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c'est l'incitation
à la vie dangereuse
la sagesse de l'orient
l'engagement politique
la libération sexuelle
l'amour
la femme
LA RÉVOLUTION SURRÉALISTE
n'a jamais été si présente
ce volume comprend
LA RÉVOLUTION SURRÉALISTE
collection complète
à 12
f décembre 1924
n0i 1
au
15 décembre 1929
une postface
de marie-claire bancquart
intitulée
«1924-1929 une année mentale»
:
reproduction de la couverture du n° 1
LA RÉVOLUTION
SURRÉALISTE
COLLECTION COMPLETE
OL 4 3 171b 0 ; 0 : 2
-- -
Nous tenons à remercier toutes les personnes qui par leur enthousiasme
et leur collaboration ont rendu possible cette édition de la Révolution
surréaliste.
En page de garde :
Cliché Man Ray, collection Bernard Gheerbrant : « La centrale surréaliste
en 1925 », de gauche à droite : Charles Baron, Raymond Queneau, Pierre
Naville, André Breton, Jacques-André Boiffard, Giorgio de Chirico,
Roger Vitrac, Paul Eluard, Philippe Soupault, Robert Desnos, Louis
Aragon. Au premier plan : Simone Breton, Max Morise, Mme Soupault.
SOMMAIRE
Préface : J.-A. Boiffard, P. Eluard, R. Vitrac. Chroniques :
Rêves : Georgiode Chirico, André Breton, Louis Aragon, Philippe Soupault,
Renée Gauthier. Max Morise, Joseph Delteil,
Textes surréalistes : Francis Gérard, etc.
Marcel Noll, Robert Desnos, Benjamin Péret, Notes.
Gecrges Molkine, Paul Eluard, Illustrations : Photos Mail Ray.
J.-A. Boiffard, S. B., Max Morise, Max Morise, G. de Chirico, Max Ernst,
Louis Aragon, Francis Gérard. André Masson, Pablo Picasso, Pierre Naville,
Le rêveur parmi les murailles : Pierre Reverdy. Robert Desnos.
1
ABONNEMENT, Dépositaire général : Librairie GALLIMARD LE NUMERO;
les î Numéros :
i
15, Boulevard Raspail, 15 France : 4 francs
France : 45 francs
Etranger : 55 francs PARIS (VII ) Étranger : 5 francs
LA RÉVOLUTION SURRÉALISTE
Directeurs :
Pierre NAVILLE et Benjamin PÉRET
15, Rue de Grenelle
PARIS (7*)
* Berkeley
PREFACE
ENQUÊTE
La Révolution Surréaliste ^'adressant indistinctement
à tous, ouvre l'enquête suivante :
On vit, on meurt. Quelle est la part de la volonté
en tout cela ? Il semble qu'on se tue comme on rêve.
Ce n'est pas une question morale que nous posons :
mention du prix demandé : 150 fr. Il répond à mûrisse il cherche à la recoller à la branche d'où
peine et ne paraît pas ému à l'idée que j'aie pu il l'a détachée. Je n'ai pas le temps de lui dire
me renseigner sur l'emploi de son temps à Beg- que c'est insensé : il pose le fruit qui tombe de
Meil, où je suis arrivé peu après son départ. l'autre côté de la haie. Un jeune homme qui passe
L'ombre d'Apollinaire est aussi dans cette et que je crois reconnaître, le voyant désolé lui
pièce, debout contre ia porte elle paraît sombre ramasse une noix, mais Jim lui dit : « Pas celle-ci,
et pleine d'arrière-pensées. Elle consent à ce que non, cette pêche. » Le jeune homme trouve la
je sorte avec elle ; sa destination m'est inconnue. pêche et la donne à Jim qui me l'offre puis il
En chemin je brûle d'envie de lui poser une ques- part en gesticulant et en affirmant qu'une noix
tion, une question d'importance, faute de pouvoir tombée d'un noyer, devient une pêche quand elle
vraiment m'entretenir avec elle. Ma's que m'im- a touché terre.
porte-t-il, par-dessus tout, de savoir ? Aussi Jim et moi, avançons dans le champ de blé.
bien ne satisfera-t-elle sans doute ma curiosité Nous suivons l'allée centrale. J'aperçois au bout
qu'une fois. A quoi bon m'informerauprès d'Apol- des pots de reines-marguerites multicolores.
linaire de ce qu'il est advenu de ses opinions Cela m'intrigue, mais je n'ai pas le temps de m'en
politiques depuis sa mort, m'assurer qu'il n'est occuper, mon compagnon est tellement amoureux
plus patriote, etc. ? Après mûre réflexion je me que ses caresses me font tout oublier. Je ne songe
décide à lui demander ce qu'il pense de lui-même qu'à chercher un endroit propice pour faire
tel que nous le connûmes, de ce plus ou moins l'amour. Nous nous étendons au creux d'un
grand poète qu'il fut. C'est, je crois, la seconde sillon ; mais tout mon plaisir est gâté, car je
fois qu'on l'interroge en ce sens et je tiens à m'aperçois que la terre humide salit la belle
m'en excuser. Estime-t-il que sa mort fut préma- pelisse de lapin blanc qui le recouvre. Je me lève
turée, jouit-il un peu de sa gloire « Non et non. » donc et m'éloigne à la recherche d'un endroit
Quand il pense à Apollinaire il . avoue que c'est plus sec. Je découvre au bout du sillon un châssis
comme à quelqu'un d'étranger à lui-même et de pépiniériste peint en noir. Autour, écrits en
pour qui il ne ressent qu'une banale sympathie. noir sur la terre jaune et encadrés de chaux je
Nous allons nous engager dans une voie romaine lis ces mots : « Une bête venimeuse et assoiffée
et je crois savoir où l'ombre veut me mener (elle a sucé tout le sang de ma petite nièce âgée de six
ne m'étonnera décidément pas, j'en suis assez mois, qui en est morte. A sept heures ce soir des
fier). A l'autre extrémité de cette voie se trouve camélias fauves entoureront le corps de ma nièce
en effet une maison qui tient dans ma vie une morte. » Très intriguée j'appelle Jim. En lisant
place considérable. Un cadavre y repose sur un cela, il hoche tristement la tête. Alors je comprends
lit et autour de ce lit, qui baigne dans la phos- pourquoi j'ai vu des reines-marguerites. Mais
phorescence, ont lieu à certaines époques des phé- tout à coup je m'aperçois que Jim qui est devant
nomènes hallucinatoires dont j'ai été témoin. moi a sa braguette ouverte à la façon d'un taber-
Mais nous sommes loin d'être arrivés et déjà nacle J'essaie de repousseï les deux petites portes
l'ombre pousse devant elle les deux battants car j'aperçois le jeune homme qui nous avait
encadrés de boutons d'or d'une porte rouge parlé tout à l'heure de l'autre côté de la haie (il
sombre. J'y suis, ce n'est encore que le bordel. glane tout près de là) mais les gonds sont rouilles
Incapable de la faire changer de résolution, je et je suis sûre à cette minute qu'il faut, qu'il nous
prends à regret congé de l'ombre et reviens sur faut absolument trouvei un endroit sec entre
mes pas. Je suis bientôt aux prises avec sept ou deux sillons. Tout à coup j'entends des cris, des
huit jeunes femmes, qui se sont détachées d'un appels. Je regarde dans cette direction, et tout
groupe que je distingue mal sur le côté gauche au bout du champ, par un passage que j'ai
et qui, les bras tendus, me barrent la route à elles connu dans ma jeunesse, je vois se faufiler le
quatre. Elles veulent à tout prix me faire rebrousser jeune homme que j'ai déjà vu tout à-l'heure. 11 a
chemin. Je finis par m'en défaire à force de com- volé quelque chose. Des femmes dans un champ
pliments et de promesses plus lâches les uns que voisin crient : « Au voleur ! » et, courant de
les autres. J'ai pris place maintenant dans un toute la vitesse de ses jambes un garçon de café
train en face d'une jeune fille en deuil qui s'est, le poursuit. Jim et moi, nous dirigeons de ce côté
paraît-il, mal conduite, et à qui sa mère fait la pour voir ce qui va arriver. Rendus au passage,
morale. Elle a encore un moyen de se repentir nous sommes repoussés, jetés à terre, balayés
mais elle reste à peu près silencieuse. littéralement par une chasse-galerie (1). En même
Renée Gauthier :
(1) Ceci est un mystère de mon enfance. Ma mère qui m'a
Je suis dans un champ avec Jim. Il veut me souvent effrayée en me racontantqu'elle avait entendu ie bruit
de la ebassc-gahric n'a jamais pu m'expliquer en quoi elle
cueillir un fruit dans la haie bordant le champ, consistait. Ce sont, d'après cite, .ses bruits énormes, assourdis-
un fruit qui me semble être une noix. Elle n'est sants d'bommes et de bêtes monstrueuses qui passent dans les
airs à une certaine date de l'année. Quand on les entend on
pas assez mûre, je n'en veux pas. Pour qu'elle doit s'étendreà plat-ventre sur le sol et se boucher les oreilles.
RÊVES
temps je vois lejeune homme franchir à nouveau — Viens donc, s'ils se couchent tu pourras
le passage. Il est poursuivi par un chien énorme. peut-être leur voler une paire de souliers.
Je le suis des yeux une minute puis je vois l'homme Nous courons dans leur direction. Ils sont là
s'envoler et le chien faire un bond formidable et picorant l'herbe. Nous nous approchons dou-
letomber à terre où il reste sans mouvement. cement. Je prends la canne de Jim pour en tuer
Je cherche l'homme dans le ciel. Je vois, et Jim un qui ne bouge pas, mais à mesure que je
voit en même temps que moi, un giand oiseau, m'approche de lui il s'éloigne. Il en est de même
mais je me rends compte aussitôt que c'est le pour les autres. Enfin je n'en vois plus qu'un très
premier d'une bande laquelle m'apparaît déployée grand et je m'élance sur lui... Je me vois debout,
en éventail. Ils sont au moins une centaine. Ils appuyée sur sa poitrine. Il a maintenant la 'ête
bandes d'oiseaux
\ oient lentement comme ces dénombre d'un homme, m?is ses bras sont des ailes qui se
qu'on aperçoit en mer. Je les en une ferment, s'ouvrent et se referment sur moi. Je
seconde. Ils sont 85. Ils passent non loin de nous chante à tue-tête :
e 1, abaissent leur vol. Nous voyons alors que ce — C'est un oiseau qui bat de l'aile... (air de :
sont de beaux oiseaux absolument blancs, à C'est un oiseau qui vient de France...)
l'exception du cou et d'une partie des pattes ; ils Tout à coup je me sens allongée près de lui, la
ont, au bout des pattes, des pieds extrêmement tête sur sa poitrine. Mon coeur et mes tempes
longs et presque cylindriques, des pieds en pain battent très fort. Je viens d'être sa maîtresse.
de sucre. Et la symétrie des plumes noires et des Avec le bout d'un de ses grands pieds il me relève
plumes blanches me fait croire que ces oiseaux le menton, me forçant à détourner la tête. Je
portaient des souliers de daim noirs avec des vois alors Jim lutter désespérément avec un des
brides sur le cou-de-pied et des lanières autour oiseaux. Celui-ci avec ses pieds démesurés,
de la cheville, comme ceux que portent les femmes. cherche à étrangler le garçon de café, qui avait
Ces oiseaux me semblaient chaussés et cravatés poursuivi un voleur, en criant :
de noir. Leurs pieds se balancent au-dessous — Tu as notre uniforme, mais tu n'es pas de
d'eux. notre congrégation. Le garçon de café quitte son
— On jurerait des sportsmen faisant du ski gilet noir et ses souliers pour ne plus être en noir
dans les airs, me dit Jim. et blanc. Je me tourne vers mon oiseau-homme
Je les vois descendre lentement derrière la qui répète :
haie et les grands chênes du pré voisin. Ils — Je resterai une semaine ici... je resterai
s'abattent d'un seul coup. Jim me dit : une semaine ici... oui, oui, oui...
TEXTES SURRÉALISTES
violette aux cheveux roux, à la belle violette, immense revêtit tour à tour ses maîtresses d'une
au lobe des oreilles écarlate, mangeuse d'oursins, armure de fer mille fois plus redoutable que la
et dont les crimes prestigieux ont lentement fameuse tunique de Nessus et contre laquelle
déposé des larmes d'un sang admirable et admiré ses baisers prenaient la consistance de la glace
des cieux entiers sur sa robe, sur sa précieuse et du verre et dans le cham frem de laquelle
robe. Les étranglera-t-elle de ses doigts de dia- durant des nuits et des nuits il constata la fuite
mant, elle la charmante étoile du Sud, suivant lé lente et régulière de ^es cheveux doués d'une vie
perfide conseil de l'étoile du Nord, la magique, infernale. Les funérailles les plus illustres se
tentatrice et adorable étoile du Nord dont un prolongèrent à l'attendre. Quand il arrivait
diamant remplace le téton à la pointe d'un sein les assistants avaient vieilli certains et parfois
chaud et blanc comme le reflet du soleil à midi ? même les croque-morts et les pleureuses étaient
Timonières, comètes violette et rouge, timo- décédés. Il les jetait pêle-mêle dans la fosse
nières du bateau fantôme où guidez-vous votre réservée à un seul et glorieux mort sans que
cargaison de putains et de squelettes dont le personne osât protester tant l"auréole verte de
superbe accouplement apporte aux régions que ses cheveux imposait silence et respect aux
vous traversez le réconfort de l'amour éternel ? porte-deuil. Mais voici qu'avec le minuit anni-
Séductrices ! La voilette de la violette est le versaire de la mort de Guillaume le Conquérant
filet de pêche et le genou de la rouge sert de le dernier cheveu est parti laissant un trou, un
boussole. Les putains du bateau fantôme sont trou noir dans son crâne tandis que la lumière
quatre vingt-quatre dent voici quelques noms : verte irradiait de la taupinière.
Rose, Mystère, Etreinte, Minuit, Police, Directe, Et voici que, précédées par le lent grincement
Folle, Et coeur et pique, De moi, De loin. Assez, dos serrures forcées arrivent les funérailles du
L'or, Le verre vert, Le murmure, La galandine Mystère suivies par les clefs en bataillons serrés.
et La mère-des-rois qui compte à peine seize
années, de celles que l'on nomme les belles
années. En désespoir de cause les squelettes de
l'Armada livrent combat à ceux de la Méduse.
La haut, dans le ciel, flottent les méduses
dispersées.
Avant que de devenir comète l'étoile du Sud
à l'étoile du Nord envoie ce télégramme: « Plonge
le ciel dans tes icebergs ! justice est faite —
L'étoile du Sud ».
Perfide étoile du Nord !
Troublante étoile du Sud !
Adorables !
Adorables !
idéal conquérant retire de la serrure pour, d'un etla chevilletle cherra... Alors, passe une danseuse
oeil guetter le coucher de la vierge blonde. de music-hall fardée de soupirs et de passion.
Et tandis que les cieux retentissaient du bruit Elle tire la bobinette et la porcelaine apparaît
des serrures divines fermées<en hâte le lossoyeur, à ses yeux éblouis. Ce n'est plus ce sourire mélan-
le fossoyeur mourait sous l'entassement canni- colique que tu as déjà vu dans les tirs forains,
bale des clefs, sur la tombe de Guillaume le mais une blancheur comparable à l'effet de la
Conquérant, tandis que, dans la taupinière, à pluie sur une plante qui meurt de sécheresse,
la lumière verte, se déroulaient les funérailles ou bien encore à la chute d'un chat qui, tombé
de la fourmi d'or, la serrure des intelligences. d'un quatrième étage est étonné de se retrouver
vivant sur le toit d'un, tramway qui le conduit
extra-muros, au milieu des loups et des barques
Benjamin Péret :
de pêche.
« A propos de pêche voici comment j'ai connu
Le monsieur obèse. — Par le savon Palmolive, Julie...
je ne vous saluerai pas monsieur et ce nuage Nestor. — Quoi, Julie ?
qui transporte à mon frère une cargaison de fleurs Le monsieur obèse. — Oui, le pou ovale dont
d'oranger vous crèvera sur la tête avant qu'une la noblesse est le plus sûr garant de ma vertu...
seconde soit tombée dans le panier rempli de « Donc, je péchais sur le bord d'une rivière,
sel de la guillotine où je souhaite que tu t'endormes dont les eaux emportées par le vent tombaient,
ce soir. sur une colline voisine, sous forme de pommes
Nestor. — Crapaud de lait aigre, tourne autour pourries, à la grande joie des milliers de porcs
d'une étoile jusqu'à la fin des oiseaux, ce qui ne et d'escargots violets qui la gardaient jalouse-
manquera pas d'arriver avant que la plume que ment.
tu vois au dessus de ce pachyderme ait repris Naturellement j'avais fait une pêche abondante,
sa forme primitive de cabaret mal famé. si abondante même que les poissons entassés à
Le monsieur obèse. — C'est à moi. vague de mes côtes figuraient bientôt cet arc de triomphe
safran, que tu oses parler sur ce ton de chenille que tu admires à Paris. C'est alors qu'une ablette
à la recherche d'un oeil. tombant du sommet de cet édifice enfanta en
Nestor. — Rampe. touchant le corps d'un moineau mort de froid et
Le monsieur obèse. — Voilà le plus beau des de désir la petite fille aux yeux de toupie tour-
chênes-liège, celui dont l'occiput est un métal billonnants, qui devint Julie.
malléable et qui se donne des airs de champignon A cet instant quelqu'un vint interrompre la
vénéneux. conversation •
Nestor. — Depuis que le monde est une coupe Née (au fait, était-elle née ?) d'une plaque
de Champagne, les chenilles et les plumassières commémorative indiquant que, là, avait été
obéissent à la loi de Newtoji qui leur ordonne de posée la première molécule qui devait former la
laver Ja vaisselle des officiers avec des feuilles première jambe artificielle, une femme en qui nul
de cactus. Le sais-tu, oreille de radis ? n'hésita à reconnaître Marie, vint à eux et leur
Le monsieur obèse. — Encore, pourriture céleste ! reprocha leurs paroles qui la vêtaient de por-
Tu te permets de prendre le visage de la salière phyre :
afin de pouvoir aller d'une urne à l'autre avec de — ' L'eau coule pour faciliter la propagation
grands airs de cigarette anglaise, mais tu sais de la lumière et du son. Il n'en est pas de même
bien que les volontés de ia vapeur ne se peuvent pour vous : si une pierre roule du lieu de sa nais-
transgresser par personne, pas même par une sance, qui ne peut être qu'un légume mala.de,
mécanique d'osier, pas même par une horloge jusqu'à la mer où il s'arrête de crainte de mouiller
molle, pas même par toi qui n'est ni cette méca- ses chaussures vernies par le temps et par la
nique d'occasion, m cette horloge de réparation, magnanimité des siècles qui ne sont pas si passés
ni rien autre chose qu'un aspect de la porcelaine qu'on veut bien le dire, la mer arrête un moment
dans ses diverses transformations. A propos, son mouvement de flux et de reflux. J'ai dit
connais-tu les diverses transformations de la qu'elle s'arrêtait un moment, mais je n'ai pas
porcelaine ? Non, n'est-ce pas ! Eh bien, je vais précisé la durée de ce moment. Je me hâte de le
te les apprendre : faire. Eh bien, il est égal à la valeur nutritive
l° Avant de naître, la porcelaine n'est autre d'une banane, sachant que ladite banane faisait
que cette brume légère qui affecte la forme d'un partie d'un régime parfaitement constitué et
dé à coudre et d'une brosse à dents la nuit. Puis, issu d'un bananier de pure race ayant toujours
un jour, par l'intervention de Marie... vécu dans de parfaites conditions climatériques,
Nestor. — Halte ! Il y a des ravins où se hors de la présence (dans un rayon de cinquante
tuent les cheveux bruns. litres) de toute particule, si minime soit-elle, de
Le monsieur obèse. — ...la porcelaine devient sciure de bois et d'ambre des pagodes..
une bobine brillante, tu sais ! tire la BOBINETTE J'ai dit.
TEXTES SURREALISTES
coffre asthmatique et sans fond jamais, la subs- d'une blancheur absolue et véhémente, c'est-à-
tance de vos rêves décharnés. Ils s'élanceront dire composée de couleurs et de non-couleurs
comme ces allumettes qu'on retrouve toujours, vermiculaires, animées d'intentions énergiques,
que ce soit au coin des rues ou dans le sillage et qui faisaient l'amour sans discontinuer, à
des nouvelles rencontres. Pérégrinez suivant l'instar de Paracelse et des cavaliers japonais.
votre spirale, de l'infini vers le centre. Du haut Cette blancheur, enfin, s'avéra au point que je
du ciel oudu haut d'un microscope, vous caressez m'étonnais de la savoir.
vos ennemis, it vos ennemis vous caressent. Et pourtant elle était douce, douce au monde
Un jour qu'il fera nuit d'amour, tout de comme le poil des femmes ; comme ces phrases
même, je vous entrerai dans ma maison provi- que disent les statues, et que nous n'avons le
soire, généralement avide de crevaisons fla- droit d'entendre que lorsque nous avons entendu
grantes et de calembours susurrés la tête en toutes les phrases que nous pourrions faire nous-
bas. La porte en est sous une très vieille terre mêmes.
que rien ne décèle à l'étranger, à moins qu'il ne Et maintenant c'est le deuil, le vrai deuil,
s'agisse d'un polaire. bordé de flammes d'alcool. Voilà pourquoi.
Les: polaires ne parlent pas, et n'ont pas le Après avoir dépassé tant de paroxysmes, la
temps de rien faire ni de faire quelque chose. vitesse était évidemment devenue blême et
Ils sont graves comme les eaux, et clairs comme fine, mais elle était toujours -.régulière, rappelant
eux-mêmes seuls. Ils ne se connaissent point en nous, selon le Talinud et la Bible, plusieurs
les uns les autres, ni ne savent rien d'eux-mêmes. sens disparus, dont celui du baiser véritable,
Ils sont vêtus comme les embarcadères et comme qui se donne comme on donne un trésor enfoui ;
ces endroits des gares qu'on ne peut pas photo- que seul un fil accouplé dans nos greniers (qui
graphier. ne se trouve qu'à la faveur des tâtons) et qu'on
Ai-je parlé des polaires ? tient entre les dents quand on s'en va, peut
Ce fut Ludwig Ha, mon vieil ami Berlinois de réveiller et développer à sa majesté changeante.
vingt minutes, qui me révéla les polaires, après Ici vient le prodigieux prodige.
m'avoir secrètement mené vers la seule rue Et le prodige est fini. C'est fini. Je marche
qui leur soit officieusement réservée. Une rue rue Froidevaux, dans cette direction de lune
sans maisons et. sans hommes, pavée de dominos et de miroitantes petites vertes.
de marbra qui dansaient sous nos pieds. Le bout Là est une fenêtre, à la barre d'appui de
de cette rue, contre toute attente, me sépara laqucile vient se poser à l'amazone une ancienne
brusquement de Ludwig Ha, et dans le même musique. Elle déroule avec précision un métrage
temps que je pensais ensemble aux polaires et important de dentelles sacrées, c'est-à-dire issues
à eux-mêmes, un vertige rose passa sur ma de la neige et du sucre de canne, présentai! t
nuque. l'aspect bonhomme des grottes de Fingall.
C'est alors que la passante et moi quittâmes Elle soumet ces dentelles à tout-venant. Puis
le toboggan pour la fleur. elle se gaufre, et diminue progressivement de
Je dis alors, car alors fut la transition. Des volume, jusqu'à l'éclair dans lequel elle dispa-
crapauds nous suivaient à tire-d'aile. raît par l'orifice d'une bouche voisine.
Le toboggan devint brusquement translucide, Le prodige est bien autre chose. Malheureu-
dégageant un parfum que je crois être celui sement, ou ainsi que vous le voudrez, le prodige
de l'eau de Seltz, et se rétrécissant de telle sorte fut vertical, et donc il échappe logiquement
que nous nous trouvâmes collés, et que force une relation historique. Rien ne peut en être
nous fut d'entrer dans la fleur. Je dis la fleur, confié. Je noterai simplement, pour l'acquit
parce qu'il est remarquable que j'aie vu la fleur, d'une volupté personnelle et internationale, non
et je dis ceci à cause delà vitesse toujours gran- attributive de la juridiction des tribunaux de
dissante, qui ne m'eût pas permis de distinguer la Seine, les indices suivants qui s'y rapportent :
une forme quelconque à moins de cinq mille — Plus un piano contient d'eau, et moins il
lieues en\iron. est aisé de s'en servir. .
La forme de la fleur était celle de l'arum — L'ombilic court sans cesse et se nourrit
vulgaire, où les Romains se désaltéraient après d'entre-deux.
le cirque. A vrai dire, ce n'était ni une fleur ni — L'apoplexie de la délicatesse perd pour se
même une chansonnette, mais l'entrée d'un qui lui survit toute signification horaire.
conduit de section circulaire, d'un périroèt'-'; Il ne reste plus dès lors que le dernier souvenir,
qui ne passait pas trois cents pieds. tragique entre tous. Celui d'un cri entendu dans
Je dois mentionner, aussi bien que le rapport le conduit blanc. Ce cri était tristement humain ;
des petits doigts présents et débiles, cette exi- sans doute fut-ce lui qui ôta la courroie.
guïté qui devait profondément nous émouvoir, Tout ce que j'ignore m'est témoin, et les
à cause des incalculables commencements. caves et les toits, et mes amis brûlés, et la tombe
La paroi du conduit, d'ordre colonial, était bavarde et la muette naissance, et ma sainte
TEXTES SURREALISTES
GERMAINE BERTON
L'absolue liberté offense, déconcerte. Le soleil a
Paul Eluard :
toujours blessé les yeux de ses adorateurs. Passe
encore que Germaine 1-icrton lue Plateau, les anar- L'hiver sur la prairie apport des souris
chistes, et
moi-inémc, avec eux un très petit nombre d'hommes,
applaudissent. Mais c'est qu'alors elle
sert, paraît-il, leur cause. Dès que sa vie l'emporte,
J'ai rencontré la jeunesse
qui la suivrait dans ce qu'on nomme ses écarts, ses Toute nue aux plis de satin bleu
inconséquences, il y a trop à parier qu'elle compro- Elle riait du présent, mon bel esclave.
mcllra ses approbalcurs. On préfère alors invoquer
la maladie, la démoralisation. Et bien sûr que les
anarchistes exaltcnl la vie, réprouvent le .suicide
qui est. comme on le sail, une lâcheté. C'est alors Les regards clans les rênes du coursier
qu'ils me font connaître la houle: ils ne nie laissent
lien d'autre à faire qu'à nie prosterner simpknicr.l Délivrant le bercement des palmes de mon
devant celte femme en tant admirable qui est le plus sang
grand défi que je connaisse à l'esclavage, la plus belle
protestation élevée à la lace du monde contre le men- Je découvre soudain, le raisin des jaçades
songe hideux du bonheur,
Louis ARAOON. couchées sur le soleil.
Fourrure du drapeau des détroits insensibles.
AFFICHE
I-il boulevard Haspau, une affiche jaune imprimée, La consolation graine perdue
ain si conçue : Le remords pluie fondue
Di.COltATION
Si la daine qui a dil à une dame suri e seuil du lion La douleur bouche, en coeur
Marclié le 18 octobre vouloir ordre de décoration
veut envoyer ses noms el adresse chez conciergepeui-11!!), Kl mes larges mains luttent.
Boulevard Saint-Michel, .r>", au nom de Ginhaine,
êlrc s'arrangera-l-op.
La tête antique du modèle
Rougit devant, ma modestie
Je l'ignore je la bouscule
0 ! lettre aux timbres incendiaires
Qu'un n'envoya pas
bel espion
VU. qui glissa une hache de pieire
Jacques-André Boiffard coups de pied à tous les a qu'il rencontre dans les
: poèmes de Roger Vitrac et de Pierre Naville
Sur l'établi des voluptés à venir, les volutes de Il se dirige ensuite vers les réservoirs, trois grosses
caresses se détendent en fermant les bras ; l'étau incongruités rangées le long des rails. Arrivé
des cheveux alterne sa chanson avec celle du près d'un réservoir il commence à dérouler une
vilebrequin du désordre. On rabote les matières espèce de chaussette russe qui entoure son pied
premières des solutions de continuité dont les gauche, mais il s'aperçoit que cette bande d'étoffe
copeaux s'entassent sur le plancher arborescent verte enveloppe aussi la jambe, la cuisse, l'autre
Le charpentier est en chemise sans bras, très pied et même tout son corps sauf un trou pour
comme il faut, malgré les apparences de raison laisser tousser les cheveux. »
qui sont suspendues aux parois de notre crâne.
C'est ainsi que passe dans un sablier de chair le Ma chair se casse, une ligne de baisers, parabo-
temps de la vie : globules. On rirait pour un peu lique restreint l'infini clans les yeux des peuples.
de tous ces outils inutiles quoique de métal Les larmes du soleil tombent doucement dans
précieux, si les rires pouvaient naître sur nos une coupe où nagent les sirènes, idées d'absolu.
dents déchaussées ; nos dents qui brillaient tant Mes hanches saignent et je vais là-bas vers les
dans la nuit rouge se sont éteintes et les baisers arbres qui parlent. Les feuilles sont mille bouches
n'ont plus de phare. Tant pis pour la procession et les paroles s'allument par le frottement de
qui' s'avance locomotive en tête. Est-ce un train la chlorophylle sui les visages Les feuilles ne
de pèlerins ? Les hommes se souviennent de choient pas plus queles oiseaux et l'encens vivant.
cagoules blanchies par la jeunesse et les petits Dans le fleuve qui nourrit le temple du temps se
enfants ne seront là qu'hier. Les femmes sont lovent sur un fond de rocs des reptiles plus beaux
restées dans la campagne cloiée d'azur où leurs que les vices de forme. Les malentendus se
éventails de doigts se ferment sur des coffrets : noient journellement dans le fleuve malgré les
splendeur des laisser-aller et des déménagements. efforts périmés des distractions. Les rives sont
La procession s'avance enveloppée de fumée deux montagnes pyramidales et le matin 'la
teinte spécialement par les effets de caractères lune sort d'un cratère d'acier lorsque le pâtre
anonymes. Lisez au-dessus des wagons sans des galets des plages siffle dans ses doigts. De
portières la devise des pèlerins : « Soutiens ton l'autre cratère s'élance parfois la lumière des
esprit par l'élévation des ascenseurs. » Admi- venues. Les arbres parlent aussi aux grilles des
rable précepte qui flambe sur un plat d'airain jardins et d'autre chose mais jamais de moi. Il ne
sans le secours de nos bras tendus vers le diamant se passe pas d'évennement sans importance
jaune. Les exaltés atteindront-ils l'atelier des qu'une femme ne laisse tomber de son sac à main
désirs? nul détail ne permet de le croire et si vous la raillerie des angélus où ses pieds s'embarrassent.
doutez pesez les grains de saisie de ma plage Les entants appellent cela leurs grands bijoux de
d'océan avec des balances fausses, vous aurez le mica. « Si vous avez un frère n'hésitez pas à le
secret de ce qui vous charme. Encore faut-il considérer comme un porte-plume sans vous
admirer les fleurs disposées en échiquier par le préoccuper de la réaction du noir animal. — F.n
jardinier de l'élan pour s'apercevoir que toutes ces effet il est si simple d'arracher les laines de vos
lamentations que l'on entend ronfler au creux de côtes qui empêchent vos poumons de voir clair
ses poches ne sont qu'un tableau où la matière même si votre fille s'appelle Marthe. — Marthe
surpasse la vitesse des candélabres qui éclairent comme un lapsus, un cataplasme ou une amibe
la scène sans sourire. enkvstée dans son orgueil. » Le tap'is vert de
la route s'annonce un bien mauvais calculateur
L'acteur qui jouait Robespierre ce matin-là toutes les bornes kilométriques portent le même
avait laissé prendre son col dans l'engrenage chiffre en allant vers les îles où en revenant par
d'une machine à battre. 11 en ressortit un violent le chemin des pendules roses. L'eau s'étend
mal de tête qui jeta la terreur parmi les monu- très loin au-dessus du sol, aussi ne peut-on
ments aux soldats décorés de la croix triste. Le y porter le pied sans élever le genou plus haut
malheureux se décida à se faire la barbe avec que le lobe de l'oreille gauche. Pour le reste
une bouteille de schmek dérobée dans l'arrière- rapportez-vous-en à la conversation citée plus
cuisine de son grand-père, Dieu, le compositeur haut.
d'anatomie bien connu. Il s'élança donc à la
poursuite de l'autruche aux cailloux friands
mais trébucha sur des pattes de salamandre et
se fractura les omoplates. Avant de mourir il
LA DËSESPÉIUÏE AU PARAPLUIE
prononça ces paroles : « Alfred Jarry descend
des degrés qui mènent à un étage supérieur. Ses Gompiègne,5 novembre. — A Margny-lcs-Ccriscs, Mmo 13il-
pieds marquent leur empreinte dans la pierre, liard, née Marie Thiroux, 53 ans, se lève la nuit, prend sa
il descend. Au bas des marches il donne de violents lanterne et son parapluie, puis se précipite dans le puits
de sa voisine, Mme Villette, où l'on retrouve son cadavre.
14 TEXTES SURREALISTES
Max Morise :
exige un enchaînement (logique) et qu'elle Mais, ce qui m'absorbe plus que tout autre
réclame toujours, pour se satisfaire, une conclu- détail du problème c'est cette identité de la
sion. Si je la traite à lamanière du rêve, au lieu destinée poétique et de la destinée humaine
de prospérer comme lui, elle s'embourbe et — cette marche incertaine et précaire sur le
s'arrête, elle meurt. vide — aspiré par en haut, attiré par en bas,
Si je pensais en écrivant un poème comme je avec l'effroi à peine contenu d'une chute sans
suis obligé de penser (si faiblement que ce soit) nom et l'espoir encore mal chevillé d'une fin
en écrivant un article, ce poème aurait au moins ou d'un éternel commencement dans l'éblouisse-
une conclusion. Tl y aurait entre ses parties un ment sans tourbillon de la lumière.
enchaînement soumis aux règles ordinaires du
raisonnement. On y sentirait, pour si obscure PIERRE REVERDY.
qu'elle soit, la volonté de dire quelque chose
à quelqu'un. Ne serait-ce que cette idée : « Je
vous prouve que je suis froidement capable de
composer un poème. Je connais mieux que LES DÉSESPÉRÉS
personne la beauté. » J'admire beaucoup ce Arrivé le matin même de Saint-Sébastien, M. Pierre
genre de maîtrise, mais je l'admire à froid. Elle est Régnier, trente-neuf ans, tailleur d'habits, a tenté de se
suicider, hier après-midi, dans une chambre d'hôtel, 26,
loin d'être mon fort. Et il m'arrive de mieux boulevard de l'hôpital. Le désespéré, qui s'était tailladé la
apprécier les idées d'un homme capable de tels gorge à coups de rasoir, a été transporté, dans un état
exercices que ces exercices mêmes. grave, à l'hôpital de la Pitié.
Le poète est dans une position toujours diffi-
cile et souvent périlleuse, à l'intersection de LES DÉSESPÉRÉS
deux plans au tranchant cruellement acéré, Le gardien de la paix Boussiquier, du dixième arron-
celui du rêve et celui de la réalité. Prisonnier dissement, a repêché dans le canal SaînI-Martin, en face du
numéro 110 du quai Jemninpcs, te cadavre de M"" Eulalie
dans les apparences — à l'étroit dans ce monde, Paquet, âgée de trente ans, domestique vue de la Pompe,
d'ailleurs purement imaginaire, dont se contente qui, à la suite de chagrinsintimes, s'était suicidée.
le commun — il en franchit l'obstacle pour (Peiil Parhi-n.)
atteindre l'absolu et le réel; là son esprit se
meut avec aisance. C'est là qu'il faudra bien LES DÉSESPÉRÉS
le suivre car ce qui est. ce n'est pas ce corps obscur, — Vers '1 heures du matin, une femme, grande, élancée,
paraissant avoir vingt-cinq ans. qui. depuis un instant,
timide et méprisé que vous heurtez distraitement se promenait, rébrilcmenl. quai des Célestins, tenant une
sur le trottoir — celui-là passera comme le valise a la main, descendit rapidement sur la berge, et, y
laissant le. eolis qu'elle portait, se jeLa à l'eau.
reste — mais ces poèmes, en dehors de la forme En vain se porta-l-on à sou secours. On ne put la retrouver.
du livre, ces cristaux déposés après l'effervescent Dans la valise, que peu après inventoria le commissaire
contact de l'esprit avec la réalité. du quartier, ou ne trouva que quelques etl'els (le lingerie
marqués de l'initiale VV.
Et la réalité profonde — le réel — c'est ce (Pclil Parisien.)
que l'esprit seul est capable de saisir, de détacher,
de modeler, tout ce qui dans tout, y compris SAINT-JOHN PERSE : ANABASE.
la matière, obéit à sa sollicitation, accepte sa (A'. R. F., éd.)
domination, évite, esquive l'emprise trompeuse Ce qui est pur, l'inapplicable, le ciment pareil à
des sens. Où les sens sont souverains la réalité l'essence, la chanson, le point qui n'est ni dormir
s'efface, s'évanouit. Le naturalisme est un ni penser, ni le silence, à peine la parole, et par-dessus
les vagues océanes ni l'écume ni la mouette, ni l'eau
exemple de cette soumission à la réalité sensible. et déjà la lumière, un grand pays blond de coutumes,
On passe sur le résultat. Car il ne s'agit pas où les gestes se font comme des plis de robes, dans
de faire vrai ; le vrai d'aujourd'hui est le faux l'amour les formes du baiser seules alors découvertes,
dans la chasse une attitude du tireur, l'ombre de
de demain. C'est pourquoi les poètes n'ont l'oiseau sur le sol, le plaisir enfui, oublié, un monde
jamais eu aucun souci du vrai, mais toujours à l'aurore, plus qu'un monde : un homme au bout du
monde, Saint-John Perse. Il n'a rien demandé à
en somme du réel. Maintenant prenez garde, personne, et voici la bave des chiens (1). Quand la
les mots sont à tout le monde, vous êtes donc terre trembla, quand l'ombre suspendit son feuillage
an-dessus des cérémonies militaires, quand on vit,
tenus défaire des mots ce que personne n'en fait. dira-l-on, le défilé des couleurs humaines sur une
Je ne suis pas, au surplus, à la recherche tombe absurde, quand le sentiment de la consécration
d'une forme quelconque. Je n'en connais pas eut déposé sa palme et ses murmures sur le dénouement
prévu d'idées vulgaires, défendues par le plus grand
qu'il me plairait de revêtir. nombre, alors accomplissant le voeu de ses fantômes
Si j'en connaissais une toute prête, je n'aurais un poète en ces temps pareils à la semoule pour l'infinie
division de la poussière fit entendre le son, un bateau
même pas le courage de tenter le moindre effort qui périt en mer, du cristal.
L. A.
pour l'atteindre.
Je crois que le poète doit chercher partout
et en lui-même, la vraie substance poétique et (1) Cf.Paris-Journal du 14 novembre 1924, Chronique de
c'est cette substance qui lui impose la seule la Poésie, par Roger Allard, auteur de plusieurs articles
imbéciles sur ThéophileGautier, Henry Bataille, Guillaume
forme qui lui soit nécessaire. Apollinaire,Pierre Reverdy, Jacques Baron; etc.
SUICIDES
que dix, quinze, mettons trente individus Voici le surréalisme et tout le monde cherche à en faire
partie.
qui vivent contre le bon sens, c'est-à-dire TRISTAN TZARA. (Les Nouvelles littéraires.)
qui vivent selon la réalité, qui vivent pure- Socrate n'était pas surréaliste.
ment et simplement. ABEL HERMANT. (Le Temps.)
Je découvre toujours dans les journaux Ne criez pas à la plaisanterie. Pour ma part je crois qu'il
qu'on ne considère ici que comme des n'est rien de plus sérieux. Les surréalistes touchent ici
sans en avoir l'air à toutes les fausses gloires — en cst-il de
miroirs fidèles, une autre source de précieux vraies ? — et les déboulonnent. Ce sont des gens sans
orgueil. Ils ont atteint l'humilité complète, celle qui régéné-
renseignements. rera peut-être un jour le monde.
JEAN MADEI.AIGUE.(Le Journal du peuple.)
Ouvrez une de ces feuilles qui s'intitulent :
l'Humour, Paris-flirt, Mon béguin, l'Amour Ce ne sont même plus moeurs d'arrivistes et d'apaches,
mais de chacals. Telle est la mentalité des * surréalistes ».
en vitesse et autres publications de ce genre. CAMILLE MAUCLAIR. (L'Eclaireur de Niée.)
A la dernière page on aperçoit une rubrique Le surréaliste dit comme Pascal : Humiliez-vous,
raison impuissante ! « Mais il n'ajoute pas«: « Taisez-vous,
très achalandée, celle des petites annonces. nature imbécile ! » Car ce n'est pas en Dieu, c'est en lui-
Ayez soin de lire attentivement mais pas même e.l nu plus prorond de sou être qu'il veut trouver
la vérité.
entre les lignes, les demandes, les offres Louis LAI.OY. (Comcedia.)
que l'on y fait. Vous vous rendrez compte Ne refusons pas notre attention à cette école nouvelle
à ce moment de l'étrange simplicité des dont les membres actuels ont l'irritante outrecuidance,
mais aussi la féconde confiance et la vive nrdeur de la jeu-
désirs. Cette simplicité que j'ai qualifiée nesse,
GEORGES KENCY. (L'Indépendance Itclac.)
d'étrange est aussi et encore merveilleuse.
Les désirs, j'ai écrit ces mots, les désirs, En quoi consiste le surréalisme ? D'après l'étymologie, il
est au réalisme ce que le surhommeest (ou serait) à l'homme :
voilà les seuls témoins, les seuls fidèles il le surpasse.
PAUL SOUDAY. (Le Temps.)
porte-parole.
Je ne sais pas ce que M. I-Ierriot pense du surréalisme.
Rien n'est à recommencer mais il faut Peut-être n*a-t-il plus beaucoup le temps de lire. Mais il
quelquefois avoir de la persévérance. Suivez nie semble que si, comme on l'a dit dans les journaux,
il a été visiter le Salon des appareils ménagers, il a dû en
pendant quelques semaines ces petites an- revenir converti aux doctrines que M. André Breton expose
avec tant de persuasiondans son fameux manifeste.
nonces. La plupart sont attendues et prodi- FRANCIS DE MIOMANDRE. (L'Europe nounelk.)
gieuses. Et quand vous serez étonné, songez Surréalisme apparaît synonyme de démence. S'il arrive
à la petite opération que l'annonceur a dû a se substituer aux autres mécanismes psychiques dans la
résolution des principaux problèmesde la vie, nous pourrons
commettre. Premièrement : acheter Mon. abandonner tout espoir de résoudre le problème de la vie
béguin, 25 ou 50 centimes ; deuxièmement : chère.
(L'IZcho d'Alger.)
le lire ; troisièmement : ici le mystère inter-
Je ne veux point prédire que le surréalisme conduira à un
vient ; quatrièmement : prendre une plume surnationalismc, mais il forcera la littérature a sortir des
frontières provincialesoù le maintiennentencore les réalités
et de l'encre ; cinquièmement : écrire une mesquines de la chronique et de la mode boulevardiôres.
petite annonce ; sixièmement : l'envoyer et L'ayant libérée de son asservissement aux faits divers du
réalisme, la conduira-t-il jusqu'à l'impérialisme intellectuel
septièmement : attendre, le coeur battant, qui ïa venge de son abaissement actuel ?
MARIUS-ARY LEBI.OND. (L'Information.)
Je résultat. Il faut noter qu'aucune des
offres ne reste sans réponse. Dans ce pot pourri, dans cette boite à déchets, un psycha-
nalyste subtil découvre quelles sont les préoccupations
La vie est un rêve, dit-on. Je n'ai pas principales d'un individu, ce qu'il ignore ou ne s'avoue pas
de lui-même, ce peut être fort intéressant.
de preuves de ce qu'on avance. Je me ROHERT KEMP. (Liberté.)
contente de ces révélations pour le moins Les jeunes gens qui lancent le surréalisme sont sans
sensationnelles, et qui restent absolument doute des manières d'humoristes. Du moins, je le leur
souhaite... En tout cas, il y a chez eux — déjà — du désen-
publiques. PHILIPPE SOUPAULT. chantement, de l'amertume et même un peu de dégoût...
Clément VAUTEL. (Le Journai).
CHRONIQUES
scientes et apprises des éléments que l'écrivain culier que nous envisageons, les oeuvres plas-
trouve tout fabriqués dans sa mémoire. tiques de ceux qu'on appelle communément
Mais en vérité nous avons toutes lès raisons fous et médiums comme parfaitement compa-
du monde pour croire que l'élément direct et rables ; elles se présentent schématiquemcnt
simple que constitue la touche du pinceau sur sous deux aspects :
la toile porte sens intrinsèquement, qu'un trait — ou les éléments plastiques se présentent
de crayon est l'équivalent d'un mot. Les pre- à l'esprit comme des touts complexes et indi-
miers tableaux cubistes : aucune idée préconçue visibles et sont reproduits aussi sommairement
ne venait imposer le souci d'une représentation que possible — un arbre, un bonhomme. Ces
quelconque ; les lignes s'organisaient au fur éléments sont pour ainsi dire notés au fur et à
et à mesure qu'elles apparaissaient et pour mesure qu'ils parviennent à la conscience :
ainsi -lire au hasard ; l'inspiration pure, semble- une maison, le cheval y pénètre qu'un crabe
t-il, présida à cette manière de peindre, avant que monte à califourchon et le soleil dans le crabe.
celle-ci trouvât en elle-même un modèle et Cela pourrait aussi bien s'écrire comme on voit ;
réintégrât le goût dans ses anciens privilèges. en tout cas un dessin rapide et rudimentaire
A chaque seconde i était permis au peintre de peut seul convenir à ce genre d'expression.
prendre un cliché cinématographique de sa — ou bien.— et c'est ici que nous touchons
pensée et, comme sa pensée s'appliquait parfois à une activité véritablement surréaliste — les
aux objets qui l'environnaient, il inventa le formes et les couleurs se passent d'objet, s'or-
collage qui lui Tendait aisé l'emploi de figures ganisent selon une loi qui échappe à toute
toutes faites dent son imagination pouvait préméditation, se fait et se défait dans le
instantanément disposer. Coups de pinceau même temps qu'elle se manifeste. Bon nombre
ou paquets de tabac, la peinture n'a jamais de peintures de fous ou de médiums offrent
eu la tête plus près du bonnet. ainsi à la vue des apparences insolites et témoi-
gnent des ondulations les plus imperceptibles
du flux de la pensée. On pourrait poser en
équation algébrique qu'une telle peinture est
à x ce qu'un récit de médium est à un texte
surréaliste. Parbleu !
Mais qui nous fournira la drogue merveilleuse
qui nous mettra en état de réaliser x ? et quelle
jalousie n'éprouvera pas le peintre à considérer
les ténèbres que se procure à elle-même l'écriture
surréaliste. Car toute la difficulté n'est pas de
commencer, mais aussi d'oublier ce qui vient
d'être fait, ou mieux do l'ignorer. Fermer les
yeux, user d'un cache, s'astreindre à ne fixer
qu'une portion de la toile, tous les moyens
de bouleverser l'habituelle orientation de la vue
sont des procédés bien enfantins et qui tombent
à côté. 11 ne s'agit pas de mutiler une technique
mais de la rendre, autant qu'il est possible,
inefficiente.
Aujourd'hui nous ne pouvons imaginer ce
que serait une plastique, surréaliste qu'en
considérant certains rapprochements d'appa-
rence fortuite mais que nous supposons dûs
à la toute puissance d'une loi intellectuelle
supérieure, la loi même du suiréalisme.
Quel est donc cet homme que nous voyons,
sur la tête, gravir d'un qeste paresseux les
degrés d'un escalier qui ne mène nulle part ?
Quel est ce Man Ray, notre ami, qui d'objets
André M<tsson. de première nécessité fait, à l'aide du papier
sensible, des objets de dernier luxe ? Quelle
Admirons les fous, les médiums qui trouvent est cette femme blanche qui passe en auto-car
moyen de fixer leurs plus fugitives visions, parmi des hommes à haut chapeau ?
comme tend à le faire, à un titre un peu diffé-
rent., l'homme adonné au surréalisme. MAX MOUISE.
Nous pouvons considérer, dans le cas parti-
28 CHRONIQUES
Robert Desnos.
CHRONIQUES -29
L'esprit alourdi par le fardeau des formes dants qu'elle va chercher dans sa constante
dont il use est retardé dans son départ, ou, du liberté de choix.
moins, retenu. L'extraordinaire relief que prend Sa complète disponibilité fait appel à des objets
ici le phénomène est-il dû à l'absence de tuteur, libres mais dont aucun n'occupe assez le champ
la pensée se défendant moins facilement contre de l'esprit pour appeler une suite après lui. La
le joug des mécanismes qu'elle emploie ? C'est, liberté, courte de souffle, se meuble d'emprunts
au contraire, qu'éclate plus nettement la façon contractés en toute indépendance : elle ne jaillit
dont elle charrie les épaves organisées des termes pas d'un seul trait continu.
et la qualité insoupçonnée qu'ils prennent à ses « Tu me fais rire, mais non après tout, car rire
yeux. c'est le propre du suicide et je crois qu'on va
On voit comment le cours forcé de l'esprit se éclater les lampes d'amour : les grosses belladones
joue des termes comme d'allumettes en bois, les sucrées qui pendent aux doigts des vigilantes
renversant, les utilisant pour des raisons impré- malices, spectre des nuits et qu'une fenêtre
visibles. La pensée comme une tempête passe dévitrée ouvrira l'aventure éternelle des bandits
au-dessus des mots. en habit de cretonne, en vaseline démodée, debout
L'existence de ces débris laisse prévoir la possi- devant l'entrée impeccable, détestant le cou de
bilité d'une activité libérée. Si L'on pouvait aussi la victime et l'entiaîne dans la cave à côté où
clairement faire apparaître les autres systèmes l'on boit de la vitrine à pleins verres... »
d'associations du vocabulaire, on dénoncerait
outre les consonnances, les liens, que forment une L'état le plus souhaitable serait un blanc de
culture, l'expérience personnelle d'un individu, la conscience pendant l'écriture. La vitesse entraî-
la géographie de la syntaxe et l'on entreverrait nerait une parfaite fluidité et s'inscrirait dans
de plus près une liberté totale où l'automatisme, une courbe propre. Le pur mouvement de la
affranchi des sociétés formées par les mots, dérou- pensée ne s'accompagnerait d'aucune sensation
lerait l'élan des tendances. étrangère à ce développement. Dans la plus
B) Dans un autre de ces états, le sujet a l'im- grande abocnce d'éléments conscients trahissant
pression qu'après quelques minutes de trouble, l'effort, l'insuffisance ou le repos, se graverait la
l'esprit se fixe dans une atmosphère dramatique. trace fulgurante et immédiate.
A partir de. ce moment il coule sans difficulté dans De la sorte on aurait une dictée de l'esprit, et
une voie d'une merveilleuse souplesse qui se dans ses propres éléments, accomplie en complet
dessine à. mesure quM avance. C'est comme s'il désintéressement.
avait rencontré un filon, dans lequel il glisse d'un Les états B et C ne font qu'approcher cette
mouvement continu. L'esprit « débite une cou- parfaite projection.
lée » sans heurt et avec le vertige de la vi L'Etat [B] parce qu'il se canalise dr.ns un
tesse. sillon tracé trop tôt pour s'être dégagé de tout
Dans cet état, le sujet raconte une histoire souvenir et de toute « présence d'esprit ». Ses
conduite de bout en bout et qui surgit au fur et éléments ne se sont pas encore assez purifiés dans
à mesure suus ses pas. C'est une révélation qui se les bouillonnants tourbillonspour qu'ilsdécouvrent
dégage d'elle-même. la courbe autonome, ne ressemblant à rien et qui
Par exemple : soit le jet de leur activité.
« ...Ouvrez-vous tombes désolées où gémit une L'Etat [C], parce qu'il reste composé de minutes
tulipe envolée au corsage d'une jeune beauté, d'indépendances distinctes que la pensée traverse
cffcuiile-toi tulipe éphémère bordée de sang jauni comme le fil d'un collier sans que l'on ait l'élan
et percée d'une fine blcssuic par où s'écoule un unique et directement appréhendé de l'esprit.
lait de source cf. qui sent la merise. La rhubarbe L'Etat [A], bien particulier, il faut se garder
fleurit sur le corps de la jeune épousée et lui d'y considérer en premier lieu, ce qu'il découvre
mange les traits, la désigne à la douleur des col- en passant, d'oublier que le point principal est
chiques sevrées de silence. Si la bêche au sein la façon dont la pensée maltraite les mots,
cruel t'a tiré de i'envcloppe de percale, la pous- cachée qu'elle est dans la poussière des scories,
sière, où tu gémis pour avoir connu la croix de Ce qui, pour des raisons discutables d'ailleurs,
diamant d'un évêque, tulipe que le bec des nous semble les révélations les plus heureuses de
corbeaux écorne et rpic le vent secoue comme un cette activité livrée à elle-même :
bloc d'asphalte au sommet des neiges. » « rhum au sein blanc... »
C) Dans un troisième état, le trouble du début « ...un navire aux voiles plates glisse sur la
ne paivient pas à se dissiper. L'esprit poursuit verveine argentée des flots et laisse ses nattes
un cours haché : chaque progrès semble suivi pendre dans l'abîme... >'
d'un arrêt, d'un blanc rompu par l'apport d'un est né dans les moments les plus détachés,
élément qui accourt de l'autre bout du monde. entraîné dans ia pureté et ia vitesse de a création.
L'écriture qui bégaye avance en escalier, en cas-
cade. Elle passe à travers des éléments indépen- FRANCIS GÉRARD.
REVUES 3i
BENJAMIN Conférences.
— Prochainement conférence de Benjamin Péret : L'état
On ne trouve pas les revues exclusivementdans les librai- du Surréalisme.
ries. Ainsi en distribuait-on an Salon de PAutomobile, et de — Prochainement conférence d'André Breton au Théâtre
remarquables. Il faut citer Benjamin, à eause de l'esprit Albert-1" : Le Surréalisme comme mouvement révolution-
très particulier qu'il renferme. Par lui l'intelligence se trouve naire.
placée dans une singulière aventure, bien désaxée. Dans — Prochainement conférence d'André Breton A la Sor-
une revue dite littéraire, vous trouvez exposés, comme au bonne : Aspect psychologique da surréaliuisc.
marche, un certain nomme a articles
qui tous se proposent à l'esprit de la
même façon, on fait appci 0 vos
facultés critiques. Prenez une revue
scientifique : déjà votre compréhen
sion, si vous n'êtes pas vei se dans les
sciences dont elle s'occupe,s'égare. Un
certain esprit d'invention commence
à percer en vous, parce que vous êtes
bien obligé de prêter un sens qu'ils
n'ont pas à la plupart des faits que
vous y voyez signalés. Voici mainte-
nant Benjamin ; on y trouve : lettres,
sciences, arts, tourisme,sports,chasse,
p@che, élevjiï?e, médecine, etc.. Kl
l'esprit de publicité n'y prédomine
guère. Voici d'ailleurs quelques ti-
tres : Curieuses niunifeslulians de
l'intelligence animale ; Les Curiosités
de ta vitesse ; La Plante, la bête et la
Patrie (E. Haraucourt) ; La Ttaguei
Médecine : la Rage ; La Chine paci-
fique ; Souvenirs d'enfance de ./.-//.
Fabre ; Le duel sous Louis XIII ;
La lumière froide : le Vauban lumi-
neux ; Q'est-ce qu'un poisson migra-
teur? ; Hygiène et beauté, etc. Il y
a aussi de la musique el des poèmes.
Enfin il y a une erupiêle sur le
sommeil cl tes rêves, qui est très re-
marquablement posée. Cette publi-
cation manifeste un élal d'esprit
qu'il faut signaler, parce qu'il est
probablement gros de conséquences,
Extrayons de l'article « obésité et
maigreur ,
la recette suivante :
Thé contre l*obésité
Feuilles de romarin .. 113grammes
— d'hysope .... iô —
Thé noir Bouchong .. 15 —
Chiendent coupé .... 12 —
Feuilles de séné 10 —
Vigne rouge coupée.. 60 —
(Mélanger avec soin).
Deux cuillerées à soupe, pour
une lasse d'infusion, à prendre ma-
lin et soir, aussi chaude que possible.
Sous la signature du docteur P..
Monin, Furies s*apprêtani à poursuivre un assassin par un clair après-midi d'automne.
P. N.
ENQUÊTES Commerce.
Le Surréalisme s'Intéresse à buts les problèmes qui se
posent à notre époque. Indépendamment de l'activité qui — Lire dans le premier numéro de la revue Comntcrcc
lui est propre, il participe à toutes celles qui louchent, de Un texte surréaliste de Léon-Paul l'argue : VAtmosphère.
prés ou de loin, aux tentatives actuelles dans tous les — Lire dans le second numéro do celte revue le manifeste
domaines de la vie. C'est à ce litre qu'il signale ici sans surréaliste de Louis Aragon: l'ne vaque de rênes.
commentairesles principales enquêtes actuellement en cours,
d'Intérêt inégal, auxquelles nos collaborateurs se réservent Marco Rlstilch.
de répondre Individuellement :
1° Les Cahiers du Mois: de la pcnélrahililé réciproque Lire Témoignages et les divers articles de Marco lîistitch
de l'Orient et de L'Occident. dans les revues de lîelgrade el Zagreb.
2° musions : Que penser du cinéma; son influence sur
la littérature. Saint-Pal»Roux»
3° Philosophie» : Voire méditation sur Dieu.
•1° Paris-Soir : Quelle est la couleur du clair de lune ? Le grand poète Sainl-Pol-ïîoux rentre à'Paris, après une
D'autre part Le Disque Vert annonce un numéio sur le absence de trente-cinq ans.
Suicide. Celui-ci répondant à une initiative entièrement
indépendante de la nôtre, mais survenant en même temps Qu'est-ce que le journal L*Etoile 7
que l'enquête de La Tiévolution Surréaliste contribuera
comme elle à mettre en lumière l'actualité persistante An numéro '2 de La Révolution Surréaliste :
d'un problème, que nos contemporainss'efforcent vainement
d'oublier. GEORGES BESSIERE.
32 SUICIDES
Le Gérant : Louis ARAGON Iinp. Alençonnaise, 11, rue des Marcheries, Alençon