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Cour de cassation
chambre sociale
Audience publique du mercredi 28 novembre 2018
N° de pourvoi: 17-21451
Non publié au bulletin Cassation partielle
Texte intégral
REPUBLIQUE FRANCAISE
Attendu, selon l'arrêt attaqué, que Mme Y..., engagée en qualité de chargée de mission signalétique et accessibilité
bâtiment à compter du 11 juin 2007 par la société Ceciaa, s'est vu proposer en juin 2013, un poste de chef de projet
accessibilité, en raison de la restructuration du service accessibilité impliquant un nouvel employeur, la société Ascier ;
que la salariée a refusé cette proposition en juillet 2013 ; qu'elle a été en congé maternité puis en arrêt maladie à
compter de septembre 2013 ; que par lettre du 31 décembre 2013, la société Ceciaa a informé la salariée de la cession
de son activité « accessibilité » à la société Ascier impliquant le transfert de son contrat de travail ; que sollicitant la
résiliation judiciaire de son contrat de travail, la salariée a saisi la juridiction prud'homale ;
Attendu qu'il n'y a pas lieu de statuer par une décision spécialement motivée sur le moyen annexé qui n'est
manifestement pas de nature à entraîner la cassation ;
Vu les articles R. 4624-22 et R. 4624-23 du code du travail, dans leur rédaction alors applicable ;
Attendu que pour condamner la société Ascier à payer à la salariée une somme à titre indemnitaire pour le préjudice
financier du fait du défaut d'organisation d'une visite médicale de reprise, l'arrêt retient que l'employeur n'a pas entrepris
de diligences afin de mettre en place une visite médicale de reprise tout en délivrant des bulletins de salaire à la salariée
visant des absences injustifiées sans rémunération ;
Qu'en se déterminant ainsi, sans préciser si la salariée, à l'issue de son arrêt de travail, avait effectivement repris son
travail ou manifesté sa volonté de le reprendre, ou sollicité l'organisation d'une visite de reprise, la cour d'appel n'a pas
donné de base légale à sa décision ;
Et attendu que la cassation à intervenir sur le premier moyen emporte, par voie de conséquence, en application de
l'article 624 du code de procédure civile, la cassation des chefs de dispositif critiqués par les deuxième et troisième
moyens, qui s'y rattachent par un lien de dépendance nécessaire ;
CASSE ET ANNULE, sauf en ce qu'il déboute Mme Y... de ses demandes de dommages-intérêts pour exécution déloyale
du contrat de travail et au titre des congés payés, l'arrêt rendu le 16 mai 2017, entre les parties, par la cour d'appel de
Paris ; remet, en conséquence, sur les autres points restant en litige, la cause et les parties dans l'état où elles se
trouvaient avant ledit arrêt et, pour être fait droit, les renvoie devant la cour d'appel de Paris, autrement composée ;
Dit que sur les diligences du procureur général près la Cour de cassation, le présent arrêt sera transmis pour être
transcrit en marge ou à la suite de l'arrêt partiellement cassé ;
Ainsi fait et jugé par la Cour de cassation, chambre sociale, et prononcé par le président en son audience publique du
vingt-huit novembre deux mille dix-huit. MOYENS ANNEXES au présent arrêt
Moyens produits au pourvoi principal par la SCP Gatineau et Fattaccini, avocat aux Conseils, pour les sociétés Ceciaa et
Ascier.
https://www.legifrance.gouv.fr/affichJuriJudi.do?oldAction=rechJuriJudi&idTexte=JURITEXT000037787163&fastReqId=1326859636&fastPos=1 1/6
02.02.2019 Cour de cassation, civile, Chambre sociale, 28 novembre 2018, 17-21.451, Inédit | Legifrance
IL EST FAIT GRIEF à l'arrêt attaqué d'AVOIR condamné la société Ascier à verser à Mme Y... la somme de 15 962,46
euros à titre indemnitaire pour le préjudice financier du fait du défaut d'organisation d'une visite médicale de reprise,
d'AVOIR dit que les condamnations au paiement de créances de nature salariale porteraient intérêts au taux légal à
compter du 26 juin 2014 et que les condamnation au paiement de créances indemnitaires porteraient intérêts au taux
légal à compter de l'arrêt, d'AVOIR condamné la société Ascier aux entiers dépens ainsi qu'à verser à la salariée la
somme de 1 500 euros au titre de l'article 700 du code de procédure civile ;
https://www.legifrance.gouv.fr/affichJuriJudi.do?oldAction=rechJuriJudi&idTexte=JURITEXT000037787163&fastReqId=1326859636&fastPos=1 2/6
02.02.2019 Cour de cassation, civile, Chambre sociale, 28 novembre 2018, 17-21.451, Inédit | Legifrance
Le trajet en transport en commun 'aller' évalué depuis le domicile de MME Y... jusqu'à [...] est de 2h43 minutes tandis
que le transport aller jusqu'à Bagnolet est d'1h54, la distance routière entre son domicile [...] passant de 32 km à 60 km
jusqu'à [...].
Il s'en déduit une augmentation sensible des distances se caractérisant soit par une augmentation de plus d'une heure du
temps total journalier en transport en commun soit par une distance supplémentaire de 60km à effectuer chaque jour
(aller-retour) en voiture.
Étant par ailleurs observé que l'augmentation des distances ainsi justifiée aurait eu des répercussions sensibles sur les
conditions de vie personnelle et familiale de MME Y... laquelle avait des enfants en bas âge, il doit être retenu que
l'application de l'article L. 1224-1 du code du travail entraînait au cas d'espèce une modification du contrat de travail à
laquelle la salariée était en droit de s'opposer.
Sur la rupture
La société ASCIER n'a pas procédé en l'espèce au licenciement de MME Y... et lui a délivré des bulletins de salaire
jusqu'au 30 août 2016 au regard des pièces produites.
Les intimées, dont la société ASCIER, soulèvent l'irrecevabilité de MME Y... à solliciter la résiliation judiciaire du contrat de
travail alors que la salariée, malgré des mises en demeure des 26 octobre et 20 novembre 2015, n'aurait pas repris son
travail après un arrêt maladie, manifestant de ce fait sa volonté claire et non équivoque de démissionner; qu'ayant été
par ailleurs embauchée par une autre société à compter du 4 avril 2016, son contrat de travail s'avère incontestablement
rompu à son initiative.
Cependant, la cour observe que si la salariée ne justifie plus d'arrêt maladie à compter du 1er octobre 2015, il n'est pas
justifié de la part de la société ASCIER de l'effectivité d'une visite médicale de reprise à son initiative, qu'en conséquence,
le contrat de travail de MME Y... est alors resté suspendu.
Par ailleurs, la nouvelle embauche à compter du 4 avril 2016 s'est effectuée alors que MME Y... était considérée de
manière infondée en absence injustifiée par la société ASCIER bien que son contrat de travail soit toujours suspendu et
tandis qu'elle avait saisi le conseil de Prud'homme d'une demande de résiliation judiciaire de ce contrat depuis le 20 juin
2014.
Ces éléments ne justifient pas d'une démission de la salariée.
Etant donné qu'il se déduit de ce qui précède que la société ASCIER n'a pas tiré les conséquences de l'opposition de MME
Y... au transfert de son contrat de travail malgré son caractère bien fondé, qu'elle ne justifie pas d'initiatives visant
l'organisation d'une visite de reprise de la salariée, la résiliation judiciaire du contrat de travail sera prononcée au regard
des fautes d'une gravité suffisante ainsi constatées, ce à la date du 4 avril 2016, date à laquelle MME Y... bénéficiait d'un
nouveau contrat de travail auprès d'un autre employeur et n'était plus à la disposition de la société ASCIER.
Sur les demandes en paiement
Compte tenu des circonstances de la rupture, du montant de la rémunération versée à la salariée (2660,41 euros dans
les termes des bulletins de salaire délivrés par la société ASCIER), de son âge, de son ancienneté depuis le 9 octobre
2006, de son retour à l'emploi le 4 avril 2016 et des conséquences de la rupture à son égard, telles qu'elles résultent des
pièces et des explications fournies, la société ASCIER sera condamnée à lui allouer une somme de 25 000 € à titre de
dommages-intérêts.
L'indemnité conventionnelle s'établit à la somme de 6384,98 euros sur la base de la convention collective du commerce
de gros.
L'indemnité de congés payés sollicitée n'est pas détaillée ni justifiée au regard des arrêts maladie. Elle fera ici l'objet d'un
rejet en l'absence d'un décompte justificatif.
L'indemnité compensatrice de préavis s'établit au montant de 7981,23 euros outre 798,12 euros au titre des congés
payés afférents.
La demande principale de MME Y... ayant été écartée, la cour examinera sa demande indemnitaire fondée sur l'exécution
déloyale du contrat de travail sur la base des moyens par elle développés à l'encontre de la société ASCIER soit en ce
qu'il ne pouvait lui être imposé une modification unilatérale de son contrat et en que la société n'a pas répondu à ses
sollicitations concernant le transfert.
Étant observé à cet égard que la société ASCIER a informé à plusieurs reprises Madame MME Y... du transfert de son
contrat de travail, que la salariée, en arrêt maladie, ne justifie pas dans ce cadre d'une exécution matériellement déloyale
du contrat de travail par l'employeur, la demande doit être écartée.
S'agissant de la demande indemnitaire pour manquement de l'employeur à organiser la visite de reprise, il se déduit des
pièces produites aux débats que par lettre du 20 novembre 2015, La société ASCIER a uniquement demandé à MME Y...
de se positionner sur sa situation de reprise ou de non reprise compte tenu de son absence depuis le 1er octobre 2015,
que l'employeur n'a effectivement pas entrepris de diligences afin de mettre en place une visite médicale de reprise tout
en délivrant des bulletins de sala ire à MME Y... visant des absences injustifiées sans rémunération.
Le préjudice financier s'en déduisant conduira à condamner la société ASCIER à payer à MME Y... la somme de 15 962,46
euros.
Il est rappelé que les créances salariales portent intérêts au taux légal à compter de la réception par la défenderesse de
sa convocation devant le bureau de conciliation du conseil de prud'hommes soit en l'espèce 26 juin 2014 et que les
créances indemnitaires portent intérêts au taux légal à compter de la décision en fixant tout à la fois le principe et le
montant » ;
ALORS QUE l'employeur n'est tenu d'organiser l'examen de reprise du travail d'un salarié après absences pour raisons
médicales, que lors de la reprise effective du travail par le salarié et au plus tard dans un délai de huit jours, ou avant
toute reprise effective, lorsque le salarié en a fait la demande et s'est tenu à la disposition de son employeur pour qu'il y
soit procédé ; qu'en l'espèce, la société Ascier faisait valoir qu'aucun manquement ne pouvait lui être reproché
concernant l'organisation d'une visite médicale de reprise de la salariée dès lors que cette dernière n'avait plus fourni le
moindre justificatif d'absence à compter du 1er octobre 2015 et qu'elle n'avait jamais répondu aux mises en demeure qui
lui avaient été adressées lui demandant de justifier de son absence et de se positionner sur sa situation de reprise ou de
non reprise ; que la cour d'appel a expressément relevé que par courrier du 20 novembre 2015 la société Ascier avait
demandé à la salariée de se positionner sur sa situation de reprise ou de non reprise compte tenu de son absence
injustifiée depuis le 1er octobre 2015, que la salariée n'avait effectivement plus justifié de ses absences à compter de
cette date ; qu'il était par ailleurs constant que la salariée n'avait jamais repris le travail à l'issue de son dernier arrêt
maladie ; que néanmoins, pour considérer que l'employeur avait manqué à son obligation d'organisation d'une visite
médicale de reprise, la cour d'appel s'est bornée à relever qu'il n'avait entrepris aucune diligence afin de mettre en place
une telle visite de sorte que le contrat de travail de la salariée demeurait suspendu ; qu'en statuant de la sorte, sans
constater que la salariée, qui n'avait jamais repris le travail, avait demandé l'organisation d'une visite médicale de reprise
et s'était tenue à la disposition de son employeur pour qu'il y soit procédé, la cour d'appel a privé sa décision de base
légale au regard des articles R. 4624-22 et suivants du code du travail dans leur version alors applicable ;
https://www.legifrance.gouv.fr/affichJuriJudi.do?oldAction=rechJuriJudi&idTexte=JURITEXT000037787163&fastReqId=1326859636&fastPos=1 3/6
02.02.2019 Cour de cassation, civile, Chambre sociale, 28 novembre 2018, 17-21.451, Inédit | Legifrance
DEUXIEME MOYEN DE CASSATION
IL EST FAIT GRIEF à l'arrêt attaqué d'AVOIR prononcé la résiliation judiciaire du contrat de travail aux torts de la société
Ascier à la date du 4 avril 2016, d'AVOIR condamné la société Ascier à verser à Mme Y... les sommes de 25 000 euros à
titre de dommages et intérêts au titre de la rupture produisant les effet d'un licenciement sans cause réelle et sérieuse, 7
981,23 euros à titre d'indemnité compensatrice de prévis et 798,12 euros au titre des congés payés afférents, 6 384,98
euros à titre d'indemnité conventionnelle de licenciement, d'AVOIR dit que les condamnations au paiement de créances
de nature salariale porteraient intérêts au taux légal à compter du 26 juin 2014 et que les condamnation au paiement de
créances indemnitaires porteraient intérêts au taux légal à compter de l'arrêt, d'AVOIR condamné la société Ascier aux
entiers dépens ainsi qu'à verser à la salariée la somme de 1 500 euros au titre de l'article 700 du code de procédure civile
;
https://www.legifrance.gouv.fr/affichJuriJudi.do?oldAction=rechJuriJudi&idTexte=JURITEXT000037787163&fastReqId=1326859636&fastPos=1 4/6
02.02.2019 Cour de cassation, civile, Chambre sociale, 28 novembre 2018, 17-21.451, Inédit | Legifrance
L'estimation justifiée par l'appelante du temps de transport en commun entre Bagnolet et [...] est d'1h22 avec la
nécessité d'emprunter trois moyens de transport et de 33 minutes en voiture.
Le trajet en transport en commun 'aller' évalué depuis le domicile de MME Y... jusqu'à [...] est de 2h43 minutes tandis
que le transport aller jusqu'à Bagnolet est d'1h54, la distance routière entre son domicile [...] passant de 32 km à 60 km
jusqu'à [...].
Il s'en déduit une augmentation sensible des distances se caractérisant soit par une augmentation de plus d'une heure du
temps total journalier en transport en commun soit par une distance supplémentaire de 60km à effectuer chaque jour
(aller-retour) en voiture.
Étant par ailleurs observé que l'augmentation des distances ainsi justifiée aurait eu des répercussions sensibles sur les
conditions de vie personnelle et familiale de MME Y... laquelle avait des enfants en bas âge, il doit être retenu que
l'application de l'article L. 1224-1 du code du travail entraînait au cas d'espèce une modification du contrat de travail à
laquelle la salariée était en droit de s'opposer.
Sur la rupture
La société ASCIER n'a pas procédé en l'espèce au licenciement de MME Y... et lui a délivré des bulletins de salaire
jusqu'au 30 août 2016 au regard des pièces produites.
Les intimées, dont la société ASCIER, soulèvent l'irrecevabilité de MME Y... à solliciter la résiliation judiciaire du contrat de
travail alors que la salariée, malgré des mises en demeure des 26 octobre et 20 novembre 2015, n'aurait pas repris son
travail après un arrêt maladie, manifestant de ce fait sa volonté claire et non équivoque de démissionner; qu'ayant été
par ailleurs embauchée par une autre société à compter du 4 avril 2016, son contrat de travail s'avère incontestablement
rompu à son initiative.
Cependant, la cour observe que si la salariée ne justifie plus d'arrêt maladie à compter du 1er octobre 2015, il n'est pas
justifié de la part de la société ASCIER de l'effectivité d'une visite médicale de reprise à son initiative, qu'en conséquence,
le contrat de travail de MME Y... est alors resté suspendu.
Par ailleurs, la nouvelle embauche à compter du 4 avril 2016 s'est effectuée alors que MME Y... était considérée de
manière infondée en absence injustifiée par la société ASCIER bien que son contrat de travail soit toujours suspendu et
tandis qu'elle avait saisi le conseil de Prud'homme d'une demande de résiliation judiciaire de ce contrat depuis le 20 juin
2014.
Ces éléments ne justifient pas d'une démission de la salariée.
Etant donné qu'il se déduit de ce qui précède que la société ASCIER n'a pas tiré les conséquences de l'opposition de MME
Y... au transfert de son contrat de travail malgré son caractère bien fondé, qu'elle ne justifie pas d'initiatives visant
l'organisation d'une visite de reprise de la salariée, la résiliation judiciaire du contrat de travail sera prononcée au regard
des fautes d'une gravité suffisante ainsi constatées, ce à la date du 4 avril 2016, date à laquelle MME Y... bénéficiait d'un
nouveau contrat de travail auprès d'un autre employeur et n'était plus à la disposition de la société ASCIER.
Sur les demandes en paiement
Compte tenu des circonstances de la rupture, du montant de la rémunération versée à la salariée (2660,41 euros dans
les termes des bulletins de salaire délivrés par la société ASCIER), de son âge, de son ancienneté depuis le 9 octobre
2006, de son retour à l'emploi le 4 avril 2016 et des conséquences de la rupture à son égard, telles qu'elles résultent des
pièces et des explications fournies, la société ASCIER sera condamnée à lui allouer une somme de 25 000 € à titre de
dommages-intérêts.
L'indemnité conventionnelle s'établit à la somme de 6384,98 euros sur la base de la convention collective du commerce
de gros.
L'indemnité de congés payés sollicitée n'est pas détaillée ni justifiée au regard des arrêts maladie. Elle fera ici l'objet d'un
rejet en l'absence d'un décompte justificatif.
L'indemnité compensatrice de préavis s'établit au montant de 7981,23 euros outre 798,12 euros au titre des congés
payés afférents.
La demande principale de MME Y... ayant été écartée, la cour examinera sa demande indemnitaire fondée sur l'exécution
déloyale du contrat de travail sur la base des moyens par elle développés à l'encontre de la société ASCIER soit en ce
qu'il ne pouvait lui être imposé une modification unilatérale de son contrat et en que la société n'a pas répondu à ses
sollicitations concernant le transfert.
Étant observé à cet égard que la société ASCIER a informé à plusieurs reprises Madame MME Y... du transfert de son
contrat de travail, que la salariée, en arrêt maladie, ne justifie pas dans ce cadre d'une exécution matériellement déloyale
du contrat de travail par l'employeur, la demande doit être écartée.
S'agissant de la demande indemnitaire pour manquement de l'employeur à organiser la visite de reprise, il se déduit des
pièces produites aux débats que par lettre du 20 novembre 2015, La société ASCIER a uniquement demandé à MME Y...
de se positionner sur sa situation de reprise ou de non reprise compte tenu de son absence depuis le 1er octobre 2015,
que l'employeur n'a effectivement pas entrepris de diligences afin de mettre en place une visite médicale de reprise tout
en délivrant des bulletins de salaire à MME Y... visant des absences injustifiées sans rémunération.
Le préjudice financier s'en déduisant conduira à condamner la société ASCIER à payer à MME Y... la somme de 15 962,46
euros.
Il est rappelé que les créances salariales portent intérêts au taux légal à compter de la réception par la défenderesse de
sa convocation devant le bureau de conciliation du conseil de prud'hommes soit en l'espèce 26 juin 2014 et que les
créances indemnitaires portent intérêts au taux légal à compter de la décision en fixant tout à la fois le principe et le
montant » ;
1°) ALORS QUE la cassation à intervenir sur le premier moyen relatif à l'absence de visite médical de reprise, entrainera,
par voie de conséquence, la cassation du chef de dispositif ayant prononcé la résiliation judicaire de contrat de travail de
la salariée aux torts de l'employeur, en application de l'article 624 du code de procédure civile ;
2°) ALORS QUE le changement de lieu de travail intervenant dans le même secteur géographique constitue un simple
changement des conditions de travail relevant du pouvoir de direction de l'employeur ; qu'il appartient aux juges du fond
de caractériser de manière objective, en quoi le nouveau lieu de travail du salarié est situé dans un secteur géographique
différent du précédent ; qu'en l'espèce il résulte des constatations de l'arrêt que l'ancien et le nouveau lieu de travail de
la salariée se situaient en région parisienne, l'un à Bagnolet l'autre à [...], Marne-la-Vallée ; que la cour d'appel a en
outre expressément relevé que les deux lieux de travail étaient distants de 37 kms pouvant être parcourus en 30 minutes
en voiture ; que néanmoins, pour dire que l'ancien et le nouveau lieu de travail de la salariée ne se trouvaient pas dans le
même secteur géographique, la cour d'appel a relevé que les deux sièges sociaux se situaient dans des départements
différents, que le temps de parcours en transports en commun entre les deux lieux de travail était de 1h22, que le temps
de trajet et la distance entre le domicile de la salariée et son nouveau lieu de travail passaient de 1h54 à 2h43 et de 32
kms à 60 kms ; qu'en statuant par de tels motifs, impropres à caractériser que le nouveau et l'ancien lieu de travail, tous
deux situés en région parisienne et distants seulement de 37 kms pouvant être parcourus en 30 minutes, ne se
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02.02.2019 Cour de cassation, civile, Chambre sociale, 28 novembre 2018, 17-21.451, Inédit | Legifrance
trouvaient pas dans le même secteur géographique, la cour d'appel a privé sa décision de base légale au regard de
l'article 1134 dans sa rédaction alors applicable ;
3°) ALORS QUE les juges ne peuvent statuer par voie d'affirmations péremptoires ; qu'en l'espèce, dans ses écritures
auxquelles la cour d'appel s'est expressément référée (v. arrêt p. 2 in fine), la salariée n'invoquait pas que
l'augmentation des distances aurait eu des répercussions sensibles sur ses conditions de vie personnelle et familiale ;
qu'en retenant péremptoirement l'existence de telles répercussions, sans préciser d'où elles résultaient ni en quoi elles
consistaient, la cour d'appel a violé l'article 455 du Code de procédure civile ;
IL EST FAIT GRIEF à la cour d'appel d'AVOIR dit que les condamnations au paiement de créances de nature salariale
portent intérêts au taux légal à compter du 26 juin 2014 ;
AUX MOTIFS QUE « les créances salariales portent intérêts au taux légal à compter de la réception par la défenderesse de
sa convocation devant le bureau de conciliation du Conseil de prudhommes, soit en l'espèce le 26 juin 2014 » ;
1°) ALORS QUE la créance d'une somme d'argent dont le principe résulte non pas de la loi ou du contrat mais de
l'appréciation du juge, porte intérêt à compter de la date à laquelle il fixe le fait générateur de cette créance ; que
l'indemnité compensatrice de préavis, les congés payés y afférentes et l'indemnité de licenciement, lorsqu'elles résultent
de la décision du juge de prononcer la résiliation judiciaire du contrat de travail, portent intérêts à compter de la date à
laquelle le juge a fixé la rupture dudit contrat ; qu'en l'espèce, après avoir prononcé la résiliation judiciaire du contrat à la
date du 4 avril 2016, la cour d'appel a dit que les créances de nature salariale, i.e. l'indemnité de préavis et congés payés
afférents, et l'indemnité conventionnelle de licenciement portaient intérêts à compter du 26 juin 2014 ; qu'en statuant
ainsi, la cour d'appel a violé les articles 1153 et 1153-1 du Code civil ; Moyen produit au pourvoi incident par la SCP
Gaschignard, avocat aux Conseils, pour Mme A....
Il est fait grief à l'arrêt attaqué d'avoir débouté Mme Y... de sa demande de paiement d'une indemnité de congés payés,
AUX MOTIFS QUE l'indemnité de congés payés sollicitée n'est pas détaillée ni justifiée au regard des arrêts maladie ;
qu'elle fera ici l'objet d'un rejet en l'absence d'un décompte justificatif
ALORS QU'il appartient au juge de fixer le montant des sommes dues au salarié en exécution du contrat de travail, au
besoin en ordonnant une mesure d'instruction ; qu'en déboutant Mme Y... de sa demande relative à l'indemnité de
congés payés, « en l'absence d'un décompte justificatif » et sans constater que l'employeur justifiait avoir satisfait à ses
obligations, la cour d'appel a violé les articles L. 3141-3, L. 3141-22 et L. 3141-26 du code du travail.
ECLI:FR:CCASS:2018:SO01697
Analyse
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