiento indios maestros que

(1) Cf. Cédules du 19 juillet 1568 et du l or mars 1570, dans Recopilación de Leyes de
Indias, V I , I, x x x m .
P a r t e p r im e r a cap. xx 71

lo sepan hacer y enseñar a los demás, de lo cual también ha de tener


cuidado el cacique y el tucuirico.
vn Item, que cualquier indio pueda andar vestido como español, si
quisiere, siendo cacique o principal o hixo suyo, o otro descendiente de
ellos, o algún indio rico yanacona.

CAPÍTULO X X

De lo s b ie n e s d e l a c o m u n id a d d e c a d a r e p a r t im i e n t o d e in d io s ;
EN QUÉ SE HAN DE EMPLEAR ; POR CÚYO MANDADO,
Y SI CONVERNÁ QUE HAYA CORREGIDORES ESPAÑOLES
EN LOS REPARTIMIENTOS

Suelen algunos vecinos, o personas que han tenido indios a cargo,


para en descargo de sus conciencias, dar o dexar mandado que se les dé
alguna cuantidad de dineros que les parece que les deben y son a cargo,
lo cual — por mandado de la Audiencia o de otras Justicias — se emplea
en vacas, ovexas de Castilla o ganado de la tierra, y ansí hay algunos
repartimientos que tienen diez mil cabezas de ganado, y mil y dos mil
vacas, y mil ovexas y carneros de la tierra, lo cual solían gastar los caci­
ques en lo que querían y comerlo, y no daban cosa ninguna de ello a
los probes para quien ello era, hasta que esta Audiencia ha proveído en
algunos repartimientos un español, para que tuviesse cuenta se espen-
diese la lana y los carneros y bueyes en provecho del común, y no fuese
en mano de los caciques espendello y gastallo en su prouecho, al cual se
le ha dado el salario que le ha parecido a persona experta.
Pero aun esto no ha bastado para lo poner en orden de todo punto,
como yo deseo, porque en una república no sólo ha de haber hacienda
para que usen en particular los ciudadanos, pero también en común
para las necesidades que ocurren, y para eso conviene que haya — como
he dicho — otros bienes de comunidad, que sea una chácara de comuni­
dad, que labren todos o los que para ello pareciere que son menester,
cuatro días cada uno, ahora sea la chácara de maíz, papas o chuño,
o trigo, o cebada, conforme a la calidad de la tierra y comarca, ahora
sea vino, como hay algunos que entiendo que sacan pasas y vino y venden
uvas.
Estos propios que cada repartimiento tiene en comunidad, conviene
a mi parecer que se gasten en las cosas siguientes : lo primero, de ellos
se ha de comprar carneros de la tierra, para que estén en los tambos
(como dixe en el Capítulo X ), para escusar de cargar estos indios (como
allí dixe).
72 G o b ie r n o d e l P e r ú

También en cada pueblo han de tener unos carneros de la tierra para


llevar las cargas del padre que los dotrina y del Corregidor, cuando se
mudaren de un pueblo a otro. Los que pudieren comprar ovexas de la
tierra, para que vayan de ellas sacando el ganado para acarreto, lo hagan,
porque les estará mexor.
Y porque este ganado se come de carache (que es una muy mala y
ordinaria enfermedad que tienen), que de la comunidad se compre y
críen puercos, para que con la manteca que de ellos sacaren, se puedan
sin otra costa curar. Esto se entiende habiendo lugar cómodo para los
criar sin que hagan daño a los pastos y a los sembrados, porque no los
habiendo, ha de tener cuidado el Corregidor, o el tucuirico, de hacer
comprar manteca y tenella siempre en depósito, para los curar. Este
ganado es mexor para cargas que otro nenguno, porque no hace costa
ninguna, ni de herraduras ni de comida, en ningún tiempo, porque no
come otra cosa sino yerba del campo.
Han también de comprar de la renta de la comunidad herramientas
de carpintero y de albañil, y carretas, y azadones, y fragua, y para ello
ha de haber casa de depósito, para que se enseñen los indios a hacer lo
que dixe en el Capítulo pasado.
Háse también de proveer de la comunidad a los pobres y enfermos
y viexos, como hacen los venecianos ; y al hospital, de que ha de tener
cuidado el tucuirico o algún indio, cual para ello diputase el consexo.
Puédese ansimesmo dar otra orden para que los indios tengan ganado
para provisión de los tambos, y es, que en muchas partes deste Reino,
y del Collao, y de Chucuito, y otras semexantes, había ganado de la tierra
dedicado por los Ingas al sol y a los mesmos Ingas, a que no osan tocar
los indios sino para sacrificios, en que se ofende a Dios Nuestro Señor.
Habrá de este ganado más de trescientas mil cabezas, de que naide
captiva, antes se ocupan muchos indios en guardado, y averiguándose
lo que está de esta manera, se podrían dar por propios e bienes de comu­
nidad a los pueblos en cuyos términos están estos ganados, y parte de
las dichas ovexas y carneros se podrían dar y repartir para el servicio
de los tambos a los pueblos que no los tuviesen, como pareciese al visitador,
lo cual justamente se podría hacer, pues no se aprovecha de este ganado,
antes lo tienen como pro derelicto; y convernía para lo que toca a su
conversión, pues si no les quitan estas huacas y sacreñcios, nunca serán
cristianos, como diré abaxo en el Capítulo X X X V I.
Ha de ser también la renta de la comunidad para suplir y pagar la
tasa por el que se huyere aquel año, o faltare, y por el que enfermare,
o moriere pasados los setenta días que era obligado a trabaxar para la
tasa, no teniendo hacienda de qué lo poder pagar, y esto se entienda
por sólo el año que faltare, y no por los de adelante.
Háse de suplir también de la renta de comunidad el gasto que fuere
necesario para aderezar fuentes y balsas, y para caminos y calzadas y
otras obras públicas semexantes, mas no para los peones que en esto se
P a r t e p r im e r a — c a p . x x 73

ocuparen, porque a éstos no se les ha de pagar nada, porque conforme


al uso del tiempo de los Ingas, no se les pagaba nada por ello, y porque
no habría de qué pagárselo, y porque se ocupan en ello poco tiempo,
y porque en las partes donde esta necesidad hubiere, se pueden reservar
para ello que no paguen tasa algunos indios, que sea cierto el número
de ellos, y no exceptado fulano y fulano, porque todos se han de ocupar
en ello por sus mitas.
Suele haber opiniones en este Reyno sobre si converná que haya en
los repartimientos de indios Corregidores españoles para que los tengan
en justicia y los amparen de quien les quisiere hacer daño o engañarlos,
y si los ha de haber, de qué se han de pagar.
El Licenciado Castro, del Consexo de Indias de Su Magestad, Presi­
dente del Audiencia de Lima y Gobernador de estos Reinos del Perú,
con santo celo, proveyó Corregidores a todos los pueblos de indios,
poniendo uno en dos o tres repartimientos, dándoles muy buena instruc­
ción y mandando que tuviesen de salario, de cada indio dos tomines, y
comenzó a remunerar con estos oficios a algunos que habían servido
en este Reino a Su Magestad, que no era pequeño alivio para cumplir
con algunos de los munchos pretensores que hay.
Cierto : si los Corregidores pudieran cumplir lo que se contenía en
la instrucción que les dió, no hay duda sino que era cosa muy acertada,
mas era dar ocasión que robasen a los indios so color de cobrar su salario,
porque lo habían ellos de cobrar a los caciques, y los caciques está claro
que por dos tomines llevarán a cada indio un peso, como lo hacen en
todo lo demás ; y aun el mesmo Corregidor, si se llegara a un indio, que
por ventura en toda su vida poseyó tomín ni tuvo plata, y como no le
pagase los dos tomines le tomase una manta o un carnero en prenda,
que valiese cuatro o seis pesos y quedárase él con ello, el indio no temía
a quién se quexar, ni podría, como están lejos en huaycos y quebradas,
fuera del camino real y muy apartados de las ciudades de españoles, y
además, pudieran cobrar de uno dos y tres veces, como todos andan
vestidos de una manera, y casi todos son de un tamaño y estatura y
fación, no se pueden de ninguna manera conocer no se habiendo mucho
tratado y conversado, lo cual era inposible hacerse en tan breve tiempo,
no estando juntos primero en pueblos, y si se quisieren quexar de ello,
tampoco había a quién, ni lo podrían probar.
Demás de esto, como ellos eran puestos para defender a los indios
de sus encomenderos, y de los caciques, y de los que los dotrinan, y de
otros para que no les hiciesen agravio, fueron ellos peores que ninguno,
y por que les dexasen tratar y contratar con los indios, y hacer las demás
cosas que por instrucciones les vedaban, se unieron con ellos para todos
se aprovechar de los probes indios.
Dar ellos la orden que tengo dicha no podrían, pues para ello se
requieren otras personas de más autoridad y confianza que los que se
74 G o b ie r n o d e l P e r ú

podrían nombrar para semexantes oficios de tanto trabaxo e de tan poco


provecho.
No niego que algunos hicieron falta, y más en los Llanos que no en
la Sierra, por estar ya más puestos en orden los de los Llanos, porque
ha más tiempo que sirven a Su Magestad, y a los españoles en su nombre,
que no los serranos.
Por estas razones y otras muchas, en esta Audiencia se acordó que
se suspendiesen las provisiones de Corregimientos en el destrito de ella,
hasta que se consultase con Su Magestad y Su Magestad proveyese otra cosa.
Lo que me parece que cerca de esto se podría proveer es que, antes
que se proveyesen Corregidores españoles, se hiciese la visita por los
Oidores, cada uno por su turno, o por las personas que diré en el Capítulo
siguiente, y se reduxesen los indios a pueblos, y, como se fuesen poblando
y visitando, se pusiesen los Corregidores en las partes más cómodas y
en que hubiere más necesidad de ellos, para defensa de los indios probes,
y de su hacienda, especialmente en los repartimientos que tienen mucho
ganado y otra hacienda de comunidad, como es Pocona, Carangas, Porco,
Charcas, y otros munchos, y en los pueblos que se hicieren en los tambos
y caminos, para que los amparasen de los que los quisiesen agraviar, y
para que tuviesen cuenta y razón con el ganado y con la hacienda de la
comunidad, y la gastasen en las cosas que arriba dixe en este mismo
Capítulo, y tuviesen de ello libro, y lo que se gastase había de ser con
asistencia del tucuirico y del cacique, y en su ausencia de la segunda
persona, para que ellos supiesen en qué se gastaba su hacienda, y si viesen
que se gastaba mal, se quexasen a las Audiencias, o al Corregidor de la
ciudad so cuya jurisdicción cayesen los tales repartimientos, cual más
quisiesen, para que se remediase y castigasen al tal Corregidor que
excediese en esto.
El salario de estos Corregidores, cuánto ha de ser, y de qué se ha de
pagar, y a los tucuiricos, y demás Corregidores de las ciudades, se dirá
en el Capítulo X X II.
Las leyes que me parece que se hagan para lo tocante a este Capítulo,
son :
i Que la renta y esquilmos del ganado que tuviere cada repartimiento
de comunidad, se gasten y destribuyan en suplir las necesidades de los
probes del tal repartimiento, y del hospital que en cada repartimiento
ha de haber ; y en comprar carneros de la tierra, que estén en cada lambo
para llevar las cargas, en cada pueblo de indios la cantidad que al Corre­
gidor o visitador pareciere ; y en comprar puercos o manteca para curar
la caracha a los carneros ; y en comprar herramientas, fragua y aparexos
con que puedan aprender los indios oficios mecánicos, para que el pueblo
esté en toda pulicía ; y en pagar lo que el indio por muerte, enfermedad,
o ausencia no pudiere pagar, él o sus herederos, aquel año que estaba
empadronado, en que cayere enfermo, o se ausentare, o muriere, porque
P a r t e p r im e r a — c a p . x x 75

en otros años este tal indio no ha de entrar en el padrón, hasta que sane,
o vuelva al repartimiento.
ii Item, porque esta renta de comunidad no se espenda por el cacique
o por los principales, y se dexe de hacer de ella aquello para que fué
ordenada, que por agora, en los pueblos adonde hubiere cuantidad de
propios, se nombre por el Gobernador (1) un Corregidor, el cual tenga
cargo de amparar a los indios, y conozca de pleitos civiles y creminales,
así contra españoles como contra indios, y caciques contra indios, sin
escrebir cosa alguna, más que la sentencia. Entre españoles, o español
e indio, pueda hacer un proceso sumario, sin más álegaciones que demanda
y respuesta, y testigos, y sentencia, lo cual escriba un español a quien
él lo cometiere, de los que vivieren en el pueblo, e no lo habiendo, lo
escriba él mismo, excepto en causas criminales de muerte, o mutilación
de miembro, que éstas las ha de remitir, con la información, al Corregidor
de la ciudad ; y de cualquier cosa de que él conociere, se pueda apelar
para ante el dicho Corregidor de la ciudad, o para el Audiencia, cual
más quisiere el apelante. Si fuere sobre cosa tomada, o llevada, o no
pagada a indios, hágales pagar primero, y con esto se la otorgue, y enton­
ces haga escribir el dicho de los testigos y ponga la sentencia, y con esto
envíe el proceso al Corregidor, o a la Audiencia.
ni Item, que el tal Corregidor o escribano tenga arancel de sus dere­
chos, y se lo dé la Audiencia, con tal que a indios pobres no les lleve
ningunos, ni aunque sea rico, si fuere el pleito sobre que el español no
le pagare el trabaxo, o sobre que se quexa dél por le haber dado azotes
o maltratado, que en estos casos no lleve el escribano derechos ningunos,
ni tampoco el juez, so pena de volverlos con el cuatro tanto.
iv Item, que el tal Corregidor, estando en el tambo el español a quien
él lo dexare cometido por su ausencia, tenga cuidado de hacer pagar
a los indios de carga, o al que llevare los carneros de carga, su jornal
antes que salga del tambo: y faltando español, lo haga el tucuirico,
o el cacique, y no les pagando primero, no les den indios ni carneros.
v Item, que el tal Corregidor tenga especial cuidado del ganado y pro­
pios de la comunidad de los indios, y cuando entrare en el oficio, se haga
cargo de todo lo que hubiere y lo asiente en el libro que ha de haber de
ello, y lo firmen él y el otro Corregidor a quien él tomó residencia, y el
escribano, si le hubiere ; y en otro libro vaya, como fuere gastando, asen­
tando en qué y cómo, y tenga especial cuidado de lo hacer gastar y
emplear en las cosas arriba dichas, lo cual gaste y destribuya con asis­
tencia del cacique y del tucuirico, los cuales también lo asienten en sus
quipos y se cotexen con el libro al tiempo de dar la cuenta, y se quexen
del Corregidor si lo fuere gastando en otras cosas malgastado, para que
la Audiencia o el Corregidor de la ciudad ponga en ello remedio.

(1) Le Licenciado Lope García de Castro, qui exerçait alors la plus haute charge dans
la vice-royauté.
76 G o b ie r n o d e l P e r ú

CAPÍTULO X X I

P o r q u ié n se h a d e h a c e r l a v i s it a d e lo s in d io s ; y a cu ya costa,
Y DEL SALARIO DEL VISITADOR

La visita, por esta primera vez, conviene que la hagan los Oidores,
cada uno por su turno un año, comenzando del más antiguo, y ansí
lo tiene Su Magestad ordenado y mandado para dexar dada orden en
todo ; aunque no falten inconvenientes, como son que yendo Oidor ha
de llevar muncha gente, y no pueden dexar de recebir daño los indios,
especialmente en algún año falto de comida, porque les hará poco al
caso a los indios darles dinero por ella, si les ha de faltar a ellos al mexor
tiempo, pues traer la comida de otras partes es inpusible, porque harían
más costa de ello que el salario ; también porque alguno puede haber que
sepa menos que otros por haber poco tiempo que esté en la tierra.
Mas, pesado esto con los provechos que se siguirían de que visiten
Oidores, no se podrá negar ser mexor que ellos visiten, por munchas
razones : lo primero, porque el negocio requiere muncha autoridad para
que los caciques no encubran indios, y para que los que los dotrinan los
descubran ; lo segundo, porque es bien que los Oidores entiendan la
tierra y conozcan las faltas que hay en ella, y la pusibilidad de los indios,
y las tierras sobre que puede haber litigio las vean por vista de ojos, para
que venidos a la Audiencia, viendo pleitos sobre alguna cosa que él
hubiere visitado o hubiere visto, pueda dar mexor voto e informar sobre
ello a sus compañeros ; lo tercero, porque de ellos hace Su Magestad más
confianza que de otros, pues les confía el gobierno de la tierra y la justicia,
y lo cuarto, porque naide podrá tener sospecha de ellos, tanta como
temían de algún « soldado » que visitase, que le tienen por sospechoso
los vecinos, y al vecino que visitase, los indios.
Por estas y otras razones, es cosa más acertada visiten Oidores toda
la tierra, aunque no niego que hay personas en este Reino — hasta cinco
o seis — , que podrían hacer la visita tan bien como nosotros, personas
de grande confianza. Si Su Magestad fuere servido se diese priesa a este
negocio, pues tanto va en él, podría mandar que éstos visitasen también,
para que se acabase con brevedad.
El salario que se debería de dar a los Oidores es otro tanto como
tienen : al que tiene de salario tres mil, a tres mil cada uno ; y al que tiene
cuatro mil, otros cuatro m il; a otro que no fuese Oidor bastarían tres
mil pesos en la Sierra, y dos mil en los Llanos, porque no tiene obliga­
ción de traer tanta gente como el Oidor, ni mantener a todos los que
lleva consigo.
Ha de llevar cada visitador un escribano con tres pesos de salario
cada día, y cuatro indios o seis, que sepan bien hablar español, para
P a r t e p r im e r a cap. XXI 77

intérpetres los dos de ellos, y los demás para que den avisos y dexarlos
por tucuiricos en los pueblos que visitaren.
Háse de mandar que los clérigos de la dotrina descubran a este Oidor
y le muestren el libro de bautismos e la nómina que tiene de los indios.
Háse de pagar el salario a los visitadores, escribano, alguacil, e intér­
petres, y los derechos de la escritura y del testimonio, de las penas que
se echaren en la visita, y no habiendo penas, o lo que faltare, de penas
de Cámara y de la Hacienda real la mitad, y la otra mitad han de pagar
el encomendero y los indios por mitad, pues a todos viene provecho de
la visita.
Leyes para lo de este Capítulo :
i Que los Oidores por su tanda, cada uno de ellos un año, visiten los
pueblos de indios que cayeren en su destrito, y si les pareciere, por que
se acabe la visita más presto, la cometan a otras personas que sean
expertas.
ii Item, que el Oidor que visitare lleve de salario otro tanto como
tiene de salario de Oidor, por manera que el que tiene de salario tres
mil pesos, lleve otros tres mil, y el que tuviere cuatro mil lleve otros
cuatro m il; y las otras personas a quien lo cometieren lleven, en la Sierra,
a tres mil pesos cada uno, y en los Llanos a dos m il; y el escribano lleve
tres pesos de salario cada día, y más la escritura, y el alguacil cinco pesos.
iii Item, que el dicho salario se pague de las penas que se echaren en
la tal visita a los que se hallaren culpados ; y no habiendo penas bastantes
para lo acabar de pagar todo, se pague la mitad de lo que faltare de
penas de Cámara y de la Hacienda Real, y la otra mitad la paguen el
encomendero y los indios.
iv Item, que el visitador lleve consigo seis indios ladinos : los dos sirvan
de intérpetres, y den a cada uno cien pesos y de comer por todo un año,
y los otros cuatro para dar avisos y quedar en los pueblos que se visitaren,
por tucuiricos.
v Item, que para que mexor se haga la visita y no se encubran indios,
que se invíen cédulas y Provisiones Reales a los Obispos y Perlados,
para que manden a los clérigos y relixiosos que residen en las dotrinas,
que muestren al visitador los libros de bautismos y los demás que tienen,
adonde están asentados por memoria todos los indios del repartimiento,
para que no se encubra nenguno, y para que den todo el favor y ayuda
que pudieren para ello.
vi Item, que el visitador pueda conocer y determinar cualesquier
pleitos que hobiere entre españoles sobre chácaras o otras cosas tocantes
al repartimiento que visitare, y entre españoles e indios, y de lo que
mandare executar, otorgue la apelación.
78 G o b ie r n o d e l P e r ú

CAPITULO X X II

D e l s a l a r io d e lo s C o r r e g i d o r e s y o t r o s j u e c e s ;
y d e q u é s e h a d e p a g a r a e l l o s y a l a s A u d ie n c ia s ,
SIN QUE SE TOQUE A LOS QUINTOS,
Y SIN PERJUICIO DE LOS INDIOS NI DE LOS ENCOMENDEROS

Los Corregidores de indios — digo los que han de residir en los pueblos
de indios —, por que se les dé competente salario para se poder dél
sustentar y ahorrar algo y para que más limpiamente hagan sus oficios
y guarden las instrucciones que les dieren, han de tener cuatro pueblos
de a quinientos indios cada pueblo, y en cada pueblo han de residir tres
meses, más o menos, como les pareciere que conviene.
Héseles de dar de salario a cada uno mil pesos cada año : los quinientos
se les han de pagar de la tasa que cabe a Su Magestad, y los otros quinien­
tos del ganado y propios de los indios, pues han de tener cuenta con
ellos, y la han de dar al que le tomare residencia.
No ha de residir menos de dos años el tal Corregidor, no haciendo
por qué le quiten antes ; y en los pueblos donde no hubiere propios más
de los que de nuevo han de tener (conforme a la traza dada arriba en
los Capítulos X V y X V I), han de darle de lo que el Rey lleva, a razón
de tres tomines por cada indio de tasa, y hánle de acrecentar un pueblo
más.
Al tucuirico le han de dar cien pesos de la parte que cabe de tasa a
Su Magestad, y la comida se le ha de dar del común de indios, y ha de
estar en cada pueblo un tucuirico.
De esta parte que cabe a Su Magestad se ha de pagar todas las demás
Justicias, ansí Gobernador (1), Presidentes, Oidores, como Corregidores,
que bien habrá para todos, porque de quinientos mil indios que hay de
tasa, y más, en este Reino del Pirú, le cabe quinientos mil pesos conforme
a la cuenta que hicimos arriba (2). La mitad será para Corregidores de
indios y tucuiricos, y la otra mitad para Gobernador, Presidentes, Oidores,
y Corregidores de ciudades de españoles. Ahorrará Su Magestad los quin­
tos, los cuales son para la defensa de la cristiandad, y para lo que diré
en el Capítulo que de ellos hablaré (3).
Pudiera latamente tratar este punto — si se han de pagar los salarios
de Corregidores de la Hacienda Real, o de tributos vacos — , mas no

(1) Pour des raisons tenant au m om ent où Matienzo rédigeait son Gobierno del Perú,
chaque fois qu’il parle de la plus haute autorité du Virreinato il la désigne du nom de
« Gobernador », titre que portait alors le Licenciado García de Castro.
(2) Cf. supra, Chapitre X V I , p. 61.
(3) Cf. Parte Segunda, Chapitre X I .
P a r t e p r im e r a — cap. x x ii 79

quiero detenerme en ello, pues lo he largamente esaminado en el libro


que hice, intitulado Estilo de Chancillería.
Las leyes que para lo contenido en este Capítulo se pueden hacer,
a mi parecer son :
i Que el Corregidor español que hubiere de residir en los pueblos de
indios, tenga debaxo de su destrito por lo menos cuatro pueblos, que
son dos mil indios, y si estuviere en comarca, tenga cinco o seis pueblos.
ii Item, que se le dé de salario en cada un año al dicho Corregidor que
ansí estuviere en los pueblos de indios, mil pesos, pagados la mitad de
lo que cabe a Su Magestad de la tasa, y la otra mitad del esquilmo del
ganado del común de los indios ; y no teniendo ganado, se le acrecienten
más pueblos, para que sea pagado enteramente de los dichos mil pesos.
iii Item, que se dé al tucuirico, de la parte que cabe a Su Magestad,
cien pesos cada año, y la comida se le dé de la comunidad, lo que se
tasare por el visitador.
iv Item, que al Gobernador, Presidentes y Oidores de las Audiencias,
se paguen sus salarios de la parte que a Su Magestad cabe de la tasa,
y no habiendo en ella para lo pagar, se pague de las demás Haciendas
Reales.

CAPITULO X X III

De las borrach eras y m alas costum bres de los in d io s ;


DE LOS CABELLOS Y chuCOS P A R A LAS CABEZAS ;
DE LO S A D Ú L T E R O S Y AM ANCEBADOS,
t D E L R E M E D IO QUE EN ELLO SE H A DE TENER

Tienen comúnmente los indios algunas malas costumbres en que


hasta agora no se ha puesto ningún remedio, y pues todos comemos de
su sudor los que en este Reino habitamos, obligación tenemos a los dotri-
nar, enseñar, y procurar sean buenos ; y ya que no sea con palabras,
porque los más no lo sabrán hacer, a lo menos habernos de procurar
darles exemplo con obras virtuosas. Mas, los que beben demasiado,
¿ cómo podrán reprehender a los indios que se emborrachan ? Los que
toman las mugeres axenas, hixas de los mesmos indios y están pública­
mente amancebados con ellas, ¿ cómo enseñarán a que no hagan otro
tanto los probes indios ? Si los cristianos hurtan y perjuran a cada paso,
¿ qué han de hacer los indios ?
La falta mayor que tienen estos bárbaros es que beben mucho y
muy a menudo una bebida que ellos hacen de maíz, que llaman a z u a
o c h i c h a , lo cual hacen muy ordinariamente en las fiestas muchos juntos,
80 G o b ie r n o d e l P e r ú

haciendo sus taquies y bailes, y de esto no usan tanto los indios pobres,
como los caciques y principales, y lo que peor es, los yanaconas que
están con los españoles, que a éstos no se les había de permitir esto
en ninguna manera, antes ponerles grandes penas si lo hicieren y execu-
tallas, porque pues ya han comenzado a ser cristianos y andan entre
ellos, no es razón que venga la mala costumbre de unos en otros, de manera
que estraguen a los demás.
El remedio que para esto se podría dar diré al fin de este Capítulo,
en las leyes que refiero que se deben hacer sobre ello, porque unas han
de ser para Potosí y Porco, otras para las ciudades de españoles, y otras
para los pueblos de indios, como allí diré.
Los daños e inconvinientes que se siguen de las borracheras son tan
notorios, que no hay para qué gastar muncho tiempo en decillos, pues
se vé claro que de estar borrachos vienen a cometer adulterios, e incestos
con sus hermanas, hixas y parientas, y aun en algunas partes el pecado
nefando, y se matan unos a otros. Fácilmente engáñanles el demonio
y hablan con él y hacen con él sus borracheras, para saber de algo que
está por venir, como los sucesos de la guerra, o de otra cosa. También
es muy dañoso a su salud. Finalmente, impídeles su conversión, que
es lo principal que habernos de entender en esta tierra.
Tienen, demás de esto, otra mala costumbre, que es estar amance­
bados, y aun tener dos y tres mugeres, y tomar las mugeres axenas. Este
es el mayor pecado que ellos tienen, y el más ordinario. El remedio de
esto es que los que vivieren entre ellos no lo estén, especialmente los
padres que los dotrinaren, que de lo contrario podrán tomar avilantez
para lo estar, y el padre no terná lengua para los reprehender de ello,
estando él de la mesma manera, y si los reprehendiere, ellos se reirán
dél y no le creerán, como ha acaecido no sólo una vez en este Reino.
De esto han de tener gran cuidado los Perlados, más que de otra cosa,
porque de que ellos traten y contraten y sean codiciosos, aunque es
harto mal, pero no dañará tanto a los indios como el estar amancebados,
porque en lo de la codicia no pecan los indios, y en este otro pecado s í ;
y para apartalles dél será necesario oír la dotrina que los que les enseñan
le dan primero por obra como de palabra, como enseñaba Jesuchristo
preceptor nuestro, y atento a esto, parece que una de las causas por que
los sacerdotes han de ser privados de sus beneficios, es por estar aman­
cebados.
Suelen también traer cabellos largos. Esto algunos lo tienen por malo ;
mas yo no hallo inconveniente que los traigan, si no es por la limpieza ;
mas hacerles mudar su costumbre les sería a par de muerte. Demás
de eso, el mayor castigo que se les puede hacer y afrenta, es cortalles
los cabellos. Por eso, parece que no conviene quitárselos, para que teman
de hacer mal, por que no se los quiten. Solamente se les podría vedar
de hacer trenzas de los cabellos, porque es costumbre dormir con la que
les hace las trenzas, para quitar tan ruin costumbre.
P a r t e p r im e r a — ca p. x x iii 81

Suelen también en Chucuito y en el Collao, traer encima de las


cabezas unos chucos, que son a manera de los mates o vasos en que ellos
beben, ahusados un poco por arriba y un aguxero encima de ellos, los
cuales son todos de un tamaño, y en naciendo el mochacho, le ahusan
la cabeza para arriba, para que la cabeza venga al huso. Haciendo esto
se mueren muchos, porque les cinchan las cabezas recio con faxas, y a
algunos se les saltan los oxos de ello, y otros mueren. Convernía, a mi
parecer, mandar que no se hiciese tal cosa, so graves penas, e que no
truxesen estos chucos, antes se los quemasen todos, y se les diese otra
manera de caperuzas o sombreros que traxesen.
Las leyes que para remedio de esto se podrían, a mi parecer, hacer
son :
i Que el Corregidor de Potosí no consienta que en aquel asiento, ni
en Porco, los indios hagan borracheras públicamente y con atambor,
y para ello nombre personas que tengan cuidado de hacer visitar las
rancherías y prender a los que hallaren haciendo borracheras pública­
mente, y dé a los principales cien azotes, y écheles la pena que le pare­
ciere, con que no exceda de un tomín a cada uno, ni estén en la cárcel
más de aquel día que les prendieren, porque no se aparten de trabaxar.
ii Item, que las Audiencias y Corregidores de ciudades tengan gran
cuenta que los yanaconas, ni los indios de servicio de españoles, no vayan
las fiestas, ni otros días, a hacer borracheras, ni a juntarse a beber chicha
públicamente con otros, so pena de cien azotes a cada uno, los cuales
se les den otro día, porque estando borrachos no los sienten, y para ello
haya un executor que no entienda en otra cosa.
m Item, que a los indios tindarunas, que son los que se alquilan en
la plaza, no les consientan hacer borracheras, ni juntarse a beber públi­
camente, ni con atambor, mas en las fiestas puedan juntarse de día a
beber a su uso después de Vísperas en Potosí y en todas partes, y cese
el beber tañida la oración, so pena de cien azotes, porque éstos no beben
tanto como los yanaconas, y poco a poco se les ha de ir quitando, y no
de golpe.
iv Item, que los indios que residen en repartimientos no puedan jun­
tarse a beber públicamente chicha, si no fuere con licencia del Corregidor,
o del padre que les dotrina, y no de otra manera, la cual licencia se les
dé por alguna fiesta o recebimiento, con que se comience después de
Vísperas y se acabe a la oración, lo cual cumplan so pena de cien azotes,
y que el cacique e principales paguen cada uno dos tomines para el
común de los indios.
v Item, que al indio cristiano que estuviere públicamente amancebado,
le persuadan a que se case y dexe la manceba, y no lo queriendo hacer,
sea azotado públicamente y cortados los cabellos ; y la india lo mesmo,
y desterrada del repartimiento por un año ; y la mesma pena se dé al
que adulterare o tuviere dos o tres muxeres o mancebas.
82 G o b ie r n o d e l P e r ú

vi Item, el que se casare dos veces por mano de clérigo, le hierren


con un hierro en la frente, a manera de Q, y le den ducientos azotes.
v ii Item, que se persuada por bien a los indios que se corten algo el
cabello ; esto a los que sirvieren a españoles, porque no anden sucios,
mas que no les compelan a ello.
vm Item, que se quiten los chucos, y ningún indio los traiga, so pena
de cien azotes, antes trayan caperuzas o sombreros conforme a su cabeza,
ix Item, que no ahusen ni alarguen las cabezas a los mochachos, so
pena de ducientos azotes, y trasquilada la persona que lo hiciere, y
que el mochacho se lo quiten luego y le pongan con un español, fuera
del pueblo, y las Justicias tengan gran cuidado de castigallo.

CAPÍTULO X X IV

Si c o n v ie n e q u e e s p a ñ o l e s v i v a n e n t r e in d i o s ,
O MULATOS, MESTIZOS Y NEGROS HORROS ; Y SI CONVIENE
QUE HAYA CONTRATACIONES ÉNTRE ESPAÑOLES E INDIOS EN LAS CIUDADES,
ASIENTOS DE MINAS, O EN SUS PUEBLOS,
Y LO QUE SE HA DE HACER DE MULATOS Y MESTIZOS
Y NEGROS HORROS PARA LA CONSERVACIÓN DEL REINO

Algunos en esta tierra, especialmente clérigos, tienen por inconve­


niente que españoles residan entre indios, porque ponen por delante
los malos tratamientos que les hacen y agravios que de ellos reciben.
Cierto, su intención es buena, aunque algunos malsines falsamente dicen
que lo hacen por estar solos en los repartimientos y ser señores de los
indios y por no tener testigos de las contrataciones que con ellos tienen
algunos de ellos, ni de su vida, mas esto no es de creer de personas de
su profesión, sino que, como lo que yo vi por la mayor parte, están mal
con ellos y se lo levantan. Diré lo que siento cerca de esto.
En tanto la tierra — como agora lo está — esté sin orden, me parece
que no estén entre los indios negros horros, mulatos, ni mestizos, ni
españoles, si no fuere en las cabeceras de Chucuito, porque allí hay Corre­
gidor a quien se pueden quexar, y los indios de aquella provincia saben
más, y es de creer que los relixiosos también volverán por ellos. Mas,
haciéndose la visita de los pueblos como tengo dicho, y habiendo Corre­
gidores españoles en ellos, más bien me parece que habiten entre los
indios españoles casados y de buena fama y les den tierras para labrar,
de las del sol y del Inga, y faltando éstas, otras que para españoles fueren
P a r t e p r im e r a cap. XXIV 83

señaladas de las que no hicieren daño a los indios, de cuyos frutos han
de pagar diezmo a la iglesia, y de las del sol y del Inga, otro diezmo
al Rey, el cual se pagará a Su Magestad, entiéndese quitas costas.
Verná de esto provecho a los indios, y daño nenguno. Provecho,
porque viviendo españoles entre ellos aprenderán a ser cristianos y a
vivir políticamente ; habrán más que vuelvan por ellos ; serán testigos
de los que les quisieren agraviar, y por ellos se absternán de les hacer
agravios los que hasta aquí, por no haber quien lo viese, se los han hecho.
Habrán los indios vergüenza y temor de hacer idolatrías. Daño no
recebirán ninguno, pues unos a otros se acusarán y ha de haber Corregidor
que los castigue si maltrataren o agraviaren algún indio.
Mulatos, negros horros ni mestizos, por agora no conviene que estén
ni habiten entre los indios, ni contraten con ellos, si no fuese con licencia
de la Audiencia que la diese a algún mestizo casado, hombre de bien y
conocido, y no de otra manera.
Contrataciones y rescates entre españoles e indios en las ciudades
bien las puede haber : que los indios les compren coca y ellos les den
dineros por ella, o carneros de la tierra a trueque de la dicha coca, porque
habiendo Justicia real en las ciudades, no les han de dexar engañar
ni hacer fraudes.
Solemos dar provisiones para que naide fíe a los indios ninguna cosa,
sino que lo pierdan, porque cesen los fraudes y engaños que los merca­
deres les hacen, mas a mí no me parece bien esta prohibición tan general,
porque sería quitar la contratación y comercio a los indios, y les vernía
a ellos muncho daño, y mayores a la república, porque toda la plata
(como abaxo diré), viene a parar a poder de los indios, y si esta contra­
tación no se les permitiese, no habría con qué les sacar la plata de que
ellos entre sí no se aprovechan ni han menester, mas de para meter en
las huacas y enterramientos (1).
Paréceme que los que les fían cosas de Castilla de que ellos no han
mucho menester, se entiende que es por vía de mohatras, o en otra manera
que se pretende y quieren engañar a estos tales. Es bien vedar no hagan
semexantes contrataciones sin conocimiento de causa, y licencia de la
Justicia, mas las cosas de la tierra, como ropa, maiz, coca y aun vino
de Castilla, justo es que lo puedan fiar los españoles a los indios, porque
de otra manera era quitarles el comercio y que no pudiesen los indios
comprar lo que hubiesen menester no teniendo luego dineros, y no es
justo que a ellos se les haga semexante molestia, y porque no executando
las obligaciones que debiesen nadie les fiaría, lo que se puede mandar
en su favor es que, en reclamando el indio, se vea si se le vendió la merca­
duría en más de lo que comunmente se suele vender, y en lo que fuere
engañado, se lo hagan restituir.

(1) Cette même théorie économique est abordée ci-dessous dans les Chapitres
X X V III et XL.
84 G o b ie r n o d e l P e r ú

En los asientos de minas conviene que haya contrataciones entre


españoles e indios, y que los indios vendan también carbón y leña y
todas las demás mercadurías, aunque sean de Castilla, a los españoles,
por las razones que daré en el Capítulo tocante a las minas (1 ); y que
los que venden el metal fiado, como ordinariamente lo hacen con las
demás mercaderías, guarden lo que dixe que se debe hacer en las ciudades.
En los pueblos, no habiendo juez español, podrían ser dañosas las
contrataciones, por la fuerza o engaño que podrían hacer a los indios,
mas habiendo Corregidores se puede proveer lo mismo que dixe que se
debe hacer en las ciudades. Sola una cosa se debería proveer : que ningún
español hiciese conciertos con los caciques sobre el hacer tantas piezas
de ropa o otra cosa, sino con los mesmos indios, presente el Corregidor
español y el tucuirico, y no de otra manera ; y lo mismo el alquilarse
para la coca, porque suele coxerlo todo el cacique y no dar parte a los
indios, o si les da alguna, húrtales más de la mitad. En esto se ha de
mirar mucho, porque lo que más ocasión da al robo entre los indios
es que el contrato se haga con los caciques que alquilan indios para coca,
0 para traxinerías, o para obraxes de paños, o para hacer algunos edificios,
iglesias o casas de encomenderos, o de otros, o para hacer alguna ropa
de Castilla o reposteros o otra cosa semexante, por lo que está dicho. El
remedio es el que arriba está dicho.
Los negros horros y mulatos, y algunos mestizos, hixos de indias
con españoles, son inquietos, malos e incorregibles, y son tantos y vánse
aumentando cada día a más, de suerte que podrá ser venga tiempo que
anden en cuadrillas haciendo asaltos y robos, o se junten con los indios
y les hagan levantar, lo cual sería su total destruición, y es menester
con tiempo ataxar este daño, el cual se ataxa haciendo lo que luego diré.
Las leyes que para lo contenido en este Capítulo se deben hacer, a
mi parecer son :
1 Que en los pueblos de indios no puedan vivir mulatos, negros horros,
ni mestizos, si no son los que sirvieren al clérigo u otros españoles, y
que de estos se tenga gran cuenta que no entren de noche en casa de
indios, so pena que la primera vez les den cien azotes, y dos pesos que
pague su amo para la comunidad de los indios, y por la segunda vez,
la mesma pena y destierro perpetuo del repartimiento.
ii Item, que cada Audiencia pueda dar licencia a los mestizos casados
y de buena fama que puedan vivir entre los indios,
ni Item, que puedan estar entre indios españoles casados cuales nom­
brare el Audiencia o Corregidor de la ciudad, a los cuales se les den
chácaras para en que siembren, conforme a lo arriba dicho,
iv Item, en los pueblos de indios que hubiere Corregidor español,
puedan vivir españoles casados y les den chácaras, de las que se señalaren

(1) Cf. infra, Chapitre X L II.


P a r t e p r im e r a — ca p. x x iv 85

para españoles, y paguen el diezmo de lo que coxieren a la Iglesia, y


de lo restante, sacadas costas, otro diezmo ; esto se entiende de las tierras
del sol o del Inga, porque no siendo del sol o del Inga, ha de ser este
segundo diezmo para el común de los indios.
v Item, que el visitador o Corregidor español señale indios, de los que
se han de alquilar en los mesmos pueblos, para labor de las heredades
de españoles, y el salario que se les ha de dar, con que no sea menos de
un tomín en la Sierra, o haciéndose moneda, real y medio cada día, de
sol a sol, los cuales reparta el primer día de cada semana el Corregidor,
o su lugarteniente.
vi Item, que en las ciudades y asientos de minas, y en los pueblos de
indios adonde hubiere Corregidor, puedan españoles tratar con los indios,
y que les puedan fiar las cosas de la tierra que les vendieren, como
coca, maiz, ropa de la tierra, ganados, y otras cosas de mantenimiento
de Castilla, con que el Juez ante quien se pidiere pueda tasarlas y mode­
rarlas al precio que comúnmente se solían vender al tiempo que fueron
vendidas en la parte y lugar donde se vendieron, por que los indios no
sean engañados, y esto sea sin dar lugar a pleitos, y sin que se escriba
cosa alguna.
vii Item, que no les puedan vender al fiado ropa de Castilla que no
sea conocidamente para su aprovechamiento, porque fácilmente les
podrán engañar en les hacer tomar mohatras, y les vernía gran daño
de ello, porque para la pagar habrán de robar a los indios, o, siendo
halunrunas, se huirían de sus repartimientos por no tener con qué pagar,
de que vendría gran daño al Reino.
vm Item, que los españoles que quisieren alquilar indios para el bene­
ficio de la coca, o para traxinerías, o para obraxes de paños, o para hacer
algunos edificios de iglesia o casa particular, o para hacer alguna ropa
de Castilla, o reposteros o otra cosa semexante, no se haga el concierto
con los caciques, sino con los mesmos indios, o los que el Corregidor les
señalare, juntamente con el tucuirico, o por el uno de ellos en ausencia
del otro, haciéndose ante ellos el tal concierto, so pena de perdida la
ropa y que pague otro tanto como concertó con el cacique, a los mesmos
indios ; y el cacique, por la primera vez, sea suspendido del cacicazgo
por dos años, y por la segunda, sea privado dél perpetuamente.
ix Item, que en cada ciudad, villa o lugar del Reino del Perú, se tenga
gran cuenta por la Justicia de poner por memoria todos los mestizos,
mulatos, y negros horros que en ella hubiere, la edad que tienen, y los
que son casados y tienen alguna hacienda o manera de vivir ; y a los
que no la tuvieren, les pongan con amos o a aprender oficios mecánicos,
porque no anden perdidos ni ociosos, y se los den con condición que
han de pagar el daño que hicieren a los indios, dexándolos andar de
noche e ir a las rancherías de los indios.
n
86 G o b ie r n o d e l P e r ú

x Item, porque hay algunos mestizos bien inclinados e hixos de vecinos


y conquistadores ricos y nobles, que no se entienda con ellos lo contenido
en la ley antes de esta ni en las que se siguen, teniendo licencia del Presi­
dente de la Audiencia por escrito, refrendada del Secretario.
xi Item, que los dichos mulatos, negros horros, y mestizos no puedan
traer, ni traigan, ni puedan tener en casa armas ni arcabuces, cota, espada,
daga, puñal, ni otro ningún xénero de armas, so pena que sean para el
alguacil o juez que se las tomare, y al que tomaren con ellas lleven a la
cárcel, y allí sea castigado conforme a la cualidad de su persona.
xn Item, que al mestizo, mulato, o negro horro que se ausentare del
amo con quien fuere puesto, y no le sirviere el tiempo que fuere concer­
tado, y se saliere dél sin licencia de la Justicia, le den ducientos azotes
y le vuelvan al amo cúyo era, y por la segunda vez sea desterrado perpe­
tuamente del Reino, y sea llevado de la manera que se dirá abaxo, en el
Capítulo de las Lanzas y Arcabuces (1).
x m Item, por cualquier delito de hurto que cometieren, o si se acu­
chillaren, séanles dados cien azotes, y desterrados perpetuamente del
Reino, si no fueren casados ; y cuando se tenga esperanza de ellos que
se enmendarán, en este caso dárseles ha otra pena arbitraria, y por la
segunda vez, la que está dicha.
xiv Item, que el mestizo, mulato, o negro horro que anduviere ocioso,
o fuere fuxitivo, o se pasare de un pueblo a otro sin licencia de la Justicia,
firmada del Juez y signada del escribano de Cabildo, le sean dados cien
azotes y desterrado perpetuamente del Reino.
xv Item, que para que todos sean conocidos, se vengan a registrar
cada año ante el alcalde ordinario, o ante el Corregidor, o escribano del
Cabildo, y los alguaciles tengan buena memoria de los que hay, y con
quién viven, por que mexor se pueda executar lo ordenado, y que el
escribano ni juez, por el registro, no lleve derechos algunos.
xvi Item, que al mestizo, o mulato, o negro horro que le hallaren de
noche, tañida la queda, en las rancherías de indios, le lleven a la cárcel,
y a la mañana le den cincuenta azotes en el rollo, sin otro proceso, y
pague un peso al alguacil; y por la segunda vez pague otro peso, y más
le den cincuenta azotes en el rollo, y su amo pague el daño que hiciere
a los indios, pues le tomó con esta condición, y le dexó salir de noche.

(1) Cf. infra, Chapitre X X X I .


P a r t e p r im e r a cap. xxv 87

CAPÍTULO X X V

Si c o n v ie n e q u e lo s in d io s s e v a y a n d e s u s r e p a r t im i e n t o s a v i v i r
A DO QUISIEREN ; Y QUE SE MUDEN O LOS LLEVEN
de lo s L l a n o s a l a Si e r r a , o d e l a S i e r r a a l o s L l a n o s ,
y q u e l o s m i t i m a e s q u e p u s o e l I n g a se v u e l v a n
a su n atu raleza

Suelen tratar y dudar si los indios de los repartimientos conviene


se puedan salir de ellos e ir a do quisieren, y parece que habían de estar
en su libertad y estado que quisieren, pues son libres, y lo mismo está
estatuido por leyes de España — que los vasallos se puedan libremente
pasar a vivir a do quisieren, y naide les pueda a ello poner impedimento.
Parece también que si esto se les permite, serán mexor tratados y recebidos
de los encomenderos y sus caciques, por que no se les vayan ; mas, si
bien se considera, no se podría conservar la tierra si esto se permitiese,
y no se podría conseguir el intento que Su Magestad tiene, que aprendan
toda pulicía y cristiandad, por los munchos inconvinientes que de ello
se siguirían.
Lo primero, que según son mudables, irseian con cualquiera que les
sonsacare por cualquier liviana promesa que les hiciesen. Lo segundo,
irseian de su naturaleza a otra parte, adonde fuesen peor tratados. Lo
tercero, que según les es agradable la ociosidad y penoso el bien vivir
y el aprender la dotrina cristiana, alexarseian de donde les apremiasen a
ello, y estarían de mexor gana adonde no les dotrinasen ni compeliesen
a hacer otra cosa de la que les agrada, y ansí el que los sonsacase procu­
raría de les dar toda libertad para usar de sus idolatrías y vicios, y naide
terná indios sino el que les permitiese hacer borracheras y idolatrías :
sería total destruición de la tierra y grandísimo estorbo para su conver­
sión.
Decir que son libres y que ansí se hace en España, no se puede negar,
mas no tengo yo por servidumbre compeler a los que tan poco entendi­
miento tienen como estos, que creó Naturaleza para obedecer y servir,
y no para regir a sí ni a otros, por el poco entendimiento que les dió
(como dixe en el Capítulo IV), que hagan aquello que les está bien,
aunque ellos quieran otra cosa, como hace el curador o tutor a su menor
(como dixe en el Capítulo VIII), y ansí no hay que argüir de los españoles
e de los indios, por los exceder tanto en el entendimiento, y no poder
tan fácilmente ser engañados como los indios.
Mudar indios y llevarlos de la Sierra para los Llanos, que son calientes,
es grandísimo daño para su salud, y ansí he visto en esta tierra que,
de catorce indios que iban de esta provincia a pleitos a la Audiencia de
los Reyes, morir los doce, y aun muchas veces todos, y por esta causa
88 G o b ie r n o d e l P e r ú

Su Magestad proveyó que se fundase aquí, en esta ciudad de La Plata,


esta Audiencia, para que los indios de la Sierra viniesen a ella a sus
pleitos, y agora nuevamente mandó que la provincia del Cuzco entrase
en el destrito de ella, por la mesma razón (1).
Los de los Llanos, venir a la Sierra no les hace tanto daño.
Los mitimaes son indios que los Ingas hacían pasar de una parte a
otra, algunos por buen fin, otros por malo. Por buen fin : cuando en una
tierra no se daba maiz, pasaban indios de allí a otra parte donde se diese
comida, para que de allí se proveyese a los que no la tenían. Otras veces
10 hacían maliciosamente, por les dar pena : a los que en algo le deservían,
los mudaba de una tierra a otra, aunque fuese muy lexos de su natural.
Estos ha ya mucho tiempo que residen, ellos y sus hixos, donde el Inga
los pasó, y están ya repartidos, como los de Cochabamba, que son todos
mitimaes, y otros de esta manera.
Sería gran confusión mandarlos pasar a su natural, y gran daño de
los encomenderos, y sería despoblar munchas tierras que están pobladas ;
y ni ellos se agravian de esto, ni hay para qué hacer mudanza, mayormente
hallándose ya mexor en la tierra donde el Inga los puso, que en la suya
propia.
Las leyes que para lo contenido en este Capítulo se podrían hacer,
a mi parecer son :
i Que ningún indio se pueda salir de su repartimiento sin licencia del
Audiencia, so pena de duzientos azotes por las calles de sus pueblos,
y que los tresquilen, y se den provisiones parasacallos dondequiera que
estuvieren, habiéndose salido de su repartimiento desde Setiembre del
año de 1561 que se fundó esta Audiencia, y no a los de antes, como está
dicho arriba, en el Capítulo VIII.
11 Item, que ningún cacique, indio, ni español, acoxa indio ni india
que se saliere del repartimiento sin la dicha licencia, so pena de cincuenta
pesos, mitad para el común del repartimiento de donde era el indio así
sacado, y la mitad para el denunciador e juez, y que la india, si fuere
casada con algún yanacona o indio de otro repartimiento, que vaya el tal
indio al repartimiento donde fué sonsacada la india.
ni Item, que el que sonsacare indio de algún repartimiento demás
de la pena, pague toda la tasa que el tal indio era obligado a pagar.
iv Item, que las Justicias del Pirú no consientan, en ninguna manera,
que los indios de la Sierra se alquilen, ni vayan a los Llanos, ni a tierra

(1) En effet : depuis la Provision du 29 août 1563 marquant les limites de l’Audience
de Los Charcas, jusqu’à la Cédule du 30 novembre 1568 par laquelle elle fu t réincorporée
à l’Audience de Lim a, la province de Cuzco entra dans les limites de la première. Cf. les
dispositions royales à cet égard dans Archivo General de Indias, Audiencia de Charcas,
418, Libro 1, fol. 202 ; et Audiencia de Lim a, 578, Libro 2, fol. 276 v °. Cette dernière, repro­
duite dans Juicio de Limites entre el Perú y Bolioia. Prueba Peruana (Barcelona, 1906),
III, p. 172-174.
P a r t e p r im e r a — c a p . x x v i 89

caliente, a vivir ni estar mucho tiempo, excepto en lo tocante a la coca,


que en ello se ha de guardar lo que diré en el Capitulo que de ello tratare.
v Item, que los indios mitimaes que se mudaron de sus pueblos a otros
por mandado del Inga, no se les consienta mudar de donde están e irse
a sus pueblos.

CAPITULO X X V I

D e los carn eros , ovexas, G uanacos, y v ic u ñ a s que

HAY EN TO D A LA M AYOR PARTE DE LA S E R R A N ÍA DEL P E R Ú (1 ),


Y DE SU C O N S E R V A C IÓ N

Viendo el dador de todos los bienes, Dios y Señor Nuestro, la gran


necesidad que los indios serranos de este Reino del Perú tenían de vesti­
dos, por el mucho frió que en toda la serranía hace, y que en ella no se
criaban árboles de algodón, ni otra cosa de qué se pudiesen vestir, ni
podían rescatar tánto algodón con los de Los Llanos, que bastase a pro­
veer la décima parte de la población, proveyó de crear en esta tierra
un ganado, el más bueno y provechoso que se halla en todo el mundo,
que nosotros llamamos ovexas y carneros, porque tienen la lana como
las de Castilla, y aun más fina.
Llaman los naturales a las ovexas, llamas, y a los carneros, urcos (2).
Unos son blancos, otros negros, otros pardos, y otros pintados. Su talle
es del tamaño de asnillos, crecidos de piernas y anchos de barriga ; tira
su pescuezo y talle a camello. Las cabezas son largas, y parecen a las
de las ovexas de España. La carne de este ganado es muy buena, si está
gordo. Los corderos son mexores y de mexor sabor que los de España,
y aun de ellos se hace manxar blanco mexor y más blanco que el de
gallina.
Es ganado muy doméstico, que no da ruido, más de que cuando se
echa, xime un poquito. No tiene costa ninguna, porque no come otra
cosa más que yerva del campo. No ha menester herraduras ; lleuan
tres y quatro arrobas de peso ; andan despacio, aunque siendo corto
el camino, andan tanto como una muía.
Hay otro linaxe de este ganado, que llaman guanacos, de la mesma
forma y talle, y aun mayores, los cuales andan hechos monteses por los

(1) Le titre de ce Chapitre et une partie de celui-ci sont empruntés à la Crónica General
del Perú, de Cieza de León. Cf. Chapitre C X I .
(2) Cf. Santo Tomás, op. cit., p. 28 et 178 ; et González Holguin, op. c it , p. 357 a.
90 G o b ie r n o d e l P e r ú

campos, en manadas grandes de ellos, y a saltos van corriendo con tanta


lixereza, que el perro que les ha de alcanzar ha de ser muy lixero.
Otra suerte de ganado montesino hay, que son más lixeros, que se
llaman vicuñas, que son más pequeñas, y más lixeros y de más excelente
lana.
Otros hay que llaman pacos, feos y lanudos ; son éstos domésticos,
algo más pequeños que los demás.
Todo este ganado es muy provechoso ; solía haber infinito, ansí
de lo manso como de lo bravo, sino que las guerras que ha habido entre
españoles en este Reino lo ha disminuido, y la mayor pistilencia de lo
manso ha sido que los indios lo comen, y una enfermedad que llaman
caracha, como sarna, que les viene, y los que llaman a carga, que han
llevado muchos. A los montesinos han destruido los chacos que hacen,
que suelen matar quinientos y más de un chaco, que se hace juntándose
más de mil y dos mil indios cercando dos leguas o tres, adonde ellos
andan y vánse poco a poco juntando, y ellos huyendo y tomándoles
en medio, que es cosa harto de ver, los cuales chacos por Provisiones
de esta Audiencia se han vedado, aunque no se executa como era razón (1).
Para que este tan provechoso y necesario ganado se conserve, Su
Magestad por Provisión inviada a las Audiencias de este Reino, ha man­
dado que las Audiencias invíen parecer del remedio que se podría dar
para conservación de este ganado, y que entretanto proveyamos lo
que convenga, y no se ha hecho, aunque había harta necesidad de
hacerse.
Podríase remediar haciendo las leyes siguientes :
i Que en todos los pueblos de la Sierra tengan ganado de la tierra de
comunidad, en las partes donde hobiere comida para apacentallo, y
tenga cuenta de él y de lo que de él naciere el Corregidor español que
hobiere en el pueblo, teniendo libro en que asiente el ganado y lo que
multiplicare, y lo que se vendiere de ello, y lo que se muriere, para dar
cuenta de ello cuando le fuere pedida.
ii Item, que el dicho Corregidor, y cualesquier otras Justicias, no
consientan que ningún cacique, ni indio alguno, mate carnero ni cordero
ni ovexa de la tierra para comer, sino buere el que se cansare, o que
tuviere caracha, o fuere tan viexo que no sea para carga, so pena de cien
azotes, y que se venderá la carne así muerta para el común de los indios
la mitad, y la otra mitad para el denunciador y juez.
m Item, que en los asientos de Potosí y Porco tengan gran cuidado
las Justicias ordinarias de visitar las rancherías de los indios, para ver
si tienen muerta alguna ovexa de la tierra, o carnero, no siendo cara-

(1) Ces chasses avaient d éjà été interdites par le Marquis de Cañete, par une provision
datée du 26 septembre 1557, dans Revista del Archivo Histórico del Cuzco (Cuzco, 1953)
IV , p. 61-63.
P a r t e p r im e r a — c a p . x x v i i 91

chiento, y les lleven la dicha pena. Los carneros de la tierra no se deben


prohibir en los asientos que se maten, porque sería quitar la mayor contra­
tación que hay, que se venden por los españoles a los indios tantos car­
neros de los que andan cansados de acarrear, que se sacan cada año
de esta contratación seiscientos mil pesos y más, lo cual todo se saca
de poder de los indios que compran estos carneros, unos para acarrear
comida y otras cosas, otros para comer, y toda la plata que se saca de
estos carneros es, en efeto, de la coca, porque los españoles los rescataron
de los indios de los Llanos por coca, y los indios de Potosí y Porco los
tornan a comprar y dan plata a los españoles por ellos.
iv Item, que los Corregidores y tucuiricos de los pueblos tengan gran
cuenta con el ganado de la tierra, ansí el del común de los indios, como
el que cada uno en particular tuviere, y se cuenten y registren cada año
una o dos veces ; y los que denunciaren que son viexos, cansados, o muy
carachientos, les den licencia que los maten, y vendan, o coman, o hagan
charqui o cecina de ellos.
v Item, que no puedan, caciques ni indios, hacer chaco ninguno, so
pena, al cacique o principal que lo mandare o consintiere, de ducientos
azotes y tresquilados los cabellos, y la persona para quien los tales
chacos se hicieren, pague de pena ducientos pesos, mitad para el común
y mitad para la Cámara y hospital de indios, y si fuere juez sea condenado
en pena doblada al tiempo de su residencia, e si fuere persona eclesiástica,
se diga a su Perlado para que lo castigue ; pero permítese que puedan
hacer chacos para tomar los guanacos y vicuñas y tresquilarlas, para se
aprovechar de la lana, y soltabas después de tresquiladas, excepto las
que fueren necesarias para comer los indios aquel día del chaco, lo cual
hagan con licencia de la Justicia, y no de otra manera.
vi Item, que puedan cazar los dichos guanacos y vicuñas con perros,
y los españoles, con los dichos perros, ballestas y arcabuces.

CAPITULO X X V II

De los camaricos o p r e s e n t e s q u e l o s in d io s d a n a l o s apoes, ju ece s,


e c l é r ig o s e r e l ix io s o s ,
y r e p a r t im i e n t o s que para ello hacen,
y que c o n v ie n e q u it a r s e

Uso antiguo era de los indios dar camaricos (o presentes) a los Ingas,
señores, y capitanes, si los iban a visitar, o a pedir justicia, o si pasaban
por sus tierras ; la cual costumbre ha quedado y se ha usado hasta agora,
92 G o b ie r n o d e l P e r ú

que cada vez que algúu cacique o principal viene a visitar a algún juez,
o a algún clérigo o fraile que le dotrina, le trae algún presente, que ellos
llaman camarico, y lo mesmo a su encomendero ; y si pasa por su tierra
algún Oidor, gobernador, encomendero, o persona principal, le suelen
traer el camarico y venir al camino, aunque ellos estén tres o cuatro
leguas lexos. Lo que comúnmente se trae es algún maiz para las bestias,
y uno o dos corderos de la tierra, o gallinas, o pollos, y algunos un poco
de miel, o ichiguana, o cochucho (1), o cosas de comer criadas en su tierra,
0 algunas perdices que cazan, o pescado de ríos o lagunas, y otras cosas,
cada uno conforme a su pusibilidad.
De llevar estas cosas ningún clérigo ni fraile ni lego he visto hasta
agora tener de ello escrúpulo, porque dicen que se usaba ansí en tiempos
del Inga y que los indios se corren y afrentan si no lo recibimos, y porque
en los caminos no hay tambos ni ventas, en lo más de esta tierra, que
tengan comida de do se puedan comprar, y ansí han necesidad de lo
tomar, y ellos no quieren pagar.
Por estas razones, todos hasta aquí lo han tomado sin escrúpulo,
y naide diga otra cosa, porque naide lo creerá, mas yo hallo grandes
inconvinientes de que se tomen y den semexantes camaricos : los caci­
ques echan repartimiento entre indios, y por dos gallinas o pollos que
dan, reparten veinte, y toman el cordero de la hacienda de la viuda o
del pobre que no hay quien vuelva por él, y dexa los ricos, y él tiene una
gran manada de llamas y ovexas de la tierra y carneros, y no toman
ninguno de ellos, que es cosa inhumana.
Lo que yo he hecho, cuando en los caminos me dan semexantes cosas
que valen algo, es repartillo luego entre los más probes indios, porque
no se corriesen los caciques no lo tomando.
Otro inconviniente es que son muchos los que quieren gozar de este
privilexio, y es cosa inhumana llevarles su hacienda tan mal llevada,
bien entendido que sería inconviniente el ser exentos y no hacer caso
de la Justicia y de los que los dotrinan, no dándoles otros camaricos,
que los ordinarios son de harto poco provecho y valor, y que según
están mal proveídos los caminos, sería malo quitarse del todo. Mas,
poniéndose la tierra en orden, y los indios en policía, y habiendo pro­
visión en los tambos (como tengo dicho), bien se podría y debiera quitar
este uso, haciéndose las leyes siguientes :
1 Que los caciques no hagan repartimiento entre los indios para dar
camaricos a ningún juez, ni clérigo, ni fraile que esté en la dotrina, ni
a sus encomenderos, ni a otra persona alguna, so pena de lo volver otra
vez lo que dan los indios con el cuatro tanto para el común y hospital
y que sea tresquilado ; y por la segunda vez, la mesma pena y sea sus-

(1) Cuehuchu: racine sylvestre, alimentaire. Gf. Cobo, Historia del Nuevo Mundo
(Séville, 1890), I, p. 369 ; se mange crue, avec de Vaji, ou séchée. Cf. aussi Garcilaso,
Comentarios Reales, Liv. V I I I , Chap. X .
P a r t e p r im e r a cap. XXVIII 93

pendido del cacicazgo por un año, en el cual no sean obligados los indios
a le servir ni dar tributo ninguno, y por la tercera, la mesma pena, y
más privado perpetuamente de oficio ; y so las mesmas penas no hagan
ningún repartimiento entre sus indios para otra ninguna cosa, sin licencia
de la Audiencia, la cual no dé licencia para lo hacer, sino por justa causa
que sea, y que se halle presente el tucuirico a hacer el tal repartimiento,
y el Corregidor del pueblo.
ii Item, que para que se escusen de dar semexantes camaricos, tengan
ordinariamente los tambos poblados, y en ellos las cosas y manteni­
mientos necesarios y su arancel, como arriba se dixo (1).
m Item, que ningún Gobernador, Presidente, Oidor, Corregidor, ni
otro juez, ni encomendero, ni clérigo, ni fraile, no tomen de aquí adelante
camarico ni presente alguno de cacique ni otro indio, en el pueblo ni
en los caminos, so pena : a los jueces, de volverlos en su valor, con el
cuatro tanto ; los encomenderos, la mesma pena, y por la segunda vez
no lleven la renta de un año, y a clérigos y relixiosos, que se diga y haga
saber a sus Perlados, a los cuales se encargue que los castiguen y lleven
las mesmas penas, y de esto sea el acusador el tucuirico, que éste ha de
ser su principal oficio.

CAPÍTULO X X V III

Si converná que l o s in d io s se den a p e r p e t u id a d


A SUS ENCOMENDEROS, y l o s p r o v e c h o s
QUE DE ELLO SE SEGUIRÁN A LOS INDIOS,
A LOS ENCOMENDEROS, A LA HACIENDA REAL, Y A TODO EL REINO

Lo tocante a la perpetuidad de los repartimientos del Perú, que


quiero tratar en este Capítulo y en los siguientes, es cosa tan importante
y de tanta calidad, que requería otra autoridad que la mía, y tener
cobrado más crédito del que tengo, por haber tratado tan señalados
varones de ello, mas yo confío en Dios que, leyéndose las cartas que a
Su Magestad he escrito sobre ello (2), y lo que aquí dixere, se me dará
[crédito] para ello, y lo demás que dixere.
Para tratar de esto diré cuatro cosas : primero, los provechos ; segundo,
los daños que se siguen de hacer o no hacerse la perpetuidad ; tercero,
cómo se hará, y cuarto responderé a los inconvinientos que, de hacerlo,

(1) Cf. supra, Chapitre X , in fine.


(2) Cf. son rapport du 31 janvier 1562, dans Levillier, La Audiencia de Charcas (Madrid,
1918), I, p. 51-52.
94 G o b ie r n o d e l P e r ú

algunos habrán de decir que se recrecerían. Lo cual trataré en este y


otros tres Capítulos siguientes.
Cuanto a lo primero, son notorios los provechos que de perpetuarse
los repartimientos y pueblos de indios en sus encomenderos se siguirán.
Lo primero : que los indios serán mexor tratados y dotrinados, porque
es cierto que habiendo de ser vasallos propios y perpetuos, procurarían
sus encomenderos con más voluntad su salud y aprovechamiento, y no
les molestarían ni pedirían más que sus tributos. Así, cuando no los
pudieren pagar, les esperarán, por no los destruir, como se hace en España
por los señores que tienen vasallos, que procuran su aumento y que
sean prósperos y ricos, y por que no se les vayan los tratan bien y los
sobrellevan, y en años escasos les prestan trigo para sembrar, y les com­
pran bueyes por que no se pierdan, lo cual no hace un arrendador, antes
procura sacar de ellos lo que deben, aunque estén muy probes, y no se
le dá nada que se pierdan y vayan a otra parte, porque no piensa gozar
aquella renta más de para aquel año o años que la tiene arrendada, y
así no les perdona ni espera por lo que deben, como lo hace también
el que arrienda viña o heredad, que la desfruta el año de su arrendamiento
y no se le dá nada que dexe de llevar el fruto los años venideros.
Esto mesmo acaece agora a los encomenderos con sus indios, que
se han con ellos como vasallos que tienen en arrendamiento, no les perdo­
nando cosa alguna de su tasa, antes aprovechándose de ellos en lo que
les pueden servir, no teniendo consideración adelante, como la temían
teniéndolos en perpetuidad, y los sobrellevarían como cosa propia, viendo
que les convenía hacerlo ansí para su aumento y conservación, pues
habían de quedar para sus descendientes.
Lo segundo, daríanse todos a hacer heredamientos y labranzas,
aventurándose en ello a gastar su hacienda, sabiendo que habían de
quedar con ello sus hixos y descendientes en esta tierra, de que resultaría
doblados quintos, porque como hubiesen de procurar dexar sus hixos
remediados, daríanse a grangerías y hacer obraxes de paños e ingenios
de azúcar y chácaras de coca y de pan llevar, para dexar heredades a
sus hixos, como ya han comenzado a hacer algunos después que se
comenzó a tratar de la perpetuidad.
Lo tercero, podría de esto resultar, andando el tiempo, habiendo
justa causa para se hacer, que se llevasen alcabalas, aunque fuese de
veinte uno, de las heredades que se vendiesen, que son muchas y de
mucho valor, que heredad de coca he visto vender por cincuenta mil
castellanos, y muchas a treinta y veinte, y a otros precios excesivos.
En la ciudad del Cuzco hay viñas, huertas, casas, ingenios de azúcar,
obraxes de paños, todo de mucho valor, y habrían más poniéndose la
tierra en orden, como espero yo en Dios que Su Magestad lo mandará
poner.
Lo cuarto, quitarseian pretensiones y levantamientos y tiranías que
tan a menudo se suelen hacer en este Reino, porque como los que los
P a r t e p r im e r a cap. xxvm 95

hacen y sus secuaces supiesen que matando a los encomenderos no habían


ellos de heredar sus indios, pues no podrán faltar — acá o en España —
parientes que los heredasen, no se alzarían porque, como es notorio,
los que hasta aquí han ayudado a los tiranos alzados, no ha sido con fin
ni intento de permanecer con ellos — que bien entienden que no pueden
durar mücho — , sino de se pasar al servicio de Su Magestad, como se
han pasado cuando ven oportunidad para que se les gratifique el servicio
que hacen en desbaratar al tirano, y de esta flor han usado muchos en
este Reino, que agora tienen indios, los cuales no tuvieran si no hubieran
acaecido los levantamientos y muertes de otros vecinos encomenderos
que poseían antes los indios en que ellos sucedieron. Quitándose esta
ocasión, cesará este inconviniente.
Lo quinto, conservaríase este Reino en toda paz y sosiego, y no
habría ociosos en él, antes se darían todos a buscar grangerías o enten­
derían en mercadurías de ropa de Castilla o de cosas de la tierra, como
en coca, maiz, ropa de la tierra, o en labrar heredades, y otras muchas
cosas que hay en este Reino para ganar de comer y para enriquecerse
en breve tiempo. Los que no quisiesen, de caballeros o inhábiles, apli­
carse a esto, irseian a entradas y poblaciones, que hay muchas en esta
comarca, y muy ricas, a do poblarían y asentarían.
Lo sexto, se siguiría de esta perpetuidad que los indios que están
ociosos trabaxarían y sacarián más plata como estuviesen en la pulida
que arriba está dicha, y los mesmos encomenderos procurarían de ponellos
en ella ; y con los tratos que los españoles tuviesen con ellos de coca o
ropa de la tierra o de Castilla, les sacarían el dinero que, si no, no lo han
menester. Para estos tratos sacarían plata (como luego diré), y para esto
ellos trabaxarían y la sacarían de los cerros, que hay en esta comarca
muchos y muy ricos, y aprovecharseian a sí y a los españoles, y no mete­
rían la plata debaxo de la tierra, en sus huacas y enterramientos, como
hasta agora lo han hecho, no entendiendo el provecho que de ella se
saca, ni pudiendo entendello, como no usaron de ella ni de otra moneda
para sus contrataciones, como gente bárbara.
Lo séptimo, resultaría de todo esto grande aumento en los quintos y
Hacienda reales, y gran bien a todos los españoles, y no menor a los
indios, porque esto es cierto : que si algunos quintos hay en Potosí,
no son de la plata que sacan los españoles — que ésta no bastará para
la décima parte de lo que los quintos valen — , antes todo, o los más
de ellos, se saca de las contrataciones de coca, ropa de la tierra, y maiz,
que hay entre los españoles e indios. Pruébase porque en Potosí, que
es casi toda la renta de quintos del Pirú, se sacan cada año de quintos
trescientos mil pesos, de do se colixe que la plata que cada año se saca
de nuevo, es millón y medio, porque de cada millón viene al quinto
docientos mil pesos, y pues se quintan trescientos mil pesos, está claro
que es millón y medio el que cada año se saca, porque si se hubiesse antes
sacad o, ya se habría quintado, y ansí no se tornaría a quintar otra vez.
96 G o b ie r n o d e l P e r ú

El un millón que se saca de poder de los indios es por coca que les
venden, como se halla por los libros de los Corregidores ; y los trescientos
mil pesos se sacan también de poder de los indios por la ropa de la tierra,
maiz, papas y chuño que los españoles les venden.
Esta plata que sacan de poder de los indios mediante las dichas contra­
taciones, la traen ellos de otras partes, y no se puede saber ni entender
de dónde, mas de que para comprar estas cosas que han menester ellos,
trabaxan, y si este trato faltase, no trabaxarían ni sacarían plata, ni
por el consiguiente habría quintos, y faltando vecinos y encomenderos
faltaría, sin duda, este trato, como después diré.
Lo octavo, que los vecinos y encomenderos defenderían mexor que
agora sus indios, que naide lo hiciese mexor, y favor ecerlosian de veras,
como a cosa propia y perpetua.
Lo último, que la conservación de esta tierra consiste en los tributos
que pagan los indios a sus encomenderos. Si no se pagasen, en ninguna
manera se podría conservar, ni aun pagándose, si no se gastasen en la
mesma tierra, de do se infiere que justamente se pueden llevar. No llevar­
los sería gran cargo de conciencia, y lo mesmo no perpetuarse, lo cual
se funda desta manera, presuponiendo primero tres principios que son
verdaderos.
El primero, que los indios de esta tierra son de tal calidad, que no
tienen haciendas, ni las pretenden tener, ni otra cosa más de lo que han
menester para comer aquél día, y el vestido que de presente tienen nece­
sidad, sin tener respeto ni consideración al que habrán menester mañana,
roto aquél que de presente tienen, y para sólo esto, y para pagar su tri­
buto trabaxan, por manera que si no tuviesen que pagar tributo, ni les
representasen ni vendiesen la coca que ellos tanto aman, y maiz y ropa
de la tierra que han menester, no trabaxarían, y para este efeto sacan
la plata y oro de la tierra, lo cual no harían si esto faltase.
El segundo prosupuesto es que la plata y oro no viene de otra tierra
a esta, antes de esta sale para España y para otras partes, mediante
las mercadurías que de ellas se traen para la proveer, porque al presente
no hay aparexo ninguno, ni contratación, ni mercaduría para traer dine­
ros de otras partes, por se ayudar tan poco la tierra, que no hay en ella
agora cosa que se pudiese inviar para traer de retorno, para escusar de
inviar el dinero por ello. De ello se colixe y se ve claro que todo el oro
e plata que cada año se saca de este Reino, que será un millón y medio
o dos millones, poco más o menos, se reparte primero entre toda la gente
que en él hay, de esta manera : a los vecinos y encomenderos, por los
tributos que los indios de sus encomiendas les dan en plata y en otras
cosas, vendiéndolas y sacando plata de ellas, les cabe toda o la mayor
parte ; a los que no tienen indios, que llaman « soldados », de lo que
ellos grangean y del trigo, maiz, y coca que venden, y de lo que los vecinos
y encomenderos les dan, les viene otra buena parte ; a los mercaderes,
de la ropa que venden a los vecinos y soldados, la mayor parte ; a los
P a r t e p r im e r a — c a p . x x v i i i 97

oficiales, de lo que a ellos dan por las hechuras, y a los clérigos y frailes
y letrados y escribanos, otra no pequeña, y ansí a todos los que habitan
en este Reino les cabe su parte andando la plata de mano en mano.
Todo esto viene a parar cada año a España, e ninguna cosa — o muy
poca — queda en este Reino, lo cual se ve claro, pues de cincuenta millo­
nes que se han sacado del cerro de Potosí y Porco y su contratación,
de veinte y dos años que ha que se descubrieron, no parece que haya
en todo el Reino cuatro millones.
De lo dicho se colixe otro tercer principio, que también es verdadero
(a lo que se tiene entendido hasta agora) : que todo este Reino, y todos
los estados de gente que en él hay, por diversos caminos se sustentan del
tributo que dan los indios a sus encomenderos, y de las grangerías que
ellos mesmos mediante los dichos tributos tienen, porque entrado en
su poder se reparte por los demás, y el dinero que queda en poder de
los indios — así en esta provincia de los Charcas, como en otras partes
don de sacan el metal de oro y plata — todo viene a poder de los españo­
les, lo cual se saca a los naturales por contractación de ropa, maiz, coca,
y otras mercadurías.
Lo cual, si cesara, sin duda acaecería una de dos cosas : o que no la
sacasen de los cerros por no la haber menester (conforme a la condición
que tienen que tengo prosupuesta), o si algunos la sacasen de los que
han comenzado a entender alguna pulida, y tomado cudicia y deseo
de plata, la guardarían y enterrarían para cuando la hubiesen menester
gastar, e otros que no están tan instrutos en la fe, la ofreciesen en sus
huacas y enterramientos, como lo solían hacer en tiempo de su infidelidad.
Prosupuesto esto, se colixe claro que, si no hubiese tributos, no se
podría conservar la tierra, porque no habría plata ni la sacarían los
indios, pues no la habrían menester para ninguna cosa de lo que su natural
condición les inclina, y no se sacando plata, no podría parar ningún
español en la tierra, y ansí se quedaría despoblada, de do también se
infiere cuán justamente — conforme al estado en que agora está este
Reino — se pueden y aun deben llevar los tributos a los indios. No llevar­
los sería gran cargo de conciencia, pues está probado que si no se lleuasen,
no podría la tierra conservarse, ni los españoles pararían en ella, y los
indios cristianos negarían la fe católica que tienen profesada, y se volve­
rían a su infedilidad.
Colíxese también que llevándose los tributos a los indios, si no se
gastasen en la mesma tierra, ni se repartiesen entre todos los que hay
en ella por la orden arriba dicha, menos se podría conservar, y se sigui-
rían los inconvinientes ya dichos, y otros que luego diré, de lo cual se
podría colegir otras muchas razones para que la tierra e indios que
están encomendados, se den en perpetuidad.
Otro provecho es el servicio que por la perpetuidad se ha de hacer
a Su Magestad, que diré en el Capítulo X X X II.
98 G o b ie r n o d e l P e r ú

CAPÍTULO X X I X

De los daños que se s ig u ir á n de no se hacer la p e r p e t u id a d ,


Y DE QUEDAR LOS INDIOS EN CABEZA DE Su M a GESTAD,
ANSÍ A LOS MESMOS INDIOS COMO AL PATRIMONIO REAL
Y A TODO EL REINO

Siguirse han muchos inconvinientes no se dando los indios en perpe­


tuidad, y mayores poniéndose en cabeza de Su Magestad y en su Corona
y patrimonio real. El primero se colixe de lo arriba dicho : que se des­
poblaría la tierra y se alzarían los indios con ella, porque — como está
dicho — si la plata que los indios dan de tributo y lo demás, hecho dinero,
se llevase a España sin se gastar primero acá en este Reino entre los
vecinos y habitantes en él, está claro que se despoblaría, porque faltando
vecinos encomenderos que llevasen estos tributos, y los gastasen con
los « soldados » y mercaderes y los demás que tengo dicho, no podría
quedar hombre en este Reino, como es notorio, pues es cierto que los
encomenderos sustentan la tierra, y sin ellos no puede haber república,
ni se puede conservar, porque los mercaderes no pretenden perseverar
en ella, sino adquerir lo que pueden e irse con ello a Castilla, como se
ve por ispiriencia.
Los demás que no tienen indios, que comúnmente llaman « soldados »,
no podrían conservarse ni mantenerse si no comiesen en casa o a costa
de los encomenderos, o si ellos no les ayudasen para poder usar de alguna
granjeria.
Los que tienen chácaras o heredades, o otras grangerías, también
se irían y las dexarían, viendo que faltaba gente para las comprar, y
lo mesmo harían los clérigos y frailes que no estuviesen en dotrinas, y
no habría quién sirviesse las iglesias catedrales, ni habría relixiosos en
los monesterios de las ciudades, no habiendo gente que los proveyese
de lo necesario, porque todo esto se sustenta y depende de los tributos
que se dan a los encomenderos, y llevándose éstos a España sin se gastar
acá y repartir entre todo género de gentes, se vendría a despoblar esto
en breve.
Lo segundo : si todos los repartimientos viniesen a estar en la Corona
real, necesariamente se habían de poner por lo menos cien hombres en
las ciudades, que sostuviesen las vecindades, y se les había de dar a cada
uno, por lo menos, mil pesos cada año, y éstos no podrían sustentar la
décima parte de la gente que agora se sustenta, ni más de sus personas,
y alguna poca gente perdida, y quedaría el Perú como Tucumán, como
Reino nuevamente ganado, y sin gente ; y la que quedase no bastaría
para resistir a la fuerza de los indios que hay, y así se habrían de alzar
necesariamente y matar cuantos en la tierra hubiese, y para tornarse a
P a r t e p r im e r a — c a p . x x i x 99

ganar, sería con gran dificultad y muncha más costa que la hubo al prin­
cipio, porque saben ya más los indios y entienden poco menos que los
españoles, y no les temen tanto, y quedarseian con todas las armas que
agora hay, y para lo volver a entablar como agora está, sería menester
pasarse otro tanto tiempo como ha que se ganó el Reino.
Lo tercero : ya que esto no sucediese, sino que el Reino se pudiese
conservar con esta poca gente, los indios no serían tan bien tratados,
ni se les podría tan bien dotrinar ni poner en pulicía, como estando enco­
mendados perpetuamente en los encomenderos, por las razones ya dichas,
y porque al fin éstos a quienes Su Magestad cometiere su buen tratamiento
y que sirviesen las vecindades, lo harían como hombres que los ternán
como en arrendamiento, y no por propios vasallos, y como quien otro
día se hubiese de ir a Castilla pues acá no tenía propiedad : no mirarán
por ellos, ni los enseñarán ni dotrinarán como si fueran suyos, ni tratarían
de otra cosa más de los robar y llevar lo que pudiesen.
Lo cuarto : la gente ociosa que quedase sin remedio, o se iría y sería
malo por faltar gente para la defensa de los que quedasen, o se quedaría,
y necesariamente se había de alzar con la tierra para poder comer, y en
recobrarla se gastaría más de lo que se hubiesse interesado en lo que los
indios darán y con lo que sirvirán a Su Magestad por quedar en la Corona
real, y aun es cierto que de lo que han prometido, no darán mil pesos de
su voluntad, ni es posible sacallo de ellos, sino destruyéndolos.
Lo quinto ¡ resultaría gran pérdida y diminución de las rentas reales,
seis veces más que lo que se interesare en el llevar Su Magestad todos
los tributos, porque según la visita que se hizo —- año de 1560 años hasta
el de 61 — , había hasta allí quinientos treinta y cinco mil indios tribu­
tarios, y cinco tantos que no eran tributarios, y rentan cada año un
millón y ciento cuarenta y siete mil y ciento y sesenta pesos, y esto no
se da en plata ni en oro, sino una tercia parte de ello : lo demás se dá en
ropa de la tierra, maiz, coca, y en carneros y ovexas de la tierra, lo
cual todo baxaría en valor la mitad, y más, faltando gente, porque
habría menos plata habiendo menos que contratasen y la gastasen, y
menos que la sacasen, pues estas contrataciones (como tengo dicho),
son causa de la sacar para comprar a los españoles con ella las cosas
que han menester, y habiendo menos plata, está claro que abaxarían
todas las cosas, por manera que montarán los tributos una tercia parte
menos, y sacados cien mil pesos que se habían de dar a los que sirviesen
esas vecindades, quedarían ochocientos mil pesos, y de estos se habría
de sacar la costa de las dotrinas — que serían ducientos mil pesos y
más — y la costa de los que venden y benefician los tributos, ques otra
gran suma, y lo que se dexaría de quintar, que de estos tributos se dan
quintos por venir a terceras manos, ducientos e cincuenta mil pesos cada
año.
Por manera que vendrían a quedar de todos los tributos, quatrocientos
mil pesos. Quedaría la dotrina a cargo de Su Magestad y de su real con­
100 G o b ie r n o d e l P e r ú

ciencia ; perderseian los almojarifazgos, y aduanas, y otros derechos e


rentas que Su Magestad tiene de las mercadurías que a este Reino vienen
de España, que serían más que el provecho de los tributos, porque
habiendo menos gente habría muy poca plata, y ansí no vernía tánta
mercadería de España, ni iría la tercia parte de la plata que agora va.
Finalmente, aventuraríase a perder el Reino, el cual, dándose la
orden que tengo dicha, y diré, rentará a Su Magestad mucho más de
lo que agora rentan los tributos que dan los indios, mayormente dándose
en perpetuidad.
Lo sexto, nunca se acabarían las pretensiones de personas que preten­
den haber servido a Su Magestad en este Reino, si los tributos llevase
Su Magestad, mas llevándolos los encomenderos, y no habiendo xamás
de vacar por su muerte, cesarían — como tengo dicho — estas preten­
siones, y todos se aplicarían a ganar de comer como pudiesen, y no
habrían motines ni alteraciones, pues sabrían que no podrían conseguir
con ello el intento que tienen todos los que ayudan al tirano, como arriba
dixe.
Lo séptimo : cesarían todos los provechos que tengo dichos en el
Capítulo pasado, que se siguirían de hacer la perpetuidad, no se haciendo.
Los encomenderos que tienen indios son obligados, por razón de los
tributos que llevan, a conservar en paz la tierra, y a tener e mantener
gente para guarda de los relixiosos y clérigos que dotrinan los indios.
Por eso pueden llevar más tributos de lo que algunos escrupulosos suelen
decir, estrechándolos a que no han de llevar más de lo que han menester
para comer y para vestir honestamente, porque es desatino decirlo ni
ponerles tal escrúpulo, pues pueden llevar tributos no solo para comer y
vestir honestamente, mas aun para mantener casa y gente que guarde
la tierra y los que dotrinan a los naturales, y ésto no sólo teniéndolos
en casa, pero gastándolo de manera que venga a manos de otros que son
necesarios para su conservación y defensa.
Pues volviendo a lo que tratamos, si Su Magestad llevase todos los
tributos a Castilla y la tierra no pudiese ser bien defendida, no sé si en
conciencia se podría hacer. Dexo la determinación de ello para otros,
pues si de los cuatrocientos mil pesos que tengo probado que podrían
ir a Su Magestad de los tributos, Su Magestad hubiesse de pagar la gente
que quedase para defender la tierra, no le sobraría un tomín.
Lo último, no habría quién se doliese de los indios, y todos se huirían,
como agora lo hacen los que están en la Corona real, que no hay indios
peor tratados que ellos, porque los Oficiales reales no pueden tener cuenta
con tantos, y descúidanse, como no llevan provecho de ellos.
P a r t e p r im e r a cap. xxx 101

CAPÍTULO X X X

De q u é m a n e r a s e h a r á l a p e r p e t u i d a d s in p e r j u i c i o d e l o s in d io s ,
NI DE LOS ESPAÑOLES QUE NO TIENEN INDIOS,
Y DEL PROVECHO QUE DE ELLO VERNÁ A LA HACIENDA REAL

Para que la perpetuidad de los indios sea sin ningún perj uicio, me
parece que por agora no conviene que se dé con jurisdicción, como tra­
taban de la dar los Comisarios, porque es la cosa más perniciossa y más
aborrecible a los « soldados » (que ansí llaman a los que no tienen indios)
que ninguna otra cosa, y por lo que ellos la contradixeron, y que no se
les diese términos, ni otra cosa más de los indios como agora los tienen,
que con ésto sé yo que estarán ellos y todos los demás contentos, y
que se les diese como en feudo o mayorazgo de Castilla, que suscediesen
en la encomienda los hijos y nietos y otros descendientes legítimos, prefe-
riéndose siempre el mayor al menor y el varón a la hembra, y a falta
de descendientes los transversales (ora estuviessen o no estuviessen en
esta tierra al tiempo de la muerte del tenedor), con las condiciones siguien­
tes : que diese cada vecino, por que se le hiciese esta merced, la mitad
de lo que rentan agora los indios, y lo que se aumentase en la primera
visita que se ha de hacer, horro de costas, dotrinas y de otras cosas,
por seis años, y que lo den en plata o oro avahado a como a la sazón se
vendiere comúnmente en el pueblo donde los tributos se deben, por
escusar las costas del beneficio y cobranza (que serían muchas y en muchas
partes), y que todos los que sucediesen para siempre xamás en los repar­
timientos, en reconocimiento del feudo que de Su Magestad recebían,
diesen la mitad de lo que rentasen los tributos por dos años, cargando
la dotrina y costas a la otra mitad que llevase el tal sucesor, y en plata
o oro como lo demás, con tal que si muriere el tal sucesor antes de los
dos años, goce Su Magestad de la mitad de la renta del tiempo que lo
hobiere gozado el tal sucesor, y no más.
Si el que hubiere de suceder estuviere en Castilla al tiempo que muriere
el tenedor, que no goce ni lleve renta ninguna hasta que venga a este
Reino a hacer vecindad en él, sino que la lleve y goce Su Magestad ;
y se le ponga término para venir a los que estuvieren en Castilla, dentro
del cual declaren si quieren venir, para que pase al siguiente en grado,
y porque los que acá residen es razón ser más previlexiados en lo de la
sucesión, que se mande que siendo hixos o hixas los que acá residiesen,
prefieran a los hixos o hixas que estuvieren en España, pero siendo
hermanos los que acá estuvieren, no prefieran a los hixos que estuvieren
en España, ni a los nietos ni a otros descendientes, por manera que
habiendo en un mesmo grado deudos y parientes del tenedor en esta
12
102 G o b ie r n o d e l P e r ú

tierra, se prefieran a los que estuvieren en Castilla, aunque los que


estuviesen en Castilla sucedieran y se prefirieran a los de acá, si acá
estuvieran, y esto se entiende en los descendientes y en los hermanos,
porque en los demás parientes — en cualquier grado que estén — , se
han de preferir a los que estuvieren en España, siquiera sean más propin­
cuos o estén en el mesmo grado ; si hobiere diferencia en esta tierra sobre
si hay otros hixos o hermanos en Castilla, que se prefieran los que acá
estén, conforme a lo arriba dicho.
Que se dé la posesión al que acá estuviere, dando fianzas de volver
10 que llevare a Su Magestad, hasta que venga el que ansí estuviere en
Castilla ; y al que ansí viniere, de le volver los indios e tributos en
viniendo, porque no se haciendo así, podría haber fraude y hacerse fácil­
mente grandes molestias a los que acá residen.
Las leyes que para lo contenido en este Capítulo se deberían hacer,
a mi parecer son :
i Que todos los indios del Perú que están encomendados, se den en
perpetuidad a las personas que los tienen en encomienda, excepto a
algunos o a algunas que los tienen no habiendo servido en el Reino, que
a éstos tales, o se les dexe gozar de ellos por su vida, o si hobiere alguno
que haya servido que los quiera comprar, sean obligados a se los tras­
pasar, dándole a cinco mil por millar, por manera que si son mil pesos de
renta, le den cinco mil. Entiéndese esto cuando al tal le falta una vida
por gozar, no más, como siendo muger viuda que sucedió en los indios
por muerte de su marido, y ella ni su padre no sirvió en este Reino, o
siendo segunda vez esta tal casada con quien no hobiese servido en esta
tierra, que en estos casos sea obligada a renunciar, dándole a razón de
cinco mil por millar ; mas, si fuere hixa de conquistador o hombre que
sirvió en el Reino, o casada segunda vez con hombre que sirvió, que se
dé la perpetuidad para los hixos que hobieren de consuno, e no los habiendo
al tiempo de la muerte de cualquiera de ellos, que sean para los hixos
o parientes del que de ellos hobiere servido.
11 Item, que por la dicha perpetuidad se dé a Su Magestad la mitad de
la renta de los tributos de cualquier repartimiento, horro de todas costas
y dotrina y otras cosas, por seis años según lo que rentan agora los indios,
y lo que se aumentase en la primera visita que se ha de hacer, y se pague
en oro o plata todo lo que se dá en ropa o en otras cosas, avahado a como
valiere en el lugar adonde se ha de dar el tal tributo, por escusar las costas
del beneficio y cobranzas, que serían muchas y en muchas partes.
m Item, que cada sucesor, en reconocimiento del feudo, sea obligado
a dar a Su Magestad la mitad de lo que rentare el repartimiento en que
sucediere, dos años, y muriendo antes, al respeto de lo que hobiere gozado
en oro o plata, avahado como lo demás.
iv Item, que el sucesor que estuviese en Castilla al tiempo que el tenedor
del repartimiento muriere, no lleve cosa ninguna de la renta, hasta que
P a r t e p r im e r a — c a p . x x x i 103

venga, antes lo goce todo Su Magestad ; y en viniendo, comience a gozar


y se le ponga término dentro del cual venga, para que el siguiente en
grado venga y goce del repartimiento no viniendo él en tal término, o
declarando antes que no quiere venir.
v Item, que los parientes que acá residieren cuando muriere el tenedor,
se prefieran a los que están en España, aunque los de España sean más
propincuos ; excepto que habiendo descendientes en España se prefieran
a los hermanos que acá estuvieren, y habiendo en España hermanos
legítimos, se prefieran a los demás parientes que acá hubieren; mas,
siendo los descendientes en un mesmo grado, se prefieran los que acá
estuvieren, aunque sean menores que los de España, y el hermano que
acá estuviere se preferirá al que esté en España, aunque sea mayor que
el que acá estuviere.
vi Item, que si al pariente del encomendero que murió se le opusiere
que está otro en España que se le prefiera, y se le probare — plena o
semiplenamente — , porque podría ser muerto cuando llegase la nueva,
o no querer aceptar ni venir a este Reino, que el tal pariente que acá
estuviere sea metido en la posesión del repartimiento, pagando la mitad
de la renta de dos años, como tal sucesor, y dé fianzas de volver lo demás
a Su Magestad, aceptando y viniéndose el tal pariente, lo que hubiere
rentado hasta que venga, y lo demás al legítimo sucesor en viniendo, e
no teniendo fianzas, se deposite en la Caxa real de tres llaves, y de allí
le den alimentos al tal pariente, sin fianzas, e se les reciba en cuenta al
que viniere, y ténganlo depositado los Oficiales Reales por cuenta aparte.

CAPÍTULO X X X I

En que se r e s p o n d e a los in c o n v in ie n t e s
QUE ALGUNOS PONEN SI SE HICIESE LA PERPETUIDAD,
Y CÓMO SE PERPETUARÁ LO QUE NO ESTÁ ENCOMENDADO ¡
Y SI CONVIENE QUE HAYA LANZAS,
Y LO QUE HAN DE HACER, HABIÉNDOLAS

Los que han pretendido no se haga la perpetuidad, han puesto algunos


inconvinientes que verdaderamente no lo son, antes confirman la opinión
de los que decimos que conviene que se haga, y cuando lo dixeron estaba
el Reino de otra suerte que agora está ; los cuales, viéndole como al
presente le ven, juntamente con las razones que les he yo mostrado,
son ya de otro parecer, mayormente haciéndose la perpetuidad sin
jurisdicción, sino solamente como agora lo tienen.
104 G o b ie r n o d e l P e r ú

Solían decir que, dándose en perpetuidad, tratarían mal a los indios,


y los temían por esclavos. A esto está clara la respuesta por lo que tengo
arriba dicho : que no teniendo jurisdicción antes les tratarán mexor, y
en esto no se puede poner duda, ni se podrá dar razón bastante, ni aun
colorada, para sustentar lo contrario.
Suélese también decir que estarán mexor tratados estando en cabeza
de Su Magestad, lo cual también parece engaño, pues la ispiriencia muestra
lo contrario : que no hay indios peor tratados que ellos, porque dos o
tres Oficiales que hay no pueden tener cuenta con tantos, ni vuelven
por ellos como hacen sus amos, antes algunos se sirven de ellos en chácaras
y en otras cosas, y porque xamás se les perdona cosa de lo que son obli­
gados a pagar, antes les executan por ello por no lo pagar los Oficiales
de sus caxas, lo que no hacen los encomenderos, antes les esperan hasta
que lo puedan pagar, y ésto lo dirán cuantos hay en la tierra, y los indios
lo entienden ansí; y si se sale o huye algún indio, no hay quién lo solicite
que vuelva a su repartimiento (como lo hace el encomendero), y mexor
lo haría si lo hubiesse en perpetuidad, y a esta causa los repartimientos
que están en cabeza de Su Magestad se van cada día diminuyendo de
indios.
Los clérigos e relixiosos que los dotrinan, bien entiendo — y todos
lo entienden — que en los repartimientos que están en la Corona real,
son más señores que no en los que están encomendados en particulares,
porque no hay quién les vaya a la mano en cosa que ellos quieran y
manden a los indios. Si esto conviene, juzgúelo quienquiera.
Suélese poner otra dificultad en algunos repartimientos que están
divididos en diversos encomenderos, que antes solían ser todo uno y
estaban debaxo de un solo cacique : que parece se le hace agravio en le
quitar el mando que solía tener de sus indios que el Inga puso en otras
tierras para les proveer de lo que en sus tierra faltaba, como para coxer
maiz y otras comidas. A mi parecer, no se les hace en esto agravio ni
es inconviniente, e ya que les fuese perjudicial, se puede remediar facilí-
simamente : Para que cese el daño, e que no sea inconviniente, ni les
venga de ello daño, se provea que las Audiencias no consientan — como
se ha hecho hasta aquí — que a los caciques se les quite el dominio de
sus tierras, antes sean dadas provisiones para que los que fuesen sus
suxetos les obedezcan, y ansí se ha hecho siempre, y si en lo que toca
al recoxer y pagar el tributo que sus suxetos son obligados a dar, no se
les ha dado facultad para que lo cobren de los demás principales que
están encomendados en otro encomendero, ha sido por que no tengan
ocasión de les robar.
En esto se les hace poco perjuicio, pues ya los prencipales saben lo
que les cabe y han de pagar : antes es mexor que ellos los paguen a sus
amos, que no a su cacique principal, pues él es de otro encomendero.
En lo demás, menos se les hace agravio, pues también los tienen
suxetos como antes, y aunque no le estuviesen, pueden contratar y
P a r t e p r im e r a — ■ c a p , x x x i 105

rescatar con ellos, y con todos los de la tierra, sin que naide se lo perturbe,
para proveer sus tierras de lo que les faltare, y si todavía pareciese esto
a alguno inconviniente, podríase dar licencia para que en estos casos
se pudiese traspasar estos repartimientos para que quedasen en uno,
dándose para ello licencia por las Audiencias, averiguado primero que
así convenía, y dándose a Su Magestad por el vendedor la vigésima parte
del precio, en reconocimiento del feudo y por la licencia que se le daba
para lo traspasar.
Podríase también decir que había dificultad en los repartimientos
que no están encomendados, antes dadas situaciones sobre ellos, que no
parece que se pueden cómodamente perpetuar, pero en esto podríase
dar algún medio que se encomendase cada repartimiento en uno o dos
de los que tenían situaciones sobre él, queriendo ellos dar a Su Magestad
la mitad de lo que rentase el repartimiento por seis años, como los demás,
y que en vacando las demás situaciones, las gozase el que tuviese enco­
mendada la propiedad, o que se les diese licencia para vender las situa­
ciones del que tuviese encomendada la propiedad, pagando la vixésima
parte del precio a Su Magestad, por la licencia y por el feudo.
En lo que toca a las Lanzas y Arcabuces : o cesasen, remunerando
a los que las tienen, por otra vía (habiendo servido), o se perpetuasen,
situándolas en cuatro o cinco repartimientos y habiendo número de ellas,
no para los que al presente las tienen, sino para ellos y los que adelante
fuesen elexidos y nombrados, y en reconocimiento del feudo pagasen,
los que agora son y los que adelante sucediesen, la mitad del sueldo que
tienen, a Su Magestad, de el primer año.
Estas Lanzas y Arcabuces se habían de repartir de esta manera :
doce Lanzas y doce Arcabuces se habían de repartir adonde resida el
Virrey o Gobernador (que a mi parecer ha de ser en el Cuzco, como diré
en el Capítulo II de la Parte Segunda) ; otros tantos en la Audiencia de
los Charcas, por haber en esta Audiencia más necesidad de gente por
estar en frontera de tantos enemigos ; una docena de Lanzas y Arcabuces
en Lima, y otra docena en Quito, adonde están las Audiencias ; y no había
de haber más Lanzas ni Capitán de ellas, mas de dos Alguaciles Mayores
del Audiencia con el mesmo salario de las Lanzas, y los dos Alguaciles
Menores habían de tener sueldo de Arcabuces, que son quinientos pesos,
y el de los Lanzas, mil pesos. Había de haber también otros Arcabuces
que residiesen en cada ciudad : seis en La Paz, dos en Arequipa, seis en
Potosí, cuatro en Huamanga, cuatro en Huánuco, dos en Truxillo, dos
en Chachapoyas, y dos en Piura.
Estos habían de tener cargo de llevar los presos y desterrados a embar­
car, y en esto servirían más que no en estar en Lima, porque xamás
nenguno es desterrado del Reino, y si alguno sale, vuelve a él, y ansí
no temen al destierro, ni hay castigo ; y como están desesperados, en
viendo que de cualquier parte les han de echar, siempre piensan en
maldades y motines, y por esto me ha siempre parecido que es peor
106 G o b ie r n o d e l P e r ú

desterrallos si no ha de haber efeto el destierro, ya que es hacer enemigos


de los que por ventura no lo eran. Mas habiendo quien los lleve de una
parte a otra, hasta embarcarlos, y mandándose a los dueños y maestres
de navios que no los saquen a tierra, hasta entregallos a la Justicia, con
prisiones, para que de allí se envíen, so graves penas, vivirán todos en
sosiego, y no osarán andar holgazanes y vagamundos, como diré más
largo en el Capítulo de los ociosos y vagamundos (1).
Suélese también decir que en la Nueva España se van poniendo todos
los tributos en cabeza de Su Magestad, y que allí no ha habido ni hay
los inconvinientes que he dicho, y que lo mesmo sería en este Reino.
A esto se puede responder que no se puede aquella tierra comparar
con ésta, porque en ella hay muchas granxerías y otras cosas que salen
del Reino para éste y otras partes, y ansí vuelven de retorno muchos
dineros que se dan en precio de las mercadurías y cosas que salieron de
aquél Reino y nacieron y se produxeron y criaron y granxearon en él,
lo cual cesa en éste, que como tengo dicho (2), no tiene cosa que se pueda
llevar a otro Reino para traer de retorno oro o plata, ni hay otra cosa
más de la que sale desta tierra sin ayuda de otra, y ansí aquel Reino
se puede conservar sin los tributos, aunque todos los lleve Su Magestad,
y este nó.
Si se replicase que en este Reino hay mucho aparexo para granxerías,
para que andando el tiempo sea lo mesmo que en la Nueva España,
respondo que es impusible poderse aprovechar de las granxerías para
llevar a otra parte, porque sería grande la costa de llevarlas por tierra,
y porque aquí valen tan caras, y lo valdrán siempre más que en otra
parte a do se pudiesen llevar, y si no valiesen tan caras, dexarlasian y
empezarseian a labrar minas y sacar plata, por manera que en ninguna
manera se puede xamás aprovechar de las granxerías de esta tierra para
las llevar a vender a otras partes, ni llevar otra cosa fuera del Reino,
sino oro o plata, la cual no podrán sacar tanta que baste para sustentar
la gente que agora hay y conviene que haya en este Reino, y ansí — nece­
sariamente — se han de gastar acá los tributos que dan los indios, para
que se repartan entre todo género de gentes, como dixe arriba.
Las leyes que para lo tocante a este Capítulo conviene que se hagan,
a mi parecer son :
i Que a ningún cacique se le quite el dominio de sus tierras e indios
vasallos que tienen; y porque algunos repartimientos están divididos
por estar encomendados en diversos encomenderos, y ansí no son los
caciques principales obedecidos como antes, que se dé orden cómo se
junten en un encomendero, y la Rota del Cuzco (3) pueda dar licencia

(1) Cf. Seconde Partie, Chapitre X X I .


(2) Comp, supra, Chapitre X X V I I I , p. 96.
(3) Cette institution, que Matienzo proposait d’établir, est étudiée dans la Seconde
Partie chapitre II.
P a r t e p r im e r a — c a p . x x x i 107

para traspasar los indios unos a otros en este caso, viendo por información
que les está bien a los caciques y a sus indios, y pagando el que los tras­
pasase, a Su Magestad, la vixésima parte del precio que le dieren por
el traspaso, en reconocimiento del feudo, y por razón de que se le dé
licencia para lo traspasar.
ii Item, porque los repartimientos que están en cabeza de Su Magestad,
sobre que tienen algunos situaciones (como si renta seis mil pesos, y
uno tiene de situación mil pesos, otro dos mil, otro mil e quinientos, e
otro, otro tanto), no se pueden perpetuar cómodamente en los que tienen
las tales situaciones, porque sería muy gran confusión, que la persona
que viniere a hacer la perpetuidad pueda encomendar la propiedad a
uno o dos de los que tienen situación, los que le pareciere que lo merecen,
con que se obliguen y den fianzas que darán cada año a Su Magestad
la mitad de todo lo que rentare este repartimiento por seis años, horros
de toda costa, y que en acabándose la vida de los que tienen situación,
sea adquerida por los que tienen la propiedad, con los cuales se puedan
concertar y comprarles las situaciones, dándoles la Rota licencia para
ello, y pagando la vixésima parte del precio a Su Magestad el vendedor,
por razón de la dicha licencia.
m Item, que haya número de Lanzas y Arcabuces : hasta cuarenta
Lanzas y setenta y dos Arcabuces, y se les dé de sueldo, a las Lanzas,
mil pesos cada año, y a los Arcabuces, quinientos, que vienen a montar
cada año setenta y seis mil pesos, lo cual se sitúe en diez o doce reparti­
mientos, o en los que hinchiesen esta cuantía.
iv Item, que se perpetúe para este efeto, dando cada uno de los que
al presente lo tienen, la mitad de la renta del primero año, y los sucesores
que fueren por el Virrey o Gobernador elexidos, la mitad de la renta
del primero año, de manera que quede perpetuado para Lanzas y Arca­
buces para siempre xamás.
v Item, que los Lanzas sean obligados a tener siempre armas y caballos
en sus casas, para servir cuando fuere necesario, y los Arcabuces sendos
arcabuces, mecha, pólvora, y plomo, siempre en sus casas, y una muía o
un mancarrón.
vi Item, que estén doce Lanzas y doce Arcabuces en acompañamiento
del Virrey o Gobernador que ha de residir en el Cuzco ; ha de ser su capi­
tán el Alguacil Mayor de la Audiencia o Rota que allí residiere ; ha de
tener mil pesos de salario como cualquier Lanza, y los dos Alguaciles
menores han de tener el salario de Arcabuces, por manera que sean por
todos trece Lanzas y catorce Arcabuces. En esta Audiencia de los Char­
cas, que reside en esta ciudad de La Plata, ha de haber otros tantos Lanzas
y Arcabuces por la mesma forma, por estar como está en frontera de
enemigos. En la ciudad de Lima han de residir seis Lanzas y seis Arca­
buces, y más el Capitán que ha de ser el Alguacil Mayor de la Audiencia,
y los dos Alguaciles menores, Arcabuces; y lo mesmo en la ciudad e
108 G o b ie r n o d e l P e r ú

Audiencia de Quito. En La Paz ha de haber seis Arcabuces, y otros


seis en Potosí ; dos en Arequipa ; cuatro en Huamanga, cuatro en Huá-
nuco ; dos en Truxillo ; dos en Chachapoyas, y dos en Piura.
vn Item, que esté a cargo de los Arcabuces el llevar presos y a buen
recaudo a los desterrados a España, y a los condenados a galeras ; que
los lleven, de pueblo en pueblo, hasta el puerto a embarcar, y que el
maestre o dueño del navio a quien fueren entregados por ante escribano,
les ponga en el registro, y no los saque a tierra en ninguna parte, sino
entregándolos al juez, con prisiones, para que los invíe en el primer
navio ; y si hubiere navio presto, les entregue al maestre o dueño del tal
navio, tomándolo por testimonio y haciéndolo asentar en el registro.
La Audiencia de Panamá se entregue de ellos para los enviar a España
en los primeros navios ; y que los marineros e maestres a quienes fueren
entregados, no los dexen en los puertos, so pena de muerte, y que trayan
a la vuelta a estas partes testimonio de la Casa de la Contratación cómo
fueron presentados en la cárcel, para que se cumpla lo que por la Audien­
cia y sus executorias fueren condenados.
v iii Item, que a los tales Arcabuces se les pague de gastos de Justicia
dos pesos por cada día de los que ocuparen en llevar los presos, a razón
de cinco leguas por jornada, y no habiendo, de penas de Cámara. Esto
se entiende no teniendo el desterrado con qué hacer la costa, que teniendo
bienes, se pague de ellos.
ix Item, que por que se haga a menos costa no teniendo el desterrado
bienes con qué lo pagar, se aguarde a llevar cuatro o cinco juntos, no
habiendo peligro en la tardanza.
x Item, que las costas que el que los llevare hiciere en los desterrados,
se paguen de sus haciendas, y no las habiendo, se pague lo que la Justicia
tasare de gastos de justicia.

CAPÍTULO X X X I I

De lo que m on ta el s e r v ic io que se h a d e dar


a Su M a g e s t a d ;
p o r l a p e r p e t u id a d
DEL NÚMERO DE INDIOS QUE HAY EN EL PERÚ ;
DE LO QUE MONTAN LOS TRIBUTOS,
Y DE OTRAS CONDICIONES Y PROVECHOS DE LA PERPETUIDAD

Gran utilidad y provecho se sigue a Su Magestad y a su Real Hacienda


de hacerse la perpetuidad de los indios, mayormente visitándose la tierra
y tasándose de la manera que tengo dicha.
P a r t e p r im e r a cap. X X X II 109

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110 G o b ie r n o d e l P e r ú

Según yo hallo por mi cuenta, serán los que habrá Su Magestad,


del servicio por conceder la perpetuidad, ocho millones y veinte cinco
mil pesos, aunque no tasándose de la manera que tengo dicha, no serán
en los seis años más de tres millones y trescientos mil pesos, porque en
todo lo tasado del Perú hay los indios, pueblos y rentas siguientes (1).
De estos indios, aunque hayan muerto algunos y envexecido otros,
pero habrán crecido y llegado a los dieciocho años e aparecerán otros
que los indios escondieron más de ducientos mil, mas no hago caso de
estos, sino hago la cuenta que ni se ha aumentado ni deminuido de los
quinientos y treinta y cinco mil indios tributarios.
De manera que no den a sus encomenderos más de los cuarenta días
que arriba dixe de trabaxo, y por cada día un tomín, que es lo menos
que pueden ganar, empleándolos el visitador en las cosas que dixe en
el Capítulo X V II, sale cada uno a cinco pesos cada año, que montará
todo lo que han de dar de tributo los indios a sus encomenderos, cada
año, dos millones y seiscientos y setenta y cinco mil pesos, sin otro millón
que se ha de dar para Su Magestad y para los beneficios, sin los catorce
días de trabaxo para sus caciques y para la comunidad, de lo cual cabe
de quintos a Su Magestad setecientos mil pesos, y más, cada año, horros,
porque la paga de los Corregidores y Audiencias ha de ser de los quinientos
mil pesos que cabe a Su Magestad en la tasa por los ocho días que cada
indio ha de trabaxar y dar de tasa, y a un sobrarán otros dineros, y tantos,
que con los dichos quintos vengan a cumplir hasta un millón.
De manera que conforme a esto, monta el servicio que a Su Magestad
se ha de hacer por la perpetuidad los cichos ocho millones, y más, los
cuales no le pueden pagar los seis años primeros, porque en ellos no
han de pagar más de la mitad de la renta que agora llevan los encomen­
deros, que son, como tengo dicho, un millón y ciento y tantos mil pesos
cada año, que vernán en los seis años a montar tres millones y trescientos
mil pesos. Lo demás se ha de ir pagando como se fuere tasando de la
forma que tengo dicha.
Demás deste provecho, hay el de las veintenas que se han de dar
por los traspasos, y lo que ha de dar cada sucesor de indios los dos prime­
ros años que sucediere, que será no pequeña renta, como dixe en el
Capítulo X X X .
Puédese también, por el que hiciere la perpetuidad, concertarse con
los encomenderos que tienen hixos naturales habidos en indias de esta
tierra, para que se nombren por esta primera vez en la sucesión y perpe­
tuidad de los indios, de que se podrá pagar al que hiciere la perpetuidad,
y allende se sacará de ello gran suma de dinero.
También se puede dar título de duque, conde o marqués a algunos
encomenderos, dos o tres en cada ciudad, a los que tienen más gruesos1

(1) V oir le tableau p. 109.


P a r t e p r im e r a cap. XX X III 111

repartimientos, con jurisdicción civil y creminal, con que de la justicia


pronunciada por el tal señor se apele para el Corregidor de la ciudad, de
que también se podrá sacar gran suma de dineros.
Los encomenderos, después de perpetuados, se puedan llamar comen­
dadores, porque lo ternán en mucho, y aprovechará de que no los llamen
vecinos, excluyendo a los demás que no tienen indios, como diré abaxo.
Las leyes que para lo contenido en este Capítulo se deben hacer,
son :
i Que en cada ciudad de españoles del Perú haya dos o tres señores de
salva, los que señalaren los que hicieren la perpetuidad, los cuales tengan
juresdicción civil y criminal en todo el destrito de sus repartimientos,
y puedan poner jueces de su mano que conozcan en primera instancia
y en grado de apelación de lo que hicieren los alcaldes de indios, y de
estos jueces se pueda apelar para ante los Corregidores que estuvieren
en las ciudades, o para las Audiencias, cual más quisiere el que pide.
ii Item, que hecha la perpetuidad, se llamen los encomenderos comen­
dadores, y no se llamen vecinos, porque lo han de ser no solo los que tienen
indios, mas también los que no los tienen.

CAPÍTULO X X X III

Si convern á d ar l ic e n c ia s a los com en dadores ,


DESPUÉS DE H E C H A L A P E R P E T U ID A D , P A R A IR A ESPAÑ A ;
Y N O SE H A C IE N D O , SI C O N V E R N Á A LO S Q U E SE Q U E D A R E N E N E S P A Ñ A ,
DARLES PARTE DE LAS R E N TA S Y T R IB U T O S ,
Y DE L A R E S ID E N C IA QUE DEBEN HACER EN LAS C IU D A D E S ,
Y NO ENTRE LO S IN D IO S

Estando ya tasada y perpetuada la tierra, bien se puede dar licencia


por las Audiencias para que los comendadores se vayan a España por
algún tiempo, y aun perpetuamente, si es ya viexo de sesenta años,
dexando en su vecindad y encomienda un escudero que las sirva con
sus armas y caballo, y pueda hacer dexación en su hixo o nieto, o en su
hermano y pariente, a quien de derecho pertenezca la sucesión, con licen­
cia de la Audiencia, pagando el vendedor la veintena de lo que le diesen
por el traspaso, y más, el sucesor la mitad de la renta por dos años, horro
de toda costa, e con que si fuere mochacho que no llegare a diez y siete
años, ponga un escudero que sirva por el señor, o le ponga la Audiencia.
112 G o b ie r n o d e l P e r ú

Como está agora la tierra sin perpetuarse, no conviene en ninguna


manera que los encomenderos se vayan a España, si no fuere con licencia
de la Audiencia, por el tiempo e con las fianzas e lo demás que por Cédu­
las e Provisiones se manda, y a los que estuvieren ausentes sin licencia,
o cumplido el tiempo de la licencia, manda Su Magestad por cada des-
trito en las Audiencias del Perú, se metan en la caxa de tres llaves los
tributos de sus indios del tiempo que lo estuvieron, y que de allí adelante
los Oficiales reales entiendan en la cobranza de los tales repartimientos,
y que se tenga gran cuidado de hacer que se cumpla esto.
Y si no conviene que esto se haga, mucho menos me parece que con­
viene que con los que se van a España se haga concierto de les dexar
desde allí gozar parte de la renta por algún tiempo, para que aquél
pasado se ponga todo el repartimiento en cabeza de Su Magestad, porque
no residiendo en sus vecindades, no están seguras sus conciencias si les
dan parte de la renta, porque no pueden hacer aquello a que están
obligados por razón de lo que llevan, que es procurar que sus indios
sean amparados y defendidos y enseñados en la pulida humana, e dotri-
nados en nuestra santa fe, y para ello dar lo necesario, y con sus personas
y haciendas defender a los que los dotrinan, para lo cual tienen necesidad
de residir, pues saben y les es notorio que idos todos los encomenderos,
se despoblará el Reino, pues mediante la plata y oro que a ellos les dan
de tributos se conserva la contratación de la tierra, sin la cual naide se
quedaría en ella, y los indios se alzarían con los pocos que quedasen,
negando la fe y bautismo que tienen recibido, y se volverían a sus ritos
e infedilidad, lo cual es y será todo a cargo de los encomenderos.
Lo cual yo les he dicho a algunos muchas veces, aunque ellos me
responden que tienen ya todos, o los más, hixos, y pues los indios no han
de pasar a sus nietos, no los quieren dexar perdidos y sin remedio en esta
tierra, pues es notorio que no pueden permanecer no la perpetuando ;
mas, si se perpetuase, el hixo que sucediese en los indios sustentaría
y casaría los demás; ansí, como no se perpetúa, no entienden que el
irse a España ni el despoblarse es a su cargo, mayormente entendiendo
que esto se hace en España muy de ordinario, aunque yo les he replicado
que no se ha hecho sino con tres o cuatro personas, e que no es el intento
de Su Magestad quedarse con la renta de los indios, sino darla a los que
le han servido, antes quiere darlos en perpetuidad porque no sucedan
los inconvinientes que dixe en el Capítulo X X I X ; y porque de ello les
viene muy gran provecho, como probé en los Capítulos X X V III, X X X
y X X X I I. Conviene tanto que los encomenderos no se ausenten del
servicio de sus vecindades, que manda Su Magestad que yéndose sin
licencia, les metan el tributo de sus repartimientos en las Caxas reales (1).
Aun hay otro inconviniente : que se van ellos solos, y otras veces
con sus mugeres e hixos, a residir entre los indios de su encomienda, lo

(1) Recopilación de Leyes de Indias, V I , I X , x x v .


P a r t e p r im e r a c a p . x x x m 113

cual parece a Su Magestad ser inconviniente, pues por su Cédula real


manda que el Audiencia invíe parecer de lo que conviene que en esto
se haga, y entre tanto provea lo que pareciere que conviene (1).
A mi parecer, es muy gran inconviniente — mayormente en esta
provincia, que está en frontera de enemigos — , y que no se debia de dar
fácilmente licencia para ello, como se ha usado hasta aquí de la dar los
que goviernan, por dos o tres años, que vivan entre los indios, y si licencia
se diese, había de ser por causa ligitima, y por medio año — a lo más
largo — ; y ésto, sin que se llevase toda su casa ; y no sería justa causa
el deber mucho y estar empeñado, sino enfermedad, o querer inquirir
cómo son sus indios dotrinados y tratados por los jueces que allí están,
como por Provisión real están obligados, so graves penas.
Las leyes que para lo tocante a este Capítulo me parece que se habían
de hacer, son :
i Que hecha la perpetuidad, las Audiencias, cada una en su destrito,
puedan dar licencia a los encomenderos para irse a España por cierto
tiempo limitado, dexando escuderos que sirvan su vecindad, e si fueren
de sesenta años, o dende arriba, les puedan dar licencia para se quedar
para siempre en España, dexando escudero que sirva sus encomiendas.
ii Item, que pueda cualquier comendador traspasar sus indios yéndose
a España, en el hixo o pariente que tenga derecho a suceder en ellos
muerto el que agora los quiere traspasar, pagando la veintena del precio
por que los traspasare, y para ello les dé licencia el Audiencia, pagando
el sucesor la mitad de la renta por los primeros dos años.
m Item, que ningún vecino encomendero de este Reino pueda gozar
de renta ninguna, ni parte de ella, de los tributos que dieren los indios
a él encomendados, estando en España, o no residiendo en su vecindad,
si no es teniendo licencia de la Audiencia, dada con justa causa, o de
Su Magestad.
iv Item, que el escudero que hubiere de quedar a servir la vecindad por
el ausente que tuviere para ello licencia, le nombre el encomendero que
se ausentare con licencia, y lo apruebe el Presidente de la Audiencia, y
si fuere muger, o menor, le nombre el Presidente, sino hubiere persona
deudo o pariente de la tal muger o menor que lo quiera hacer, y sea
hábil y suficiente a parecer del dicho Presidente.

(1) Cf. l’étude de Mörner, M. « Das Verbot für die Encomenderos, unter ihren eignen
Indianern zu wohnen » ; dans Jahrbuch für Geschichte von Staat, Wirtschaft und Gesell­
schaft Latein-Amerikas (K öln , 1964), I, p. 187-206.
114 G o b ie r n o d e l P e r ú

CAPÍTULO X X X IV

D e los b e n e f ic io s curados perpetuos que ha

DE HABER EN LO S R E P A R T IM IE N T O S ;
QUÉ C A L ID A D E S HAN DE TENER LO S C U R A S ,
Y S I C O N V IE N E QUE NO SE M U D E N ,
Y POR QUÉ CAU SAS P U E D A N Y DEBAN S E R P R IV A D O S

Hasta aquí se ha tratado de la manera que los indios de este Reino


del Perú han de ser instruidos, tratados y enseñados en la pulida humana,
porque sin ella xamás puede entrar en ellos la dotrina cristiana ; agora
será razón tratar cómo podrán ser mexor dotrinados en nuestra santa
fe católica, que es lo prencipal que Su Magestad y sus ministros preten­
demos y el fin que llevamos. Para lo cual, primero diremos de las personas
que conviene que esto hagan y alimentos que para podello hacer conviene
se les den, porque según dice San Pablo, a el que sirve el altar, de ello
se ha de alimentar (1).
Como está dicho arriba, para que los indios sean mexor dotrinados
conviene que haya un beneficio perpetuo en cada repartimiento de
indios, que por lo menos tenga quinientos de tasa a cargo, y dándole a
razón de un peso por cada indio, es suficiente salario para sustentarse,
dándosele allende de esto, de la comunidad, el trigo, maiz y carne que
se tasare que han menester para su comida. Ordinariamente ha de tener
cuatro mitayos para su servicio, de los mochachos que dotrinare, que
no pagan tasa; no ha de recebir presente ni otra cosa que comer sin pagar­
lo ; hásele de dar el vino y aceite que hubiere menester para el servicio
de la iglesia y para decir misa, a costa del encomendero y del común,
lo mismo en lo de los ornamentos para el culto divino necesarios. No
ha de tratar ni contratar con los indios, so pena de privación del benefi­
cio, y de otras penas, al albedrío del Obispo. No ha de tener chácara de
pan, ni de coca, ni otra cosa ni granxería en el repartimiento. No ha de
tener india en su casa que no sea muy viexa, y de edad de cuarenta años
para arriba. Si estuviere amancebado públicamente, o diere mal exemplo
con su vida, ha de ser privado perpetuamente del beneficio.
De ser los beneficios perpetuos viene gran bien a los indios para su
dotrina y conversión, porque mudándose a menudo (como agora se
hace) y andando escoxiendo la dotrina de la que más interés se les sigue,
es causa que no tenga ninguno cuenta con hacer lo que debe, y lo que
uno llevaba enterado, el otro que viene no lo sabe ni lo puede continuar.
El tratar y el contratar hace que no reprehendan a los caciques, y
les dexen estar amancebados por que les consientan contratar y no lo

(1) Ci. Première Epître aux Corinthiens, Chap. 9, v . 13.


P a r t e p r im e r a — c a p . x x x r v 115

digan, y el no ser buenos cristianos los caciques, es causa que no lo sean


sus indios.
El estar amancebados los clérigos y el darles mal exemplo con su
vida es causa que los indios hagan lo mesmo, y que no crean lo que les
enseñan, que es el mayor daño que les puede venir.
De ser perpetuos evítase otro daño : que no lo siendo, suelen los
caciques quexarse del padre que les dotrina levantándole un testimonio,
y por les complacer a los encomenderos, el Obispo quita al que lo hace
bien, y pone otro a gusto de los caciques, que se confedera con ellos para
que, todos juntos y a una, roben a los más pobres.
Las leyes que Su Magestad y constituciones que los Obispos en sus
sínodos habían de hacer, a mi parecer, para remedio de lo tocante a este
Capítulo, son :
i Que por que sean mexor dotrinados los indios, que se hagan bene­
ficios perpetuos en cada repartimiento, repartiendo los beneficios en
un pueblo, o dos, que tengan por lo menos quinientos indios de tasa,
sin mugeres e mochachos e viexos e enfermos, y sin los caciques y princi­
pales, y los curas que para ello fueren nombrados sean de edad compe­
tente, de buena vida y fama y costumbres, los cuales no lleven otras
cosas y den buen exemplo con su vida a los indios, y a los Perlados se
les encargue que hagan sobre ello tales constituciones que venga en efeto
lo que se pretende, que es la conversión de los naturales.
ii Item, que a cada beneficiado y cura se le dé, de salario y para su
sustentación, a razón de un peso por cada indio de tasa, que es lo que
está diputado y señalado para el beneficio, y más el pan y carne que
hobiere menester, y esto se le pague de los bienes de la comunidad de
los indios, y cuatro mitayos le sirvan de los mozos que dotrina.
m Item, que les den los ornamentos, cálices y campana, y el aceite
y vino que fuere necesario para los altares y misas y el servicio del culto
divino y de las iglesias, a costa del encomendero y del común de l os
indios, por mitad.
iv Item, los Obispos en el sínodo manden que el cura y beneficiado
que residiere en los pueblos de indios y los dotrinare, sea de edad de
cuarenta años y dende arriba.
v Item, que el clérigo que dotrinare indios sea de buena vida y costum­
bres ; no esté amancebado públicamente, ni haga delito en escándalo
de los indios, so pena de privación del beneficio, y de otras penas, al
albedrío del Obispo.
vi Item, que no traten ni contraten con los indios, ni tengan chácaras
ni grangerías en sus repartimientos, so pena de privación del beneficio,
y de otras penas que pareciere al Obispo.
vil Item, que no tengan indias en su servicio, si no fuere de edad de
cuarenta y cinco años para arriba, so pena de cien pesos, o otra que al
Obispo pareciere.
116 G o b ie r n o d e l P e r ú

CAPÍTULO X X X V

De los a b u so s de algunos que han d o t r in a d o in d io s ;


Y JURISDICCIÓN QUE SOBRE ELLOS HAN TENIDO,
Y PENAS DE DINERO QUE LES HAN LLEVADO,
Y EL INCONVINIENTE QUE DE SUS CASTIGOS
VIENE PARA LO DE LAS CONFESIONES

Común decir es de algunos frailes y clérigos que están en las dotrinas


que los indios no son más cristianos que Mahoma, lo cual yo he reprendido
a los que lo he oido decir, porque es decir mal de sí mismos, y no de los
indios.
¿ Cómo quieren que sean cristianos, si no ven que los que les dotrinan
hacen obras de cristianos ? Esto no digo por todos, porque muchos hay
muy buenos y que hacen mucho fruto.
¿ Cómo han de persuadirlos a que no tomen más mugeres axenas,
ni estén amancebados, si ellos las toman y lo están ? De esto hay tanta
disolución en algunos, que es la mayor lástima. ¿ Cómo les apartarán
de tener tres o cuatro mugeres, si por tenerlas les echan veinte o cincuenta
pesos de pena, sin tener jurisdicción para ello, y los aplican para sí, o
para lo que ellos quieren, sin dar cuenta a naide, y les dexan con ellas y
se huelgan que caigan otro año en otra tanta pena, para se enriquecer
ellos, no se les dando nada de la enmienda de los indios ?
¿ Cómo aprenderán a no hurtar, y cómo creerán que es bueno no
tomar la hacienda de los próximos ni codiciada, si ven que los que les
enseñan les roban a ellos mesmos por diversas vías ?
A mí me han informado que en solos tres años que un padre dotrinó
a ciertos indios, les llevó ganado, ropa, plata y oro, en cuantía de veinte
y dos mil pesos. [ Cosa horrenda y digna de grand castigo, si es verdad,
y parece que lo es por la memoria que se me dió en particular, diciendo
que tal cacique se había quexado y dado por guipo que había llevado
de su parcialidad tanto ganado, tanta lana y tanta ropa, y vendídola
a fulano y fulano ; y fulano cacique otro tanto, y ansí en particular todo
lo que les había llevado, y a quién, y por qué ; echándoles y llevádoles de
pena a más de ducientos indios que nombró, unos a cincuenta pesos, a
otros veinte, a otros dos carneros de la tierra, a otros sesenta pesos por
beber y por no venir a la dotrina, y por otras cosas livianas, y a algunos
condenaba a trasquilallos, que ellos sienten mucho, y por rescatar esta
pena daban dos carneros de la tierra, que valen veinte] pesos ; a otros
haciéndoles hacer esteras — que hacen allí muy primas — ; a otros
sobremesas y frazadas y ropa de la tierra, y otras infinitas cosas, en que
se vino a montar la dicha suma, cosa que no se había de decir ni mentar,
cuanto más hacer !
P a r t e p r im e r a — c a p . x x x v 117

¿ Cómo no han de aprender a robar los indios, si los que los dotrinan
les comen sus chácaras y sementeras, y les hacen trabaxar en ellas, sin
pagarles cosa alguna ?
Todo esto les consienten los caciques por que les dexen tener seis o
siete mancebas, y todos a una, según esto, vienen a robar a los pobres
indios, que han de aprender de esto.
¿ Cómo han de tomar los pobres indios devoción con las iglesias, si
se las hacen hacer a su costa, trayendo madera de treinta o cuarenta
leguas a cuestas ; trabaxan días y noches en el edificio de ellas muriendo
muchos del puro trabaxo, mayormente haciéndolas y deshaciéndolas a
cada paso, mudando la traza cada uno que viene conforme a su gusto,
no habiendo cuenta ni razón de ello ?
¿ Cómo han de aprender pulicía, si los que los dotrinan los ocupan,
sin pagar su trabaxo más que Huayna Capa les ocupaba, en hacer cosas
superfluas e sin provecho, como son acequias para traer el agua de dos
leguas, e después de gastados infinidad de peones, no poder venir el agua,
o en pozos donde era inpusible sacar agua, y sin ser menester, no más
que para su recreación de huertas ?
¿ Cómo han de osarse confesar a los sacerdotes ni decirles verdad,
si tienen cepos y cárceles, y les castigan y azotan por los delitos que
cometen ? En ninguna manera confesarán verdad, creyendo que si la
dicen los han de castigar.
Esto es lo que les estorba su conversión. Esto les estorba la cristiandad.
Esto les quita que no aprendan virtud, ni la usen. Esto es digno de
remedio.
Conviene que entiendan los indios que tienen rey y señor a quién
obedecer, y que los padres no tienen jurisdicción sobre ellos, ni los pueden
castigar, ni echar penas, ni otras cosas, más de dotrinallos. Justicias
tiene Su Magestad que les castigarán por los delitos que cometieren.
Los sacerdotes les han de enseñar por bien, amonestándoles el daño
que les viene de hacer mal, y el provecho de ser buenos, y amenazándolos
que los dará a la Justicia, para que los castigue.
Su vida ha de ser exemplo de ellos, y no los azotes que les dan y penas
que les echan. Si el sacerdote es codicioso, ¿ cómo hará virtuosos los
indios que enseña ? Si él no se limpia a sí, ¿ cómo limpiará a los otros ?
Si ven que hace contra lo que les predica, ¿ cómo le creerán ? No hay
para qué cansar en esto, pues es tan notorio.
Vengamos al remedio : yo no siento otro sino que no se provean
sacerdotes, que se usa ordenar en esta tierra los que ayer eran pulperos
y soldados y mercaderes quebrados, lo cual hacen para sólo efeto de
ganar de comer. Con este principio, ¿ qué medio ni fin puede haber, si
no tal como el principio ? También es necesario que sea el sacerdote
conocido y experimentado, y si no hubiera tantos, más vale pocos buenos,
que muchos malos.
13
118 G o b ie r n o d e l P e r ú

También será remedio hacer las leyes y constituciones siguientes :


i Que ningún clérigo, ni fraile, que estuviere en dotrina de indios, pueda
tratar ni contratar con ellos, por sí ni por interpósitas personas, ni tenga
ni haga chácaras ni sementeras, como está dicho en el Capítulo X X X I V
al fin, ni administre los bienes de los indios, ni entienda en otra cosa
más que en su dotrina, so pena de privación de beneficio, .y de mil pesos
para el común de los indios.
ii Item, que ningún padre que esté en la dotrina pueda mandar hacer
edificio alguno sin licencia del Audiencia, la cual dará orden que se haga
con asistencia del Correxidor, para que no se hagan gastos superfluos
y edificios no necesarios, y al cacique e indios que hicieren algún edificio
sin la dicha licencia, les sean dados ducientos azotes públicamente, y
sean tresquilados, pero que los reparos los puedan hacer por mandado
del Corregidor que allí residiere, y no de otra manera, y pagándoles su
trabaxo si ellos no lo quisieren hacer, por devoción, de balde.
m Item, que el sacerdote que residiere en la dotrina de indios no pueda
tener cepos ni prisiones, ni prender ni castigar indios, ni echarles penas,
pero al hichicero y al que tuviere más de una muger, les pueda azotar
y tener presos en la cárcel seglar, para qué allí se arrepientan, y el Corre­
gidor les destierre o castigue, sin que haya mutilación de miembro ni
efusión de sangre, mandándole servir en algunos monasterios o iglesias
fuera de sus repartimientos, y adonde no comuniquen con indios ningunos
de repartimientos, ni los enseñen a ser hichiceros.
iv Item, que el sacerdote de la dotrina no compela a ninguno a que
se case, ni vuelva cristiano contra su voluntad, más que por bien les
enseñe y persuada a ello.
v Item, que el dicho sacerdote de la dotrina no consienta se hagan
banquetes excesivos por los caciques, ni el Corregidor lo consienta, so
pena de privación de oficio, porque todo es a costa de los indios pobres,
y no del cacique.
P a r t e p r im e r a CAP. XXXVI 119

CAPITULO X X X V I

Si c o n v ie n e que el sacerdote de la d o t r in a
SEPA BIEN LA LENGUA GENERAL DE LOS INDIOS ;
Y CÓMO LES HA DE DOTRINAR, Y SOBRE LO TOCANTE A SUS h u a C ü S ,
ADORATORIOS Y ENTERRAMIENTOS

Dice San Pablo : « Si no entiendo la lengua de el que enseño, seréle


bárbaro, y él a mí también bárbaro » (1) ¿ Qué fruto podrá hacer el que
enseña, si no le entiende el discípulo ? Por cierto, ninguno, y aunque
para que con más gana se oiga al maestro hay necesidad que hable en
la propia lengua del descípulo (como probé más largamente en el libro
intitulado Estilo de Chancillertá), ¿ qué aprovecha (como allí dixe) que
sepan la dotrina de la palabra y la razón y la digan como papagayos o
picazas que les enseñan a hablar, si no la entienden ?
Menester sería, a mi parecer, que los sacerdotes que hubieren de
dotrinar los indios sepan la lengua general de ellos, para que les oigan de
mexor voluntad, y para que les entiendan, hasta que ellos sepan la
nuestra, en que se ha de tener mucho cuidado que la sepan mucho mexor,
porque muchas cosas hay que no se pueden bien enseñar en su lengua.
La manera de enseñarles ha de ser —- como decía San Pablo — como
a niños y principiantes en la fe, leche bebida, y no manxar, porque no
lo pueden comer por ser carnales y tener poco de espíritu (2), procurando
primero quitarles las huacas y adoratorios que tienen, e Ídolos que
reverencian, cosa que hasta agora no se ha hecho, aunque el Licenciado
Polo de Ondegardo, vecino y encomendero de esta ciudad, hombre de
muy buen entendimiento, y que ha servido muy bien en este Reino a Su
Magestad, siendo Corregidor en el Cuzco averiguó todas las huacas e
ídolos que tienen los indios, a que adoraban, por los quipos de los Ingas
y supersticiones que usaban, lo cual tiene escrito de mano (3 ); y habiendo
los Perlados de procurar que se supiese de raíz y se quitasen todas y
destruiesen por los clérigos de las dotrinas, dando a cada uno memoria
de las que había en su repartimiento y dotrina, para que las impidiesen
y quitasen, que sería muy fácil si quisiesen trabaxar, y ansimesmo les
avisasen cuán vana y mala cosa era los areytos y fiestas que hacen en

(1) Première Epître aux Corinthiens, Chap. 14, v. 11. Les deux citations de Saint Paul
que fait Matienzo dans ce Chapitre, servent aussi à Pedro de Quiroga pour appuyer son
raisonnement dans le Libro intitulado Coloquios de la Verdad (Ed. Zarco Cuevas, Séville,
1922), p. 117-119.
(2) Loe. cit., Chap. 3, vv. 1 à 3.
(3) On ne voit pas clairement à laquelle des œuvres de Ondegardo se réfère Matienzo :
s’agit-il du traité sur les Zeques et huacas du Cuzco, exactement ? ou bien, plus générale­
ment, de T« Instrución contra las cerimonias y ritos que usan los indios conforme al
tiempo de su infidelidad » et du « Tratado y averiguación sobre los errores y supersticiones
de los indios » ? étant donné que les trois œuvres abordent ce sujet.
120 G o b ie r n o d e l P e r ú

días señalados, en honor y veneración de las huacas, para que no se las


consintiesen hacer.
Es gran lástima que el mismo Licenciado Polo, este año pasado,
en esta ciudad, presente el Obispo (1), habló a los indios y les hizo confe­
sar que tenían las huacas que les dixo, y que hacían las fiestas a sus
ídolos, nombrándoles las huacas y las fiestas y el día que las hacían, y
les dixo cuán malo era y que no lo hiciesen más, y ellos respondieron
que nunca naide les había avisado que aquello era malo, y que agora
que se lo decían, que no lo harían de allí adelante.
Quitadas las huacas y sus ritos y adoratorios, se les había de dar de
beber la leche, y no manxar que ellos no pudiesen mascar y se les opilase.
Cosa santa y buena es, y aun necesaria enseñarles a persinarse y santi­
guarse, y decir el Pater Noster, y el Ave María, Credo, y Salve Regina,
y los Artículos de la fe, y Mandamientos, por romance y en su mesma
lengua.
Demás de esto, les habían de predicar en su lengua, y a los niños en
lengua española y en la suya propia, y darles a entender que hay un
Dios y Señor y Creador de los cielos y de la tierra, y que es Todopoderoso,
que nos da la vida y nos puede matar cuando quisiere ; que crea y hace
crecer los panes y maizales y todo lo demás que produce la tierra, que
Él nos envía el agua cuando ha menester, y si Él no quisiese, no llovería
ni nacerían ni se criarían los panes ni los demás mantenimientos ; que
Él sólo ha de ser adorado, querido, temido y reverenciado, y no las huacas
ni las piedras que solían adorar sus pasados, porque aquellas eran creadas
por el mismo Dios, y cosas sin ánima ni sentido, que no pueden hacelles
mal ni bien, cosa de burla que no tenían más aquellas piedras ni cerros
a que adoraban, que esotras piedras, que si pidiesen algo a ellas verían
que ni lo daban, ni lo podían dar. Sólo Dios es el que puede dar lo que
le pidiéremos, y nos lo dará si somos buenos cristianos y lo que le pedimos
es justo.
Dios quiere que seamos buenos ; que no tomemos la muxer axena
de nuestros próximos, ni tengamos cuenta con otras mugeres, sino las
nuestras, y que naide tenga más de una muger, ni cuenta con otra. Quiere
que no matemos, ni hiramos, ni hagamos mal a nuestros próximos, antes
los queramos bien. Quiere que no tomemos lo que es ageno, y si lo tomá­
remos, que se lo volvamos a dar. Quiere que no digamos mentiras si nos
tomaren juramento, que de esto se enoxa mucho. Quiere que trabaxemos
y no nos emborrachemos. Quiere que no adoremos huacas, ni querramos
ni reverenciemos más que a Él sólo, y que reverenciemos a Santa María,
su Madre, y a todos los santos que están en el Cielo.
Quiere que obedezcamos a nuestro Rey y a nuestros amos con todo

(1) C’ était alors Fray Domingo de Santo Tomás Navarrete, auteur de la première
Gramática y Vocabulario de la langue quechua (Valladolid, 1560), et correspondant au
Pérou du Père Bartolomé de las Casas.
P a r t e p r im e r a — c a p . x x x v i 121

amor. Quiere que, si pecáremos en algo, que nos pese de haber pecado,
y confesemos al padre nuestras penas y pecados, sin mentir en cosa
alguna, y teniendo propósito de no pecar más, haciendo satisfacción
de lo que fuéremos a cargo, y con esto es tan misericordioso que nos
perdona nuestras obras y culpas, y no se acuerda más de ellas, y si torna­
mos a pecar nos torna a perdonar, haciendo lo mismo que tengo dicho.
Háseles de dar a entender cómo cada hombre tiene ánima y cuerpo,
y que aunque el cuerpo se muera, mas el ánima que está acá dentro del
cuerpo siempre vive y ha de vivir para siempre, y el que fuere cristiano
y guardare los Mandamientos de Dios, en muriéndose irá a la Gloria a
gozar de Dios para siempre sin fin, adonde nunca terná pesar, ni tristeza,
ni pena, sino todo placer y alegría, gozando, queriendo, y amando y dando
gracias a Dios, en compañía de su Madre, la Virgen Santa María, y de
todos los santos y ángeles que le acompañan, y este bien nunca se acabará
xamás ; y a los malos que no fueren cristianos bautizados y no guardaren
sus mandamientos, en muriendo, sus ánimas irán al infierno con el
supay (que es el demonio), adonde estarán siempre en oscuridad, llorando
y gimiendo, con grandes penas y quemándose siempre, y muriendo ;
nunca xamás acabarán de morir, sino padecerán grandes tormentos, y
este zupay es el que anda de continuo engañándoles, haciéndoles adorar
las huacas y haciéndoles desesperar para llevarlos consigo al infierno,
para que padezcan penas para siempre.
Que se ha de acabar este mundo cuando Dios lo mandare, y no
quedará hombre vivo en él y se quemará toda la tierra, y entonces verná
Dios a juzgar a todos los hombres, y los cuerpos se juntarán con las
ánimas : los que huvieren sido buenos se irán con Dios y con sus santos
a la Gloria, y los malos con el supay al infierno.
Hánles de decir que no miren a las malas obras que hacemos los
cristianos, y lo que les enseñamos, sino a lo que les decimos, porque los
que mal hiciéremos, también nos iremos al infierno como ellos, mas
como Dios es misericordioso y nos quiere tanto a los cristianos, nos
perdona los pecados que hacemos, pesándonos de le haber ofendido, y
teniendo dolor de ello, y confesando los pecados, sin mentir en nada, y
teniendo propósito de no tornar a pecar, y satisfaciendo lo que, y a los
que somos en cargo.
Advertirles que el Santísimo Sacramento que el padre consagra y
alza cuando dice misa es verdadero Dios, que aunque no le ven corpo­
ralmente, ni pueden ver estando en esta vida, mas está allí verdadera­
mente debaxo de aquellas especies de pan y vino que se consagra en el
cáliz, y que las imágines que están pintadas en el altar, que las han de
hacer veneración y acatamiento, por representar los santos que están
en la Gloria.
Meterlos en otras cosas más altas es hacer que no lo crean, porque
no lo puedan alcanzar ni entender, hasta que vayan, andando el tiempo,
entendiendo y aprovechando más.
122 G o b ie r n o d e l P e r ú

Para mí tengo que si algún buen cristiano o justo hubiese entre noso­
tros, que Dios por su misericordia y por las oraciones del tal justo les
abriría el entendimiento, para que lo pudiesen entender, y enseñar a
otros, porque es cierto que lo aprenderían mexor de sus mesmos naturales
que no de nosotros, por el mayor amor que les ternán, y crédito que les
darían, como dixe al principio de este Capítulo.
Las leyes que para lo contenido en este Capítulo se podrían hacer,
son :
i Que en las ciudades de Los Reyes, de Quito, del Cuzco y de La Plata,
haya sendos colexios en que se enseñe la lengua general de los indios,
y sea obligado el Obispo y el Cabildo a pagar a los maestros que la enseña­
ren, la mitad, y la otra mitad, la Hacienda real.
ii Item, que ningún clérigo ni fraile pueda servir beneficio, ni estar
en dotrina de indios, si no hubiere estudiado en el tal colexio, y aprendido
la lengua general de los indios, un año o dos, y sin ser en ella examinado,
como diré en el Capítulo siguiente.
m Item, que los Perlados den orden cómo los sacerdotes de la dotrina
entiendan las huacas, y adoratorios, y fiestas que tienen los indios, y
procuren de se las quitar y del todo desarraigarlas, por que pueda hacer
en ellos algún efeto la dotrina que se les enseñare.
iv Item, que se les enseñe por la orden que arriba está dicho, haciendo
obras conforme a lo que les predican, porque el hacer lo contrario no
les engendre escándalo, y porque crean lo que se les enseñare, y no piensen
que es cosa de burla, viendo hacer lo contrario de lo que se les dice, y
así dan ocasión a que el nombre de Dios se blasfeme por las gentes a
quien enseñan, como dice San Pablo escribiendo a los romanos (1), y
por eso es menester que se haga el examen que luego diré, antes que sean
proveídos por curas en los repartimientos.
v Item, que a los hixos de los principales les enseñen a leer y escribir,
a rezar, cantar las Horas, ayudar a misa, y que sepan enseñar la dotrina
cristiana.

(1) Cf. Epitre aux Romains, Chap. 2, v. 24. Cf. aussi Isaïe, 52, 5, et Ezéchiel, 36, 20-25.
P a r t e p r im e r a — c a p . x x x v i i 123

CAPÍTULO X X X V II

Si Su M a g e s t a d , y l o s e n c o m e n d e r o s e n s u n o m b r e ,
c o n v ie n e q u e
SEAN PATRONOS DE LOS BENEFICIOS YA DICHOS,
Y NOMBREN AL SACERDOTE, CLÉRIGO O FRAILE,
PARA QUE LE CUELE Y EXAMINE EL OBISPO,
Y SI HAN DE ESTAR SUXETOS AL OBISPO LOS RELIXIOSOS QUE ESTUVIEREN
EN DOTRINAS DE INDIOS

El Rey de España, Nuestro Señor, es patrono de las Iglesias Catedra­


les de España por haber librado aquella tierra de los enemigos de nuestra
santa fe, y por haberlas fundado y dotado. Ansí — ni más ni menos —
lo es de todas las iglesias de las Indias, por la mesma razón, mayormente
dotando las iglesias y beneficios de la manera que tengo dicha en el
Capítulo XVI.
Si se dixere — como algunos dicen en esta tierra — : los que conquista­
mos la tierra la ganamos a nuestra costa, sin costa ninguna del Rey, y
la dotación no la hace el Rey de sus dineros, sino de lo que dan los indios;
se responde que los que la conquistaron fué con licencia y mandado
del Rey y con su autoridad, sin la cual ellos no la pudieran conquistar
(como dixe en el Capítulo II, y en otras partes), antes se pudieran tener
por robadores y castigarlos por tales. Y por razón de estar justamente
ganado este Reino, como allí probé, se deben al Rey estos tributos que
los indios dan, los cuales Su Magestad da a los encomenderos que conquis­
taron, ganaron y conservaron la tierra, para que la tengan en paz y
conserven.
Pues son suyos y a Él debidos los tributos, dando parte de ellos a
las iglesias y beneficios, con razón se puede decir que las dota, demás
de que por su mandado se han hecho y edificado las que están hechas,
y a costa suya, de los encomenderos, y de los indios.
Allende esto tiene el Patronato, por concesión apostólica. Como es
notorio, este derecho de patronazgo que Su Magestad tiene, le pasó
con la universidad de los tributos, lo cual se puede hacer conforme a
Derecho, ni lo impide el Concilio Tridentino, por estar hecho el traspaso
antes, y porque dice estas palabras : « Nec dictum ius patronatus, vendi-
tionis, aut alio quocumque titulo, in alios contra canónicas sanctiones
transferre praesumant... » (1), las cuales no parece innovan el Derecho
Común, pues dicen que no traspasen — por venta ni otro título — el
derecho de patronazgo contra lo dispuesto por Derecho Canónico, por

(1) Decretimi de Reformatione, Sess. X X V (3 Décembre 1563), dans Mansi,


Amplissima Collectio Concilìorum (Paris, 1906), X X X I I I , col. 187.
124 G o b ie r n o d e l P e r ú

el cual sólo se debe no vender el derecho canónico del patronazgo, por


ser anexo a lo espiritual, mas no vedaba el Derecho venderse y pasarse
a otro con la universidad (como arriba dixe), y si así, al pié de la letra,
se hobiesse de entender el Concilio, no habría derecho de patronazgo
ninguno, ni se podría pasar aun al heredero, cosa que no creo yo que
fuese intención del Santo Concilio.
Demás de esto, el Concilio no habla sino de patronazgo de clérigo o
de legos, y no hace minción de el patronazgo real, el cual no se incluye
debaxo de patronazgo de legos — como lo siente el mismo decreto —,
y se prueba latamente por Covarrubias y otros por mí alegados en el
Estilo de Chancillería.
También los encomenderos, por se dotar de sus tributos, son patronos,
como prueba largo César Lambertino, en el tratado de iure patronatus,
Artículo Segundo, en la Questión 3 principal de la Primera Parte del
Número 4 (1).
Pues si Su Magestad y sus encomenderos son, conforme al Derecho,
patronos, no es razón que se pierda el derecho del patronazgo, mayormente
que Su Magestad no lo puede renunciar en perjuicio de sus sucesores y
de la Corona real, ni tampoco los encomenderos en perjuicio de sus
sucesores.
Suelen poner inconvinientes para ello los que son, o pretenden ser,
Obispos, que poniendo y quitando sacerdotes los encomenderos, no
podrán libremente hacer lo que deben, porque han de ser quitados en
no haciendo lo que quisieren los encomenderos, y ansí necesariamente
han de andar a gusto de ellos, y ser sus calpisques.
A esto se responde que no vemos hacer menos agora a los que nom­
bran los Obispos, porque al que no les contenta, le quitan, y andan
haciendo muchas mudanzas de unas dotrinas en otras, que es harto
daño para los indios, como dixe arriba.
Mas, siendo el beneficio perpetuo, no los podrá naide quitar, sino
con justa causa, y ellos perderían el hipo que tienen de ir a Castilla si
supiesen que en aquel oficio habían de acabar la vida, y procurarían de
hacer más fruto.
Nombrado por el encomendero el sacerdote o sacerdotes que quisiere,
para hacer la colación el Obispo háles de hacer examinar por personas
para ello diputadas, conforme al Concilio Tridentino, que no sean menos
de tres ; y el mismo Obispo, o por su impedimento su Vicario, al que
hallaren hábil se le haga colación.
Si por dispensación del Sumo Pontífice los relixiosos pudieren ser
obligados a estos beneficios, conviene a mi parecer que estén suxetos al
Ordinario, que es el que tiene a cargo las ovexas de su Obispado y ha de
dar cuenta de ellas, y para dar la cuenta conviene que sea juez de tal

(1) Allusion à l’ œuvre de Cesare Lambertini, Tractatvs de ivre patronatvs clarissimorum


omnium... (Venetiis, 1554).
P a r t e p r im e r a — c a p . x x x v i i i 125

beneficio y se le pida a él y él le castigue si excediere en lo que está a su


cargo.
Las leyes y constituciones sinodales que para lo contenido en este
Capítulo se puede hacer, a mi parecer, son :
i Que los encomenderos nombren uno, dos, o más clérigos o frailes,
habiendo para ello dispensación del Sumo Pontífice, para que dotrinen
los indios, y sean curas y beneficiados del tal repartimiento, a los cuales
examine el Obispo, o por su impedimento su Provisor, con tres examina­
dores, conforme al Concilio Tridentino, y al que hallare más hábil le
haga colación del beneficio.
ii Item, que si el tal cura y beneficiado fuere privado del beneficio
por alguna causa, o él le dexare y renunciare, que en ninguna manera
se le pueda dar licencia para ir a España, porque sabiendo que no se
han de ir, procurarán de hacer mexor su oficio, y harán más fruto.
ni Item, que el relixioso que fuere elexido al tal beneficio, esté suxeto
al Ordinario.

CAPÍTULO X X X V III

Delo s d ie z m o s : si c o n v ie n e q u e l o s p a g u e n lo s in d i o s ,
Y DE QUÉ COSAS ; Y DE LOS BENEFICIOS QUE HA DE HABER
EN LAS CHÁCARAS Y EN LAS CIUDADES PARA DOTRINA DE LOS INDIOS,
Y A CÚYA COSTA

Tratar si los indios han de diezmar, o no, es cosa muy alta y muy
importante, y que Su Magestad, por muchas Cédulas y Provisiones que
a este Reino ha enviado, ha cometido a las Audiencias, Obispos y Perlados
de las Ordenes, para que, consultado con todos y comunicado, envíen
su parecer al Real Consexo de las Indias, y en la última Cédula manda que
entretanto que se invía el parecer, no diezmen los indios, y suspende
la Cédula en que había mandado que diezmasen como en la Nueva España,
porque también se había mandado suspender la de la Nueva España (1),
a cuya causa no me atrevo a dar parecer en ello, mas de advertir de algu­
nas cosas para que, los que lo hubieren de proveer, estén más advertidos.
Si se guarda la orden que tengo dicha en hacer la tasa de los tributos,
allí está dada orden de dónde se sustenten los clérigos de la dotrina (2) ;

(1) Cf. Cédules des 10 avril et 5 décembre 1557, dans Encinas, Cedulario, I, fols. 186
et 191-192.
(2) Cf. supra, Chapitre X V I.
126 G o b ie r n o d e l P e r ú

aquello sucede en el lugar de los diezmos, y es bastante y congrua susten­


tación para los curas que les administraren los sacramentos y les dotri-
naren, sin las ofrendas y otras cosas que de limosna y por devoción les
darán los indios. Ansí, en estos veinte años en que pongamos en orden
todo lo arriba dicho, no parece que es razón paguen diezmos, hasta que
vayan teniendo haciendas propias de que puedan — si quisieren —
pagar el tributo redimiendo los días de trabaxo lo que fuere tasado que
podrían ganar trabaxando y de qué diezmen, y ansí, en cuanto toca a
estos indios que están en los repartimientos, con razón no se les puede
pedir diezmo.
Mas los caciques y principales que no pagan tributos, éstos razón
me parece que diezmen, lo uno porque no pagan tasa, y lo segundo,
porque tienen más entendimiento que sus indios y están algo más instrui­
dos en la fé, porque los más de ellos son de los mochachos que han estado
con los padres de la dotrina 6 aprendido de ellos y saben leer y escrebir,
y aun hay indio que se confiesa por los Mandamientos por tan buena
orden como un letrado, según oí decir a un clérigo que dotrina a un
repartimiento de Chayanta, que reside en Pomata.
Estos tales justo es que diezmen, y a mi parecer este diezmo me parece
por agora que debe ser para ayuda a hacer las iglesias y para los orna­
mentos.
También me parece que la comunidad de indios que tuviere ganados
de Castilla y coxiere trigo o otra cosa de Castilla, que deve diezmar por
ellos, pero no de las cosas que fueren de esta tierra, y que estos diezmos
no los arrienden los Obispos, como se mandó en la Nueva España.
En las chácaras y heredamientos (como dixe arriba en el Capítulo
V III) hay muchos indios que llaman yanaconas, a los cuales da el dueño
de la chácara tierras en que siembren, y bueyes con que las aren y bar­
bechen y siembren. Estos no pagan tasa ni otra cosa. Paréceme, atento
que es razón, que paguen diezmo de lo que coxen, así de Castilla como de
la tierra : lo uno, porque entienden más que los hatunrunas: y lo segundo,
porque no pagan otro tributo. Si dixeren que harto tributo es servir
contino a sus amos, a esto se responde que no les sirven sino en tiempo
de barbechar y sembrar y coxer, y algunas veces de desherbar (que
serán tres meses en el año, o quatro, cuando más), y para en pago de este
servicio les dan vestidos, y las tierras en que coxen el pan, y casas en
que vivan, y otros aprovechamientos, y de esta soldada están obligados
a pagar diezmos, conforme a derecho, por la administración de los sacra­
mentos que el sacerdote les ha de administrar, y puédese moderar y
hacer de manera que dos o tres chácaras tengan un sacerdote.
Si esto no bastare, se pueda suplir del diezmo que dieren los españoles,
que poco perjuicio podrá venir a las iglesias catredales, a las cuales basta
la renta que tienen del diezmo que dan los tributos y de todo lo demás
que pagan los españoles, y aunque fuese sólo los diezmos de la coca que
se coxe en esta ciudad y en el Cuzco y en La Paz, bastaría para tener
P a r t e p r im e r a — c a p . x x x v i i i 127

suficiente renta; y no es razón que los dueños de las chácaras paguen


al sacerdote de la dotrina, pues ellos pagan su diezmo enteramente de
todo lo que coxen, y del ganado que tienen, y ansí me parece que al
habérselo mandado pagar el Obispo de esta ciudad les ha hecho agravio
por les haver echado de impusición nueva más de cincuenta mil pesos :
cosa es digna de remedio.
El sacerdote para la dotrina de estas chácaras lo ha de nombrar el
Obispo, y ha de ser perpetuo como los demás ; hánle de suplir hasta
quinientos pesos si no valieren tanto los diezmos de los yanaconas, y
la comida. No teniendo más renta, se la han de dar los chacareros, a
como se tasare por el Audiencia.
En las ciudades de españoles ha de haber dos, o tres, o cuatro parro­
quias, conforme a los indios que en ellas residieren, demás de las de los
españoles. En ellas ha de haber también beneficios perpetuos. Han de
tener cuenta los curas de los indios tindarunas, yanaconas, mulatos, y
negros horros que hay en las tales ciudades que se les señalaren por parro­
quias, de les bautizar, confesar, y administrar los demás sacramentos,
y de les enseñar la dotrina cristiana los días de fiesta, y a los mochachos
cada día. Han de tener sus libros en que lo tengan todo por memoria,
y asienten los bautizados, y los casados, y al que se fuere asienten por
ido, y pongan al que de nuevo viniere.
Ha de haber dos alguaciles y dos alcaldes de los mesmos indios, que
tengan cuenta con los que se van y vienen de nuevo, para lo hacer saver
al padre, y para executar lo que les mandaren las Justicias reales.
Ha de dar cada español, por todos los indios e indias e mulatos que
tuviere en su casa, un peso ; y si tuviere más de dos indios, dos pesos ;
el negro horro, por toda su casa, un peso, y los tindarunas, cada indio
trabaxador medio peso por un año, y si estuviere menos, al respeto,
lo cual se les ha de quitar de lo que han de dar al beneficio de su repar­
timiento.
Las leyes y constituciones sinodales que para esto se deben hacer, a
mi parecer :
i Que los indios hatunrunas de tasa no paguen otros diezmos más de
lo que han de dar para su beneficio y para su tasa.
ii Item, que los caciques y principales que no pagan tasa, paguen
diezmo de todo lo que coxieren de la tierra y de Castilla, y de los ganados
asimismo, y que este diezmo se emplee por agora en edificios de iglesias
y ornamentos y aparejos para la iglesia.
iii Item, la comunidad de los indios ha de pagar diezmos del ganado
de España y cosas que siembren de Castilla, y que los Obispos no arrienden
estos diezmos.
iv Item, que los yanaconas de las chácaras diezmen de lo que coxieren
de las tierras que los españoles les dan, y el Obispo provea cómo en dos
o tres chácaras haya un sacerdote y beneficio, conforme a los indios que
128 G o b ie r n o d e l P e r ú

hobiere en cada chácara, y si esto no bastare para le complir hasta qui­


nientos pesos cada año, se le supla de lo que diezman los españoles. La
comida le han de dar los chacareros no teniendo de salir de más de los
quinientos pesos, la cual comida ha de tasar el Audiencia y el Obispo.
v Item, que en cada ciudad de españoles haya dos, o tres, o cuatro
parroquias para dotrinar y administrar los sacramentos a los yanaconas
y tindarunas y a los demás indios que van y vienen, a los mulatos hixos
de negros e yndias, y a los negros horros, y tenga el beneficiado de cada
parroquia libros de memoria de todos los indios que son a su cargo, y
de los bautizados, y casados ; y haya dos alcaldes y dos alguaciles indios,
para que den al padre memoria de los que se van y vienen.
vi Item, que para sustentación del clérigo de cada parroquia de estas,
dé cada español por los indios e indias y mulatos e negros horros que
tuviere en su casa, un peso cada año ; y si tuviere más de dos indios,
dos pesos ; el negro horro, por toda su casa, un peso ; y los indios de
alquiler de la plaza, que llaman en su lengua tindarunas, cada indio
de trabaxo medio peso, lo cual se les ha de quitar de lo que dan al bene­
ficio.

CAPÍTULO X X X I X

D e l a s huacas y e n t e r r a m ie n t o s d e in d i o s ,
Y TESOROS QUE EN ELLOS HAY : SI LOS PUEDEN SACAR LOS ESPAñOLES,
Y PARA QUIÉN HA DE SER,
Y SI DE ELLO VIENE DAñO O PROVECHO A LOS INDIOS

Antigua costumbre fué, dos mil e nuevecientos años antes que nuestro
Redentor naciese, entre gentiles, y 'después entre judíos y otras naciones,
de enterrar con los cuerpos muertos oro, plata, piedras preciosas, vesti­
duras de valor, y otras cosas, como se lee en la Sagrada Escritura. Aquello
referí largamente en el libro intitulado Estilo de Chancillería.
Ansí, los indios de este Reino acostumbraban a enterrar, con los
cuerpos de los caciques y grandes señores, vasos de oro y plata en que
ellos bebían, y otra mucha plata y oro, y piedras preciosas, y vestidos
de mucho valor, y aun enterraban vivas las mugeres que tenían más
queridas, y sus criados, porque pensaban que habían de resuscitar y les
habían — aquellos que enterraban con los muertos — de servir con
los mates y vasos que allí metían, y estos enterramientos se llaman en
P a r t e p r im e r a cap. x x x ix 129

la lengua general de los indios chulpa o aya (1), aunque el vulgo comun­
mente los llama huacas.
En los Llanos, especialmente en la ciudad de Truxillo, se han hallado
muchas sepulturas de estas, tan altas como un gran monte o cerro, todo
hecho a mano, y dentro están hechos gentiles aposentos de bóveda, y
allí asentados los cuerpos muertos, y de los criados que consigo enterra­
ron, y mucho oro y plata, que hay sepultura de estas que se ha sacado
de ella más de cien mil pesos, y aun ducientos mil, y de otras menos.
Las que verdaderamente se dicen huaca, y por otro nombre vilca,
son oráculos y adoratorios que comúnmente están en cerros muy altos,
adonde adoran por Ídolos a piedras o plantas, y allí tienen Ídolos de oro
y plata, y les ofrecen corderos, coca, cuyes (que son como conexos), y
oro y plata, creyendo que aquellas piedras son sus dioses.
De estos tesoros que se hallan en estas huacas, o en las sepulturas,
se suele dudar si serán de los españoles que los hallaren, o de los indios
cuyos son los enterramientos, o del Rey, o de las iglesias, y por que eso
lo examiné largamente en el dicho libro de Estilo, aquí seré breve, aunque
era cosa harto necesaria.
Don Fray Bartolomé de las Casas, Obispo de Chiapa, en una carta
que envió al Perú a ciertos relixiosos de la Orden de Santo Domingo (2),
decía y sustentaba que los tesoros que estaban en estas sepulturas y
en las huacas no los podían sacar ni llevar sin licencia de los reyes Ingas,
y fundábalo diciendo que todo lo que allí metían era para que quedase
fama y nombre de ellos perpetuamente, y sus sucessores siempre fuesen
honrados. Si no ay noticia cúyos fueron los enterramientos, ni de sus
sucesores, dice que tampoco se pueden sacar sin licencia del Inga, por
ser rey natural de esta tierra, y después que los reinos se extinguieron,
cualquier rey en su reino tiene administración in solidum, y no otro
alguno: luego no puede naide sacar los tesoros sin licencia del rey. Muévese
también por la autoridad de Fray Domingo de Soto, que referí en el
lugar arriba alegado, y por no lo fundar más de en su autoridad, no lo
refiero aquí.
El Obispo trae otra razón, diciendo que ios españoles son tiranos y
enemigos de los indios (palabras, por cierto, escandalosas y bien escusadas
en un relixiosos), a cuya causa — como dice Tulio — , no puede haber
ninguna buena compañía entre ellos y los indios, sino destruición. Funda
ser tiranos por haber entrado por fuerza y contra voluntad de los reyes
naturales, y hecho muchas crueldades con los indios, de lo cual infiere

(1) Mot quechua équivalent de enterrement ou tombeau. Cf. Santo Tomás, op. cit.,
p. 77, 96 et 107.
(2) Comparer avec le Tratado de las Doce Dudas de Las Casas, dont les conclusions I a
et 2a de la Séptima Duda, et les conclusions I a et 2a de la Octava Duda, contiennent les
passages qui scandalisent tant Matienzo.
Cf. l’édition de Pérez de Tudela, dans la Biblioteca de Autores Españoles, CX, p. 478-
536. Voir aussi le traité lascasien publié par Angel Losada, sous le titre L os tesoros del
Perú (Madrid, 1958). La question y est abordée principalement dans les p. 351 à 357.
130 G o b ie r n o d e l P e r ú

que todo lo hecho por los españoles y jueces del Rey es ninguno y de
ningún valor y efeto, como hecho por tiranos.
Pero no obstante estos tan livianos fundamentos, lo contrario es
más verdadero : que estos tesoros hallados en los enterramientos, de
que no se sabe dueño ni sucesores, se pueden tomar y sacar por los
españoles sin licencia de los Ingas.
Pruébase esto porque los Ingas no eran reyes naturales de estos
Reinos, sino tiranos que habían quitado y privado del señorío de sus
tierras a los verdaderos y ligítimos reyes, que son los caciques principales
de cada provincia ; y aunque fueran reyes naturales, por las tiranías
que usaban con sus súbditos se podían decir verdaderamente tiranos,
como así probé más largo arriba, en el Capítulo Primero, y el Reino se
ganó justamente, como allí dixe.
Luego, bien se pueden sacar tesoros de las huacas, pues el Rey lo
permite por sus leyes, mayormente que lo tenían por delito, y naide se
podía de ello aprovechar de los mesmos bárbaros, mas a los españoles
no les es vedado aprovecharse de ello y sacarlo, porque aunque para
los bárbaros eran lugares relixiosos los sepulcros, pero no a los españoles.
A esos fundamentos respondí allí negando el antecedente en que se
funda el primer fundamento, porque no son reyes naturales los Ingas,
sino tiranos; y ya que no lo fuesen, tampoco es verdad que pertenezcan
los tesoros al rey Inga por derecho, ni por costumbre, como allí probé
más largo. Lo que dicen que los españoles son tiranos, es falso, como
tengo probado en el Capítulo II.
Lo mesmo es verdad y procede, aunque se conociesen sus sucesores
de los que allí están enterrados, porque pues ellos se privaron del señorío
de aquellas cosas en metiéndolas allí, por tener creído y entendido que
aquellos difuntos habían de resuscitar y gozar de aquellos vasos y joyas
preciosas, puédelas tomar cualquiera, mayormente que siendo como son
cristianos, es justo que se les desarraigue esta falsa opinión que tienen,
porque no cometan otra vez semejante maldad, y se vuelvan a su infldi-
lidad, y por el pecado que cometen creyendo aquello y venerando los
sepulcros que allí tienen, y en pena dél merecieron que les quitasen los
cuerpos muertos, y todo lo que allí tienen enterrado sin provecho de
naide, y se aprovechen los españoles de ello, como allí probé.
A lo que dice el Obispo que lo metieron en los sepulcros para conservar
su honor, no es de creer tal cosa, porque ni ellos tienen honor, ni tal se
hallará por verdad que ellos sean capaces de honra, ni lo hicieron por
otra cosa sino por inducimiento del demonio, pensando que habían de
resuscitar para quedar otra vez en este mundo, y gozar y servirse de
aquellas cosas que allí metían.
Si lo hicieron por conservar su nombre y fama y de sus sucesores,
claro es que no lo escondieran en lugares tan apartados y cubiertos, que
perpetuamente naide los pudiese ver. Si por esto lo hicieran, fuera en
parte pública y patente, donde todos lo vieran ; no tan escondido como
P a r t e p r im e r a — - c a p . x x x i x 131

estaba, que aun los mesmos indios no lo veian ni sabían, más de algún
hichicero que entre ellos había.
De estos tesoros tiene Su Magestad dos quintos : uno de todo lo que
se saca, y otro de los residuos ; por qué causa esto sea, dixe en el libro
muchas veces por mí alegado.
Los tesoros que se hallan en las huacas y adoratorios de los indios,
y los ganados que llaman del sol, parece que ni a los que los hallan,
ni a los indios pertenezcan, sino a la Iglesia — como dice el mesmo
Obispo — , porque los ofrecieron a las huacas pensando que son sus dioses
verdaderos, y en su honra : luego adquiérense a la Iglesia. Y o sostuve
en el dicho libro que también estos tesoros se adquieren a los que los
hallan, por las razones que allí dixe.
De lo dicho se colixe que es cosa provechosa a los españoles y a los
indios sacar el tesoro de estas huacas, para desarraigar que no crean
semexante desatino que hasta aquí han creído, ni adqren a huacas ni
Ídolos, como en tiempo de su infedilidad, sino a Dios verdadero, pues
son ya cristianos.
Si se dixere que bien se podían quitar las huacas, mas que el tesoro
se había de restituir a los indios, a esto se responde que pues ya lo dexaron
pro derelicto, lo adquiere conforme al Derecho el que lo halla, pues no
habría hombre que quisiese gastar tanto dinero en labrar y cavar la
huaca, si no hubiese de gozar lo que en ella está.
Las leyes que para lo contenido en este Capítulo se podrían hacer,
son :
i Que se dé licencia a cualquier español que hallare alguna huaca o
enterramiento de indios y tesoro alguno en ella, que lo pueda sacar
para sí, dando la quinta parte al Rey, y de lo restante, si fuese plata
o oro, otra quinta parte por que se le eche la marca real, y que haya
veedor señalado en nombre de la Justicia.
n Item, que al que hubiere hallado y señalado la tal huaca o enterra­
miento, no se le pueda tomar por otra persona, manifestándola ante la
Justicia dentro de quince días, y labrándola dentro de cuarenta días,
y no dexando de labrar dos meses continuos.
m Item, que el ganado que se probare ser del sol o del Inga, se procure
saber por las Justicias reales dondequiera que esté, y se le dé la décima
parte al que lo denunciare, y lo demás quede por bienes del común de
los indios, y se gaste como los demás bienes del común, y por la orden
dada en el Capítulo X X , que de ello habla.
132 G o b ie r n o d e l P e r ú

CAPÍTULO XL

D e los a s ie n t o s de m in a s de P otosí y de P orco ;


si c o n v ie n e que los in d io s se echen a las m in a s ,
Y cómo se han de hacer y conservar los a s ie n t o s

En el tiempo que los Ingas mandaron este gran Reino del Perú,
sacaban en algunas partes de esta provincia de los Charcas gran cantidad
de plata, teniendo muchos indios para ello, especialmente en el cerro
de Porco, que ha sido la cosa más rica que se ha visto.
Cuando entraron los españoles, hallaron las vetas descubiertas y
labradas, y han sacado de ellas gran cantidad, especialmente de la que
tiene Hernando Pizarro, y de la que tiene Su Magestad junto a ella. Es
muy rico metal el que se saca de aquel cerro, mas no es ordinario, sino a
bolsas. Hállase plata fina sin fundirlo ni llegar a ello, y metal hay que
tiene las dos tercias partes de plata, y otro la mitad, y es cosa admirable
que por un poco de tierra e piedra den la mitad de lo que pesa en plata,
y aún gana en ello el indio que la compra.
Toda esta provincia está llena de metales, y por no sacarlos con
indios, y ser fría para negros, está perdida esta riqueza tan grande, y
aun hay mucho oro, sino que no se dan a ello, por ser más ricas las minas
de plata.
Potosí es un cerro muy hermoso ; al derredor de él no hay otro ninguno.
Descubrióse por un yanacona de un Villarroel : año de 1547 (sic). Está
a un lado del cerro poblado un gran pueblo, tan grande como esta ciudad,
que habrá dos años que el Virrey y Comisarios le hicieron villa (1).
Sácase cada año en él, de quintos, trescientos mil pesos, por manera
que es millón y medio el que se saca cada año, sin lo que se llevan los
indios por quintar, que será otra gran suma.
Estará este pueblo de Potosí diez y ocho leguas de esta ciudad de
La Plata. Acuden a este asiento muchos indios, y hay muy gran contra­
tación, ansí de ellos, como de españoles. No hay año que no se contraten
más de dos millones. El principal trato es el de la coca (de que trataré
abaxo), porque se sacan de ella novecientos mil pesos, y aun un millón ;
de ropa de la tierra, de maiz, de papas, y de chuño, se sacarán — todo
de poder de los indios — trescientos mil pesos ; de ropa de Castilla, ducien-
tos o trescientos mil, a lo más largo.
De aquí es que cuantos más indios hubiere en Potosí y Porco, más
plata se sacará, porque cuantos más hobieren, más coca comerán y más

(1) Exactement le 21 novembre 1561. Archivo General de Indias. Patronato, 188,


Ramo 27, nümero 1.
P a r t e p r im e r a — c a p . x l 133

pan y más ropa gastarán, y para comprarlo darse han a sacar la plata
de los cerros. De aquí se colixe también que los que menos plata sacan
son los españoles, y de lo que sacan, lo más de ello vuelve a los indios
por los jornales que les dan, y por carbón, y candelas, y otras cosas que
de ellos compran, por manera que para sacar plata de Potosí y Porco
es menester representar a los indios cosas que compren, como coca, ropa,
maiz, y otras semexantes, y faltando esto, no habría plata para conserva­
ción de este asiento.
De Potosí parece que proveyó Dios que no se pudiese fundir ni refinar
la plata por españoles con fuelles, aunque han venido grandes maestros
para ello, sino fué servido que la sacasen los mesmos indios con una
invinción harto extraña : hacen unos hornos de barro, que llaman
guayras, del talle de albahaquero de España, que tienen por munchas
partes aguxeros y respiraderos, en los cuales ponen el carbón debaxo, y
encima el metal, y puestos por los cerros y laderas donde el viento tiene
más fuerza. Hay de noche tantas de estas guayras, que haciendo buen
tiempo, se han contado cinco mil guayras, que parecen luminarias.
En esto anda infinidad de indios, los cuales de la tierra que echan
encima sacan más plata — seis veces — que los españoles de lo prencipal,
como se ve por ispiriencia.
Para conservación de estos asientos de minas y de esta gran contra­
tación que hay en Potosí, pues de ella depende la conservación de la
tierra, es necesario dar orden.
Como hay muchos indios en estos asientos y muchos españoles, que
los unos contratan con los otros, algunos indios vienen para se alquilar
en las minas. De estos hay mil en Potosí, y quinientos en Porco, y había
necesidad que hobiesse mil y quinientos en Potosí, y ochocientos en Porco.
Otros indios hay que tratan en carbón, que es un trato muy grueso,
que se vende mucho y van muy lexos por él, y lo traen en carneros de
la tierra. Otros tratan en hacer candelas, que se gastan infinitas en las
minas. Otros en traer comida ; otros en hacer y cocer pan ; otros en
guayrar y sacar plata, y éstos son los más y los que más ganan. Otros
en alquilarse para obras del pueblo. Otros en vender metal de soroche y
plomo : de éstos hay más de tres mil. Otros hay que venden maiz, harina
de maiz, y coca, y otros hacen chicha (que es la bebida de los indios),
y otros son yanaconas que trabaxan en las minas para si, tanto que
aunque no hay metal formado, de la tierra que sacan de la veta sacan
ellos mucha plata, y alquilan a su costa otros indios para la labrar.
En habiendo metal en alguna veta acuden tantos indios cuantos
pueden cavar en la mina : allí es el contratar y comprar metales, que
ellos mesmos lo compran para guayrar y sacar la plata ellos.
Finalmente, es una confusión muy grande, que hay pocos que lo
entiendan : sólo se entiende que lo mexor es en aquel asiento no hacer
novedad, si no fuere añadir indios, que esto nunca daña, antes siempre
aprovecha.
134 G o b ie r n o d e l P e r ú

Españoles hay y conviene que haya muchos en Potosí. Unos son


dueños de minas que las labran a su costa. A éstos se había de hacer
mucha honra, porque ellos sustentan el asiento y contratación de Potosí.
Otros son mercaderes de coca y ropa de la tierra. Estos son muy nece­
sarios, porque los que la traen del Cuzco no podrían estar de asiento
vendiéndola. A éstos se la compran los coqueros y después la venden
por menudo en los tiánguez, y mercados. Otros son mercaderes que tratan
en ropa de Castilla y de la tierra. Otros son panaderos, que se vende
mucho pan. Otros van y vienen, y acarrean comida. Otros hay que se
sustentan de juegos y de tener una india por manceba, que les vende
y rescata en el tiánguez coca y otras cosas, con que se sustentan harto
en su deshonor y en gran peligro de sus conciencias, que dan harto escán­
dalo y mal exemplo a los indios, para lo cual no se dá ningún remedio,
que es harta lástima y por donde podrá ser, no se remediando, se venga a
perder el asiento, y perdido él, se pierda toda la tierra. Otros hay oficiales,
como en las demás repúblicas.
De la conservación y buen tratamiento de todos éstos, excepto de
los jugadores, ociosos y amancebados, ha de tener gran cuidado la persona
que gobernare estos asientos, que ha de ser ispirimentada y de mucha
confianza, como diré adelante.
Conviene, por la conservación del asiento y del Reino, que los indios
anden en la labor de las minas, y para esto se reparta entre todos los
repartimientos de indios, conforme a los que cada repartimiento o
provincia tiene, repartiéndolos los caciques como lo hacían en tiempo
del Inga, o puesta en orden la tierra los reparta el Gobernador (1) por
la memoria que ha de tener de los indios que hubiere en cada reparti­
miento : a uno cabrán veinte indios, a otro treinta, a otro cincuenta.
Estos han de venir con sus muxeres e hixos a los dichos asientos para
donde fueren repartidos, y estar un año, y acabado aquél, venir otros
por otro año, que vayan todos por turno a mitar (como ellos llaman),
por manera que éstos se han de alquilar para las labores de minas.
Suélese poner por inconviniente, por algunos relixiosos, con buen
fin, que estos indios son libres, y por tales declarados por Su Magestad,
y atento a esto, nó los han de compeler a trabaxar no queriendo ; además
de esto, que en las minas hay mucho peligro y muérense muchos. Por
cierto el fin que llevan es muy bueno y santo : que estén en su libertad
los indios, y que se conserven y no los maten poniéndolos en parte enferma
o a morir.
Mas, puédese responder fácilmente a estos dos inconvinientes, y al
postrero responderé primero.
Es grande engaño pensar que estos asientos de Potosí y Porco sean
enfermos, porque Potosí y Porco son pueblos o asientos de minas los
más sanos para indios serranos que hay en todo el Perú, y más sanos

(1) C’est-à-dire le Gouverneur Lope García de Castro.


P a r t e p r im e r a — c a p . x l 135

que sus propias tierras. Lo cual se vé claro, y la ispiriencia nos lo muestra,


porque indios y indias viexos, mozos y mochachos, viven en ellos muchos
años más que en otra alguna parte ; procrean más hixos, que no hay
india que no tenga ordinariamente muchos, y las más traen uno del
brazo, otro a cuestas, otro en el vientre, y algunos delante de sí, que
es cosa milagrosa ver qué tanto engendran y tan fértil sea aquella tierra,
siendo como es muy fría.
Decir que caen de las minas abaxo ochenta y cien estados y se hacen
pedazos, ésto es tan pocas veces que no se ha de traer a consecuencia,
mayormente que esto es por mal recaudo y accidental, y no natural,
a que se puede dar remedio haciendo buenas escaleras, y agora hay
menos peligro por los socavones que se van labrando, que por allí entran
y salen a las minas y sacan el metal y no pueden peligrar.
Si esto se hubiese de considerar para impedir lo en que va tanto para
se poder conservar el Reino, también se había de vedar en España, y
en todas las tierras del mundo. Otras cosas hay en que hay más peligro,
como es el trastexar, el hacer tapias altas, la carpintería, porque se ha
visto más ordinariamente caer de un texado, de tapias altas, de algún
edificio de carpintería o albañilería más alto que una torre, y otras veces
menos, el oficial, mas por eso no se han de dexar de usar semexantes
oficios.
Si se dixese : aquellos lo hacen de su voluntad, y no por fuerza como
los indios lo hacen contra su voluntad, responderé que antes ellos se
huelgan de estar en Potosí y en Porco trabaxando, porque allí ganan
de comer y vestir, comen bien y beben mexor, y ahorran algo para llevar
a sus tierras ; aprenden polecía y cristiandad, y a saberse quexar de
sus curacas y principales, lo cual es causa que éstos se lo estorben a sus
indios, y no quieran que tengan ni posean cosa propia, ni sepan ni se
atrevan a quexarse de ellos, por tenerlos opresos e tiranizados, y ansí
los indios nunca se quexan de esto, sino sus curacas ; ansí, si algunos
indios no quieren trabaxar en las minas, es porque de su natural son
holgazanes, por no pretender más que comer y vestirse lo que les basta
para un día o para una semana, y acabado aquello tornan a trabaxar.
Esta condición tienen porque no les dexan poseer cosa propia, y
saben que todo se lo han de tomar los caciques, so color que es para
pagar la tasa ; mas, si se diese la orden que arriba dixe, ellos se holgarían
más de trabaxar que no de estar ociosos, y si los dexamos en la tiranía
y oprisión que agora les tienen sus caciques, menos libertad temían
que haciéndose lo que tengo dicho.
Respóndese a lo segundo, que no es quitarles la libertad compelerlos
a trabaxar pagándoselo, pues nacieron para ello y para ser mandados,
como probé más largo en los Capítulos IV y V, mayormente siendo para
bien suyo propio (como allí probé), y para bien público, pues el compelellos
a trabaxar es en bien de todo el Reino y conservación dél, y si no se les
mandase, ellos no trabaxarían, por dos razones que tengo dichas : la
136 G o b ie r n o d e l P e r ú

una, porque no es para ellos el premio que sacan del trabaxo, porque
se lo toman sus caciques, y no saben tener cosa propia ; y la otra, porque
sus caciques no quieren que trabaxen, porque todavía les queda algo
para sí, y aprenden a saber quexarse y a tener cosa propia, y estorban
esto cuanto pueden, por poder mexor tenellos opresos y tiranizados, y
hasta que esto se remedie, y se ponga en libertad los indios, no es mucho
que no quieran trabaxar, pero sabiendo que es para sí aficionarse han
al trabaxo.
Respóndese también que no es cosa nueva compeler a algunos que
trabaxen, antes es cosa lícita y justa cuando hay necesidad de su trabaxo
para conservación de la república. Si el turco viniese sobre España,
¿ no está claro que compelerían a todos los españoles a ir a la guerra, y
nenguno se escusaría ? Pues los españoles libres son más que los indios,
mas no por esto se podrían decir siervos, pues la guerra era cosa que
a todos cumplía, y ansí, en las Sagradas Escrituras se halla en diez casos
haberse movido guerra y convocado y forzado para ello todo el pueblo :
el primero, para buscar y castigar algún ladrón o malhechor ; el segundo,
para vengar la injuria hecha al rey o a su embaxador; el tercero, para
matar al súbdito rebelado y alzado ; el cuarto, para destruir y tomar
las municiones del contrario ; el quinto, por denegar la fidelidad temporal
y el tributo al rey ; el sexto, si el malhechor resiste y se defiende ; el
séptimo, si el amigo o el pariente está captivo, para librarle y rescatarle ;
el octavo, para seguir a los enemigos que se huyen ; el noveno, para
expeler y matar al tirano, y el décimo, para vengar y castigar una gran
maldad y delito. Estos dos últimos casos se podrían aplicar a la conquista
de estos Reinos, y porque de ello traté en el Capítulo II, no lo repito aquí.
De esto se infiere que, por lo que toca al bien público y conservación
del reino, pueden los vecinos y habitantes dél ser compelidos a servir
en la guerra, pero esto se entiende si las rentas del rey y del reino no
bastasen, o si no hubiese otra gente que pudiese ir a la guerra.
También por la mesma razón, si los labradores de Castilla, o de otro
reino, no quisiesen trabaxar ni sembrar ni coxer pan, sino darse a otras
cosas, claro está que les compelerían a arar y cavar, pues nacieron para
aquello, y no será razón compeler a hacer esto a los caballeros, ya que
no lo tienen por oficio. Pues los labradores de España no son esclavos,
sino libres, y lo mesmo, donde faltan oficiales pueden los que lo son
ser compelidos a usar sus oficios, y así lo ha mandado Su Magestad por
sus Provisiones Reales enviadas a este Reino.
Pues trayendo todo esto al caso de que vamos tratando : ¿ qué cosa
más notoria hay que en el estado en que agora está la tierra, si los indios
no fuesen compelidos a trabaxar, que ni se coxería pan, ni habría qué
comer, ni plata ni oro, ni pararía naide en la tierra ? Porque españoles no
trabaxan, ni vernían tantas leguas que hay de esa [tierra a la nuestra, a
trabaxar. Finalmente, todos pretendemos un fin, que es la libertad y
buen tratamiento de los indios y su enseñamiento para que aprendan
P a r t e p r im e r a cap. XL 137

polecía y sean cristianos, mas el medio es diferente, porque si ansí


como agora está la tierra se mandase no vayan los indios a trabaxar a
las minas ni a las ciudades, ninguno vernia a trabaxar, no porque ellos
no quisieran trabaxar si el premio del trabaxo fuese para sí, mas porque
no tienen más voluntad que la de sus caciques, e ellos no les dexarían
ir a trabaxar, por las razones ya dichas, para que se despoblase el Reino
y quedasen solos tiranizando los pobres indios.
Lo que yo pretendo es que por otro medio se venga a conseguir el
fin que todos pretendemos, que es librarles de la tiranía de sus caciques,
y que sepan los días que han de servir a ellos y a sus encomenderos, para
que todo el tiempo que les quedare fuera de los setenta días ya dichos,
sepan que ha de ser para sí mesmos, y que lo que ganaren es suyo, y
sepan qué es tener cosa propia, para que se inclinen a trabaxar, y dexarlos
en su libertad es enseñarles a trabaxar, pues les conviene tanto para
aprender la pulicía y ser hombres. No es quitarles su libertad hacer que
trabaxen, si del trabaxo les ha de venir tanto provecho, y pues el Rey
y sus Justicias somos sus patrones y sus tutores, habernos de compelerlos
a que hagan aquello que les está bien, como más largo probé arriba.
Las leyes que para lo contenido en este Capítulo se deben hacer, a
mi parecer son :
i Que el que gobernare el asiento de minas de Potosí y Porco procure
que haya muchos indios, y españoles que no sean ociosos, sino que entien­
dan en minas o en mercaderías, y que los indios sean bien tratados, y
que ninguno les haga agravio.
ii Item, para que los indios aprendan a tener cosas propias y a saberse
quexar de sus caciques, que se mande que se haga nuevo repartimiento
de indios tindarunas que sirvan y trabaxen por su alquiler en las minas
y edificios de Potosí y Porco, y que se repartan mil y quinientos para
Potosí, y ochocientos para Porco : los doscientos cincuenta para edificios,
y los demás para la labor de las minas, y se dé de jornal, a cada indio
de la labor de minas, cada día tres tomines, y a los de otras obras, dos.
iii Item, que no les ocupen en otra cosa sino en labor de minas, y no
hagan conciertos con los caciques dexándoles los más indios de los que
les dan, por que les den algunos de balde, so pena que al que no los ocupare
en las minas, no se le den más indios en aquel año, si no tuviere para
ello licencia de la Audiencia ; y no labrando aquel año las minas, le com­
pelan a vendellas, por que la labor no cese ; y si el Corregidor no lo hiciere
cumplir así, pague mil pesos para la Cámara, y por la segunda vez sea,
demás de la dicha pena, privado del oficio.
iv Item, que para que los indios en Potosí entiendan en otras grangerías
y mercaderías, fuera de los que se alquilan para las minas, que de cada
repartimiento del Collao y de la serranía vayan a Potosí, a granxear
y a tratar algo para sí, la décima parte de los indios que hubiere en el
tal repartimiento, y que estén allí con sus mugeres e hixos un año, y
138 G o b ie r n o d e l P e r ú

aquel acabado vengan otros, que estén otro tanto, y lo mesmo sea en
los que se alquilan para minas, y demás de estos vengan los que más
quisieren, con licencia del cacique y del lucuirico, o del Corregidor, si
allí estuviere.
v Item, por que los indios se aprovechen de la plata que se saca de los
cerros de Potosí y se conserve la contratación, que la Audiencia
de los Charcas no consienta ni dé lugar a que se funda plata con fuelles
ni con otro artificio por españoles, sino por los indios como hasta aquí
se ha hecho, excepto si el Audiencia diere licencia a algún dueño de minas
para sus solas minas.
vi Item, que los indios que enfermaren se curen a costa del encomendero,
y en lugar del que enfermare, se ponga otro del mesmo repartimiento,
de lo cual ha de tener cuidado el Corregidor y alcaldes de indios.
v ii Item, que se repartan los indios entre los españoles de cuatro en
cuatro meses, dando a cada uno conforme a las minas que labra, el cual
repartimiento haga el Corregidor por su persona, sin cometerlo a otro,
v m Item, que la paga del jornal se haga a cada indio cada semana, y
no al cacique ni principal, sino a él mesmo ; ni a la paga se halle presente
el cacique ni principal, so pena de el doblo al que contra la forma aquí
dada le pagare.

CAPÍTULO X LI

De las l e y e s que se deben hacer para lo t o c a n t e a las m in a s ,


SOCAVONES Y DESPOBLADOS DE POTOSÍ Y PORCO,
Y OTRAS CUALESQUIERA MINAS

Este Capítulo tiene muchas partes : en cada Título porné sus leyes
y ordenanzas : parte sacadas de las que hizo el Presidente Gasea año de
1550, confirmadas por el Audiencia de los Reyes el mesmo año ; parte
de las que hicieron los Comisarios (1), y parte añadidas, que hasta agora
no están hechas.

(1) Ordenanzas dadas a la villa de Potosí para la labor en sus minas y socavones.
Lima, 11 octobre 1561. Archivo General de Indias. Patronato, 188, Ramo 27.
P a r t e p r im e r a — c a p . x l i 139

[Titulo Primero]

Del descubrimiento de minas y señalamiento de varas

i Cualquier español que descubriere alguna veta de metal en algún


cerro, se le den ochenta varas medidas con la vara señalada de esta ciudad
de La Plata, en largo de la veta, y cuarenta en ancho ; y a los demás
que estacaren y pidieren estacas en la tal veta, se les den sesenta varas
de largo, y treinta de ancho, y al descubridor se le dé otra mina salteada
de sesenta varas, como se dá a los demás, con tal que haya dos minas
en medio de ella y de la descubridora.
ii Item, que lo mesmo se entienda con cualquier indio que descubriere
alguna veta, quier sea cacique, u otro indio particular.
iii Item, se declara que se entiende ser descubridor al primero que
hallare metal, aunque haya otro comenzado primero a dar cata, no siendo
en la mesma veta ; y si dos hallaren metal en un mesmo día, se entienda
ser descubridor el que primero lo registrare y manifestare a la Justicia.
iv Item, que el tal descubridor sea obligado a manifestar ante cualquier
juez más cercano el metal que hubiere sacado de la mina, dentro de
treinta días, y si pasados los treinta días no lo manifestare, no goce del
previlexio de descubridor, si no fuere por alguna justa causa, o si no
fuere indio, que éstos en cualquier tiempo que lo descubrieren gocen
del tal previlexio, y que jure ante la Justicia que aquel metal es de la
propia mina que registra, y no lo siendo, sea castigado a albedrío del
juez, y pague las costas a los que se estacaren, y después sea obligado a
ratificarse ante el alcalde de minas.
v Item, que en registrando el metal el descubridor, cualquiera le pueda
pedir estacas por la parte de abaxo, o de arriba, y luego otro al que pri­
mero pidió estacas por la parte de abaxo, o de arriba, y luego otro tercero
al segundo ; y se asiente ansí en el mesmo registro, o en otros, y si en
aquella sazón no se hallaren presentes tantos que puedan tomar toda
la veta, que se tome una parte para Su Magestad, tras la del descubridor.
vi Item, que el descubridor, entretanto que no se piden estacas, pueda
catear toda la veta y sacar metal de ella ; y en pidiéndoselas sea obligado,
dentro de quince días, a escoxer y señalar sus ochenta varas en largo,
en la parte y lugar que quisiere, y después de hecha estaca fixa, no pueda
variar ; los demás han de medir su mina desde la estaca del descubridor ;
el tercero desde la estaca del segundo, y el cuarto desde la del tercero,
y ansí todos los demás, y si alguno no se estacare dentro de veinte y
cuatro horas, el siguiente en orden pueda tomar su mina y medirla desde
donde hallare estaca fixa.
140 G o b ie r n o d e l P e r ú

v ii Item, que sean obligados el descubridor y los otros que tienen


minas a sus estacas, de poner estacas flxas, o moxones, de un estado
en alto de piedra y lodo, por que sean conocidos y durables, y se hagan
ante juez y escribano de minas, y el que no estacare de esta manera,
pierda la mina, y la pueda tomar otro por vaca.
vm Item, que si fuere necesario mudar el moxón, se haga ante juez,
y presentes los demás dueños de minas a quienes pueda perjudicar la
tal mudanza, o sus fatores, no estando ellos en el pueblo, o no queriendo
hallarse presentes.
ix Item, que las cuarenta varas del descubridor, y las treinta de los
demás, que se les da de ancho o cuadro, que no sean obligados a poner
estacas de la una parte ni de la otra, hasta que alguno les pida cuadras,
y pidiéndoselas sea obligado el descubridor a cuadrarse dentro de quince
días, y los demás dentro de tres días, a la parte que quisieren, y después
que se hubieren cuadrado, no puedan variar, y si dentro de este término
no se cuadraren, que el que pidió cuadras pueda tomar mina a la parte
que quisiere de la dicha veta, guardándole quince varas de la una parte,
y quince de la otra, y el descubridor veinte de la una, y veinte de la otra.
x Item, que el que pidió cuadra e hizo estacar, si no diese veta y caxa,
dentro de cuarenta días después que el otro sea estacado con metal fixo,
y no suelto, a examen del alcalde de minas, el que se cuadró pueda echar
el desmonte y labrar a la parte que quisiere, y el juez habiendo justa
causa pueda dar de término otros cuarenta días al que pidió las dichas
cuadras, el cual no pueda vender su derecho al mismo que pidió cuadra,
ni a otra persona alguna.
xi Item, que ninguno pueda catear minas ni vetas en la pertenencia
de otros, sin le pedir cuadras.
xn Item, que no se llame descubridor, ni goce del previlexio de descu­
bridor, el que hallare otra veta nueva en el cerro que ya estuviere descu­
bierto, ni en otro alrededor en distancia de legua y media, sino solamente
del previlexio de tomar su mina de sesenta varas en la parte que quisiere
de la tal veta por él descubierta.
x iii Item, que se pueda catear minas en cualquier heredad o chácara
axena, con tal que el que las hallare, y los que estacaren, den fianzas
de pagar el daño que por razón de las dichas minas viniere al señor de
la tal chácara.
xiv Item, que ninguna persona pueda tener más de una mina de sesenta
varas en una o en diversas partes dentro de legua y media, pero vendida
una, pueda tomar otra, y compradas, pueda tener dos o tres (aunque la
Ordenanza de Gasea lo vedaba) ; y dentro de legua y media pueda uno
tener dos minas de metal rico y otra de pobre, y pueda tener más todas
las que hallare en sus cuadras.
P a r t e p r im e r a — • c a p . x l i 141

[Titulo II]

De la labor de minas

x v Item, que el señor de la mina pueda labrar en lo que se descubriere


en sus cuadras, aunque sea veta diferente tan principal como la que tenía.
xvi Item, cualquiera veta que fuere el dueño de ella labrando, agora
sea la principal, agora la que halló y tomó en sus cuadras, la pueda ir
labrando y siguiendo, aunque entre por cuadras y vetas axenas, y naide
se lo pueda impedir (aunque el De la Gasea proveyó lo contrario en las
vetas halladas en las cuadras).
x v ii Item, que en el labrar de las minas, todos labren sin perjuicio
unos de otros en el echar de los desmontes, a vista de mineros e juez de
minas.
x v m Item, que si las vetas estuvieren cercanas, de manera que los
dueños de ellas no se puedan cuadrar en medio, por no haber tanta distan­
cia, que los de la veta más antigua se cuadren primero, aunque naide
les pida que se cuadren, mas si alguno de ellos hubiere cuadrádose
hacia una parte, y puesto estacas fixas, no pueda en ninguna manera
variar.
x ix Item, que si una veta se viniere a juntar e incorporarse con otra,
lo cual suele muchas veces acaecer, por ser como son todas las vetas de
un cerro a manera de un árbol, que todas ellas salen de una cepa que
está muy honda, y de un ramo sale otro, y como comunmente se labra
de arriba, desde la faz de la tierra, viénense las vetas a juntar e incorporar
unas en otras, en este caso es razón que se haga compañía para labrar a
medias, y el provecho sea también igual, y lleve tanto el uno como el
otro, aunque la una veta sea más ancha que la otra, y más principal,
porque para averiguarse cuál era más principal, sería menester gastar
en pleitos mucho dinero, y nunca se acabaría de averiguar.
x x Item, que los que labraren minas, las aseguren y desmonten, y
de otra manera no metan indios a labrar en ellas, por el peligro que en
ellas se podría suceder ; so pena de mil pesos, y de pagar el daño que
sucediese a los indios, y a los otros dueños de las otras minas.
x x i Item, que se labren las minas por socavón, y no a taxo abierto,
para su seguridad y perpetuidad, y que por el tal socavón sea obligado
el dueño de la mina descubierta a dar entrada al de la mina que está
por descubrir, por cuarenta días, que le bastan para poder dar un pozo
por do se sirva, y esto se entienda pudiéndose dar socavón por parte
fixa, a vista del alcalde de minas, y no de otra manera, y que se haga
camino en todas las vetas, cada uno en su pertenencia, so pena de mil
pesos, y que se hagan de ello ordenanzas aparte por personas expertas,
para que la labor sea ñxa y segura, y para ello haya veedor general.
142 G o b ie r n o d e l P e r ú

x x ii Item, que en descubriéndose una veta, sea obligado el descubridor,


y los que en ella tomaren minas pidiendo estaca, a dar una cata de diez
estados en la mina del descubridor, a costa de todos, pagando la cuarta
parte del gasto el descubridor, y para lo hacer se obliguen y den fianzas
los que estacaren, que harán la dicha cata dentro de cuarenta días, so
pena de ducientos pesos, escepto que no contribuya en esto el que luego
cateare y labrare en su propia mina.
x x iii Item, que si el descubridor, y los que le pidieren estacas, se esta­
caron poniendo estacas fixas por una parte que no iba la veta, y otros
después registraron la misma veta y pusieron en ella sus estacas fixas
por la parte que verdaderamente iba la veta, sean preferidos a los prime­
ros, si los segundos descubrieren y hallaren metal, pero que esto no
pueda perjudicar al descubridor, que éste pueda tornar a estacar su
mina de ochenta varas, y la salteada en la parte y lugar por do va verda­
deramente la veta, y lo mismo pueda hacer el otro descubridor a quien
se le dá una mina solamente de sesenta varas, y que la mitad tomen
dichos descubridores de la una parte de la cata, y la otra mitad de la
otra parte.

[Titulo III]

De los despoblados

x x iv Item, porque claramente se ve el gran daño y perjuicio que


viene a Su Magestad, y a todo el común, de no estar las minas pobladas
y de no labrarse, y cuán provechoso ha sido el darse a las personas que
las piden por despobladas y las quieren labrar y las labran, que después
que la veta estuviere registrada, y pasados los cuarenta días que se
dan para dar la cata, y dada y puestos los moxones como está dicho,
así el descubridor como todos los demás que se hubieren estacado en
la dicha veta, dentro de otros diez días sean obligados a labrar y poblar
cada uno su mina, so pena que si no la labraren y poblaren, cualquiera
persona la pueda tomar por despoblada, guardando las solemnidades
que abaxo se dirán, lo cual se entienda ansí en las minas de Potosí, como
en las de Porco y en otras partes cualesquiera.
x x v Item, que poblar se llame si andan trabaxando cuatro indios, o
dos negros, en la mina, o si anda y trabaxa en ella el mesmo dueño, por
ser pobre.
x xvi Item, que pasados los cuarenta días que se dan para la cata
en la mina del descubridor, y los diez que se dieron para la labrar y poblar,
que si por otros nueve días la mina estuviere despoblada y por labrar,
parezca el que la quiera tomar ante el alcalde de minas, o ante otro juez,
no estando el alcalde en el asiento y pueblo de minas, y citado el dueño
de la mina que la registró, o compró, o la posee por otro cualquier título,
estando en el dicho asiento o pueblo, e no estando en él citándolo por
P a r t e p r im e r a — cap. xli 143

tres pregones que se den en tres días sucesivamente, dé información de


cómo ha estado y está despoblada los dichos nueve días, y no se labra en
ella. Siendo la información bastante, el alcalde le meta en la posesión
de ella, lo cual se llame título bastante, porque demás de la pública utili­
dad, se ha usado ansí en todas las minas de este Reino, y de todas las
Indias.
x x v ii Item, que para ver si la mina está despoblada, lo vaya a ver
el alcalde de minas, o otro juez ante quien se pidiere el despoblado,
juntamente con el escribano y testigos, los cuales tome de oficio de los
que estuvieren labrando en las minas comarcanas, no obstante que
sean los mesmos que han dicho su dicho en el caso, no habiendo otros,
que si los hay, se tomen a otros, y no a aquellos.
x x v iii Item, que la mina de Su Magestad no se pueda tomar por despo­
blada, mas que los Oficiales reales tengan cuenta de la labralla, siendo
buena e provechosa, e no siendo tal, vendella o arrendaba.
x x ix Item, que siendo la mina despoblada de menores, o de iglesia,
o monasterio, haciéndose las dilixencias ya dichas, se tase por la Justicia,
con parecer de dos mineros, y se dé en lo que ansí se tasare al que pidiere
el tal despoblado, o lo deposite la Justicia en persona lega, llana y abo­
nada, y se le haga saber a los dueños de la tal mina para que vengan por
el dinero que se mandare dar por ella, y no la queriendo por aquel precio
el que pidió el despoblado, se venda en pública almoneda ; y lo mesmo
se haga si el dueño de la mina, estándola labrando, se murió, con sus
herederos estando ausentes ; y si estuvieren en España, se lo envíe con
los demás bienes el Juez de Bienes de Difuntos.
x x x Item, que al que estuviere impedido, con pleitos o con otros nego­
cios, en Corte y tuviere para ello licencia, no le puedan tomar la mina
por despoblada, aunque no la labre dentro del término que la Audiencia
le diese para entender en sus negocios ; y si se la hubieran tomado antes,
se la vuelvan con lo que de ella se hubiere sacado.
x x x i Item, que la Justicia no pueda dar más licencia de por seis
meses para comprar herramientas y labrar las minas, y si pasados aquellos
no volviere, se la pueda tomar cualquiera por vaca, pidiéndola ante el
juez, sin otra solenidad ni delixencia alguna, y que no se pueda prorrogar
este término, ni dar otro.
x x x n Item, que teniendo uno dos minas en diversas partes, en distancia
de legua y media, sea obligado a las labrar ambas, y si no, la puedan
tomar por despoblada la que no labrare, si no fuere la una rica y la otra
pobre, que éstas las pueda tener juntas dentro de la dicha legua y media,
y teniendo poblada la rica, no le puedan tomar por despoblada la de metal
pobre.
xxxm Item, que teniendo dos personas una mina pro indiviso, y por
partir, labrándola el un compañero, no se la pueda tomar por despoblada
al otro.
144 G o b ie r n o d e l P e r ú

[Título IV]

De los indios hatunrunas y t in d a r u n a s

x x x iv Item, que haya en el asiento de Potosí y Porco los indios que


dixe en el Capítulo pasado, para se alquilar en las minas.
x x x v Item, que los indios de alquiler, como los demás que están en
los dichos asientos para huayrar y contratar en metales, no los puedan
sus caciques sacar de los dichos asientos dentro de un año, antes los dexen
estar en ellos el año entero ; y pasado el año pueda sacar la mitad de los
indios, no más, metiendo primero otros tantos como sacare, de manera
que siempre queden los que están ya maestros en el contratar y huayrar,
para que los nuevos aprendan de ellos, y ansí poco a poco vengan a ser
todos buenos oficiales.
x x x v i Item, que los indios que quisieren estar dos o tres años en los
dichos asientos, lo puedan hacer, pagando su tasa a sus encomenderos
y caciques, y lo demás a que son obligados, porque de estar mucho
tiempo viene muy gran utilidad a todo el Reino.
x x x v ii Item, para que haya razón y cuenta cerca de lo contenido en
los Capítulos pasados, que se pongan por registro y padrón todos los
indios que hay en Potosí, y tenga cuenta de ellos el Corregidor, para
hacer que se cumpla lo que en los dichos Capítulos se dixo.
x x x v iii Item, que los indios de alquiler que labran las minas, duerman
en el cerro, y no vengan al pueblo, ni a las rancherías, hasta el Sábado
puesto el sol, que entonces se puedan venir para estar todo el Domingo
en la dotrina ; y lo mesmo hagan en las fiestas prencipales, porque de
no se hacer ansí viene gran daño a los dueños de minas, porque se salen
de trabaxar a vísperas, y vuelven otro día a hora de Misa Mayor, de
manera que no trabaxan más de la mitad del día, y llevan entero el
salario, y ansí se vienen ellos a llevar todo cuanto el español saca, y de
esto tengan cuidado dos indios alcaldes que han de residir toda la semana
en el cerro.
x x x ix Item, que cualesquier indios que compraren el metal sean con
rigor apremiados que paguen el precio por que se les vendió, porque
de no se haber hecho ansí, se han alzado y alzan con las caedlas y metal,
en gran perjuicio y daño de los dueños de minas.
xl Item, que por que los mercaderes y rescatadores fían a los indios
e indias yanaconas gran cantidad de coca, maiz, chuño y ropa, cargán­
doselo a muy mayores precios de lo que valen, e como a los indios se
les da fiado, por no trabaxar toman de una parte y de otra, y hácense
haraganes y vagamundos, y cuando se ven cargados de muchas deudas,
viendo que no pueden pagar, se huyen de los asientos de minas, y otras
veces los echan en la cárcel, donde mueren de hambre. Por tanto, que
el que semejantes cosas les fiare, no se lo pueda pedir por Justicia, ni
P a r t e p r im e r a — c a p . x l i 145

tomarlo de su propia autoridad, so pena del cuatro tanto, sino que quede
al albedrío del indio pagárselo o no, excepto si al juez pareciere que se
lo dió en justo precio ; en tiempo de invierno que no haya aires para
huayrar, el dicho juez le pueda dar las esperas que le pareciere al indio,
para la dicha paga.
xli Item, que ningún negro, ni español, ni mestizo, viva en Potosí
en las rancherías de los indios, so pena de cien azotes y destierro del
asiento, excepto la persona que tuviere a su cargo su dotrina, e el que
tuviere cargo de la cuadrilla.
x l ii Item, que no haya tiánguez o mercado en la ranchería de los
indios, porque de haberle resultan grandes robos que hacen a los indios
todo género de gente, especialmente los negros horros, mulatos, e mesti­
zos, que como saben su lengua, los engañan más fácilmente.

[Titulo V]

De los YANACONAS

De estos yanaconas traté muy largo en el Capítulo VIII, y de los


grandes provechos que tienen, ansí para lo tocante a su salud como a
su hacienda, y es razón que se entienda que, demás de tener algunos de
ellos cuatro o cinco mil pesos de hacienda, son los mexor dotrinados
que hay en todo el Perú, ansí ellos como los demás indios que a aquellos
asientos acuden, y porque hay necesidad que se dé en todo orden, me
parece que acerca de los yanaconas que residieren en esta provincia se
deben hacer las leyes siguientes, además de las que puse en el dicho
Capítulo VIII.
x l iii Item, que porque en esta provincia hay muchos yanaconas per­
didos y sin amos, ni hay cuenta con ellos, ni son dotrinados, antes andan
robando e sonsacando indios e haciendo otros grandes delitos, y lo que
peor es, que corrompen las buenas costumbres de otros indios que están
trabaxando y les enseñan a ser ladrones, lo cual podría redundar en que
todos hurtasen, que sería tan gran mal que no se pudiese vivir en este
Reino, y se violase una tan buena costumbre que tienen todos en general,
y que les quedó del tiempo de los Ingas, que es no se atrever a hurtar
plata ni oro, antes yo he visto algunos que si ven alguna plata en el suelo
se desmayan y no se quitan de allí hasta que venga español, o se lo van a
decir a cualquier español para que lo venga a alzar, que no osan de miedo
tocar a ella, y ansí, en tiempos antiguos, no eran menester puertas, ni
arcas o caxas en que se guardase la plata, antes se dexaba en el suelo,
y no había quién la hurtase. Agora hay muchos yanaconas que han
vivido con españoles, que agora andan holgazanes, que hurtan hasta
las lámparas de las iglesias, y para remedio de esto se mande que en
todas las ciudades del destrito de esta Audiencia, y en los asientos de
146 G o b ie r n o d e l P e r ú

Potosí, Porco, Aullagas y Berenguela, se haga registro y padrón de todos


los yanaconas, mulatos y mestizos que hubiere, y se pongan con amos a
aprender oficios o a les servir, y de esto tengan especial cuidado los
Corregidores, y las Audiencias den provisiones para ello,
x n v Item, que los yanaconas que hubiere en esta provincia sin amos
a quien actualmente sirvan, se envíen todos a Potosí y Porco, y allí
se asienten con los dueños de minas, para que trabaxen en ellas el tiempo
que abaxo se dirá, y el tiempo restante entiendan en huayrar y sacar
plata para sí ; y que los amos con quien se asentaren les curen y den
dotrina el tiempo que trabaxaren en las minas para sus amos, y esto
sea en lugar del tributo, de el cual dé el español con quien estuviere este
yanacona cuatro pesos cada año a Su Magestad, en plata ensayada y
marcada, para ayuda de las grandes costas que Su Magestad tiene en
defender y amparar este Reino, y en le tener en Justicia.
xlv Item, que cada yanacona sirva los cuatro meses del año a sus
amos, sirviendo y trabaxando en las minas cada uno el dicho tiempo
por sus mitas, sirviendo diez una semana, y diez otra, y ansí todos, hasta
cumplir los dichos cuatro meses, y todo el tiempo restante entiendan en
huayrar y sacar plata para sí, y en lugar de salario les baste lo dicho en
la ley precedente, demás del provecho de los llampos que arriba dixe (1).
xlvi Item, que los yanaconas que al presente sirven a algunos dueños
de minas en Potosí y Porco y otros asientos de minas, se estén con sus
amos como se están, sin pagar cosa alguna a Su Magestad, pero en
vacando, por muerte o por ausencia, se encomienden a otros dueños
de minas, pagando a Su Magestad los dichos cuatro pesos por cada uno
cada año.
x l v ii Item, se provea que no haya yanaconas en huaycos ni quebradas,
ni lleven a ellas a otros indios sonsacados, so color que están allí haciendo
chácaras o sementeras de poca importancia, pues estando en el cerro
de Potosí o Porco ganarán seis veces más que en las quebradas, a do no
se puede tener cuenta con ellos, ni con su dotrina ; y residiendo en
Potosí serán mexor dotrinados y aprovechados en lo espiritual y tempo­
ral, y lo mesmo se ordene a los indios hatunrunas.
x l v iii Item, por que muchos yanaconas se nombran de clérigos y mones-
terios e frailes, sin servir en ellos, y con este título andan holgazanes y
están amancebados y son grandes ladrones, que es el fruto de la ociosidad,
que ellos, ni mercader, ni rescatador, ni negro, ni mulato, ni mestizo,
no puedan tener indios yanaconas sin licencia de la Audiencia, mas a
los clérigos e frailes y monesterios y mercaderes en Potosí e Porco se
les permita tener uno o dos, para su servicio, y no más.
x l ix Item, que los dueños de minas procuren que sus yanaconas sean
bien tratados y dotrinados, y que gocen de los llampos, que es la tierra

(1) Cf. supra, Chapitre V III, p. 28.


P a r t e p r im e r a — cap, xli 147

que sacan de la caxa por do va la veta, ansí en Porco como en Potosí,


porque con esto se conserven aquellos asientos y los yanaconas sean
aprovechados.

[Título VI]

De los mineros

l Item, que los mineros no puedan tener minas por sí, ni por sus hixos,
ni por otras interpósitas personas, ni en compañía de otro, en el cerro
donde fuere minero, porque de tenerlas han sucedido muchos agravios
a los dueños de minas, haciéndoselas vender cuando dan metal, por
poco precio, a sus parientes y amigos, y avisan que están despobladas,
y son testigos de ello para que las tomen sus amigos, y tienen compañías
con ellos.
li Item, que a ningún minero se pueda dar salario, sino fuere un tanto
de lo que saliere de la tal mina, conforme al concierto que con él hiciere
el dueño de la mina, por que tenga cuidado que se saque metal, y no
como agora hacen, que sólo pretenden cobrar el salario, y que se pase
el tiempo.
lii Item, que cada minero suba el Martes de cada semana al cerro, y
no baxe al pueblo hasta el Sábado, después de mediodía, por que ansí
conviene para que se saque más plata y ellos hagan mexor su oficio.
liii Item, que los mineros no usen el oficio por terceras personas, sino
ellos mesmos.
l iv Item, que ningún minero se encargue de minas, mas de sólo en
una veta, y no en muchas, porque según es grande el cerro, no pueden
visitar tantas vetas, ni hacer bien su oficio, y en una sola veta podrán
cumplir con todas las minas que en ella tuvieren cargo.
lv Item, que no puedan comprar el metal por sí, ni por sus yanaconas,
ni por otra interpósita persona, so pena de mil pesos, aplicados por ter­
cias partes para denunciador, juez, y hospital de indios.
lvi Item, porque por esta razón se les suelen llegar muchos yanaconas,
por el provecho que les viene del metal que les venden a menos precio,
que en ninguna manera tengan yanaconas a quien vendan el metal,
so la dicha pena, ni más de uno o dos, para el servicio de su casa, los
cuales no entiendan en comprar metal, ni en labor de minas.
l v ii Item, que los tales mineros, so la dicha pena, no rescaten por el
metal, ni por los llampos de las dichas minas, pan, vino, carne, perdices,
pollos, fruta, miel, ni otra cosa alguna, por el daño grande que de ello
viene a los dueños de minas, y a los yanaconas.
148 G o b ie r n o d e l P e r ú

[Título VII]

De los pleitos de minas y jueces de ellas

Por el Virrey don Diego López de Zúñiga, Conde de Nieva, y el Licen­


ciado Muñatones, del Consexo de Su Magestad, y Diego de Vargas
Carvaxal, y Ortega de Melgosa, Comisarios enviados por Su Magestad
a este Reino para tratar negocios de la perpetuidad y de su Real Hacienda,
residiendo en la ciudad de los Reyes, trescientas leguas de esta provincia
y asientos de minas de Potosí y Porco, se hicieron ciertas ordenanzas
sobre lo tocante a los pleitos de minas y jueces de ellas, a 2 dias de
Junio de 1562 años, en que en efeto mandaron que los señores y dueños
de minas en Potosí que se hallaren presentes el día de Año Nuevo, en
cada un año, se junten en presencia del Corregidor e Alcaldes ordinarios,
ante el escribano de Cabildo, y elixan dos personas expertas en los
negocios tocantes a minas, las cuales conozcan de todos los pleitos a
ellas tocantes, breve y sumariamente, viéndolo por visita de oxos ambos
a dos, y no el uno sin el otro, con las ordenanzas en la mano, y recibiendo
alguna información siendo necesario, y den sentencia sobre ello, la cual
se guarde y cumpla, y si no se concordaren, nombren un tercero ; y si
de lo que hicieren se apelare, vaya la apelación ante el Cabildo, y de
lo que allí se pronunciare, no haya lugar de apelación para Chancillería
ni para otra parte.
Mandaron también que no haya en Potosí más que dos abogados y
dos procuradores, diciendo que ellos bastan para los negocios que hay
en Potosí, fuera de los pleitos de minas, que en éstos no han de hacer
peticiones ni hacer escritos, so cierta pena.
Estas ordenanzas sé que pendieron en esta Real Audiencia hasta
consultarlas con Su Magestad y su Real Consexo, por muchas razones,
especialmente porque nos pareció que no convenía dar semexante juris­
dicción a los mesmos dueños de minas que residen en Potosí, para que
fuesen jueces en sus causas propias ; y si se pidiese alguna mina por
despoblada de los que no residen en aquél asiento (que hay muchos que
poseen allí minas y habitan en el Cuzco, en Lima, en La Paz o en España),
que valen cincuenta mil pesos, y algunas más, y otras menos, o lo pidiesen
por otro título, estuviese en manos de aquellos adjudicarla a uno de ellos
y partir entre sí la capa axena, e que no hobiese lugar a apelación para
Su Magestad ni su Real Audiencia, era cosa áspera.
Lo segundo, porque hay muchos pleitos de minas que no consisten
en ordenanzas, sino en Derecho, como si se trata de quién es dueño de
la mina por venta, o herencia, o por otro título alguno. Esto, mal lo
podrían sentenciar los que no fuesen letrados.
Verdad es que hay negocios que se podrían hacer así sumariamente,
como dice la ordenanza, mas no por los mesmos dueños de minas, sino
P a r t e p r im e r a — c a p . x l i 149

por otros, como si se dudase sobre cuadras, o hobiese necesidad de medirse


o estacarse, y en aún este caso no era justo impedir la apelación para
la Audiencia, porque va mucho interes en ello. Pudiérase mandar que
se executase lo que el juez allí puesto mandase, mas que el apelante
pudiese seguir su apelación en Chancillería, o do se pudiese nombrar
otros medidores o personas que lo tornasen a ver para sentenciar, y
quedaría más satisfecho el que le quitasen su hacienda de esta manera,
entendido que se le guardaba su justicia, y para esto me parece que se
deben hacer las leyes siguientes :
l v iii Que en el cerro de Potosí haya un alcalde de minas, que traya
vara, al cual se le den mil y quinientos pesos de salario, de lo que se
sacare de los tributos de los yanaconas que han de dar por ellos sus
amos, el cual conozca breve y sumariamente de todos y cualesquier
pleitos de minas que sucedieren en el dicho cerro ; y haya otro tal en
Porco, con mil pesos de salario.
l ix Item, que por que más derechamente pueda juzgar y hacer su
oficio el alcalde de minas, que no puedan tener él, ni el escribano de
minas, en el cerro do fueren juez y escribano, minas algunas, por sí
ni en compañía, ni las descubran durante sus oficios, por sí ni por inter-
pósitas personas, so pena de privación de oficio, y de mil pesos para la
Cámara y Fisco de Su Magestad, ni las tengan ellos ni sus hixos, so la
mesma pena.
l x Item, que el dicho alcalde de minas tenga gran cuidado de que
las minas estén limpias y se labren muy seguras, y que tengan fuertes
escaleras, para que los indios no peligren, y que se labren sin perjuicio
de otras minas, por evitar los inconvinientes que de no se haber hecho
ansí se han seguido y recrecido, así a indios como a los dueños de minas,
y para ello visite el cerro una vez en la semana.
l x i Item, que el dicho alcalde de minas pueda conocer y conozca de
todos los pleitos que sucedieren sobre minas, que se puedan determinar
por vista de oxos y por estas ordenanzas, y lo que él sentenciare se execute,
dando fianzas que si la sentencia fuere revocada por el Audiencia, lo
restituirá ; y executada la sentencia se pueda seguir el apelación en
Chancillería, y no de otra manera, excepto si fuere pleito que consista
en Derecho, como si se litiga sobre si es bastante, o no, el título que
uno tiene a la mina, o sobre quién le tiene mexor, u otros semexantes,
que en estos casos no se execute la sentencia sin mandato de la Audiencia,
pues está cerca de Potosí y Porco.
l x ii Item, que de registrar minas no lleven derechos ningunos el alcalde
de minas ni el escribano, porque por razón de estos derechos se dexan
de registrar muchas minas, si no fuere en sacando plata de ellas, que
en este caso pague el descubridor dos pesos, y cada uno de los otros
un peso, y al escribano le paguen cada uno un peso ; y si fueren a poner
moxones, no lleven derechos ningunos más del trabaxo y ocupación que
el juez tasare.
15
150 G o b ie r n o d e l P e r ú

l x iii Item, que si para averiguación de algún pleito fuere necesario


subir al cerro, paguen ambas partes al juez treinta pesos, y al escribano
diez ; y si quisiere subir al cerro dos veces o más, no lleven más de los
dichos treinta pesos, excepto si la parte lo pidiere, que en este caso pague
la parte que pidiere, tantas veces cuantas pidiere que lo suban a ver
por vista de oxos.
l x iv Item, que el alcalde que fuere a dar posesión de mina, o averiguar
alguna estaca a pedimento dé parte, lleve diez pesos de derechos, y el
escribano otro tanto.
lxv Item, que el alcalde de minas no se pueda ausentar del asiento
adonde fuere alcalde, sin licencia del Presidente de la Audiencia, la
cual no la dé sin justa causa, y por poco tiempo, y dexe un sustituto a
contento del dicho Presidente, por manera que nunca esté el asiento
sin alcalde de minas ; y si estuviere enfermo, también ponga sustituto
a contento del Corregidor, lo cual haga y cumpla so pena de privación
de oficio, y de ducientos pesos para el hospital.
lxvi Item, que los pleitos de minas se hagan breve y sumariamente,
sin dar lugar a largas ni dilaciones, y lo mesmo sea en el Audiencia, e
no se puedan tomar más de cada diez testigos en cada pregunta, e no
pueda durar cada instancia de el dicho pleito más de dos meses, a lo
más largo, so pena de ducientos pesos a los jueces que más lo dilatasen.
l x v ii Item, que el que poseyere la mina la labre, no obstante que haya
pleito sobre ella, so pena que se dé licencia a su contrario para que la
labre durante el pleito, si probare que estuvo dos días por labrar la dicha
mina, y que a cualquiera que la labrare se ponga por el alcalde de minas
un veedor, que asiente por escrito lo que se sacare de aquella mina,
para que se dé al que el juez mandare.
l x v iii Item, porque se suele dudar si lo que se saca de la mina son
frutos, o parte de la mesma mina — pues no vuelve a crecer ni criarse
de nuevo en la veta el metal que una vez sacan — , por quitar todas
dudas se mande que se condene al poseedor que condenaren, a restitución
de la mina en todo lo que de ella hobiere sacado desde la contestación,
quitas costas, y en la mitad de lo que antes de la contestación hobiere
llevado, sin que de esta mitad se descuenten costas algunas, excepto
si fuere tomada la mina por fuerza o engaño notable, que entonces lo
vuelva todo.
l x ix Item, que si alguna vez sucediere duda cerca de estas ordenanzas,
o sobre lo tocante a minas, que el alcalde de minas tome acompañados
que sepan de negocios a ellas tocantes, y traiga la ordenanza y la invíe
a esta Audiencia de los Charcas, con las razones que a ello le movieren,
para que se confirme — si viere que conviene —, o se envíe al Real
Consexo de las Indias, con su parecer, para que se provea lo que más
convenga.
l x x Item, que no haya estanco en Potosí de letrados ni procuradores,
pues hay más negocios de fuero de minas que en ninguna otra parte, y
P a r t e p r im e r a — c a p . x l i 151

habiendo de acudir todos a uno, se encarecerían más, y no hay causa


para que se ponga el dicho estanco.
l x x i Item, porque sobre las ventas de las minas suele haber pleitos,
diciendo uno haber sido engañado en la venta en más de la mitad del
justo precio cuando ven que se ha sacado mucho metal, que no pueda
alegar el vendedor, ni el comprador, el engaño susodicho, después que
la mina hubiere dado mucho metal, si no fuere alegado antes que dé el
dicho metal, y dentro de un año, excepto si fuere enormísima lesión
en mucho más de la mitad del justo precio, que entonces se pueda alegar
dentro de tres años ; y este mismo término corra a los menores y a otras
personas previlexiadas, sin que se les pueda otorgar ni otorgue restitutio
in integrum, y que la probanza de la lesión sea que concluyan los testigos
(hasta tres y no menos, y expertos en la labor y valor de las minas),
que es aquel su justo y común precio que dieran comúnmente por la
dicha mina en aquel tiempo que se vendió, y que no valió más porque
comúnmente se vendían en aquella venta otras minas en aquel precio.

[Título VIII]

De los dueños de minas y sus previlexios

l x x ii Porque los que son dueños de minas son causa de la gran riqueza
que se saca de las minas, y del gran provecho que de ello resulta a Su
Magestad y a todo el Reino, y tienen muy gran trabaxo y poco provecho,
es muy gran razón Su Magestad les dé todo favor y les dé mercedes;
por ende, se mande que puedan tomar por el tanto las cosas que hobieren
menester de los regatones y mercaderes que las compran para tornar a
vender, en especial vino, aceite, xabón, hierro y acero, que son cosas
necesarias y que se gastan en el beneficio de las minas, lo cual se les dé
en cualquier tiempo que lo pidan, viendo los diputados que tienen nece­
sidad de ello para sus propias minas y para sus casas, lo cual no puedan
vender ni vendan a otros, so pena de perdido el valor de lo que ansí
vendieren, con otro tanto para el hospital.
l x x iii Item, que los dichos dueños de minas puedan traer armas de
noche, las que se permiten traer de día, y no otras, que son espada y
daga, y no se las tome alguacil ninguno, so pena de cien pesos para el
hospital de indios.
l x x iv Item, que los dueños de minas que de asiento están en Potosí
y Porco labrando minas, y ha seis años que las labran, que no puedan
ser presos en la cárcel pública por deuda ninguna, sino que tengan la
villa y asiento de minas por cárcel, y que no se pueda hacer execución
en sus minas ni herramientas de ellas, sino que se vaya la deuda pagando
de lo que se sacare de las dichas minas, excepto si las deudas procedieren
de la mesma mina, y para ellas estuviere hipotecada, con tanto que
152 G o b ie r n o d e l P e r ú

ellos no la puedan vender, ni dar en pago a los acreedores que quisieren,


sino que queriéndolas ellos vender, se dé el precio de ellas a las mesmas
minas, en pago de los acreedores más antiguos que mexor derecho tuvie­
ren, porque no es razón que esté en su mano pagar al acreedor que qui­
sieren y defraudar al que mexor derecho tuviere, so color de este previ-
lexio, como ha acaecido hacerse, pero este previlexio no le tengan los
que tuvieren minas y no las hubieren labrado los dichos seis años, ni
los que no residieren labrándolas ordinariamente en los dichos asientos.
l x x v Item, que en ningún caso se pueda hacer execución, ni vender
por Justicia socavón alguno de los que se dan en los cerros de Potosí
y Porco, y en otros cerros donde hay minas de plata, porque no se podrían
dar ni darían por ellos la mitad de lo que han costado, mayormente no
habiendo llegado a las vetas principales, ni sacado plata ni metal de ellas,
y sería dar ocasión a que ninguno diese socavón, lo cual sería en gran
daño de todo el Reino, pues los socavones son la principal cosa por
donde se han de venir a sustentar los asientos de minas, y sacar toda la
plata que en los cerros hubiere, sin peligro de los indios.
l x x v i Item, que se dé a los dueños de minas de Potosí oficios de Justi­
cia y Regimientos, como a los demás, y ansí siempre un alcalde, dos
rexidores, y un fiel executor sean de los dueños de minas, si hobiere
Potosí de quedar con la jurisdicción.

[Título IX]

De los clérigos de las dotrinas

En el asiento de Potosí hay mucha orden en lo de las dotrinas, porque


hay siete perroquias de indios en las rancherías de ellos, en que hay
un relixioso o un clérigo que los dotrina en cada perroquia, en la cual
tienen cargo los indios de tal nación que tienen conocidos. Por cada
indio de tasa (que no se entiende con su muxer e hixos) se le da al sacer­
dote un peso, el cual paga el dueño del repartimiento. Tiénese gran cuenta
con el enseñamiento y dotrina de los indios, y de les quitar el gran vicio
que tienen de las borracheras que suelen hacer, que se han ya enmendado
mucho, pues no las hacen tan de ordinario como solían, ni tan pública­
mente, y váse contemplando con ellos por que no se huyan, y quitando
estos vicios poco a poco, que si fuese de golpe cierto se huirían. Para
que con más cuidado sean dotrinados, hay necesidad que se mande por
leyes y constituciones sinodales lo siguiente :
l x x v ii Item, que los clérigos y sacerdotes de las dotrinas de Potosí
tengan sus casas, y vivan junto a las iglesias de sus dotrinas, para que
con mayor facilidad y cuidado puedan enseñar a sus indios la dotrina,
y para visitarles en sus enfermedades, y confesarlos y mandar llevar
los enfermos al hospital, donde sean curados, porque de no tener las
P a r t e p r im e r a — c a p . x l i 153

casas como dicho es en las mesmas dotrinas y residir en ellas, hay muchos
descuidos y no se hace lo que se debe hacer.
l x x v iii Item, que ningún sacerdote de dotrina se pueda servir de
indios ni indias de su dotrina, ni en hacer chácara, por paga ni sin ella,
ni pueda recibir carbón, paxa, ni leña, ni yerba, porque en esto hay
gran desorden, y los indios son molestados.
l x x ix Item, que ningún sacerdote de dotrina en Potosí, ni en otra
parte, pueda hacer entre los dichos indios ningún repartimiento para
maderas, puertas, texas, caxas, ventanas, imágines, ni ornamentos, ni
campanas, ni otra cosa, ni los indios lo den sin mandado de la Audiencia,
so pena de privación del cargo, porque de hacerse ansí son los indios
muy vexados, y como no hay quién al sacerdote tome cuenta, se podría
quedar con algo de lo que reparte.
l x x x Item, que ningún clérigo, ni fraile, Presidente, ni Oidor en el
destrito de su Audiencia, pueda tener ni tenga mina comprada, ni
tomada, ni de otra manera ; y si la tuviere, la venda luego dentro de
treinta días de la publicación de estas leyes, so pena que pasado el dicho
término cualquiera la pueda tomar por vaca, y la Justicia se la dé al
que la pidiere, por evitar los inconvinientes que de tenellas se podrían
seguir ; pero monesterio o iglesia bien la pueda tener.
l x x x i Item, que n i n g ú n clérigo ni fraile pueda rescatar con los indios
en ningún asiento de m i n a s , ni en otra parte, so la pena que se pusiere
por el Obispo.

[Título X]

Del hospital de Potosí

l x x x ii Porque en Potosí concurre mucha cuantidad de indios muy


ordinariamente, y habiendo tantos, aunque el asiento es sano, no puede
dexar de haber enfermos, y por esta causa hay en él un hospital para
los curar, el cual es tan pobre que no tiene renta nenguna, sino las limos­
nas que le dan ; que se provea y mande que de el peso que cobra el clé­
rigo de la dotrina, de los ocho días que caben al beneficio (que dixe arriba
en el Capítulo X V I), se den para el dicho hospital dos tomines por cada
indio de los de la tasa que residieren en Potosí, pues a éstos no dotrina
el clérigo del repartimiento el año que residen en Potosí.
l x x x iii Item, que se envíe al Sumo Pontífice a le suplicar conceda
indulgencias y perdones para los confrades que hicieren limosna al
dicho hospital.
l x x x iv Item, que en cada dotrina de Potosí se haga un galpón, con
dos o tres piezas, para curar en él a los enfermos de la dotrina, lo cual
todo se provea del hospital principal.
l x x x v Item, que se encargue a los Perlados y Cabildos y Reximientos
de las ciudades de La Plata, La Paz y del Cuzco, que se pida limosna
154 G o b ie r n o d e l P e r ú

para el dicho hospital, pues es para curar los indios que allí ocurren de
todas partes.
l x x x v i Item, que sea patrono del dicho hospital e l Cabildo y Rexi-
miento de Potosí, y que puedan hacer para él ordenanzas en lo que
tocare a los bienes e propios del dicho hospital, y el mayordomo sea
lego, y tenga cargo de cobrar las limosnas, y que se gasten en curar los
indios pobres que estuvieren enfermos, y tome cuenta de ello cada año
el Obispo, conforme al Concilio, demás de la que tomare un mayordomo
a otro, y cada tres años tome cuenta el Audiencia.

[Título XI]

De los socavones

Una de las principales obras que se han hecho en Potosí, en Porco,


y en todos los asientos de minas, para sacar toda la plata que hobiere
en los cerros, y para desaguar las minas y poderse sacar con menos
trabaxo y peligro de los indios, son los socavones, a cuya causa es
razón que los que los dan y labran sean favorecidos, pues que éstos gastan
mucho tiempo y tanta hacienda, que cuando vengan a sacar lo que
han gastado, se pasa mucho tiempo, y aun ha acaecido morirse el que
dá el socavón sin gozar nengún provecho, porque se tarda mucho tiempo
en horadar y socavar unos cerros tan grandes como Potosí y Porco.
Dánse estos socavones de manera que atraviesan todas las vetas

del cerro, como va aquí figurado : : = = = = = :

Las leyes que para lo a estos socavones tocante se deben hacer, a


mi parecer, son las siguientes :
l x x x v ii Item, que cualquiera persona, aunque no tenga mina ninguna,
pueda dar socavón.
l x x x v iii Item, porque hay muchos que tienen minas y no las labran,
y esperan a que otro la labre y saque plata de ella, para la pedir luego
por pleito, lo cual es gran daño para la República, porque por esto naide
se atreve a dar socavones ; que el que diere socavón pueda pedir por
despobladas cuantas minas lo estuvieren en todas las vetas del cerro,
haciendo la solenidad arriba dicha en el Título de los despoblados, en
este mismo Capítulo, y las Justicias se las adjudiquen todas, hallando
estar despobladas.
l x x x ix Item, porque en llegando el dueño del socavón a alguna veta,
le mueven pleito los dueños de las minas de arriba, diciendo que aquella
es su veta y su mina, y con dificultad lo pueden saber los testigos, por
ser cosa que está debaxo de tierra, y por esta causa cesa la labor ; que
el alcalde de minas lo vaya a ver por vista de oxos, y los medidores
P a r t e p r im e r a — c a p . x l i 155

nombrados por las partes, y un tercero en discordia por el juez, hagan


la medida, y si hallaren ser la mesma veta y mina del que puso el pleito,
se la adjudiquen, y le requieran y manden que la labre luego por el
mesmo socavón, dando al dueño dél la parte que luego diré, y dexando
una semana por labrar en lo que el juez le señalare, la pueda tomar el
dueño del socavón por vaca, probándolo ante el juez con tres testigos
de los que allí junto labran, e guardando las demás solenidades del
despoblado, y lo mesmo se haga con los que tienen minas en la mesma
veta, aunque no hayan pleiteado, no les forzando a labrar por el soca­
vón, ni queriendo, y labrando por arriba, que esto baste para que no
se les tome por despobladas.
x c Item, que cualquiera que quisiere labrar su mina por socavón, sea
obligado a dar al dueño dél la cuarta parte de lo que sacare, sin descontar
de ello costa alguna, o la tercia parte sacadas las costas, cual más qui­
siere el dueño de la mina ; e si el dueño de la mina no quisiere labrarla
a su costa, que la labre el dueño del socavón, y quitas costas dé la tercia
parte al dueño de la mina, entiéndese sin llevar derechos por la entrada,
y no queriendo hacer esto el dueño del socavón, no se la pueda jamás
tomar por despoblada.
x ci Item, que los dueños de minas no puedan cerrar el camino del
socavón, so color de decir que aquél sale a su veta, y que por su veta y
mina naide puede pasar contra su voluntad, porque no le tomando el
metal de su mina no es razón que se impida el paso, pues de impidírselo
vernía gran daño a toda la república, y es razón que pueda pasar adelante
para descubrir otras vetas e minas, y si quisiere ir a buscar otras minas
en la mesma veta, que no pueda ir por la caxa contra voluntad del dueño
de la mina, sino por otra parte junto a la dicha caxa, o yendo por la veta
sea el metal que sacare para el dueño de la mina por do pasare, sin descon-
talle por ello cosa alguna, para lo cual haya veedor.
x c ii Item, que los dueños de socavones tengan el mesmo previlexio
e previlexios de los dueños de minas, y más el que dixe arriba, en este
dicho Capítulo, en el Título de los dueños de minas.

[Título X II]

Medidas de minas

x cm Item, porque cada mina ha de ser de sesenta varas en largo, y


algunas tienen más, por falta de medida, que por la decaída del cerro
y muchas piedras dél no se puede hacer cierta al principio, se mande
que, al tiempo de estacar y medir, se hinque una lanza de veinte y cinco
palmos en alto a la parte y lugar donde se hace la estaca fixa del descu­
bridor por la parte de abaxo, y en lo alto de la lanza se ate un cordel,
y de allí de lo de arriba, por derecho de la veta, se midan las dichas
156 G o b ie r n o d e l P e r ú

sesenta varas, y adonde llegare el dicho cordel se ponga por moxón y


estaca fixa, conforme a lo que arriba está dicho y declarado ; y después
que fuere honda la mina, si hobiere diferencia, que así el que esté de la
parte de arriba, como el de abaxo, pueda pedir derechura a su vecino,
el cual sea obligado a dársela, atravesando un palo a la boca de la dicha
mina, y en medio de él se ate un cordel con un plomo, a manera de sonda,
el cual baxe hasta donde se va labrando el metal, y allí donde señalare
el dicho plomo, se haga una señal, presentes ambas partes, y allí sea estaca
fixa, y de allí abaxo la puedan pedir otra vez, y sean obligados a la dar
cuantas veces la pidieren, la cual derechura sean obligados a echarla
dentro de veinte y cuatro horas como fuere pedida al dueño de la mina,
o al que la labrare en su nombre estando él ausente del asiento ; y no
se haciendo dentro de el dicho término, la pueda después hacer el alcalde,
en presencia del que pidió la derechura, aunque la otra parte esté ausente,
y aquella quede por estaca fixa.

[Título X III]
De las demasías

x civ Item, que no se puedan pedir demasías sino de un cordel, como


se dixo en el Título pasado, por el vecino u otro dueño cualquiera de
mina que tuviere en la dicha veta, para que todos se vayan allegando,
de manera que todas las minas tomadas estén juntas, y naide pueda
meterse en medio, excepto cuando alguno no quisiere allegarse, sino
poseer lo que tiene, y sus vecinos de abaxo o de arriba tampoco le pidiesen
que se allegase, que en este caso, el que pidiere demasías se pueda meter
en medio y labrar lo que se declare y hallare ser demasías, y no de otra
manera.

CAPÍTULO X L II

De P o t o sí y P o r c o ,
l a p e r s o n a q u e h a d e g o b e r n a r lo s a s ie n t o s d e
Y DEL CUIDADO QUE HA DE TENER DE LA CONSERVACIÓN
DE LOS INDIOS ; Y SI CONVIENE QUE HAYA ALCALDES
e n P o t o s í, y h a b ié n d o l o s , d e q u é h a n d e c o n o c e r ,
Y d e l a m a n e r a d e lo s t r a t o s , y d e l a f a l t a d e l e ñ a ,
Y SU REMEDIO

Cosa notoria es la gran riqueza de Potosí y Porco, y la mucha plata


que de ellos se ha sacado y se saca, y que mediante ella tiene el Perú
tanta fama. Si estos cerros faltasen, su contratación vernía a no ser
nada, y perdería Su Magestad mucho, y pues ésta es la llave de todo el
P a r t e p r im e r a — g a p. x l ii 157

Reino, conviene sean gobernados estos asientos con mucha prudencia y


por personas de mucha calidad y confianza, y al que lo hiciere bien no
mudalle, porque la regla más cierta y provechosa que para la conserva­
ción de aquellos asientos se halla, es no hacer en ellos mudanza, porque
cualquiera mudanza es peligrosa, ni hacer novedades, aunque sola una
parece que no dañaría : acrecentar en ellos más indios, y esto se había
de hacer por los que gobiernan, pues como tengo probado, de el estar
los indios en Potosí y Porco no resciben daño ninguno, sino gran provecho
y contento, lo cual les impiden sus caciques, tiranos y enemigos suyos.
El que ha de gobernar estos asientos ha de ser persona conocida, y
de quien el Rey tenga noticia y se pueda fiar. Ha de tener ispiriencia
de cosas de minas. Hásele de dar gran jurisdicción, que pueda inviar
mandamientos fuera de la jurisdicción, sobre cosas tocantes a indios
del asiento, y sean obedecidas y cumplidas, y en todos los otros negocios
han de tener jurisdicción en toda la provincia de los Charcas, y enviar
mandamientos en toda ella, aunque Potosí sea jurisdicción que por sí
no tiene más de dos leguas alrededor.
De los Alcaldes ordinarios se ha de apelar ante él, y lo mesmo de
alcaldes de minas, o para la Audiencia, cual más quisiere el que apelare.
Ha de poder echar del asiento al que le pareciere que es perjudicial
o está ocioso, sin que la Audiencia le vaya a la mano en ello, si no fuese
pareciendo a todos los Oidores, nemine discrepante, que era cosa injusta
y notoria pasión.
Ha de tener cinco mil pesos de renta, porque es muy costoso pueblo,
y siendo Oidor el que allí estuviere, bastarán cuatro mil pesos, demás
de su salario.
Mexor sería no haber alcaldes en Potosí, o ya que los haya, no han
de conocer de causas tocantes a indios, por que no sean molestados para
que les den indios que les sirvan en sus haciendas, y en otras cosas que
son notorias, que no es menester declararlas aquí. Tampoco conviene
que conozcan de causas criminales, más de tomar la información y
prender.
Ha de ser persona de tanta confianza, que pueda suspender la guarda
de las ordenanzas que le pareciere que son dañosas a la conservación
del asiento, hasta que se comunique con la Audiencia de los Charcas,
y todos, nemine discrepante, le manden que las guarde, sin embargo de
las razones por él dadas ; y que lo pueda todavía suspender segunda
vez, hasta ver segunda respuesta de la Audiencia, y que en la respuesta
se le pueda protestar que si daño viniere, no sea por culpa suya ni a su
costa, y que si segunda vez se las mandaren guardar, todos conformes
Presidente e Oidores, que las guarde, y con toda brevedad sea Su Mages-
tad y su Real Consexo de las Indias avisado por el Corregidor y por
el Audiencia, dando cada uno las razones para lo que se tratare, de los
daños que de ello se podrían seguir, y si por ispiriencia comenzare a
conocer el daño, todavía las suspenda, dando cuenta de ello a la Audien-
158 G o b ie r n o d e l P e r ú

cía, y la Audiencia no provea cosa alguna hasta que venga respuesta


de Su Magestad y su Real Consexo de las Indias.
Residencia no se le ha de poder mandar tomar por el Audiencia o
la Rota, hasta acabados tres años, si no vinieren todos conformes, por
informaciones bastantes, que se perdería el asiento si no se le tomase,
0 se ausentarían muchos, de lo que se causaría daño notable en los
dichos asientos.
Ha de tener cuidado del buen tratamiento de los indios y yanaconas,
y tenerlos todos por cuenta y padrón, y no consentir que sean engañados
en sus contrataciones ; y tener mucho cuidado en su dotrina, y de visitar
cada Domingo las dotrinas, ni consentir que los que trataren con ellos
les hagan molestias, ni los engañen, ni vedar a los indios que entiendan
en todas las contrataciones que quisieren, porque ansí conviene al
aumento de aquellos asientos, porque permitiéndoles contratar vernán
más indios al asiento, y estarán en él de mexor gana viendo su aprove
chamiento, y cuantos más indios hobiere, tanta más plata se sacará
para comprar coca y otros mantenimientos.
Ha de tener cuenta que la plata se refine con el menor daño de los
indios que ser pueda, porque — como trataré en el Capitulo de la
moneda (1) — ésles de gran daño en casos hacérsela refinar.
Las borracherías ha de quitar que no se hagan tan a menudo, aunque
quitarlas de golpe sería despoblar el asiento, y no dexarían de beber
en sus tierras, o adonde españoles no les fuesen a la mano, y en esto ha
de haber gran prudencia.
Y porque hay falta de leña, y van ya a doce y quince leguas y más
lexos por leña y carbón, que tan necesario es para sacar la plata, ha
de procurar él y el Audiencia dar orden cómo se conserve la leña que
hay, y se ponga otra de nuevo, que en esto hay tanta neglixencia que
por falta de leña se ha de perder la contratación de Potosí, si con tiempo
no se remedia. Podríanse poner pinares, robles, y encinas, en muchas
partes de esta provincia, que sería muy provechoso, porque la leña de
quishuar (2) (de donde se hace el carbón que hay en esta tierra), no
vuelve a nacer xamás en cortándola, y en la demás leña que hay, si no
se da orden para que no se tale y corte, dexando horca y pendón, se
acabará toda.
Las leyes que para remedio de todo lo contenido en este Capítulo
se deben hacer, a mi parecer son :
1 Que el que hobiere de gobernar los asientos de Potosí y Porco sea
persona de calidad y de ispiriencia, que sepa y entienda las cosas de
aquellos asientos, y de mucha confianza, y que sea Oidor de los Charcas,
u otra persona, cual pareciere al Virrey o Gobernador del Perú.

(1) Cf. Seconde Partie, Chapitre X .


(2) Cf. Cobo, op. cit., II, p. 54.
P a r t e p r im e r a — c a p . x l i i 159

11 Item, que el que fuere elexido por Correxidor o Gobernador de aque­


llos asientos, lo sea también de esta provincia, y provea y mande doquiera
que estuviere en toda ella, y sobre lo tocante a indios envíe mandamientos
en todo el destrito de esta Audiencia, y sean obedecidos sus manda­
mientos que sobre ello diere.
m Item, que el dicho Corregidor lo sea tres años por lo menos, y antes
de ellos la Audiencia no le envíe a tomar residencia, si no fuere por muy
grande y justa causa, pareciendo al Presidente e Oidores nemine discre­
pante; y si lo hiciere bien, se le prorrogue por otros dos o tres años,
después de tomada la residencia, no hallando por qué deba ser privado
del oficio.
iv Item, que el tal Corregidor lleve de salario cinco mil pesos en plata
ensayada y marcada cada un año, y si fuere Oidor lleve otro tanto salario
como tiene de Oidor, porque el gasto es mucho, y conviene ansí a la
autoridad de Oidor, por la costa grande que tiene.
v Item, que los alcaldes de Potosí, habiendo de quedar la jurisdicción
en la dicha villa, no puedan conocer de pleitos entre indios, ni entre
indio y español, si el español fuere el que pide, ni manden cosa alguna
sobre lo tocante al gobierno de indios, sino solo el Corregidor. Lo mesmo,
en las causas criminales tocantes a españoles, no conozcan de ellas,
sino solamente para hacer la información y prender, por que cesen los
inconvinientes que de lo contrario podrían suceder, como se ha visto
por ispiriencia, y no se podrán quexar, pues la paga que han hecho de
la jurisdicción ha sido de la renta de la correduría, y no de sus haciendas.
vi Item, que el tal Corregidor pueda, viendo ser necesario, o útil a
los dichos asientos, suspender la execución de alguna ordenanza, y haga
luego relación de ello en el Audiencia, y si le mandaren todos, nemine
discrepante que, sin embargo de las razones por él dadas la guarde, la
pueda tornar a suspender viendo que conviene, hasta que se le envíe
segunda jusión y sobrecarta, la cual se dé sin costas, y con acuerdo de
todos como la primera, y ésta guarde luego y cumpla ; pero si por ispirien­
cia viere que de guardarse la sobrecarta viene daño al asiento, la pueda
otra vez suspender haciendo sobrello información, y envíe relación a la
Audiencia con la información de el daño que de guardar la tal ordenanza
se ha seguido, y pueda protestar que si más daño viniere, no sea a su
cargo, y entonces la Audiencia no mande otra cosa en contrario, hasta
que lo consulte con Su Magestad y su Real Consexo de las Indias.
vii Item, ha de tener cuidado de las cosas arriba dichas en este Capítulo,
en el versículo : «H a de tener cuidado... » (1).
v iii Item, que el dicho Corregidor haga plantar, en las partes que le
pareciere cómodas, árboles para que haya leña suficiente, y la Audiencia
lo mesmo, y no consienta la dicha Audiencia que se corten los árboles

(1) Cf. supra, p. 158.


160 G o b ie r n o b e l P e r ú

por el pié, ni arranquen de raíz, antes en el cortar se guarden las leyes


del Reino, dexando horca y pendón, so las penas que pareciere a la
Audiencia.

CAPÍTULO X L III

Si converná que se d e sc u b r a n m á s m in a s d e plata o oro,


y d e s c u b i e r t a s , có m o s e labrarán

En este Reino hay muchas minas de plata y oro (como dixe en el


Capítulo XL), y como agora está la tierra, no me parece convernía dar
licencia para que se descubran fuera de los asientos de Potosí y Porco,
y de las demás que al presente están descubiertas, porque podría ser
que descubriéndose otras se desamparase el cerro de Potosí, y su gran
contratación, que es la causa de sacar tanta plata, y más se ha de procurar
de conservar esta contratación, que procurar ni inquirir más minas,
que por mucha plata que se saque de ellas, no será la séptima parte
de lo que se saca por contratación.
Mas, dándose la orden que arriba dixe, en los pueblos formados de
indios que ha de haber, se podría dar licencia (y aun mandarse) que
los indios y españoles buscasen y descubriesen más minas, lo cual harían
de buena gana los indios entendiendo el provecho que de ello les había
de venir ; y no se estorbaría la contratación de Potosí, pues allí, como
está dicho, ha de acudir la décima parte de todos los indios que hay
en esta provincia y en toda la serranía.
Los españoles que hallasen las minas podrían vivir en el pueblo de
los indios en cuya comarca estuviesen, o en el asiento de minas, si estu­
viese lexos, y allí temía cargo el Corregidor de indios de señalar otra
décima parte, o más, de indios de aquel repartimiento, o de los comarca­
nos, que trabaxen en ellas los días que no son de la tasa, y más los que
fuere su voluntad, que ellos lo harían sabiendo que el salario había de
ser para ellos mesmos, y naide se lo había de quitar.
Habiendo minas de oro, les había el Corregidor de mandar que se
empleasen en ellas los días de la tasa todos los indios, y pasados aquellos
días, hiciesen sus sementeras, y otros sacasen oro para sí, como ellos
quisiesen, no les apremiando a otra cosa, más de que hiciesen sus cháca­
ras para ellos y para el común, y los que hubiesen de servir en las ciudades
y en los tambos, que aquellos habían de estar un año, y acabado aquél,
no les cabría otra mita: y ha muchos años que todo podría andar mexor
concertado que en tiempo del Inga, y con mucho contento de los indios,
pues el provecho había de ser para ellos.
P a r t e p r im e r a — c a p . x l iv 161

Las leyes que para esto se habían de hacer, son :


i Que pueda cualquiera persona, español, indio, o mestizo, descubrir
minas de plata y oro, y se guarden con él las leyes arriba referidas en
el Capítulo XLI.
ii Item, que a los españoles que vivieren en los pueblos de indios, o en
los asientos de minas, se les den indios por su alquiler para labrar las
minas que tuvieren en sus tierras o en su comarca, ansí de oro como de
plata, los cuales sean obligados a trabaxar en ellas los días de la tasa,
y lo demás quede a su voluntad, pues desque entiendan que es suyo el
provecho, lo harán de buena gana, lo cual haga el Corregidor de aquel
repartimiento, y en su ausencia el tucuirico y el cacique, ambos a dos
juntamente, y por ausencia del cacique, el tucuirico solo.

CAPÍTULO X L IV

De co c a y d e su g r a n c o n t r a t a c ió n ;
la
SI ES BUENO QUE LA HAYA O NO,
Y DEL PROVECHO O DAÑO QUE DE ELLA SE SIGUE,
ASÍ A INDIOS COMO A ESPAÑOLES

Cuestión muy viexa y reñida entre algunos relixiosos y vecinos, habi­


tantes de este Reino, es si conviene que haya coca, o no, y que ha sido
muy disputada, a cuya causa es poca mi habilidad para poder yo dar
parecer sobre ello, mas como al que escribe le es lícito decir en cualquiera
cosa que trate su parecer (aunque no sea tal cual conviene), no dexaré
de decir lo que me parece en este negocio, trayendo las razones que
hay, por una parte y por otra, y respondiendo a las que en contrario de
mi parecer se refirieren.
En todas las partes de las Indias, y del Perú y tierras a él comarcanas,
los indios naturales muestran gran deletación de traer en las bocas raices,
ramas o yerbas. Ansí, en la ciudad de Antioquia (que es en la Goberna­
ción de Pasto), algunos indios usan traer una coca menuda ; en la provin­
cia de Arma, otras yerbas ; en las de los Quimbayas y Anserma, de
unos árboles medianos tiernos que siempre están muy verdes, cortan
unos palotes, con los cuales se dan por los dientes sin se cansar. En los
demás pueblos que están suxetos a la ciudad de Cali y Popayán, traen
por las bocas de la coca menuda ya dicha, y de unos calabazos pequeños
sacan cierta mistura o confección que ellos hacen, y puesta en la boca
la traen por ella, haciendo lo mesmo de cierta tierra que es a manera de
cal, y en Venezuela, lo mesmo.
162 G o b ie r n o d e l P e r ú

En el Perú, que es desde Quito hasta los términos de esta ciudad de


La Plata, en todo él se usó y usa traer esta coca en la boca, y junto con
ella meten en la boca ciertos polvos, que llaman llipía, hechos de ciertos
huesos molidos y ceniza de cierta yerba a manera de xara, que llaman
quinua (1), y de cierta tierra como cal blanca, y no la comen ni hacen
otra cosa con ella, más de traerla en la boca.
Preguntados por qué la traen en la boca, dicen que sienten poco la
hambre y la sed, y se hallan con más vigor y fuerza.
En los Andes, desde Guamanga hasta esta ciudad de La Plata, se
siembra esta coca, que en efeto es la hoxa de un árbol pequeño, que
labran y regalan mucho para que dé la hoxa que llaman coca, a manera
de arrayán, y tiene el parecer y aspereza del zumaque, la cual secan al
sol y pónenla en unos cestos hechos de coxoropipo y pancho (2), que son
largos y angostos, que terná cada cesto poco más de una arroba.
Fué tan preciada esta coca el año de 1549, 50 y 51, que no se puede
creer que haya otra yerba en el mundo, ni raiz, ni cosa criada de árbol,
que críe y produzga cada año como ésta, y que fuera de la especiería
se estimase tánto (3 ); y es cierto que toda, o la mayor parte, de la plata
que ha ido del Perú a España, ha sido de lo que los indios han dado
por esta hoxa.
Suelen decir algunos escrupulosos que es malo dexar a los indios
usar de esta coca, porque — dicen — que es superstición, y que el demonio
les hace entender que ella les da fuerza y quita la hambre, para les engañar
y hacer que se la ofrezcan cuando la echan de la boca, lo cual se les debe
quitar, por que no idolatren, y por que aprendan a ser verdaderos cris­
tianos.
Dicen, también, que la tierra donde se cría esta coca es caliente y
húmida, y muy enferma para los indios de la sierra, y que comunmente
mueren munchos indios que andan en el beneficio de ella, y otros cobran
una enfermedad que llaman de los Andes, que se comen las narices como
mal de San Lázaro, aunque no es contaxioso, ni acaba al hombre presto,
antes viven mucho con aquella enfermedad, y pues esto procede de
labrar y beneficiar la coca, que es cosa muy perniciosa a los indios.
Dicen, también, que los que se ocupan en la coca se podrían ocupar
en sacar y labrar metal de las minas, que hay mucho en esta tierra, de
que sacarían más plata que se saca de la coca, y seguirseia más provecho
a Su Magestad y a sus quintos y todo el Reino, y más provecho a los
indios, porque no enfermarían tanto, ni morirían tantos.
Los que esto dicen encargan mucho la conciencia a Su Magestad y
a los señores de su Real Consexo de las Indias, y a todos sus ministros,
y ansí, casi convencido, el Marqués de Cañete, Visorrey que fué de este

(1) Chenopodium quinua. Cf. Cobo, op. cit., I, p. 350.


(2) Cf. Cobo, op. cit., I, p. 475.
(3) Depuis le 2 6 paragraphe de ce Chapitre jusqu’ici, le texte est tiré du chap. X C V I
de la Crónica general del Perú, de Cieza de León.
P a r t e p r im e r a — c a p . x l iv 163

Reino, tuvo proveído que se arrancase esta coca, y aun (según dicen),
comenzó a arrancada el Licenciado Muñoz, Corregidor del Cuzco, pero
después informado de la destruición que vernía de ello al Reino, lo mandó
suspender.
Por otra parte, parece que la coca no se debe quitar en ninguna
manera, porque pues Dios la crió en esta tierra más que en otra, debió
de ser necesaria para los naturales de ella, pues Dios no hizo cosa por
demás, ni sin algún efeto.
Los indios naturalmente son fríos, floxos y pusilánimes (como probé
arriba, en el Capítulo IV) : la coca es caliente y húmida y criada en tierra
caliente y húmida ; el zumo de ella, junto con aquella llipta o confección
que se meten en la boca, son causa de que se mitigue la frialdad y opila­
ciones que de ella nacen, con lo cual se les quita parte de la natural
pereza y floxedad que tienen, y les da fuerza y calor para poder mexor
trabaxar, lo cual se ve por ispiriencia, pues con ella en la boca trabaxan
y caminan mexor, y ellos tienen ansí alegría, con ser la gente más triste
que yo he visto en mi vida.
Parece también que tiene esta hoja esta virtud, pues hay muchos
negros que usan de ella, y se hallan muy bien y les da fuerza, por ser
fríos y malencónicos, de la mesma manera y complisión que los indios.
También hay otra razón por do no se les vede, y es que antes que
viniesen los españoles, en tiempo de los Ingas, no les consentían usar de
la coca a los plebeyos, sino a solos los principales, a quien ellos daban
licencia, por ser cosa tan preciada y tan confortativa, porque no querían
que la gente común usase de este remedio, sino sola la gente de guerra,
para tenellos opresos y que no tuviesen ánimo para se alzar contra su
servicio, que entendían que lo hicieran según estaban tiranizados si
tuvieran ánimo para ello. Por esto procuran siempre los tiranos quitar
el ánimo a sus súbditos, porque no se les atrevan, como probé en el
Capítulo Primero.
No es pues razón que se use con ellos agora de esta tiranía, pues sirven
de su voluntad a Su Magestad, y están contentos de tenerle por Señor,
por dexalles comer todo lo que quieren, que antes les vedavan los Ingas,
que por esto entienden que es buen rey y señor, y por eso le sirven con
amor y ansí lo publican, y servirían mexor, si del todo les librasen de
la tiranía de sus caciques. Si ahora se les quitase la coca, dirían que
volvía la calamidad y tiranía de los Ingas.
Item, si la coca se les quitase, no irían indios a Potosí, ni trabaxarían,
ni sacarían plata, y la poca que se sacase la enterrarían en sus huacas y
sepulturas, ni habría con qué la sacar de su poder, y si se dixere que por
comida y ropa la sacarían, es desatino decillo, pues agora comen y
visten y compran la mesma ropa y comida que podrían comprar después
faltando la coca, que todo ello monta trescientos o quatrocientos mil
pesos, y de la coca se saca un millón, y más.
164 G o b ie r n o d e l P e r ú

De esta manera llevan los españoles coca al Collao, a do hay mucho


ganado de la tierra, y con ios carneros llevan a Potosí coca y ropa. Hacen
cada año, de la coca que allí venden, seiscientos y setecientos mil pesos,
y de los carneros de la tierra que se venden a los indios, sacan otros
seiscientos mil pesos, y más, y de la ropa, otra mucha cuantía, por manera
que todo lo sacan de la coca. Si ella faltase, está claro que faltaría todo,
y faltando esto, la tierra se despoblaría.
Además de lo dicho, viene otro provecho a los indios : que trayendo
la coca en la boca se conservan los dientes y muelas, que xamás se les
caen, aunque vivan cien años, y ansí no hay indio, por viexo que sea,
que no tenga muy buena dentadura, lo cual les aprovecha para conservar
la vida degiriendo los manxares y guisos que comen, que si no los masca­
sen, se morirían en breve, por no poder digerirlos, y ésta es la causa que
todos ellos vivan mucho tiempo.
Viene también provecho a los españoles que en ella tratan, que son
más de mil quinientos o dos mil, los cuales si faltase habrían de hacer
una de dos cosas : o irse de esta tierra a España, y habría gran falta de
gente que defendiese la tierra ; o quedarse en ella, y necesariamente que­
dándose habían de andar hechos salteadores, o alzarse, que es otro mayor
daño y mortandad de los indios, que la que se causa por lo de la coca.
Allende de esto, la coca es moneda de los indios de esta tierra —- como
en la Nueva España lo es el cacao — y con ella contratan los indios entre
sí, y no con plata ni oro, y si les quitan su moneda, se podrían quexar
con razón, y no hay más razón para quitarse la moneda de coca en el
Perú, que la del cacao en la Nueva España.
Finalmente, tratar de quitar la coca es querer que no haya Perú ;
que se despueble esta tierra ; que se vuelvan los indios a su infedilidad ;
es quitar su moneda a los indios ; es volvelles a la tiranía de los Ingas ;
es hacer que no haya plata ni ellos la saquen ; es causa que anden tristes
y mueran antes de tiempo, y causa que no trabaxen ; es volvellos a sus
ritos y supresticiones de enterrar la plata y oro en sus huacas y sepulturas,
viendo que no han menester para comprar de los españoles coca ni otra
cosa, más de la ropa y comida que agora también compran ; es, final­
mente, imaginación de hombres que por sus intereses, pensando que
hacen algo, destruyen la tierra sin la entender.
Resta responder a las frívolas y imaxinarias razones que algunos de
opinión contraria suelen dar, que al principio de este Capítulo referí.
A lo primero — que dicen ser suprestición y que el demonio les hace
entender que la coca les da fuerza y quita la hambre, para les engañar
y hacer que se la ofrezcan — no sé cómo lo saben, si no han hablado y
tratado sobre ello con el mesmo demonio, o si no se lo han dicho en
confisión, lo cual no se podría descubrir, antes verdaderamente los indios
reciben de ello gran provecho en la dentadura, y se conhorta su corazón,
para poder mexor trabaxar, como tengo probado.
P a r t e p r im e r a — c a p . x l iv 165

Ponen por inconviniente que la ofrecen al demonio : no es sola la


coca la que ofrecen, sino todo lo que tienen en mucho : el maiz y chicha
que comen y beben, los corderos de la tierra, los cuyes, las mantas y
camisetas que visten, y la mesma plata y oro, y todas las demás cosas.
Según esto, debíaseles vedar el comer y beber y vestir, y todo lo demás,
cosa bien sin término ni razón.
Mexor sería usar de otro remedio para les apartar de esta ceguedad,
persuadiéndoles y enseñándoles a conocer a Dios, al cual sólo han de
adorar, y dándoles a entender que lo que adoran son criaturas que son
y valen menos que ellos. Este me parece mexor medio para les apartar
de este error, y más conviniente al oficio de los que lo aconsexan, que no
intrometiéndose en oficio axeno de gobierno, aconsexar que se quiten
los instrumentos con que se hacen estos sacrificios, pues no les han de
faltar otros con qué los hagan.
Si fueran las huacas ídolos que tienen, éstos pudieran muy bien quitar,
y he visto aconsexar que se quiten, como dixe en el Capítulo X X X I X .
No hay quién entienda el intento con que se hace : si es por interes
propio, por el bien universal, o por no entender más. Si nos espantamos
de verlos traer en la boca cosa tan cruda e de tan mal sabor, como es la
coca, viendo que no hace en nosotros el efeto que dicen los indios que
hace en ellos, también ellos se espantan de ver comer ajos y aceitunas
y rábanos y otras cosas semexantes, que ellos no comen, ni las criaba
su tierra antes que a ella viniésemos, y les amarga, y metiéndolas en
la boca las echan fuera en probándolas, y esto causa ser su complisión
muy diversa de la nuestra, y ansí la coca obra en ellos conforme a su
dispusición, y no en nosotros, que la tenemos diversa, pero hace la
mesma operación en los negros que tienen la mesma complisión de los
indios, los cuales es claro que no la comen ni la traen en la boca para
idolatrar, ni por la razón que dan los que sustentan la parte contraria,
sino porque hallan en usar de ella remedio para conservar sus dientes,
como lo han hecho también algunos españoles viexos, y para tener fuerzas
para trabaxar y caminar.
A lo segundo — que dicen que de la labor de la coca viene gran per­
juicio a la salud y vida y conservación de los indios, ansí por el mal de
los Andes como por otras enfermedades — se responde que el mal de
los Andes les solía venir del desmontar las tierras nuevas para plantar la
coca, y agora está ya todo desmontado y plantado, y ansí cesa esta enfer­
medad, demás que se puede, para lo de adelante, remediar mandando
que no se ponga más coca, pues hay harta. Las demás enfermedades
se van ya remediando con las ordenanzas que están hechas, y se reme­
diará de todo punto haciéndose las leyes que luego diré, y no consintiendo
que se labre coca en tierras que son notoriamente enfermas, de que tam­
bién daré noticia.
A lo tercero — que dicen que sería mexor echarlos a las minas y que
sacasen plata, y que en esto se empleasen, y habría más plata que no hay
16
166 G o b ie r n o d e l P e r ú

por la coca — : codiciosos deben de ser los que lo dicen, y alguna preten­
sión deben de tener.
Es finalmente tan gran desatino, que no hay para qué responder a
él, mas porque no queden victoriosos respondo : que la plata, o es para
los indios, o para los españoles. Si para los indios, o no la sacarán porque
no la han menester para sus contrataciones, o si la sacaren, será para ofre-
cella en lugar de la coca a sus huacas y para la enterrar, como solían,
y sería por huir de Caribdis, caer en Scila, que es huyendo de un peligro,
caer en otro mayor ; y si los españoles la cobran, de seis partes las cuatro
se llevan de jornales y por otras cosas que venden a los españoles necesa­
rias para sacar la plata, y de esto que con ellos queda harán lo mesmo que
tengo dicho, y no habrá con qué se la sacar, si faltase la coca, porque
ellos dan la plata, y así, ni ellos se aprovecharán de ella, ni nosotros, que
es la condición de los avarientos.
Por eso dixe que eran codiciosos los que esto decían. De lo dicho se
colixe cuán necesaria es la coca para la conservación de esta tierra.
Resta dar orden cómo se pueda beneficiar sin daño de los indios, lo cual
diré en los Capítulos siguientes.

CAPÍTULO XLV

D e l a c u a l id a d d e l a co c a ;
ADONDE NACE Y CÓMO SE CULTIVA HASTA QUE EMPIEZA A DAR PROVECHO,
Y EL BENEFICIO QUE SE LE HACE DESPUÉS QUE ESTÁ CRIADA,
Y CÓMO SE ENCESTA Y SE SACA, Y DE SU CONTRATACIÓN

Para poder dar la orden que dixe en el Capítulo pasado, es necesario


presuponer lo que en este Capítulo tengo de tratar.
Como arriba he dicho, esta tierra, desde Quito hasta Chile, tomada
por la longitud, son tres diferencias las que tiene, que son tres callejones
a la larga, cada uno de su temple (aunque en ellos mesmos también
hay temples diferentes), y la latitud de cada uno es muy poca : el uno
es de los Llanos, el otro es de la Sierra, y el otro es de los Andes.
En los Llanos nunca llueve, aunque en algunas partes, a tiempos,
cae una poca de agua, a manera de niebla, que llaman acá garúa.
En la Sierra, la mitad del año llueve por las tardes, desde mediado
Setiembre hasta principio de Marzo, y la otra mitad nunca jamás llueve,
antes hiela.
En los Andes llueve todo el año, diferenciándose en alguna manera
el invierno del verano en que no es tanta el agua, ni tan continua. De
P a r t e p r im e r a — c a p . x l v 167

esta tierra se ha de tratar, porque la coca no se dá en otra parte ; verdad


es que los indios de los Llanos también usan de una coca, que es a manera
de arrayán, y pequeños los árboles o cepas, y creo que es la mesma semilla,
y entre ellos es de poco precio.
La tierra de los Andes toda en general es muy cálida y húmida, y
toda amontañada de muy grandes arboledas. Está muy baxa y honda,
tanto que para llegar a ella, por todas partes, lo más cerca hay seis
leguas cuesta abaxo.
Este mismo temple quiere la coca, porque allá abaxo no hay regadío,
ni sufre faltalle el agua ordinario. Siémbrase en la mesma montaña,
cortando las arboledas y pegándolas fuego después de secas. Pénese
primero en almácigas, sembrado a manera de lechuguino y de otras
plantas, para la trasponer, que llaman los indios cochas de malque (1),
y este es muy grueso trato en los Andes e yungas del Cuzco, porque
muchos siembran estas cochas para vender, y véndense por brazas a
los que plantan.
Tarda un año o año y medio en crecer, que entonces está mexor
para trasponer, y en algunas partes es mexor de dos años. Traspónese
a manera de viña para vino, y por la mesma orden. Críanse las cepas
de estos árboles casi del mesmo altor, y cuando viexas son más altas y
fornidas que las de viña.
El fruto es la mesma hoxa, y por eso no se poda, por que lleve más
provecho ; cóxese un año tres veces, y aun en catorce meses cuatro, que
llaman mitas. Cada vez que se coxe se ha de labrar la tierra (que llaman
corar), porque quiere estar siempre limpia. Si no la coxen a tiempo, cáese
luego la hoxa, y algunas veces de industria la dexan caer, por que quede
la cepa más fértil y estercólese la tierra, y gánase en las mitas que vienen.
Dura mucho tiempo, si anda bien beneficiada.
Hállase por ispiriencia que en el valle de Toayma hay una chácara
que es de Hernando Pizarro, y fué chácara muy antigua del Inga, y
cuando Candía fué por allí a la entrada de los moxos, aposentó el campo
en ella, con cuatrocientos caballos que llevaba, que estuvieron aposen­
tados en ella ocho días, que con quedar destruida dá mucho fruto, que
a la cuenta ha más de cuarenta años que se plantó, y no puede haber
menos, y puede haber mucho más.
Dan simiente las cepas después de muy viexas, y podadas y cortadas,
tornan y dan muy buen fruto, y mucho tiempo.
Para que la coca, después de coxida, no se pierda, se ha de subir
a la Sierra con mucha brevedad. No se puede encestar verde, porque se
daña ; luego háse de secar al sol, de manera que cuando quede encestada
ha de ser verde y seca, porque si por mucho sol, o algún agua se pone
parda, abaxa mucho en el precio. Después que está beneficiada de esta

(1) Cf. l’explication de ce terme dans l ’Ordenanza I I de las Ordenanzas de la coca


de Toledo (6 novembre 1575), dans Ballesteros, Ordenanzas del Perú (Lim a, 1685), Libro
Segundo, Título X I I .
168 G o b ie r n o d e l P e r ú

manera, puesta en tierra fría consérvase mucho, aunque más valor


tiene fresca, que se entiende hasta un año.
Los cestos tienen veinte libras de coca cada uno, y ellos pesan cuatro.
Ordinariamente hácense de unos bexucos y cañas, por que sean livianos,
y éstos solían ser monteses, mas como hay tanta coca, van ya lexos por
ellos, y aun siembran chácaras de este aparexo, que llaman coxoropipo
y pancho.
Puestos los cestos en la Sierra, allí se contratan y se venden y se
llevan y destribuyen por todo el Reino, y van con ellos a las minas, y
es gran contratación y universal transacción en todas partes.
Críase esta coca en todos los Andes, en que habrán trescientas leguas ;
algunas partes son peligrosas y enfermas, otras no, y son también dife­
rentes en la manera de el beneficio.
En algunas partes de los Andes hay indios naturales que no se sus­
tentan de otra cosa, sino del rescate de la coca, ni viven a la frieza, ni
podrían soportar el frío ; y en otras partes no hay naturales.
El segundo año, después de traspuesta, la coca empieza a pagar la
costa ; al tercero, dá algún provecho ; al cuarto, dá fruto bueno ; a los
seis años empieza a estar en su fuerza, y hasta los ocho años no la tienen
por cosa perfecta, porque siempre dá más cada año, y así hasta diez ;
de allí adelante siempre es de una manera, sino que reconoce el beneficio
como todas las demás plantas. Dura — como he dicho — mucho tiempo,
si por no la beneficiar la dexan perder en chácara viexa.
Cuán rica cosa sea la contratación de esta coca, no es menester decillo
ni encarecello más de lo que se dixo en el Capítulo próximo pasado,
pues allí probé que de ella sale toda la plata de poder de los indios, que
es toda — o la mayor parte — que cada año se saca en este Reino, lo
cual si cesase, cesaría sin duda la plata y acabaríase todo, como allí
dixe más largamente, y porque hay muchas maneras de chácaras de coca
y en diversas partes, cada una de las cuales tiene diferente beneficio
en las personas, y diferencia en los daños, y diferente necesidad de
remedio, diré de cada una de ellas en particular, porque mexor se entienda
y se pueda remediar.

CAPÍTULO XLVI

D e las ch ácaras d e coca,


DE DO SE PAGAN LOS TRIBUTOS EN COCA
A LOS VECINOS Y ENCOMENDEROS

Esta preciada yerba que llamamos coca, se usaba y coxía en toda


la comarca de los Andes, y era manjar de los señores y caciques, y no
de la gente común, si no es cuando les querían hacer algún regalo, aunque
en la guerra usaban de ella ordinariamente (según afirman todos los
P a r t e p r im e r a — c a p . x l v i 169

viexos, los cuales también dicen que después que los Ingas suxetaron el
reino y lo pusieron debaxo de su dominio, hicieron hacer estas chácaras
de coca a los estranxeros, cada uno en su comarca, y las aplicaron para
el Inga y para las huacas y adoratorios, aunque todas ellas estaban y
se beneficiaban en nombre del Inga).
Todas las provincias a quienes tenía dado cargo de las beneficiar
le acudían con ella, y él la repartía y daba a los que tenían cargo de los
cuerpos de los Ingas, y al sol, y a los que él quería.
Que estas chácaras, por esta razón, sean todas de Su Magestad, está
claro, pues legítimamente sucedió en el reino, y por consiguiente se le
traspasó todo el derecho que a él le pertenecía y a lo demás que el Inga
poseía (como dixe arriba), y por esta causa y razón son suyos los tributos
y las demás haciendas que el Inga tenía, y Su Magestad los ha traspasado
en los encomenderos, para que ellos guarden la tierra y la conserven, y
amparen los indios, traspasándoles el cargo que Su Magestad ternía
si no traspasara y diera los tributos.
De la mesma manera traspasó estas chácaras que andaban y andan
anexas a los tributos de los repartimientos que tienen cargo de benefi-
ciallas, y de ellas se saca y paga el tributo, por lo cual me parece cosa
escusada haberlas pedido el Fiscal — como me dicen que las ha pedido
por persuasión de los que tienen por oficio de informar cosas que no entien­
den, para sus fines —-, pues está claro que son suyas, y como tales las
encomendó por dos vidas, las cuales pasadas las podrá Su Magestad volver
a incorporar en su patrimonio, si de ello fuere servido, aunque no es mi
consexo, porque le está mexor darlo en perpetuidad, como probé con
muchas razones en los Capítulos que tratan de ello, y por otras razones
que diría yo en presencia de Su Magestad, que no quiero escribir aquí.
Volviendo, pues, a mi intento, de cinco géneros de chácaras de coca
que hay, de que trataré en los Capítulos siguientes, éste me parece que
es el menos dañoso y perjudicial a los indios, como agora está asentado
y ordenado, aunque si se ordena todo como adelante diré, no será ninguno
género de los cuatro dañoso a los indios, como se verá en los Capítulos
siguientes.
Diré de lo que está ordenado cerca de este género de chácaras, y
luego lo que se deba ordenar.
Al tiempo que los repartimientos que tienen estas chácaras deputadas
para de ellas pagar sus tributos se tasaron, se tuvo consideración y se
averiguó qué tantos cestos de coca se podrían coxer de ellas, teniendo
respeto a que quedase algo de sobra para los indios, y mandaron que
diese a su encomendero cada mita (que es de tres en tres meses), ducientos
o trescientos cestos de coca, que son cuatro mitas en catorce meses, más
o menos, conforme a lo que les pareció que podrían coxer en las chácaras,
y a otros les tasaron por año entero, y no por mitas, que todo viene a
ser uno.
170 G o b ie r n o d e l P e r ú

Los caciques envían los indios que son necesarios para coxer y bene­
ficiar la chácara de la tasa, y algunos más, por que más holgadamente
lo hagan, y huelguen los que enfermaren, y por esto dixe que esto es
menos perjudicial, porque cuando se alquilan para otras chácaras, no
les dan tanta huelga ; y aunque ni los unos ni los otros no han de trabaxar
más — que sean alquilados o que sean para la tasa, conforme a las orde­
nanzas, en todo un año — , pero siendo más indios que los que son pura­
mente necesarios, descansan más, lo que no pueden hacer los alquilados,
demás de que los que benefician la chácara de la tasa lleva cada uno su
parte de coca, que lo precia más que el salario que les podrían dar.
La gente que es menester para beneficiar ducientos cestos de coca y
subillos a la Sierra y dexallo corado y labrado, son cuarenta indios,
para que en veinte e cuatro días de trabaxo lo puedan hacer, y ansí
al respeto, porque lo demás — que es hacer los cestos y encestallo y
hacer las esteras en que se seque y el sacarla al sol — , es oficio de camayos,
que son los indios yanaconas que están residiendo en las chácaras a la
contina, como diré luego.
Son cuarenta días de mita en verano, y cincuenta en el invierno.
Hay otra dificultad en el beneficio de esta coca, que encarecen mucho
los que pretenden aconsexar a Su Magestad, y a los Gobernadores y
Virreyes que en su nombre la quiten, y es que afirman que el Inga benefi­
ciaba esta coca con gente criada en tierra caliente, y que teniendo un
indio que carecía de lumbre de fe una cuenta grande con la salud de los
que tenía por vasallos, no es justo que Su Magestad permita que agora
baxe a ello gente de tierra fría, y aun están por decillo acá, ante los que
sabemos que es lo contrario de la verdad.
Para prueba de lo cual, basta saber que los mesmos que lo benefi­
ciaban en tiempo del Inga, digo las chácaras y coca de la tasa, esos mesmos
lo hacen agora, porque son chácaras anexas a aquellos mesmos reparti­
mientos, y ansí se tasaron con ellos, y decir que los indios son de tierra
caliente, poca probanza es menester para lo contrario, pues Andahuaylas,
y los Quichoas y los Aymaraes, y los indios yanaguaras, y los de Cuchoa
y Combapata, y los de Asillo, Oruro y Azángaro, y otros munchos en
la provincia del Cuzco, todos son indios de tierras frígidísimas, que en
algunas de ellas, de puro frío, no se dá comida algunos años, como en
Ayaviri y lo demás del Collasuyo.
No me parece justo, para poner a Su Magestad escrúpulo, hacer
prosupuestos falsos, y para coloreallos, traer algunos enxemplos verda­
deros, como decir que los indios de Chuquiapu, que fueron de Grabiel
de Rojas, y agora son de su hixo del Mariscal Alonso de Alvarado, los
cotas de Pocona, los chipayas de Poopó, y los chunchos de Tono, son
indios de montaña, y que aquellos beneficiaban coca, y dexan de decir
los de tierra fría que lo hacían, y se puede dar regla general que todos
lo hacían los que estaban en comarca de los Andes, aunque fuesen de
tierra frígidísima.
P a r t e p r im e r a — c a p . x l v i 171

Dende Huamanga para arriba, algunas partes donde se cría la coca


son más enfermas, como es Chuquiapo, en los Andes que llaman pa-
llayunga, donde hay ciertas suertes de coca que benefician ciertos repar­
timientos, que los mismos que los tienen dicen que es tan enfermo, que
ordinariamente, de diez indios que lo van a beneficiar, no vuelven
seis, o vienen tan enfermos que lo están mucho tiempo en sus tierras,
o vienen a morir a ellas.
Esto todo se había de arrancar que no quedase memoria, porque
dexándolo allí, aunque manden a los españoles no lo labren, los indios
lo labrarán para sí, aunque aventuren mil vidas, porque son de esta con­
dición.
Hay también otro daño : que aunque en los Andes de Tono, adonde
se coxe más coca que en otras partes, haya Justicia y gran concurso de
gente, que sea causa de no ser tanto el daño, porque se guardan las
ordenanzas, mas en otras partes donde tiene coca un solo vecino, o dos,
van allí los indios a beneficiallas por la tasa, está en su mano del vecino
no guardar las ordenanzas, si no se pone el remedio que diré.
No dexaré de decir que se ha empezado por algunos Virreyes, espe­
cialmente por el Marqués de Cañete, a querer remediar algo de esto,
y por consexo de algunos relixiosos conmutó la coca que algunos indios
daban de tasa, a dinero, y cómo se dexaran las chácaras. Llevaron los
encomenderos la tasa de dinero, y también beneficiaron las chácaras,
aunque dicen que por su alquiler; y si han dexa do las chácaras a los
indios, es peor, porque los caciques no las han de dexar de beneficiar,
y no pagan nada por ello a sus indios, de manera que en lo que en la
coca se ha proveído hasta aquí por los gobernadores de este Reino,
han sido aparencias, y como no se hace junta y por razón universal,
no se pone orden ni hay cosa sustancial de que se pueda decir que resulte
algún provecho a los indios, de la merced o justicia (o como la quieran
llamar) que se hace a los indios de conmutar la tasa de coca a dinero,
como se hizo en algunos repartimientos de los Charcas, e no por eso
han dexado de baxar a beneficiar la coca, o por su alquiler, o porque
se lo mandan los caciques.
Las leyes que para lo contenido en este Capítulo se deben hacer,
me parece que será mexor ponellas después de tratado en particular
de los géneros que hay de chácaras, y inconvinientes que en cada género
hay, para que de allí resulte lo que se debe proveer, en Capítulo aparte.
172 G o b ie r n o d e l P e r ú

CAPÍTULO X L V II

De la coca q u e han p u e s t o l o s v e c in o s y e n c o m e n d e r o s a l l e n d e
de LA TASA, Y OTROS, SIN TENER COCA DE TASA

Ha habido grande esceso en los vecinos que tenían coca de tasa, pues
viendo el gran provecho que les venía de la coca, han comprado nuevas
chácaras y aumentado la renta de coca al doble, y aun algunos cuatro
veces tanto, y otros que no tenían coca de tasa, aun han hecho chácaras
de nuevo, y metido sus indios en ellas, aunque dicen que por su alquiler,
lo cual al principio se pudiera remediar, si los que informaron que qui­
tasen la coca del todo, quisieran remediar a los indios para que recibiesen
menos daño, haciendo que se mandara que no plantasen los vecinos más
coca de la que los indios eran obligados a dar por tasa, so graves penas,
y entonces fuera fácil el remedio, y agora dificultosísimo, porque si se
hubiese de arrancar las demás chácaras, era destruición de muchos
por el gran valor que las chácaras tienen, y mucha costa que en las
plantar han tenido.
No parece cosa posible que Su Magestad permitiere hacer tanto
daño, y echar tanta gente a perder, pues se puede remediar el daño
de los indios como diré abaxo.
De esto ha venido daño a los indios hasta agora, porque si baxaban
antes ciento al beneficio de la coca, baxan agora trescientos, y aunque
los vecinos aleguen que se lo pagan, o que lo descuentan de la tasa por
estas contrataciones ansí generales entre los vecinos y los indios de su
repartimiento, es cosa cierta, y si al principio pretendieran, cuando
hicieron la tasa de coca, ataxar el pasmo para que no pasara adelante,
como hicieron la tasa que los indios fuesen obligados a dar cada un año
tantos cestos de coca conforme a lo que les pareció que las chácaras
labradas e beneficiadas podrían dar, claro está que fuera mexor tasar
en esta manera : que el pueblo diese tantos indios cada mita para el
beneficio de aquellas chácaras, cuantos parecieren necesarios, para que
trabaxando cada uno de ellos veinte e cuatro días cada un año, y no
más, pudiesen coxer y labrar y poner la coca en los depósitos de la Sierra
holgadamente, amoxonándolas y poniéndolas límites, y mandando que
ninguno fuese osado, so pena de perdellas, a hacer más roza ni ensanche
con sus indios ni con otros, y con esto, el trabaxo de los indios fuera cada
día menos, y la libertad del amo ninguna para hacerles agravio, y que­
daran bardadas las paredes para que ninguno pudiera entrar por allí
a la exorbitancia que después acá ha habido, sino que por no encontrarse
con el servicio personal, como si tasados a cestos lo dexara de ser, se
ha hecho a los indios más agravio que se les hiciera, si al principio se
remediara.
P a r t e p r im e r a — c a p . x l v ii 173

Finalmente, yo hallo que [en] toda esta plática de servicio personal


consiste la sustancia y medula de ella en el nombre, porque si los indios
han de ir a hacer los cestos y labrar la tierra y ponellos en los depósitos,
siendo como en efeto son todos los que se coxen de una chácara, esto
no es servicio personal, ni quieren los que esto informan que lo sea,
y si han de ir cincuenta indios limitados a hacer esta misma hacienda,
dicen que es una cosa tan desaforada que no sólo los nombres que le
ponen, y venido a tratar de la razón de diferencia, no hay quién tal sepa
dar, ni yo la he hallado, ni creo que hoy se hallará, ni que en cosa que
den los indios dexe de ser lo mesmo.
Verdad es que algunos podrían decir que el tasar los indios podría
ser inconviniente, pues los harían trabaxar más, para que diesen más
coca, pero a esto habrá buen remedio, pues a cada indio se podía tasar
cuatro cestos, que los pueden beneficiar en los veinte e cuatro días, y
que sacasen los dos a la Sierra. Cesará también el daño, si echasen más
indios de los necesarios, seis o siete, para los que cayesen enfermos o
se cansasen.
Otro daño ha venido a los indios de estas chácaras aumentado :
que han echado más camayos para que residan en ellas, y sacádolos de
sus repartimientos, y a los que antes estaban, hécholes trabaxar más
de lo que eran obligados.
El mayor daño que viene a los indios es el de desmontar y rozar
para plantar chácaras de nuevo, de donde les viene el mal que llaman
de los Andes, que es como lepra, aunque no se pega, pero hasta agora
ha sido incurable, lo cual se causa del rocío que cae de algunos árboles.
Por esto son más dañosas las chácaras de vecinos que no tienen tasa
de coca, porque han de hacer las casas y bohíos de nuevo, y poner camayos
en ellas del mesmo repartimiento, que hasta que se hagan a la tierra es
necesario que mueran muchos, o enfermen, y como les dan a cada uno su
chácara para que huélguense de estar allí, pero en esto se hizo daño
al repartimiento por los sacar dél, y después la venden con los mesmos
camayos, y queda el repartimiento sin aquellos indios que dél sacaron,
y no por eso dexa el repartimiento de pagar la tasa enteramente, y creo
yo que los camayos no ayudan a pagar nada de ella.

CAPÍTULO X L V III

D e l a s c h á c a r a s d e co c a d e LOS « SOLDADOS » QUE h a n c o m p r a d o


DE VECINOS o PLANTÁDOLAS DE NUEVO

Después que los vecinos que no tenían tasa de coca plantaron chá­
caras de ella en los Andes de Tono, y las tuvieron puestas en orden y
se aprovecharon de ellas algunos años y tuvieron mucha estimación,
174 G o b ie r n o d e l P e r ú

los más de ellos las vendieron a personas que no tenían repartimientos,


y aunque el precio de ellas fué grande, que algunas de ellas se vendieron
en doce, quince, y veinte mil pesos, algunas de ellas se han vendido
después acá en cincuenta y sesenta mil pesos. En cambio, las chácaras
que han hecho los que tienen coca de tasa no creo que ninguno de ellos
las haya vendido, porque como el beneficio les es más fácil que a los
otros, tiénenlas y gozan de ellas, y visto cómo han subido tanto estas
heredades en precio, y la orden que han tomado los que no tienen indios
para beneficiallas, que antes parecía impusible, otros muchos han hecho
otro tanto, haciendo rozas y puesto chácaras de coca, a lo cual se han
dado tantos, que es ya gran exceso.
Estos han puesto en las chácaras la mesma orden que el Inga : a los
yanaconas que llevaron, y a los demás indios que allá han podido allegar,
les han dado a cada uno un pedazo de chácara plantado, y con esto les
han hecho camayos, los cuales, después de asentados en la chácara y
que ya tienen de qué comer y vestir, no hay que decir sino que lo pasan
con gran descanso, porque como no les ocupan en otra cosa, sino en oficios
de camayos, no es grande el trabaxo, mayormente si hay bastante cantidad
respeto de la chácara que benefician.
Verdad es que allí se crían pocos niños, y enfermos y de mala color,
pero los indios pocas veces tienen consideración a esto como ellos lo
pasen bien y tengan qué comer y beber ordinariamente, que es lo que
pretenden, que casi no hay ninguno que pase adelante.
El daño que de esto reciben los indios es que en la manera de alqui­
lados se tiene un muy ruin orden, y es que los dueños de las chácaras
se conciertan con un cacique que les dé tantos indios y le pagan adelan­
tado el alquiler, a cuatro pesos corrientes cada indio, por los veinte e
cuatro días que está obligado a trabaxar, conforme a las ordenanzas.
El cacique va entregando los indios, juntos o poco a poco, como
puede, los cuales parten de sus tierras, que a algunos les cae a cuarenta
y a cincuenta leguas de los Andes, con su comida a cuestas, la cual
acabada, verisímilmente se puede creer que no habrá quién le dé otra,
ni él la pueda ganar, pues viene alquilado, y en cincuenta leguas de venida
y otras tantas de vuelta (que son ciento), y más treinta días de asistencia
en los Andes, con la obligación que en ellos entró, es cierto que padecerá
necesidad, aunque esté sano, porque si enferma, pocos tienen remedio,
por lo cual se hizo la ordenanza que a cada indio se le dé comida, con
lo cual, y con el hospital que se hizo, ha cesado gran parte del daño,
salvo que como aquél no tiene dueño que se 'duela, la falta del cumpli­
miento le hace mayor, y la delixencia (cuando la hay) muy menor, porque
lo prencipal que les causa la muerte, aunque la tierra es alguna parte
por ser dexativa, es la hambre, que acabada la comida que él lleva consigo,
no tiene maiz ni yerba que les tenga substancia, ni aun los caballos la
tienen con ella, antes se enflaquecen en ocho días, y lo mesmo los carne­
ros de la tierra y cabras y lo demás que allí se mete, y también comen
P a r t e p r im e r a cap. XLVIII 175

los indios algunas frutas de la tierra, monteses no bien maduras, como


piñas, que también les ayuda a enfermar, allende del trabaxo demasiado.
Como los llevan alquilados tan lexos de sus tierras, no está en su
mano volver tan presto a ellas por comida, y siempre alquilan menos
de los que han menester, por no los hallar, y a esta causa les hacen tra-
baxar mucho, y los indios son de condición que a su paso trabaxan
bien todo el día, pero en sacándolos dél, luego se congoxan ; y acaece
que si faltan por enfermedad algún día de servir en la mita, les detienen
hasta otra que les sirvan el día que faltó, de donde se sigue uno de dos
daños necesarios : o que corre riesgo de la vida, o si le va bien, como
ha estado cuatro meses esperando y ganando algunos jornales, después
que se ha engolosinado con la coca, se queda hecho camayo de alguna
chácara por algún pedazuelo que le dan para sí, y no vuelven más a
su tierra, adonde dexa muger e hixos.
De estos hay gran número en los Andes, y de ellos se han hecho la
mayor parte de los camayos que allí residen, que son en gran cantidad,
porque después de habituados, y pasado algún tiempo por ellos, viven
stan sanos como acá fuera, y los más están casados otra vez, o amancebados
(que hasta agora mal saben ellos distinguir entre estas dos cosas).
De aquí se podrá colexir la razón por qué en estos Andes de los Char­
cas no enferman los indios tanto, ni aun casi nada, siendo de un mesrao
temple que los otros, y entrando en ellos gente de la Sierra, y de tierra tan
fría, como en los Andes del Cuzco, y es porque como no hay tanta coca,
y la más es de repartimientos, no se ha introducido este género de alqui­
ler, sino que los indios entran allá dentro cada uno con sus carnerillos
y maiz, y esto rescatan con coca, y alquílanse y págaseles su jornal en
la mesma coca.
El alquiler de un día está entre ellos tasado en tanto cuanto un indio
puede abarcar de coca acabada de coxer con ambas manos y brazos,
que a mi parecer vale más que dos tomines, o a lo menos tomín y medio,
y ansí comen pan y carne cada día que rescatan en los mercados que hay
en los Andes, y ahorran, que en doce o catorce días hacen un cesto de
coca, y cuando de su rescate y trabaxo — entre él y su muger, que casi
todos la traen consigo, y aun a los hixos — tienen ganados dos, tres
o cuatros cestos de coca (que valen veinte y cuatro castellanos), se
vuelven ricos a sus casas, y hacen esto en veinte o treinta días, y hácelles
el mesmo sentimiento que los otros Andes, pero que cuando se sienten
malos, huelgan y comen sin la obligación de los otros, y no hay duda
sino que por maravilla enferman ni mueren, porque aquel sentimiento
es como mareos de un dolor de cabeza que se quita estando a la sombra
un día, y durmiendo una noche, de manera que si los otros tuviesen
esta libertad, también sería mucho menor, o ninguno, el daño, quiero
decir, que el jornal se le pagase a ellos mesmos, y fuese por días, y ellos
holgasen en los Andes, y se saliesen cuando quisiesen.
De este género de gente también entra mucho en los Andes de Tono,
176 G o b ie r n o d e l P e r ú

y llámanse cueros, o corpas, que quiere decir « indios que se alquilan »,


y estos no reciben tanto daño, porque se alquilan por quién y cuando
quieren, y si salen tienen ganado lo que pretendían ganar cuando allí
entraron, y por ser los de Collasuyo indios que se alquilan de esta manera
en los Andes de Sangabán, en los de Carabaya, en los de Cuchoa, y en
las fronteras de su tierra, con este género de alquiler, de estos se ayudan
los que hacen chácaras, que casi todos son vecinos de estos Andes, y
les pagan su jornal en coca, pero no en otro ningún alquiler, e con la
obligación que los de Tono, si no son los que llevan los encomenderos
que hacen e tienen chácaras de su repartimiento, y a éstos no se hace
el tratamiento que a los otros, que en esto no hay duda.
Solo resta saber si les pagan, o dar orden cómo les paguen.
Hay también otro daño en la manera de alquilar los indios ya dicha :
que como los caciques tienen recebida tanta plata adelantada para estos
alquileres, y de tanta gente, no pueden guardar la orden antigua de
trabaxo de los indios, porque han de cumplir con los que halla más a mano,
y acaece en volviendo una cuadrilla de los Andes, como le fatigan los
alquiladores, tornar a despachar la mesma con otros que le tienen pagado,
y de esto resulta mucho daño a los indios.
Item, que todos cuantos tenían minas de oro en aquellas provincias
de Condesuyo y Chinchaysuyo, donde fácilmente sacaban su tasa, sin
mudar temple ni correr el riesgo de los Andes, como les dan plata junta,
hánlas dexado, siendo orden antigua el sacar el oro. De allí resulta la
deminución de los quintos del Cuzco en oro, que solían ser muchos, y
agora no hay casi nengunos.
Item, que los indios no reciben su jornal, ni tienen cuenta, ni la pueden
tener con lo que pagan, ni con lo que ganan, y otros muchos notables
que dexo por ser notorios.

CAPÍTULO X L IX

De las ch ácaras d e c o c a q u e t i e n e n l o s c a c iq u e s e n l o s A ndes,


Y DEL GRAN DAÑO QUE DE ELLAS VIENE A SUS INDIOS

Muchos caciques tienen chácaras de coca en los Andes de Tono, y


también en esta provincia, pero hay diferencia, porque todos los que
tuvieron y tienen coca de tasa, tuvieron sus chácaras aparte antiquí­
simas, lo cual es general en todos los Andes, y éstas son de poco perjuicio,
porque se benefician y coxen cuando las chácaras de la tasa, y lo mesmo
se hacía en tiempo del Inga, porque a sus chácaras no se tocaba en nin-
P arte parm era — cap, x h x 177

gima manera, y allende de esto tienen camayos antiguos de su mesma


tierra, y casas y aparexos para el beneficio ; y aunque hayan plantado
alguna más, no importa. Pero las chácaras que han puesto caciques que
no tienen ni tuvieron coca de tasa, son de gran perjuicio para sus indios,
o a lo menos hánlo sido, pero creo — y se puede afirmar — que ningún
cacique que no tuviese coca de tasa ha hecho roza de ella en los Andes,
si no son aquellos que sus encomenderos les han llevado a rozar ; y
después, dado caso que han vendido las chácaras o rozas que ansí hicieron
los caciques, quédanse con las que hicieron para sí, y tienen cuidado de
beneficiallas y coxellas, y como no van a los Andes de obligación, allende
que tienen y han puesto en ellas camayos para lo que toca al encestar e
sacar, algunos — o los más — envían un prencipal cada mita, y este
recoge los indios alquilados de su tierra, después que han cumplido,
y coxen luego la chácara del cacique, que es cierto que como quiera
que les hagan detener más del tiempo limitado por las ordenanzas (que
son los dichos veinte e cuatro días), resciben mucho perjuicio en su salud,
mayormente que como no tienen rancherías de asiento, ni proveídas,
fáltales a los indios las comidas, que es lo prencipal, porque ellos corren
el riesgo que socorridos con cualquier refrigerio vuelven, como se dirá
en las leyes que para ello conviene que se hagan.
Cierto, cuando se entendió en limitar esta coca, en tiempo del Marqués
de Cañete, aunque había la tercia parte menos que agora, si viniera en
efeto lo que se trataba de estas chácaras de caciques que no tienen
coca de tasa, ni obligación de baxar por ella a los Andes, se pensaba no
dexar nenguna, según he sabido del Licenciado Polo de Ondegardo,
que era a la sazón Corregidor en el Cuzco, y si no se arrancara, a lo
menos dice que les compeliera a vender las chácaras a españoles, porque
demás de las razones ya dichas, como son pequeñas, nunca las benefician
sino en la forma que arriba está referida.

CAPITULO L

De las chácaras de co c a de los camayos;


y de su o f ic io ,
Y DE lo s a g r a v io s q u e r e c i b e n a l g u n o s d e e l l o s

Los camayos son indios yanaconas que están y habitan siempre en


los Andes, en las chácaras de coca de sus amos, sin los cuales no se puede
beneficiar la coca. Primero trataré cómo están allí, y quién los llevó,
y cómo no reciben el daño que los otros, cuántas diferencias hay de ellos,
y qué agravios reciben. Todo esto se tratará en este Capítulo.
178 G o b ie r n o d e l P e r ú

Diré brevemente su oficio : lo primero que está a su cargo es guardar


las chácaras, y lo segundo, tener coxido cantidad de aquel coxoropipo
de que se hacen los cestos, y hacerlos, y las esteras en que se seca la coca,
y encestarla cada mita. Hecho esto, no tienen otra obligación, porque
el coxerla y subirla a la Sierra, y dexar corada, cavada y labrada la chá­
cara donde se coge, no es oficio de camayos, ni ninguno entiende en ello,
ni puede, sino de los indios — o de la tasa o alquilados — , de manera
que en su género de vida y costumbres, a cualquier cosa que les obligasen
más de lo dicho, recebirían agravio notorio, y aun creo yo que no bastaría
mandárselo para que lo hiciesen, porque son leyes viexas entre ellos.
De estos camayos es mucha la cuantidad, y en las chácaras de tasa
están allí del tiempo del Inga, y sus hixos y nietos, los cuales pusieron
los Ingas del mesmo repartimiento que obligaron a coxer aquella chácara,
y en algunas (o en las más) hay agora otros indios estrangeros que se
vinieron allí, y tienen esta orden : que cuando muere el camayo, no falta
otro indio que se obligue a lo que él estaba obligado, dándole la chácara
de coca que aquél tenía, lo cual hasta hoy se guarda en todos cuantos
hacen y han hecho chácaras o rozas, que dan tierras al que ha de quedar
allí por camayo la mita, y él la planta y beneficia, y con esta golosina qué­
dase allí a su riesgo, y como está desmontada y empezada a plantar,
aunque se muera en aquel tiempo, nunca falta otro que la tome en el
estado que la halle, y ansí como los camayos tienen chácaras, nunca faltan
camayos, aunque sean nuevamente hechas las chácaras.
Después de hechos a la tierra, el que queda vive sano y sin trabaxo,
porque sólo entiende en lo que tengo dicho, y con la coca de su chácara
la beneficia y coge y compra de vestir y comer abundantemente, y son
allí señores, y todos les llevan lo que han menester, a trueque de su coca,
y aun hay muchos que tienen chácaras de maiz arriba en la Sierra, y van
allá a tiempos, y no les falta quién se las siembre y traya el fruto a los
Andes a trueque de coca, que es la moneda que más corre entre ellos.
Finalmente, ellos tienen una vida que ninguno que la prueba la dexa,
y en esto no hay duda que el trabaxo que tienen es a tiempos, y no
mucho, y todo lo demás es holgar y beber, que con valer allá tan caro
el maiz, con todo eso nunca les falta, que cuanto quieren se les dá fiado
a pagar en coca.
Estos camayos se hacen de los indios que sacan alquilados, y algunos
que quedan enfermos y sanan. Concluida la enfermedad, pocos vuelven
a la Sierra, mayormente si hallan adonde asentarse por camayos, y si
va un cacique por alguno de ellos, conténtanle con un cesto dé coca, y
como les contribuyen siempre, les dexan, y después — pasado este
trance — viven tan sanos en los Andes como en la Sierra, pero no multi­
plican tan bien ni se crían los hixos tantos como en la Sierra, aunque se
crían hartos.
No pagan diezmos ni primicias, por el previlexio general. Allí los
dotrinan y casan y administran los demás sacramentos, porque siempre
P a r t e p r im e r a — c a p . l 179

en los Andes de Tono hay dos curas y es su partido mexor que el de los
de acá afuera. En algunos Andes no reside de asiento el sacerdote, sino va
de cuando en cuando a visitar los indios ; ni hay jueces ni Justicias, y
ansí, con ser el concurso de estos de Tono tan grande, todavía hay más
orden y más freno que en los otros, y aun la tierra, con la mucha gente,
se hace menos enferma cada día.
Estos camayos no reciben otro premio ni salario por su trabaxo más
de aquellas chácaras que cada uno tiene de estancia de las de su amo,
y no es pequeño, sino muy grande en aquellas que, después de hechas
las chácaras y que dan frutos, se las dieron por muerte de otro (como
está dicho), que se hace ordinariamente ; y a este tal no se le hace agravio
cuando se muere darla a otro que haga lo que él hacía, porque aquél
por su trabaxo ha gozado el fruto, y no va mal pagado, pero aquél que
él mesmo hizo la roza y aun ayudó a hacer la chácara del español, no
sé con qué título se la puedan quitar a sus herederos, y darla a otro sin
pagarles la costa que hicieron en labralla y rozalla, y si no había el camayo
sacado el fruto de ella cuando se murió, le han de pagar más a sus here­
deros lo que mereció por labrada, ansí la suya como la de su camayo
que trabaxo en su oficio ; y no les pagando esto, no se las pueden quitar
con buena conciencia, aunque así se use (porque la costumbre de pecar
y robar no escusa del pecado, antes le agrava más), pero restituiéndoles
esto, no me parece que está obligado el dueño de la chácara a dexar
a sus hixos del camayo su chacarilla que le dió, pues se la dió con la condi­
ción que trabaxase en ella y usase el oficio de camayo. Cesando esta
condición, no estará obligado el señor de la chácara a se la dexar a los
herederos, ni otra cosa más de pagarle la costa de la roza y el trabaxo,
si no había sacado provecho cuando murió, o cuando la dexó ; mas, si
había sacado fruto, tanto cuanto bastase para estar pagado del trabaxo
y roza, bien podrá el dueño de la chácara dar la del camayo muerto a
otro que haga el mesmo oficio, y con el mesmo cargo, y no estará obligado
a restituir nada a sus herederos, pero no se la podría quitar si los here­
deros diesen otro indio que cumpliese el oficio de camayo por ellos, hasta
que el hixo creciese, o la hixa se casase con quien usase aquel oficio.
Reciben también los camayos agravio en no los dexar gozar de las
chácaras que han ensanchado y rozado de nuevo, antes el dueño de la
chácara la suele vender con los ensanches, y con este título el comprador
no les dexa a los camayos gozar de más de la chácara viexa que el primer
amo les dió. Esto es agravio, porque : o era la tierra común, y entonces
lo ensanchado era de sus herederos del camayo, o era la tierra del dueño
de la chácara, y entonces estará obligado a pagar a sus herederos del
camayo todo lo que costó la roza y beneficio, no habiendo gozado fruto ;
pero si lo había gozado, para se pagar de aquella costa no será obligado
el dueño de la chácara a pagar nada a los herederos del camayo.
Reciben estos camayos otro agravio en una cosa que es muy común
en los Andes : que el mesmo amo les dá y compele a que tomen ropa y
180 G o b ie r n o d e l P e r ú

carne, para cobrar el precio de ello en coca, al tiempo que la coxen,


lo cual es grande agravio e fuerza, porque ni ellos compran lo que quieren
ni lo que han menester, ni la paga o tasa o precio de lo que su amo les
hace comprar es a su voluntad.
Finalmente, por abreviar — y aunque de esto resultan otros muchos
daños — , las contrataciones entre los indios y sus amos, no pueden ser
muy libres de fuerza y oprisión, y ansí, entre otros perjuicios hay otro
mayor, y es que estos camayos toman fiado de otros indios mercaderes
(de que hay gran abundancia en aquellos Andes para la cosecha), y
acaece tomársela toda su amo, y como no pueden pagar a tiempo, hánse
de detener los vendedores, y como es gente de paso, o se pierde la deuda,
o se muere allí esperando para otra mita la paga, sobre lo cual es necesario
que haya riguroso castigo, porque como no se quexan los pobres, ni
creen que contra su amo puede haber castigo, y si le hay es peor para
él, no se tiene noticia de estas cosas que pasan entre ellos, ni se ve el
daño que de ello resulta.
Reciben también agravio los camayos en los hacer sus amos trabaxar
más de aquello que por la costumbre están obligados, lo cual acaece si
el amo se halla alcanzado de obreros y la obra de su chácara le aprieta,
o de la coca la mita, aunque esto es pocas veces, pero conviene que
entiendan que no se les ha de hacer agravio en ninguna manera.

CAPÍTULO LI

De las le y e s y o rd en an zas que se d eben

HACER PARA B E N E F IC IA R L A COCA,


Y DEL R E M E D IO PARA QUE LOS IN D IO S NO ENFERM EN POR SU CAUSA

Leyes de la coca

i Porque la coca de que usan los indios les es tan deleitosa y provechosa
para les dar esfuerzo, y para conservación de la dentadura, y la estiman
en tanto, ansí para esto como para usar de ella como moneda para
comprar con ella unos de otros lo que han menester, que se permite y
consiente que la haya y usen de ella ; y los españoles la labren y benefi­
cien — como hasta aquí lo han hecho — en las chácaras que al presente
están puestas, y porque no les venga a los indios daño por haber muchas
chácaras que labrar, se mande que ninguna persona, español ni indio,
pueda hacer roza nenguna, ni ensanche, ni desmonte nuevo, para poner
coca de nuevo ; so pena, al español que lo hiciere, de ducientos pesos
P a r t e p r im e r a — c a p . li 181

y que la coca se arranque a su costa, y al indio, de ducientos azotes, y


que la coca se arranque a su costa.
ii Item, porque acaece que para que no se entienda si son los dueños
de las chácaras los que hacen los ensanches, los mandan hacer a los
camayos y .les toman las chácaras antiguas, que no se haga esto de aquí
adelante, so la pena dicha, y al indio que lo hiciere, le corten los cabellos
y den de azotes.
m Item, se permite y dá facultad que la coca que se perdiere o secare
en las chácaras que están puestas, se pueda reponer otra tanta cuantidad
como pareciere haberse perdido o secado, en otra tierra que esté rozada
y desmontada, sin hacer para ello nuevo desmonte ni roza con indios.
Para que en esto no haya fraude, ni con esta color se pueda plantar
más coca de la que se hubiere perdido de las chácaras viexas, parezca
la persona que la quisiere reponer ante el Justicia Mayor del Cuzco, y le
dé noticia de ello, pidiéndole licencia para reponer, y primero que se
le dé la tal licencia, el juez averigüe la cuantidad de coca que se hubiere
perdido, y constándole dé ello, dé la dicha licencia para que se reponga
otra tanta cuantidad, y no más ; y para averiguación de ello pueda
nombrar personas que lo entiendan, y siempre con fianza, señalando
en la tal licencia la tierra rozada en que se haya de reponer, de manera
que por nenguna vía se pueda reponer más cuantidad, so pena de los
dichos ducientos pesos, y que la coca sea arrancada a su costa.
iv Item, que si el que hubiere de reponer la coca no tuviere tierra des­
montada, se le dé licencia para la desmontar con negros, si quisiere, y
no con indios.
v Item, porque por leyes y ordenanzas y provisiones reales de Su
Magestad está mandado que los indios que se hobieren de alquilar para
el beneficio y grangería de la coca entren por su propia voluntad, sin
ser a ello compelidos por sus caciques, ni por otra persona alguna, y que
las Justicias tengan gran cuidado de lo hacer ansí complir, y castiguen
a los que lo contrario hicieren; y esto es muy justo, pues son hombres
libres, mas ni se cumple ni se puede cumplir conforme a la orden y
traza que agora está dada en el Reino, porque aunque está ordenado
por la primera, segunda y tercera ordenanzas de las que para el beneficio
de la coca hizo agora últimamente el Conde de Nieva, Visorrey del Perú,
por parecer del dotor Cuenca, Oidor de la Audiencia de los Reyes (1),
que los indios no vayan contra su voluntad, y que nenguno se concierte
con los propios indios, sino con sus caciques, para los alquilar para el
beneficio de la coca, y ante escribano ; y que la paga se haga a los indios,
y no a sus caciques, no se guarda ni se puede guardar cosa alguna de ellas,
antes la paga se hace a sus caciques, y adelantada, porque de otra manera

(1) Ces » Ordenanzas de la coca >, encore inédites, furent promulguées par le comte de
N ieva le 18 mars 1563. Il en existe une copie dans les actes de «residencia » de l’ oidor
González de Cuenca, établis contre lui pour l’ exercice de sa charge de corregidor de Cuzco.
Archivo General de Indias. Justicia, 660, fol. 398 »-417.

17
182 G o b ie r n o d e l P e r ú

no inviarían indio ninguno a la coca, aunque ellos de su voluntad quieran


ir, porque no tienen más voluntad que la que tienen sus caciques, fuera
de que no es posible ir por la paga al Cuzco, que son cuarenta leguas,
que les costaría más que ello vale.
Aquella ordenanza en efeto compele a los indios que vengan contra
su voluntad, porque aunque ellos no quieran, han de venir pues se lo
mandan sus caciques, y no- osarán hacer otra cosa, y está claro que no
vienen de su voluntad, pues el provecho es para su cacique, y no para
ellos, ni ellos gozan del jornal, y ansí no hay la libertad que Su Magestad
manda.
Si los dexasen de su voluntad, como no la tuviesen los caciques, no
la temían ellos, porque no osarían decirlo, ni descubrir su voluntad, ni
mostrar que tenían otra, sino la de sus caciques, y por eso me parece
que para conseguir el efecto y fin que llevamos, lo más acertado será
seguir la orden que tengo dicha para que ellos vayan de su voluntad,
sabiendo que han de gozar del jornal que les dieren por su trabaxo, y
pues los indios (como allí dixe), han de trabaxar setenta días cada un
año para pagar su tasa y tributo, y los demás días del año han de tra­
baxar para sí, y los cuarenta días han de ser para el encomendero, y
los ocho para el beneficio, que la mitad de los días que caben al encomen­
dero — que serán veinte — y la mitad de los que caben al beneficio
— que serán cuatro — , se empleen en el beneficio de la coca, para que
se les descuente de su tasa la cuantidad que luego diré, por los dichos
veinte e cuatro días que han de trabaxar en el beneficio de la dicha coca,
como también diré.
Conforme a esto, los caciques no les podrán usurpar y tomar como
agora les toman su jornal, so color que es para la tasa, antes lo gozarán
ellos mesmos, aunque no les den a ellos el dinero, pues aquellos días
(que son, como tengo dicho, veinte e cuatro), se les han de descontar
a cada indio de los setenta que han de trabaxar para pagar su tributo,
y irán a ello de su voluntad, pues saben que es para pagar su tasa.
Estos indios se han de dar así a los encomenderos que tenían antigua­
mente tasa de coca y chácara diputada para ello, como a los que no la
tenían y han de nuevo plantado chácaras, siendo los indios comarcanos
a los Andes, y no es mucho que al beneficio le den lo que los indios coxieren
cuatro días en la chácara, pues los encomenderos les habían de pagar
de su tasa, y porque es este mucho interés. Ha de ser el clérigo de la
dotrina obligado, de estas obras, a pagar al clérigo o capellán que tuvieren
en los Andes, y se ha de repartir su salario entre todos los clérigos de
los repartimientos que fueren al beneficio de la coca la paga de la ida y
vuelta, y se ha de hacer de la manera que diré en la ley séptima siguiente,
vi Item, que de ningún repartimiento se consienta ir a beneficiar la
coca a los Andes más de la mitad que hubiere en él, y ésto yendo por
sus mitas y no estando en los Andes trabaxando más de veinte y cuatro
días de labor ; y si el encomendero no pudiere ocupar en la labor de sus
P a r t e p r im e r a — c a p . li 183

chácaras la dicha mitad de indios de su repartimiento, que le den los


que hubiere menester, y los demás hasta la dicha mitad puedan ir a se
alquilar a los Andes, por la orden que les diere el Corregidor que residiere
en su pueblo.
vil Item, porque los indios que vienen a beneficiar la chácara de la
tasa para pagar su tributo, vienen de sus tierras a los Andes, y se ocupan
algunos días en venir y volver, y estos días no se cuentan en los cuarenta
que han de trabaxar para el encomendero, que se les dé en pago de ellos
la comida que se mandará dar a los indios alquilados en la Ley xii y ,
demás de aquello, el acollico (1) ordinario que se les suele dar, sin que
por ello se les descuente nada, que es el acollico un puño de coca cada
día. Hánles de dar más los encomenderos, entre ocho indios, un cesto de
coca, lo cual cumplan so pena de veinte pesos, y que todavía se les com­
pela a darlo, y no pareciendo los mismos indios a quien se ha de dar,
se dé al hospital, pues es para curallos.
viii Item, que cualquier indio que se alquilare, o de cualquier manera
fuere al beneficio de la coca en los Andes, no pueda estar ni esté tra-
baxando en el beneficio de ella más de veinte y cuatro días de trabaxo
en cada un año ; el cual, a la mañana, desde que el sol fuere salido, y no
antes, hasta las diez horas del día, trabaxe en corar, que es cavar y desher­
bar, y de las diez adelante, hasta puesto el sol, trabaxe en coxer la
hoxa que llaman coca, y acabados los veinte e cuatro días, luego otro
día siguiente le den dos cestos de coca que ha de sacar a cuestas hasta
la Sierra, y allí los ha de dexar en el bohío que allí estuviere, para que
de allí se lleve en carneros al Cuzco, o a otra parte.
Ninguna persona pueda detener al tal indio que hubiere trabaxado
los dichos veinte e cuatro días, en su chácara o en otra, porque no enferme
en estando más tiempo, ni le consientan trabaxar más tiempo en los
dichos Andes, aunque el indio lo quiera, so pena de cincuenta pesos a
cualquiera que en alguna cosa de lo en esta ley contenido excediere ;
y al cacique o principal que entró con él y con los demás de su ayllo,
le sean dados ducientos azotes si lo consintiere, y el juez para averiguar
esto, sea obligado a visitar las estancias a do trabaxan los indios, para
castigar al que en esto excediere, conforme a las ordenanzas.
ix Item, que el Corregidor que hubiere en los repartimientos de indios,
juntamente con el tucuirico y con el cacique, vea los indios que nueva­
mente sin daño suyo puedan ir a alquilarse para el beneficio de la coca,
para que aquellos vayan a se alquilar a los Andes, y no otros, aunque lo
quieran, devidiéndose para que unos vayan una mita, y otros otra, de
manera que si hubieren de ir ciento, vayan veinte e cinco en cada mita,
pues han de ser cuatro mitas, y vaya un principal con ellos, para que
no les consienta estar más que el tiempo limitado, so las penas en la

(1) M ot quechua, derivé de « acullicuni », équivalent d e : manger de la coca. González


Holguín, Vocabulario, cit., p. 453-6.
184 G o b ie r n o d e l P e r ú

ley próxima pasada contenidas, y lleve cada uno su comida para hasta
llegar a la Sierra.
x Item, que llegados que sean los tales indios, se alquilen con quien
quisieren, y habiendo competencias, acudan al juez que estuviere en
los Andes, para que los dé al que más necesidad tuviere de ellos.
xi Item, que no se concierten con los caciques, ni Ies paguen adelantado,
ni invíen personas a sus tierras por los indios, por los grandes inconvi-
nientes que de hacerse ansí han resultado, so pena de ducientos pesos,
ni los hombres vayan por los indios, so pena de cien azotes, y desterrados
de la provincia.
xn Item, que los que metieren indios alquilados para el beneficio de
la coca, les den de salario a cada uno de ellos por todos veinte y cuatro
días que han de trabaxar, cuatro pesos corrientes, más cuatro almudes
de maiz por todo el dicho tiempo : los dos almudes en la Sierra, y los
otros dos en los Andes, en la chácara adonde hubieren de trabaxar, y
se los repartan de manera que tengan comida para salir de la dicha
provincia. Además de esto, sean obligados a dar a cada indio, para su
mantenimiento los Domingos, e fiestas, e otros días que por mal tiempo
no pudieran trabaxar, la mesma cuantidad de maiz que se les manda
dar los días de trabaxo, y el que no les diere esta comida y este jornal
de la manera que está dicho, encurra en pena de ducientos pesos, y que
se encargue la conciencia al Juez de los Andes y al Corregidor del Cuzco
que lo hagan ansí cumplir, y executen las penas, y los que tienen tasa
de coca sean obligados a dar el mismo maiz, so las penas en esta orde­
nanza contenidas, y los unos y los otros les dexen sacar el acollico que
acostumbran darles, que es un puño de coca cada día, so pena de veinte
pesos.
x m Item, porque los indios — así alquilados como de tasa — suelen
vender la comida de maiz que se les dá para comer, y compran coca,
de que reciben gran daño en su salud, y es la mayor causa de su enfer­
medad, se mande que ningún español ni mestizo les compre la comida,
so pena de veinte pesos y destierro de la dicha provincia, por seis meses,
y si la comprare indio o negro, le sean dados cien azotes, y otros tantos
al indio que la vendiere.
xiv Item, que a los corpas — que son indios que se vienen a alquilar
de su voluntad — se guarde con ellos todas las leyes arriba contenidas,
so las penas arriba contenidas.
x v Item, porque las personas que alquilan indios para sacar la coca
de los Andes (que llaman sacadores), suelen detenellos, no les dando
la carga luego, de que reciben daño y agravio, se mande que el que
alquilare los dichos indios les dé la carga dentro de segundo día después
que llegaren a receñirla, sin detenerles más, y no se la dando en el dicho
tiempo, no sean los indios obligados a esperar más, y les paguen
enteramente de vacío lo que con ellos concertaron, so pena de diez pesos
por cada día que les detuvieren, y les den el salario que se concertaren,
P a r t e p r im e r a — c a p . li 185

con tanto que, demás del salario, den a cada uno para su mantenimiento
medio cuartillo de maiz cada día.
xvi Item, que no puedan cargar a ningún indio que se alquilare para
sacar la coca de los Andes a la Sierra, más de dos cestos de coca, so pena
de perder la coca, y más cincuenta pesos ; y si el indio de su voluntad
tomare mayor carga, o pasare con ella de los depósitos que están en
la Sierra del Pilco y Paucartambo, le sean dados cien azotes.
xv ii Item, que ninguna persona pueda alquilar para el beneficio de
la coca india recién parida, ni preñada, so pena de diez pesos por cada
vez que lo contrario hiciere ; si alquilare india que no tenga los dichos
inconvinientes, se le dé un peso menos que al indio, pero que no se pueda
alquilar india ninguna para sacar a cuestas la coca de los Andes a la
Sierra, so pena de perdida la carga y coca, y más veinte pesos ; pero la
india pueda sacar un cesto sólo, siendo suya la coca y no axena.
x v m Item, que si la mitad de los indios del repartimiento de algún
encomendero no bastare para beneficiar la coca que tiene, que pueda
alquilar para ello de otro repartimiento, y no del suyo, so pena de qui­
nientos pesos, guardando en todo lo que se manda guardar a los que son
vecinos y encomenderos, so las penas en las leyes que de esto hablan
contenidas.
x ix Item, que los indios serranos, ansí de tasa como alquilados, que
entraren al beneficio de la coca en los Andes, ninguna persona los ocupe
en otra cosa, salvo en coxer y corar la dicha coca, y si hubiere de hacer
casas, se lo digan cuando los alquilen adónde las han de hacer; y no les
puedan detener ni alquilar por más tiempo que los dichos veinte e cuatro
días de trabaxo, y los indios de tasa no hagan ni se ocupen en otra cosa
más de lo que la tasa mandare, so pena de cincuenta pesos al que hiciere
lo contrario de lo que esta ordenanza manda.
x x Item, que los cestos de coca que se hicieren, sean de buena coca,
verde y bien sazonada, y todo el cesto sea de una mesma coca, y no
mezclada, so pena de perder el cesto que de otra manera se hiciere,
pero por escusar molestias y fraudes, se mande que los cestos no se puedan
abrir ni visitar so color de esta ordenanza, y la pena de ella se execute
cuando pareciere ser el cesto de otra manera.
x x i Item, que cada cesto de coca que se hiciere, tenga de peso, con
todo su aparexo, veinte libras : las diez y ocho de pura coca, y las otras
dos libras de pancho y bexucos, de manera que todo el cesto pese veinte
y dos libras, media más o menos, so pena que el cesto que más o menos
pesare, o de otra manera se hiciere, sea perdido.
x x n Item, que cada estancia tenga dos pesas de hierro, selladas y
marcadas del Fiel Executor del Cuzco : una de veinte libras, y otra de
dos libras, para que se pueda verificar el cumplimiento de la ley supra
próxima, y asimismo cada estancia tenga su marca o sello, con que
cada uno marque sus cestos, porque se puedan conocer y diferenciar,
aunque se mezclen con otros, so pena de veinte pesos por no tener las
186 G o b ie r n o d e l P e r ú

dichas pesas, cada vez que la estancia se visitare y no las tuviere, y quede
perdido el cesto que no se hallare marcado.
x x iii Item, que en las chácaras de coca, los dueños de ellas tengan
medida de un celemín, y otra de medio cuartillo, de buena madera, sella­
das del Fiel Executor del Cuzco, so pena de veinte pesos, y las mesmas
tengan en el depósito de la Sierra, so la mesma pena.
x x iv Item, se provea que los indios de las provincias de Condesuyos
e Chinchaysuyo, que todos tienen minas de oro en su comarca, sean ocu­
pados en ellas, y no baxen a los Andes, sino solos los de la provincia de
Andesuyo y Gollasuyo.
x x v Item, porque los indios camayos que residen de ordinario en la
provincia de los Andes, ansí por haber venido en acrecentamiento y
haberse multiplicado, como por haberse secado y perdido mucha parte
de sus chácaras, viven necesitados, y no se pueden sustentar con las
chácaras que al presente tienen, y por ser tierras en que no se dan
otros mantenimientos como en la Sierra, con qué se puedan sustentar
los indios, que se les permita a los dichos camayos que puedan ensanchar
sus chácaras, no haciendo roza de nuevo, sino en tierra que estuviere
desmontada, hasta en la cuantidad que diere licencia la Justicia Mayor
del Cuzco, o el Juez de los Andes, no excediendo de la dicha cuantidad
so pena de cien azotes, y que sea arrancada a su costa la tal chácara y
la coca que ansí estuviere aumentada fuera de la dicha licencia, no se
pueda vender dentro de diez años, so pena que el camayo que la vendiere
pierda la coca, y el que la comprare, el precio.
x x v i Item, que se permite y dá facultad, así a españoles como a indios,
para que en la dicha provincia de los Andes puedan hacer roza para maiz
y papas y otras comidas que no sean coca, con tal que se haga con licen­
cia de la Justicia del Cuzco, o la de los Andes, y registre lo que hubiere de
rozar, en lo cual no se pueda plantar ni reponer coca dentro de diez años ;
so pena, al español, de ducientos pesos, y al indio, de cien azotes, y la
coca sea arrancada a su costa.
x x v ii Item, que en todo el camino de los Andes, hasta los pueblos de
la Sierra, haya bohíos (que son casas pequeñas), a trechos en el camino
real, con barbacoas altas, donde los indios puedan hacer sus dormidas
y guardarse del agua ; y los señores de las chácaras tengan cargo de los
hacer, y de reparar el camino y las puentes dél, y no lo teniendo hecho
y reparado, el juez de la provincia pueda inviar persona que, a su costa,
lo haga, constándole que haya necesidad de ello, sin más requerir a los
dueños de las dichas chácaras, los cuales sean obligados a dar indios
para ello.
x x v iii Item, que cada estancia adobe su pertenencia de camino, y las
pertenencias se midan conforme a los cestos de coca que cada uno
coxiere, y los jueces compelan a los señores de las estancias que adoben
con sus camayos las dichas pertenencias.
x x ix Item, que ninguna persona quite a indio su manta para cubrir
P a r t e p r im e r a — c a p . l i 187

los cestos, ni por prenda so color de decir que se huiría, ni le tome otra
cosa alguna, so pena de veinte pesos.
x x x Item, que ninguna persona, ansí español como indio, sonsaque
camayos de una chácara para otra, so pena al español de cincuenta pesos,
y al indio de cien azotes, y le vuelvan a sus estancias, y no queriendo
estar en ellas, sean echados de la provincia.
x x x i Item, que si el señor de la chácara principal hubiere dado chácara
al camayo plantada y hecha, sea siempre del señor, y despidiendo al
camayo, o despidiéndose él por cualquier causa que sea, no pueda el tal
camayo pedir cosa alguna por la tal chácara, ni el señor sea obligado a
pagárselo ; pero, si el camayo hubiere plantado a su costa la dicha chá­
cara, aunque sea en suelo del señor de la hacienda, y con alguna justa
causa el camayo se despidiere, o le echaren de la hacienda, en tal caso
— porque la chácara ha de quedar para otro camayo que sirva en su
lugar en la hacienda principal — el señor de la hacienda sea obligado a
pagar al tal camayo lo que podría costar a hacer la dicha chácara, y
lo que pudo merecer por su trabaxo, no habiendo sacado tanto de el
fruto de ella que se pudiese haber pagado de todo, y no se lo pagando
como dicho es, el tal camayo la pueda vender, con tal que la venda a
otro camayo que haya de servir en la hacienda principal.
x x x n Item, que si el camayo muriere, y sus herederos quisieren gozar
de la chácara que el difunto tenía como camayo para servir en la hacienda
prencipal, sean obligados a servir, o a poner otro camayo ; y lo mesmo se
entienda si el camayo muriere sin dexar herederos, y su muger quisiera
gozar de la chácara que su marido tenía, que sea obligada a poner camayo,
o a dexar la dicha chácara.
x x x n i Item, que el camayo labre y beneficie su chácara que el amo le
dió, y no la dexe perder, porque del mal de la chácara del camayo suele
redundar daño a la chácara prencipal, y no la labrando como conviene,
el señor de la hacienda se la pueda quitar, e dar a otro camayo.
x x x iv Item, que no se dé lugar que, so color de las chácaras de camayos
se ensanchen las de sus amos, antes las que al presente son de los dichos
camayos, sean para siempre xamás para camayos, y los señores de las
haciendas no las puedan meter ni juntar con la hacienda principal, so
pena de cien pesos, y que las tales chácaras se vuelvan a camayos que
hayan de servir en la dicha hacienda, ni se puedan vender a otra persona,
so la mesma pena.
x x x v Item, que por ningún Virrey, ni Gobernador, ni Audiencia, se
pueda dar licencia a ninguno para poner ni plantar chácaras de nuevo,
ni las Audiencias ni Corregidores las cumplan, si no vinieren firmadas
las Cédulas de la real persona.
x x x v i Item, que ningún español ni indio, mercader o no mercader,
no pueda vender ni rescatar con los indios en la dicha provincia de los
Andes, si no fuere en la plaza del pueblo o estancia, o en el tiánguez de
los naturales, o tienda pública que para ello tengan, y no andando
188 G o b ie r n o d e l P e r ú

por las casas de los indios con las tales mercadurías, so pena de perdi­
miento de la mitad de la coca que rescataren, y demás de esto, que por
lo que de otra manera contra el tenor de esta ordenanza vendieren, el
indio que lo comprare no pueda ser preso, ni sus bienes vendidos ni
executados.
x x x v ii Item, que ninguna persona que tuviere a su cargo coca, propia
o ajena, pueda vender ni rescatar con los tales indios, de la coca que
tuviere a su cargo, por sí ni por interpósita persona, cosa alguna, so
pena de perder lo que ansí rescatare, y de cincuenta pesos.
x x x v iíi Item, que ningún mestizo, ni mulato, ni negro horro que no
tuviere chácara de coca propia en los Andes, o no sirviere amo que allí
resida, o no tuviere trato que les pueda sustentar, no residan en la dicha
provincia después de pasados veinte días de la publicación de esta orde­
nanza, so pena, por la primera vez, de destierro perpetuo de la dicha
provincia, y por la segunda, le sean dados cien azotes,
x x x ix Item, que las personas que tuvieren ganados en la dicha pro­
vincia, los trayan con buena guarda, de manera que no puedan hacer
daño a las chácaras de coca, so pena que si el dueño de la chácara, o
otro cualquiera, les prendare en la tal chácara, pague el daño, y más
tres tomines de día, y un ducado de noche, y si fuere caballo u otras
bestias mayores, pague por cada cabeza a seis pesos de día, y de noche
la pena doblada.
x l Item, el juez que es o fuere de los Andes, no pueda tratar ni contratar
en la dicha provincia, en coca ni en otra cosa, ni tener chácara, ni benefi­
ciar coca, por sí ni por interpósita persona, so pena de perdimiento de
oficio, de lo que ansí tratare y rescatare, y de la chácara que tuviere.
x l i Item, que esté un hospital en el asiento de Tono, a do ordinaria­
mente reside el juez y los clérigos, y es en medio de Los Andes, y en él
se haga la iglesia del dicho asiento, y allí resida el clérigo que administrare
los sacramentos, el cual, juntamente con el juez de la dicha provincia,
tenga cargo de tomar las cuentas al mayordomo lego, de la renta y limos­
nas del dicho hospital, de seis en seis meses, y saber cómo se gastan ;
a los cuales se les encargue sus conciencias para que tengan especial
cuidado de ello y de visitar los pobres, y saber cómo son tratados y
curados, y que el dicho hospital esté reparado y como convenga a la
salud de los enfermos.
x l ii Item, porque el dicho hospital no tiene renta suficiente para pagar
el médico y medicinas y otros gastos que se hacen en curar los indios,
y los señores de la coca han tenido e tienen por costumbre de dar, cada
un año, de cada cien cestos de coca, uno para el dicho hospital, mandar
que se guarde la dicha costumbre, y la Justicia tenga cuidado de lo
hacer cobrar, sin que naide se escuse.
x l iii Item, porque los señores de coca suelen residir en el Cuzco, y
los mayordomos e personas que tienen cargo de las chácaras y beneficio
de ellas, exceden en no guardar las ordenanzas, y queriendo executar
P a r t e p r im e r a — c a p . li 189

las penas se quieren escusar sus amos, diciendo que ellos no excedieron
ni mandaron exceder, y de los otros no se puede cobrar por ser pobres
o ausentarse, se mande que, constando haber las tales personas excedido
contra las tales ordenanzas, sean penados conforme a ellas los dueños
de las haciendas que pusieron las tales personas, quedándoles su derecho
a salvo contra los dichos criados que allí pusieron, para que se lo puedan
pedir.
x l iv Item, que las penas de estas leyes y ordenanzas se apliquen y
partan por tercias partes : la una para la Cámara, la otra para el dicho
hospital, y la otra para el denunciador y juez que lo sentenciare, igual­
mente.
x l v Item, que la visita de los Andes para ver si se guardan estas orde­
nanzas no se haga a costa de los dueños de chácaras que tienen coca en
los Andes, pues si excedieron han ellos de pagar las penas, sino a costa
de las mesmas penas, y entonces no lleve nada el denunciador, sino la
tercia parte enteramente la lleve el juez, y no habiendo harto para su
salario, se pague lo demás de la parte de la Cámara.
x l v i Item, que ningún español, ni otra persona que no sea indio, pose
en las casas de los camayos e indios de la provincia, contra su voluntad,
so pena de destierro de la dicha provincia, la primera vez por seis meses,
y la segunda perpetuo.
x l v ii Item, que el juez execute estas penas, so pena de quinientos
pesos por la primera vez que se descuidare en no las cumplir, y por la
segunda, pierda el oficio.
x l v iii Item, que ningún cacique pueda tener chácara de coca, antes
se les mande que las vendan a españoles.
Proveyéndose esto, cesaría el daño que a los indios se ha seguido
hasta aquí en el beneficio de la coca, por no haberse puesto en orden,
y si se dan más licencias para plantar coca de las dadas, no se podrán
sustentar en ninguna manera, ni habrá indios que lo sufran. Bastan las
chácaras que hay — y sobran — , y aunque se haya dado a algunos
licencia, se había de revocar no habiendo usado de ella, y si había ya
plantado, se quedare en el estado que estas ordenanzas lo tome.
Yo deseo todo bien a los indios y a los españoles, y querría que todos
se aprovechasen con el menor daño que ser pudiese de los indios, y aun
con ningún daño de ellos. Pues su tierra nos da tantas riquezas, es justo
que no se lo paguemos con ingratitud, antes enseñándoles la pulicía
humana y toda virtud, y nuestra santa fe católica, para que Nuestro
Señor nos dé por ello el galardón.
190 G o b ie r n o d e l P e r ú

CAPÍTULO LII

D e las m in a s d e oro que h ay en este R e in o ,


y d e las o rd en an zas que para ellas c o n v ie n e que se hagan

Como dixe en el Capítulo X L pasado, y en otros muchos, en esta


tierra del Perú hay mucho oro, poco menos que plata, y dexando aparte
lo de Quito y otras tierras, en la provincia de Condesuyo y Chinchaysuyo,
y jurisdicción del Cuzco, hay muchas minas de oro en sus mesmas tierras
de los indios, por lo cual convernía — a mi parecer — que los que las
tasasen hiciesen la tasa en oro, y no en otra cosa, pues en sacallo recebi-
dan menos daño que en otra cosa, y los encomenderos mayor provecho,
y no menor Su Magestad, y sus quintos reales.
Algún oro se cría en vetas, ni más ni menos que la plata ; otras veces,
sin veta se cría en piedras blancas, que llamamos guija, y en pedernal,
y muchas veces en peladeros.
Cuando se cría en veta, luego se conoce por el rumbo que la veta corre,
y siempre son buenas vetas las que corren Norte-Sur, porque las atra­
viesa el sol. Cuando el oro se cría en piedra blanca, y pedernal, muchas
veces no corre como corre la veta, pero váse al centro siempre aquella
piedra pesada de oro, y pocas veces en semexante lugar que éste se pueden
tomar muchas minas. Cuando se crían en peladeros, el oro es muy poco
y en polvo, porque en los peladeros son muy delicadas las vetas que se
crían encima de la haz de la tierra, y nunca se meten en la tierra de un
estado arriba, y ansí es poco lo que crían, con la lluvia y el sol. Ansí,
este oro comunmente se halla junto con las raíces de las yerbas, y por
esta razón se llamaron « peladeros », porque sacudiendo las raíces de las
yerbas se halla aquel oro muy polido.
Las leyes y ordenanzas que para ello conviene que se hagan, me
parece que son estas :

[Titulo Primero]

Del descubrimiento de minas de oro

i Todo descubridor que descubriere alguna veta de oro, se debe estacar


en ochenta varas de mina por descubridor, en lo largo de la veta, y cua­
renta en cuadra, y pueda tomar otra mina salteada, dando ante todas
cosas estacas a Su Magestad, de la descubridora, y luego sucesivamente
dé estacas a los que se las pidieren ante la Justicia y escribano, las cuales
se puedan estacar en sesenta varas de mina cada uno, haciendo registro
P a r t e p r im e r a cap. LII 191

de ellas, y esto se entienda en las vetas y nacimientos de oro, pero no


en los peladeros, que se han de contar con las minas menores, de que
abaxo se tratará.
n Item, si dos o más concurrieren a catear en una veta, aquel se diga
descubridor que hallare y sacare primero el oro.
m Item, que cualquiera que descubriere oro en quebrada seca, o con
agua, tome una mina por descubridor, de sesenta varas, y los demás,
luego sucesivamente, puedan tomar minas en la dicha quebrada, de
cuarenta varas ; y porque de ordinario a las tales minas que se descu­
brieren en quebradas, arroyos, o ríos caudales, se les suelen dar por
cuadra todo lo que baña el agua ; en las quebradas es poco lo que el
agua baña, por tanto, el tal pueda tomar para el ancho de su mina seis
varas a una parte, y seis a la otra, poniendo una estaca en medio del
hilo del agua, y midiendo de aquella estaca las seis varas a la una parte,
y seis a la otra, porque es justo que los demás que labren en semexantes
minas sean aprovechados, y tengan en dónde labrar.
iv Item, que cualquiera que descubriere oro en arroyato, tome mina
por descubridor de sesenta varas en largo, y por cuadra lo que bañare
el agua en el arroyato, con que pueda tomar en la cabaña seis varas
por la parte que quisiere, para echar al edificio y agua, con que ante
todas cosas eche el agua por la parte que tomaren las seis varas, lo cual
haga con el edificio fixo, y cateando con aquel edificio la dicha su mina,
hasta tomar en ella la peña, que si esto no hiciere, no pueda tener las
dichas seis varas de cabaña, y quienquiera se las pueda tomar. Pero
si después de hecho esto, tuviere necesidad de lanzar el agua a la otra
parte, sea amparado en ellas, y naide se las pueda quitar, y ansimesmo
pueda tomar mina salteada, y el tal descubridor sea obligado a dar
estacas a los que se las pidieren, y que las demás minas que se estacaren,
sean de cincuenta varas, y lo mesmo la salteada.
v Item, cualquiera que descubriere oro en río caudal, pueda tomar
una mina, por descubridor, de ochenta varas, y los demás tomen minas
de sesenta varas, y ansimesmo tomen seis varas para el edificio, y si
alguno hiciere presa en el dicho río caudal, pueda tomar doce varas de
mina para la hacer, demás de la mina que se le conceda, con tanto que,
acercado ó apartado del río, sea obligado a dar en todo lo que cayere de
su mina, al que estuviere por abaxo el ramal o pared de su edificio,
para que el otro se aproveche dél, y todos los que estuvieren por abaxo
del que tuviere la presa, sean obligados a recebirle las aguas que de su
mina trasminare o echare, y esto sólo se entienda con el que tuviere la
presa, y no con los demás que se hallaren por baxo, y estas doce varas
para presa se entienden solamente para uno, que sea el primero.
vi Item, si el oro se descubriere en cabañas, o sobrecabañas, o en cerros,
o encuentros de ríos, o de quebradas, o de arroyos, el que lo descubriere
pueda tomar una mina por descubridor, de treinta varas en cuadra, y
los demás puedan tomar minas de veinte varas en cuadra. Estas se llaman
192 G o b ie r n o d e l P e r ú

minas menores, y es justo que en todas estas partes todos gocen y tengan
qué labrar, porque de otra manera no habría más de para dos o tres
mineros, y es justo todos sean aprovechados ; y ansimesmo el que las
descubriere goce de mina salteada como descubridor, pero en esto de
las minas menores suele haber muchos inconvinientes, porque a cada
paso los mineros dicen ser nuevo descubrimiento. Débese mandar que,
hecho un descubrimiento, no haya otro de la una parte ni de la otra de
la quebrada o río donde se descubriere, en término de media legua, si
fuere todo unas vertientes.

[Titulo II]

De las estacas

vn Item, en el pedir de las estacas, cuando las tales fueren en vetas


o nacimientos, el tal descubridor sea obligado a registrar ante el alcalde
de minas o juez más cercano, y ante escribano de minas, o otro cualquiera,
jurando que el tal oro es de aquella veta o nacimiento, dentro de un mes
que hobiere comenzado a labrar.
v m Item, por cuanto en las minas que se toman en quebradas, arroya-
tos, ríos caudales, e minas menores, donde el oro es corredor, puede haber
muchos engaños contra los que piden las estacas, porque como son minas
variables, y que no se siguen más de cuando se hallare oro en ellas, y
hoy las toman, y mañana las dexan, suelen los que labran las dichas
minas, cuando hallan oro en ellas y presumen que les han de pedir esta­
cas, esconderse por dos o tres días, dexando su gente labrando, lo cual
hacen porque no les pidan las dichas estacas, porque en aquel tiempo
su gente va labrando, y cuando el tal parece para dar las dichas estacas,
han labrado mucha mina, y al dar de las estacas se recoxe la mina entera.
Para quitarse este in con viniente, el que fuere a pedir las estacas, no
hallando al que las va a pedir, haga de ello testigos, viendo e señalando
el corte que el que se escondió lleva en su mina, para que al tiempo que
pareciere, de aquella parte que tenía el corte sea su estaca, y medida
de la dicha mina por arriba y por abaxo, pueda tomar su mina, en la
cual le meta el alcalde de minas si le hubiere, y si no, testigos, e no los
habiendo, baste su juramento, con que en aquella parte y lugar que
iba el corte cuando fué a pedir las dichas estacas, ponga una señal que
sea conocida, y en el tal juramento declare tenerla puesta y qué señal
es, porque en todas estas minas no ha de haber dilación en el dar de
las estacas, sino que luego incontinente que se las pidieren, se las ha
de dar estando de pies en la mina, y si no estuviere en la mina como
se las pidiere, se vaya con el que se las pidió, y siempre sea preferido el
que primero se las pide.
P a r t e p r im e r a cap. LII 193

ix Item, porque no es justo que los indios que andan aventureros a


buscar oro queden sin parte donde se descubriere, que se mande que
si fuere en nacimientos, el tal indio pueda tomar media mina por su
persona, atento a la poca posibilidad que los tales indios tienen para
labrar las tales minas, y si fuere en ríos o quebradas o en minas menores,
los tales indios puedan tomar seis pasos de mina en cuadra, en la parte
donde estuvieren cateando, como no sea aquello antes tomado por
españoles o indios.
x Item, que en el estacar las minas menores, que son en las cabañas
y sobrecabañas, o otros encuentros y travesías, suele haber diferencias,
se mande se estaquen en cuadra, sin le dar otro entendimiento, aunque
no haya sitio de mina para cuadrarse, porque en este caso ha de tomar
lo que alcanzare, por quitar muchos inconvinientes.

[Titulo III]

De la labor de minas de oro

x i Item, que en el labrar de las minas de oro de los nacimientos pueda


seguir cada uno su veta, y las demás que hubiere en su cuadra, conforme
a la ordenanza de minas de plata que sobre ello habla, y en el echar de
los desmontes labren todos, sin perjuicio unos de otros.
x ii Item, que en las labores de las quebradas y arroyatos e ríos caudales
hay inconvinientes porque las avenidas de ellos suelen llevar los des­
montes, y anegar y echar a perder las minas que están por abaxo, de
manera que vienen sus dueños por ello a las dexar; por tanto, conviene
que todos labren sin perjuicio unos de otros, echando los desmontes
arrimados a los cerros y barrancos, de manera que no los lleven las
avenidas, todo lo cual sea dentro de su mina, habiendo minas a los lados
que lo impidan, y no pudiéndose esto hacer, los que las labraren sean
obligados a hacer reparos en sus desmontes, de piedra e paxa, para que
las avenidas no los lleven, y cuando esto se pusiere en pleito, vaya el
alcalde de minas a lo ver, e hacer ver por personas que lo entiendan, y
lo mesmo sea en las minas menores.
x m Item, que todas las veces que alguno tomare alguna mina en que­
brada, o arroyato, o río caudal para relabrar, pueda tomar mina doblada
de lo que podrá tomar para labrar, lo cual se permite aunque esté la
mitad de la mina sana, con que sea en pedazos, y esto es por la mucha
costa que el que la toma ha de hacer, y porque con las grosedades del
oro, los que lo labran muchas veces se van al hilo dél, y dexan a una
parte y a otra por labrar las minas, y acaece por esta razón quedarse
en las minas mucho oro por sacar, y es justo que el que se dispone a
relabrar sea gratificado en lo susodicho.
194 G o b ie r n o d e l P e r ú

[Titulo IV]

De los despoblados

xiv Item, cualquiera que tomare una mina por despoblada, en naci­
miento o veta, sea obligado a hacer las dilixencias que se hacen por
ordenanzas de las minas de plata, pero si el tal despoblado fuere en que­
brada o arroyato o río caudal, no tenga necesidad de más dilixencia de
probar, con dos testigos, que ha tres días que está despoblada, y lo mesmo
sea en las minas menores.
xv Item, que en el poblar de las minas en nacimientos y vetas se guarde
la ordenanza que de ello habla en las minas de plata, porque todas tienen
un término, pero si fuere en quebrada, o arroyato, o en río caudal, o
en las minas menores, se entienda tener poblada la tal mina con cuatro
indios, o dos negros, o con su persona si es pobre, aunque no esté a
la continua en ella residiendo en el asiento de minas.
xvi Item, que en los peladeros se tomen las minas conforme a las
que se toman en las minas menores, porque siendo poco el oro que se
halla en los peladeros, es justo que todos hayan parte, lo cual no podrá
ser si se les diese mina a los tales como se les da en los nacimientos,
xvn Item, que todos los casos que en las minas sucedieren en el medir
y echar de las plomadas, se guarden las ordenanzas de las minas de
plata, y en las demás minas de quebradas o ríos o cabañas, y todas minas
menores, se guarde lo que arriba va declarado.
xvm Item, que si algún caso o casos acaecieren en las dichas minas
que por las ordenanzas no estuviere declarado, el alcalde que residiere
en las dichas minas tome cuatro hombres que sean mineros de ciencia
y conciencia, de los cuales reciba juramento para que declaren lo que
en aquel caso se debe determinar, lo cual confirme el juez, e se noti­
fique a las partes, e se haga guardar y cumplir como si fuere ordenanza ;
pero si fuere en partes que no haya cuatro hombres, basten dos para
determinarlo con el alcalde.
x ix Item, cualquiera persona que cateare quebrada o arroyato o río
caudal o cabaña o sobrecabaña o otra cualesquier manera de cateo, si
el tal no tomare la peña, se le lleven cincuenta pesos de pena, porque
muchas veces son parte los que catean para que no se descubra gran
cuantidad de oro, por defraudar con su catear la parte donde lo hay, y
como el primero que cateó no tomó la peña adonde está el oro, ordina­
riamente quédase allí para siempre, porque si viene otro a catear, como
ve que allí está cateado, pasa adelante, pensando que el que cateó llegó
a la peña, y ansí queda el oro perdido, y es esta ordenanza muy necesaria.
Otros que tuvieren más noticia podrán decir más : yo he dicho lo
que entiendo, y con esto doy fin a esta Parte Primera, y paso a la Segunda.
PARTE SEGUNDA
CAPÍTULO PRIMERO

Si c o n v ie n e que h aya V ir r e y o Gobernador en el P erú ;


QUÉ C U A L ID A D E S HA DE TENER,
Y CÓM O SE HA DE HABER EN E L G O B IE R N O

En la Parte Primera de este libro he tratado del gobierno de indios


de este Reino del Perú ; en esta Segunda intento tratar — mediante el
divino favor — de el gobierno de españoles, que es cosa más importante,
y de donde depende la execución de las leyes tocantes a indios y todo
lo demás.
Comenzaré, como es razón, por la cabeza, para conforme a ella pro­
porcionar los miembros, resolviendo qué tal ha de ser el Virrey o
Gobernador, qué cualidades ha de tener, y cómo ha de ser espexo en que
todos se miren y de quien tomen exemplo, porque (como dice Platón)
ninguno duda que si el que a la república tiene proveída de leyes no
pone buenos y bastantes gobernadores y jueces, aunque las leyes sean
buenas, no sólo no aprovecharán y serán cosa de risa, mas traerán
grandes calamidades y destruición a la tal república.
Esto se ha visto por ispiriencia en este Reino más que no en otros,
pues Su Magestad y el Emperador Don Carlos, nuestro señor, que esté
en gloria, como católicos reyes y señores, deseando el bien de todos,
así de españoles como naturales, siguiendo el consexo de Platón, han
procurado inviar a le gobernar personas nobles y dignos varones, y
muy valerosos, entendiendo que siendo bueno el principio, estaba más
de la mitad de la obra hecha, como dice el mesmo autor.
¿ Qué más ha podido Su Magestad hacer, que inviar marqueses,
condes y otros señores de linaje y valor, y viniendo a no bastar aquellos,
inviar letrados del su Consexo, clérigos y legos, y de todo género de hom­
bres ?
Podría Su Magestad decir lo que dixo Platón a Dionisio Siracusano
por su padre : « ¿ Para qué me tratáis a quién tengo de inviar a gobernar
el Perú ? Envié nobles y caballeros, y criados míos, de gran linaxe y
ricos; envié letrados y del mi Consexo, pobres, y díles de mi Caxa exce­
sivos salarios, e híceles ricos; a Presidentes y Gobernadores y Virreyes
cohechéles con mi misma hacienda, y no he hallado un gobernador que
P arte seg u n d a — cap. i 197

haya dado asiento en aquella tierra, ni en el gobierno de ella. Agora


últimamente he inviado al Licenciado Lope García de Castro, del mi
Consexo, hombre de munchas letras y ispiriencia, y muy cristiano, y
de quien yo tengo muncha confianza. No sé lo que hará ».
Podríase responder a Su Magestad, en lo que toca al Licenciado
Castro, por las razones ya dichas y por el buen principio que ha mostrado
en su gobierno, que se entiende que lo hará muy bien.
Cuanto a los demás, diré las causas de no haber bien acertado en todo,
y para dar a entender esto, trataré si será mexor gobernar este Reino
conde, duque, o marqués, o otro señor de calidad que no sea letrado, o
letrado alguno ; y el que fuere, qué calidades ha de tener, porque de allí
se colixa la causa por qué algunos han mal gobernado, y los que ha habido
buenos, no han acertado del todo a gobernar, y también trataré si conviene
que sean munchos, o uno, el que hubiere de gobernar en él.
Cuanto a lo primero, parece que conviene que haya Virrey en este
reino, que sea señor de título, porque sea más temido y reverenciado,
que es la cosa que los de esta tierra más han menester* por que no se
atrevan a alzarse ni hacer alborotos.
También es razón que Su Magestad dé semexantes cargos y aprove­
chamientos a los caballeros de linaxe y probes, cuyos antepasados han
servido a Su Magestad, y ayudado a ganar y conservar los reinos y seño­
ríos que tiene, y con este y otros semexantes cargos, les paga los servicios
que ellos y sus pasados han hecho.
Demás de esto, en las cosas de guerra tienen más noticia y ispiriencia
que los letrados, y en reino tan bullicioso como éste, es bien que le gobierne
persona que sepa de paz y de guerra, y para estos negocios (como dice
Aristóteles), más se ha de mirar la pericia y ispiriencia, que otras calidades
que conviene que tenga el gobernador. Allende de esto, es bien que dexe
prendas en España el Virrey, para que no se alce con la tierra.
Por otra parte, parece que conviene que los que gobernaren este Reino
sean letrados o caballeros principales, sabios y prudentes, y no princi­
pales ni grandes señores, y que tengan las calidades que luego diré.
Dice Platón : no dexará de haber males y desventuras en la república
hasta que la manden y gobiernen filósofos, esto es, hombres sabios. Estos
se dicen nobles (como dice Tullio), si los vicios no les hacen perder la
nobleza. Por la sabiduría tuvo Salomón el principado e la riqueza que
tuvo. Por ella, Alexandro fué sublimado más que por las armas, y porque
tuvo a Aristótiles por consexero. Dixe cerca de esto otras munchas cosas
en mi Diálogo (1).
Demás de esto, los principales y grandes señores, o muy emparentados
en España, viniendo por Virreyes del Perú, no temen — aunque hagan
algún exceso — por el gran favor que tienen ; gastan más de la Hacienda

(1) Matienzo fait ici allusion, comme dans plusieurs autres passages de ce chapitre,
à son traité : Dicdogvs Relatoris et Adoocati Pintiani Senalvs... (Valladolid 1558 et 1604).

18
198 G o b ie r n o d e l P e r ú

Real, lo cual no se atreven a hacer un pobre caballero o un letrado, y


traen munchos caballeros y personas prencipales por criados, que cada
uno de ellos piensa que el Perú es poco para él, y dánles de comer lo
que hay en la tierra, olvidando a los que en ella han servido, mandando
Su Magestad que éstos sean preferidos.
El letrado no trae criados con quien haya de cumplir, ni osa exceder
en cosa alguna que se le mande, porque sabe que ha de ser castigado,
y no tiene quién vuelva por él. El señor vive a su gusto ; el letrado, aunque
sea malo, lo encubre y finxe ser bueno, por que viniendo a noticia de
Su Magestad, no le quite el cargo, lo cual no teme el señor, confiado
en sus parientes que le defenderán.
Demás de esto, el señor lleva doblado salario que un letrado, y no
tiene voto en cosas de justicia, y el letrado sí, que al fin con su voto
suple el de otro Oidor que había de haber no siendo letrado el Presidente.
Resta responder a las razones que al principio dixe. A lo primero,
que el señor será más temido y reverenciado. Habiendo Audiencias cesa
esta razón, porque el Virrey no puede castigar, sino la Audiencia, si
no lo hace de derecho, y esto no conviene.
Demás de esto, no se puede negar que ninguno fué tan obedecido,
temido y tratado como el Licenciado Vaca de Castro, pues letrado era,
y lo mesmo el de La Gasea, y lo es al presente el Licenciado Lope García
de Castro.
La autoridad no tiene por ser señor, sino porque se la da el Rey :
bien puede ser uno humilde y grave.
A lo segundo, dixe que era razón pagarles sus servicios y de sus ante­
pasados dándoles cargos semexantes. Se responde que en el proveer
oficios no se ha de tener consideración a los servicios que uno ha hecho,
o sus antepasados, que éstos puédelos pagar a dinero o en otras cosas,
y será menos daño que darles los cargos no los mereciendo, por la pérdida
que dándolos puede suceder en el alma y en la hacienda, porque no lo
merece su persona si no tiene las calidades que se requieren para el oficio.
A lo tercero, que en las cosas de guerra tienen más ispiriencia. A
esto se responde que en esta tierra parece que Nuestro Señor ha mostrado
querer sea gobernada por letrados, pues ellos son los que hasta agora
mexor la han gobernado, y los que han vencido en las batallas, y todos
los que no son letrados han sido vencidos : Vaca de Castro venció a don
Diego de Almagro en Chupas ; el Licenciado De la Gasea venció a Gonzalo
Pizarro en Saquisahuana, año de 48 ; la Audiencia de los Reyes venció
a Francisco Hernández Girón en Pucará, año de 53 (sic) ; en cambio,
el Virrey Blasco Núñez Vela fué preso y muerto en Quito por Gonzalo
Pizarro, año de 46 ; Diego Centeno, Capitán de Su Magestad, fué vencido
y desbaratado por Gonzalo Pizarro y Francisco de Carvajal, su maese
de campo, en Huarina, año de 47, y el Mariscal don Alonso de Alvarado
fué también vencido por Francisco Hernández Girón en Chuquinga,
año de 53.
P arte seg u n d a — cap. i 199

Además de esto, no se hallará que Virrey ninguno haya vuelto a


España, sino todos muertos en esta tierra, como son el Marqués don
Francisco Pizarro, don Diego de Almagro, el Virrey Blasco Núñez Vela,
don Antonio de Mendoza, muy famoso gobernador, que vino muy enfermo
de la Nueva España, el Marqués de Cañete don Andrés Hurtado de
Mendoza, el Conde de Nieva don Diego López de Zúñiga y de Velaseo,
y don Diego de Vargas Carvaxal.
Mas los Gobernadores letrados no han muerto en este reino, sino vuelto
a España : el Licenciado Vaca de Castro, el Licenciado De la Gasea, el
Licenciado Muñatones, y agora gobierna el Licenciado Castro, que
según su buen gobierno, se entiende — mediante Dios — volverá bueno
y sano y con muncha honra a España, adonde le serán hechas munchas
mercedes.
Demás de esto, tengo por mexor se provean personas tales que pre­
vengan el daño antes que venga, y conserven en paz la tierra con sus
letras y prudencia, y no quien dexe hacer los levantamientos y después
los venza y desbarate, porque esto cuesta al Rey mucho, y mueren muchos
españoles e indios, y la prudencia y prevención de los buenos goberna­
dores evita este daño.
Dice muy bien Aristótiles : conocer el daño y alteración al principio
que va naciendo, no es de cualquier hombre, sino de gran republicano.
A los males que se comienzan son de cerrar los caminos, porque cuando
se envejeciere la malicia y echare raíces, es difícil de sacar y echarla fuera,
como enfermedad confirmada : mexor es con tiempo prevenirse, que
después del mal hecho, buscar remedio.
En lo último — el dexar prendas en España — , el que se determinare
a alzarse poco se le daría de las prendas. Más segura está la tierra gober­
nándola un hombre de las cualidades ya dichas, aunque no dexe prendas
en España, que si fuese duque, o conde, o gran señor, demás de que
habiendo Audiencias no hay para qué tratar de alzamientos, pues es
imposible haberlos, como se verá en el Capítulo que de ello trataré (1).
Las cualidades que ha de tener el que gobernare el Perú, a mi parecer
son : que sea hombre virtuoso ; cristiano probado y conocido por tal
en su niñez, mocedad y madura edad, y en toda su vida ; como dice Pla­
tón, que tenga buena fama, porque no le basta ser bueno, si no tuviere
buena opinión ; que sea republicano, y aficionado a cosas de república,
y dado a ello, y tenga ispiriencia de las cosas de la tierra que hubiere de
gobernar, porque el que no lo sabe es más osado para intentar y hacer
alguna cosa con que se pierda la tierra.
Ha de tener gran cuidado de la república : aquél tiene más cuidado
de ella, que más la ama, y aquél la ama más, que tiene prendas en ella,
y del bien o mal que a la tal república sucediere, le quepa a él su parte,

(1) a . infra, Chapitre. X X I .


200 G o b ie r n o d e l P e r ú

como dice Platón. De aquí es que no solo no es dañoso estar el gobernador


hacendado en este Reino, y arraigado él y sus hixos en él, mas aun es
necesario, porque es cierto que lo amará más y procurará más la conser­
vación del Reino y su aumento, que no el que no piensa permanecer,
como se ha visto por ispiriencia, que los tales que vienen por cuatro
años, o poco más, no procuran tanto por la conservación de la tierra,
como la procurarían si hubiesen de ser perpetuos, lo cual convernía
muncho (como dice Aristótiles), mas pensando de haberse de ir luego,
procuran de desfrutar la tierra en gran daño de ella, pensando que sirven
en ello a Su Magestad, y antes es muy gran daño para su Real Hacienda,
porque si se diese medio para perpetuar la tierra, rentaría a Su Magestad
tres veces más, y los indios serán mexor tratados, mas buscan algunos
su provecho, aunque de ello venga daño a Su Magestad y a todo el Reino.
Si fuesen perpetuos, e tuviesen raíces e hacienda, e pensasen que
ellos y sus hixos habían de permanecer en él, procurarían su aumento,
y éstas son las causas por que esta tierra no ha sido bien gobernada.
Si se dixese que teniendo raices o hixos casados en la tierra no harían
retamente justicia en lo que les tocase, por eso prosupuse que habían
de ser buenos cristianos, y estar en tal opinión y reputación, y siendo
tales que en los negocios tocantes a ellos o a sus hixos, no habían de
ser jueces, ni aun hallarse presente a los votar.
No se había por eso de pervertir la justicia, mayormente que otras
munchas cosas la pervierten, que ordinariamente tienen munchos jueces,
y no se echa de ver tanto como ésta, como son la codicia, que está tan
arraigada en esta tierra, que cierto a mí me saca de quicio de ver las
cosas que pasan, que no hay justicia contra el rico y poderoso, que es
la cosa más perniciosa que hay en el mundo, y la que destruye todo
gobierno y justicia, como probé más largo en mi Diálogo ; y la ira también,
y el rencor, y la amistad o enemistad, y el parentesco, y el temor que
tienen de los que han injuriado, por que no digan el mal que saben de
ellos. Por este temor no alcanzan justicia contra el tal injuriador, los
cuales dominados por el temor hacen lo que quieren los que mandan,
porque no les persigan.
Todo esto no se echa de ver tanto, como el tener el Gobernador o el
Presidente, o Oidores, haciendas en la tierra, o hixos o yernos hacendados
en ella, pudiéndose por aquello hacer sinjusticia más encubiertamente
que con esto.
Dirá alguno que esto me toca a mí, porque tengo hixos e hixasq ue
querrías casar en esta tierra. Sí tengo, mas ninguno he casado ni pienso
casar en el Perú (1), a lo menos en el destrito de esta Audiencia, sin

(1) L e temps et le cours naturel des événements se chargèrent de réduire à néant les
projets de l’auteur. Ses enfants (à l’exception de l’aîné) finirent tous par se marier dans
le district de l’Audience où leur père rendait la justice, à commencer par l’une des filles,
Agustina, qui épousa le capitaine Hernando de Aguirre, fils du Gouverneur du Chili et
de Tucumân, Francisco de Aguirre, défendu si ardemment par le futur beau-père de son
fils, quelques pages plus loin.
P arte seg u n d a cap. i 201

licencia de Su Magestad, aunque por ninguna ley se me veda, y no lo


he querido hacer sin licencia, porque pienso que Su Magestad me provea
en otro oficio mayor que el que tengo, si hiciere algún fruto en la tierra,
de que Dios y Su Magestad sean más servidos; y porque no sea estorbo
al bien público que pretendo, mediante el divino favor he menospreciado
el provecho propio, y tenido en más el público y el servicio que pienso
hacer a Dios y a mi Rey.
Otra cosa ha también de guardar el que gobernare esta tierra : que
no entre de presto a mudar las costumbres y hacer nuevas leyes y orde­
nanzas, hasta conocer muy bien las condiciones y costumbres de los
naturales de la tierra y de los españoles que en ella habitan, que como
es larga, son muy diversas las costumbres, como los temples, y el que
está en Lima no puede saber lo que conviene al gobierno de la Sierra,
si no es por relación, porque es muy diverso del de los Llanos.
Háse primero de acomodar a las costumbres y naturaleza de los que
quiere gobernar, y andar a su gusto, hasta que ganada con ellos la
opinión e fe, pueda con el autoridad que tiene, y estribando en ella, hacer­
les mudar costumbres, y que hagan lo que les mandare, así como el
vino, que al principio va poco a poco ganando la voluntad del que bebe,
y entra mansamente e sin violencia, pero después que calienta al hombre,
váse enseñoreando de él y mudándole sus costumbres.
Si el Gobernador entra luego quitando las borracheras de los indios
que residen en Potosí, por cuya causa están allí de buena gana, hará
que se huyan tod os; si de golpe quisiese poner en orden a los caciques,
que no tiranizasen sus indios, ni les llevasen más de lo que les fuese tasado,
sintiríanlo mucho, y podría de ello resultar algún daño, y no pequeño
inconviniente. Háse de probar primero en dos o tres repartimientos
grandes de esta Provincia, y de otros tantos en lo de los Llanos, para
que lo vayan sintiendo menos.
Si juntamente echase todos los ociosos, juntarseían y podrían hacer
algún daño. Primero es menester aconsexarles que se apliquen, y al
que echare mano a la espada, o por otra liviana ocasión, echarle de la
tierra de manera que haya efeto y no quede en ella, porque quedando
es hacer enemigo del que antes no lo era, como diré en el Capítulo III (1).
Gran prudencia ha menester el que gobernare, la cual se conocerá
por las señales que puse en mi Diálogo. El buen gobernador no ha de
imitar las costumbres del vulgo, ni seguir sus pisadas, sino verlas y enten­
derlas, para entender por qué vía le ha de atraer a lo bueno, porque el
no entender aquellos con quien ha de vivir y tratar, es causa de no ser
tenido por tal gobernador cual conviene, y que no pueda salir con lo
que pretende.
Entonces ha de procurar de enmendar las costumbres de sus súbditos,
para los hacer mexores, cuando tuviere cobradas fuerzas y autoridad,

(1) Sic ; l’ auteur aborde ce point au chapitre X X I .


202 G o b ie r n o d e l P e r ú

habiendo vivido virtuosamente y sido espexo, como lo debe ser para


sus súbditos, en cuya vida y costumbres se miren, porque faltando esto,
no puede cobrar con ellos autoridad ni opinión : si los gobernadores
son virtuosos, también lo serán sus súbditos ; si son viciosos, lo mesmo,
como probé más largo en mi Diálogo.
De Temístocles y Pericles se lee haber mudado las costumbres y
manera de andar y hablar que antes tenían de cuando comenzaron a
gobernar.
Y no sólo ha de moderar su vida y costumbres, mas aun ha de pro­
curar que no se le eche de ver mácula ni nota alguna, porque los que
gobiernan son muy notados, no sólo de hacer mal, pero aun de las pala­
bras que dicen, y de las burlas y veras de la casa, de la familia, de la
muger, y de la cama, de la comida y bebida, muy particular y estrecha­
mente. Cualquier yerro, por pequeño que sea, se nota más en el gober­
nador que en otro, ansí como la cuchillada, aunque sea pequeña, en la
cara, y aun una verruga, se echa más de ver que otra mayor en otra
parte del cuerpo.
Dice Plutarco : Si la muger manda, o se mete en cosas de gobierno
o justicia, o a rogar por alguno, este es gran m a l ; yo, no sólo tengo por
mal gobernador y juez al que ésto consiente, mas ni por hombre entero,
porque o peca de cobarde, o de muy necio, que es incurable enfermedad,
como dice el Eclesiástico (1). Dice Aristótiles, reprehendiendo la república
de los lacedemonios, que consentían que gobernasen las mugeres. ¿ Qué
importa más ? ¿ Que las mesmas mugeres gobiernen, o que aquellos
que gobiernan sean gobernados por ellas ?
Deben también los que han de gobernar de ser elocuentes y bien
hablados, para que no sólo con obras, pero también con palabras persua­
dan a sus súbditos a bien vivir, como dice Plutarco en la Política a
Trajano.
No han de ser parciales, que es la cosa más dañosa que hay para la
república. No han de dar la renta que hay en la tierra a sus criados y
amigos, sino a los que han servido a Su Magestad, como lo mandan las
leyes y provisiones reales, excepto si los amigos lo merecieren por haber
servido, que en este caso bien podrán preferirlos a otros en honras, oficios
y ayudas de costa.
Si algo ha de negar al amigo, sea sin decille palabras que le pesen,
antes benina y mansamente diga que lo hace forzado y compelido por
no quebrantar las leyes por Su Magestad puestas, porque la voluntad
no falta, lo cual conocerá ofreciéndose en que procura decir siempre
verdad, porque es gran bajeza ser un príncipe tenido por mentiroso.
Piérdese en ello mucha autoridad.
Decir palabras preñadas, de manera que no se entienda haber faltado
a la palabra, es cosa muy acertada. Ha de ser medido en sus promesas,

(1) L ’EccIésiaste, chap. 28, v. 30 ?


P arte seg u n d a — cap. i 203

y ansí será en más tenido. Ha de ser liberal de lo que fuere suyo propio,
y no de lo axeno, ni de la Hacienda real, que de ésta no puede hacer
merced en nenguna manera.
Algunos hay tan arrogantes y soberbios que todo lo quieren hacer
por sí, sin cometer nada a otros. De estos hacen burla los súbditos, como
en Atenas hacían de Metrodoro, diciendo Metrodoro es capitán y guía
del exército; Metrodoro abre los caminos; Metrodoro es panadero ;
Metrodoro trata en harina; Metrodoro preside, todo lo cual causó ser
invidiado y aborrecido de todos.
Al que es ambicioso y con insaciable codicia de honra y poderío todo
el gobierno arrogantemente desea explicar por sus manos, y que todo
se le cometa a él, acaece encomendarle cargos para que, ni por uso ni
ispiriencia, es idóneo ni suficiente. Esto no debe ser ansí, antes el que
gobierna ha de cometer a otros lo que cómodamente no puede explicar
por su persona, como hace el maestre o piloto de un navio, que a uno
encomienda el timón, y a otro las velas, y no lo hace todo él.
No le ha de pesar al Gobernador del Perú que los Presidentes de las
Audiencias gobiernen en sus destritos, fuera de las cosas que a él fueren
encomendadas y cometidas (1), antes cometiéndosele a él todo el gobierno,
lo debe él cometer a ellos, por lo tener presente.
Ansí como no conviene andar con muncha codicia y ambición,
deseando ser proveído de algún gran cargo o gobernación de algún reino,
por no ser causa de revueltas y pasiones entre los émulos (como dice
Platón), ansí tampoco conviene dexar de aceptar el cargo que le dieren,
hallándose suficiente para él, como dice Plutarco en su Política, y probé
más largo en el Diálogo por mí compuesto.
No ha de hacer injuria a naide, ni acordarse de las enemistades pasa­
das, que no le dan el cargo para se vengar, sino para hacer justicia y
tener en paz la provincia y reino que se le encarga, tomando exemplo
de Aristótiles y Temístoles, que enviándoles por gobernadores o capitanes,
dexaban las pasiones y enemistades particulares que tenían en los térmi­
nos e fines de el campo de Atenas, para las tornar a tomar — si quisie­
sen — a la vuelta.
Si hubiere de hacer alguna cosa de importancia, tome consexo con
los Oidores, o con los mayores amigos que tuviere, que no con porfías
y defensiones defieran en hacer el negocio que se le encomendare, sino
con prudencia, sin emulación o invidia, quiero decir que no sean ambos
de un mesmo oficio, que entre éstos es comúnmente la invidia, sino a
un letrado y otro caballero o persona que sepa de aquel negocio.

(1) Allusion aux démêlés, à l’ époque du Gouverneur Garcia de Castro, avec les A udien­
ces de Charcas et de Quito, à propos des attributions de ces dernières. Ils sont à l’ origine
de l’ envoi des Cédules du 15 février 1567 qui limitent les visées hégémoniques de ces tri­
bunaux ( Colección de Documentos Inéditos para la Historia de América g Oceanta, X V I I ,
p. 336-338 et X V I I I , p. 76-78).
204 G o b ie r n o d e l P e r ú

No se ha de aconsexar ni confiar ningún negocio de su gobierno a


hombre malo, porque sus pecados se imputarán a el que gobierna, como
dice Isócrates. Al que tiene semexantes cargos hále de honrar y preciarse
de él, teniendo la autoridad que el tal cargo requiere, mas él no se ha
de mudar ni ensoberbecer, sino quedar el mesmo que antes, y ansí,
acabado el cargo, no será juzgado por persona privada, sino por ilustre,
pues le ilustró el cargo, mayormente si hace lo que dixo Solón, que del
cargo no se sale más rico, sino más bien afamado.
No ha de loar ni reprehender los hombres vana y lixeramente, como
dixo Platón.
No se ha de enoxar con los que vienen a negocios ante él, aunque
sean importunos, no siendo descomedidos, como probé largamente en
mi Diálogo.
Lo que hace a un gobernador ser manso y bien acondicionado es
entender que está bienquisto de todos, y que está en opinión de hombre
justo y que ama la justicia, y aquel se dice amor santo y verdadero el
que le tienen los súbditos por la virtud del gobernador. El mayor argu­
mento y señal de virtud en un príncipe, dice Xenofón, que es si sus
súbditos le siguen de voluntad y perseveran con él en los peligros.
La gente de esta tierra — digo esto por los españoles que en ella
habitan :— quieren ser bien tratados de los gobernadores de palabra,
aunque les hayan de ahorcar otro día, y que esté la puerta abierta para
oir a todos beninamente, para que cualquiera halle en él acogida y sigu-
ridad, como el que de la gran tempestad de la mar entra en un seguro puerto.
Suele también en este Reino haber bandos entre « soldados » y vecinos
(esto es, entre los encomenderos y los que no tienen indios), y para que
estén sosegados conviene muncho que el Gobernador no se allegue al
un bando ni al otro, y lo mesmo aconsexo a los demás jueces, hablando
lo que a cada uno le diere gusto, no aplacando al un bando más que
al otro, y esto ha de hacer cautamente, especialmente cuando se teme
e recela de alguna alteración.
Si quiere bien al Reino, ha de desear a los que en él viven paz y
libertad y fertilidad, ansí en los campos como en los hombres, y final­
mente, concordia.
No tenga en poco las rencillas privadas e diferencias entre los vecinos,
antes los castigue, o invíe a España, porque de estas centellas pequeñas
se suelen causar los grandes fuegos y alborotos en las ciudades, y es
menester con tiempo matallo, para que no tome fuerzas y arda tanto,
como otras veces ha ardido. La falta de castigo y prevención de seme­
xantes cosas ha sido causa de tantas calamidades en este Reino.
Ha de ser medido en las visitas : paréceme que el Virrey o Gobernador
no debe visitar a naide en ningún caso, si no fuere a Obispo o Arzobispo,
o a duque, conde o marqués, y a éstos por Pascuas, o cuando ocurre
alguna necesidad, y no de otra manera. Esto conviene muncho para
este Reino.
P arte seg u n d a cap. i 205

De parte de Su Magestad y su Real Consexo de Indias se debe dar


gran crédito y autoridad al tal Gobernador, y no admitir quexas de
hombres apasionados, aunque sean relixiosos, ni dar crédito a lo que
dixeren hasta oirle lo que él dixere, como hizo el Senado romano, que
oyendo quexas de Quinto Metello, procónsul de Numidia, no las admitió,
antes rompió la acusación, por ser hombre de autoridad y crédito, y
haber usado los cargos que hasta allí le habían encomendado muy bien.
Bien sé que al que le cupiere la suerte de Gobernador para hacer la
mudanza que dixe en la Parte Primera, Capítulos X V I y X V II, que ha
de ser invidiado, y por tener que enmendar y gobernar, aunque sea bueno
lo que hiciere, han de ir con cuentos algunos hipróquitas a Su Magestad
y a su Real Consexo de Indias, como munchos lo han hecho hasta agora,
que han referido los males y daños, sin dar ningún remedio para que
los daños cesen, lo cual no me parece oficio de caridad, porque aunque
sea bien advertir de el mal a quien lo puede remediar, mas juntamente
con esto háse de dar el remedio, porque de otra manera más es oficio
de satíricos, que de lo que ellos representan.
Yo cierto no daría crédito a quien me dixese el mal que en una tierra
se hace, si no me diese el remedio para que no se hiciese, por guardar
siempre esta regla de no dar crédito ni benignos oidos al que se entremete
en lo que no es su oficio. j Más claro podría hablar si pensase que lo que
dixere había de enmendar, y no indignar a algunos!
Ha de dar Su Magestad buen salario, con qué se pueda sustentar,
y ahorrar algo para sus hixos, porque los que vienen acá no vienen a
sólo comer, y los criados de Su Magestad conviene a la república que
sean ricos, porque de no darles salarios competentes vienen a hacer lo
que no deben, ni hacen su oficio tan libremente como si no tuviesen
necesidad, como probé en mi Diálogo. El salario competente me parece
que será quince mil pesos.
No lo han de mudar hasta que se haga, porque como dixo Tiberio
César a uno que le aconsexaba la mudanza de oficiales, que le respondió :
« Yo vi a un hombre enfermo y llagado que reñía a su hixa que le quitaba
las moscas que estaban sobre las llagas, diciendo que no las quitase,
porque vendrían otras de nuevo con más hambre, y le picarían m ás.»
|Más ispiriencia tiene el gobernador que ha estado muncho tiempo
gobernando, que el que viene de nuevo !
El buen gobernador ha de ser loado y bien tratado y remunerado
del Rey y de su Consexo ; y lo mesmo se ha de hacer a cualquier juez,
y paréceme que al que inviasen al Perú se le había de apercebir que,
si lo hiciese bien y no excediese de lo que se le mandase, le haría Su Mages­
tad mercedes, y haciendo lo contrario, había de morir sin nengún remedio,
o quedar sin hacienda y honra ; o decir que no le quitaría perpetuamente,
y que había de morir en esta tierra en su oficio, o por Justicia si no lo
hiciese bien.
Antes que viniese había de ser examinado, preguntándole de la dispo­
206 G o b ie r n o d e l P e r ú

sición de la tierra, condición de los naturales, y de la manera que entendía


gobernarlos en todos los casos en este libro contenidos, para ver si,
habiendo estado en estas partes, sabía todo lo que en ellas había, porque
munchos hay que habiendo estado en el Perú, no saben más que el
que en toda su vida lo vió, porque sólo entienden en aquellas cosas que
son de su oficio, o a que son inclinados, y no preguntan por las otras,
ni las echan de ver (aunque las veam), como si yo hobiese visto, entrando
cada día en mi casa, a un zapatero, o sastre, o herrador, hacer su oficio,
y esto más de treinta años, tanto sabría de aquellos oficios como si nunca
los hubiera visto, porque no los echaba de ver, ni procuraba aprendellos
bien.
Ansí, el que está en Potosí ochenta años entendiendo en mercadurías,
no sabe más de minas ni socavones que el que nunca las vió ni oyó,
y lo mesmo será de otras cosas semexantes. Por eso me parece el que
será bien preceder el examen que digo, a lo menos agora al principio,
para poner en orden esta tierra, que después, poco habría que mudar :
bastará ser hombre que temiese a Dios, y de buen juicio, con mediana
ispiriencia, para que lo pudiese bien gobernar.
Largo he sido en este Capítulo, pero como en cosa que tanto va, dos
cosas más quiero advertir, y con esto concluiré.
Lo primero, que en esta tierra se usa a cada paso prender goberna­
dores, y hay poco castigo en ello, como fué al Virrey Blasco Núñez
Vela, en este Reino, y Alvar Núñez Cabeza de Vaca, en el Río de la
Plata, y otros munchos, y agora últimamente prendieron en Tucumán
al Gobernador Francisco de Aguirre, caballero prencipal, que ha servido
a Su Magestad toda su vida, sin xamás haber deservido, hombre muy
necesario para la quietud de aquella tierra, por ser hombre muy temido
y amado de indios, que nunca afrentó ni injurió a naide, y le traxeron
preso a esta ciudad, a él y a sus hixos y deudos, sin haber naide que les
acuse, ni haber hecho por qué, trayéndoles con grillos y afrentados, y
en el camino, para se querer escusar de tan gran maldad y tiranía, le
levantaron otra mayor maldad, diciendo que le traían preso por la Inqui­
sición, sin preceder mandado de persona alguna (1), todo para colorear
su tiranía.
Los que lo hicieron se han andado y andan paseando, y no han sido
ni serán castigados, si Su Magestad no provee juez especial para ello,
y han usado, los que lo prendieron, de jurisdicción, dando y quitando
varas, y dando y quitando indios, y muerto a algunos de su propia auto­
ridad.

(1) Cf. Silva Lezaeta : El conquistador Francisco de Aguirre (Santiago de Chile, 1904
et 1953), chapitres X et X I ; et Levillier, Papeles de los Gobernadores del Tucuman en el
siglo X V I (Madrid, 1920), I, passim.
Ces incidents relatifs au Gouverneur Aguirre préoccupèrent grandement Matienzo;
il en parle de nouveau p. 282-283 et 321-322.
P arte seg u n d a cap. II 207

¿Cuándo se permite injuriar a los gobernadores y justicias por


quien no tiene jurisdicción — aunque lo merezcan — , mayormente no
habiendo hecho por qué ? Quiébrase el niervo y fuerza de la Justicia ;
abátese la autoridad de los jueces, y las fuerzas de los malos crecen y
se aumentan, y los sucesores afloxarán y no harán tan libremente justicia
a otro juez que los castigue, sino al mesmo preso para que procediese
de hecho como procedieron contra él. Con esto toman avilantez para se
alzar.
En esta tierra no había de haber remisión en este caso, ni aun en
otros muchos que hay aviso de esto, como cosa que tánto conviene a la
paz, sosiego y quietud de estos Reinos, que tan lejos tienen a su Rey.
Lo segundo, quiero advertir a los gobernadores que tomen exemplo
de aquel famoso Virrey don Antonio de Mendoza, luz y espexo de todos
los que fueren, que era tan amigo de hombres virtuosos, que no proveía
corregimiento ni otro oficio, sino a los que él sabía que lo eran y tenían
tal fama, lo cual fué causa que todos los que pretendían oficios de Justicia,
o otros cargos, procurasen de vivir virtuosamente, para le contentar
y para ser proveídos, y nunca a hombre por él proveído en la Nueva
España, donde él gobernó, dexó de mexorarle en el cargo, habiéndolo
hecho bien en el primero, y con esto convidaba a los hombres a vivir
bien. No tenía respeto — como otros lo han tenido — que fuesen sus
criados o amigos, sino a que fuesen idóneos cuales para semexantes
cargos y oficios se requerían, y concluyendo, digo que un hombre virtuoso
y buen cristiano nunca yerra.

CAPÍTULO II

A d ó n d e h a d e r e s id ir el V ir r e y o G o b e r n a d o r ;
SI C O N V IE N E QUE ESTÉ EN EL C U ZC O
Y QUE TE N G A EN SU C O M P A Ñ ÍA ALGUNOS O ID O R E S ,
Y DE QUÉ HAN DE CONOCER,
Y LA ORDEN QUE EN E L R E P A R T IR HAN DE TENER,
Y DE SU J U R IS D IC C IÓ N E D IS T R IT O

Antiguamente había en España dos maneras de Adelantados. Uno


en la Corte del Rey, que oía de las alzadas y apelaciones que a la Corte
venían ; en lugar de estos sucedieron las audiencias y los consexos. Otro
Adelantado había, que era como en tiempos de los romanos el que se
llamaba pretor provincial. Este andaba por la tierra para hacer justicia,
y oir de las apelaciones, el cual tenía letrados consigo, con quien se acon-
sexaba en las cosas dudosas, los cuales creaba y nombraba el Rey, porque
208 G o b ie r n o d e l P e r ú

fuesen tales cuales los que juzgaban de su parte, mas de lo que el Adelan­
tado hacía, había lugar a apelación ante el Rey.
En lugar de estos sucedieron los Alcaldes Mayores de Adelantamiento,
que hay tres : uno sobre el Partido de León, otro sobre el Partido de
Campos, y otro sobre el Partido de Burgos. Estos andan de pueblo en
pueblo oyendo y librando pleitos, y son oficios de muncha autoridad,
y de ellos se apela para las Audiencias.
A exemplo de estos me parece que se podrían hacer dos en este Reino,
aunque no se podrían exemplificar en el uno ni en el otro del todo, sino
tomando parte del uno y parte del otro, y añidiendo otras cosas, como
luego diré (1).
Parece, salvo mexor juicio, que el Gobernador o Virrey haya de residir
en la ciudad del Cuzco, que es la prencipal y más rica, y de más gente
que hay en el Reino, y la más inquieta, y de donde se suelen levantar
los motines, que la muncha riqueza suele ser causa de semexantes bolli-
cios y escándalos, porque naturalmente el que más tiene, más quiere y
más desea. En viéndose un hombre probe súbitamente rico, piensa que
es poco su principio, y ansí viene luego a caer y a ser lo que antes era,
o a morir ahorcado, porque naturalmente el árbol que presto crece,
presto muere y se acaba, y ansí se ha visto por ispiriencia en este Reino
en los desventurados que se han alzado contra el servicio del Rey, que
han durado poco y muerto de muy desastrada muerte.
Residiendo allí en el Cuzco el Virrey o el Gobernador, con dos Oidores,
uno de Lima y otro de los Charcas, que se llamen Adelantados, por
tener más juresdición que Oidores (como luego se dirá), me parece que
cesarán los alborotos y nublados que en aquella ciudad se arman (2).
Han de conocer ni más ni menos que la Audiencia, y poner sello,
y librar todo lo que quisieren ellos o el Gobernador, por Don Felipe.
Han de conocer los dos Adelantados, cada uno medio año, en primera
instancia de todos los pleitos ceviles y creminales que hobiere en el
Cuzco, porque allí no ha de haber Corregidor, y se escusa el Rey de le
pagar cuatro mil pesos. De ellos se pueda apelar para la mesma Audiencia,
o Rota, como Su Magestad fuere servido de la mandar llamar. De los
pleitos en grado de apelación y por caso de Corte, conocerán el Gober­
nador y los dos Adelantados. De lo que hicieren y sentenciaren en grado
de revista, se podrá suplicar segunda vez para la persona real, y de
negocios de cuantía de diez mil pesos, dando las fianzas que manda la
ley, y se ha de executar la sentencia de revista no obstante que se haya

(1) Cette innovation de Matienzo apparaît déjà dans un document sur des questions
concernant la perpétuité du Pérou, que Philippe II envoya de Gand, le 5 septembre 1556,
aux Conseillers des Indes. L e chapitre 22 les consultait sur les avantages résultant de la
création de « Alcaldes Mayores como los de los Adelantamientos en las partes donde
por estar las Audiencias lexos conviene nombrarlos ». L a réponse lu t négative. Archivo
General de Indias. Patronato, 28, Ram o 5.
(2) Un rapport de Matienzo, du 10 janvier 1567, traite de ce sujet. Il a été publié
dans La Audiencia de Charcas, I, p. 216-220 et dans la Revista de laBiblioteca Nacional
(Buenos Aires, 1943), I X , num, 28, p. 394-395.
P a r t e s e g u n d a — c a p . ii 209

suplicado para la persona real. Si fuere sobre posesión, no ha de haber


suplicación segunda, aunque no sean dos sentencias conformes, habiendo
tres sentencias : una de un juez, y otras dos de vista y revista.
De la Rota no ha de haber segunda suplicación, por evitar costas a
las partes. En causas creminales tampoco ha de haber segunda suplica­
ción : basta que hayan dos votos conformes, como se manda en las
Chancillerias de esos Reinos, para que se haga sentencia en los casos de
justicia. Si se apelare del uno de los Adelantados, si el Gobernador
votare confirmando su sentencia, aunque el otro Adelantado no fuere
conforme, haga sentencia el voto solo de el Gobernador; pero si el
Gobernador fuere de parecer que se revoque, y el otro Adelantado
que se confirme, no haga sentencia, antes se remita el negocio al Fiscal,
o a otro abogado, guardando la orden que se manda en las ordenanzas
de Audiencias, e si pareciere ser mexor que el Fiscal tenga voto, como
Oidor, en todos los negocios en que no fuere parte, será mexor y podrálo
hacer, porque no habrá tantos negocios que le ocupen de poder hacer
esto.
El destrito, para cosas de justicia, me parece que podrían tener el
Cuzco, Chucuito e Guamanga, porque es todo Sierra, y de un temple.
En las cosas que luego diré, han de tener jurisdicción en todo el Reino
del Perú, a lo menos en el destrito de las dos Audiencias de Lima y de
los Charcas; y en su propio destrito de esta manera : el Virrey o Gober­
nador ha de hacer mercedes y proveer lo que vacare, por la orden que
luego diré. Si se perpetúa el Reino, poco terná que proveer, aunque no
faltará, porque hay que proveer Lanzas y Arcabuces, y Corregimientos,
y otros oficios.
Sobre cosas de Hacienda Real, y situaciones, y cosas de entradas y
guerra, no ha de proveer cosa alguna ninguna Audiencia, ni Presidentes
de ellas, sino solo el Virrey, o Gobernador, y Adelantados, sin el Fiscal;
pero en las cosas de mercedes y de guerra, ha de tomar el Gobernador
parecer con los dos Adelantados, y si no concordaren con el parecer del
Gobernador, asiéntenlo en su libro de gobierno, y hágase lo que el Gober­
nador dixere, y dése de ello provisión, y fírmenla todos.
Lo tocante a la visita de indios y tasa que se ha de hacer, lo ha de
proveer el Gobernador con el mesmo parecer, si le quisiere seguir, y si
no, ha de ir a la visita persona que él nombrare, aunque sea Oidor de
alguna de las Audiencias, y en estas vesitas y tasas no se ha de entre­
meter nenguna Audiencia.
La Rota ha de inviar jueces de residencia, y no las Audiencias. La
Rota ha de tomar las cuentas a todos los oficiales del Reino, viniendo
uno de los oficiales a las dar, con poder de los compañeros, y han de
hacer lo que se dirá en el Capítulo que de ello trataré abaxo (1). Puédese
dar al oficial que viniere de Lima, una barra ; y al que viniere de los

(1) Cf. infra Chapitre. X I .


210 G o b ie r n o d e l P e r ú

Charcas, otra ; al de La Paz, la mitad, o que se le tome allá, porque hay


poco de qué tomarles cuentas. Al de Arequipa, otro tanto.
Fuera de estos casos, ha de gobernar cada Presidente en su destrito,
y de lo que hiciere por vía de gobierno, se pueda de él suplicar para la
Rota, y en ello no haya más de una sentencia.
Las residencias secretas se han de ver en la Rota, y sentenciarse en
ella, y no en otra parte ; si se apelare de lo que hiciere algún visitador,
ha de ir todo a la Rota, y no a ninguna de las Audiencias. Si se hubiere
de dar licencia para traspasar indios en los casos arriba referidos (1),
háse de dar en la Rota. Si se hubiere de hacer la perpetuidad, han de
venir los procuradores de todas las Audiencias y ciudades al Cuzco, y
allí por el Gobernador y Adelantados se ha de tratar y concluir, conforme
a la instrucción que traxeren de Su Magestad y su Real Consexo de
Indias, y si no se conformaren todos, hágase lo que el Gobernador con
uno de ellos dixere, y si todos fuesen diferentes, lo que el Gobernador
solo dixere ; y si los dos fueren conformes y el Gobernador de otro parecer,
nómbrese al Fiscal por tercero, y si se conformare con el Gobernador,
aquello se guarde, y se dé provisión de ello, y si se conformare con los
Adelantados, hágase lo que los tres votaren, excepto si no fuere caso
tan grave que parezca al Gobernador que verná gran perjuicio de ello
al Rey o al Reino, que en este caso suspéndase la provisión hasta que se
consulte con Su Magestad.
Si para la guerra fuere menester gastar dineros de la Hacienda real,
consulte con Su Magestad, porque no se ha de gastar nada de ella sin
licencia de Su Magestad ; pero si hubiere peligro en la tardanza, hágase
lo que a todos tres pareciere, y la libranza, firmada de todos tres confor­
mes, se pague por cualesquier oficiales a quien fuere dirigida, y en el
librar en la Caxa real no han de tener mano las Audiencias en ningún
caso, pues está tan cerca el remedio, y pueden inviar su parecer para
que en la Rota se provea.
En la Rota, más que en las Audiencias, conviene que se guarde todo
secreto, y que venga un Secretario de Lima a lo ser en ella, y conviene
que haya toda concordia, porque como dice Aristótiles : el gobernador,
juntamente con los senadores, yendo conformes, son señores del pueblo,
mas, andando en discordia, el pueblo es señor de ellos.
El repartir y encomendar indios se ha de hacer de esta manera :
los que pretendieren haber servido, den de ello información, y se ponga
haciendo unos contra otros probanza, y el Fiscal contra todos, para
que se vea los que han servido y deservido, y se vote como cosa de
justicia quién merece ser preferido, y se asienten los votos en el libro
de mercedes, pero hágase lo que el Gobernador dixere sólo en lo que
tocare al cuánto se dará a cada uno, y cómo, y dése provisión de ello,
y escríbanse al Real Consexo las causas que a cada uno movieron, con

(1) CI. Premiére Partie, Chapitre. X X X et X X X I I .


P arte seg u n d a — cap. ii 211

un treslado de las probanzas, para que allá se revoque o confirme lo


proveído por el Gobernador, y aunque se revoque, no pueda mandársele
volver lo que hubiere llevado y gozado, porque podría de ello recrecer
algún daño, escándalo e alboroto, que cosas menores los han causado
en esta tierra, y no hay cosa que tánto sientan como ver que no hay
cosa segura, y que lo que unos les dan, otros se lo quitan.
Esto, cierto, es cosa de grande importancia y digna de remedio, porque
están muy lexos Su Magestad y su Real Consexo, y la Justicia en este
Reino aún no está entablada, por culpa de los que no han querido enta­
blaba.
Las leyes que para lo contenido en este Capítulo me parece que se
deben hacer, son :
i Que en la ciudad del Cuzco resida el Virrey, o Gobernador del Reino,
con dos Oidores, uno de Lima y otro de los Charcas, los cuales se llamen
Adelantados, y haya también un Fiscal, y el cuerpo todo se llame Rota ;
y haya en ella dos Secretarios, el uno — el más antiguo — sea de Lima,
y otro de los Charcas, y un Relator, y dos porteros, y un Alguacil Mayor,
y cuatro menores o tenientes, y un Alcaide.
ii Item, que al Gobernador se le den quince mil pesos de salario, de
valor de cuatrocientos e cincuenta maravedís cada uno, y a los Adelan­
tados cada mil de ayuda de costa, la cual ayuda se les dé en tributos
vacos, y al Relator mil pesos, y más sus derechos, y a cada portero qui­
nientos pesos, todos del mesmo valor.
m Item, que la Rota tenga por destrito, para cosas de justicia, la
ciudad del Cuzco e sus términos, la de Guamanga y los suyos, y la provin­
cia de Chucuito, y en este destrito conozcan de la mesma manera que
las demás Audiencias, y guarden las mesmas ordenanzas que ellas,
excepto en lo que aquí fuere mudado e añidido.
iv Item, porque no ha de haber Corregidor en la ciudad del Cuzco,
que uno de los dos Adelantados sea Alcalde de Corte medio año, y
pueda conocer en primera instancia de todas las causas ceviles y cremi-
nales, y del gobierno de la mesma ciudad y sus términos, sentenciándolas
definitivamente, excepto las creminales que fueren de muerte o mutila­
ción de miembro, o efusión de sangre, o de azotes, o destierro perpetuo
del Reino, o a galeras, o en las causas — ansí ceviles como creminales —
cuya condenación excediere de mil pesos, que todas estas las pueda ful­
minar hasta la conclusión, y se sentencien en la Rota, y tenga el voto
en ellas ; y tormento no le ha de poder dar, sin mandado de la Rota.
v Item, que en nenguna causa creminal pueda conocer nenguno de
los Alcaldes de la ciudad, mas de solamente hasta prender y hacer
información, y de ahí adelante pasen ante los Alcaldes de Corte.
vi Item, que haya dos Secretarios, uno de Lima y otro de los Charcas ;
ante el uno pasen las cosas de gobierno, y ante el otro, las cosas de
justicia.
212 G o b ie r n o d e l P e r ú

v ii Item, que los negocios ceviles y creminales que pasaren ante los
Alcaldes de Corte, pasen ante los escribanos del número de la ciudad
del Cuzco, hasta la conclusión y sentencia ; de allí adelante, apelándose
o remitiéndose, pasen ante el Secretario de justicia.
v iii Item, que los escribanos del número sean obligados a entregar
los procesos oreginales que ante ellos pasaren, al Secretario de justicia,
excepto los executivos, que éstos los han de dar sacado un treslado signado
de ellos, porque no se impida la execución.
ix Item, que el Alcalde de Corte no pueda remitir los pleitos executivos,
antes los sentencie y execute, aunque excedan de la cuantía de los dichos
mil pesos, y en grado de apelación conozca la Rota de ellos.
x Item, que el Fiscal tenga voto en todos los pleitos de justicia en que
no fuere parte, mas estando dos a dos, que se guarde el voto del que
conformare con el Gobernador.
xi Item, que el dicho Fiscal sea siempre Juez Mayor de Bienes de Difun­
tos, y de él se suplique para la Rota, y la sentencia que la Rota diere,
sea habida por de revista, ahora sea confirmatoria, o revocatoria de la
del Fiscal.
xn Item, que en cosas de gobierno, o pleitos tocantes a encomiendas
de indios, o a proveimientos de Corregidores, jueces de residencia, o
otros oficios y situaciones, o entretenimientos, o otras cualesquier merce­
des, o tocantes a la Hacienda real en cualquier manera, o a cosas de
entradas y descubrimientos, o de guerra, o de visitas y tasas de indios,
y pleitos de residencias secretas que han de ser a su cargo, tengan por
destrito el destrito de las Audiencias de Lima y de los Charcas y el dicho
su destrito, porque en el destrito de la Audiencia de Quito no ha de
tener que ver el Gobernador ni la Rota, antes ha de ser gobierno aparte.
xiii Item, que en el repartir y encomendar indios, y dar situaciones,
o hacer otras mercedes, se guarde esta orden : que opuestos los que lo
pretendieren, hagan información de sus servicios y antigüedad, y de
otras calidades que las leyes requieren, y el Fiscal de lo que han deservido,
y en qué batallas se han hallado con los tiranos, y la mesma informa­
ción den — si quisieren — los opositores, y dada se vote como negocio
de justicia, declarando cuál deba ser preferido a los demás, pero el
cuánto se le ha de situar, y cómo, y en qué ha de ser gratificado, quede
a elección del Gobernador solo, que él lo pueda dar y repartir como
le pareciere, no dexando de gratificar primero al que por la mayor parte
fuere mandado preferir.
x iv Item, que si algún pleito sucediere sobre situación, o otra cosa
de mercedes fuera de encomienda de indios, en cualquier parte del
Reino, excepto en lo de Quito, no pase ni conozca de ello nenguna Audien­
cia, sino la Rota, porque allí se entenderá mexor la intinción del que lo
situó.
P a r te seg u n d a cap. II 213

xv Item, que todos los pleitos que movieren demanda a Su Magestad


y a su Real Hacienda, pasen en la dicha Rota, y no en las Audiencias.
xvi Item, que las cuentas de la Real Hacienda e de tributos vacos
pasen también y se tomen en la dicha Rota, y no en las Audiencias ;
y a dallas venga de Potosí un Oficial, y se le dé por la ida y vuelta una
barra (que vale doscientos e cincuenta pesos ensayados), y de Lima
venga otro, al cual se le dé otra barra; al de Arequipa y al de La Paz
se les ha de dar la mitad, y héseles de pagar, la mitad de la Hacienda
Real, y mitad de tributos vacos, y ha de haber un Contador, que se le
dé una Lanza (que son mil pesos cada año en tributos vacos), por que
haga estas cuentas. Hánse de hallar presentes a las tomar los Adelantados,
y el Fiscal, el cual ponga las adiciones que quisiere, y se sentencie sobre
ellas en la Rota.
xvn Item, que no se pueda librar en la Caxa, por nengún caso que
suceda, por nenguna de las Audiencias cosa alguna, si no fuere por el
Gobernador y Adelantados, siendo todos tres conformes, y habiendo
peligro en la tardanza de lo inviar a consultar, y no de otra manera.
x v iii Item, que las visitas y tasas de indios se cometan a las personas
que al Gobernador le pareciere, aunque sea Oidor de alguna de las
Audiencias, y con la instrucción que se les diere, y no se pueda hacer
tasa ni visita por nenguna de las dichas Audiencias, porque se han de
hacer todas de nuevo en todo el Reino, para dar de una vez asiento en
él, por las instrucciones que se dieren en el Real Consexo de las Indias.
x ix Item, que las cosas tocantes a guerra, a entradas, y a descubri­
mientos y poblaciones, las haga el Gobernador tomando el parecer de
los Adelantados, y no quedando obligado a lo cumplir si no quisiere,
mas lo que ellos votaren se asiente en un libro, y se escriba a Su Magestad
el parecer de cada uno, para que si sucediere mal se impute al que tuviere
culpa.
x x Item, que las residencias secretas de los Corregidores y Alcaides
de Casa de Moneda se vean y sentencien en la Rota, y las demandas
públicas en las Audiencias, porque pues ha de proveer Corregidores y
jueces de residencia el Gobernador, es justo que allí se vea quién lo hace
mal o bien, para ser castigado, o remunerado y otra vez proveído.
xx i Item, que en el proveer de los Corregidores y jueces de residencia
se tenga consideración a los méritos y habilidad de los que se hubieren
de proveer, y no a que hayan servido en la tierra; mas sea cualidad el
haber servido en la tierra, para que si tiene habilidad para servir el tal
oficio, sea preferido a los que no hobieren servido, y que se declare
que esto no sea ocasión para defraudar la intinción de Su Magestad,
que es que los antiguos y que han servido sean aprovechados en oficios
y en otras cosas, lo cual se entiende si no fuere teniendo de comer, o
por vía de situación, o encomienda, que a éstos no se han de dar los seme-
xantes oficios, habiendo otros que no están remunerados.
19
214 G o b ie r n o d e l P e r ú

x x ii Item, si se apelare de lo que hicieren los visitadores, h a de ir


a la Rota, y no a las Audiencias.
x x m Item, cada Presidente ha de gobernar en su Audiencia y en el
destrito de ella, en cosas fuera de las aquí contenidas, y de lo que hiciere
— si se suplicare — ha de ir a la Rota.
x x iv Item, que de cualquier negocio que no fuere creminal o de pose­
sión, se pueda suplicar segunda vez ante la persona real, siendo la causa
de valor de diez mil pesos, o que habiendo tres sentencias, una del juez
y otras dos de la Rota, que en este caso no haya suplicación segunda,
para escusar de gastos a las partes.
x x v Item, que en lo tocante a la perpetuidad, si Su Magestad la man­
dare hacer, que los procuradores de las ciudades del Reino vengan al
Cuzco con poderes suficientes, a la tratar y efetuar, sin exceptuar a
Quito ni a todo su destrito, y se trate y concluya en la Rota conforme a
las instrucciones que Su Magestad y su Real Consexo de Indias dieren.
Si hobiere en ello diferencias, o diferentes votos, si todos tres fuesen dife­
rentes, se guarde lo que el Gobernador votare, y se dé provisión real de
ello firmada de tod os; y si los dos Adelantados fueren conformes y el
Gobernador de otro parecer, que se nombre al Fiscal por tercero ; y si
se conformare con el Gobernador, aquello se guarde, y si se conformare
con los dos Adelantados, guárdese lo que todos tres votaren, excepto
si viere el Gobernador que podría suceder algún gran daño al Rey o
al Reino, que en este caso lo pueda suspender hasta que se consulte con
Su Magestad y su Real Consexo de Indias, y se invíen las razones que
cada uno tuvo para el parecer que dió, para que se provea por Su Mages­
tad lo que fuere servido.
xxvi Item, que las licencias que se hobieren de dar para traspasar
indios o situaciones, conforme a lo que dixe en los Capítulos X X X y
X X X I I de la Parte Primera, se han de pedir y dar en la Rota.
x x v ii Item, que todas las provisiones que se dieren en la Rota sean
complidas y obedecidas en las Audiencias, siendo dadas sobre las cosas
susodichas.
x x v iii Item, que para lo de la perpetuidad se nombre por Su Magestad
y su Real Consexo de las Indias otro Secretario, fuera de los dos que ha
de haber en la dicha Rota, porque habrá mucho que hacer y será muy
necesario.
x x ix Item, que el Fiscal entre en acuerdo y vote en las cosas de justicia,
como está dicho, y se asiente con el Gobernador y Adelantados en los
estrados.
x x x Item, que se compre, o haga, una casa en el Cuzco, a costa de
penas de Cámara y de estrados, en que vivan el Gobernador y Adelantados
y Fiscal, y el sello, y el Alguacil Mayor, la cual sea fuerte, y para la com­
prar o hacer, se preste de la Hacienda real hasta que haya penas de qué
la pagar, y en que haya cárcel.
P a r t e s e g u n d a — ■ c a p . iii 215

CAPÍTULO III

Cuántas A u d ie n c ia s c o n v ie n e que h aya en el P erú ;


ADÚNDE HAN DE R E S ID IR ; CUÁNTOS O lD O R E S EN CADA UNA ;
Y D E SU S A L A R IO , Y D E L P R O V E C H O Q U E D E E L L A S SE S IG U E A L R E I N O

El Real Consexo de Indias, con santo celo, aconsexó a Su Magestad


que hiciese tres Audiencias en este Reino del Perú, y en Panamá una,
y en Chile otra, movido —■ a mi parecer — no tanto porque viniendo
a pleitos de tan lexas tierras no fuesen sus súbditos vexados (aunque
ésta no fuera menor causa), cuanto por asegurar la tierra, porque tuvieron
ispiriencia de las alteraciones y desasosiegos que en ella han acaecido;
porque tuviesen los leales adonde acudir a la voz del Rey, y porque viendo
que en todas partes hay Audiencia, naide se atreviese a levantarse,
como lo han hecho hasta aqu í; y dividieron muy bien los destritos, como
diré tratando de cada una en particular.
Quiero en este Capítulo probar y averiguar que se entienda que por
añidir la del Cuzco no se añade costa alguna a la Hacienda real en los
salarios que antes se pagaban y lo que se ha de pagar agora.
Pagábase en la Audiencia de los Reyes al Virrey muy gran suma de
pesos (no sé cierto cuánto (1 ); a cuatro Oidores, tres mil pesos a cada
uno, y un Fiscal, otros tres mil. En los Charcas, al Presidente, cinco
mil, y a tres Oidores y un Fiscal, a cada cual cuatro mil pesos. A los
relatores y porteros de ambas Audiencias, tres mil pesos. Monta todo
treinta y nueve mil quinientos pesos, sin lo que se daba al Virrey, que
por lo menos sería veynte mil pesos, que eran por todo cincuenta e
nueve mil quinientos o sesenta mil pesos.
Pues veamos lo que montarán todas tres — la Rota del Cuzco, y
las Audiencias de la ciudad de Los Reyes y de los Charcas.
La Rota del Cuzco montará — pagando al Gobernador, a los dos
Adelantados, al Fiscal, al Relator y porteros que dixe en el Capítulo
pasado — veinte e nueve mil pesos.
La Audiencia de Lima, teniendo un Presidente, dos Oidores, un Fiscal,
un relator, dos porteros y un tasador — el Fiscal a tres mil, y los demás
oficiales, a dos mil pesos — , entre todos montarán diez e seis mil pesos.
La Audiencia de los Charcas, diez e nueve mil pesos, repartidos
entre el Presidente (que lleva cinco mil), dos Oidores, y un Fiscal (que
lleva cada uno cuatro mil pesos), un relator, mil, y dos porteros, cada
uno quinientos, que son los dichos diez e nueve mil pesos.

(1) L a rétribution du comte de Nieva était de 40 000 ducats par an (Cédule du 5 juin
1559. Archivo General de Indias. Lim a, 568, L iv. 9 , fol. 145 a), convertis en pesos de
9 réaux, cela fait 48 888.
216 G o b ie r n o d e l P e r ú

Por manera que monta lo que a todas tres Audiencias se dá de salario,


entrando en ellas la Rota del Cuzco, sesenta y cuatro mil pesos; por
manera que montan más en las tres que lo que las dos solían rentar,
tres o cuatro mil pesos, los cuales se ahorran en no haber Corregidor en
el Cuzco, que llevaba de salario cuatro mil pesos.
Aventáxase que estará sigurísima la tierra para siempre, sin haber
xamás pensamiento de alboroto, ni morirían a cuchillo en el Cuzco tantos,
como cada día matan, porque habrá más concierto y temerán más (1).
Haráse la perpetuidad sin costa alguna de Su Magestad, más de la mitad
que dixe en la carta que escribí a Su Magestad que se podría hacer al que
la hiciese, sin costa de la Hacienda real. Visitársela y tasarseía la tierra
de nuevo, dexándola en orden y concierto para siempre xamás, con
gran provecho y libertad de los indios y de los encomenderos, y aumento
de la Hacienda real, haciéndose lo que dixe en los Capítulos X V I y
X V II y X V III de la Parte Primera, y si alguno dixere son pocos dos
Oidores en cada Audiencia, paréceme que son hartos, pues el Fiscal
ha de tener voto, como diré adelante, que son — con el Presidente —
cuatro votos, y aunque uno salga a vesitar, quedan tres.

CAPÍTULO IV

De la A u d ie n c ia de los Charcas ;
DE CUÁNTO C O N V IE N E QUE R E S ID A EN LA C IU D A D DE La PLATA ;
D E L A S L E Y E S Y O R D E N A N Z A S Q U E P A R A E L L A C O N V IE N E Q U E SE H A G A N ,
Y DEL D E S T R IT O QUE D EBE TEN ER

Por muy grandes razones fundó Su Magestad esta Audiencia de los


Charcas, y mandó que residiese en esta ciudad de La Plata, demás de
la que había en la ciudad de Los Reyes.
La primera, porque los indios de la Sierra, yendo a pleitos o a otros
negocios a la ciudad de los Reyes — que por otro nombre se llama
Lima — que es en los Llanos, enfermaban y morían la mitad de los
que iban, y más. Yo vi por mis ojos, estando en Lima siendo Oidor de
aquella Audiencia (1), entre tanto que el Licenciado [Briviesca de]
Muñatones visitaba a los Oidores antiguos de ella, que de catorce indios
que vinieron con un cacique de un pueblo de la Sierra, murieron en ocho
días los doce, y así ocurría en todos los demás, porque en la Sierra hace
frío, y están hechos los indios al frío, y en los Llanos hace mucho calor,

(1) Ce problème était une préoccupation de Matienzo, il y revient constamment. Cf.


supra p. 151 et 458.
(2) De son arrivée à Lim a, le 5 février 1561, jusqu’ au milieu de la même année.
ARTE SEG U N D A CAP. IV 217

y aun con tener este temple, mueren munchos indios y enferman todos,
que era gran lástima y aun no pequeño cargo de conciencia, y ésta
— a mi parecer — fué la prencipal razón por que Su Magestad quiso
añidir esta Audiencia.
La segunda, porque los españoles recebían gran molestia en ir tres­
cientas leguas que hay de aquí a Los Reyes, y quinientas desdeTucumán,
y otras partes, y otras tantas de vuelta, que ordinariamente se gastaba
en ida, vuelta, y estada, y en el pleito, lo que valía de prencipal, y ansí
munchos dexaban de seguir su justicia y consentían ser agraviados de
los Corregidores y de otras justicias.
La tercera, porque los delitos quedaban ordinariamente por castigar,
por estar tan lexos la Audiencia de Los Reyes.
La cuarta razón fué porque esta tierra está en frontera de cherigua-
naes, indios enemigos de los de este Reino, que los matan y comen, y
hay munchos españoles en entradas comarcanas a esta ciudad, que
tienen gran deseo — si los dexasen — de volverse al Perú, y si los capitanes
marrasen, podrían venir de guerra y hacer gran daño en la tierra.
Está aquí la Audiencia para resistir estos enemigos y para que estando
aquí no se atrevan a lo hacer, porque tienen los servidores y vasallos
de Su Magestad voz a quien acudan, y se juntarán a llamado de la
Audiencia mil hombres armados dentro de quince días, que están en
ella hacendados y tienen sus chácaras y sementeras, ganados y otros
hatos y grangerías, y por no lo perder han de acudir necesariamente
a la defensa, como se ha visto ya por ispiriencia cuando, habiéndose
alzado Don Juan Calchaquí, cacique prencipal de los diaguitas en Tucu­
mán, y muerto munchos españoles que allí estaban poblados, se confe­
deró con los indios cheriguanaes, y aun conquistó los indios que servían
en esta ciudad, como son los omahuacas, casabindos, y la mitad de
los chichas, que todos estaban ya de guerra.
A Martín Alonso de los Ríos, mayordomo de Hernando Pizarro,
le tuvieron cercado los chichas y le descalabraron otros tres hombres,
y por gran misterio se huyeron y escaparon a uña de caballo ; mataron
en el valle de Tarixa cuatro o cinco españoles y algunos negros que allí
estaban en la hacienda del Capitán Juan Ortiz de Zárate, y se llevaron
gran número de ovexas, yeguas y vacas, que le hicieron de daño más
de cincuenta mil pesos, y después fué el Juan Ortiz con veinte amigos
a sacar y recoxer las vacas que le habían dexado, y le quisieron cercar
y matar y tomar la presa, y invió por socorro a esta Audiencia.
No se halló a la sazón en ella el Presidente, y quedando yo en su
lugar, comuniqué con el Audiencia para que le inviásemos socorro, y
el que fuese reduxese a los chichas, y estuviese allí hasta saber si era
muerto el Gobernador Francisco de Aguirre.
También llegaron hasta quince leguas de Potosí, y saquearon un
pueblo de indios, y los indios de Porco no osaban ir por carbón, por
miedo de los indios alzados.
218 G o b ie r n o d e l P e r ú

Viendo esto, determiné de inviar al Capitán Martín de Almendras,


con cincuenta hombres, a costa de los vecinos y encomenderos de esta
ciudad, el cual lo apaciguó todo, y reduxo a los chichas, que si aquellos
faltaran, hicieran gran falta en las minas de Potosí y Porco, porque son
los que mexor labran y en más tenidos.
En Potosí mandamos que se obrase y edificase en la casa real un
cuarto fuerte adonde se pudiesen recoxer cincuenta hombres de noche,
y tener dentro sus armas y caballos, para que si algo sucediese, todos
acudiesen allí a la Justicia y oficiales del Rey (1).
Vino en aquella sazón el Presidente de esta Audiencia de tomar
información contra los Comisarios, y de allí adelante no fué a mi cargo.
Finalmente, si la Audiencia no estuviera aquí, perdiérase sin duda
Potosí, porque los indios alzados vinieran a dar en él, y se huyeran todos
los que no prendieran y cautivaran o mataran, y quedara destruido el
asiento y trato, y por consiguiente, todo el Reino.
Esto es verdad, y lo dirán cuantos hay en la tierra. Otros exemplos
podría traer, que son notorios, y porque mi intención no es contar histo­
rias, los dexo de escrebir.
La quinta razón es porque no estando aquí la Audiencia, entrando
en esta provincia un tirano, era imposible echalle de ella, aunque Su
Magestad gastase en un exército más que vale el Perú, por tener tantas
acoxidas adonde se pudiese retirar, si ésta le tomasen, a Tucumán y
a los llanos de Manso y Chaves, y de allí hacer saltos cuando más descui­
dados estuviesen. Para defensa de lo cual era necesario tener Su Magestad
trescientos hombres de guarnición en esta Audiencia, con muy gran
sueldo, lo cual escusa con esta Audiencia, que debaxo de su amparo
están en esta provincia — como he dicho — mil hombres sin ninguna
paga, para acudir a la voz del Rey.
Si Gonzalo Pizarro no venciera en Huarina a Centeno, y Francisco
Hernández no venciera en Chuquinga al Mariscal Alvarado, se vinieran
a recoger a esta provincia, y estuvieran y duraran en su tiranía hasta
hoy, pero viendo que tan poca gente había vencido a tantos, determina­
ron esperar al de La Gasea y a la Audiencia, pensando que les acaecería
lo mesmo, y quedarían señores sin contradicción de toda la tierra.
La sexta razón que podríamos añadir, es que los Oidores aconsexamos
a Su Magestad, siendo tierra tan costosa y desabrida como es, que gasta­
mos en ella más que valen los salarios, y hay tántos relámpagos y truenos,
y caen tantos rayos, que es cosa espantosa, demás de que siempre estamos
en guerra y entre enemigos; y pasándonos a otra parte — como nos
pasarían quitando esta Audiencia —. todavía aconsexamos a Su Magestad
no la quite, sin nos oir, y siendo desinteresados, para que se dé crédito

(1) Cf. le rapport sur ces événements, signé le 30 octobre 1564 par les Auditeurs
Matienzo, Lôpez de H aro et Recalde, dans L a Audiencia de Charcas, I, p. 132-139.
P a r t e s e g u n d a — c a p . iv 219

a nuestros dichos, pues estoviéramos quietos y más a nuestro gusto en


Lima, en Arequipa, o en cualquiera otra parte del Reino.
A los inconvinientes que se pueden decir, que no estando el Gober­
nador juntamente con los Oidores, se encuentran con las provisiones, y
hay bandos, y no se puede bien gobernar, claramente se responde que
este inconviniente cesa proveyéndose lo que dixe en los Capítulos Pri­
mero y II de esta Parte Segunda, pues dando aviso al Audiencia, se puede
ir y venir con la respuesta en un mes, y aun comenzarse entre tanto a
prevenir y hacer los reparos necesarios, pues habiendo peligro en la
tardanza, conviene que ansí se haga. Decir que se deshace un pueblo
tan bueno como Lima no es inconuiniente, pues lo que en aquél se deshi­
ciese, se hace en éste, y todo es de Su Magestad.

L eyes y ord en an zas para el

A u d ie n c ia de los C h a r c a s (1 )

[Título Primero]

De la Audiencia y del Presidente y Oidores

i Que en la ciudad de La Plata se compre o haga una casa, que sea fuerte,
al modo de esta tierra, a costa de cualesquier penas de Cámara, o de
estrados, para el Audiencia, y dentro de ella se aposenten el Presidente,
los Oidores, el Fiscal, y el sello, y si hubiere lugar, el Alguacil m ayor;
y entre tanto que no haya penas, se preste para ello de la Caxa y Hacienda
real diez e seis mil pesos, y en la mesma casa haya cárcel, en que more
de ordinario el alcaide, la cual sea muy fuerte.
ii Item, que el Presidente y Oidores conozcan de todas las causas
ceviles y creminales que a la Audiencia vinieren en grado de apelación,
de cualesquiera Justicias del destrito ; o por caso de Corte, en primera
instancia, y en cualquier causa creminal que acaeciere en la ciudad de
La Plata, o en todos sus términos e jurisdicción, que en la tal causa
puedan conocer en primera instancia.
iii Item, que puedan advocar a sí y retener cualesquier causas cremina­
les que sucedieren en la dicha ciudad y sus términos, o si lo pidiere el
actor o el Fiscal, o siendo de oficio si a ellos les pareciere, porque de no
se hacer ansí, se desimulan munchos delitos.
iv Item, porque en las causas creminales que se hacen y ventilan
en la Audiencia hay gran descuido, por no las tener uno a su cargo, sino

(1) On retrouve là l’expérience acquise lors de l’ application par l’Audience de Charcas,


des dispositions et des réglements édictés le 4 octobre 1563 par le Conseil des Indes. Dans
La Audiencia de Charcas, I, p. 609-670.
220 G o b ie r n o d e l P e r ú

todos, porque se descuidan unos por otros, que el que fuere Alcalde de
Corte haga todos los autos él solo, hasta que se concluya en difinitiva,
y concluso se lleve a la Sala para se ver, y se vote por todos, y tenga
voto el Oidor ante quien pasó, mas no pueda él solo soltar ni dar tor­
mento, sino toda el Audiencia, o la mayor parte, como abaxo se dirá.
v Item, que las tales causas creminales pasen ante el escribano de
Cámara, y no ante el escribano de Provincia, y la que se comenzare
ante un Oidor, se concluya ante él, aunque se acabe su turno de Alcalde
de Corte.
vi Item, que cada Oidor sea Alcalde de Corte medio año, y en aquel
tiempo conozca de todas las causas de gobierno de la ciudad, y de justicia
que en ella y en todos sus términos acaecieren, de que un Corregidor o
Alcalde ordinario puede conocer, excepto de las creminales, que en ellas
ha de guardar la orden dicha en la ley iv y v antes de esta, y no se digan
creminales las que fueren sobre quebrantamiento de ordenanzas, que
de éstas pueda conocer y condenar en las penas pecuniarias contenidas
en las ordenanzas.
vil Item, que en la dicha Audiencia de los Charcas haya un Presidente
y dos Oidores y un Fiscal, el cual tenga voto como Oidor en todos los
negocios, excepto en los que fuere parte, y en todos los de indios, aunque
lo sea, mas no use el oficio de Alcalde de Corte, por la ocupación que
terná, por manera que en efeto sean tres los Oidores, y el más nuevo
use siempre el oficio de Fiscal, el cual entre en acuerdo, y se siente en
los estrados con los mesmos Oidores, y goce de todas las demás preemi­
nencias de Oidores.
v iii Item, que en el sentenciar y votar los pleitos ceviles y creminales
haga sentencia lo que la mayor parte votare, aunque la mayor parte
no sean más que dos, y estando iguales en votos, elixan un letrado o
abogado que residiere en la dicha Audiencia, o dos, o tres, los que les
pareciere, y no se concordando en el nombramiento, lo sea el que nom­
brare el Presidente y otro de los Oidores; y si fuere negocio de muncha
cualidad e importancia, o no habiendo letrados en el pueblo, lo puedan
remitir a otra Audiencia, la cual sea obligada a aceptar y inviar los votos
para que se sentencie en la Audiencia oreginal de donde era el dicho
negocio ; y no habiendo letrados en la dicha ciudad que lo puedan senten­
ciar — y no de otra manera — se pueda remitir a letrados de fuera de
ella, y si en la Audiencia no hobiere más de dos Oidores, ellos puedan
ver y determinar cualesquier causas, ansí ceviles como creminales, de
cualesquiera calidad que fueren, y siendo conformes, hagan sentencia,
y no lo siendo, se remita a letrados, como está dicho ; y si por caso
quedare un solo Oidor en la Audiencia, aquél pueda conocer solo de todos
los pleitos hasta los concluir, y hacer información, y dar mandamientos
para prender, y concluso el negocio, para la determinación de él, tome
el acompañado que le pareciere, e lo mesmo haga en todos los artículos
prejudiciales que sucedieren, que no se puedan reparar por la difinitiva ;
P a r t e s e g u n d a — c a p . iv 221

y si la causa fuere cevil de ducientos pesos y dende abaxo, él solo la pueda


determinar en vista e revista, e lo mesmo pueda hacer en las causas
creminales, siendo sobre palabras lixeras.
ix Item, que las sentencias de vista y revista sean executadas, sin
que haya más grado de apelación ni suplicación, excepto si la causa fuere
cevil, de valor de seis mil pesos, que en este caso pueda — el que de la
revista se sintiere agraviado — , suplicar segunda vez para ante la per­
sona real, dentro de veinte días, y decir en la Audiencia sus agravios, y
la otra parte responder a ellos, y concluso el pleito, presentarse con
él, dentro de un año y medio, ante la persona real, con el proceso oreginal,
quedando acá un treslado signado ; pero acá se ha de esecutar la senten­
cia, sin embargo de la segunda suplicación, dando la parte en cuyo
favor se dió, fianzas de que si fuere revocada en el Consexo Real de
Indias la dicha sentencia de revista, restituirá todo lo que por ella le
fuere adjudicado y entregado, conforme a la sentencis que se diere por
las personas a quien Su Magestad lo cometiere ; y en el proceso ha de
ir citada la parte en cuyo favor se dió la sentencia ; pero en causas cremi­
nales no ha lugar esta segunda suplicación, ni tampoco en causas sobre
posesión, aunque las sentencias de vista y revista no sean conformes.
Tampoco me parece que debe haber lugar a suplicación para la persona
real, si en el negocio hobiere tres sentencias difinitivas : una de cualquier
juez, y otras dos en Chancillería, siendo las dos de ellas conformes.
x Item, que no haya lugar a suplicación de la sentencia revocatoria o
confirmatoria del Alcalde de Corte, del Alcalde ordinario, o de otro cual­
quiera juez que residiere en la ciudad de La Plata, o en sus términos,
aunque sea fuera de las cinco leguas, siendo la causa de valor de ducientos
pesos, y dende abaxo.
xi Item, que en cualquier negocio, ahora sea de justicia, ahora de
gracia o de gobierno, se haga sentencia o auto por lo que votare la mayor
parte, y todos firmen la tal sentencia o auto o provisión o mandamiento,
aunque hayan sido votos contrarios; y si en algún caso s& dudare si
son obligados a firmar todos, que se vote sobre ello, y lo que se acordare
por la mayor parte, se haga ; siendo iguales los votos, se guarde el voto
de los que votaron que fuesen obligados a firmar todos, lo cual hagan y
cumplan ansí el Presidente y Oidores, so pena de mil pesos para la
Cámara inrremisibles, y de dos años de suspensión de oficio, y por la
segunda vez, privación perpetua.
x ii Item, por escusar de costas y gastos a los litigantes, que se den
provisiones reales, selladas con el sello real, para fuera de esta ciudad y
sus términos y jurisdicción ; pero para en la ciudad y sus términos, se
den mandamientos sin sello ni registro, diciendo : Nos los Oidores, y lo
mesmo se haga en Potosí, en los casos que el Presidente e Oidores vieren
que es justo no hacer tantas costas.
x iii Item, que el Presidente tenga un libro de acuerdo de Justicia, y
otro de gobierno, en que se asienten los votos de todo lo que se tratare
222 G o b ie r n o d e l P e r ú

y platicare en acuerdo y en todos los pleitos de ducientos pesos arriba,


y jure de guardar y tener secreto.
xiv Item, que el Presidente e Oidores procuren tener concordia, de
manera que el pueblo no entienda que entre ellos hay disinsiones, y en
todo guarden secreto ; ni digan mal unos de otros públicamente, ni
descubran a los litigantes su voto, ni el de otro alguno de ellos, direte ni
indirete, diciendo : habla fulano, nombrándole, sino generalmente que
hable a todos ; y para esto se les encargue las conciencias, apercibiéndoles
que les será tomada estrecha cuenta de ello, porque no se haciendo ansí,
no puede haber libertad en el votar.
xv Item, que los pleitos que vinieren a la Audiencia en grado de apela­
ción de cincuenta leguas, vengan conclusos, dándose las peticiones por
« Muy Poderoso Señor », y hablando con el Rey ante el juez de quien
se apela, el cual los reciba a prueba ofreciéndose alguno a ella, y concluya
en forma el pleito, y concluso cite a las partes para que dentro del término
que le pareciere competente, vayan o invíen en seguimiento del dicho
pleito a la Real Audiencia, y con esto se invíe a ella el proceso para que
el Presidente e Oidores lo determinen en vista, como hallaren por dere­
cho, y para el traer, se entregue a la parte que apeló, sacado en limpio
y signado.
xvi Item, que el Presidente ni Oidores no alcen destierro, ni den
cartas de espera por deudas, si no fuere espera de seis meses, y ésta por
causa ligítima, y con fianzas, y no de otra manera.
x v ii Item, que no puedan inviar ni tomar residencia nenguna a Gober­
nador, ni Corregidor; y las secretas vayan a la Rota del Cuzco, para
que sobre las demandas públicas puedan conocer y determinar lo que
hallaren por derecho.
x v iii Item, que puedan inviar juez pesquisidor contra los jueces que
no obedecieren las provisiones reales emanadas de la mesma Audiencia ;
pero no puedan inviar pesquisidores en otro nengún caso, si no fuere
sobre alboroto o junta de gente, que el inviarlo a consultar con Su
Magestad, o comunicar con el Gobernador y Adelantados que con él
residieren, traxese gran peligro.
x ix Item, que la dicha Audiencia de los Charcas pueda inviar jueces
de comisión ante quien pasen las causas que les pareciere haber justa
causa para ello, los cuales las concluyan para difmitiva, y invíen a lo
sentenciar a la Audiencia, y para ello traigan los procesos originalmente,
y para esto vayan receptores, y no los habiendo, los nombre el Audiencia,
y no los escribanos de ella.
x x Item, que los Oidores no lleven derechos, ni penas algunas que la
ley aplica al juez, ni asesorías, ni otra cosa, antes la tal pena se cobre
para la Cámara.
x x i Item, que la Audiencia guarde su hidalguía al que toviere execu-
toria, o la probare, y no conozca sobre si uno es hidalgo, o no.
x x ii Item, que nenguno se pueda presentar a la cárcel por procurador,
P arte seg u n d a CAP. IV 223

aunque tenga poder especial, salvo si diere información cómo su parte


quedó presa; y jurando que el juez le es sospechoso por justa causa, se
mande traer el proceso y no se pueda dar inhibición perpetua ni temporal,
hasta traído y visto el proceso, pero si se viniere a presentar en persona,
sea luego puesto en la cárcel, y no se pueda ir ni dar en fiado, hasta que
se vea el proceso, y si vieren que debe ser recebido, inhiban y citen a
las partes.
x x iii Item, que la Audiencia, y también las justicias ordinarias adonde
hobiere Casa de Moneda, puedan conocer de cualquier delito de falsedad
de moneda que se cometiere por los monederos, aunque sea cometido
dentro de la Casa de la Moneda, y advocar a sí la causa, aunque los
Alcaides de la Casa de la Moneda hayan prevenido y comenzado a cono­
cer de ella.
x x iv Item, que el Sábado de cada semana vayan todos tres Oidores
— pues el uno es Fiscal — a vesitar las cárceles de la Audiencia y de la
ciudad, a lo cual se hallen presentes los alcaides, alguaciles, y escribanos
de las cárceles ; y en la vesita de la cárcel de la ciudad, los alcaldes
ordinarios y alguacil mayor de la ciudad se asienten en dos bancos, que
estén junto a las sillas de los Oidores.
x x v Item, que los dichos Presidente e Oidores estén cada día tres horas
a la mañana, sentados en los estrados reales, a oír relaciones ; y el Martes
y el Viernes de cada semana, o siendo fiesta otro día siguiente, hagan
audiencia de peticiones cuatro horas, siendo necesario ; y lean las sen­
tencias los Oidores, y no el Presidente, comenzando el más antiguo
si hobiere tres sentencias o más ; y habiendo dos, se den a los más nuevos,
y comience a leer el más antiguo de los dos, y habiendo una, léala el
más nuevo, y los autos los lea el relator descubierta la cabeza, sentado
en las gradas baxas de los estrados.
x xvi Item, que el Oidor que faltare sin licencia, sea multado en la
mitad del salario del día que faltare, y naide oiga los pleitos en su casa,
sino todos juntos en los estrados.
x x v ii Item, que el Presidente u Oidor a quien tocare el negocio que
se hobiere de votar, y lo mesmo si tocare a su muger, hixos, yernos,
cuñados, padres o hermanos, no se halle presente al votar, y se asienten
los votos en un libro aparte ; y lo mesmo si un Oidor fuere recusado ;
y el libro de recusaciones le tenga el Presidente, y el de recusación o
negocios del Presidente, le tenga el Oidor más antiguo, porque más
libremente pueda votar y dar cada uno su parecer, sin que lo sepa la
persona a quien tocare.
x x v iii Item, que en el votar haya toda libertad, diciendo cada uno
su voto, comenzando el más nuevo, y ansí por su orden, dando si quisiere,
o no, las razones de su voto, y naide replique, ni procure de persuadir
mostrándose apasionado a atraer a otros a su voto, diciendo : no hay
ley que tal diga, sino libre y desapasionadamente den sus votos cada
uno ; y si fuere negocio dudoso en Derecho, y el Presidente diere licencia
224 G o b ie r n o d e l P e r ú

para que se examine entre todos la verdad, lo pueda hacer, viendo que
nenguno de ellos tiene pasión, porque teniéndola, no ha de dar licencia
para ello.
x x ix Item, que cuando vieren que algún pleito es arbitrio, o está de
tal manera votado que naide por ventura podría adevinar lo que se votó,
que se den por escrito los votos al letrado o letrados que se remitieren,
sin declarar quién dió cada voto, y por que no se entienda, no los pongan
por orden.
x x x Item, que proponiendo algún Oidor en el acuerdo alguna cosa
que toque al gobierno o justicia, aunque no haya petición, se vote sobre
ello, y se asienten los votos en el libro, excepto si pareciere mexor a la
mayor parte, o estando iguales, al Presidente y otro Oidor, que no se
debe asentar ni tratar de ello, y den de ello noticia al Consexo.
x x x i Item, que el que recusare al Presidente, deposite cuatrocientos
pesos, e si a Oidor, deposite ducientos, en que incurra de pena no pro­
bando las causas de recusación ; la mitad para la Cámara, e la otra mitad
para el Presidente o Oidor recusado ; e si no se admitieren las causas
que propuso de recusación, incurra en pena de cincuenta pesos, y la
mitad si fuere Oidor el recusado, mitad para estrados, y mitad para el
Oidor.
x x x n Item, que si por especial comisión se cometiere a algún Oidor
algún negocio de residencia, o vesita, u otro semexante, no pueda ser
recusado, ni sea obligado a tomar acompañado, si no fuere justa causa
de recusación, la cual pruebe ante la Justicia de la ciudad donde el tal
Oidor estuviere, y no siendo bastantes las causas, las pueda repeler
el mesmo Oidor, y proceder adelante, con tal que dexe la petición en el
proceso, e si no probare la recusación, pague la mesma pena de arriba,
y probándola, se acompañe con la persona que le pareciere; y si fuere
recusado, tome e nombre otro, al cual no pueda recusar, ni tampoco
pueda hacer recusación general de letrados, sino al que especialmente
nombrare el tal Oidor, y si fuere recusado después de la mitad del tér­
mino que lleva de comisión, no sea admitida sino por causa nuevamente
nacida después de la dicha mitad del término ; lo cual parece que conviene
ansí, porque pues Su Magestad se confía del tal Oidor, y no lo quiere fiar
de otro, no es razón que esté en manos del residenciado, o vesitado, o
delincuente, quitarle la jurisdicción, y que sea otro su ju e z ; y todo el
tiempo que durare la recusación, esté el negocio prencipal suspendido,
y no corra el término de la comisión, y pague los salarios el que recusare,
aunque pruebe las causas de recusación.
x x x m Item, que el Oidor que saliere a visitar lleve otro tanto salario
como tiene y lleva por ser Oidor : que si son cuatro mil pesos, lleve otros
cuatro mil, y si tres mil, otros tres mil, lo cual se le pague como dixe arriba,
en la Parte Primera, Capítulo X X I.
x x x iv Item, que el Presidente e Oidores no puedan traer a la Audiencia
en primera instancia pleito alguno, suyo, ni de su muxer e hixos, antes
P a r t e s e g u n d a — c a p . iv 225

se comiencen ante la Justicia ordinaria ansí los que ellos pusieren a


otros, como en los que fueren convenidos, y si se apelare esté en elección
de la parte contraria y no del Oidor o del Presidente que ansí litigaren,
presentarse ante el Gobernador y Adelantados del Cuzco, o ante la
Audiencia.
x x x v Item, si cometieren los Oidores algún delito fuera de su oficio,
pueda el Presidente, juntamente con los Alcaldes ordinarios conocer de
é l ; y de lo que sentenciaren se pueda apelar ante el Gobernador y Adelan­
tados del Cuzco, o para el Real Consexo de Indias, cual más quisiere
el acusador ; y si le cometiere el Presidente, conozcan los de la Rota.
x x x v i Item, que el Presidente y Oidores no aboguen en nenguna causa,
ni sean árbitros sin licencia de Su Magestad, o siendo comprometida toda
la Audiencia.
x x x v n Item, que no sean asesores, sino fuere de cosas tocantes a la
Santa Inquisición.
x x x v iii Item, porque en esta tierra hay pocos letrados de quien se
puedan confiar las cosas tocantes al Santo Oficio de la Inquisición, y no
hay jueces delegados, sino que de ello conocen los Obispos y sus Provi­
sores ; y de negocios semexantes en que se trata de la vida y honra de
los hombres y de su perpetua infamia y de sus descendientes para siempre
xamás, pues ha de haber Audiencia en cada Obispado, que haya siempre
dos Oidores que sean asesores del Ordinario en semexantes casos, e que
si se apelare de lo que hiciere el Ordinario, se pueda quexar por vía de
fuerza el que apelare en la Audiencia, la cual pueda conocer mandando
otorgar, o remitiendo sólo diciendo que no hace fuerza, como se hace
en los demás negocios eclesiásticos, sin embargo de las Cédulas y provi­
siones que hay en contrario, pues por ello no se impide lo tocante al
Santo Oficio, antes se le da favor.
x x x ix Item, que la Audiencia pueda conocer por vía de fuerza en
los negocios eclesiásticos, y en todos los demás casos que se conoce en
las Chancillerías de Valladolid y Granada, guardando el estilo y orden
que allá se tiene, sin exceder de ella.
xl Item, porque con más limpieza y autoridad y libertad usen su oficio,
que ellos, ni sus mugeres, ni hixos, ni otra persona por ellos, direte ni
indirete, no reciban dádivas ni presentes ni cosas de comer ni de valor,
de persona alguna de quien se pueda tener sospecha, atento lo que le
dieren y la cualidad de la persona que se lo dá por cohechallo, lo cual
se entenderá ansí en todos casos, excepto en cosas mínimas y de poca
inportancia.
x li Item, que no hagan partido con abogado ni procurador ni otro ofi­
cial alguno, so pena de perpetua infamia, y privación de oficio, y procuren
no tener muncho trato con los litigantes, ni con sus abogados, ni procu­
radores, ni otros oficiales.
x l ii Item, que el Presidente e Oidores y sus mugeres se abstengan de
visitar los vecinos y habitantes de la ciudad do residieren, y de ser sus
226 G o b ie r n o d e l P e r ú

compadres, ni padrinos ; excepto habiendo alguna necesidad, que enton­


ces los puedan vesitar, porque de lo contrario se siguen grandes incon-
vinientes, y los probes no osan pedir su justicia a los que ven favorecidos,
y si la piden, no piensan alcanzada, y aun munchas veces acaece que
no la alcanzan.
x l iii Item, que el Presidente e Oidores no entiendan en descubrimien­
tos, sin expreso mandado de Su Magestad ; ni tengan tratos ni grange-
rías, por sí ni en compañía, ni por interpósitas personas, en el destrito
de su Audiencia, so pena de privación de oficio, pero permíteseles que
cada uno tenga una chácara para coxer pan y tener en ella el ganado
que hobiere menester para su comida, y no para vendello, lo cual hagan
sin perjuicio de naide, so pena de privación de oficio ; y que en esto
tenga gran cuenta el Presidente que no se exceda, porque con esto se
evitarán otras cosas de mayor daño.
x l iv Item, que no se provean oficios de justicia en hixos, ni hermanos,
ni cuñados del Presidente o de los Oidores, ni suegros ni yernos suyos,
y si alguno fuere proveído, no use el oficio en el destrito de la tal Audien­
cia, so pena de mil pesos.
x lv Item, que el Presidente e Oidores digan sus dichos en caso que
fueren presentados por testigos, si no se hiciere maliciosamente para
los excluir de jueces ; y si presentados dixeren que no saben nada de
lo que se les pregunta, o lo que se les pregunta no sea de sustancia del
negocio prencipal, puedan, sin embargo de que hayan sido testigos y
depuesto en la causa, ser jueces en ella.
xlv i Item, que el Oidor más antiguo, faltando el Presidente de suerte
que no pueda gobernar, gobierne e haga todas las demás cosas que puede
hacer el Presidente, y que especialmente se le hobieren cometido al Pre­
sidente.
x l v ii Item, que nengún Oidor pueda ir a España, ni salir fuera de su
destrito, sin licencia expresa de Su Magestad, y que otra persona alguna
no se la pueda dar ; so pena que si se fuere pierda el oficio, y más la pena
que Su Magestad le quisiere dar conforme a la falta que hubiere hecho
por su ausencia, pero tomada vesita, el Presidente le pueda dar licencia
para ir en seguimiento de ella.
x l v iii Item, que la Audiencia no consienta que a los mercaderes se
les pongan sobre sus mercadurías más derechos de los que el Rey manda ;
y que la mesma Audiencia, no habiendo propios, pueda dar licencia para
repartir para pleitos que en ella se trataren, y también para obras públi­
cas, no teniendo propios de qué se puedan hacer, o teniéndolos empeñados.
x l ix Item, cada e cuando que por la Audiencia fueren llamados los
vecinos y moradores de su destrito, acudan a ella de paz o de guerra,
y hagan todo lo que se les mandare, so pena de caer en mal caso, y en
las otras penas en que caen los vasallos que no acuden a su Rey y señor,
y encárguese al Presidente e Oidores que no hagan semexante llama­
miento sino habiendo gran necesidad, y luego lo invíen a hacer saber al
P a r t e s e g u n d a — ■ c a p . iv 227

Gobernador y Adelantados del Cuzco, para que provean lo que convenga.


l Item, que el Presidente, con dos deputados del Cabildo e Regimiento
de la ciudad donde la Audiencia residiere, platicado e votado primero
por el Cabildo, pueda repartir e reparta las tierras e solares, e las aguas
e tierras para los ingenios, sin perjuicio de indios, y como le pareciere que
más convenga.
li Item, que la Audiencia pueda mandar guardar las ordenanzas que
los Cabildos e Regimientos hicieren, y las que la Audiencia hiciere para
la ciudad de su destrito, entretanto que se confirman por los señores del
Consexo Real.
l ii Item, que cada Oidor por su turno, comenzando del más nuevo,
revea las cuentas de la ciudad que se tomaren al Cabildo, e las tome él
de nuevo.
liii Item, que la Real Audiencia pueda proveer los oficios que vacaren
en su destrito, y entretanto que Su Magestad provee, por que no queden
sin servir los oficios, ahora vaquen por muerte, por renunciación, o en
otra cualquier manera, lo cual se entienda en los regimientos y escriba­
nías, pero no en los oficios de la Real Hacienda, que éstos entretanto
los ha de proveer la Rota del Cuzco.
l iv Item, que habiendo duda sobre la erección de la iglesia catredal,
y sobre las colaciones que el Obispo ha de hacer a los presentados por
Su Magestad, que el Presidente e Oidores lo declaren, y aquello que
declararen, se guarde.
lv Item, que un Oidor se halle cada año al tomar de las cuentas de
los diezmos, para que vea si se guarda la erección y la haga guardar.
lvi Item, que los pleitos de la Real Hacienda se vean primero que otros,
el Miércoles de cada semana, y los fiscales de pobres, el Sábado.
l v ii Item, que de la Hacienda real, ni de penas de Cámara, no se paguen
salarios a los jueces pesquisidores ni de comisión que la Audiencia inviare,
ni para otra cosa alguna se gaste sin licencia de Su Magestad, fuera de la
orden que se dió en el Capítulo II de esta Parte Segunda, so pena que
si de otra manera se gastare, se cobrará de sus mesmas haciendas de
los que lo gastaren y de los que lo mandaren, ni tampoco presten de la
Hacienda real, sino por la orden dada en el Capítulo II.
l v iii Item, que el Presidente e Oidores no apliquen las penas a estrados,
ni a otra cosa las que por leyes y ordenanzas se debieren aplicar a la
Cámara, so pena que lo pagarán de sus haciendas; pero donde no hobiere
ley o ordenanza, que las puedan aplicar a estrados, o a obras públicas,
o a obras pías, con que se aplique la tercia parte a la Cámara, e lo mesmo
hagan los que salieren a vesitar.
l ix Item, que haya un Depositario general de la Audiencia, el cual
cobre todas las penas de Cámara y estrados, y todas las demás, las cuales
se asienten en un libro que ha de tener el Presidente, y firmada cada
condenación de él y del Escribano de Cámara, y el Depositario dé cuenta
cada año al Oidor que el Presidente lo cometiere; y de las penas de
228 G o b ie r n o d e l P e r ú

Cámara se paguen cuatrocientos pesos corrientes cada año al capellán


de la cárcel, y al capellán o capellanes de la Audiencia, se paguen de
penas de estrados seiscientos pesos cada año de la dicha plata ensayada
e marcada, que valen cuatrocientos e cincuenta maravedís cada peso ;
e lo que cobrare de las penas de Cámara lo invíe a la Caxa Real de Potosí,
o a la de esta ciudad de La Plata.
lx Item, que el Presidente ni Oidores no conozcan de pleitos tocantes
a encomiendas de indios, ni a situaciones sobre indios, ni se entremetan
en cosas de guerra, ni de entradas, ni en gobernaciones, ni en vesita ni
tasa de indios, no les siendo cometidas, ni en pleitos que a la Real
Hacienda pusieren cuaíesquier personas; ni provean Corregidores ni
jueces de residencia, sino la Rota del Cuzco, en los casos que se dixo en
el Capítulo II de esta Parte Segunda.
lx i Item, que la Audiencia tenga muncho cuidado e se informe de
los excesos y malos tratamientos que se hicieren o hubieren hecho a
los indios por cuaíesquier personas, procurando que sean muy bien
tratados e dotrinados en nuestra santa fe católica, y como vasallos
libres de Su Magestad, y esto han de tener por prencipal cuidado.
l x ii Item, que no consientan que entre indios haya pleitos ordinarios,
ni largas ni dilaciones, sino que sumariamente sean determinados, guar­
dando las leyes reales y sus usos y costumbres, no siendo notoriamente
injustos, y tengan cuidado que lo mesmo se guarde por los jueces infe­
riores.
Lxm Item, que ningún juez pueda privar de cacicazgo a nengún
indio, si no fuere el Audiencia.
l x iv Item, que cuando alguno quisiere pedir a otro indios, diciendo
que le están encomendados, ponga la demanda en la Audiencia, y respon­
dido a ella, se dé término de tres meses, y se pueda prorrogar otros tres,
que sean por todos seis meses, y no más, y dé cada uno información
de cada doce testigos, y con ellos se invíe el proceso cerrado y sellado,
sin otra publicación ni conclusión, al Real Consexo de Indias, y sean
allá citadas las partes, y en el Consexo se determine y sentencie. Pero,
si se hace la perpetuidad, paréceme que se debían de determinar estos
pleitos en cada Audiencia, y suplicarse de lo que mandase el Audiencia
para la persona real, con que se executase la sentencia de revista, dando
fianzas como arriba se dixo ; mas, si fuere el pleito sobre sucesión de
indios, que conozca el Audiencia de ello.
lx v Item, que si alguno fuere despoxado de algún repartimiento de
indios de hecho, por persona privada, o por juez cualquiera, pues ninguno
tiene jurisdicción para lo hacer, antes es habido por persona privada,
que pueda ser restituido por el Audiencia, en el punto y estado que
estaba antes que se le quitase la posesión, reservando a las partes su
derecho a salvo, ansí en posesión como en propiedad, porque no se dé
ocasión que cualquier juez prive a otro de su posesión, y no tenga remedio
sino yendo a España.
P a r t e s e g u n d a — c a p . iv 229

lx v i Item, que no s e invíen jueces ni receptores a los pueblos de indios,


ni a su costa, sino en los casos que vieren que hay grand necesidad, y
son de importancia, por escusar las molestias y vexaciones que les hacen.

[Título II]

Del Presidente

l x v ii Item, que el Presidente de la Audiencia tenga cuidado de hacer


que se hagan las puentes y fuentes necesarias, y que se abran los caminos,
y reparta entre todos los que le pareciere que han de gozar de ellas,
según el beneficio que recibieren ; y los indios, lo que les cupiere, lo
paguen de la comunidad, y no teniendo por agora bienes de comunidad,
trabaxen en ello los cuatro días que son obligados a trabaxar para la
comunidad.
l x v iii Item, que el Presidente tenga cuidado que en el destrito de la
Audiencia se hagan monesterios, los que le pareciere ser necesarios, con
licencia del diocesano, teniendo intento a que las casas sean humildes,
y no haya superfluidades en ellas, lo cual se haga a costa de la Hacienda
real, y ayuden también los indios en los pueblos de Su Magestad ; y en
los que están encomendados en particulares, se hagan a costa de Su
Magestad y de los encomenderos, ayudando a ello los indios, y que en
un pueblo y comarca de él no se haya de nuevo monesterio más de una
Orden, y que haya de uno a otro seis leguas de distancia.
l x ix Item, que el dicho Presidente tenga por muy especial e más
prencipal cuidado la conversión y cristiandad de los indios, e que sean
bien dotrinados y enseñados en las cosas de nuestra santa fe católica,
y ley evangélica, e que para esto se informe si hay ministros suficientes
que les enseñen la doctrina y los bauticen y administren los sacramentos,
en teniendo habilidad e suficiencia para los recebir; y si en ello hobiere
falta, que lo comunique con los Perlados de las iglesias del destrito de
la Audiencia, cada uno en su diócesis, y que invíe relación de ello a Su
Magestad, y de lo que a él y a los Oidores pareciere que se debe proveer,
para que visto el parecer de todos, se provea lo que más convenga;
y entre tanto, haga él y los Oidores, juntamente con los Perlados, lo
que mexor les pareciere que conviene, lo cual haga el Presidente con
toda delixencia e cuidado, pues de él se confía Su Magestad y descarga
su real conciencia, encargando la de su Presidente.
l x x Item, que el Presidente y Obispo hagan que en cada pueblo de
españoles haya una persona deputada que enseñe la dotrina a los indios
y negros que sirven en casas, cada día una hora, y a los que salen a servir
al campo, los Domingos e fiestas, y compelan a sus amos a que los dexen
ir a aprenderla, y para ello las Audiencias, siendo necesario, den sus
provisiones.
20
230 G o b ie r n o d e l P e r ú

l x x i Item, porque Su Magestad descarga su real conciencia con los


Perlados, que el Presidente les encargue que hagan lo que deben como
buenos perlados y pastores, porque por su culpa e neglixencia el demonio
no tenga en los indios la parte que en tiempo de su infidilidad ha tenido.
l x x ii Item, que procure que no haya disinsión entre los Perlados,
para que mexor se sirva a Dios Nuestro Señor, lo cual se entienda en
el provecho espiritual de los indios, pues éste es el fin más prencipal
que se debe tener.
l x x iii Item, que avise a los Perlados de los clérigos bolliciosos e de
mala vida, para que el Obispo los invíe a castigar.
l x x iv Item, que todas las veces que vacaren indios, avise al Gobernador
y Adelantados, para que los hagan volver al dominio de los caciques
naturales de ellos cúyos eran, porque no es la intinción de Su Magestad
que a los caciques se les haga agravio en desmembrarles sus indios, y
provean lo que está ordenando y mandado.
lx x v Item, que el Presidente tenga un libro para asentar en él todos
los repartimientos que hobiere, y quién los posee, y en cuánto están
tasados, y si están en la primera o segunda sucesión, para que se eviten
los fraudes que podría haber, y haya en ello toda claridad ; y se invíe
un treslado al Gobernador y Adelantados del Cuzco.
lx x v i Item, que el Presidente haga poner en un archivo todas las Cédu­
las e Provisiones oreginales, y tenga un treslado de ellas en un libro
aparte, y que las haga complir todas como si a él fuesen dirigidas, y dé
aviso de ello a Su Magestad.
l x x v ii Item, que de todo lo que el Presidente mandare e proveyere
por sus mandamientos, y en otra cualquier manera, quede registro de
ello firmado del Escribano de Cámara, lo cual se asiente en un libro
que para ello mande hacer, que es razón que haya registro de sus manda­
mientos, como le hay de las provisiones reales y mandamientos dados
por el Audiencia.
l x x v iii Item, que el Presidente tenga cuidado de hacer guardar e
complir los Capítulos de los Corregidores, especialmente de los que hablan
e disponen cerca de los pecados públicos, y entienda en el castigo de
ellos con toda delixencia e cuidado, como son blasfemos, hichiceros,
alcahuetes, amancebados públicos, y usureros, y juegos y tablajes públi­
cos, y otros semexantes, y en ello ponga la delixencia e cuidado que
de él se confía, lo cual haga hacer a la Justicia ordinaria o a la Audiencia,
o lo pueda hacer él solo, si quisiere.
l x x ix Item, que procure que se guarden las ordenanzas que se hicieren
para entre indios, en los pueblos que se han de hacer y poblar.
Lxxx Item, que dé orden cómo los holgazanes y vagabundos asienten
con personas a quien sirvan, o deprendan oficios en que se ocupen y
puedan ganar de comer, y no lo queriendo hacer, eche a algunos de la
tierra, para que los que quedaren, de temor, lo hagan y vivan de su
trabaxo, lo cual se remite a su prudencia.
P a r t e s e g u n d a — - c a p . iv 231

l x x x i Item, que a los que supieren oficios mecánicos, los compelan


a que usen de ellos, o se empleen en otras cosas en que ganen de comer,
y no los consienta andar vagabundos, y si amonestados no lo hicieren,
los eche de la tierra.
l x x x ii Item, que procure de inviar todos los casados a España con
sus mugeres, conforme a las provisiones que están dadas, sin que haya
prorrogación de tiempo, ni dispensación alguna, pasado el tiempo que
el Audiencia les hobiere dado para traer a sus mugeres ; y no las habiendo
traído, paguen la pena, y se gaste en los inviar a embarcar, constando
haber inviado dineros para que viniesen, y si no bastare, sea a costa de
su hacienda.
l x x x iii Item, que el Presidente escriba a los gobernadores y Corre­
gidores de su destrito que no consientan vagamundos en sus pueblos,
ni escándalos, y que executen las Cédulas sobre esto dadas, encargán­
doles lo que el Rey encarga. Todo lo cual manda Su Magestad al Presi­
dente que lo execute poco a poco, y no todo junto, y con cordura, echando
un día aparte los casados, y dende algunos días los que están sin licencia
y no han servido en esta tierra, y ansí a los demás, en lo cual se ha de
tener todo secreto, para que no suceda escándalo, lo cual todo guíe
con su prudencia.
l x x x v Item, que no se pague salario nenguno en oro, sino en plata,
a razón de a cuatrocientos cincuenta maravedises cada peso.
l x x x v i Item, que haga que se quinte todo el oro y plata y joyas que
hobiere en el Perú, y lo mesmo las piedras que hobiere.
l x x x v ii Item, que el Presidente no trate ni contrate por sí, ni por inter-
pósita persona, so pena de perdimiento de todos sus bienes y privación
de oficio ; y so la mesma pena no tenga grangerías ni otros aprovecha­
mientos de la tierra, sino que solamente goce de su salario; ni tome
dineros prestados a naide, so pena de dos mil pesos; ni tenga más de
lo que se le permite al Oidor.
l x x x v iii Item, que el Presidente no dé a criados, ni parientes, los apro­
vechamientos que hobiere de dar en la tierra ; y que viva honestamente,
de manera que con su vida dé exemplo a los demás; ni tome dádivas rii
presentes, en poca ni en muncha cantidad, so las penas en las leyes con­
tenidas.
l x x x ix Item, que no consienta ser abogados en la Audiencia a hijo,
yerno, hermano, ni cuñado, ni suegro, ni padre, ni primo hermano de
el Presidente ni Oidores, so pena de mil pesos.
232 G o b ie r n o d e l P e r ú

[Título III]

Del Fiscal

x c Item, que el Oidor más nuevo de los tres que ha de haber en la


Audiencia sea Fiscal, y no tenga voto en los pleitos que ayudare, excepto
en los de los indios.
x ci Item, que el Fiscal no abogue, sin licencia de Su Magestad.
x c ii Item, que el Fiscal tenga gran cuidado de ver si se cumplen las
ordenanzas y provisiones reales, especialmente las que tocan al buen
tratamiento y conversión de los indios, y avise a Su Magestad de ello,
x cm Item, para dar cuenta a Su Magestad, le den la petición que
hubiere dado, signada y con lo proveído, rubricada,
x civ Item, que el Fiscal favorezca y ayude a los indios probes en los
pleitos que trataren, para que no reciban agravio.
x cv Item, que el Fiscal tome la voz y el pleito por lo que tocare a
execución de justicia, cuando se apelare de los Corregidores u otros jueces,
xcvi Item, que el Fiscal salga a la defensa de la jurisdicción real y
al castigo de los delitos públicos, y sobre ello haga las delixencias necesa­
rias.
x cv n Item, que no acuse sin preceder del actor que se obligue a las
costas, conforme a derecho, salvo en hecho notorio, o cuando fuere
hecha pesquisa.
x c v iii Item, que el Fiscal se asiente en los estrados con los Oidores,
pues es Oidor, y entre en acuerdo con ellos.
x cix Item, porque no se pueden hacer probanzas, ni presentar testigos,
si no hay un solicitador que ayude al Fiscal, ni hacerse lo demás que a
la execución de la real justicia conviene, que nombre el Presidente una
persona que sea solicitador del Fiscal, y se le dé de salario quinientos
pesos.

[Título IV]

Del Alguacil mayor y sus tenientes

c Item, que al Alguacil mayor se guarden las preeminencias que se


guardan al de Valladolid y al de Granada, y se siente en el lugar de los
abogados, el primero, a la mano derecha ; y en la iglesia y visita de
cárcel, y en otras partes, en una silla, junto a los Oidores, fuera del
estrado e sin coxín.
ci Item, que no arrienden su oficio él y sus tenientes, y guarden las
leyes que cerca de esto hablan.
P a r t e s e g u n d a — c a p . iv 233

cu Item, que pueda poner los tenientes que quisiere, y no usen del
oficio hasta que sean aprobados y recebidos por el Audiencia, y los
pueda remover cada e cuando que quisiere.
c iii Item, que cuando saliere fuera algún juez o visitador que hobiere
de llevar alguacil, lleve al teniente nombrado por el Alguacil mayor, y
aprobado por el Audiencia, si por alguna causa no pareciere otra cosa
a la Audiencia.
civ Item, que el Alguacil mayor ni sus tenientes no sean neglixentes
en prender al que les fuere mandado, so pena de cuarenta pesos, y más
el daño que de ello se siguiere ; ni prendan ni suelten a nenguno, excepto
si le hallaren en infraganti delito.
cv Item, que no desimulen juegos de dados ni pecados públicos, so
las penas que pareciere al Presidente e Oidores.
cvi Item, que los Alguaciles juren de guardar las ordenanzas en lo
que a ellos tocaren ; y que no han dado cosa nenguna ni darán por el
oficio más de la mitad de los derechos, o lo que cerca de ello se concertaren,
cvn Item, que el Alguacil mayor nombre alcaide que guarde los presos,
y la Audiencia confirme al nombrado, siendo hábil e dando fianzas.
c v iii Item, que no lleven derechos de execución hasta que esté pagada
la parte, so pena de perjuros, y de lo volver con el cuatro tanto,
cix Item, que el Alguacil mayor y sus finientes asistan a las audiencias,
so pena de dos pesos por el día que faltaren, para los probes de la cárcel,
ex Item, que el Alguacil mayor asista a las visitas de cárcel, so pena
de dos pesos por cada vez que faltare.
cxi Item, que el Alguacil mayor y sus finientes ronden cada noche,
so pena de cuatro pesos por cada noche que no rondaren, y más los
daños.
c x ii Item, que no tomen armas a los que llevaren luz consigo, o madru­
garen de mañana a trabaxar en sus oficios.
g x iii Item, que no lleven derechos de la execución que se hiciere en
los bienes que se aplicaren a la Cámara.
cx iv Item, que no tomen los dineros de los que hallaren jugando,
sino depositen la pena hasta que se sentencie, y la pena conviene que
sea treinta pesos corrientes.
exv Item, que anden de noche y de día por los lugares públicos, para
que no haya ruidos ni quistiones, so pena de suspensión del oficio,
cxvi Item, que no lleven derechos de execución más de una vez por
una deuda, aunque se haga espera, so pena de lo pagar con el cuatro
tanto.
c x v ii Item, que no prendan nenguna muxer por manceba de clérigo,
ni casado, sin que para ello preceda información.
234 G o b ie r n o d e l P e r ú

[Título V]

De los Escribanos de la Audiencia

cxvm Item, que los escribanos de Chancillería no puedan poner tinien-


tes de escribano de Gobernación, ni de justicia, en las ciudades, villas
y lugares del destrito, ni se use con ellos, no obstante que tengan cédulas
o provisiones para lo poder hacer.
cx ix Item, que las escribanías de la Audiencia se provean por Su
Magestad, y no por otra persona alguna, y en lo de las receptorías se
guarde lo que está ordenado en las Audiencias de Valladolid y Granada,
cx x Item, que los escribanos de la Audiencia pongan los derechos en
las espaldas de las provisiones suyas y del registro y sello, so pena de
dos pesos para los estrados.
cx x i Item, que pongan, concluso el pleito, y al pié de la conclusión,
los derechos del relator, y el relator muestre la tasa a las partes, y asiente
allí junto los derechos que recebió, y lo firmen él y la parte ; y lo mesmo
haga el escribano, so pena de volver los derechos con el cuatro tanto,
cx x n Item, que el escribano de Chancillería tome por su persona los
testigos, ansí en lo cevil como en lo creminal; y estando impedido, se
cometa a un receptor, e no lo habiendo, a otro escribano, los cuales den
conocimiento a las partes de los derechos que llevaren, y el escribano de
la Audiencia no lleve derechos de las probanzas que no hobieren pasado
ante él.
cx x m Item, que un Oidor, a quien fuere cometido, vesite cada año
los registros de los escribanos de la Audiencia y de la ciudad donde resi­
diere la Audiencia, y los de fuera los vesite el Oidor que saliere a vesitar.
cx x iv Item, que no se encomienden indios a escribano de Chancillería,
ni los pueda tener aunque se les hayan encomendado,
cx x v Item, que tengan los registros cosidos y los signen cada año,
so pena de treinta pesos para la Cámara.
cxxvi Item, que guarden los poderes y escrituras oreginales en casa,
y pongan los treslados signados en el proceso ; y lo mesmo las sentencias
oreginales, so pena de seis pesos.
c x x v ii Item, que tengan numeradas las hojas del proceso, poniendo
en cada una el número, con la rúbrica del escribano, y ansí entreguen
los procesos a los procuradores, tomando conocimiento de ellos, so pena
de seis pesos.
cx x v m Item, que el escribano mesmo esté en la Sala cuando se hiciere
relación, y no su oficial, para hacer los memoriales de los pleitos que
se vieren, en los cuales se pongan las penas que se pusieren en la sentencia
de prueba, so pena de dos pesos para los estrados.
cx x ix Item, que no reciban petición sin poder, so pena de dos pesos
para estrados.
P a r t e s e g u n d a — c a p . iv 235

cx x x Item, que las probanzas y procesos se lleven a tasar al semanero,


so pena de dos pesos.
cx x x i Item, que no pase pleito ante el escribano de Chancillería suyo,
ni de su hermano, ni primo hermano.
c x x x ii Item, que no lleven derechos de ningunos pleitos eclesiásticos,
si no fuere de las provisiones que en los tales negocios despacharen;
y si fuere sobre defensa de la jurisdicción real, no lleven derechos tampoco
de las provisiones, so pena de lo volver con el cuatro tanto ; y que asista
el Fiscal a los tales negocios.
c x x x iii Item, que no escriban por abreviaturas, so pena de treinta
pesos para la Cámara.
cx x x iv Item, que no lleven derechos de pleitos fiscales,
cx x x v Item, que el escribano de Chancillería sea receptor para los
testigos que se hobieren de tomar en la ciudad a do reside el Audiencia;
y los de fuera los tome un escribano o receptor.
cx x x v i Item, que notefiquen los autos y sentencias al Fiscal, y que
pongan a las espaldas cómo le fué noteficado, y lo firme el Fiscal, y hasta
que se los invíe no le corra término; y le invíen los procesos al dicho
Fiscal y llévenselos el día que los pidiere, o lo mandare el Audiencia, o
otro día siguiente, so pena de cuatro pesos.
c x x x v ii Item, que luego se lleven al Fiscal los autos tocantes al Fisco,
y que el escribano dé noticia al Fiscal de los pleitos que le tocaren, en
siéndole mandado, o otro día, so pena de dos pesos,
cx x x v in Item, que los pleitos fiscales conclusos se lleven luego al
relator, así para recebir a prueba, como para en difinitiva, so pena de
dos pesos.
cx x x ix Item, que el escribano notefique a la parte otro día después
de pronunciada cualquiera sentencia o auto, so pena de cuatro pesos.
gxl Item, que los escribanos y receptores, a quienes por comisión de
los Oidores fueren cometidos negocios, pongan al prencipio la comisión,
señalada de los Oidores, so pena de privación de oficio y que la probanza
sea en sí nenguna.
cxli Item, que los autos interlocutorios se concluyan con cada sendas
peticiones, y el escribano no reciba más, so pena de dos pesos, y dos
más para difinitiva, con cada dos peticiones, so la dicha pena.
g x l ii Item, que den memoria al Fiscal de los testigos, para los ratificar
otro día que los pidiere, so pena de cuatro pesos.
c x l iii Item, que en las informaciones sumarias pregunten a los testigos
por la edad y por las generales, so pena de dos pesos.
c x l iv Item, que no reciban dádivas, ni presentes, ni cosas de comer
ni beber, en poca ni en muncha cantidad, so pena del cuatro tanto.
cxlv Item, que no traten ni contraten, por sí ni por interpósita persona,
direte ni indirete, so pena de suspensión del oficio por dos años ; y por
la segunda vez sean privados de él perpetuamente, porque de tratar se
han visto grandes inconvinientes.
236 G o b ie r n o d e l P e r ú

cxlvi Item, que no lleven derechos del reo contra el cual no se probare
deber algo, o él jurare no lo deber siéndole deferido en su juramento,
sino que los cobre del actor, so pena del cuatro tanto.
c x l v ii Item, que dé treslado a la parte que le pidiere, de cualquier
sentencia o auto, so pena de dos pesos.
c x l v iii Item, que el escribano notefique las penas al Fiscal cada
semana ; y las multas al que las toviere a cargo de cobrar.
c x l ix Item, que tomen por sus personas los testigos ante los Oidores,
y vayan con el alguacil a cualquiera deligencia que s e hiciere, so pena
d e suspensión de oficio por medio año.
cl Item, que tengan aranceles en sus posadas de los derechos que
han de llevar, en parte que se pueda leer, so pena de cinco pesos para
los probes de la cárcel.
cli Item, que no lleven derechos por el buscar y hallar processos,
so pena del cuatro tanto.
c l ii Item, que den treslado de las penas al Fiscal, y memorial de los
procesos fiscales, cada semana, so pena de seis pesos para la Cámara.
c l iii Item, que los escribanos y recetores pongan en las probanzas
que hicieren, el día que juran, y el que se examinan los testigos, so pena
de cuatro pesos para la Cámara.
c l iv Item, que en las pesquisas y probanzas que hicieren, pongan
treinta renglones en cada plana, y en cada renglón diez partes, y hagan
buena letra, y pongan al pié de las probanzas los derechos en particular
que por ellas llevan, so pena d e ocho pesos para la Cámara.
clv Item, que por la presentación d e una escritura no lleven más
derechos de por una escritura, aunque en ella estén insertas o incorpo­
radas munchas escrituras d e diversos signos, por no ser más de una
escritura debaxo de un signo, so pena del cuatro tanto para la Cámara.
clvi Item, que notefiquen al Fiscal los procesos que ante ellos vinieren,
en que haya parte tocante al Fisco, para que los siga, y en esto tengan
gran cuidado.
c l v ii Item, que tomen l o s testigos de p r o b e s y del Fiscal, con la presteza
y cuidado que deben.
c l v iii Item, que no lleven derechos de probes, pero débenlos pagar
teniendo de qué, y de ello han de hacer obligación para cuando tovieren
con qué lo pagar.
c l ix Item, que siendo alguno condenado en costas, se pongan en la
executoria, para que las pague al escribano el que haya sido 'condenado
por las que era obligado a pagar el probe.
clx Item, que no se dé vista de proceso nenguno o probanza al escri­
bano de Cámara si no se llevare de su poder el proceso para que le vea
él letrado ; ni lo lleve el escribano, so pena del cuatro tanto.
clxi Item, que ponga los treslados de los poderes y sentencias en el
proceso y otras escrituras importantes, concertados con la parte, guar­
P a r t e s e g u n d a -— c a p . iv 237

dando en su poder los oreginales ; y no lleve derechos a las partes por


los treslados, so pena de veinte pesos para la Cámara.
clxxi Item, que no tome testigos por intérrogatorio que no viniere
firmado de abogado de la Audiencia, o de la parte, siendo examinado e
visto por el semanero, y que por él — y no otro — se tomen los testigos,
so pena de cuarenta pesos.
c l x iii Item, si hobiere dos escribanos, lleven luego a repartir el proceso
que a cada uno viniere, y si pretenden que es suyo, pídanlo por pendencia
ante el semanero.
c l x iv Item, que no fíen los procesos de las partes, ni de abogado que
sea su fiador, sino de los procuradores con su conocimiento, los cuales
no los den a persona alguna para sacallos fuera de la ciudad, y que los
vuelvan dentro de treinta días, aunque no se los pidan, so pena de cua­
renta pesos para la Cámara y estrados.
clxv Item, que no se hagan procesos de veinte pesos abaxo, ni los
escribanos reciban escritos de abogado en tales pleitos, ni lleven más
de medio peso de derechos de todo el proceso, so pena de el cuatro tanto.
clxvi Item, que si se presentare algún otro proceso, no lleve derechos
sino de lo que quisiere aprovecharse del dicho proceso, y no de todo él.
c l x v ii Item, que acudan cada Sábado al Fiscal, con todas las penas
que aquella semana se hobieren puesto, so pena de perjuro, de lo cual
les acuse el Fiscal; y lo mesmo si hobiera llevado derechos demasiados.
c l x v iii Item, que reciban las peticiones de los procuradores media
hora antes que se asienten los Oidores en los estrados, y no las reciban
después, so pena de dos pesos.
clxix Item, que asienten en un libro en el aposento del Presidente
las penas de Cámara y de estrados que se hobieren condenado en revista,
dentro de tercero día después de dada la sentencia de revista, so pena
de las pagar con el doblo.
clx x Item, que escriban por su mano las sentencias, mayormente
en los negocios de importancia, so pena de seis pesos.
c lx xi Item, que no lleven derechos de pleitos fiscales, aunque el contra­
rio sea condenado en costas, so pena de cuarenta pesos.

[Título VI]

De los Relatores

c l x x iiItem, que el relator cobre sus derechos de cada parte : de la


que da proceso al negocio cobre antes que lleve a la Sala el negocio, y
de la otra, cobre después de visto el pleito, o antes, si antes quisiere pagarle
de su voluntad; y si no sacare relación, cobre una tercia parte menos
de sus derechos; y no cobre de una parte los derechos todos de ambas,
so pena de el doblo ; y asiente los derechos que llevare en el proceso, y
238 G o b ie r n o d e l P e r ú

dé conocimiento a la parte, aunque no lo pida, y la parte que pagare


firme en el proceso cómo pagó, juntamente con el relator, el cual muestre
a la parte lo que está tasado, so pena de diez pesos.
c l x x iii Item, si algún proceso sentenciado se presentare en otro, se
pague al relator los derechos como si fuese revista.
c l x x iv Item, que el relator esté antes que entren los Oidores en la
Sala, so pena de dos pesos.
c lx xv Item, que no yerre en el hecho en lo sustancial, so pena de
seis pesos, y si errare en otra cosa, la pena sea en albedrío de la Audiencia.
c lx xv i Item, que numere las hoxas del proceso, y tenga un memorial
en que ponga las escrituras a qué hoxas están, para que se vean con
facilidad, y traiga apuntadas y rayadas las escrituras en lo sustancial,
so pena de seis pesos.
c l x x v ii Item, si no sacare relación, ponga en cada pregunta los testigos
que hay, y a qué hoxas están, para que no tarden en hallarlos.
c l x x v iii Item, que saque en relación los testigos a la primera pregunta ;
a la segunda, todos, o los que le pareciere que bastan, poniendo en
relación que hay más testigos en aquella pregunta; en la tercera, lo
mesmo, y ansí en todas las demás, y en cada testigo ponga la edad,
las generales, el nombre, de dónde es natural, y las tachas que le ponen.
c l x x ix Item, que al concertar de la relación, jure que está bien sacada
y concertada con el oreginal, y luego el escribano invíe por el proceso y
le dé a los procuradores de las partes, para que ellos le den a sus letrados,
para que la concierten y la juren como el relator; y si algún abogado no
quisiere concertarla, antes lo dilatare, dándose de ello petición, se le
mande que, so una buena pena, lo concierte para el día que el Oidor
señalare, y si no lo quisiere hacer, le lleven la pena que le pusieren inrre-
misiblemente, y le pongan en la cárcel hasta que la concierte, y no se
permita que se dé por concertada en su rebeldía, pues no es razón que
pueda perjudicar a su parte, pues es su abogado, y le paga su salario.
c lx x x Item, que el relator, yéndose o muriéndose, no pueda vender
sus procesos ; mas, si por muerte vacare su oficio, se tase por un Oidor
lo que podrá valer, y se dé lo que se tasare a sus herederos, pero que
no pueda el relator traspasar ni dar a otros sus procesos sin licencia de
Oidores, y que los tales procesos se entreguen al sucesor en el oficio, y
no a otro.
c lx x x i Item, el relator jure de hacer bien su oficio, y guardar el secreto
del acuerdo.
c l x x x ii Item, que e l r e l a t o r o r d e n e l a s s e n t e n c i a s j u n t a m e n t e c o n e l
e s c r ib a n o , y e l e s c r ib a n o la s e s c r ib a .
c l x x x iii Item, que no reciba dádivas, en poca o en muncha cantidad,
ni trate ni contrate en el destrito, so pena de privación de oficio.
c l x x x iv Item, si viere que no está complido con las ordenanzas, lo
diga cuando pusieren el caso, so pena de diez pesos, y so la mesma
pena digan la pena que está puesta al que se ofreciere a probar.
P arte seg un d a cap. IV 239

c lx x x v Item, que no abogue ni solicite nengún pleito en la Audiencia.


c lx x x v i Item, que diga s i en la suplicación alega de nuevo, para que
no se reciba a prueba, no alegando cosa de nuevo, s o pena de dos pesos.
c l x x x v ii Item, que en pleitos fiscales no lleven derechos, aunque la
otra parte sea condenada en costas.
c l x x x v iii Item, que el relator esté presente a las audiencias públicas,
para que asiente lo que se provea, y el escribano lea las peticiones.

[Título YII]

De los escribanos de Provincia y del Número

c l x x x ix Item, que el escribano de Provincia, sin darse petición para


ello, ni sin mandarse en la Audiencia, venga a hacer relación de el proceso
que ante él pasare, otro día siguiente después que se apellare, y lo mesmo
haga el escribano del Número, so pena de cuatro pesos,
cx c Item, que no lleven derechos algunos por hacer la tal relación,
so pena de los volver con el cuatro tanto.
cx ci Item, que notefiquen a las partes cómo se ha de venir a hacer
relación otro día, para que se hallen a ella presentes si quisieren, so pena
de cuatro pesos.

[Título VIII]

Del repartidor y tasador

cxcii Item, que haya un repartidor y tasador, que se le dé de salario


quinientos pesos en penas de estrados, y éste podrá ser también deposi­
tario, dando buenas fianzas.
cx cm Item, que de lo que tasare el tasador, si alguna de las partes se
agraviare, se apele y vaya al semanero, y lo que él hiciere se cumpla y
execute, sin embargo de suplicación, la cual no se admita.

[Título IX]

De los abogados

cx civ Item, que no pueda nengún abogado abogar en Chancillería


si no fuere examinado por el Presidente y Oidores, y dada licencia para
ello.
cx cv Item, que cada año, por Enero, juren de guardar las ordenanzas,
y traigan memoria de los salarios que tovieren.
cxcvi Item, que pidiéndolo la parte, se les tase lo que hobieren de
240 G o b ie r n o d e l P e r ú

haber, y si hobieren llevado más, lo vuelvan luego a la parte, y dé fe


de ello el escribano.
c x c v ii Item, que los letrados de probes se hallen a las vesitas de cárcel,
so pena de cuatro pesos.
c x c v i ii Item, que los dichos abogados firmen las peticiones de su
nombre.
cx c ix Item, que no hablen sin pedir licencia a los Oidores, so pena
de dos pesos, y no yerren en el hecho, so la mesma pena,
cc Item, que los abogados den conocimiento a los procuradores de
los procesos que de ellos reciben, como ellos los dan a los escribanos,
cci Item, que no repitan en los estrados lo que otra vez hobieren ale­
gado, ni se reciban de cada parte más de dos escritos, y con ellos quede
el pleito concluso.
c c ii Item, que nengún abogado se concierte con la parte que le dé
parte de lo sobre que se litiga, so pena de privación de oficio, ni de que
le dará otro tanto si saliere con el pleito, so la mesma pena,
cení Item, que el abogado no desampare el pleito justo, so pena de
pagar el daño a la parte.
cciv Item, que aboguen fielmente e sin fraude, e no pidan términos
ni dilaciones de malicia, so pena de perjuros, y de las otras penas en
derecho establecidas.
ccv Item, que tomen relación del pleito por escrito, y que no hagan
conciertos después de comenzado a abogar, sino antes, so pena de diez
pesos.
ccvi Item, que no descubran el secreto que sus partes le dixeren, ni
prevariquen, y que cada año juren de guardar estas ordenanzas.
g cvii Item, que los abogados guarden entre sí su antigüedad del
tiempo en que fueron recibidos, en los asientos y en las otras cosas, so
pena de veinte pesos, y por la segunda vez, de privación de oficio.
c c v iii Item, que no hagan preguntas impertinentes, ni sobre los mesmos
artículos, o derechamente contrarios en los casos en que de derecho no
ha lugar hacerse, so pena de diez pesos inrremisiblemente.
ccix Item, que firmen los poderes por bastantes, y sus escribientes
no lleven derechos por lo que escribieren, so pena de el cuatro tanto.

[Título X]

De los Procuradores

cc x Item, que los procuradores sean examinados, antes que se reciban,


por el Presidente e Oidores, y lo mesmo se guarde en los que se hobieren
de recebir por relatores.
ccx i Item, que haya cuatro procuradores, y no más, en la Audiencia
de los Charcas.
P a r t e s e g u n d a — c a p . iv 241

c c x ii Item, que renunciando sus oficios, el Presidente e Oidores se


lo pasen, si fuere hábil, a la persona en quien se hobiere renunciado ; y
no lo siendo, le manden que nombre otro, e si fuere muerto el que renun­
ció, se nombre la persona por él nombrada.
c c x iii Item, que el abogado, ni el procurador, no hagan partido con
la parte, de seguir el pleito a su costa, so pena de ducientos pesos para
la Cámara y estrados.
ccx iv Item, que los procuradores no hagan peticiones de sustancia,
sino rebeldías y otras semexantes ordinarias, so pena de dos pesos,
ccx v Item, que los procuradores declaren ante el escribano de la causa
qué dineros les han inviado sus partes, y no los encubran, antes los den
al relator o escribano, o a los abogados a quien se invían, so pena del
cuatro tanto ; y las escrituras den a letrado dentro de tercero día, so
pena de veinte pesos.
ccx v i Item, que los pleitos de indios que vinieren a la Audiencia se
críen los procuradores por defensores de ellos, y que se repartan igual­
mente, dándose unos a uno, y otros a otro, por su turno.
c c x v ii Item, que hablen la verdad del hecho, y no sin licencia, ni
atraviesen hablando, so pena de dos pesos.
ccx v m Item, que no presente procurador petición en nombre de
otro, si no fuere procurador del número de la Audiencia, ni él la presente
si no tuviere poder, so pena de diez pesos.
cc x ix Item, que no presenten petición que no sea firmada de letrado
conocido, so pena de tres pesos, sino fuere pequeña y de las que se les
permite hacer.
cc x x Item, que el procurador vaya a ver tasar las costas, so pena de
dos pesos.
cc x x i Item, que el procurador, u otro oficial que perdiere proceso o
escritura, demás del daño que ha de pagar a la parte, esté preso el tiempo
que a la Audiencia pareciere.
c c x x ii Item, que en las peticiones, autos e sentencias, se nombren
expresamente los procuradores de las partes, so pena de veinte pesos
al escribano o procurador que no lo hiciere ansí.
ccx x n i Item, que las peticiones vayan de buena letra, y no lleven
más de lo que se tasare pidiéndolo la parte, so pena de el doblo,
ccx x iv Item, que no reciban dádivas ni presentes de las partes por
que dilaten la causa, so pena de privación de oficio.

[Título XI]

De los recetores

ccx x v Item, que los recetores no den las probanzas más de una vez
sin mandado de la Audiencia, so pena de cuarenta pesos para la Cámara.
242 G o b ie r n o d e l P e r ú

cgxxvi Item, que los recetores, ni procuradores, no jueguen, salvo


cosas de comer o beber, so pena que los privarán de sus oficios.
c c x x v ii Item, que los recetores pongan por extenso la presentación y
juramento del primer testigo, y no los otros, salvo sumariamente, so
pena de dos pesos.
c c x x v iii Item, que asienten al pié de las probanzas los derechos qué
llevan, por extenso, y lo firmen, so pena de ocho pesos,
ccx x ix Item, que así como saliere la recetoría, la lleve el recetor a
quien viniere, so pena que perderá el turno.
ccx x x Item, que no se ausenten sin licencia, so pena de cuarenta pesos,
ccx x x i Item, que luego saquen las probanzas, y no partan a otro
negocio hasta que las den sacadas y tasadas por el semanero, y restituido
lo que se les mandare restituir; y si se agraviaren de la tasa de el sema­
nero, vayan al acuerdo.
ccx x x n Item, que asienten el día que les despidieren por auto en las
probanzas, so pena de seis pesos.
ccx x x m Item, que no hagan probanzas sin interrogatorio firmado
de letrado de la Audiencia, so pena de seis pesos.
ccx x x iv Item, que el recetor acepte el negocio que le saliere, dentro
de tercero día, y no lo aceptando se dé por el repartidor la cédula al
Presidente, para que provea a quien quisiere; y si aceptare, no se provea
hasta otro turno el tal recetor que ansí acetare.
ccx x x v Item, no ingieran en la probanza los mandamientos para llamar
testigos, so pena de diez pesos.
ccx x x v i Item, que tomen los testigos ante las Justicias, si se pidiere.
c c x x x v ii Item, las probanzas que se hobieren de hacer en esta Audien­
cia no pasen ante el recetor, sino ante el escribano de Chancillería; mas
las que se hicieren fuera de la ciudad, pasen ante los recetores,
ccx x x v m Item, que el recetor que fuere proveído para algún negocio,
entre a la Audiencia a jurar que usará bien e sin parcialidad su oficio ;
y no llevará cosa alguna más de su salario y derechos ; y que no ha dado
a nenguna persona, ni dará, dinero por aquella recetoría; y no llevará
salario más de lo que justamente se ocupare en la recepción de testigos
y en la ida y venida, ni a sabiendas se deterná en ello más tiempo de lo
que buenamente fuere menester, y si después se hallare haber hecho lo
contrario, caiga en pena de perjuro y vuelva lo demás, con las setenas,
cc x x x ix Item, que tomen por sus personas los testigos, sin estar persona
alguna presente a ello, so pena de suspensión de oficio, a voluntad de
la Audiencia.
ccxl Item, q u e pongan en cada plana treinta renglones, y en cada ren­
glón diez partes, lo cual se les ponga en las recetorías, y lo mesmo en las
compulsorias para traer cualesquier procesos.
ccxli Item, que se ponga en las probanzas el día que se examinaron
los testigos, y cumplan con poner el día que juraron y se presentaron, so
pena de cuatro pesos.
P a r t e s e g u n d a — c a p . iv 243

[Título X II]

De los porteros

c c x l ii Item, que los porteros que hobiere en la Audiencia lleven sus


derechos de presentaciones conforme al arancel, y no lleven albricias ni
otra cosa, y residan a las horas que deban, so pena de dos pesos.
c c x l i ii Item, que los porteros vivan en las casas de la Audiencia,
habiendo lugar para ellos.
c c x l iv Item, qu e tengan cuidado que no se asienten en los estrados
los que no deben asentarse, y con hacer callar a los que hablaren sin
licencia.

[Título X III]

De los carceleros

ccxlv Item, que los carceleros no tomen dádivas ni presentes de los


presos, ni los prendan, ni suelten, ni alivien prisiones, ni las agraven, sin
mandamiento de la Audiencia, so pena de veinte pesos, y que juren de
lo guardar ansí, y las demás ordenanzas a ellos tocantes.
ccxlvi Item, que en la cárcel haya aposento aparte para mugeres, y
aposento para caballeros y personas prencipales; y ellos vivan en la
cárcel, y si se les fuere algún preso paguen la mesma pena que él, conforme
a derecho.
c c x l v ii Item, que tengan libro en que asienten los presos, y den
memoria del día que se visitaren ; y no fíen las llaves de indio nenguno
so pena de cien pesos para la Cámara y estrados.
c c x l v iii Item, que no traten ni jueguen con los presos, ni coman con
ellos, so pena de sesenta pesos y de perder lo que jugaren y trataren,
para el denunciador, juez y Cámara.
c c x l ix Item, que en la cárcel haya un capellán y se pague de penas de
Cámara, y le den ornamentos para que diga misa a los presos, y tenga
el carcelero cuidado que esté limpio adonde se dixere la misa.
cc l Item, que hagan barrer la cárcel y aposentos de ella dos veces
cada semana, y la tengan proveida de agua limpia, sin que los presos
paguen por beber cosa alguna.
c c u Item, que no lleven carcelaxe de los mochachos que prendieren
por juego, ni de los oficiales de la Audiencia, so pena de lo pagar con el
cuatro tanto.
c c l ii Item, que no den lugar a que los presos jueguen en la cárcel
dineros ni otras cosas, si no fuere para comer, ni vendan vino a los presos
más de al precio a como comunmente vale, ni lleven carcelaxe a los probes,
so pena del cuatro tanto.
244 G o b ie r n o d e l P e r ú

[Título XIV]

De los intérpelres de la Audiencia

c c l iii Item, que haya dos intérpetres en la Audiencia, que no sean


indios, y juren de interpetrar fielmente, sin dolo ni fraude, y no tomarán
cosa alguna por ello más de su salario, so pena de perjuros y privación
de oficio.
c c l iv Item, que no oigan a los indios en sus c a s a s , sino que los traigan
luego a la Audiencia, so pena de tres pesos.
cclv Item, que no sean los intérpetres procuradores ni solicitadores
de los indios, ni les hagan peticiones, so pena de cuatro pesos, y por la
segunda vez, de privación de oficio.
cclvi Item, que asistan a las audiencias y acuerdos, y a las casas de
los Oidores a la tarde, si fuere necesario, so pena de cuatro pesos.
c c l v ii Item, que no se ausenten sin licencia del Presidente, so pena
que pierdan el salario del tiempo que se ausentaren, y más doce pesos.
c c l v iii Item, que saliendo fuera, no lleven de los indios cosa alguna,
ni hagan conciertos ni contratos con los indios, ni lleven otra cosa más
de dos pesos de salario cada día.
c c l ix Item, que residan en el oficio del escribano de la Audiencia las
mañanas, para llevar testigos al Fiscal.
cclx Item, que demás de esto, guarden las ordenanzas que los Oidores
hicieren.

[Título XV]

General

cclxi Item, que en lo que aquí no va declarado, se guarden las leyes


reales y las que los Oidores hicieren, entretanto que lo consultaren con
Su Magestad.
c c l x ii Item, que tomen traslado de estas ordenanzas todos los oficiales
a quien tocare cada ordenanza.
c c l x iii Item, que las provisiones q u e despachare o inviare una Audien­
cia para prender o desterrar alguno, se guarden en todo el Reino, en el
destrito e fuera de é l ; y no s e guardando, se invíe provisión a la Audien­
cia en cuyo destrito estoviere la tal persona, para que castiguen al juez
que no la prendió, y sea rigorosamente castigado.

El destrito que tiene el Audiencia de los Charcas

El Audiencia de los Charcas debe tener por destrito la ciudad de La


Plata, adonde reside, y sus términos ; la ciudad de La Paz y sus térmi­
P arte seg unda cap. v 245

n o s; tiene al presente Chucuito y El Cuzco (1), mas esto quédese para


la que ha de haber en El Cuzco; el puerto de Arica, adonde se ha de
hacer un pueblo ; la provincia del Tucumán, Juríes y Diaguitas; los
llanos de Manso y Chaves; los Mojos, y el Río de la Plata.

CAPÍTULO V

D e la A u d ie n c ia de L os R eyes y de

su d e s t r it o y g o b ie r n o

La Audiencia de Los Reyes estuvo asentada primero en la ciudad


de Panamá, en Tierra Firme ; allí acudía todo el Perú. Después pareció
que convenía quitarse de Panamá y ponerse en la Ciudad de Los Reyes,
e visto ésto, Su Magestad la mandó fundar allí; y ansí se fundó año de
cuarenta y cinco (2).
Ha estado gobernando y teniendo en justicia todo el Perú e Chile
e Tierra Firme, hasta que a 7. de Septiembre de quinientos e sesenta
e un años se fundó esta Audiencia de los Charcas, en esta ciudad de La
Plata, por otro nombre de Chuquisaca, por mandado de Su Magestad.
Después se fundaron otras tres : una en Panamá, otra en Quito, y
otra en Chile, de manera que la Chancellería de Los Reyes es la más
antigua, y luego ésta de los Charcas, y luego las demás, y pues en el
Capítulo pasado he tratado de la de los Charcas, y puesto las leyes y
ordenanzas que para ella se deben hacer, quiero tratar aparte de la de
Los Reyes, la cual tiene por destrito a la mesma ciudad de Los Reyes,
y sus términos e jurisdicción.
La Ciudad de Los Reyes es una ciudad que está en los Llanos, de
muy buen temple, en que nunca llueve ni truena ; tiene muncho trigo y
maíz, y muncha fruta de Castilla, todo de regadío. Es muy gran ciudad
y de muncha gente, más que hay en todo el Perú, adonde hasta agora
han residido siempre los Virreyes y Gobernadores, y hále mandado Su
Magestad acortar el distrito, viendo que a sus vasallos convenía no venir
tan lejos a pedir justicia.
Demás de la ciudad de Lima y sus términos, tiene a la ciudad de
Truxillo y los suyos, que es otra muy gran ciudad y muy apacible;

(1) Cf. supra la note du Chapitre X X V de la Première Partie, p. 88.


(2) Créée par une Cédule royale du 1 er mars 1543 (conformément aux Nuevas Leges),
l’Audience de Lim a commença ses travaux le 1 er juillet 1544, lorsqu’elle reçut le Sceau
Royal. L a première réunion officielle eut lieu le lendemain. Cobo, Historia de la Fundaeiôn
de Lim a, Livre I. chap. X X I et X X I I .

21
246 G o b ie r n o d e l P e r ú

tiene también a Santa, a Huánuco, a Chachapoyas, a Piura, a Braca-


moros, a Moyobamba, a Paita y a Ayabaca, que parte términos con el
destrito de la nueva Audiencia de Quito, que es veinte leguas más allá
de San Miguel de Piura.
Tiene también, de esta parte, a la villa del Guarco (que por otro
nombre se llama Cañete), el valle de lea, la villa de Valverde, que es en
el valle de Camaná (1), y la ciudad de Arequipa, que es el pueblo de
mexor temple que hay en el Perú.
También tiene a Huamanga, que es poco antes del Cuzco ; pero, si
en el Cuzco ha de haber la Rota que tengo dicho en el Capítulo II de esta
Parte Segunda, aquella ciudad ha de caer en su destrito, como allí dixe.
Las ordenanzas que para aquella Audiencia se deben hacer, son,
a mi parecer, las mesmas que las de los Charcas que dixe en el Capítulo
pasado.
Los Oidores y oficiales que ha de tener, son : un Presidente, con cinco
mil pesos de salario ; tres Oidores, con tres mil pesos cada uno, y el más
nuevo ha de usar el oficio de Fiscal, y los otros dos el de Alcaldes de
Corte, por la forma arriba dada en el Capítulo supra próximo. El oficio
de Juez mayor de Bienes de Defuntos le ha de usar cada Oidor por su
turno, como diré en el Capítulo que tengo de tratar de los dichos bienes
de defuntos (2).

CAPÍTULO VI

D e la A u d ie n c ia de Q u it o y de su d e s t r it o ;
DEL PODER QUE EL PRESIDENTE
DE ELLA CONVIENE QUE TENGA, Y DE LA DESCRICIÓN DE LA TIERRA

La Audiencia de Quito se fundó por mandado de Su Magestad año


de 1564 ; fué y es Presidente de ella el Licenciado Hernando de Santillán,
Oidor que fué de la Audiencia de Los Reyes muncho tiempo, caballero
prencipal y que ha servido a Su Magestad muy bien en este Reino, ansí
en paz como en guerra.
Tiene por destrito parte de la provincia del Perú, y parte de la Gober­
nación de Benalcázar, y primero que trate de los pueblos que tiene suxe-
tos, diré el sitio que tiene la ciudad de San Francisco de Quito, de su
fundación, y cualidades de la tierra.
San Francisco de Quito está a la parte del Norte en la inferior provin-

(1) Légère erreur de l’ auteur : la ville de Valverde était située dans la vallée de Ica ;
dans celle de Camanâ se trouvait la localité appelée San Miguel de la Ribera.
(2) Cf. infra, Chapitre. X X X I .
P arte se g u n d a — cap. vi 247

cia del Perú, porque desde ella comienza el Perú, y acaba en esta ciudad
de La Plata y sus términos, que serán setecientas leguas. Corre el término
de esta provincia, de longitud leste oeste casi sesenta leguas, y de latitud
veinte y cinco o treinta. Está asentada en unos antiguos aposentos que
los Ingas habían mandado hacer, los cuales acrecentó Guayna Capa y
el gran Topa Inga, su padre. A estos aposentos llamaron los naturales
Quito, de donde tomó nominación la ciudad.
Es sitio más frío que caliente. Tiene la ciudad poca vista de campos,
o casi ninguna, porque está asentada en una pequeña llanada, a manera
de hoya que hacen unas sierras altas a que ella está arrimada, que están
de la mesma ciudad entre el Norte y Poniente. Está metida debaxo de
la línea equinoccial, tanto, que la pasa casi a siete leguas.
Es tierra fértil, aunque parece estéril. Tiene muncho ganado de la
tierra e cógese maiz e trigo e frutas de Castilla. Es la dispusición de la
tierra muy alegre, y casi se parece a la de España en la yerba y en el
tiempo, porque entra el verano por el mes de Abril y Mayo, y dura
hasta el mes de Noviembre ; aunque es fría, se agosta la tierra ni más
ni menos que en España. En las vegas se coxe gran cantidad de trigo
y cebada, y es mucho el mantenimiento que hay en la comarca.
Los naturales son más domésticos y bien inclinados que los del Perú.
Es gente mediana de cuerpo, grandes labradores, y han vivido con los
mesmos ritos que los Ingas, salvo que no han sido tan pulíticos, ni lo
son, porque fueron conquistados por ellos, y ellos les dieron la orden de
vivir que agora tienen, porque antes no eran tan industriosos.
Hay valles en que se dan todas las cosas de España : naranjas, limas,
viñas y legumbres singulares de España. Hay también una manera de
especia, que llaman canela, la cual traen por rescate de las montañas
que están a la parte de Levante, mas para guisados no vale nada, porque
pierde la fuerza. Hay muncha cuantidad de algodón, y de ganado de
la tierra, y venados, y conexos, y papas, y quinua, que es buen mante­
nimiento de indios. Las mugeres labran, y los indios hilan y texen.
En tiempo de los Ingas había un camino real, hecho a mano, que
salía de Quito y llegaba al Cuzco, y otro tan grande como él, que salía
del Cuzco y llegaba a Chile, que son mil y ducientas leguas, en los cuales
caminos había a tres y a cuatro leguas muy galanos y hermosos aposentos
e palacios de los señores, y muy ricamente adornados.
Fundóla esta ciudad de Quito el Capitán Sebastián de Benalcázar,
que después fué Adelantado y Gobernador en la Provincia de Popayán,
en nombre del Emperador Don Carlos nuestro señor, de gloriosa memo­
ria, siendo don Francisco Pizarro Adelantado y Gobernador del Perú
y Provincia de la Nueva Castilla : año de mil e quinientos e treinta e
cuatro años (1).

(1) Depuis le début du chapitre jusqu’ici, le texte est une paraphrase ou une trans­
cription textuelle du chapitre X L de la Crànica General del Perù, de Cieza de Leôn.
248 G o b ie r n o d e l P e r ú

Tiene la Audiencia por destrito, hacia la parte del Perú y en su tierra,


las ciudades de Puerto Viejo y Guayaquil, que están en la costa del
Mar del Sur a la parte del Poniente, a sesenta y ochenta leguas, y a
San Pablo de Manta. A la parte de el Sur tiene la ciudad de La Zarza
o Loxa, Zamora, Cuenca, Xaén (que por otro nombre se dice de los
Bracamoros) ; por la parte también del Sur (sic), en la Gobernación
de Belalcázar tiene a Pasto, Almaguer, Chapanchica, Popayán, Cali y
Tunja, que es toda muy buena tierra y de muncho oro, sino que por
falta de contratación con los indios no se saca muncho más.
Conviene que haya en Quito la Audiencia que al presente está, y en
ella un Presidente que tenga seis mil pesos de salario ; y tres Oidores,
que el más nuevo use siempre el oficio de Fiscal. Cada Oidor ha de tener
tres mil ducados de salario en oro.
El Presidente ha de gobernar y repartir la tierra, guardando en todo
lo que se dixo en el Capítulo II de esta Parte Segunda. Puédense repetir,
y poner o quitar las mesmas leyes que allí, porque en efeto la gobernación
del Cuzco y ésta no han de diferir más que en el nombre y en lo que
toca a la perpetuidad, que en ésta se ha de guardar la orden que allí dixe.
Ha de haber dos Secretarios : uno de gobierno, y otro de justicia ;
un relator, con quinientos pesos de salario cada año, demás de sus
derechos; dos porteros, que tengan ambos quinientos pesos de salario,
y más sus derechos, y un solicitador de el Fiscal, que tenga quinientos
pesos de salario, que serán por todos quince mil pesos de salario.
Podríase dar otra orden y traza con qué se mexorase y enriqueciese
aquella tierra, para que rentase a Su Magestad seis veces más que agora,
y los indios fuesen más aprovechados y mexorados, y aunque estoy
informado de munchas cosas de aquella tierra, no quiero tratar de ella
más de lo que tengo apuntado, porque no la he visto ni estado en ella,
y será hablar de oidas.
No pongo aquí las leyes que para lo contenido en este Capítulo se
debían hacer, porque se podrán fácilmente sacar de los Capítulos II y
IV de esta Parte Segunda, así para lo tocante al gobierno, como a la
justicia.

CAPÍTULO VII

De la A u d ie n c ia d e P anam á, y cuánto c o n v in o pon erse allí ;


DE LO Q U E DEBE HACER,
Y DEL G O B IE R N O DE LOS IN D IO S DE AQUEL R E IN O DE T lE R R A F lR M E

Panamá y el Nombre de Dios son la llave de todo este Reino, adonde


va a parar toda la plata y oro que de él se saca para España, que es
cada año — uno con otro — más de millón y medio o dos millones.
P a r t e s e g u n d a — c a p . v ii 249

Aunque es la tierra enferma y mueren y han muerto en ella gran


número de españoles, no dexa de estar siempre muy poblada, por la
gran contratación que en ella hay. Por esta causa convino que Su Mages-
tad pusiese allí una Audiencia, por la tener más sigura, que los Gober­
nadores que allí han estado, algunos de ellos han*tiranizado a la gente
de ella, tratando y contratando, y hecho lo que han querido de bienes
de difuntos, y tratado con ellos, y echado a España los que han querido,
si no andaban a su voluntad, y han dexado pasar al Perú a los que se
les antojaban, haciendo a munchos grandes molestias y extorsiones, y
aun no inviando a España los recaudos que los Gobernadores y Audien­
cias del Perú han inviado a Su Magestad, ni los que invía Su Magestad
a este Reino, antes deteniéndolos munchas veces, y otras haciéndolos
perdedizos, lo cual no harán agora, ni podrán ni se atreverán a hacer el
Presidente y Oidores que allí estovieren, porque como sean munchos, si
uno lo quisiere hacer, no lo querrán los otros, de donde se infiere cuán
acertado ha sido lo que Su Magestad y su Real Consexo de Indias han
mandado en hacer mudar allí la Audiencia de Guatimala.
Ha de haber en ella — me parece — un Presidente, que tenga tres
mil pesos de salario ; tres Oidores, que el más nuevo use el oficio de
Fiscal, que tengan de salario cada mil y quinientos pesos; un Secretario
y un relator, con quinientos ducados de salario, y dos porteros, con otros
quinientos ducados ambos. Ahorrarse ha el salario de Gobernador. No
ha de haber Alguacil mayor de la ciudad, sino de la Audiencia, que será
muy gentil cargo, y muy provechoso.
El Presidente ha de gobernar sólo, tomando el parecer con los Oidores,
si les quisiere seguir, y ellos han de asentar sus votos en el libro de
gobierno, y escrebillo al Rey cuando fueren diferentes, para que Su Mages­
tad provea lo que le pareciere, aprobando o reprobando lo que el Gober­
nador hobiere hecho. Ha de ser cada uno Alcalde de Corte cuatro meses ;
y Juez mayor de Bienes de Defuntos uno cada año, que ha de tener
gran cuenta con tomar cuentas a los tenedores y albaceas, y hacerlos
inviar a Castilla cada año.
Paréceme que, demás de las leyes y ordenanzas hechas o que se han
de hacer para las Audiencias, que dixe en el Capítulo IV de esta Parte
Segunda, se han de hacer las leyes siguientes :
i Que no se pueda desterrar a nenguno a España, si no fuere con acuerdo
de el Presidente y de la mayor parte de los Oidores, y estando dos a dos
votos, se guarde el del Presidente, porque se suelen desterrar muy sin
causa.
ii Item, que las cartas que inviaren los Gobernadores y Audiencias
de esta tierra del Perú, y Quito, y Chile, y otros cualesquier despachos
para Su Magestad, los invíen el Presidente y Oidores con el primer navio,
y siendo duplicados, los invíen en diversos navios ; y de ello tenga un
libro el Secretario, en que asiente cuándo se recebieron los despachos, y
250 G o b ie r n o d e l P e r ú

cuándo se inviaron, y en qué navio, y lo mesmo se haga con los pliegos


que vinieren de Su Magestad para estas partes, tomando siempre el
Secretario conocimiento del que los llevare, y avisando a quién los lleva.
El dicho Secretario ha de dar también conocimiento al que traxo los
despachos cómo los recebió, y en qué día, dándolo por fe signado,
ni Item, que en las demás cosas de gobierno se acuerde por toda la
Audiencia, mas no se haga otra cosa más de lo que el Gobernador y
Presidente mandare, y escríbanse los votos luego a Su Magestad, para
que confirme o revoque lo que el Gobernador hobiere hecho.
iv Item, que no dexen pasar clérigos ni frailes de esta tierra, que no
lleven licencia de sus Perlados y de alguna de las Audiencias de estas
partes, antes los vuelvan luego a inviar no las llevando.
v Item, porque Su Magestad ha hecho libres los indios de Tierra Firme
y mandado que no paguen tributos, y los Gobernadores que han sido
les han puesto estancieros, con excesivos salarios, que eran más que los
tributos que pagaban, que no se pongan con salarios de aquí adelante,
sino que el Presidente — o en su defecto el Oidor más antiguo — ponga
en los lugares que están poblados de indios, en todo el destrito de la
Audiencia, un español, natural de los Reinos de España suxetos a Su
Magestad, y no extrangero, casado, y que sea hombre que entienda la
labranza, que resida en el tal pueblo de indios que le fuere señalado, el
cual ha de tener cargo de les amparar y defender, y que no les sea hecho
agravio, y sea su protetor y traiga vara para prender al que les hiciere
fuerza, y inviarle preso a la Justicia más cercana, y sea su solicitador
para les hacer castigar.
vi Item, que tenga el tal protetor cargo de les hacer labrar y trabaxar
en sus labranzas y sementeras, y señalarles las partes y lugares adonde
han de hacer las tales labranzas.
vn Item, no les ha de consentir estar amancebados, antes procure
que sean casados y vivan honestamente, y les haga ir a oir misa cada
Domingo y fiesta de guardar, y a la dotrina cada noche.
v iii Item, que el tal protetor no pueda tratar ni contratar ni rescatar
con los indios, lienzos ni otras cosas, so pena que por la primera vez
pierda el precio de la tal cosa ; por la segunda, el precio y la mitad del
salario de aquel año, y por la tercera, el precio y el salario entero de
aquel año, y sea privado del oficio.
ix Item, si algún pleito hobiere entre los mesmos indios, procure de
los concertar, y si no pudiere, determínelo breve y sumariamente, sin
tela de ju icio; y si fuere creminal, remítalo a la Justicia más cercana,
y invíe al delincuente preso, para que se haga de él justicia, no usando de
tanto rigor como si fuera hombre de muncho entendimiento, antes
usando de toda equidad, atento su imbecilidad y baxo entendimiento,
si no fuere delito grave de muerte, alevosía o pecado de sodomía.
x Item, que el dicho estanciero y protetor tenga cuidado y delixencia
en saber cuánto maíz se coxe cada año, para que se beneficie y haga de
P a r t e s e g u n d a — c a p . v ii 251

ello lo que luego se dirá, y no consienta que ellos lo vendan, porque no


los engañen, y que en vendello se guarde la orden que será puesta adelante.
xi Item, que el estanciero no se ha de poner en lugar adonde no haya,
por lo menos, cincuenta vecinos, antes más que menos.
x ii Item, que se le dé de salario la parte que se coxiere del maíz que
al dicho Presidente pareciere, por que tenga cuidado de hacer a los indios
que labren y trabaxen, y ternálo, pues creciendo más, ha de crecer su
salario.
x iii Item, que les den un indio y dos indias de servicio, los que de su
voluntad le quisieren servir, y les pague el salario o soldada que al
dicho Presidente pareciere, y esto se les pague de lo que se sacare del
maíz que se vendiere de los indios ; e que no se puedan servir de los
indios los tales estancieros de otra manera, so pena de privación del
cargo.
xiv Item, que no les lleven la sementera que hasta aquí han acostum­
brado a llevar, ni otra cosa más de lo que está dicho, so penade lo volver
con el cuatro tanto.
x v Item, por que los indios sean mexor tratados, y no se les hagan las
extorsiones y molestias que hasta aquí les han hecho, y porque se sepa
si los dichos estancieros esceden en lo que arriba está dicho, que un Oidor,
cual el Presidente nombrare, con el Regimiento de Panamá y el Corre­
gidor de Natá, nombrado por el Presidente juntamente con el Regimiento
de ella, nombren cada año una persona de los más prencipales y honrados
de ambas ciudades, para que sean mayordomos : el de Panamá, de los
indios y sus pueblos que hobieren en su comarca, y el de Natá en la
suya, el cual sin ningún salario sea obligado a vesitar cada año cuatro
veces todos los lugares de indios de su destrito, de tres en tres meses,
dándole solamente de comer en cada pueblo que visitare, el tal tiempo
que estoviere visitando (con que no sean más de tres días), pagándole
todos los pueblos juntos el gasto que hobiere hecho en el camino ; el
cual en la vesita que hiciere ha de averiguar cómo son tratados los indios ;
si el estanciero, o clérigo, o relixioso que estuvieren en los dichos pueblos
para les dotrinar, hacen algún agravio a los dichos indios ; y si los estan­
cieros hacen y cumplen lo que les está mandado, o se exceden en algo,
y si hallaren que exceden, condenallos en la pena que le estoviere puesta
y executalla, so pena que lo pague de su caxa el tal mayordomo.
xvi Item, ha de tener cuenta el tal mayordomo de recoxer el maíz
que sobrare de lo que han menester los indios para su mantenimiento,
y traerlo a Panamá a costa del mesmo pan, y hacello vender en almoneda
a los mayores precios que pudiere, en los tiempos que más caro se suele
vender, y asentado todo en un libro, así el pan que traxere de cada lugar,
como lo que sacare de ello ; y cuando fuere a hacer alguna de las vesitas,
el dicho mayordomo ha de tomar por memoria qué es lo que cada indio
ha menester, ansí de cañamazo, como para se vestir, y de jergones para
dormir, como de machetes y otras herramientas que han menester para
252 G o b ie r n o d e l P e r ú

sus labranzas, lo cual ha de comprar el dicho mayordomo lo más barato


que pudiere, inviando por ello al Nombre de Dios, y haciendo que se
traya a la menos costa que se pudiere, y darlo e repartirlo él mesmo, sin
encargado a otra persona, entre todos ellos, conforme a la memoria que
hobiere traído, y hálo de asentar en su libro, para que haya buena
cuenta y razón de todo.
x v ii Item, que al fin de cada un año se ha de tomar cuenta al dicho
mayordomo, por el Oidor que para ello fuere nombrado, y el Cabildo
de Panamá, y el Corregidor de Natá, juntamente con los estancieros
de cada pueblo, y ha de tener el Cabildo un libro en que asiente todas
estas cuentas,
x v iii Item, el día que se juntaren a tomar la cuenta, han de nombrar
otro mayordomo de la mesma cualidad, al cual han de mandar que lo
acepte so graves penas, y no se ha de admitir escusa alguna, si no fuere
muy bastante, y no habiendo otro suficiente, le han de compeler al que
lo fué el año pasado ; y el alcance que se hiciere al mayordomo ha de
quedar en poder del nuevo mayordomo nuevamente elegido.
x ix Item, que si al dicho mayordomo pareciere, pueda emplear el
dinero que sobrare — comprado lo necesario — en vacas y en otros
ganados para que críen los indios, y les ha de comprar bateas y otros
aparexos para hacer queso de la leche que del tal ganado sacaren, para
su mantenimiento, y de esto ha de ser obligado el estanciero a tener muy
gran cuenta, y el dicho mayordomo se lo ha de encargar y mandar.
x x Item, que en las vesitas que hiciere, vea e se informe si les dicen
misa cada Domingo e fiesta de guardar, y si ellos la oyen, y si les dicen
la dotrina, y les confiesan y les administran los sacramentos, y si no se
hace, lo hagan saber al Presidente y al Obispo, para que lo remedien.
xx i Item, que el mayordomo que vesitare se informe del estanciero
si los clérigos o relixiosos hacen algún agravio a los indios; y luego, de
los clérigos o relixiosos, si hacen agravios los estancieros ; y después,
de los mesmos indios, sin que se halle a ello presente el clérigo ni el estan­
ciero, y sin que hayan podido prevenir a los indios, o atemorizarlos,
para que no digan verdad, y por todas vías procuren no se encubra la
verdad.
x x ii Item, para que todo lo susodicho se guarde inviolablemente, que
un Oidor y el Corregidor de Natá lo vesiten una vez cada año, para que
vean si se cumple y guarda todo lo arriba dicho, y lo hagan cumplir y
castiguen a los que hobieren excedido.
x x m Item, que si alguna duda se ofreciere, o algo se deba de añidir o
menguar, que lo comunique el mayordomo con el Presidente, para que
haga que se remedie.
x x iv Item, que estén estas ordenanzas en el libro de Cabildo de Panamá
y de Natá, y se dé treslado de ellas a cada estanciero y mayordomo,
para que nenguno de ellos pueda pretender inorancia.
x x v Item, que el protetor o estanciero no permita que españoles que
P a r t e s e g u n d a — c a p . v iii 253

fueren a contratar con los indios les hagan agravios, engañándolos en


las contrataciones, o de otra manera, e si alguno les hiciere agravio, le
prendan o hagan saber a la Justicia más cercana para que lo castigue.
x xvi Item, que el Fiscal vuelva por los indios y haga el pleito por ellos,
y no obstante tenga voto en los tales pleitos.
x x v ii Item, que el Presidente y Obispo procuren sean dotrinados y
enseñados los negros del Nombre de Dios y Panamá, y haga sacerdotes
en cada ciudad que tengan cuenta con su dotrina, y con les decir misa
cada fiesta y Domingo, y para ello contribuyan sus amos.
x x v iii Item, que el dicho Presidente tenga gran cuenta con hacer pren­
der e castigar a los negros cimarrones, y de hacer limpiar e aderezar los
caminos del Nombre de Dios a Panamá, y de limpiar los arcabucos, y
procurar de tener limpias aquellas ciudades, para que no sean tan
enfermas.
x x ix Item, que en sabiendo que hay flota, invíe luego todo el dinero
al Nombre de D ios; y antes que se sepa la venida de la flota, lo tenga en
la Caxa real de Panamá, porque esté más seguro.
x x x Item, que vaya siempre un Oidor — o otra persona que el Presi­
dente nombrare — a vesitar y registrar todos los navios.
x x x i Item, que el Presidente, todos los Oidores, el Alguacil mayor,
el portero, y el sello, vivan en la casa de la Audiencia, y allí esté la cárcel.

CAPÍTULO VIII

De la A u d ie n c ia de C h il e : dónde h a de r e s id ir ;
DEL PODER QUE HA D E TENER EL P R E S ID E N T E DE ELLA,
Y D E L A V E S IT A Y TASA D E L O S IN D IO S DE AQUEL R E IN O

Chile es una muy gentil provincia, y muy fértil de com ida; y hay
en ella muncho oro.
El prencipio de ella es desde Copayapo (que es repartimiento del
Gobernador Francisco de Aguirre), en un valle muy fértil y puerto de
mar. Dáse muy escelente vino, y críanse todas las frutas de Castilla;
no llueve en él más de una o dos veces en el año. De allí va prosiguiendo,
y está de Copayapo cuarenta leguas la ciudad de La Serena, que llaman
Quoquimbo, adonde está un cerro que se llama Andacollo, que subido
encima hay de llano más de cuatro leguas, de do ordinariamente se saca
oro y no se cree que se acabará en cien años. Hay en él siete u ocho vecinos
encomenderos, que tienen entre todos más de mil y quinientos indios,
y sacan más oro que en todo Chile. De allí van luego a la ciudad de
254 G o b ie r n o d e l P e r ú

Santiago, que hay sesenta leguas, camino muy llano y lleno de árboles,
que parece una floresta.
Esta ciudad es de muy lindo tem ple; tiene su verano e invierno.
Es pueblo grande, bueno, y rico ; tiene muy buenas casas y huertas ; en
comarca de él hay muy grandes viñas ; dáse lino de Castilla, y hacen
de él lienzo muy bueno para sábanas y camisas. Está la mar de Santiago
doce leguas de camino llano de carretas. Allí está la iglesia catredal, y
reside el Obispo.
A las espaldas de Santiago, pasada la cordillera, hay dos pueblos, que
llaman Cuyo y Caria (1).
Más adelante de Santiago, que serán sesenta leguas, está la ciudad
de La Concepción, que es puerto de mar, y adonde están los indios de
guerra, los más valientes y animosos que hay en todas las Indias, que
nunca han podido españoles vencellos, ni reducillos, ni atraellos a que
sirvan como los demás. Están allí, como en triángulo (sic), de diez y
seis en diez y seis leguas, dos pueblos : uno se llama Cañete, y otro Los
Confines, adonde comienzan las aguas en prencipio de Abril y duran
hasta en final de Septiembre o prencipio de Otubre.
Hasta aquí es un Obispado ; de aquí adelante comienza otro Obis­
pado, porque hay dos en Chile, y de este que agora diré es Obispo Fray
Antonio de San Miguel, fraile francisco.
El primer pueblo es la ciudad de La Imperial, y otro Villarrica, y
otro Valdivia, y otro Osorno, y en estas ciudades que están al Sur y son
frías, llueve muncho, que no dexa de llover más de cuatro meses en el
año.
En todo Chile hay oro, y es tierra poco menos rica que el Perú. Si
se acertase en el gobierno, agora que Su Magestad ha inviado Audiencia,
y a persona tan prencipal como el Doctor [Melchor] Bravo de Saravia
por Presidente de ella y por Gobernador del Reino, y a tan prencipales
Oidores, como Su Magestad le dió por compañeros (2), tengo entendido
que se hará muy gran tierra, y se allanará y se trairán de paz los indios
de guerra de La Concepción y Arauco, en que se hará gran servicio a
Dios y a Su Magestad ; y se tasará de nuevo la tierra, de manera que
los indios no reciban tanto agravio como agora reciben, y den más tri­
butos que agora dan, porque la tasa que se hizo en tiempo de Don García
[Hurtado] de Mendoza, hixo del Marqués de Cañete, Virrey que fué
del Perú, fué que diesen, de seis indios, uno para las minas ; y que en La
Serena y Santiago anduviesen en ellas ocho meses, y otro que tardan
en ir y volver; y en La Concepción y demás ciudades arriba nombradas,

(1) Cf. l’ acte de fondation de la ville de Resurrección (Mendoza) établie dans la vallée
de Cuyo, le 28 mars 1562, dans Levillier, Guerras y conquistas en Tucumán y Cuyo (Buenos
Aires, 1945), p. 199. Le fondateur fut le capitaine Juan Jufré, lieutenant général des
provinces de Cuyo, Caria, Famatina, Tucuman et Norongasta.
(2) Cf. Muñoz Feliú, « Los orígenes de la Real Audiencia de Chile », dans le Boletín
de la Academia Chilena de la Historia (Santiago, 1937), n° 9, p. 75-115.
P a r t e s e g u n d a — c a p . v iii 255

que anduviesen a las minas seis meses (1). Lo cual, fuera de La Concep­
ción y Cañete y Los Confines, no se puede sufrir, porque llueve en ellas
la mayor parte del año, y dexa de llover sólos cuatro meses, y aunque
se mandó que la sexta parte del oro que sacasen fuese para los indios,
no me parece que se deba guardar esta tasa, pues se puede hacer otra,
con menos daño de los indios, y que traya mayor provecho a ellos y a
los encomenderos y a Su Magestad, por la orden que tengo dicha en la
Parte Primera, Capítulos X V I, X V II y X V III, que en efeto es que
cada indio trabaxe cuarenta días para el encomendero, diez para el
cacique, ocho para el beneficio y cura que le ha de servir, otros ocho
para Su Magestad, y cuatro para la comunidad, que son por todos setenta
días. Los días del encomendero, del Rey y del beneficio, se han de ocupar
en las minas que ellos tienen en sus tierras, o en las que mexor pareciere
al Corregidor que ha de haber en los pueblos.
Héseles de dar comida, bateas, y todo lo demás necesario para sacar
el oro, y los caballos en que lo lleven, lo cual se ha de sacar y comprar
del tributo que se da a todos, rata por cuantidad, y para la comida podrá
quitar los peones que fuere menester para los inviar a sembrar y coxer
y beneficiar.
De esta manera, en tres o cuatro meses podrán los indios, viniendo
por sus mitas, acabar de pagar su tributo sin ocuparse tanto tiempo ;
y lo demás que les sobrare, se ocuparán en trabaxar para sí.
Los días que caben a los caciques y a la comunidad los han de ocupar
en hacer sementeras y en otras cosas que al Corregidor o vesitador pare­
ciere, porque por adquerir dinero (como dice Platón), no se ha de dexar
lo necesario y aquello para que queremos el dinero.
No conviene que los indios se carguen, pues hay caballos, y los caminos
están abiertos. Puédese dar orden cómo cesen las cargas, pero como no
es mi intento tratar del Perú que no he visto ni pisado, no trataré de
esto, mas de que se puede mandar que los días que se mandan a trabaxar
en las minas, si los indios quisieren más sacar el oro en sus tierras antes
que ir a otras minas, se les ha de dar licencia para que lo puedan sacar,
con que den cada día lo que comunmente se suele sacar en las minas en
que habían de ir a trabaxar, porque podría ser querer trabaxar los días
que le caben en su mesma tierra, y no sacar por batea un tomín, y si
fuera a las minas sacara dos, o tres, o cuatro tomines.
La Audiencia ha de estar — a mi parecer — en la ciudad de La
Concepción, por estar en medio de la tierra, y en muy buena comarca,
pero esto se entiende estando ya de paz los indios de Arauco, porque
estando de guerra no conviene estar la Audiencia allí, sino en Santiago,

(1) Allusion à la Regulación de Santillán (4 juin 1559). Elle est reproduite par Medina,
dans la Colección de Documentos Inéditos para la Historia de Chile, X X V III, p. 284-302 ;
par Jara, dans l’ appendice 1 de E l Salario de los indios g los sesmos del oro en la Tasa de
Santillán (Santiago, 1961), p. 95-108, et dans ses Fuentes para la historia del trabajo en
Chile (Santiago, 1965), I, p. 14-28.
256 G o b ie r n o d e l P e r ú

porque no será segura la venida a los litigantes, ni se podrán hacer las


sementeras para proveer de comida a la Audiencia.
Paréceme que vernían de paz si se hiciese la tasa como tengo dicho,
y no se les mandase cargar, ni hacer edificios, ni otra cosa más de sacar
oro en sus tierras, que esto es por lo que ellos se alzaron, porque tienen
más entendimiento y más honra que los demás indios, y no quieren
trabaxar en otra cosa más que en sacar oro, y no quieren que les tomen
sus hixas y mugeres los españoles.
En haciéndose el concierto para que vengan de paz, se podría pasar
el Audiencia a La Concepción, que allí es lugar muy cómodo. Para ella
ha de haber un Presidente, y él mesmo ha de ser Gobernador, con ocho
mil pesos de salario ; y tres Oidores, con cada cuatro mil pesos de salario,
y el más nuevo ha de usar el oficio de Fiscal; el relator y porteros, el
mesmo salario que en el Audiencia de los Charcas, y dos Secretarios,
uno de gobierno, y otro de justicia. Puédense hacer las mesmas leyes
que dixe para lo de Quito.

CAPÍTULO IX

D el c a s t ig o de los in d io s c h ir ig u a n a e s

Y de lo que se d ebe hacer d e los in d io s de los llanos

Y P O B L A C IO N E S D E M AN SO Y CHAVES

En esta tierra e provincia de los Charcas, e junto a esta ciudad y


sus términos, hay unos indios advenedizos que se dicen chiriguanaes,
gente de guerra, muy cruel, indómitos, que comen carne humana, habi­
tan en las cordilleras, y no tienen otro oficio sino pelear y matar y comer
indios y servirse de ellos como de esclavos.
Salen de noche a hacer saltos en los llanos que están junto a las cordi­
lleras, adonde habitan unos indios suxetos al Rey Nuestro Señor, y
cuando quieren hacen tal presa en ellos, que toman y cautivan mil o
dos mil de ellos; toman el hixo dexando el padre, las mugeres dexando
al marido, y los maridos dexando allá las mugeres, y de ellos comen
luego, en tomándolos, los más gordos, y otros tienen a engordar para este
efeto. Otros venden, y de otros se sirven como de esclavos. Ha venido
esto a tanta disolución, que algunos españoles han tenido con ellos
trato comprándoles estos probes indios, y trayéndolos a vender a esta
provincia, en lo cual se ha ya puesto remedio, y los indios quedan libres,
como lo son.
Estos probes indios, viendo la crueldad de estos chiriguanaes y
el mal que les hacían, huyeron de miedo y desampararon su propia
tierra, que eran unos muy buenos y fértiles valles, que están a treinta
P a r t e s e g u n d a — c a p . ix 257

e cuarenta leguas de esta ciudad, de que los chiriguanaes les desterraron


tiránicamente, y se fueron a vivir, huyendo de ellos, a unos llanos y
arenales que solían estar despoblados, adonde no hay agua sino a treinta
estados, y la que hallan es muy poca y en muy pocas partes. Beben del
zumo de yucas y cardones. Son munchos en cuantidad : más de ochenta
mil, según fama.
Para su remedio, por que no los prendiesen, ni comiesen, ni cautivasen,
se proveyó muchos días ha por el Audiencia de Los Reyes que se hiciese
alguna población de cristianos en medio de estos probes indios y de los
cheriguanaes, y para ello inviaron al Capitán Andrés Manso, el cual
hizo un pueblo junto a un río que se dice Condorillo. Teniendo toda amis­
tad con los cheriguanaes, y fiándose de ellos, habiendo juntamente con
ellos acabado de hacer un castigo en los indios de los llanos que se habían
rebelado, dieron en los españoles una noche, y pusieron fuego a las
casas en que estaban durmiendo, y al salir de las puertas les mataron a
flechazos, que no escapó sino uno. Lo mesmo hicieran a las gentes de
Nufrio de Chaves, que estaba ausente en el Paraguay, adonde había
ido por su muger e hixos, si no fueran avisados los que estaban en la
ciudad de Santa Cruz por dos o tres de los que vivían en La Barranca,
que también fueron muertos por los mesmos cheriguanaes. Parece que
fué permisión de Dios que los cheriguanaes matasen a Manso y su gente,
pues aunque les habían puesto allí para defensa de los indios de los
llanos, no sólo no los defendieron de ellos, pero aun con ellos les fueron
a hacer la guerra y cautivaron dos mil indios : la mitad repartieron
entre sí, y la otra mitad entregaron a los mesmos cheriguanaes. ¡ Cosa
cruel, y digna del castigo que Nuestro Señor les dió !
Son estos cheriguanaes que hay por esta tierra hasta ochocientos o
mil. Son muy diestros en la guerra, que cincuenta acometen a tres mil
de los de esta tierra. Précianse que son la mexor gente del mundo, y
más valiente después de los españoles ; y pues es tan mala gente, que
comen carne humana, y tanto mal hacen a los probes indios, y estorban
tanto bien, como es su conversión, y son causa que no se les enseñe la
dotrina evangélica, y tan alevosamente mataron tantos cristianos, sin
les haber ofendido y siendo sus amigos, justísimamente se les puede
hacer guerra y ser dados por esclavos, o a lo menos sacallos de allí e
ponellos con amos en diversas partes del Reino, la tierra adentro por
que no se pudiesen huir, y los mandasen echar, por el delito que hicieren,
a las minas, apartándolos de tal manera que no estoviesen juntos.
Serviría esto de munchos efetos : el primero, que echados estos bárba­
ros de la tierra que tiránicamente tomaron a los indios naturales de ella,
se volverían estos indios a su primera población, que es mexor y más
sana que en la que al presente están, y poblarían munchos valles muy
buenos y fértiles que están en comarca de esta ciudad, como son Tarixa,
Tomina, Condorillo, Zaypeparane, Yangueparaco, Aguapero, y otros
munchos.
258 G o b ie r n o d e l P e r ú

Serviría — lo segundo — , que estando en buena tierra, como estos


valles lo es, podrían ser dotrinados en nuestra santa f e ; estarían pací­
ficos, y pagarían sus tributos a los encomenderos que les fuesen dados,
tasándolos de la manera que tengo dicho en la Parte Primera, Capí­
tulos XVI, X V II y X V III.
Serviría — lo tercero — , que se sacaría de ellos para las minas de
Potosí y Porco, como se sacan del Collao y de otras partes. Para esto
son muy proprios, por ser muy valientes y recios, de lo cual les vernía
muy gran provecho, e ningún daño : provecho, en ser dotrinados, que lo
son mexor los que están en los asientos de minas, y con mexor concierto
y orden que los que están en otros pueblos; provecho, en ser mexor
tratados y más ricos y más aprovechados, como lo son todos los que
allí están, que no hay quién pueda echar de las minas a los que una vez
entran en ellas. Daño en su salud ni en otra cosa no les vernía nenguno,
antes vivirían más sanos que en los Llanos, y hallarseían mexor que en
ellos, como se ve por ispiriencia en muchos que en esta provincia hay de
ellos. Finalmente, estarán seguros del peligro en que estaban viviendo
entre cheriguanaes.
Resultaría de esto aumento al patrimonio real y al bien universal
del Reino, porque se labrarían todas las minas que hay en Potosí y
Porco, y las que hay en otras partes, que por falta de indios se dexan de
labrar.
Habría en esta provincia la prosperidad antigua, y volverían al primer
ser que tenían, haciendo venir a ella tanta multitud de indios, pues la
falta ha sido causa de su deminución. Podría hacer esto el Gobernador
que resida en el Cuzco, encomendándolo a la persona que le pareciere, y
dándole la instrución de lo que debiese hacer (1).
Podríanse encomendar los indios a los que entendiesen en la pobla­
ción de ellos y el castigo de los chiriguanaes, dando a unos ciento y a
otros más o menos, conforme a lo que mereciesen. Serían muy buenos
repartimientos y rentarían muncho.
Podríase hacer un pueblo de españoles en Tarixa, adonde habían
de acudir todos a servir. Valdría e rentaría mucho más que esta ciudad.
Para atraer a estos indios había necesidad, el que lo fuese a hacer, de
ocuparse en ello dos años, poblando entre ellos un pueblo de españoles,
para poco a poco irlos induciendo a que se pasasen a sus tierras antiguas ;
y porque ha mucho que se pasaron a las que agora poseen, por ventura
los hixos de los que se pasaron no sabrían ni reconocerían otras tierras
por suyas que la persona que allí estoviese se lo diese a entender y les
dixese que en lo hacer les vernía muncho provecho, y servirían en ello
a Su Magestad.
Hacerse por fuerza de armas ni era justo, ni vernía en efeto nada :

(1) Jusqu’ici, le texte est la transcription d’ un rapport de Matienzo, du 20 octo­


bre 1561. Voir La Audiencia de Charcas, I, p. 54-56.
P arte seg u n d a cap. x 259

todos se huirían, y sería mayor daño que el provecho que de ello podría
venir.
Concluyo, pues, que para se poner en efeto lo contenido en este
Capítulo, es menester que Su Magestad lo cometa a una sola persona,
porque cometiéndolo a munchos, todos se descuidarán unos por otros,
y que sea el Gobernador, si ha de residir en el Cuzco, o el Presidente o
un Oidor de esta ciudad, y que naide le pueda ir a la mano.

CAPÍTULO X

Si c o n v ie n e que h aya m on eda en el P erú ;


Y Q U É M O N E D A , Y A D O N D E H A N D E R E S ID IR L A S C A S A S D E L A M O N E D A

Suelen haber opiniones entre los que tienen curiosidad de entender


las cosas de esta tierra, sobre si converná que se haga en ella moneda de
oro y plata.
Dicen algunos que se adelgazará la tierra y baratarán todas las cosas,
porque ¿ quién querrá dar en reales cien castellanos por hechura de una
ropa, como ahora dan ? ¿ Quién dará por un escofión, que en Castilla
vale diez reales, mil o mil y ducientos ? Será necesario, pues, que todas
las cosas baxen en valor.
Dicen, también, que siendo la moneda tan baxa, no se podría contra­
tar sino conforme a la moneda que corre, y no como agora se contrata,
por marcos cuando es cosa menuda, y por barras, cuando es heredad u
otra cosa de precio. Vale cada barra doscientos y cincuenta castellanos,
que ésta es la moneda mayor que acá usamos.
Mas, ningún inconviniente de estos — a mi parecer — es suficiente
para que se dexe de hacer en este Reino moneda ; antes, de hacerse,
resultarán grandes provechos a la Hacienda real y a todo el Reino.
Lo primero, que no dexará de quintarse plata nenguna, pues no se
ha de poder contratar con otra cosa, sino con la moneda que el Rey
Nuestro Señor mandara hacer, y agora, no la habiendo, corre por moneda
plata pequeña por quintar, que hay en el Reino siempre un millón, y
más, de esta plata menuda.
Lo segundo, que esta plata menuda que agora corre, es muy mala :
una cuarta parte de ella es plomo y de muy baxa ley, que al fin es moneda
falsa en que pierden munchos mercaderes, lo cual cesará habiendo moneda.
Lo tercero, excusársela el continuo trabaxo que hay de andar siempre
con el peso en la mano.
260 G o b ie r n o d e l P e r ú

Lo cuarto, no habrá las mermas que hay en hacer tantos pesos.


Lo quinto, los indios no quintan xamás la plata que sacan, y habiendo
reales, más los querrán tener guardados, que no la plata, porque les pare­
cerá mexor hecha moneda que los mendrugos de plata, que a cada paso
se pierden, y la podrán mexor guardar.
Decir que se adelgazará la tierra, y que valdrán las cosas a menos
precio, es adevinar ; antes se ve todo lo contrario en todas partes por
ispiriencia : donde hay más dinero, se encarecen más todas las cosas, y
que antes no se compraban munchas que se comprarían habiendo moneda
con qué las comprar.
Resta tratar de dos cosas : la una, cuántas Casas de Moneda habrá
en este Reino, y adonde residirán, y la segunda, qué moneda se labrará
y de qué ley, y si se podrían sustentar el Tesorero y oficiales de las tales
Casas de Moneda con los derechos que les dan en España.
Cuanto a lo primero, me parece que no puede haber munchas Casas
de Moneda, porque con los derechos de España no se podrán sustentar
los oficiales de ellas, como después diré.
En el residir la Casa de Moneda, me parece que ha de ser en esta
ciudad de La Plata, porque toda la plata del Reino sale de esta provincia,
y de aquí baxa abaxo hasta Panamá, y hasta España, y acá nunca sube
la plata, sino mercadurías, y por ellas llevan la plata.
Si la Casa de la Moneda no se asentase en esta ciudad, habríase en
esta provincia de contratar con la plata que agora se contrata, porque
los reales no los habían de subir acá, y ansí no se quintaría toda la plata,
ni se seguiría el efeto para que conviene que se haga moneda, y esto
es tan notorio, que no puede haber hombre que lo niegue.
Lo segundo : en esta ciudad de La Plata hay mexor aparexo que en
otra parte para hacer moneda, por la muncha leña que hay, que no se
acabará en ducientos años.
Lo tercero, por estar aquí la Audiencia, la tierra está más segura,
y la plata y Casa de la Moneda más guardada, y no se atreverán a hacer
falsedad nenguna en la moneda, ni podrán agraviar a naide.
Solo hay un inconviniente del oro que se saca allá abaxo, y de la plata
que al presente hay en La Paz, Arequipa, El Cuzco, Lima, y la que se
saca en Guamanga : que será muy a trasmano subirse la plata a hacer
moneda acá arriba, y para esto me parece que estará muy bien otra
Casa de Moneda en la ciudad de Los Reyes, a la cual acudirán desde Quito
y de todas partes do hobiere oro, a lo hacer moneda, y la plata que se
sacare en Guamanga y en otras partes.
Puédese mandar que en la de Lima se haga moneda todo el oro, y
medio millón de plata, y no más, cada año ; y lo demás todo se haga
moneda en esta ciudad.
La moneda que se ha de hacer de la plata, me parece que deben ser
reales, medios reales, y reales de a dos, de a cuatro, y de a ocho, de talla
y peso de sesenta y siete reales por cada marco, y no menos, y de ley de
P arte seg u n d a — cap. x 261

once dineros y cuatro granos, y no menos, que es ley de dos mil y doscien­
tos e diez maravedís.
El oro ha de labrarse de veinte y dos quilates, y que sesenta y ocho
piezas de ellas pesen un marco de oro. Hánse de llamar escudos, o coronas,
y han de valer o correr a precio de a trescientos e cincuenta maravedís
cada escudo o corona. Los ducados antiguos y doblones habían de tener
ley de .veinte y tres quilates y tres cuartos largos, y no menos, y de peso
de sesenta y cinco piezas y un tercio por marco.
Ternán de derechos de esto, el Tesorero y sus oficiales, de cada marco
de oro, un tomín ; y tres cuartos de tomín de cada marco de plata de
la dicha ley, que ansí se entregare hecho moneda. Han de tomar para
sí el Tesorero y oficiales un real para todas costas y salarios, repartido
como lo dice la Pragmática, por manera que se vuelvan al dueño de la
plata sesenta y seis reales por cada marco de plata, pero pues conforme
a la Premática la plata de ley de once dineros y cuatro granos no valía
ni puede valer más de sesenta y cinco reales, ansí el que hacía moneda
ganaba en cada marco un real. Podríase mandar que se repartiesen estos
dos reales en cada marco entre el Tesorero y demás oficiales de la Casa
de Moneda, por manera que de sesenta y siete reales, de cada marco
habían de volver al que dió a labrar la moneda sesenta y cinco reales,
y no más, y a este respecto.
Labrándose toda la plata que hobiese en el Reino y poniéndose pena
que no se sacase del Perú plata ni oro, sino hecho moneda, so pena de
perdido, conforme a lo que se saca cada año en plata y en oro, se podrían
sustentar dos Casas de Moneda en este Reino : una en esta ciudad de
La Plata, y otra en la de Los Reyes, porque ordinariamente se sacan
cada año dos millones. Entendiendo que cada millón vale diez veces
cien mil castellanos, que son cuatrocientos y cincuenta cuentos de
maravedís, cabría de derechos a cada Casa de Moneda, labrándose en
cada una un millón, trece cuentos y ochocientos y cuarenta e seis mil y
ciento e cincuenta e tres maravedís, que son treinta mil e setecientos e
sesenta y nueve pesos y un tomín y diez granos, que parece suficiente
salario para los oficiales y para las costas.
Las casas se podrían comprar de lo que el primero y segundo año
se hiciese y labrase más de los dichos dos millones, porque hay muncha
plata en el Perú, que toda se labrará.
Para que la moneda toviese la mesma ley y valor que la de España,
se podría mandar juntar con la que acá se hiciese, porque si en España
vale menos el real que acá, no se llevará moneda nenguna a España.
Aunque algunos han dudado si el príncipe podría, por hacer moneda,
llevar algo, o si había de pagar la hechura de ella el pueblo, o de la mesma
moneda ; por la común costumbre tiene Inocencio y comunmente todos,
que aquellas costas se han de sacar de la moneda que se labra, y alguna
poca ganancia para el Rey, teniendo de ello necesidad, como probó
22
262 G o b ie r n o d e l P e r ú

muy bien el dotíssimo Covarrubias en el tratado que hizo de moneda (1),


y aun algunas veces es provechoso aumentarse el verdadero valor de
la moneda, para que no se saque del Reino. Ansí se usa hacer en todas
partes, especialmente en Castilla, y aun agora se han escrito cartas de
mercaderes que Su Magestad, para las necesidades grandes que tiene,
especialmente para la redución de Flandes (que por nuestros pecados
dicen que públicamente se predica en algunas partes la maldita secta
de Lutero), ha mandado que se labre nueva moneda, tomando para
las dichas necesidades cincuenta maravedís en cada marco de plata,
y de cada marco de oro un escudo, que vale trescientos e cincuenta
maravedís (2).
Pero hay otra cosa que se debe advertir, porque podría venir gran
daño al Reino no se advirtiendo, y es que los indios sería impusible que
paguen en reales. No lo digo por los caciques que pagan sus tributos,
que éstos, pues lo pagan en barras, también lo podrán pagar en reales,
sino por los que guayran y sacan plata, y los que contratan en Potosí,
que éstos no habían de ir o inviar a la Casa de la Moneda a hacer reales,
para pagar diez pesos o veinte que deben al mercader, o la cuantidad
que se obligaban a dar por el metal.
Esto no se ha de pagar sino en la plata que sacan por quintar, y porque
no sacan fina la plata, ni de ley perfeta, si se la mandasen tornar a refinar
gastarían en carbón más que valiese, que se dé orden cómo haya dos
veedores de plata, que conozcan poco más o menos la ley que tiene, y
si el indio debía diez pesos, que no los trayendo de la ley que debe, que
añada en plata lo que falta, conforme a lo que valiere menos lo que
trae y son obligados a dar, lo cual querrá más el indio que no tornarla
a refinar, y que el español luego la haga moneda, y en esto no haya que
dar a naide priesa.
Pues no puede salir plata del Reino sin hacer amonedar, porque
habiendo de traer la plata a esta ciudad y hacer moneda, se ha por fuerza
de quintar primero, conviene que los oficiales estén en esta ciudad, para
que cobren los quintos, y no haya necesidad de fundirse tantas veces y
marcarse, si no fuere la labrada, o que se labrare.
Las leyes que para lo contenido en este Capítulo se deben hacer
son, a mi parecer :
i Que en este Reino del Perú haya dos Casas de Moneda : una en la
ciudad de La Plata en los Charcas, y otra en la ciudad de Los Reyes.
ii Item, que en las dichas Casas de Moneda se labre todo el oro y plata
que al presente hay en el Perú y que adelante hobiere, y no corra otra

(1) Matienzo fait sûrement allusion à l ’œuvre de Diego de Covarrubias y Leiva :


Veterum collatio numismatam, cu m h is, quaemodo expendenturpublica et regia authoritate...
(Salamanque, 1556 et 1562).
(2) Cf. les Pragmatiques sur l’accroissement de la monnaie d’ or (23 novembre 1566)
et sur la frappe de monnaie en alliage d’ argent et de cuivre (14 décembre 1566). Dans
Gil A yuso, Noticia bibliográfica de textos g disposiciones legales de los reinos de Castilla...
(Madrid, 1935), n«B 269 et 277.
jíjARTE s e g u n d a ---- CAP. X 263

moneda, ni se hagan pagamientos con barras, ni con plata corriente,


ni con otro género de moneda, sino con la que se hiciere en las dichas
Casas de Moneda, so pena de perder la plata u oro el que con ello con­
tratare, con el doblo para la Cámara e Fisco de Su Magestad.
iii Item, que no se saque fuera del Perú plata nenguna, ni oro, aunque
sea marcado e quintado, sino hecho moneda en las Casas dé Moneda
que ha de haber en el dicho Reino, so pena que por el mismo caso lo
pierda el que ansí le sacare, aplicando la mitad para la Cámara, y la
otra mitad para el juez y denunciador.
iv Item, que de la plata se hagan reales de valor de treinta y cuatro
maravedís, y medios reales, y reales de a dos, de a cuatro y de a ocho,
de talla y peso de sesenta y siete reales cada marco, y no menos, y de
ley de once dineros y cuatro granos, y no menos, que es la ley de dos
mil y ducientos y diez maravedís.
v Item, que el Tesorero de la Casa de la Moneda y los demás oficiales
saquen, para sus derechos y salarios y costas, de cada marco de plata,
dos reales, y entreguen al dueño de la moneda sesenta y cinco reales.
vi Item, que los cincuenta maravedís que Su Magestad manda que se
saquen para sí de cada marco que se traxere a hacer moneda, se eche
de mezcla de otro metal en la dicha moneda, para que tenga el mesmo
valor y peso que tuviera no se sacando los dichos cincuenta maravedís.
v ii Item, que de toda la plata que se truxere a hacer moneda, se pague
primero de ella el quinto a Su Magestad, y después de quintada, se haga
moneda de ella.
v iii Item, que todos los quintos y derechos pertenecientes a Su Mages­
tad, y toda otra cualquiera plata u oro que a Su Magestad perteneciere,
se haga moneda de la mesma forma y manera que las demás, y entre
en la Caxa real hecho moneda, y no de otra manera.
ix Item, que el oro que se truxere a hacer moneda, sea de veinte y
dos quilates, y sesenta y ocho piezas pesen un marco de oro ; háse de
llamar la moneda escudos o coronas, y ha de valer cada una trescientos
e cincuenta maravedís.
x Item, que se saque de cada marco de oro una corona para Su Mages­
tad, y tres tomines para los oficiales y costas, y se reparta entre ellos
como dice la Pragmática.
x i Item, que las tasas se paguen en coronas o en reales, y no en barras,
ni en otra plata ni oro.
x u Item, que los indios que residieren en Potosí e Porco y otros asientos
de minas descubiertas, o que de aquí adelante se descubrieren, puedan
pagar en plata corriente o en moneda, cual ellos más quisieren ; y haya
dos españoles expertos en el conocer la plata y su valor, ante los cuales
se hagan los pagamientos por los indios; y si la plata fuere baxa de
ley, suplan con más plata la falta que hobiere, a vista de dichos veedores,
o de cualquiera de ellos, y no los compelan a que refinen la plata, porque
les sería gran costa y perderían muncho en ello.
264 G o b ie r n o d e l P e r ú

x iii Item, que en la Casa de Moneda que ha de residir en la ciudad de


Los Reyes, se labre todo el oro del Reino del Perú y de Chile, y medio
millón de plata, y no m á s; y en la Casa de Moneda que ha de residir en
la ciudad de La Plata en los Charcas, se labre toda la demás plata que
hobiere en el Perú, y no oro nenguno, lo cual se cumpla ansí, so pena
de dos mil pesos aplicados para la Cámara, e más se vuelvan los derechos
a la una Casa o a la otra, pero que de consentimiento de ambas Casas
se pueda hacer lo que entre ellas se concertare de la cantidad que se ha
de labrar de moneda en cada Casa.
x iv Item, que las Audiencias — cada una en su destrito — , puedan
conocer de la falsedad de la moneda, y puedan advocar en sí las causas
que pendieren ante los Alcaides de las dichas Casas de Moneda.
x v Item, que por cada tomín ensayado que fueren obligados a dar
los indios de tasa, u otras personas, cumplan con dar real y medio.

CAPÍTULO X I

De la H a c ie n d a real ; q u in t o s y derechos reales ;


DE DÓNDE PROCEDEN I SI DE LA PLATA QUE SACAN LO S ESPAÑ OLES,
O D E LA QUE SACAN LOS IN D IO S ; P O R QUÉ RAZÓN SE DEBEN ;
DE LA M ARCA REAL DE POTOSÍ A DÓ HA D E R E S ID IR ,
Y DE LAS L E Y E S QUE CERCA DE E L LO SE D E B E N HACER

En el Capítulo X II de la Parte Primera traté de los tributos que


pagan los indios, y por qué causa se deben y se pagan justamente. De
éstos no lleva Su Magestad cosa alguna, antes, como cristianísimo, lo
da a los que ganaron y conservaron esta tierra, y si agora lleva algo
de ellos, es por las grandes necesidades que Su Magestad tiene para
conservar la cristiandad. Mas yo tengo entendido que, informado de
la verdad y de lo que conviene a su real servicio y conservación de la
tierra, no los llevará, antes lo mandará todo repartir.
En este Capítulo trataré de la Hacienda real y quintos que Su Mages­
tad tiene en este Reino.
Hacienda, fuera de los quintos, no la posee, aunque en todo lo que
era del Inga sucedió ligítimamente en ello, por lo haber perdido justa­
mente los Ingas por su tiranía, como probé en el Capítulo II de la Parte
Primera ; mas Su Magestad antes ha sido servido que esto se quedase
con los indios, y en su poder, como es el ganado dedicado a los Ingas,
que esto estaba tiránicamente por ellos usurpado, y ansí se lo ha dexado,
P arte seg u n d a — cap. xi 265

y lo mesmo en lo que tenía dedicado al sol, porque pues era de los indios,
no pudo el Inga, contra su voluntad, tomarlo para sí ni para el sol.
Las tierras que había dedicadas al sol y al Inga, éstas no se podría
decir que estaban tomadas tiránicamente, pues ellos no se aprovechaban
de ellas. La tiranía sólo estaba en hacerlos trabaxar en ellas sin les pagar.
De éstas puede Su Magestad disponer como ligítimo sucesor en ellas,
como tengo tratado en el Capítulo X V de la Parte Primera, mas aun
éstas ha dado algunas de ellas a los encomenderos, como son las de la
coca, como dixe más largo en el Capítulo que de ellas traté (1).
Tiene, demás de esto, Su Magestad algunas minas en el cerro de Potosí
e Porco, que le cuestan poco menos que el provecho que le dan.
Tiene también la provincia de Chucuito, como diré abaxo en el Capí­
tulo que de ella trataré, y el repartimiento de Chincha, en los Llanos;
todo esto renta harto poco, y no hay en ello para pagar una Audiencia.
Terná, demás de esto, un peso de cada indio — por lo menos —
conforme a la orden que tengo dada (2), y de esto se ha de pagar los
Corregidores y las Audiencias, y aunque le sobre algo, será poco en com­
paración de los munchos gastos que ha de hacer para conservación del
Reino y de la cristiandad. Sobrarleían los quintos para llevar a España,
que como agora está tasada la tierra, será ducientos mil pesos, o poco
menos, pagadas las costas de Audiencias y Corregidores que hay. Según
la orden por mí dada en el Capítulo X V I de la Parte Primera, serán
los quintos nuevecientos mil pesos o un millón, entendiendo que es un
millón diez veces cien mil pesos.
Dirá alguno : pues si los tributos son para pagar los jueces y tener
la justicia en la tierra, y para tenella en paz y en la orden que habéis
dado basta para ello — y aun sobran dineros — ¿ para qué se han de
pagar los quintos ?
A esto respondo que pues los mineros son suyos conforme a Derecho,
por la licencia que dá para que se saquen, no es muncho que retenga
para sí la quinta parte, mayormente habiendo como hay tan justa causa
para lo llevar, pues por todas partes hay hereges y enemigos de nuestra
santa fe católica, y Nuestro Rey y Señor es el defensor de ella, y hay
pocas tierras de cristianos que no estén inficionadas de la maldita secta
luterana, sino España. Demos por ello a Dios munchas gracias, y por
la defensa de esto, no solamente siendo como somos sus vasallos, y
habiendo tan justa causa para ello, mas no lo siendo estamos todos obli­
gados con nuestras personas e bienes e vidas a sustentar y ayudar a
que se sustente la relixión cristiana, siquiera por no ser menos que nues­
tros pasados fueron, pues no menos mercedes recebimos de Dios que
ellos, antes munchas más.
¿ Quién podrá decir que el Rey no tiene necesidad, viendo que todas

(1) Cf. Première Partie, Chapitre. X L V I .


(2) Cf. Première Partie, Chapitre. X V I .
266 G o b ie r n o d e l P e r ú

sus rentas están empeñadas, y Su Magestad paga tributo a sus vasallos,


que es vergüenza decillo ? Quién no ha de ayudar a un tan católico prín­
cipe como tenemos, que tánto nos honra y ensalza nuestra nación, puesto
continuo a los trabaxos como cualquier vasallo suyo, dando como lo
da todo a los que le sirven, mayormente siéndole tan debido como lo
es ? Si España no hobiese, ¿ cómo se conservarían españoles en esta
tierra ? Si no se socorre a España, ¿ cómo podría defendernos ?
Sácanme fuera de quicio los desatinos y codicias de algunos que
ayer eran no se qué en España, o tenían poco menos que nada, y vénse
agora con diez mil o veinte mil pesos de renta, y sienten muncho en
dar lo que a Su Magestad se debe muy ligítimamente, y aunque no se
debiese, los que debían se lo habían de dar para negocio tan provechoso
a todos. No lo digo esto por todos — porque algunos hay muy buenos
caballeros, que han servido muy bien a Su Magestad, y merecen aún
más de lo que tienen.
¡ Qué cosa más lastimosa que ver que Su Magestad ha vendido
munchos pueblos suyos, y enriquecido y ennoblecido a sus vasallos, y
lo que le han dado por ellos lo ha gastado no tanto para provecho suyo,
como para bien de todos !
No quiero cansar en decir ni encarecer cosa tan clara, pues no hay
quién lo ignore, porque aun dice y prueba muy bien Santo Tomás que
los reyes no solo no conviene que anden empeñados, pero han de tener
tesoros y dinero sobrado en depósito, no para ostentación, sino para
defensa del reino, como se hizo en Roma, que entre tanto que hubo
tesoro se sustentó, y en faltando, se diminuyó.
He dicho todo esto porque bien sé que no han de faltar maliciosos e
detratores, que digan que quiero yo dar avisos para enriquecer a Su
Magestad por hacer mi negocio, mas que los que lo dixeren — ¡ vive
Dios ! — se engañan, que nunca que en cosa que tratase tuve tal intento,
sino al bien público y servicio de mi Rey. Como cualquier hixodalgo está
obligado a hacer, deseo ver desempeñado a Su Magestad por lo que toca
a su servicio, y al bien de todos, y quien no tiene este deseo, no lo tengo
por buen cristiano ni por hombre noble. No apruebo yo el robar ni quitar
lo suyo a naide por enriquecer al rey, pero tengo por muy justo procurar
se extiendan sus reinos e rentas para desempeñarse, siendo sin perjuicio
de naide, y pudiéndose hacer conforme a Derecho.
Los quintos entiendo que proceden todos — o la mayor parte de
ellos — de la plata que sacan los indios, y no de la que sacan los espa­
ñoles (como tengo dicho), porque lo que sacan los españoles es muy
poco, y de ello no se sacarán treinta mil pesos de quintos, porque lo
que sacan, demás de ser poco, lo vuelven a dar a los indios por jornales
que les dan, y por cosas que de ellos compran necesarias para sacar la
plata, la cual toda se saca de los indios por contratación de coca, carneros
de la tierra, ropa, y maiz y otras comidas que los españoles les venden,
la cual contratación — si faltase — es cierto que faltarían los quintos.
P arte se g u n d a — cap. x i 267

Tiene también Su Magestad otra hacienda, que es de derechos de


almoxarifazgo de las mercadurías que se traen a vender a las Indias,
quince por ciento, y del vino, veinte por ciento, la mitad pagado en
España, y la otra mitad acá.
Todo lo cual es para las costas que Su Magestad hace en defender y
asigurar la mar de corsarios, y para una partecilla pequeña de los mun-
chos gastos que Su Magestad hace en defender sus reinos e señoríos e
de la religión cristiana que por nuestros pecados se ha venido a encerrar
en un tan pequeño rincón como España, y en la poca gente que estamos
en las Indias, y viendo el peligro tan grande que hay en cosa que tánto
nos va, no tengo por buen cristiano al que mira en cosas tan baxas como
son dineros, y tan pocos, y con tan poco perjuicio, y que tan justamente
se pueden llevar, habiendo tan justa causa para ello.
Tiene también Su Magestad los dos novenos de los diezmos, aunque
de estos siempre hace merced a las fábricas y hospitales.
Habiendo de haber Casas de Moneda no me parece que puede haber
duda en el pasarse la marca real e los Oficiales reales de Potosí a esta
ciudad, adonde antes solían estar, porque pues no se han de hacer barras,
ni se han de hacer pagamientos si no en reales o escudos, ya lo harán
al acudir a esta ciudad.
En ella conviene que esté la marca y los Oficiales reales para cobrar
el quinto de la plata e oro que se traxere a hacer moneda, y pues fuera
de Potosí y Porco y los demás asientos de minas no ha de correr otra
moneda, sino reales y escudos, ni tampoco en los asientos, sino fuere
en las pagas que han de dar los indios (como arriba dixe), no puede
haber daño alguno en se pasar la marca real y Oficiales de Potosí a
esta ciudad.
Provecho será muy grande a la Hacienda real, porque estando los
Oficiales adonde estoviere la Audiencia, se podrán hacer los acuerdos
que Su Magestad manda por sus Ordenanzas y Provisiones reales, lo
cual esta más claro si Su Magestad manda repartir toda la tierra, y no
teniendo indios puestos en su cabeza, y aunque lo estén, pues la tasa
se ha de pagar en dinero, aquí lo vernán a pagar pues aquí se hace el
dinero, y aun conviene para que las ventas y remates se hagan presente
un Oidor o Fiscal, como manda la Ordenanza.
Las leyes que para lo tocante a la Hacienda real parece que conviene
hacerse, conforme a lo arriba dicho, son a mi parecer las siguientes :
i Que, asentada la Casa de la Moneda en la ciudad de La Plata, se
pase allí la marca real de Potosí y los Oficiales reales que residen en la
dicha ciudad, y posen en la mesma Casa de la Moneda, y sea la casa
junto con la de la Audiencia, muy bien cercada, en la cual haya no más
de tres puertas, y de cada una tenga cargo un portero,
ix Item, que haya solamente dos Oficiales : Contador y Tesorero, y
se dé a cada uno de salario dos mil pesos, e no haya Factor, pues no es
necesario.
268 G o b ie r n o d e l P e r ú

iii Item, que los dichos porteros de la Audiencia, y uno de la Casa de


Moneda, y Oficiales reales, residan y moren dentro de las dichas casas
reales, y tenga cada uno cargo de las puertas.
iv Item, que cada semana, un día de ella, cual la Audiencia señalare,
el Oidor más antiguo, el Fiscal, y los Oficiales reales se junten en el
aposento de el tal Oidor, y hagan acuerdo sobre lo que se debe hacer
en los pleitos e negocios de la Hacienda real, ansí en la Audiencia, como
en el Cuzco ante el Gobernador y Adelantados que allí residieren, e se
ponga por obra con delixencia lo que se acordare.
v Item, que todo lo que se metiere en la Caxa real, sea en moneda de
reales o escudos.
vi Item, que haya dos Caxas : una de la Hacienda real, y otra de tri­
butos vacos (si los hobiere de haber); y tenga cada Caxa tres llaves :
una tenga el Tesorero, otra el Contador, y otra el Fiscal o otra persona
a quien la Audiencia lo cometiere, que podrá ser el solicitador del Fiscal,
que estará más desocupado, y no se abra la Caxa sin que se hallen todos
tres presentes a sacar algo de ella.
vil Item, que en principio de cada año se miren las Caxas reales por
un Oidor, a quien el Presidente nombrare, y por los Oficiales reales, y
adonde no hobiere Oidor, por el Corregidor u otra Justicia por su ausencia,
y por ante el escribano de Cabildo, y se pese e cuente la moneda que en
las Caxas hobiere, y se invíe por testimonio a la Rota del Cuzco, adonde
se han de tomar las cuentas, so pena que si no se inviare el testimonio,
paguen el Corregidor y los Oficiales reales ducientos pesos para la Cámara.
v iii Item, que tenga cada Oficial un libro de caxa, y en la Caxa se meta
otro, demás de el manual, y en cada partida de el cargo se ponga la firma
de los Oficiales, y sean todos tres libros de un tenor, y que al dar de
las cuentas se lleve el manual y uno de los tres libros, que sea el que
estoviere en la Caxa.
ix Item, que no se pueda dar en las Indias finiquito a los Oficiales
reales, sino en el Consexo Real de Indias.
x Item, que cada año se tomen en la Rota las cuentas a todos los Ofi­
ciales reales de el Reino ; entiéndese de su destrito, y de la Audiencia
de los Charcas y la de los Reyes, y las invíen al Real Consexo de las
Indias, y no se les dé cosa alguna por el tomar de las cuentas.
xi Item, que haya dos manuales : uno que esté siempre en la caxa, y
otro en poder de los Oficiales.
x ii Item, que el remate de la Hacienda real se haga presente un Oidor
y el Fiscal, y que no se fíe, sino que el remate sea a luego pagar, y no se
entregue hasta que lo paguen las personas en quien se rematare, pero
con parecer de la Audiencia, o del Cabildo e Regimiento de cada ciudad,
o la mayor parte de ellos, se pueda fiar por que no dan la tercia parte a
luego pagar de lo que la cosa vale, y de lo que darían fiándose, e tomen
buenas fianzas.
x iii Item, que nenguna cosa que se cobrare se eche en la Caxa sin estar
P arte seg u nd a cap. XI 269

presentes todos los Oficiales, y den fe que se pesó o contó ante ellos, y
lo firmen de sus nombres, y no baste hacer cargo de ello al Tesorero,
sino que lo vean cómo se metió en la Caxa, así en los quintos como en
los demás derechos reales.
xiv Item, cualquier oro o plata que se tomare en los puertos sin ser
hecho moneda, o labrado y no quintado y marcado, y lo labrado sin licencia
de la Audiencia de donde viniere, el que se traxere se tome por la Justicia
para la Cámara real.
xv Item, que cualquiera libranza sea firmada de todos los Oficiales,
y de esta manera se pague.
xvi Item, que haya un Oficial que escriba los libros y refiera las cuentas,
al cual se le dé de salario ochocientos pesos, y que no haya balanzario,
pues los quintos se han de pagar en moneda.
x v ii Item, que los Oficiales reales no se puedan ausentar sin licencia
del Presidente, el cual la dé por breve tiempo, y dexando persona que
sirva por él, a contento del Presidente.
x v iii Item, que si algún oficio de la Hacienda real vacare, se provea
por el Gobernador y Adelantados, entretanto que se provee en el Real
Consexo, y lo invíe luego a hacer saber a Su Magestad y a su Real Con­
sexo ; y lo mesmo en los oficios de escribanos.
x ix Item, que no se pueda librar por nenguna de las Audiencias cosa
alguna en la Hacienda real, ni penas de Cámara, si no fuere para el cape­
llán de la cárcel, que a éste le pueden librar en penas de Cámara cuatro­
cientos ducados, y tampoco pueda librar en ellas el Gobernador y Adelan­
tados, sino en los casos que especialmente se les permitiere, arriba dichos.
x x Item, que el Tesorero cobre las penas de Cámara, las de estrados,
y las que se aplicaren para obras pías e obras públicas ; y el Alguacil
mayor tenga cargo de las executar, y se metan en la Caxa real, y de allí
se gasten y haya libro aparte de ello, y se invíe cada año la cuenta de
ello a Su Magestad y a su Real Consexo de Indias.
xx i Item, que el Presidente tenga un libro en que se asienten las penas,
y lo firmen el Presidente y el escribano, y cuando hobiere necesidad de
algo, se libre por el Presidente y Oidores en el Tesorero, y de allí se gaste,
y no de otra manera.
x x ii Item, que en cualquiera condenación que hicieren, siendo la pena
arbitraria, sea la tercia parte — por lo menos — para la Cámara ; pero
en las penas puestas por las leyes y ordenanzas, no muden la condición,
aplicándolo de otra manera que ellas lo mandan, so pena de lo pagar
de sus bienes, no cumpliendo esta ley en todo, como en ella se contiene.
x x iii Item, que un Oidor asista a las cuentas de los diezmos, para
que no permita que se partan sino conforme a la erección, y la Au­
diencia lo haga complir ansí.
Si hobiere de haber indios puestos en cabeza de Su Magestad, se
harán otras leyes para el buen recaudo del tributo de ellos.
270 G o b ie r n o d e l P e r ú

CAPITULO X II

Si converná que todos se llam en v e c in o s ;


Y Q U E SE N O M B R E N ALCALDES O R D IN A R IO S DE TODOS ESTAD O S,
y que los A lcaldes no con ozcan de cau sas c r e m in a l e s ,
h a b ie n d o C o r r e g id o r o A u d ie n c ia

Ciudadano o vecino se dice verdaderamente (según Homero referido


por Aristótiles) el que es hábil para poder ser proveído a las honras y
oficios públicos de justicia y de gobierno. De aquí el que no todos los
que moran en una ciudad se deben llamar vecinos, aunque la ciudad
no pueda permanecer sin ellos. Esto, por ventura, movió a los primeros
gobernadores de esta tierra a permitir a que no se llamasen todos vecinos,
sino solos aquellos que tenían indios en encomienda, porque en aquel
tiempo daban las encomiendas a todos los prencipales, y los que quedaron
sin suerte, fué o por haber venido tarde, o porque eran oficiales y hom­
bres baxos, los cuales en nenguna buena república pueden ser vecinos,
como dixo Aristótiles, el cual refiere que los tebanos tovieron una ley
que nenguno fuese hábil para las honras y oficios de la república, si no
hobiese diez años que no usaba la mercadería.
Mas, después acá ha venido gente noble a esta tierra, que no tienen
indios, porque los hallaron repartidos cuando vinieron, y son ricos y
nobles, a los cuales el vulgo llama « soldados » (que cierto se debe deste­
rrar este nombre de esta tierra), y no son tenidos por vecinos, ni les dan
oficios de alcaldes ni regidores, e tienen gran razón de quexarse, pues
no menos se pueden y deben ellos llamar vecinos que los que tienen enco­
miendas de indios, ni menos se les deben de negar los dichos oficios
que a ellos, pues son verdaderamente vecinos : lo uno por ser capaces
de cualquier honor público, y lo segundo, por ser ricos.
Si se dixese que han usado tratos e mercadurías y eso lo han ganado
los que son ricos, por lo cual parece que no es justo que sean admitidos
a los oficios de alcaldes y regidores, respondo que la mercaduría no excluye
al que la usa de semexantes oficios y honras, cuando la costumbre de
la tierra no tiene por vileza la mercaduría, y adonde la usa gente noble,
como en Venecia y Genova, pues en este Reino nunca se ha tenido la
mercaduría por cosa vil, mayormente si es mercaduría de coca, de
que usan todos, o los más vecinos, y mexores del Reino, y de otras merca­
durías gruesas, porque los mercaderes que tienen tienda pública y ven­
den por menudo, éstos siempre han sido tenidos en menos, mas no los
que por terceras personas, o criados suyos, la usan, que éstos no pierden
punto en ello, y si en alguna tierra se sufre no se tener en menos al que
es mercader, es en ésta, porque no hay de qué se poder sustentar un
P arte seg u n d a cap . X II 271

noble, si no es de labrador, o si no trata, mayormente que para cobrar


amistad con los indios es menester tratar y rescatar con ellos, como
dixo Hesíodo. referido por Plutarco en la Vida de Solón (1).
Naide, pues, con razón puede tener en menos a los que no tienen indios,
que llaman « soldados », por haber enriquecídose tratando, pues en esta
tierra no se tiene por baxeza la mercaduría, por las razones ya dichas;
y ansí me parece que todos se deben llamar vecinos, y a todos se deben
dar oficios públicos de alcaldes y regidores, si no fueren hombres que
tengan tienda pública, e vendan en ella mercadurías, y oficiales de
artes liberales, y oficiales mecánicos, que son los que declara Tiraquelo,
famoso doctor francés.
Sea la conclusión : que se partan los oficios de alcaldes y demás oficios
entre los comendadores que tienen indios en encomienda y los que no
los tienen, siendo de la calidad ya dicha, excepto en las villas adonde
no se pueda hallar tanta gente de la dicha calidad.
Estos alcaldes ansí elegidos me parece que no es bien que conozcan
de causas creminales, porque como son vecinos, hacen unos por otros,
y no se puede enteramente hacer justicia, como se ha visto y ve por
ispiriencia. Mexor es que puedan prender solamente, y hacer información,
y el Corregidor conozca de la causa, o el Alcalde de Corte adonde hobiere
Audiencia, para que, concluso, conozca de ello todo el Audiencia. De
otra manera quedarán los delitos por castigar, o a lo menos que puedan
los Corregidores o el Audiencia advocar cualesquier causas creminales
que pasasen ante los alcaldes ordinarios, si entienden que por algún
respeto no se hará justicia, de lo cual no sean obligados a dar cuenta,
sino quede a su albedrío ; y creo que será mexor lo primero, aunque se
quexarán de ello las ciudades.
Las leyes que para lo contenido en este Capítulo se deben hacer,
a mi parecer son :
i Que no se puedan llamar ni llamen « soldados » los que no tienen
indios en encomienda, antes todos se llamen vecinos : los que los tienen
y los que no los tienen, y todos gocen de lo que gozan los vecinos de
cualquiera ciudad.
ii Item, que en cada una de las ciudades del Reino elixan un alcalde
de los vecinos que tienen indios, y otro de los que no los tienen, y los
demás oficios se partan entre ellos, con tal que no se elixa hombre que
usare oficio mecánico, ni mercader que toviere tienda pública y vendiere
por su persona en ella por menudo, o lo hobiere vendido cuatro años
antes, excepto en las villas pequeñas, que no puede haber tanta gente
que no viva de semexantes oficios e tratos.
m Item, que no se pueda decir oficio vil ni baxo el de chacarero y agri­
cultor, excepto el que por alquiler trabaxare en la chácara, que este se
tenga por oficio vil, y no se le den oficios en la república.

(1) Dans : Les Vies parallèles.


272 G o b ie r n o d e l P e r ú

iv Item, que los alcaldes, habiendo Corregidor, no conozcan de causas


creminales graves, más de para prender y hacer información, y si no cono­
ciere de ellas, las pueda advocar a sí la Audiencia o el Corregidor.
v Item, que si las causas fueren livianas, se pueda apelar de lo que el
alcalde mandare, para la Audiencia o para el Corregidor, y lo mesmo en
las ceviles.
vi Item, que haya en cada ciudad un fiscal, el cual sea obligado a ape­
lar de todas las causas creminales para el Audiencia o para el Corregidor,
no habiendo parte, porque por no le haber habido se quedan munchos
delitos por castigar, porque se tiene acá por afrenta de quexarse naide
ante la Justicia, sino pretenden vengarse por sus personas, y com o
no hay acusador, desimúlanse munchos delitos.

CAPITULO X III

Si c o n v ie n e que h aya chácaras de pan coger ,


Y QUE SE CONSERVEN LOS INDIOS QUE EN ELLAS HABITAN ;
Y QUE SE HAGAN INGENIOS DE AZÚCAR, Y OBRAXES DE PAÑOS,
HUERTAS Y VIÑAS, Y QUE HAYA GANADOS, Y QUIEN LOS GUARDE,
Y QUE LOS PASTOS Y MONTES SEAN COMUNES

Como dice Platón, por adquerir oro y plata no se dexará aquello


para que queremos el dinero. Habernos hasta aquí tratado la manera
que se puede tener para que haya muncha plata y oro, y si a esto sólo
se diesen todos, mal nos podríamos mantener. Conviene, pues, dar orden
cómo en la tierra haya pan e vino e otros mantenimientos a la vida nece­
sarios, pues la tierra es tan aparexada para ello, de lo cual naide se puede
despreciar, pues Tulio Teofilates, Columela y Aristótiles tánto la loan,
y otros munchos autores que tratan de la agricultura, que refiere Tira-
quelo, y pues tántos príncipes y personas prencipales la usaron, como
fueron Escipión el Africano, Dionisio Halicarnaso, Marco Tulio Valerio,
que fué Cónsul seis veces, Antonino Pío, Emperador, Diocleciano, Empe­
rador, y otros munchos que refiere Tiraquelo.
De aquí es que muchos caballeros en esta tierra se han dado a tener
chácaras y heredades, y a labrar y coxer pan, por no andar — como
algunos andan — ociosos, comiendo a mesas axenas, y rompiendo (como
dicen) poyos. Pues por estas razones, y otras muchas, es necesario que
se loe este género de exercicio, y se procure llevar adelante y favorecer
a los que labran la tierra y coxen de ella el pan que Dios nos da.
P arte segunda — c a p . xiii 273

No lo digo de los que para esto se alquilan, que éstos son hombres
baxos, sino de los dueños de las chácaras, que por indios yanaconas
labradores las labran, no dexando ellos de les dar industria, y aun tra-
baxar alguna vez ; y como dixe en la Parte Primera, Capítulo VIII,
no es razón quitarles los yanaconas que tienen y están ya como vecinos
en las mesmas chácaras, de que tanto bien les viene, como allí dixe.
Algunos plantan viñas y hacen vino, aunque no es tan bueno que
se pueda añexar ; mas podrá ser, andando el tiempo, sea bueno.
Todo esto es menester para conservación de la tierra, y aunque a
algunos parezca que es mexor no haber estas cosas, antes que se traigan
de Castilla, para con ellas sacar la plata y llevarla a España, no sé yo
por dónde fundarán los que lo dicen que esto sea mexor, ni aún que jus­
tamente se pueda esto desear, porque cuanto más plata se lleve a Castilla,
y más mercadurías se saquen para esta tierra, más caro vale todo en
España, y más necesidades h a y ; y para traer acá mercadurías, se ha
de llevar todo el dinero, o lo más, fuera de España, cuanto más que
por munchas cosas de estas que acá haya, no dexarán de traer de España
cosas que acá no pueda hauer, ni las habrá tan presto, ni tampoco por
enriquecer a España, y ya que confesemos que por esto se enriquezca,
no por eso se ha de dexar de procurar de aumentar y conservar y enri­
quecer esta tierra, y los naturales de ella, pues ellos son causa de que
se enriquezca la nuestra.
Conviene también que haya ingenios de azúcar y obraxes de paños,
como los hay en la Nueva España y los han comenzado a hacer en esta;
y que haya ganados de España, y que se alquilen indios para la guarda
de ellos, y que para su conservación los pastos y aguas sean comunes,
dando orden cómo no hagan daño a las chácaras de indios.
También, por que no falte leña, es menester que en la corta se guar­
den las leyes y premáticas de España, y que se planten de nuevo, y se
den provisiones para ello, porque es la tierra muy estéril de leña, y si
no se procura de conservar, se perderá en breve.
Querría yo que que los que la vienen a gobernar toviesen esta consi­
deración de su perpetuidad, y no desfrutada por los tiempos que ellos
han de estar en ella, y vueltos a España ricos, si quiere se pierda y acabe.
Esto es decir verdad, amargue al que amargare, que en verdad que
todas las riquezas y favores del mundo, a trueque de no decir la verdad,
no las tengo en un tomín.
Las leyes que para lo contenido en este Capítulo se deben hacer,
a mi parecer son :
i Que los dueños de las chácaras sean favorecidos, pues son los que
conservan la tierra ; y los yanaconas que en ellas están, se conserven en
ellas, guardándose cerca de ello las leyes referidas en el Capítulo VIII
de la Parte Primera de esta obra.
n Item, que los Corregidores de indios procuren de ocupar los indios
que tovieren a cargo, especialmente los días que son para la tasa, en
274 G o b ie rn o del P erú

labores de viñas e ingenios de azúcar, no siendo de temple contrario a


su salud, y en obraxes de paños, para que sean enseñados y aprendan
estos oficios, y en guardas de ganado, haciéndoles pagar su salario a
ellos mesmos, y no a sus caciques.
iii Item, que los dichos Corregidores procuren la conservación de
los montes, y se planten de nuevo en las partes donde hobiere necesidad
de ellos para minas e ingenios, obraxes y otros semexantes.
iv Item, que nenguno pueda cortar leña por pie, sino por rama, dexando
horca y pendón, conforme a las leyes y premáticas de España, si no fuere
de quishuar, que ésta se ha de cortar por pie, para hacer carbón, y nunca
vuelve a nacer.
v Item, que planten e siembren pinos en las partes que para ello fueren
acomodadas, y se tenga cuenta con su conservación.
vi Item, que las Audiencias pongan penas a los que contra estas leyes
fueren e pasaren.
vii Item, que media legua de las chácaras e sementeras de indios no
se traigan ganados mayores ni menores de Castilla, so pena de ducientos
pesos, y más el daño que hicieren ; en lo demás, los pastos sean comunes,
y cada español o indio pueda hacer casa o cabaña junto a la que estoviere
hecha por otros, sin que naide le pueda poner impedimento.

CAPÍTULO X IV

l a p r o v i n c i a d e C h u c u it o , y d e s u g o b ie r n o ;
D e
SI CONVERNÁ REPARTIRSE Y TASARSE DE NUEVO J
Y CÓMO PODRÁN SER GRATIFICADOS LOS ESPAÑOLES QUE HAN SERVIDO
A Su MAGESTAD EN ESTA TIERRA, Y NO ESTÁN REMUNERADOS

La provincia de Chucuito es la mexor que hay en el Perú. Es parte


de la generación de indios que se dicen collas. Es la mayor comarca de
el Perú, y la más poblada : comienzan los collas desde Ayaviri, y llegan
hasta Caracollo. Al Oriente tiene las montañas de los Andes ; al Poniente,
las cabezadas de las sierras nevadas y las vertientes de ellas que van
a parar a la Mar del Sur. Sin la tierra que ocupan con sus labores y
pueblos, hay grandes despoblados que están llenos de ganado silvestre.
Es la tierra del Collao toda llana, y por muchas partes corren ríos
de buena agua. En estos llanos hay muy hermosas vegas y muy espa­
ciosas, que siempre tienen yerba en cantidad, y a tiempos muy verde,
aunque en el estío se agosta como en España. El invierno comienza por
Octubre, y dura hasta Abril. Llámase invierno porque llueve, mas en
P arte segunda cap. XIV 275

efeto es verano, porque entonces producen los árboles, y desde Abril


comienzan los yelos, y no hay cosa verde. Los días y las noches son casi
iguales, y en esta comarca hace más frío que en otra nenguna poblada
parte del Perú, y cáusalo ser la tierra tan alta, que casi emparexa con
las sierras. No se dá maiz ni trigo en todo el Collao, ni hay árboles, y es
tan estéril, que no dá ni produce frutas las que otros valles producen.
Fué en tiempo antiguo muy poblada. Tiene alrededor de los pueblos
sus sementeras de papas y quinua ; a las papas, después de secas, llaman
chuño, que es cosa muy estimada y que se vende muy bien en Potosí,
y también otra simiente, que llaman oca. Siendo fértil y de muchas aguas
el año, pásanlo bien los collas y muy a contento ; mas no lloviendo,
pasan gran necesidad. Para estas necesidades el Inga puso de estos collas
por mitimaes en tierras fértiles y abundantes, para que sembrasen maiz
para proveer el Collao y otras partes donde se criaba (1).
Esta gente del Collao traen los chucos de este talle, y hacen a los
muchachos la cabeza ahusada a la manera del huso, que
ha sido causa que muchos hayan muerto, como dixe
en la Parte Primera de esta obra, Capítulo X X III.
En el comedio de esta provincia del Collao se halla una laguna, la
mayor y más ancha que se ha hallado en las Indias, y junto a ella están
los más pueblos del Collao ; en las mesmas islas que hace esta laguna,
siembran y guardan las cosas más preciadas que tienen, por tenerlas
más seguras que en los pueblos que están en el camino. Tiene la laguna
de contorno ochenta leguas ; en algunas partes tiene setenta y ochenta
brazas de hondo, y en otras partes m enos; y en esto, y en las olas que
hace cuando algún viento la sopla, parece seno de mar, aunque en ser
el agua dulce parece que no puede ser mar. Esta laguna tiene por nombre
Titicaca.
Dentro de esta gran provincia está la de Chucuito, que está en cabeza
de Su Magestad, y es de su real patrimonio. Tiene munchos pueblos por
cabeceras de provincia : el prencipal se dice Chucuito ; los demás se llaman
Juli, llave, Yunguyo, Acora, Pomata y Zepita. Por este último se desagua
la laguna.
Es gente rica de ganado de la tierra, y grandes mercaderes y tratantes.
Parecen judíos en sus tratos y conversación. Tienen munchos pueblos
suxetos a estas siete cabeceras, y en la costa tienen el pueblo de Sama,
puerto de mar, y otros.
Tiene Su Magestad diez y ocho relixiosos dominicos, a quienes da
lo que manda el sínodo, que llegará a 340 ó a 360 pesos cada uno cada
año.
Son veinte mil indios de tasa, que a cinco pesos cada uno, serían
cien mil pesos de renta, y no dan agora la tercia parte, por persuasión

(1) Depuis le début du chapitre jusqu’ici, le texte vient du chapitre X C I X de la Crónica


General del Perú de Cieza de León.
276 G o b ie r n o d e l P e r ú

de los que no lo entienden, y que quieren más para sí que para Su Mages-
tad, habiendo de querer más para quien lo ha más menester. Hacerse
ansí esta tasa sería mexor que no quitarles los ganados que los tiranos
Ingas les robaron, adjudicándoselos a sí y al sol, porque estos ganados
son suyos, y puédenles aprovechar mucho, ansí para ayuda de la tasa,
como para las necesidades que se han de suplir de los propios, de que
traté arriba.
En esta provincia de Chucuito hay dos géneros de indios, que dicen
que son inútiles para cosa de trabaxo ni provecho, que son los uros y los
chuquilas.
Los uros son pescadores que están poblados alrededor de la laguna.
Estos son maestros en hacer ropa de la tierra, petacas, esteras y chucos
(que son sus bonetes), y van a cargar ganado con lo que les mandan
sus caciques, que son recámara de sus robos.
Los otros, que se dicen chuquilas, son cazadores : de éstos hay pocos,
y los que son no entienden sino en matar ganado bravo, y en idolatrar.
Son hichiceros, que como xamás ven españoles, antes andan adonde
están sus huacas, no es mucho que sean lo que digo.
Haciéndose el repartimiento y tasa de la manera que tengo dicha,
se haría gran bien a los mesmos indios, a la Real Hacienda, y a los que
pretenden haber servido a Su Magestad en este Reino. Temía Su Mages-
tad cien mil pesos horros de lo que rentase toda la provincia, a cinco
pesos cada uno, que ganarían en los cuarenta días que han de trabaxar
para el encomendero ; por lo menos habría veinte mil pesos para los
beneficios, que habría de haber veinte y ocho beneficios, cuatro en cada
cabecera. Habría otros veinte mil pesos por los ocho días que cabían
a Su Magestad : para los Corregidores podrían darse, dando a cada uno
dos mil pesos, que había de estar cada uno de ellos por Corregidor en
cada cabecera de las siete que hay en la dicha provincia. Sobrarían seis
mil pesos : los dos mil para diez tucuiricos, y los cuatro mil para un visi­
tador general de toda la provincia, que se había de poner de dos en dos
años, para que hiciese complir todo lo que Su Magestad mandase complir
y hacer en la dicha provincia.
De los cincuenta mil pesos podría Su Magestad dar veinte mil para
su Consexo : diez mil pesos al Presidente, y a cada uno de los de su
Consexo, mil pesos demás del salario ordinario que allá tienen. Lo demás,
repartillo entre los que Su Magestad mandase del mesmo Consexo, que
fuese a su riesgo.
Todos los demás repartimientos que están en cabeza de Su Magestad
los había de mandar encomendar a los que le han servido en esta tierra,
y dárselos en perpetuidad, como arriba está dicho, pues el provecho
es tan notorio, ansí a los indios, como a los españoles, como a Su Magestad.
No es justo que los que están en España gocen de los tributos que
acá dan los indios, pues se dan para conservación de la tierra, lo cual
no hacen los que están en España, y llevan a gastar allá toda su renta,
P a r t e s e g u n d a — c a p . x iv 277

y no basta que tengan un hombre alquilado por quinientos pesos, que


sirva su vecindad, porque éste no puede gastar ni sustentar lo que susten­
taría el dueño del repartimiento, estando en este R eino; demás de que
es gran conciencia que destruyen los indios, y tratan y granjean con ellos,
y hácense con esto muy ricos, como se ve por ispiriencia. Mírese en esto
que no sé cómo se descargue la conciencia de Su Magestad si no se remedia.
El que fuere a España para tratar lo tocante a la perpetuidad, puede
llevar memoria de los repartimientos que hay y de los que están en
cabeza de Su Magestad, y de los que han servido en esta tierra, que no
están remunerados, y allá, con acuerdo del Real Consexo de Indias, se
podrían mexor gratificar y remunerar, que no por los Virreyes, que al
fin es uno solo, y no hay quién le vaya a la mano.
Los templos que se han hecho en Chucuito han sido y son muy dema­
siado costosos y muy superfluos edificios, y como se hacen con sólo
parecer de los sacerdotes, unos hacen y otros deshacen, en que se gasta
y ocupan infinidad de indios, sin que por ello se les pague cosa alguna.
Hay necesidad de que ni en esto, ni en otra cosa alguna, tengan mano
los sacerdotes, ni hagan los indios edificio alguno sin mandado de la
Justicia real, porque de otra manera es grande agravio para ellos, y
acabarse han presto con tanto trabaxo, y no serán causa de ello solos
los legos.
Las leyes que para lo contenido en este Capítulo me parece que se
deben hacer, son :
i Que la provincia de Chucuito se tase y vesite de nuevo, conforme a
la orden que está dada.
ii Item, que haya en ella siete protetores perpetuos Corregidores, y
un vesitador general, y que cada Corregidor resida en una de las siete
cabeceras de la provincia, y hagan lo que les está mandado en el Capí­
tulo X X de la Parte Primera ; el vesitador lo ha de andar todo visitando,
para ver si se cumple lo que se hobiere mandado, y que lo sean dos años,
no más.
iii Item, que a cada Corregidor se le den dos mil pesos de salario, y
al vesitador, cuatro mil pesos.
iv Item, que haya diez tucuiricos, y se les dé el salario que arriba dixe.
v Item, que haya veinte e ocho sacerdotes que dotrinen los indios,
cuatro en cada cabecera, que sean beneficios perpetuos, como está dicho.
vi Item, que veinte mil pesos de los que renta la dicha provincia de
Chucuito se invíen cada año para pagar el salario al Presidente e Oidores
del Consexo de Indias y los del dicho Consexo y oficiales de él, y que
vayan a su riesgo, y que se dé a cada uno mil pesos demás de el salario
ordinario que tienen, y al Presidente diez mil pesos, y lo demás se reparta
entre el Secretario y los oficiales, como a Su Magestad pareciere.
vu Item, que todo lo que más rentaren los tributos de la dicha provin­
cia, se ponga por Hacienda real, y se haga cargo a los Oficiales de esta
provincia de ello, como de la otra Hacienda real.
23
278 G o b ie r n o d e l P e r ú

v iii Item, que los beneficiados no entiendan en castigar indios, ni


tengan cepo ni prisiones, ni en hacer edificios ni iglesias, sin mandado
de la Justicia real, ni otra cosa más de en su dotrina y administración
de los sacramentos.
ix Item, que las iglesias se hagan con parecer del Corregidor y por
mandado de la Audiencia, como arriba se dixo (1).

CAPÍTULO XV

Si M ar del N o rte,
c o n v ie n e a b r i r u n p u e r t o p o r e s t a t i e r r a a l a
Y LA ORDEN QUE EN ELLO SE DEBE TENER (2)

Entre otras cosas que he dicho tocantes al buen gobierno de esta


tierra, y a la pública utilidad de los vecinos y habitantes en ella, y para
su conservación y aumento, y de la Real Hacienda, me parece que no
será menor la que quiero tratar en este Capítulo, que es el descubrir
un puerto por estas partes a la Mar del Norte, para ir a España sin pasar
dos mares, y tan peligrosos y malos caminos como agora se pasa, que
son de esta ciudad, o de Potosí, hasta el puerto de Arica, que hay ciento
y ochenta leguas, lo más de ello mal camino, que se pasan algunos ríos
peligrosos, especialmente el Desaguadero de la laguna, en que hay no
poco peligro para pasar la plata. En el dicho puerto se embarcan los
que quieren ir por mar hasta Los Reyes, y de allí a Panamá, que es
puerto de la Mar del Sur, y tan enfermo como a todos es notorio; y de
allí se van, por tierra mala y cenagosa, diez y ocho leguas o veinte,
hasta el Nombre de Dios, puerto de la Mar del Norte, lugar el más enfermo
que hay en el mundo, adonde han muerto un millón de españoles.
El remedio de lo cual está agora en la mano si se descubre el puerto
por el río del Paraguay, que llamamos de La Plata, que está bien cerca
de esta tierra.

(1) Il est intéressant de confronter ces observations de Matienzo avec un document


contemporain de grande valeur, l’information de Garci Diez de San Miguel, publiée par
Espinosa Soriano, sous le titre : Visita hecha a la provincia de Chucuito por en el año 1567
(Lim a, 1964), p. 5-287.
(2) Deux rapports de Matienzo, du 2 janvier 1566 et du 20 juillet 1567, complètent
la matière développée dans ce chapitre. Jiménez de la Espada se rendit compte de l’impor­
tance du premier, et il le fit connaître dans les Relaciones Geográficas de Indias (Madrid,
1885), II, Appendice n ° I I I , p. x l i - x l v i i ; le second a trouvé place dans la Colección de
Documentos Inéditos para la Historia de Chile, Deuxième série, I, p. 94-96. Tous deux furent
réunis par Levillier dans La Audiencia de Charcas (Madrid, 1918), I, respectivement p. 168
et p. 221.
Cf. aussi l’étude de Christensen « Los itinerarios del Oidor Juan de Matienzo », dans
la Revista de la Universidad Nacional de Córdoba (Córdoba, 1917), IV , p. 268-312, et
l’ appendice (p. 71-87) de l’ œuvre de Lizondo Borda, Descubrimiento del Tucumán. El pasaje
de Almagro. La entrada de Rojas. El itinerario de Matienzo (Tucumán, 1943).
P arte seg u n d a — cap. xv 279

Puédese descubrir por tres partes : la una, que es más lexos, yendo
de esta ciudad al pueblo que dicen de La Barranca, que estaba poblado
de españoles y lo despoblaron los chiriguanaes poco antes que matasen
al Capitán Manso y su gente. Es pueblo del destrito e población del Capi­
tán Nufrio de Chaves, y hay hasta allí noventa leguas. De allí se pasa
el río de Chuniguri, que se vadea en verano, y en el invierno se pasa en
canoas y balsas. De este pueblo de La Barranca, hasta la ciudad de Santa
Cruz, que es otro pueblo de españoles que tiene poblado Nufrio de Chaves,
hay cuarenta leguas de tierra llana, bosque, y montes claros. En medio
del camino hay dos poblaciones de indios de paz, que sirven a españoles,
y sacan comida al camino. De Santa Cruz al puerto que dicen de La
Serrezuela, que es en el río de La Plata, hay setenta leguas, camino
llano, que hay indios a la una mano y a la otra.
La tierra está despoblada; en ella hay mucha leña, y madera de
cedros y otros árboles, de que se pueden hacer navios, y mucha cabuya,
de que se hacen sogas y sirve de estopa, que es como cáñamo. La brea
se puede hacer de cera, que hay allí mucha en los árboles, y mucha miel,
y de manteca de pescado o de puerco.
Allí se había de hacer un pueblo de españoles, al cual, como está
dicho, hay doscientas leguas desde esta ciudad de La Plata, y allí junto
está el gran rio de La Plata, rio hondable y muy ancho y poderoso,
en que se puede navegar con bergantines y con otros mayores navios.
Río abaxo está la ciudad de La Asunción, en cinco o seis días, que
hay cien leguas.
Por este puerto de La Serrezuela entró Nufrio de Chaves cuando vino
de el Río de la Plata a poblar la tierra que tiene poblada, y por allí
vinieron agora el Obispo y el Gobernador del Rio de La Plata, con ciento
y cincuenta hombres, para que en esta Audiencia se diese orden para
descubrir paso para esta tierra.
Desde la ciudad de La Asunción hasta el puerto de Buenos Aires e
isla de San Grabiel, que está enfrente y es en el mesmo río de La Plata,
hay ducientas y ochenta leguas, y en medio está la fortaleza de Gaboto.
Esta navegación es muy buena, porque es de indios de paz, que dan
mucho refresco a los españoles, y cada noche toman puerto. Del puerto
de Buenos Aires e isla de San Grabiel a España se va comunmente en
cuarenta o cincuenta días, saliendo en buen tiempo.
Otro puerto mejor que este se puede descubrir, y más cercano,
poblando un pueblo en Xuxuy, que son noventa leguas de esta ciudad,
y de allí por el rio abaxo que se va a juntar con el rio de Pilcomayo, el
cual va a entrar en el rio de La Plata, junto a las casas de la ciudad de
La Asunción, tres o cuatro leguas.
Otro camino se puede descubrir yendo desde aquí a Xuxuy, y de
allí al valle de Salta, que son ocho leguas, adonde está un río grande,
que llaman río Bermexo, y está de aquí cien leguas. Créese que es un
280 G o b ie r n o d e l P e r ú

río que sale al Río de la Plata, ochenta leguas más abaxo del de Pilco-
mayo. Éste será mexor camino que los dos de arriba.
A la ida a España serán estos dos caminos últimos breves, por ir
rio abaxo ; a la vuelta tardarán más, por venir rio arriba.
Para que cese todo esto, tengo por mexor otro camino y puerto,
por Tucumán, que será más corto y breve, ansí para la ida como para
la venida, y porque se vea la dispusición de la tierra, pongo aquí las
jornadas que hay hasta Santiago del Estero, y de allí hasta el Río de la
Plata y hasta España.
La primera jornada es saliendo de esta ciudad de La Plata a las Ventas
de Quixada, al Terrado que llaman, seis leguas.
De allí, por el camino derecho de Estopiñán, a un pueblo de Yamparáez
llamado Chacabuco, hay siete leguas.
De allí a Calacala, pueblo de indios uruquillas, hay cinco leguas.
De allí se va a Ayavisca, y de allí a Calcha, pueblo de indios chichas,
hay siete leguas.
De allí al pueblo de Vichada, que es de indios chichas, hay seis leguas.
De allí a Ascande, pueblo de indios chichas, hay cinco leguas.
De Ascande a Turquí, pueblo ansimesmo de indios chichas, hay
seis leguas.
De Turquí a Palquisa, pueblo de indios chichas, cinco leguas.
De Palquisa a Talina, pueblo de indios chichas, cinco leguas.
De Talina a Calahoyo, tambo real del Inga, despoblado, cinco leguas,
y hay alrededor y junto a este tambo pueblos de indios chichas bien
cerca, que pueden servir en el tambo, como servían en el tiempo del
Inga.
De Calahoyo a Moreta, pueblo de indios chichas y tambo del Inga,
hay siete leguas.
De Moreta a Casabindo el Chico, tambo del Inga, seis leguas y media ;
junto a este tambo hay indios encomendados en Martín Monge, vecino
de esta ciudad.
Del tambo de Casabindo el Chico al Tambo del Llano hay jagüeyes
de buena aguada y m ucha; hay cinco leguas y media ; quedan en medio
los tambos grandes de Casabindo ; es despoblado, y hay indios muy cerca.
Del Tambo del Llano a Rincón de las Salinas, cuatro leguas buenas;
es despoblado.
De las Salinas al Tambo de Moreno, ocho leguas; es por un llano de
salinas, muy buen camino ; está despoblado, y cerca hay indios.
De el Tambo de Moreno a los Tambos de Buena Yerba, que por otro
nombre llaman la Ciénaga Grande, seis leguas ; está despoblado.
De allí, al pié del puerto que se pasa para entrar al valle de Calchaquí,
tambo del Inga, cinco leguas.
De allí, por la mañana, se pasa el puerto al Tambo de la Palom a;
son cuatro leguas que no hay otra cosa que no sea más llana, y ésta lo
es harto.
P arte seg u n d a — cap. xv 281

De la Paloma a Pascamao, pueblo de indios de Calchaquí (que agora


está alzado), hay seis leguas.
De Pascamao a Chicoana, pueblo de calchaquíes, otras seis leguas.
De Chicoana a Guaxnil, pueblo de indios, cuatro leguas.
De Guaxnil a Angostaco, pueblo de indios, cuatro leguas.
De Angostaco a la ciudad de Córdoba, que solía ser de españoles, y
está agora despoblada por el alzamiento de [Juan] Calchaquí, que es
en los diaguitas, hay seis leguas.
De Córdoba a los Tolombones, cinco leguas, y a los Tambos de la
Ciénaga, cuatro leguas.
De aquí se aparta el camino del Inga para la ciudad de Londres, y
de allí para Chile por la Cordillera de Almagro que dicen, sobre la mano
derecha, y sobre la izquierda se toma el camino para Cañete y Santiago
del Estero, que es metiéndose hacia los llanos del Río de la Plata.
De los Tambos de la Ciénaga a Gualaqueni, pueblo de indios, tres
leguas, y adelante Tambería del Inga, una, que son cuatro leguas.
De allí a la boca de la quebrada, entrada de los Andes del Tucumán,
cinco leguas; ésta quebrada se puede atravesar por otro camino.
De allí, por la quebrada abaxo, a la ciudad de Cañete son nueve
leguas : las siete por la quebrada donde salen muchos brazos de ríos, y
es el nacimiento del río del Estero, que entra en el Río de la Plata. Repár­
tese esto en dos jornadas, cada uno como las quiera tomar, porque en
todas partes hay buenas dormidas.
De Cañete al rio de Yomanzuma, seis leguas.
De allí al pasaje de los Lules, siete leguas, y se pasa por allí el río.
Y de allí a Tipiro, cinco leguas.
De Tipiro a Santiago del Estero, cinco leguas pequeñas.
Que son, por todas las leguas que se halla haber desde esta ciudad
a la de Santiago del Estero, ciento y setenta y nueve leguas, y antes
se han alargado diez de las que verdaderamente hay.
Entre cada una de estas jornadas que se han contado hay pueblos
de indios chichas y de otras naciones, y tamberías del Inga, de que no
se ha hecho minción, todas con agua, leña, y yerba, y casas y paredones
descubiertos, porque todas las jornadas del Inga son de tres, y la que
más de cuatro leguas, y en los tambos que no se ha dicho haber indios,
apaciguada la tierra podrán salir los indios comarcanos a servir, como se
hace en el Perú, y lo hacían en tiempo de los Ingas, porque están su
pueblos cercanos del camino a dos y a tres, y a seis leguas el que más
lexos.
De Santiago del Estero salió el Gobernador Francisco de Aguirre,
muy buen capitán, y muy temido, querido y reverenciado de indios,
a descobrir un puerto a la Mar del Norte, a 12 del mes de Mayo de mil y
quinientos y sesenta y seis años, por mi intercesión, porque yo se lo
escrebí y rogué que él descobriese, porque le descobrí que podía ir carreta
282 G o b ie r n o d e l P e r ú

desde Santiago del Estero hasta la fortaleza de Gaboto, o a otra parte


del Río de la Plata.
Él la llevó, y la primer jornada es a un lugar de indios que se dice
Manogasta, que hay cuatro leguas.
Desde Manogasta a Ayachiquiligasta, hay tres leguas.
De allí a Ayambagasta, dos leguas.
De allí a Mocana, hay cinco leguas.
De Mocana a Tantingasta, hay tres leguas.
De allí a Guacalagasta, hay dos leguas.
De allí a Camisque, cuatro leguas.
De allí a Homamax, otras cuatro leguas.
De allí a Pasao, cinco leguas.
De allí a Alacapina, cuatro leguas.
De allí a Ungagasta, tres leguas.
De allí a Chapigasta, cinco leguas.
De allí a Zumampa, cinco leguas.
De Zumampa a una ciénaga, cuatro leguas.
De la ciénaga a un arroyo despoblado, cinco leguas.
De allí a un pueblo de Nicolás de Aguirre, cinco leguas.
En este pueblo, teniendo Francisco de Aguirre el campo junto, que
tenía en él ciento y tantos hombres, se le amotinaron los soldados por
conjuración que contra él hicieron en una casa de un Carranza, y a media
noche le prendieron a él y a su hixo Hernando de Aguirre, y a un caballero
que decían era yerno suyo, que llaman Francisco de Godoy, y a otro
hixo menor que se llamaba García de Aguirre ; y nombraron por general
a Jerónimo de Holguín, y por maese de campo a Diego de Heredia, y
por capitanes a Melián de Leguizamo y a Bartolomé de Peralta y a Juan
Berzocana, hombre que se había alzado otra vez.
Venidos a esta Audiencia él y otros de este jaez, echaron al pobre
viexo unos grillos a los pies, al cabo de haber servido a Su Magestad
treinta y tantos años en esta tierra muy prencipalmente, y gastado más
de trescientos mil pesos en su servicio, y parte de ellos en descobrimiento
de aquella tierra. Lo mesmo hicieron a sus hixos, llevándolos en la carreta
que llevaba a él, y en caballos con enxalmas, y ansí muy ignominiosa­
mente los metieron en la ciudad de Santiago, y quitaron las Justicias
que allí había, y pusieron otras de su mano ; dieron y quitaron indios,
y oyeron pleitos ordinarios, y para colorear su prisión, trataron con un
Licenciado [Julián] Martínez, que pretendía ser Vicario de aquella tierra,
sin serlo, en competencia con otro, que hiciese cierta información contra
el Francisco de Aguirre, y que dixese que se le había dado mandamiento
para le prender por la Inquisición.
Traxéronle ansí preso a él, y a sus hixos, y a Francisco de Godoy.
Dieron garrote a un Muñoz, su sargento mayor, sin que le dexasen confe­
sar. Hicieron un pueblo en Esteco, sin tener comisión de Su Magestad,
y quedáronse allí el Heredia y el Peralta y un Fuentes, y otros sus aliados,
P arte seg u n d a — cap. xv 283

y inviaron con los presos al General por ellos hecho Jerónimo de Holguín,
y a Melián de Leguizamo, y un sobrino del Heredia, que fué el que por
su propia mano dió garrote a Muñoz, y a Carranza, y a otros, y por su
procurador de el pueblo nuevo y de los traidores a un Alonso de Cepeda.
Hasta agora no se ha castigado a nenguno de los que le traxeron
preso, antes se han paseado por el pueblo, y se han poco a poco huido
todos. Si no viene de España juez para ello, nó se castigará. A lo que
entiendo, delito es que merece castigo — y muy grande —, y no se casti­
gando, nengún Gobernador ni Presidente ni Oidor está seguro.
Volviendo a mi intento, digo que de este pueblo, a do fué la prisión,
a la fortaleza de Gaboto, según la noticia que se tuvo de los indios, habrá
treinta leguas ; y quedaba Gaboto a la mano izquierda, y el Gobernador
Francisco de Aguirre iba en seguimiento de una tierra que se dice Anse-
nusa, valle de muchos indios que llaman comechingones, que estaba
de aquel pueblo de la prisión diez leguas, según decían los indios; y
aquel día de la prisión habían ya venido cincuenta caciques de aquella
tierra, de paz, a dar la obidiencia a Su Magestad y a Francisco de Aguirre
en su nombre, como está probado por los que de allí vinieron, y como
vieron que estaba preso Francisco de Aguirre, a quien ellos temen tanto,
y el campo alterado, volviéronse a sus tierras.
De allí a Curunera habrá cuatro leguas, que era la tierra en cuyo
seguimiento iba el Gobernador. En Ansenusa quería hacer un pueblo
en una isla que está entre dos ríos — uno del Estero y otro el río Salado —
que se juntan allí en Ansenusa y Curunera. Juntos los dos ríos hacen
una grande isla, que está toda poblada, y tiene más de veinte leguas.
Llámase Curunera, y los ríos pasan uno por abaxo de la isla, y otro
por arriba, y ambos entran en este Río de la Plata más abaxo de Gaboto.
Para entrar en esta isla se entra por una puente de tierra firm e; terná
de ancho como cincuenta pies, y tres cuartos de legua de largo, y es
muy hondable. Es tierra muy rica de plata y oro y ganado, y la gente
que en ella hay, vestida y de mucha razón.
Puédese ir a Curunera por otro camino, que es desde esta ciudad de
La Plata a Xuxuy, que son noventa leguas, y allí poblar un pueblo de
españoles, y de allí a Salta, nueve o diez leguas. De Salta a Balasto hay
veinte y cinco leguas. Allí están las minas ricas del Inga, adonde ha de
poblarse otro pueblo. De Balasto a Famatina hay treinta y cinco leguas,
a do ha de estar otro pueblo, que sería muy rico ; y de allí a Curunera
habrá sesenta leguas, que son por todas doscientas e treinta (sic) leguas.
Queda la ciudad de Santiago en triángulo entre Famatina y Curunera.
En Curunera (como he dicho), se ha de poblar un muy gentil pueblo.
Si allí hobiere puerto, será mexor, porque está más abaxo de la fortaleza
de Gaboto, y si no, se hará otro puerto en la fortaleza de Gaboto, que
está en el dicho Rio de la Plata, donde ha de ser la escala y prencipal
trato de los que de acá fueren a España. Allí acudirán, lo primero, los
284 G o b ie r n o d e l P e r ú

de la provincia del Tucumán, juríes y diaguitas, que está más cerca, de


que es Gobernador el dicho Francisco de Aguirre.
Lo que de esta tierra se puede llevar a España es oro, que hay mucho,
y cochinilla finísima, que no sólo es grana, sino carmesí, que hay en cuan­
tidad, y es cosa muy rica. Llevarán también un azul que vale a doquiera
a peso de oro, aunque de esto hay poco. Hay en esta tierra mucha miel,
y cera, y pez olorosa y muy buena y en abundancia.
Acudirán también allí los de el Río de la Plata, que pueden inviar
a España mucho cobre por lastre en los navios, y hierro, y alumbre, y
plata que hay en abundancia, y oro, según se ha visto y hecho el ensaye
y fundición en esta ciudad, en mi presencia, y en Potosí, de cierta tierra
y metal que truxo el Factor de aquella provincia, y por no haber allá
quién lo supiese hacer, se ha dexado de sacar y beneficiar. Azúcar lleva­
rán mucho, porque se puede hacer y hace alguna al presente, y harán
ingenios más que en Santo Domingo de la Isla Española ni en Canaria.
Llevarse han cuantidad de cueros, que es muy breve la navegación y
buena.
Acudirán también de esta tierra : llevarse ha de ella mucha plata.
De esta sola provincia, más de treinta mil pesos cada año, que restarán
pagados los salarios, y haciéndose lo que tengo dicho arriba, se doblará
la parada. Llevarse han también todo género de metales, que toda la
tierra está llena de ellos.
Acudirán de Chile, porque les será fácil la venida por tierra a la
fortaleza de Gaboto, o a Curunera. Llevarán mucho oro, que por no
haber habido en la tierra concierto hasta aquí, no se ha sacado tánto
como se pudiera sacar adelante.
Siendo como es tan breve la navegación, podrá servir de otro efecto
no menor, y es que los que recibieren agravio del Gobernador, o de las
Audiencias, o de alguno de los Oidores de ellas, se podrán brevemente ir
a quexar a Su Magestad y a su Real Consexo de Indias del que les hobiere
agraviado, lo cual no hacen agora, ni lo osan hacer, por ser tan lexos, y
el camino tan peligroso, adonde se aventura y pone a peligro mil veces
la vida, a cuya causa los que gobernamos y tenemos cargos de Justicia
tenemos más avilantez para agraviar al que nos enoxa o no anda a nuestro
gusto, lo cual cesaría poniendo este remedio ; y aunque a los de Lima y
Quito les caiga algo lexos, mas evitan los peligros de el Nombre de Dios
y Panamá, y podránse venir por la Mar del Sur hasta Atacama o Copiapó,
y de allí salir en breve a Gaboto o a Curunera, y de allí ir a España en
cuarenta días, o cincuenta, saliendo en buen tiempo.
La venida de España es también buena e gentil navegación, poblán­
dose el puerto de San Francisco, que es también buena tierra, y críase
en abundancia cañas de azúcar, e podrían también desembarcar allí
para la tierra del campo que — según dicen los que la han visto — es
la mexor que hay en las Indias.
Los que viniesen a esta tierra harían su primera descarga en la isla
P arte seg u n d a cap. xv 285

de San Grabiel, que es muy buen puerto, y pueden hasta allí llegar
navios gruesos de España, o en el puerto de Buenos Aires, que está
enfrente, y de allí se podrían embarcar en bergantines grandes que
hobiese para el efecto, que en tres de ellos podría caber lo que traxese
una nao gruesa, y subirían con ellos hasta la fortaleza de Gaboto, o
hasta Curunera.
De allí se proveería Tucumán y toda esta tierra de la manera que
dixe. Podrían, si quisieren, venir por tierra con carretas hasta Esteco,
que son cien leguas de aquí; allí había de estar un pueblo adonde le
tienen fundado los tiranos que prendieron al Gobernador Francisco de
Aguirre. Desde allí podrían venir, en arrias de carneros de la tierra, o
de caballos, hasta esta ciudad, que hay cien leguas ; o si quisiesen,
podrían venir hasta Xuxuy, por el río o por tierra, por los dos caminos
que tengo dichos. De Xuxuy podrían ir a la Mar del Sur al puerto de
Atacama, que son sesenta leguas, y desde aquel puerto se podría proveer
Chile yendo por tierra desde la fortaleza de Gaboto, y toda aquella tierra
hasta los Magallanes ; allí había de hacerse un pueblo de españoles, al
que había de servir Atacama, y de allí a Copiapó, que son sesenta leguas,
todo camino llano, y está allí junto el puerto a la Mar del Sur, y este
puerto es el más conviniente para todo, y desde Atacama o Copiapó
se podrá proveer Arequipa en ocho días por mar, y Lima en otros diez,
y Truxillo en ocho, y Quito y todos los demás puertos de la Mar del
Sur, en veinte o treinta días.
Podríanse proveer el Pueblo Nuevo de la Paz y El Cuzco, de Arequipa,
que están a sesenta y ochenta leguas, y si quisiesen, se proveerían de
Potosí, a do invían sus carneros con coca y se suelen volver vacíos, por
no tener qué traer de retorno, y ansí no les costaría nada el llevar las
mercadurías que viniesen de Castilla. Huamanga se podría proveer de
Lima, o de La Nazca, que es puerto.
Por Cédula de Su Magestad se ha mandado descubrir puerto por
el río de Pilcomayo, para ir al Paraguay, y de allí a España, con comisión
a esta Audiencia para que se gastase en ello lo necesario. No se ha hecho
nada, y pudiérase haber hecho, especialmente habiendo la coyuntura
que hay de la gente que ha venido a ello del Río de la Plata a esta ciudad
de La Plata, sin que costara a Su Magestad un tomín : mas no sé la causa
por qué se haya dexado de hacer, ni quién tiene de ello cargo dar la
cuenta.
El Capitán Juan Ortiz de Zárate, a mi instancia, aceptó la Goberna­
ción del Río de la Plata, y lo contrató con el Licenciado Castro, Gober­
nador del Reino, prestándosele diez mil pesos de la Caxa, y obligóse a
llevar desde España quinientos o seiscientos hombres a su costa, para
poblar parte de aquella tan gran tierra, que es más que el Perú y Chile
cuatro veces. Servicio será muy señalado que hará a Su Magestad hacién­
dosele la merced, y no será el primer servicio, porque es uno de los
que mexor han servido en este Reino, sin xamás haber ofendido el
286 G o b ie r n o d e l P e r ú

servicio de Su Magestad ; es valiente, y muy bien intencionado, que lo


hará mexor que otro, por conocer tan bien los indios y quererlos bien,
como los quiere; y lo prencipal, por ser buen cristiano y servidor de Su
Magestad.
Los quinientos hombres que han de venir de España, los más de ellos
han de ser ciudadanos, mercaderes y labradores, y pocos caballeros,
porque no se quieren ordinariamente aplicar a tratos ni a labranzas,
sino a holgar y jugar y pasear, comiendo en casas axenas, y haciendo
otras cosas de poco provecho, y en mucho daño e inquietud de los que
quieren vivir sosegados y pacíficos, y piensan que es poco el Perú para
cualquiera de ellos, aunque todavía son menester algunos caballeros,
ansí para sustentar la tierra que poblaren andando en la guerra, como
para tener los cargos de Justicia, y otras cosas semexantes a esta, pero
han de ser pocos y conocidos.
La navegación a España es muy breve, ansí a la venida, como a la
vuelta, haciéndose en buen tiempo. Háse de salir de España mediado
Agosto, o por todo Septiembre, y venir a las Canarias — como arriba
va figurado (1) — , y tomar de allí la derrota de Cabo Verde, donde han
de estar poco tiempo, por ser tierra malsana ; y de allí navegar, con
Norte, la proa al Sur, engolfándose en demanda de la línea, adonde
siempre hay calmas sino en este tiempo. Hánse de allegar a la costa de
Guinea, por no decaer en las calmas al cabo de San Agustín, porque en
decayendo allí, no hay remedio sino volver a Santo Domingo, y de allí
volver a España, como hizo Xaime Rasquin (2), porque son las corrientes
de la costa muchas, y las opuestas a la mar grandes, y los vientos ordi­
narios Sur, que es contra lo que han de ir navegando, pues es ansí esta
costa Norte-Sur, como por la figura parece.
En llegando a reconocer el Estrecho de Magallanes, se han de ir dere­
chos a embocar en el Río de la Plata, y no se han de ir allegando a la
costa del Brasil, sino antes seguir la derrota de los portugueses que van
a la India de Portugal.
A la vuelta a España han de salir mediado Abril o por Mayo, que
corre el Sur, y salir derecho hasta apartarse del Brasil, e irán en cuarenta
o cincuenta días a España por las Canarias, o si quisieren, por las Terceras.
El mayor provecho que viene de esta navegación es la siguridad
que hay de corsarios, porque como hayan de ir siempre por alta mar,
mayormente a la ida a España, y aun a la vuelta para hacer buen biaxe
han de hacer lo mesmo, no pueden los corsarios en nenguna manera encon­
trar con ellos, porque no andan por alta mar para robar, sino por los
puertos, o cerca de ellos.

(1) D e cette référence, comme d’une autre plus explicite neuf lignes plus bas, il
ressort que le texte original du Gobierno del Perú comportait en annexe une carte de la
route proposée par Matienzo.
(2) Cf. « Jaime Rasquin y su expedición del año 1559 », par Enrique de Gandía, dans
le Boletín del Instituto de Investigaciones Históricas (Buenos Aires, 1934), X V I I I , p. 241-
322, et plus particulièrement, p. 284-293.
P arte se g u n d a — cap. xv 287

Hay mil ochocientas leguas desde la boca del Río de la Plata hasta
España, de esta manera : desde el puerto de Buenos Aires, hasta la boca
del Río de la Plata que entra en la mar, son cuarenta leguas río abaxo.
La boca del río tiene treinta leguas de ancho, cosa maravillosa.
Desde la dicha boca, hasta la laguna de Embiaza, que es a la costa
del Brasil, no hay puerto ni abrigo para navio grande ni pequeño, ni
aun en la laguna puede entrar navio grande. Dígolo por la siguridad de
corsarios que hay, y por esta costa hay (en blanco) leguas. Desde allí
al puerto de Don Rodrigo hay cuatro leguas. Es ruin puerto para estar
navio grande.
Desde allí, a la boca de abaxo de Santa Catarina hay ocho leguas.
Desde allí a San Francisco, habrá veinte leguas, o veinte y cinco ; es
muy buen puerto, adonde ha de estar un pueblo. Desde allí a Paranaguá
hay cinco leguas. Creo que no puede entrar nao grande, aunque tiene
dos bocas : una al Norte, y otra al Sur, como Santa Catarina. Desde allí
a la Cananea habrá doce leguas. Desde allí a San Vicente hay treinta
leguas, que es el primer pueblo del rey de Portugal. Desde allí puede,
el navio que viniere de España, queriendo ir a reconocer aquellas tierras
si hay falta de mantenimiento, inviar por tierra a la ciudad de La
Asunción.
Desde allí a la isla de San Sebastián hay doce leguas. Desde allí a
Angra dos Reis hay treinta leguas : es muy buen puerto. Desde allí
al Río de Genero hay cuarenta leguas. Desde allí a Cabo Frío hay doce
leguas, y de allí a la bahía grande, hay seis o ocho leguas.
Desde allí a Espíritu Santo, que es otro pueblo de portugueses, habrá
sesenta leguas. Desde allí al Puerto Seguro habrá ochenta leguas. Quedan
en este medio los cabos de Abreojo [ = Abrolhos]. De allí a los Isleos
[Ilhéus] treinta leguas, buen pueblo de portugueses, y de allí a Tamarasa
doce leguas, y de allí a la bahía de Todos Santos, sesenta leguas, a do
está el Audiencia de Portugal; y luego el cabo de San Agustín, y de allí
a España.
He dicho los pueblos que hay en esta costa, aunque no han de ir por
ella — como tengo dicho — para que se sepan las leguas que hay.
Podríase poner por dificultad que los corsarios podrían entrar por
el Río de la Plata y enseñorearse del puerto, mas a esto se responde que
un puerto que está como luna en la boca del río, se podría muy bien forta­
lecer para que no pudiesen entrar en nenguna manera, y hacer otra forta­
leza en Buenos Aires, o en la isla de San Grabiel, que será imposible pasar
navio sin ser hecho pedazos. Aunque entrasen, sería impusible susten­
tarse un mes, por falta de comidas, y por el daño que los indios les harían
con ayuda de los españoles.
Esto es lo que entiendo, después de haber sido muy bien informado
de cuantos han andado aquella tierra. Tómese, si no acertó mi voluntad,
que está presta y estará siempre a lo que tocare al servicio de Su Magestad
y bien de la tierra.
288 G o b ie r n o d e l P e r ú

Diré luego lo que supiere de aquellas tierras : Tucumán y del Río


de la Plata, y de los pueblos que en ellas se podrían poblar. Si no acertare
en todo, será a lo menos prencipio para que adelante se acierte.

CAPÍTULO XY I

D e l a p r o v in c ia d e T u c u m á n ; p u e b l o s q u e e n e l l a h a d e h a b e r ;
Y LO QUE HA DE TENER POR DESTRITO
Y TÉRMINOS DE SU GOBERNACIÓN

La provincia de Tucumán es grande, e muy poblada. Hay en ella


muchos indios. Su destrito y términos me parece que deben ser desde
Jujuy, y allí ha de haber un pueblo de españoles. Hánle de servir los
indios de Omahuaca, y apatomas, y casabindos, y los diaguitas de
Calchaquí y los de Salta. Ha de tener por términos, desde el dicho Jujuy,
todo lo que hay entre los dos ríos : de Pilcomayo y río de Salta, que
llaman Bermexo, hasta juntar con el Río de la Plata. Dentro de estos
dos ríos se han de hacer los dos pueblos que dixe en el Capítulo pasado,
de Balasto y Famatina, en que hay minas de oro y de plata, y al un
lado de Famatina es muy rica tierra, y muy poblada. Desde el dicho río
Bermexo, que nace de Casabindo, hasta otro río, que llaman Salado, y
hasta llegar al Río de La Plata, ha de ser también términos de Tucumán.
Esta es tierra muy rica, y de mucha gente, y de mucho ganado de la
tierra.
Ha de haber los pueblos siguientes : uno en Esteco, adonde está
al presente fundado por los que prendieron al Gobernador Francisco de
Aguirre, que está junto a la cordillera y río Bermexo ; luego está San
Miguel de Tucumán, y luego otro pueblo que se dice Santiago del Estero,
que es en la provincia de los indios juríes. De allí sale un río, que dicen
el Estero, que va a meterse en otro río grande, que dicen río Salado,
y en medio de ellos está la provincia de Ansenusa, que son los indios
que llaman comechingones. Allí se ha de hacer un pueblo de españoles,
que será muy rico, porque hay excelentísimas minas, que ha salido fina
plata de ellas, y aquí, en mi casa, se ha ensayado.
Más adelante, en la provincia e isla que dicen de Curunera, ha de
haber otro pueblo de españoles : éste esté junto al Río de La P lata; un
poco más arriba está la fortaleza de Gaboto. Allí ha de estar otro pueblo.
Fuera de estos dos ríos, se le puede dar a Cuyo, que está junto a la
cordillera de Chile y junto al río Salado, y no otra cosa más adelante,
porque basta esto para una gobernación. Por manera que la Gobernación
P arte seg u n d a cap. XVI 289

de Tucumán terná por linderos los siguientes : la cordillera de Chile,


por la una parte de Poniente, y por la de Levante, el Río mesmo de La
Plata ; e por la parte del Norte terná el río de Pilcomayo, e por la del Sur,
el río Salado.
La tierra que he dicho de los comechingones está a sesenta leguas de
Santiago del Estero. Es tierra de invierno y verano : el invierno frío,
y el verano calor, como Castilla. Es tierra muy viciosa de aguas : tiene
muchos arroyos y fuentes y mucho pasto para ganados ; tiene riegos
para sus sementeras. Es gente vestida a manera de diaguitas. Tiene
algunas ovexas grandes, como las del Perú, y tienen una lana tan larga,
que arrastra por el suelo. Hay gente para poblar un pueblo.
Es tierra de sierras : unas sierras baxas, a manera de Castilla la Viexa.
Es esta sierra una cordillera que comienza desde treinta leguas de San­
tiago, y corre hacia el Sur. Va esta sierra entre la cordillera grande de
Chile y los llanos del Río de La Plata. Ha visto esto el Gobernador Fran­
cisco de Aguirre y los que fueron con Francisco de Mendoza.
Más adelante, obra de cincuenta leguas por la vía del Sur, se puede
poblar otro pueblo, cerca de Yanoana y Calamuchita, que es la mesma
gente y de la mesma condición la tierra. Están estos dos pueblos, que son
los prencipales de aquella provincia, en el río Salado, que tengo dicho
que sale de los comechingones y va a dar en el río de La Plata, donde
está fundada la fortaleza de Gaboto. Habrá, de este pueblo de Yanoana,
a ella, setenta leguas de tierra llana y despoblada. Cerca del río hay muy
rala arboleda, y lo demás sabana, con gran cantidad de caza de guanacos,
venados, avestruces, perdices y vizcachas.
Está Santiago del Estero en veinte y ocho grados escasos ; Calamu­
chita, en treinta y tres y medio, y la fortaleza de Gaboto en treinta y
dos grados y medio. De el primer pueblo de los comechingones hasta
Cuyo habrá sesenta leguas, y otras sesenta leguas a Santiago del Estero.
Caminando al Poniente está la provincia de los diaguitas, que por
otro nombre llaman Londres. Allí se puede poblar otra ciudad, que se
entiende será muy rica, porque hay en ella muchos naturales indios
diaguitas. No andan bien vestidos, y están mal poblados, por guerras
que tienen entre ellos. No es tierra muy viciosa, antes algo falta de
aguas y de pastos. Entiéndese que será uno de los ricos pueblos que hay
en las Indias, porque en ella hay gran cantidad de metales de plata que
se sacan en cuatro partes, bien lexos la una de la otra ; según dicen los
indios, están en la sierra cerca de la cordillera grande de Chile, hacia la
banda de do sale el sol. Tiénese buena noticia de minas de oro, y se han
visto unas minas que están entre la provincia de Calchaquí y ésta de
Londres, que se llaman las de Pasinas, donde los ingas sacaban oro, y
los españoles lo han sacado algunas veces. Esto me parece que basta
para lo que toca a Tucumán.
290 G o b ie r n o d e l P e r ú

CAPÍTULO X V II

D e l a p r o v in c ia d e e l P a r a g u a y ,
QUE POR OTRO NOMBRE LLAMAN DEL RÍO DE L a PLATA, Y SUS TÉRMINOS ;
DEL ORO Y PLATA QUE HAY EN LA DICHA PROVINCIA ;
DEL MAL GOBIERNO QUE EN ELLA HA HABIDO, Y DE SU REMEDIO,
Y LOS PUEBLOS QUE EN ELLA SE DEBEN HACER

El Río de La Plata es el mayor de los que se han visto en todo el mundo,


y el más hondable. Está su boca, cuando entra en la mar, en veinte y
ocho grados, y tiene treinta leguas de ancho. Conócese la boca del río
en una isla pequeña que tiene a la entrada, con tres sauces muy grandes.
Llámase — en nombre de los indios — el Paraná.
La ciudad de La Asunción está entre dos ríos : el Paraná, que está
al Oriente, y el Paraguay, que está al Poniente. La tierra que está entre
el río Paraná y la mar, hacia la costa de el Brasil, es muy buena, que se
llama el campo. Habrá de espacio, entre este río del Paraná y la mar,
por lo más ancho, doscientas leguas. Es tierra muy buena y llena de
indios ; tiene pinos muy grandes : las pifias tan grandes como una cabeza
de hombre, y los piñones como una almendra grande, y aun mayores.
En cayendo la pifia del árbol, se caen los piñones todos.
La demarcación de esta Gobernación del Paraguay e del Río que
dicen de La Plata, me parece que debe ser como se entra por la boca del
río de La Plata, hacia la mano derecha todo lo que hay hasta la mar,
por manera que entren ambos ríos, el de Paraná de una parte, y de otra
el de Paraguay desde su nacimiento, con todo lo que hay a la parte del
Oriente, y no ha de tener nenguna parte de lo que cae a la banda del
Poniente, porque aquello que hay hacia el Poniente es la Gobernación
de Nufrio de Chaves, y más abaxo — hasta el río de Pilcomayo — es
de esta provincia de los Charcas ; y desde el río de Pilcomayo abaxo,
al Sur, hasta el río Salado y Santi Spíritu de Gaboto y la Corunera, ha
de ser de la Gobernación de Tucumán, y más abaxo, hasta la boca del
río de La Plata, por la parte del Poniente, y hasta el Estrecho de Magalla­
nes, y desde donde llega la cordillera del Perú y Chile, porque no llega
al Estrecho, hasta la costa de la Mar del Sur, ha de ser otra Gobernación,
que llaman la de César (1), en que ha de entrar el puerto de Buenos
Aires.
Esta Gobernación no la tiene al presente naide. Podríase dar al Gober­
nador Juan Ortiz de Zárate, confirmándole Su Magestad la Gobernación

(1) Voir Latcham « L a leyenda de los Césares. Sus orígenes y su evolución», dans la
Revista Chilena de Historia y Geografía (Santiago de Chile, 1929), L X , n» 64, p. 193-254.
P a r t e s e g u n d a — g a p . x v ii 291

del Río de La Plata, conforme a la contratación que hizo con el Licen­


ciado Castro, Gobernador del Perú, en este año de mil quinientos e
sesenta y siete.
Hay desde la boca del Paraná (que se entiende adonde se juntan
ambos ríos del Paraná y del Paraguay), hasta la isla de San Grabiel,
que es a la banda del Norte, ochenta leguas, y hasta Buenos Aires, que
es a la banda del Sur, asiento de don Pedro de Mendoza, las mesmas
ochenta leguas, porque está la una enfrente del otro. De Buenos Aires
a Gaboto, que está también a la banda del Sur, hay sesenta leguas. Hay
desde Gaboto a la laguna de las Quiloazas, veinte e cinco leguas. Hay
desde esta laguna, hasta la boca del río Bermexo, sesenta leguas. Queda
diez leguas más abaxo la boca del Paraguay. De la boca del río Bermexo,
hasta la del Pilcomayo, hay cuarenta leguas. Este rio de Pilcomayo
tiene dos bocas : la mayor está a ocho leguas de la ciudad de La Asunción,
y la otra, menor, cae cuatro leguas de la dicha ciudad. Desde La Asun­
ción a la sierra de San Fernando, río arriba, habrá ochenta leguas. Desde
aquella sierra, hasta la Serrezuela, puerto adonde toman el camino
para ir a Santa Cruz, cincuenta leguas. Desde la boca del río, hasta la
isla de San Grabiel, hay ochenta o noventa leguas. Tiene buen puerto
para navios grandes, que llegan hasta allí los de España. Está en frente
de Buenos Aires.
Los pueblos que se pueden poblar en el Río de La Plata son los dos
que están poblados : la ciudad de La Asunción, que está entre los dos
ríos, del Paraná y del Paraguay, que está en veinte e cinco grados e dos
tercios; el otro pueblo es Ciudad Real, que en lengua de indios se dice
Guatiá. Está más abaxo de el salto del Paraná setenta leguas. En este
pueblo se han hallado tierras de un metal que es cobre, y tiene mucho
oro, y es en mucha cantidad ; y en los términos de La Asunción hay metal
mucho de plata, la cual también tiene oro. Hízose la fundición de ello
en mi casa, de la tierra que truxeron los que vinieron de allá el año
pasado, que es cosa muy rica.
Puédese poblar otro pueblo en un río que se dice Ipanane, que es
ochenta leguas de La Asunción y setenta de Ciudad Real, y éste es nece­
sario.
En el puerto de San Francisco, que es en la costa de el Brasil, y cien
leguas del pueblo de Tibaxibá, puédese poblar otro. En los Barrayarras,
que habrá ciento e cincuenta leguas de Ciudad Real, y sesenta leguas del
puerto de Don Rodrigo, puédese poblar otro. En la Cabeza de Buey,
que por otro nombre se llama río de San Salvador, que habrá cien leguas
hasta La Asunción, el río de Paraná en medio, hay muchos indios, y
será buen pueblo. Puédese poblar otro en La Braza, o en el puerto de
Don Rodrigo, o de Santa Catarina, cual mexor pareciere el que gobernare
aquella tierra. Ha de haber otro pueblo en la boca de San Salvador, que
es siete leguas de la isla de San Grabiel. En la isla ha de ser el puerto,
y háse de hacer en ella una fortaleza, y dentro de ella la gente que la ha
292 G o b ie r n o d e l P e r ú

de guardar, y no otro pueblo, porque se abastecerá del que ha de estar


en la boca de San Salvador. Háse de poblar otro en el asiento de Buenos
Aires, aunque éste ha de ser de otra Gobernación, como he dicho. Otro
pueblo necesario en Sancti Spiritu de Gaboto, o en Curunera, que ha
de ser del Gobierno de Tucumán, y otros, que descubriéndose la tierra
se vería y entendería a do mexor pudiesen estar.
La gobernación que ha habido hasta agora no es menester gastar
muchas palabras para significar cuán mala haya salido, pues ha cerca
de cuarenta años que aquella tierra se descubrió, y nunca han podido
descubrir otra tierra de cristianos con qué se pudiesen comunicar y
tratar, ni han descubierto plata ni oro, ni otro metal, habiendo — como
hay — mucho, ni armada que Su Magestad haya inviado a la socorrer,
ha tenido ventura de llegar allá.
Todo esto se puede creer que Dios ha permitido por los grandes vicios
que en ella ha habido, y malos tratamientos que se han hecho a los indios,
que es verdad y cosa cierta y averiguada — que ninguno de los que de
allí vinieron niega ni puede negar — que se ha usado inviar a hurtar y
ranchear indias, con licencia e consentimiento, e aun por mandado, de
los Gobernadores, y el que iba tomaba por fuerza la muger y las hixas
del cacique, o de otros prencipales, las más hermosas que hallaba, y si
estaban criando algunas criaturas, las dexaban sin haber quién las diese
leche, y se murieron de esto infinitas criaturas, y tenía cada español
catorce e veinte yndias, por amigas algunas de ellas, las que se les anto-
xaba, y de ellas las vendían o trocaban por cabras o puercos o por otras
cosas, y las jugaban a los naipes, estando delante la india que jugaban
por prenda, y si la ganaban, la quitaban el vestido, diciendo que ellos no
jugaban el vestido, y la lleuaba el que la ganaba, en carnes.
No contentos con estas tiranías, todavía supe una vez de que las
heredaban las hermanas, y la madre, y los demás hixos, en muriéndose
el padre; cosa es por cierto horrenda y que a mí me ha escandalizado
después que me lo contaron, que habrá ocho o diez días.
De estas y de otras munchas crueldades y vicios diabólicos se hizo
una comedia, y se representó en la ciudad de La Asunción, que compuso
un Martín González, clérigo, en que les representó las maldades que hacían,
por muy buen estilo, y algunos de ellos le quisieron m atar; y otros se
comenzaron a enmendar, y se casaron con las hixas de españoles y con
algunas indias mestizas que había en la tierra ; y se van ya enmendando,
por lo cual parece que ha permitido Dios que viniesen a esta tierra (como
han venido) el Obispo y el Gobernador Francisco de Aguirre, digo [Ortiz]
de Vergara, y más de cien hombres con ellos, para pedir a esta Audiencia
remedio para que se descubra un paso por donde se comunique esta tierra
con aquella.
El que traían pensado es por el río de Pilcomayo, que era harto fácil
de descubrir, y no ha sido su ventura tal que se haya hecho, aunque tenía­
mos Cédula de Su Magestad para lo descobrir, y se podrá hacer sin costa
P arte seg unda cap. XVII 293

de Su Magestad ; pero al fin de ello volverán por el camino que vinieron,


aunque en él hay harta gente de guerra, y es mal camino, y largo.
Venido que sea el Capitán Juan Ortiz de Zárate, o la persona que
Su Magestad inviare a gobernar aquella tierra, la podrá remediar, y
abrir el camino, que aunque no caiga debaxo de su destrito y gobernación,
pero podrá inviar ciento e cincuenta hombres a la fortaleza de Gaboto,
para que a la persona a quien por acá Su Magestad lo cometiere, pueda
hacerla pueblo, que será otro Panamá de mayor contratación que haya
en las Indias, y el Gobernador de Tucumán hará otro pueblo en Jujuy
o en Salta, y los demás que tengo dichos, para que se puedan comunicar
el Río de La Plata y el Perú, y se pueda ir de aquí y de Chile a España
por aquel puerto, lo cual no podrá hacer nenguno tan bien como el Gober­
nador Francisco de Aguirre, o Hernando de Aguirre, su hixo, porque
son hombres que lo han paseado, y tienen ispiriencia de ello, y son
temidos de los indios, y los traerán de paz fácilmente, sin matar nenguno,
y si viene algún nuevo Gobernador de España, no podrá hacer nada en
toda su vida, como se verá por ispiriencia, y aunque sea hombre de los
que acá han estado, no podrá hacer tan bien como los que ha tantos
años que tienen ispiriencia de ello.
Hecho esto, vivirán en orden los del Río de La Plata, y se hará todo
como en el Perú, y aun para ello es bien que lo gobierne hombre que haya
estado en el Perú, que no consentirá hacer tantas molestias a los indios,
especialmente si los quiere tanto como Juan Ortiz de Zárate y como
Francisco de Aguirre, que pornán la vida por salvar la de un indio. Éstos
son los que han de descubrir las tierras y poblar la provincia, para que
la conciencia de Su Magestad esté descargada, y no aprovecha decir
que les dan instrucciones. Si aquellas no cumplen, no es al cargo de Su
Magestad, porque también está Su Magestad obligado a saber la calidad
e posibilidad y ispiriencia y condición de la persona a quien comete seme-
xantes cargos, o a lo menos que los de su Real Consexo le certifiquen
de ello, e no se debe tener por atrevimiento esto que digo, porque mi
sana intinción con que lo digo me excusa y salva para que de mí no
se tenga sospecha, porque deseo todo buen suceso y prosperidad a mi
Rey, pero más a su alma.

24
294 G o b ie r n o d e l P e r ú

CAPÍTULO X V III

D el In g a T it o Cuxi Y upangui que an da alzado ;


LOS DAÑOS QUE HA HECHO ; DE LA VISTA QUE CON ÉL HICE EN SU TIERRA,
Y CAPITULACIONES DE PAZ QUE CON ÉL TRATÉ (1)

Tito Cuxi Yupangui Inga, hixo de Mango Inga, después que se salió
su hermano Don Diego Sayre Topa de la tierra de Vilcabamba y Viticos,
adonde él agora se está por Inga, se alzó ; y muerto el Don Diego, se ha
quedado en su señorío, que es junto a la cordillera de Los Andes. Es
mucha tierra y mucha gente la que posee, como son la provincia de
Viticos, y la provincia de Manarí, y la provincia de Sicuane, y la de Cha-
cumanchay, y la provincia de Nigrias, y la provincia de Opatari, y la
provincia de Paucarmayo : éstas están en la cordillera que va a dar a
la Mar del Norte y hacia los chunchos; ansimesmo, la provincia de
Pilcozuni, que es hacia la parte de Ruparupa, y la provincia de Guara-
nipu, y la provincia de Peati, y la provincia de Chiranaua, y la provincia
de Chiponaua. Todas estas provincias obedecen al Inga, y le dan tributo.
Este Inga ha hecho muchos saltos, en que ha tomado indios y llevá-
dolos a su tierra y repartídolos entre sus capitanes. Ha tomado mucho
ganado y otras cosas, pero nunca ha muerto español, aunque ha podido,
ni quemado iglesia, antes tiene guardadas las imáxines que de ellas ha
tomado. Su padre hizo más daños que él. La causa porque lo ha hecho
me dixo por escrito cuando me vi con él, como luego diré. Tiene un mestizo
Martín Pando por secretario, el cual ha que está con él diez años.
El Inga es hombre de treinta e tres años, muy bien tratado y enten­
dido, un poco mayor que los otros indios. Dice que cuando nació no le
bautizaron, y luego le llevó su padre consigo, por manera que él no se
acuerda de ello, mas de por oidas.
Su Magestad, por sus Cédulas reales, ha mandado y encargado a
los Virreyes y Gobernadores que procuren de sacar de paz a él y a los
demás indios que andan alzados, y ansí el Marqués de Cañete, Virrey
del Perú, sacó a Don Diego Sayre Topa, y le casó con Doña María Coya,
parienta suya, y le dio en perpetuidad, por vía de mayorazgo, el reparti­
miento de Yucay, que renta doce mil pesos. Hobieron una hixa que se

(1) Ce chapitre a été déjà publié, à partir de la version imprimée à Buenos Aires,
d’abord dans l’ article de Mackehenie, « Apuntes sobre Don Diego de Castro », dans la
Revista Histórica (Lim a, 1909), III , p. 374-379, puis comme appendice D de la « Relación
de la conquista del Perú y hechos del Inga Mango II » de Diego de Castro, éditée dans
la Colección de Libros y Documentos referentes a la Historia del Perú (Lim a, 1916), Première
série, II, p. 125-132.
Voir aussi Lohmann Villena : « E l Inca Titu Cussi Yupangui y su entrevista con el
Oidor Matienzo », dans le Mercurio Peruano (Lim a, 1941), X X I I I , n ° 167, p. 3-18.
P arte seg unda CAP. X V III 295

dice Doña Beatriz, que será al presente de nueve o diez años, que está
depositada en un monesterio. El Don Diego murió de ahí a un año o
dos que salió (1 ); y antes que saliese ni muriese se había alzado su
hermano con la tierra, por manera que aprovechó poco su salida.
Yo, viendo que la voluntad de Su Magestad y su Real Consexo de
Indias ha sido y es traer de paz a los Ingas que andan alzados, aunque
no se me cometió, determiné tratarlo por la vía que diré.
Por principio del año de mil quinientos e sesenta y cinco fui al Cuzco,
por mandado de Su Magestad, a tomar residencia al Doctor [Gregorio
González de] Cuenca, Oidor de la Audiencia de Los Reyes, de el tiempo
que fué Corregidor y Juez pesquisidor de comisión en la dicha ciudad (2) ;
y estando entendiendo en la residencia, se publicó que el Inga había
tratado con algunos caciques del Reino que todos se alzasen y matasen
a los españoles, y para esto diz que se había confederado con los cheri-
guanaes y con los diaguitas de Calchaquí, que es en la provincia de
Tucumán, y sobre ello andaba haciendo averiguación el Licenciado
Castro, Gobernador del Reino.
Yo, viendo esto, para evitar tanto mal, escribí al Gobernador que
le escribiese y inviase provisiones en que le perdonase, a él y a los indios,
de los delitos que habían cometido, y que se casase su hixo Quispe Tito
con Doña Beatriz Sayre Topa, para que él y sus hixos gozasen del repar­
timiento de Yucay, que ella tiene por vía de mayorazgo para siempre
xamás, y que le quitasen las pensiones que tenía y de ellas gozase el
padre, que serían hasta cinco mil pesos, y que no toviese curador ni quien
sirviese la vecindad, pues la podía servir el mochacho ; y que demás
de eso, le diesen a Chachona y Zanora y otros dos repartimientos que
eran los que tenía la iglesia mayor y la Merced, que rentarían todos mil
pesos, no más con condición que se saliese y los que consigo tenía, y se
viniesen todos al Cuzco, y allá adonde estaba, se poblase un pueblo de
españoles.
El Gobernador invió provisión de ello, excepto la del perdón, y en
este medio tiempo yo le escrebí al Inga, y no hallé quién le llevase la
carta ni osase, si no fué un Diego Rodríguez de Figueroa, el cual se con­
fesó y comulgó e hizo testamento antes que entrase.
Yo le di e compré para que diese al Inga algunos presentes, hasta
cien pesos, y él — de su propia hacienda, según supe después — llevó
al Inga munchas cosas, y estuvo esperando la respuesta del Inga más
de un mes en un despoblado, el cual se le inviaba a escusar diciendo
que estava malo. Finalmente, dió una de las dos cartas que llevaba mías

(1) Il décéda vers le milieu de 1561.


J ’ai publié ses dernières volontés, dans l’article « E l testamento inédito del Inca Sayrí
Túpac », dans Historia y Cultura. Organo del M u seo Nacional de Historia (Lim a, 1965),
n» 1, p. 13-18.
(2) Les actes du jugement de résidence de 1565, font partie de : Archivo General
de Indias. Justicia, dossiers 660 à 664.
296 G o b ie r n o d e l P e r ú

a los mensaxeros y criados suyos, para que la llevasen, y ciertas cosas


que le invió, con lo cual parece que se ablandó el Inga, e dió licencia
para que entrase a darle su embaxada, y que le esperaría en un pueblo
suyo, que es la mayor fortaleza que tiene, que se dice Rangalla.
Partióse luego Diego Rodríguez, y pasó el gran río de Yucay por
Chuquichaca, que es la parte por do va más encallado, y le pasaron en
un cesto, con harto peligro, que si le dexaran caer, caía más de cien estados
que está hondo el río, e va más furioso que vi xamás.
, Llegado que fué a Rangalla, vino otro día el Inga con mucho aparato,
y con trescientos indios de guerra, y otros criados suyos, y con mucha
música, a su modo, y en unas andas de oro, y asentóse en una tiana (1),
junto a la fortaleza. Él se aposentó dentro de ella, que es muy fuerte,
y otro día invió a llamar al Diego Rodríguez, el cual, hecho su acata­
miento, le dió los presentes que yo le invié, y repartió de lo que él traía
con los capitanes prencipales, y besó la carta y se la dió. Leyósela su
secretario Martín Pando, en que en efeto le daba a entender cómo yo
era criado de Su Magestad, y a lo que Su Magestad me había inviado
— que era a tomar residencia al Doctor Cuenca — y que había sabido
cómo el Doctor le había escrito una carta con que se habíadesabrido (2),
y por el enoxo que había tomado, había hecho un salto y tomado muchos
indios y ganado de unos pueblos comarcanos y de la jurisdicción del
Cuzco, y que a Su Magestad le había pesado mucho de que ansí se le
hobiese enoxado, y que quería saber la verdad, para le castigar si le hallase
culpado (3), y para eso me había a mí inviado, porque Su Magestad no
tenía voluntad de darle nengún enoxo, sino hacerle mercedes, y deseaba
se salvasen él y la gente que consigo tenía, y que fuesen cristianos, y
que Su Magestad les haría a todos muchas mercedes ; dándole a entender
el bien que les vernía de ser cristianos, y de la quietud y sosiego que
temían con la paz, y asigurándole que no le sería xamás hecho agravio,
saliendo e queriendo reducirse al servicio de Dios y de Su Magestad ;

(1) Chaise ou siège, en quéchua. Voir Santo Tom ás, op. cil., p. 174.
(2) L a 8 5 e question de l ’enquête secrète sur le docteur González de Cuenca demandait
si les témoins avaient connaissance d’ une lettre « m uy apasionada » écrite par ce dernier,
alors Corregidor au Cuzco, à T Inca. Le destinataire y était traité de «perro borracho
salteador » et malgré la rudesse de semblables épithètes elle avait été envoyée.
L ’ Inca, qui se disposait enfin à la paix, en fut exaspéré et 'ordonna des exactions.
Elles eurent notamm ent pour victime Gaspar de Sotelo, habitant fort en vue du Cuzco.
Hernando Bachicao, le messager, confirma dans sa déposition la gravité des insultes.
Les deux premières questions de l’interrogatoire additionnel sont consacrées au même
sujet.
Matienzo se fonda sur les preuves qu’il put réunir pour établir l’accusation n° L X X V I I
contre le docteur González de Cuenca.
Cf. Archivo General de Indias. Justicia, 662, fol. 192.
(3) Il semble que M atienzo ait procédé avec une rigueur inhabituelle contre le docteur
González de Cuenca lors de l’ enquête ; leurs relations devaient être très tendues. On
conserve des documents établis en 1571 par le dernier nommé contre Matienzo, en raison
des affronts que celui-ci lui aurait infligés durant l’instruction. Archivo General de
Indias. Justicia, 652.
Voir aussi la justification de Matienzo, dans un rapport du 7 juin 1565, La Audiencia
de Charcas, I, p. 156-166.
P a r t e s e g u n d a — g a p. x v iii 297

y que para lo tratar, yo me iría a me ver con él a la parte y lugar que él


señalase, para dar traza en su salida, y inviar a Su Magestad los capítulos
que con él tratase sobre ello, para que Su Magestad — y entre tanto
su Gobernador en su nombre — se lo concediese, y otras cosas conforme
a éstas.
Leída la carta se holgó mucho, y preguntó a Diego Rodríguez quién
era el que aquella carta le escrebía, y el oficio que tenía del Rey, y él
respondió que era un Oidor, de quien Su Magestad hacía mucha confianza,
preguntándole otras muchas cosas en particular, y túvole por verdadero
en todo lo que con él trataba, y dábale crédito a todo lo que le d ijo ; y
luego dixo a su secretario que escrebiese una carta, que él mesmo notó
en su lengua, porque entiende poco de español.
El sobrescrito de ella decía : « Al ilustre señor Licenciado Matienzo,
del Consexo de Su Magestad, en la ciudad del Cuzco, mi señor ».

Carta dd Inga al Licenciado Matienzo

« Ilustre señor :
« Por la carta que el señor Diego Rodríguez traxo, y por otra que
antes había recebido, he visto la gran voluntad que V. M. tiene de mi
bien, debaxo de buena cristiandad; que cierto, sin yo haber servido a
V. M., se entenderá lo hace por Dios Nuestro Señor, y por quien V. M.
es, y en lo demás que V. M. dice, no hay otra cosa mexor en el universo
si no es la santa ley de Nuestro Señor Jesucristo. Yo muy bien conocido
tengo eso, y ansí lo predico a todos mis capitanes e indios después que
el señor Diego Rodríguez ha entrado, y ansí se ha puesto una cruz y
se queda haciendo una iglesia.
« En lo demás de mi salida, entiendo ha sido por defeto de hombres
que hayan sabido dar una mediana traza, que cierto todos los que hasta
aquí han venido, de algunos yo no me he confiado, y de los otros no he
entendido bien las trazas que han dado, que cierto mi intinción es recebir
el santo evangelio, y todos mis indios el santo bautismo, y que haya una
manera de paz.
« El señor Tesorero García de Meló en todo me ha deseado hacer mer­
ced, y ansí lo tengo conocido, y la carta que habrá doce días que me
invió del señor Presidente yo no la entiendo, por ser tan oscura, y no
ser más que una carta simple, y para eso, y para lo demás, es muy gran
merced la que V. M. me hace en querer tomar tan grand trabaxo, que será
para más merecer con Dios, y ansí yo recibo mucha merced, y quedo
siempre con muy gran obligación ; y también entiendo que por ser V. M.
letrado y del Consexo de Su Magestad, y su buena cristiandad, por
cualquiera de estas cosas me confiaré de todo lo que V. M. dixere e hiciere.
« Ahí invío a V. M. seis capitanes de los míos, con treinta indios, para
que vengan sirviendo a V. M., porque acá queda Diego Rodríguez en
rehenes, hasta que vuelvan los indios a mi poder, que cierto, por habello
hecho tan mal Sotelo en haber quitado dos lanzas a mis mensaxeros,
si no fuera por los ruegos de Diego Rodríguez, de quien yo mucho me
confío, porque lo que aquí me dice, entiendo que V. M. lo complirá en
esa ciudad ; y también van debaxo de la palabra y carta que V. M.
me invió.
298 G o b ie r n o d e l P e r ú

« V. M. mandará que naide les haga agravio, ni les digan malas pala­
bras, ni digan mal de mí, que ellos van embixadas las caras conforme a
cada uno es valiente. V. M. les dirá a los frailes y clérigos que ahí en casa
de V. M. les vinieren a pedricar el santo Evangelio, no les digan nada
sobre esto, que yo les he mandado que oigan las palabras de Dios con
devoción. V. M. me la hará de mandalles pedricar cada día.
« Yo les he mandado que no beban vino ; V. M. no se lo mande dar,
ni tampoco les dé cosa alguna. En lo demás que V. M. dice si trairá algún
relixioso, Y. M. traiga dos, que sean de la Orden de San Francisco,
o de Santo Domingo, o de San Agustín, que sean hombres bien entendidos,
y de buena condición y dotrina, que de lo que hobiere en mi tierra, yo
les haré proveer, e yo y todos mis indios les serviremos y obedeceremos
en todo lo que mandaren, y que no den crédito a bellacos que por allá
dixeren mal de mí, por codicia de venirnos a robar a nuestras casas.
« En lo demás, que V. M. traya consigo al señor Juan de Toro, que
me dicen que es hermano de V. M., y a un caballero de su tierra de Diego
Rodríguez, y al escribano, que me dicen son personas muy abonadas.
Yo he mandado a estos mis mensaxeros vayan por Carmenga abaxo, y
V. M. mandará a los frailes de Señor San Francisco, y de Nuestra Señora
de la Merced, y de la iglesia mayor, salgan a la puerta de sus iglesias, y
les reciban bien, pues de voluntad, y no por apremio, van a recebir el
santo Evangelio, y les muestren alguna cruz ; y porque en todo V. M.
me hará merced y confiando me hará merced, invío esta gente.
« V. M. responda para cuándo y cómo nos veremos en Chuquichaca,
para que yo allí vaya, y en todo V. M. me aconsexe lo que tengo de hacer.
« Nuestro Señor la ilustre persona de Y. M. guarde y en mayor estado
acreciente, como por V. M. es deseado.
« De Rangalla, a treinta de Mayo, víspera de la Ascensión de Nuestro
Señor Jesucristo.
« Ilustre señor : besa las manos a Vuestra Merced su humilde hixo.
Capa Inga Tito Cuxi Yupangui ».

Llegaron con sus cartas los capitanes y embaxadores del Inga, e


híceles buen recibimiento, y entraron en las iglesias como ordenó el Inga,
y en cada una se arrodillaron y mocharon la cruz, y oyeron lo que les
predicaron, y llegaron a mi casa los seis capitanes y treinta indios muy
emplumados y con sus lanzas, con hierros muy buenos, y bien aderezados
a su uso. Yo les salí a recebir al primer aposento, con muchos caballeros
del Cabildo y Regimiento que allí estaban. Diéronme las cartas que traían
y dixeron a lo que el Inga les inviaba. Yo se lo agradecí, y mandóles luego
aposentar todos dentro de mi casa, a do cada día les enseñaban y pedri-
caban. Entre tanto que allí estovieron, se les hizo buen tratamiento.
Comuniqué luego el negocio con los Regidores y Justicia de aquella
ciudad, entre los cuales hubo diversos pareceres, porque ya a esta sazón
había inviado el Gobernador recados para que Gaspar de Sotelo, vecino
y encomendero en aquella ciudad, le fuese a hacer la guerra, de que
también el Inga estaba ya avisado, y por estas causas el Corregidor, don
Juan de Sandoval, que era amigo de el Sotelo, y posaba en su casa, dixo
que no le parecía bien que yo fuese a verme con él, porque se aventuraba
P a r t e s e g u n d a — c a p . x v iii 299

mucho en mi prisión, y porque la haría el Inga por dilatar que no se le


hiciese la guerra. Todos los demás dixeron que no era razón burlar al
Inga, pues había inviado aquellos mensaxeros, y que no se fiaría xamás
de naide, si no compliese yo mi palabra que le di, y que para mi siguridad
podría llevar veinte hombres bien armados, e ciento e cincuenta indios
cañaris, que viniesen en la retaguardia, de manera que no entendiese
el Inga que iban, y que si no quisiere salir de paz, se le podría, entonces
con justo título, hacer la guerra, y se la podría hacer yo, y ofreciéronse
todos los prencipales de la ciudad a ir conmigo, y llevar cada uno veinte
o treinta hombres a su costa, con que el Gobernador les concediese que el
pueblo que allí se poblase fuese aldea del Cuzco, y de su jurisdicción,
y ansí yo e la ciudad se lo inviamos a pedir al Gobernador y a la Audiencia
de los Charcas : el Gobernador dixo que no podía Oidor hacer semexantes
entradas, y la Audiencia no respondió.
Partíme, conforme al parecer de el Cabildo, segundo día de Pascua
del Espíritu Santo, once de Junio del año de mil e quinientos e sesenta
e cinco, y llevé para guarda de mi persona veinte hombres bien adere­
zados, con sus armas ofensivas y defensivas, y con cada sendos arcabuces,
y algunas lanzas y rodelas que llevaban sus criados para su defensa, y
una docena de negros con sus partesanas y espadas, y ciento e cincuenta
indios cañaris y chachapoyas, con sus lanzas. Entre los españoles que
llevé iban tres vecinos del Cuzco, que eran el Tesorero García de Meló,
Martín Hurtado de Arbieto, e Antonio de Marchena, y un clérigo llevó
las provisiones del Gobernador en que le daba de comer de la manera
que tengo dicha. Fueron también conmigo los capitanes e indios del
Inga que me invió, para que me fuesen acompañando, y haciendo lo
que se mandase.
En llegando a Amaybamba, que es lo más cercano a la tierra del
Inga, y tres leguas a do el Inga me estaba esperando, despaché al Tesorero
García de Meló, que se había ya otras veces visto con él, y a Diego López
de Ayala, clérigo, y a Martín de Landa, que era muy conocido y había
vivido entre indios y le deseaba el Inga ver, los cuales llevaron la provi­
sión y recados del Gobernador, y llevaron una carta mía, en que decía
al Inga cómo venía a complir mi palabra, y traía sanos y buenos la gente
que me había inviado, y que traía en mi compañía veinte españoles, que
es la gente con que yo solía caminar, que Su Magestad nos mandaba
que no caminásemos con menos gente, y que no venían para le ofender,
sino para servirme.
Yo iba delante, hasta saber si era contento que llevase aquella gente,
y inviaba a los tres que tengo dichos, para que le mostrasen las provisiones,
y si con ellos quería salir, que yo le iría acompañándolo y le daría la pose­
sión de todos los repartimientos de que se le hacía merced ; y si en algo
dudase, que yo iría luego a se lo declarar y capitular con él, de la manera
que a todos pareciere mexor, y en efeto me remití a lo que de mi parte
le dixese García de Meló, el cual se detuvo una noche y un día en hacer
300 í G o b ie r n o d e l P e r ú

la puente de maderos por do pasase, y para ello buscaron maderos muy


largos, de más de sesenta pies. Hecha la puente, pasó allá García de Meló,
el clérigo, y el Landa, y dieron mi carta al Inga. Leída por su secretario,
el García de Meló le dixo lo demás, y le mostró las provisiones. El Inga
lo comunicó con sus capitanes, lo cuales acordaron que yo fuese allá
a Chuquichaca, a me ver con él, y que traxese toda la gente, que él
holgaba mucho de ello.
En recibiendo las cartas del Inga y de García de Meló, me partí
luego, y llegué a la puente Lunes diez e ocho de Junio. En llegando, me
invió el Inga a vesitar con García de Meló, con el clérigo, con su gober­
nador Yamqui Mayta, con su maese de campo Rimachi Yupangui,
deudos suyos y parientes, y con otros dos capitanes, rogándome que
pasase la puente y subiese arriba a un fuerte, adonde tenía asentado su
campo, y quedasen en rehenes los dichos capitanes, y que inviaría más,
si más quisiese. A lo cual respondí, con acuerdo de la gente que llevaba,
y por no exceder de lo que en el Cabildo se había acordado, y por que
no se le antoxase hacer prenda con mí, que estaba muy cansado del
camino, y — como ya le habrían contado sus capitanes que vinieron con­
migo — me había despeñado yo y mi muía en una ladera que caía a
un río, y si no fuera por un árbol, a que me abracé y do quedé colgado,
cayera cien estados, como cayó mi muía y otros cinco caballos que
también se despeñaron, y también había caído después otra muía con­
migo, de que estaba quebrantado y molido, que era impusible yo poder
subir aquella tan agra cuesta no se pudiendo — como no se podía —
subir a caballo ; que me hiciese merced de pasar él la puente, con la gente
que quisiese, quedando en rehenes los españoles que tenía, que yo le
aguardaría solo con una lengua o intérpetre, allí junto a una puente,
con mis guardas ordinarias, y toda mi gente estaría en parte bien arre­
drada, a do no le pudiesen ofender, y donde pudiesen ser por él vistos,
para que entendiese que no había celada nenguna, pues sabía que no
traía más gente que él, que sus mesmos indios que vinieron conmigo se
lo habían dicho.
El Inga, vista y entendida la siguridad, determinó de hacer lo que
nunca xamás hizo, y baxó a la puente con solos sesenta indios, de seis­
cientos y más que traía : los cincuenta con sus lanzas y dagas, y algunos
traían también espadas, y los diez, con sus arcos y flechas, y quedaron
arriba en el fuerte cerca de seiscientos indios armados de la mesma
manera, que era toda gente lucida y de ver.
Pasaron la puente, primero que él, sus prencipales capitanes y solda­
dos, que serían veinticinco, y los demás dexó allende la puente, que sería
de nueve brazas.
Allegando que allegué a él, dió a un indio que traía detrás de sí una
partesana o azagaya que traía en la mano, de tres puntas doradas;
venía muy bien armado a su modo, muy emplumado, sin traer pintada
ni embixada la cara, como los demás; traía un escudo de oro delante de
P a r t e s e g u n d a — c a p . x v iii 301

sus pechos, y dentro de uno un puñal dorado desnudo. Junto, a su lado


izquierdo, venía Martín Pando, mestizo, su secretario, con una rodela y
espada. Abrazámonos en la puente, y pasados de esta otra parte, llegó
a mí con gran humildad, no se queriendo sentar, aunque se lo rogué,
porque dixo que venía a dar la obidiencia a Su Magestad, y a mí en su
nombre, como su juez y ministro. Y o ansimesmo estuve en pie todo el
tiempo que hablamos y tratamos sobre su salida, que fueron más de
tres horas a un gran sol, que nos asaba, que es tierra aquella muy calurosa.
Lo primero que hizo fué darme cuenta de su destierro, con lágrimas
que me movieron a compasión, escusándose de los saltos que había él
hecho, porque habían sido por los malos tratamientos que a él y a su
padre habían hecho los españoles, persiguiéndoles y no dexándoles sino
aquella probe tierra, a do desheredados de todo el Perú, se habían reco-
xido, a do había muy poca carne, y ansí les era forzado tomarla adonde
la hallasen por fuerza de armas, y me dió dos memorias firmadas de
su nombre : una de los agravios que él y su padre habían recebido, y
las ocasiones que le habían dado para hacer los saltos que había fecho,
y otra de las mercedes que pedía para su salida, y para perpetuar paces.
Aunque sea prolexidad, quiero poner aquí el tenor de la primera memoria,
que dice ansí :

« Ilustre señor :
« Parece que la honra de los ausentes perece, y porque algunos ruines
tratan en mi ausencia cosas que no se deben tratar, y porque mi intinción
es satisfacer a Y. M., pues en todo me desea hacer merced, será bien
para tratar de mis negocios tomallos de más atrás, para que V. M. los
entienda bien de raíz después.
« Al tiempo que los cristianos entraron en esta tierra fué preso mi
padre Mango Inga, so color y achaque que se quería alzar con el Reino,
después de la muerte de Atagualipa, sólo a fin que les diese un bohío
lleno de plata y oro. En la prisión le hicieron muchos malos tratamientos,
así de obra como de palabra, echándole una collera al pescuezo, como a
perro, y cargándole de hierros los pies, y trayéndole de la collera de
una parte a otra entre sus vasallos, poniéndole a quistión cada hora,
teniéndole en la prisión más de un mes, de donde por los malos trata­
mientos que a él, a sus hixos y gente y mugeres hacían, soltóse de la
prisión y vino a Tambo, donde hizo confederación con todos los caciques
y prencipales de su tierra, y estuvo en el cerco del Cuzco, haciendo guerra
a todos los españoles por lo susodicho, de donde se retruxo a los Andes, y
hobo batalla con los españoles en Xauxa, donde murieron muchos, y
asimismo en la batalla de Yucay, donde murieron más de cuatrocientos
españoles, y después en Pucara, donde hobo la batalla con Gonzalo
Pizarro, donde murieron Guaypar e Inguill(l), hixos de Guayna Capa,
y no quedó otro hixo sino Paullo, sólo por codicia de tomalles sus hacien­
das y mugeres ; y desde Quito hasta aquí nenguno se escapó, y después
hobo la batalla en Pilcozuni con los indios de este Reino y españoles,
donde de una parte y de otra hobo gran mortandad de gente.

(1) Cf. Garcilaso, Historia General del Perú, Livre Second, chap. X I V .
302 G o b ie r n o d e l P e r ú

« Después de haber dexado de hacerle guerra, estando quieto con la


miseria que pasaba en Viticos, se vinieron a retraer siete hombres de
los que se hallaron con Gonzalo Pizarro contra el servicio del Rey, y él
los trató muy bien, y les hacía mucho regalo, y por codicia de esta mise­
ria que al presente tengo, se amotinaron e hicieron conjuración, y le
mataron a traición, y a mí me dieron una lanzada, y si no me echara de
unos riscos abaxo, también me mataran ; y después tovimos paz por
algunos días, donde los indios de Tambo y de Amaybamba y de Guaro-
condo llevaron de Viticos muchos indios, y por respeto de esto nosotros
tovimos guerra con ellos.
« Después, estando nosotros en paz, fuimos avisados cómo un Tordoya
pedía la entrada para hacernos guerra, y por esto fuimos sobre Amay­
bamba y sobre los indios de Barrientos y de Garci Martínez, vecinos de
Huamanga, y después se pasaron los indios de Ñuño de Mendoza, por
su voluntad, a esta parte ; y por una carta que el dotor Cuenca me escri­
bió, diciendo nos haría hacer muy cruel guerra, fuimos a dar a Marca-
huasi; y después, estando quietos y pacíficos, el Tesorero Meló me vino a
hablar a esta puente, donde nos prometió e dixo que queriendo tener
paz, Su Magestad me daría bien de comer, y que llegado al Cuzco, me
escribiría largo sobre todo, y le esperé un mes, y pensando que lo hacía
por engañarme y por hacer burla de mí, y que me querían hacer guerra
debaxo de cautela, fui sobre los indios de Sotelo.
« Después acá nos escrebimos cartas, y me hizo inviar ciertos mensaxe-
ros a Lima, y en este medio tiempo recebí las cartas de V. M., y vino Diego
Rodríguez a hablarme, donde por haber visto una carta que el Presidente
invió al Tesorero Meló, a él dirigida, y otra a mí, la cual carta que le
escribió el Presidente me invió para que la viese, la cual decía que que­
daba un caballero en Lima, inviado por la ciudad del Cuzco, pretendiendo
hacerme guerra, y ansimesmo otra carta del mesmo Tesorero, en que me
decía tenía empeñada su palabra por horas, y tenía juntos setecientos
andes, que comen carne humana, y más de dos mil indios, con todas
sus armas, para dar sobre Tambo y Limatambo y Saquisahuana y Cura-
huasi y Cochacaxa y Abancay, y hacer gran estrago, y Diego Rodríguez
me aplacó, diciendo ser la voluntad de Su Magestad y de V. M. hacerme
mercedes y de no hacerme guerra, y que para esto inviase mis mensaxe-
ros al Cuzco, porque serían allá muy bien tratados, y que si no fuese ansí,
que yo le ahorcase, y ansí los invié, y porque se tardaron dos días más
— de once que les di de tasa para ir y volver— y visto esto le quise mandar
ahorcar y dar de comer a los andes, y teniendo consideración a lo que
me dió y repartió con mis indios, le di dos más de plazo, y en este medio
tiempo vinieron los mensaxeros, y vi que todo lo que había escrito V. M.
se cumplió, y le di mucho crédito, y le doy.
« Procuré de recebir el santo Evangelio y ley de Nuestro Señor
Jesucristo, y procuré deshacer la liga y conjuración que tenía hecha con
todos los caciques del Reino, para que se alzasen al tiempo e cuando
yo se lo mandase, y tenía determinado que naide entrase en mi tierra,
ni yo de venir a esta puente más a verme con el Tesorero ; y entendiendo
la calidad, bondad y ser de V. M., que tan bien me lo ha dado a entender
Diego Rodríguez, yo he por bien de tener paz, y tomar a V. M. por señor
y compadre de mi hixo Quispe Tito ; y la orden y manera de mi salida
es ésta que V.M. verá en esta memoria firmada de mi nombre, y por
que es ansí todo lo susodicho, lo firmé de mi nombre.

Capa Inga Tito Cuxi Yupangui. »


P arte seg un d a cap. XVIII 303

No pongo aquí las capitulaciones para la salida, porque las tengo


de decir adelante.
Después de me haber dado las dos memorias, me dixo muchas cosas
que de mí sabía, especialmente que bien sabía que yo había sido causa y
estorbado que no maltratasen a tormentos a los indios y caciques sobre
si sabían del alzamiento que diz que querían hacer por su inducimiento,
aunque los vecinos, no contentos con las crueldades que en tiempos
pasados habían usado, querían agora beber su sangre. Que todo esto le
era notorio, y que agora últimamente yo había entendido la guerra que
le querían hacer, y tomado este trabaxo de lo venir a ver, y puéstome
a tanto peligro y riesgo, así de camino, como de meterme en sus manos,
lo cual me pesó de oír, porque temí no quisiese hacer alguna suerte en
mí, la cual yo no consintiera hacer, sin que me hicieran piezas ; y dióme
mucha admiración que supiese cosas tan particulares y otras que no
pudo saber si no se las hobiese dicho el demonio.
Finalmente, tardó más de dos horas en hacer su razonamiento,
concluyendo en efeto que él pedía lo que venía en aquellos papeles, y
que no pedía mucho, pues era suyo y poseía todo cuanto pedía, que
yo como padre y defensor suyo lo había de acabar con Su Magestad y
con su Gobernador, y que inviase las provisiones de ello selladas con el
sello real, porque las demás firmas no conocía, ni se fiaba de ellas, y
luego inviaría a su hixo, y compliría todo lo que daba firmado de su
nombre.
Yo respondí agradeciéndole mucho lo que había dicho, y le concedí
— en nombre de Su Magestad — todo lo que pedía, que le haría inviar
provisiones de ello queriéndose venir, él o su hixo, conmigo, al Cuzco,
y que luego le daría la posesión de los indios de que se le hacía merced,
y que todo se compliría, excepto en lo de los indios que él en su tiempo
había tomado, que éstos se habían de volver a sus repartimientos, si
ellos quisiesen, porque Su Magestad quiere que los indios sean libres
todos, y naide les haga fuerza. Esto sintieron mal sus capitanes, porque
los tenían ya repartidos entre sí, para hacer sus chácaras, diciendo que
los tenían ganados en buena guerra, según después supe de los españoles
que allá quedaron en rehenes.
Díxele más que en lo que decía que antes que saliese habían de correr
un año o dos de sus repartimientos, para tener qué gastar y con qué
poder salir, prometíle de le hacer dar luego la renta de un año ; a lo que
dixo que luego saldría su hixo mayor, y se iría al Cuzco.
Le dixe que él lo diese luego, que yo le llevaría y le daría la posesión
de los indios. Él me replicó que su hixo Quispe Tito estaba en los Andes,
y malo de un ojo, que le habian herido en él jugando a las armas, a do
los habia metido a él, a sus mugeres y cautivos, y a toda la demás gente
que no era de guerra, pensando que se la venía a hacer a esta ciudad por
mandado del Gobernador, para que no fuesen estorbo a la gente de
guerra, y pues yo estaba tan de prisa, que no podía en nenguna manera
304 G o b ie r n o d e l P e r ú

traerle tan presto, porque había cincuenta leguas de allí a donde estaban.
Ofrecióse a darme otro hixo que allí tenía, para que le traxere conmigo,
y no le quise, antes le importuné que se viniese conmigo, con algunos de
sus capitanes, que yo le acompañaría y le daría la posesión de sus indios,
y se podría volver cuando quisiese. Él dixo que esto le parecía bien,
con que le dexase en rehenes dos frailes que pedricasen a su gente, y él
estaría en el Cuzco solos dos meses, y que aquellos pasados, se volvería,
ahora viniesen o no las provisiones que él pedía, y vuelto él, inviaría a
su hixo. También me pidió mandamiento para que en el entre tanto
nengún español entrase en su tierra, so pena de muerte.
Yo se lo concedí todo, y dixe que, llegando al Cuzco, se podría, si
quisiese, ir conmigo a esta ciudad de La Plata, o a la de La Paz, adonde
yo iba, y me iría con él. El cual, como vió que yo no había de quedarme
en el Cuzco, hízosele de mal, y dixo que lo comunicaría con sus capitanes,
como era razón. Yo le dixe fuese enhorabuena, y lo tratase con ellos, y
me inviase la respuesta. Díle colación, y él a mí de lo que tenía y había
con él, y fuése; y como los capitanes vieron que les había de quitar
los indios que habían tomado, y que no les perdonaban los delitos que
habían cometido, no le consintieron salir hasta que traxesen las provi­
siones, y luego me escribió lo que habían acordado, y luego, de ahí a
una hora, me invió a decir que se quería ver otra vez conmigo.
Yo abaxé a la puente como la primera vez, y queriendo baxar el
Inga, su gobernador le habló, y el Inga le respondió enoxado : « ¡ Pues
qué queréis que haga ! », según después me dixeron el clérigo y el Landa
que allá estaban, que se lo habían oído decir en su lengua; y ansí, por
ser ya noche, se quedó ansí, y me escribió, y yo le respondí desde Amay-
bamba las cartas que invié a Su Magestad y a su Real Consexo de Indias.
Lo que yo entiendo del Inga es que él y su hixo saldrían —■y aun
algunos capitanes suyos — concediéndoles lo que piden, y inviando las
provisiones de ello.
Yo invié a Diego Rodríguez al Gobernador, el cual traxo ciertas provi­
siones, con ciertas condiciones fuera de lo contenido en las capitulaciones,
y por eso no hobo efeto su salida ; pero consintió que le inviasen Corre­
gidor y clérigos o frailes que les dotrinasen, y está con él el Diego Rodrí­
guez por Corregidor. Clérigos ni frailes hasta agora no han querido
entrar. (Agora se ha sabido que entró un clérigo y bautizó a Quispe Tito,
hixo del Inga, y le llamó Don Carlos, y dice que saldrá conmigo, y me
escribió una carta sobre lo que invía a Su Magestad).
Las provisiones que pide son las siguientes : la primera, que en efeto
se diga que por cuanto el Inga Tito Cuxi Yupangui, y sus capitanes, y
gente que tiene en Vilcabamba, Rangalla, y Viticos, y en sus pueblos
y en otras provincias que el dicho Inga tiene y posee, quieren de su
voluntad oír la palabra de Dios y ser dotrinados en su santa ley evangé­
lica y han venido a la suxeción del Rey Nuestro Señor, queriendo, como
quieren, tener paz perpetua con los cristianos, que entren frailes y cléri­
P arte seg unda c a p . x v iii 305

gos a les dotrinar; y un Corregidor que les tenga en paz y en justicia,


y consienten que entren en su tierra españoles e indios a contratar con
ellos ; y atento esto, y a que el dicho Inga es persona prencipal y descen­
diente de los Ingas, señores que fueron de esta tierra, que se le haga merced
— casando su hixo Quispe Tito con Doña Beatriz Sayre Topa y de Men­
doza — de los indios que ella tiene en encomienda, en quienes sucedió
como la hixa mayor ligítima que fué de Don Diego Sayre Topa Inga,
defunto, su padre, para que ella y el dicho Quispe Tito, y sus sucesores
y descendientes ligítimos los gocen para siempre xamás, por vía de
mayorazgo, y que el dicho Inga Tito Cuxi Yupangui goce en su vida de
los cinco mil pesos que estaban desmembrados de este repartimiento,
y los gozaban — los dos mil pesos el Capitán Gómez Arias Dávila, los
mil e quinientos pesos el que tenía la tutela de la menor, y los otros mil
e quinientos el que servía la vecindad por ella — y después de su vida
del dicho Inga Tito Cuxi Yupangui los goce el dicho Quispe Tito, su hixo,
y los dichos sus descendientes para siempre xamás, por vía de mayo­
razgo, que sucedan en él todas las personas que suelen suceder en los
mayorazgos de Castilla ; e por provisión aparte, que se le encomienden
al Inga Tito Cuxi Yupangui, por la mesma orden que la pasada, por vía
de mayorazgo, los indios y pueblos de Chachona y Zanora, que están
junto al Cuzco, que tuvo encomendados don Pedro Luis de Cabrera, y
los que fueron encomendados en la iglesia mayor del Cuzco, y los que
tuvo en encomienda el monesterio de La Merced de la dicha ciudad.
Todos estos pueden rentar mil o mil e quinientos pesos cada año, y
son todos los que le dió el Licenciado Castro.
Item, por la mesma provisión, o por otra, se le encomienden al dicho
Inga Tito Cuxi — conforme a las provisiones reales que hablan cerca
de las encomiendas — los pueblos de indios de Rangalla y Yilcabamba
y Yiticos, y los demás pueblos que al presente tiene y posee. Si Su Mages-
tad fuere servido de encomendárselos en propiedad o perpetuidad,
será mexor, o si no, conforme a las provisiones reales que hablan cerca
de la sucesión de los indios, sin hacer otra declaración.
Han de decir las provisiomes que se dan estos repartimientos con
que el Inga e su hixo, o ambos a dos, vengan luego a vivir y residir en
el Cuzco. Basta decir que venga el uno dellos, porque andando el tiempo,
y conociendo el buen tratamiento, vernán ambos. Para que luego pueda
salir y tenga qué gastar, se le haga merced de todo lo que rentan los
dichos repartimientos el primer año, lo cual se le dé adelantado de la
real Caxa.
Háse de mandar por la mesma provisión que entren luego los dos
frailes o clérigos a pedricar el santo evangelio, y a les dotrinar y adminis­
trar los sacramentos a los que de ellos fueren e quisieren ser cristianos,
y que el Gobernador, o la persona a quien ésto se cometiere, nombre un
Corregidor que resida en Vilcabamba o en Rangalla, o adonde mexor le
pareciere, y lo visite todo y tenga a los indios en paz y en justicia.
306 G o b ie r n o d e l P e r ú

Pide también que de cada cosa de estas se le haga provisión aparte :


puédese hacer, por contentalle, como lo pide.
Otra provisión ha de dársele, en que Su Magestad perdone al dicho
Inga y a Martín Pando, mestizo que con él está, y a Yamqui Mayta, su
gobernador, y a Rimachi Yupangui, su maese de campo, y a todos los
demás sus capitanes y gente que consigo ha tenido y tiene, de todos y
cualesquier delitos creminales y excesos que hayan cometido, muertes y
robos que hayan cometido, ansí a españoles como a indios, en guerra
o en paz, o en otra cualquier manera, y de cualquier alzamientos que
hayan tratado y pretendido hacer, en cualquier manera, con muchas
firmezas y muy en forma, y con sello real, que éste es el que conocen y
quieren los indios, y de que se fía n ; y han de venir ocho o diez provi­
siones duplicadas de este tenor, para dar a cada uno la suya.
Otra provisión, que por cuanto el Inga Tito Cuxi Yupangui, y su
padre Mango Inga, en su tiempo, llevaron muchos indios de algunos
repartimientos que hay en la ciudad del Cuzco, y de la de Huamanga,
y de otras partes, y otros se le han ido de su voluntad, que se queden con
el Inga, pues ellos pueden estar y quieren de su voluntad estar con él.
Puédese dar recompensa a sus encomenderos; y este no parece incon-
viniente, pues en tiempo de los Ingas se mudaban de su natural a otras
partes, por su mandado, y los que mudádose han, hánse quedado y
quedarán, y también porque, andando el tiempo, estando acá el Inga, y
su tierra de paz, se podrán salir, y naide se lo podrá estorbar.
Otra provisión, para que nenguna persona, de cualquier calidad que
sea, les ponga pleito a las chácaras, tierras y ganados que tienen y poseen,
ansí el dicho Inga como sus capitanes y gente que consigo tiene, ni les
pongan en ello impedimento alguno, antes se lo dexen poseer todo libre­
mente, como al presente lo tienen y poseen.
Otra provisión, para que el dicho Inga pueda hacer un pueblo, dos,
tres, o más, en tierra de Amaybamba, de la gente que agora tiene, para
que le hagan chácaras y sementeras de coca o de otras cosas, como él
lo pide, lo cual es cosa muy conviniente para que perpetuamente haya
paz y quietud, y estén los indios del Inga en tierra de Su Magestad que
está pacífica, como en rehenes para que no hagan xamás guerra, robo,
ni daño alguno ; en lo cual no parece que recibe naide agravio, pues que
en efeto es poblar los pueblos que están despoblados y que el padre de
este Inga despobló cuando se fué huyendo a la tierra adonde al presente
está su hixo ; y para que se pueble sin perjuicio puédese cometer al
Corregidor o a otra persona que Su Magestad fuere servido de lo cometer.
Otra provisión para que, saliendo de paz, no se les pueda hacer guerra
por el Cabildo de esta ciudad, ni por otra persona alguna, aunque tengan
hecho el gasto de ella y estén en el camino y en la misma tierra del Inga.
Otra provisión para que les den solares y tierras en el Cuzco, para
él y su hixo, especialmente las que fueron de su padre, y también para
P arte seg unda CAP. X V III 307

los indios que sacare consigo, lo cual se puede cometer al Corregidor y


a García de Meló, que sabe dónde está el solar, o a quien Su Magestad
fuere servido.
Otra provisión : que como persona ilustre y de padres Ingas y señores
de la tierra, le guarden sus preeminencias como tal ilustre, y las Justicias
del Cuzco y de todo el Reino del Perú le tengan y hayan por tal, a él y a
sus hixos y descendientes ; y no consientan que a ellos ni a sus hixos,
mugeres, criados y parientes, les sea hecho agravio alguno, so graves
penas, porque de esto es de lo que más se teme.
También se podría inviar provisión aparte (de que el Inga no supiese
hasta que hobiese salido), en que se diese de comer a su hermano Topa
Amaru, que algunos dicen que es el verdadero sucesor. Podríasele dar
mil pesos de renta, o quinientas hanegas de maíz, o lo que más Su Mages­
tad fuere servido de le dar.
Haciéndose esto como tengo dicho, y inviándose de España las provi­
siones ya dichas ; y dispensación para se casar el Quispe Tito con doña
Beatriz Sayre Topa, su prima, no obstante otro cualquiera parentesco
que tenga, o comisión para lo que será m exor; y comisión también para
que cualquiera sacerdote les pudiese absolver de cualesquier quemas
de iglesias, casas o sementeras que hobiesen hecho, o de cualquier aposta-
sía o heregía en que cualquiera de los bautizados hobiese incurrido o
cometido, creo que saldría luego de paz, y se hará — andando el tiempo —
todo lo que quisiéremos de él.
Hice este viaxe movido con buen celo, por evitar muchos males que
de la guerra se pudieran causar. El primero, que grande inconviniente
es hacerse junta de gente en esta tierra, por lo que ordinariamente en
ella suele suceder ; lo segundo, el daño que podría venir a los indios ami­
gos, que han de ir por lo menos mil a la guerra, y quinientos de carga,
y doscientos azadoneros, y van a tierra caliente, de diverso — y aun
contrario — temple que la suya, la cual mudanza suele ser y hacer ordi­
nariamente mucho daño en la salud y vida de los indios, como se ha visto
por ispiriencia en Lima, que los que iban de la Sierra a ella a pleitos,
morían o enfermaban — todos o la mayor parte —, y esta tierra del
Inga es más caliente que L im a; lo tercero, que haciéndoseles guerra, o
han de esperar en el campo, o no : Si esperan en el campo, habrán de
morir los más de ellos, y muchos indios de los nuestros, y algunos espa­
ñoles, que es harto daño ; y si — lo que Dios no permita — los españoles
fuesen vencidos, se alzaría todo el Reino, y acudirían todos los indios al
Inga, que al fin los más de ellos le quieren bien, por ser de su natural.
Si no esperan (que es lo más cierto), harán mucho daño en los malos
pasos que tienen, en los cuales habrán necesariamente de morir muchos
españoles e indios, y en ganándoles uno, en el acto se huirían luego a
otro adonde acaecería lo mesmo, y si les ganaren todos los pasos malos,
se huirán a los Andes, donde terná el Inga — como agora tenía — tras­
puestos los cautivos e mugeres e hixos e gente que no es para la guerra, a
308 G o b ie r n o d e l P e r ú

donde no sólo no podrán subir los españoles, pero aun los naturales, si
no es con grand dificultad ; y entrando dentro se morirían todos, que
es tierra malísima y enferma, y aun no osarán pasar a ella sino españoles,
y aunque pasasen, tienen otras muchas tierras a do se retirarán, do no
pueden ser tomados ; y faltando indios, está claro que los españoles
no querrán ni podrán poblar la tierra, pues ellos no han de sembrar las
heredades, ni podrán pasar sin servicio de indios, por manera que aprove­
chará poco hacer la guerra.
Si algunos antiguos dixesen que ellos han conquistado indios, y
nunca se vió que los naturales huyesen de sus tierras para no volver a
ellas, decirlesía yo que no se han conquistado xamás semexantes indios
ayaucaes (1), que ellos llaman (o salteadores), que no son naturales de
la tierra adonde habitan, antes advenedizos que se fueron huyendo de
ésta tierra a aquélla, siendo naturales de ésta, ni tienen tierra propia,
antes cuanto tienen traen a cuestas como el caracol; y los que son
naturales de aquella tierra, están como cautivos, para servir a los Ingas,
y antes que vengan a les hacer guerra los pasan a los Andes con las muge-
res, adonde los españoles no pueden pasar ni ellos se pueden huir, y sabe
el Inga que los españoles no pueden parar mucho tiempo en su tierra,
por falta de indios y comida, y con esta esperanza se estará allende los
Andes hasta que los españoles se vuelvan al Cuzco, para que salidos de
su tierra, él y los suyos se vuelvan allá, de manera que por todas vías
la guerra es mala y peligrosa.
Según yo tengo entendido, no se le puede hacer guerra al Inga con
buena conciencia, pues él responde y dice que quiere paz, y que entren
a pedricar el santo Evanxelio en su tierra, y si lo hace por dilatar o no,
sólo Dios lo sabe y él mesmo ; y no debemos juzgarlo, pero antes yo tengo
para mí que no teme la guerra, porque no piensa esperar si no fuere en
pasos en que haga daño a los españoles, y muy a su salvo ; y si no la desea,
es porque no le desasosieguen ; y entiendo verdaderamente que desea
la paz, por tres razones : la una, por no andar desasosegado como anda ;
la segunda, porque le dan bien de comer, y la tercera, porque sabe que
los tratos que tenía y urdía con los indios del Perú son ya descubiertos,
y se ha entendido y remediado, y ya no puede efetuar lo que pensaba ;
y los tratos que yo averigüé que tenía con don Juan Calchaquí y con
los chiriguanaes, tampoco le han sucedido bien, porque ya sabe que
Francisco de Aguirre le venció, y anda Calchaquí huido, y sabe que Mar­
tín de Almendras llevó gente contra el Calchaquí, y sabe que va también
contra los chiriguanaes, y entendiendo que no tiene remedio su intento
y propósito que llevaba trazado, acuerda — a lo que creo — tener paz ;
mayormente que sabe que le han de inquietar con la guerra, y viendo todo
esto, que se puede entretener de la manera que tengo dicha, aunque

(1) Auccac signifie rebelle, ennemi, et par extension sauvage. Santo Tom ás, op. cil.,
toi. 111, et González H olguin, op. cil., fol. 38 et 653.
P arte seg unda GAP. X V III 309

con harto trabaxo, pero sabiendo que ha de durar poco, quiere hacer
los negocios muy a su gusto y provecho.
Antes que se determine a salir, sólo resta responder algunos inconvi-
nientes que algunos que no tienen buen celo ni entendimiento sano, y
les va en ello interese, pusieron, como es decir que lo hacía por entretener
este verano que no se le hiciese la guerra, para entretanto hacer algún
salto (como otras veces lo ha hecho). Además de que esto era adivinar,
yo respondí entonces que antes entendía que era lo contrario, o sea la
verdad, por las señales que entonces dió, que nunca xamás había dado,
y para saber cuál de estas cosas era verdad, poco era esperar un año
quien había esperado treinta, y que el daño no podía ser tanto, que no
se remediase presto si se podía remediar con guerra, porque ellos no matan
los indios que toman, antes los quieren para que, como esclavos suyos,
les sirvan y hagan sementeras, y pues por la guerra se podrían cobrar
el año siguiente, según el parecer de lo que ésto dixeron, poco era el daño
que de esperar un año se podrá seguir ; y en esto ha parecido que acerté
mexor que los que adevinaban otra cosa, sin dar otra razón más de que
con dañadas entrañas decillo, pues han pasado más de dos años, y no
ha hecho salteamiento, ni lo hará hasta ver si viene respuesta de Su Mages-
tad de lo que pedía, como a mí me lo prometió, si no le dan ocasión nueva
para lo hacer.
Decir que es inconviniente dexarle los indios que ha tomado, en su
poder, y no los dexar volver a sus tierras, con sus mugeres e hixos que
acá dexaron, no es tan grande que, andando el tiempo, no se pueda
remediar, pues naide les podrá estorbar que no se vengan a sus tierras,
estando la tierra de paz.
Decir que todavía quedará allá ladronera si no se hace pueblo de
españoles, no puedo negar que será mexor que se hiciese, mas yo no
entiendo cómo se puede hacer por agora, pero sé que saliendo de paz,
podrán — andando el tiempo — entrar españoles a vivir allí, aunque
no haya pueblo formado, como lo hacen en Chucuito y en Cochabamba,
y solían hacer en Yucay y en otras partes, sin haber pueblo formado,
lo cual naide podrá andando el tiempo contradecir, como agora se contra­
dice de parte del Inga, por temer no le tomen su tierra, lo cual entonces
no temerá decir que cuando salga su hermano Topa Amaro y otros
Ingas y capitanes prencipales de Tito, podrán alzar por Inga alguno de
ellos, como hicieron a éste, cuando salió su hermano.
Todas estas cosas se pueden remediar con el tiempo mexor que de
golpe, porque estando el Inga en el Cuzco, y persuadiéndole que invíe
por su hermano y por otros prencipales, por que no se le alcen con la
tierra, él se holgará de ello y los inviará a llamar, y cuando él no lo qui­
siese, se podrían mandar venir poco a poco, uno hoy y otro mañana, y
dándoles de comer, a uno cien hanegas de maíz cada año, a otro cincuenta,
o las que al Gobernador pareciese, quedarían en esta tierra, y se inviarían
españoles a la poblar; y otro día mandar que no to viesen armas, y ansí,
25
310 G o b ie r n o d e l P e r ú

poco a poco se haría sin sentir lo que agora es impusible, o muy dificultoso,
y terná el Inga más segurada la tierra y la renta que los indios de ella
le diesen, y para esto convernía estar en el Cuzco gobernándole persona
cuerda y de confianza, hasta que estoviese esto muy siguro.
Sacando al Inga, e poniéndose su tierra sigura, se podría muy fácil­
mente poner en orden los caciques, para que no tiranizasen a sus indios,
de la manera que tengo dicha en la Parte Primera, en los Capítulos VII,
X V y XVI, y no se haciendo, sería — me parece — impusible o muy
peligroso, porque sé que lo sintirán mucho, y es bien que no tengan aco-
xida (1).

CAPÍTULO X IX

D el pu eblo que se ha de hacer en Cochabam ba,


QUE HA DE SER ENTRADA D E LOS M O X O S ,
Y OTRO QUE C O N V IE N E HACER EN A R IC A

El valle de Cochabamba es cuarenta y cinco leguas de esta ciudad;


es valle que se coxe en él mucho pan, y se provee de él la ciudad de La
Paz y Potosí de mucho pan que se acarrea en carneros de la tierra. Viven
en el valle treinta o cuarenta españoles, que tienen sus chácaras y ganados,
y están muy lexos unos de otros. El asiento donde están llaman Camata.
Ha muchos días que se trata si se hará allí un pueblo de españoles, y
nunca se ha hecho, ni puesto en efecto, porque los encomenderos de
aquel repartimiento lo han estorbado.
Paréceme que convernía mucho poblar allí un pueblo adonde se reco-
xiesen todos los que allí habitan, y que se le diese por término todo el
valle, e hiciesen una buena iglesia dentro del pueblo, y que de los diezmos
se sustentase allí un clérigo, y se hiciese un beneficio curado, y llevase
el cura la parte de los diezmos que pareciese suficiente para se poder
sustentar. Habían de tener jurisdicción por sí, y nombrar sus alcaldes
y rexidores cada año.
Aprovecharía este pueblo de muchas cosas : de que se recoxiese la
gente que allí viven apartados, y estarían más siguros ; no se harían,
ni consentirían hacer delitos, ni se acoxerían allí delincuentes. Demás
de esto, era acoxida de la gente que fuese a conquistar y poblar la pro­
vincia de los Moxos, que de allí sacarían la comida, y teniendo necesidad,
se recoxerían en el pueblo, para se rehacer y proveer de comida, lo

(1) Les capitulations définitives avec l’ Inca Titu Cusi Yupangui turent établies le
24 août 1566. Le Gouverneur Garcia de Castro les ratifia le 14 octobre suivant. Complé­
tées le 9 juillet 1567, elles reçurent enfin la sanction royale le 2 janvier 1569. Archivo
General de Indias, Audiencia de Lim a, 578, L iv, 2, fol. 402-417.
P arte seg u n d a — cap. x x 311

cual es muy necesario para este efeto, pues la provincia de los Moxos es
tierra muy rica de oro y plata y ganado, y muy poblada de indios, y
tiene tan gran fama, que al fin se ha de venir a poblar, y es por Cocha-
bamba la mexor entrada de todas.
Podríase hacer otro pueblo de españoles en el puerto de Arica, que
es en la Mar del Sur, noventa leguas de esta ciudad, y no sería pueblo
pobre, antes muy rico, porque allí se desembarcan todas las mercadurías
que vienen de Lima y se traen a esta provincia en carneros de la tierra,
y se llevan también al Cuzco, que es trato muy grueso.
Habrá allá cuarenta vecinos. Habían de tener jurisdicción por sí,
y nombrar cada año sus alcaldes y regidores, y habíasele de dar su tér­
mino por sí, porque como agora aquel puerto es de Arequipa y su juris­
dicción, y Arequipa es del destrito de Lima, hácense agravios a los mer­
caderes que allí residen, porque les pesa que haya allí puerto, y querrían
que las mercadurías se desembarcasen en su puerto, e de allí se traxesen
a esta provincia, lo cual será doblada, y aun tresdoblada costa, y será
encarecerse las mercaderías doble, o por lo menos un tercio m ás; e para
que no les hiciesen estas molestias, era justo que se hiciese un pueblo
por sí, exento de Arequipa, y que cayese y fuese del destrito de esta
Audiencia, pues está dentro de las cien leguas que tiene por destrito,
y no tiene puerto nenguno, sino se le da éste.
Conviene que se hagan estos pueblos por las razones arriba dichas,
y en dilatarse hay gran daño. Débese mandar que se hagan con brevedad.

CAPITULO X X

De las puentes, fuentes y c a m in o s que c o n v ie n e hacerse


Y r e p a r a r s e e n e s t a p r o v in c ia
y d is t r it o d e l a A u d i e n c i a d e l o s C h a r c a s

Manda Su Magestad, por una Cédula dirigida al Licenciado Pedro


Ramírez de Quiñones, Presidente de esta Audiencia de los Charcas, que
provea cómo se hagan puentes y se aderecen los caminos, y para ello
reparta entre los que le pareciere que han de gozar de ellos, lo que fuere
necesario, y que lo que se repartiera a los indios, lo paguen de los frutos
y provechos que en sus pueblos tovieren, e que lo haga de manera que
el repartimiento sea con toda igualdad, y todo se haga con mucha
brevedad (1).

(1) Cédule du 16 août 1563, dans la Colección de Documentos Inéditos para la Historia
de América g Oceanía, X V I I I , p. 32-34.
312 G o b ie r n o d e l P e r ú

En esta provincia conviene que se hagan tres puentes, especialmente


una en el Río Grande, camino de Mizque y de los yungas, porque es muy
necesaria para pasar por ella la coca que viene de los yungas, que vale
mucho dinero, y no la habiendo corre mucho peligro, y para pasar comida
de Cochabamba, y para que pasasen los indios que acá vienen a pleitos
y a pagar la tasa a sus amos, porque peligran muchos por la gran fuerza
que lleva el río. No hay año que no se ahoguen veinte indios, y dos o
tres españoles : si a mí no me hobieran ido a la mano, tres años ha que
estoviera hecha, cuando se fué el Presidente a tomar información contra
los Comisarios, y se hobieran escusado hartas muertes y daños.
Hánse de hacer otras dos puentes camino de Potosí al Cuzco, que
también son muy necesarias para que la coca que viene del Cuzco venga
segura, que es la mayor contratación de este Reino.
Fuentes conviene mucho que se hagan dos : una en Potosí, y otra
en el Cuzco, que en ambas partes padecen mucha necesidad de agua,
para lo cual se habían de hacer repartimientos — entre tanto que están
empeñados los propios — , conforme a la ordenanza.
Los caminos están muy malos, especialmente desde aquí hasta Potosí,
que es camino muy pasaxero, y por no estar aderezado está muy peli­
groso, y con facilidad se podría aderezar también de aquí a Chayanta.
El camino del Cuzco está muy malo e peligroso : débese de aderezar,
y es gran descuido no lo hacer, pues vienen tantos litigantes y se quexan
de ello, y aun los tambos no están proveídos.
El camino también del Cuzco a Lima está muy malo y peligroso, y
deberíase aderezar por que no se despeñasen las gentes y caballos que
cada año se despeñan : cosa bien agena de buena gobernación, pero todo
esto me parece que es predicar en desierto, pues si mandándolo Su Mages-
tad no se hace, menos se hará por dar yo este aviso.

CAPÍTULO X X I

D e lo s e s p a ñ o l e s q u e a n d a n o c io so s ;
DE LOS DESAFÍOS QUE HACEN, E INJURIAS QUE DE ELLOS NACEN,
Y DEL REMEDIO QUE EN ELLO SE HA DE TENER PARA EVITAR ESCÁNDALOS,
MOTINES Y ALZAMIENTOS,
Y LEYES QUE CERCA DE ELLO CONVIENE QUE SE HAGAN

Por leyes e instrucciones dadas a los Gobernadores y Presidentes


de las Audiencias, manda Su Magestad que no consientan estar gente
ociosa en el Perú, y con mucha razón, pues la ociosidad es madre de
P arte seg u n d a — cap. x x i 313

todos los vicios, y por ispiriencia se ha visto en este Reino que los bolli-
cios y alteraciones los han causado gente ociosa. Estos se ingieren a
sembrar discordias entre unos y otros, diciendo : — « Siendo vos mexor
que fulano, y habiendo servido mexor que él, tenéis menos » ; al otro,
que siendo más rico que fulano, se os quiere preferir, y a otros, que no
se dan los repartimientos sino a criados y parientes de gobernadores.
No tratan de otra cosa, ni se hacen corrillos, sino para tratar estas y
otras cosas semexantes, todo a fin que haya discordia entre los pode­
rosos, para poder ellos medrar : una cosa afrentosa y no digna de hom­
bres nobles.
Para saber dar remedio a las alteraciones que tan ordinarias son
en esta tierra, es menester saber los principios y causa de ellas. Dice
Aristótiles que lo que mueve a los hombres a desear novedades es porque
quieren unos ser igualados a los que más pueden, y si esto no se hace,
nunca descansan, y otros, porque quieren ser preferidos a los otros,
entendiendo que lo merecen mexor que ellos, y ansí no sufren con pacien­
cia, si no exceden en tener a los demás. Estos se podrán exemplificar
en este Reino en los que no tienen encomiendas de indios, que se quexan
que las tienen otros que no lo merecen tan bien, y estos se juntan con
algún vecino que esté agraviado, o con algún hombre que le hacen enten­
der que está agraviado porque él fué el que ganó la tierra (aunque no
lo esté), y como sea hombre de poco entendimiento, hácenselo creer y
mótenle en lo que después de metidas prendas no puede salir, aunque
les pese de haber entrado, como fué a Gonzalo Pizarro y a Francisco
Hernández Girón : al mexor tiempo les dexan y se pasan al campo
vencedor; y sabiéndolo, y conociendo esto, y habiéndolo visto muchas
veces por ispiriencia, no quieren escarmentar.
Las cosas por que prentenden alzarse y alterarse, dice el mesmo
Aristótiles, son por riquezas y honra, y por sus contrarios : por ver
deshonra y daño, suyo o de sus amigos. Por estas cosas se alzan y desaso­
siegan. Contando el mismo Aristótiles las causas de sediciones y escán­
dalos que se siguen a las repúblicas mal gobernadas, dice que la soberbia
y avaricia de los que gobiernan, son causa de provocar contra sí y contra
la república a los que por su soberbia son afrentados e injuriados, y a
los que por la avaricia de cosas privadas que tiene este tal gobernador,
les roba sus haciendas sin sentir (como diremos largo en el Capítulo
siguiente), o que por la avaricia de las cosas públicas, pudiéndolas dar y
repartir a los que las merecen, no las reparte, o las da a los que no tienen
tantos méritos.
Proceden también las alteraciones de verse algunos deshonrados, y
ver a otros que no lo merecen, estar con mucha honra. Otra causa, dice
Aristótiles en el mesmo lugar, es por consentir que uno, por riquezas o
por otra cualquiera razón, se haga mayor e tan poderoso, que por su
mano se venga a gobernar la ciudad violentamente. Esto acontece en
muchas partes del Perú y aun de las"Indias. A éstos solían los griegos y
314 G o b ie r n o d e l P e r ú

los de Atenas desterrar por diez años, o más tiempo, y ansí se había
de hacer en el Perú, sin que al que lo hiciese le pidiesen cuenta, si quieren
que esté del todo sosegado ; aunque dice el mesmo Aristótiles que sería
mexor obviar a los principios que buscar remedio después que están
hechos callos.
Otra causa es por miedo de la pena que esperan, y por eso es malo
tardarse en la dar. Otra causa de escándalo y alzamiento es por menos­
precio, el cual se ha causado por el descuido y desorden de los goberna­
dores, de que pone muchos exemplos el filósofo. Otra causa suele ser
acoger gente extrangera, de que trae otros exemplos. Otra causa de
levantamientos — dice el mesmo Aristótiles — es por querer gobernar
por las leyes y costumbres de una provincia, a otra que no sufre gober­
narse por ellas, sino por otras.
Pero una cosa advierte Aristótiles a los que gobiernan : que procuren
no errar en el prencipio, porque el pequeño yerro al principio, corresponde
a todas las demás partes. Si viere que hay pasiones particulares entre
dos personas de calidad en la ciudad, como las ha habido en el Cuzco
y se han desimulado, procure de aplacallas, porque las discordias de
los hombres prencipales traen tras sí toda la ciudad, de que traen exem­
plos muchas historias.
También suele esta gente bolliciosa tomar un bordón para inducir
a los demás que se alcen, fingiendo que el Rey quiere echar un pecho,
0 hacer algún agravio a sus súbditos, como acaeció en Atenas, y aun en
Castilla, el año de 1520 (que fué el año que yo nací), que fué cuando se
levantaron las Comunidades, echando fama — falsamente — que Su
Magestad mandaba que pagasen de cada texa, un maravedí.
Sabiendo, pues, las causas de las alteraciones y levantamientos, se
sabrá la conservación de la república, porque contrarios son los efetos
de las causas que son contrarias. Consérvase, lo primero, no injuriando
a los súbditos, antes oyéndolos y tratándolos bien, y haciéndoles justicia,
y no abatiendo los que son honrados e muy amigos de honra, antes admi­
tiéndolos a los cargos de la república, y a toda la demás gente, no defrau­
dándola de sus provechos.
No se han de descuidar, antes bien con mucho recato los que gobier­
nan ternán velas y espías por todo el Reino, y principalmente han de
procurar que la gente ociosa no lo esté, antes, si han servido en esta
tierra, darle entretenimiento en ella, y no habiendo servido ni, siendo
antiguos, ocuparles y mandarlos en algunos tratos y grangerías, o a
los que no fueren para ello, inviarlos a entradas o descubrimientos, o
desterrarlos a España, y no basta mandarlo por leyes, sino buscar un
executor de ellas.
Las leyes que para lo contenido en este Capítulo conviene que se
hagan — a mi parecer — son :
1 Que los Presidentes de las Audiencias, cada uno en su destrito, no
consientan que haya nengún ocioso ni vagamundo, antes compelan al
P arte seg u n d a — cap. x x i 315

tal ocioso que tome manera de vivir, o use oficio si es oficial, o se vaya
a alguna entrada, si al presente la hobiere, y le señale término para ello,
el cual pasado, no lo haciendo, le invíe a España por la orden que arriba
está dada.
ii Item, que no haciéndolo el Presidente, el Fiscal lo pida a la Audiencia,
y sea parte y tenga en ello voto el mesmo Fiscal.
iii Item, que cualquiera persona que desafiare a otra, aunque no haya
efeto el desafío, sea luego desterrada del Perú.
iv Item, habiendo hecho el desafío, se guarden las leyes que sobre
ello hablan, e si alguno muriere en él, no sea enterrado en sagrado, con­
forme al Concilio Tridentino.
v Item, porque se tiene por afrenta en el Perú quexarse del que injuria
a otro, por Justicia, antes procuran de vengarse por sus personas, que
el injuriado que no perdonare ante el juez y escribano al que le injurió,
siendo requerido por la parte, o por el Fiscal que ha de haber en cada
Audiencia, sea obligado a quexarse de él por Justicia, so pena que de
allí adelante no pueda gozar hidalguía ; y si dentro de un año algo acae­
ciere al injuriante, sea bastante probanza contra el injuriado, para le
dar la pena ordinaria, el no haberse quexado ante la Justicia y seguido
el pleito, o no le haber perdonado.
vi Item, que el que dixere a otro « mentís », sea luego desterrado del
Reino, quier se proceda de oficio o a pedimiento de parte, si el inju­
riado no le quisiere perdonar.
vil Item, que el desmentido se tenga por bastantemente satisfecho si,
delante de él y de un juez, dixere el que le desmintió, « m entí» o « no
dixe verdad en lo que dixe desmintiendo a fulano » ; e si fuere persona
de mucha calidad, baste que diga « fulano dixo verdad en lo que dixo,
e yo me engañé, e le pido perdón », y antes que se aparten de allí, el
juez los haga amigos, y quede por auto ante el escribano y dé fé de ello.
v iii Item, que a cualquiera que diere de palos a otro, o los mandare
dar, no le valga la iglesia y muera por ello, aunque naide lo acuse, si
no fuere perdonado de la parte, que entonces sea la pena arbitraria.

CAPÍTULO X X II

De la a v a r ic ia , y de los m ales que por ella se causan ;


Y e n q u é se c o n o c e r á a u n a v a r ie n t o
PARA QUE NO SEA PROVEÍDO DE NINGÚN GÉNERO DE OFICIO,
a u n q u e s e a m á s s a b io q u e P l a t ó n

Es tan gran mal la avaricia, que no se puede encarecer tánto como


ella es. Dice Aristótiles que es un vicio del ánima, por el cual se apetece
ganancia de do quiera y como quiera que se pueda haber.
316 G o b ie r n o d e l P e r ú

Tiene tres partes : torpe ganancia, poco gasto, y iliberalidad.


La torpe ganancia es por la cual pretenden adquirir dondequiera,
teniendo e preciando más la ganancia que la vergüenza ; el poco gasto
es la miseria con que viven, no se atreviendo a gastar lo necesario, con­
forme a su estado, y iliberalidad es no dar lo que conviene darse, pues
aunque gasta el avariento, pero es poco a poco, y mal, porque acaece que
se pierde mucho en gastarlo ansí, sin razón e sin tiempo.
Es propio del avariento tener en mucho las riquezas, y no pensar
que es malo lo que le es provechoso para adquirirlas. Es una vida jorna­
lera, servil y sucia, axena de liberalidad. A la iliberalidad se sigue esca-
seza vil, que hace parecer bien la ganancia, aunque sea de cosas viles y
baxas ; una congoxa o enfermedad que quita el sosiego. Ésta llama
Plutarco pobreza de ánimo.
Síguese también pusilanimidad, baxeza, destemplanza, villanía, y
finalmente un aborrecimiento de todos, y que — aunque sea verdad,
como dice Platón, que naturalmente todos desean ganancia y esta codi­
cia sea útil, y siendo útil por el consiguiente buena — , mas dice él mesmo
que si por insaciable codicia quiere uno adquerir cosas viles y de nengún
precio, y que nengún bueno querría ganar ni adquerir, es desear el bien
engañándose en la manera de el deseallo.
No hay más feo vicio, dice Tulio, que la avaricia, mayormente en
el viexo, que es incomportable, y cosa monstruosa y bozal. De aquí
es que dice Platón que el muy rico es impusible ser bueno, porque parte
de ello será mal ganado y no bien gastado, porque el avariento — dice
el filósofo — no gasta adonde conviene, ni cuanto convenía, ni cuando
era justo gastarse; antes es amigo de tomar, y cuanto en esto excede,
falta en el gastar y darlo. A la pobreza faltan muchas cosas, mas a la
avaricia todas, ansí que para ninguno es bueno el avariento, y peor para
sí que para todos.
La codicia no tiene medio ni fin, que nunca se harta (como dicen Tulio
y Séneca), y antes se dice enfermedad que no deseo, como prueba muy
bien el mesmo Séneca, y es finalmente la avaricia madre de todos los
males, y raíz de toda maldad y servidumbre de ídolos, como dice San
Pablo (1).
Esta insaciable codicia es blanda, tierna y afeminada, como dice
Eurípides, y hace siervo al codicioso y avariento.
Dice Tulio que la esperanza de heredar algo trae gran servidumbre :
hablar siempre a sabor de su paladar ; hacer todo lo que el viexo manda ;
servirle siempre, e no quitársele de delante ; darle algunos regalos y
presentes, y no osar xamás de su voluntad salir, aunque importune, que
esto es de libre. ¿ Cuál se llamará servidumbre, si ésta llamáis libertad ?
Finalmente, la avaricia es sin nengún fundamento de razón, mucho
peor que la ira (como dice Aristótiles), porque la ira parece que sigue la

(1) Premiére Epltre á Timothée, 6, 10.


P a r t e s e g u n d a — c a p . x x ii 317

razón, aunque no perfectamente, ansí como los criados muy apresurados,


antes que su amo les acabe de decir la embaxada ni la entiendan, corren
y yerran en lo que les mandó decir ; y el perro que en oyendo tocar la
puerta ladra, aunque sea amigo de su señor el que llama. Así, la ira,
como es acelerada, en oyendo la razón, sin acabar de oír lo que la mandan,
lo pone por obra. La razón pone delante la afrenta y menosprecio, pero
la ira, como si la razón hobiera determinado que era bien vengarse del
que le injurió y hacerle guerra, luego lo pone por obra ; mas la codicia,
si solamente dice la razón o la sensualidad : « esto te traerá deleite o
ganancia », corre luego a lo gozar, y ansí la ira sigue en alguna manera
la razón, mas la codicia no, de donde colixe Aristótiles que es peor vicio
que la ira.
También por otra razón más malos son los que hacen mal encubierta­
mente que los que lo hacen al descubierto, pues la ira es siempre mani­
fiesta, pero la codicia dolosa y engañadora. No veréis hombre codicioso
que no tenga dos caras : una dice, y otra piensa. Nunca habla verdad,
ni la trata. Si se ha de vengar de alguno, ha de ser por mano axena. Está
todo lleno de traiciones y maldades. No tiene amistad con naide, sino
con el que le da, y con éste dura poco, si otro le da más. Esto vése y
conócese cada día. El avariento no es agradecido de su natural inclinación.
Dice Séneca que éste es el mayor mal que tiene ; es enfermedad incurable,
como dice Aristótiles.
] Qué mal no causa la codicia ! No sólo destruye algunos hombres,
mas a toda la república, porque de ella — dice Tulio — nacen las enemis­
tades, discordias, alborotos, y las guerras. El codicioso dentro de sí
no tiene paz, ni pued vivir sosegado.
Puesto que esto en ansí, y lo dicen tantos varones, y otros muchos
que referiré en otra parte, [ cuánto con mayor razón será la avaricia
peor y causará más males en un gobernador o juez, mayormente si es
de los mayores I ¿ Qué no corrompe la avaricia ? Pregúntenlo a Tulio,
que él lo dirá, o al Emperador Justiniano, que dice que los jueces avarien­
tos, a trueque de oro absolverán a los culpados y malhechores; gober­
nando ellos — dice él mesmo — ¿ quién dexará de hurtar y robar sin
temor ?
Dixo un filósofo antiguo : « Vosotros que lleváis salarios públicos,
si lo tenéis por fin y pretendéis vuestras propias ganancias, no haréis
más provecho en la república que Sísifo revolviendo la piedra y sudando,
sin que de ello sacase fruto alguno para sí, ni para otros». Eurípides
dixo : « Cualquier avariento, ni sabe ni desea cosa justa, y a sus mesmos
amigos es pesado y enfadoso, y a toda la ciudad ». Nenguno puede vivir
viendo injustamente enriquecerse en poco tiempo. El deleite de lo mal
ganado es breve, y larga la tristeza.
Dice Aristótiles que nengún avariento es buen rey, ni puede ser libre,
ni hacer lo que debe. Es el avariento como hidrópico, que cuanto más
tiene, más sed ha y más desea, que quien cosas grandes y muchas ama,
318 G o b ie r n o d e l P e r ú

es como mendigo. Finalmente, el avariento es infame en el nombre y


en hecho de verdad, como dixo Platón.
Pues, guárdense los reyes de proveer gobernadores avarientos,
porque — como dixe en el Capítulo pasado —, por el avaricia y soberbia
de los que gobiernan, se alteran las repúblicas (1). Si el juez o gobernador
es avariento, en breve roba la hacienda de todos, casi sin sentir : toma de
cualquiera lo que da, sea poco o mucho, y por que le dé más, trátale
mal, y cuando se cansa de le dar, olvídale, y si aquél le ha menester,
para le tornar a cobrar vuélvele a servir y dar más. Para que hagan esto,
siempre procura el juez avariento que levanten a alguno pleito, y en
dándole algo, déxale olvidar, y no habla más en él. Tiene siempre terce­
ros que interceden con los negociantes, para que le den algo.
Estos publican que pueden todo cuanto quieren, aunque haya otros
que sean iguales a él, y ansí con la fama acuden todos a le dar, aunque
por fuerza : unos, para que no les trate mal, y otros, para que les guarde
su justicia.
Otras veces intentan jugando robar a todos ; no pagando si pierden
mucho, antes dando cosa que vale diez pesos, por ciento, y aun por
ducientos, y cobrando lo que ganan, como sea. Siempre ganan, aunque
sea poco, mas al cabo del año es mucho.
Por vía de mercaduría adquieren también mucho, haciéndolo por
terceras personas : compran caballos o muías por poco precio, y engor­
dándolos, véndenlos por el cuatro tanto a las personas que litigan y
que les han menester; y como tienen muchos dineros, prestan a quien
saben que les ha de dar logro por ello.
Hasta su comer es de balde : de unos reciben gallinas, de otros fruta,
y de otros, otras cosas, que es grande afrenta de vellos, y aun mentallo
me enfada, viendo tan gran vileza.
Conocerse han en que siempre tienen en su casa, o se allegan a ellos,
hombres malos, de poca conciencia, amancebados, y que están en pecado
mortal, y grandes bellacos, y por tales habidos y conocidos en todo el
pueblo. A éstos favorecen ; a éstos prefieren a los buenos; a éstos dan
crédito ; con éstos han de negociar los que quieren que se hagan bien sus
negocios. Si compran algo, ha de ser la mitad menos de lo que vale.
Siempre estos tales jueces o gobernadores tienen por flor de tratar
mal a los súbditos, porque acudan con algo para amansallos; a los que
han injuriado, procuran de traellos a su amistad a costa agena, favore­
ciéndolos con injusticia ; para hacellos callar alléganse a los relixiosos y
hácense corderitos, para que digan bien de ellos, y con dádivas a costa
agena los hacen callar y atapan las bocas.
En viendo un pobre dicen : — « Me enfada » ; no le reconocen por

(1) Déjà dans les Partidas ( I I , IV , iv , V , x m , et I X , n ) il est question du péril que


causait aux gouvernants et aux vassaux, l’intervention des cupides et des avares dans
la chose publique.
P a r t e s e g u n d a — c a p . x x ii 319

pariente, y menos si ha menester su ayuda. No aprovecha con éstos ser


uno bueno y sencillo : tanta es su cautela y avaricia.
¿ Qué ponzoña puede el rey inviar a sus súbditos tal como ésta ?
Nunca se vengan, sino por terceras personas. Hacen mal por mano agena,
y fingen después dolerse de ello, desimulando el castigo de los malos,
por sus fines e intereses. En viendo delinquir un pobre indio, o un negro,
no hay carniceros más crueles. Los ricos, cualquier maldad que hayan
cometido, están seguros que, ablandando o contentando a los terceros,
hacen o interpetran la ley en favor del que mexor se lo paga, parecién-
doles malo y revocando lo que ayer era bueno, y lo que era malo, lo tienen
por bueno.
Gran lástima es decillo, y mayor pensallo. Gran cargo lleva sobre
su ánima el que tales hombres elixe, y antes no procura de conocellos.
Por la estrecha cuenta que se les ha de tomar, lo verán.
Conocerse han también por su confianza demasiada que tienen con
todos, como tenía Triboniano, y sus aceleramientos que tienen algunas
veces, y sus mudanzas a cada paso. No dicen xamás verdad. Levantan
falsos testimonios facilísimamente. Por se hacer buenos tienen cien mil
géneros de cautelas para encubrir sus maldades, y no es mucho, pues no
estudian para otra cosa.
Lo que peor es, que dexan de hacer muchas cosas buenas y provecho­
sas al rey y a la república, por miedo de no perder su hacienda, diciendo :
— « No sé cómo lo tomará el que me tomare la cuenta : si es bueno, no
me dará gracias, y si le parece malo, harámelo pagar», y ansí lo dexan,
y no se hacen cosas que serian bien útiles al reino. Dexan correr el tiempo
sin hacer nada para gozar su salario, y como éste sea su blanco, apuntan
siempre a él.
No dixeron ni avisaron a estos tales sus padres — como nos avisó
Platón lo que habíamos de decir a nuestros hixos — : que el oro y la plata
que Dios infundió en sus corazones, esto es, la prudencia y la magnani­
midad, lo tienen de Dios, por lo cual no tienen menester del oro de los
hombres, antes esto ensucia al que Dios les dió en sus ánimas, porque del
oro y plata de los hombres han nacido muchas maldades, y cada día
nacen más. El oro que ellos tienen es de todo punto sin mancilla, si no
lo mezclan con el metal. Mas, ¡ qué digo yo ! Que estos tales no son de
los que dice Platón que les dió Dios oro en sus corazones, sino de los que
les infundió metal o hierro, de los cuales él mesmo dice una profecía :
que la república perecerá cuando estos tales la gobernaren.
Gravísima y pesada cosa sería, y muy torpe de los pastores, que ansí
criasen los perros que habían de guardar su ganado, que por hambre o
por mala costumbre acometiesen a lo comer, como si fuesen lobos ;
ansí me parece que los que elixen jueces o gobernadores para defender
sus súbditos, han de mirar no tengan por costumbre de comer y destruir
el ganado que les dan en guarda, con su grande avaricia y hambre que
tienen de riquezas.
320 G o b ie r n o d e l P e r ú

Todo ello es más dañoso en esta tierra que en otra, por el mal exemplo
que dan a los que vienen a enseñar, y como éstos — por la mayor parte —
no piensan permanecer en esta tierra, antes estar poco en ella, procuran
adquerir y hinchir las arcas comoquiera, para se volver ricos a España,
y como tengan la proa — como dicen — en su tierra, y su fin sea el
volverse a ella, no procuran el aumento y conservación de ésta, mas
que ajuntar y acomular riquezas, para conseguir el fin que pretenden,
pues hay de ellos sucios en la vida y aborrecidos de todos, no aprove­
chando a naide, ni a sí mesraos, más que a una acémila cargada de oro,
que no le queda provecho ninguno de él (como dice Plutarco), viviendo
tan suciamente como el puerco, aborrecido, mientras vive, de todos, y
no aprovechando sus riquezas sino después de muerto, que entonces da
el avariento alegría, como cuando se mata un puerco, porque se divide
su plata y oro y demás hacienda entre sus herederos, los que le entierran,
y otros a quien les cabe parte.
Concluyo, pues, que para nengún género de oficio o cargo en la repú­
blica debe el avariento ser proveído, aunque sea más sabio que Platón,
porque quien es malo para sí, ¿ para quién será bueno ? Muchos exemplos
pudiera traer de males que ha causado el avaricia en los que gobiernan,
que refiere Valerio Máximo : allí se podrán ver.

CAPITULO X X III

D el gran c a s t ig o que d ebe h aber en este R e in o


PARA SU CONSERVACIÓN ; Y DE LAS CÁRCELES FUERTES,
ALCAIDES, Y FISCALES QUE EN CADA CIUDAD CONVIENE QUE HAYA

No pienso que haya hombres que ignoren cuánto conviene a la conser­


vación de la república y a la administración de la Justicia en ella, que
los delitos no queden sin punición y castigo como dicen las leyes, porque,
perdonando los malos se estragan los buenos. Dice Séneca que la facilidad
del perdón es causa del delito, lo qual también aprueba San Ambrosio.
De aquí es que dice Tulio que la esperanza de no haber de ser uno casti­
gado, le hace fácilmente pecar, por lo cual — dice el mesmo Tulio —
el juez que perdona al malo y no le dá el castigo conforme a la ley, comete
tan gran maldad como el mismo a quien perdonó, y peca tan gravemente,
como lo prueba Fray Alonso de Castro (1) ; y es infame, y merece otras

(1) Fray Alonso de Castro, Franciscain, théologien et juriste éminent, né à Zamora


(1495-1558). Il est le fondateur de la science du Droit Pénal, avec son traité devenu un
classique : D e potestate legis poenalis, publié en 1550.
P a r t e s e g u n d a — c a p. x x iii 321

penas, que refiere Tiraquelo, que es el que compuso un libro intitulado


De Peenis Legum, en la Prefación, Número 11 (1).
Si en otras tierras los jueces son obligados a castigar los delincuentes,
mucho mayor obligación tienen en ésta, en la cual la ispiriencia ha mos­
trado cuántos daños se hayan seguido de no castigar a Francisco Her­
nández Girón, y a otros, pues ha costado al Rey más de un millón, y
más de dos mil muertes de españoles e indios, sin otras innumerables
ofensas que a la Divina Magestad se han hecho, que es lo que más nos
ha de doler.
No quiero traer más autoridades ni exemplos para lo que toca al cas­
tigo que conviene que se haga en esta tierra, del que Nuestro Dios y
Señor y maestro nos enseña cada día, pues vemos que castiga milagrosa­
mente en esta vida a los que los jueces dexamos de castigar, como truxe
de ello exemplos en la Parte Primera de este libro (2), y demás de aquello,
quiero referir uno o dos que agora han acaecido.
Un Juan de Berzocana, que había sido agora ha un año en la prisión
de su Gobernador Francisco de Aguirre, al cual tiránicamente y sin
ocasión alguna, él, y un Heredia, y Jerónimo de Holguín, y otros conju­
rados, prendieron cerca de la provincia de Ansenusa que iba a poblar,
estando seguro a su parecer, viendo que acá no se hacía castigo de los
que le traxeron preso, en un pueblo que de su propia autoridad poblaron,
que se dice Esteco, yendo a conquistar los indios sin mandado del Rey,
tomaron una india, entre otras muchas, sobre la cual traían competen­
cias entre tres de los tiranos sobre quién la había de llevar. Él, por acabar
las pendencias, dióla una cuchillada que la partió por medio, y saltó
un poco de sangre de la mochacha en la mano del Berzocana, y canceró-
sele toda la mano, y luego se siguió tras esto que otros de la conjuración
le prendieron a él y al Heredia, y los llevaron presos a Santiago del Estero
(que es en la mesma provincia del Tucumán), y allí por sus traiciones y
delitos les ahorcó e hizo cuartos un criado del mesmo Gobernador Fran­
cisco de Aguirre, que se dice Gaspar de Medina, a quien él había dexado
por su Tiniente cuando se fué a hacer población, y aunque los tiranos
le habían quitado, y puesto otro en su nombre, mas en prendiéndolos,
le volvieron la vara, e hizo — como digo — justicia de ellos (3), y aunque
de los que acá vinieron no se ha hecho justicia hasta agora, antes se han
ido y ausentado algunos, yo creo que la Divina Justicia los castigará.
La causa de este alboroto fué un Licenciado [Julián] Martínez, '
clérigo, que por traer competencias con otro clérigo sobre el vicariato
de aquella provincia, y no siendo el vicario jurídico, antes el otro por
serlo se hizo con los tiranos, e le hizo prender so color de Inquisición,
de que se han causado tantas muertes.

(1) Allusion au juriste français André Tiraqueau (1480-1558), cité aussi p. 271 et 329.
(2) Cf. Chapitre II, in fine.
(3) Ces événements ont eu lieu en janvier 1567.
322 G o b ie r n o d e l P e r ú

No es esta vez sola la que ha alborotado este clérigo aquella provincia,


que otra vez entró con mano armada e hizo otro alboroto, de que también
hay proceso, y agora andaba con quince arcabuceros tomando testigos
contra Francisco de Aguirre, estando preso, haciéndoles decir por fuerza
lo que no sabían, según dicen todos los que de allá vinieron. A una india
dió tormento para que dixese lo que no sabía, y pidiendo el notario
que le pagase sus derechos, él se lo mandó a la india ; ella dixo que no
tenía qué le dar. El notario le pidió en pago una india, hixa suya, que
allí tenía, y el buen hombre se la dió. A éste favorece el Obispo (1) y
le da mucho crédito, sabiendo que ha hecho lo que tengo dich o; y que
estando antes en una dotrina de indios, les había comprado ciertas
tierras por sesenta pesos, y las vendió luego por seiscientos a ciertos
españoles, a los cuales se las quitó esta Audiencia, y sabiendo que está
pleito pendiente ante él sobre una usura, que dicen que dió a un hombre
seis u ocho mil pesos, porque le volviese cada dos o tres años, otros mil
más.
Esto escribo aquí porque es digno de que venga a los oídos de todos
tan gran maldad. No digo otras muchas cosas que había de escrebir,
porque no hacen al propósito de la desimulación del castigo de que voy
tratando. Baste, para fundar mi intinción, que la Divina Providencia
muestra claramente su voluntad, que es que se castiguen los malos en
esta tierra.
Tras esto no se había de decir más, pero no dexaré de referir lo que
Aulo Gelio dice, diciendo haber tres causas para castigar los delincuentes
— como dice Aristótiles, y otros filósofos : una, cuando la pena se da
para castigo y enmienda de los que delinquen, para que con la pena se
hagan mexores que antes eran ; otra, para defensa de la autoridad de
la persona contra quien delinquió, para que no sea menospreciada por
falta de castigo del que le ofendió, y la tercera razón es cuando el castigo
es necesario para exemplo de otros, que conviene a la pública utilidad
que teman de cometer otros semexantes delitos.
De do se sigue que, faltando todas estas tres cosas, se puede fácilmente
perdonar al que delinquió, cuando hay gran esperanza de él que poco
a poco se ha de corregir y enmendar, aunque no sea castigado, y cuando
no hay necesidad de temer pérdida de la dignidad injuriada, y cuando el
pecado no es de calidad que otros tomen exemplo para cometer otros
semexantes, quedando sin castigo. Concurriendo todas tres cosas, se
podría desimular el castigo, remitiéndome a lo que más largamente dixe
en mi Diálogo.
Ansimesmo en este Reino hay otra cosa digna de remedio, la cual es
causa de no se castigar los delitos : no hay cárcel fuerte, ni alcaides de
quien se pueda fiar, y no está naide preso que no salga cuando quiere.

(1) Fray Domingo de Santo Tomás Navarrete, alors Prélat du diocèse de los Charcas.
Il semble n’avoir pas joui de la sympathie de Matienzo, si Ton en juge par les réticences
du Licencié lorsqu'il parle de lui.
P arte seg u n d a cap. XXXII 323

El remedio es que se manden hacer cárceles fuertes en todas las ciudades,


a costa de los propios de ellas, pues es así de Derecho y de general costum­
bre ; y no habiendo propios, de cualesquier pensiones que se echaren
para obras públicas, de las cuales — aunque se apele a las Audiencias —
no las apliquen para otras cosas, hasta que las cárceles estén hechas.
Los alcaides han de dar fianzas, y háse de dar orden cómo tengan
buena guarda, e no tengan las llaves indios, negros, ni mulatos, y las
prisiones han de ser a costa de penas de Cámara, como prueba bien Aven-
daño (1).
También porque en esta tierra se afrentan los injuriados de acusar
a los que los injurian, y siempre se siguen las causas de oficio, y por unas
cuchilladas, o por heridas, se hacen pequeñas condenaciones, para que
los condenados no apelen, entendiendo que si apelan las Audiencias
aplicarán las condenaciones para estrados o para otras cosas, hay nece­
sidad que haya un fiscal en cada ciudad, que apele de cualquiera conde­
nación que le pareciere ser pequeña, para que la pena liviana no sea causa
de dar avilantez a los hombres que se acuchillen y armen alborotos.
Para remedio de lo cual, me parece se deben hacer las leyes siguientes :
i Que en cada ciudad, o villa de españoles, de este Reino del Perú
haya una fuerte cárcel, cubierta de texa, y que tenga buenos aposentos
y fuertes, la cual se haga a costa de los propios del pueblo.
ii Item, que no teniendo propios el tal pueblo, o estando empeñados,
que se haga la cárcel de penas que para ello se echen, y que los jueces,
entre tanto que se hace, no apliquen penas para otra cosa alguna, y
las Audiencias lo mesmo, excepto en las que por leyes se aplicare para
la Cámara, que en esto no haya mudanza, sino en las arbitrarias.
m Item, que haya en cada cárcel buenas prisiones, las cuales se com­
pren de las penas de Cámara, y se guarden en una o dos caxas, y de
ellas dé cuenta el alcaide.
iv Item, que el Alguacil mayor de la ciudad ponga buen alcaide o carce­
lero, el cual dé buenas fianzas, y no dándolas, o no siendo tales, los ponga
el Cabildo e Regimiento de la tal ciudad, villa, o lugar, con las mesmas
calidades que ha de tener el que el Alguacil mayor había de proveer, el
cual lo sea por el dicho Alguacil mayor y le acudan con los derechos
acostumbrados.
v Item, que las Audiencias no apliquen las penas arbitrarias de cada
ciudad o villa sino para las obras públicas de la mesma ciudad, a lo menos
la mitad de ellas, pero en las que se aplican por leyes para la Cámara,
no las puedan mudar ni alterar.
vi Item, que en cada ciudad, villa, o lugar de este Reino del Perú,
haya un fiscal, el cual apele de las sentencias creminales, y saque y
invíe los procesos conclusos a las Audiencias, citada la parte.

(1) C’ est-à-dire Luis Velázquez de Avendaño.


324 G o b ie r n o d e l P e r ú

v ii Item, que tengan gran cuidado los Presidentes y Oidores de las


Audiencias, que los delitos no queden sin castigo, y sepan que de ello
se les ha dé tomar estrecha cuenta.
v iii Item, que los Obispos invíen a España y castiguen los clérigos
alborotadores y escandalosos que hobiere en sus Obispados, y que el
Presidente les dixere.
ix Item, cualquiera que prendiere Gobernador, Virrey, o Corregidor,
o fuere en la conjuración y ayuda de su prisión, sea ahorcado y hecho
cuartos, y el que no fuere de los prencipales, y no toviere tanta culpa,
sea desterrado perpetuamente del Reino, y echado a las galeras por cuatro
años, y quede infame para que no pueda tener oficio público, perpe­
tuamente.

CAPÍTULO X X IV

De lo s c o n q u is t a d o r e s y a n t ig u o s pobladores
de R e in o d e l P e r ú ;
este
Y DE LOS PREVILEXIOS QUE DEBEN TENER ELLOS,
SUS HIXOS, Y SUS DESCENDIENTES

Así como el Rey y sus ministros son obligados a castigar los malos
y limpiar la tierra de ellos (como dixe en el Capítulo precedente), está
el Rey también obligado a premiar los buenos y a los que le sirven, con­
forme a sus méritos, porque este premio es como el agua, que hace crecer
todas las cosas; y aunque sea verdad que los súbditos y vasallos son
obligados a ser fieles, y servir y defender a su príncipe, y a su tierra,
pero todavía son más dignos de remuneración y que se les haga mercedes
si, por defensión de la tierra e por su príncipe, hobieren peleado y tra-
baxado, lo cual hacía la antigua prudencia del Senado romano y de otra
cualquier república bien gobernada, como la de los venecianos.
No hay cosa que más haga amar a un príncipe que la liberalidad (como
dice Aristótiles), y él mesmo declara que la liberalidad y franqueza
es dar al que lo ha menester y al que lo merece, según el poder del que
lo da, dando de lo suyo y no tomando de lo axeno, para dar a otro,
porque el que dá más de lo que puede no es franco, sino pródigo, y habrá
— por fuerza — de tomar lo axeno, cuando no bastare lo suyo. Si con
lo uno ganará amigos, de lo otro tornará por enemigos a los que les tomare
su hacienda.
Propio es de los príncipes dar y hacer mercedes a los que les han
servido, y no por medida de los servicios (como dice Hesíodo, poeta anti-
P a r t e s e g u n d a — c a p . x x iv 325

güísimo), sino mucho más, conforme a quien es el que hace las mercedes,
imitando a los campos fértiles, que dan mucho más de lo que recibieron,
como dixo Tulio.
Siguiendo esto, nuestro gran Rey y Señor ordenó santamente, para
conservación de esta tierra, y para remunerar a los pobladores e conquis­
tadores de ella, que se les diesen todos los tributos que rentasen los
indios, y mandó a sus gobernadores que se los repartiesen, preferiendo
primero a los primeros conquistadores, y después a los pobladores casados,
dándoles Corregimientos, siendo para ello hábiles, y otros aprovecha­
mientos de la tierra, y que, hasta que éstos fuesen proveídos, no fuese
otro alguno proveído ; y lo mesmo manda, por su Real Cédula, que se
haga con los que le sirvieron en las alteraciones pasadas en este Reino del
Perú.
No sólo quiso Su Magestad hacerles merced a ellos mesmos, mas a
sus hixos, y mandó que las leyes arriba referidas se entendiesen con los
hixos de los conquistadores, y les hiciesen merced como a sus padres,
siendo lixítimos. Lo mesmo mandó el Rey Don Enrique Cuarto en
Córdoba, año de 1455, que cuando acaeciese que alguno de sus vasallos
que de él tenía tierras muriese, fuesen proveídos de la libranza de su
sueldo sus hixos primoxénitos que fuesen hábiles para ello. David, en
el Salmo 36 dice : — «N o vi justo desamparado, ni su generación o
simiente pobre »(1). Otras cosas a este propósito trae Claudio Cotero (2).
Demás de esto, el Rey Nuestro Señor, por Cédula real dada en Valla­
dolid, a veinte y tres de Noviembre de 1537, dirigida al Gobernador y
Oficiales reales y otras Justicias del Perú, mandó que por el tiempo
que Su Magestad fuere servido, no consintiesen ni diesen lugar las dichas
Justicias que por las deudas que se contraxesen de allí adelante entre
los vecinos y moradores del Perú se hiciese execución alguna en sus
personas, armas, ni caballos, ni en sus casas, ni camas en que durmieren,
ni en esclavos de su servicio, con tanto que lo susodicho no se entienda
por deuda debida a Su Magestad, lo cual se entienda que se ha de executar
después que la Cédula fuere pregonada en Sevilla, y en Nombre de Dios,
y en las ciudades e villas de este Reino, por pregonero, ante escribano
público, y no de otra manera (3). Ésta se pregonó en Sevilla, a cuatro
de Enero de 1538, y en el Nombre de Dios, a dos de Junio de 1540, y
en Panamá, a diez y ocho de Junio de 1540, y en Arequipa, a veinte de
Julio de 1543, y en el Cuzco, a diez e nueve de Hebrero de mil e quinientos
e sesenta (sic).
Paréceme que, por lo que los conquistadores e pobladores antiguos
de este Reino han hecho a Su Magestad en la conservación de él, y por
que los encomenderos, y los Lanzas y Arcabuces, y personas que tienen

(X) Psaume 36 (37), 25.


(2) Claude Cottereau, jurisconsulte français, auteur du traité D e jure et privilegiis
militum (Lyon, 1539).
(3) Porras Barrenechea, Cedulario del Perú (Lim a, 1948), II (1534-1538), p. 366.

26
326 G o b ie r n o d e l P e r ú

situaciones en él, porque demás de haber servido, estén aparexados


para servir a Su Magestad con sus armas y caballos en lo que se ofreciere,
pues les manda Su Magestad por nueva ordenanza a que acudan de paz
y de guerra, mandándoselo las Audiencias, que se deben hacer en su
favor las leyes siguientes :
i Que los conquistadores de esta tierra sean preferidos a todos los demás,
ansí en encomiendas de indios y situaciones, como en Corregimientos,
siendo para ello hábiles, o en otros cualesquier aprovechamientos.
ii Item, que luego tras ellos sean preferidos, en lo que dicho es, los pobla­
dores antiguos y casados.
m Item, que luego tras ellos sean preferidos los que en las guerras
ceviles han servido a Su Magestad, no se habiendo hallado de su voluntad
con los tiranos.
iv Item, que todos los susodichos conquistadores e pobladores antiguos
casados, tengan o no tengan repartimientos, y los que hobieren servido
a Su Magestad en las alteraciones pasadas, sin haber xamás deservido,
y aunque lo hayan, si tienen indios, o situaciones, o plaza de Lanza o
Arcabuz, no puedan ellos, ni sus hixos, ni descendientes por línea mascu­
lina, para siempre xamás, ser presos por deudas ceviles, si no fuere por
deuda debida a Su Magestad, ellos, ni un caballo, ni sus armas ofensivas
y defensivas, ni la cama en que durmieren, y gocen de las demás preemi­
nencias de hixosdalgo, viviendo en este Reino.
v Item, que las probanzas de esto se puedan hacer con el Fiscal, y se
les dé carta executiva, aunque no haya sucedido caso nenguno sobre
que se pida, sino generalmente para todos los que sucedieren.
vi Item, que se entienda este previlexio con todos los que Su Magestad
fuere servido de les dar indios en perpetuidad, sin que sean obligados
a hacer probanza alguna.
vii Item, los hixos, nietos, y descendientes por línea masculina de los
que tovieren indios en perpetuidad, y de los conquistadores y pobladores
antiguos, por la orden arriba dicha, sean por los gobernadores proveídos
en los oficios y aprovechamientos de la tierra, siendo hábiles para los
oficios antes que otros algunos, no teniendo repartimiento ni entrete­
nimiento alguno. Con esto, se animarán los hombres a servir a su Rey.
vm Item, que los beneficios, canongías, y dignidades, se den a estos
tales, siendo ligítimos, y sean preferidos a los demás opositores, siendo
hábiles y letrados, o a lo menos, buenos latinos, y sabiendo la lengua
de los indios, y siendo cristianos viexos, porque con esta esperanza se
den a estudio y a la virtud, y se pueble la tierra.
P arte seg u n d a cap. x x v 327

CAPÍTULO X X V

De d e v e c in o s y m o r a d o r e s d e e s t e R e in o ;
lo s h ijo s
CÓMO DEBEN DE SER CRIADOS E INSTRUÍDOS,
Y DE LOS ESTUDIOS QUE DEBE HABER EN EL REINO, Y EN QUÉ PARTES

Una de las cosas más necesarias para la conservación de esta tierra,


es dar orden cómo los hijos de vecinos que en ella nacen, y que de aquí
adelante nacieren, sean bien criados y dotrinados, porque vemos que
muchos hixos de conquistadores y encomenderos y vecinos de este Reino,
o por les faltar sus padres antes de tiempo, o por el descuido que han
tenido en su crianza, han salido viciosos y no bien dotrinados, y si en
ello no se diese remedio, podríase fácilmente perder el Reino.
Aunque el remedio de ésto incumbe al Rey, que es el que está obligado
a nos dar las leyes (como dice Platón), pero más incumbe a los padres
en particular, los cuales — como dice el mesmo Platón — tienen obliga­
ción a poner mayor deligencia en criar a sus hixos, que en otra alguna
cosa, por la gloria que el padre recibe en ver a su hixo sabio e bueno,
como dice Salomón (1), la cual es mexor herencia que todas las riquezas
que el padre le puede dexar, como dice Tulio.
Como en esta tierra los hombres han estado desasosegados lo más
del tiempo, y en guerras, e muchos muerto en ellas, han quedado los
hixos a criarse en poder de sus madres, las cuales los han criado en vicios
y pasatiempos, por dos cosas : la una, por su natural y tierna inclinación
(como dice Platón), y la segunda, por pensar que en vedándoles algo
de lo que quieren, se han de morir, y con ellos la renta de los indios que
se acaba con su vida. Ansí, no consienten que nenguno les vaya a la mano
en todo cuanto quieren, antes mandan a todos que les den todo cuanto
quisieren, por lo cual salen los tales como hixos criados fuera| de toda
ciencia, dexándoles seguir sus apetitos e inclinaciones malas, que, para
las refrenar, siendo mochachos, no tienen aún maduro consexo.
Escribe Xenofonte de un mozo que se decía Hércules Pródico, que
en comenzando a variar, que es el tiempo de uso de razón, salió de la
ciudad a un desierto, adonde estuvo mucho tiempo dudando y confi­
riendo entre sí, como viese dos caminos — uno de deleites y otro de vir­
tud — por cuál de ellos entraría (2). A nosotros (dice) no nos sucede ansí,
antes algunos imitando a nuestros pasados, vámonos por el camino que
ellos llevaron ; otros se van tras el vulgo, y la mayor parte de la gente
hay que siguen lo que parece mexor a los más.

(1) Proverbes, 10, 1 ; 15, 20, ou 23, 15.


(2) Cette légende d’ Hercule, transformée en apologue, est aussi rapportée par Fray
Diego de Estella dans son Tratado de la vanidad del mundo (Alcalá, 1565).
328 G o b ie r n o d e l P e r ú

Algunos, o por su buen natural, o por la dotrina de sus padres, siguen


el mexor camino de la vida ; pero otros hay — éstos son pocos, dice
Tulio — que por grandeza de su ingenio, o por su excelente dotrina y
erudición, o por ambas a dos cosas, tuvieron espacio de deliberar y escoxer,
y siguieron el mexor camino.
Mucho hace al caso, para la buena crianza de los hixos, especialmente
nobles, la leche que maman, porque en ella maman (como dice el refrán)
las malas costumbres, aunque en esta tierra no hay más que escoxer
sino indias o negras, que por la mayor parte son mal acostumbradas.
Cierto, tienen gran culpa las madres, que de señoras — o por mexor
decir necias — desdeñan de criar sus hixos, mas ya que esto de las amas
no se puede excusar, hánse de dar remedios para les sacar la mala leche,
y acostumbrarlos a cosas virtuosas, y al trabaxo y ocupación ordinaria,
en teniendo edad para ello, y apartándolos de malas compañías, y dárse­
las buenas.
Los encomenderos y personas nobles que tienen caudal para ello,
les han de dar ayos que los guarden y acompañen, que sean hombres
nobles y bien acostumbrados, sabios y de buen entendimiento, y virtuosos,
para que les aconsexen bien, y ellos les obedezcan y sigan sus consexos,
como de hombres viexos y prudentes.
Hánles de enseñar toda la templanza y limpieza en comer y beber
y en holgar, porque siendo pequeños lo aprenden mexor, y se le queda
más en la memoria que cuando son grandes. No les han de dexar comer
ni beber demasiado, porque de comer demasiado nacen las enfermedades,
como dice San Joan Crisòstomo, diciendo que los médicos llaman a la
abstinencia, madre de la sanidad; mas la gota, dolores de la cabeza,
postemas, hidropesía, flemas, reumas y catarros, proceden del mucho
comer y beber.
No han de dexarles hablar comiendo, ni cantar, porque haciendo lo
contrario, por fuerza han de hacer faltas en la comida, o en la razón que
dixeren. No han de engullir un bocado sobre otro, ni abaxarse sobre el
plato, que es gran grosería.
El beber ha de ser también templado. Dixo Platón : lo primero,
mandaremos que los mochachos hasta veinte e dos años no beban vino,
porque no es razón echar fuego al fuego, con que se los trague en cuerpo
y alma. Hasta treinta años — dice — que se ha de usar beber templada­
mente y aguado con una tercia parte de agua, por lo menos ; pero cuando
llegan a cuarenta años — dice el mesmo Platón — que hace mucho
provecho. A los mozos, el vino enciéndeles la sangre, y háceles sañudos
y mal acondicionados, y háceles acortar la vida y menguar la salud, y
aun a los que pasan de veinte y dos años, si lo beben destempladamente,
les hace el mesmo daño. No les han de dexar beber mucho vino de una
vez, que es causa que no coman bien, y hace daño a la cabeza y enfla­
quece la vista, ni beberlo a menudo, entre comidas, porque no dexa
hacer dixistión, y hace mal a la cabeza ; ni han de beber después de
P arte seg unda cap. xxv 329

acostados, que causa mucho sueño y romadizo, ni luego en despertando,


que causa muchas enfermedades, ni han de beber mucho sobre comer,
porque les mueve a luxuria en tiempo que no conviene, que enflaquece
el cuerpo, y si hacen algunos hixos, salen pequeños y flacos, y ansí
— según dice Plutarco — heredan la borrachez, y trae por testigo a
Diógenes. Por la mesma razón se les quitaba a las mugeres el beber
vino, en muchas naciones que refiere Tiraquelo, adonde se podrá ver
latamente.
El padre y el ayo de los mochachos han de procurar de les quitar
la locura o soberbia que tienen, que no se tengan en tanto, ni se tengan
en más por el linaxe ni por las riquezas, antes se moderen y humillen ;
e sean bien criados y comedidos con todos, ansí en palabras como en
obras, diciendo siempre verdad ; e hablando mesuradamente, sin dar
voces, ni menear manos ; ni sean perezosos en quitar la gorra, y que
cuando les dicen algo, no estén abierta la boca. Que no hagan meneos
feos ; que vistan ropas decentes ; que no codicien mucho las cosas que no
pueden ni deben hacer, ni los deben convidar con las cosas que natu­
ralmente se apetecen, como comer, beber, o haber mugeres, antes los
deben desviar de ellas que no lo hagan, de manera que les esté mal ni
de ello les venga daño, antes hánles de ocupar en leer y escrebir, y en
estudiar siquiera latinidad, para que sean enteramente hombres.
Para ello, ha de haber cuatro estudios : uno en Quito, otro en Lima,
otro en esta ciudad de La Plata, y otro en el Cuzco.
A sus tiempos, que aprendan a jugar todas armas, y entiéndese esto
después de complidos quince años, porque antes se quebrantarían;
pero a los quince años, y allí adelante, aliéntales mucho, y háceles fuertes
el juego de las armas ; que sean buenos ginetes, y vayan a caza y exercí-
tense en esto, que son cosas de caballeros, y para esta tierra es necesario.
Algunas veces les han de dexar descansar y holgar, porque toda nuestra
vida en descanso y trabaxo está dividida, como dice Plutarco. A ratos
han de tañer y danzar.
Si es virtuoso el hixo, ha de desimular algunas cosas el padre, y hacer
que no las ve ni las oye, antes sobre todo de apartalle de las malas com­
pañías, e huir — como pistilencia — de los aduladores y lisonxeros, que
éstos destruyen los hixos de los buenos, que no hay otro género de animal
más pernicioso para corromper, no sólo mochachos, pero todo el género
humano. El padre aconsexa al hixo rico que sea templado : el adulador,
que se huelgue y sea desvergonzado. El padre, que no gaste demasiado :
el adulador, que gaste bien y dispendie como caballero. El padre, que
trabaxe y aprenda : el falso amigo, que huelgue. Hácenle entender que
el viexo es gruñidor, y que tiene ya perdido el seso. Aconséjanles, final­
mente, todo el mal y todo vicio que sea luxurioso : que se venguen, que
maten, que castiguen, que se casen antes de tiempo, y con personas
baxas y de mala vida. De éstos, les han los padres y los ayos de apartar
de sí.
330 G o b ie r n o d e l P e r ú

No ha de ser el castigo a los nobles sino de palabra, y no por heridas


ni azotes, que es la cosa por do más presto se pierde la vergüenza. Han
de venerar a los preceptores, y ante los viexos y sabios, no hablar, ni
dando parecer en el negocio de que trataren, antes preguntando, aunque
piensen que lo saben. Han de tener, sobre todas las cosas, vergüenza,
e no ser descarados, ni escoxer amigos, ni tener otros más de los que sus
padres y ayos les dieren. El oficio de los padres ha de ser darles buenos
ayos, y saber cómo lo hacen, y amonestar a sus hixos que tengan toda
modestia y templanza, unas veces por vía de consexo, otras rogándoselo,
otras amenazándoles, y otras, prometiéndoles alguna cosa.
Lo primero, que sepan amar y conocer a Dios, dándoles a entender
el bien que de ello les verná en este mundo y en el otro, porque lo que el
hixo aprende del padre, quédale en la memoria para siempre, mexor
que los consexos de otros ; y que no juren mucho, y traten verdad. Estas
cosas, y otras semexantes, deben enseñar los padres, y mandar a sus
ayos que se las enseñen.
Estas cosas y otras, nos enseñan los filósofos y sabios antiguos, como
son Tulio, Séneca, el Emperador Don Alfonso, el muy famoso Luis Vives,
y Plutarco, y otros muchos sabios que arriba tengo referidos.
De los que no pueden tener ayo, por ser pobres, séanlo sus padres,
dándoles primero exemplo con su vida, no haciendo las cosas que en sus
hixos reprenden, porque si ven los hixos al padre amancebado, mal se
podrán ellos abstener de no hacer otro tanto ; si lo ven borracho, no es
mucho que ellos beban, y finalmente, aprenden de lo que hace, y no toman
escarmiento de lo que les dice su padre.
Finalmente, acuérdense de aquel notable dicho de Platón, que
dixo — aconsexando a los padres — que dexen los padres a sus hixos
mucho, no de oro, sino de vergüenza y crianza.
Para que esto haya efeto, conviene que se hagan las leyes siguientes :
i Que haya cuatro estudios de Gramática y Retórica en el Perú : uno
en la ciudad de Quito, otro en la de Los Reyes, otro en la del Cuzco, y
otro en la de los Charcas. Que se dé de salario a cada preceptor mil pesos ;
y sean obligados cada uno a tener un repetidor a su costa, y que el salario
sea de lo que dieren los indios para Su Magestad, y que además de esto,
los hixos de los encomenderos y personas ricas le den de salario, por cada
un año, veinte pesos por cada hixo, y los de mercaderes y personas ricas,
a diez pesos, y a los probres no les lleven nada.
n Item, que la elección de estos preceptores sea de las Audiencias,
cada una en su destrito, y no se concertando tres votos conformes, lo
elixa la Rota del Cuzco a quien la mayor parte elixiere ; mas, si el voto
del Gobernador se conformare con dos votos de los de la Audiencia,
siendo uno de ellos el del Presidente de ella, aquello se guarde. Para esto
se invíen los votos de la Audiencia, sin declarar en ellos, ni aun por carta,
quién los dió, y el que lo declarare, no valga su voto, demás de que se
le hará cargo en su visita, y será por ello castigado.
P arte se g u n d a — cap. x x v 331
m Item, que las Audiencias, cada una en su destrito, tengan cuidado
de compeler a los encomenderos que den un ayo a sus hixos, o la Justicia
le dé a costa de los tributos, por lo que ansí conviene para que se conserve
la tierra, porque si los crían como hasta aquí, demás de que no les ayuda
nada la tierra, ni la leche que mamaron, ni las compañías que tienen,
quedarán mal enseñados y viciosos y de poco o ningún consexo, como
es notorio, y ansí, ni podrían ellos gobernar, ni ser gobernados,
iv Item, que a los mestizos y mulatos les hagan trabaxar y servir, o
usar oficios mecánicos, por la orden que se dixo en la Parte Primera,
Capítulo X X IV .

CAPITULO X X V I

De los o b is p a d o s que c o n v ie n e que h a ya en el P erú ;


Y D E L O S D E R E C H O S E X C E S IV O S Q U E SE L L E V A N
POR LOS E N T E R R A M IE N T O S Y P O R LO S C A S A M IE N T O S DE IN D IO S

El Reino del Perú tiene de longitud setecientas leguas, desde los tér­
minos de Quito, y no entra en ellos la provincia de Popayán. Llega desde
Quito hasta la ciudad de La Plata y sus términos. De ancho hay por
algunas partes cien leguas, y por otras más, y por otras menos. Habrá
otras trescientas leguas de largo hasta el Río de la Plata, en que entra la
provincia de Tucumán, y las poblaciones de Manso y Chaves, aunque
por alguna parte habrá ducientas leguas, no más, desde aquí al dicho Río,
porque va haciendo vueltas.
En todo el Reino del Perú que he nombrado, hay tres cordilleras o
cumbres de sierras, adonde los hombres no pueden habitar, sino son indios
chiriguanaes (de que arriba hice minción), que no siembran, ni se mantie­
nen sino de cautivar a los indios de esta tierra.
La una de estas cordilleras es la montaña de los Andes, llena de
grandes espesuras, y es tierra enferma e inhabitable : llega hasta Chile
e cerca del Estrecho de Magallanes. De esta cordillera, hasta la Mar del
Sur, es lo ancho del Perú y de Chile. De la otra parte de la cordillera
está Tucumán y el Río de La Plata. En esta pequeña anchura del Perú
— que es, como digo, desde la cordillera a la Mar del Sur — hay otras
dos cordilleras : una en la serranía que va de luengo de esta montaña
de los Andes. Es frígidísima, y sus cumbres llenas de grandes montañas
de nieve, que nunca dexa de caer, y por nenguna manera podrían tam­
poco vivir gentes en esta longura de sierras, por causa de la mucha nieve
y frío, y porque tampoco da nengún fruto ni provecho, por estar quemada
de las nieves y de los vientos, que nunca dexan de correr nortes.
332 G o b ie r n o d e l P e r ú

La otra cordillera es en los arenales de los Llanos, desde Túmbez


hasta más adelante de Tarapacá, que no hay otra cosa más que ver que
sierras de arena menuda, que se muda de una parte a otra, sin haber
en ella agua, leña, ni yerba, ni árboles, ni cosa criada, mas de gran sol,
y nunca llueve.
Siendo tan grande este Reino, hay por la dicha causa en él grandes
despoblados. Lo poblado es en las hoyas que hacen las cordilleras y valles
que caen abaxo (1). Hay en este Reino los pueblos de españoles que
arriba están dichos, y cada día van creciendo y aumentándose más, a
causa de su gran riqueza y fama, que viene todo el mundo.
Al presente, en toda ella, hay un arzobispado, y tres obispados.
Paréceme que deberían haber más, porque mexor fuesen gobernados,
instruidos y visitados los indios, y aun los españoles.
Paréceme que el arzobispado se había de pasar a la ciudad del Cuzco :
lo uno, por ser cabeza del Perú ; lo segundo, porque está más en comarca ;
lo tercero, por ser el más rico obispado de todos, por los muchos diezmos
que tiene de la coca, y lo cuarto, porque allí ha de residir el Gobernador
y la Rota, y de allí ha de depender toda la gobernación del Perú, en lo
espiritual y temporal. No ha de tener más de la ciudad del Cuzco y Hua-
manga por diócesis, y ha de ser metrópoli de todo el Perú y iglesia catredal.
Ha de residir en el Cuzco el arzobispo, y ha de ser inquisidor general
en todo el reino, y los obispos han de tomar solamente las informaciones,
y las han de inviar al inquisidor general. No se ha de prender por la
Santa Inquisición español nenguno, sin mandado del arzobispo, con
parecer de la Rota, porque los obispos de este Reino, por usar de la juris­
dicción que ha poco tiempo que exercitan, pueden exceder en prender
por inquisición, no siendo el caso de inquisición, y porque como está
mandado a las Audiencias que no conozcan por vía de fuerza en casos
de inquisición, procediendo de aquella manera no les van ya a la mano,
lo cual es no pequeño inconviniente, que ya una vez ha causado alteración
en las Indias, y otra vez ha estado a pique de causarse ; pero a estrangeros
del Reino sí les pueden dar licencia que ellos puedan prender y sentenciar,
pero que puedan apelar para el arzobispo.
Ha de haber otro obispado en la ciudad de Los Reyes, a do ha de
residir la iglesia catredal. Ha de estar en este obispado todo lo que arriba
dixe que ha de ser destrito de la ciudad, excepto Huamanga, que ha de
ser sufragánea al arzobispado del Cuzco.
Ha de haber otro obispado en Quito, y tener el mesmo destrito y
diócesis de la Audiencia de Quito ; también sufragáneo al arzobispado
del Cuzco.
Ha de haber otro obispado en Arequipa, y allí ha de residir la iglesia
catredal. Entrarán Chucuito y la ciudad de La Paz y sus términos en
este obispado, y ha de ser también sufragáneo al arzobispado del Cuzco.
(1) L e texte reproduit jusqu'ici le chapitre X X X V I de la Crónica General del Perú
de Cieza de León.
P arte se g u n d a — gap. x x v i 333

Ha de haber otro obispado en esta provincia de los Charcas. Ha de


residir la iglesia catredal en esta ciudad de La Plata. Ha de tener por
diócesis todos los términos de esta ciudad, que es hasta Xuxuy exclu­
sive, y las poblaciones de Manso y Chaves. Ha de ser también sufragáneo
al arzobispado del Cuzco.
Ha de haber otro obispado en la provincia de Tucumán. Ha de tener
por diócesis todos los términos de la Gobernación que dixe en el Capí­
tulo X V I de esta Parte Segunda. Ha de residir la iglesia catredal, por
agora, en Santiago del Estero, hasta que se pueblen los pueblos que en
el dicho Capítulo dixe que se han de poblar. Ha de ser también sufragáneo
al arzobispado del Cuzco.
Ha de haber otro obispado en el Río de La Plata, como le hay. Ha
de residir la iglesia catredal en la ciudad de La Asunción. Ha de tener
por diócesis lo que toma su Gobernación, como dixe en el Capítulo X V II.
Ha de ser sufragáneo al arzobispado del Cuzco, al cual también sean
sufragáneos los dos obispados que hay en Chile.
En lo que toca a los derechos de enterramientos de españoles y casa­
mientos de indios, son excesivos, y deberíase remediar por Constitu­
ciones sinodales, porque acaece llevar quatrocientos castellanos por ente­
rrar un español, y si se entierra en algún monesterio, le llevan doblados
derechos.
Conviene que Su Magestad encargue a los obispos se moderen en estos
derechos, y también en los de los casamientos de indios, que aunque
sean pobres, les llevan un marco, y por no lo tener están amancebados,
deseando casarse, o desposados, sin recebir las bendiciones de la Iglesia,
diez o doce años, y algunos mueren antes que se las den : cosa bien inhu­
mana y digna de remedio. Torno aquí a maldecir la codicia que tánto
mal hace en este Reino.
Suplico a todos los señores perlados, y eclesiásticos, y seglares, que
me perdonen si en algo excedo y me desmando, y miren al celo con que
lo digo, que cierto es bueno y deseo acertar, y tomen la reprehensión
como quien son, e con paciencia, pues los que escrebimos tenemos licen­
cia para esto, y aun somos obligados a ello, y no me pueden imputar
que es meterme en mies axena, pues nuestra profesión es Derecho Canó­
nico y Cevil.
Proveyéndose de esta manera, me parece que el arzobispo no debe
proveer jueces metropolitanos en los obispados comarcanos, sino sola­
mente en el obispado de Quito, en el de Tucumán y uno en Chile, que
resida a do esto viere el Audiencia ; y estos jueces que allí pusiere, han
de ser inquisidores, a los cuales han de dar auxilio los Gobernadores,
para execución de lo que mandaren, y que de lo executado, si la parte
o el obispo se agraviare, se pueda apelar para ante el arzobispo de lo
que el juez metropolitano hiciere, por estar el Papa tan lexos, y él lo
torne a rever y enmendar, si le pareciere de los mesmos autos.
334 G o b ie r n o d e l P e r ú

CAPITULO X X V II

D e l a s v i s it a s d e A u d ie n c ia s ;
DE LAS RESIDENCIAS DE LOS JUECES,
Y DE LAS RECUSACIONES (1)

Cosa muy sabida es que por los malos jueces se pierden las repúblicas,
y por los buenos se conservan mucho tiempo y en paz, porque, cual es
el juez, tales serán sus súbditos ; y porque hay muchos que fingen ser
buenos para ser proveídos, y después dan muestra de lo que son, es
bien que sean visitados e residenciados a menudo.
Se suele debatir si sería mexor visitar las Audiencias, o tomar resi­
dencias, como hasta aquí se ha hecho ; porque dicen que no dexando
la vara, naide osará decir contra el Oidor, y menos contra el Presidente,
e quitados e suspensos los oficios, dicen con más libertad.
Me parece que ésta no es bastante causa para que se dexe de hacer
visita como se hace en España, antes hay muy más concluyentes razones
para que se haga visita, que no para que se tome residencia.
Lo uno, porque no se ha de presumir que todos los jueces son malos,
que muchos hay buenos, e por los que son malos, no se ha de hacer injuria
a los buenos. Lo otro, la autoridad de las Audiencias se conserva mucho,
que es cosa muy necesaria en esta tierra. Demás de esto, el visitador
no trae término, y se puede estar — si quisiere — un año, y más término,
que es menester mucho tiempo para la visita, porque los que hoy están
en esta ciudad, se van mañana a Lima (que son trescientas leguas), a
Quito (que son quinientas o seiscientas) o a otras partes muy lexos, y
así pocas veces se averigua verdad, y se desimulan muchas cosas.
También en la residencia, aunque le quiten al Oidor la vara, no osan
decir contra él, pensando que se la han de volver, y al tal Oidor le ha
de constar quién dixo y depuso contra él, pues le dan treslado de la infor­
mación, lo cual cesa en la visita, pues puede cada uno decir su dicho sin
que tema que el Oidor lo ha de saber, porque no le dan treslado de lo
que los testigos dicen, ni otra cosa más del cargo que le hacen, y ansí
osarían los testigos deponer más libremente.
Demás desto, el tiempo que durase la visita entendería el visitador
cómo lo hacían el Presidente y Oidores, y ellos aquel año lo habrían de
hacer bien por fuerza, y ansí conforme a esto bien claro parece que es
a la razón que arriba dixe.
El que visitare, paréceme que ha de traer poder para sentenciar, y
antes que sentencie, mandar suspender hasta que Su Magestad mande

(1) Matienzo aborde aussi ce problème dans son rapport du 4 décembre 1566, dans
La Audiencia de Charcas, I, p. 214-215.
P a r t e s e g u n d a — c a p . x x v ii 335

otra cosa, y para que lo haga justamente, parece que deue ser uno del
Consexo Real de las Indias. Conviene que venga de siete en siete años a
visitar todas las Audiencias, y darle el gasto necesario de la Caxa, y en
España, cuando volviere, diez o doce mil pesos, y si se hallare traer un
tomín o cosa que lo valga, se confisquen todos sus bienes para la Cámara.
Ha de poder tomar información contra todas las Audiencias, por
cualesquier pueblos do pasare, ansí del bien que supiere de los Presiden­
tes e Oidores, como del mal, para que de raiz sepa quién hace bien su
oficio, e quién mal, para que se dé el premio o castigo que merecieren ; y
ha de tener advertencia si es gente echadiza, que hay mil cautelas en
esta tierra, que después que vine a ella he sabido.
No ha de quedar en esta tierra, ni traer esperanza de ello. El que
viniere a vesitar, ha de traer poder de entrar en los acuerdos, y sentarse
en los estrados en el lugar que a Su Magestad pareciere.
El escribano de visita ha de venir de España; que sea conocido, y
ha de guardar secreto, porque de otra manera no se podría hacer cosa
acertada, y si algo descubriere, le han de ahorcar sin remedio. No ha de
recebir, ni tomar, ni llevar a España cosa alguna. Ha de comer a costa
de Su Magestad con el visitador, e cuando volviere a España le han de
dar cuatro mil ducados, e no ha de cobrar acá sus derechos, si no es lo
que el visitador sentenciare por auto, y aquello le ha de pagar luego la
persona visitada que el visitador mandare a los Oficiales reales, y de allí
lo han de inviar a España por cuenta aparte.
No se ha de mandar pagar al visitador ni escribano de visita de penas
de Cámara, digo de las que echaren a los que hallaren culpados, sino de
la Hacienda real, porque más sin sospecha hagan su oficio.
Al Gobernador y Adelantados y Fiscal de la Rota del Cuzco no ha
de poder sentenciar, más que tomar la información secreta, y concluir
los procesos de demandas públicas que hobiere contra ellos, y traerla
consigo cuando vuelva.
De esta manera andará todo limpio y temerá de hacer cosas mal
hechas, y de desimular delitos. No me parece que es razón que el tal
visitador, de quien Su Magestad tánto se ha de fiar y que tan poca amistad
o inimistad ha de tener en esta tierra (pues no ha de traer a ella criados
ni parientes), pueda ser recusado para que tome acompañado ; lo uno,
porque si lo tomase no podría haber tanto secreto, ni podría ser persona
tan sin sospecha como el que Su Magestad inviase de España, y ansí
me parece que debería traer provisión para visitar y sentenciar, sin
embargo de recusación; mas que habiendo justas causas para ello, que
el escribano de visita tomase la información de las causas, presentes dos
Oidores, y si se probaren, nombrase el visitador persona sin sospecha
cual le pareciese, para que tomasen ambos la información, y cerrasen
los procesos, y no los sentenciasen, antes los remitiesen al Consexo, y
que el acompañado jurase guardar el secreto.
Lo mesmo parece debía hacerse cuando Su Magestad, o la Rota
336 G o b ie r n o d e l P e r ú

cometiese algún negocio a algún Oidor : que no admitiese recusación


sin justa causa, e probada ante el escribano que llevase consigo, y ante
dos personas cuales al tal Oidor le pareciese. Si todos tres hallasen que
estaban probadas, tomase acompañado para aquel negocio a persona
sin sospecha, y que entretanto se suspendiese el término que llevase
para aquella comisión, y el tal nombrado no pudiese ser recusado, por
no dar lugar a malicias y dilaciones, pues son personas de quien Su
Magestad se fía, pues creo que no han de juzgar de otra manera que él
mesmo, siendo juez, juzgaría.
En esto de las recusaciones de esta tierra debe haber remedio, porque
se desvergüenzan contra los jueces, y no Ies tienen en nada. Paréceme
que convernía que se mandase que, si no hobiese causas ligítimas, no
pudiesen recusar, y viéndose y probándose ante el escribano de la causa
y dos alcaldes, y ante el Corregidor y un alcalde, si fuere alcalde el recu­
sado, y declarándolo ansí los tres, o la mayor parte de ellos, que nombra­
sen un acompañado sin sospecha, para que ambos lo sentenciasen, y
el tal nombrado no pudiese ser recusado, siendo persona del Cabildo, o
letrado sin sospecha ; y en lo de las residencias de los Corregidores y
alcaldes, me parece lo que dixe arriba, en el Capítulo II de esta Parte
Segunda.
Las leyes que para lo tocante a lo que tengo dicho se deberían hacer,
son :
i Que de siete en siete años se invíe a visitar las Audiencias y Rota
del Perú, uno del Consexo Real de las Indias, o de otra parte, cual Su
Magestad fuere servido.
ii Item, que no suspenda los oficios entretanto que visitare, e que no
traiga término limitado para hacer la visita, sino el que quisiere y fuere
menester.
iii Item, por que con más libertad puedan decir sus dichos los testigos,
que no se manifiesten sus dichos a nenguna persona en nenguna manera,
ni al que fuere visitado, sino que solamente se le haga cargo de lo que
estoviere probado, e si quisiere treslado de los dichos, que se le suspenda
del oficio hasta que Su Magestad provea otra cosa, y de esta manera se
le dé treslado del dicho, sin los nombres de los testigos, sino es consin­
tiéndolo los mesmos testigos. Esto se entienda en las residencias secretas,
que en las demandas públicas se ha de hacer publicación de testigos.
iv Item, que viendo el visitador que contra algún Presidente, u Oidor,
Fiscal, o Alguacil mayor hay muchos cargos, o alguno por do merezca
ser privado, que le pueda suspender del cargo hasta que Su Magestad
provea otra cosa antes de la sentencia.
v Item, que por doquier que ande el visitador, pueda tomar testigos
contra todas las Audiencias, y contra la Rota del Cuzco.
vi Item, que el escribano de visita venga de Castilla, para que haya
menos sospecha de él, y que no lleve salario nenguno, sino que en llegando
a Castilla se le den cuatro mil ducados, e si muriere, a sus herederos, e no
P a r t e s e g u n d a — c a p . x x v ii 337

lleve derechos en este Reino, sino que el visitador lo sentencie, y la per­


sona que él mandare que pague los derechos, los dé a los Oficiales reales,
los cuales los invíen a Castilla, por cuenta aparte, para que allí se le den.
v ii Item, que el visitador, el escribano de la visita, y sus criados, coman
y vistan a costa de la Hacienda de Su Magestad en este Reino, en llegando
a Panamá, y los Oficiales reales de Panamá y del Perú les den para ello
todo lo necesario, por que más limpiamente hagan sus oficios.
v iii Item, que no lleven ni metan en Castilla, cuando volvieren de la
visita, por sí ni por interpósitas personas, plata ni dinero alguno, ni más
de sus camas y vestidos e auxilio que de España hobieren traído, so pena
de perdimiento de todos sus bienes.
ix Item, que en llegando a España, de vuelta, se den al visitador, en
la Casa de la Contratación de Sevilla, doce mil castellanos, y al escribano,
cuatro mil ducados.
x Item, que el visitador pueda sentenciar a las Audiencias, y no al
Gobernador ni Adelantados de la Rota, ni a su Fiscal; antes, hecha la
información, la invíe al Real Consexo de las Indias, o la lleve él consigo
cuando se volviere.
x i Item, que el visitador no pueda ser recusado sin causa, y si alguna
causa ligítima hobiere, la admita, y no lo siendo, la repela ; y si la admi­
tiere, tome por testigos de la causa dos Oidores, cuales el visitador nom­
brare ante el escribano de la visita, y si a todos tres, o la mayor parte,
pareciere que las causas son bastantes, tome un acompañado sin sospecha,
sin que el nombrado pueda ser recusado, y ante ambos a dos pasen las
informaciones y probanzas, y conclusos los negocios, los remitan al Con­
sexo Real de las Indias.
x ii Item, que el escribano no se pueda recusar, por que haya todo
secreto, pues ha de pasar todo lo que escribiere, delante del visitador,
x m Item, que si el escribano descubriere secreto, y dixere lo que han
dicho los testigos, que sean confiscados todos sus bienes, y privado perpe­
tuamente del oficio de escribano.
x iv Item, que el visitador se vaya informando, por las partes y lugares
donde estoviere o anduviere, de todas las Audiencias e jueces de ellas,
ansí de lo que bien hacen, como de lo malo, para que Su Magestad sepa
quién le sirve bien o mal, para remunerar o castigarlos.
x v Item, que si a algún Presidente, u Oidor, o Adelantado se le come­
tiere algún negocio por Su Magestad, o por la Rota, o Audiencia en su
nombre, y fuere recusado, que no sea obligado a se acompañar, si no
fuere cuando se alegaren justas causas, y él las admitiere ; y estará obli­
gado a admitirlas siendo tales, y la probanza de las causas ha de pasar
ante el escribano de la causa prencipal, y ante el Corregidor de la ciudad
y un alcalde, o ante los dos alcaldes, los cuales, juntamente con el Oidor,
vean si están probadas, y no lo estando, le condenen en la pena de la
ley, que es doblada de la de España ; y no estando en esto todos tres
conformes, baste que lo esté la mayor parte ; y hallando ser las causas
338 G o b ie r n o d e l P e r ú

bastantes, tome un acompañado sin sospecha, que sea Corregidor, o


alcalde, o otra persona del Cabildo, o letrado sin sospecha, y al nombrado
no se pueda tornar a recusar, los cuales fenezcan y sentencien las causas,
como hallaren por Derecho.
xvi Item, que estando el tal Oidor en alguna ciudad, villa o lugar
del Reino, en su destrito, pueda conocer de todas las causas que ante él
quisieren las partes pedir, y sea Justicia Mayor en el tal pueblo, y se
pueda apelar del Corregidor para el tal Oidor, y de las demás Justicias ;
y las causas que de esta manera ante él pasaren, pasen ante los escribanos
del Número de la tal ciudad, villa o lugar, y no ante otros, por que
no se haga perjuicio a sus oficios ; y lo mesmo haga en el camino, y por
doquiera que pasare en su destrito ; y pueda vesitar y hacer información
contra los jueces, y inviarla a la Audiencia o a la Rota. De esto se dé
muy complida provisión, y sea ordinaria a cualquiera que saliere, la
cual no sea obligado a mostrar, pues ha de haber ley que lo mande, sino
solo la comisión particular que llevare.
x v ii Item, que si un juez, como Corregidor o alcalde ordinario, fuere
recusado, que no sea obligado a tomar acompañado si no diere causas
bastantes, de las cuales conozcan las demás Justicias del pueblo. Si senten­
ciaren ser bastantes, tome acompañado, y no de otra manera, y en este
caso sea obligado a otorgar apelación en todos los casos, aunque de
Derecho no siendo recusados pudieran otorgarla.
x v iii Item, que entretanto que la causa de recusación anduviere, no
corra nengún término, aunque sea de residencia, ni dado por la Audien­
cia para conocer de la causa, sino que esté suspenso hasta que se pronun­
cie sobre la recusación.
x ix Item, que en las residencias se guarde lo que dixe arriba, en el
Capítulo II de esta Parte Segunda (1).

CAPÍTULO X X V III

D e la m anera que se h a d e hacer la r e s t it u c ió n


DE LO QUE HAN LLEVADO LO S C O N Q U IS T A D O R E S A L O S IN D IO S ;
D E L A S P A R T E S D E C A X A M A R C A , Y D E L A S C O N Q U IS T A S Y P O B L A C IO N E S ,
Y LEYES DE ELLAS (2 )

Los que andan en nuevas conquistas y descubrimientos traen gran


peligro por los daños que ordinariamente se hacen en ellas, y por no
(1) Cf. in fine, Lois x x et x x i.
(2) U n avis écrit par Matienzo en collaboration avec les autres magistrats de l’Audience
de Charcas, au mois de décembre 1574, traite du problème si souvent débattu de la resti­
tution. Il a été publié par Levillier dans L a Organización de la Iglesia en el Perú, I, p. 9 3-
96 et par Lissén dans La Iglesia de España en el Perú (Séville, 1944), II, p. 756-758.
P a r t e s e g u n d a — c a p . x x v iii 339

guardar las instrucciones que Su Magestad y las Audiencias les dan, y


por eso conviene aquí decir dos cosas : la una, las cosas que han de guardar
para que estén seguras sus conciencias, y la segunda, excediendo en
ellas y haciendo daño a los indios, de qué manera estarán obligados a
la restitución del daño que les hicieren, y de lo que llevaron de Caxa-
marca, salva la corrección — así en esto como en todo lo que he dicho y
dixere — de la santa Madre Iglesia, y de cualquiera que mexor lo sintiere
que yo, a la cual me someto.
Lo que me parece es que Su Magestad, y las personas a quien Su
Magestad cometiere el dar y proveer las conquistas, poblaciones e descu­
brimientos, y las personas que para ello fueren proveídas, han de llevar
y tener intinción principalmente de servir a Dios Nuestro Señor, y
ensanchar su santa fe católica, y librar a los indios — que poco pueden —
de la tiranía de sus caciques y prencipales, y de les enseñar la pulicía
humana, y enseñalles el camino de la virtud y por do se pueden salvar,
si ellos lo quisieren recebir de su voluntad.
Llevando este intento prencipal, aunque accesoriamente lleven
intento de aumentar los señoríos de Su Magestad y de enriquecerse, sin
daño de los indios, de lo que ellos no se aprovechan, que es de la plata
y oro que hay debaxo de la tierra, paréceme que podrían con buena
conciencia hacer las poblaciones, guardando las instrucciones que el
Rey, o las personas a quien Su Magestad lo cometiere, les dieren, que
sean éstas (1) :
i Primeramente, que en las partes y lugares que confinan con lo que
al presente está poblado, se han de elexir sitios y lugares cómodos para
poblar, teniendo respeto a que la tierra sea sana, fértil y abundante de
leña y agua, y de buenos pastos para ganados.
ii Elexido el sitio, se repartirán los solares a los pobladores, no ocu­
pando ni tomando cosa que sea de los indios sin su voluntad, o si no
pudiere ser menos sino tomarles algo, se lo han de dar en otra parte,
que sea tan buena como aquella lo que ansí les tomaren, porque ordina­
riamente les sobran tierras en qué sembrar sus comidas e para edificar
sus casas, y ansí, pues el asiento del pueblo es en pública utilidad de
los indios para en lo que toca a su enseñamiento e buenas costumbres,
e para los librar de las tiranías de los bárbaros que los mandan, no es
mucho que se les tome algo de lo que ellos labran, dándoselo en otra
parte, que les valga a ellos otro tanto.
ni Luego se han de hacer casas, haciendo alguna casa fuerte de adobes,
o de piedra, donde, si conviniere, se puedan defender ellos y sus ganados,
de los indios que les quisieren ofender; y si pudieren, hagan las casas
de texa, y no de paxa, porque éstas las suelen quemar los indios, y ansí

(1) Comparer avec les instructions concernant les découvertes et les établissements
nouveaux, données au Marquis de Canete, par la Cédule du 13 mai 1556 et renouvelées
postérieurement, pour leur application par l’Audience de Charcas. Archivo General de
Indias, Lima, 567, Liv. 8, fol. Î48-151 v. Dans Konetzke, op. cit., I, p. 335-339.
340 G o b ie r n o d e l P e r ú

matan a los españoles sin se poder remediar, como hicieron al Capitán


Manso y su gente los indios chiriguanaes.
iv Háse de procurar, por el capitán o gobernador que se inviare a hacer
la población, que los que ansí poblaren procuren paz y amistad con los
indios que en aquella tierra moraren, haciéndoles buenas obras, procu­
rando que de su voluntad habiten en pueblos cerca de ellos, defendién­
doles, y ayudándoles a defender de los que les quisieren hacer algún
daño, reduciéndoles a buena pulicía, procurando de apartarlos de vicios,
pecados y malos usos, y procurando por medio de relixiosos y otras bue­
nas personas, de reducidos y convertidos a nuestra santa fe católica y
relixión cristiana voluntariamente.
v Si entre los dichos indios hobiere algunos que impidan que no oigan
nuestra dotrina ni se conviertan, o traten mal a los que lo hicieren,
proveerse ha cómo sean castigados y apremiados, de manera que no
sean parte para hacello, e si fueren señores, dar orden que se les quite
la autoridad, mando e dominio que tovieren para hacello, volviéndoselo
cuando no fueren parte para lo estorbar, y no de otra manera.
vi Otrosí, se provea cómo se persuada a los indios que, de su voluntad,
vengan al conocimiento de nuestra santa fe católica, y a la suxeción de
Su Magestad, ordenando que haciéndolo, serán dbres de tributo por
diez años, o menos, lo que con ellos se concertare ; aunque esto me parece
impusible, porque no sirviendo, ni trabaxando en hacer casas e semente­
ras para los españoles, es impusible que pueda el pueblo conservarse,
porque dando a unos esta libertad, los demás se alzarán y pidirán la
mesma ; y ansí me parece que, pues los españoles están para defender y
amparar a los menores de la tiranía de sus mayores, y a los mayores de
otros sus enemigos que les hacen guerra, y para les enseñar a ser hombres
y cristianos, que justamente les deben de dar algún tributo o servicio,
de do se puedan mantener, y si lo estorban los caciques, pues es para
defensa de los menores que tienen tiranizados, que a su pesar les puedan
compeler a ello.
vn Item, dará orden el capitán o gobernador cómo los españoles que
de nuevo poblaren los pueblos que ansí hicieren, que se rixan y gobiernen
en paz y quietud, sin agravio ni injuria de naide, elixiendo e nombrando
sus ministros de Justicia, regidores e oficiales necesarios.
v iii A las personas que fueren a hacer estas poblaciones, se les enco­
mendarán e depositarán, en nombre de Su Magestad, algunos reparti­
mientos de indios, conforme a sus servicios y a la calidad de cada uno,
e de sus personas, poniendo en cabeza de Su Magestad las cabeceras más
prencipales y los puertos de mar, siendo primero y ante todas cosas
tasados los tributos de los tales repartimientos.
ix Señalarse ha, asimismo, salario a los Corregidores y ministros de
Justicia, y a los clérigos y relixiosos, y a cada uno daráse instrucción
de las preeminencias e de los cargos que han de tener, de manera que
sepan lo que han de hacer ; y que de los desórdenes y excesos que la gente
P ar te seg u n d a — cap. x x v iii 341
cometiere, así contra los indios como ellos entre sí, han de ser obligados
a dar cuenta.
x Hechas y edificadas las casas y los edificios necesarios para su defensa
y recoximiento de sus ganados, proveerá el gobernador que se siembre
lo necesario para su sustentación e de los indios que consigo llevare, e
de otros que quieran venir a morar e vivir y habitar cerca de ellos.
x i Item, ordenará el gobernador o capitán que, hecho lo susodicho,
procuren de tener comercio e trato con sus comarcanos, proveyéndolos
de las cosas que hobieren menester, y procurando de haber de ellos
las cosas que a ellos faltaren.
x ii Item, que inviarán relixiosos e otras buenas personas que les dotri-
nen y persuadan que reciban nuestra relixión ; e proveerán que, si esto-
vieren divididos, se junten en pueblos, para que moren juntos, y para
que puedan ser mexor dotrinados.
x iii A las personas que el gobernador o capitán inviare a ver la tierra,
encomendará que siempre miren dónde podrán haber lugares aptos y
cómodos para hacer nuevas poblaciones.
x iv Item, que edificadas las casas, y hechas sus sementeras, procuren
de descubrir minas de oro o plata, en que puedan ellos y los indios ser
aprovechados, y de cultivar la tierra y aumentaba con nuevas plantas
de viñas y árboles de fruta, para su sustentación y provecho.
x v Pero, si los naturales se pusieren en defender la dicha población,
se les ha de dar a entender que no quieren allí poblar para les hacer mal
ni daño, ni para les tomar sus haciendas, sino para ser sus amigos y ense-
ñalles a vivir políticamente, a defendellos de sus enemigos y contrarios,
y enseñalles a conocer a Dios y mostralles la ley de Jesucristo, por la
cual se salvarán, haciendo estas delixencias y amonestaciones tres veces,
por distancia de algún tiempo (cual pareciere al capitán o gobernador
para ello nombrado), tomando parecer con los relixiosos o clérigos que
fueren a la tal población, y por lengua y relixiosos que se lo digan e
declaren, y si no obstante lo susodicho no quisieren consentir la población,
los pobladores procurarán de hacella, defendiéndose de los naturales
sin hacer más daño que aquel que hobieren menester para su defensa, y
para hacer la dicha población.
xv i Otrosí, después de haber hecho el tal lugar o población, los vecinos
o relixiosos que allí hobiere, han de procurar de tratar e comunicar con
los naturales e hacerse sus amigos, dándoles a entender el intento suso­
dicho.
x v ii Si con las buenas obras y persuasiones los naturales habitantes
cerca de la dicha población se hicieren amigos, de manera que consientan
entrar clérigos o relixiosos a enseñalles y predicalles la ley de Iesucristo,
los tales clérigos o relixiosos procuren de convertillos y traelles a la fe, e
que reconozcan al Rey de España por soberano, señor en lo temporal,
xvin Si los dichos naturales y señores de ellos no quisieren admitir
los relixiosos predicadores, después de haberles dicho el intento que
27
342 G o b ie r n o d e l P e r ú

llevan, según está arriba apuntado, y les hobieren requerido muchas


veces que les dexen entrar a predicar y manifestar la palabra de Dios,
para que si alguno de ellos la quiere seguir, no sea parte sus caciques a
se lo estorbar, podrán los dichos relixiosos y españoles entrar en la tal
tierra o provincia con mano armada, y apremiar a los que lo resistieren,
e suxetarlos e traerlos a la obidiencia de Su Magestad, procurando
ante todas cosas de traerlos al conocimiento de Dios Nuestro Señor, lo
cual harán dando noticia de ello a la Audiencia del Cuzco, inviando pri­
mero información complida de todo, para que allí se determine lo que se
debe hacer, y den comisión y orden para ello ; y esto se entiende no siendo
muy lexos, e pudiéndose inviar a hacer saber sin peligro, y no habiendo
peligro en la tardanza ; que si hay estos impedimentos, no se ha de aguar­
dar a lo hacer saber a la Audiencia, antes ha de llevar comisión para lo
hacer e instrucción conforme a lo que está dicho.
x ix Item, ha de nombrar en cada provincia Oficiales reales que, con­
forme a la instrucción y orden que está dada, administren la Real Hacien­
da, y hagan las demás cosas que pueden hacer los otros Oficiales del
Perú.
x x Item, el tributo que han de dar los indios a sus encomenderos, ha
de ser que ocupen a cada indio cuarenta días en hacer sus casas o semen­
teras de los vecinos, y ocho días para el sacerdote que los dotrinare, y
otros ocho para Su Magestad, para pagar las Justicias y tener en paz la
tierra. Háse de emplear estos cincuenta e seis días en lo que está dicho,
o en sacar plata u oro de las minas, conforme a como se lo mandare el
gobernador o el Corregidor, que otra hacienda no tienen ellos que dar,
si no la sacan de la tierra por su trabaxo, y ansí, pues les ha de venir tanto
bien, no es mucho que trabaxen en estos pocos días para lo poder conser­
var, y aunque a ellos se les haga de mal a lo primero, pero andando el
tiempo entenderán cuánto les va en ello, y lo ternán por bien, como
agora lo tienen los de esta tierra, por les haber librado de tantas oprisiones
y tiranías que tenían. Al principio no parece que se debe tocar en tasar
a los caciques, ni dar otra orden, hasta que estén ya muy pacíficos y
suxetos.
x x i El que fuere a hacer la población y conquista, ha de llevar poderes
para poblar en las partes que le pareciere de los términos de su goberna­
ción que le fueren señalados, guardando la instrucción arriba dicha, porque
de esta manera se pueda poblar toda la tierra y hacerse el fruto que se
pretende.
Pero cerca desto se ofrece si los capitanes y conquistadores exceden
de ello, como vemos que lo hacen los más, robando y matando indios y
maltratándolos, qué serán obligados a restituir, a quién, y cómo.
Dice Aristótiles que tres son los bienes de los hombres : bienes del
ánima, bienes del cuerpo, y bienes que llaman de fortuna, y porque poco
habrá que restituir en los bienes que españoles quitaren de ánima a los
indios, no hay que tratar de la restitución de ellos.
P arte seg u n d a CAP. XXVIII 343

Vengamos, pues, a los bienes corporales, que son tres géneros de


bienes : unos del cuerpo, otros de la honra y fama, y otros de la hacienda,
o bienes temporales.
El principal bien del cuerpo es la vida, la cual si se quita injustamente
es de ver cómo se debe restituir, porque Santo Tomás y todos los teólogos,
de común consentimiento, dicen que no puede haber equivalente restitu­
ción, mas bastará tasar los daños a albedrío de algún prudente varón
(como dice Santo Tomás). En este arbitramiento se ha de tener en cuenta
con la persona del muerto, y del que le mató, y de los herederos ; porque
si era el que le mató rico, en más ha de ser condenado por su confesor
que restituya, que no si fuere pob re; y si el muerto era hombre inútil,
que no ganaba nada ni mantenía su casa, menor será la condenación
u obligación de restituir, que si fuera persona solícita y granxeadora.
También se ha de considerar si el delito fué cometido alevosamente, o
si fué cruel la muerte, o si hubo alguna ocasión para se la dar.
Háse de advertir que no se ha de poner en extrema o muy gran nece­
sidad por la restitución que se ha de hacer en el fuero de la conciencia,
pues conforme a esto, a lo que estará obligado el conquistador que matare
algún indio, será a alimentar a su muxer e hixos pequeños que no tengan
edad para trabaxar, y aun a ésto no sé si estarán obligados, porque
pocas veces los indios suelen ganar de comer a sus mugeres, antes ellas
lo ganan para sus maridos. Solamente le condenaría yo, habiéndole
muerto cruelmente e contra razón, a que alimentase a los hixos menores
de catorce años, y los toviese e dotrinase en su casa, y a la ihuxer, si fuese
muy viexa o enferma, que no lo pudiese ganar por su persona.
Y porque pocas veces se sabe en tierra nueva quién fué el muerto,
ni si dexó muger o hixos, si hecha delixencia o inquisición sobre ello
no se pudieren hallar, podrá el confesor — a mi parecer — mandar que
diese veinte pesos cada año, en diez años, al hospital de los probes que
hobiese en el tal repartimiento, y no habiendo hospital, que se comprase
de vestidos y se los diese el perlado a los más probes.
De los bienes del segundo género — que son de la honra y fama —
no hay qué restituir, porque no los teniendo ellos, mal se les puede quitar.
De los bienes de fortuna se ha de hacer restitución de otra manera,
y que se guarde en la hacer toda igualdad, que ésta es la substancia de
la restitución, que es acto de justicia conmutatiua, y ha de ser igual
la restitución a lo que se tomó contra justicia, de do se sigue que si no
fué la toma contra justicia, no será obligado a restitución.
Exemplo : si los conquistadores, yendo a hacer la población, no
tienen qué comer, bien pueden tomar comida donde la hallaren, porque
en tiempo de necesidad todas las cosas son comunes, mayormente en
las entradas, donde han de morir necesariamente si no toman la comida.
Pues como la restitución requiere toda igualdad, si la cosa se toma
justamente, sería grande desigualdad restituirla, pues la justicia consiste
en igualdad, y si se dixere que no es razón ayudar al que se pone en nece-
27*
344 G o b ie r n o d e l P e r ú

sidad, ni que se le dé el previlexio que tiene el probe o muy necesitado,


pues por su culpa está puesto en la necesidad, que si él no entrare en tierra
axena no la tuviera, puédese responder que pues su prencipal intento
no fué sino el que tengo dicho que debe tener, de hacer bien a aquella
probe gente, aunque entiendan que entrando dentro, si los indios no
salen de paz, no han de dexar de tener necesidad de comida, no por
eso se han de dexar morir de hambre, y lo puedan entonces justamente
comer.
Verdad es que yo aconsexaría al que hizo la entrada que diese alguna
limosna para el hospital, si lo hobiere en aquel repartimiento, o si no,
diese al perlado la limosna conforme a su pusibilidad, para que la repar­
tiese entre los indios de aquel repartimiento, porque comunmente lo
que se toma en la guerra no se sabe a quién, ni se puede saber entre
indios, lo cual conforme a la más común opinión se ha de restituir a
pobres.
Para concluir este Capítulo, quiero brevemente tratar en él de lo
que al prencipio del descubrimiento de este Reino se tomó en oro y plata
a los indios, que lo dió Atagualipa, príncipe que a la sazón era de esta
tierra, al Marqués don Francisco Pizarro y a los españoles que con él
estaban y se hallaron en le prender, que llaman las partes de Caxamarca,
y las demás partes que hallaron en los templos del Cuzco : si se deben
restituir, cuánto, a quién, cómo, y si será cada uno de ellos obligado por
el todo, o cada uno por su parte. Sin examinarlo por ambas partes, me
referiré a los lugares ordinarios, diciendo en cada cosa la resolución
que pareciere verdadera.
El primer punto — si están obligados a lo restituir — depende de
si se pudo hacer justamente la guerra, y en esto, como hay opiniones,
refiérome a lo que dixe arriba, en el Capítulo Primero y II de la Parte
Primera, adonde referí los lugares donde la materia se trata.
Puesto caso que la guerra fuera justa, se podría justamente llevar
hasta la cuantía de los daños que a los españoles se hobiesen hecho, y
costas que hobieren hecho en la guerra, como lo decide y prueba bien
Fray Francisco de Vitoria (1 ); mas, puesto que todos hasta agora vemos
que les condenan a la restitución, no es razón contradecir a tantos y
tan dotos varones, porque lo habrán mirado mexor que yo, y será bien
tratar si será cada uno obligado por el todo, o por la parte que llevó
solamente, y primero, a quién se ha de restituir.
La común regla es que la restitución se haga a aquél de quien se tomó
la cosa, porque la restitución es acto de justicia conmutativa, que requiere
toda igualdad, la cual no se puede hacer si no se restituye al que se tomó
o hurtó, porque aquél es el que por habérselo tomado tiene menos.
Pero esta regla no se entiende si consta claramente que no era señor de
la cosa tomada aquél a quien se le tomó, que en este caso, la ha de restituir

(1) De Inte Belli, § 17.


P arte seg u n d a — cap. x x v iii 345

al señor verdadero de la cosa tomada el que la tomó, como dicen Santo


Tomás y todos los teólogos comunmente.
Pues en el caso que tratamos : es ansí que el Inga Atagualipa no era
señor de la plata y oro que dió a los españoles, por ser — como era —
tirano, y no rey natural; y porque él tiránicamente lo tomaba y robaba
a sus indios, no porque fuese de los indios, sino porque se lo hizo sacar
de la tierra por fuerza y contra su voluntad, por tanto, la restitución
no se debe hacer al Inga, ni a sus sucesores, sino a los indios que sacaron
la plata, y porque éstos son inciertos y es impusible saberse quiénes eran,
se ha de restituir a los probes, por ser incierto el señor, como dixe arriba.
De manera que en este caso la restitución se debe hacer, con parecer
del confesor, para los probes, y en esta tierra, para hospitales de indios,
pues aunque la más delixente inquisición se haga, es impusible acertar
con las personas que sacaron la plata ni el oro, porque fueron muchos, y
fué mucha la cantidad sin comparación más de la que dieron a los espa­
ñoles ; y ansí se ha de emplear en lo que digo, aunque parece que siente
otra cosa Cayetano, que habla de lo que se toma en una ciudad saqueada,
adonde aunque sea deficultoso saber las personas a quién se toma, al
fin puédese averiguar, si se hacen las delixencias para sabello.
A lo que dixe y dudé si será obligado cada uno de los que tomaron
las partes en Caxamarca y en el Cuzco a restituir in solidum lo tomado,
o por la parte que le cupo, digo que el principal capitán será obligado
por el todo, por ser el que lo mandó, y el prencipal que lo hizo, mas los
demás no serán obligados más de por la parte que hobieron, porque
aunque sea la regla común que todos los que hacen algún daño, o roban,
en paz o en guerra, están obligados cada uno in solidum y por el todo,
pero esta regla falta cuando, aunque uno de los de la congregación no
quisiere hacer aquel daño, los demás lo hicieran o pusieran en efeto,
y no es cada uno causa de todo el daño, que entonces no será cada uno
de ellos obligado al daño enteramente en el fuero de la conciencia, sino
cada uno por su parte, porque aunque en el fuero exterior sea obligado
por el todo, pero es más a la pena que conviene que haya en la restitución,
y a la pena no queda uno obligado en el fuero de la conciencia hasta que,
por sentencia, se declare haber incurrido en ella.
Verdad es que tiene lo contrario Fray Domingo de Soto, diciendo
que cada uno será obligado in solidum si concurre al hacer de la guerra
y robo injusto, pero si no participó en el delito, sino en la división de
lo robado (como fué en este caso), dice el mesmo Soto que bastará resti­
tuir la parte que le cupo a cada uno.
Mas, paréceme más verdadera opinión la primera, aunque diga Soto
lo contrario, mayormente en este caso que vemos que se ha juzgado
siempre ansí por hombres dotos, y porque compeliendo a uno a restituirlo
todo, daríase caso que la restitución no fuese igual, que es contra su
naturaleza — como arriba dixe — , pues si otro lo hobiese restituido
ya, se restituiría una cosa muchas veces, mayormente que en este caso
346 G o b ie r n o d e l P e r ú

no se podría averiguar si estaba ya restituida o no, por no ser persona


cierta a quién se ha de hacer la restitución.
Por otra más fuerte razón me parece lo mesmo, porque regla cierta
es, y aprobada por el mesmo Soto, y por todos, que si alguno robó algo
en guerra injusta, pero con buena fe — pensando que era justa — , si
después supo que era injusta, no será obligado a restituir las cosas, ni
comidas que comió, ni el ganado que mató, sino aquellas cosas solamente
que vinieron a su poder, y con que se hizo más rico, y no las que consu­
mió y gastó, pues cosa cierta y averiguada es — e ansí lo he oído decir
a algunos conquistadores antiguos — que no sólo pensaban que era justa
la guerra, mas que salvaban sus ánimas como si fueran contra turcos, y
conócese su buena fe pues tantos milagros hizo Dios con ellos, que los
libró de tanta multitud de gente, siendo ellos tan pocos, como dixe en el
Capítulo II de la Parte Primera, y en el fuero de la conciencia se ha de
estar a su aserción, como es notorio. Atento a esto, hánlos de juzgar los
confesores muy prudentemente, porque no cargue sobre sus conciencias
queriendo descargar las axenas.
Resta averiguar el cuánto serán obligados a restituir por aquellos
vasos e piezas de oro y plata que tomaron. Parece que es conforme al
mayor valor que tovieron en todo el tiempo que tardaron en lo restituir
aquellos vasos el ladrón o robador — lo tienen así todos los teólogos —,
cuando por culpa del que la hurtó valió menos, o cuando el señor de ella
la hobiera de vender, pero cuando al señor a quien se tomó no le había
de valer más o porque no la había de vender, o porque no había de usar
de la plata para alguna conmutación, los mesmos teólogos dicen que no
se ha de tener consideración al mayor valor.
Además de esto, regla es que pone Santo Tomás (con quien pasan
todos), que la restitución no se ordenó para quitar al que tiene más de
lo que debía tener lo que tiene, sino principalmente para que se supla,
al que tiene menos, lo que le falta, de donde infiere que en aquellas cosas
que uno puede tomar a otro, sin perjuicio de su dueño, no ha lugar la
restitución, como si uno toma lumbre de la candela de otro : hízose a
sí provecho, e ningún daño al dueño de la candela : luego no terná que
restituir.
Infiero yo de aquí que no se ha de tener consideración en la restitu­
ción al provecho que al que la toma le hace la cosa, sino al daño que
hace al que la tomó. Exemplo : si un vecino del Río de la Plata me tomase
a mí una rexa de hierro, que no podrá valer tres o cuatro pesos, y él
comprase en su tierra con ella una casa e diez caballos o doce, porque
tiene allí tánto valor el hierro como la plata, no sería — a mi parecer
ni al de ningún hombre cuerdo — aquél obligado a me restituir la casa
y los caballos y vestidos que comprare con la plancha de hierro, aunque
yo fuese a su tierra, sino el valor que me valía a mí aquí. Otro exemplo :
si a un indio le tomó alguno una esmeralda, que no se servía de ella
más de traerla colgada de los labios o de las narices, y la llevó a España,
P arte segunda — cap. x x v iii 347

y la vendió a algún caballero en cien ducados, y aquel caballero a un


príncipe en tres mil, no será el que se la tomó obligado a restituir al indio
lo que más valió en España, sino lo que a él le valía.
Ansí, ni más ni menos, la plata y oro que se tomó al Inga, no valía
por dinero entre los indios, ni con ello contrataban, ni aun hoy día con­
tratan entre ellos mesmos sino con coca y otras cosas, antes daban un
gran pedazo de oro o de plata por dos o tres cascabeles, o por media docena
de agujas, o por unas tixeras o cuchillos o machetes.
Si se restituyera luego aquello, bastaba entonces restituir lo que no
era la cinquagésima parte de lo que entre españoles valía la plata, mas
habiéndolo de restituir agora, han de restituir solamente el daño que
vino a los indios que sacaron e hicieron la plata, que es lo que merecía
su trabaxo y los jornales, conforme al tiempo que lo restituyen, lo que
en aquel tiempo les dieron por la sacar y labrar, porque aquél fué sólo
eí daño que el Inga les hizo : que les hizo trabaxar en sacalla y hacella,
sin les pagar salario alguno, que no será la décima parte de lo que valía
la plata y oro que les dió el Inga, y lo que tomaron en el Cuzco.
Como no se puede en nenguna manera averiguar quién lo trabaxó,
ni a quién se ha de restituir el trabaxo, se ha de dar a hospitales, a probes,
a iglesias y a monesterios de este Reino, para que rueguén a Dios por la
conversión de sus herederos, y por la salvación de los que fueren cris­
tianos, y para hospitales, para curar a los indios enfermos, para que les
aproveche al alma y al cuerpo.
Los confesores que a mayor restitución que ésta les han obligado,
me parece que están obligados a restituirlo a sus hixos, o hacer gran
satisfacción en oraciones y misas por ellos, si no tienen con qué restituir,
pesándoles mucho del daño que les han hecho, si quedaron por ello
pobres.
Las cosas que agora toman los encomenderos demás de la tasa que
hasta aquí han tomado, que es el trabaxo de sus cuerpos (que otra hacien­
da no tienen qué les tomar), si no han tenido cuidado de que gocen ellos
mesmos el salario que les dan, descontándoselo de la plata a los caciques,
si no saben cierto y averiguan que los caciques se lo descontaron a ellos,
están obligados a se lo restituir a ellos mesmos ; y en duda han de creer
que los caciques les hurtaron todo, o la mayor parte, por lo que común­
mente acaece y vemos cada día, y así procuren los que en esto hobieren
excedido, de dexar algún ganado o otras cosas al común de los indios,
para que todos los pobres se aprovechen de ello, y aconsexo que hagan
lo mesmo los que no han llevado más que la tasa, pero han tenido descuido
en la dotrina y demás cosas que están obligados a hacer por sus indios,
y que en esto gasten lo que renta, un año o dos, el repartimiento, por
que esté más sigura su conciencia.
348 G o b ie r n o d e l P e r ú

CAPÍTULO X X IX

De los o f ic ia l e s d e o f ic io s m e c á n ic o s ,
Y SI HAN DE SER COMPELIOOS
A QUE USEN SUS OFICIOS

En este Reino hay muy gran desorden en consentir a los oficiales


de sastres, calceteros, barberos, albéitares, herradores, carpinteros,
albañiles y otros oficios mecánicos, andar hechos caballeros, y que no
usen de sus oficios y los enseñen a los indios que en su servicio estovieren,
aunque por leyes y provisiones reales Su Magestad tiene bien proveído
y mandado que puedan ser compelidos a usar sus oficios en tierra nueva
como ésta, adonde tánto es menester.
Como arriba he dicho, estos son los que se juntan con los demás
ociosos y alteran el Reino, metiendo cizaña entre los que están en paz.
Verdad es que hay algunos que, aunque han sido oficiales, están
ya muy ricos y viven muy bien, como hombres honrados, y tienen otros
tratos y grangerías en que se ocupan, y a éstos tales no es razón compe-
lellos a usar sus oficios, pues ha ya mucho tiempo que no los usan.
Esto se debe cometer a la prudencia del Gobernador, que cierto ha
de tener mucha, y mucha ispiriencia, como dixe en el Capítulo Primero
de esta Parte Segunda, pues para ello no es menester que se haga más
de cometérselo al Gobernador, y a cada Presidente en el destrito de su
Audiencia.

CAPÍTULO X X X

De los que son casados en E spaña


O EN OTRA PARTE FUERA DEL REINO, O DEL DESTRITO DE LA AUDIENCIA,
Y SI CONVIENE DARLES LICENCIA,
O COMPELELLES A QUE SE VAYAN A HACER VIDA CON SUS MUGERES

Por leyes y premáticas y provisiones reales dirigidas al Presidente y


Oidores del Perú está proveído y mandado que se informen qué personas
hay en este Reino, casados o desposados, que tengan sus mugeres en
España, y se les notefique que en los primeros navios se partan y embar­
quen para traer a sus mugeres, y no vuelvan sin ellas, o con testimonio
de cómo son ya muertas ; pero, si alguno de los tales casados se quisiere
Parte segunda — cap. x x x 349

obligar a dar fianzas, ante los Oidores, que dentro de dos años inviarán
por su muger e la traerán para vivir con ella, so las penas que les pare­
ciere, que se admita la tal obligación y fianza, apercebiéndoles que
pasado el término y no la trayendo, se executarán las penas, y demás
de esto, que les ternán presos hasta que los embarquen en los primeros
navios, y se executen en ellos las penas que les hobieren sido puestas, y
que se tenga gran cuidado de la execución de esto, como cosa tan impor­
tante ansí al servicio de Dios, como a la perpetuidad y buena pobla­
ción de esta tierra.
Si los tales casados tovieren indios encomendados, se les dé el mesmo
término de dos años, que se cuenten desde el día que se partieren de
este Reino, y por este tiempo gocen de los tributos de sus indios, y de
otras cualesquier grangerías, las cuales no les puedan ser quitadas, con
tanto que se obliguen y den fianzas que, dentro de los dichos dos años,
volverán a esta tierra con sus mugeres ; donde no, que entregarán a
los Oficiales reales todos los tributos que hobieren habido de los tales
indios en el dicho tiempo, y lo pagarán por sus personas y bienes, y
las tales obligaciones las pornán los Oficiales reales en el arca de las tres
llaves que ellos tienen ; los cuales tengan cuidado del complimiento de
lo a esto tocante (1).
Hay otra Provisión, de diez de Mayo de mil e quinientos e cuarenta
e cuatro años, inserta en la Cédula arriba dicha por la cual se manda
guardar, con que los dos años en ella contenidos se prorrogan por otro
año más, por manera que serán tres años, dentro de los cuales se obliguen
e den fianzas de traer su muger.
Suele haber descuido en el cumplimiento de estas Cédulas, y algunos
tienen mucha hacienda, que no se puede recoxer en breve tiempo, y
hacérselesia daño no les dando algún término para la vender y para acabar
los pleitos que traen, e por otra parte es gran lástima ver estar en esta
tierra muchos hombres, que son casados en España, a pan y cuchillo
(como dicen) con sus indias, amancebados, e padeciendo allá sus mugeres
e hixos.
Para remedio de lo cual me parece que se deberían hacer las leyes
siguientes :
i Que el Presidente de cada Audiencia, en su destrito, tenga grand
cuidado de inquirir y saber qué personas hay en su destrito que estén
casados o desposados fuera del dicho destrito, o en España, y les mande
luego ir por sus mugeres, e que no estén en el destrito sin traerlas, so
pena de perdimiento de la mitad de sus bienes, la cual pena execute si
la quebrantare ; y si la muger estoviere en España, tome juramento
del que ansí fuere en España casado, que se presentará ante el Presidente
de otra Audiencia dentro del término que le fuere señalado, y inviará
testimonio de ello dentro de otro tanto tiempo al Fiscal, de cómo se

(1) Cf. Cédule du 19 octobre 1544, dans Encinas, Cedulario, I, lois. 415-416.
350 G o b ie r n o d e l P e r ú

presentó, y el Fiscal lo guardará, y no lo inviando, pasado el término


terná el dicho Fiscal cuenta con pedir provisión para que, a doquiera que
estoviere le prendan, y a su costa le invíen a España.
Si hobiere pasado tanto tiempo que haya dilatado una flota, le confis­
quen la cuarta parte de sus bienes, y todavía le invíen preso, y a su costa,
de lo cual tengan gran cuidado los Presidentes y Fiscales de cada Audien­
cia, y lo pidan y executen, so pena de que lo pagarán de sus bienes.
ii Item, que si pidiere término para traer su muger, se le den dos o
tres años de término, conforme a la distancia de donde estoviere, lo
cual le dé la Audiencia no habiendo llevado otro término, y se obligue
y dé fiadores que, no viniendo dentro del término que se le diere, pagará
ochocientos, o mil pesos, o quinientos, conforme a la hacienda que toviere,
y se meta la fianza en la Caxa, y tengan cuenta los Oficiales de cobrar
la pena, la cual no habiendo culpa en el casado, sea para le llevar preso
hasta España para las personas que por tierra le llevaren preso, porque
lo demás por mar, ha de ser a costa del mesmo preso,
m Item, que habiéndosele dado término, y no viniendo, se le lleve la
pena, y se le dé otro término, si no hobiere vendido la hacienda, para la
vender al albedrío del Presidente, con que no exceda de ocho meses, y
el mesmo término se le dé al que no quisiere traer a su muger, con pena
de quinientos pesos si no lo cumpliere, y si no inviare testimonio de
cómo se presentó ante el Presidente de otra Audiencia por do hobiere
de pasar para España.
iv Item, que aunque muestre delixencias de cómo invió a España por
su muger, que no le prorroguen más término, mas que se le den los ocho
meses para disponer de su hacienda, y le lleven la pena en que ha incu­
rrido para el efeto arriba dicho, la cual se le vuelva, y no sea obligado a
pagar, si la muger viniere, aunque sea de ahí a un año después de pasado
el término, y al que mostrare las delixencias, se le dé término de seis
meses para que pueda esperar a su muger en Panamá, y no en otra parte.

CAPÍTULO X X X I

De los b ie n e s de defuntos en e s t a t i e r r a ;
de las leyes que para ello están h echas,
Y LAS QUE CONVIENE AÑADIRSE

Acaece muchas veces en el Perú morir algunos españoles ab intestato,


o haciendo testamento, y dexan por sus herederos en España a deudos
suyos, u a otras personas, o hacen algunas mandas a personas particu­
lares, o a iglesias o monesterios, o para otras obras pías en España, y
P arte seg u n d a — ca p. xxxx 351

porque hay descuido en complir los testamentos y inviar a España los


dineros que el defunto manda, se ha santamente proveído muchas leyes
y ordenanzas, para que la voluntad del defunto se cumpla.
Las referiré aquí, añidiendo otras, para que no haya falta nenguna
en el complimiento de lo susodicho.
i Primeramente, que en cada ciudad, villa o lugar del Reino del Perú
a do vivieren españoles, haya tres tenedores de bienes de defuntos, que
el uno sea el uno de los alcaldes, y el otro uno de los regidores, cuales
elixiere el Cabildo e Regimiento de cada pueblo, al principio de cada
un año, y el otro sea el escribano del Consexo, los cuales tengan un arca
de tres llaves, donde metan lo procedido de los dichos bienes, y dentro
de la dicha arca esté un libro encuadernado, donde el escribano de Cabildo
asiente lo que entrare y saliere en la dicha arca, el cual firmen los dichos
alcalde y regidor, y dé fe de ello el escribano, so pena de cien pesos al
que lo contrario hiciere.
ii Item, que los albaceas y testamentarios que el defunto nombrare,
o los herederos, con cargo de restituirlo a personas que residan en España,
sean obligados — dentro del año de su albaceazgo — a inviar lo que
restare, complida el ánima del defunto, a sus herederos o legatarios, a
doquiera que estovieren, a costa de los mesmos bienes, con el testamento,
e inventario, y almoneda, y con la cuenta y razón de ellos, firmada
de su nombre por ante escribano público, registrado en el registro del
navio adonde fueren consignados a los Oficiales de Su Magestad que
residen en la Casa de la Contratación de Sevilla, para que allí los den
a los tales herederos o legatarios, o a quien de derecho lo hobiere de
haber, y vayan a riesgo y ventura de los herederos o personas del tal
defunto que les hayan de haber, e si por caso hobiere algunas deudas o
hacienda del tal defunto por cobrar, invíen lo que estoviere cobrado,
pagando de ello primero las deudas que el defunto debiere, y invíen
también con ello relación de lo que queda por cobrar.
Si por falta de navios, o por otro justo impedimento no pudieren
inviarlo el primer año, en siendo complido el dicho año den de ello
cuenta, con pago, a los tenedores de bienes de defuntos, o al Juez mayor
de ellos, si él la pidiere; y no puedan los albaceas tener en su poder
más del dicho un año los bienes de defuntos, so pena del doblo, y daños,
intereses y costas que por ello se recrecieren a los dichos bienes, salvo
si el testador mandó que lo retuviesen más tiempo, que aquello se ha
de guardar.
m Item, que los tenedores de bienes de defuntos hagan las mesmas
delixencias que los albaceas cuando alguno muriere ab iníestato sin
hacer testamento, como se dixo en la ley antes de esta, so la mesma
p en a; y si muriere con testamento, hagan lo mesmo, pasado el año
del albaceazgo, y lo mesmo el Juez mayor de bienes de defuntos.
iv Item, que los testamentarios, albaceas, y tenedores de bienes de
defuntos, cuando hobieren de vender algunos bienes de los que fueren
352 G o b ie r n o d e l P e r ú

a su cargo, los vendan en pública almoneda, con autoridad de juez, y


en su presencia, con las solemnidades y por los términos del Derecho,
y no de otra manera, so pena de pagar con el doblo todo lo que de otra
manera y por su autoridad vendieren, la mitad para la Cámara e Fisco,
e la otra mitad para el Juez e denunciador, por iguales partes; y la
venta sea en sí nenguna, y no valga, salvo si el testador mandare otra
cosa, porque aquello que mandare cerca de esto, se ha de complir.
v Item, que no lleve el juez derechos algunos por estar presente a las
almonedas, y al escribano le tase el juez lo que justamente mereciere,
conforme al trabaxo que toviere y días que en ello se ocupare, y a la
calidad de la hacienda, y lo mesmo se haga con el pregonero ; y por
nenguna vía los escribanos ni pregoneros no lleven derechos por rata
de lo que de la dicha hacienda se vendiere, sino el precio que les fuere
tasado, como dicho es, y no más, so pena de lo volver con el cuatro tanto.
vi Item, que ni los que fueren albaceas o tenedores de bienes de defuntos,
ni los jueces, no puedan sacar ni llevar de almoneda, por sí ni por inter-
pósitas personas, ni en otra manera alguna, bienes algunos de defuntos
que fueren a su cargo, o pasare la venta ante ellos, o por su mandado,
ni cobrarlos de personas que los sacaren de la almoneda, ni haberlos
para sí so ningún color ni título, pública ni secretamente, aunque no
hayan pagado mucho m enos; y si en la dicha venta interviniere algún
fraude, e los dichos albaceas o tenedores lo sacaren para sí, o para inter-
pósitas personas, que los vuelvan con el cuatro tanto, en cualquier
tiempo que les fuere probado, y la venta no valga nada, ni tampoco
valga aunque en ella no haya habido fraude alguno.
vn Item, que el alcalde nombrado para tenedor de bienes de defuntos
haga meter en la arca de tres llaves todo lo procedido de los bienes de
defuntos, luego que fueren vendidos y cobrados ; y que, de dos en dos
meses, haga un balance e dé cuenta, con el tenedor de los dichos bienes,
de los que tuviere cobrado, jurando el tenedor, ante el escribano de
Cabildo y ante el alcalde, qué bienes de defuntos tiene en su poder cobra­
dos ; y los que tuviere cobrados se metan luego en la Caxa, o en el arca
de tres llaves, so pena que el alcalde pague todos los bienes que, por no
hacer la delixencia susodicha, andovieren fueren de la Caxa, aplicado por
tercias partes Cámara, y juez, y denunciador, no relevando al tenedor
de la pena en que hobiere incurrido por no haber metido los bienes en
la dicha Caxa.
v iii Item, que los tenedores de bienes de defuntos invíen cualesquier
bienes que fueren a su cargo, a los Reinos de España, dentro de un año
complido después que fueren los dichos bienes a su cargo, por haber
muerto ab intestato, o por haberse pasado el año a los albaceas, consigna­
dos a los Oficiales reales de la Casa de la Contratación de Sevilla, con
las escrituras, e inventarios, e almonedas, y con la cuenta y razón y
recaudos que hobiere de los dichos bienes, para que allí los den a sus
herederos, o a quien de derecho los hobiere de haber, e si no estovieren
P arte segunda — cap. x x x i 353

acabados de cobrar todos, invíen dentro del dicho término lo que esto-
viere cobrado, con relación de lo que resta por cobrar, y como fueren
cobrando, ansí lo vayan inviando, so pena que, si más tiempo de lo que
dicho es lo retuvieren sin inviarlo, caigan en pena de el doblo las personas
en cuyo poder estovieren los dichos bienes, no estando en el arca de las
tres llaves deputada para la cobranza de ellos.
ix Item, por cuanto en cada un año se mudan el alcalde y regidor
que han sido tenedores de bienes de defuntos, y como no se les toma
cuenta de lo que es a su cargo, los dichos bienes se derraman en muchas
personas, y algunas veces se aprovechan de ellos y no los invian a España,
como son obligados, se mande que los tenedores cumplan su oficio, y
hagan un balance de cuenta de lo que en su tiempo ha sido a su cargo y,
firmado de su nombre y del escribano de Cabildo, lo invíen al Oidor que
fuere Juez de los dichos bienes aquel año, con lo procedido y alcance de
los dichos bienes, estando el Audiencia en camino para que se invíe a
España, si ellos antes no lo hobieren inviado ; y no siendo camino,
invíen testimonio de cómo lo han inviado, e si algo quedare por cobrar,
hagan relación de ello en el dicho balance de cuenta, y de los recaudos y
escrituras que en su poder quedan para la cobranza de ello, con relación
del tiempo para cuándo se debe, y de las delixencias hechas para lo
cobrar, lo cual hagan e cumplan a costa de los mesmos bienes, so pena
de ducientos pesos por cada vez que lo contrario hicieren ; e si lo hobieren
inviado a España, o no hobiere habido cobranza de bienes de defuntos
en su año, todavía invíen al Oidor relación e testimonio de ello, so pena
de ducientos pesos, aplicados por tercias partes Juez, Cámara y denun­
ciador, para que de todo haya cuenta y razón, y se sepa qué se hace de
los bienes de defuntos.
x Item, que los tenedores de bienes de defuntos no lleven derechos
por la cobranza e tenencia de ellos, sino lo que el Juez mayor de bienes
de defuntos tasare conforme a lo que hobieren cobrado, se pena del cuatro
tanto.
xi Item, que los tenedores tengan en la Caxa, y cada uno en su casa,
el treslado de estas ordenanzas, y no tengan bienes nengunos fuera de
la Caxa, so pena de quinientos pesos a cada uno, aplicados según dicho
es, e de lo pagar con el doblo, aplicado por tercias partes.
x ii Item, que cuando acaeciere que en algún pueblo de indios, o donde
no hobiere Justicia ni tenedor de bienes de defuntos, falleciere algún
español, con testamento o ab intestato, la persona a quien estoviere enco­
mendado el tal pueblo, hallándose presente, o quien en su lugar estoviere,
juntamente con el clérigo o fraile de la dotrina, pongan en recaudo los
dichos bienes y den noticia de ello luego al Corregidor y Justicia más
cercana, la cual venga luego, o invíe persona de recaudo, y haga poner
los bienes por inventario por ante escribano, si lo hobiere, o si no, ante
testigos, y procuren saber de dónde era natural el defunto, y cómo se
llamaba, y pónganlo todo por escrito, por que haya toda claridad, para
28
354 G o b ie r n o d e l P e r ú

acudir con los dichos bienes a sus herederos ; y el juez, dentro de un


mes como viniere a su noticia lo susodicho, sea obligado de dar de ello
cuenta al Oidor que fuere Juez mayor de los dichos bienes, con relación
de los bienes que quedaron del tal defunto, para que él mande y provea
lo que sea justicia.
x m Item, porque en la cobranza de los bienes de defuntos haya más
recaudo y cuidado y delixencia, para que con más brevedad se despachen
los negocios que ocurrieren cerca de los dichos bienes, que el Presidente
e Oidores de la Audiencia nombren un Oidor en principio de cada un
año, que sea Juez mayor de la cobranza de bienes de defuntos, por su
turno o rueda, comenzando del más antiguo, el cual tenga poder para
hacer cerca de ello todo lo que el Audiencia pudiere hacer, y lo que él
despachare vaya por provisión real, la cual firmen el Presidente e Oidores
como la vean firmada y pasada por el dicho Juez mayor, y si de lo que
proveyere y sentenciare el Juez mayor se agraviare alguna de las partes,
se suplique para la Audiencia, y él mesmo, juntamente con los demás
Oidores lo vean y determinen, y la sentencia que dieren sea habida por
sentencia de revista, y no haya más grado.
xiv Item, que el dicho Juez mayor nombre un procurador de su Audien­
cia que sea defensor de los dichos bienes de defuntos, el cual haga sus
pleitos ante él y ante el Audiencia ; y le tase e le mande pagar lo que
justamente mereciere por cada negocio, y que con este defensor se hagan
todos los negocios, ansí en los que él pidiere, como en los que él fuere
pedido, y se le dé poder para los poder defender e tratar sin que se haga
otra delixencia, ni se citen los herederos que están en España ; pero que
los testamentarios, no siendo pasado el año, sean emplazados, y prosiga
el negocio comenzado en un año, aunque sea pasado, e asista siempre
con ellos el tal defensor.
xv Item, que el Juez mayor nombre un abogado de la Audiencia para
los dichos negocios, y se le pague lo que el dicho juez tasare, conforme
a lo que trabaxare en cada negocio.
xvi Item, que cuando al Juez mayor de bienes de defuntos pareciere
que conviene tomar cuenta de algunos bienes que tengan los tenedores
de bienes de defuntos, o albaceas, o testamentarios, que los invíe a
llamar que parezcan ante él, con las escrituras e recaudos que hobiere,
e que cumplan sus mandamientos, e vengan a costa de los mesmos bienes
por cuya causa fueren llamados, so las penas que el dicho Juez les pusiere.
xvii Item, que el dicho Juez mayor pueda inviar, si viere que conviene,
un cobrador, con vara de justicia, a alguna ciudad o pueblo del destrito
de la Audiencia, con días e salarios a costa de culpados, o a falta de
culpados, a costa de los mesmos bienes de defuntos, para que tome
cuenta de todos los bienes que hobiere que dar en la tal ciudad o pueblo,
porque por falta de recaudo no se dexen de cobrar y inviar los bienes.
x v iii Item, que el Juez mayor, en la ciudad donde residiere la Audien­
cia, tenga una Caxa de tres llaves, en que se eche el dinero, oro, o plata,
P arte segunda — cap. xxxi 355

que hobiere de los dichos bienes de defuntos, porque nenguna cosa de


ellos se ha de depositar en persona alguna, ni ha de andar fuera de la
dicha Caxa, so pena de cien pesos por cada vez que lo contrario hicieren,
y las llaves de la dicha Caxa tengan, una el dicho Oidor, otra el Fiscal,
y otra el escribano de Cámara de la dicha Audiencia.
x ix Item, que el Juez mayor, en la ciüdad a do residiere la Audiencia,
pueda tomar cuenta a los albaceas y tenedores las veces que quisiere,
aunque no sea pasado el año, si viere que hay de ello necesidad, y pueda
advocar en sí las causas que pendieren ante el alcalde e ordinario, y
conocer de ellas en primera instancia, si ante él se pidieren.
x x Item, que los pleitos que ante el Juez mayor pasaren en primera
instancia, pasen ante el escribano de Cabildo ; y los que pasaren ante él
en grado de apelación, pasen ante el escribano de Cámara de la real
Audiencia.
x x i Item, que no embargante que los testadores digan que no les tomen
cuenta a los albaceas, ni se entremetan Justicias ningunas a cobrar sus
bienes, que el Juez mayor las pueda tomar, y mandar cobrar y inviar
a España, y lo mesmo puedan hacer los tenedores de bienes de defuntos
adonde no hobiere Audiencia.
x x ii Item, que si los herederos de España dieren poder a alguno para
cobrar sus bienes, e pasado un año no los inviare a España, que el Juez
mayor le pueda compeler a ello, y no lo haciendo, los pueda él mandar
llevar con los otros bienes de defuntos, dirigidos a la Casa de la Contra­
tación de Sevilla.
x x iii Item, para que no se pueda perder, ni usar por nenguno, bienes
de defuntos, nengún tenedor de ellos, ni albacea de defuntos, que no
tenga herederos presentes, pueda salir de la provincia adonde ha usado
el cargo para nenguna parte, sin dar cuenta, con pago, de los bienes que
fueron a su cargo, so pena de perdimiento de todos sus bienes, la mitad
para la Cámara, y la otra mitad para los herederos del tal defunto ;
y que las Justicias de los puertos tengan especial cuidado de tomar
juramento a todas las personas que se quisieren ir fuera de ellos, para
si son a cargo de algunos bienes de defuntos, o si han sido tenedores y
albaceas de ellos, y pareciendo haberlo sido y ser a su cargo algunos
bienes de defuntos, no los dexen salir, sin que lleven testimonio de cómo
han dado cuenta, con pago, de lo que fué a su cargo, so pena que lo paguen
las tales Justicias.
x x iv Item, que el Juez mayor, en la ciudad o provincia de do fuere
Oidor, haga exhibir ante sí todos los testamentos de los defuntos todas
las veces que quisiere, e compela para ello a los albaceas y a los mesmos
herederos que acá estovieren, para ver si hay alguna manda para España,
para la hacer complir, y de esto tenga cuenta el escribano de Cabildo
de se lo acordar y hacer saber las personas que han hecho testamento,
so pena de cien pesos para gastos de los dichos bienes.
356 G o b ie r n o d e l P er ú

CAPÍTULO X X X II

De los correos o chasquis que en este R e in o


CONVIENE QUE HAYA

Habíaseme olvidado de decir una general costumbre que tenían los


Ingas, y era que ponían por los caminos chasquis (que quiere decir « correo
de a pie »), que corría cada uno media legua, y tenían sus chozas en el
camino, que hoy día duran, aunque no tan bien aderezadas como antes.
Con estos chasquis sabía el Inga, estando en el Cuzco, lo que pasaba a
trescientas leguas en siete u ocho días, lo cual también se usó en tiempo
de las alteraciones de Gonzalo Pizarro y de Francisco Hernández Girón,
que ansí de su parte, como de Su Magestad, había puestos chasquis que
en breve tiempo avisaban de lo que pasaba en el otro campo.
Cierto me parece que, para siguridad de la tierra, se había de mandar
qpe hobiese chasquis desde Lima al Cuzco, y desde el Cuzco a esta ciudad,
para que en breve se sopiese lo que pasaba trescientas leguas de aquí,
porque podría ser que habiendo algún alboroto tomasen los caminos
para que no pasasen españoles, y podrían avisar por chasquis que corriesen
fuera del camino.
También son necesarios para otras cosas, y que los que tan lexos
estamos fuésemos en breve avisados de lo que Vuestra Magestad manda,
que desde que se invían los despachos de Lima a esta Corte, se pasa la
coyuntura de poder responder a ellos a la otra flota que viene.
Podría ser también mandar, estando la Rota en el Cuzco, que allí
hobiese cuatro españoles como correos, los dos que fuesen a Lima, y
los dos a los Charcas, que hiciesen el camino en cada quince dias, si hobiese
necesidad. Habíanseles de dar sendas Lanzas, y más que ganasen los
portes de cartas de particulares. Esto, cierto, es muy necesario.
Las leyes que para esto conviene que haya :
i Que pareciendo al Gobernador ser necesario, haga poner indios chas­
quis en los caminos de Lima y de los Charcas, para dar o recebir avisos,
a los cuales se les pague del común de los indios, o de donde mexor le
pareciere.
ii Item, que estén donde el Gobernador residiere cuatro correos ordina­
rios, que tengan salario de Lanzas, para inviar e Lima y a los Charcas,
y anden muy de ordinario para dar y recebir avisos, los que fueren nece­
sarios.

Otras muchas cosas pudiera aquí poner, sino que las dexo, por no
ser prolixo. Si a alguno pareciere que en algunas cosas he sido corto,
P a r t e se g u n d a — c a p . x x x ii 357

o largo, o no he dicho lo que a él le pareciere que se debía decir, no me


increpe a mí : digo lo que entiendo, y lo que digo me ha costado harto
trabaxo; si no, enmiéndolo con el celo que yo he tenido para decir lo
que me parece, para que todo ello aproveche a todos en general, y sea
prencipalmente para honra y gloria de Dios, en el cual espero no perde­
remos el premio y galardón que esperamos, y si en algo se hobiere acer­
tado, sea su Santísimo Nombre alabado para siempre xamás sin fin.

Amén.
TABLA DEL LIBRO
INTITULADO
GOBIERNO DEL PERU
TABLA DE LA PARTE PRIMERA

Dedicatoria............................................................................................... 2
Prólogo al lector....................................................................................... 3
Ca p ít u l o p r im e r o — Del gobierno y tiranía de los Ingas, y cómo
no eran reyes naturales de estos Reinos del Perú 6
II. — De cómo entraron los españoles en este Reino y
cómo fué justamente ganado y tiene su Mages-
tad justo título a é l .................................................. 10
III. — Del contento que los indios tienen del buen trata­
miento que agora se les hace por los españoles,
y del gran cuidado que de ello tienen las Audien­
cias por mandado de Su M agestad........................ 14
IV. — De la natural inclinación y condición de los
in d io s ....................................................................... 16
V. — Si conviene e se puede compeler a los indios a que
trabaxen, o dejallos andar ociosos, y qué cosas
les inclinarán al tra b a xo.......................................... 19
VI. — De la ocupación que deben tener los caciques y
principales, y de sus asientos y orden .............. 20
VII. — De la tiranía de los caciques ; de sus malas costum­
bres, y del remedio para ello .............................. 22
VIII. — De los indios yanaconas; si conviene que los haya ;
en qué se han de ocupar así los de las chácaras,
como los de españoles, y si conviene que vuelvan
a sus repartimientos ............................................ 25
IX . — De los indios hatunrunas y tindarunas; en qué se
han de ocupar, y si conviene que se limiten las
leguas de donde han de venir a servir por su
alquiler ............................................ 32
X. — Cuántas maneras de mitayos hay ; de sus ocupa­
ciones ; de las cargas que les hacen llevar, y de
qué manera se podrán escusar de llevarlas, sin
perjuicio de los pasaxeros.................................... 35
X I. — De los mitayos para servir a los españoles en sus
casas, o para guarda de sus ganados ; y de los
uros, en qué se han de ocu p a r............................ 40
X II. — De los tributos que los indios dan a Su Magestad,
y a los encomenderos en su nombre ; por qué
razón se deben y los pueden justamente llevar . . 42
T a b l a

X III. — Si converná que la tasa de los tributos sea en dinero


o de las cosas que crían en sus tierras; o si se
tendrá consideración a la dar en las cosas que
menos trabaxaren, aunque valgan más, y si
será por personas o por haciendas, y del servicio
personal.......... ........................................................
XIV. De cómo los indios han de ser visitados y juntados a
pueblos, y puestos en polecía; y la justicia que
ha de haber en los pueblos, y de la traza de ellos,
y del tocuirico.........................................................
X V . — De las tierras que el visitador ha de señalar a
los indios por propias, y a los caciques y prin­
cipales, y al común de los indios; las que ha
de dexar para españoles, y de las del sol, y
del In g a ...................................................................
XVI. — De la tasa de los tributos que han de dar los indios
a sus encomenderos, y a sus caciques y prin­
cipales, y para el común, y para el beneficio
perpetuo, y para Su Magestad, y para los
Corregidores, y para el tucuirico que ha de
haber en los repartim ientos................................
XVII. — En qué cosas se han de ocupar los indios hatunrunas
que están en los repartimientos, para pagar
su tasa .....................................................................
X V III. — Cómo y por quién se ha de cobrar la tasa; en qué
tiempo se ha de pagar; cómo se ha de ir aña­
diendo conforme a los indios que en el reparti­
miento fueren creciendo y fueren de edad de
diez y ocho años, y disminuyendo conforme a los
que murieren o faltaren, y del provecho que de
esto se siguirá a todos .......................................
X IX . — Cómo se enseñarán oficios a los indios de los repar­
timientos ; y si converná que hagan pólvora y
tiren arcabuces, y anden a caballo, y se vistan
ropas de españoles.................................................
X X . — De los bienes de la comunidad de cada reparti­
miento de indios; en qué se han de emplear;
por cúyo mandado, y si converná que haya
Corregidores españoles en los repartimientos ..
X X L — Por quién se ha de hacer la visita de los indios,
y a cúya costa, y del salario del visitador........
X X II. — Del salario de los Corregidores y otros jueces ; y de
qué se ha de pagar a ellos y a las Audiencias, sin
que se toque a los quintos, y sin perjuicio de
los indios, ni de los encomenderos ....................
X X III. — De las borracheras y malas costumbres de los
indios; de los cabellos y chucos para las cabe­
zas ; de los adúlteros y amancebados, y del
remedio que en ello se ha de te n e r ....................
X X IV . — Si conviene que españoles vivan entre indios, o
mulatos, mestizos y negros horros ; y si con-
362 G o b ie r n o d e l P erú

viene que haya contrataciones entre españoles


e indios en las ciudades, asientos de minas, o
en sus pueblos, y lo que se ha de hacer de mula­
tos y mestizos y negros horros para la conser­
vación del Reino .................................. 82
XXV. — Si conviene que los indios se vayan de sus reparti­
mientos a vivir a do quisieren ; y que se muden
o los lleven de los Llanos a la Sierra, o de la
Sierra a los Llanos, y quedos mitimaes que puso
el Inga se vuelvan a su naturaleza.................... 87
X X V I. — De los carneros, ovexas, guanacos, y vicuñas que
hay en toda la mayor parte de la serranía del
Perú, y de su conservación ................................. 89
X X V II. — De los camaricos o presentes que los indios dan
a los apoes, jueces, e clérigos e relixiosos, y
repartimientos que para ello hacen, y que
conviene quitarse ................................................... 91
X X V III. — Si converná que los indios se den a perpetuidad a
sus encomenderos, y los provechos que de ello
se seguirán a los indios, a los encomenderos, a
la Hacienda Real, y a todo el Reino ................ 93
X X IX . — De los daños que se siguirán de no se hacer la
perpetuidad, y de quedar los indios en cabeza
de Su Magestad, ansí a los mesmos indios, como
al patrimonio real y a todo el Reino ................ 98
XXX. — De qué manera se hará la perpetuidad, sin per­
juicio de los indios, ni de los españoles que no
tienen indios, y del provecho que de ello verná
a la Hacienda Real........ ................. ...................... 101
X X X I. — En que se responde a los inconvinientes que algunos
ponen si se hiciese la perpetuidad, y cómo se
perpetuará lo que no está encomendado; y si
conviene que haya Lanzas, y lo que han de
hacer, habiéndolas ................................................. 103
X X X I I. — De lo que monta el servicio que se ha de dar a Su
Magestad por la perpetuidad; del número de
indios que hay en el Perú; de lo que montan
los tributos, y de otras condiciones y provechos
de la perpetuidad.................... .............................. 108
X X X III. — Si converná dar licencias a los comendadores, des­
pués de hecha la perpetuidad, para ir a España ;
y no se haciendo, si converná a los que se que­
daren en España, darles parte de las rentas y
tributos, y de la residencia que deben hacer en
las ciudades, y no entre los indios .................... 111
X X X IV . — De los beneficios curados perpetuos que ha de
haber en los repartimientos; qué calidades
han de tener los curas, y si conviene que no
se muden, y por qué causas puedan y deban ser
privados ............................ .................................... 114
T a b l a 363

X X X V . — De los abusos de algunos que han dotrinado indios ;


y jurisdicción que sobre ellos han tenido, y
penas de dinero que les han llevado, y el incon-
viniente que de sus castigos viene para lo de
las confesiones ...................... ................................ 116
X X X V I. — Si conviene que el sacerdote de la dotrina sepa
bien la lengua general de los indios; y cómo
les ha de dotrinar, y sobre lo tocante a sus
huacas, adoratorios y enterramientos........ .. 119
X X X V II. — Si conviene que Su Magestad, y los encomenderos
en su nombre, sean patronos de los beneficios
ya dichos, y nombren al sacerdote, clérigo o
fraile, para que le cuele y examine el Obispo,
y si han de estar suxetos al Obispo los relixiosos
que estovieren en dotrinas de indios .......... .. 123
X X X V III. — De los diezmos : si conviene que los paguen los
indios, y de qué cosas; y de los beneficios que
ha de haber en las chácaras y en las ciudades
para dotrina de los indios, y a cuya c o s ta ........ 125
X X X I X . —- De las huacas y enterramientos de indios, y tesoros
que en ellos hay : si los pueden sacar los espa­
ñoles, y para quién ha de ser, y si de ello viene
daño o provecho a los in d io s .............................. 128
XL. — De los asientos de minas de Potosi y de Porco ;
si conviene que los indios se echen a las minas,
y cómo se han de hacer y conservar los
asientos ............................ ..................................... 132
XLI. — De las leyes que se deben hacer para lo tocante
a las minas, socavones y despoblados de Potosí
y Porco, y otras cualesquiera m inas................ .. 138
X L II. — De la persona que ha de gobernar los asientos de
Potosí y Porco, y del cuidado que ha de tener
de la conservación de los indios ; y si conviene
que haya alcaldes en Potosí, y habiéndolos, de
qué han de conocer, y de la manera de los tratos,
y de la falta de leña, y su rem ed io.................... 156
X L III. — Si converná que se descubran más minas de plata
o oro, y descubiertas, cómo se labrarán . . . . . . . 160
XLIV. — De la coca y de su gran contratación; si es bueno
que la haya o no, y del provecho o daño que
de ella se sigue, así a indios como a españoles . 161
XLV. — De la cualidad de la coca ; adónde nace y cómo se
cultiva hasta que empieza a dar provecho, y
el beneficio que se le hace después que está
criada, y cómo se encesta y se saca, y de su
contratación ........................................................... 166
XLVI. — De las chácaras de coca, de do se pagan los tributos
en coca a los vecinos y encomenderos .............. 168
364 G o b ie r n o d e l P e r ú

X LVII. — De la coca que han puesto los vecinos y encomeii-


deros allende de la tasa, y otros, sin tener coca
de ta s a ..................................................................... 172
X L V III. — De las chácaras de coca de los « soldados » que han
comprado de vecinos, oplantádolas de nuevo . 173
X L IX . — De las chácaras de coca que tienen los caciques en
los Andes, y del gran daño que de ellas viene
a sus in d io s ............................................................. 176
L. — De las chácaras de coca de los camayos; y de su
oficio, y de los agravios que reciben algunos
de ellos ................................................................... 177
LI. — De las leyes y ordenanzas que se deben hacer para
beneficiar la coca, y del remedio para que los
indios no enfermen por suca u sa ......................... 180
LII. — De las minas de oro que hay en este Reino, y de las
ordenanzas que para ellas conviene que se
h agan ....................................................................... 190

TABLA DE LA PARTE SEGUNDA

Ca p itu lo p r im e r o — Si conviene que haya Virrey o Gobernador en


el Perú ; qué cualidades ha de tener, y cómo se
ha de haber en el gobierno...................................... 196
II. — Adonde ha de residir el Virrey o Gobernador; si
conviene que esté en el Cuzco y que tenga en su
compañía algunos Oidores, y de qué han de
conocer, y la orden que en el repartir han de
tener, y de su jurisdicción e d estrito............ .. 207
III. — Cuántas Audiencias conviene que haya en el Perú ;
adonde han de residir; cuántos Oidores en cada
una; y de su salario, y del provecho que de ellas
se sigue al R e in o ....................................................... 215
IV. — De la Audiencia de los Charcas; de quánto conviene
que resida en la ciudad de La Plata; de las leyes
y ordenanzas que para ella conviene que se hagan,
y del destrito que debe tener ................................ 216
V. — De la Audiencia de los Reyes y de su destrito y
gobierno............................................................ 245
VI. — De la Audiencia de Quito y de su destrito ; del poder
que el Presidente de ella conviene que tenga, y
de la descrición de la tierra ..................................... 246
VII. — De la Audiencia de Panamá, y cuánto convino ponerse
allí; de lo que debe hacer, y del gobierno de los
indios de aquel Reino de Tierra Firme.................. 248
T a b l a 365

VIH. — De la Audiencia de Chile; dónde ha de residir; del


poder que ha de tener el Presidente de ella, y de
la vesita y tasa de los indios de aquel Reino . . . . 253
IX. — Del castigo de los indios chiriguanaes, y de lo que se
debe hacer de los indios de los llanos y pobla­
ciones de Manso y C haves.............. 256
X. — Si conviene que haya moneda en el Perú ; y qué
moneda, y adonde han de residir las Casas de
la M oneda................................................................... 259
X I. — De la Hacienda real; quintos y derechos reales; de
dónde proceden : si de la plata que sacan los
españoles, o de la que sacan los indios; por qué
razón se deben ; de la marca real de Potosí, a dó
ha de residir, y de las leyes que cerca de ello se
deben hacer................................................................. 264
X II. — Si converná que todos se llamen vecinos; y que se
nombren Alcaldes ordinarios de todos estados, y
que los Alcaldes no conozcan de causas creminales,
habiendo Corregidor o A udiencia.......................... 270
X III. — Si conviene que haya chácaras de pancoger, y que se
conserven los indios que en ellas habitan ; y que
se hagan ingenios de azúcar, y obraxes de paños,
huertas y viñas, y que haya ganados, y quien
los guarde, y que los pastos y montes sean
comunes....................................................................... 272
XIV. — De la provincia de Chucuito, y de su gobierno ; si
converná repartirse y tasarse de nuevo; y cómo
podrán ser gratificados los españoles que han
servido a Su Magestad en esta tierra, y no están
remunerados ............................................................. 274
XV. — Si conviene abrir un puerto por esta tierra a la Mar
del Norte, y la orden que en ello se debe tener . . 278
XVI. — De la provincia de Tucumán ; pueblos que en ella
ha de haber, y lo que ha de tener por destrito y
términos de su Gobernación.................................... 288
X VII. — De la provincia de el Paraguay, que por otro nombre
llaman del Río de la Plata, y sus términos ; del
oro y plata que hay en la dicha provincia ; del mal
gobierno que en ella ha habido, y de su remedio,
y los pueblos que en ella se deben h a cer.............. 290
XVIII. — Del Ynga Tito Cuxi Yupangui que anda alzado ;
los daños que ha hecho ; de la vista que con él
hice en su tierra, y capitulaciones de paz que
con él tra té ................................................................ 294
X IX . — Del pueblo que se ha de hacer en Cochabamba, que
ha de ser entrada de los moxos, y otro que conviene
hacer en A r ic a ........................................................... 310
X X . — De las puentes, fuentes, y caminos que conviene
hacerse y repararse en esta provincia y destrito
de la Audiencia de los Charcas.............................. 311
366 G o b ie r n o d e l P e r ú

X X I. — De los españoles que andan ociosos; de los desafíos


que hacen, e injurias que de ellos nacen, y del
remedio que en ello se ha de tener para evitar
escándalos, motines y alzamientos, y leyes que
cerca de ello conviene que se hagan . .................... 312
X X II. — De la avaricia, y de los males que por ella se causan,
y en qué se conocerá a un avariento para que
no sea proveído de ningún género de oficio,
aunque sea más sabio que Platón ......................... 315
X X III. — Del gran castigo que debe haber en este Reino para
su conservación ; y de las cárceles fuertes, alcai­
des, y fiscales que en cada ciudad conviene que
haya ...................................................... .................... 320
X X IV . — De los conquistadores y antiguos pobladores de este
Reino del Perú ; y de los previlexios que deben
tener ellos, sus hixos, y sus descendientes .......... 324
X X V . — De los hixos de vecinos y moradores de este Reino ;
cómo deben de ser criados e instruidos, y de los
estudios que debe haber en el Reino, y en qué
partes ......................................................................... 327
X X V I. — De los Obispados que conviene que haya en el Perú ;
y de los derechos excesivos que se llevan por los
enterramientos y por los casamientos de indios . . 331
X X V II. — De las visitas de Audiencias; de las residencias de
los jueces, y de las recusaciones ............................ 334
X X V III. — De la manera que se ha de hacer la restitución de lo
que han llevado los conquistadores a los indios;
de las partes de Caxamarca, y de las conquistas
y poblaciones, y leyes de ellas .............................. 338
X X IX . — De los oficiales de oficios mecánicos, y si han de ser
compelidos a que usen sus oficios.......................... 348
X X X . — De los que son casados en España o en otra parte
fuera del Reino, o del destrito de la Audiencia,
y si conviene darles licencia, o compelerles a que
se vayan a hacer vida con sus m ugeres................ 348
X X X I. — De los bienes de defuntos en esta tierra; de las
leyes que para ello están hechas, y las que con­
viene añadirse............ ............................................, . 350
X X X II. — De los correos o chasquis que en este Reino conviene
que h a y a ................................ .................................. 356

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