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Mémoire de master
Thème :
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Introduction Générale
De plus, dans le monde actuel nous assistons à des hostilités très renouvelées,
notamment le terrorisme, l’indiscipline, la corruption, l’incivisme, etc. Et, il y a une raison de
croire que ces actes sont liés à un problème de conduite morale. Dès lors, il serait important
de trouver des bases morales aux actes posés par les humains. Est-ce à dire qu’il n’y a jamais
eu de règles morales dans les différentes communautés ? La réponse par la négative est
évidente. Au contraire, il y a toujours eu des règles morales, sur la base desquelles chaque
membre de la société peut se conduire. Nous avons en exemple le cosmologico-éthique, le
théologico-éthique (la religion chrétienne) et l’utilitarisme classique sur lesquelles nous
reviendrons largement.
Cependant, ces différentes morales entendaient mettre les principes de moralité dans
une instance autre que le sujet et, il semble que cette démarche n’est pas du tout pertinente
dans la mesure où les règles de conduites sont extérieures au sujet moral. C’est pourquoi, nous
portons notre étude sur la morale kantienne comme alternative au problème de conduite
humaine, à travers les termes « sujet » et « morale ». La problématique qu’il convient alors de
poser est de savoir : quels rapports le sujet et la morale entretiennent-ils dans la théorie morale
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d’Emmanuel Kant ? La réponse à cette question nous amène ipso facto à jeter un regard
rétrospectif sur les principales théories morales antérieurement cités, avant de statuer sur la
pensée morale de Kant.
Mais, malgré son importance, cette morale cosmologique n’est pas sans rencontrer, au
cours de l’histoire, des difficultés d’application allant même jusqu’à provoquer son discrédit.
Ce problème est dû à l’avènement de la théorie newtonienne de la physique 5. La découverte
de Newton (1642-1727), en effet, a permis d’envisager une autre considération du monde.
Cette découverte a révélé à l’humanité que la nature n’est pas ordonnée. Il n’y a donc aucun
prétendu ordre à partir duquel on pourrait penser la morale. Au contraire, ce que nous
trouvons dans ce monde, ce n’est comme dit Luc FERRY, qu’« un chaos sans valeur,
axiologiquement neutre »6. Donc, en vertu de cette disharmonie notée dans l’univers, il
s’avère que la conduite aussi va connaître une nouvelle orientation.
Au-delà de cette idée cosmique de la théorie éthique, il en existe une autre : il s’agit du
théologico-éthique. En vérité, cette forme de morale est basée sur l’existence d’un être
suprême, lequel être il faut suivre dans l’esprit de bien se conduire. Ici, c’est la conception
religieuse (le Christianisme) de la morale qui est en œuvre. Elle repose sur l’existence de
Dieu, créateur du monde, parfaitement bon et en tant que tel, fournisseur de l’exemple de ce
qui relève de la moralité des actions. Selon cette conception, puisque l’homme est un être
imparfait, il ne peut se donner du coup la règle de sa conduite morale. C’est pourquoi
Descartes d’ailleurs, en établissant des règles de morale (provisoire), commence par adopter
une attitude de conformisme parfait à sa religion. Ainsi, citant par ordre ses trois maximes de
4 Marc AURÈLE, Pensées pour moi-même, Livre IX, III, Trad. J. BARTHELEMY-SAINT-HILAIRE, 1876.
5 Cette théorie se rapporte à la loi de la gravitation physique selon laquelle
6 Luc FERRY, Kant Une lecture des trois critiques, éd. Bernard GRASSET, 2006, p 14.
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la morale par provision, il affirme que « La première était d’obéir aux lois et coutumes de
mon pays, retenant constamment la religion en laquelle Dieu m’a fait la grâce d’être
instruit »7. Cette morale héritée de Descartes, est celle que les continuateurs du cartésianisme
vont, eux aussi, enseigner dans l’école rationaliste dont les principaux représentants sont
Leibniz et Wolff.
Mais, le principal problème de cette morale religieuse est que l’on ne pouvait pas
prétendre étendre ses capacités de réflexion au-delà d’elle. Il y avait donc une sorte d’emprise
de la religion sur la liberté individuelle. Ce fut le cas du Moyen âge qu’on qualifie souvent de
« période d’âge sombre » à cause du barrage fait à la raison d’accéder aux vérités de la
religion.
A côté de ces deux formes de morale fondés, l’une sur la cosmologie et, l’autre sur la
théologie, il y en a une autre qui, elle aussi, va marquer l’histoire de l’humanité. Cette forme
de morale, est celle que l’on nomme l’utilitarisme. En effet, l’utilitarisme, dont Jérémy
Bentham (1748-1832) fut le père fondateur en tant que théorie éthique, apparaît comme une
doctrine morale dont l’objectif est de travailler au bonheur des hommes. Ainsi, pour définir
cette théorie, dit Pauline HIEU dans son Mémoire de Maîtrise, il faut la rapporter au principe
de plaisir. C’est pourquoi : « Par le plaisir, l’utilité désigne le bonheur.»8 Dès lors, nous
constatons que la préoccupation majeure de la théorie utilitariste est de savoir comment faire
pour permettre à l’homme d’avoir son salut. En un mot, elle renvoie à une doctrine qui évalue
l’action morale en fonction des conséquences qu’elle peut avoir. C’est pourquoi d’ailleurs
l’utilitarisme est souvent désigné par le nom de « conséquentialisme ».
Ainsi, l’utilitariste considère que si l’action est capable de maximiser le plus grand
« bonheur pour le plus grand nombre »9 (principe de base de Bentham), alors elle est
moralement bonne et juste. Dans le cas contraire, c’est-à-dire si l’action ne fait que diminuer
ou même fait perdre le bonheur de la majorité, ou encore si elle ne tend qu’à augmenter la
souffrance et la douleur du plus grand nombre, alors elle est mauvaise et injuste du point de
vue de la morale. Ainsi, se pose nouveau problème dans la façon d’agir, car, la théorie
utilitariste a tendance à aller jusqu’à empiéter sur la liberté même des individus pour la bonne
7 DESCARTES, Discours de la Méthode, édition établie et présentée par Frédéric BUZON, Gallimard, Coll.
FOLIO/ESSAIS, 1991, p 94-95
8 Pauline HIEU, Introduction à la morale utilitariste de John Stuart Mill, Mémoire de Master 2 de Philosophie,
Université de Nantes, 2012, p 4.
9Hanafi NAOUFEL, « L’utilitarisme et la notion de l’utilité », Dogma, Revue de philosophie et sciences humaines,
p. 2.
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et simple raison qu’elle vise la satisfaction de la collectivité. Cette théorie ne prend pas en
compte le fait que l’homme, quel que soit son rapport avec les autres, soit d’abord et avant
tout un être humain doté de raison et de dignité. Ce qui fait qu’il ne doit pas se percevoir
comme un simple moyen au service du bien commun. En ce sens, la théorie utilitariste
apparaît comme une « instrumentalisation politique des droits fondamentaux ». En d’autres
termes, il viole certains des droits humains, tel que la liberté. Ce qui est pourtant contraire à
toute ambition de sauvegarde du bien-être collectif, puisque celui-ci commence d’abord et
avant tout par une jouissance de la liberté individuelle.
« rompt avec le monde ancien – ce qui suppose que l’on prenne en compte, au moins
pour une part, l’objet de cette rupture ; elle se situe en permanente discussion avec
ses prédécesseurs les plus illustres – Descartes, Leibniz, Spinoza… - comme avec ses
contemporains, à commencer par Hume, le plus éminent représentant de ce qu’on
désignera plus tard comme la pensée « anglo-saxonne ». Mais elle annonce aussi la
période contemporaine, tout entière orientée vers cette déconstruction des illusions de
la métaphysique à laquelle Kant ouvre la voie. »10
En d’autres termes, la philosophie kantienne dans son ensemble (théorie, pratique, esthétique,
etc.) se détache des systèmes philosophiques développés non seulement avant lui, comme la
pensée ancienne, mais aussi par ses contemporaines ou même avec lui, notamment le
rationalisme et l’empirisme anglo-saxon.
Ainsi, avec Kant et contrairement à ses prédécesseurs qui plaçaient la morale dans une
instance extérieure au sujet, nous voyons naître une forme de morale pour laquelle le sujet
constitue le fondement. Ce choix de Kant se justifie par le fait que tout homme, en tant qu’être
de raison, est capable de distinguer ce qui est bien et juste de ce qui est mal et injuste. Et Kant
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va même plus loin en concédant que « même le scélérat le plus hardi connaît, par les
reproches de son cœur, la loi morale »11. En termes clairs, la loi morale est si évidente que
même si on voulait l’ignorer, on ne le pourrait pas parce qu’elle nous est donnée par notre
propre raison. C’est pourquoi, à en croire Kant, il n’est plus besoin de recourir à une instance
autre que le sujet pour savoir ce qu’il a comme obligations et comme devoirs. Il préconise dès
lors de partir de l’homme lui-même pour donner un fondement solide à nos jugements. D’où
alors la fonction éducative qu’attribue Victor DELBOS aux Fondements de la métaphysique
des mœurs puisque pour Kant, « l’homme ne peut devenir homme que par l’éducation »12et
que les Fondements sont établies pour donner la formule de cette éducation.
En outre, cette décision de tout donner au sujet se justifie aussi par le fait non moins
imminent que Kant est un penseur du siècle des « Lumières »13. Or durant cette période, tous
les aspects de la vie humaine se trouvèrent être mis à l’épreuve, et par conséquent tous
s’assujettissent au libre jugement de la raison. Ce n’est pas alors la morale qui va en être
épargnée. Sous ce rapport, Kant écrit :
« Notre siècle est proprement le siècle de la critique, à laquelle tout doit se soumettre.
La religion, parce qu’elle est sacrée, et la législation à cause de sa majesté, veulent
communément s’y soustraire. Mais elles suscitent dès lors vis-à-vis d’elles un soupçon
légitime et ne peuvent prétendre à ce respect sans hypocrisie que la raison témoigne
uniquement à ce qui a pu soutenir son libre et public examen. »14
11 KANT, Fondements de la métaphysique des mœurs, trad. Victor DELBOS revue par A. PHILONENKO, Paris,
LIBRAIRIE PHILOSOPHIQUE J. VRIN, 2004, p. 13.
12 KANT, Réflexions sur l’éducation, trad. Fr. A. PHILONENKO, Paris, Librairie Philosophique J. VRIN, 1966, p. 73.
13KANT, Critique de la raison pure, trad. A. RENAUT, GF – Flammarion, 2006, note 1, p 65.
DESCARTES, Discours de la méthode, Introduction et notes par Etienne Gilson, Paris, Librairie philosophique J.
VRIN, 1992, p. 80.
Kant, Qu’est-ce que les Lumières ?, trad. Dominique BOUREL et Stéphane PIOBETTA, éd. MILLE ET UNE NUIT,
p.11.
14KANT, Critique de la raison pure, trad. A. RENAUT, GF – Flammarion, 2006, note 1, p 65.
15 DESCARTES, Discours de la méthode, Introduction et notes par Etienne Gilson, Paris, Librairie philosophique
J. VRIN, 1992, p. 80.
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« L‘ufklärung, les lumières, c’est la sortie de l’homme de sa minorité, dont il est lui-même
responsable. Minorité, c’est-à-dire incapacité de se servir de son entendement. »16 En
d’autres termes, les lumières plaident en faveur d’un usage individuel de son propre
entendement
Pour mieux aborder notre travail, nous partirons d’une genèse de la théorie morale
antérieure à celle de Kant. A ce niveau, nous passerons en revue les théories morales
cosmologique, théologique et utilitariste, à la suite de quoi nous montrerons en quoi elles sont
insuffisantes et nécessitent une nouvelle formulation. Il appartiendra à notre deuxième partie,
de déceler le statut de la morale chez Kant. Il s’agira ici d’expliquer le véritable rapport qu’il
y a entre le sujet et la morale puis, de montrer que cette morale (de Kant), à raison de
l’universalité et de la nécessité de la loi morale, mérite d’être consultée et appliquée dans la
société actuelle. Ainsi, il est clair que la théorie morale de Kant, comme toute autre théorie
d’ailleurs, est sujette à des critiques que nous ne pouvons toutes faire remarquer ici. C’est
pourquoi, nous terminerons notre réflexion par une analyse des reproches faites à cette
morale, notamment ceux de Hegel (sur le formalisme kantien) et de Schopenhauer (sur sa
conception déontologique de la morale de Kant).
16 Kant, Qu’est-ce que les Lumières ?, trad. Dominique BOUREL et Stéphane PIOBETTA, éd. MILLE ET UNE NUIT,
p.11.
17 KANT, Fondements de la métaphysique des mœurs, trad. Victor DELBOS, Paris, Librairie Philosophique
Delagrave, 1994, p. 37.
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PLAN DE TRAVAIL
Introduction
Conclusion