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Picard
Picard Ch. Nouvelles observations sur diverses représentations du Héros Cavalier des Balkans. In: Revue de l'histoire des
religions, tome 150 n°1, 1956. pp. 1-26.
doi : 10.3406/rhr.1956.7141
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rhr_0035-1423_1956_num_150_1_7141
Nouvelles observations
1) Cf. par exemple, en dernier lieu, le curieux document publié par M. Dim.
Tsontchev (Rev. arch., 1054, II, p. 15-20) : Musée de Plovdiv : Sabbazios y
paraît en haut, et sur le registre inférieur, sorte de predelle, il y a un Cavalier
thrace, influencé par le type du dieu phrygien ; on voit aussi d'autres divinités,
haut et bas, et nombre de symboles, certains restés plus ou moins énigmatiques.
2) Le relief cultuel gréco-romain, conlribulion à l'histoire de Vart de l'Empire
romain, thèse de doctorat soutenue le 16 mai 1953 en Sorbonně, 1955 ;
cf. K. Schefold, Neue Zurcher Zeitung, 11 mai .1956. Le titre du livre de
E. Will est abrégé ci-après : Relief cultuel. Bibliogr. : p. 8-9.
3) Ci-dessus, n. 1.
4) Rev. Et. gr., 64, 1951, p. 404-418. L'auteur, p. 117, parle encore de « roses
répandues » pour le rite dit des Rosalia ; mais certains monuments figurés, dont
j'espère avoir à reparler, donnent la preuve irréfutable qu'on brûlait les roses,,
comme je l'ai toujours dit pour ma part, sans trouver jusqu'ici ailleurs la moindre
réfutation valable de ma première doctrine.
5) Je dois à M. Dj. Boskovic la connaissance d'une étude encore inédite
qu'il a récemment présentée, en langue serbo-croate, à l'Institut archéologique
de l'Académie des Sciences de Serbie, le 23 janvier 1956 : Sur le type du Cavalier
thrace de Ruljesovce, d'après un document nouveau. D'autre part, Mme Todorovié-
Vučkovič m'a remis aimablement à Belgrade les photographies d'un relief inédit
exhumé dans ses fouilles de Macédoine Nord ; c'est la stèle funéraire d'un P. iElius
P. fil. Posidonianus, qui n'a vécu que neuf ans, huit mois, huit jours. En tête de
l'inscription, il y a l'image du Cavalier, galopant vers la droite. Partout, les témoins
d'un culte jadis étonnamment prospère se multiplient actuellement encore, de la
Grèce à la Macédoine et de là, jusqu'au Danube.
SUR DIVERSES REPRESENTATIONS DU HEROS CAVALIER d
1) Cf., par exemple, celles de F. Gumont, pour les Monuments de Mithra (fin
du t. I), celles de D. Tudor, pour les Cavaliers danubiens (p. 199) ; celles qu'a
constituées, si utilement, aussi, M. Bengt Hemberg pour les Cabires : Die Kabiren,
Uppsala, 1950. J'en ai parlé ici même (Rev. Hist, relig., 142. oct.-déc. 1952,
p. 219-229).
2) En 1927, M. H. Seyrig pouvait opiner de la façon suivante : « II n'y a pas
de Cavalier thrace qu'on puisse faire remonter sûrement avant notre ère ».
M. E. Will, Relief cultuel, p. 57 sqq., s'arrête aux « antécédents hellénistiques ».
.
1) Ch. Picard, CRAI, 1914, p. 295; BCH, 45, 1921, p. 139, 141 ; Monum.
Piot, 38, 1941, p. 55-92 ; Studia anliqua : Mél. Ant. Salatch, p. 156 sqq. (à propos
du thème de la Chasse au lièvre).
2) Larissa am Hermos : Die Ergebnisse..., 1902-1904, II, frise 5, fisr. 15 et
pi. 15.
3) BCH, 37, 1913, p. 340 sqq. (Th. Macridy-Bey).
4) En tête de décret de Mosyna (Phrygie), trouvé et publié par W. Ramsay ;
cf. F. Chapouthier, Les Dioscures au service d'une déesse, 1935, p. 74 sqq., n° 67 ;
monnaie d'Ëphèse (Caracalla), ibid., p. 75, n° 68. L'en-tête de décret de Mosyna
n'a pas été correctement transcrit ni lu, semble-t-il. Il semble qu'on puisse déchif
freraux lignes 1-2 : 'O Sîjjjloç ó Mo[ouvéwv xat oi èx. tîjç сиухХтргои, ■ etc.
La figurine représentée près du point de départ de l'inscription, à gauche, est
le haut d'un petit hermès, comme on en rencontre aussi ailleurs.
6 REVUE DE L HISTOIRE DES RELIGIONS»
1) II arrive d'ailleurs qu'il y ait eu deux Héros Cavaliers sur une même stèle
consacrée à un seul personnage. C'est le cas, p. ex., sur la stèle funéraire de
Dizalas (G. Mendel, Cat. sculpt. Constantinople, III," 1914," n° 1049),' où l'image
du génie protecteur du mort est répétée deux fois, intentionnellement, de chaque
côté du cartouche.inscrit de la stèle.
2) Studia antiqua Antonio Salač septugenario oblata = Studie zantiky Antonínu
Salačovi К. Sedmdesátinám, Prague, 1955, p. 166-169 et pi. 15.
3) Elle a passé par la Collection W. Frôhner (Inscr. gr. du Louvre, n° 194) ;
c'est Cousinéry qui l'avait achetée au xviii* siècle, et qui l'avait fait entrer dans
la Collection Choiseul, en France.
4) Les Dioscures au service ďune déesse, p. 285, flg. 55. La figure 55 (dessin
au trait) est non seulement « assez sommaire », ce qu'on peut accorder à
M. P. Devambez, mais inexacte et inutilisable. On se reportera à la photo donnée
dans les Studia... Salač, pl. 15, qui, seule, peut faire autorité. Le « dessin » passé
dans la thèse de F. Chapouthier a oublié, en bas de l'arbre, le sanglier dont la hure
seule est visible, et qui se trouvait nez à nez avec le chien. Il y a d'autres fan
taisies, plus ou moins graves, r de la transcription:
SUR DIVERSES REPRÉSENTATIONS DU HÉROS CAVALIER 7
p. 199
1) W.
sqq.Baege,
; cf. aussi
DeJ.Macedoniím
Babelon, Mél.
sacris,
Ch. Dissert,
Picard, Rev.
phil. arch.,
Halenses,
1948, 22,
I, p.1,24 1913,
sqq.
2) Sûrement pas « tel qu'on le voyait aussi se dresser sur l'Acropole, jailli
ssantdu rocher au Nord du Parthenon », comme on nous dit. Ce qu'il y avait à
l'Acropole dut être une statue complète (Pausanias. I, 24, 3) implorant Zeus pour
qu'il fît pleuvoir l'eau du ciel en une période de sécheresse calamiteuse. Sur la
question, contre Heydemann et Furtwângler, cf. l'éd. Hitzig-BIumner, I, p. 268,
ad S. 55.5. (Seule l'inscription, à 9 mètres du N. de la 7e colonne Nord du
Parthenon, est sûre.)
8 REVUE DE L'HISTOIRE DES RELIGIONS
1) Alors que les Grecs n'ont relativement pas abusé de l'image divine, sans
pourtant s'en abstenir — quoiqu'on veuille encore dire (cf. pour l'Attique clas
sique, K. Friis Johansen. The allie grave-reliefs, 1951, où tout n'est pas convainc
ant, à mon sens) — il semblerait que le nombre des divinités invoquées eût aug
menté à partir de l'époque hellénistique, particulièrement. Ceci ne pourrait être
•
1) Le sanglier, dont on ne voit que l'avant, figure encore sur la stèle funé
raire de Gamos, de Salonique (Mus. Istanbul : G. Mendel, Calai. Sculpt., Ill,
n° 1047). Au même Musée, la stèle 1046, de provenance certainement rouméliote,
montre aussi le sanglier apparaissant à moitié derrière l'arbre ; de même sur la
stèle de Proclos (Istanbul : G. Mendel, Catal. Sculpt., Ill, 968) apportée de
Salonique, le sanglier paraît caché derrière l'autel. Autres exemples dans le
Bec. G. I. Kazarow. — On a parfois d'ailleurs l'impression que le serpent menaçait
la- tête du cheval ; cf. la stèle de Gaios Cousonios Crispos, de Salonique, Mus.
Istanbul : G. Mendel, Calai., III, 966, où il n'y a pas de sanglier au bas de
l'arbre et près de l'autel. Comme le Héros chasseur fait le geste dit de la bene-
dictio, avec trois doigts levés (G. Mendel pensait à tort qu'il brandissait un javelot
muni d'une áyxúXy] : contra, H. Seyrig, Bull. corr. hellén., 51, 1927, p. 202 sqq.),
on ne peut guère croire à l'agressivité du reptile enroulé à l'arbre et dont le Cavalier
bénisseur ne paraît guère, en fait, redouter l'attaque : il ne le regarde même pas !
Que penser d'ailleurs au juste du rôle du serpent sur ces stèles macédoniennes ?
N'est-il pas là comme guérisseur ? Dans un traité pour le moins aventureux,
P. Diel voulait, en 1950, qu'il eût représenté partout le symbole mythique et le
principe du mal. Il eût été bien difficile de le prouver avec les faits collectés en
Grèce. Il faut signaler toutefois ici la scène toujours énigmatique du relief de la
Glyptothèque Ny Carlsberg, à Copenhague, que G. Lippold, Studies... D. M. Robin-
son, I, 1951, p. 648-654 (Heilende Schlange) proposait de rapporter à Thasos, et
dont on n'a pas encore percé le mystère ; cf. encore Ulrich Hausmann, Kunst
und Heiltum, Unters. zu den griechischen Asklepiosreliefs, 1948, fig. 3 : l'arbre
au serpent enroulé est au centre, entre la civière du malade (?) et les menaçants
lithoboles : on échappe difficilement à l'impression que l'arbre des stèles, avec
son serpent, est un essentiel élément sacré, le symbole divin végétal, dont on
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1) Ci-dessus, p. 5.
2) Cf., p. ex., ci-dessus, p. 5, pour l'en-tête de décret de Mosyna (Phrygie) ;
d'autre part, sur la série barbare, assez informe, des Kakasbos, cavaliers à la
massue en Anatolie : L. Robert, Hellenica, III, 1946, p. 37-73; H. Metzgeb, .
Calai, des monum. votifs du Musée ďAdalia, 1952. Cette imagerie se retrouve,
sur des monnaies lyciennes, où le -serpent de l'arbre était parfois, . notons-le,
piétiné par le cheval du personnage invoqué.
3) Cf. en dernier lieu : F. Benoît, L'héroïsation équestre, 1954, p. 49 sqq. ;
cf. aussi déjà Marcel Launey, Recherches sur les armées hellénistiques, 1949-
1950. Sur une stèle de Théadelphie, datée de 67 av. J.-C, le serpent figure der
rière le Héros Cavalier, qui lui présente la phiale en se retournant. L'iconographie
est changée sur certains tableaux de bois du Fayoum ; on voit là à l'occasion le
Cavalier accompagné d'un esclave nègre, et faisant l'offrande à l'aide d'une
phiale sur un autel bas ; il est aussi escorté là d'un autre dieu, brandissant la
bipenne et tenant une • lance la . pointe en bas. Curieuses sont les tablettes
de Sais/ terres cuites où le protagoniste est un Cavalier au galop dont la mon-
sture foule aux pieds un personnage accroupi, qui, de ses épaules, soutient les •
abots du cheval du Héros (cf. le Cavalier occidental piétinant l'Anguipède).'
4) Quelques exceptions se situent plus au Sud : cf. par exemple, W. Lameere,
BCH, 63, 1939, p. 256-274 : stèle de Phères, au Musée de Volo ; les sarcophages
conservés à l'Odéon romain de Patras.
SUR DIVERSES REPRÉSENTATIONS DU HÉROS CAVALIER 19
p< 2,198
p. 1) n.Cf.
sqq.,
4. les avec
étudeslesde réserves
H. S eyrig,-
de M:Quatre
G. Michailov,
cultes, Bull,
REG,
corresp.
62, .1951
hellén.,b\,
; ci-dessus,
1927,
1) Cf. A. Bruhl, Rev. arch., 1932, II, p. 35 sqq. [Arch. Anz., D, 1912, p. 4561
flg. 50). On remarquera les grottes, sous le pied des deux arbres, animées de pré
sences divines. Plaque sabbaziaste de Copenhague, E. Will, Relief cultuel, p. 300,
pi. 3.
2) P. Lambrechts, Contribution à l'étude des divinités celtiques, 1947 (Uni
versité de Gand, Publ. Fac. des Lettres, fasc. 93, 1942). Le Sanglier de Calydon
débouche de YHadesmundung . Sur un sarcophage du Musée de Syracuse, on le
voit foncer, énorme, hors de la caverne infernale (cf. aussi un sarcophage, à l'Odéon
romain de Patras). D'autre part, sur un relief thrace (G. Kazarow, Recueil, n° 414,
flg. 231), l'animal n'est plus figuré, symboliquement, que par une tête coupée,
indication du caractère allégorique de la Chasse « infernale ». Inutile de rappeler
ici les études de L. Malten, de H. Jeanmaire, sur le caractère funéraire du Cheval,
porteur des défunts pour le dernier voyage, familier des stèles funéraires : le fait
que sur les stèles balkaniques (et à Thasos), il pose à l'occasion le pied sur un
petit autel, sur un tertre, est significatif (cf. déjà les lionnes de la Porte de Mycènes,
les bouquetins de la pyxis d'ivoire de Ras-Shamra-Ougarit).