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LES CAHIERS D'ASTELLE

Articles scientifiques et techniques sur la biologie et les soins des arbres

N° 001
JANVIER 2019

PHACIDIUM CONIFERARUM
et la rupture de charpentière chez le cèdre
Avec participation financière de la mairie de Bordeaux

© William MOORE, janvier 2016. Tous droits réservés.


PHACIDIUM CONIFERARUM ET LA RUPTURE DE CHARPENTIÈRE CHEZ LE CÈDRE

SOMMAIRE

INTRODUCTION ................................................................... 2
MATÉRIEL ET MÉTHODES ................................................................... 2
LE CÈDRE ET P. CONIFERARUM ................................................................... 3
ÉTUDES DE CAS ................................................................. 15
DISCUSSION ................................................................. 25
RÉFÉRENCES ................................................................. 29

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PHACIDIUM CONIFERARUM ET LA RUPTURE DE CHARPENTIÈRE CHEZ LE CÈDRE

PHACIDIUM CONIFERARUM
ET LA RUPTURE DE CHARPENTIÈRE
CHEZ LE CÈDRE

cèdre, en particulier face au réchauffement clima-


tique, ainsi que l’anatomie de son bois et de son
écorce. Cette étude reprend dans un premier temps
les connaissances relatives à P. coniferarum à travers
la littérature scientifique, puis établi une description
de la réaction du cèdre à ce pathogène, à ce jour
non documentée. Enfin, suite aux observations ré-
alisées sur des parties de cèdre brisées présentant
des infections par P. coniferarum , les implications
relatives à la gestion et à la sécurité des arbres sont
discutées.

MATÉRIEL ET MÉTHODES
William MOORE 4 charpentières brisées et 1 tronc brisé de 5 cèdres
Fondateur de l'Atelier de l'Arbre individuels ont été examinés. Des dissections trans-
Ingénieur Forestier UCNW (Pays de Galles) versales et longitudinales ont été réalisées à l’aide
d’une tronçonneuse.
INTRODUCTION Les échantillons ont été rafraichis à l’aide de scies et
Depuis plusieurs années, nous avons constaté des de scalpels, ou poncés.
chancres annuels sur des cèdres : cèdre du Liban, Des observations ont été réalisées :
Cedrus libani ; cèdre de l’Atlas, C. atlantica et parfois
chez le cèdre du Himalaya, C. deodara. Nous consta- • À l’œil nu.
tons des lésions corticales annuelles, sur charpen- • À l’aide de loupe binoculaire.
tières et sur troncs, d’arbres jeunes aux arbres très •• À l’aide de microscope avec préparation
âgés. des lamelles du bois au microtome puis
coloration avec de la safranine pour la
Des analyses en laboratoire ont permis d’identifier mise en valeur de la lignine et Astra Blue
la présence du champignon ascomycète Phacidium pour la mise en valeur de la cellulose.
coniferarum (G.G. Hahn), synonyme Phomopsis
pseudotsugae (Wilson), à plusieurs reprises. Il s’agit Des échantillons de lésions corticales ont été en-
d’un pathogène qui infect l’écorce sans provoquer de voyés en laboratoire pour identification de patho-
pourriture des parois cellulaires du bois. Aussi, suite gène.
aux observations macroscopiques et microscopiques,
pour les arbres chroniquement infectés, nous nous
formulons l’hypothèse que les lésions soient à l’ori-
gine d’un affaiblissement mécanique pouvant mener
dans certains cas à la rupture de charpentières.
La chute de charpentière de cèdre devient de plus
en plus fréquente et représente une source de pro-
blèmes pour le gestionnaire de l’arbre d’agrément.
Dans cet article nous explorons l’autécologie du

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LE CÈDRE ET P. CONIFERARUM synthétiser et à croître pour des niveaux de séche-


resse assez prononcés. Ceci expliquerait les dessè-
LE CÈDRE DEVANT LE RÉCHAUFFEMENT CLIMATIQUE chements de cîme observés et la mortalité subite
d’individus parfois vigoureux, en l’absence d’agent
Un dépérissement préoccupant des cèdres est biotique responsable. La tolérance du cèdre à la
constaté de façon générale en Afrique du Nord, pays sécheresse réside essentiellement dans sa capacité
d’origine de C. atlantica. La mort de grandes éten- à puiser l’eau en profondeur via son système raci-
dues de forets représente un problème majeur pour naire. Le cèdre peut réagir à la sécheresse en inter-
la sylviculture et les écosystèmes associés. Un dépé- rompant sa croissance en longueur, ou en diminuant
rissement généralisé du cèdre est également observé la taille de ses aiguilles et donc son évapotranspira-
sur les plaines en France et pose problème pour le tion. Comme chez d’autres espèces (pin sylvestre,
propriétaire et le gestionnaire du patrimoine arboré. épicéa commun), la sécheresse peut donner lieu à
Salima Beloula, en 2010, a étudié le dépérissement des nécroses cambiales qui provoquent des écou-
des cèdre en Afrique du Nord dans son mémoire : lements de résine le long du tronc. Elles peuvent
«Étude sur le dépérissement du cèdre de l’Atlas dans ensuite cicatriser. »
le parc National de Belezma». Le changement clima-
tique est probablement responsable des problèmes PHACIDIUM CONIFERARUM
rencontrés par le cèdre, baisse des précipitations,
Le champignon Phacidium coniferarum a été décrit
précipitations erratiques, moins de neige, périodes
pour la première fois en 1920 et 1928 par Wil-
très chaudes. Il écrit en conclusions :
son,1928. Il est reconnu dans l’hémisphère du Nord
« Quelle que soit la cause exacte du dépérissement et en Nouvel Zélande pour les infections occasion-
du cèdre, elle serait liée à l’alimentation en eau de nées dans les jeunes plantations de conifères de
l’arbre. Le phénomène du dépérissement massif sapin de Douglas, pins, mélèze et épicéas, ou il pro-
intervenu dans les cédraies de Belezma semble être voque des lésions corticales ou « chancres en écus-
provoquer par : son » sur les jeunes rameaux. Il s’agit d’un chancre
annuel (cycle d’un an). Le champignon réalise les
• Des facteurs prédisposant considérés infections du liber via des blessures fraîches, des
comme « facteur déclenchant », il plaies de taille fraiche, ou via la ride de l’écorce à
s’agit de la sécheresse prolongée. la base des branches vivantes par pénétration direct
• Des facteurs aggravants, là on signale la du périderme, Uotila, 1990. Bien que le bois ne
faiblesse des arbres suivis d’une perturbation soit pas dégradé, il peut obtenir des nutriments pro-
physiologique (pertes des aiguilles), et le venant du cytoplasme des cellules de parenchyme
milieu devient favorable à l’installation dans l’aubier, provoquant ainsi le bleuissement de
d’insectes xylophages et des champignons » l’aubier infecté, Lagerberg et al, 1927.
Corbet et al (2012), dans l’article « Le cèdre en À notre connaissance il n’y a pas d’étude scientifique
France face au changement climatique », nous entre la relation de P. coniferarum et le cèdre ; de
éclaire ce qui concerne l’autécologie et de la physio- plus, dans les références citées dans cet article, le
logie du C. atlantica : genre Cedrus et très peu mentionné.
« Tolérant à la sécheresse malgré des besoins en eau
assez importants. Les stations où le cèdre est bien P. CONIFERARUM, AGENT PATHOGÈNE DE FAIBLESSE
installé reçoivent en moyenne entre 800 et 1 500 Il est bien connu que des stress hydriques prédis-
mm de précipitations annuelles, aussi bien dans posent les arbres au chancres corticaux, voir par
l’aire d’origine qu’en France. Exceptionnellement, exemple Desprez-Loustau et al, 2006, auteurs d’une
il peut donner de bons résultats avec des pluviomé- revue qui synthétise les connaissances sur les in-
tries plus faibles, s’il y a compensation édaphique. teractions entre sécheresses et maladies chez les
Le cèdre, contrairement aux pins, n'économise pas arbres forestiers, par exemple Sphaerospsis sapinea
l’eau : la régulation stomatique de sa transpiration Heterobasiodion annosum, Botryosphaeria dothidea.
est plutôt moyenne. Il continue en effet à photo- Beaucoup de ces agents pathogènes sont toujours

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présents dans une forme latente chez leurs hôtes et Lonsdale, (1994), suggère que la distribution de P.
se manifeste en forme de pathogène suite aux stress coniferarum serait influencée par le changement
hydriques. Tel est le cas avec le P. coniferarum chez climatique : van Voltenn (1952), démontre que la
le mélèze, le champignon est présent dans l’écorce longueur des lésions associées aux infections délibé-
des arbres sains, communication personnelle, D. rés de Larix kaempferi de 13 ans à Wageningen, Pays
Rose, Forest pathology, Forestry Commission Grande bas, varie en fonction du mois d’infection, Fig. 1. La
Bretagne, résultats non publiés. longueur des lésions est corrélée avec le temps res-
tant jusqu'à à la reprise cambiale, moment où les dé-
Wainhouse et al, 1997, étudiaient les réactions
fenses des arbres redeviennent actives et bloquent le
dynamiques du liber chez des jeunes plantations
mouvement du champignon. Avec le réchauffement
de Picea sitchensis et de Picea abies de 19 à 34 cm
climatique, la maladie aurait tendance de s'étaler de
de diamètre à 1,3 m du sol, face aux blessures non
plus en plus vers le nord, ou habituellement les hi-
inoculées et aux blessures inoculées avec P. conife-
vers très froids (<0C°), empêcherait les infections.
rarum à 0 cm, 25 cm, 100 cm et 200 cm du sol. W
et al. ont étudié les réactions dynamiques du liber Fig. 1.
chez P. sitchensis et P. abies en réaction à l’inocula-
tion de P. coniferarum sur des blessures situées sur
le tronc de 0 à 200 cm du sol. Il en résulte que la
concentration de lignine et des cellules pierreuses
dans le liber (Fig. 22) varient le long du tronc :
plus concentré en bas et moins concentré en haut.
La lignine et les cellules pierreuses procurent une
meilleure résistance au P. coniferarum. D’autre part
: les écoulements de résine sont beaucoup plus forts
chez les arbres inoculés que dans le groupe témoin
; les écoulements de résine sont plus forts en bas du
tronc que plus haut. La présence de P. coniferarum
stimule les réactions de défense chez ces essences et
il y a une résistance spatiale au P. coniferarum plus
fort dans le bas les troncs.
Une particularité de ce pathogène est sa capacité à
croitre dans le liber à des températures basses, entre
0 et 7 °C, lorsque les tissus de l’arbre sont incapables
de réagir, (d’ou le nom Americain « Snow Blight
»). Pour cette raison, il est recommandé de ne pas
tailler des jeunes plantations pendant la période
hivernale, Uotila, 1990. La température optimale de
croissance du mycélium est de 18 à 22 °C.
Dans une expérience réalisée par Hartmann, 1976,
sur des plants de Pseutotsuga menziessii sapin de
Douglas âgées de 2 ans. En dessous de 10 °C, le
champignon évolue à la même vitesse dans les
plantes soumises à un stress hydrique que chez les
arbres témoignes témoins (plantes arrosées norma-
lement). Au delà de 10 °C, les réactions de défense
compartimente le mycélium dans le liber chez les
témoins, mais chez les plantes sous stress hydrique
le mycélium est encore capable de croitre. L'auteur
considère les sécheresses comme facteur prédispo-
sant les arbres à ce pathogène.

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LE BOIS ET L’ÉCORCE DU CÈDRE Fig. 2 : Section transversale d’une jeune tige de


C.deodora.
LA JEUNE TIGE
La Fig.2 montre une section transversale d’une tige
de C. deodora âgé de 3 ans.
Dans les jeunes rameaux, la présence de canaux
résinifères dans le cortex est visible à l’œil nu (CR).
Nous notons l’absence de canaux résinifères dans
l'aubier.
Nous notons aussi la présence de bois de compres-
sion (BC) dans cet échantillon, bois plus lignifié et
plus foncé en couleur. Typique des portions de tronc
et de charpentière chez les gymnospermes.
BC
La Fig. 3 montre le détail de l’écorce et de canal
résinifère. La résine a pour rôle la défense et la pro-
tection : antifongique, insecticide, colmatage.

CR

Fig. 3 : Détails.

Première périderme
Cortex

Canal résinifère

Liber

Cambium

Aubier

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Fig. 4 : C. deodora. Plan transversal x 200. Avec référence aux Figs. 4 et 5.


Les cèdres possèdent un bois relativement simple
composés de trachéides (T) et de rayons (R).
Les trachéides dans le bois initial (BI) varient de 25
à 35 microns de diamètre. Les parois des trachéides
sont épaissies dans le bois final (BF) par l’ajout de la
lignine.
Les rayons sont composés d’une seule couche de
parenchyme radial (rayons unisériés). Nous notons
BF que les parois des cellules de parenchyme sont peu
lignifiées (coloration bleu).
BI Nous notons l’absence de parenchyme axial et de
canaux résinifères.

R
T

Fig. 5 : C. deodora. Plan tangentiel x 200.

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LA TIGE ÂGÉE
Avec référence à la Fig. 6, section transversale d’une
Fig. 6 : Section transversale d’une charpentière. charpentière horizontale :

• Dans les troncs et les branches plus


âgés, un rhytidome (R) est formé
par la formation consécutive des
péridermes secondaires dans le liber.
• L’ancien aubier est transformé en duramen (D).
• Il y a croissance accrue sur le côté compression
suite à la mise en place de bois de réaction (bois
de compression (BC) chez gymnospermes).
La moelle est donc considérablement
excentrée et la croissance du côté tension est
très réduite par rapport du côté inférieur.
Dans les tiges âgées, le liber contient toujours des
canaux résinifères.
D

BC

FORMATION DES CANAUX RÉSINIFÈRES TRAUMATIQUES


Des canaux résinifères traumatiques sont formés suite à la division cellulaire du cambium lorsqu’il est stimulé
par blessures ou attaques par des agents pathogènes. Les canaux résinifères, en forme de bande circonféren-
tielle dans le bois, constituent une zone de barrage conforme à la paroi 4 du model de CODIT, Shigo et al,
1977. Les canaux résinifères sont entourés par un manchon de cellules épithéliales qui excrète de la résine dans
les canaux. La résine est sous pression dans les canaux. Le positionnement de la zone de barrage dans la cerne
nous indique la période phénologique du traumatisme.
Les Figs.7 et 8 montre des canaux résinifères axiaux et radiaux dans des zones de barrage du C. deodora. La
zone de barrage est en début de cerne, le traumatisme à eu lieu soit pendant la période dormant, soit au début
de la période de croissance radiale.
Bien que les canaux résinifères jouent un rôle important dans la protection et la défense, ils constituent un af-
faiblissement mécanique car ils présentent une discontinuité dans le bois. L’espace normalement prise par les
trachéides est occupé par des canaux résinifères et du parenchyme.

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Fig. 7 : C. deodora. Plan transversal x 100. Fig. 8 : C. deodora. Plan tangentiel x 200.

C C

SYMPTÔMES VISUELS ET COMPARTIMENTATION DU P. CONIFERARUM CHEZ LE CÈDRE

Fig. 9 : Écoulement de résine Le premier symptôme d’infection par P. coniferarum


consiste en des écoulements de résine entre les
plaques du rhytidome, Fig. 9.

Fig. 10 : Liber nécrosé Lorsque le rhytidome est enlevé à l’aide d’un cou-
teau, il apparaisse une zone ou le liber est marron
foncé. Il s’agit du liber tué par le P. coniferarum.
Figs. 10 et 11.

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Fig. 11 : Flèche blanche, liber sain. Flèche jaune, liber nécrosé.

Suite à la mort du cambium et la poursuite de la croissance radiale, la nécrose est mise en évidence et est re-
couvert de la résine. Le bois néoformé commence à recouvrir la zone nécrosée. Fig. 12 et 13.

Fig. 12 : Lésions et écoulement de résine. Fig. 13 : Démarrage de fermeture de lésion récente

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Fig. 14 : Lésion provoquée par P. coniferarum sur jeune tige À terme les bourrelets de recouvrement ferment
les lésions.
La Fig.14 montre une lésion de quelques centi-
mètres sur une tige de petit diamètre.
La Fig.15 montre 7 lésions sur une grosse char-
pentière. Deux des lésions sont assez longues,
flèches jaunes.

Fig. 15 : Lésion provoquée par P. coniferarum sur grosse charpentière

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Fig. 16 : Charpente chroniquement infectée.

Fig. 17 : Écoulements de résine sur tronc Les Figs 16 et 17 montre deux arbres chroni-
quement infectés par le P. coniferarum :
Fig. 16, charpente avec des lésions à diffèrent
stades de fermeture accompagnés d’écoule-
ments de résine
Fig.17, écoulements de résine abondants sur
tronc.

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Les Figs. 18 et 19 montre un C. deodara au château de Villevèque, près d’Angers. Cet arbre présente des in-
fections chroniques par le P. coniferarum depuis plus de 30 ans. Les flèches jaunes indiquent les endroits où il
reste encore un cambium vivant. L’aubier est en voie de dégradation par des champignons lignivores introduits,
éventuellement, via les lésions causées par le P. coniferarum. La flèche rouge montre des lésions sur une char-
pentière.

Fig. 18 Fig. 19

La Fig.20 montre une dissection avec face transversale d’un C. atlantica qui présente une lésion corticale provo-
quée par P. coniferarum en voie de fermeture (LC, et 2 lésions fermées (LF). La lésion ouverte (LO) et la lésion
fermée indiquée par la flèche jaune ont eu lieu la même année.

• Le bois en dessous les lésions est transformé en bois coloré (BC).


• Il y a 2 zones de barrage étendues formées suite aux infection (ZB1 et ZB2).
Nous notons également l’apparition de microfissure (MF), dans le bourrelet du haut suite à l’effet de « corne de
bouc » du bourrelet.
La Fig. 21 montre une dissection longitudinale d’une charpentière de C. atlantica avec lésion (L) provoquée par
le P. coniferarum. La flèche blanche indique la zone de barrage formée suite à l’infection. Les flèches bleues in-
diquent des zones de barrages formées suite aux infection antérieures.
Les zones de barrages sont très étendues à la fois dans le sens circonférentielle et longitudinale.

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Fig. 20 : Dissection de C. atlantica, infecté par P. coniferarum.

LF ZB2

BC
MF
BC
LO
ZB1
BC

ZB2

Fig. 21 : Dissection longitudinale de C. atlantica, infecté par P. coniferarum.

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Fig. 22 : Section transversale, C. atlantica, lésion P. coniferarum fermée (flèches jaunes : cellules pier-
reuses dnas le liber).

Fig. 23 : Section transversale, C. atlantica, lésion P. coniferarum fermée.

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Les Figs. 22 et 23 montrent des lésions de P. coniferarum fermées par les bourrelets de recouvrement. Les
flèches blanches indiquent les zones de barrage formées suite à l’infection. Les flèches rouges indiquent les fis-
sures et leur propagation suite aux effets de « corne du bouc » des bourrelets.
La flèche verte en Fig.23 montre une zone de barrage formée suite à la pénétration de la zone cambial par la
fissure.
En Fig.22 les flèches bleues montrent 6 zones de barrage formées soit par des infections par le P. coniferarum,
soit par stimulation cambiale suite à l’évolution des fissures à travers le cambium.

ÉTUDES DE CAS

ÉTUDE NO. 1
Au parc Rivière, Bordeaux le 20/07/2009, à 14h30, par beau temps, une grosse charpentière d’environ 40cm
de diamètre et plusieurs mètres en longueur s’arrache au point d’ancrage et tombe à proximité des jeux d’en-
fants situés à quelques mètres de l’arbre, flèche blanche en Fig. 24. La charpente présente des lésions longitu-
dinales avec des écoulements de résine, symptomatiques de P. coniferarum (il n’y a pas eu d’analyse en labo-
ratoire), les flèches bleues en Fig.24 montrent quelques exemples. La couronne de l’arbre est très claire, il ne
retient pas les aiguilles, symptôme de stress hydrique aigue.
La chute de la charpentière a été attribué à l’époque au passage de tempêtes qui aurait contribué à la fissura-
tion progressive de la charpentière, et éventuellement les effets de chute estivale de branche.

Fig. 24 : Flèche blanche : point de rupture. Flèches bleues, exemples des lésions, type P. coniferarum.

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Fig. 25 : Section transversale de la charpentière tombée prise en proximité du


point de rupture

Fig. 26 La Fig.25 montre une section transversale de la


charpentière prise à quelques centimètres au des-
sus du point de rupture. Des dizaines de zones
de barrage sont visibles à cause des écoulements
de résine issues des canaux résinifères (la flèche
blanche montre un exemple). Les flèches bleues
montrent des fissures radiales. Ces fissures pré-
sentes avant la rupture de la charpentière ont
progressé de l’intérieur vers l’écorce, comme indi-
qué par le petit bourrelet illustré en Fig.26.

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Fig. 27 : Cèdre du Liban. EC.153 ÉTUDE NO. 2


Le 04/06/2013, au Parc Rivière, Bordeaux, une grosse
charpentière d’une douzaine de mètres en longueur
s’arrache chez le cèdre du Liban No EC 153, par temps
ensoleillé, 21°C, et un vent moyen 20km/h avec rafales
de 42km/h. Fig. 27.
De nombreuses charpentières de cet arbre présentent
des symptômes d’infection chronique par le P. conifera-
rum (identification par laboratoire).
Comme pour l’arbre précédant, la couronne est très
claire, il ne retient pas les aiguilles, symptôme de stress
hydrique.

Fig. 28 La Fig.28 montre une section transversale de la char-


pentière prise à quelques centimètres au-dessus du
point de rupture.
Des dizaines de zones de barrage visibles à l’œil nu
causent des écoulements de résine issue des canaux
résinifères.
Les flèches blanches montrent les endroits où les lé-
sions ont été fermées par les bourrelets de recouvre-
ment. Le P. coniferarum semblerait être présent chez cet
arbre depuis de nombreuses années.

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Fig. 29 : Section longitudinale prise au point d’arrachement de la charpentière.

La section longitudinale en Fig.29 est prise du côté tension à la base de la charpentière tombée, les flèches
blanches indiquent le point de rupture, il s’agit de la zone de xylème compacté (là ou le bois des 2 charpen-
tières se rencontre). Il y a de forts écoulements de résine sur la face de la rupture (non illustrés). Le trait bleu
indique une croissance accrue depuis environ 25 ans. La flèche rouge montre une lésion récente de P. conifera-
rum en voie de fermeture.

Fig. 30 : Section longitudinale prise au point La Fig.30, prise à la base de la même charpentière pré-
d’arrachement de la charpentière. sente une multitude de microfissure radiales.
2 des fissures (flèches bleues) ont pénétré le cambium
avant la rupture, comme le témoigne les petits bourre-
lets de recouvrement (flèches).
Il y a 6 zones de barrage dans l’échantillon. Les fissures
sembleraient être associé aux 2 zones de barrage consé-
cutives indiquées par la flèche blanche.

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Les micrographes en Figs.31 et 32 sont préparés à partir d’un bloc pris au niveau de l’arrachement près de la
ride de l’écorce à la base de la charpentière, carré en Fig.29. Dans cette zone la fibre des cernes change direc-
tion à 90 degrés, nous voyons donc des plans transversaux du bois.
Las canaux résinifères axiaux dans les zones de barrage sont de grand diamètre, jusqu'à 90 microns. En Fig.31.
notons que la zone de barrage est positionnée dans le bois final indiquant une formation vers la fin de la phase
de croissance radiale, fin printemps. Cette observation est courant dans l’ensemble des études que nous avons
réalisées.
L’échantillon en Fig.32 et prise à la base de la charpentière sur la ligne de rupture, flèches bleues. Les canaux
résinifères axiaux (CA) et radiaux (CR) sont visibles.

Fig. 31 : Section transversale montrant la zone de Fig. 32 : Le point d’arrachement. Zone de barrage avec
barrage et les canaux résinifères axiaux. canaux résinifères axiaux et radiaux.

CA

CR
CA

ÉTUDE NO. 3
Le 09/09/2013, au Parc Bordelais, une grosse charpentière d’un Cèdre de l'Himalya se brise en partie, l’ex-
trémité reposant au sol Fig. 33. La Fig. 34 (charpentière au sol), montre la zone de rupture initiale au niveau
d’une lésion typique du P. coniferarum, flèches blanches. Plusieurs grosses charpentières de cet arbre présentent
des symptômes d’infections chroniques de P. coniferarum.
Des échantillons ont été envoyés dans un laboratoire pour identification, mais les pathologistes n’ont pas pu
trouver d’agent pathogène.

Fig. 33 : Parc Bordelais. Cèdre de l’Himalaya, C3 Fig. 34 : Lésion type P. coniferarum et la zone de rupture

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Fig. 35 La Fig.35 montre une section transversale de la charpen-


tière prise à quelques centimètres au-dessus du point de
rupture. La rondelle été fragmentée suite à la rupture et
recollé par la suite.
Des dizaines de zones de barrage sont visibles à l’aide
de la loupe binoculaire. Elles ne sont pas visibles dans la
photo, l’échantillon n’était pas frais et la préparation par
ponçage bouche les canaux résinifères.
Les 2 flèches blanches montrent une lésion, typique du
P. coniferarum (il n’y a pas eu d’analyse en laboratoire),
formée il y a environ 13 ans. Le carré montre une zone
avec abondance de microfissures.
La Fig. 36 montre un bloque prélevé dans la zone fissu-
rée. Les fissures ont été formées avant la rupture : elles
sont remplies de résine, flèches blanches en Fig.37 ; il y a
des petits bourrelets visibles en Fig.36, flèches blanches.

Fig. 36 Fig. 37

A
B

Le trait bleu en Fig. 37, montre 4 zones de barrage, les 2 zones de barrages consécutives sont associées à la
lésion corticale en Fig.28. Il y a un décollement circonférentiel associé à ces 2 zones de barrage, flèche verte en
Fig.37.
La Fig.38 montre le détail de la zone de barrage (position « A » en Fig.37), avec canaux résinifères axiaux (CA)
et radiaux (CR). La Fig.39 montre le détail du déchirement circonférentiel de la zone de barrage (position « B »
en Fig.37).

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Fig. 38 Fig. 39

CR
CA

CA

Plan transversal. CA : canal résinifère Plan transversal. Déchirement circonférentiel le long d’une zone
axial. CR : canal résinifère radial. de barrage. CA : canal résinifère axial.

ÉTUDE NO. 4
En septembre 2014, un jeune cèdre de l'Atlas se rompt à environ 4 m du sol au niveau du tronc, arbre N° 2
en Fig. 40. La rupture a été occasionné lors d’une légère intempérie. Il fait partie d’un groupe de 3 cèdres. Les
arbres N° 1 et 2 présentent de forts écoulements de résine sur le tronc et des lésions typiques de P. coniferarum.
Des échantillons ont été envoyés dans un laboratoire pour identification, mais les pathologistes n’ont pas pu
isoler d’agent pathogène.
Fig. 40 : Cèdres N° 1, 2 et 3, de gauche à droite

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Fig. 41 : Section transversale prise en proximité de la rupture.


2010
2014

2009
2014

2011

2013

2012

La Fig.41 montre une section transversale prise juste au dessous du point de rupture. Bien que l’analyse en
laboratoire n’ait pas réussi à identifier d’agent pathogène, les symptômes sont identiques à ceux associés au P.
coniferarum : nécroses annuels du liber, lésions en voie de fermeture accompagnées d’écoulements de résine,
zones de barrage formées de canaux résinifères axiaux et radiaux. Pour la plupart, les zones de barrage sont
intégrées au sein d’un cerne, indiquant des infections pendant la phase de croissance radiale.
Les flèches blanches indiquent 6 infections corticales qui se sont produite annuellement depuis 2009. À la fin
de l’année 2014 il restait peu de cambium vivant.

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ÉTUDE NO. 5
La Fig.42 montre une charpentière (diamètre Ca. 17cm), de Cèdre de l'Atlas (No.23), arrachée à son point
d’ancrage (fourche), à l’école Béchade, dans la nuit du 18 au 19/09/2014. Il y avait des précipitations (18
mm), avec rafales de vent à 48 km/h.
La flèche blanche montre une zone de délamination de cernes chargée de résine (zone de barrage).
Il y de forts écoulements de résine sur la zone de xylème compacté, flèches vertes.

Fig. 42

La section transversale en Fig.43 (page suivante) correspond à la rondelle de gauche en Fig.42.


Les 2 flèches rouges indiquent 2 lésions corticales récentes, typiques de celles provoquées par P. coniferarum.
Les flèches blanches indiquent le positionnement des nombreuses zones de barrages dont certains sont pré-
sentes dans la zone de xylème compactée, d’où les écoulements visibles en Fig.42.
Les flèches vertes indiquent des microfissures imbibées de résine et présentent avant la rupture.
Les 2 microfissures en haut et à gauche ont pénétré le cambium quelques mois avant la rupture.

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Fig. 43

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DISCUSSION
Bien que toutes les analyses en laboratoire n’ont pas abouti à l’identification de P. coniferarum, (champignon
difficile à isoler), les symptômes sont identiques dans l’ensemble des illustrations : chancres annuels accompa-
gnées de la mise en place de zones de barrage et des écoulements de résine. En attente de nouvelles analyses,
nous considérons que le P. coniferarum est l’agents pathogène responsable des symptômes observés.
La zone de barrage est typiquement vue comme une protection pour le cambium vis à vis des pathogènes qui
évoluent de l’intérieur vers l’extérieur. La réaction dans le bois du cèdre suite aux infections par P. coniferarum
consiste en la formation des zones de barrages étendues dans le sens circonférentielle et longitudinal composé
de canaux résinifères axiaux et radiaux entourés de cellules épithéliales. De tels réaction semblent démesurées,
par rapport à ce pathogène de faiblesse incapable de dégrader la lignine et la cellulose du bois. Il est possible
que les zones de barrage à proximité du liber procurent une meilleure résistance contre les maladies corticales
ou contre les attaques par insectes. Chez Larix, Picea et Pdeusostuga, il y a bien continuité des canaux résinières
entre le liber et le xylème à travers la zone cambial. A notre connaissance, ce phénomène n’a pas été étudié
pour les canaux résinifères traumatiques du cèdre.

INTERPRÉTATION
Pour les études de cas N° 1, 2, 3 et 5, les ruptures résulte d’un affaiblissement mécanique progressif par l’initia-
tion de microfissures circonférentielles et radiales associées à la présence d’un grand nombre de zones de bar-
rage mise en place suite aux infections régulières par P. coniferarum. Les bourrelets de recouvrement peuvent
également initier des microfissures.
Lorsqu’une microfissure démarre, les contraintes mécaniques sont amplifiées autour de la fissure, il s’agit des
« contraintes associées aux encoches » (Mattheck et al, 1995). Avec les contraintes de flexion et de torsion, les
fissures progressent et se multiplient. Avec le temps, les infections par P. coniferarum continuent et le nombre
de zones de barrage augmente. La croissance accrue en Fig. 22 indique une amplification de la contrainte de
tension depuis 25 ans environ. Normalement, chez les angiospermes, la croissance accrue est du côté compres-
sion avec la mise en place de bois de compression, Fig. 2 et 6. Dans ce cas, il y a croissance accrue anormale
du côté tension. Cet arbre tente de renforcer la face supérieure soumise à une contrainte de tension excessive à
cause de la fissuration interne.
À terme les contraintes sont si fortes que la charpentière cède, soit sous son propre poids, soit par une sollicita-
tion faible du vent. Aucune des ruptures à Bordeaux illustrées ici n’a eu lieu pendant de fortes intempéries. Par
contre, il est tout à fait possible que les intempéries aient contribué à la formation et la propagation des micro-
fissures observées.
En ce qui concerne l’étude de cas N° 4, il s’agit d’une plantation récente d’environ 30 cm de diamètre. Le P. coni-
ferarum a tué presque tout le cambium dans l’espace de 5 ans. Ceci pourrait être lié à une plus faible résistance
de la partie haute du jeune tronc que la partie basale, comme illustré par Wainhouse et al, 1997. À cause d’une
activité de plus en plus restreinte du cambium, l’arbre n’était plus en mesure de s’adapter à la contrainte et est
brisé sous une rafale de vent au point le plus faible.

DIAGNOSTIC ET GESTION
Depuis que nous avons reconnu P. coniferarum comme agent pathogène sécondaire chez le cèdre, nous avons vu
des centaines d’arbres présentant les symptômes d’infection. Néanmoins les ruptures sont relativement rares et
associées pour la plupart aux charpentières horizontales à long bras de levier. À l’heure actuelle nous n’avons
pas les moyens de diagnostiquer la perte de portance suite à ces lésions. Les outils de sondage courants, tel que
le résistographe, la tomographie, le Shigomètre, la tarière de type « Pressler » ne sont pas adaptés à la détection
des multitudes de microfissures internes. Un test de traction, type Statique Intégré de l’Arbre (SIA), pourrait
éventuellement fournir des informations utiles, hypothèse à tester, néanmoins, de tels diagnostics coûtent cher

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et le coût serait très élevé pour un arbre présentant de nombreuses charpentières infectées.
À l’heure actuelle seule une analyse visuelle peut nous aider, mais ici encore nous sommes limités : lorsque les
microfissures traversent le cambium, de petits bourrelets se forment mais restent cachés par le rhytidome.
Suite aux antécédents de rupture de charpentière horizontale chez les cèdres atteints de P. coniferarum, il nous
semble que lorsque la charpentière :

• est horizontale,
• a un long bras de levier,
• et présente des lésions chroniques de P. coniferarum,
la probabilité de rupture devient significative. Les Figs. 44, 45 et 46 montrent quelques exemples.
Lorsque la charpentière présente une cible sensible, des interventions pour l’atténuation du risque sont envisa-
geables, tel que :

• Le déplacement de la cible (banc, sentier par exemple).


• La mise en place de barrières.
• Laisser pousser la végétation autour des l’arbre pour détourner le public.
• La réduction en longueur de la branche (les éclaircies par contre ne sont pas préconisées à cause de
l’amplification de l’oscillation de la charpentière). À savoir aussi, la réduction en longueur nuira à la
physiologie de la charpentière.
• Utilisation de haubans.
• Pour les charpentières basses, étayage.
Chez les arbres étudiés dans cet article, nos observations indiquent que les infections par le P. coniferarum
datent souvent de plusieurs dizaines d’années et sont passées inaperçues, nous indiquant que les arbres ne sont
pas bien adaptés au site à cause d’une insuffisance hydrique.
À Bordeaux, les sols sont parfois sableux, avec une faible rétention d’eau, les cèdres seraient particulièrement
vulnérables au stress hydrique. Il est nécessaire de tenir compte de ce fait lors de la réalisation de nouvelles
plantations et pour l’entretien des plantations existantes. Des modifications des pratiques culturales devraient
être envisagées traitements culturels semblerait obligatoire :

• Réaliser les nouvelles plantations sur des sols profonds avec une bonne alimentation en eau.
• Élimination des graminées autour des arbres.
• Utiliser la technique du mulching dès la plantation et jusqu'à la fin de la vie de l’arbre, afin d’améliorer les
conditions hydriques du sol.

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Fig. 44

Fig. 45

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Fig. 46

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RÉFÉRENCES
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LIEN
http://ephytia.inra.fr/fr/C/18693/Forets-Phomopsis-du-Douglas
REMERCIEMENTS
Darroch William Moore, pour la préparation des échantillons, ponçage, préparations et photographie microsco-
pique.
David Rose, pour des discussions informatives et pour les analyses en laboratoire.

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