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Bulletin de la Société

préhistorique de France

La tortue totem

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La tortue totem. In: Bulletin de la Société préhistorique de France, tome 7, n°3, 1910. pp. 140-141;

doi : https://doi.org/10.3406/bspf.1910.11738

https://www.persee.fr/doc/bspf_0249-7638_1910_num_7_3_11738

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И. — NOTES ORIGINALES.

La Tortue totem.

M. le Dr Jullien. — Dans l'église de Cognac, il existe un


Zodiaque, dans lequel YEcrevisse est remplacé par une Tortue
certainement Totem {Faunepop.de France, àe Rolland, 1881).

M. le Dr E. Gobert. — J'ai recueilli, chez les Indigènes du


S.-O. Tunisien, des Tatouages représentant la Tortue, accouplés à
l'emblème, si répandu, du Palmier, dont l'extrême antiquité est
connue. — M. le Dr Bertholon a rassembla d'autre part quelques
exemples d'un Culte, persistant, pour la Tortue, en Tunisie. _

M. Marcel Hébert. — Je crois qu'il faut s'élever contre l'usage;


un peu abusif, que l'on fait en ce moment, du mot Totem. Animal
sacré et animal totem, ce n'est pas la même chose, quoi qu'en
pense M. Salomon Reinach. — II est habituellement fort difficile de
prouver le. vrai Totémisme.

M. Marcel Baudouin. — Je viens de retrouver, dans des boues


non encore examinées, sortant du Puits funéraire du Vieux Brem
(Bretignolles), fouillé en 1909 : a) quatre nouvelles plaques
costales ; b) le second Hyoplastron de l'animal déjà signalé ; c) et une
pièce médiane. — II est donc certain que l'animal était entier
dans ce puits, comme je l'avais annoncé.
Encore un fait à signaler. Mme Ida Pfeiffer, la célèbre
voyageuse, au cours d'une visite au temple de Java, y vit une grande
Tortue entièrement blanche, apprivoisée par les prêtres; c'était
Vldole. — Les indigènes lui témoignaient le plus profond respect,
A noter enfin que le dieu hindou Vichnou s'est changé en tortue
pour soutenir, par sa carapace, le monde qui allait s'abîmer dans
■.le Grand-Océan, sur lequel, selon les Hindous, il flotte (1).

Evidemment, il ne faut pas exagérer le rôle de l'animal


Totem. Mais, cependant, même en France, il y a des choses qui'
ne peuvent guère s'expliquer autrement. — En voici un
exemple. Chez nous, il ne faut ni tuer ni manger - l'Hirondelle ;
c'est Y Oiseau porte-bonheur, l'Oiseau fétiche, YOiseau du Bon
Dieu ! Pourquoi cette défense, qui ne s'explique pas, de l'avis de
tous les chasseurs, et qui ne rime à rien ? Pour moi, cela doit
remonter très loin dans le Folklore ! — Pourquoi, en Russie,

(1) A. Landrin. — Les Monstres Marins, Paris, Hachette, 1877, p. 100.


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est-il défendu de tuer des Pigeons P Récemment, à une chasse
dans l'ouest, un bourgeois russe tuait par mégarde un pigeon ;
il s'écria : « Grand Dieu, j'ai tué le Saint-Esprit! » J'avais envie
de répondre : « Grand Dieu, il en reste encore! » Serait-ce
parce qu'un Pigeon ressemble à une Colombe, qu'il est le Saint-
Esprit? Evidemment non. Mais il est probable que le Pigeon,
ainsi que la Colombe, avant le Christianisme, ont dû être jadis, en
Orient, des Oiseaux Totems, comme l'Hirondelle dans l'Occident.
Je ne crois pas, en effet, qu'on ait jamais adoré l'Hirondelle ou
le Pigeon ; par conséquent, ce ne sont pas des Oiseaux Sacrés.
Il est bien probable, d'ailleurs, que, pour la Colombe, c'est
V Oiseau-totem, qui a précédé Y Oiseau sacré.

A propos dee Fauteuils d'observation.


Le Alot Gbiron.

M. L. Jacquot (de Grenoble), à propos des Fauteuils-rocs,


rappelle celui de Perrignier (n° XVII de son Inventaire du Cha-
blais), voisin d'une Roche à cupules et d'un Rocher fixe à cupules.
C'est, pour lui, une Vigie d'observation. — Quant aux cupules,
mêlées ici à des lignes très minces, il n'avance rie a. — La
figuration stellaire lui parait la plus plausible (1).

Mr Arthur Cousset (d'Etaules, Charente-Inférieure). — En


recherchant dans les mots et les expressions du patois de la Sain-
tonge et de la Vendée, et en examinant aussi la prononciation,
je pense que le mot Chiron vient de Cheil rond (Chef-rond).
Voici sur quelles remarques j'appuie, mon observation. Pour,
désigner les roches non calcaires, nos paysans se servent de deux
mots, qui ont chacun leur sens propre : Caillou et Chail. Le mot
Caillou s'applique plutôt à une matière siliceuse, coupante^ se
débitant en longs éclats, telle que le silex. Le mot Chail est
réservé pour une autre roche dure, à cassure brève, de diverses
couleurs. Il y a des chails tout petits, gros comme des pois; on
en trouve même d'isolés dans les terrains calcaires ; mais il en
existe d'autres en gros blocs, même de véritables roches. Tous ont
une forme plus ou moins ronde. Or, ce qui se prononce Chail

(1) Dans nos pays, le mot chiron, chironné, indique le ver qui ronge le bois, le'
bois troué par les vers : chiron, l'animal qui fait des trous (trous profonds... et
destructeurs). — En Provence, dit M. Guébhard, lé Caïroun est aussi le ver qui
pique tous les deux ans les olives. Mais le Caire (prononcez Caïre) est un gros
caillou, un bloc de pierre. Le nom revient souvent comme lieu-dit. Le Cheiron
est le nom propre de la plus haute montagne des Préalpes Maritimes.

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