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Spécialité :
Électronique
Présentée par :
TESSERAULT Guillaume
JURY
Cette thèse a été effectuée au sein du laboratoire "Réseaux d’Accès - Network Engineering Tools " de
France Telecom Division Recherche et Développement à Belfort, et je remercie le Directeur du laboratoire
Monsieur Yvonnick Boursier, pour son accueil.
Je tiens à exprimer ma reconnaissance à Monsieur Patrice Pajusco, Responsable de l’Unité de Recherche
et de Développement "Modélisation du Canal Radio", et à Monsieur Pierre Dekyndt, Responsable de l’Unité
de Recherche et de Développement "Wireless Engineering & Propagation" pour m’avoir accueilli au sein de
leurs équipes et pour les conseils scientifiques qu’ils m’ont prodigués. Je tiens tout particulièrement à remercier
Madame Nadine Malhouroux-Gaffet, mon encadrante, pour ses conseils éclairés, sa disponibilité et son soutien
qui m’ont permis de mener à bien ce travail. Je souhaite également remercier mon directeur de thèse, Monsieur
Rodolphe Vauzelle, Professeur à l’université de Poitiers pour l’intérêt qu’il a accordé à mes travaux, ainsi que
pour ses conseils et ses encouragements.
J’exprime toute ma gratitude envers Madame Florence Sagnard, chargée de recherche au CETE Normandie
à Rouen, et Monsieur Bernard Uguen, Maître de Conférences à l’INSA de Rennes, pour avoir accepté d’être
les rapporteurs de mes travaux et pour l’attention qu’ils ont accordée à la lecture de ce mémoire. Je remercie
également Monsieur Alain Sibille, Professeur à l’ENSTA, ainsi que Monsieur Bernard Huyart, Professeur à
l’ENST Paris, de m’avoir fait l’honneur de bien vouloir participer au jury de cette thèse.
J’exprime toute ma sympathie aux autres membres du laboratoire, et plus particulièrement à Sabine Du-
rieux, Hélène Averous, Sandrine Mourniac, Hervé Sizun, Valéry Guillet, Jean-Philippe Chevalier, Jean-Yves
Thiriet, Yves Louis, Jean-Claude Kling, Claude Moroni, Laurent Cartier, Patrice Galleau, Philippe Brun et
Jean-Marc Conrat pour l’aide et la sympathie qu’ils m’ont apportées. Je tiens aussi à remercier Pierre Com-
beau, Maître de Conférences à l’Université de Poitiers, pour le temps qu’il m’a accordé.
J’exprime également ma sympathie à Sylvain Allio, Fabien Verhulst, Yannick Chartois, Lionel Chaigneaud,
Ruddy Delahaye, Albin Dunand, Ramzy Moghrani et Michel Meyer pour les bons moments passés ensemble
pendant ces trois années au sein et à l’extérieur du laboratoire.
Je remercie enfin chaleureusement ma famille, qui m’a constamment soutenu durant mes années d’études
et ces trois années de recherche.
TABLE DES MATIÈRES
Remerciements iii
Introduction 1
Contributions 133
Bibliographie 136
Résumé 141
Abstract 143
I NTRODUCTION
Ces dernières années ont été le témoin d’un fort développement des systèmes de communication sans fil.
Proposant toujours de nouveaux services, ils ont très rapidement suscité un engouement considérable de la part
du grand public pour finalement devenir un produit de notre vie quotidienne. Pour répondre à une demande im-
portante, les opérateurs, confrontés à une ressource spectrale limitée, ont été amenés à développer de nouveaux
réseaux afin d’optimiser l’utilisation du spectre radio fréquence. Les systèmes macro-cellulaires ont ainsi évo-
lué vers des configurations micro-cellulaires puis pico-cellulaires pour assurer des communications à l’intérieur
des bâtiments.
Dans ce contexte, de nombreux problèmes techniques et économiques sont apparus lors des phases de pla-
nification, de déploiement et d’optimisation des réseaux radio mobiles. Pour y remédier, les opérateurs utilisent
des outils d’ingénierie dédiés qui permettent de résoudre certains problèmes tels que le calcul de couverture,
le dimensionnement, la détermination des zones de Hand-Over, les interférences, l’affectation de fréquence,
l’optimisation antennaire, la localisation du trafic, etc. Parmi les éléments indispensables à ces outils d’ingé-
nierie radio mobiles figurent les modèles de prédiction de champ. Également appelés modèles de propagation
d’ondes, ils sont implantés dans les outils d’ingénierie et permettent aux concepteurs de réseaux radio mobiles
de déterminer les zones de couverture des stations émettrices et d’en déduire les zones d’interférences. Fournis-
sant des informations indispensables à de nombreux outils employés en aval et exploitant les champs prédits,
ils occupent une place privilégiée en ingénierie cellulaire.
Ces différents modèles dépendent, entre autres, de la distance entre l’émetteur et le récepteur, mais surtout
de la fréquence et des différents types de matériaux traversés. Dans un milieu indoor, la propagation d’une
onde électromagnétique est un mécanisme complexe. L’onde subit de nombreuses dégradations dues, d’une
part à la propagation en espace libre et, d’autre part, aux différentes interactions avec les obstacles rencontrés
(les murs, les fenêtres, le plafond, le sol, le mobilier, etc.). On parlera alors de propagation multitrajets. Les
différents phénomènes physiques intervenant dans ce type d’environnement sont la réflexion, la transmission,
la diffraction et la diffusion. Ces phénomènes dépendent de différents paramètres comme la nature des maté-
riaux rencontrés (leurs propriétés diélectrique et magnétique), leurs dimensions et les caractéristiques de l’onde
incidente comme l’angle d’incidence, la polarisation et surtout la fréquence. Tous ces paramètres constituent
les principales variables d’entrée utilisées dans les modèles de propagation, qu’ils soient déterministes ou sta-
2 Introduction
tistiques.
L’objectif de cette thèse est donc, d’aborder la problématique de la modélisation du canal de propagation
en multifréquences (de 2 GHz à 16 GHz). On s’est attaché à traiter le problème sous les différentes formes de
modélisation du canal :
– aspect bande étroite pour la prévision du champ ;
– aspect large bande pour la modélisation des trajets multiples.
Le premier chapitre donne une description des paramètres caractéristiques du canal de propagation. Quelques
généralités sur les différents systèmes de communications sans fils seront d’abord présentées. Puis une descrip-
tion des phénomènes physiques qui interviennent dans un canal de propagation, et les paramètres appropriés
pour leur description seront introduits. Enfin, plusieurs modèles statistiques, basés sur un grand nombre de me-
sures expérimentales et utilisés pour caractériser le canal de propagation indoor, seront décrits.
Le deuxième chapitre s’intéresse à la modélisation de l’interaction d’une onde avec des matériaux de
construction, et par conséquent à la modélisation des phénomènes de réflexion et de transmission des maté-
riaux qui sont des données essentielles pour pouvoir estimer précisément le comportement du champ électro-
magnétique en environnement indoor. On donnera tout d’abord, un rappel des principales propriétés électro-
magnétiques caractérisant la propagation d’une onde et on présentera le modèle de permittivité retenu pour la
suite de nos études. Dans un deuxième temps, les équations relatives à la propagation des ondes au sein d’un
milieu sont présentées. Enfin dans une troisième partie, une étude paramétrique des coefficients de réflexion et
de transmission, dans les domaines fréquentiel et temporel est réalisée.
Le troisième chapitre est consacré à l’analyse du comportement électromagnétique des matériaux présents
dans l’environnement indoor sur une large bande de fréquences, et notamment à l’analyse de la dépendance fré-
quentielle de la permittivité relative complexe, grâce à la mise en place d’expérimentations Ultra Large Bande.
Il débute par une présentation des méthodes utilisées pour la caractérisation des matériaux. On se focalisera
plus particulièrement sur les méthodes en espace libre, approche retenue pour nos différentes expérimentations.
Ensuite, les résultats de deux campagnes de mesures réalisées " in situ " et en chambre anéchoïque et dont l’ob-
jectif sera d’obtenir les caractéristiques électromagnétiques pour des matériaux homogènes et inhomogènes,
sont présentés et discutés.
Introduction 3
Le dernier chapitre est consacré à la prévision indoor du champ électromagnétique. La première partie
concerne la modélisation large bande. Un modèle multi-fréquences est proposé pour la représentation des ma-
tériaux et une comparaison est effectué entre des mesures UWB et des simulations avec un outil de tracé de
rayons. La deuxième partie portera sur la modélisation bande étroite. On rappellera, tout d’abord les principaux
modèles indoor et les enjeux pour un modèle dépendant de la fréquence. Puis, on détaillera notre expression
multi-fréquences pour les pertes de transmission. Une comparaison sera ensuite effectuée entre le modèle bande
étroite, les mesures UWB et des simulations avec un outil de tracé de rayons.
C HAPITRE I
PARAMÈTRES CARACTÉRISTIQUES DU
CANAL DE PROPAGATION INDOOR
Sommaire
I-1. Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6
I-2. Les réseaux sans fil . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6
I-2.1. WPAN . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7
I-2.2. WLAN . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8
I-2.3. WMAN . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8
I-2.4. WWAN . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9
I-2.5. Synthèse et enjeux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9
I-3. Le canal de propagation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 12
I-3.1. Définition . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 12
I-3.2. Représentation du canal de propagation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 18
I-4. Les modèles statistiques indoor . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 23
I-4.1. Modèle de l’ITU-R (Recommandation P.1238-4) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 23
I-4.2. Le modèle Motley-Keenan . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 25
I-4.3. Le modèle COST 231 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 26
I-4.4. Le modèle COST 259 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 27
I-4.5. Le modèle MWF (Multi Wall and Floor) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 28
I-4.6. Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 29
I-5. Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 29
6 C HAPITRE I : Paramètres caractéristiques du canal de propagation indoor
I-1. Introduction
Aujourd’hui, les systèmes de communications sans fil déployés à l’intérieur des bâtiments connaissent un
engouement considérable. La demande croissante de débit, donc de largeur de bande, demande une caractéri-
sation rigoureuse du canal de propagation. Mais, les performances de ces nouveaux systèmes sont directement
liées aux conditions de propagation entre l’émetteur et le récepteur. L’amplitude du champ reçu pour une posi-
tion de réception donnée dépend entre autres de trajets multiples résultant de l’interaction du signal émis avec
les nombreux obstacles présents dans l’environnement, mur, fenêtre, sol, plafond, mobilier, etc.
Pour estimer la puissance reçue en un point, une modélisation des différents mécanismes de propagation et
de l’environnement est mise en oeuvre. La diversité des situations rencontrées (l’environnement et la fréquence
par exemple) conduit à des traitements de types différents. Deux approches sont généralement retenues : l’ap-
proche statistique et l’approche théorique. Elles conduisent respectivement à des modèles empiriques et à des
modèles déterministes. Les modèles empiriques sont basés sur une analyse statistique d’un grand nombre de
données expérimentales, réalisées dans différents contextes de propagation et d’environnements. Les modèles
théoriques s’appuient sur les lois fondamentales de la physique et plus particulièrement sur celles de l’optique
géométrique dans le cas de la propagation à l’intérieur des bâtiments. Deux techniques différentes ont été mises
en oeuvre : le lancé et le tracé de rayons. Elles seront détaillées dans le chapitre 2.
Dans ce chapitre, on présentera tout d’abord un état de l’art des principaux systèmes de communications
sans fil, puis on donnera la définition du canal de propagation radiomobile, ensuite on détaillera sa repré-
sentation mathématique ainsi que ses paramètres caractéristiques. Enfin, on détaillera les principaux modèles
statistiques pour la propagation indoor
Ces modifications sont discutées au sein de groupes de travail, chargés de produire les normes de télécommu-
nications pour le présent et le futur. Parmi les principaux organismes mondiaux de normalisation, on peut citer
l’IEEE (Institute of Electrical and Electronics Engineers) et l’ETSI (European Telecommunication Standards
Institute ou Institut européen des normes de télécommunication).
La principale difficulté est de faire cohabiter toutes ces technologies car les transmissions radio-électriques
sont utilisées dans un grand nombre d’applications (militaires, scientifiques, amateurs, etc.), et sont sensibles
aux interférences. C’est la raison pour laquelle une réglementation est nécessaire dans chaque pays afin de défi-
nir les plages de fréquence et de puissance auxquelles il est possible d’émettre pour chaque catégorie d’utilisa-
tion. Les principaux organismes en charge de la réglementation sont au niveau européen le CEPT (Conférence
Européenne des administrations des Postes et Télécommunications) et au niveau international l’UIT (Union
Internationale des Télécommunications). De plus, chaque pays doit gérer cette réglementation internationale à
l’intérieur de ses frontières, sous le contrôle d’administrations nationales comme par exemple l’ARCEP (Au-
torité de Régulation des Communications Électroniques et des Postes) et l’ANFR (Agence Nationale des FRé-
quences) en la France ou la FCC (Federal Commission of Communications) aux Etats-Unis.
I-2.1. WPAN
Le réseau personnel sans fil (appelé également réseau individuel sans fil ou réseau domestique sans fil et
noté WPAN) concerne les réseaux sans fil d’une faible portée : de l’ordre de quelques dizaines mètres. Ce type
de réseau sert généralement à relier des périphériques (imprimante, téléphone portable, appareils domestiques,
etc.) ou un assistant personnel (PDA) à un ordinateur sans liaison filaire ou bien à permettre la liaison sans fil
entre deux machines très peu distantes. Les principales technologies présentes sur le marché sont le Bluetooth,
le ZigBee et l’UWB (Ultra Wide Band, ou ULB, Ultra Large Bande, en français). On peut ajouter aussi les
liaisons infrarouges qui permettent de créer des liaisons sans fil de quelques mètres avec des débits pouvant
monter à quelques mégabits par seconde (par exemple utilisation de télécommandes dans la domotique).
– Le système Bluetooth
Cette norme permet d’interconnecter sans câble un ensemble de matériels dans un rayon d’environ dix
mètres. Elle a été définie au sein du groupe de travail IEEE 802.15.1 [2]. Cette technologie utilise une fré-
quence radio de la bande ISM (Industrial Scientific Médical, une bande utilisable librement sans licence ni
autorisation) à 2,45 GHz à une faible faible puissance (2,5 mW). La prochaine génération de la technologie
sans fil Bluetooth sera capable d’assurer des débits cent fois supérieurs à ceux de la version actuelle, passant
donc de 1 Mb/s à 100 Mb/s.
– Le système ZigBee
La norme ZigBee (aussi connue sous le nom IEEE 802.15.4) permet d’obtenir des liaisons sans fil à très
bas prix et avec une très faible consommation d’énergie, ce qui la rend particulièrement adaptée pour être
directement intégrée dans de petits appareils électroniques (appareils électroménagers, hifi, jouets, etc.). La
technologie Zigbee, opérant sur la bande de fréquences des 2,4 GHz et sur 16 canaux, permet d’obtenir des
débits pouvant atteindre 250 Kb/s avec une portée maximale de cent mètres environ.
8 C HAPITRE I : Paramètres caractéristiques du canal de propagation indoor
– L’UWB
Initialement développé pour des communications militaires et le radar, l’UWB (Ultra Wide Band) est la
technique d’accès radio qui se base sur la transmission de signaux de nature large bande. L’UWB utilise une
bande passante de diffusion de plus de 500 MHz et fonctionne entre 3,1 et 10,6 GHz. Les applications poten-
tielles pour la technologie UWB concernent les systèmes très haut débit courte portée (typiquement 200 Mbit/s
jusqu’à 10 m et 1 Gbit/s à 1 m). L’un des principaux avantages de l’UWB est sa faible densité de puissance qui
limite les interférences potentielles avec les autres dispositifs radio et assure une communication protégée entre
deux terminaux [3]. Les principales caractéristiques de l’UWB seront détaillées dans le chapitre 3.
I-2.2. WLAN
Les réseaux WLAN ont été conçus pour offrir des services comparables à ceux disponibles dans les réseaux
locaux filaires LAN (Local Area Network) mais sur des zones beaucoup plus importantes (par exemple pour
couvrir en intérieur les halls d’aéroport ou les hôpitaux et en extérieur les campus ou les parkings). Ces réseaux
permettent aux utilisateurs de se déplacer à des vitesses faibles tout en conservant la connectivité avec le réseau.
Plusieurs normes ont été proposés pour le marché des réseaux locaux sans fil (802.11, Hiperlan, HomeRF) mais
aujourd’hui, on peut dire que la norme 802.11, plus connue sous le nom de Wi-Fi, s’est imposée comme la
référence en matière de réseaux WLAN.
Le nom Wi-Fi (Wireless Fidelity) correspond initialement au nom commercial de la norme 802.11 proposée
par l’IEEE. Elle offre deux modes de fonctionnement : un mode ad hoc et un mode avec infrastructure. Dans
le mode ad hoc, deux stations sans fil peuvent communiquer directement entre elles lorsqu’elles sont physique-
ment dans le même rayon de propagation. En revanche, dans le mode avec infrastructure, l’entité de base d’un
réseau sans fil est la cellule contrôlée par un point d’accès.
La norme IEEE 802.11 proposait initialement des débits de 1 ou 2 Mbit/s. Plusieurs spécifications ont
ensuite été apportées et commercialisées. On retrouve la norme 802.11b qui opère dans la bande des 2,4 GHz
avec des débits de 11 Mbit/s, la norme 802.11g, également dans la bande des 2.4 GHz, mais avec des débits
atteignant 54 Mbit/s et la norme 802.11a opérant à une fréquence de 5 GHz (bande de fréquences sans licence
d’utilisation : bande U-NII) avec un débit de 54 Mbit/s. Le dernier standard ratifié est le 802.11n. Il s’appuie
sur la technologie MIMO (Multiple Input Multiple Output) et permet d’augmenter la portée et d’assurer un
débit plus constant (100 Mbits/s). Cette norme peut utiliser les fréquences 2,4 GHz ou 5 GHz et devrait être
compatible avec toutes les autres normes.
Enfin d’autres révisions ont été apportées afin de préciser des éléments permettant d’assurer une meilleure
sécurité ou une meilleure interopérabilité (IEEE 802.11e, IEEE 802.11f et IEEE 802.11i).
I-2.3. WMAN
Les réseaux WMAN sont déployés pour couvrir une zone plus importante que les réseaux WLAN, par
exemple une ville entière. Comme pour les WLAN, l’IEEE a remporté la bataille des normes puisque dans
I-2.- Les réseaux sans fil 9
la plupart des pays la norme 802.16 a été adoptée au détriment de la norme HiperMAN soutenue par l’ETSI.
La norme 802.16 est plus connue sous le nom de WiMAX. Le WiMAX est une solution pour des connexions
sans-fil à haut-débit sur des zones de couverture de plusieurs kilomètres. Elle permet d’obtenir des débits de
l’ordre de 70 Mbit/s pour une distance de 50 kilomètres. En Europe, c’est autour des 3,5 GHz que WIMAX
peut se déployer. Comme pour le WIFI d’autres spécifications ont été apportées pour intégrer le concept de
mobilité et d’autres services. Le déploiement du WIMAX vient juste de commencer en France.
I-2.4. WWAN
Le réseau étendu sans fil (WWAN pour Wireless Wide Area Network) est également connu sous le nom
de réseau cellulaire mobile. Il s’agit des réseaux sans fil les plus répandus puisque tous les téléphones mobiles
sont connectés à un réseau étendu sans fil. Les principales technologies sont les suivantes :
– GSM (Global System for Mobile Communication ou en français Groupe Spécial Mobile) avec les amé-
liorations GPRS (General Packet Radio Service) et EDGE (Enhanced Data Rates for GSM Evolution),
– UMTS (Universal Mobile Telecommunication System) et les améliorations HSDPA (High Speed Down-
link Packet Access) et HSUPA (High Speed Uplink Packet Access),
– les futures normes, dites 4G, regroupées au sein du 3GPP (3rd Generation Partnership Project)) dans le
projet LTE (Long Term Evolution).
radio moins centralisée. Chaque couple émetteur/récepteur serait capable de déterminer dans quelle bande de
fréquence et avec quel type d’interface il peut fonctionner.
En effet, les réseaux sans fils actuellement déployés peuvent fonctionner selon deux modes dits infrastruc-
ture et ad hoc (I.3). Pour ce qui concerne le mode infrastructure, actuellement le plus déployé dans les réseaux,
I-2.- Les réseaux sans fil 11
la communication entre les terminaux ne peut se faire qu’au travers d’un relais. Le réseau est composé d’une
infrastructure physique sous forme de relais obligatoires appelés points d’accès (Access Point : AP) et d’équi-
pements qui échangent des données directement avec ces AP suivant une configuration en étoile.
Ce mode de fonctionnement présente l’avantage d’être centralisé et permet ainsi de contrôler les communi-
cations sans fil. De plus, il est possible de relier plusieurs AP un à un pour former un réseau de réseaux. Cette
liaison se fait soit par un réseau séparé (par exemple, sous la forme d’un réseau Ethernet reliant les AP), soit
directement entre AP. Dans ce cas, chaque AP utilise son propre réseau sans fil pour communiquer avec l’AP
suivant qui doit également se trouver dans sa zone de couverture. Cela permet de connecter un ensemble de
terminaux et de sous-réseaux sous une forme maillée. On parle alors de réseau « mesh ». Les réseaux « mesh »
évitent de mettre en place une infrastructure physique parallèle. Les communications dépendent bien évidem-
ment de la portée du signal de chaque AP, qui peut être perturbée par différents facteurs (tels que les murs, les
portes, les fours micro-ondes, etc.) mais il est ainsi possible de mettre très facilement en place un réseau avec
une grande couverture géographique.
Dans le cas des réseaux ad hoc, il est possible de communiquer même s’il n’y a pas d’AP pour assurer le
routage. Les terminaux peuvent communiquer directement sans passer par un relais. De plus, chaque terminal
peut jouer le rôle d’un relais et router lui-même les informations de proche en proche jusqu’à la destination.
Ainsi, il est possible de créer de manière spontanée des réseaux à partir d’un ensemble de terminaux suffi-
samment proches les uns des autres. Les terminaux peuvent être statiques (ordinateur de bureau) ou mobiles
(ordinateur portable, PDA, téléphone, etc.) et ainsi créer un réseau dont le nombre de terminaux et la topologie
évoluent dans le temps (figure 2).
En conclusion, toutes ces constatations montrent qu’une étude multi-fréquences, en environnement indoor,
pourrait apporter de nombreuses informations concernant l’évolution du champ électromagnétique avec la fré-
quence et, permettrait de faciliter la mise en place des futurs systèmes larges bandes.
12 C HAPITRE I : Paramètres caractéristiques du canal de propagation indoor
I-3.1. Définition
L’étude du canal de propagation est une étape importante dans la définition et le dimensionnement de
nouveaux systèmes de communications sans fil. En effet, le canal de transmission peut être modélisé comme
un filtre linéaire permettant de représenter la transformation d’un signal électrique d’entrée e(t) en un signal
électrique de sortie s(t) par le biais des ondes électromagnétiques (figure I.4). En d’autres termes, le canal de
propagation correspond à l’environnement traversé par les ondes électromagnétiques lors d’une transmission
d’information entre un émetteur et un récepteur. On prendra soin de différencier le canal de propagation, qui
ne tient compte que des différentes interactions subies par les ondes électromagnétiques dans l’environnement,
du canal de transmission qui ajoute en plus les caractéristiques des diagrammes de rayonnement des antennes
d’émission et de réception.
GT PT
W = (Eq. I.1)
4πd2
On peut relier la densité de puissance W à la puissance PR du signal détecté aux bornes d’une antenne
réceptrice de gain GR .
I-3.- Le canal de propagation 13
λ2 GR
PR = W AR = W (Eq. I.2)
4π
avec AR représentant l’aire effective de l’antenne de réception, et λ la longueur d’onde pour la fréquence
de travail.
En combinant les équations Eq. I.1 et Eq. I.2, on exprime la formule de Friis, qui permet de calculer l’atté-
nuation en espace libre d’un signal :
2
PR c
= G T GR (Eq. I.3)
PT 4πf d
Exprimée en dB l’équation Eq. I.3 devient :
4πf d
P L(f, d) = 20 log10 − GT (f ) − GR (f ) (Eq. I.4)
c
avec :
mais une partie sera émise dans toutes les directions. Ce phénomène apparaît par exemple en présence de
végétation en outdoor (on parle aussi de diffusion) et en présence de mobilier en indoor. La réflexion spé-
culaire est présente dans le phénomène dit de propagation guidée. En effet, certains environnements (rue
étroite, couloir, tunnel, etc.) se comportent comme un guide d’onde en ce qui concerne la propagation
des ondes radioélectriques suite à une succession de réflexions sur leurs parois. Ce phénomène facilite la
propagation à longue distance.
– Transmission : la transmission est le phénomène associé à la traversée d’un obstacle par une onde élec-
tromagnétique. Ce phénomène joue un rôle assez faible lors de la propagation en environnement outdoor.
Par contre, sa contribution est peut-être prépondérante en environnement indoor. En effet, pour chaque
élément traversé, l’onde subit une atténuation, directement liée aux caractéristiques électromagnétiques
du matériau considéré, mais aussi liée à d’autres paramètres comme l’épaisseur de la paroi traversée et
l’angle d’incidence.
– Diffraction : le phénomène de diffraction apparaît lorsque l’onde rencontre l’arête d’un obstacle dont les
dimensions sont grandes par rapport à la longueur d’onde. C’est un des facteurs les plus importants de la
propagation des ondes radioélectriques. Le champ diffracté se calcule selon le principe de Huygens, qui
considère que chaque point atteint par une onde se comporte comme une source secondaire. Il est calculé
aussi grâce à la TGD [5] (Théorie Géométrique de la Diffraction) et la TUD [6] (Théorie Uniforme de la
Diffraction) qui ont permis d’expliquer la continuité du champ électromagnétique situé de part et d’autre
de la ligne de visibilité optique.
d’arrivée différentes, de telle sorte que le récepteur peut recevoir différentes répliquent du même signal à des
instants différents. Ces phénomènes dépendent bien sûr de la fréquence utilisée et de la nature des obstacles
rencontrés (murs en béton, forêt dense, façade en verre, etc.). Comme souvent, lorsque les phénomènes sont
complexes, on s’appuie sur des modèles mathématiques. Leur complexité est relative au degré de précision
désiré : plus la précision requise est grande, plus le modèle mathématique est complexe. On distingue trois
échelles de variations du champ reçu : les variations dues à l’accroissement de la distance entre l’émetteur et
le récepteur, les variations liées à l’environnement global (effets de masque) et celles liées à l’environnement
local (évanouissement rapide).
– le « pathloss » ou variation à grande échelle représente l’affaiblissement proportionnel à la distance de
propagation entre l’émetteur et le récepteur. On parlera aussi d’affaiblissement sur le trajet.
– le « shadowing » représentant les variations lentes du signal dues aux différentes interactions avec les
obstacles présents dans l’environnement.
– le « fading » représentant les fluctuations rapides du signal liées aux interférences constructives et des-
tructives entre les différents multi-trajets. Le signal reçu par le récepteur peut varier de 30 dB autour du
signal moyen.
−60
Pathloss
Schadowing
Fading
−70
Puissance Reçue (dBm)
−80
−90
−100
−110
−120
0 20 40 60 80 100
Distance (m)
Pour un canal radio-mobile « réel », les variations lentes du canal de propagation sont principalement dues
aux pertes de puissance par propagation et aux mécanismes de masquage. Afin de caractériser la dépendance
en fréquence, on introduit alors Nd et Nf , appelés coefficients de pertes par propagation en distance et en
fréquence. On peut ajouter que la puissance reçue varie avec la distance d selon une loi en 1/d2 et on exprimera
l’affaiblissement de parcours (en dB) sous la forme :
16 C HAPITRE I : Paramètres caractéristiques du canal de propagation indoor
avec :
Le tableau I.1 liste les valeurs de Nd obtenues dans divers environnements radio-mobile (le paramètre Nf
étant fixé a 2). On notera tout d’abord que le paramètre Nd présent des valeurs différentes en fonction d’un
environnement donné, mais aussi en fonction de la fréquence. Dans des conditions de visibilité directe, on
trouvera des valeurs de Nd inférieures à 2 (on parlera alors de l’effet conduit). Inversement, Nd sera supérieur
à 2 dans des conditions de non visibilité. De plus, en regardant les écart-types σ, on s’aperçoit que ces modèles
ne donnent pas toujours de résultats satisfaisants. Dans le cas de la propagation en espace libre, le paramètre
Nd prend la valeur 2.
On trouve dans la littérature plusieurs modèles de propagation pour l’affaiblissement de parcours. Le plus
connu est le modèle d’Okumura-Hata [8][9] qui sert de base à une grande variété de modèles plus affinés et qui
s’applique à l’ingénierie des systèmes outdoor. Pour l’environnement indoor, les autres modèles seront détaillés
à la fin de ce chapitre.
I-3.- Le canal de propagation 17
I-3.1.3.b. Le shadowing
Le shadowing ou effet de masque est modélisé par une loi gaussienne (en dB, la loi est donc normale) [10].
Il représente une variation sur les conditions de propagation, tantôt favorable (par exemple visibilité directe),
tantôt défavorable (par exemple lors de la présence d’un obstacle important entre l’émetteur et le récepteur).
I-3.1.3.c. Le fading
Le fading est dû à la réception simultanée de signaux d’amplitudes aléatoires et de phases aléatoires cor-
respondant aux différents trajets d’un même signal. L’enveloppe du signal reçu (i.e. l’amplitude du champ) est
modélisée par une loi de Rayleigh ou une loi de Rice [10]. On utilisera une loi de Rayleigh lorsque les rayons
proviennent de toutes les directions avec une puissance voisine et une loi de Rice lorsque parmi tous les rayons
se dégage un trajet prédominant.
Dans la majorité des configurations le point d’émission ou le point de réception sont en mouvement l’un
par rapport à l’autre. De même, les éléments à l’intérieur du canal de propagation ne sont pas toujours fixes.
Cette mobilité dans le canal de propagation se traduit par un décalage entre la fréquence du signal émis et la
fréquence du signal reçu. Prenons l’exemple le plus simple d’une onde plane arrivant avec un angle α au niveau
d’un récepteur en mouvement ayant une vitesse v constante (voir I.7).
Le décalage Doppler observé est égal à fd = f vc cos(α) = λv cos(α). L’onde arrive alors au niveau du
récepteur avec une fréquence égale à f0 + µ (µ, décalage Doppler). Suivant la valeur de l’angle d’arrivée α, le
décalage Doppler est réparti sur l’intervalle [−fdmax ;fdmax ], où fdmax est le décalage Doppler maximum et est
donné par la relation suivante (valeur prise pour α = 0) :
v
fdmax = f0 (Eq. I.6)
c
c étant la vitesse de l’onde électromagnétique dans le vide.
18 C HAPITRE I : Paramètres caractéristiques du canal de propagation indoor
Dans le cas de la propagation multi-trajets, un effet Doppler affecte chaque trajet. Le spectre du signal se
retrouve donc étalé dans la bande [−fdmax ;fdmax ] comme le montre la figure I.8 à condition de travailler à une
fréquence fixe.
On peut ajouter que le spectre Doppler possède une forme caractéristique en U. Cette répartition est une loi
de probabilité. Elle signifie que lorsqu’un signal est transmis à une certaine fréquence f0 , il sera plus probable-
ment reçu autour de f0 − µ ou f0 + µ que de f0 .
Les trajets directs, réfléchis, transmis et diffractés s’ajoutant de façon linéaire, le canal est généralement
représenté par un filtre linéaire variant dans le temps de type WSSUS (Wide Sens Stationnary Uncorrelated
Scaterring) stationnaire au sens large où les diffuseurs sont non corrélés [13]. Cette propriété reste toutefois dif-
ficile à vérifier mais en pratique on considère que le canal n’est stationnaire que sur des distances de quelques
longueurs d’onde. Sous cette hypothèse, on caractérisera le canal de façon déterministe. Il existe alors 4 repré-
sentations possibles du canal de propagation radio-mobile. Les différentes relations entre ces équations sont
représentées sur la figure I.9 avec F et F −1 respectivement la transformée de Fourier et la transformée de
Fourier inverse.
– Représentation temps-retard
Dans ce modèle, le signal reçut s(t) est relié au signal d’entrée e(t) par la formulation suivante :
Z +∞
s(t) = e(t − τ )h(t, τ )dτ (Eq. I.7)
−∞
I-3.- Le canal de propagation 19
h(t, τ ) est la réponse impulsionnelle du canal à un instant t pour une impulsion émise à t − τ . La réponse
impulsionnelle permet d’identifier les différents trajets arrivant au récepteur, ainsi que leur temps de retard.
– Représentation temps-fréquence
Dans ce modèle, le signal reçu s(t) est relié au spectre E(f ) du signal d’entrée par la formulation suivante :
Z +∞
s(t) = E(f )T (f, t)ej2πf t df (Eq. I.8)
−∞
T (f, t) représente la fonction de transfert (ou réponse fréquentielle) variant dans le temps du canal de pro-
pagation. Elle permet d’étudier l’évolution dans le temps des différents effets que provoque la propagation
multi-trajets. On peut relier T (f, t) à h(t, τ ) par une simple transformée de Fourier inverse.
– Représentation Doppler-fréquence
Dans ce modèle, le spectre du signal reçu S(f ) est relié au spectre du signal emis E(f ) par la relation
suivante :
Z +∞
S(f ) = E(f − ν)H(f, ν)dν (Eq. I.9)
−∞
C’est la réponse bi-fréquentielle du canal de propagation. Elle permet d’observer le phénomène de décalage
Doppler introduit par le canal. C’est la fonction duale de h(t, τ ) dans le domaine fréquentiel.
– Représentation retard-Doppler
Dans ce modèle le signal de sortie s(t) au signal d’entrée e(t) par la relation suivante :
Z +∞ Z +∞
s(t) = e(t − τ )S(τ, ν)ej2πνt dνdτ (Eq. I.10)
−∞ −∞
20 C HAPITRE I : Paramètres caractéristiques du canal de propagation indoor
S(τ, ν) est une fonction qui traduit les variations du canal. Elle illustre l’évolution du canal en fonction du
retard et du Doppler. Le signal reçu peut être représenté comme une somme des répliquent décalées du signal
émis, chacune subissant un effet Doppler.
Dans la pratique, le canal de propagation varie aléatoirement dans le temps et les quatre fonctions qui le
caractérisent sont aléatoires. Dès lors, le canal de propagation ne peut pas être représenté par les quatre fonc-
tions de caractérisation des canaux déterministes linéaires variant dans le temps : on caractérise le canal de
façon statistique. Une caractérisation exacte statistique du canal radio nécessite la connaissance des densités
de probabilité des fonctions précédentes. Néanmoins, une telle connaissance est impossible. Une caractérisa-
tion plus simple et efficace consiste à caractériser statistiquement le canal par la connaissance des fonctions
d’autocorrélation des fonctions de caractérisation du canal (caractérisation au second ordre).
La propagation par multi-trajets engendre des variations rapides au niveau de la puissance du signal reçu
pour une position donnée. Si on suppose que le canal est invariant et stationnaire dans le temps sur une petite
zone définie autour de cette position, on peut alors définir le profil des retards pour ce point en effectuant une
moyenne à partir de M réponses impulsionnelles mesurées successivement dans cette zone. Cette moyenne a
pour conséquence de supprimer les effets locaux des variations rapides du canal. On définit le profil de retard
en puissance par l’équation suivante :
M
1 X
P (0, τ ) = |h(tm , τ )|2 (Eq. I.11)
M
m=1
Pour traduire la dispersion du canal de propagation dans le domaine temporel, on détermine à partir du PDP
le retard moyen τm ainsi que la dispersion des retards τRM S . Le retard moyen τm représente le moment d’ordre
1 du PDP et est défini par
sR ∞
τ P (0, τ )dτ
τm = R−∞
∞ (Eq. I.12)
−∞ P (0, τ )dτ
La dispersion des retards τRM S représente l’écart-type du PDP et est défini par :
sR ∞
2
−∞ (τ − τm ) P (0, τ )dτ
τRM S = R∞ (Eq. I.13)
−∞ P (0, τ )dτ
La dispersion des retards est un paramètre significatif pour l’analyse du risque d’interférences inter-symboles.
I-3.- Le canal de propagation 21
La fenêtre des retards à q% est la durée de la portion centrale du PDP qui contient q% de l’énergie totale. La
fenêtre des retards s’exprime en fonction des différents retards définis sur la figure I.10 par la relation suivante :
τ4 τ5
q
Z Z
P (0, τ )dτ = P (0, τ )dτ (Eq. I.15)
τ2 100 τ0
Les retards τ 0 et τ 5 sont les retards pour lesquels le signal franchit un niveau de bruit donné.
L’intervalle des retards à Xdb est défini comme la différence entre le temps de retard où l’amplitude de la
réponse impulsionnelle dépasse pour la dernière fois un seuil donné et le temps de retard pour lequel l’amplitude
de la réponse impulsionnelle passe pour la première fois le seuil. En tenant compte des différents retards définis
sur la figure I.10, l’intervalle des retards peut s’écrire :
La bande de cohérence Bc est définie comme la bande de fréquence sur laquelle le canal de propagation peut
être considéré comme plat, en d’autres termes c’est la plage de fréquence sur laquelle la fonction de transfert du
22 C HAPITRE I : Paramètres caractéristiques du canal de propagation indoor
canal peut être considérée constante. On définit la bande de cohérence comme la fréquence à partir de laquelle
l’autocorrélation de la fonction de transfert du canal de propagation dépasse un seuil donné (généralement (90%
et 50%) :
RT (∆f, 0) x
Bc,x% = min ∆f,
= (Eq. I.17)
RT (0, 0) 100
La fonction RT (∆f, 0) est appelée fonction de corrélation en fréquence et s’obtient par une transformée de
Fourier du PDP. Si la largeur du spectre du signal émis est supérieure à la bande de cohérence, le comportement
du canal varie avec la fréquence. On dit que le canal est sélectif en fréquence. Physiquement, la bande de
cohérence et la dispersion des retards rendent compte du même phénomène : la dispersion temporelle du canal.
On peut donc les relier par :
1
Bc = si le seuil est de 90% (Eq. I.18)
50τrms
1
Bc = si le seuil est de 50% (Eq. I.19)
5τrms
Si la largeur de bande du canal utile est inférieure à la bande de cohérence du canal de propagation alors
l’évanouissement est plat, sinon il est sélectif. L’évanouissement sélectif peut conduire à des variations du signal
reçu de l’ordre de plusieurs dizaines de dB et dépend de multiples facteurs tels que la modulation utilisée, la
vitesse du mobile,etc. En général, son effet est atténué par l’utilisation de la diversité d’espace ou de fréquence,
le codage de canal et l’entrelacement. Lors des prévisions de couverture, l’évanouissement n’est pas analysé en
détail par les modèles statistiques de propagation. Quelquefois, il est pris en compte en ajoutant une marge aux
niveaux des champs électromagnétiques simulés.
Il existe toujours des mobilités dans le canal de propagation. Le canal varie donc au cours du temps. Ces
variations temporelles introduisent des décalages Doppler. La dispersion Doppler est ainsi égale à deux fois la
fréquence Doppler maximale.
La cohérence temporelle Tc est le paramètre dual de l’étalement Doppler dans le domaine temporel. Le
temps de cohérence Tc du canal de propagation représente la durée pendant laquelle le canal peut être consi-
déré comme stationnaire. Autrement dit, c’est la durée pendant laquelle les caractéristiques du canal restent
quasiment constantes. Lorsque Tc est supérieur au temps symbole Ts , le canal est dit « peu fluctuant », dans le
cas contraire, le canal fluctue rapidement (on peut aussi parler d’évanouissement rapide ou de « fast fading »).
Les différentes classifications pour le canal de propagation sont récapitulées dans le tableau I.2. Cette
classification dépend des différents paramètres larges bandes définis précédemment.
I-4.- Les modèles statistiques indoor 23
évanouissement temporel
dans le temps) -En réception, il n’est pas
plat
Ts << Tc nécessaire de mettre en
place un égaliseur
Les différentes valeurs obtenues pour N et Lf , issues de différentes campagnes de mesures, sont recensées
dans le tableau I.3.
N Lf
1,8-2 GHz 5,2 GHz 1,8-2 GHz 5,2 GHz
Bâtiments
28 - 4n -
résidentiels
Bureaux 30 31 15 + 4(n − 1) 16 (1 étage)
Bâtiments
22 - 6 + 3(n − 1) -
commerciaux
TAB . I.3 – Valeurs des paramètres du modèle bande étroite de l’ITU-R [15]
Pour la bande des 5 GHz, lorsque les coefficients d’affaiblissement de puissance ne sont pas indiqués, la re-
commandation indique l’utilisation des coefficients obtenus dans l’environnement de type bureau. Ces valeurs
permettent de calculer l’affaiblissement moyen. La valeur réelle varie autour de cette valeur. Pour modéliser les
évanouissements, le document propose l’utilisation d’une distribution log normale. En tenant compte de toutes
ces données, le modèle d’affaiblissement de propagation indoor en environnement résidentiel prend la forme
suivante :
Les valeurs de l’écart type (dB) sont données dans le tableau I.4. On notera que le modèle proposé, utilisant
une configuration à plusieurs étages, est limité. En effet les valeurs d’écart-type données dans le tableau sont
assez élevées ; l’estimation du champ sera donc imprécise. De plus, on est obligé de refaire une optimisation
dès que l’on change de bande de fréquence. On considérera le modèle décrit dans le présent paragraphe comme
un modèle indépendant du site car il ne fait pas intervenir de nombreuses données relatives au trajet ou au site.
I-4.- Les modèles statistiques indoor 25
σ en dB
Fréquence Bâtiments Bâtiments
Bureaux
(GHz) résidentiels commerciaux
1,8-2 8 10 10
5,2 - 12 -
M
X N
X
L(dB) = 38 + 10n ∗ log10 (d) + Pm + Pn (Eq. I.23)
m=1 n=1
Où
n : Coefficient d’affaiblissement de puissance avec n = 2 dans le cas de l’espace libre
d : Distance (m) qui sépare l’émetteur du récepteur
Pm : Pertes liées à la transmission du mième mur (dB)
Pn : Pertes liées à la transmission de la nième dalle (dB)
Les auteurs ne constatent pas de variation du coefficient d’affaiblissement de puissance entre 900 MHz et
1800 MHz. L’inconvénient de ce modèle est l’optimisation qui s’effectue en fonction de l’environnement.
Des valeurs typiques de pertes en fonction des matériaux à 1 GHz et incluant l’épaisseur ont été proposées
au sein du projet COST 231[17]. Le tableau I.5 répertorie les valeurs de pertes pour les principaux matériaux
de construction dans la bande de fréquences de 1 à 2 GHz.
TAB . I.5 – Pertes de transmission (dB) pour différents matériaux de construction (1-2 GHz) [17]
26 C HAPITRE I : Paramètres caractéristiques du canal de propagation indoor
Une étude menée par l’IESB (Institute of Superior Education of Brasilia) [18] propose un ajustement du
modèle Motley-Keenan en prenant en compte de l’épaisseur des murs dans le calcul de l’affaiblissement de par-
cours. Les auteurs ont montré que l’affaiblissement lié à la traversée d’un mur n’est pas linéaire avec l’épaisseur
du mur. C’est une remarque importante, car dans le modèle Motley-Keenan on considère un type de mur en
P
s’affranchissant de l’effet de l’épaisseur. Le terme de prise en compte de la traversée des murs ki Li (où ki
est le nombre de murs et Li est l’affaiblissement lié à ce type de mur) est remplacé par un terme prenant en
compte l’épaisseur du mur. L’affaiblissement de propagation s’écrit alors sous la forme :
N e
log3 ( e i )
X
P (dB) = Pr + 10 ∗ n ∗ log10 (d) + ki L0i 2 0i (Eq. I.24)
i=1
Il suffit alors de disposer de la valeur d’atténuation d’un mur de référence et de son épaisseur de référence
pour en déduire la contribution totale d’un mur quelque soit son épaisseur. Le tableau I.6 présente l’affaiblisse-
ment et l’épaisseur de référence liés à la traversée de ce mur.
Epaisseur du mur
Matériaux Pertes (dB)
de référence (cm)
Placoplâtre 12 2,5
Cloison fine 5 2,5
Béton 15 6
Ce modèle n’est valable là encore que pour une seule fréquence (1.8 GHz). La valeur de l’écart-type,
donnée dans l’article, est encore assez importante, même si on gagne 2 dB en intégrant l’épaisseur des murs
dans l’optimisation (10 dB avec Motley-Keenan et 8 dB avec la prise en compte de l’épaisseur des murs dans
l’optimisation).
par transmission au travers des étages ne sont pas une fonction linéaire du nombre d’étages traversés, d’où
l’introduction d’un facteur empirique b dans l’expression suivante :
I
X kf + 2
L(dB) = LF S + Kc + KW i .LW i + kf .Lf . −b (Eq. I.25)
kf + 1
i=1
Où
LF S : Affaiblissement d’espace libre entre l’émetteur et le récepteur (dB)
Kc : Affaiblissement constant (dB)
KW i : Nombre de murs traversés de type i
LW i : Affaiblissement lié à la traversée du mur de type i (dB)
kf : Nombre d’étages traversés
Lf : Affaiblissement lié à la traversée d’un étage (dB)
b : Paramètre empirique
Ce modèle est appelé modèle Multi-Wall. Le COST 231 suggère que le nombre de types de murs doit rester
faible. Deux types de murs sont proposés :
– Les murs légers qui ne sont pas des murs porteurs, ou des murs fins dont l’épaisseur est inférieure à 10
cm (mur de béton ou de briques).
– Les murs lourds de type murs porteurs ou murs dont l’épaisseur est supérieure à 10 cm.
Le modèle multi-wall du COST 231 est valable dans des environnements indoor lorsque les matériaux et la
structure des murs peuvent être bien estimés. Des problèmes apparaissent lorsqu’il s’agit de prédire l’affaiblis-
sement en présence de murs irréguliers (ouverture dans les murs par exemple) ou entre différents étages.
Où
LF S : Affaiblissement d’espace libre entre l’émetteur et le récepteur (dB)
KW i : Nombre de murs traversés de type i
LW i : Affaiblissement lié à la traversée du mur de type i (dB)
bW i : Paramètre empirique
28 C HAPITRE I : Paramètres caractéristiques du canal de propagation indoor
Les paramètres du modèle COST 259 sont donnés par le tableau I.7. Dans ce modèle, on définit les murs
fins comme des cloisons en placoplâtre et les murs épais comme des cloisons composées de béton renforcé.
Pour un bâtiment de type "bureaux" composé de matériaux de type placoplâtre, verre et béton, la moyenne
d’affaiblissement par mur est LW i = 8, 4 dB et le paramètre bW i est 0,4 à la fréquence 5 GHz.
Ce modèle ne prend pas en compte l’affaiblissement de parcours entre étages, on l’utilisera donc pour
effectuer des cartes de prévision de couverture sur un même étage. De plus comme les modèles précédents, le
modèle doit être de nouveau optimisé dès que l’on change de bande de fréquences.
I K
X XWi J K
X XFj
Où
L0 : Affaiblissement à la distance de 1 m (dB)
n : Coefficient d’affaiblissement de puissance
d : Distance entre l’émetteur et le récepteur (m)
KW i : Nombre de murs traversés de type i
LW ik : Affaiblissement lié à la traversée du kième mur de type i (dB)
KF j : Nombre d’étages traversés de type j
LF jk : Affaiblissement lié à la traversée du kième étage de type j(dB)
I : Nombre de types de murs traversés
J : Nombre de types d’étages traversés
A l’aide de simulations réalisés avec un outil de tracé de rayon dans des pièces de superficies différentes,
les auteurs ont montré que le paramètre n prenait des valeurs entre 1,.96 et 2,03. Ils ont également pu extraire
un certain nombre de valeurs d’atténuation de traversée pour différents matériaux à une fréquence de 5GHz.
Elles sont présentées dans le tableau I.8.
La comparaison du modèle avec des valeurs mesurées fournit un écart type de l’erreur de 5-6 dB pour des
pièces moyennes et de 8-9 dB pour des grandes pièces.
I-5.- Conclusion 29
Atténuation k = 1 Atténuation k = 2
Type de matériaux Epaisseur (cm)
(dB) (dB)
Béton 10 LW 11 = 16 LW 12 = 14
Béton 20 LW 11 = 29 LW 12 = 24
Béton sec 24 LW 11 = 35 LW 12 = 29
Béton poreux 24 LW 11 = 34 LW 12 = 26
TAB . I.8 – Paramètres du modèle MWF dans le cas du béton pour la bande 5 GHz
I-4.6. Conclusion
Les modèles sont basés sur le profil émetteur-récepteur dont les phénomènes de réflexion et de diffraction
sont très peu représentés dans ce type de modèle. L’effet de la fréquence est indirectement inclus dans les
coefficients du modèle qui reposent essentiellement sur les phénomènes de transmission.
I-5. Conclusion
Ce chapitre donne une description des paramètres caractéristiques du canal de propagation. Après avoir pré-
senté quelques généralités sur les différents systèmes de communications sans fils (catégorie, caractéristiques
générales de la technologie, applications visées), des généralités relatives au canal de propagation radio ont été
introduites. Elles ont porté, tout d’abord, sur une description des phénomènes physiques qui interviennent dans
un canal de propagation, puis, sur les paramètres appropriés à la description du canal de propagation.
En troisième partie, plusieurs modèles statistiques, basés sur l’analyse statistique d’un grand nombre de
mesures expérimentales et utilisés pour caractériser le canal de propagation, ont été présentés. Ces modèles
présentent l’inconvénient d’être optimisés pour un environnement spécifique et pour une bande de fréquence
unique ce qui oblige à déterminer de nouveau les paramètres du modèle pour chaque nouvelle fréquence et
chaque nouvelle situation. De plus, les mesures disponibles ont été réalisées dans des conditions diverses et les
écarts types trouvés sont souvent importants.
La large gamme de fréquences des différents systèmes va induire des effets sur le canal de propagation.
C’est ce que montrent les différentes études menées ([15]-[16]-[17]-[19]-[20]). Elles ont permis de voir que
les dégradations du canal de propagation indoor étaient dues essentiellement aux phénomènes de réflexion, de
diffraction et de transmission par les obstacles (y compris les murs et les planchers) présent à l’intérieur des
bâtiments. Lorsqu’on utilise des modèles de prévision de la propagation, il est donc utile de disposer d’informa-
tions précises sur les caractéristiques des matériaux de construction et sur celles des éléments de structure, qui
constituent autant de paramètres d’entrée fondamentaux. Les caractéristiques de ces matériaux sont liées à leur
permittivité complexe, une donnée dont on ne dispose pas forcément pour toutes les fréquences. On propose
donc dans la suite du document une étude sur la représentation de l’interaction d’une onde électromagnétique
avec un matériau, en s’intéressant plus particulièrement à l’effet de fréquence qui peut, comme on l’a vu au
début du chapitre, varier de 900 MHz à 10 GHz.
C HAPITRE II
Sommaire
II-1. Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 32
II-2. Propriétés électriques des matériaux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 32
II-2.1. La perméabilité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 32
II-2.2. La conductivité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 33
II-2.3. La permittivité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 33
II-2.4. Classification des matériaux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 38
II-3. Propagation des ondes électromagnétiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 38
II-3.1. Les équations de Maxwell . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 38
II-3.2. Les coefficients de réflexion et de transmission . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 44
II-4. Études paramétriques des coefficients de réflexion et de transmission . . . . . . . . . . . 49
II-4.1. Influence de l’épaisseur . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 49
II-4.2. Influence de la fréquence . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 50
II-4.3. Réponse dans le domaine temporel . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 52
II-4.4. Modélisation numérique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 54
II-5. Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 57
32 C HAPITRE II : Interaction d’une onde électromagnétique avec un matériau
II-1. Introduction
Pour évaluer l’influence de la fréquence sur le canal de propagation indoor, une connaissance plus appro-
fondie de la propagation dans les matériaux est nécessaire. Dans un environnent indoor, la propagation d’une
onde électromagnétique est gouvernée par quatre phénomènes fondamentaux : la réflexion, la transmission, la
diffraction et la diffusion. Ces phénomènes dépendent de la nature des matériaux rencontrés (propriétés élec-
triques ou magnétiques), de leurs dimensions (rugosité, composition) et des caractéristiques de l’onde incidente
(fréquence, polarisation, angle d’incidence). En effet, l’importance de ces phénomènes est liée à la dimension
ainsi qu’à la structure microscopique du matériau. Dans la plupart des études, ces matériaux sont étudiés en
bande étroite, pour faciliter leur utilisation dans les systèmes large bande de nouvelles études et formulations
doivent être proposées.
Ce chapitre a pour objectif de rappeler brièvement la théorie de l’électromagnétisme permettant de com-
prendre les phénomènes mis en jeu. Dans un premier temps, on définira l’ensemble des paramètres caractérisant
le comportement électromagnétique d’un milieu, en introduisant la permittivité et la perméabilité. Ensuite, on
abordera les équations relatives à la propagation des ondes au sein du milieu et on présentera les différents
mécanismes entrant en jeu dans la propagation des ondes électromagnétiques. On s’intéressera, en particulier,
aux coefficients de réflexion et de transmission qui découlent des équations de l’électromagnétisme. Enfin une
analyse paramétrique dans les domaines fréquentiel et temporel permettra de mettre en valeur les paramètres
clés de la modélisation large bande.
II-2.1. La perméabilité
La perméabilité magnétique [Henry/m] représente la faculté d’un matériau à modifier un champ magnétique
~
B. Le champ magnétique B ~ [Tesla] et l’excitation magnétique H
~ [Ampère/m] sont reliés, dans un matériau
donné, par la relation dite " constitutive " :
B~ = µH
~ (Eq. II.1)
La perméabilité magnétique du matériau µ est obtenue en effectuant le produit entre la perméabilité du vide
µ0 [Henry/m] et la perméabilité relative µr , avec respectivement µ0 égale à 4π10−7 H/m et µr spécifique au
matériau caractérisé.
II-2.- Propriétés électriques des matériaux 33
II-2.2. La conductivité
On dit d’un milieu qu’il est conducteur s’il existe des charges électriques libres de se déplacer sur des
distances macroscopiques lorsqu’un champ électrique E ~ [Volt/m] est appliqué. Le mouvement des charges
libres ~jc [Ampère/m2 ] est caractérisé par la conductivité électrique σ [Siemens/m] selon la loi d’Ohm :
~
~jc = σ E (Eq. II.2)
II-2.3. La permittivité
Sous l’action d’un champ électrique, le mouvement de charges liées est caractérisé par la permittivité di-
~ [Coulomb/m2 ]
électrique [Farad/m], qui traduit le pouvoir de polarisation du milieu. L’induction électrique D
~ par la relation suivante :
est reliée au champ électrique E
~ = ǫE
D ~ (Eq. II.3)
La permittivité est donc une quantité physique qui traduit la réponse d’un milieu diélectrique à l’application
d’un champ électrique. Elle peut également être exprimée par une quantité adimensionnelle : ǫ = ǫ0 ǫr avec ǫr , la
permittivité relative ou constante diélectrique, normalisée par rapport à la permittivité du vide ǫ0 = 1/36π10−9
F/m.
En fonction de la fréquence, la permittivité est liée à la polarisabilité électrique des molécules ou atomes
constituant le milieu. On peut distinguer quatre types de polarisation qui se superposent :
– La polarisation électronique : déformation du nuage électronique sous l’action du champ électrique ;
– La polarisation dipolaire ou d’orientation : les molécules dipolaires soumises à un champ électrique
voient l’axe de leur dipôle tenter de s’aligner avec ce dernier ;
– La polarisation ionique : l’existence d’ions de signes opposés dans certains solides provoque des accu-
mulations distinctes sous l’action du champ électrique ;
– La polarisation de charge : une accumulation d’ions au niveau des interfaces dans un matériau hétérogène
soumis à l’action d’un champ électrique ;
Pour les systèmes de communications sans fil (fréquences micro-ondes) , c’est donc la polarisation dipo-
laire qui est prépondérante (voir figure II.1). Le phénomène de polarisation correspond à une accumulation de
l’énergie électromagnétique mais part sa dépendance en fréquence il s’accompagne de pertes par dissipation.
On peut donc écrire en utilisant Eq. II.2 :
~
~ + jc
~ = D
ǫ0 ǫ̃E
jω
σE~
~ −j
= ǫE (Eq. II.4)
ω
34 C HAPITRE II : Interaction d’une onde électromagnétique avec un matériau
On peut alors donner l’expression de la permittivité complexe relative ǫ̃(ω) en fonction de la fréquence et
l’écrire sous la forme :
′ ′′
ǫ̃(ω) = ǫ (ω) − jǫ (ω)
σ
= ǫr − j
ωǫ0
= ǫr − j60σλ (Eq. II.5)
2π
avec : ω = f
1
c = ǫ0µ0
c
λ = f
′
On définira ǫ (ω) comme le terme de dispersion traduisant la vitesse de l’onde dans le matériau, plus
′ ′′
ǫ (ω) est grand, plus la vitesse dans le matériau est faible. Le terme ǫ (ω) représente le terme d’absorption
du matériau et correspond aux pertes diélectriques. Il permet de quantifier sa capacité à transformer l’énergie
électromagnétique en chaleur. On introduit aussi l’angle de pertes, défini par :
′′
ǫ (ω)
tan δ(ω) = ′ (Eq. II.6)
ǫ (ω)
~ et déplacement électrique ~j
Cet angle δ(ω) correspond à l’angle formé par les vecteurs champ électrique E
dans le plan complexe (voir figure II.2).
II-2.- Propriétés électriques des matériaux 35
Afin de représenter plus ou moins fidèlement la variation fréquentielle de la permittivité relative complexe,
différents modèles, simulant un milieu particulier, ont été proposés par différents auteurs au cours de la pre-
mière moitié du 20ime siècle. Ces principaux modèles utilisent des approches encore utilisées à ce jour. On peut
trouver tout d’abord le modèle de Debye [21] (initialement utilisé pour modéliser l’eau), le modèle le plus uti-
lisé. Il donne la permittivité, dans le cas d’un diélectrique excité par un champ électrique, en fonction du temps
de relaxation τ et des comportements limites aux hautes et basses fréquences. L’expression de la permittivité
relative complexe est décrite par l’équation suivante :
ǫs − ǫ∞
ǫ̃(ω) = ǫ∞ + (Eq. II.7)
1 + jωτ
où ǫs et ǫ∞ représentent respectivement la permittivité statique et la permittivité associée aux fréquences
théoriquement infinies.
Ce modèle s’applique uniquement aux diélectriques de faible densité (solvants liquides par exemple). Tou-
tefois, le modèle de Debye a subi quelques améliorations pour représenter des milieux plus complexes. En effet,
l’équation Eq. II.7 ne prend pas en compte la conductivité électrique σ du milieu. Cette dernière peut donc être
ajoutée au modèle précédent qui devient :
ǫs − ǫ∞ σ ∆ǫ σ
ǫ̃(ω) = ǫ∞ + −j = ǫ∞ + −j (Eq. II.8)
1 + jωτ ωǫ0 1 + jωτ ωǫ0
Par ailleurs, ce modèle ne peut distinguer la contribution de plusieurs phénomènes de relaxation distincts
caractérisés par des constantes de temps différentes. Afin d’introduire plusieurs constantes de temps, l’équation
précédente devient :
ǫs − ǫ∞
ǫ̃(ω) = ǫ∞ + (Eq. II.10)
1 + (jωτ )α
On peut citer le modele d’Havriliak-Negami ([23]). Il permet de donner une équation analytique de la
permittivité complexe ǫ en fonction de la pulsation du champ électrique ω a une température fixe T.
Enfin, à partir des différentes valeurs pouvant être trouvées dans la littérature, l’ITU [24] a proposé une
modélisation tenant compte de la dépendance en fréquence de la permittivité relative et de la conductivité. Il
s’exprime :
′
ǫ = af b (Eq. II.11) σ = cf d (Eq. II.12)
avec f la fréquence en GHz. Les valeurs a, b, c et d sont données dans le tableau suivant (II.1). Quand
les valeurs de b ou d sont absentes, cela indique que ǫ ou σ sont constantes, c’est à dire indépendante de
la fréquence. La figure II.3 permet d’illustrer la dépendance en fréquence de la conductivité en utilisant la
0.35
Béton
Brique
0.3 Placoplâtre
Bois
0.25
Conductivité (S/m)
Verre
Plafond
Aggloméré
0.2 Plancher
0.15
0.1
0.05
0
0 5 10 15 20
Fréquence (GHz)
′
matériaux fréquence épaisseur ǫ σ pertes α en dB référence
aggloméré 5,8 GHz 10 mm 2,87 0,16 - [25]
8,5 GHz 10 mm 2,77 - - [26]
64 GHz - 2,86 0,02 - [27]
contre-plaqué 5,8 GHz 5 mm 3,17 0,01 - [28]
6,2 GHz 15 mm 2,52 - 2,02 [29]
64 GHz 5 mm 2,4 0,01 - [28]
porte 5,2 GHz 50 mm 2,5 0,01 - [30]
6,61 GHz 45 mm 2,04 - 2,62 [29]
60 GHz - 1,57 0,32 - [27]
brique 4 GHz 300mm 4,44 0,01 - [31]
4,61 GHz 87 mm 4,11 - 5,91 [29]
5,8 GHz 105 mm 3 0,12 - [25]
placoplâtre 5,8 GHz 10 mm 2,21 - - [25]
12 GHz 12 mm 2,32 0,36 - [32]
béton 5,02 GHz 195 mm 2,3 - 13,62 [29]
8,5 GHz - mm 3,55 - - [26]
verre 5,8 GHz 5 mm 5,98 0,35 - [25]
6,61 GHz 2,3 mm 6,5 - 1,81 [29]
TAB . II.2 – Paramètres diélectriques mesurés pour différents matériaux typiques du bâtiment
38 C HAPITRE II : Interaction d’une onde électromagnétique avec un matériau
′′
béton 3 GHz≤ f ≤ 24 GHZ 3 ≤ ǫr ≤ 7 0, 1 ≤ ǫ ≤ 0, 85 caractéristiques du mélange
TAB . II.3 – Plages de variations des paramètres diélectriques pour différents matériaux typiques du bâtiment
On peut aussi classifier les matériaux suivant leur tangente de perte car ce paramètre étant lié à la conduc-
tivité. On classe alors les matériaux de la façon suivante :
– Si la tangente de pertes est inférieure à 10−3 , le matériau sera dit transparent ou à faibles pertes.
– Si la tangente de pertes est inférieure à 0,5 et supérieur à 10−3 , le matériau sera dit à pertes.
– Si la tangente de pertes est supérieur à 0,5 le matériau sera dit opaque ou à fortes pertes.
~ r, ω)et le
coordonnée spatiale du point d’observation et ω la pulsation de l’onde, alors le champ électrique E(~
champ magnétique H(~~ r, ω), dans un milieu inhomogène de permittivité ǫ(~r) et de perméabilité µ(~r), satisfont
les quatre équations suivantes :
∇~ × E(~
~ r, ω) + jωµ(~r)H(~
~ r, ω) = ~0 (Eq. II.13)
~ × H(~
∇ ~ r, ω) − jωǫ(~r)E(~
~ r, ω) = ~0 (Eq. II.14)
h i
~ ǫ(~r)E(~
∇. ~ r, ω) = 0 (Eq. II.15)
h i
~ µ(~r)H(~
∇. ~ r, ω) = 0 (Eq. II.16)
Ces équations supposent une variation temporelle du champ en ejωt (on parle aussi de régime sinusoidal).
En combinant les équations de Maxwell avec les équations Eq. II.1, Eq. II.2 et Eq. II.3, on obtient l’équation
d’Helmotz vectorielle :
~ (~r, ω) + k 2 U
∇2 U ~ (~r, ω) = 0 (Eq. II.17)
avec :
~ (~r, ω) représentant soit le champ électrique soit le champ magnétique
– U
– k le nombre d’onde du milieu de propagation défini par :
√ 2π √
k = ω ǫµ0 = ǫr (Eq. II.18)
λ
40 C HAPITRE II : Interaction d’une onde électromagnétique avec un matériau
~
∂2E ~
∂2E
~ = σµ
∆E + ǫµ (Eq. II.19)
∂2t ∂2t
Exprimée en régime sinusoïdal, l’expression Eq. II.19 peut être simplifiée et réécrite sous la forme :
~ = γ2E
∆E ~ (Eq. II.20)
A partir de l’équation Eq. II.19, les courants de conduction et de déplacement peuvent être mis en évidence
en fonction de la fréquence :
– Si σ >> ωǫ (ou tan δ >> 1) , la transmission de l’énergie à travers un matériau s’effectue alors selon
un mode de diffusion, par courant de conduction.
– Si σ << ωǫ (ou tan δ << 1) , la transmission de l’énergie à travers un matériau s’effectue alors selon
un mode de propagation, par courant de déplacement.
La solution de l’équation Eq. II.20 s’écrit pour une onde plane polarisée dans la direction z et se propageant
dans la direction x :
E = E0 eiωt−γx~ez (Eq. II.22)
Le terme γ peut s’écrire sous une forme complexe γ = α − jβ avec α [Néper/m] la constante et d’atténua-
tion et β [rad/m], la constante de phase :
r !1/2
√ 1 ǫ′′
α = ω µǫ′ 1+ ′ −1 (Eq. II.23)
2 ǫ
r !1/2
′′
√ 1 ǫ
β = ω µǫ′ 1+ ′ +1 (Eq. II.24)
2 ǫ
Or comme les matériaux amenés à être caractérisés ne réagissent que très faiblement à une excitation
magnétique, on peut utiliser l’hypothèse µ = µ0 pour simplifier l’écriture de l’équation Eq. III.20 et Eq. III.21 :
1 √
1/2
ω√
α= ǫr 1 + tan δ − 1 (Eq. II.25)
c 2
1 √
1/2
ω√
β= ǫr 1 + tan δ + 1 (Eq. II.26)
c 2
II-3.- Propagation des ondes électromagnétiques 41
Pour une utilisation plus pratique, la constante d’atténuation α peut être exprimée en dB grâce à la relation
suivante :
Certaines propriétés des ondes électromagnétiques peuvent être énoncées à partir des équations de Maxwell
et d’Helmholtz :
– Dans un milieu homogène, l’énergie se propage le long de trajectoires rectilignes, orthogonales au front
d’onde. Le front d’onde est caractérisé par deux rayons de courbures ρ1 et ρ2 qui définissent des surfaces
d’ondes (amplitude et/ou phase constante) qui peuvent être planes, sphériques, cylindriques ou quel-
conques. Un ensemble de rayons constitue un faisceau ou tube qui s’appuie sur deux petits segments AB
et CD appelés caustiques.
– L’énergie transportée par un rayon est continue en amplitude et en phase, dans le temps et dans l’espace.
– Les rayons vérifient le principe de Fermat, c’est à dire que le chemin optique (ou rayon) entre un point
source et un point d’observation est minimum.
Il existe toujours une échelle pour laquelle une onde peut être considérée comme localement plane. Ce qui
permet de généraliser localement les propriétés des ondes planes transverses électromagnétiques à toutes les
ondes électromagnétiques. C’est le principe de localité des ondes électromagnétiques. Les champs électrique et
magnétique sont strictement transversaux à la direction de propagation ~s. Le vecteur champ électrique est donc
42 C HAPITRE II : Interaction d’une onde électromagnétique avec un matériau
~ H,~
contenu dans un plan perpendiculaire à la direction de propagation. Le trièdre (E, ~ s) est orthonormé direct
et respecte la relation :
ǫ
r
~
H(s) = ~
~s × E(s) (Eq. II.28)
µ0
Cela nous permet de réduire l’étude au cas du champ électrique puisque grâce à Eq. II.13 on peut retrou-
ver le champ magnétique. De plus, le champ électrique peut ainsi se décomposer dans une base orthonormée
β(~s, ~e// , ~e⊥ ) dépendante de la direction de propagation ~s, ~e// et ~e⊥ les vecteurs unitaires supportant les deux
composantes électriques. Les travaux de Lunenberg-Kline [33] permettent de donner l’expression du champ
électrique pour l’Optique Géométrique :
~
E(s) = A(s, ρ1, ρ2)E(0)e−jkΨ(s) (Eq. II.29)
0 0
~
−jkΨ(s)
E(s) =
E// (s) = A(s, ρ1, ρ2) E// (0) e
(Eq. II.30)
E⊥ (s) β
E⊥ (0) β
avec :
– A(s, ρ1, ρ2), appelé le facteur de divergence et qui représente le rapport entre l’amplitude des champs
E(0) et E(s) :
ρ1 ρ2
r
A(s, ρ1, ρ2) = (Eq. II.31)
(ρ1 + s)(ρ2 + s)
– s, distance parcourue entre le point source P (0) et le point d’observation P (s)
– Ψ(s), une fonction de phase au point d’observation P (s)
– E(0), champ électrique au point source P (0)
– ρ1 et ρ2, les deux rayons de courbure principaux du front d’onde, mesurés sur le rayon central au point
source P (0).
Le champ électrique étant transversal à la direction de propagation ~s, la composante suivant la direction de
propagation ~s est donc nulle. Le champ électrique peut donc être écrit sous la forme d’une équation matricielle,
qui présente l’avantage de simplifier la compréhension pour l’état de polarisation de l’onde :
" # " #
E// (s) ρ1 ρ2 E// (0)
r
= e−jks (Eq. II.32)
E⊥ (s) (ρ1 + s)(ρ2 + s) E⊥ (0)
β β
A partir de cette définition (Eq. II.32), on peut définir l’expression du champ incident, c’est à dire le champ
rayonné par une source S en direction d’un point d’observation R situé à une distance d de la source.
i
(di ) i
s
E// ρi1 ρi2 E// (0)
= e−jkdi (Eq. II.33)
i
E⊥ (di ) (ρi1 + di )(ρi2 + di ) i
E⊥ (0)
βi βi
II-3.- Propagation des ondes électromagnétiques 43
En fonction des valeurs prises par les rayons de courbure du front d’onde, au point S, on peut distinguer
trois types d’ondes incidentes :
– onde plane : ρ1 → +∞ et ρ2 → +∞
– onde cylindrique : ρ1 → +∞ et ρ2 → 0 ou ρ1 → 0 et ρ2 → +∞
– onde sphérique : ρ1 → 0 et ρ2 → 0
En substituant ces valeurs limites dans l’équation Eq. II.33, on peut donner l’expression du champ incident
devient :
~i i −jkdi
i
E (d ) = Ep (0)e (a) onde plane
i √
~ i i i
E (d ) = Ec (0)e−jkd i
/ d (b) onde cylindrique (Eq. II.34)
~i i
i i
E (d ) = Es (0)e −jkd /di (c) onde sphérique
Au point source, les termes Eci (0) et Esi (0) (amplitude en di = 0 dans un plan) désignent le type de
source utilisé pour générer le faisceau de rayons (par exemple un dipôle, un cornet conique ou pyramidal, etc.).
L’amplitude de l’onde plane ne varie pas en fonction de la distance, celle de l’onde sphérique est inversement
proportionnelle à la distance et enfin celle de l’onde cylindrique est, pour sa part, inversement proportionnelle
à la racine carrée de la distance.
Avant d’introduire les coefficients de réflexion et de transmission, il convient d’abord de définir la polarisa-
tion du champ incident. En utilisant la décomposition du champ électrique en deux composantes orthogonales
à la direction de propagation et en fonction de l’évolution de ces deux composantes, on peut alors définir trois
types de polarisations pour l’onde incidente [34]. Lorsque les deux composantes oscillent en phase, on obtient
une polarisation rectiligne. Si elles présentent un déphasage (l’une est en retard par rapport à l’autre), alors on
obtient une polarisation elliptique. Dans le cas particulier ou le déphasage entre les deux composantes est de
90◦ et que l’amplitude des deux composantes est identique alors la polarisation devient circulaire.
La figure II.6 illustre l’évolution du champ électrique pour ces trois types de polarisation si on décompose
le champ électrique dans le plan Y-Z :
~
F IG . II.6 – Les différents types de polarisation de E
44 C HAPITRE II : Interaction d’une onde électromagnétique avec un matériau
Pour pouvoir analyser les phénomènes de réflexion et de transmission, on a besoin d’introduire quelques
notions supplémentaires. On définit le plan d’incidence comme étant le plan contenant la normale à la surface
(~n) et la direction de propagation de l’onde incidente (voir figure II.7). On appellera E i , E r et E t , les ampli-
tudes des champs incident, réfléchi et transmis et θi , θr , θt les angles incident, réfléchi et transmis par rapport au
plan d’incidence. Comme vu précédemment, il est également plus approprié de décomposer le champ électrique
suivant ses composantes perpendiculaires et parallèles. Cette décomposition permet d’introduire différents as-
pects dont la notion de polarisation. On parlera de polarisation transverse électrique (TE ou ⊥) lorsque les
composantes de E ~ sont perpendiculaires au plan d’incidence, de polarisation transverse magnétique (TM ou //)
lorsque les composantes de E ~ sont parallèles au plan d’incidence. Enfin, on suppose que l’on est en présence
de deux milieux diélectriques parfaits et que µ1 = µ2 = µ0 ,
F IG . II.7 – Schéma de référence décrivant la réflexion et la transmission d’une onde incidente plane à travers
une interface
" #
R// 0
Rtotal = (Eq. II.37)
0 R⊥
~ r (drQ ) = Rtotal E
E ~ i (diQ ) (Eq. II.38)
r
(dr ) i
(di )
s
E// ρr1 ρr2 E//
= e−jkdr (Eq. II.39)
r r
E⊥ (d ) (ρr1 + dr )(ρr2 r
+ d ) E (d )
i i
βr ⊥ β i
√ p
ǫ1 ǫ2 − ǫ1 sin2 (θi ) − ǫ2 cos(θi )
r// =√ p (Eq. II.40)
ǫ1 ǫ2 − ǫ1 sin2 (θi ) + ǫ2 cos(θi )
√ p
ǫ2 − ǫ1 sin2 (θi )
ǫ1 cos(θi ) −
r⊥ = √ p (Eq. II.41)
ǫ1 cos(θi ) + ǫ2 − ǫ1 sin2 (θi )
46 C HAPITRE II : Interaction d’une onde électromagnétique avec un matériau
Le champ électrique transmis correspond au champ rayonné par une source S en un point d’observation
R à une distance d, par la surface d’un objet. Ce faisceau de rayons transmis satisfait aux lois de l’optique
géométrique en quittant le voisinage du point d’impact Q de l’obstacle. De la même manière que pour l’onde
réfléchie, les propriétés de continuité de la phase et de l’amplitude et les propriétés de la polarisation le long
d’un rayon permettent de déduire directement la relation de la propagation de l’onde transmise dans un milieu
homogène. La longueur optique d’un rayon transmis dans un matériau d’épaisseur non nulle ne correspond pas
à la distance physique réellement parcourue puisqu’elle est définie par le produit de la distance par l’indice
√
de réfraction du milieu de propagation n = ǫ . Le principe de Fermat consiste à rechercher l’extremum
de cette longueur. La deuxième équation de Descartes (Eq. II.36) permet de déduire la relation entre l’angle
d’incidence θi et l’angle de transmission θt . Comme pour la réflexion, le principe de localité se traduit dans le
cas de la transmission par l’introduction d’un coefficient de transmission Ttotal défini par :
" #
T// 0
Ttotal = (Eq. II.42)
0 T⊥
Comme le champ réfléchi, le champ transmis dépend uniquement de la géométrie locale, de la nature de
~ i (di ) au point Q. Cette propriété se traduit par la
la surface et de la configuration locale du champ incident E
relation linéaire suivante :
~ t (dtQ ) = Ttotal E
E ~ i (diQ ) (Eq. II.43)
t
(dt ) i
(di )
s
E// ρt1 ρt2 E//
= e−jkdt (Eq. II.44)
t
E⊥ (dt ) (ρt1 + dt )(ρt2 + dt ) i
E⊥ (di )
βt βi
Les coefficients de transmission de Fresnel peuvent alors s’exprimer sous la forme :
√
2 ǫ1 ǫ2 cos(θi )
T// = √ p (Eq. II.45)
ǫ1 ǫ2 − ǫ1 sin2 (θi ) + ǫ2 cos(θi )
√
2 ǫ1 cos(θi )
T⊥ = √ p (Eq. II.46)
ǫ1 cos(θi ) + ǫ2 − ǫ1 sin2 (θi )
Si l’épaisseur du matériau ne peut pas être négligée, on doit introduire une nouvelle formulation pour
les coefficients de réflexion et de transmission. En effet, cette fois la contribution des réflexions multiples à
l’intérieur de la couche est intégrée dans les nouveaux coefficients. Les matériaux diélectriques généralement
caractérisés sont de surface plane et peuvent être représentés par une structure stratifiée. Une telle structure est
formée d’un empilement de M couches (M + 1 interfaces) parallèles, homogènes et isotropes et de dimensions
latérales supposées infinies (voir figure II.8). La face avant (d’indice 0) et la face arrière (d’indice M + 1) sont
en contact avec un milieu semi-infini (par définition, l’indice 0 est celui de l’air avec, ǫ0 = 1). Chaque couche
√
m est caractérisée par une épaisseur dm et une permittivité complexe ǫ̃m (ou un indice complexe η̃m = ǫ̃m )
′
R = R01 (Eq. II.47)
avec ′
Ri,i+1 +Ri+1,i+2 exp(−j2δi+1 )
′
′ , 0≤i≤M −1
Ri,i+1 = 1+Ri,i+1 Ri+1,i+2 exp(−j2δi+1 ) (Eq. II.48)
RM,M +1 , i=M
√
avec, selon les conventions précédentes, δi = 2πd λ
i
ǫi − sin2 θi , λ la longueur d’onde dans le vide, di
l’épaisseur de la ième couche, ǫi la permittivité de la ième couche et θi l’angle d’incidence.Ri,i+1 est le coeffi-
cient de réflexion de Fresnel pour l’interface située entre la i-ème et la i+1-ème couche en polarisation parallèle
ou perpendiculaire.
Pour le coefficient de transmission, on obtient :
′
T = T01 (Eq. II.49)
avec
48 C HAPITRE II : Interaction d’une onde électromagnétique avec un matériau
′
Ti,i+1 Ti+1,i+2 exp(−j∆i+1 )
′
′ , 0≤i≤M −1
Ti,i+1 = 1+Ri,i+1 Ri+1,i+2 exp(−j2δi+1 ) (Eq. II.50)
TM,M +1 , i=M
√
avec δi = 2πd
λ
i
ǫi − sin2 θi ,∆i = δi − k0 di cosθi , λ la longueur d’onde, k0 = 2π
λ , di l’épaisseur de la ième
couche, ǫi la permittivité de la ième couche et θi l’angle d’incidence.Ri,i+1 and Ti,i+1 sont les coefficients de
réflexion et de transmission de Fresnel pour l’interface située entre la i-ème et la i+1-ème couche en polarisa-
tion parallèle ou perpendiculaire.
Prenons l’exemple d’un matériau pouvant être modélisé par une seule couche, ayant une épaisseur d et une
permittivité ǫ et entouré d’air. Un schéma est présenté sur la figure II.9 pour expliquer les réflexions multiples
à l’intérieur de la couche.
1 − exp(−j2δ) ′
R= R (Eq. II.51)
1 − R′ 2 exp(−j2δ)
′
(1 − R 2 ) − exp(−j∆)
T = (Eq. II.52)
1 − R′ 2 exp(−j2δ)
√
avec δ = 2πdλ ǫ − sin2 θi ,∆ = δ − k0 dcosθi , λ la longueur d’onde dans le vide, k0 = 2π
λ , d l’épaisseur de
′ ′
la couche, ǫ la permittivité de la couche et θi l’angle d’incidence. R and T sont les coefficients de réflexion et
de transmission de Fresnel calculés à l’interface air-matériau en polarisation parallèle ou perpendiculaire.
II-4.- Études paramétriques des coefficients de réflexion et de transmission 49
Pour l’étude d’un matériau monocouche, les véritables réponses impulsionnelles des coefficients de ré-
flexion et transmission peuvent être exprimées analytiquement en utilisant des séries géométriques [35] et en
supposant la bande de fréquence infinie. Leur expression est la suivante :
∞
X
2
R(//,⊥) (t) = r(//,⊥) δ(t) (1 − r(//,⊥) )(r(//,⊥) )2m−1 δ(t − mτBF ) (Eq. II.53)
m=0
∞
X
2 τBF
T(//,⊥) (t) = (1 − r(//,⊥) )(r(//,⊥) )2m δ(t − − mτBF ) (Eq. II.54)
2
m=0
avec
2d
q
τBF = ǫ′ − sin2 (θi ) (Eq. II.55)
c
Le terme τBF (BF, Back and Forth) représentant le temps aller-retour mis par une onde pour traverser un
′
matériau d’épaisseur d et de permittivité relative ǫ sous une incidence θi . Le coefficient r(//,⊥) représentent le
coefficients de réflexion de Fresnel calculés à l’interface air-matériau en polarisation parallèle ou perpendicu-
laire. Cette modélisation sera utile lors de la comparaison avec nos résultats expérimentaux.
TE TM
0 0
sans épaisseur
d = 5 cm
d = 10 cm −10
Amplitude (dB)
Amplitude (dB)
d = 15 cm
−5
−20
−30
−10 sans épaisseur
d = 5 cm
−40 d = 10 cm
d = 15 cm
−15 −50
0 10 20 30 40 50 60 70 80 90 0 10 20 30 40 50 60 70 80 90
a) Angle (deg) b) Angle (deg)
TE TM
0 0
Amplitude (dB)
Amplitude (dB)
−10 −10
−20 −20
sans épaisseur sans épaisseur
d = 5 cm d = 5 cm
−30 d = 10 cm −30 d = 10 cm
d = 15 cm d = 15 cm
0 10 20 30 40 50 60 70 80 90 0 10 20 30 40 50 60 70 80 90
a) Angle (deg) b) Angle (deg)
0 0
−10 −10
Amplitude (dB)
Amplitude (dB)
−20 −20
ε’ = 2 ε’’ = 0.04
−30 −30
ε’ = 3 ε’’ = 0.1
ε’’ = 0.03 ε’ = 4 ε’ = 3 ε’’ = 0.4
−40 −40
2 4 6 8 10 12 14 16 2 4 6 8 10 12 14 16
(a) Fréquence (GHz) (b) Fréquence (GHz)
0 0
ε’ = 2
−200 ε’ = 3 −200
ε’ = 4
Phase (deg)
Phase (deg)
−400 −400
−600 −600
ε’ = 3
−800 −800
ε’’ = 0.04
’’ ε’’ = 0.1
−1000 ε = 0.03 −1000
ε’’ = 0.4
−1200 −1200
2 4 6 8 10 12 14 16 2 4 6 8 10 12 14 16
(c) Fréquence (GHz) (d) Fréquence (GHz)
F IG . II.12 – Évolution du module (a-b) et de la phase (c-d) du coefficient de réflexion (TE) en fonction de la
′ ′′
fréquence, ǫ et ǫ
Une deuxième remarque importante à souligner est que l’amplitude du coefficient de réflexion croît avec la
partie réelle de la permittivité contrairement au coefficient de transmission. Pour finir, on peut retenir que les
oscillations des coefficients de réflexion et de transmission sont plus marquées lorsque la partie réelle de la
permittivité augmente.
La partie imaginaire de la permittivité est, quant à elle responsable des pertes. En effet, elle contribue à
l’atténuation de l’amplitude des coefficients de réflexion et de transmission. De plus, on peut aussi remarquer
une décroissance de l’amplitude des coefficients avec la fréquence aussi bien en réflexion qu’en transmission.
′′
On peut aussi noter que pour des valeurs ǫ > 0, 1 cet affaiblissement devient significatif.
Pour ce qui est de la phase, on peut remarquer que pour un matériau donné, la variation de la phase en
fonction de la fréquence est plutôt linéaire dans le cas de la transmission. On remarque même aucune variation
de phase avec l’augmentation de la partie imaginaire de la permittivité (voir (d) de la figure II.13). Pour la
réflexion le comportement est différent. Même si on retrouve un comportement linéaire dans le cas d’un maté-
riau peu absorbant (voir (c) de la figure II.12), l’évolution de la phase devient plus complexe plus le matériau
devient absorbant (voir (d) de la figure II.12). La phase tend à devenir constante sur toute la bande étudiée pour
52 C HAPITRE II : Interaction d’une onde électromagnétique avec un matériau
′′
des valeurs importantes de ǫ .
0 0
’’
ε = 0.03
−1 −5
Amplitude (dB)
Amplitude (dB)
ε’ = 3
−2 −10
ε’ = 2 ε’’ = 0.04
−3 −15
ε’ = 3 ε’’ = 0.1
ε’ = 4 ε’’ = 0.4
−4 −20
2 4 6 8 10 12 14 16 2 4 6 8 10 12 14 16
(a) Fréquence (GHz) (b) Fréquence (GHz)
0 0
ε’’ = 0.03 ε’ = 3
−200 −200
Phase (deg)
Phase (deg)
−400 −400
−600 −600
ε’’ = 0.04
ε’ = 2
ε’’ = 0.1
−800 ε’ = 3 −800 ε’’ = 0.4
ε =4’
−1000 −1000
2 4 6 8 10 12 14 16 2 4 6 8 10 12 14 16
(c) Fréquence (GHz) (d) Fréquence (GHz)
F IG . II.13 – Évolution du module (a-b) et de la phase (c-d) du coefficient de transmission (TE) en fonction de
′ ′′
la fréquence, ǫ et ǫ
Un des objectifs étant de détecter ces multi-trajets, il est donc intéressant d’avoir un ordre d’idée de la
II-4.- Études paramétriques des coefficients de réflexion et de transmission 53
1 1
ε’ = 2 ε’ = 2
ε’ = 3 ε’ = 3
0.8 0.8
ε’ = 4 ε’ = 4
Amplitude
Amplitude
0.6 0.6
0.4 0.4
0.2 0.2
0 0
0 0.5 1 1.5 2 2.5 3 0 0.5 1 1.5 2 2.5 3
a) Temps (ns) b) Temps (ns)
F IG . II.14 – Influence de la partie réelle de la permittivité sur l’évolution des véritables réponses impulsionnelles
pour un matériau monocouche d’épaisseur 5 cm (a : réflexion et b : transmission)
1 1
ε’’ = 0.002 ε’’ = 0.002
ε’’ = 0.02 ε’’ = 0.02
0.8 0.8
ε’’ = 0.2 ε’’ = 0.2
Amplitude
Amplitude
0.6 0.6
0.4 0.4
0.2 0.2
0 0
0 0.5 1 1.5 2 2.5 3 0 0.5 1 1.5 2 2.5 3
a) Temps (ns) b) Temps (ns)
F IG . II.15 – Influence de la partie imaginaire de la permittivité sur l’évolution des véritables réponses impul-
sionnelles pour un matériau monocouche d’épaisseur 5 cm (a : réflexion et b : transmission)
largeur de bande nécessaire pour distinguer ces différents trajets. Donc après avoir étudié, l’évolution de la
réponse impulsionnelle dans le cas d’une bande de fréquence infinie, on limite cette fois la largeur de la bande
de fréquence à 6 GHz et à 14 GHz. Les résultats sont tracés sur la figure II.16 (en bleu, on réaffiche les réponses
en bande infinie)
Dans le cas d’un matériau monocouche, une largeur de bande de 14 GHz permet de distinguer clairement
aux moins trois réflexions et deux transmissions car ensuite l’amplitude des pics devient trop faible. On peut
remarquer qu’en présence d’une bande de fréquence suffisamment large [2-16] GHz, les amplitudes des pics
obtenus sur une bande infinie sont différentes de celles observées dans le cas d’une bande limitée. Cela s’ex-
plique par le fait que la limitation de la bande de fréquences entraîne dans le domaine temporel une réponse
pour chaque pic en sinus cardinal, caractéristique de la présence de lobes secondaires.
54 C HAPITRE II : Interaction d’une onde électromagnétique avec un matériau
0.4 1
[2−16] GHz [2−16] GHz
[2−8] GHz [2−8] GHz
0.8
0.3
Amplitude
Amplitude
0.6
0.2
0.4
0.1
0.2
0 0
0 0.5 1 1.5 2 2.5 3 0 0.5 1 1.5 2 2.5 3
a) Temps (ns) b) Temps (ns)
F IG . II.16 – Influence de la largeur de la bande sur la détection des multitrajets pour un matériau monocouche
d’épaisseur 5 cm (a : réflexion et b : transmission)
Les conditions aux limites imposées sur les frontières du domaine de calcul doivent être choisies soigneusement,
afin d’éviter les réflexions parasites aux angles incidents différents de la normale. Pour atténuer l’effet de ces
réflexions, une technique consiste à utiliser des couches absorbantes parfaitement adaptées (PML : Perfectly
Matched Layers) [36] qui permettent d’absorber fortement les ondes éclairant la surface des couches PML
quelque soit la valeur de l’angle d’incidence. Ces couches sont directement implémentées dans le logiciel
CST Microwaver. Il nous faut maintenant supprimer le champ diffracté par la structure étudiée. En effet, les
dimensions finies du matériau étudié engendrent un phénomène de diffraction sur les bords de l’objet. Afin
d’éliminer cette composante diffractée, un calcul est effectué en considérant un conducteur parfait de même
dimension que le matériau étudié. Le ratio entre la mesure sur le matériau et la référence avec le matériau
conducteur permet de supprimer l’effet de la diffraction. Un champ électrique incident (une onde plane dans
II-4.- Études paramétriques des coefficients de réflexion et de transmission 55
Ey (V/m) Ey (V/m)
−10 −10
−5 ε =3
’
−5 ε =3
’
4
Axis Z
Axis Z
0 0
1
5 5
10 σ = 0.2 10 σ = 0.002
3
−10 0 10 20 30 40 50 60 −10 0 10 20 30 40 50 60 0.5
Axis X Axis X
−10 2 −10
−5 ε’ = 5 −5 ε’ = 3
0
Axis Z
Axis Z
0 0
5 1 5
10 σ = 0.2 10 σ = 0.02
−0.5
−10 0 10 20 30 40 50 60 0 −10 0 10 20 30 40 50 60
Axis X Axis X
−10 −10 −1
−5 ε’ = 7 −1 −5 ε’ = 3
Axis Z
Axis Z
0 0
5 5 −1.5
−2
10 σ = 0.2 10 σ = 0.2
−10 0 10 20 30 40 50 60 −10 0 10 20 30 40 50 60
Axis X Axis X
F IG . II.17 – Évolution des composantes du champ électrique pour un matériau mono-couche (θi = 0◦ )
l’etude) Ey d’amplitude 1 V /m−1 , de polarisation TE et de fréquence 3 GHz a été considéré. Pour illustrer
le comportement des paramètres diélectriques le cas simple d’un matériau mono-couche (représenté sur les
figures par le rectangle rouge) a tout d’abord été étudié (voir figure II.17).
Sur la première figure, on fait varier la valeur de la constante diélectrique ǫr (de haut en bas respectivement
3, 5 et 7). avec une conductivité fixe, égale à 0,2. On peut alors illustrer la vitesse de propagation de l’onde
dans le matériau. En effet, quand ǫr augmente la vitesse de propagation de l’onde dans le matériau diminue, il
y a donc une accumulation de l’énergie électrique au sein du matériau donc une valeur plus importante pour le
champ transmis. Pour la figure de droite, on fait, cette fois, varier la conductivité (avec de haut en bas respecti-
vement 0,002 0,02 et 0,2) la constante diélectrique restant fixe (ǫr =3). On peut noter que plus le matériau est
conducteur, plus le champ réfléchi est important, alors qu’inversement le champ transmis diminue.
L’étude est ensuite effectuée sur trois structures plus complexes. Les résultats sont présentés sur les trois
figures suivantes : II.18, II.19 et II.20. Chaque figure se décomposant en trois sous-figures qui s’organisent de
la manière suivante : la sous-figure en haut contient les champs réfléchi, transmis et diffracté par la structure
étudiée. La figure au centre représente la réponse du conducteur parfait. Et enfin sur la sous-figure en bas, on
effectue le ratio entre les deux résultats précédents et il ne reste plus que les champs réfléchi et transmis par
la structure étudiée. Les figures II.18 et II.19 montrent l’interaction d’un front d’onde plan d’angle incident
θ = 0˚ avec différentes structures. On peut apercevoir les différents points de réflexion à l’intérieur de la
structure "parpaing" et la direction prise en sortie par le champ transmis. Pour le matériau multicouche, on
observe le ralentissement de la vitesse de propagation de l’onde dans le matériau. Sur la figure II.20 on visualise
l’interaction d’un front onde plan d’incidence θ = 45˚ avec une structure « porte » ou les cercles rouges sont
des trous d’air présents à l’intérieur de la porte. On peut ainsi mettre en évidence le fait que l’angle incident
n’est pas égal à l’angle de transmission. Le champ devient aussi plus diffus après avoir franchi la porte.
56 C HAPITRE II : Interaction d’une onde électromagnétique avec un matériau
Ey (V/m)
−10
3
0
Axis Z
10 2.5
20
2
−10 0 10 20 30 40 50 60
−10 Axis X 1.5
0
Axis Z
1
10
0.5
20
−10 0 10 20 30 40 50 60
0
Axis X
−10
−0.5
0
Axis Z
10 −1
20 −1.5
−10 0 10 20 30 40 50 60
Axis X
F IG . II.18 – Évolution des composantes du champ électrique pour un matériau multi-couche (θi = 0◦ )
Ey (V/m)
−10
3
0
Axis Z
2.5
10
20 2
−10 0 10 20 30 40 50 60
Axis X 1.5
−10
0
Axis Z
1
10
0.5
20
−10 0 10 20 30 40 50 60
0
Axis X
−10
−0.5
0
Axis Z
−1
10
−1.5
20
−10 0 10 20 30 40 50 60
Axis X
Ey (V/m)
−10
1.5
Axis Z
0
1
10
0 20 40 60 80 0.5
−10 Axis X
0
Axis Z
10 −0.5
0 20 40 60 80
Axis X −1
−10
Axis Z
0 −1.5
10
−2
0 20 40 60 80
Axis X
F IG . II.20 – Évolution des composantes du champ électrique pour un porte (θi = 45◦ )
II-5. Conclusion
La modélisation de l’interaction d’une onde avec des matériaux de construction, et par conséquent la modé-
lisation des propriétés de réflexion et de transmission des matériaux, sont des données essentielles pour pouvoir
estimer précisément le comportement du champ électromagnétique en environnement indoor.
A travers ce chapitre, on a décrit, tout d’abord, les principales propriétés électromagnétiques caractérisant
la propagation d’une onde dans la matière. Pour la suite de nos études, on a alors retenu une modélisation
dépendant de la fréquence et contenant un terme de conductivité pour la permittivité relative complexe.
Dans un deuxième temps, les équations relatives à la propagation des ondes au sein d’un milieu ont été
présentées. Plus précisément, l’analyse du comportement d’une onde électromagnétique à l’interface séparant
deux milieux de caractéristiques électromagnétiques différentes a permis d’introduire la notion de coefficients
de réflexion et de transmission.
Enfin dans une troisième partie, une étude paramétrique dans les domaines fréquentiel et temporel a été réa-
lisée. Ces travaux ont permis d’évaluer l’impact sur les coefficients de réflexion et de transmission de l’épais-
seur, de la permittivité relative et de la conductivité d’un matériau monocouche. Une modélisation numérique
a permis également de mieux comprendre les phénomènes d’atténuation et de dispersion du champ électroma-
gnétique dans un matériau.
Afin de poursuivre nos développements, le prochain chapitre sera consacré à la mesure des caractéristiques
électromagnétiques de matériaux. Il s’agira en particulier d’analyser le comportement électromagnétique des
matériaux présent dans l’environnement indoor sur une large bande de fréquences, et notamment la dépendance
fréquentielle de la permittivité relative complexe à partir d’une expérimentation UWB.
C HAPITRE III
Sommaire
III-1.Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 60
III-2.Méthodes pour la caractérisation des matériaux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 60
III-2.1. Historique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 60
III-2.2. Mesures actuelles . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 61
III-2.3. Méthodes en espace libre . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 65
III-3.Mesure des propriétés diélectriques des matériaux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 72
III-3.1. Mesure In-situ des caractéristiques des matériaux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 72
III-3.2. Mesure des caractéristiques des matériaux en chambre anéchoïque . . . . . . . . . . . 84
III-4.Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 99
60 C HAPITRE III : Caractérisation UWB des matériaux du bâtiment
III-1. Introduction
Afin de prédire la propagation des ondes électromagnétiques à l’intérieur de bâtiments, il est essentiel de
connaître les propriétés diélectriques des matériaux présents dans l’environnement constitutif. On a pu voir
dans le chapitre précédent que ces propriétés étaient définies à partir de la permittivité ǫ, paramètre traduisant
la réaction du milieu face à une excitation électrique (le champ E de l’onde électromagnétique). De plus, une
écriture adéquate des équations de Maxwell permet de prendre en compte la conductivité électrique du milieu
à travers une expression généralisée de la permittivité qui doit alors être représentée par une valeur complexe
ǫ = ǫ′ − jǫ′′ , afin de tenir compte des effets dissipatifs (pertes) inhérents à tout matériau.
On trouve dans la littérature de nombreuses valeurs de permittivité de matériaux mais elles ne peuvent pas
directement être utilisées car, d’une part, la composition des matériaux n’est pas décrite avec suffisamment de
précision et, d’autre part, ces valeurs sont souvent déterminées pour une fréquence unique ; ce qui oblige la
réalisation de nouvelles mesures pour le déploiement de nouveaux systèmes à de nouvelles fréquences. Il est
donc intéressant de mettre en place une expérimentation, permettant de mesurer les caractéristiques électroma-
gnétiques des matériaux typiques de l’environnement indoor sur une large bande de fréquence. Il s’agira en
particulier et en une seule fois :
– de fournir des ordres de grandeur des paramètres constitutifs à l’aide de mesures de la permittivité réali-
sées en environnement réel et en chambre anéchoïque.
– d’analyser le comportement électromagnétique de ces matériaux aux fréquences mesurées, et notamment
la dépendance fréquentielle de la permittivité relative complexe.
– de poser des hypothèses simplificatrices à apporter à la modélisation du canal de propagation.
Le troisième chapitre débutera par une présentation des différentes méthodes utilisées pour la caractérisation
des matériaux. On se focalisera plus particulièrement sur les méthodes en espace libre, approche retenue pour
nos différentes expérimentations. Ensuite, les résultats de deux campagnes de mesures réalisées « in situ » et en
chambre anéchoïque seront présentés et analysés.
devant un court-circuit ou un circuit ouvert : la mesure du taux d’ondes stationnaires et de la position des noeuds
du champ électrique, permet de déterminer les caractéristiques ǫr et µr du matériau. Les pertes dans les parois
de la ligne pour les échantillons à faibles pertes sont prises en compte, et la valeur corrigée déduite d’abaques.
Ensuite les mesures en espace libre ont été proposées vers 1948, mais elles ont été abandonnées pendant
plusieurs années, devant la difficulté à disposer d’échantillons suffisamment grands, et du manque de précision
constaté à cette époque
Le développement des analyseurs dès le début des années 60 a ouvert des perspectives pour la caractérisa-
tion des matériaux : les mesures ont été automatisées, les techniques de calibration se sont développées, per-
mettant d’accroître la précision. Le développement de codes de calcul numérique a également permis d’étendre
les champs d’application de ces méthodes.
La cavité peut être excitée suivant deux modes : Transverse Electrique (TE) ou Transverse Magnétique
(TM), ce qui, malencontreusement, ne permet de récupérer qu’une seule information par mode (TE → ǫr
et TM → µr ) mais assure une très forte précision (1 %) sur l’estimation de ǫr et µr [42]. On peut alors
obtenir les valeurs de ǫr et µr soit par des méthodes analytiques [43] (à partir des solutions des équations
de Maxwell, l’approximation faibles perturbations et une onde localement plane), soit par l’utilisation d’une
méthode numérique. Cette technique de perturbation présente un désavantage : la dimension de la cavité est
inversement proportionnelle à la fréquence. Il faut donc utiliser une cavité spécifique pour chaque bande de
fréquence. Par exemple de 100 MHz à 100 GHz, il faudrait utiliser des cavités dont les dimensions varient
de quelques mètres à quelques millimètres. Ce qui oblige à disposer d’échantillons de différentes dimensions
pour un même matériau et souvent il est difficile de fabriquer des échantillons de grande taille. De plus, cette
méthode n’est pas adaptée pour des matériaux inhomogènes. Malheureusement, la montée en fréquence des
nouveaux systèmes de télécommunication nous conduit à vouloir des connaissances sur les matériaux sur une
plus large bande de fréquences, ce qui a réduit l’intérêt des techniques de résonance au profit de méthodes plus
large bande.
(a) (b)
Au milieu des années 70, des méthodes automatisées permettant de mesurer la permittivité diélectrique
relative et la perméabilité magnétique relative ont été développées. Les méthodes en ligne de transmission
(figure III.2) se sont avérées appropriées pour des matériaux à pertes. Ce sont des méthodes de mesure large
bande des paramètres ǫ et µ . On trouve divers dispositifs permettant de récupérer ces différentes grandeurs.
On peut trouver soit une ligne microruban [44], une ligne triplaque [45], une ligne coaxiale [46] ou un guide
d’onde [47]. Les échantillons testés se présentent sous la forme de plaquettes rectangulaires ou de films minces
déposés sur un support rectangulaire
Une fois les paramètres Sij mesurés, les équations Eq. III.1 et Eq. III.1, définies par Nicholson et Ross [48],
et par Weir [49], permettent d’extraire les valeurs de ǫr et µr :
(1 − T 2 )Γ
S11 = (Eq. III.1)
1 − Γ2 T 2
64 C HAPITRE III : Caractérisation UWB des matériaux du bâtiment
(1 − Γ2 )T
S21 = (Eq. III.2)
1 − Γ2 T 2
) 2
( −ln(T fc 2
j2πd ) − ( c )
ǫ= (Eq. III.3)
µ
1 − Γ −ln(T ) 1
ǫ= q (Eq. III.4)
1 + Γ j2πd f 2
( ) − ( fc )2
c c
avec :
– f , la fréquence
– fc , la fréquence de coupure pour le mode fondamentale du guide d’onde
– c, la vitesse de la lumière
– d, l’épaisseur de l’échantillon
– Γ, le coefficient de réflexion
– T, le coefficient de transmission
Des valeurs de permittivité, mesurées avec un guide d’onde pour des matériaux typiques utilisés dans la
construction des bâtiments, sont disponibles dans le rapport Workpackage 4 [50].
(a) (b)
(c) (d)
On peut également citer la technique bistatique (voir figure III.3), qui représente une catégorie importante de
la famille des techniques en espace libre [51] [52]. En effet, les techniques en espace libre (réflexion, transmis-
sion, réflexion-transmission, ellipsométrie, etc.) utilisant la réflexion ou la transmission d’une onde incidente
normale sur une surface, demeurent les plus simples et les plus appropriées en général pour caractériser les
66 C HAPITRE III : Caractérisation UWB des matériaux du bâtiment
propriétés électromagnétiques des matériaux. Cependant, lorsque les propriétés sont anisotropes, c’est-à-dire
qu’elles varient selon l’orientation ou l’angle d’incidence, la configuration bistatique peut alors être d’un grand
secours. Dans ce cas, les antennes d’émission sont placées de telle sorte que les angles incident et réfléchi soient
toujours égaux. On utilisera, comme support, le plus souvent un demi-arc sur lequel on fixe les antennes permet-
tant ainsi d’assurer cette égalité. En complément de ces techniques, des méthodes fréquentielles et temporelles
ont été développées pour obtenir, ainsi, la réponse du matériau.
La méthode fréquentielle est la technique de mesure du canal de propagation la plus utilisée pour la carac-
térisation large bande des matériaux, en raison de sa facilité de mise en oeuvre. Elle consiste à échantillonner
la fonction de transfert du canal T (f, t) en émettant un signal bande étroite à fréquence fixe et en mesurant
l’affaiblissement et la phase relative du signal reçu [53]. Dans la pratique, on divise la bande d’analyse en N
échantillons séparés d’un pas fréquentiel ∆f (mes) . La réponse impulsionnelle est obtenue par transformée de
Fourier inverse selon l’axe des fréquences.
La résolution temporelle obtenue est alors :
(mes) 1
Rt = (Eq. III.5)
N ∆f (mes)
et la longueur de la réponse impulsionnelle est :
(mes) N −1
τmax = (Eq. III.6)
N ∆f (mes)
L’outil le plus utilisé pour la caractérisation de matériaux dans le domaine fréquentiel est l’analyseur de
réseau vectoriel, ou Vector Network Analyser (VNA). Cet instrument sert traditionnellement à caractériser les
quadripôles fonctionnant dans les hyperfréquences (1 GHz à 300 GHz) par la mesure des paramètres S. Dans le
cadre de la caractérisation des matériaux, le port 1 est connecté à l’antenne d’émission et le port 2 à l’antenne
de réception. La fonction de transfert du canal est déterminée par le paramètre S21 . Cet outil permet donc de
balayer une très large bande du spectre. En raison des avantages de cette technique en terme de largeur de la
bande d’analyse et de dynamique, cette méthode est fréquemment utilisée lors de campagnes de mesures dans
différentes bandes de fréquences.
Les techniques temporelles sont basées sur l’émission d’un signal d’excitation large bande. De cette façon,
le récepteur traite toute une bande fréquentielle simultanément, ce qui permet de raccourcir le temps de me-
sure. Dans la pratique, on a recours à des générateurs d’impulsion, qui permettent l’émission de signaux brefs
d’une durée ∆t de l’ordre de la centaine de picoseconde. Au niveau du récepteur, une acquisition très rapide du
signal est nécessaire. Un oscilloscope à échantillonnage numérique, ou Digital Sampling Oscilloscope (DSO),
est généralement utilisé.
III-2.- Méthodes pour la caractérisation des matériaux 67
0.5
Amplitude normalisée 0
−0.5
Implusion gaussienne
Monocycle gaussien
Derivée seconde
−1
−0.5 −0.4 −0.3 −0.2 −0.1 0 0.1 0.2 0.3 0.4 0.5
Temps (ns)
Pour les campagnes de mesures large bande, la forme d’impulsion la plus généralement utilisées est l’im-
pulsion gaussienne. Typiquement, ce type d’impulsions permet d’occuper un spectre très large (de l’ordre de 1
à quelques GHz). Le défaut de l’impulsion gaussienne réside dans sa valeur moyenne non nulle, qui correspond
dans le domaine fréquentiel à une composante continue importante. On lui préférera généralement le mono-
cycle gaussien ou la dérivée seconde de l’impulsion, comme représenté dans la figure III.4.
On peut trouver d’autres techniques de mesure comme celle par corrélation glissante [31]. Le principe de
cette méthode est basé sur la propriété d’autocorrélation périodique des séquences pseudo aléatoires (PA). La
séquence PA est générée par le récepteur à un débit légèrement plus faible que celle générée par l’émetteur.
Les deux séquences vont ainsi glisser l’une par rapport à l’autre. Quand les deux séquences sont en phase, la
corrélation entre le signal reçu et la séquence générée par le récepteur est maximale. Le pic de corrélation est
observé. Ainsi, il est possible de mesurer avec le récepteur l’amplitude et le retard de tous les trajets multiples
dans le canal de propagation.
Lorsque l’on décide d’utiliser le protocole de mesure en espace libre, pour mesurer les propriétés diélec-
triques d’un matériau, on doit d’abord s’assurer que le matériau est en configuration de champ lointain par
68 C HAPITRE III : Caractérisation UWB des matériaux du bâtiment
rapport aux antennes. Cette approximation permet d’assurer la fiabilité des résultats et de pouvoir utiliser l’ap-
proximation d’onde plane dans les calculs. En effet, la nature du champ rayonné par une antenne est fonction de
la distance entre un point d’observation situé à une distance r et l’antenne, mais aussi des angles d’observations
θ et φ.
∆t · c 2
′
ǫr = 1 + (Eq. III.8)
d
La précision de l’estimation de ∆t dépend de la largeur de bande du signal analysé et de la précision de la
mesure de l’épaisseur de l’échantillon.
D’autres méthodes [55] définissent une fonction erreur combinant les mesures expérimentales du coeffi-
cient de réflexion (ou de transmission, ou bien les deux) et un modèle théorique de coefficient de réflexion (ou
de transmission, ou bien les deux) obtenue en représentant le matériau mesuré par un matériau homogène équi-
valent (voir définition des coefficients multiples définis dans le premier chapitre). L’extraction des paramètres
′ ′′
ǫr et ǫr du matériau homogène équivalent consiste en une recherche itérative de ceux qui minimisent la fonction
erreur. Cette méthode sera appliquée pour la campagne de mesure en chambre anéchoïque, développée dans la
suite du chapitre.
D’autres auteurs utilisent l’ellipsométrie [56] [32] [57] pour déterminer le coefficient de réflexion. C’est
une technique optique d’analyse de surface fondée sur la mesure du changement de l’état de polarisation d’une
onde après réflexion sur une surface plane. Le principe de l’ellipsométrie a été découvert il y a plus d’un siècle
et présente de nombreux avantages comme son caractère non destructif ; il permet d’effectuer des mesures sur
une large bande de fréquence et d’interpréter des structures complexes : multicouche (en particulier l’épaisseur
de chaque couche), rugosité d’interface, homogénéité, etc.
III-2.- Méthodes pour la caractérisation des matériaux 69
Enfin, une dernière méthode [58][29] utilise une fonction de transfert H(f ), définie comme le ratio entre la
réponse fréquentielle en présence d’un matériau entre les deux antennes et la réponse fréquentielle en absence
du matériau entre les deux antennes (c’est la réponse free space (fs)). Les détails de cette méthode sont décrit
ci-après :
La figure ci-dessus présente les différents chemins, empruntés par une onde incidente Ei1 (f ) pour se pro-
pager à l’intérieur d’un matériau d’épaisseur d. Sur la première face rencontrée par l’onde, on introduit un
coefficient de réflexion partiel Γ1 (f ), défini comme le rapport entre le champ résultant de la première réflexion
Er1 (f ) et le champ incident Ei1 (f ) ;
Er1 (f )
Γ1 (f ) = (Eq. III.9)
Ei1 (f )
Ce coefficient de réflexion peut être formulé en fonction des propriétés électromagnétiques du matériau
traversé. Dans un matériau diélectrique à pertes ayant une permittivité complexe ǫr (f ), l’impédance caractéris-
tique du matériau (rapport E/H avec E le champ électrique et H le champ magnétique) est donnée par :
η0 η0
η(f ) = p =p ′ (Eq. III.10)
ǫr (f ) ǫ (f )[1 − jP e(f )]
q ′′
µ0 ǫ (f )
avec η0 = ǫ0 et P e(f ) = ′
ǫ (f )
Enfin, en appliquant la théorie des lignes de transmission aux ondes TEM, on exprime le coefficient de
réflexion de la manière suivante :
70 C HAPITRE III : Caractérisation UWB des matériaux du bâtiment
η(f ) − η0
Γ1 (f ) = (Eq. III.11)
η(f ) − η0
En appliquant le même principe, l’onde transmise au travers de la première face Et1 (f ) est déterminée par
le coefficient de transmission partiel suivant :
Et1 (f )
T1 (f ) = (Eq. III.12)
Ei1 (f )
Er2 (f )
Γ2 (f ) = = −Γ1 (f ) (Eq. III.13)
Ei2 (f )
Et2 (f )
T2 (f ) = = 1 + Γ2 (f ) = 1 − Γ1 (f ) (Eq. III.14)
Ei2 (f )
L’onde émergente, Et2 (f ), qui est captée par le récepteur, se présente sous la forme :
Et2 (f )
= T2 T1 e−γ(f )d = (1 − Γ1 )(1 + Γ1 )e−γ(f )d = (1 − Γ21 )e−γ(f )d (Eq. III.16)
Ei1 (f )
Donc si on revient au principe de la méthode, on obtient pour la mesure sans le matériau entre les antennes
(dans ce cas les coefficients de transmission sont pris égaux à 1) :
fs
Et2 (f )
= e−γ0 d (Eq. III.17)
Ei1 (f )
Et, en effectuant le ratio entre la mesure avec le matériau et celle sans le matériau, l’écriture de la fonction
de transfert devient :
Et2 /Ei1
H(f ) = fs
= (1 − Γ21 )e−(γ(f )−γ0 )d (Eq. III.18)
Et2 /Ei1
On peut maintenant effectuer quelques simplifications pour obtenir la constante diélectrique ainsi que P e.
Tout d’abord, si P e≪1, on peut alors simplifier la racine carrée dans :
√ p ′ √ ′
4 ǫr 4 ǫ (1 − jP e) ∼ 4 ǫ
T2 T1 = (1 − Γ2 ) = √ 2 = p ′ = √ ′ (Eq. III.19)
(1 + ǫr ) (1 + ǫ (1 − jP e)) 2 (1 + ǫ )2
La deuxième simplification est que la partie exponentielle de l’expression de γ(f ) peut être mise sous la
forme amplitude-phase. On développe alors la constante de propagation en deux termes :
III-2.- Méthodes pour la caractérisation des matériaux 71
– la constante d’atténuation :
i 1/2
( ′
)
ω ǫ hp
α(ω) = 1 + P e2 − 1 (Eq. III.20)
c 2
– la constante de phase :
i 1/2
( ′
)
ω ǫ hp
β(ω) = 1 + P e2 + 1 (Eq. III.21)
c 2
avec γ(ω) = α(ω) + jβ(ω)
En développant la partie entre les accolades en série de Taylor, on obtient les simplifications suivantes :
√ ′
ω ǫ Pe
α(ω) ∼= (Eq. III.22)
2c
√ ′
ω ǫ
β(ω) ∼
= (Eq. III.23)
2c
En effectuant ces modifications dans la partie exponentielle de Eq. III.18, on a :
√ ′
e−(γ−γ0 )d = e−(α+jβ−jβ0 )d = e−α(ω)d e−jωτ0 ( ǫ (f )−1)
(Eq. III.24)
En combinant ces résultats, on arrive à une fonction de transfert pour les matériaux faibles pertes de la
forme :
√ √′
4 ǫ′
H(f ) ∼
= √ ′ e−α(f )d e−jωτ0 ( ǫ (f )−1) (Eq. III.25)
(1 + ǫ )2
" √ #
√′
4 ǫ′ √ h i
− 12 ωτ0 ǫ′ P e
H(f ) = H(f ) ejΦ(f ) = √ ′ e e−jωτ0 ( ǫ (f )−1) (Eq. III.26)
(1 + ǫ )2
Une fois définie la fonction de transfert Eq. III.26, la première étape consiste à déterminer la constant
diélectrique à partir de la pente de la phase.
√On introduit
pour cela un terme ∆τ qui caractérise le retard de
′
propagation dû au matériau : ∆τ (f ) = τ0 ǫ − 1 . L’expression de la phase en fonction de la fréquence est
donnée par Φ(f ) = −2πf ∆τ (f ) et sa dérivée est dφ = −2π∆τ (f ). On peut donc écrire ∆τ (f ) ∼
df = − 1 dφ et
2π df
la constante diélectrique s’exprime alors sous la forme :
∆τ (f ) 2 1 dΦ(f ) 2
ǫr (f ) = 1 + = 1− (Eq. III.27)
τ0 2πτ0 df
A l’aide l’équation Eq. III.27 et de l’amplitude de la fonction de transfert, on peut donner l’expression de
la tangente de perte :
h p i2
1 1 + ǫ r (f )
P e(f ) = − ln |H(f )| (Eq. III.28)
p p
πf τ0 ǫr (f ) 4 ǫr (f )
72 C HAPITRE III : Caractérisation UWB des matériaux du bâtiment
L’étape du « time gating » est nécessaire pour retirer les composantes multi-trajets du le signal reçu si on
veut utiliser ces techniques. Pour cela, on a besoin d’utiliser des techniques présentant une résolution tempo-
relle suffisamment importante pour supprimer les portions de signal inutile (l’épaisseur du matériau doit être
suffisamment importante pour pouvoir utiliser cette technique). On utilisera donc la technologie UWB (Ultra
Wide Band). Ces signaux occupent une largeur de bande fréquentielle de l’ordre de 500 MHz à plusieurs GHz.
En raison de leur grande largeur de bande, ces signaux UWB possèdent un fort pouvoir de résolution tempo-
relle, typiquement de l’ordre de la nanoseconde. Pour nos campagne de mesure, on s’assurera que la réponse
impulsionnelle mesurée est suffisamment longue pour contenir les multi-réflexions les plus significatives car,
comme on a pu le voir dans le chapitre précédent, les réflexions multiples d’ordre élevées disparaissent très
rapidement.
L’objectif de l’expérimentation menée au sein d’un environnement de type bureau est de déterminer les
caractéristiques électromagnétiques (permittivité, tangente de pertes, atténuation) sur de matériaux couramment
rencontrés dans les bâtiments.
III-3.- Mesure des propriétés diélectriques des matériaux 73
La mesure en transmission a été retenue, en particulier une mesure bistatique, c’est-à-dire que l’émetteur
et le récepteur se déplacent avec un même pas sur un support et tous les deux en même temps. On est donc
toujours dans une condition d’incidence normale.
Cette partie décrit le matériel de mesures, la méthodologie utilisée pour remonter aux caractéristiques élec-
tromagnétiques ainsi que l’environnement de l’expérimentation.
Le dispositif de mesure est conçu pour fonctionner dans une configuration en transmission. Il comprend :
– un analyseur de réseau vectoriel (VNA) Hewlett Packard 8510C. L’analyseur a la possibilité d’opérer
entre 45 MHz et 50 GHz et présente une dynamique de mesure de l’ordre de 80 dB ;
– 2 rails de guidage indépendants sur lesquels sont fixés l’émetteur d’une part et le récepteur d’autre part
permettant un déplacement de 1m maximum sur chaque rail ;
– 2 antennes (1 en émission, 1 en réception) : Nous utiliserons 2 antennes cornet EMCO 3115 de la société
ETS-LINDGREN. Elles sont spécifiées pour fonctionner entre 1 GHz et 18 GHz avec un gain moyen de
10 dBi. Elles ont une ouverture à -3 dB de 40˚ dans les deux plans ;
– un amplificateur large bande MITEQ (100 MHz à 18 GHz) présentant un point de compression à 1 dB
situé à -16 dBm. Le gain de l’amplificateur est de 35 dB (+/- 1 dB). Il fonctionne sur une gamme de
fréquence comprise entre 2 GHz et 18 GHz.
L’initialisation des paramètres de mesure et le déplacement de l’émetteur et du récepteur sont pilotés par
un logiciel développé sous MATLAB, qui communique avec l’analyseur via le port GPIB et commande le dé-
placement sur les rails via le port RS232.
La fonction de transfert du canal est obtenue grâce au paramètre S21 de l’analyseur de réseau. Nous avons
décidé de réaliser un balayage fréquentiel entre 2 GHz et 16 GHz ce qui correspond à la bande passante des
antennes. Or, avec l’analyseur nous sommes limités à 801 points dans une même bande d’analyse. La bande
analysée (2-16 GHz) a donc été divisée en plusieurs sous-bandes juxtaposées de façon à améliorer la résolution
74 C HAPITRE III : Caractérisation UWB des matériaux du bâtiment
temporelle. Nous obtenons donc un pas fréquentiel de 2 MHz. La longueur de la réponse impulsionnelle est
alors de 500 ns et la résolution temporelle de 0,05 ns
≻ Temps de mesure
≻ Antennes
Comme expliqué précédemment, pour pouvoir utiliser l’approximation d’onde plane, il faut que le matériau
se trouve à une certaine distance d de l’antenne. Pour cela, on doit calculer la distance de Fraunhofer pour dif-
férentes fréquences. Les dimensions de l’antenne cornet EMCO 3115, nous imposent de placer l’antenne à une
distance maximal de 3,67 m pour pouvoir être en champ lointain à 18 GHz. Cette condition est difficilement
applicable dans un environnent indoor.
Fréquence (GHz) 2 4 6 8 10 12 14 16 18
Distance (m) 0,40 0,82 1,23 1,63 2,04 2,45 2,86 3,27 3,67
≻ Matériaux testés
Les tests ont été effectués sur différents murs du laboratoire RESA/NET de Belfort. Leur composition sera
détaillée dans les différentes parties. Ce sont des matériaux usuels du bâtiment (voir figure III.8).
III-3.- Mesure des propriétés diélectriques des matériaux 75
La principale difficulté de la configuration de mesure en transmission est d’assurer l’alignement entre l’an-
tenne d’émission et l’antenne de réception placées de chaque coté du mur. Pour cela, l’antenne d’émission est
placée dans une position fixe et à une distance d (1 m) du mur. De l’autre coté du mur, l’antenne de réception
est placée à la même distance. On parcourt, ensuite, le rail avec l’antenne de réception avec un pas très fin
et on relève l’amplitude du signal reçu à chaque fois. La figure III.9 présente un schéma du dispositif mis en
place. Ainsi, la position où l’amplitude relevée est maximale correspond à la position alignée avec l’antenne
d’émission. C’est de cette position que débutera la mesure. Sur l’exemple en figure III.10, on montre le résultat
obtenue lors d’une mesure effectuée à 4GHz. On trouve une position maximale pour x = 48,5 cm, il suffit de
76 C HAPITRE III : Caractérisation UWB des matériaux du bâtiment
−5
−10
Gain (dB)
−15
−20
−25
x = 48,5 cm
−30
−35
0 20 40 60 80 100
Distance longitudinale (cm)
Pour valider la sensibilité et la répétabilité de la mesure, deux mesures sont effectuées avec un intervalle de
deux heures sans bouger les antennes, aucune différence n’est apparue. La figure III.11 présente les résultats
obtenus pour la puissance et la phase.
0 0
1ère mesure
1ère mesure
2h plus tard −200
2h plus tard
−20
Phase (deg)
−400
Gain (dB)
−40 −600
−800
−60
−1000
−80 −1200
5 10 15 5 10 15
(a) Fréquence (GHz) (b) Fréquence (GHz)
≻ Filtrage
III-3.- Mesure des propriétés diélectriques des matériaux 77
La méthode d’extraction des paramètres diélectriques choisie n’est valide que pour le premier trajet trans-
mis. Il nous faut donc filtrer les trajets dus aux multiples interactions à l’intérieur du mur. Pour exemple, on
peut voir sur la figure III.12, les réponses fréquentielles et impulsionnelles mesurées dans le cas du mur en
aggloméré (6 cm d’épaisseur).
−20 −20
espace libre
espace libre
−25 aggloméré
aggloméré
−40
−30
Gain (dB)
Gain (dB)
−35 −60
−40
−80
−45
−50 −100
2 4 6 8 10 12 14 16 4 6 8 10 12 14
(a) Fréquence (GHz) (b) Temps (ns)
On obtient un écart de temps de propagation de 0,347 ns en observant la différence entre le premier trajet
transmis en espace libre et le premier trajet transmis à travers le matériau. On affiche également sur la figure
III.13, les réflexions multiples significatives traversant le matériau. Le filtrage est alors effectué en appliquant
une fenêtre rectangle sur la réponse impulsionnelle.
espace libre
−30
aggloméré
fenêtre espace libre
−40 fenêtre aggloméré
−60
−70
−80
−90
−100
5 6 7 8 9 10
Temps (ns)
La longueur de la fenêtre est de quatre fois le temps de propagation dans le matériau. Cette durée est choisie
78 C HAPITRE III : Caractérisation UWB des matériaux du bâtiment
de façon à ne pas intégrer les multi-réflexions dans le matériau dans la réponse conservée (attention, il peut y
avoir recouvrement des réflexions multiples dans certains cas). On peut le vérifier sur la figure III.13 sur laquelle
les fenêtres sont affichées. On peut ainsi voir que seul le trajet principal est conservé. De plus, la fenêtre est
centrée sur le trajet principal. Une fenêtre identique est appliquée sur la réponse en espace libre. Sur la figure
III.14, on peut observer sur la partie (a), le résultat du filtrage sur la réponse fréquentielle et sur la partie (b),
la fonction de transfert ainsi obtenue. On peut alors relier directement la largeur des oscillations sur la fonction
de transfert au temps de propagation. En effet, cette différence entre deux maximum successifs sur la fonction
de transfert doit être inversement proportionnelle au temps de propagation. C’est ce qui est vérifié sur la partie
(b) de la figure III.14 et c’est ce qui permet de valider la méthode de filtrage. Cette méthode présente toutefois
quelques imperfections. En effet, le principal défaut de la méthode réside dans l’utilisation d’une fenêtre pour
le filtrage. Quelle que soit la fenêtre utilisée des discontinuités sur les bords apparaissent lorsque l’on repasse
dans le domaine fréquentiel. Le time gating modifie les amplitudes. On est donc obligé de réduire la bande
fréquentielle sur laquelle les paramètres diélectriques peuvent être extraits.
espace libre
−20 aggloméré
0
espace libre (time gating)
−25 aggloméré (time gating) 2,88 GHz
−30 −5
Gain (dB)
Gain (dB)
−35
−40 −10
fonction de transfert
−45
−50 −15
2 4 6 8 10 12 14 16 2 4 6 8 10 12 14 16
(a) Fréquence (GHz) (b) Fréquence (GHz)
Dans la partie suivante, pour chaque matériau, nous présenterons nos résultats expérimentaux d’extraction
des paramètres diélectriques, mesurés en configuration bistatique sur une longueur d’environ 1 m pour chaque
matériau avec un pas de déplacement de 5 mm sur les deux rails. La bande de fréquence analysée est comprise
entre 2 et 16 GHz. La méthode retenue pour obtenir les paramètres diélectriques est celle développée dans [29].
Cette méthode m’a semblé être la plus adaptée pour étudier des matériaux dont on ne connaît pas la composition
exacte, ce qui est le cas pour les matériaux mesurés lors de cette campagne. On a donc à notre disposition au
maximum 201 fichiers de mesures permettant de caractériser le matériau sur une largeur de 1 m.
Dans cette pièce, le mur est composé d’une cloison en aggloméré recouverte d’un côté par un revêtement
plastifié et de l’autre de papier peint. L’émetteur et le récepteur sont placés à une distance de 1 m de chaque
III-3.- Mesure des propriétés diélectriques des matériaux 79
La partie imaginaire de la constante diélectrique complexe est, elle aussi, stable. Elle permet d’extraire
la variation de la conductivité dans le matériau qui croit en même temps que l’augmentation de la fréquence
80 C HAPITRE III : Caractérisation UWB des matériaux du bâtiment
3.7 3.6
10 cm 3 GHz
50 cm 6 GHz
3.6 80 cm 10 GHz
3.5 16 GHz
Permittivité
Permittivité
3.5
3.4
3.4
3.3
3.3
3.2 3.2
4 6 8 10 12 14 16 0 20 40 60 80 100
a) Fréquence (GHz) b) Distance (cm)
0.2
10 cm
50 cm
Conductivité (S/m)
80 cm
0.15
0.1
0.05
0
4 6 8 10 12 14 16
Fréquence (GHz)
ǫ = 3, 38 − j0, 175
III-3.1.4.b. Porte
L’épaisseur de la porte est de 4,5 cm. On peut la considérer comme un matériau multicouche car elle est
composée de deux couches de contreplaqué, de 1 cm d’épaisseur, qui entourent une autre couche de bois,
épaisse elle de 2,5 cm. Mais, dans notre étude, la porte sera définie comme un matériau homogène car notre
méthode d’extraction ne prend pas en compte la structure tabulaire (inhomogénéité) des matériaux.
Sur la figure III.18, on observe qu’il y a peu de variations de la permittivité en fonction de l’emplacement
où on effectue la mesure. On peut identifier clairement trois bandes où le comportement de la permittivité est
III-3.- Mesure des propriétés diélectriques des matériaux 81
quasiment identique : une entre 4 et 8 GHz, une autre entre 8 et 11 GHz et enfin une entre 11 et 16 GHz.
Mais les différences de permittivité sont relativement faibles entre chaque bande ; on observe juste une légère
décroissance lorsque l’on passe d’une zone à une autre. La moyenne obtenue pour la permittivité est de 2,08.
Les valeurs sont concordantes avec celles trouvées dans la littérature [29][30][32], regroupées dans le tableau
II.2.
0 cm
2.2 30 cm 2.2
60 cm
Permittivité
Permittivité
2.15 2.15
2.1 2.1
4 GHz
6 GHz
2.05 2.05 10 GHz
16 GHz
2 2
4 6 8 10 12 14 16 0 20 40 60
a) Fréquence (GHz) b) Distance (cm)
Sur la figure III.19, on a la confirmation que la permittivité varie peu en fonction de l’endroit (a) de prise
de mesure et on a aussi la confirmation que la permittivité varie peu avec la fréquence (b).
82 C HAPITRE III : Caractérisation UWB des matériaux du bâtiment
Comme pour l’aggloméré, la partie imaginaire de la constante diélectrique complexe ne présente pas de
variations sur la bande de fréquence étudiée. On peut alors exprimer la conductivité et visualiser son évolution
sur la figure III.20.
0.2
0 cm
30 cm
Conductivité (S/m)
0.15 60 cm
0.1
0.05
0
4 6 8 10 12 14 16
Fréquence (GHz)
ǫr = 2, 17 − j0, 24
Dans cette pièce, le mur est composé de deux couches de plâtre (d’environ 1 cm d’épaisseur) séparées par
du mortier (mélange de ciment, de sable et de gravats). Sur une des faces, on a de la moquette et sur l’autre
du lino. L’épaisseur totale du mur est de 12 cm. L’émetteur et le récepteur sont placés à 1 m de chaque coté
de la paroi. Ce dernier matériau testé présente une atténuation plus importante que les deux matériaux testés
précédemment. Donc, compte tenu de la présence de bruit trop important pour les fréquences supérieures à 14
GHz, la bande d’analyse a été réduite.
Comme pour les deux autres matériaux, on affiche les résultats sur la figure III.21. On constate que la per-
mittivité obtenue est assez identique si l’on considère différents points de mesure dans le mur. Ce matériau peut
alors être assimilé à un matériau homogène malgré une composition assez complexe. Ce résultat est confirmé
en regardant la figure III.22. On observe en revanche une légère décroissance de la permittivité dans la bande
de fréquence [2-14 GHz]. Inversement, sur la figure III.23, on note une augmentation de la conductivité avec
la fréquence. Comme il y a peu de variations pour les parties réelle et imaginaire de la permittivité relative
complexe, on peut alors définir une valeur moyenne :
ǫr = 2, 53 − j0, 15
III-3.- Mesure des propriétés diélectriques des matériaux 83
2.7 2.6
10 cm
2 GHz
50 cm
2.55 6 GHz
2.6 80 cm
10 GHz
Permittivité
Permittivité
14 GHz
2.5
2.5
2.45
2.4
2.4
2.3 2.35
2 4 6 8 10 12 14 0 20 40 60 80 100
a) Fréquence (GHz) b) Distance (cm)
III-3.1.4.d. Récapitulatif
A partir des résultats, on constate que pour la plupart des matériaux, il y a une faible dépendance vis-à-vis de
la fréquence pour la permittivité. Pour les matériaux à base de bois, tel que l’aggloméré et la porte, la tendance
est à une légère diminution de la permittivité avec la fréquence (environ 7 %). Pour la cloison fine, à 4 GHz, une
′ ′′
variation de 0,1 de ǫ et ǫ conduit à des variations de 0,2 dB pour le coefficient de transmission et de 0,5 dB pour
le coefficient de réflexion. A l’inverse pour les matériaux de type mur porteur composés de plâtre et de ciment, la
permittivité oscille autour d’une valeur moyenne. Par contre, on note une augmentation de la conductivité avec
84 C HAPITRE III : Caractérisation UWB des matériaux du bâtiment
0.3
10 cm
50 cm
0.25
Conductivité (S/m)
80 cm
0.2
0.15
0.1
0.05
2 4 6 8 10 12 14
Fréquence (GHz)
ce type de matériau. Pour tous ces matériaux, les valeurs déduites sont en accord avec celles rencontrés dans la
littérature, les légères différences trouvées peuvent s’expliquer par un mode de fabrication différent. Cependant,
une réponse doit être apportée à la question suivante. Quels impacts ont ces petites variations de permittivité
et de conductivité sur les coefficients de réflexion et de transmission ? Pour répondre à cette interrogation, une
deuxième campagne de mesures a été mise en place. Elle sera présentée dans la prochaine partie.
Cette deuxième campagne de mesures doit nous permettre de mieux comprendre le comportement de la
permittivité et de la conductivité vis-à-vis de la fréquence. Pour cela, les mesures de caractérisation de ma-
tériaux ont été réalisées dans une chambre anéchoïque. Ce type de pièce permet d’éviter les trajets multiples
avec l’environnement. Ainsi, l’extraction des caractéristiques de matériaux repose exclusivement sur le premier
trajet ayant effectivement interagi avec le matériau considéré. Cette configuration va également nous permettre
d’étudier le comportement des paramètres diélectriques en fonction de l’angle d’incidence et de la polarisation.
III-3.- Mesure des propriétés diélectriques des matériaux 85
Le dispositif de mesure, placé en chambre anéchoïque est conçu pour fonctionner en transmission. Il com-
prend :
– un analyseur de réseau vectoriel ZVB 20, développé par la société Rohde & Schwartz. L’analyseur a la
possibilité d’opérer entre 10 MHz et 20 GHz ;
– des antennes cornet EMCO 3117 (figure III.26) couvrant la bande entre 1 et 18 GHz ;
– un bras tournant RV350PEHL de Newport permettant de supporter un poids de plus de 600 kg et ayant
une précision de 0,001˚ ;
– un contrôleur M4005 de Newport pour actionner le bras tournant.
III-3.2.2. Caractéristiques
≻ Domaine fréquentiel
Les mesures ont été effectuées entre 2 GHz et 18 GHz par pas de 2 MHz soit 8000 points. La période temporelle
est par conséquent de 500 ns et est adaptée pour pouvoir filtrer d’éventuels trajets non désirés.
≻ Angles
Pour chaque matériau et pour chaque polarisation l’angle d’incidence a été incrémenté de -90˚ à +90˚ par pas
de 5˚. Cela fait 37 points de mesures pour un matériau donné.
≻ Antennes
Les diagrammes de rayonnement des antennes (les antennes ont été caractérisées par notre fournisseur) sont
présentés sur la figure III.25.
La configuration de notre campagne de mesure permet d’effectuer des mesures en polarisations horizontale,
verticale et croisée (l’antenne à la réception est tournée de 90˚ par rapport à l’antenne d’émission).
≻ Temps de mesure
86 C HAPITRE III : Caractérisation UWB des matériaux du bâtiment
F IG . III.25 – Diagrammes de l’antenne cornet 3117. Caractérisation à 2 GHz (a), 7 GHz (b), et 14 GHz (c)
Pour un matériau donné, sachant qu’il y a 37 positions pour l’angle d’incidence, 4 changements de polarisation
au niveau des antennes, le temps de mesure est d’environ 30 minutes.
≻ Matériaux mesurés
Il s’agit de matériaux usuels du bâtiment. La liste est donnée dans le tableau III.4. Pour limiter l’influence de la
diffraction sur les bords de l’échantillon, des absorbants sont positionnés sur tout le bord du matériau.
III-3.2.3. Traitement
′ ′′
Pour pouvoir déterminer les paramètres ǫ et ǫ à partir des mesures expérimentales en polarisation V et H,
on cherche à minimiser une fonction « erreur » combinant les données expérimentales et un modèle théorique.
Comme pour la campagne de mesure in-situ, le coefficient de transmission expérimental est obtenu en effectuant
le rapport entre la mesure en espace libre et la mesure en présence du matériau. La fonction « erreur » E peut
alors être exprimée par :
v
u
u1 1 X M
N X
V (f , θ ) − T V (f , θ , ǫ′ , ǫ′′ )2 + T H (f , θ ) − T H (f , θ , ǫ′ , ǫ′′ )2
′ ′′
E(ǫ , ǫ ) = t Texp j i theo j i exp j i theo j i
2 NM
j=1 i=1
(Eq. III.29)
Texp est la valeur absolue expérimentale du coefficient de transmission pour un angle incident θi soit en
polarisation V ou H à une fréquence fj donnée.
Ttheo est la valeur absolue théorique du coefficient de transmission pour un angle incident θi soit en po-
′ ′′
larisation V ou H à une fréquence fj donnée. Sa valeur dépend des paramètres ǫ et ǫ que l’on cherche à
déterminer. On utilise au cours de notre étude un modèle théorique dit multicouches qui inclue les réflexions
multiples dans les différentes couches d’un matériau (voir le chapitre II). Ce modèle peut être utilisé car on
connaît maintenant assez précisément la composition des matériaux.
88 C HAPITRE III : Caractérisation UWB des matériaux du bâtiment
III-3.2.4.a. Placoplâtre
Le premier matériau testé est le placoplâtre (13 mm d’épaisseur). Le modèle théorique utilisé est un modèle
monocouche (voir définition dans le chapitre II). Pour ce matériau, on a décidé que l’utilisation d’un modèle
multi-couche n’était pas nécessaire, étant donnés les résultats satisfaisants obtenus avec une modélisation mono-
couche et qu’il est uniquement composé de plâtre. Les coefficients de transmission expérimentaux et théoriques
sont affichés en fonction de la fréquence sur la figure III.28 pour l’incidence normale. Sur la figure III.29, on
affiche les coefficients expérimentaux et théoriques de transmission en fonction de l’angle d’incidence à 4 GHz
et à 12 GHz.
HORIZONTALE VERTICALE
0 0
2,33−j0,021 2,33−j0,021
−0.5 −0.5
Amplitude (dB)
Amplitude (dB)
−1 −1
expérimental expérimental
monocouche monocouche
−1.5 −1.5
2 4 6 8 10 12 14 16 2 4 6 8 10 12 14 16
Fréquence (GHz) Fréquence (GHz)
Pour le placoplâtre, on obtient une valeur moyenne pour ǫ entre 2 GHz et 16 GHz de :
ǫ = 2.33 − j0.021
Horizontale Verticale
0 0
Amplitude (dB)
Amplitude (dB)
−5 expérimental −5
monocouche expérimental
4 GHz 4 GHz monocouche
−10 −10
0 10 20 30 40 50 60 70 80 0 10 20 30 40 50 60 70 80 90
Angle incident (°) Angle incident (°)
0 0
Amplitude (dB)
Amplitude (dB)
−5 −5
expérimental expérimental
12 GHz
12 GHz monocouche monocouche
−10 −10
0 10 20 30 40 50 60 70 80 90 0 10 20 30 40 50 60 70 80 90
a) Angle incident (°) b) Angle incident (°)
III-3.2.4.b. Verre
Dans le cas du verre, le modèle théorique utilisé est également un modèle monocouche. Dans ce cas aussi,
l’utilisation d’un modèle multicouche n’est pas nécessaire, étant donnés les résultats satisfaisants obtenus avec
une modélisation monocouche. Les coefficients de expérimentaux et théoriques transmission sont affichés en
fonction de la fréquence sur la figure III.30 pour l’incidence normale. Sur la figure III.31, on affiche les coeffi-
cients expérimentaux et théoriques de transmission en fonction de l’angle d’incidence à 4 GHz et à 12 GHz
Pour le verre, on obtient pour ǫ une valeur moyenne, entre 2 GHz et 16 GHz, de :
ǫ = 6.49 − j0.45
III-3.2.4.c. Porte
Pour la porte, la modélisation monocouche ne donne pas de résultat satisfaisant. La fonction « erreur » a
donc été recalculée en optimisant aussi le nombre de couches du modèle théorique. C’est à dire que l’on utilise
dans l’optimisation, tout d’abord une modélisation à deux couches (composée d’une couche de matériau et
d’une couche d’air), puis une modélisation à trois couches (composée de deux couches de matériau et d’une
couche d’air) pour représenter la porte. Compte tenu de la structure interne de la porte (figure III.32), ces deux
modélisations ont semblé être les plus représentatives de la structure réelle de la porte. Les résultats les plus
cohérents sont apparus en utilisant une modélisation trois couches.
90 C HAPITRE III : Caractérisation UWB des matériaux du bâtiment
HORIZONTALE VERTICALE
−1 −1
−2
Amplitude (dB) −2
Amplitude (dB)
−2.5
−2.5
−3
−3
−3.5
−3.5
−4
−4.5 −4
expérimental expérimental
monocouche monocouche
−5 −4.5
2 4 6 8 10 12 14 16 2 4 6 8 10 12 14 16
Fréquence (GHz) Fréquence (GHz)
Horizontale Verticale
0 0
Amplitude (dB)
Amplitude (dB)
4 GHz
−5 −5
expérimental expérimental
monocouche monocouche
4 GHz
−10 −10
0 10 20 30 40 50 60 70 80 90 0 10 20 30 40 50 60 70 80 90
Angle incident (°) Angle incident (°)
0 0
Amplitude (dB)
Amplitude (dB)
12 GHz
−5 −5
expérimental
expérimental
monocouche 12 GHz monocouche
−10 −10
0 10 20 30 40 50 60 70 80 90 0 10 20 30 40 50 60 70 80 90
a) Angle incident (°) b) Angle incident (°)
La figure III.32 indique les paramètres caractéristiques des différentes couches ainsi obtenues, c’est à dire
l’épaisseur et la permittivité de chaque couche. La porte peut donc être représentée, pour des fréquences allant
de 2 GHz à 16 GHz, par une structure équivalente composée de deux couches de bois d’épaisseur 1,33 cm
et de valeur de permittivité 2,04-j0,14, avec, entre les deux, une couche d’air de 1,90 cm d’épaisseur. Les
coefficients expérimentaux et théoriques de transmission sont affichés en fonction de la fréquence sur la figure
III.33 pour l’incidence normale. Sur la figure III.34, les coefficients expérimentaux et théoriques de transmission
en fonction de l’angle d’incidence à 4 GHz et à 12 GHz sont tracés.
III-3.- Mesure des propriétés diélectriques des matériaux 91
HORIZONTALE VERTICALE
0 0
expérimental expérimental
3 couches 3 couches
monocouche monocouche
−0.5 −0.5
−1
−1
Amplitude (dB)
Amplitude (dB)
−1.5
−1.5
−2
−2
−2.5
−2.5 −3
2.04 − j0.14 2.04 − j0.14
−3 −3.5
2 4 6 8 10 12 14 16 2 4 6 8 10 12 14 16
Fréquence (GHz) Fréquence (GHz)
III-3.2.4.d. Parpaing
Pour le parpaing, un mur 1x1 m a été construit dans la chambre anéchoïque. Comme pour la porte, la
modélisation monocouche ne donne pas de résultat satisfaisant. Le même principe a donc été adopté c’est
à dire l’utilisation d’un modèle à deux couches et d’un modèle à trois couches dans l’optimisation. Comme
pour la porte, les meilleurs résultats sont obtenus en utilisant la modélisation trois couches. La structure du
parpaing est présentée sur la figure III.35 ainsi que les paramètres caractéristiques des différentes couches
déterminées avec l’optimisation. Le bloc parpaing peut donc être représenté, pour des fréquences allant de 2
GHz à 16 GHz, par une structure équivalente composée de deux couches de matériau d’épaisseur 1,30 cm
et de valeur de permittivité 9,74-j0,77, avec, entre les deux, une couche d’air de 1,07 cm d’épaisseur. Les
coefficients de transmission expérimentaux et théoriques sont affichés en fonction de la fréquence sur la figure
III.36 pour l’incidence normale. Sur la figure III.37, les coefficients expérimentaux et théoriques de transmission
en fonction de l’angle d’incidence à 4 GHz et à 12 GHz sont tracés.
92 C HAPITRE III : Caractérisation UWB des matériaux du bâtiment
Horizontale Verticale
Amplitude (dB) 0 0
Amplitude (dB)
4 GHz
−5 expérimental −5 expérimental
3 couches 3 couches
monocouche 4 GHz monocouche
−10 −10
0 10 20 30 40 50 60 70 80 90 0 10 20 30 40 50 60 70 80 90
Angle incident (°) Angle incident (°)
0 0
Amplitude (dB)
Amplitude (dB)
12 GHz
−5 expérimental −5 expérimental
3 couches 3 couches
12 GHz
monocouche monocouche
−10 −10
0 10 20 30 40 50 60 70 80 90 0 10 20 30 40 50 60 70 80 90
a) Angle incident (°) b) Angle incident (°)
HORIZONTALE VERTICALE
0 0
−5 −5
−10 −10
Amplitude (dB)
Amplitude (dB)
−15 −15
−20 −20
−25 −25
expérimental expérimental
3 couches 3 couches
−30 −30 monocouche
monocouche
−35 −35
9,74−j0,77 9,74−j0,77
−40 −40
2 4 6 8 10 12 14 16 2 4 6 8 10 12 14 16
Fréquence (GHz) Fréquence (GHz)
Horizontale Verticale
0 0
Amplitude (dB)
Amplitude (dB)
−10
−20
expérimental −20
−40 3 couches
−30
monocouche 4 GHz 4 GHz
−60 −40
0 10 20 30 40 50 60 70 80 90 0 10 20 30 40 50 60 70 80 90
Angle incident (°) Angle incident (°)
0 −5
Amplitude (dB)
Amplitude (dB)
−10
−20
expérimental −15 expérimental
−40 3 couches
−20 3 couches
monocouche 12 GHz
12 GHz monocouche
−60 −25
0 10 20 30 40 50 60 70 80 90 0 10 20 30 40 50 60 70 80 90
a) Angle incident (°) b) Angle incident (°)
Dans la partie précédente, on a vu que les paramètres diélectriques étaient obtenus en utilisant les mesures
sur la totalité de la bande de fréquence 2-16 GHz. Pour pouvoir utiliser ces valeurs moyennes dans les fu-
tures études, il est intéressant de regarder quelles sont les conséquences sur la modélisation du coefficient de
transmission. En d’autres termes, il est nécessaire de comparer le coefficient de transmission calculé avec des
paramètres diélectriques estimés sur la totalité de la bande avec celui calculé avec des paramètres diélectriques
estimés sur une bande plus petite.
Pour valider cette approche, on a donc estimé, à partir des mesures, les paramètres diélectriques sur des
intervalles de 1 GHz en couvrant la bande de fréquence de 2 GHz à 16 GHz. Le tableau III.5 et la figure III.38
présentent un aperçu des différentes estimations obtenues pour les paramètres diélectriques en effectuant le
calcul sur une bande de 1 GHz (Pour la porte on utilisera le modèle à 3 couches).
′
TAB . III.5 – Estimation de ǫ pour différentes sous-bandes
Sur les figures III.39, III.40 et III.40, on trace alors le coefficient de transmission en utilisant les valeurs
obtenues pour chaque sous-bande et on le compare au coefficient de transmission utilisant la valeur moyenne
obtenue sur la bande 2-16 GHz. On peut alors montrer que cette modélisation n’impacte que faiblement le co-
efficient de transmission. On trouve une erreur moyenne entre les deux modèles de 0,13 dB pour le placoplâtre,
0,17 dB pour le verre, et 0,14 dB dans le cas de la porte. On peut quand même noter pour cette dernière que
94 C HAPITRE III : Caractérisation UWB des matériaux du bâtiment
′′
TAB . III.6 – Estimation de ǫ pour différentes sous-bandes
7 1
placoplatre
6 0.8
verre
porte
placoplatre
5 verre
0.6
porte
ε’’
ε’
4
0.4
3
2 0.2
1 0
2 4 6 8 10 12 14 16 2 4 6 8 10 12 14 16
a) Fréquence centrale (GHz) b) Fréquence centrale (GHz)
pour la polarisation verticale la différence est nettement plus importante. On peut donc conclure que l’utilisa-
tion d’une permittivité moyenne, déterminée à partir de mesures très large bande, est une simplification fiable
pour la précision de l’atténuation.
Dans cette partie, on s’intéresse au comportement des paramètres diélectriques vis à vis de l’angle d’inci-
dence. En effet, on peut déterminer la permittivité complexe relative de différents échantillons en utilisant les
mesures de la campagne en en chambre anéchoïque, mais en se limitant à un angle incident (de 0˚ à 60˚). Les
parties (a) des figures III.42 et III.43 présentent les variations de permittivité complexe en fonction de l’angle
d’incidence pour le verre et le placoplâtre. Il convient alors de souligner que la partie réelle de la permittivité
semble décroître légèrement avec l’angle d’incidence alors que la partie imaginaire reste, elle, relativement
stable. En ce qui concerne l’évolution de l’amplitude en fonction de la fréquence, les figures III.42 et III.43
montrent que les courbes théoriques utilisant une valeur de permittivité complexe moyenne sont proches des
tracés expérimentaux. Cette étude montre donc que l’utilisation de la permittivité complexe moyenne modifie
très légèrement les coefficients de transmission.
III-3.- Mesure des propriétés diélectriques des matériaux 95
HORIZONTALE VERTICALE
0 0
une valeur par bande
valeur moyenne
−0.2 −0.2
Gain (dB)
−0.6 −0.6
−0.8 −0.8
−1 −1
une valeur par bande
valeur moyenne
2 4 6 8 10 12 14 16 2 4 6 8 10 12 14 16
Fréquence (GHz) Fréquence (GHz)
HORIZONTALE VERTICALE
−0.5 −0.5
une valeur par bande une valeur par bande
valeur moyenne valeur moyenne
−1 −1
−1.5 −1.5
Gain (dB)
Gain (dB)
−2 −2
−2.5 −2.5
−3 −3
−3.5 −3.5
−4 −4
2 4 6 8 10 12 14 16 2 4 6 8 10 12 14 16
Fréquence (GHz) Fréquence (GHz)
HORIZONTALE VERTICALE
0 0
une valeur par bande une valeur par bande
valeur moyenne valeur moyenne
−0.5 −0.5
Gain (dB) −1 −1
Gain (dB)
−1.5 −1.5
−2 −2
−2.5 −2.5
−3 −3
−3.5 −3.5
2 4 6 8 10 12 14 16 2 4 6 8 10 12 14 16
Fréquence (GHz) Fréquence (GHz)
6.5 0.5 −1
ε’’
6.49 r 0.49
6.48 0.48 −2
Amplitude (dB)
0° exp
6.47 0.47 0° εmoy
6.46 0.46
30° exp
−3 30° εmoy
6.45 0.45
60° exp
6.44 0.44
60° εmoy
6.43 0.43 −4
6.42 0.42
6.41
ε’r
0.41
−5
6.4 0.4 2 4 6 8 10 12 14 16
0 10 20 30 40 50 60
a) Angle d’incidence (°) b) Fréquence (GHz)
F IG . III.42 – Évolution des paramètres diélectriques pour le verre en fonction l’angle incident et de la fréquence
III-3.2.4.g. Comparaison des résultats de simulation numérique avec ceux issus de la me-
sure
Les logiciels de simulations, utilisant des méthodes numériques pour résoudre les équations de Maxwell,
permettent de représenter fidèlement les structures étudiées (voir figure III.44). En confrontant les résultats ob-
tenus avec les simulation numériques et nos mesures en chambre anéchoïque, on pourra valider notre modéli-
sation des structures hétérogènes et approfondir l’influence de la structure interne du matériau. La comparaison
des résultats théoriques issus de la simulation avec le logiciel CST microwave (méthode numérique FIT) avec
ceux issus de la campagne de mesure en chambre anéchoïque a été effectuée en considérant la valeur de per-
III-3.- Mesure des propriétés diélectriques des matériaux 97
2.4 0.03 0
2.39 0.029
2.38 0.028
Amplitude (dB)
2.37 0.027 −0.5
2.36 0.026 0° exp
0° εmoy
2.35 0.025
30° exp
2.34 0.024 −1 30° εmoy
2.33 0.023
60° exp
2.32 0.022 60° εmoy
2.31
ε’r’’
0.021
−1.5
2.3 0.02 2 4 6 8 10 12 14 16
0 10 20 30 40 50 60
a) Angle d’incidence (°) b) Fréquence (GHz)
F IG . III.43 – Évolution des paramètres diélectriques pour le placoplâtre en fonction l’angle incident et de la
fréquence
mittivité moyenne obtenue avec la méthode d’extraction définie dans la partie 3.2.3.c et 3.2.3.d . La simulation
numérique a été effectuée sur une bande de 2 GHz à 4 GHz.
HORIZONTALE VERTICALE
0 0
FIT FIT
mesure mesure
−5 −5
−20 −20
−25 −25
−30 −30
−35 −35
−40 −40
2 4 6 8 10 2 4 6 8 10
Distance (m) Distance (m)
F IG . III.45 – Comparaison des réponses impulsionnelles mesurées et celles reconstruites avec CST Microwave
pour le parpaing (θi = 0˚)
HORIZONTALE VERTICALE
0 0
CST Microwave CST Microwave
Mesure Measure
−5 −5
Attenuation Relative (dB)
−10 −10
Attenuation relative (dB)
−15 −15
−20 −20
−25 −25
−30 −30
−35 −35
−40 −40
2 4 6 8 10 2 4 6 8 10
Distance (m) Distance (m)
F IG . III.46 – Comparaison des réponses impulsionnelles mesurées et celles reconstruites avec CST Microwave
pour la porte (θi = 0˚)
III-4.- Conclusion 99
Sur les figures III.45 et III.46, on peut observer l’évolution des réponses impulsionnelles expérimentales
et reconstruites. Avec la réponse numérique, on retrouve l’amplitude des principaux trajets de la réponse im-
pulsionelle que se soit dans le cas du parpaing ou bien dans le cas de la porte. Cela valide l’utilisation d’un
coefficient de transmission moyen, où plutôt d’une permittivité moyenne.
Horizontale Verticale
0 0
−5
Ampliude (dB)
Ampliude (dB)
−5
−10
−15
−10
Mesure Mesure
−20 CST Microwave
CST Microwave
3 GHZ 3 GHZ
−15 −25
0 20 40 60 80 0 20 40 60 80
a) Angle incident (°) b) Angle incident (°)
F IG . III.47 – Comparaison des coefficients de transmission obtenues avec CST Microwave et en mesure
Les courbes sur la figure III.47 permettent de comparer les évolutions des coefficients de transmission pour
les deux polarisations horizontale et verticale issus d’une part de la modélisation sous CST et de la mesure
d’autre part. On remarque que le modèle numérique et la mesure conduisent à des résultats assez similaires
pour des angles inférieurs à 65o . Pour les valeurs supérieures, on ne dispose pas de mesure pour effectuer la
comparaison.
III-4. Conclusion
Dans ce chapitre, on a pu voir que les techniques en espace libre étaient les plus adaptées pour mesurer les
propriétés diélectriques de matériaux usuels de l’environnement indoor. Pour mesurer la permittivité complexe
d’un matériau, on utilise un échantillon du matériau que l’on place sur le trajet d’une onde électromagnétique.
A partir de la mesure expérimentale des coefficients de réflexion et de transmission, réalisée à l’aide d’un
analyseur de réseau vectoriel, on estime la permittivité de l’échantillon. En effet, ces coefficients dépendent
directement des propriétés diélectriques du matériau.
Deux campagnes de mesures ont été développées et mises en oeuvre afin de caractériser de nombreux
matériaux d’une part dans des conditions « in situ » et d’autre part en chambre anéchoïque. Pour les mesures
« insitu », on a pu voir que malgré une composition assez hétérogène, les murs mesurés pouvait être assimilés
à des murs homogènes. On a également remarqué qu’il y avait peu de variation pour la permittivité en fonction
′ ′′
de la fréquence sur la bande 2-16 GHz. Pour la cloison fine, une variation de 0,1 de ǫ et ǫ conduit à des
variations de 0,2 dB pour le coefficient de transmission et de 0,5 dB pour le coefficient de réflexion à 4 GHz.
Cette constatation a été confirmée par les résultats des mesures en chambre anéchoïque où l’utilisation d’une
valeur moyenne pour la permittivité complexe conduit à des variations pour le coefficient de transmission de
100 C HAPITRE III : Caractérisation UWB des matériaux du bâtiment
0,13 dB pour le placoplâtre, de 0,17 dB pour le verre et de 0,14 dB dans le cas de la porte. Pour les variations de
la permittivité complexe avec l’angle d’incidence, on peut souligner que la partie réelle de la permittivité semble
décroître légèrement avec l’angle d’incidence alors que la partie imaginaire reste relativement stable. Pour la
polarisation, on ne constate pas de différence entre les résultats en polarisation horizontale et en polarisation
verticale. Enfin, on a rencontré des difficultés pour valider l’utilisation d’une permittivité moyenne pour le
parpaing. Notre méthode ne donne pas de résultat convenable et une autre modélisation doit être envisagée
pour ce type de structure.
Pour finir, ces deux techniques expérimentales apparaissent très complémentaires. Les résultats ont permis
′ ′′
d’évaluer les variations de ǫ et ǫ en fonction de la fréquence. Les valeurs moyennes obtenues apparaissent du
même ordre de grandeur que celles issues de la littérature. Surtout, elles permettent de constituer une base de
données qui sera utilisée dans les outils de prédiction de la propagation en environnement indoor. On proposera
donc dans le prochain chapitre de voir quelles sont les différentes simplifications qui peuvent être apportées
aux modèles de propagation indoor. L’étude portera aussi bien sur les modèles statistiques que sur les modèles
déterministes.
C HAPITRE IV
Sommaire
IV-1. Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 102
IV-2. Modélisation large bande . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 102
IV-2.1. Mise en oeuvre dans un outil de tracé de rayons . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 103
IV-2.2. Comparaison des fonctions de transfert du canal . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 107
IV-2.3. Analyse des paramètres large bande . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 116
IV-2.4. Influence de la fréquence sur la réponse fréquentielle et sur la réponse impulsionnelle . 119
IV-2.5. Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 121
IV-3. Modélisation indoor pour les outils d’ingénierie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 122
IV-3.1. Modélisation Multi-Wall multi-fréquences indoor . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 122
IV-3.2. Pertes de transmission . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 123
IV-3.3. Modélisation pour WANDA . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 129
IV-3.4. Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 130
IV-4. Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 130
102 C HAPITRE IV : Application à la prévision indoor du champ électromagnétique
IV-1. Introduction
Les différentes campagnes de mesures de matériaux, décrites dans le chapitre précédent, ont permis de
proposer un modèle multi-fréquences pour la représentation des matériaux. Afin de déterminer l’intérêt de cette
modélisation multi-fréquences pour la propagation indoor, des études ont été menées à partir d’une campagne
de mesure UWB réalisée dans notre laboratoire. Les résultats permettront d’évaluer les potentialités et les
limites actuelles de cette représentation.
La première partie concernera la modélisation large bande. Tout d’abord, une comparaison sera effectuée
entre des mesures UWB et des simulations avec un outil de tracé de rayons. On s’intéressera particulièrement
à la génération des réponses fréquentielles et impulsionnelles dans des situations de visibilité (LOS, Line Of
Sight)et de non visibilité (NLOS, Non Line Of Sight). Puis, on évaluera les paramètres temporels et fréquentiels
caractéristiques d’un canal de propagation UWB, obtenues avec les simulations. Enfin, on regardera l’influence
qu’a notre modélisation multi-fréquences sur les réponses fréquentielles et impulsionnelles simulées pour dif-
férentes bandes de fréquences.
La deuxième partie portera sur la modélisation bande étroite. On rappellera, tout d’abord, les principaux
modèles indoor et les enjeux pour un modèle dépendant de la fréquence. Puis, on détaillera notre expression
multi-fréquences pour les pertes de transmission. Une comparaison sera ensuite effectuée entre le modèle bande
étroite, les mesures UWB et des simulations avec un outil de tracé de rayons. Enfin, la modélisation sera
implémentée dans un outil d’optimisation radio.
Pour étudier l’impact de la modélisation multi-fréquences des matériaux, nous avons utilisé une campagne
de mesure, réalisée dans le même environnement que les mesures « in situ ». Cette campagne s’est déroulée dans
un environnement de type bureau afin de caractériser le canal de propagation UWB [61]. L’antenne d’émission
était fixée à l’extrémité d’un bras tournant et placée sur un chariot mobile afin de faciliter la mobilité dans les
différentes pièces du bâtiment. L’utilisation du bras tournant permettait d’effectuer la mesure de 90 réponses
impulsionnelles le long d’un cercle de 20 cm de rayon. L’antenne de réception était fixée contre un mur à une
hauteur de 2,45 m environ. En raison de l’asymétrie de son diagramme de rayonnement, cette antenne simulant
le point d’accès a été orientée vers le bas, c’est à dire avec le plan de masse tourné vers le plafond.
Les antennes qui ont été utilisées lors de cette expérience sont des antennes CMA118/A qui présentent un
diagramme omnidirectionnel dans la bande 1 GHz - 18 GHz. Dans les deux cas, l’émetteur, situé à une hauteur
de 1,40 m, était considéré comme le terminal mobile et le récepteur était considéré comme le point d’accès.
Ce montage a ainsi permis d’évaluer les variations locales du canal de propagation, mais aussi d’extraire les
paramètres grande échelle (PDP : Power Delay Profile, dispersion des retards, etc.), calculés en moyennant
les 90 mesures réalisées autour du bras tournant, et les paramètres petite échelle (fluctuations spatiales de
l’amplitude des rayons), obtenus en comparant l’ensemble des réponses impulsionnelles mesurées localement.
La figure suivante IV.1 présente un plan détaillé du bâtiment où a été effectuée la campagne de mesure et les
points de mesure qui nous ont intéressés. Les cercles vert et rouges correspondent respectivement aux positions
104 C HAPITRE IV : Application à la prévision indoor du champ électromagnétique
du bras tournant lors de l’émission en configuration LOS et NLOS. Le carré bleu correspond à la position du
point de réception dans cette configuration couloir.
L’environnement indoor étudié est un bâtiment composé de différents milieux de propagation. Les pa-
ramètres permettant de décrire l’environnement sont écrits dans 2 types de fichier. Tout d’abord, un fichier
« matériau », regroupant les informations concernant l’épaisseur, la permittivité et la conductivité de chaque
IV-2.- Modélisation large bande 105
type de matériau présent dans l’environnement à différentes fréquences. Ce fichier matériau est défini à partir
des valeurs moyennes de permittivité relative complexe en utilisant les valeurs extraites lors des différentes
campagnes de mesures de matériaux. Le deuxième type de fichier est un fichier « facettes » donnant la descrip-
tion de l’environnement. Dans ce fichier, on donne la position de chaque élément (mur, vitre, porte, etc.) et on
lui affecte un type de matériau. Dans l’étude suivante, on supposera que les différents trajets peuvent être le
résultat d’interactions avec sept types de matériaux de construction (voir le tableau IV.1). L’affichage graphique
de la scène est effectué grâce à une interface graphique développée avec le logiciel Matlab
R
. On peut voir la
représentation sur la figure IV.3.
La hauteur entre le sol et le plafond est de 3,80 m. On notera aussi que la majorité des pièces étaient meu-
blées mais qu’il est très difficile de modéliser exactement l’emplacement de toutes les tables, les chaises ainsi
que les autres objets (PC par exemple) présents dans l’environnement indoor. En effet, plus on va complexifier
la scène, plus le temps de calcul des rayons sera important. Comme on le verra dans la partie IV.2.2.3, certains
éléments métalliques sont susceptibles d’apporter une énergie non négligeable. On ajoutera donc seulement
dans la description de l’environnement la position des éléments métalliques (radiateur, armoire, tableau) pré-
sents dans le bâtiment. On a choisi de conserver les éléments métalliques car ce sont ceux qui sont susceptibles
de remonter de l’énergie vers le récepteur. On verra par la suite que cette modélisation incomplète aura un
106 C HAPITRE IV : Application à la prévision indoor du champ électromagnétique
Pour les simulations, la première configuration retenue autorisait 3 réflexions, 1 diffraction et 6 transmis-
sions pour la scène choisie. Cette configuration permettait d’obtenir une précision satisfaisante pour l’étude
mais le temps de calcul s’avérait trop long (environ dix heures). On a donc choisi, arbitrairement, 4 com-
binaisons d’interactions que l’on regroupe dans un nouveau fichier rayon en s’assurant d’avoir supprimé les
rayons déjà présent. Cette solution représente un bon compromis pour le temps de calcul des rayons. Les 4
combinaisons choisies sont :
– 3 réflexions et 6 transmissions ;
– 2 diffractions et 6 transmissions ;
– 2 réflexions et 1 diffraction ;
– 1 réflexion, 1 diffraction et 6 transmissions.
Ensuite pour pouvoir comparer la puissance moyenne reçue pour un point de mesure UWB (obtenue en
effectuant la moyenne des 90 réponses fréquentielles mesurées grâce au bras tournant) et la puissance moyenne
reçue lors de la simulation, on calcule le champ sur un cercle de 20 cm, mais pour seulement 20 positions à
l’émission afin de réduire le temps de simulation. De plus, pour chaque position on réécrit le fichier rayon en
modifiant seulement les coordonnées du point d’émission. On évite ainsi d’avoir à recalculer les rayons pour
toutes les positions du cercle.
La figure IV.5 présente les réponses fréquentielles moyennes mesurées et simulées. On trouve, toutefois,
une certaine similitude entre les deux courbes tant au niveau de l’amplitude que de l’évolution des fluctuations.
108 C HAPITRE IV : Application à la prévision indoor du champ électromagnétique
D’après les figures IV.5 et IV.6, les évanouissements sont plus importants sur la simulation, car la moyenne est
effectuée sur un nombre de points plus faible. On remarque, aussi, une différence entre les deux courbes plus
importantes pour les hautes fréquences. Elle peut s’expliquer par le manque de précision dans la description de
l’environnement. Par exemple, on peut remarquer sur la figure IV.4 que le bord des vitres est composé d’élé-
ments métalliques qui pourraient apporter de l’énergie supplémentaire. Or, cette caractéristique n’est pas prise
en compte dans la description de l’environnement et pourrait donc expliquer, notamment, l’écart de puissance
trouvée en haute fréquence.
Si on regarde maintenant l’évolution des réponses impulsionnelles sur la figure IV.6, la première chose que l’on
remarque, c’est que la simulation produit une réponse impulsionnelle incomplète, contenant moins d’énergie
que la réponse obtenue avec la mesure UWB. C’est la conséquence, d’une part de la simplification apportée
à la modélisation de l’environnement et d’autre part au fait que l’on sous-estime certainement le nombre de
rayons à prendre en compte lors de la simulation avec notre choix de combinaisons d’interactions. De ce fait on
néglige complètement la partie diffuse de la réponse. On peut quand même noter que l’on retrouve l’amplitude
des principaux trajets, même pour les trajets relativement lointains.
En utilisant la méthode du beamformer [63](ou de formation de faisceaux), les directions d’arrivée des
rayons ont été extraites à partir de l’ensemble des points de mesures UWB réalisés sur le cercle. Cette méthode
est un traitement très basique qui donne seulement une première estimation des angles d’arrivée des principaux
IV-2.- Modélisation large bande 109
50
55
Gain (dB) 60
65
70
Mesure UWB
Tracé de rayons
75
3 4 5 6 7 8 9 10 11
Fréquence (GHz)
−75
−80
Gain (dB)
−85
−90
−95
−100
−105
0 10 20 30 40 50
Distance (m)
trajets, car le niveau élevé des lobes secondaires avec cette méthode ne permet pas de différencier toutes les
contributions. C’est aussi pour cela qu’une direction d’arrivée apparaîtra comme une croix sur les figures. Ces
graphiques vont permettre de valider les réponses impulsionnelles obtenues lors des simulations. Mais aussi
de confirmer que le fait de calculer un nombre limité de rayons et de simplifier l’environnement fait perdre
110 C HAPITRE IV : Application à la prévision indoor du champ électromagnétique
50 −5
−10
100
−15
150
Angle (°)
−20
200
−25
250
−30
300
−35
350
−40
0 2 4 6 8 10
Distance (m)
−10
Récepteur
−20 Emetteur
−30
−40
beaucoup d’information. On peut observer sur la figure IV.7 qu’avec la simulation on retrouve la direction
d’arrivée des principaux rayons. En effet, les cercles sur la figure correspondent aux DOA des principaux
rayons arrivant à l’émetteur. Si on compare la puissance de chaque rayon (la couleur affectée à chaque rayon),
on obtient un bon accord entre la mesure UWB et la simulation.
Enfin pour mieux se rendre compte de la direction d’arrivée des rayons par rapport à l’environnement, on
trace sur la figure IV.8, les principaux rayons entre l’émetteur et le récepteur. Dans cette configuration, la plus
grande partie de l’énergie arrive dans l’axe du couloir, mais aussi des réflexions sur les vitres des bureaux du
couloir.
On présente une situation extraite des points de mesure NLOS réalisés dans la configuration couloir (figure
IV.1). Les figures suivantes illustrent les résultats obtenus pour cette position, correspondant à une distance de
3,33 m entre l’émetteur (Tx) et le récepteur (Rx). Ce point a été choisi, car il traverse l’un des murs étudiés
(cloison fine)lors de la campagne de caractérisation des matériaux.
60
Mesure UWB
Tracé de rayons
65
70
Gain (dB)
75
80
85
3 4 5 6 7 8 9 10 11
Fréquence (GHz)
Dans le domaine fréquentiel (figure IV.9), on peut noter une bonne concordance entre la réponse simulée et
celle mesurée. Comme dans le cas LOS, les évanouissements sont beaucoup plus importants sur la simulation.
112 C HAPITRE IV : Application à la prévision indoor du champ électromagnétique
−85
−95
−100
−105
−110
−115
0 5 10 15 20
Distance (m)
Dans le domaine temporel, les réponses simulées et mesurées sont assez ressemblantes pour les premiers
trajets arrivant à l’émetteur. En revanche, les trajets suivants sont beaucoup plus forts pour la réponse mesurée
que pour la réponse simulée. Encore une fois, on peut remettre en cause la description de l’environnement ou
le nombre de phénomènes simulés pour expliquer cette différence d’énergie entre la mesure et la simulation.
L’affichage des directions d’arrivée (figures IV.11 et IV.12) confirme les conclusions dégagées lors l’analyse
de la réponse impulsionnelle. Avec la simulation, on ne retrouve pas la totalité des principaux rayons. On peut
donc dire que certains détails importants manquent dans la description de l’environnement et empêchent de
trouver les rayons manquants.
Une deuxième situation, extraite des points de mesure NLOS, est analysée (figure IV.1). Ce nouveau point
a pour objectif de montrer quel est le niveau de description nécessaire lors de la modélisation des obstacles
présents dans l’environnement pour le tracé de rayons (figure IV.13). Cette fois la distance entre l’émetteur
(Tx) et le récepteur (Rx) est de 7,80 m. On effectue donc une nouvelle simulation dans une position plus
réaliste, c’est-à-dire une position ou le trajet direct entre l’émetteur et le récepteur n’est pas forcément le plus
important. Les résultats sont présentés sur les figures IV.14, IV.15, IV.17 et IV.18
Comme pour les 2 cas précédents, les réponses fréquentielles (figure IV.14) mesurées et simulées présentent
IV-2.- Modélisation large bande 113
50 −5
−10
100
−15
150
Angle (°)
−20
200
−25
250
−30
300
−35
350
−40
0 2 4 6 8 10
Distance (m)
−10
Emetteur Récepteur
−20
−30
−40
65
Mesure UWB
Tracé de rayons
70
75
80
Gain (dB)
85
90
95
100
105
3 4 5 6 7 8 9 10 11
Fréquence (GHz)
un bon accord au niveau de l’amplitude du champ reçu. Et comme dans les autres cas, les fluctuations sont plus
importantes sur la simulation.
Sur la figure IV.15, on peut voir la comparaison entre la réponse impulsionnelle simulée et la réponse
IV-2.- Modélisation large bande 115
Mesure UWB
−90 Tracé de rayons
−95
−100
Gain (dB)
−105
−110
−115
−120
−125
0 5 10 15 20
Distance (m)
impulsionnelle mesurée. On peut noter une bonne concordance entre les 2 réponses pour les premiers trajets
arrivant au récepteur, on retrouve notamment l’amplitude du trajet principal qui, dans ce cas, n’est pas le trajet
direct. Ce résultat est obtenu car on a pu remarquer au cours de nos simulations, que la description précise de
la forme des objets métalliques était très importante. En effet, en affichant les rayons sur la figure IV.18, on se
−85 −85
Mesure UWB Mesure UWB
Tracé de rayons Tracé de rayons
−90 −90
Gain (dB)
Gain (dB)
−95 −95
−100 −100
−105 −105
−110 −110
6 8 10 12 14 6 8 10 12 14
a) Distance (m) b) Distance (m)
F IG . IV.16 – Évolution des trajets en fonction de la modélisation du radiateur (a) simplifiée (b) réelle
rend compte qu’une majorité de rayons provient du radiateur. Lors des premières simulations, le radiateur était
modélisé par un panneau métallique et dans ce cas, on ne retrouvait pas l’étalement temporel du trajet principal.
On a donc modélisé le radiateur par une succession (15) de lames métalliques ce qui a permis de rendre plus
réalistes les contributions apportées par le radiateur. En effet sur la figure IV.16, on compare les réponses
116 C HAPITRE IV : Application à la prévision indoor du champ électromagnétique
impulsionnelles provenant de la modélisation simplifiée (a) et de la modélisation plus réaliste du radiateur (b)
et on peut observer les modifications apportées à la réponse impulsionelle. Pour finir, on peut remarquer que
les rayons arrivant après le trajet principal sont beaucoup plus forts lors de la mesure que lors de la simulation.
50 −5
−10
100
−15
150
Angle (°)
−20
200
−25
250
−30
300
−35
350
−40
5 10 15
Distance (m)
Si on compare maintenant les directions d’arrivée obtenues, on constate qu’avec la simulation on retrouve
les directions des principaux rayons arrivant au récepteur.
En visualisant les principaux rayons sur la figure IV.18, on peut visualiser que les principaux rayons pro-
viennent du radiateur. On a remarqué que la façon de modéliser cet élément modifie la forme de la réponse
impulsionnelle.
−10 Radiateur
−20 Emetteur
Recepteur
−30
−40
le seuil est faible, on retrouve 60 % de l’énergie contenue dans la réponse impulsionnelle mesurée. On peut
ajouter, pour le cas du radiateur, que le fait de l’avoir modélisé par des lames apporte un gain d’énergie de 10
% par rapport à une modélisation sans lames. Ceci est assez innatendu, car la modélisation du radiateur par des
lames a diminuée sa surface totale. Pour le nombre de rayons significatifs, on constate que seulement 5 % des
rayons obtenus grâce au tracé de rayons contribuent à la réponse impulsionnelle si on applique un seuil à -40
dB. Dans le cas du radiateur, le nombre de rayons significatifs passe quant à lui de 6 à 31 avec la modélisation
du radiateur par des lames pour un seuil de -10 dB.
Les tableaux IV.5, IV.6 et IV.7 présentent l’évolution des valeurs de τm et τrms mesurées et simulées.
Pour ce qui est du retard moyen, on constate une bonne concordance pour l’ensemble des seuils appliqués.
Inversement, pour l’étalement des retards, lorsque le seuil est trop faible, ce paramètre est sous-estimé lors des
simulations et cela traduit une mauvaise prédiction de l’étalement des retards pour l’environnement considéré.
Pour conclure sur cette partie, on peut dire qu’à cause du faible nombre de rayons significatifs obtenus en
simulation, l’étalement temporel prédit comparé à celui mesuré est beaucoup plus faible. En effet, ce paramètre
temporel est fortement dépendant de l’environnement, des bandes de fréquence mesurées, de l’instrumentation
IV-2.- Modélisation large bande 119
et des propriétés des matériaux. On peut tout de même noter que les ordres de grandeurs sont relativement bien
retrouvés entre mesure et simulation si on applique un seuil assez faible.
−60
−65
Gain (dB)
−70
−75
−85
−90
2 2.5 3 3.5 4
Fréquence (GHz)
F IG . IV.19 – Évolution de la réponse fréquentielle en fonction des paramètres diélectriques (bande basse)
Comme on avait pu le remarquer dans la dernière partie du chapitre 3, on constate que sur chaque figure,
la différence entre les 2 réponses fréquentielles et les 2 réponses impulsionnelles est très faible. Pour ce qui est
des paramètres large bande (voir tableau IV.8), les différences entre les différents paramètres sont relativement
faibles.
De plus, les résultats obtenus en bande basse et en bande haute sont pratiquement identiques. On ne trouve
pas d’influence de la fréquence sur le retard moyen et la dispersion des retards. L’utilisation d’une permittivité
complexe moyenne permet donc de simplifier la modélisation des matériaux lorsqu’on ne dispose pas forcément
120 C HAPITRE IV : Application à la prévision indoor du champ électromagnétique
RI du canal
−70
Valeur moyenne 2−4 GHz
Valeur moyenne 2−16 GHz
−80
−90
Gain (dB)
−100
−110
−120
4 6 8 10 12 14 16 18 20
Distance (m)
F IG . IV.20 – Évolution de la réponse impulsionnelle en fonction des paramètres diélectriques (bande basse)
−55
−60
Gain (dB)
−65
−70
−75
6 6.5 7 7.5 8
Fréquence (GHz)
F IG . IV.21 – Évolution de la réponse fréquentielle en fonction des paramètres diélectriques (haute bande)
de valeurs pour les paramètres diélectriques à certaines fréquences sans nécessairement altérer le résultat de la
simulation.
IV-2.- Modélisation large bande 121
RI du canal
−60
Valeur moyenne 6−8 GHz
Valeur moyenne 2−16 GHz
−70
−80
Gain (dB)
−90
−100
−110
4 6 8 10 12 14 16 18 20
Distance (m)
F IG . IV.22 – Évolution de la réponse impulsionnelle en fonction des paramètres diélectriques (haute bande)
TAB . IV.8 – Valeur de τm et τrms pour différentes bandes (Seuil à -40 dB)
IV-2.5. Conclusion
Dans cette partie, on a utilisé notre modélisation multi-fréquences pour les modèles large bande. On a pu
constater un bon accord entre les mesures large bande et nos simulations avec un outil de tracé de rayons. Les
écarts, que l’on a pu observer, peuvent s’expliquer pour deux raisons. Premièrement, la modélisation de l’en-
vironnement est simplifiée, cette simplification est nécessaire pour pourvoir conserver des temps de simulation
raisonnables. Deuxièmement, la difficulté pour paramétrer le calcul des rayons est aussi un problème. On a bien
vu, lors de nos simulations, le faible pourcentage de rayons significatifs par rapport au nombre total de rayons
obtenu lors du calcul des rayons. Enfin on a pu, à la fin de cette section, voir que l’utilisation de paramètres di-
électriques moyens pouvait faciliter la représentation des matériaux dans les outils de tracé de rayons lorsqu’on
manque de valeurs à certaines fréquences sans nécessairement fausser le résultat de la simulation. Il convient
maintenant, de définir une représentation pour la modélisation bande étroite du canal de propagation. C’est ce
que nous allons montrer dans le paragraphe suivant.
122 C HAPITRE IV : Application à la prévision indoor du champ électromagnétique
On trouve ensuite un modèle plus sophistiqué, développé par Motley-Keenan [16]. Ce modèle prend en
compte tous les murs et tous les étages traversés en introduisant des coefficients de pertes de transmission
dépendant de l’épaisseur et de la nature du matériau. L’expression de ce modèle est rappelée dans la partie 4.2
du chapitre 1. Ce modèle a été l’objet de nombreuses améliorations, en particulier [17], pour traduire le fait que
la propagation était non linéaire avec le nombre d’obstacles pour les murs et les étages. On introduira alors un
modèle dit « multi-wall », qui introduit un terme d’atténuation conséquence des pertes engendrées par chaque
mur traversé. Son expression est la suivante :
d
P L(d)[dB] = P L(d0) + 10nlog + Mw (Eq. IV.2)
d0
IV-3.- Modélisation indoor pour les outils d’ingénierie 123
k
X
Mw = ki Li (Eq. IV.3)
i=1
où ki est le nombre de murs de type i traversés par la ligne émetteur-récepteur et ayant une atténuation Li .
Du chapitre précédent, on a pu extraire les paramètres diélectriques d’un grand nombre de matériaux pré-
sents dans l’environnement indoor sur une large bande de fréquence. On va donc utiliser ces résultats pour
développer une modélisation multi-wall multi-fréquences pour la prédiction du champ reçu en une position
donnée. L’objectif est d’introduire une dépendance fréquentielle dans la modélisation des pertes pour le mo-
dèle.
10
placoplâtre (pertes)
verre (pertes)
aggloméré (pertes)
8 placoplâtre (coeff. transmission)
verre (coeff. transmission)
aggloméré (coeff. transmission)
6
Pertes (dB)
0
2 4 6 8 10 12 14 16
Fréquence (GHz)
puissance reçue en espace libre. On a donc effectué dans les campagnes de mesures précédentes des mesures
de pénétration dans deux configurations. D’une part dans des conditions « in situ », en plaçant l’émetteur et
le récepteur à 1 m de distance de chaque côté d’un mur et dans ce cas, on calculera les pertes en effectuant
une moyenne sur l’ensemble des points de mesure (200 points sur le rail). D’autre part en chambre anéchoïque
124 C HAPITRE IV : Application à la prévision indoor du champ électromagnétique
sur les principaux obstacles constituant les cloisons rencontrées dans un environnement de type bureau et dans
ce cas, on calculera alors les pertes en utilisant la mesure en incidence normale. La comparaison entre les
coefficients de transmission théoriques et les pertes est effectuée sur la figure IV.23 qui montre une parfaite
concordance entre les deux modélisations.
Pour confirmer les résultats, une comparaison est effectuée entre les pertes obtenues en environnement réel (« in
5.5
4.5
Pertes (dB)
3.5
in Situ
chambre anéchoïque
2.5
2 4 6 8 10 12 14 16
Fréquence (GHz)
F IG . IV.24 – Comparaison des pertes pour une porte mesurée dans deux environnements
situ ») et celles obtenues en chambre anéchoïque pour la porte (voir figure IV.24). Cette étape a pour objectif de
démontrer qu’il y a peu de différence entre les données extraites « in situ » et en chambre anéchoïque et ainsi
valider notre démarche.
Après toutes ces étapes, on peut alors exprimer les pertes pour l’ensemble des matériaux mesurés lors
des campagnes de mesures précédentes sous la forme d’une équation linéaire dépendant de la fréquence. Les
différentes équations obtenues sont données dans le tableau IV.9 et ces pertes sont tracées pour l’ensemble des
matériaux étudiés sur la figure IV.25. A partir de ce graphique on note que pour les matériaux à base de bois,
IV-3.- Modélisation indoor pour les outils d’ingénierie 125
40
35
30
aggloméré (6cm)
Pertes (dB) 25
porte (4.5cm)
mur porteur (42cm)
20 verre (0.5cm)
placoplâtre (1.3cm)
parpaing (10cm)
15
10
0
2 4 6 8 10 12 14 16
Fréquence (GHz)
les pertes sont sensiblement identiques. On note aussi l’influence qu’à l’épaisseur sur la valeur des pertes. Plus
l’épaisseur d’un matériau est grande, plus ses pertes sont importantes. Ces résultats sont confirmés par [64] et
[65].
Pour bien visualiser l’impact de la fréquence sur les pertes des matériaux, on définit un environnement
caractérisé par des cloisons d’épaisseur et de nature différentes. On calcule ensuite deux couvertures à 2 GHz
et 10 GHz pour observer l’atténuation apportée par chaque cloison (voir figure IV.26) en s’affranchissant des
pertes dues à la fréquence (on retranche 20 log f pour chaque configuration). On remarque qu’il y a peu
de différence entre 2 GHz et 10 GHz sauf pour la traversée du mur porteur. On va maintenant valider cette
modélisation des pertes pour le modèle indoor multi-wall et multi-fréquences en confrontant notre modèle à
des mesures.
126 C HAPITRE IV : Application à la prévision indoor du champ électromagnétique
−30
−40
−50
−60
−70
−80
−30
−40
−50
−60
−70
−80
IV-3.2.2. Validation
60
mesures UWB
tracé de rayons
modèle Multi−Wall
70
80
Atténuation (dB)
90
100
110
4 GHz
120
2 3 4 5 6 8 10 20
Distance (m)
60
mesures UWB
tracé de rayons
modèle Multi−Wall
70
80
Atténuation (dB)
90
100
110
10 GHz
120
2 3 4 5 6 8 10 20
Distance (m)
F IG . IV.27 – Comparaison entre les mesures UWB, les simulations tracé de rayons et le modèle Multi-Wall
Pour vérifier que la modélisation statistique proposée est cohérente, on compare les prédictions obtenues
avec le modèle mutli-wall multi-fréquences avec des prédictions obtenues avec le logiciel de tracé rayon MA-
TRIX et avec une campagne de mesure UWB [61]. L’objectif étant de montrer que les informations concernant
les différentes dégradations subies par le trajet direct entre un émetteur et un récepteur sont suffisantes pour
l’estimation du champ en un point donné.
Pour les simulations avec le tracé de rayons, les propriétés diélectriques données dans le chapitre précédent
128 C HAPITRE IV : Application à la prévision indoor du champ électromagnétique
ont été utilisées. Les simulations ont été réalisées à 4, 6, 8 et 10 GHz et les résultats obtenus sont présentés
sur la figure IV.27. Pour les mesures, on utilisera la puissance moyenne reçue dans une bande de 500 MHz,
centrée sur les fréquences 4, 6, 8 et 10 GHz. Dans le tableau IV.10, on donne les différents écarts types calculés,
premièrement, entre les mesures et le modèle Multi-Wall et, deuxièmement, entre les mesures et les simulations
tracé de rayons. On remarque qu’il y a peu de variations entre une modélisation Multi-wall et une modélisation
tracé de rayons. Sur la figure IV.28, les fonctions de distribution cumulative respectives tendent à montrer que
les résultats sont légèrement améliorés pour les fréquences hautes grâce au tracé de rayons.
fréquence (GHz)
4 6 8 10
σmesure−M W (dB) 6,16 5,99 6,31 6,98
σmesure−RT (dB) 5,80 5,51 6,09 7,05
100 100
80 80
FX(x) = P(X≤x)
FX(x) = P(X≤x)
60 60
40 40
20 20
tracé de rayons tracé de rayons
4 GHz Multi−Wall 6 GHz Multi−Wall
0 0
0 5 10 15 20 25 0 5 10 15 20 25
Erreur (dB) Erreur (dB)
100 100
80 80
FX(x) = P(X≤x)
FX(x) = P(X≤x)
60 60
40 40
20 20
tracé de rayons tracé de rayons
8 GHz Multi−Wall 10 GHz Multi−Wall
0 0
0 5 10 15 20 25 0 5 10 15 20 25
Erreur (dB) Erreur (dB)
F IG . IV.28 – Fonction de distribution cumulative pour le modèle Multi-Walll et les simulations tracé de rayons
IV-3.- Modélisation indoor pour les outils d’ingénierie 129
IV-3.4. Conclusion
On a proposé dans cette partie une modélisation multi-fréquences pour les pertes de matériaux typiques du
bâtiment. Le modèle a d’abord été comparé à des mesures large bande et les valeurs d’écart-type obtenues sont
satisfaisantes. Cette représentation peut donc facilement être implantée dans les outils de planification radio.
C’est ce qui a été démontré en appliquant notre modélisation dans l’outil d’ingénierie WANDA.
IV-4. Conclusion
Ce dernier chapitre, consacré à la prévision indoor du champ électromagnétique, a permis d’analyser l’in-
fluence d’une modélisation dépendant de la fréquence pour les matériaux aussi bien pour la représentation large
bande que pour la représentation bande étroite du canal de propagation.
Dans la première partie, les résultats présentés ont montré une comparaison entre des mesures UWB et des
simulations prenant en compte les caractéristiques électromagnétiques moyennes obtenues dans le chapitre 3.
A l’aide de l’outil de tracé de rayons, on obtient des réponses fréquentielles et impulsionnelles qui donnent en
amplitude et en position les principaux trajets dans une configuration de propagation en visibilité (LOS). De
plus, les paramètres temporels et fréquentiels caractéristiques du canal de propagation obtenus sont bien retrou-
vés. Néanmoins, de moins bons résultats sont obtenus dans les configurations de propagation en non visibilité
(NLOS). Les différences peuvent s’expliquer par la complexité géométrique de l’environnement utilisé pour
les simulations. En effet, on a montré que le modèle d’environnement utilisé pour les simulations était trop
simplifié. Cette simplification peut entraîner une perte d’information assez importante. Un autre élément, qui
peut expliquer ces différents écarts, est la difficulté qu’il y a à choisir la bonne combinaison d’interactions pour
avoir à la fois des résultats suffisamment précis et un temps de simulation satisfaisant.
Dans une deuxième partie, on s’est intéressé aux modèles de prédiction d’affaiblissement de trajet. Dans
cette étude, un nouveau modèle, prenant en compte une modélisation multi-fréquences pour les pertes engen-
drées par la traversée d’un matériau, a été présenté. Ce modèle a été comparé à des mesures large bande et
les valeurs d’écart-type obtenues sont acceptables. Enfin, ce modèle a été implanté dans l’outil d’ingénierie
WANDA, ce qui a permis de montrer que l’on peut facilement implanter une telle solution dans les outils de
planifications radio.
C ONCLUSION ET PERSPECTIVES
Portées par la téléphonie, les télécommunications sans fil connaissent une croissance vertigineuse pratique-
ment partout dans le monde ces dernières années. L’engouement du public pour les commodités du sans-fil a
engendré une multitude d’offres à travers des réseaux, des terminaux et des services de toutes sortes.
Quel que soit le système de communication sans fils envisagé, les opérateurs font face à d’innombrables
problèmes techniques et économiques lors des phases de planification, de déploiement et d’optimisation des
réseaux radio mobiles. Pour y remédier, on utilise des outils d’ingénierie dédiés comme les modèles de propa-
gation d’ondes, qui, implantés dans les outils d’ingénierie, permettent aux concepteurs de réseaux radio mobiles
de déterminer les zones de couverture des stations émettrices et d’en déduire les zones d’interférences. Four-
nissant des informations indispensables à de nombreux outils employés en aval, les modèles de prédiction de
champ occupent une place privilégiée dans l’ingénierie cellulaire.
L’une des faiblesses de ces modèles est leur évolution avec la fréquence. En effet, dès que l’on souhaite
déployer un nouveau système à une nouvelle fréquence, on est obligé de disposer, soit de nouvelles mesures à
cette même fréquence pour optimiser de nouveau le modèle dans le cas d’une modélisation statistique, soit de
disposer d’informations concernant les caractéristiques de l’environnement à cette fréquence dans le cas d’une
modélisation déterministe. Dans chaque cas, une connaissance plus accrue du canal de propagation et de l’évo-
lution des mécanismes de propagation des ondes électromagnétiques est indispensable au dimensionnement
des systèmes numériques de transmission. On a donc besoin d’analyser l’évolution du canal de propagation
avec la fréquence afin d’étendre le domaine de validité des modèles existants en limitant, ainsi, le recours à de
nouvelles campagnes de mesures, mais aussi, afin d’accroître la robustesse des modèles utilisés en ingénierie.
Les travaux de recherche présentés dans cette thèse ont donc concerné la modélisation du canal de propa-
gation en multi-fréquences. Cette problématique nous a conduit à réfléchir à différentes solutions en vue du
développement de systèmes de communication sans fils bande étroite et ultra-large bande.
Tout d’abord, dans le premier chapitre, on a présenté les principaux systèmes de communication sans fil. La
large gamme de fréquences qu’ils couvrent (de 900 MHz à 10 GHz) oblige à disposer d’une base de mesures
concernant l’environnement de propagation très importantes. Dans un deuxième temps, le canal de propagation
a été décrit en détaillant ces paramètres caractéristiques. On a montré que la seule connaissance de l’affaiblisse-
ment de propagation n’était pas suffisante. La sélectivité fréquentielle (du fait de la bande des systèmes consi-
132 Conclusion et perspectives
dérés) ainsi que le fading jouent un rôle important dans l’étude des performances des réseaux sans-fil, comme
par exemple dans le calcul de la couverture radio. Enfin, un état de l’art des principaux modèles statistiques à
été réalisé. Ces modèles présentent l’inconvénient d’être souvent optimisés pour un type d’environnement et
une fréquence. Au mieux, certains modèles sont optimisés pour plusieurs fréquences mais cela induit seulement
une multiplication des coefficients du modèle par le nombre de fréquence.
Le quatrième et dernier chapitre offre une ouverture sur les différentes utilisations possibles des résultats
obtenus lors des campagnes de caractérisation de matériaux, en particulier pour la prévision indoor du champ
électromagnétique. On a cherché à analyser l’influence d’une modélisation dépendant de la fréquence pour les
matériaux aussi bien pour la représentation large bande que pour la représentation bande étroite du canal de
propagation. Dans la première partie, les résultats présentés ont montré une comparaison entre des mesures
UWB et des simulations prenant en compte les caractéristiques électromagnétiques moyennes obtenues dans
le chapitre 3. Les réponses fréquentielles et impulsionnelles obtenues donnent des résultats satisfaisant pour
Conclusion et perspectives 133
une configuration LOS. En revanche, de moins bons résultats sont obtenus dans les configurations NLOS. Ces
différences s’expliquent, d’une part, par la difficulté à choisir la bonne combinaison d’interactions pour nos
simulations et, d’autre part, par les nombreuses simplifications apportées au modèle d’environnement utilisé en
simulation. L’étude sur la modélisation d’un radiateur a permis d’expliquer l’importance qu’avait la description
de l’environnement lors de simulations. Dans une deuxième partie, on s’est intéressé aux modèles de prédiction
d’affaiblissement de parcours. Un nouveau modèle, prenant en compte une modélisation multi-fréquences pour
les pertes engendrées par la traversée d’un matériau, a été présenté. Ce modèle a été comparé à des mesures
larges bandes et les valeurs d’écart-type obtenues sont acceptables. Enfin, on a montré que l’on pouvait facile-
ment implanter une telle solution dans les outils de planifications radio.
Les perspectives de ce travail sont multiples et s’orientent dans deux directions : la caractérisation du canal
et la simulation des systèmes sans fils. En effet, nous avons abordé l’un des principaux éléments constituant un
canal de propagation, les matériaux, pour intégrer une nouvelle modélisation dans les outils de prédiction dé-
terministe et statistique du champ électromagnétique à l’intérieur des bâtiments. Néanmoins, on n’a pu valider
notre modèle que sur un nombre limité de cas en raison d’un temps de simulation important. Il conviendrait de
poursuivre l’étude avec d’autres points de mesure pour mieux se rendre compte de la fiabilité de notre modèle.
Il serait intéressant, également, de réfléchir à la manière d’intégrer la modélisation multicouches proposées pour
des matériaux ayant une structure plus complexe, comme le parpaing et surtout comment doit-on le représenter
dans l’environnement ? Ces futures études concernant la modélisation des trajets multiples et une connaissance
plus approfondie de l’effet de fréquence permettraient de répondre aux nombreuses préoccupations autour des
systèmes UWB mais aussi, pour les futurs systèmes MIMO.
C ONTRIBUTIONS
Conférences Internationales
– G. Tesserault, N. Malhouroux, P. Pajusco, "Determination of Material Characteristics for Optimizing
Wlan Radio Coverage", ECWT, Munich, 2007
– G. Tesserault, N. Malhouroux, P. Pajusco, "Multi-Frequencies Characterization of Buildings Materials :
Angular and Polarization Analysis", EUCAP, Edinbourg, 2007
– P. Pajusco, G. Tesserault, N. Malhouroux, C. Sabatier, "Novel Array Structure for Space-Time Characte-
rization of the UWB Channel", PIMRC, Cannes, 2008
Conférences Nationales
– G. Tesserault, N. Malhouroux, P. Pajusco, "Characterization of buildings materials for multi-frequency
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R ÉSUMÉ
Ces dernières années ont été le témoin d’un fort développement des systèmes de communication sans fil.
Dans ce contexte, de nombreux problèmes techniques et économiques sont apparus lors des phases de plani-
fication, de déploiement et d’optimisation des réseaux radio mobiles. Pour y remédier, les opérateurs utilisent
des outils d’ingénierie dédiés qui permettent de résoudre certains problèmes tels que le calcul de couverture,
le dimensionnement, la détermination des zones de Hand-Over, les interférences, l’affectation de fréquence,
l’optimisation antennaire, la localisation du trafic, etc. Parmi les fonctionnalités indispensables à ces outils
d’ingénierie radio mobiles figurent les modèles de prédiction de champ. Également appelés modèles de propa-
gation d’ondes, ils sont implantés dans les outils d’ingénierie et permettent aux concepteurs de réseaux radio
mobiles de déterminer les zones de couverture des stations émettrices et d’en déduire les zones d’interférences.
Fournissant des informations indispensables à de nombreux outils employés en aval et exploitant les champs
prédits, ils occupent une place privilégiée en ingénierie cellulaire.
L’objectif de cette thèse est donc de traiter la problématique de la modélisation du canal de propagation
en multi-fréquences. Une connaissance plus approfondie de l’effet de fréquence apporterait des réponses pré-
cieuses aux nombreuses préoccupations autour de l’UWB et des futurs systèmes MIMO. On s’est attaché à
traiter le problème sous différentes formes de modélisation du canal de propagation : l’aspect large bande pour
la modélisation des trajets multiples et bandes étroites pour la prévision du champ. Pour cela, deux campagnes
de mesures sur des matériaux typiques du bâtiment ont été conçues et réalisées en configuration "in situ" et en
chambre anéchoïque. A l’aide de ces mesures, une nouvelle représentation pour les paramètres diélectriques a
été proposée et intégrée dans des outils d’ingénierie. Les résultats obtenus à l’aide ces outils ont été confron-
tées aux résultats d’une campagne de mesure UWB. Ils ont permis, ainsi, d’étendre le domaine de validité des
modèles existants en limitant, ainsi, le recours à de nouvelles campagnes de mesure et ils ont aussi permis
d’accroître la robustesse des modèles utilisés dans l’ingénierie.
A BSTRACT
Many technical and economical problems have appeared during the planning, deployment and optimization
of mobile radio networks. To remedy this, the operators use engineering tools. Among the prerequisites for
these engineering tools, field prediction models are probably the most important one. Introduced in engineering
tools, they enable wireless networks designers to determine coverage areas of transmitters and to deduct the
interference areas. The aim of this thesis is to explore the multi-frequency modelization of the propagation
channel. A better insight into the frequency effect would provide valuable answers to the many concerns about
UWB and MIMO future systems. The problem was treated for the different representation of propagation
channel : the multipath modeling for wide band models and the prediction of field for narrow band models.
Two measurement campaigns on typical building materials was designed and carried out "in situ" and inside
an anechoic chamber. With the help of these measurements, a new representation for the dielectric parameters
was proposed and integrated into engineering tools. The obtained results using these tools were confronted
with results of an UWB measurement campaign. They allowed the extension of the validity domain of existing
models by limiting the use of new measurement campaigns, and also they helped to increase the robustness of
the models used in engineering.