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CULTURE • CINÉMA

« John Wick : chapitre 4 » : la mélancolique odyssée d’un


indestructible tueur à gages
Toujours en proie à une horde d’assassins, Keanu Reeves reprend son rôle dans le quatrième
épisode de la saga avec une élégance ironique.

Par Jean-François Rauger

Publié le 22 mars 2023 à 11h30, modifié le 22 mars 2023 à 11h30 • Lecture 3 min.

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Keanu Reeves dans « John Wick : chapitre 4 », de Chad Stahelski. METROPOLITAN FILM
EXPORT

L’AVIS DU « MONDE » – À NE PAS MANQUER

Comment maintenir l’équilibre nécessaire entre répétition et innovation lorsque l’on veut ajouter un
nouvel épisode à une franchise cinématographique dont semblent avoir été, une fois pour toutes,
posées les bases et les limites ? Il faut reconnaître que le quatrième épisode de la saga John Wick vient
proposer une solution assez singulière. Le héros de la série est une création du scénariste Derek
Kolstad qui avait commencé sa carrière en 2012, en écrivant deux scripts pour des films d’action
mettant en scène un Dolph Lundgren vieillissant. Sorti en 2014, John Wick s’appuyait sur un schéma
usé, celui du tueur reprenant du service.

Assassin à gages au service de la mafia biélorusse de New York John Wick retrouvait ses réflexes
Assassin à gages au service de la mafia biélorusse de New York, John Wick retrouvait ses réflexes
létaux d’antan pour se venger des malfrats qui avaient tué son chien (cadeau de son épouse
mourante) et volé sa voiture, devenue un objet transitionnel pour deuil inconsolable. Car la
dimension mélancolique est une donnée cruciale du parcours d’un héros contraint, d’épisode en
épisode, de quitter sa retraite et d’affronter une quantité impressionnante de sicaires désireux de
toucher la prime astronomique proposée par une superpuissance occulte du crime, la Grande Table.
Tous les titres sont réalisés par Chad Stahelski, qui fut notamment le responsable des cascades pour
de nombreux films d’action dont la série des Matrix.

Au fur et à mesure des épisodes, l’action est devenue le carburant unique d’une fuite en avant au sein
d’un univers perdant de plus en plus tout lien avec la réalité d’un quelconque monde social
désormais réduit à une image publicitaire faite de galeries d’art, de dance floors et de monuments
historiques. Un monde que les techniques numériques affectent d’une plasticité infinie.

Immarcescible Keanu Reeves

La mise en scène de combats ultrachorégraphiés, empruntant au cinéma d’arts martiaux chinois, aux
films de sabre japonais, à la mise en scène de corps à la fois souffrants et indestructibles tels qu’on les
a vus dans les œuvres de John McTiernan, à l’outrance extatique du style d’un John Woo, tout autant
qu’au cartoon, à la bande dessinée et au jeu vidéo, constitue désormais l’essentiel, englobant tout le
reste. Bref, les John Wick recyclent, dans un mélange d’abstraction et de pompiérisme, une rhétorique
de la violence, déconnectée de tout.

Le quatrième opus de la série continue un processus commencé dans les épisodes précédents. Le
héros est toujours la proie d’une horde d’assassins qu’il affronte au cours d’un périple qui part du
Maroc pour passer par New York, Berlin et Paris. Le formidable Donnie Yen en tueur aveugle (sans
doute une référence à la série japonaise des Zatoichi, invincible personnage de bretteur atteint de
cécité incarné par Shintaro Katsu) constitue ici la Némésis du personnage principal toujours incarné,
avec une élégance ironique, par l’immarcescible Keanu Reeves.
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