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N° 001
JANVIER 2019
PHACIDIUM CONIFERARUM
et la rupture de charpentière chez le cèdre
Avec participation financière de la mairie de Bordeaux
SOMMAIRE
INTRODUCTION ................................................................... 2
MATÉRIEL ET MÉTHODES ................................................................... 2
LE CÈDRE ET P. CONIFERARUM ................................................................... 3
ÉTUDES DE CAS ................................................................. 15
DISCUSSION ................................................................. 25
RÉFÉRENCES ................................................................. 29
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PHACIDIUM CONIFERARUM
ET LA RUPTURE DE CHARPENTIÈRE
CHEZ LE CÈDRE
MATÉRIEL ET MÉTHODES
William MOORE 4 charpentières brisées et 1 tronc brisé de 5 cèdres
Fondateur de l'Atelier de l'Arbre individuels ont été examinés. Des dissections trans-
Ingénieur Forestier UCNW (Pays de Galles) versales et longitudinales ont été réalisées à l’aide
d’une tronçonneuse.
INTRODUCTION Les échantillons ont été rafraichis à l’aide de scies et
Depuis plusieurs années, nous avons constaté des de scalpels, ou poncés.
chancres annuels sur des cèdres : cèdre du Liban, Des observations ont été réalisées :
Cedrus libani ; cèdre de l’Atlas, C. atlantica et parfois
chez le cèdre du Himalaya, C. deodara. Nous consta- • À l’œil nu.
tons des lésions corticales annuelles, sur charpen- • À l’aide de loupe binoculaire.
tières et sur troncs, d’arbres jeunes aux arbres très •• À l’aide de microscope avec préparation
âgés. des lamelles du bois au microtome puis
coloration avec de la safranine pour la
Des analyses en laboratoire ont permis d’identifier mise en valeur de la lignine et Astra Blue
la présence du champignon ascomycète Phacidium pour la mise en valeur de la cellulose.
coniferarum (G.G. Hahn), synonyme Phomopsis
pseudotsugae (Wilson), à plusieurs reprises. Il s’agit Des échantillons de lésions corticales ont été en-
d’un pathogène qui infect l’écorce sans provoquer de voyés en laboratoire pour identification de patho-
pourriture des parois cellulaires du bois. Aussi, suite gène.
aux observations macroscopiques et microscopiques,
pour les arbres chroniquement infectés, nous nous
formulons l’hypothèse que les lésions soient à l’ori-
gine d’un affaiblissement mécanique pouvant mener
dans certains cas à la rupture de charpentières.
La chute de charpentière de cèdre devient de plus
en plus fréquente et représente une source de pro-
blèmes pour le gestionnaire de l’arbre d’agrément.
Dans cet article nous explorons l’autécologie du
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présents dans une forme latente chez leurs hôtes et Lonsdale, (1994), suggère que la distribution de P.
se manifeste en forme de pathogène suite aux stress coniferarum serait influencée par le changement
hydriques. Tel est le cas avec le P. coniferarum chez climatique : van Voltenn (1952), démontre que la
le mélèze, le champignon est présent dans l’écorce longueur des lésions associées aux infections délibé-
des arbres sains, communication personnelle, D. rés de Larix kaempferi de 13 ans à Wageningen, Pays
Rose, Forest pathology, Forestry Commission Grande bas, varie en fonction du mois d’infection, Fig. 1. La
Bretagne, résultats non publiés. longueur des lésions est corrélée avec le temps res-
tant jusqu'à à la reprise cambiale, moment où les dé-
Wainhouse et al, 1997, étudiaient les réactions
fenses des arbres redeviennent actives et bloquent le
dynamiques du liber chez des jeunes plantations
mouvement du champignon. Avec le réchauffement
de Picea sitchensis et de Picea abies de 19 à 34 cm
climatique, la maladie aurait tendance de s'étaler de
de diamètre à 1,3 m du sol, face aux blessures non
plus en plus vers le nord, ou habituellement les hi-
inoculées et aux blessures inoculées avec P. conife-
vers très froids (<0C°), empêcherait les infections.
rarum à 0 cm, 25 cm, 100 cm et 200 cm du sol. W
et al. ont étudié les réactions dynamiques du liber Fig. 1.
chez P. sitchensis et P. abies en réaction à l’inocula-
tion de P. coniferarum sur des blessures situées sur
le tronc de 0 à 200 cm du sol. Il en résulte que la
concentration de lignine et des cellules pierreuses
dans le liber (Fig. 22) varient le long du tronc :
plus concentré en bas et moins concentré en haut.
La lignine et les cellules pierreuses procurent une
meilleure résistance au P. coniferarum. D’autre part
: les écoulements de résine sont beaucoup plus forts
chez les arbres inoculés que dans le groupe témoin
; les écoulements de résine sont plus forts en bas du
tronc que plus haut. La présence de P. coniferarum
stimule les réactions de défense chez ces essences et
il y a une résistance spatiale au P. coniferarum plus
fort dans le bas les troncs.
Une particularité de ce pathogène est sa capacité à
croitre dans le liber à des températures basses, entre
0 et 7 °C, lorsque les tissus de l’arbre sont incapables
de réagir, (d’ou le nom Americain « Snow Blight
»). Pour cette raison, il est recommandé de ne pas
tailler des jeunes plantations pendant la période
hivernale, Uotila, 1990. La température optimale de
croissance du mycélium est de 18 à 22 °C.
Dans une expérience réalisée par Hartmann, 1976,
sur des plants de Pseutotsuga menziessii sapin de
Douglas âgées de 2 ans. En dessous de 10 °C, le
champignon évolue à la même vitesse dans les
plantes soumises à un stress hydrique que chez les
arbres témoignes témoins (plantes arrosées norma-
lement). Au delà de 10 °C, les réactions de défense
compartimente le mycélium dans le liber chez les
témoins, mais chez les plantes sous stress hydrique
le mycélium est encore capable de croitre. L'auteur
considère les sécheresses comme facteur prédispo-
sant les arbres à ce pathogène.
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CR
Fig. 3 : Détails.
Première périderme
Cortex
Canal résinifère
Liber
Cambium
Aubier
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R
T
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LA TIGE ÂGÉE
Avec référence à la Fig. 6, section transversale d’une
Fig. 6 : Section transversale d’une charpentière. charpentière horizontale :
BC
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Fig. 7 : C. deodora. Plan transversal x 100. Fig. 8 : C. deodora. Plan tangentiel x 200.
C C
Fig. 10 : Liber nécrosé Lorsque le rhytidome est enlevé à l’aide d’un cou-
teau, il apparaisse une zone ou le liber est marron
foncé. Il s’agit du liber tué par le P. coniferarum.
Figs. 10 et 11.
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Suite à la mort du cambium et la poursuite de la croissance radiale, la nécrose est mise en évidence et est re-
couvert de la résine. Le bois néoformé commence à recouvrir la zone nécrosée. Fig. 12 et 13.
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Fig. 14 : Lésion provoquée par P. coniferarum sur jeune tige À terme les bourrelets de recouvrement ferment
les lésions.
La Fig.14 montre une lésion de quelques centi-
mètres sur une tige de petit diamètre.
La Fig.15 montre 7 lésions sur une grosse char-
pentière. Deux des lésions sont assez longues,
flèches jaunes.
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Fig. 17 : Écoulements de résine sur tronc Les Figs 16 et 17 montre deux arbres chroni-
quement infectés par le P. coniferarum :
Fig. 16, charpente avec des lésions à diffèrent
stades de fermeture accompagnés d’écoule-
ments de résine
Fig.17, écoulements de résine abondants sur
tronc.
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Les Figs. 18 et 19 montre un C. deodara au château de Villevèque, près d’Angers. Cet arbre présente des in-
fections chroniques par le P. coniferarum depuis plus de 30 ans. Les flèches jaunes indiquent les endroits où il
reste encore un cambium vivant. L’aubier est en voie de dégradation par des champignons lignivores introduits,
éventuellement, via les lésions causées par le P. coniferarum. La flèche rouge montre des lésions sur une char-
pentière.
Fig. 18 Fig. 19
La Fig.20 montre une dissection avec face transversale d’un C. atlantica qui présente une lésion corticale provo-
quée par P. coniferarum en voie de fermeture (LC, et 2 lésions fermées (LF). La lésion ouverte (LO) et la lésion
fermée indiquée par la flèche jaune ont eu lieu la même année.
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LF ZB2
BC
MF
BC
LO
ZB1
BC
ZB2
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Fig. 22 : Section transversale, C. atlantica, lésion P. coniferarum fermée (flèches jaunes : cellules pier-
reuses dnas le liber).
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Les Figs. 22 et 23 montrent des lésions de P. coniferarum fermées par les bourrelets de recouvrement. Les
flèches blanches indiquent les zones de barrage formées suite à l’infection. Les flèches rouges indiquent les fis-
sures et leur propagation suite aux effets de « corne du bouc » des bourrelets.
La flèche verte en Fig.23 montre une zone de barrage formée suite à la pénétration de la zone cambial par la
fissure.
En Fig.22 les flèches bleues montrent 6 zones de barrage formées soit par des infections par le P. coniferarum,
soit par stimulation cambiale suite à l’évolution des fissures à travers le cambium.
ÉTUDES DE CAS
ÉTUDE NO. 1
Au parc Rivière, Bordeaux le 20/07/2009, à 14h30, par beau temps, une grosse charpentière d’environ 40cm
de diamètre et plusieurs mètres en longueur s’arrache au point d’ancrage et tombe à proximité des jeux d’en-
fants situés à quelques mètres de l’arbre, flèche blanche en Fig. 24. La charpente présente des lésions longitu-
dinales avec des écoulements de résine, symptomatiques de P. coniferarum (il n’y a pas eu d’analyse en labo-
ratoire), les flèches bleues en Fig.24 montrent quelques exemples. La couronne de l’arbre est très claire, il ne
retient pas les aiguilles, symptôme de stress hydrique aigue.
La chute de la charpentière a été attribué à l’époque au passage de tempêtes qui aurait contribué à la fissura-
tion progressive de la charpentière, et éventuellement les effets de chute estivale de branche.
Fig. 24 : Flèche blanche : point de rupture. Flèches bleues, exemples des lésions, type P. coniferarum.
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La section longitudinale en Fig.29 est prise du côté tension à la base de la charpentière tombée, les flèches
blanches indiquent le point de rupture, il s’agit de la zone de xylème compacté (là ou le bois des 2 charpen-
tières se rencontre). Il y a de forts écoulements de résine sur la face de la rupture (non illustrés). Le trait bleu
indique une croissance accrue depuis environ 25 ans. La flèche rouge montre une lésion récente de P. conifera-
rum en voie de fermeture.
Fig. 30 : Section longitudinale prise au point La Fig.30, prise à la base de la même charpentière pré-
d’arrachement de la charpentière. sente une multitude de microfissure radiales.
2 des fissures (flèches bleues) ont pénétré le cambium
avant la rupture, comme le témoigne les petits bourre-
lets de recouvrement (flèches).
Il y a 6 zones de barrage dans l’échantillon. Les fissures
sembleraient être associé aux 2 zones de barrage consé-
cutives indiquées par la flèche blanche.
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Les micrographes en Figs.31 et 32 sont préparés à partir d’un bloc pris au niveau de l’arrachement près de la
ride de l’écorce à la base de la charpentière, carré en Fig.29. Dans cette zone la fibre des cernes change direc-
tion à 90 degrés, nous voyons donc des plans transversaux du bois.
Las canaux résinifères axiaux dans les zones de barrage sont de grand diamètre, jusqu'à 90 microns. En Fig.31.
notons que la zone de barrage est positionnée dans le bois final indiquant une formation vers la fin de la phase
de croissance radiale, fin printemps. Cette observation est courant dans l’ensemble des études que nous avons
réalisées.
L’échantillon en Fig.32 et prise à la base de la charpentière sur la ligne de rupture, flèches bleues. Les canaux
résinifères axiaux (CA) et radiaux (CR) sont visibles.
Fig. 31 : Section transversale montrant la zone de Fig. 32 : Le point d’arrachement. Zone de barrage avec
barrage et les canaux résinifères axiaux. canaux résinifères axiaux et radiaux.
CA
CR
CA
ÉTUDE NO. 3
Le 09/09/2013, au Parc Bordelais, une grosse charpentière d’un Cèdre de l'Himalya se brise en partie, l’ex-
trémité reposant au sol Fig. 33. La Fig. 34 (charpentière au sol), montre la zone de rupture initiale au niveau
d’une lésion typique du P. coniferarum, flèches blanches. Plusieurs grosses charpentières de cet arbre présentent
des symptômes d’infections chroniques de P. coniferarum.
Des échantillons ont été envoyés dans un laboratoire pour identification, mais les pathologistes n’ont pas pu
trouver d’agent pathogène.
Fig. 33 : Parc Bordelais. Cèdre de l’Himalaya, C3 Fig. 34 : Lésion type P. coniferarum et la zone de rupture
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Fig. 36 Fig. 37
A
B
Le trait bleu en Fig. 37, montre 4 zones de barrage, les 2 zones de barrages consécutives sont associées à la
lésion corticale en Fig.28. Il y a un décollement circonférentiel associé à ces 2 zones de barrage, flèche verte en
Fig.37.
La Fig.38 montre le détail de la zone de barrage (position « A » en Fig.37), avec canaux résinifères axiaux (CA)
et radiaux (CR). La Fig.39 montre le détail du déchirement circonférentiel de la zone de barrage (position « B »
en Fig.37).
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Fig. 38 Fig. 39
CR
CA
CA
Plan transversal. CA : canal résinifère Plan transversal. Déchirement circonférentiel le long d’une zone
axial. CR : canal résinifère radial. de barrage. CA : canal résinifère axial.
ÉTUDE NO. 4
En septembre 2014, un jeune cèdre de l'Atlas se rompt à environ 4 m du sol au niveau du tronc, arbre N° 2
en Fig. 40. La rupture a été occasionné lors d’une légère intempérie. Il fait partie d’un groupe de 3 cèdres. Les
arbres N° 1 et 2 présentent de forts écoulements de résine sur le tronc et des lésions typiques de P. coniferarum.
Des échantillons ont été envoyés dans un laboratoire pour identification, mais les pathologistes n’ont pas pu
isoler d’agent pathogène.
Fig. 40 : Cèdres N° 1, 2 et 3, de gauche à droite
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2014
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2013
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La Fig.41 montre une section transversale prise juste au dessous du point de rupture. Bien que l’analyse en
laboratoire n’ait pas réussi à identifier d’agent pathogène, les symptômes sont identiques à ceux associés au P.
coniferarum : nécroses annuels du liber, lésions en voie de fermeture accompagnées d’écoulements de résine,
zones de barrage formées de canaux résinifères axiaux et radiaux. Pour la plupart, les zones de barrage sont
intégrées au sein d’un cerne, indiquant des infections pendant la phase de croissance radiale.
Les flèches blanches indiquent 6 infections corticales qui se sont produite annuellement depuis 2009. À la fin
de l’année 2014 il restait peu de cambium vivant.
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ÉTUDE NO. 5
La Fig.42 montre une charpentière (diamètre Ca. 17cm), de Cèdre de l'Atlas (No.23), arrachée à son point
d’ancrage (fourche), à l’école Béchade, dans la nuit du 18 au 19/09/2014. Il y avait des précipitations (18
mm), avec rafales de vent à 48 km/h.
La flèche blanche montre une zone de délamination de cernes chargée de résine (zone de barrage).
Il y de forts écoulements de résine sur la zone de xylème compacté, flèches vertes.
Fig. 42
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Fig. 43
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DISCUSSION
Bien que toutes les analyses en laboratoire n’ont pas abouti à l’identification de P. coniferarum, (champignon
difficile à isoler), les symptômes sont identiques dans l’ensemble des illustrations : chancres annuels accompa-
gnées de la mise en place de zones de barrage et des écoulements de résine. En attente de nouvelles analyses,
nous considérons que le P. coniferarum est l’agents pathogène responsable des symptômes observés.
La zone de barrage est typiquement vue comme une protection pour le cambium vis à vis des pathogènes qui
évoluent de l’intérieur vers l’extérieur. La réaction dans le bois du cèdre suite aux infections par P. coniferarum
consiste en la formation des zones de barrages étendues dans le sens circonférentielle et longitudinal composé
de canaux résinifères axiaux et radiaux entourés de cellules épithéliales. De tels réaction semblent démesurées,
par rapport à ce pathogène de faiblesse incapable de dégrader la lignine et la cellulose du bois. Il est possible
que les zones de barrage à proximité du liber procurent une meilleure résistance contre les maladies corticales
ou contre les attaques par insectes. Chez Larix, Picea et Pdeusostuga, il y a bien continuité des canaux résinières
entre le liber et le xylème à travers la zone cambial. A notre connaissance, ce phénomène n’a pas été étudié
pour les canaux résinifères traumatiques du cèdre.
INTERPRÉTATION
Pour les études de cas N° 1, 2, 3 et 5, les ruptures résulte d’un affaiblissement mécanique progressif par l’initia-
tion de microfissures circonférentielles et radiales associées à la présence d’un grand nombre de zones de bar-
rage mise en place suite aux infections régulières par P. coniferarum. Les bourrelets de recouvrement peuvent
également initier des microfissures.
Lorsqu’une microfissure démarre, les contraintes mécaniques sont amplifiées autour de la fissure, il s’agit des
« contraintes associées aux encoches » (Mattheck et al, 1995). Avec les contraintes de flexion et de torsion, les
fissures progressent et se multiplient. Avec le temps, les infections par P. coniferarum continuent et le nombre
de zones de barrage augmente. La croissance accrue en Fig. 22 indique une amplification de la contrainte de
tension depuis 25 ans environ. Normalement, chez les angiospermes, la croissance accrue est du côté compres-
sion avec la mise en place de bois de compression, Fig. 2 et 6. Dans ce cas, il y a croissance accrue anormale
du côté tension. Cet arbre tente de renforcer la face supérieure soumise à une contrainte de tension excessive à
cause de la fissuration interne.
À terme les contraintes sont si fortes que la charpentière cède, soit sous son propre poids, soit par une sollicita-
tion faible du vent. Aucune des ruptures à Bordeaux illustrées ici n’a eu lieu pendant de fortes intempéries. Par
contre, il est tout à fait possible que les intempéries aient contribué à la formation et la propagation des micro-
fissures observées.
En ce qui concerne l’étude de cas N° 4, il s’agit d’une plantation récente d’environ 30 cm de diamètre. Le P. coni-
ferarum a tué presque tout le cambium dans l’espace de 5 ans. Ceci pourrait être lié à une plus faible résistance
de la partie haute du jeune tronc que la partie basale, comme illustré par Wainhouse et al, 1997. À cause d’une
activité de plus en plus restreinte du cambium, l’arbre n’était plus en mesure de s’adapter à la contrainte et est
brisé sous une rafale de vent au point le plus faible.
DIAGNOSTIC ET GESTION
Depuis que nous avons reconnu P. coniferarum comme agent pathogène sécondaire chez le cèdre, nous avons vu
des centaines d’arbres présentant les symptômes d’infection. Néanmoins les ruptures sont relativement rares et
associées pour la plupart aux charpentières horizontales à long bras de levier. À l’heure actuelle nous n’avons
pas les moyens de diagnostiquer la perte de portance suite à ces lésions. Les outils de sondage courants, tel que
le résistographe, la tomographie, le Shigomètre, la tarière de type « Pressler » ne sont pas adaptés à la détection
des multitudes de microfissures internes. Un test de traction, type Statique Intégré de l’Arbre (SIA), pourrait
éventuellement fournir des informations utiles, hypothèse à tester, néanmoins, de tels diagnostics coûtent cher
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et le coût serait très élevé pour un arbre présentant de nombreuses charpentières infectées.
À l’heure actuelle seule une analyse visuelle peut nous aider, mais ici encore nous sommes limités : lorsque les
microfissures traversent le cambium, de petits bourrelets se forment mais restent cachés par le rhytidome.
Suite aux antécédents de rupture de charpentière horizontale chez les cèdres atteints de P. coniferarum, il nous
semble que lorsque la charpentière :
• est horizontale,
• a un long bras de levier,
• et présente des lésions chroniques de P. coniferarum,
la probabilité de rupture devient significative. Les Figs. 44, 45 et 46 montrent quelques exemples.
Lorsque la charpentière présente une cible sensible, des interventions pour l’atténuation du risque sont envisa-
geables, tel que :
• Réaliser les nouvelles plantations sur des sols profonds avec une bonne alimentation en eau.
• Élimination des graminées autour des arbres.
• Utiliser la technique du mulching dès la plantation et jusqu'à la fin de la vie de l’arbre, afin d’améliorer les
conditions hydriques du sol.
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Fig. 44
Fig. 45
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Fig. 46
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RÉFÉRENCES
Courbet, F. et al, 2012. Le cèdre en France face au changement climatique : bilan et recomandations. 32 pages.
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LIEN
http://ephytia.inra.fr/fr/C/18693/Forets-Phomopsis-du-Douglas
REMERCIEMENTS
Darroch William Moore, pour la préparation des échantillons, ponçage, préparations et photographie microsco-
pique.
David Rose, pour des discussions informatives et pour les analyses en laboratoire.
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