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Résumé : Durant l'Antiquité, le rite de la crémation met en scène la double séparation du corps, d'abord sur le
bûcher, puis lorsque les restes brûlés sont ensevelis. Le défunt ne devient pas pour autant un anonyme, car les
offrandes déposées dans la sépulture livrent les traces de son identité et des volontés accomplies par les officines
chargées d'organiser les funérailles. En Gaule, de vastes complexes funéraires se sont développés aux abords des
agglomérations et le long des voies où les ancêtres se rappelaient au bon souvenir des vivants. Celui de Strasbourg
est aujourd'hui recouvert par le quartier de Koenigshoffen, mais des projets immobiliers permettent encore de le
découvrir, comme en 2000, au 186 de la route des Romains.
Zusammenfassung : In der Antike inszeniert die Leichenverbrennung eine doppelte Trennung vom Körper des
Gestorbenen, zuerst auf dem Scheiterhaufen, und dann bei der Vergrabung der Aschen. Dabei verliert der Tote
nicht seine Identität, denn die Grabbeigaben rufen sie wach und bezeugen die Ausführung seines Willens durch
die damaligen "Bestattungsinstitute". In Gallien bildeten sich in der Nähe der Ortschaften und den Straßen
entlang große Friedhofsareale, wo das vergangene Geschlecht sich den Lebenden in Erinnerung rief. Dasjenige
von Straßburg liegt unter dem heutigen Stadtviertel Königshofen, aber Baumaßnahmen führen immer wieder zu
seiner Aufdeckung, so im Jahr 2000 in einer Grabung, Römerstraße (route des Romains).
Introduction
Le grand secteur funéraire antique de Strasbourg s'est développé à partir d'un premier groupe
de tombes de légionnaires (GOEHNER 1930, SCHNITZLER 1988), situé entre le camp militaire fondé
par Drusus en 12 av. J.-C. et le faubourg artisanal de Koenigshoffen. Au cours du IIe siècle, et jusque
vers le milieu du IIIe siècle, le faubourg s'est étendu vers l'Est au point de rejoindre cette véritable
« allée des morts » qui devait être bordée de monuments funéraires.
Les découvertes archéologiques ont permis de délimiter ce complexe funéraire sans toutefois parvenir
à préciser son organisation et ses rapports avec les secteurs habités. Le site fouillé en 2000 "'se trouve
à l'Ouest de la rue Drusus, le long de la route des Romains qui reprend en partie un tracé antique.
La présence de résidus de crémation sous les urnes démontre que celles-ci sont
ne pas toujours
déposées directement sur le fond de la fosse, comme c'est le
cas dans les crémations 7, 14, 26 et 35.
Dans ces trois premières sépultures, le diamètre maximal des vases est plus large
que celui de la partie
inférieure de ces fosses circulaires très étroites (30 cm de diamètre).
Les vases ossuaires correspondent à des urnes (sp 3, 5, 7, 8, 10, 11, 14, 15, 16, 17, 18, 19, 20,
21, 26, 32, 33, 35, 38, 39, 40, 43), une cruche découpée
au milieu de la panse (sp 27), une terrine (sp
4,), des fonds de vases réutilisés (sp 1, 2, 9, 22, 24, 25, 29). Pour les cruches (sp 30, 31, 34,42), l'enlè-
vement du goulot apparaît nécessaire au dépôt des os et ce sont souvent les fonds seuls qui sont utilisés.
Il ne semble pas que la collecte des os brûlés ait changé au cours de la période de fonctionne-
ment de la nécropole. L'une des crémations les plus anciennes (32) présentait un poids élevé d'osse-
ments et le contenant funéraire était entièrement rempli d'ossements brûlés, cas unique dans la nécro-
pole de Koenigshoffen. Mais il n'existe aucune corrélation entre le poids total des ossuaires et la taille
des vases utilisés pour les contenir. Le volume des os contenus dans les ossuaires des crémations 14,
(37,6 g), 23, (204,3 g), 26 (142,6 g) et 33 (356,5 g) ne permet de remplir que le fond des
vases, dont
certains sont de grandes dimensions (Fig. 4).
Ustion
La couleur uniforme (blanche) des os humains brûlés indique que l'ustion a été homogène,
car
cette couleur est différente selon la température à laquelle ils ont été exposés, à condition que le bûcher
ait eu lieu en atmosphère oxydante (BONUCCI et GRAZIANI 1975). Cette couleur blanche traduit
une température d 'au moins 500 à 600°, sans que l'on puisse préciser le temps d'exposition au feu.
Aucun os n'a été brûlé à l'état sec (GUILLON 1987).
Les dépôts de faune sont nombreux dans les sépultures. Ils concernent 15 ensembles soit 35 %
de l'effectif total, dont 22 ne regroupent qu'un poids d'ossements inférieur à 20 g. Seules les sépultures
21 et 32 contiennent un dépôt supérieur à 60 g. La détermination de ces os a permis de mettre en valeur
le nombre élevé des restes de suidé, comme dans les nécropoles lyonnaises, même si le nombre des
crémations contenant des restes de faune est moins élevé, entre 9 et 15 % (FRASCONE 1999).
Certains ossements n'ont pas subi l'action du feu, comme c'est le cas dans le dépôt 27. La présence de
dents de chevaux dans cet ensemble peut correspondre à une pratique symbolique, où sont déposés
dans la sépulture les animaux proches du défunt, comme semble l'évoquer Pomponius Mela (III, 2, 19)
et César (Guerre des Gaules, VI, 19). Elle peut également être liée au repas du défunt ou aux sacrifices
effectués sur la tombe (PRIEUR 1986). La présence du cheval évoque toutefois un rôle différent du
sacrifice, dans la mesure où il peut soit faciliter le voyage du défunt, soit symboliser la force de ce
dernier. En Gaule, de nombreuses représentations funéraires évoquent le rôle du cheval pour accompa-
gner le défunt vers le monde des morts (PRIEUR 1986). La très faible représentation d'os brûlés
humains (0,5 g) nous conduit à nous interroger sur la réelle fonction de ce dépôt.
Le mobilier funéraire
La vaisselle en céramique
L'inventaire systématique des fragments de céramiques permet d'identifier 250 individus
(NMI) issus de l'ensemble de la nécropole. Les crémations contiennent en moyenne quatre à six réci-
pients (brûlés et non brûlés). Le tiers environ des crémations contient un mobilier plus abondant : dix-
sept renferment un total égal ou supérieur à sept individus (tombes 1, 3, 4, 5, 6, 8, 11, 18, 19, 20, 26,
28, 32, 34, 38, 39, 40). Quatre d'entre elles comprennent dix à douze récipients (tombes 6, 19, 20,40).
La majorité des crémations possède, outre l'urne et la cruche non brûlées en dépôts secondaires, une
sigillée, une écuelle en céramique commune, un gobelet, un petit vase sans revêtement, auxquels
s'ajoute assez fréquemment une écuelle ou une coupe engobée, mélangées aux résidus de crémation
(offrandes primaires déposées avec le défunt sur le bûcher). On recense douze types de sigillées pour
quarante quatre individus (NMI), correspondant toujours à des offrandes primaires. Il s'agit :
1 : des assiettes Drag. 18/31 (16 ex.), Curie 15 (1 ex.), Ludowici Tx (1 ex.), Ludowici Tc (1 ex.), Drag.
32 (3 ex.).
2 des coupes Drag. 40 (4 ex.), Drag. 38 (4 ex.), Drag. 33 (6 ex.), Drag. 35 (1 ex.), Niederbieber 11a
:
(1 ex.).
3 : des bols Drag. 37 (5 ex.) et Drag. 30 (1 ex.).
Des collages de fragments appartenant au même récipient ont été observés entre crémations,
notamment entre les crémations 7 et 8, et entre les crémations 36 et 37. Leur mise en évidence indique
qu'au moins un bûcher a pu être utilisé pour plusieurs crémations.
Les réutilisations de céramiques cassées sont fréquentes pour l'aménagement de couvercles ou même
de vase ossuaire, alors que certains vases présentent des erreurs de fabrication, ce qui permet d'envi-
sager l'existence d'une production réservée à un usage funéraire.
La verrerie
Les éléments de verre correspondent toujours à des offrandes primaires. Dans un seul cas (sp
31), le contenant en verre déformé par le feu mais peu brisé, a partiellement conservé sa forme. Il s'agit
d'un petit balsamaire mélangé aux résidus de crémation. Ces contenants
en verre sont très abondants
dans les nécropoles du Sud de la France au cours des 1er et Ile siècles après J.-C. Ils
sont moins nomb-
reux dans le Nord de la France et en Allemagne (RASBACH 1997 ; GRÜNEWALD 1990). Leur
présence évoque plutôt une sépulture féminine. La crémation 9 constitue
un cas particulier puisqu'elle
contient les restes de 8 perles vertes rondes en verre de 2 mm de diamètre. Il s'agit de l'un des seuls
éléments de parure de la nécropole. Chacune de ces perles, déformées
par le feu, présente un orifice de
section quadrangulaire. Il s'agit probablement des vestiges d'un collier associé à
un jeune enfant. La
verrerie ne signale pas une richesse particulière dans notre ensemble et
son utilisation est directement
liée à la céramique (FEUGERE 1993, 124), à l'exception de la sépulture 9 qui correspond à la seule
crémation où un enfant est déposé seul, dans un petit fond de vase récupéré fermé
par des tessons qui
recouvrent directement la couche d'os brûlés.
La deuxième catégorie regroupe des rondelles correspondant probablement à des pièces de jeu
ou de comptage. 5 rondelles ont été découvertes, toutes dans la crémation 26. Les pièces de jeu sont
souvent mises en évidence lorsqu 'il existe deux couleurs (noir et blanc), mais il est rare de trouver des
jeux complets. L association dans cette sépulture de rondelles et des instruments
pour l'écriture peut
évoquer un rapport avec le comptage (cf. infra.)
Une dernière pièce tournée, avec une partie prévue pour être emboîtée dans
une autre pièce, a
été mise en évidence dans la crémation 31 (élément de préhension
ou de décoration d'une pyxide (?).
Aucun autre fragment n 'a pu être associé à cet objet incomplet, à moins qu'il s'agisse également d'une
pièce de jeu ( ?).
Les pièces en os travaillées sont peu nombreuses dans la nécropole, mais il est frappant de
constater combien ces objets sont rarement signalés dans les nécropoles alsaciennes, notamment celles
de Strasbourg. Le lavage des ossements brûlés est en effet nécessaire
pour l'identification de ces
pièces, souvent fortement fragmentées, qui ne se reconnaissent
que grâce à la présence de parties polies
et de lignes gravées. Dans la nécropole de Brumath, seule une épingle en os est signalée dans la sépul-
ture à crémation 84 (RIFF 1940).
L'éclairage (Fig. 4)
Trois lampes à huile ont été mises au jour (8, 13, 14), dont
une complète, déposée dans un vase
ossuaire à la surface de la couche d 'os brûlés (sp 14). Dans
ce cas précis, la lampe évoque la lumière
nécessaire à la survie du défunt (PRIEUR 1986). Hormis le fragment de lampe de la sépulture 13,
fortement remaniée, il faut noter que la lampe conservée dans la sépulture 8 était représentée
par un
seul fragment, mélangé aux tessons de céramiques présents dans la fosse sépulcrale. Dans
ce cas, la
lampe semble bien avoir accompagné le défunt sur le bûcher (offrande primaire). Les lampes à huiles
sont très fréquentes dans les nécropoles à crémations de France et d'Allemagne, à l'image des dépôts
réalisés dans les sépultures à inhumations impériales (FEUGERE 1993). La
coutume se maintient
jusqu'au IVe siècle de notre ère, tout en diminuant au fur et à mesure que l'on s'éloigne de la basse
vallée du Rhône (BEL et al. 1987).
Les chaussures
Certains petits clous coniques mélangés aux résidus de crémation (sp 32) ou directement dans
le vase ossuaire (sp 4) signalent la présence de chaussures à semelles renforcées. Les chaussures
peuvent avoir été portées par le défunt sur le bûcher ou déposées en offrande. Dans la nécropole de
Brumath-Stephansfeld, la sépulture 53 présente un individu qui devait porter ses chaussures,
au vu du
nombre important de clous retrouvés au niveau des pieds (RIFF 1940). Ces chaussures sont
rares dans
les nécropoles méridionales (FEUGERE 1993, 145), malgré la fouille de nombreux ensembles funé-
raires et leur fréquence dans les crémations mériterait une étude détaillée.
Nécessaire à écrire
Un stylet en fer a été déposé dans la sépulture 26, sur les os brûlés ; il est accompagné d'une
spatule à cire pour effectuer des corrections sur les tablettes (FEUGERE 1993). Les pièces
en os grou-
pées dans cette sépulture (cf. supra) peuvent indiquer une association volontaire, à l'image de la sépul-
ture 13 de la Guérine à Cabasse, dans le Var (BERARD 1980). Une sépulture à crémation mise au jour
près du Fossé des Pandours (LEVY, RING 1999) permet d'établir une comparaison
sur le plan régional
; elle contenait un stylet en fer à double fonction, puisque l'une des extrémités était aplatie
pour les
corrections.
Deux tombes sont attribuées à cette première séquence (18 et 32). On y trouve
en particulier
une urne à pâte sombre grossière, identique à un exemplaire produit rue du Schnokeloch à
Koenigshoffen, probablement à la période flavienne selon l'auteur (fouilles Kern PÉTRY Gallia, 30,
; :
sp Poids os Poids os Poids Indice NMI Faune
dans l'urne hors urne total (g) pondéral (g)
tête
1 73,2 2,1 75,3 12,3 1 adulte 9
2 45,8 0 45,8 56,1 1 sujet de taille adulte 8,5
3 955 60 1015 16,3 1 adulte 34
4 518,1 49,1 567,2 17,3 1 adulte et 1 immature (3,6 g) 35,3
5 919,3 14,2 933,5 14,2 1 adulte 17
6 tombe 98,2 98,2 21,5 1 sujet de taille adulte 45,2
remaniée
7 704,7 0 704,7 21,9 1 adulte 4,2
8 406,4 _0 406,4 12,1 1 sujet de taille adulte 21,1
9 17,1 _0 17,1 36,2 1 enfant (2-3 ans) 0
10 853,2 9,6 862,8 18,5 1 adulte, 1 immature (1 g), 7,6
1 fœtus non brûlé
non brûlé
19 423,6 23,2 446,8 27,2 1 sujet de taille adulte 0
20 822,9 84 906,9 9,7 1 adulte 39,1
21 255,3 _0 255,3 8,7 1 adulte 67,3
22 360,2 2,2 362,4 18,5 1 adulte 5
23 204,3 0 204,3 20 1 adulte 6,8
24 359,5 2,7 362,2 14,6 1 adulte 29,6
25 160,7 8,4 169,1 6 1 adulte 8,8
26 142,6 69,3 211,9 38,5 1 adulte, 1 ou 2 immatures 10,6
(14,1 g)
_27 0,5 0,5 31,9
29 270,4 _0 270,4 24,6 1 sujet de taille adulte 2,7
30 0 77,3 77,3 8,8 1 adulte 5,8
31 24,3 27,8 52,1 28,8 1 sujet de taille adulte, 7,5
1 immature (3,1 g)
32 697,8 47 744,8 3,6 1 adulte, 1 immature (5,3 g) 86,7
33 356,5 11,5 368 17,7 1 adulte 0,3
34 pas d'urne 159,9 159,9 12,6 1 adulte 1,2
35 394,4 5,6 400 5,9 1 adulte, 1 immature (9,6 g) 0
36 462,6 1,1 463,7 17,5 1 adulte 0
37 158,7 20,4 179,1 11,5 1 sujet de taille adulte, 0
1 immature (2,8 g)
38 389,9 _0 389,9 26,3 1 adulte, 1 immature (0,2 g) 0
39 198,6 0 198,6 3,9 1 adulte 13,9
40 481,7 55,7 537,4 14,1 1 adulte 6,6
42 314,8 _0 314,8 9,6 1 adulte, 1 immature (2,3 g) 10
0
10
[216,2
43 216,2 17,6 1 adulte 0,1
La période antonine
C'est la période la mieux représentée avec 21 crémations (sp 1 à 7, 9 à 12, 14, 15, 17, 19, 21,
27 30, 33, 37) et une inhumation (sp 28) accompagnée d'une cruche. Les
urnes sont des pots en céra-
mique commune identiques à ceux des tombes 3, 4, 7, 8, 11 de la rue du Cimetière à Koenigshoffen
(KERN, PETRY 1972 : pl. 2), datés entre 120 et 160. Ici, ces urnes sont associées à des cruches simi-
laires à des exemplaires de la rue du Cimetière (tombe 10), de la rue du Donon (ETRICH 1998 US
:
206-7, daté Antonin) et du cimetière à incinération de Cannstatt (NIEDERHAUS 1955 tombe 68-2
: :
Antonin). Pour les offrandes primaires, on trouve en grand nombre des sigillées Drag. 18/31, ainsi
que
des Drag. 38, Drag. 40, Drag. 37 et des gobelets à boire fabriqués dans la région à la période antonine,
notamment à Brumath et Bourgheim (fouilles KERN ; PÉTRY : Gallia 1980, 38, 2, 450, Fig. 13) et
Koenigshoffen (6). On rencontre également des coupelles engobées rouges (Cf. KERN 1972 pl. 4-G
: :
tombe 7b) et des écuelles en céramique commune comme à Cannstatt (Cf. NIEDERHAUS pl.
:
43-A-3 : tombe 43), ainsi que des lampes à huile de types Loeschke VIII, IX, X.
Le mobilier ne permet pas d'affiner avec précision la chronologie par rapport à la séquence
précédente. Cependant, dans les tombes 8, 20, 22, 23, 24, 26, 31, 34, 35, 44,
on remarque une certaine
évolution des formes avec la présence de récipients en pâte sombre à dégraissant coquillé, des
urnes
dont la lèvre au profil en « baïonnette » de type Niederbieber 89 des cruches similaires à celle de la
,
tombe 16 de la rue du Cimetière (KERN 1972 pl. 4) daté du dernier tiers du IIe mais ici toujours
: s.,
associés, par exemple, à des pot à « Garniesi-and » (lèvre à corniche) disparaissant
vers 180 après J.-C.
Des écuelles ont une gorge sur la lèvre, comme dans la tombe 12 de Cannstatt (NIEDERHAUS 1955
-
pl. 2-F-3).
TX et TC de Rheinzabern et Niederbieber lia, toujours associées à des vases Drag. 18/31. On note la
présence de cruches produites à Brumath dans la deuxième moitié du Ile siècle et
que l'on retrouve sur
les sites de consommation de la même période, notamment
rue Hannong à Strasbourg (KUHNLE et al.
1995 : 90, Fig. 8). Des fragments de panses d'amphores Gauloise 4 sont utilisés
en réemploi, non
calcinés, dans les tombes 38 et 39.
Conclusions
La crémation des corps livre de nombreux signes sur les comportements sociaux et elle
conserve une valeur évidente dans la réflexion concernant la composition des populations en milieu
urbain. L'organisation interne en rangées le long d'un fossé et l'intervention secondaire, pratiquée dans
le but probable de déplacer les restes d'un défunt, caractérisent également des données comportemen-
tales sur les liens entre les individus. Le dépôt d'un fœtus au fond d'un
vase ossuaire et l'examen
global des restes d enfants livrent d'intéressantes perspectives de comparaisons
avec d'autres régions
de France ou d 'Allemagne. La gestion des dépôts effectués dans les sépultures et des résidus de créma-
tion révèle une forte variabilité, dans un environnement social modeste. Une production spécifique de
céramique à vocation funéraire a pu être proposée, à moins qu'il s'agisse d'un réseau de récupération
des productions de mauvaise qualité. La récente découverte d'un atelier de potier rue Mentelin a proba-
blement permis d'identifier l'un des nombreux fournisseurs de ce complexe funéraire 111. Le fonction-
nement même des nécropoles apparaît progressivement dans l'environnement de Strasbourg, malgré la
pression urbaine de plus en plus forte. La restitution des spécificités du grand pôle funéraire apparaît
donc encore possible, même sur des surfaces réduites.
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NOTES
(1) Opération immobilière de la Strasbourgeoise Habitat qui a donné lieu à une opération de fouille archéologique
préventive menée sous le contrôle du Service Régional de l'Archéologie d'Alsace (dossier suivi par Marie-
Dominique Waton).
(2) L accumulation d'os brûlés retrouvée à
une vingtaine de cm du vase ossuaire en position renversée de la créma-
tion 30 (qui ne contenait plus d'os) est liée à une érosion signalée notamment par une forte dispersion horizon-
tale de tous les vestiges.
(3) La pièce n'étant
pas restaurée, il peut également s'agir d'un autre type d'objet.
(4) Tous les sédiments des fosses ont été tamisés
avec une maille de 1 mm. Tous les os ont fait l'objet d'un tri par
secteur anatomique et d'une présentation des valeurs par indices.
( I En effet, selon Pline l Ancien (Histoire Naturelle, VII, 15), les enfants morts avant leurs premières dents, c'est-
à-dire avant 9 mois n'avaient pas droit à la crémation. Ils devaient, comme l'atteste Juvénal (Satires, XV, 139-
140), être inhumés : la terre se referme sur un petit enfant trop jeune pour le bûcher....Selon Plutarque (Vies,
I), on ne portait pas le deuil d'un enfant au-dessous de trois ans.
(6) Fouilles R. Nilles (INRAP)
en 2004. Etude en cours par J. Baudoux.
*Eric BOËS
INRAP Alsace
10, rue d'Altkirch
67000 Strasbourg