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L'épigraphie latine
Marcel Le Glay
Le Glay Marcel. L'épigraphie latine. In: Comptes rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 132ᵉ
année, N. 3, 1988. pp. 623-628;
doi : https://doi.org/10.3406/crai.1988.14650
https://www.persee.fr/doc/crai_0065-0536_1988_num_132_3_14650
prise en mains par Alfred Merlin, aidé pendant plusieurs années par
Jean Gagé.
Entre-temps aussi l'épigraphie latine était entrée dans une nouvelle
ère, celle des Corpus nationaux et locaux, caractérisée aussi par un
foisonnement des publications savantes (qui rendait YAE d'autant
plus indispensable) et par un affînement des méthodes. Comme pour
le monde grec, la multiplicité des découvertes se trouvait liée au
développement des grands chantiers de fouilles. Et en épigraphie
latine aussi se trouvait constituée une école épigraphique dominée
par de hautes figures, qui — notons-le — ne furent jamais de
purs épigraphistes, mais en même temps des archéologues et des
historiens. Qu'il s'agisse d'Alfred Merlin, directeur des Antiquités
de Tunisie, puis conservateur en chef des Antiquités grecques et
romaines au Musée du Louvre, avant de devenir Secrétaire perpétuel
de votre Académie ; de S. Gsell, dont l'œuvre immense accomplie à
Alger, puis au Collège de France, couvre toute l'archéologie et toute
l'histoire ancienne de l'Afrique du Nord ; de L. Châtelain, qui s'est
consacré au Maroc ; puis à la génération suivante d'E. Albertini
et de J. Carcopino, dont le souvenir est inséparable de l'histoire des
saltus vus à partir d'Aïn el-Djemala et de l'histoire du Maroc
romain ; d'A. Piganiol, aussi attaché à commenter les inscriptions
de Minturnes et d'Ammaedara que les Cadastres d'Orange ; d'A.
Grenier qui s'est intéressé aux inscriptions d'Afrique avant de lancer
les Fastes de la province de Narbonnaise (achevés plus tard par
H. G. Pflaum) ; qu'il s'agisse enfin de leurs élèves, L. Leschi, R. Thou-
venot, P. Wuilleumier, W. Seston, qui a commenté, il n'y a pas si
longtemps, la Table de Banasa, découverte et lue par M. Euzennat,
on constate d'abord que le terrain de recherches privilégié a été
pour tous l'Afrique du Nord. Sans que pour autant aient été négligées
d'autres contrées : les Gaules, la péninsule Ibérique à laquelle
s'attache le nom de P. Paris, le Proche-Orient et l'Egypte. Mais ce
qui frappe surtout dans ce foisonnement de fortes personnalités
et de publications, c'est le perfectionnement des méthodes. D'abord
le souci de présenter ou d'encourager la présentation de Recueils
de plus en plus élaborés et assortis de commentaires des textes.
Ensuite la préoccupation constante de faire parler les documents,
aussi bien les monuments épigraphiques que les textes, de leur faire
dire, même si ces derniers ne sont qu'une « littérature de rue »,
tout ce qu'ils recèlent pour l'histoire d'une ville, d'une région, d'une
province, pour l'histoire de l'homme, de ses activités et de ses
croyances, pour l'exposé d'une idéologie dont ils sont les Bild-
programme. C'est enfin leur large ouverture aux techniques
nouvelles, notamment à la photographie, qui progressivement a remplacé
le dessin, le fac-similé accusé d'imperfection et de subjectivité.
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