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Mémoire sur les pierres

composées et sur les roches,


par le commandeur Déodat
de Dolomieu

Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France


quienrichiiTent lacollection du lithologiste,
de
i l n'existe communément
dans leur composition que quatre espèces terres auxquelles
vient (e
joindre le fer ou la terre qui le produit (i). Ces terres que l'on nomme
élémentaires, parce qu'elles ne peuvent subir aucune autre Amplification
qu'elles ne fonr susceptibles d'aucune décornpofition ni transmutation des
,
unes dans les alltre, font la terre calcaire ou la chaux, la terre nuriatique
ou la magnélie, la teiroargileufc ou alumineuse, la terre fiiicée ou
quartzenfe (2). Quelqu'imposante que foit l'auroriré de plusieurs hommes
illustres qui ont assigné différens âges à ces rerres, & qui ont cru qu'elles
pouvoient le réduire à une ielllt: dont les autres ne feroient qu'une modi-
fication, nous ne pouvons Jouterqueces terres n'aient existéensemble
à la plus ancienne époque dont la surface du globe nous fournisse l'idée.
Tous les phénomènes qui ont fait croire à leur transmutation ne font
qu'illusoires (3),& la terre fiiicée n'a sur les autres que le leul avantage
d'être entrée en plus grande abondance dans les premières combi.
naifons.

(*) Extrait du Journal de Physique du mois de Novembre 1751.

,
(1) Dans le cours de ce Mémoire je ne considereraijamais le fer fous le rapport
de ses propriétés métalliques,mais comme une simple terre susceptibledes mêmes
genres de combinaisons que les autres terres élémentaires.

, ,
g (z)Jefais bien qu'il existe d'autres terres auxquelles on donne encore la qualifi-
cation d'élémentaires, telle que la terre pesante, celle du jargon &c. Mais elles
jouent un si petit rôle dans la nature elles entrent si rarement dans la composition
des pierres dont je vais parler, que je n'ai pas besoin de les prendre en considération
je pourroismême dire qu'elles ne concourent jamais à la formation des pierres d'une
;
époque très-ancienne. M. Kirwan s'estsûrement trompé quand il a cru reconnoitre la
terre pesante dans le feld-spathdes granits. Aucune autre ; :
analysè ne l'y a découverte
d'ailleurs, je ne doute pas que ces terres nouvelles ne soient métalliques la manga-
nèse & le volfram dont les chaux ont une pesanteur spécifique à-peu-près semblable
à celle des terres pesantes & du jargon feroient'aussi placés parmi les terres élémentaires
si leur réduction moins facile
eûtlaissé ignorer pendant plus long-tems qu'ils
appartiennent aux Cubilances métalliques.
(?") Ceux qui ont cru que la terre filicée Ce change en argile, parce qu'ils ont vu
Des quatre terres primitives, la filicee est la feule que la nature
paroît nous préfenrer dans un état de pureté & de fimpliciré absolues, &
qui sans le concours d'aucune autre substance puisse former une aggrégation
solide; car le cristal de roche blanc transparent est jusqu'àprésent la feule
pierre qui se foit refusée à toute division analytique; encore est-il rare
de le trouver dans cet état de pureté parfaite. Je soupçonne cependant
qu'iln'est pas exempt de toure combinaison puitqu'ildécrépite forrement
,
lorsqu'il est exposé au feu très-adlif de l'air viral. Il y fond aulîï en
globules remplis de bulles, ce qui annonce le dégagement d'un fluide
élastique qui y étoit combiné. Dans le spath calcaire rranfparent rhom-
boïdal,il n'y 'a également que la feule terre de chaux, mais elle est
combinée avec une quantité d'air&d'eau à-peu-près égale à son poids
& elle ne peut s'en séparer sans perdre sa consistancepierreuse. Les terres
argileuses & muriatiques n'ont jamais été rrouvées pures.
Le mêlange de quatre ou cinq terres prises deux à deux ou réunies en
plus grand nombre, ne fourniroienr pas beaucoup de combinaisons
possibles, ne donneroient pas une grande multitude de variétés, quand
mêmeoncalculeroitcequ'en pourroienr produire les différentes proportions

,
danslesquelles chacune d'elles peut entrer dans une aggréganon. Mais la
nature supplée à cette fimpliciré de moyens & augmente de différentes
manières les ressourcesd'un aussi petit nombre de matériaux. 1°. Les rerres
élémentaires peuvent s'allier avec plusieurs substances qui n'appartiennent
pas exclusivement au règne minéral, telles que l'eau, differens fluides
élastiques aériformes, quelques substances inflammables (i) &c. ÔC
lorsqu'etlesse réunissent pour former descombinaisons, elles peuvent
,
retenir, ou elles doivent abandonner ces substances qui modifient
singulièrement leur manière d'être. 2°. Ces terres font fufcepribles de
contraéter entr'elles des alliances de plus d'un genre. Elles peuvenr être

;:
Amplement mêlangées en particules plus ou moins comminues, & réunies
par le seul esser du contact une d'elles peut servir de pâte dans laquelle
les autres feront enveloppées ou bien elles s'incorporerontles unes dans
les autres, & se pénétreront mutuellement, de manière à perdre leurs
propriétés particulières & à changer leur pesanteur spécifique. 30. Deux

,
ou trois de ces terres & même toutes ensemble peuvent êrre dans cet état
de combinaison intime avec les proportions exadtes qu'exige ce genre

des silex prendre une apparence argîleuse par la décomposition(pontanée, ou par


l'altération qu'y produisent les exhalaifors de l'acide sulfureux volatil, font tombés
dans une erreur semblable à celle d'un homme qui s'imagineroit opérer la transmu-
tation de l'argile en terre filicée parce que l'argile, entrant dans la composition de
,
quelques verres tranfparfns, y prend l'apparence d'un cristal de roche.
(1) Je ne faispas mention icides acides minéraux, parce que je ne parlerai pal
des pierres à la formationdesquelles ils concourent.
d'union chimique ; ou quelques-unes feront en quantité surabondante,
leurliaison & nuit à la perfection du composé ou bien
ce qui affoiblit ;
encore, une d'elles fera fimplemenc
,
mêlangée & en quelque
étrangère à la combinaison exade des autres au milieu delquelles elle
restera suspendue, ou renfermée, &c. &c. Ces différentes modifications
forte

dans le mélange & dans l'aggrégation des terres élémentaires peuvent


varier à l'infini, & multiplier chaque jour les richesses de la Lithologie.
Mais au milieu de cette immense variété de productions, je crois apper-
cevoir des espèces de loix auxquelles il semble que la nature se foit
asservie, & qui posent des limites aux combinaisons qu'elle permet. Je
vais présenter un fil qui me paroît conduire dans ce labyrinthe obscur.
Les terres élémentaires ont entr'elles différentes affinités simples,
composées, éledives; & c'est au jeu plusou moins libre de ces affinités,
c'est au genre d'attraction qui choific & rejette parmi les substances
présentes à une combinaison c'est aux circonstances plus ou moins
,
favorables à ces pénétrations mutuelles, que j'attribue la formation de
la plupart des pierres & des roches. Cet énoncé ouvre un vaste champ
d'observations neuves & délicates. J'y cherche quelque sentier qui conduise
à des vérités nouvelles, & je demande qu'on ne confidère cet essai que
comme les pas chancelans d'un homme qui hasarde de pénétrer dans
un pays inconnu à la lueur de quelques étoiles.
M.Kirwan est, à ce que je crois, le premier & même le seul
minéralogiste qui ait jette un coup-d'œil sur le phénomène des affinités

:
que les différentes terres ont entr'elles, ou sur la faculté qui les appelle
de préférence à contracter entr'elles une union chimique encore cet
habile chimiste n'a-r-il voulu le considérer que fous son rapport le
moins étendu & le moins intéressant, puirqu'il s'est borné à quelquesobfer-
vations sur la propriété qu'ont plusieurs terres de servir de fondant aux
autres,& à remarquer qu'il est des mélanges qui augmentent cette
faculté ou qui la donnent à celles qui ne l'ont pas naturellement.
Sûrement le feu est un menstrue qui peut mettre les terres en état
;
d'exercer entr'elles quelques-unes de leurs propriétés chimiques mais

,
si à plusieurségards il agit comme l'eau, qui tenant différens fels en
solution leur permet des échanges réciproques des alliances nouvelles ,
,
il en diffère essentiellement fous d'autres rapports, puifqu'il a l'incon-
vénient dedissiper les fluides élastiques, de consommer & de détruire
les substances inflammables souvent nécessaires pour faire contrarier

; ,
certaines unions qui sans elles ne peuvent s'opérer. D'ailleurs les effets
du feu font toujours trop instantanés

,
comme véhicule il n'èft jamais
assez abondant, il ne met pas assez d'intervalle entre les molécules
qu'il divise, il se dissipe troD précipitamment & le passage de la
fluidité qu'il donne à la solidité, qu'il laisse lorsqu'il s'échappe, est
trop subit, pour que les molécules prennent ensemble l'arrangemenc
qui leur convient le mieux. Elles doivent donc toujours rester dans
,
un état de détordre & de confusion qui nuit à la pesanteur & à la
dureté que le composé pourroir prendre s'il y avoit une dégradation
presque insensible dans la fluidité produite par la chaleur, comme il
y en a une dans celle qui dépend de l'eau.Voilà ce qui établira tou-
jours la grande supériorité des produits de la voie humide sur ceux
de la voie fcche : voilà pourquoi des verres factices, composés des mêmes
matières qui constituent les gemmes, n'en auront jamais ni la dureté

traniparenres ,
ni la pesanteur spécifique. C'est pour la même raison que plusieurs pierres
refroidies promptement après avoir été fortement

,
it ;
chauffées, sans cepérdanr que la dilatation arrive jusqu'à leur donner
de la mollesse ou de la fluidité deviennent opaques les molécules
qui ont éré un peu fépatél's, ne peuvtnr pas prendre exacter l'nt kurs
,
placer, & la lumière ne peur plus traverser la malle comme auparavant.
La voie sèche est donc infuflilanre pour connoître les affinités que

,
les différences terres ont entr'elles; les expériences faites par le feu
font incomplerres; leurs résultats font équivoques incertains & trop
dépendans de l'intensité de la chaleur dont nous ne pouvons jamais
avoir la mesure exacte. Plus même nous augmentons l'aaion de cet
agenr, plus nous nous éloignons des travaux de la nature par l'adion
de l'eau, puisque nous expulsons des fluides élastiques qui font des
parties eiîentielles des composées ( 1 ). Cependant ce genre dé procédés
est plus à notre portée que ceux de la voie humide; nous avons
encore moins de moyens par ceux-ci d'imirer la nature; il nous

(i) Le feu, capable de ramollir le rubis & les autres gemmes

,
, les dénature par
cela même qu'il en fait sortirdesglobules d'air qui se montrent dans l'intérieur du
nouveau verre & qui étoient essëntiellesau composé pour le constituer ce qu'il étoit,
f
&pour ui assurer ses propriétés. Ce n'el donc pas par l'insuffisabce de l'aéhvité du feu de

,
nos fourneaux que nous ne pouvons pas produire des verres qui refïembient aux pierres
;
,
précieuses, comme quelques personnes l'ont prétendu mais parce qu'il n'y a que les
mêmes moyens qui donnent exactement les mêmes résultats là nature n'a point
employé le feu à la production des gemmes elles ont admis dans leur composition
des fubhances que le feu auroit fait fuir, & ce font ces fubllances qui leur donnent
& leur dureté & leur pesanteur. Une espèce de préjugé fait regarder l'air & l'eau
comme inséparables de leur. principalespropriétés , la légèreté& la fluidité; & on ea
toujours tenté de croire qu'ils doivent ttanfmettre ces qualités à tous les composés

,
dans lesquels ils interviennent en grande quantité. On voit, par eXtmple, 1'. au
communiquer si fluidité à une mafle d'argile à un tas de fable, & l'idée de la
mobilisé & du peu de cohésion de Ces molécules fuit par-to\,t celle de Ion exiflence.
Cependant l'air, l'eau & les autres fluides, bien loin dé relâcher l'adhésion des
corps, ront les causes de la Colidité de la plupart des substances du règne minéral
presque t,)utes perdent une partie de leur dureté par la foustracton de cesfluides,
;
;;
plusieursmeme ne (vuroient ctre concrètes sans eux la pierre calcaire cePe d'être un
le
corps Colide lorcqu'elle est privée d'air & d'eau la zéolite, les sélénites réduisent
en poudre lorsque leur eau se dissipe. La pesanteur spécifique de la chaux pure est
manque un dissolvant commun de toutes les terres, sans lequel noua
ne pouvons les présenter les unes aux autres dans des circonstances qui
leur permettent d'obéir à de nouvelles tendances, de concracter de
nouvelles unions au moment où elles rompent les anciennes
pouvons en un mor placer leurs molécules dans la sphère
;
nous ne
d'activité

mène inabordable pour nous ,


les ureï des autres. La loi des affinités des terres feroit donc un phéno-
si nous n'avions pas les résultats du
travail de la nature qui peuvent éclairer nos recherches, & si nous
ne dirigions pas nos observations sur des produits qui, quoique opérés
loin de nous & étrangers à nos moyens, doivent répandre des lumières
sur la qudtlolJ que je rraire. Ceur donc dans les pierres elles-mêmes

,
que je chercherai les causes de leur formation, de leurs principales pro-
priétés & les ioix qui y ontprésidé.
Il n'est plus possible de douter que les matières qui conftiruent les
montagnes primitives n'aient été dans un fat de mollesse & mênie de flui-
dité qui permetroir ce jeu des affinités chirniquts, sur lequel je desire fixer
l'attention des naturalises. Certe fluidité appartenoit sûrement à une
espèce de dillolution qui ilolant chaque molécule, permettoit le libre
,
rapprochement & la combinaison de celles qui avoient des rapports
enrr'clles. Les plus cé!èbres natural ises admetrent maintenant cet état
de dillolution pour toutes les roches dort la formation remonte aux
premièresépoques denotre globe; la feule infpe&ion de leurfiruéture

j
intérieure l'indique, mille faits l'attellent, mais rien ne nous faitcon-
noîtie le genre de dillolvant qui les pénétrait il paroîtfeulement
qu'il avoir pour véhicul e le fluide aqueux. Je dis que l'eau étoit simple-
ment le véhicule de ce dilToJvanr , sans l'être elle-même; car ceux qui
ont voulu attribuer à ce fluide le rôleprincipal dans cette aétion, ou
même n'y faire intervenir que lui seul, n'ont pas réfléchi que sa qualité
dissolvante est rrès-taible, & qu'elle ne sauroit être considérablement

:
augmermic par une chaleur qui ne pourroit surpasser celle de l'ébullirion

,
sans la réduire en vapeurs. Mais je dis plus à quelque degré que l'on
exagère l'action de l'eau sur les terres supposât-on même qu'elle fût
équivalente à celle qu'elle exerce sur les fels les plus solubles, elle ne
pourroit pas suffire pour s'emparer enmême-tems de toutes lesmatières
qui ont été dilToutes à la même époque. Nos montagnes fussent-elles
uniquement de sel marin, la toraliré de l'élément aqueux ne suffiroit
pas pour les rendre fluides. Quel étoit donc ce dissolvant dont
l'activité & l'abondcince étoient telles qu'il a pu attaquer fimultanémenr

1.100: celle de la chaux combinée avec l'air & l'eau est 1700 ; pendant que cette

i
même chaux combinéeavecl'acidevitrioliquequi a une gravité double de celle de
seau, conferve sa pesanteur spécifique elle efl également de 1300 dans les Célénites.
, ,
toutes les matières qui forment l'écorce de notre globe dans une épaifTeuf
quisurpasse peut-être six mille cosses, 8c qui, uni avec elles leur faifoic
acquérir une telle solubilité dans l'eau qu'elle surpassoit beaucoup celle
des tels qui jouissent de cette qualité au degré le plus éminent car
le véhicule n'arrivoit peut-être pas à faire le quart de la masse à laquelle
?
il communiquoit sa fluidité, puisque non-seulement les roches qui cons-

,
tituent les montagnes primitives, telles que les granités, les porpbires ,
roches feuilletées & autres mais encore toutes les pierres des montagnes
secondaires, tertiaires, enfin de toutes celles qui leur fiiccèdent relati-
vement à l'âge & à la position, ont dû être didoures à la même

, ,
époque. Toutes les matières qui n'auroient pas appartenu à cette disso-
lution, ou qui n'y auroient pas surnagé auroient été enfevellesfous
les premiers dépôts & s'y feroient soustraites pour jamais a toute adtion
de causes extérieures ( 1). Et ce dissolvant, qu'est-il devenu
des questions auxquelles on ne peut répondre que par des conjectures ;
Voilà ?
,
& lorsqu'on entre dans l'empire obscur des hypothèses chacun peuc

, ,
y prendre une route différente, & y pénétrer d'autant plus loin &
plus sûrement que le fil des probabilités par lequel il Ce biffera
conduire, fera & plus long & plus fort. Souvent plusieurs personnes
parcourant cet espace immense s'y rencontreront, quoiqu'ayant tenu
des chemins différens. C'est ainsi que mes idées coïncident avec
quelques idées de M. de Luc, & je fuis entraîné par les plus
fortes raisons à admettre l'existence d'un fluide qui donnoit à l'eau la
faculté de diviser toutes les molécules terrefires, lesquelles n'ont repris
leur tendance mutuelle qu'au moment de sa dissipation car, parmi les
acides que nous connoissons, il n'yen a poinr qui puisse jouer un
;
:
tel rôle le vitriolique, quoique le plus aétif de tous, ne diJTout point

(r) Jeprendrai dans un très-petit fait une comparaisôn qui rendra mes idées plus
claires. Une pierre calcaire plongée dans un acide vitriolique qui ne feroit pas allez
délayé pour tenir en [olution le gypse qui doit Ce former juCqu'à ce qu'elle foit
complettement dissoute,feroit bientôt couverte d'une croûte de ce gypse qui la
soustrairoit à toute aftion subséquente de J'acide. Car ceux qui ont [uppofé une
succession alternative de dissolution & de précipitation n'ont pas assez réfléchi une idée

, ;
qu'ils n'admettent qu'afin de suppléer à la foiblesse du dissolvant qu'ils font intervenir
car si après une première précipitation ils ne déplacent pas le dissolvant en lui
rendant son adivité pour l'envoyer ailleurs (è charger de nouvelles matières, qu'il
reviendra placer sur les premières, si à chaque retour le dissolvant ne perd pas son

,
adion pour recommencer continuellement ce jeu alternatif de dissolution & de préci-
pitation l'effet qu'ils supposent ne peut avoir lieu i & il faut encore que ces

;
matières que va prendre le dissolvant se trouvent déjà dans un ordre successif inverle
de celui ou il les vient placer ce qui renouvelle les mêmes difficultés pour le
premier arrangement, & ce qui produit un cercle vicieux par lequel on ne fait que
placer dessous ce qui étoit dessu-s.
, ;
le quartz, il rend plus insoluble encore la chaux à laquelle il s'unit &
son existence, non plus que celled'aucun autre acide minéral ne parOlt
dans aucune des combinaisons de ces premiers âges du monde où ils

,
auroient pu être admis & rester attachés. L'acide méphitique seul se
montre déjà abondamment;mais loin de lui attribuer la difïblution des
différentes terres, je lui refuiemême celle de la terre calcaire qu'il
n'attaque que foiblement, & loin d'être l'agent de cette grande opé-
ration que quelques savans lui attribuent , il me paroît qu'il a plutôt
contribué à la taire cesser, & que sa piéfence a fait fuir dans l'atroof-
phère une aurre substance aériforme qu'il fera venu remplacer.
Mais est-il bien certain que nous ne pourrions pas retrouver quelques
indices de ce dilTolvant universèl qui attaquoit la terre filicée comme
toutes les autres? Ne pourroit-on, sans le vouer à un extrême ridicule,
le chercher dans une modification de la lumière ou du feu combiné,
presque semblable à cell e que nos chimistes modernes ont mis dans
dans un grand dtfcrédit, & que Stahl & nos anciens avoient nommé
plus semblable encore à ce causticum, à cet acïdumpingue
phlogistique,
de
Mayer d'Osnabruck? Seroit-il impossible qu'une des modifications
),
de cet élément ( qui en admet beaucoup
,
s'unifiant à l'eau avec une
grande lurabondance, ou plutôt associé à toutes les terres les rendît
solubles? Si, à l'exemple de Mayer, je suppose dans la chaux vive
une substance qui y remplace l'air fixe, & Il c'est à elle que je puis
attribuer l'effet de la rendre dilToluble dans l'eau, il me fera peut-être
possible, en la reprenant à cette combinaison de prouver qu'elle

, ,
exerce un tffet semblable sur les autres terres,même sur cette terre
filicée qui résiste à tous nos acides & à laquelle on a vainement cherché
un dissolvant. Je pourrois peur-êrre même démontrer que cette substance
existe encore dans le fein de nos montagnes, qu'elle y est combinée

;
avec plusieurs corps dont elle peut se séparer dans quelques circons-
tances pour se porter sur la terre filicée qu'alors elle lui donne la
faculté de se dissoudre & d'être emportée par l'eau, & qu'elle l'accom-
pagne jusques dans les cavités où se forment les criftallifarions quairzeufes.
,
Lorsque la chaux vive se vivifie, c'est-à-dire,au moment qu'elle
teprend l'air qui la constitue pierre calcaire elle y exerce une aébon
iur les fables quartzeux qui y font mélangés, elle y adhère fortement,
parce qu'elle y produit une petite corrosion très-vilible au microscope
,
sur les faces polies des cristaux de quartz qui y font introduits. Les
alkalis caustiques dissolvent par la voie humide ou plutôt rendent
idiffoluble une allez grande quantité de terre filicée, sur laquelle ils
n'ont point d'action, lorsqu'ils font aérés. Le fer qui le rouille sur du
:cristal de roche s'y attacltf fortemenr, s'y incorpore en quelque forte
jaar une corrosion quelquefois très-conndérable. J'ai vu des cristaux
de rochequis'etoient caxiés à plus d'un pouce de profondeur, au
milieu des chaux de fer qui s'étoient formées sur eux. Lorsque le fer
est partie constituante d' une pierre, & qu'il
en état demi-métallique

quente ,
y pasle à i'état
de chaux par une espèce de décompolîtion assez fré-
les fentes & les cavités de cette pierre se remphlfent de cristaux
de quartz, parce que l'eau qui s'infiltre peut alors se charger de la terre
filicée sur laquelle elle n'avait auparavant aucune action ( 1). Voili
:
donc un rapport d'action entre la chaux vive & le fer l'un & l'autre
en admettant l'air semblent donc restituer une substance quelconque
l'acide vitriolique sulfureux ,
qui agit sur la terre liJicée, & qui la rend soluble. Les vapeurs de
ou le gaz acide sulfureux ,
produifenc
encore un effet presque semblable qui n'appartient pas à l'acide virrio-
lique ordinaire, car, lorsqu'elles ont attaqué & altéré des pierres
qui contiennent la terre filicée, cette terre devient plusdissoluble dans
l'eau, elle est plus susceptible-d'entrerdans de nouvelles combinaisons

comme le dit Bergmann ,


où eliecristallise. Enfin les calcédoines, qui se forment autour des eaux
jailliifanres de Geyfler en Islande, étoient dissoutes dans l'eau, non pas
parce que l'eau dont la chaleur surpasse
;
le degré d'ébullition peur en dissoudre beaucoup, ce qui ne se vérifie
la machine de Papin & d'ailleurs une eau qui n'en: pas
pas dans
exactement renfermée ne peur pas surpasser cette chaleur sans se réduire
en vapeurs, & ici c'efi l'eau elle-même qui jaillit, sans paffer à l'état
aériforme. Ce n'est donc pas le feu donnant de la chaleur à l'eau par son
interposition momentanée entre ses molécules, mais c'est le feu com-
biné d'une manière particulière ou avec l'eau, ou avec le quartz dans
les fournaises de l'Ekla, qui rend possible la dlÍfolution de la terre
filicée : elle se précipite au contaft de l'air atmosphérique de la même
manière que la terre calcaire se précipite d'une eau où elle étoit dissoute
,
par le moyen de l'air hépatique au moment où celui-ci s'échappe (2).
La formation des albâtres calcaires a de grands rapports avec celle
des calcédoines; l'une & l'autre font le produit d'une précipitation,
& il y a peut-être les mêmes relations entre les agens de leurs disso-
lutions. Je ne doute pas qu'une modification du feu combiné n'opère

(i) Jene doute pas qu'on ne parvînt à obtenir de petits cristaux de roche pat
un mêlange de limaille de fer & de fable quartzeux que l'on humederoit de tems
en tems. Ma vie errante & toutes les circonstancesqui l'ont agitée m'ont empêché
de faire cette expérience,que je.projette depuis long-tems, & dont je crois pouvoir
;
promettre le fiiccès à ceux qui voudront la tenter elle feroit hâtée par une eau
gazeusè qui mettroit d'autant plutôt le fer en état de chaux.
(z) Cette incrustation calcédonieufe qui se forme abondamment autour du Geyflec
à
en Mande, dont la furfacc mammelonte ressemblequelquefois deschoux-fleurs,
Cr
Bergman )
dontl'intérieur ejl compose'de petites couches
, a
parallèles ondulées ( rayer.
les- plus. grands rapports de forme & de structure intérieure avec ces
incpuQatians, calcaires qui Ce font aux bains de Saint-Philippe en Tolèane, par la
difupation de l'air hépatique quifacilitoltladissolution de la terre calcaire,
AU
sur le quartz ce que le gaz hépatique produit sur la terre calcaire je
crois que c'est à ce genre de phlogistique que nous devons encore les
;
cristallisations de la terre filicée, & il me paroît presque évidentqi e
cette substance unie à l'eau a pu opérer la dissolution de tourts
les terres dans un menstruetrès-peu délayé. L'eau elle-même n"estpis
un être ÍÎmple, elle est composée de différens fluides aériformes. Si
,
l'un de ces fluides étoit appelé à une autre combinaison, si l'eau de
se réduisoit à ses élémens, alors tous les fels

;
la mer, par exemple ,
toutes les terres & la matière grasse qui y font encore en dissolution,
se précipiteroient dans un ordre quelconque & jusqu'à ce que la
réunion des élémens de l'eau se reproduisît, il n'exifleroit plus de diflolvanc
pour les fels que dans les pierres qui auroient retenu l'eau comme une
de leurs parties confiituantes. Ainli, il a pu arriver à cette substance
phlogistique, qui faisoit de l'eau le dissolvant général des terres, ÔC
qui en se dissîpant n'a laissé qu'unfluide inactif sur la plupart d'entr'elles.
Quel qu'ait pu être ce dissolvant, c'est avec M. de Saussure & M.
de Luc que j'admets la précipitation comme première cause de la
formation & de la consolidation des plus anciens matériaux de nos
montagnes; précipitation dont les effets me paroissentressèmbler à
ceux qui arriveroient dans l'eau bouillante qui feroit saturéededifférens
;
fels à mesure que par la dissipation de la chaleur l'eau perdroit de
sa capacité pour retenir ces fels,ils se précipiteroienten formant des couches
où chacun d'eux domineroit alternativement, felon qu'ils exigent moins de
chaleur pour être tenus en dissolution. Les quatre terres élémentaires &
le fer préexiftoient, ou plutôt exifloient ensemble dans ce fluide qui étoit
combiné avec toures les matières qui font sur la surface du globe la ;
,
précipitation s'est faite assèz lentement, puifqu'elle a pu être soumise
à certain ordre & qu'elle a formé une successîon de couches où chacune
des terres domine successivement, & dont l'arrangement se trouve relatif
avec le degré de dissolubilité que ces terres présentent encore main-
tenant. La terre filicée a donc été la première à laquelle le diflolvanc
éré suivie par la terre argilleufe ,
ait manqué. & elle a précédé les autres dans la précipitation; elle a
ensuite par la terre muriatique
temporainement à toutes deux la terre ferrugineuse, & enfin la terre
com- ,
calcaire. Mais de la même manière que dans la précipitation successîve
de plusieurs fels contenus dans la même eau, le dépôt de chacun
d'eux n'eil jamais pur ( i ), qu'il participe un peu des autres fels ,
sur-tout de celui qui fuit dans l'ordre de précipitation ; de même les
différentes terres ont entraîné avec elles quelques particules de toutes
les autres, sur-tout de celles qui, après ,elles, adhéroient le moins

(t) Il faut quatredissolutions & précipitations fucceflrres pour purifier le nitre &
Je purger du fei maria & asuies feis qu'il ectraîae dans Capremière criftallifaûon.
au :
fluide ainsi je puis encore diviser chaque période de la prédpitajort
terrestre en quatre tems ou quatre espèces de dépôt, que m'indique
1. disposition des matières dans les montagnes primitives.
Précipitationsiliceuse.
Premier dépôt dans lequel la terre filicée est aussi pure qu'elle pouvoir
l'être en se précipitant d'un mélange où le didolvant commence à
mmquer; dans le moment ou elle lui échappe) elle a une grande
:t
ap itude à la combinaison & s'associe aux terres qui cèdent le plus
aisément, elle en entraîne donc quelques porrionsavec elle ainsi la
terre filicée a fait les sept huitièmes de ce premierdépôt, don l'autre
huitième étoit formé par un peu d'argille, moins de terre muriarique,
très-peu de fer & infiniment peu de calcaire. Telle est la composition

:
des feld-spath les plus purs dans les granités.
Second dépôt la pureté de la ferre filicée s'y altère davantage,

:: ,
elle forme feulement les six huitièmes de la maÍfe, & la terre argilleufe,
qui lui succède dans l'ordre de précipitation y intervient pour plus'
d'un huitième le reste appartient aux autres terres.
Trolfième dépôt la terre filicéeyest: pour cinq huitièmes, la terre

:
argilleufe pour deux, & les autres terres pour un.
Quatrième dépôt la terre filicée en fait les quatre huitièmes, la
terre argilleufe moins de trois, & le reste appartient aux autres.
;
En parlant de ces dépôts successifs, je ne prétends pas que chacun
eux forme des couches disi:inéles ainsi divisées je n'aJ d'autre objet
que d'indiquer par quelle gradation les terres ont pu se mélanger.
Toutes ces différentes proportions de terre filicée ont pu former des
granites différemment composés ainsi que je le dirai plus bas.
,
Précipitationargileuse.
:
Premier dépôt la terre filicée qui manque graduellement n'exifie plus
que pour les trois huitièmes, la terre argileuse y est également pour trois
huitièmes, & les deux autres font pour les trois terres reliantes dont le fer

la maflè; la
:
fait la majeure partie.
Second dépôt la terre argileuse y augmente jusqu'à faire la moitié de
terre filicée diminue, la terre ferrugineuse intervient en
majeure quantité, ensuite la terre muriatique & la calcaire.
Jene suivrai pas plusloin ce travail de la précipitation,&quoiquelorfque
en esquisse le tableau, je ne prétende pas à une exactitude rigoureuse,
foit dans les proportions, foit dans l'ordre de succession cependant je
,
;
pourrai prouver que l'arrangement des roches dans les montagnes primi-
tives répond en général à cet ordre que quelques anomalies qui s'y
trouvent doivent dépendre de circonstances particulières; il a pu se faire,
par exemple, que le calcaire se trouvant dans une occasîonqui fayorifoic
son union avec l'air fixe, avant que le dépôt siliceux ne fût terminé se
précipitât en même tems que lui, ce qui a produit, au milieu des bancs
,
de granités & de roches fchifieutès, ces couches calcaires micacées qui
semblent y être placéés pour détruire l'assertion de ceux qui ont voulu
attribuer tout le calcaire aux débris des corpsorganisés (i). D'ailleur,
le fluidedans lequel se faisoit ce travail n'éroit pas dans un état de (lagnatioti
absolue ; ces brèches finguliètes que M. de SauflTure a trouvées dans les

,
montagnes primitives annoncent une agitation. Peut-être déjà exifioit-il
de fortes marées malgré la densité d'un flaide qui portoit avec lui autant
dematières terrestres, qui devoir résister plus que nos mersartuelles
aux influences des corps planétaires. Ce mouvement pouvoir déplacer
dans quelques endroits le fluide avant qu'il eût terminé son dépôt silicé
& y porter celui qui en étoit déjà à son dépôt calcaire, &y ramener enfuire
,
le premier, qui terminoit sur le marbre sa précipitation filicée. Je dois
encore faire remarquer que les terres argileuses, ferrugineuses & muria-
tiques étant beaucoup moins abondantes que les autres, la période de leur
précipitation a dû être plus courte, & elles n'ont pu former des dépôts
aussi diftinéts & aussi purs que ceux de la terre filicée & de la terre calcaire.
C'est en obtenant la convidion de l'ancienne diÍfolurion des terres
élémentaires & de leur mélange dans le même fluide que j'ai pu croire
que toutes les terres qui avoient des affinités entr'elJes ont dû les exercer
parce que l'instant où une molécule fort d'une combinaison est le moment
,
le plus propre pour lui faire contraaer tous les genres d'union dont elle
est susceptible & le travail postérieur de l'infiltration a pu encore per-
,
sectionner celles de ces combinaisons qui dans la première précipitation
n'avoient pas eu le tems ou l'espace de, s'achever complettement.
Si les roches, ainsi que je le crois, font les produits de la précipitation
il n'est plus douteux qu'elles ont dû être déposées en couches horison-,

,
tales; cette conséquence a été appuyée par les belles obfervarions de
M. de Saussure. C'est lui qui a constaté le fait le plus important de la
Géologie en trouvant des bancs de pierres roulées, par lesquels il a
démontré la position primitive & horifontale des bancs sur lesquels ils
reposoient, & qu'ils ont ensuite suivis dans leur déplacement. Le redrene-
ment postérieur de ces couches peut donc être placé parmi ces vérités
fondamentales qui doivent servir de bafe à tous les fyfiêmes. Je sentois
depuis long-tems la nécessité de l'admettre; mais il étoit réservé M. de à
(t) Ceux qui prétendent encore, malgré les argumens & les faits les plus
irrésistibles que toute la matière des pierres calcaires est due aux coquillages &
,

, ,
,
madrepores plus ou moins comminués ne devroient pas refuser à la végétation la
production de toute la terre argileuse du globe puifqu'on trouve de l'argile dans les
cendres des végétaux dan< les terres provenantes de leur décomposition & quil
,
existe également des empreintes de végétaux dans quelques bancs d'argiles schisteuses.
Suiffure de le prouver, la Géologie doit à Tes travaux plus de progret
qu'elle n'en avoit fait par les observations de tous les naturalises qui l'ont
précédé ; & si nous pouvons conserver quelqu'espoir de découvrir la
cause d'un soulèvement qui a redressé des couches horisontales nous ne
,
pouvons le fonder que sur les nouvelles obfervaticns que le Public attend
de lui avec impatience ; c'elt lui qui par l'accumulation des probabilité.
déciderapeut-être notre opinion sur cettewnngulière catastrophe qui
appartient à une époque où aucun êtreorganisé ne ftfbfiftoit encore, où
l'hiftcire de la nature n'étoit liée p,ar aucun rapportavec celle des hommes;
il déterminera notre choix entre l'une des trois manières dont le soulève-

;
ment a pu se faire, ou par une force intérieure qui a-giifanc de bas en haut
a soulevé la croûte du globe ou par le défaut de soutien ou d'appui
produit par des cavernes intérieures sur lesquelles les couches auront dû
céder à leur propre poids; ou par un choc extérieur qui aura rompu notre
écorce,& qui aura fait chevaucher des parties les unes sur les autres.
J'avoue que je penche pour cette dernière opinion.
Je terminerai la première partie de ce Mémoire par une digression sur
les pierres calcaires coquillières, qui n'est pas entièrement étrangère au
sujet que j'y traite.

,
Toutes les terres font fpécifiquemmtplus pesantes que l'eau, & quelle
que foit la finesse d* leurs molécules elles doivent traverser la mallie du
fluide & en gagner le fond, à moins que l'agitation n'empêche cet effet
de la gravitation, ou que ces terres ne conrraétent avec l'eau le genre de
combinaison chimique que l'on nomme diffolurion. Tous les dépôts de

:
l'eau, qui ont contenu des rerres, dipendent donc d'une de ces deux
causes, qu'il est très-essentiel de bien distinguer quand la combinajfon
cesse, par un moyen quelconque, la terre abandonnée à sa pesanteur se
précipite; & je nommerai précipitation de dissolution, ce genre de
dépôt. Quand le mouvement se calme, les molécules obéissent à leur
gravité & arrivent au fond du fluide;j'appellerai cette espèce de dépôt,
précipitation de transport.
La manière dont ces dépôts se consolident indique presque toujours la
cause qui les a produits. Après la dissolution les molécules font nécessai-
,
rement dans le dernier degré de divifron dont elles font susceptibles.
Cette extrême petitesse leur procure une mobilité & une tendance à
l'aggrégation qu'ellesn'ont plus, ou qu'elles perdent graduellement en se
réunifiant en plus grand nombre, jusqu'à ce que leur petite sphère
d'activité foit occupée. Les molécules qui échappent au dissolvant ou
qu'il délaisse, peuvent donc se présenter les unes aux autres de la manière
qui convient le mieux à leur forme élémentaire,s'arranger régulièrement
& se lier entr'elles par toutes les forces que l'attraction exerce sur les
patries similaires, lorsque les points decontact font aussi multipliés qu'il
, ,
est possible. Une précipitation de disssolution, dont les progrès auroient
été allez lents pour que chaque molécule eût pu prendre examinent la
place adaptée à là forme préfrnreroit une aggrégation de corps parfaire-
rement réguliers. Mais si les molécules tombent en trop grand nombre
pour que chacune choisisse exactement sa place, mais que cependant elles
aient assez de tems & d'espace pour se retourner & présenter une de
leurs faces au contad: de leurs voiljnes, la marre du précipité offrira des

ment la dnTolution :
ébauches de cristallisation & les lames entrecroisées prouveront égale-
,
préalable ,
dans ces deux cas les dépôrs acquièrent
une solidité que le fluide a favorisée, loin d'y porter obllacle; les molé-
cules aqueuses ont été exclues de cette aggrégarion par l'adion qui a
a
réuni les particules terrefires, il n'y étéconfervé que celles qui pou-
voient se loger dans quelques intervalles, sans relâcher les liens de
l'aggrégation & qui même leur donnent des forces. Les masses compades
qui ont été ainsiformées peuvent passer de l'humidité à la sécheresse
sans changer de volume, quoiqu'elles puiÍTent perdre par l'evaporation
cette portion d'eau qui leur est étrangère & qui se dissipe sans changer
les rapports que les molécules terrestres ont entrelles. Il y a d'autres
ci -confiances où la précipitation est tellementaccélérée, oùles molécules,
to nbanr toutes enCemble, se rencontrent dans un tel désordre,& font
prflees par celles qui les suivent, de manière qu'elles se saisissent à la hâte
sans céder aux tendances électives ,sans pouvoir se lier fortement entr'elles,

,
& sur-tout sans pouvoir se réurir en masse, en excluant le fluide qui
occupe des espaces entr'elles parce qu'tlles ne peuvent pas faire agir
,
contre lui les forces réunies de la gravité & de l'affinité. Ce déLôt, s'il a
pu devenir concret au fond de l'eau n'acquerra jamais de soliditémême
par le desséchement ; mais si ces parties encore très-finesfontrestées
mobiles, alors il pourra se consolider par le desséchement en diminuant
de volume, & il rentrera ainsi dans la classe des dépôts de rranfporr.
Dans les précipirarions de tranfporr, les particules terreuses n'y font
point réduites à la subtilité des molécules élémentaires; elles font ainsi
privées de leur grande tendance à l'aggrégation & de la mobilité qui leur
est nécessaire pour prendre entr'elles des places d'élection. Lorsqu'elles

,
font toutes ensemble abandonnées par le mouvement qui les foutenoic
dans le fluide elles ne mettent d'intervalle dans le rems où elles arrivent

, ; ;
toutes au fond du baffin, que celui qui est relatif à l'espace qu'elles ont
à parcourir & à leur pesanteur spécifique ne se recherchant point pour
«'unir elles laissent entr'elles des intervalles que remplissent des molé-
cules aqueuses l'adion de leur attradion est tellement foible qu'elle ne
franchit pas le petit espace occupé par ces molécules fluides, qui y resteront
libres & mobiles, jusqu'à ce que d'autres causes viennent les déplacer.
Mais si ce fluide se dissipe par un moyen quelconque, les particules
terrestres se rapprochent de tout l'espace qu'il occupoit, & lattradion
,
imptiiflante lufqti'a ce moment, peut les lier ensemble, s'il n'y a pas
d'autres causes qui s'y apparent, telles que la grosseur & la forme de ces
particules. AulIi long-tems donc que ce dépôt de transport eil dans l'eau,
& qu'il n'est point pénétré par un dépôt de précipitation qui, s'unifiant
à lui, colle,en quelque forte, ses particules ensemble, il ne sauroit se
consolider. Il est nécessaire pour que ses parties se lient ensemble (si elles
ont les autres qualités requises ) , que l'air libre favorise son desséchement j
;
alors en se rellerrant sur lui-même, il diminue de volume en même-tems
qu'il devient concret mais quelque dureté & quelque densité que la maflè
acquière par ce moyen, elle ne présentera point dans son grain ou sa pâte
des indices de cristallisation, à moins que les opérations postérieuresde l'in-
filtration n'yen produisent. Mais dans tous les cas les fentes occasionnées
par le retrait indiqueront la consolidation produite par ledessechement, & la
,
distingueront de celle qui dépend uniquement de l'affinité d'aggrégation.
Quelque simples que soient ces idées quelque triviales qu'elles
paroilïent,j'ai voulu leur donner quelque développement,croyant qu'elles
répandroient un peu plus de clarté sur la discussïon dans laquelle je vais
entrer.
Si j'attrihue la formation des couches calcaires primitives à une pré-*

,
cipitation de la première espèce, c'est-à-dire, qui a succédé à une diÍfo-
lution de la terre calcaire dans un fluide je refuseentièrement cette
cause aux couches de pierres calcaires secondaires & tertiaires, & à toutes

,
celles qui renferment des coquilles. Je ne vois dans celles-ci qu'un dépôt
du fecond genre & quoique je convienne que toute la terre calcairequi
à
existe la surface du globe, ait dû entrer dans le dissolvant universel,
sans quoi elle auroit été ensevelie fous les premiers dépôts je ne retrouve
,
plus dans ces nouveaux bancs les caractères qui annoncent la première
espèce de précipitation.Toutes les pierres calcaires primitives font des
marbres (c'est-à-dire, qu'elles font susceptibles du poli & du lustre ). Elles
ont un grain falin plus ou moins gros, un tissu écailleux à facettes lui-
santes, qui annoncent une ébauche de cristallisation; &on reconnoît
qu'elle doivent leur dureté au seul entrelacement de leurs écailles leur
consolidation a donc pu se faire dans le fluide lui-même, puisque, comme
:
nous l'avons dit, elle est indépendante de sa présence, & qu'elle appartient
à l'affinité d'aggrégation. Ils retiennent pour la plupart une portion d'eau

, , ,
qu'on peut nommer eau de cristallifaction. Elle se dissîpe par une longue
exposition à l'air, & alors le marbre perd en partie sa demi-rranfpa-
rence, son grain sa pesanteur spécifique , sa dureté, mais sans diminuer
de volume (t). Aussi les fentes y font très-rares, elles traversent les

(i) Les marbres


,
qui ont perdu leur eau de cristallisation changent leur tissu,
écailleux contre up grain rond dont la liaison çil très-foibje. Le marbre dan$ ççt
masses irrégulièrement & de biais, elles se croisent fous tous les angles,
& sans correspondance entr'elles ; on voit donc aisément qu'elles ont été
produites par des ruptures postérieures à la confolidanon, & que les bancs
ont cédé à des efforts violens. Mais les pierres calcaires coquillières.
les marbres secondaires n'ont rien qui indique la dissolution préalable
leur grain & leur texture ne préfenrent que l'idée d'une vase délayée,
;
rendue concrè-e par le desséchement, consolidée par le seul rapproche-
ment des particules, lesquelles n'ont été ni allez divisées ni assez mobiles
pour prendre les places d'élettion qui produisent les cristallisations (1) ;

,
état ne peut plus servir aux ouvrages de sculpture il est trop friable. Les ouvriers
de Carare le nomment Marmo coito marbre cuit, parce que l'exposition au soleil
,
& à l'intempérie hâte cet effet. Il y a des marbres pour lesquels ce dessechement est
très-prompt, d'autres qui retiennent plus long-tems cette eau de cristallisation , dont
la quantitévarie; & il feroit essentiel que le tculpteur pût toujours connonre & avoir
égard à cette circonstance. On exploitoit, il y a quelque tems, à Carare un banc de
marbre blanc flatuaire, que l'on nommoit Betullio, du nom de son propriétaire il ;
paroissoit doué de toutes les propriétés les plus précieuses pour les arts, mais son
desséchement étoit si prompt, même dans les lieux couverts, que les flatues, qui en

,
étoient faites, Ce brirÕient d'elles-mêmes en peu d'années par le seul poids des parties
qui n'étoient pas fouterues. Le marbre dit élaflique, du palais Borghèlè à Rome,
ne doit la faculté dt player un peu, sans éLaflicité, qu'à cet état de dessechement
qui a affoibli l'adhérence de Ces molécules. Les Grecs pour empêcher ce desséche-

, ::
mens dans les blocs de marbre, dont ils ne vouloient point encore faire usage , les
enterroient, parce que, ditThéophraste Qui insolantur, alios in totum exjiccari ,
ut nulli sint usus nisi iterum madtfaéli alios meliores & friabiliores fieri.
Cette eau de cristallisation n'a pas assez été diflinguée de celle qui peut être partie
M. Théodore de Saussure , qui marche à la gloire sur les traces de son père m'a,
conflituantede la pierre calcaire (si tant est qu'il y en ait qui lui foit essentielle).

écrit qu'il avoit fait l'analyse des pierres calcaires peu effèrvescentes & phosphores-
centes, que j'ai décrites dans le Journal de Physique du mois de juillet, qu'il avoit
vu avec surprise qu'elles ne contenoient point d'eau , & que c'est à l'absence de ce
fluide qu'elles doivent leur densité & la lenteur avec laquelle elles font attaquées par

,
les acides. Il publiera bientôt cette,analyse curieuse. Je crois donc que c'efi l'eau de
;
cristallisation qui leur manque & qui a été exclue par un plus grand rapprochement
des particules de terre calcaire aérée circonstance qui les rend prefqu'indestructibles
i l'air où elles ne peuvent pas être plus completteruent dessechées. Ce qui confirme-
,
roit cette observation de M. Théodore de Saufliire sur la cause de la lente effer-
Vescence avec les acides c'est que les marbres ordinaires ainsi altérés à l'air par ce
genre de dessechement font plus lentement & plus paisîblement attaqués par les
,
acides, ce qui avoit fait croire à quelques personnes qu'ils changeoient de nature &
qu'ils cessoient d'être calcaires.
- (i) Les pierres, qui doivent leur consolidation au dessechement,acquièrent encore

:
plus de solidité & de densité lorsqu'elles font tirées de leurs carrières & exposées à
l'air libre. Elleç y perdent ce qu'on nomme leur eau de carrière elles y deviennent
d'autant plusdifficiles à travailler. Les Grecs préTenoient encore cet effet, contraire
:
à celui de la note précédente,en enterrant les blocs. Kutarque en parle de la manière
fuiyante Itaque etiam fabri lapides operi habiles defodiuntfubterram, tanquam
si j'y vois quelques lames spathiques, quelques ébauches de criltaux, j'y
reconnois aussi le travail d'une infiltration postérieure qui augmentant la
dureté & la densité de ces pierres, en a rempli avec du spath calcaire les
fentes & les petites cavités, & qui a converti le tissu ordinaire des corps

, ;
marins en lames spathiques (i) ; les fentes y font nombreuses, régulières,
elles coupent perpendiculairement l'épaisseur du banc elles font à-peu-
prèsparallèles entr'elles elles se croilent fous des angles droits où elles
figurent des rhombes. Ainsi sur ces feules indications jeferoisautorisé à

à la dissolution générale primitive ; ,


dire que les terres qui ont formé ces bancs ont appartenu certainement
mais que depuis lors elles ont été
remaniées, modifiées, agitées dans l'eau qu'elles se font entassées par
le repos, & consolidées par le desséchement.
On croit communément avoir tout dit lorsqu'on a prononcé que les
pierres calcaires coquillières font un dépôt de la mer; en convenant avec
tous les auteurs, de l'origine des coquilles qu'elles renferment, en recon-

,
noissant que la mer a pu concourir d'une certaine manière à leur forma-

j
tion j'avoue que leur existence n'en efi pas moins pour moi le problême
de Géologie le plus difficile à résoudre & je fuis loin d'admettre que ces
couches se soient faites dans le fein des eaux, & qu'elles soient une

'
preuve du long séjour de la mer sur nos continens , en entendant par le
mot de séjour un état femblabîe au repos où elle est depuis long-tems dans
les immensesbassins qu'elle occupe. Cette idée paroîtra sûrement extraor-
dinaire; elle contrariera un systême prefqu'universellement adopté; mais
j'espère lui fournir quelques probabilités quand je lui aurai donné un peu

,
de développement; & pour pouvoirtraiter cette question avec plus de clarté
& de précision j'ai cru devoir diviser le problème de la formation des

1HT
-> i.

,
maturandos, &coquendos à calore: quipub dio undique jacent frigort TiRidi.,
&intraclabiles rediguntur, operifque rejifiunt. Plut,in Symp. VII, page 701.
(1) La texture dequelques coquilles teffacées, detous lescrustaces,&de la plupart
-
,
des productions de polypiers estlâche; les particulescalcaires qui les forment & qui
ont pu paffer par le filtre animal, font très subtiles. Elles adbèrent foiblement
les unes aux autres, & y font collées, plutôt par une espèce de mucum que par la

,
force d'attraétion; lors donc qu'elles ont perdu ou par évaporation,ou par l'absorption
des corps qui les environnent, un peu de ce gluten qui paroît arrêter l'effet de l'eau
for elles, elles cèdent facilement à l'aétion difiblvante de l'eau douce, quelle que
foible qu'elle foit. Ces molécules prennent alors ailément leurs places d'éleâion
l'infiltration y apporte d'autres molécules, quelquefois colorées par le fer & elies
;
,
adoptent toutes ensemble une disposition lamelleofè ou spathique, en consêrvant
cependant exadement les formes extérieures, & se modelant même quelquefois sur
l'organisation intérieure. Le corps marin augmenté de densité est ainsi tranfinufé
,
en spath calcaire, dont (a propre terre a fourni une partie de la bare. Par exempt,
nous obsèrvons que toutes les parties des échinites, test & pointes, ont éprouvé cette
con^erfion en spath calcaire, loriqu'ib ont été renfermés dans des couches crétacées.
ou de pierres calcaires.
couches
couches calcaires secondaires en trois questions. Où la mer a-t-elle pris
les matériaux donc elle a formé les couches? Comment s'en est-elle
?
chargée Comment les a-t-elle transportés & déposés?
La première de ces questions est la plus facile. La création du calcaire
est pour nous, ainsi que je l'ai déjà die, de la même époque que celle des
autres terres. Il a concouru avec elles, quoiqu'en moindre quantité, à la
formation des plus anciens matériaux solides de notre globe. Il existe

;
dans le feld-spath des granits & dans presque tous les composans des
roches primitives sa terre est la plus soluble de toutes; elle a dû rester la-
dernière dans le dissolvant général, & ne se précipiter qu'au moment où
ce dissolvant achevoit de s'anéantir par la séparation de ses principes pro-
chains, ou par toute autre cause. Ainsi dans le systême que j'adopte, on
peut supposer telle quantité de terre calcaire, donc on aura besoin, danç
les derniers dépôts d'une précipitation qui a pu être tellement accélérée
sur sa fin qu'elle n'a plus permis aux molécules le genre de rapproche-
,
ment qui avoit fait la solidité des couches précédentes; ainsi l'aggréga-
tion étant foible ou nulle, l'eau a toujours pu délayer ce dernier dépôt
avec autant de facilité qu'elle délaye l'argile. Il paroîr qu'aucun animal ,
,
aucun coquillage n'a pu exister dans ce fluide,aussï long-tems qu'il a pu
dissoudre la terre calcaire & nous ne trouvons aucun débris des règnes
organisés, dans ces dépôts de cristallisation.
dans lesquels les eaux se font rerirées & accumulées. La pente feule a
des bassins de ces premières mers les débris
pu faire arriver dans le fond
&
des premières montagnes, cette dernière portion de la précipitation
calcaire, qui, ne s'étant point consolidée par la cristallisation, a pu
aifémenc couler & venir occuper tous les lieux inférieurs. Ces matières
ont pu se disposer horifonralement & y ensevelir les coquilles dont
plusieurs circonstances pouvoient favoriser la multiplication. Si donc le
problêmeseréduisoit à indiquer comment des couches calcaires coquil-
lières & horisontales ont pu succéder aux bancs verticaux, on croiroic

en lui faisant subir quelques modifications ;


pouvoir facilement lui donner une solution, en suivant cette idée &
mais beaucoup d'autres
conditions se préfenrent & viennent rendre la question plus compliquée
& plus difficile. Il faut plus faire que de recevoir dans un fond des.

ces matières sur de très-hautes sommités ,


matières qui y font appelées par la pente & dont le moindre
mouvement peut encore accélérer la marche; il faut faire remonter
il faut en envelopper des
montagnes déjà formées, il faut les y consolider, afin qu'elles ne
redescendent plus. Il ne suffit pas non plus d'ensevelir régulièrement
des coquilles dessous les couches, il faut les placer dans leur intérieur
avec détordre, il faut les y fracturer, les y broyer en quelque forte, il
faut réunir dans les mêmes bancs les coquilles pélagiennes & les litto-
rales; il faut mélanger & empâter des matières diverses qui n'onr pas les
mêmes pesanteurs spécifiques; il faut accumuler sur des mines de charbon
de terre d'une origine végétale, des couches de différentes pierres jur-
;
qu'à une épaisseur qui arrive quelquefois à plusieurs centaines de toises

;
il faut couvrir des mines de sel gemme par des montagnes calcaires
coquillières il faut ouvrir de vastes vallées au milieu de matières

grosses masles;
très-solides; il faut transporter à de très-grandes distances, de très-
il faut accumuler & détruire prefqu'en même-rems,
il faut en quelque manière associer l'ordre à la confufton. Voyons si la

produire des effets semblables ;


mer, qui séjourne depuis long-tems dans ses bassinsaéluels, a pu y
& sans avoir besoin d'aller suivre ses.
,
opérations dans les profondeurs de l'océan, observons ce qu'elle produit

,
plus près de nos côtes, dans les lieux où les animaux qu'elle nourrir,
quoique plus rapprochés de nous jouissent du même repos & ignorent
également les tempêtes qui agitent sa surface.
Je ne vois d'abord nulle part des bancs de pierre se consolider dans
;
le fein des eaux de la mer nulle part la mer ne forme des couches de
concrétions semblables à celles que les eaux douces, qui tiennent des
terres calcaires en dissolution, abandonnent dans leurs canaux, ou
déposent dans le fond des réservoirs où elles font contenues; car les
eaux de la mer paroissent être privées par leur salure, de la faculté
de se combiner avec de nouvelles terres & même de la foible action
que les eaux douces ont sur les pierres calcaires (i). Li vase, qui occupe
le fond du port de Maire, y est dans le même état dc mollette qu'elle
avoir, lorsqueles Phéaciens vinrent les premiers habiter cerre île,puif-
qu'aucun banc solide n'y recouvre la pierre blanche crétacée qui constitua
le massif de ce rocher calcaire. Les pilotis, plantés dans différens ports
pour alleoir les fondemens des édifices & des quais qui vont été cons-
truits, pénèrrent sans obstacles jusqu'au fol de l'ancien baffin,c'est-à-dire,
que tous les tems qui se font écoulés depuis que la mer occupe ces
accumulées :
ports n'ont rien fait pour ia consolidation des matières qui s'y font
elles font reliées molles, parce qu'elles
.9 ont toujours été
humeétées & la pression qu'opère le poids des nouveaux dépôts ne
,
suffït pas pour expulserlefluide qui tient leurs molécu les séparées. Mais
Jorfque ces vases font forries de la mer, & qu'elles ont dégorgé l'eau
salée par l'expolirion à l'air, elles peuvent acquérir un peu de dureté,

,
en se resserrant sur elles-mêmes. Le fable calcaire, qui occupe le fond
du canal qui sépare la Sicile de Malte ne s'agglurine pas, quoique
la profondeur l'empêche de participer à J'agiration de sa surface; &
les bancs de ce même fable, sur lesquels des eaux moins profondes
sagitent violemment dans des tems de tempête, ne s'agglutinent pas
,
davantage. Lorsque des ancres râpporrenr, des fonds demer où elles
peuvent atteindre quelques fragmens de rochers, on y reconnoît les
pierres des côtes voilines. Les coraux que l'on arrache à des
mers
souvent très-profondes, lorsqu'ils ne surmontent pas d'autres productions

une portion du rocher sur lequel ils ont crû ,


de polipiers, lorsqu'ils adhèrent à un fol solide,entraînent
& jamais rien
avec eux
n'indique
que ces rochers foienc d'une formation nouvelle. Tous les attérissemens
auxquels la mer & les fleuves ont concouru font des matières mouvantes:
en un mot, si je consulte les opérations aéluelles de la mer, je ne lui vois

prennent dans
;
produire aucune pétrification (2) jamais les coquilles ni les madrépores
ses eaux le riÍfu spathique qu'elles
ne
ont dans les bancs
calcaires; & rien de ce que j'y observe ne peut
me faire concevoir
comment les anciennes couches auroient pu se consolider dans le fein
de ses eaux. Car ce qui ne se fait point à cent toi'es de profondeur
ne doit pas s'opérer davantage à deux mille toises ; la flagnation le,
les tourbillons ou tournoyemens violens produits
:
(1) Car le petit phénomène de la côte de Messine a une cause particulière outre
par la rencontre des courans qui
peuvent broyer les matières calcaires, il (e jette dans la mer beaucoup de sources
hépatiques chargées de terre, dont la précipitation aglutine les [ables du rivage, &
forme des pierres meulières très- dures.
(i) Car je nappellerai pas pétrifications, les morceaux de bois sur lesquels des
coquilles Ce font attachées & qu'elles ont enveloppés de manière à les préserves
pendant long-tems de la pourriture.
-
repos qui peut favoriser l'endurcissement, n'en: plus troublé par les
causes extérieures à dix toises de profondeur.
Si la mer ne forme pas de nouvelles couches de pierres, je ne lui
connois guère plus de moyens pour dérruire les anciennes, & par con-
séquens pour porter ailleurs les matières qui les composent. J'ai déjà

renant observer que ,


dis qu'elle n'avoit pas la propriété de les diffbudre (r); je ferai main-
malgré sa plus violente agitation, elle agit
foiblement sur celles de ces pierres que la feule humidité ne défait pas.
Les flots se brifent pendant des siècles sur des pointes de rochers allez
tendres, sans diminuer sensiblement leurs volumes; depuisdessiècles

;
la rapidité des courans & l'agitation de la mer attaquent les rochers
de Scylla sans les faire reculer les écueils à flots d'eau qui font
l'effroi des navigateurs, ne disparoissent pas fous la main du rems;
,
;,
toujours couverts de l'écume des flots qui se brifent dessus, ils résistent
a ce combat continuel & mille ans après, un nouveau naufrage
vient attester qu'ils existent encore. Que l'on ne m'objtâe pas les petits
effets de la corrolion, auxquels le palTage de l'humidité à la sécheresse
& radion des vents ont autant contribué que les chocs de la mer.
On ne sauroit me cirer un rocher solide, feulement d'une demi-lieue
d'étendue, qui, depuis que l'hifioire des hommes noustranfmer quelques
faits géographiques, air disparu fous lesefforts desflarsen le
;
même livré de tous côtés à leurs assauts (2) & cependant
fuppofanc
nous voyons,

;
(I) Ceux qui attribuent aux eaux de la mer la propriété de dissoudre la terre
-, calcaire, par l'intervention de l'air méphitique,& qui supposent, qu'ainsi acidifiée,
elle a pu ce charger des matières dont elle a ensuite formé
nos couches par une
précipitation de dissolution ne réfléchirent pas que cette propriété difIolvante,
accordée à l'eau de 'a mer, ,
artaqueroit également les coquilles & autres corps
, ,
crétacés, & les dptruiroit. D'ailleurs, cet acide méphitique qui peut dissoudre
très-petite quantité de terre calcaire n'agit point sur l'argile encore moins surune
terre lilicée;
,
cependant l'une & l'autre font mêlées avec les couches calcaires secon-
daires. La feule exiflence des bancs de pierres arreneufes dont le ciment efl
calcaire & le fable quartzeux comme les grès des pavés de Paris, ou argilo-calcaire,
la

comme les Cos, dits Mancigno en


,
Toscane, leur doit présènter des difficultés insur-
montables. Car si le ciment est un dépôt de dissolution le fable est sûrement
dépôt de transport; quand même les précipitations des deux , un
genres feroient arrivées
terne, le fable ne fèroit pas ressé mélangé dans le ,
sîmultanément,quând même la suspention & la dissolution auroient ceLré
calcaire
en même-
il feroit arrivé seul au
fond du fluide,, (es grains déjà formésayant une pesanteur spécifique bien supér.eure
à celle des molécules calcaires. Très-souvent les couches calcaires & argileufo
alternent régulièrement, elles doivent sûrement leur transport à la même cause;
or,
ces argiles qui contiennent plus de moitié de leur poids de terre fllicée,n'ontpas pi*
être dissoutes par l'acide méphitique.
(i) Jai moi-meme cité, dans mes Mémoires (ur les îles Ponces & de Lipari, des-
îlestellement dégradées parlamer qu'elles s'étoientdivisées, & que plusîeurs étoient
entre dps bancs de marbre qui se correfpondeirt & qui certainement
onr formé les mêmes couches, des folunons de continuité de plus de
six lieues de largeur sur une longueur quelquefois de cent. Comment
croire donc que ce foit la mer qui, dans des circonstances à-peu-près
semblables aux présentes, ait ouvert ces détroits ?
Que l'on ne me

; ,
dile pas que la nature ne compte pas avec le tems, que l'hifloire des
hommes est bien nouvelle & que dans le long périodequi l'a précé-
,
dée, la mer quoiqu'avec une extrême lenteur, a pu faire tout ce qu'on
lui attribue.Je conviendrai que le tems n'en: rien pour la nature, mais
cependant tlle a placé au milieu de fts créations quelques bornes qui -
fixent différentes époques dans sa durée, & qui doivent modérer les
élans de l'imagination. Tout me porte à croire qu'en façonnant la
terre telle que nous l'habitons, la nature n'a pas dépensé le temsavec
autant de prodigalité que quelques écrivains célèbres l'ont supposé.
Les efforts de la mer étant împuifTans lorsqu'elle agit contre des
corpssolides voisins de sa surface, & sur lesquels elle peut déployer
toutes ses torces, puisque son impulsion est foiblement modérée par
la résistance de l'air, peut-on supposer que son mouvement au fein
des eaux foit plus actif, lorsqu'il ne peut plus y avoir d'accélération
?
produire par des chûtes Les courans ces instrumens dont les géo-
,
logistes se fervent avec tant de complaisance, foit pour creuser des
vallées,foir pour transporter les matériaux dont ils forment les couches,
peuvent-ils bien réellement remplir les fonctions qui leur font attri-
buées? Peuvent-ils transporter à de grandes distances les terres & les
fables donc ils peuvent être chargés ? Je dirai que non ;
& lorsque
j'aurai prouvé que des corps d'un petit volume ne peuvent pas cheminer
Iong-temsavec eux, on ne croira pas qu'avec une plus grossemasse
& une majeure densité, ils soient plus susceptibles de céder à leur mou-
vement.
Tous les corps qui n*ont point d'adhérence entr'eux, qui différent
par leur volume & leur densité, & qui obéissent ensemble à la puissance
de la gravitation dans un milieu qui préfenre quelque résistance, tendent
toujours à se séparer, quoiqu'ilsaientreçuuneimpulsion commune,
& qu'ils commencent à se mouvoir dans la même diredion; ainsi,
toutes les matières qui ne font pas équipondérables avec l'eau, & qui
;
se trouvent emportées par un courant, tendent à en sortir, foit qu'elles
soient plus légères ou plus pesantes & elles s'en échappent réellement
bientôt, ainsi que le prouve l'expérience, si elles ne font pas contenues
dans des canaux qui les empêchent de se soustraire au mouvement

,
presque détruites ; mais ce (ont des îles volcaniques, dont les matières font friables
& cèdent facilement au battement des flots. Les laves qui auroient léfîfté ont été
dégradées par dessous, & elles ont du s'écrouler. -
qu'elles fuient. Les fleuves qui ont un long cours , & qui portent
leurs eaux à la mer, les lui donneroient toujours pures, si les rives
n'avoient pas retenu dans le courant toutes les matières qui s'y

flllid semblable à eux ,


trouvoient. Les courans de la mer se meuvent au milieu d'un
& ils lui tranfmerrent bientôt toutes les
matières dont ils se feroient chargés à leur naissance, ou qui auroient
,
été admises dans leur fil ou qu'ils auraient soulevées du tond. Aussï
sur le rivage d'une île qui fera à une vingraine de lieues d'un continent,
on ne trouvera point de fable qui foit étranger à la nature de son fol,
,
quoiqu'environnée de courans qui arrivent de routes les directions
les matières, plus légères que l'eau y font conduites par les vents
:
qui les y pouffent. Je dirai qu'il y a cependant des courans de mer
qui forment des artérinemens, mais c'est près des côtes, mais c'est

la portion du fluide qui est tranquille. Je fais ,


précisément parce que les fables fuient le mouvement & passent dans
par exemple, que la
plupart des ports de la Médtrerranée, ceux- même qui ne font pas voisins
de l'embouchuredes rivières, se comblent journellement par l'arrivée des
y
fables étrangers à leurs baiIins; & je dirai qu'ils font apportés par
un courant littoral continuel qui fait le tour de la Méditerranée, &
qui en rafe successivement toutes les côtes de gauche à droite; mais
ce courant ne se charge pas lui-même des fables qu'il transporte, il ne
fait qu'imprimer le mouvement qui lui est propre, aux matières que
d'autres accidens ont mires en suspension dans le fluide; & ses eaux
feroient toujours pures, si aucune aurre cause ne concouroit pour les
troubler. Les fleuves qui versent leurs eaux dans les liennes, & qui font

vase à qui il donne pour quelques, instans sa direction ;


forcés de fléchir à la rencontre lui apporrenr du fable & de la
mais la plus

:
grande partie du fable qu'il charrie appartient aux côres voisines; l'agi-
tation des flots qui battent sur le rivage les y a enlevés après les
tempêtes l'eau du rivage est d'autant plus trouble que la côte est plus
baffe & se termine dans la mer par une pente insensible ; car si au-delà

,
mise en mouvement ;
de 3° pieds de profondeur l'effort de la plus violenre rourmenre est
nul sur le fol, en deçà de ce terme la mafleenrière des eaux peur erre

:
elle peur fojlever le fable sur lequel elle s'agite,
& le porter ainsi dans le fil du courant il ne tarde pas cependant
à s'en échapper pour paiTer dans les eaux stagnantes qui en font
:
voisines & où il se dépose. Le même esser arrive sans tempêtes sur
les côtes fujerres a la marée les fables qui font ainsi successivement
repris & déposés peuvent faire beaucoup de chemin. Il feroit possîble

de la Sicile,
que les fables volcaniques de l'Ethna siflent de cette manière le tour
mais ils ne peuvent jamais arriver jufqua Malte; &
lorflu'une côte eu bordée de rochers pendant une ou deux lieues au-
dessus du courant, le port qui est au-dessous ne craint point les atré-
rilfemens.
Mais quand j'admettrois même la supposition que les courans peuvent
faire de grands déplacemens de terre, quand j'introduirois dans la
mer des fleuves de vasequi n'auroient, en y entrant, que le degré de
liquidité néccflaire pour les rendre fluides & les faire cheminer, qu'arri-
veroit-il enfin au moment où leur mouvement progressif cesseroit?
dans l'infiant toutes les matières, apportées dans le lein des eaux, se
délayeroient dans une plus grande quantité de ce fluide, & chaque
molécule obéissant isolément aux loix de la gravitation relativement
à son volume & à sa denfiré, le précipiteroit, routes se fépareroient
en defeendant, les plus pefanresarriveroient les premières, & le dépôt
présenterois de petites couches dont la dernière appartiendroit aux
molécules les plus subtiles. C'efi ce qui se voit dans les dépôt* des

période est marqué par l'alternation de ces différentes couches


bancs de nos montagnes ne nous présentent pas cet effet nécessaire
:
fleuves déborbés, comme dans les attérissemens des courans, dont chaque
or les
d'une précipitation qui se fait dans un grand volume d'eau.
Les courans de lamerauroient-ils plus de puissance, pourexcaver,
que je ne leur en ai trouvé pour porter? je dirai encore non
comparaisons dans les conditions
;&,
plus
en
favo-
prenant toujours mes
rables à l'effet demandé je parlerai encore des fleuves.
les

Les grands fleuves, quelle que foit la rapidité de leur marche, ne


creusent plus leur lit n'emportent pas leur rivage, lorsque le fil de

dans les tems ordinaires ;


,
leur courant est parallèle à leurs bords. Les eaux du Rhône font claires
ce n'est que pendant ses crues qu'elles se
troublent, & alors ce n'est point dans le fond de son berceau qu'il prend
les matières qu'il tranfporre ; les habitans de ses rives qu'il tourmente

plus de capacité;
par ses fréquentes inondations, ne trouvent pas que son lit acquière
mais les torrens, à qui la chute à travers les mon-
tagnes a donné une accélération de mouvement qui ajoute à la puiÍfance
de leur masse
,
,
entraînent dans ce fleuve des terres, des fables &
même des pierres elles y prennent la direction du nouveau courant,

,
& elles y résistent pendant quelque tems à la gravitation par la force
de l'impulsion qu'elles ont reçue & qu'elles perdent d'autant moins
vîte que la marche du fleuve est plus accélérée. Mais lorsque les pierres
en ont gagné le fond, elles n'avancent plus, & on a conftammenc
observé qu'elles ne changeoient plus de place, sans quelques accidens
singuliers, tels que celui des glaçons qui les fouleveroient. Le Pô, le
plus grand fleuve de l'Italie, loin de creuser le fol qui le porte, par le

,
frottement de la mafle très-considérable de ses eaux donc le cours est
périodiquement accéléré par de grandes crues exhausse sans cesse le
fond de son lit» &, contenu par des digues, il coule maintenant trente
pieds au-dessus du fol des campagnes qu'il traverse. l'aion de tous
les fleuves sur leur lit est tempérée par le volume même de leurs eaux
parce que la plus gran d e vîtesse du courant n'en: ni à la surface ni an
,
fond, mais dans le milieu de la hauteur. Combien plus foible encore
!
doit être l'aétion des courans de la mer peut-être même pourroit-on

;
affirmer qu'il n'en est aucun qui puisse troubler la tranquillité parfaite
du fond de l'Océan. Les courans très-rapides font superficiels ils doivent

:
leur vélocité au resserrement des côtes, comme ils doivent la plupart
leur durée & leur variation au flux & reflux c'est dans les canaux,
c'est dans les détroits qu'ils ont une grande rapidité. Les causes de la
marée agissant successivement sur les différentes parties de la surface
du globe, changent périodiquement le niveau relatif des
eaux aux deux
extrémitésdun détroit, & alternativement il ya le
passage du verfemenr
des unes dans les autres. Or, lorsque deux récipiens pleins d'eau se
commu-
niquent par une tranchée profonde également pleine, le surcroît d'eau
qui arrive dans un de ces badins établit un courant dans la tranchée;
mais la communication ne se fait que par les surfaces qui ont des niveaux
différens; le courant n'en que superficiel, & letransvasement du trop
plein n'imprime pas plus de mouvement à l'eau du fond du canal que

nœuds à l'heure ,
dans celle des récipiens. Ainn, quoique le courant de Bahama file dix
quoique ceux de Gibraltar en filent huir, je ne crois
pas qu'ilsapprofondissent les détroits qu'ils traversent, puisqu'ils ne s'y
font certainement pas sentir à vingt toisès de profondeur. Les courans
occasionnés par les vents réglés font beaucoup plus lents & plus super-
ficiels; quelquefois ils ont une direction contraire à
ceux du versement,
& palTent par-dessus. Je ne leur accorderai donc aucune part à des
excavations semblables à celles de nos vallées (i).
Ainsi, lors même
,
que nos couches euÍfent été formées & consolidées dans les abîmes d'une
mer ferablable à la nôtre nos vallées n'auroient pas pu y être creusées.
Il me paroît également impoflîbie que nos mines de charbons de terre
aient pu le former au fein des eaux; car, outre l'opinion que j'ai & que
je crois avoir rendu probable, que la mer ne peut pas consolider dans ses
eaux les couches des pierres de différente nature qui couvrent les charbons
fossiles, il ne me fera pas difficile de prouver également
que la plupart
des dépouilles du règne végétal auxquelles elles doivent leurnaiiïance
n'ont pu descendre dans les profondeurs de l'océan. Si quelques arbres se
précipitent dans l'eau par une pesanteurspécifique qui [urpaffe celle de
fluide, le plus grand nombre y fumage, sur-tout les arbres rélîneuxce ;
(i) On pourront peut-être m'objeéter quelques faits particuliers, quelques opéra-
,
tions partiehes, dependans de circonstances singulières, qui
ne peuvent avoir aucun
rapport avec les grandes opérations de la nature & qui, ou par leur peu d'étendue
op par le tems qu'ils exigent, confirmeroient plutôt mon opinion. ,
lorsque
lorsque les fleuves en portent à la mer, elle les rend à d'autres rivages,
où ils s'entassent & se détruisent bientôt, parce que la couche de fable

,
dont elle peut les couvrir ne les mer pas à l'abri de la purréfaétion. Les
palmiers les bambous, les roseaux, les fougères, toutes les plantes
herbacées & routes les feuilles donc on trouve les vertiges & les empreintes
dans les schistes qui recouvrent les couches bitumineuses,auroient-ils
plus de facilité pour vaincre la gravité de l'eau? Comment parviendroienr-
ils dans des mers aisez profondes pour les ensevelir ensuite tous une
épaisseur de deux cens toises d'autres dépôts.
Les mines de sel gemme présentent les mêmes difficultés. Si l'on
attribue leur formation à l'évaporation des lacs salés, comment expli-

,
quera-t-on celle des couches calcaires coquillières qui y font interposées
& qui les recouvrent? Si ces couches font un dépôt de la mer comment
le sel gemme aura-t-il pu se précipiter dans une eau qui est encore bien
éloignée du point de faturarion?
J^ pourrois préfenrer mille faits également en contradiction avec
l'opinion de ceux qui arrnbuenr au long séjour de la mer sur nos conrinens
la formation de nos couches & l'ouverture de nos vallées. Cependant je
fuis loin de m'associer aux erreurs de ceux qui ne reconnoissent pas dans
les coquilles fossiles les mêmes espèces que la mer nourrirencore.
de la dernière évidence pour moi comme pour tous les naturalisas, que
Il est

les eaux ont eu une part très-active à la formation de nos conrinens, &

;
je ne diffère avec eux que sur la manière. Mais c'est pour le développe
ment de mes idées à ce fujer que je sens manquer ma confiance je sens
qu'en ajoutant mon systême aux dix mille fyftêrnes déjà formés, je ne ferai
peur-être qu'associer une nouvelle erreur a toutes celles qui embarraffenc
déjà
, ,
le progrès des connoissances humaines. Je m'abftiendrois donc de
publier mon opinion si je ne savois pas que refprit se fatigue des néga-

,
tions & l'on semble exiger que celui qui attaque des préjugés physiques,
politiques ou religieux les remplace ou par des vérités nouvelles, ou
même par d'autres préjugés, quand ceux-ci ne devroient avoir pour
existence que le moment de leur enfanremenr.

, ,
Ce n'est donc point la mer reposant tranquillement dans les bafljns
où elle estfixée par le centre de gravité de la terre que j'appelle à la
formation de nos couches mais ce font ses eaux dans le plus violent
état d'agitation où elles puissent se trouver. Ce ne fera pas par de débiles
courans que j'y ferai ouvrir nos vallées, mais par toute la puissance que
l'eau peut recevoir de la réunion du poids d'une rrès-grande maflè à une
chute précipitée. Ce ne fera pas sur le sommet d'une monragne que je
ferai vivre les coquilles pélagiennes,mais je les y transporterai de la plus
grande profondeur des mersou elles peuvent feulement exister. Je ne
réclamerai pas des circonflances paisibles pour mêler les productions de
l'océan à celles de la terre, mais j'y appliquerai un désordre tel que les
matières les plus dissemblables, les plus séparées par leur nature & par
leur origine se rencontreront, que les plus légères se placeront fous les
plus pesantes, que les masses du plus gros volume feront transportéesaussi

que lorsqu'on
,
;
facilement que les fables dans la mer actuelle ; ce n'est pas le tems que
j'invoquerai c'est la force on ne place en général sa confiance dans l'un
ne fait où trouver l'autre.
Les principaux objets qui se présentent aux regards du naturaliste qui
se livre à la contemplation de nos continens, lui indiquent deux époques
distinctes pour la création de tout ce qui constitue la surface du globe.
Dans la première il place sans hésiter ces groupes & ces chaînes de
montagnes dont les sommets aigus & déchirés surmontent les nues pendant
que leurs racines paroissent pénétrer dans le centre de la terre. Les
matières qui les composent autant que leur position indiquent & des causes
différentes & une origine antérieure à toutes les autres. Aussi depuis
long-remsfont-elles distinguées par la dénomination de montagnes primi-

,
tives ,* épithère qui leur convient, car elles ont précédé toutes les autres
elles ont été les premières éminences du globe & elles ont influé sur la
,
formation de toutes les autres inégalités de sa surface.

très-remarquable:
Tout ce qui appartient à la féconde création a un caractère général
c'est la tendance que toutes les matières ont à la

;
position horifontale qui désigne l'ouvrage des eaux auxquelles cette
lîtuarion est essentielle c'efi la disposition par couches parallèles qui
annonce une succession d'opérations semblables. Mais en examinant avec
un plus grand détail, on voit que les matières différentes n'ont point pris
la place que leur désignoit la pesanteur spécifique, non-seulement dans
la difpofirion des bancs enrr'eux,mais encore dans le mélange des
marières qui composent la même couche. En reconnoissant dans l'inté-
rieur de la terre une immensité de corps organisés, il remarque que ceux
qui ne peuvent exifler qu'à l'air libre font souvent ensevelis fous ceux qui

;il
lithophites
;
font propres à la mer. Il voit des os de grands quadrupèdes, mêlés avec
des ossemens de cétacées des végétaux terrestres alternant avec des
voir encore, en prenant chaque règne en particulier, la
réunion des espèces qui naissent fous les climats les plus lointains, dans

;
les lieux les plus distans ; la coquille littorale associée à la coquille péla-
gienne, celle des mers du fud réunie à celle du nord la fougère
,
d'Amérique avec les palmiers de l'Afrique, avec les bambous de l'Afie;

;
enfin il reconnoît que les élémens les plus opposés ont concouru en-
semble à la formation de quelques contrées il voit les produits de l'eau
alternant avec ceux du feu, des poissons des mers du fud sur des mon-
tagnes volcaniques dans l'inréritur du continent de l'Europe; des coquilles
dans des laves, & des couches calcaires, qui après avoir succédé jusqua
trente fois à des couches produites par des torrens enflammes, les ont
ensevelies fous deux cens toises de dépôts qui n'appartiennent plus qu'à
l'eau.
,
En particularisantdavantage ses observations, le naturalise reconnoîtra
que les bancs de pierres calcaires, quelle que foir leur épaisseur, ont été
faits d'un seul rems, en quelque forre d'un seul jet,puilque dans toute
cette épailIeur, il retrouve le même giain , la même pâte, puisque les
corps plus pesans qui y font renfermés ne font pas descendus dans la
qui les forçât de tendre à la pofirion horifontale ,ils
partie inférieure; il jugera que s'ils ont éré dans un état de mollesse
n'ort pas été
Jong-tems dans un état de fluidiré parfaire, puisque des pierres déjà
formées & d'une nature étrangère à eux, avec un poids bien iupérieur,
n'ont pas pu traverser leur épaisseur & font reliées dans le centre. Il pensera
que chaque banc estle produir d'une opération différente & dillinéte,
puifqu'ordjnairement il neressemble exactement ni à celui qui le précède,
ni à celui qui le fuit; il verra que les coquilles, les madrépores ou autres

,
lithophires ne s'y trouvent ni dans leur intégrité, ni
,dans leur pofirion
naturelle mais le plus souvent briles,mais bouleverfrs qu'au lieu de se
trouver placés entre les couches, ils font empârés dans leur intérieur, ce
qui prouve qu'ils n'ont point été pris fous ces dépôrs, mais entraînes
avec eux. Il verra que des parties distinctes de quelques animaux se font
,
réunies ensemble dans quelques bancs, pendant que les corps repofenc

;
dans des bancs très-distans telles font les poi ntes d'ourlins qui ne font
presque jamais aŒKiées à leur coque tels font encore les nombreux
glossopètres de Malte dont les mâchoires ne s'y rencontrent jamais. Il
remarquera aussi que les dépouilles des grands animaux font dans le
même désordre; les dents d'éléphans font raÍfembJées en grand nombre
dans quelques contrées, où les autres oITemens font très-rares. Dans

;
l'immensité des os de ce même animal colossal que l'on trouve en
Sibérie, on ne voit point de squelettes entiers & dans ces os amoncelés
on ne pourroit pas même trouver toutes les parties nécessaires pour en
former un. Il connoîtra que la matière de quelques bancs a été en
quelque forte pêrrie, pour y incorporer des argiles & des chaux de fer,

,
qui forment les taches contournées de certains marbres, substances qui
se feroienc séparées & divisées en couches parallèles si elles avoient été.
pendant quelques instans livrées à l'action de leur pefanreur, dans un fluide
assez abondant pour leur permettre d'y céder. Il reconnoîtra enfin que les
couches se font consolidées par le desséchement,puisque de nombreuses
fentes en prouvent le retrait, & successîvement de bas en haut, puisque
les couches supérieures ont pu introduire les matières dont elles font
formées dans les fentes inférieures auxquelles les leurs ne correspondent
pas.
En reportant ses regards sur la difpofirion générale des matières de la
fécondé époque, il remarquera quel'espèce~d'et.Irequi s'étoit érabli, aété
presque par-tout attaquée, que si dans quelques grands espaces, les couches
ont confervé leur pofirion originelle, dans beaucoup d'autres elles l'ont
perdue, & il verra de grandes solutions de continuité au milieu de
couches qui évidemment ne formoienr qu'un même plareau. En exami-
nant les bancs dont aucun accident n'a changé la position il verra ,
qu'ordinairementils font parfaitement horifontaux lorsqu'ils font éloignés
des montagnes primitives, ou renfermés dans quelques espaces, autour
desquels elles faisoient une enceinte, mais que généralement les couches
font inclinées & paroilTent s'appuyer contre les montagnes qu'elles envi-
ronnent, se relevant tou jours dans la direction de leur centre. Dans celles
deces couches qui ont éprouvé un déplacement, il observera tous les

,
accidens de rupture dont font susceptibles des bancs solides qui font
privés de leurs appuis. Les lits inférieurs fouvenrplus faciles à dégrader,
ayant été emportés, les bancs supérieurs ont dû se rompre, s'affaisser ,
faire des bascules, glisser à quelques distances, se séparer par des fentes

,
rranfverfales, s'ouvrir par une chiite intermédiaire. Il remarquera donc
que quelquefois les escarpemens font opposés entr'eux ou les faces
inclinées le font entr'elles, ou que les faces inclinées & les escarpemens
alternent, & il ne doutera point que ces différentes couches ne fussent
alors prefqu'aussisolidesqu'à présent, puisque dans ces différens
accidens, elles se font rompues plutôt que de plier. Il verra de grands

;
plateaux horifontaux qui dominent beaucoup au-dessusde vastes plaines,
dont ils font séparés par de grands escarpemens des gorges de mille
pieds de profondeur ou creusées dans des bancs de pierres dures, ou
;
ouvertes par une séparation opérée par des fentes immenses des vallées
de plusieurs lieues de largeur placées entre des escarpemens dont les
bancs se correspondent autant par leur nature que par leur position &
,
;
dont la capacité est telle qu'il est impossîble d'imaginer qu'il ait exifié
des fleuves qui aient pu les remplir, & par conféqtient les creuser cepen-
dant il reconnoîrra le travail des eaux dans beaucoup d'angles qui se
;
correspondent (i) mais voyant l'impuissance des eaux fluviatiles pour
produire de tels effets, il ne leur attribuera pas ce travail, & au lieu de
dire que ce font les fleuves qui ont creusé les vallées, il conviendra que
c'efi parce qu'il y a des vallées, que les eaux des fleuves se réuniffenr.
Il reconnoîtra encore qu'il a existé anciennement un grand nombre
de lacs, plusieurs d'une grande étendue; l'enceinte qui en renfermoit
occupéa été plus de moitié détruite , après que les eaux qui
quelques-uns
en ont pendant quelque tems les bailins, les eurent remplis en
,
partie de cailloux roulés, de débris de route espèce, d'argille ou de
gypse. Les eaux de quelques autres se font écoulées par des gorges très-

(1) La correspondance des angles n'existe pas dans les vallées & dans les gorges
situées au milieu des grandes montagnes, mais toujours dans les grandes vallées des
pays de collines. -
profondes, souvent de plusieurs lieues de longueur, ouvertes au milieu
de rochers d'une extrême dureté, sans qu'on puisse attribuer cette ex-
cavarion au seul travail des eaux qui en forroienr, lorsqu'on réfléchira
qu'il existedansles heures montagnes une infinité de lacs dont la très-
foibie barrière n'a pu encore erre détruire par le paÍfage des eaux, qui
y coulent depuis l'état adtuel de nos continens.
,,
Il verra des bancs de pierres calcaires reposant sur les tranches des
bancs verticaux des montagnes primitives & appliqués immédiatement
sur toute espèce de roches; il trouvera dans des parties très élevées de
ces montagnes, des porrions de couches calcaires coquillières qui y

les auroit totalement couvertes ;


fontisolées, & qui paroissent être les lambeaux d'une enveloppe qui
ailleurs cette espèce de manteau cal-
caire est beaucoup mieux confervé, & même il existe presque en entier
dans quelques endroits; enfin il observera qu'il est une élévation que
les dépôts calcaires secondaires n'ont jamais surmontée.
Il remarquera des montagnes calcaires isolées qui ne font aussi en
quelque forte que les résidus de quelques grands plateaux à couches hori-
;
sontales ellesforment des îles au milieu de la mer, ou des promon-
toires à l'extrémité d'une côte baffe où elles s'élèvent brusquement au

d'efearpemens;
milieu d'une plaine; celles qui ont des bancs horifontaux font entourées
l'inclinaison de la furlace & des bancs de quelques
autres annonce une chute. D'autres montagnes également isolées font
mi-partie calcaires & volcaniques, ou ont des couches produites par deux
élémens contraires qui alternent entr'elles : ce qui les rend plus remar-
quables encore, c'est leur distancesouvent très-grande des foyers ou
centres volcaniques, avec lesquels elles n'ont confervé aucune relation.
Quelques-unes de ces montagnes volcanico-marines font terminées par
des plateaux horifonraux sur lesquels reposent des mines de charbons de
terre.
Il verra des plaines immenses couvertes de cailloux roulés dont
l'origine ne peut se présumer qu'à de très-grandes difiances, quoiqu'ils
aient confervé un très-gros volume. Ces cailloux formeront ailleurs de très-
grandes collines, ou feront le couronnement de quelques montagnes
isolées. Il verra de très-gros blocs de rochers épars dans de vastes
plaines, ou accumulés de manière à former des montagnes isolées il ;
sommité de quelques montagnes calcaires ,
trouvera enfin des masses énormes de granites & de porphyre sur la
quoiqu'entre elles & les
montagnes primitives il y ait jusqu'à dix valléestrès-yrofondes qui
interceptent toute communication (i). Il verra encore que les vallées &

(i) A chaque phrase que j'écris, il Ce présènte àma mémoire mille citationsde
,
lieux & de faits Íèmblables aux circonflances dont je trace rapidement l'esquisse
mille paflfages des ouvrages des naturalistes voyageurs qui confirment mes propres
,
les gorges font Couvent remplies de matières qui y font arrivées pofié-
rieurement à leur excavation qui y font entrées par leurs embouchures,
& qui n'ont aucun rapport avec les matériaux des montagnes qui forment
Jeur encaissement. Ces matières étrangères aux vallées qui les contiennent
y font également disposées par couches horisontales, dans lesquelles
,
se rencontrent leschoses les plus dissemblables, telles que des coquilles
maritimes,desossemens d'éléphans des cornes de cerfs KÉ des têtes
de bisons, dont la race paroît perdue, des bois du nord & des joncs
des Indes, &c. &c.
En niême-tems que le naturalise rassemblera des fairs qui paroîtronc
contradt&oires entr'eux il avancera dans la solution du problème de

; ,
la formation de nos continens
davantage
,

,
quoiqu'il paroisse le compliquer toujours
car lotfqu'il se fera persuadé que la cause de tour ce qu'il
voit n'est point dans l'ordre aftuel des événemens il fera autorisé à la
chercher dans un ordre différent. En acquérant la conviction de l'im-
possibilité où est la mer d'opérer, dans ses circonstances présentes,rien de
semblable à ce qui existe sur nos continens, il ne peut plus supposer qu'elle
y ait rélidélong-tems; il doit imaginer des circonstances plus puiifanres
& capables de plus grands effets, où la mer doit cependant intervenir,
puifqu'on a des preuves certaines de son concours. En reconnoissant les

;
effets d'une force immense, il doit la chercher dans les événemens qui
doivent la donner ou qui peuvent la mettre en action car il lui faut
un tel mouvement qu'il puisse ébranler la malle entière des eaux,afin
qu'elles se chargent & rapportent les manères qui reposent dans le fond

,
de ses bassins. Il faut une action périodique qui pendant long-tems renou-
velle les mêmes effets une force relie qu'elle puisse vaincre les plus
grandes résistances, & une alternative d'alluvions & de defféchemens
qui faffe les dépôts & permette leur cohfolidation.
De très-grandes marées peuvent feules produire de pareils effets, elles
feules peuvent remplir toutes les conditions singulières de ce problème

curer,
géologique. Je ne m'éleverai pas jusqu'aux causes qui ont pu les pro-
je Iaifferai aux astronomes-géomètres à déterminer par quelle
influence planétaire les eaux ont pu se soulever périodiquement, sortir
de leurs bassins,affluer surnos cominens, s'y élever jusqu'à 800 toises
de hauteur & retourner bientôt après dans les lieux où la penre les
appelle. C'est à eux de nous dire s'ils peuvent imaginer quelques hypo-
thèses dans lesquelles ces effets fuffenr possibles. Dans tous les systêmes
de Géologie on a toujours également besoin de leur fanaian & un ,
mouvement périodique dans la massedeseauxextrêmement supérieur
à celui de nos marées autltes n'est pas plus extraordinaire que tous
I"
'obfervtionc. Mais en ralfrmblant ces preuves juflificatives j'excéderois kt liouUttf
qûè je me fuis données pour l'étendue de ce Mémoire.
les autres événemens dont la fuppofirion est nécessaire pour le dépla-
cement des mers qui auroienr pendant des milliers de sièclesenfevdi
je me bornerai à dire que ,
nos continens. Jusqu'à ce qu'ils aient prononcé sur ces grandes quefiions,
si de telles marées avoient existé
auroient pu produire tous les phénomènes dont l'explicarion par touc
,
elles

autre moyen ne paroît impossible. Ces marées n'ont du commencer


que lo.iq rems après la grande catastrophe qui a élevé les montagnes
primitives:, ptndanr cet intervalle de repos tous les animaux propres à
la mer s'y font inulnpliés prodigieufemtnr à cause de la grande énergie
qu'avoir la narure dans les premiers tems de l'organisation de lamatière;
les plus grande; espè,eç d'animaux terrestres ont peuplédescontinens
déjà.décorés de toutes les richesses du règne végétal. Mais l'empire de
l'homme n'avoit pas encore commencé, aucune trace de ion existence
ne paroît jusqu'à ce que l'ordre présent & des faisons & des marées se
foit établi. J'ai lieu de présumer que ces grandes & extraordinaires

de même ;
marées ont -eu un accroiiïement progrelIif, & qu'elles ont diminué
& je ne fuppoferois pas une bien grande antiquité à l'ordre

de la nature ,,
actuel des choses. Les faits historiques font en cela d'accord avec ceux

y a six mille ans


& la race des hommes étoit sûrement bien récente il
à moins qu'elle ne se fût alors renouvelée après
une defirudion presque entière.
Des marées de huir cents toises au tems de leur plus grand accrois-

;
,
sement, ont pu fuflîre pour étendre sur la terre toutes les couches
horisontales que nous y trouvons elles les y déployoient de la même
manière que les lames de la mer, glissànt sur une côte basIs, viennent
porter quelquefois à plusieurs milles dans l'intérieur des terres les fables
dont le flotsest chargé en commençant à se mouvoir. Mais lorsque
la vague trouvoitquelqueobstacle à son déploiement, lorsqu'elle ren-
controit les montagnes qui existoientdéjà, l'impulsion pouvoir la faire
j
remonter très-haut (i) &, par l'impétuositédu choc, le jaillissement
des eaux pouvoir porter jusqu'à deux mille toises d'élévation les matières
qu'elles contenoient. De telles marées agiroient les mers jusques dans
le fond de leurs bassins, elles communiquoient leurs mouvemens à tous
les corps qu'elles trouvoient mobiles; & les eaux, chargées de toutes
les matières qu'une très-violente agitation pouvoir y tenir suspendues,

(1) Le.arées ordinaires ;


ne devroient jamais élever les eaux à plus de cinq pieds
& telles font celles des mers libres, mais le giflTement des côtes & le concours de
quelques autres causes les font monter dans quelques endroits au-delà de trente
pieds.
,
En supposânt que la lune fût de la même densité que la terre & eût des mers
sêmblables ses marées feroient de quatre cens cinquante pieds. La terre un peu plus
rapprochée ,du soleil auroit des marées immenses.
les charrioient avec elles en envahissant nos continens. Ces flots d'une
boue à peine fluides'avançoient pefammenr, & la m indre celTation dans
le mouvement suffisoit pour les coaguler par une précipitation immédiate.
Les eaux commencèrentcependanr à attaquer les couches horisontales &
régulières qu'ellesavoient accumulées aulTi-rôr que les marees, arrivées à leur
plus grande élévation, durent, en leretirant, defeendre desmontagnes
qu'elles avoient couvertes en parrie. Lamerretournantprécipitammentdans
ses bafllnsacquiruneforce immense parlepoids de ses eaux, dont la chiite à
le
travers les montagnesaccéléroit mouvement. Depuis lors chaque retraite
des eaux dérruifoit une portion du travail qu'elles avoient fait, & elles
entraînoienr dans les bassins de la mer des débris de toutes espèces qui
devoient bientôt revenir avec elles sur nos continens. Mille circonstances
dépendantes principalement des premières éminences du globe durent
modifier & la marche & la rerraite des eaux, garantir une porrion des
nouveaux dépôts pour livrer à leur ravage & à une entière deftruclion
les parties sur lesquelles les flots devoient passer à leur retour. Un inter-
valle de quelques mois entre chaque marée pouvoir suffire pour dessécher
les couches de manière à ce qu'elles fuflenr déjà conrolidées, lorsque
de nouveaux dépôts venoient les recouvrir. Je ne tracerai point le tableau
de tous les effets qu'ont pu produire les flux & reflux de pareilles marées;
il feroit semblable à celui que j'ai esquisse en examinant l'état aétuel
de nos continens.
Quelques animaux ont pu se soustraire à ces déluges périodiques en
se réfugiant sur les plus hautes fommirés ; mais toutes les autres pro-
ductions de la terre ont du être emportées dans la mer, pour revenir
enfuire avec des corps marins s'ensevelir dans les nouvelles couches.

se réunir & s'accumuler dans les mêmes lieux


; :
Tous les corps, qui avoient une pefanreur presque semblable ont pu
,
telles font les parties des
animaux que l'agitation avoir disjointes ainsi les dents ont pu arriver
ensemble dans quelques endroits, & les os plus légers erre portés plus
( ;
loin i); ainsi les débris des coquillages ont pu à eux seuls composer
de grandes couches ainsi des milliers d'arbres arrêtés au pied des
montagnes ont pu y être ensevelis fous des argilles sur lefquelies font
venu s'érablir d'autres couches calcaires. Chaque départ de la marée
produisoit de nouvelles déc hirures, ouvroit des gorges, démanteloic
des lacs, en formoit d'autres par l'obstruction des passages, combloic
des vallées avec des matières que difFérens accidens faisoient arriver
des contrées les plus loinaines, tranfportoit des blocs énormes, &

(i) Tous ces grands ossemens ont pu être fraéturés, mais quelles que soient les
financesquele flot leur ait fait parcourir, ils n'ont point pris de form.'S arrondies,
parce qu'ils n'ont pas été traînés ou roulés, mais ils ont été portés.
détruifoit
détruifoic ensuite la route qu'ils avoienc parcourue, renversoit des

1
:
couches, en emportoit d'autres, &c.

,,
Je Je répère sans le poids de toute la mais des eaux augmenté
par l'accélération de leur chute je ne connois point de puissances
capables de creuser nos gorges de transporter à de grandes di stances
des malles cent fois plus groiïes encore que le rocher de Pétersbourg.
Sans la marche d'une partie des eaux de l'Océan, je ne fais comment
ouvrir nos vallées en faifanc occuper leur capacité par des eaux courantes,
ni comment isoler des montagnes dont les bancs horifontaux annoncent
des dépôts d'une grande extension. Enfin, sans des retours périodiques
d'alluvions & de delîéchemens, beaucoup de faits me paroissent im-
possibles à expliquer, entr'autres celui de la formation des mines de
sel gemme & celui des volcans donc les productions font mêlées avec
les dépôts de l'eau.
Ce n'est que par l'évaporation de l'eau de la mer que le sel de ces
mines a pu se coaguler en grandes masles, & cependant ce n'est qua
la mer qui a pu les couvrir & les entremêler de couches calcaires co-
quillières. Ces eaux salées ont dû nécessairement être contenues dans
un badin, & ce n'est qu'aux déchirures produites par la retraire des
eaux, qu'on peut attribuer une telle dégradation de tout ce qui les
environnoic, une telle métamorphose dans le terrein qu'elles occupoienr,
que maintenant elles font quelquefois placées à la sommité des mon-
tagnes (i).
les eaux sans se coaguler ,
Il est impossible que les torrens de laves fassent un grand trajet dans
8c cependant nous voyons des courans
ci-devant enflammés, de plus de douze lieues d'étendue, s'enfevelic
fous des bancs cafcaires; & la succession de cinquante couches alter-
nativement calcaires & volcaniques nécessite une fuite périodique de
defTéchemens & d'alluvions; il paroîc même que la grande activité de
ces anciens volcans dépendoit de cette circonstance; les eaux introduites

,
souvent dans leur foyer, sans les submerger entièrement, y augmentoient
la fermentation leurs laves encore brûlantes étoient faisies par le retour
de la marée & éprouvoient le retrait régulier que cause un refroidifle*
ment subit.
Le développementde mes opinions, le recueil des faits qui pourroient

,
les rendre encore plus probables l'application des causes que je fais
agir à une infinité de circonstances, de détail exigeroient un ouvrage

(t) Dans les mines de (el gemme ainsi que dans les carrières de gypCe, on trouve
quelquefois des cailloux roulés des rochesles plus étrangères aux montagnes qui les
avoisinent, & des dépouilles d'animaux de toutes espèces,terrestres & maritimes
des ossèmens d'éléphans ont été trouvés dans les mines de sel de Wichizka, ea
:
Calicie.
d'une grande étendue. J'ai cru cependant devoir me borner à faire ici
l'exposition (Immaire de mon systême pour Tarifaire quelques naturalistes
qui, ayant voyagé avec moi dans les montagnes, m'ont montré de
l'éronnemenr en m'enrendant parler de la chute des bancs, dudépla*

,
cernent des couches, dutrànsport des argilles & des matières contenues
dans les vallées sans que je voulusse ad mettre l'hypothèse de ceux qui
prérendent que la mer a résidé tranquillement & pendant ur.e longue
fuite de siècles sur nos continens. Ils m'ont vu avec surprise rejettes

,
l'intervention des eaux fluviales comme trop peu abondantes pour
creuser nos vallées & les courans de la mer comme trop débiles; ils ne
concevoient pas sur-tout comment je refufois ma croyance à la nécefliré
de faire habiter nos continens & nos contrées par tous les animaux &
les végétaux qui s'y trouvent ensevelis. Mais comme les faits valent
mieux qlle les systèmes les plus féduifans, je renoncerai au mien auffi-
tôt que quelques observations bien faites y feront directement contra-
dictoires.
TOUTE matières'attire réciproquement (i).
Cette propriété, la plus
imporranre qui ait été reconnue dans la matière, doit être la clef de
toutes les sciences physiques; car lorsque l'astronome en calcule les

(1) M. de la Métherie à qui j'ai voué une sincère amitié due à Ces qualités per-
sonnelles pour qui i'ai depuis long-tems toute l'efiime que méritent Ces talens &
, a
ses connoissances, fait dans le Journal du mois précédent quelques objtâions
contre mon fyllême surla formati n des couches coqui.lières ; il observe que nulle,
caille physique connue ne peut Droau.re des marées semblables à celles que je
suppose. Je lui répondrai que vojant des effets qui annoncent le fréqutnt retour de

;
la mer sur nos continens,j'ai dit qu si des marées excessivement hautes avoient

t
existé,ellesauroient pu produire de tels effets j'ai dit que l'éut présentdelaterre
que nous habitons ne peuc être attribué ? la mer féjourna* autrefois sur nos
continens avec la même tranquillité qui accompagne sa résidence dans ses bassins
aétuels, au f ,nd desquels régie un calme .I(fj parfait que celui des profondeurs de
la ter'e,où sûrement on ne relient pas le, agitarions de sa surface. M; de la

:
Métherie ne réeufera pasune autoriré qui mepalolt d'un très-grand poids. L'auteut
de l'ouvrge intitulé Principes de la Thilofophie naturelle a dit avant moi, &
répète encore ivec moi, qu'un grand nomb e defaits ne permet ,
pas de douter
s
que la mer n'ait été lufitur foissur nos continens. 9r, cet ouvrage que j'ai
lu avec un grand plaisir & un extreme intérêt à l'époque où il parut, & qui a beau-

; ,
coup contribué à d ri ger plus particulièrement mes observations vers les phéno*-
menes relatifs à l'hiilore du globe cet ouvrage qui renferme aussi des vérités
morales & des rincipes politiques, & qui efl d'autant plus remarquable qu'il fut
écrit dans un teis où il étoit dangereux de manifester sa penCée, de professer les
h
maximes Je "hiloo )hie, d ne¡ un temsoùtousles gran ds hommes du moment étoient

, ,
encore prosternésdevant les idoles qu'avoient confacté la bassesse & les préjugé;
cet ouvrage dis-je a M. de la ;VPthrie lui -même pour aireur. Si donc alogéil
qu'il toit nécessaire de supposer p.ufieursinvasions de la mer sur nos centinens oout
expliquer beaucoup de faits, je ne puis qu'avoir ajouté aux raisons qui l'ont déter-
loix dans les mouvemens des corps planétaires, le lithoîogifte en
reconnoît les effets dans les qualités les plus essentielles des pierres ,
,
miné à adopter cette idée par mes confédérationssur les mines de tel gemme placées
entre des bancs calcaires, sur les montagnes volcanicomarines , où les productions
,
de l'eau alternent avec celles du fer, sur les matières étrangères venues de très-loin
pour combler nos vallées calcaires &c. &c. Si tous ces faits nécessitentle retour de
la mer sur nos continens, il en est une infinité d'autres qui exigent son départ préci-
pité. Je dirai de nouveau que ce n'efl qu'alors qu'el e a pu creusêr d'immensès
profondeurs, qu'elle a pu faire parcourir des centaines de lieues à des masses énormes ;
c'est alors qu'elle a détruit la route qu'elle avoit fait fùivreà des blocs de granit qui
reposènt maintenant sur le Commet des montagnes isolées où ils paroissent n'avoir

;
,
,
pu parvenir qu'en vainquant les loix de la gravitation qui pour d'aussi grottes
malles font au-deirus de la puissance des flots je le répéterai encore ce n'est pas en
prolongeant le séjour de la mertur nos continens, qu'on augmentera son influence sur

,
la formation de nos couches. Ce n'est pas en la faisânt revenir par un mouvement si

,
lent qu'il est insensîble même dans une longue fuite de siècles qu'on lui donnera
les moyens de lillonner, ,
de déchirer de détruire en grande parti e tes précédens
travaux. La nature demande au tems les moyens de réparer les désordres, mais elle
reçoit du mouvement la puissance de bouleverser. Or plus on éloignelapériode des
,
alluvions, plus on ralentit leur marche, moins on obtient les effet qu'on exige. Oui,

,
s'iln'ejlpas permis de douter que la mer naît envahi plusieursfois nos conti-
,
nens il ne me paroît pas plus permis de douter que les submersions se font faites
avec violence, se font retirées avec précipitation & que le tems qui a réparé chacune
de ces alluvions n'ait été très-court, puisque les volcans dont elles font venues recouvrir
les produits n'ont fait pendant leur intervalle qu'un petit nombre d'irruptions.
finfifierai sur l'impossibilité de former dans un grand volume d'eau, où se délayent
les matières qui s'y précipitent, des couches de vingt pieds d'ép-aiffeur, sans qu'elles
prennent entr'elles l'ordre, la disposition que preferivent impérieusement les
pesanteurs [pécifiques. Ce n'est point dans le calme que (e forment les mélanges

mers. Je répéterai. , :
confus, & je soutiendrai toujours que le calme le plus parfait règne dans le fond des
Mais non
,
je renverrai à mon Mémoire, en priant de peser
avec attention & impartialité les objections que je fais contre un préjugé qui n'a
acquis de force que par la réputation des savans qui l'ont établi, & qui ne peut résister
que par l'habitude de sa domination. Je supplierai sur-tout de ne point donner pour (
me combattre) plus d'importance qu'ils n'en méritent, à quelques faits particuliers
qui ont descaufes locales dont les effets font très-bornés.Je ne saurois, par exemple,
admettre comme objeétion contre mon opinion sur la formation des couches de
charbon de terre, ni comme preuve de la possibilité de faire arriver dans les pro-

,
fondeurs de l'Océan une forêt de fapjns, le petit phénomène des feuilles qui après
avoir nagé sur la surface de l'eau d'un bourbier, se précipitent au fond lorsque la

,
longue macération a dissous leur substance extracilve & les a réduites dans un état
presque terreux ou lorsque le poids du limon qui les a recouvertes les. a fait
descendre. Un arbre de sapin ou de cèdre pourra se décorrpofer & se détruire sur la
surface des eaux de l'Océan, mais non pas vaincre la réfi^nce d'une pesanteur
spécifique double de la sienne.
Sans prétendre donc nier absolument le téjour de la mer sur nos continens, je ne
vois pas la nécessîté de l'admettre, puisque je ne conçois pas comment un pareil
séjour auroit pu influereiffcacement sur les accidens & sur les phénomènes que nous
observons. Les eaux qui ne dissolvent pas ne peuvent agir que par un mouvement qui.
;
savoir, leur densité, leur dureté& leur forme & si, comme le dit M.
de Fourcroy, le principal but de la chimie ejl de rechercher l't,laion -
des corps naturels les uns sur les autres, de cannoitre l ordre de leur
compojition, d'apprécier la force avec laquelle ils tendent à s'unir
& ressent unis ensemble, la lirholcgie, pour sortir de l'espècede chaos
où elle est encore, doit appliquer ce même genre de recherches aux
objets qui lui font parriculiers; elle doit examiner l'adion que les
rerres ont les unes sur les autres, l'ordre de leur compolttion l'état
de leur combinaison & leur tendance mutuelle. Je devrai donc rap-
,
peler quelques principes qui font la bafe des travaux du chimiste, comme
ils doivent l'être des observations du lithologiste, & j'appliquerai filc-
ceffivement à la réunion & à la combinailon des terres, une partie
des loix qui influent sur les combinaisons salines.

pierres,
La dureté & la denfiré étant les deux principaux caractères des
il tft important de remarquer d'abord qu'elles doivent ces
propriétés à cette tendance générale de tous les corps les uns vers
les autres. Mais si ceux d'une très-grolTe maÍfe peuvent l'exercer à une

@,
grande distance, les molécules qui les composent & qui font d'une
subtilité qui échappe à nos sens n'ont d'activité que dans une sphère
proportionnée à leur volume, & ne peuvent agir par conféqllent- que
dans les plus petites distances possîbles; alors les liens qui les enchaînent
font d'autant plus forts que le rapprochement est plus-exact, & que les
contacts onr lieu par un plus grand nombre de points. Quoique la
compofirion, la folidiré & la forme des pierres ne soientque le rélulfat
de la même loi d'arrraétion, il est important de ne pas confondre

,, ,
est refusé à celles qui occupent le fond des bassins de l'Océan.Jedéfendrdi également
une autre vérité qui me parou aussi înconteflable sur laquelle j'ai été éclairé par les
ouvrages de M. de Luc & dont il ire terrible voir la preuve dans toutes les pages
:
de l'ldtoire des hommes & dans celles où tont ccnfîgnés les faits de la nature. Je
dirai donc avec M. de Luc L'état aéluel de nos continens rieft. pas ancien, je
s é
penseraiavec ui qu'il n'y a ps long-ten qu'ils ont é donnés ou rendusainsi
modfiés à t-
l'empire de j'homme. Cette vérit' n'auroit pei étre pas été 2uffi vive-

t ,
ment attaquéeaussi fortement combattue, si ellen'eût pas eu des relations avec
des opinions reiigieuceç qu'on vou!o;t détruire & qui pouvoient être absurdes sans
nuire à cette venté géologique. On croyo faire un a de de courage & se montrer
exemot de uréjugés en aug.-nentant par une espèce d'enchère le nombre des siècles
qui se font écoulé depuis que nos conttrens font accordés à notre industrie. Sans
crainIre de me livrer au ridicule, sans redouter l'espèce de défaveur qu'encourent
mai*enanr ceux qui ne s'abandonnent pas aux exagérations & aux écarts de l'imagi-
nation, ie nourrai oublier dans quelque terns un ouvrage dans lequel je réunirai les
'*' nionumens hiftoriqnes aux obfervatîors géologiquespour démontrer qu'en admettant
dix nille ans d'ancienneté pour le moment on la tprre est devenue ou redevenuë

,
habitable,on exagère peut-être encore. Mais je dirai aussi qu'il n'y a point de
mesure pour le terns dans les époques antérieures & que l'imagination peut y
prodiguer les milliers de siècles avec autant de facilité que les minutes. , j

,
des effets qui font modifiés par plusieurs causes & il me paroit essentiel
de bien distinguer le genre d'avion que les molécules exercent en-
tr'elles dans différentes circonstances.
Les molécules qui par leur adhérence entr'elles constituent les
pierres peuvent être ou simples, ou composées; tfes unes & les autres
peuvent être ou semblables, ou di(semblables. La réunion des molécules
semblables, qu'elles soient fimplesou composées, se nomme agrégation;
& j'appellerai mélange le concours des molécules d'espèces différentes
qui n'ont entr'elles que la feule adhérence qui naît du simple contact,
& adhésion, la force qui les unir.
C'est à la lithologie principalement que l'on peut appliquer la maxime
de M. Macquer lorsqu'iL dit que les propriétés du corps agrégé dé-
pendent autant & peut-êtrebeaucoup plus de la manière dont les
l
particules intégrantes font jointes les unes aux autres dans agréga-
tion, que despropriétés essentielles de ces mêmesparticules. Je dois donc

gation & de l'adhésion ,


examiner plus particulièrement les loix& les modifications de l'agré-
& remarquer attentivement les différentes
conditions & circonstances qui contribuent à la dureté & à la solidité
des corp s terrestres.
Je distinguerai d'abord trois espècesd'agrégations; 1°. l'agrégation
parfaire, qui est celle où les molécules intégrantes ont eu la faculté
de prendre la position exaéte qui convient le mieux à leur forme; alors la

*
caire rhomboïdaltransparent ;
pierre possède le tissu intérieur, la forme extérieure, la dureté, la dènsité
& les autres propriétés qui lui font particulières : tel est le spath cal-
2°. l'agrégation défedlueufe ou in-
complette, dans laquellelesmolécules trop précipitammentrassemblées
n.lmt pas toujours pris exactement leurs places d'éledion : tel est le
marbreblanc statuaire, ou le fparh calcaire rayonné; 3°. l'agrégation

, ;
confuse, où les molécules réunies sans avoir eu ni la mobilité ni le
tems, ni l'espace nécessaire pour adopter un certain ordre se font ac-
la masse qu'elles formentne ;
crochées par tous les points qui se font présentés au conrast alors
donne aucune indice de cristallisation ainli

; ;
font les pierres calcairesordinaires.L'agrégation consule doit elle même
se fubJivifer en quatre modifications différâmes les molécules agrégées
peuvent paroîrre subtiles on grossoières le rifIu en estou lâche ou ferré.
;
Beaucoup de pierres calcaires ont le grain tellement fin qu'il est
imperceprible d'autres l'onrtrès-gros & ressemblent aux grès. Quel-
ques pierres calcaires doivent à un riflu rrèviferr é la facul'é de faire
feu avec le briquet;d'autres, comme la craie de Champagne, ont une
agiégarion si lâche qu'elle cée au moindre effort, & que tous un
volume éal elles renferment moitié moins de matières que les autres.
Ces exemples pris dans le frul genre calcaire font applicables aux
pierres de tous les autres genres,
( La tendance à l'union.qu'ont les molécules semblables a fait nommer
afnniféd'agrégation, la force qui les attache les unes aux autres, par-
ce qu'elle paroît les attirer avec une certaine prédilection. Quelque
activequ'elle foit dans certaines circonllances, on ne peut pasce-
pendant la déterminer à agirenentassant & même en comprimant
ensemble des matières pulvérulentes. Un rapprochement pareil, quel-

;
qu'exaét qu'il nous paroilIe, est bien loin encore de placer les molécules
à la proximité qui convient à leur petite sphère d'activité d'autant que
ces particules terreuses qui nous paroissent très-divisées, n'approchenc
pas encore de ce degré de subtiliténécessaire pour céder à une force
qui ne peut influer que sur des molécules très-mobiles, & lorsque leur
pesanteur est devenue presque nulle par le moyen d'un fluide où elles

après différentes opérations contufoires,


nagent. Car les grains d'une terre .qui nous paroissent impalpables
comparés aux molécules in-
tégrantes des corps, peuvent encore être considérés comme de petites
masses de formes irrégulières, qui se refusent au contact intime.
La cohésion entre molécules semblables, lorsqu'elle agit avec toute
l'énergie qui convient à une agrégation parfaite, a communément plus
de force que l'adhésion des mélanges, c'est-à-dire, que présentant plus
de résistance à la séparation, les corps agrégés font ordinairement plus
durs & plus solides que les mélanges; & dans ce moment ce fera
feulement fous le rapport de la dureté qui en est le résultat, que je
considérerai les forces de l'affinité d'agrégation dans les diflérens agré-
gés, & que je les comparerai à celles qui appartiennent à l'adhésion dans
les mélanges.
La dureté des agrégations parfaites dépend sûrement de la forme
particulière & essentielle aux molécules intégrantes des différentes
substances, car elle est indépendante de leur mafle ou de leur densité. Les
molécules qui ont le plus de tendance ou d'aptitude à un ordre
confiant, devroient toujours s'unir par les liens les plus forts & pro-
duire les pierres les- plus dures dans le cas qu'elles eussent leurs faces

eilentielie à ;
exactement planes, circonstance qui a été négligée, mais qui est très-
observer car si on connoissoit parfaitement leur forme
fous ce rapport, comme on connoît le nombre de ces faces & des
angles on pourroit déterminer tous les points de conrad: que peut
donner, leur rapprochement, & on arriveroit alors à établir par le
calcul la majeure dureté à laquelle pourroit parvenir chaque espèce
de pierres, lorsqu'elles auroient l'agrégation la plus parfaite. Mais en
attendant que l'abbé Haüy, qui a appliqué si ingénieusement la géo-
métrie à la lithologie, lait
dirigée plus particulièrement vers cet objet
qui me paroît mériter d'être pris en considération ; avant qu'il ait ainsi
suppléé à des expériences directes qui me paroîtroient impossibles, si
semblables à celles qui ont été faites pour la dudilité desmétaux,oix
tendoit à représenter par des poids le degré de réfirtance absolue
qu'oppose la force dagrégation à la séparation des molécules, nous
ne pouvons jugèr cette force d'agrégation qu'en comparant la dureté
Relative des différens agrégés. 1
Quelques auteurs ont tenté de faire une table pour exprimer - la
dureté relative des différentes pierres entr'elles, mais ils n'ont pas eu
comme moi, pour objet de comparer dans certains cas, la force de
l'affiniré d'agrégation avec celle des affinités de compofirion & de
déterminer les circonstances où l'énergie de la première oppose le plus
de résistanceauxeffets de la feconde. Leur méthode a été plus ait
moins dèfectueuse; d'ailleurs tous les problêmes de lalithologie ont
des données si incertaines, ils s'entrecroisentréllement,que la solutiôn
de chacun d'eux tient à celle de tous, & aucun ne peut être expliqué
isolément & servir ensuite de bass, pour résoudre les autres. Je me
i
bornerai donc maintenant à établir neespèce d'ordre comparatif pour
la force d'agrégation qui appartient à chacune des cinq terres élé-
mentaires. ':
Terre quartzeuse; terre argilleufe; terre frrugineure; terre calcaire,
& terre muriatique. 7

-
Le cristal de roche & tous les quartzdoivent leur duretésupé-
rieure à celle de toutes les autres pierres simples à la très-grande force
d'agrégationqu'exercent entr'elles les molécules quartzeulès, laquelle
surpassé dans beaucoup de cas celle de ses affinités chimiques, de ma-
uière que la terre quartzeuse rend toujours à s'épurer & à se cristallises
en se séparant des matières qui gênent la réunion exaae de ses mo-
lècules, & en expulsant Jdé l'agrégation les fubtfances qui y font
étrangères.
La terre argilleufe que je place au fecond rang, paroîtroit presque
entièrementprivée de toute force d'agrégation, si nous la conlidérions
dans l'état où elle se trouve naturellement, puisquejamais nous ne
lui voyons former un corps solide, puisque les parties extrêmement
fubnles ne rendent point à se réunir dans un ordre régulier quelconque,
puifql'elle perd par le simple defTéchemenr cette espèce de viscosité &
de rénaciré dont elle jouit lorsqu'elle est humectée, & que la foible
cohérence qu'elle conferve peur erre rompue par le moindre choc. Mais
cette résistance à l'agrégation ne vient que de sa grande tendance à
sunir à l'eau, & de la force avec laquelle elle y adhère, qui égale
ou surpasse celle de l'agrégation, ou plutôtmême l'eau s'intromettant
v
entre les molécules argilleufes & contractant une adhérence,telle qu'elle
peur refifler à un degré de chaleur supérieur à celle de l'ébullition,
sans se dissiper, les place hors de la sphère d'activite les unes des
antres. Mais iorfque le feu , capable de faire rougir l'argile, dimpe
cette dernière portion d'eau qui augmentoit son volume, l'agrégation
à laquelle e4ée s'étoitrefuféô jusqu'alors s'opère facilement; quoique .cort'
fuse elle produit une dureté qui approche de celle du cristal de roche
& elle résiste à son tour au retour de l'eau qui ne peut,plus adhérer à la
,
rerre argilleufe,' ni se combiner de nouveau avec ses molécules, sans
yaincre l'énergie de leur cohésion. Voilà pourquoi les argilesbien cuites,
quoique mises en poudre presque impalpable, refuknt de reprendre
leur ductilité; les opérations méchaniques n'arrivant pas jusqu'à rompre
l'agrégation des dernières molécules. C'ell ce qui a donné lieu à

)
l'erreur de ceux qui ont cru que le feu changeoit la nature de l'argile,
la privojt pour toujours de ses propriétés eÍfentÏelles. Mais l'art par
des combinaisons chimiques; & la nature par un travail lent, isolant
de nouveau les molécules élémentaires, leur rendent leur tendance à
à
s'unir l'eau& leur jeftituent toute leur vifeofité.
La terre ferrugineuse nous montre une force d'agrégation assez grande
( quoique inférieure à celle des deux premières, ) dans les différentes
mines où elle est à-peu-près pure, telles que les hématites &les mines
de fer dites limoneuses. Mais il est cependant à' remarquer que pour la

son adhérence dans certains mélanges j


terre ferrugineuse 14 cohésion entre moléculessemblables est plus foible que
& elle donne fouvenc plus

;
de dureté & de solidité aux maflTes ou elle est simplement mélangée,
qu'elle ne peut en acquérirelle-même lorsqu'elle est pure singularité
qui n'appartient qu'à elle.
(
Je puis dire que la terre calcaire aérée, telle que la nature nous
la présente toujours) a une grande affinité d'agrégation sans qu'elle
puisse cependant l'exercer avec beaucoup d'énergie lorsque ses molé-
cules font rapprochées autant qu'il leur est possible.Carfacilement
elles prennent entr'elles un ordre régulier; mais elles ne se lient pas
à
par une forte cohésion, & elles résistent foiblement leur séparation.
Le spath calcaire acquiert peu de dureté, quoiqu'il prenne aifémenc
les formes les plus régulières. Je puis donc supposer que ses molécules
ont eÍfentÏellement la figure la plus convenable à un arrangement
symmétrique, sans avoir des surfaces exaélement planes, qu'elles peu-
vent se disposer régulièremnt, sans se toucher par un grand nombre de
pDints) & elles nous présentent quelquefois la fingulariré d'acquérir

;
plus de dureté & de densité dans une agrégation confuseque dans la
régulière car nous avons des albâtres orientaux, à pâte & grains très-
fins quiétincellent vivement tous l'instrument d'acier qui les taille, qui
pésent plus que le spath calcaire rhomboïdal, quoiqu'ils soient aussi
pursque lui & exempts de tout mélange de quartz.
,
La terre muriatique ou de magnésie peut être considérée comme a-peu-
près privée de la force d'agrégation car nous ne lui voyons jamais formée
aucune masse solide, jamais elle ne se sépare des terres avec lesquelles
,:

elje est fiaiplemenc mêlangée; ses molécules paroissent se refuser à


toute
toute réunion entr'elles; elle ressemble à cet égard à l'argile. Elle
doit sûrement comme elle, l'apparence onétueufe ou favoneufe qui la
caradérife & qu'elle transmet aux mêlanges & aux combinaisons où
elleintervient en certaine quantité, à l'air & à l'eau qui font natu-
, ;
rellement associés ou combinés avec elle car lorsqu'elle est fortement
chauffée elle devient aride, prend du retrait & forme une malle
allez dure.
La force de l'agrégation des molécules composées varie autant que
leur compolition. Il feroit par conséquent difficile d'en exprimer toutes
les dilremblances, & de les assujettir à quelques régies générales. Si
je ne confidérois que les gemmes, dont la dureté surpassè beaucoup celle
de toutes les autres pierres simples, je croirois pouvoir dire que les
molécules composées ayant nécessairement un plus gros volume que
les molécules élémentaires, doivent se toucher par un plus grand
nombre de points & par conséquent se lier davantage; mais en réflé-
chissant qu'il y a beaucoup de pierres composées qui n'arrivent pas à
la dureté du quartz, j'éloigne une idée générale qui ne pourroit être
exaéte, qu'autanr qu'il n'y auroit aucunes causes qui nuifiilent à J'effee
que devroit produire cette augmentation de volume. Je me confirmerai
dans l'opinion que ce n'est ni au volume ni à la densité des molécules
intégrantes, qu'il faut attribuer toute la force de leur agtégation) car
je pourrois augmenter l'une & l'autre en leur conservant la figure
sphéroïde, sans qu'elles puÍfent jamais se toucher par plus d'un point.
Les molécules globulaires feront donc toujours foiblement liées en-r
semble : ce n'est qu'en se comprimant mutuellement, ce n'est qu'en
acquérant des faces, qu'elles accroîtront la force de leur union en même
tems que la facilité de leur conradt. Je conviendrai avec les cristallo-
,
graphes de la nécessité d'admettre des figures confiantes pour les mo-
lécules intégrantes puisque leur assemblage régulier donne toujours

si le nombre de leurs faces détermine leur cristallisation ,


des résultats analogues à ces formes élémentaires. Mais j'ajouterai que

rectitude de ces mêmes faces qui contribue à leur dureté, que leur
c'est la

agrégation est d'autant plus solide que leurs faces font plus planes,&
je montrerai que ce genre de perfection tient à la perfection de la

,
composition & de la combinaison, en disant qu'elles font les compo-
sitions que je confidère comme les plus parfaites & en prouvant que.
fous ces rapports,autant que fous celui de la dureté, les gemmes
surpassent les autres pierres.

;
Je parlerai maintenant de l'autre cause de la duret é des pierres
c'est la force d'adhérence entre matières différentes & sans prendre
,
encore en considération le nombre des substances diflernblablesquis'u-
liiffent par un simple mélange, & leur proportion entr'elles, je distin-
guerai plusieurscirconstances qui contribuent à la force de cette unicuj.
Les matières mélangées peuvent être ou en particules impalpables;
telles celles de la chaux de fer qui mélangées avec la terre calcaire

,
constituent & colorent les marbres, telles lbnt les molécules d'argile
6>c de calcaire dans le lithomarga, &c., ou en parties grossières de
différent volume
,
depuis celui des grains quartzeux unis au calcaire
dans les grès des pavés de Paris jusqu'aux gros grains de quarrz
dar.s les granités d'Egypte. Le mélange peut ensuite être confîdéré
comme parfait, lorique les matières font également répandues & dis-
tribuées dans toute la masse;ainsi l'est la terre ferrugineuse-dans un
bloc de marbre jaune de couleur uniforme; le mélange est imparfait
lorsque dans quelques parties de la rnaffe) une des substances com-

;
porant's y est rassemblée en grande quantirépendant qu'elle est rare
dins les autres ainsi est le mélange de l'argile & du calcaire dans
Je marbre de Campail;aint-I est le mélange du mica avec le calcaire
dans le marbre antique, dit cipolin; ainli est encore le mélange de
la feroentine & du calca;re dans le marbre verd antique ou dans la
pierre dite polfevera des côses de Genes.
iNo i icu.c-ucnt la solidité d'un corps mélangé est relative à toutes
Cs différentes circonstances & à Une infinité d'autres qui font varier
le mode des contatts mais elle est encore essentiellement dépendante
de la force intrinseque , de l'adhélion, laquelle n'en:
pas la même

( MM. de Morveau & Achard )


entre les différentes matières. Nous devons à des savans distingués
des expériences très-ingénieuses &
très-bien faites sur cette force d'adhésion entre les corps solides & les
ils
fluides; ont observé qu'elle avoit une très-grande correspondance
avec les affinités chimiques , & ils ont pu mesurer la réhftance qu'elle
oppofoit à la désunion de ces corps mis en contaét. Malheureusement
les mêmes expériences ne peuvent pas s'appliquer à l'adhérence des
solides enrr'eux, à cause de la difficultéd'établir des contacts uni-
formes; ce ne feroit donc qu'en comparant ensemble la solidité des
differens mélanges qu'on pourroit parvenir à connoîcre les fubtfances qui
s'unifient entr'elles avec le plus d'énergie, ou qui s'aglurinenc les unes
aux autres avec le plus de puiiTance. Mais j'ai déjà observé qu'il y a
un si grand nombre de circonstances qui influent suc la solidité des
1
corps mélangés, qu'on doit toujours craindre d'être induit à erreur, &
d'attribuer à une cause des effets qui dépendent de toute autre. C'est
donc sans prétendre à aucune exactitude) mais feulement afin de
ifxer plus particulièrement l'attention des naturalistes sur une des
propriétés de la matière qui contribue essentiellement à la dureté des
pierres, que j'indiquerai un ordre de rapports d'après lequel il me
semble que les terres élémentaires exercent les unes sur les autresleur
force dadhéfion ou d'aglutination, toujours en supposànt le* circons-
tances les plus favorables à ses effets.
Terre quartzeuse. Terre argilleuCe. Terre ferrugineuse.Terremuriatique. Terre calcaire.
Terre ferrugineuse. Terre ferrugineure. Terre quarrzeufe. Terre quartzeuse. Terre ferrugineuse.
Terre calcaire. Terre quartzeuse. Terre argilleufe. Terre calcaire. Terre quartzeuse.
Terre argilleufe. Terre calcaire. Terre calcaire. Terre argilleure. Terre argilleufe.
Terre muriatique. Terre muriatique. Terre muriatique. Terre ferrugineuse. Terre muriatique.
, La force de l'adhésion du quartz sur les chaux de fer, ou le pouvoir
agJucinatif du fer sur les pierres quarrzeufes, a été observé depuis long-
tems. Les corps mélangés de ces deux matières peuvent acquérir une
grande dureté; mais la force deleur adhésion est surement augmentée
par l'espèce de corrosion que le fer en passant à l'état de chaux, fait

que l'indiquent les expériences de M. Gadd (


éprouver aux pierres quartzeuses, ainsi que je l'ai déjà dit, & ainsi

) Mémoires de Suede,
année 1790, par lesquelles il prouve que les chaux de fer déphlo-
giftiquées ne forment plus avec les fables quartzeux que des concré-
tions sans liaisons.
La terre quarrzeufeadhère aussitrès-fortement avec la pierre calcaire
6c cette propriété a déterminé la pratique qui fait introduire les fables
quartzeux dans la chaux vive pour faire le mortier; mais il semble
qu'encore ici la corrosion contribue à cet effet; & une concrétion de
chaux aérée qui enveloppe des grains de quartz, ne s'attache à eux que
par une foible adhérence.
L'adhérence du quartz avec l'argile pure est foible, elle se renforce
d'humidité que l'argile retient naturellement ;
par la cuiÍfon, c'est-à-dire par la dissîpation de la dernière portion
elle est plus foible en-
core avec la terre de magnésie. Cependant ces deux terres font toujours
mêlées avec une quantité de terre quartzeuse au moins égale à la
leur. Mais ce n'est point leur adhérence avec elle, qui rend leur sépa-
ration dfficile par les lavages & autres opérations méchanique;, mais
l'extrême ténuité de leurs molécules qui leur donne une gravité presque
semblable.
La très-forte adhérence de l'argile avec les chaux de fer peut se

,
confondre avec la combinaison, car la réunion si fréquente de ces
deux terres foit en malles solides comme dans les mines de fer li-

, ,
moneuses, foit qu'elles restent friables ou duétiles comme dans les
glaises doit être plutôt considérée comme le commencement d'une
combinaison chimique que comme un simple mélange mais la force ;
aglutinative de l'argile est tellement augmentée par l'intervention d'une
quantité un peu considérable de terre ferrugineuse, qu'elles forment

,
ensemble le ciment ou la bafe de plusieurs especes de pierres très-
solides telles que la plupart des brèches.
L'adhérence de l'argile avec la terre calcaire est toujours foible, ainsi
Que nous le voyons dans les pierres marneuses, mais elle est cependant
Supérieure à celle que l'argile pure contracte avec le quartz & la terre
muriatique.
La terre fcrrugineufeestle principal ciment qu'emploie la nature;
elle s'agglutine fortement avec les autres terres dans l'ordre où elles font

; il
placées fous elles. La terre muriatique n'a qu'une adhérence rrès-foiblc
avec elles toutes paroîr que ton oncluofité naturelle y met obstacle
mais la terrecalcaire s'attache très-fortement aux chaux de fer, sur-touc
,
lorsqu'elles font très aérées; les cimens les plus solides que l'art produit
font dus à leur mêlange; Ion adhérence avec les autres terres est dans
l'ordre où elles font placées.
Je pourrois faire un grand nombre de remarques sur l'adhérence que
les molécules composées de différentes espèces contractent,foit entr'elles,
foit avec les terres élémentaires ; mais les détails en feroient longs Se
tàfiidicux, & peut-être ne me fuis- je déjà que trop étendu dans ceux qui
précèdent. Je me bornerai donc à dire qu'une molécule simple adhère
d'autant plus fortement avec une composée, que dans celle-ci il y a plus

,
de parties qui lui reflfemblent. L'adhérence entre molécules composées
se rapproche ainsi de l'agrégation c'est-à-dire que le quartz se lie
,
davantage avec le feld-spath qu'avec le schorl, parce que dans le premier
il y a plus de terre filicée, & c'est ce qui produit l'extrême solidité des

,
granits d'Egypte. Le schorl fera mieux enchaîné dans le trapp que dans
la roche de corne & en général la masse d'une roche composée fera
toujours d'autant plus solide que les corps qui y font mélangés ont
enrr'eux plus de rapport de compofirion.
En disant qu'il est essentiel de bien distinguer l'adhélion des ma-
tières réunies par le seul mélange de la force d'agrégation, qui agit

,
sur des molécules semblables, je ferai remarquer que les mélanges
ne détruisent pas toujours l'agrégation laquelle a souvent assez de
force pour vaincre la gêne & la résistance que lui opposent les ma-*
tières étrangères. Quelquefois l'affinité d'agrégation parvient à carrei
& à expulser en quelque manière des corps qu'elle produit les molé-
cules de nature différente qui font présentes à son aaion, & c'est

se forment dans des couches d'argile ,


ainsi que des cristaux de quartz d'une pureté & d'une figure parfaite
ou dans le gypse, sans en ad-
mettre dans leur intérieur. Plus souvent encore ces matières étrangères
restent dans la masse même en grande quantité, même en grosses
parties, sans nuire sensîblement aux effets de l'agrégation régulière qui
les force de participer aux formes qu'elle prescrit, & qui les y tient
enveloppées. Le quartz dans l'hyacinthe de Compostelle contient une
grande quantité de chaux de fer, qui ne l'a point empêché de prendre
exactement la figure qui lui est particulière. La groÍfeur & la quantiré.
des grains de quartz mêlés à la pâte calcaire dans les grès de Fon-
tainebleau où ils font les j de la maÍfe, ne s'opposent pas à i'arraiir*
gement régulier des molécules calcaires avec lesquelles ils font entraînés
à former des rhombes parfaits.D'ailleurs c'est ordinairement à la
force de l'agrégation cotifufe plutôt qu'à celle de fadhérence) quapr
,
partient la solidité des pierres mélangées. Dans la plupart il y a une
(
,des substances, laquelle n'est pas même toujours la plus abondante,)

,
qui ferr de pâte commune, enveloppe toutes les aunes, & les retient
comme entre des réîeaux sans que l'adhérence ait beaucoup de part
à la solidité de la pierre mêlangée.
Je n'ai encore confidéré l'attraaion que fous deux de ses modi-
fications, celles par lefquelîeselle lie ensemble les molécules intégrantes
des solides, pour en former des malles plus ou moins volumineuses.
Dans ces deux circonstances de la cohésion & de l'adhénon, la force
contufoires.
peut être vaincue, & les effets dérruirs par des opérations
Il me reste à pai ler d'une force qui compose les molécules elles-
mêmes, qui leur est en quelque forte plus intime, plus intrinseque,
quirédfte à tous les efforrs méchaniques, à toutes les triturations, #:
se
q" ne cède qu'à une force de la mêmeespècelorsqu'elle trouve plus
puissante. C'est le genre dattra&ion qui appelle a une combinaison
intime des substances différentes, c'est la tendance à l'union qqi

,
rassemble des molécules diflemblabies ou simples ou déjà comp<fées
,

,
& en nombre plus ou moins grand pour former d'autres molécules
qui ont d'autres figures & d'autres propriétés.Leschimistes la nomment
aniré de composition ; je l'appellerai affinité de combinaijon cçttp
€X reffion me paroiffanr plus précise & me faisant éviter la conÉufioji
qui pourroitnattre en parlant de la composition des pierres, dans

aura donc point d'équivoque lorsque je dirai


,
danc; la composition du jaspe rouge dit sinople
i, ,
lesquelles il peut entrer des substances qui n'y font que mêlangées. Il n'y
par exemple qup
il y a de la terre
quarrzeufe & de la terre ferrugineuse, mais que ces deux substances
n'v font pas combinées, pendant que la terre quàrtzeuse & l'argic
qui composent les chalcédoines demi-transparentes font dans un état
de combinaison. Je croirai m'exprimer clairement lorsque je dirai que

,
l'affinité de combinaison & l'affinitédagrégation ont concouru fi-
mnlranément à la formation des cristaux de feld spath en les extrayant
du milieu d'unm pâte de trapp ou de pétro-silex dans laquelle les ma-
quelle ils les conltiruenr, étoient diffoures ou dispersées, & avec la-
tières qui
restent mélangés pour composer ensemble certains por-

-
L'affinité de combinaison est le grand moyen, ou le grand inftrumenC
lie toutes les opérations de la nature &de l'art, infinimentdefônthèjè
comme d'llnalyfè, ainsi que le dit très-bien M. (Juron de Morveau.,
car la nature n'a pas de force pour réparer & pouréloigner,ellerien
aque pour rapprocher&unir. Autli pour faire une all,se, comme
pour produire de nouveaux composés, lechifhifte ne cherche pas une
substance quirepousse l'autre, il n'en trouveroitpas; mais il rire avantage

,
de cette propriété, qui établit des prédiledions entre différentes fubf-
tartces il en choisit une qui puisses'emparerd'une des matières qui
concourent à la formation d'un corps, sans avoir la même aptitude à
se combiner avec les autres; & il imite la nature, livrée à elle-même,
qui ne compose le plus souvent que par, des décompositions. Ainsî
lorsque les vapeurs sulfureuses des volcans décomposent les pierres
lilicées en s'emparant de l'argile avec laquelle elles ont une grande
-
affinité, elles rompent fimulranémenr la combinaison des molécules
intégrantes & leur agrégarion; l'eau dissout & entraîne l'alun qui s'tft

,
formé, & lesmolécules quartzeuses qui restent isolées peuvent exercer
entr'elles la force d'agrégation lorsque la mobilité qui appartient à
leurextrême subtilité est mise en action par quelque véhicule. C'ell
encore ainn que l'eau, qui s'infiltre à travers une masse pierreuse, qu'elle
décompose insensiblement en extrait par prédilection lesmolécules
foitsimples, foit composées
férentes
Il
espèces.
sûrement de
*
,
avec lesquelles elle s'unit plus facilement
&. 'vient former dans ses fentes ou dans ses cavités des cristaux de dif-

très-grands
'•«<
-
rapports, mais il y a aussi des dis-
,
: y a
semblances très-remarquables entre les travaux de la nature opérant
librement dans le tems qu'elle a à son entière disposition mais
qui est le plus souvent gênée par refpace, & les opérations du chi
miste qui peut préparer les espaces, mais qui est forcé d'être économe
du tems. Les produits naturels doivent à ces circonstancesdifférentes
un caractère de solidité que n'ont point ceux de l'art. La plupart
des fels font le résultat du travail de l'homme qui n'agit encore, il
-efi vrai que comme un ministre de la nature; mais presque toutes
1
les pierres appartiennent à la nature aidéefeulement par le tems. L'artiste
trouve dans les substances salines une telle tendance à la combinaison ,
qu'il peur la mettre en adion aussi-tôt qu'il le veut; il peut la faire
opérer instantanément fous ses yeux avec une activité qu'il doit sou-
vent modérer & qui n'est point ralentie par la résistance d'une agrégation
toujours extrêmement foible dans les fels. Les substances terreuses qui

;
tendent à s'allier n'agissent point les unes sur les autres avec une
;
Semblable énergie leur affinité de combinaison est plus fOible, elle
exige des rapprochemens plus parfaits & en même tems elle déploie
,
une plus grande force d'agrégation, dont la résistance est encore um
obstacle à la combinaison. D'ailleurs l'union facile des substances sa-
lines ayec l'eau, que l'on nomme solution, leur donne une des COrk
dirionsnécessaires pour les combinaisons, felon l'axiome corporanon
agunt niji sintfoluta, traduit & commenté par la phrase suivante de
M. de Morveau, il ny a point d'union chimique, Ji l'un des corps
riefl Il./Je{ fluide pour que ses molécules obéijjent à taffinité qui les
porte à La proximité du contact. Les fels trouvent donc dans l'eau
qui ronipr leur agrégation & qui isole chaque molécule intégranre,
un véhicule par lequel les différentes substances peuvent se rapprocher, se
chercher, choisir les combinaisons qui leur conviennent le mieux,
abandonner celles déjà faites pour en contracter de nouvelles, & enfin
se ) éunir en différens nombres pour former funultanément ou suc-
cessivement des triples ou des quadruples alliances. Nous avons déjà
dit que l'eau si favorable aux combinaisons salines n'a au contraire
quun effettrès-foible sur la plupart des terres, ce qui nous a fait
'la
pi éfumer difljpation d'une substance laquelle a pu autrefois faciliter
les nombreuses combinaisons qui nous font refiées dans les monumens
des premières époques de notre globe.
En multipliant & variant les expériences , les chiniiftes ont pu
parvenir à exprimer assezprécisément avec des nombres la puissance
des différentesaffinités fahnes, pour concevoir & expliquer les échanges

;
& les réunions d'éleétion par lesquelles s'opcient dans différentes
circonstances les nouvelles combinaisons & les connoiiïances qu'ils une
acquises à cer égard dirigent & facilitent leurs manipulations. Les uns
ont mefu:é le tems ou la durée des dissolutions comme devant indiguet
l'intenfiré de cette puitTance, les autres ont cherché à la déterminer
par la résistance à la fépararion; mais la méthode des uns & des autres
n'elt point convenable à la lithologie ; car comment pourrions-nous
appliquer de pareils calculs & de semblables observations à des com-
blnaif ns que l'art ne peut point atteindre; nous qui ne sommes
poin* admis dans le secret des opérations minéralogiques, quoique le
laboratoirechimique de la nature foit en tous lieux; nous qui ne la

l'homme,
voyons point rravaiIJer, quoiqu'elle foit sans cesse en athon; nous à
qui elle paroît dans l'inertie lorsqu'elle se hâte le plus? C'estainsi que
qui ne confidérercit que pendant quelques heures deux ca-
d ans dont l'un marqueroitlessiècles & l'autre des milliers de fièdes.
les croiroit tous deux également & abfolumentftationaires. La durée
même des vies les plus longues ne laiÍferoic appercevoir aucune pro-
renJon sensible dans la marche de l'aiguille du fecond cadran, laquelle
fera peut- être encore bien des révol fions avant que la nature n'aie
formé toutes les combinaisons qui lont dans ses facultés. Car je ne
doute pas que l'honme n'eut pu rivaliser de puiÍrance avec elle, s'il
avoir eu la portîlvhré de maîtriser le tems comme il dispose de la
matière & de l'elpace.
M. Kirwan estime la puiffallce de l'affinité des acides avec des
bases quelconques par les diverses quantités qu'ils en exigent
pour
leur saruration. Cette méthode pourroit convenir à la lithologie, si nous
avions les moyens de connaître le vrai point de saturation dans la
nos observations fous tous les rapports ,
combinaison des différentes terres; ou plutôt si après avoirmultiplié
si après avoir déterminé les
qualités physiques les plus importantes & les avoir comparées avec des
analyses exaétes nous' fixions l'état dans lequel doit être une com-
,
binaison pour être cônsidérée comme parfaite, état qui feroit un
terme en deçà & au-delà duquel il y awroit ou excès ou déficence dans
toutes les compofirions. Cette route nouvelle nous conduiroit à des
résultats plus certains, à des connoissances plus précises que celles où
nous pouvons arriver en parcourant vaguement de petits sentiers, pat
;
lesquels, sans buts déterminés, nous abandonnons les formes extérieures
pour nous confier exclusivement à lanalyfe ou bien nous négligeons
felle-cipourn'être plus dirigés que pour les caractères sensibles. Je
rappellerai cette considération importante, lorsque je parlerai des pierres
qui réunifient pJufiurs fortes de terres.
Il est quelquefois très-difficile de déterminer le rapport, ou le genre
de relations qu'ont ensemble deux terres qui concourent à la formation

nombre;
d'une masse, à plus forte raison lorsqu'ellcs font réunies en plus grand
car elles peuvent être ou simplement mélangées, ou combinées
dans celui de simples mélanges ;
toutes ensemble, ou les unes dans l'état de combinaison & les autres
il est donc essentiel de déterminer
avec autant de précision qu'il nous fera possible les propriétés qúl
distinguent l'une de l'autre, & de connoître les caractères qui appar-
tiennent exclusivement à la combinaison.
Dans les mélanges, les terres conservent leurs propriétés particulières
qui peuvent être tout-au-plus oblitérées par l'agrégation d'une d'elles,
lorsqu'elleenveloppe les autres. C'est ainsi que l'argile renfermée dans
le spathcalcaire ne s'unit plus à l'eau jufgu'à ce que l'agrégation foie
jompue ; c'est ainsi que la terre calcaire enfermée dans du quartz ne
fait plus effervescence avec les acides parce qu'ils ne peuvent plus l'y
atteindre. Mais les combinaisons apportent un changement réel dans
quelquej-unes des propriétés chimiques, &c dans plusieurs ou dans
to.utes l«s qualités physiques des terres qui contractent entr'elles l'al-
liancechimique. Toutes ces qualités peuvent donc concourir à faire
connaître l'état d'une pierre compafée; toutes doivent être prises en
considération, parce que l'une peurfupplêer à l'absence, à l'incertitude,
çti à la difficulté d'apprécierle caractère des autres. Car une des
fiing'-îtarirés les plus remarquables de la lithologie, est que ce foit par
les caractères excérieurs que nous devions présumer presque toujours
de la combinaison ou de l'état chimique des substances conftituantes,
pendant que les moyens chimiques ne nous instruisent que sur les
doses des substances qui interviennent dans les compolirions. Les prio-t
cipalesqualicésphysiques à prendre fous ce rapport en confidécation
fottC"ta«knûté, la réfringence, la forme & la transparence.Je vais
indiquer
indiquer sommairement le degré de confiance que l'on peut donner
à chacune d'elles.
La coinbinaifon des terres change leur pesanteur spécifique & aug-
mente presque toujours leur densité;c'est-à-dire que la denfjcé de

- ;
la combinaifoh ne demeure pas proportionnelle aux denficés particulières
des terres qui y concourent en se réunifiant enfembleelles se pé-
nétrent donc en quelque forte les unes par les autres, 8c elles oc-
cupent ainsi moins d'espace que dans leur propre agrégation; ce qui
prouve encore que si la molécule primitive de chaque espèce de terre
a Jjne figure confiante, elle n'a pas de surfaces planes; puisque autre-
ment la forme élémentaire toujours plus simple devroit donner un
solide d'une densité majeure de celle d'aucune combinaison, lorsqu'elle
feroit. placée dans un ordre d'agrégation parfaite.Car ce qu'on nomme
pénétration ne peut être qu'un arrangement des molécules différentes,
qui laisse moins de vuide entre chacune d'elles que celui qui existe
entre des molécules semblables; arrangement dont je ne puis concevoir
la
- possibilité,qu'en imaginanr dans ces molécules d>efpèce différente
des faces, les unes convexes, les autres concaves, qui peuvent se corres-
a
pondre -se
s'ajuster les unes dans les autres& rapprocher ainfirplus
parfaitement que ne le pourroient faire des molécules fimil^ires qui
feroient toutes ou convexes-ou concaves. Comme jamais nous ne pou-
vons arriver à connoître la vraie pesanteur de la molécule
qui, quoique composée & fiucompofée, échappe encore à nos sens
,
intégrante

tous ne pouvons pas déterminer si l'augrrientation dans la pesanteur


d'une combinaison dépend d'un accroissement de densité dans
spécifique
sa
,
molécule intégrante elle-même; ou si elle appartient à un change-
ment dans la forme de cette molécule qui la rend sùsceptible d'un
rapprochement plus parfait. Il peut donc arriver que la molécule com-

,
ou quoique légère rende possible une agrégation ;
posée, quoique très-dense, ne foit susceptible que d'une agrégation lâche,
ferrée dans l'un
& l'autre cas, cependant un changement dans la pesanteur spécifique
intégrante, fur-
peut en faire présumer un dans l'état de la molécule
tout lorsque la pierre est dans l'état d'agrégation le plus parfait qui
puisse lui convenir, & qu'on peut déterminer sa figure. Ainsi je confidère

;
1observation isolée de la pesanteur spécifique comme absolument in-
différente mais je la crois extrêmement importante lorsqu'elle con
court avec toutes les autres.
Tous les corps diaphanes opposent au paÍfage de la lumière une
résistancerelative à leur densité, & ils obligent le rayon de lumière à
dévier de la ligue drôite qu'il parcourait avant d'y entrer. Les loix
de ce phénomène appartiennent à la physique, mais" la lithologie qui
a beaucoup de corps transparens peut en tirer un ;
grand avantage de
peut-être ce moyen deconnoître la vraie densité des corps feroit-il
plus précis encore que celui qui a été employé jusqu'à présent pour
mesurer les pesanteurs fpctnques,plllfqu11 feroit plus intrinseque,
puifqu'il dépendroit plus eÍfentiellement de la densité de la molécule
elle-même, indépendamment de son agrégation; car le passage de la
fluidité à la solidité qui arrive à l'eau en le gelant, ne change pas sa
réfringence, & un seul grain de sel, dissous dans une pinre d'eau, suffit
pour l'augmenter. Il feroit donc bien eÍfenriel que M. l'abbé Rochon
qui a tant fait déjà pour le progrès des sciences,suivît & publiât les
expériences qu'il a commencées sur la puissance réfringente de beaucoup
de pierres translucides. Nous lui devons la connoissance exéte de celles
qui ne causent à la lumière qu'une feule réfraction; en s'affurant qu'elles
n'étoient qu'en petit nombre, en nous prouvant que le phénomène de

,
la double réfraction qui nous surprenoit dans le spath d'Islande, étoit
commun à la plupart des autres corps transparens il nous a fourni

a confirmé, ,
un nouveau caractère pour déterminer l'espèce de quelques pierres; il
par exemple, l'opinion de ceux qui avoient conclu de
la denfiré, de la dureté & de la forme presque semblable l'identité
de nature du rubis oriental avec la topase le saphir & l'amétiste qui
,
portent la même épithète & qui en ont fait une feule espèce dont
les couleurs ne font que des variétés accidentelles. Car ces gemmes
font les feules de leur genre qui aient de commun avec le diamant
la réfractionsimple. L'abbé Rochon ajouteroit donc à la reconnoissance
que nous lui devons, s'il nous donnoic maintenant une table qui nous
indiquât les différens degrés de la réfraction ou de la puissance ré-
fringente de toutes les pierres. Quoique ce genre d'expérience restât tou-
jours hors de ia portée de la plupart des lirhologilles, quoique cette
espèce d'épreuve fût impossîble à mettre en pratique dans les occa-
sions journalières, quoique beaucoup de corps s'y refusent entièrement
par leur opacité, nous y trouverions des baies de diftibutions, autour
desquelles nous pourrions ramener beaucoup de substances dans les-
quelles nous observerions d'autres genres de similitudes.
Sans rappeler les raisons qui le prouvent, je dirai que les molécules
composées ont une forme qui leur appartient essentiellement &
qui doit être le résultat de l'assemblage des molécules élémentaires
d'espèces différentes qui interviennenr dans la combinaiton. Cette forme
devroit donc varier à raison des proportions de chacune d'elles. Une
molécule composée qui naîtroit de la combinaison de seize molécules
quartzeuses, de quatre argiileufes, de deuxmuriatiques & d'une cal-
caire devroit changer graduellement de figure) à mesure que le nombre
des parties argileuses s'accroîtroit aux dépens des filicees. Les com-

,
bina:fons relatives aux nombres &r aux espèces étant infinies, si chacune
d'elles influoit eÍfenriellemenr sur les formes celles des molécules
composées feroicnt presque incalculables; & cependant la nature semble
avoir resserré dans des limites très-étroites celle qu'elle leur permet, &
elle paroît aussï simple dans les figures des molécules intégrantes, qu'elle
est variée dans l'usage qu'elle en fait, lorsque par l'agrégation elle
les réunit en masse. M. l'abbé Haüy n'a reconnu que quatre formes
primitives dans les molécules intégrantes, foit limples, foit composées,
& en admettant feulement quelques variations dans les angles, il a

;
pu expliquer par elles la figurede tous les cristaux connus, & même
Z>

en déduire celles de tous ceux qui font pofllbles & chaque jour des
découvertes nouvelles justifient ses calculs & sa théorie. Dans des
bornes aussi étroites que celles entre lesquelles peuvent varier les

:
molécules intégrantes, il feroit impossible de trouver des renfeigne-
mens bien étendus ce feroit en vain qu'on se confieroit aux formes
pour avoir des indications sur la composition; le cube appartient,
par exemple, aux molécules intégrantes de substances essentiellement
j
différentes; ainsi d'une ressemblance de figure on ne peut conclure la
similitude de la composition & M. l'abbé Haiiylui-nême, de tous
les hommes le plus capable de bien apprécier un moyen dont il a
fait une science en lui donnant des principes fixes, convient qu'on ne
pourra jamais faire de la cristallographie la bafe d'aucune distribution
méthodique des minéraux. En reléguant donc avec lui les formes
parmi les moyens subsidiaires, en convenant qu'elles font de simples
indications qui ont besoin d'être appuyées par tous les secours de la
Physique & de la Chimie, en désapprouvant l'u fage trop étendu qu'en
ont voulu faire des savans dillingués, en convenant qu'elles ne peuvent
être d'aucun usage dans les cas fréquens d'une agrégation confuse
j'indiquerai un nouveau rapport d'après lequel il me semble qu'on,
pourroit tirer avantage de la cristallisation. J'en parlerai lorsque je
traiterai des compositions par excès.
On place encore la transparence parmi les principaux caractères
de l'union chimique, & l'admettant moi-même dans certains cas, comme
un indice de la combinaison , je le regarderai comme le plus in-
certain de tous. L'union chimique peut exiiter sans elle, & la trans-
parence peut se rencontrer sans combinaison. Une pierre dans laquelle
les terres font dans un état desimple mélange, peut avoir une demi-
transparence & la devoir à une matièregraffe ou à l'humidité elle la
,
perd par leur dissipation. L'hydrophane devient tianflucide dans l'eau

,
sans que l'intromission de ce fluide dans ses pores change les rapports
des molécules qui composent cette pierre laquelle doit sa propriété
de paffer de l'opacité à la transparence par l'absorption de l'eau, à la
feule défedtuofité de son agrégation qui est naturellement lâche, Ou
qui a été delTerrée par un commencement de décomposition.
Je pourrois parler encore des caractères chimiques qui indiquent
la combinaison, tels que la résistance plus ou moins grande que les
terres combinées présentent à l'action des diflolvans qui ont le plus
de rapport avec elle,lafusibilité,&c. Ces propriétés particulières peu-
vent être comparatives entre deux pierres, elles peuvent être utiles dans
quelques circonstances, mais elles ne doivent jamais être considérées
comme des caractères absolus ; d'autant que dans un simple mélange les
propriétés chimiques, ainsi que je l'ai déjà dit, peuvent être oblitérées,
& les terres être tellement enveloppées, qu'elles ne présentent plus de
contaél aux diiTolvans; & le feu peut achever & même former descorn-
binaifons qui n"'éxfi:oient pas, dans le moment où dilatantles molécules,
il donne aux affinités chimiques l'espace & les moyens d'influer sur des
matèrïs qui font déjà si voisines, qu'elles n'ont besoin que du moindre
véhicule pour s'unir plus intimement. J'aurai l'occasion d'en citer les
exemples.
Parmi les pierres composées, les combinaisons limpIes, c'est-à-dire
celles dans lesquelles n'interviennent que deux des terres élémentaires,
,
font rares, ce qui indique le peu d'énergie de l'affinité direfte qu'elles
peuvent avoir entr'elles; & il est d'autant plus difficile de déterminer la
puiiTance de la force qui les fait tendre à l'union chimique que nous
n'en connoiiïons les effets que par les produits naturels; aucune opération
de l'art ne pouvant les imiter, & n'ayant nul moyen de vérifier par la
fynthcfe les résultats de l'analyse. C'efi donc encore sans prétendre à
aucune préciGon, que je présenterai uneespèce de Table pour indiquer les
affinités d(s terres élémentaires entr'elles, & pour exprimer comparati-
vement leur tendance à la combinaison.
t
Terre quartzeuse. Terre argilleuCe. Terre ferrugineuse.Terre muriatique. Terre calcaire.
Terre muriatique. Terre ferrugineuse. Terre argilleufe. Terre quartzeuse. Terre ferrugineure.
Terrtargilleufe. Terre quartzeuse. Terre calcaire. Terre calcaire. Terre muriatique.
Terre calcaire. Terre calcaire. Terre quarczeufe. Terre ferrugineuse. Terre argilleufe.
Terreferrugineuse.Terre muriatique. Terre muriarique. Terre argilleufe. Terre filicée.
Je place la terre muriatique la première parmi celles qui ont quelque
affinité avec la terre quarrzeufe. La très-grande augmentation dans la
densité des pierres qui réfuirent de leur combinaisonannonce une espèce
de pénétration & fair prélumer l'énergie de leur union chimique. La
quantité de la ,terre muriatique qui peut se combiner avec le quartz,
surpassecelle d'aucune autre terre, & indique la puissance de leur affinité.
Le refusconfiant Je prendre la cristallisation du quartz prouve un chan-
gement danslaforme des molécules composées, & enfin la difficulté

,
d'attaquer par les acides la terre muriatique combinée diretfemenc avec
le quartz fait connoîtrequ'elle ya perdu une de ses qualités chimiques,
Une des pierres connues fous le nom de jade (i), les talcs & les stéatites,

(i) Car fous ce nom on désigne plusieurs pierres eÍfentiellemeot différentes.


*' , ,"",
font le produit de la simple combinaison de la terre quartzeuse & de la.
magnéfie.1
La combinaison de la terre quartzeuse avec l'argileest fréquente. Elle
se trouve dans les calcédoines & dans presque toutes les pierres dites
filicées. L'union chimique y est prouvée par tous lescaradrères qui peuvent
la constater; savoir, l'augmentation dedensité. de dureté, de réfrin-
gence, le changement de forme dans les molécules intégrantes, &:c. Je
parlerai plus particulièrement de ces deux premières combinaisons, lorsque
j'aurai jetté un coup-d'œil rrès-rapide sur toutes les autres.
La terre calcaire n'a qu'une très-foible affinité avec la terre quartzeuse,
,
& je ne connois encore aucun cas qui puisse constater une vraie union
chimique entr'elles quoique très-souvent mélangées. La terre calcaire
délayée en quelque forte dans certains quartz, les rend laiteux trouble
,
,
leur rranfparencc, sans influer sur leur forme, sur leur densité & sur leur
réfringence. La très-petite quantité que des analystes en ont trouvée dans
quelques cristaux de roche (si. tant est qu'elle ne provînt pas ou des
creulets, ou de l'alkali qu'ils ont employé) ne peur pas me faire supposer
,
une combinaison où je ne vois aucun changement dans les qualités
chimiques Se physiques. ,,,,,-

,
L'affinité de la terre ferrugineuse avec le quartz me paroît plus foible
encore. Les améthiftes & les autres cristaux de roche colorés le font par
le fer, mais il y est en si petite quantité, que l'analyse peut à peine l'y
di fcerner, & le feu fait disparoître les teintes qui lui font dues. Cepen-

forme,
; ,
dant la production des cristaux de roche est presque par-tout accom-
pagnée de chaux de fer elles font enveloppées & mélangées même en assez
grande quantité dans la pâte de quelques-uns mais sans altérer ni leur
ni aucune des autres propriétés qui leur appartiennent.

,
Je place le fer au premier rang dans la colonne des affinitésdel'argile,
non pas parce qu'elle en est rarement exempte ou qu'elle est presque
toujours colorée par lui, ou parce qu'ils s'unifient ensemble fous toutes
les proportions dans les mines de fer limoneuses ou ochtacées. Dans tous

naison chimique du limple mélange ;


ces cas je ne reconnois pas les vrais caraétères qui distinguent la combi-
mais parce que c'est presque
toujours le fer-goï introduit l'argile dans les combinaisons surcomposées,
& qui le fait admettre dans des compositions dont il feroit exclus sans

;
elle. Ce qui me prouve des rapports direéts entr'eux. J'ai déjà fait
remarquer la combinaison de l'argile avec la terre filicée mais je ne
connois point de circonstance,où l'argile ait contrarié une alliance
chimique, foit avec la terre muriatique, foit avec la terre calcaire,
quoique leurs mélanges soient fréqiier.s.
Les affinités de la terre ferrugineuse dépendentbeaucoup des modifi-
cations qu'elle a pu recevoir ou par l'air méphitique ou par le phlo-
gistique. Elle doit être dans un état de déphlogifticarion parfaite pour
entrer dans quelques combinaisons, & elle ne peut être admise dans les
autres que lorsqu'elle approche de l'état métallique. C'ett dans la première
,
calcaireainn
porte
,
de ces conditions qu'elle se combine en très-grande quantité avec la terre
pour former des mines de fer spathique & la terre calcaire la
i
avec elle dans quelques autres combinaisons c'est dans la
feconde de ces circonstances que la terre ferrugineuse estle plus ordinai-
rement unie avec l'argile, à qui elle donne une couleur grise ou bleuâtre
par une modification presque semblable à celle qui produit le bleu de
Prusse, modification qui se détruit ou par la cuisson ou par une espèce
de rouille spontanée. J'ai déjà dit que l'affinité dÍrecre, de la terre ferru-

quartzeuse;
gineuse dans quelqu'état qu'elle fût, étoit presque nulle avec la terre
elle ne donne aucun indice d'en avoir une plus acrive avec la
terre muriatique, car je ne les vois jamais combinées diredement
ensemble.
La terre muriatique se combine en grande quantité avec la terre
calcaire pour former des cristaux transparens rhomboïdaux semblables
pour la forme à ceux du spath calcaire pur, mais plus pelans, un peu plus
durs, moins attaquables par les acides dans lesquels ils se dissolvent
lentement avec une très-foible effervescence, caractères qui annoncent
leur union chimique. Ces deux terres contrarient leur alliance dans les
fentes & les cavités des stéatites & des pierres talqueuses, où la terre

,
muriatique est unie par excès avec la terre quartzeuse, ce qui paroîc
faciliter sa combinaison avec la terre calcaire combinaison qui malgré
leur fréquent mélange, n'a pas lieu dans toute autre circonfiance.

, ;
La terre calcaire s'unir dans presque toutes les proportions avec la terre
ferrugineuse abondamment aérée car c'est de cette circonstance que
paroît dépendre leur union laquelle s'affoiblit & se rompt lorsque la

,
terre ferrugineuse des mines spathiques abandonne une partie de cet air
pour passer à l'état de chaux brune & le calcaire qui ne se trouve plus
en état de combinaison, y forme des cristaux transparens où il est pur.
Dans le paragraphe précédent nous avons dit que la terre calcaire se
combinoit avec la terre muriatique dont elle peur admettre ou dissoudre
jusqu'à trente-cinq centièmes. Mais son affinité nous a paru à-peu-près
nulle avec toutes les autres terres.
Il résulte de cet apperçu qu'il ya à-peu-près autant de cas où les terres
élémentaires refusent de s'allier direaement ensemble,qu'il en est où elles
se combinent. Mais cette réÍÎftance ou cette indifférence à la combinaison
est vaincue aisément par le concours de deux de ces terres qui en
admettent facilement une troilième, quoique celle-ci foit de nature à se
refuser à toute union direéte avec l'une ou avec l'autre. C'est ainsi que la
terre quartzeuse & la terre argilleufe admettent dans une combinaison
commune la terre calcaire, qui fert elle-même à y introduire une
quantité d'argile plus grande que le quartz seul ne pourroit en com-
porter. Les combinaisons quadruples & mêmequintuples font plus faciles
encore, & par conséquent les pierres qui les réunifient toutes font les
plus communes. Les différentes proportions dans lesquelles chacune, des
terres intervient dans ces combinaisons , le moment el, les circonstances
où elles s'y font introduites influent sur les propriétés des pierres qui en
font le résultat, & font la cause des variétés prodigieuses que l'on observe
à
dans les pierres composées. Mais avant de palier l'application des
principes que je viens d'établir & sur lesquels on me pardonnera peut-
,
être d'avoir fixé aussi long-tems l'attention, quand on réfléchira à
l'importance dont ils font pour la Lirhologie on me permettra de
m'arrêter encore quelques momens sur une autre circonstance des

l'état des pierres composées. 1


combinaisons chimiques, qui me paroît influer le plus essentiellement sur

Les combinaisons les plus parfaites, font celles dont les fubftancefc

,
constituantes s'étant liées par une plus grande force opposent par con-
séquens plus de résîstance à leur séparation & se refuient davantage à
tout changement dans l'rat où les a placées leur affociarion ; ce font
ses propriétés particulières,
celles où chacune de ces fubtfances a perdu autant qu'il est possible
ou les a confondues dans les propriétés
nouvelles qui se font développées dans le moment que la composition
f
s'et opérée. Deux causes contribuent à ce genre de perfettion ; l'éner-
gie des affinités & la proportion exaéte des matières constituantes.

,
L'une procure une alliance d'autant plus confiante, que ne pouvant
être rompue que par une force de même genre il s'en trouve peu
qui lui foit fupéricure. L'autre établit un tel équilibre dans la ten-
dance à l'union qui appartient à chaque substance qu'après avoir
,
épuisé les unes sur les autres toute l'aétivité de ce genre d'attraétlon
elles ne peuvent rechercher aucune nouvelle alliance & doivent rester,
dans un état de repos; ou plutôt elles acquièrent collectivement des
tendances nouvelles, différentes de celles qui leur étoient particuliè-
res ; & cet effet de la combinaison chimique reÍfemble au résultat du
mouvement imprimé à deux corps dans des directions différentes,
qui après leur rencontre prennent une marche commune par laquelle
ils s'éloignent des corps contre lesquels chacun d'eux feroit venu frap-
per, s'il avoit continué d'obéir à la première impulsion. On appele
Jaturation cet état de combinaison ou les substances composantes ont
chacune réciproquement absorbé tout ce qu'elles peuvent prendre des
,
autres, cet instant où l'affinité ,en quelque forte satisfaite & amortie ne

de s'être"rassasiée.
de
*
peut plus ni recevoir ni enchaîner avec une égale force une plus grande
quantitéde ces mêmes matières dont elle s'écoit montrée si avide avant

La chimie donne le nom felsneutres aiixcombinaisons dans


lesquelles un acide ayantemployé toute son activité sur une substance
; ,
quelconque que l'on conifdère comme bafe a satisfait sa tendance à
l'union & cette neutralisation est d'autant plus complette que l'acide
& les bases sefont mieux convenus, c'etfà-dire que l'affinité réci-
(
proque a été pliss énergique a). C'est ainsi que le tartre vitriolé,le
nitre Se Je Tel marin-font regardés comme les fels neutres les plus par-
faits, parce qu'ils font ceux dont la combinaison est la plus ferme,

tituantes ont disparu ,


parce que les propriétés particulières à chacune des substances cons-
& leur grande activité s'est. en quelque forte
éteinte dans l'acte de leur compofirion, pour donner lieu à des pro-

-
priétés nouvelles. Mais les terres n'exerçant point entr'elles uneten-
dance aussîactive, éprouvent moins les effets de cette union intime,
qui procure un repos presqueabsolu après l'emploi de toutes les fa-
cultés. Si elles celîent de se rechercher, c'est moins par satiété que
moindre obtfacle. ,
par cette indifférence qui se fatigue du Leurs com-
binaisons n'arrivent donc jamais au genre de perfection qui appartient
aux fels neutres, & si elles se défendent autant qu'eux 6c même beau-
coup plus qu'eux contre la décompofÎtjon, c'estplutôt par l'énergie
de leur agréation que par la force de la combinaison ; si elles ré-
,
sistent au changement, c'est plutôt par une espèced'apathie que par
une préférence pour l'état où elles se trouvent.
Les propriétés chimiques des fubtfancee salines simplesfonttrès-
manifestes, elles ne font point changées ni oblitérées par le seul mé-
lange; on reconnoît donc aisément les modifications qu'elles éprou-
,
culière on peut conclure qu'elles font combinées ;
vent, & Iorfqu'elles cessent d'agir de la manière qui leur est parti-
c'est ainsi que les
acides ne rougiÍfent plus les couleurs bleues végétales, & que les al-

& réciproque ;
kalis perdent la faculté de les verdir lorsqu'il y a saturation complette
mais tant que leur tendance à la combinaison n'est pas
entièrement épuisée, chacune de ces fubtfances continue d'agir quoi-
Les propriétés
que plus foiblement de la manière qui leur est propre.
chimiques des terres étant ordinairement aussi foibles quobscures,
être cachées des mélangesaussi aisément qu'elles font trans-
pouvant par
mutées par des combinaisons , il est très-difficile de juger les chan-
quand elles ont entièrement
gemens qui leur arrivent, & de connoître
appaisé par la saturâtion une espèce d'appetence, tellement modérée

à se satisfaire.
qu'à peine se faisoit-elle distinguer avant même qu'elle n'eût commencé

Quelque avides de combinaison que foietit les substances salines,


rarement il arrive que les acides Seleurs bases se mettent parfaite-
(1)Jedisaffinitésréciproques,
;
nesontpasdansl'inertie elles-ne jouent pas,lesUnsubstances
parce que rôlepurement comnJ®
passïf,
dëfignees maiselles
,mis elles
attirent avec'la même guiffance qu'elles font attirées.
ment
ment en équilibre entr'eux , plus souvent l'unou l'autre domine un
peu, & on «nomme composition parexcès celles, où une des fubfian-
ces surpasse la quantité nécessaire à l'exacte faruration de l'autre. Ce
phénomène chimique dont la théorie est très-difficile à éclairer peut
dépendre de plusieurs causes. D'abord la simple adhérencepeutrete-
,
matières constituantes , ,
nir dans les interstices du corps composé une surabondance d'une des
ordinairement de celle qui entre en majeure
quantité dans la combinaison parce que, comme nous l'avons dit ,
l'adhérence est d'autant plus forre qu'elle a plus- de rapport avec l'af-
finité d'aggrégarion ; secondement il y a des substances qui après avoir
en quelque force épuisé les unes sur les aucres leur tendance particu-
à
lière l'union acquièrent par l'adte même de leur ccmbinaifon la
puissance d'agir, sur une nouvelle portion d'une des substances compo-
fanres,de la même manière que d'autres combinaisons agissent sur des
matières entièrement étrangères à elles. Ce genre de composition par
excès n'est donc qu'une espèce de surcomposition, & si l'excès dans
le cas précédent n'a lieu que lorsque la combinaison & l'agrégation se

,
font opérées dans un milieu où dominait la substance surabondante (i);
dans ce cas-ci il peut arriver que l'excès ou la surcomposition se faire

,
malgré la présence de la substance qui, felon les loix ordinaires des
affinités auroit dû s'emparer de celle qui est enrrée paT surabondance

mer avec excès de bafe dans une liqueur acide. Enfin dans la plu-,
dans la composition. C'est ainsi que des cristaux salins peuvent se for-

part des composés salins, la saturation est plutôt relative qu'absolue,


comme lavoit très-bien remarqué M. Macquer; telle substance se fera
,
rassasiée, se fera saturée de celle qui s'est présentée à
son alliance,
sans avoir épuisé toutes ses forces sans perdre la facultéd'agir sur
toute autre matière de la manière qui lui est propre. Et ce reste de
tendance à l'union qui paroît un excès de matière, n'est qu'un excès
de force qui permet un double mariage fan; néceffîreraucundivorce.
Les combinaisonsdoivent être regardées comme d'autant plus parfai-
tes que la saturation relative approche plus de la saturation absolue
& que les substances composantes ont plus complettement épuiféles
,
unes sur les autres toute leur actions
Cette faculté d'admettre par surabondance une des substancesconsc
tituantes) n'est pas particulièreaux combinaifbnssalines; les
compo-
sitions par excès font plus communes encore parmi les pierres. EtCi
pour les fels il est si difficile de fixer le vraipoint de faruranon, s'il
est si rare depouvoir déterminer avec précision la quantité de cha-

(ï) Tels font les Cels neutres qui manifeflent un excès d'acide lorsqu'ils ont
cristallisé dans une dissolution où l'acide dominoiu
substance composante nécessaire pour établir un équilibre parfait
Cille
dans leur adion réciproque, quoique la substance surabondante con- y
serve encore une partie de son activiténarurelle, quoiqu'elle exerce
les facultés qui lui font propres avec un reste d'énergie qui n'appar-
tient plus qu'à celles qui font dans un état de combinaison intime;

roîssent presqueinertes ,
on peut s'imaginer que l'incertitude des limites précises de la satura-
tion. est plus grande encore par les substances terrenfes qui nous pa-
& dont les firnples mêlanges font souvent
très-difficiles à distinguer dcs combinaisons les plus intimes. Je n'au-

,
rois pas mêmeimaginé qu'il sur possible. d'approcher d'aucune préfi-
iion à cet égard

pour me diriger dans ce genre d'observation. ,


si je n'avois entrevu dans les produits de l'infiltra-
tion & dans la décornpofitionspontanée des pierres, quelques moyens
cii
Les substances qui interviennent par excès dans une combinaison y
font d'autant moins enchaînées qu'elles y font plus surabondantes
elles conservent d'autant plus de leurs facultés naturelles,qu'elles en
,

, , ,
emploient moins dans une association où elles font superflues, &. elles
cèdentaisément à l'affiniré quoique foible, d'unesubstance étrangère
quelconque qu'elles auroient dédaignée si elles eussent pu exercer
toute- leur puidance sur une suffisante quantité d'une des matières qui
entrent da"s la combinaison. Sa feule solution dans l'eau suffit fou-
vent pour délivrer un sel de l'excès d'une des substances qui le com-
posent comme elle le purge du mêlange des matières qui lui font ab-
fo'uirit,ntétrangères. Ce moyen simple de purification est souvent em-

,)
ployé par les arts. L'eau qui dissout les pierres (foit qu'elle tienne
çette faculté d'elle-même ou qu'elle la doive à l'addition de quel-
ques autres substances & quitransporte leursmolécules à une cer-
taine diftaçce les sépare également
,
&
; des matières surabondantes &
dece lles qui n'y font que mélangées les cristaux pierreux déposés
dans les fentes ou dans les cavités d'un rocher par une infiltration pos-
térieure font plus épurés que ceux qui font renfermés dans la malTc
e l le-même, pours'y être formé instantanément à sa coagul ation , &
à moinsque quelquecause n'ait nui à ceteffet, fexrrêmité du cristal
la plus éloignée de là masse dont il est extrait est toujours plus exempte
de mêlaneque la partiequi lui reste adhérente; parce que les mo-
lécules-intégrantes:ontpu se separer de tout ce qui les fouilloitoude
tout ce qui n'éroirpasessentiel à leurcqmppfition. Cette dépurarion
s'opère alors ou par. laprécipitation,, ou par la résistance qu'opposeau
passagedel'eau letissudurocher qu'elle a dû traverses & dans le-
quel elle a été forcée de laisser toutes les matières hétérogènes qu'elle
iret^oit*<p'eiTTufpefrfioîT~;-5e-en-mttre*'ce-'genredefiltre peut rereRtr
le.s substancessuperflues en leur préfenrant une alliance d'affinitéq»elles
n'accepteroient pas si leurs,
forces étoient entièrement amorties par une
combinaîson parfaite. Je crois donc qu'en étudiant particulièrement les
produits de l'infiltration, on peut parvenir à connoîtreles matières

binaîson chimique de plusieurs terres élémentaires :


essentielles à la formation d'une pierre qui doit sa naiffarice à la com-
mais comme les
léfultats de cette filtration naturelle ne fontpas les mcmes dans toutes
les circonflances, Se qu'ils peuvent varier félon la nature da filtre qu'ils
ont rraverfé, il faut en avoir comparé beaucoup cnfemble, avant de
donner son entière confiance aux indications que procure une fein-
blable méthode.

,,
Lorsque les proportions des substancesessentielles à une composi-
tion font plus éloignées du point de saturation les fels ainsi que les
pierres se décompofenc plus facilement, c'est-à-dire qu'ils changent
leur manière d'être, ou en admettant de nouvelles substances dans leur
combinaison, ou en reprenarrt celles qu'elles avoient abandonnées, ou
en cédant la portion de la substance excédante à l'attion d'une autre
affiniré. De même donc que quelques fels font d'autant plus déliquef-
cetis que la laturation de l'acide est moins complerre, ou d'aurant
plus efïïorefcens que les bases font plus abondantes, l'argile qui pour
être ad-niledans quelques combinaisons, avoitétéobligée d'abandon-
ner une partie de cette humidité qui ui donne sa ductilité & dont
elle est si avide lorflu'elle est libre de tous liens, la reprend d'autant
plus aisément que sa tendance à toute autre union est moinsfarisfaite.
Le fer qui doit souvent à un reste de phlogistique lafaculté d'intervçnir
dans quelques compositions, pane d'autant plus facilement à l'état de
à
rouille ou de chaux, que plus superflu la èombinaifon il y est hioins
enchaîné; & les acides sulfureux altèrent d'autant plus promptenient
une pierre, qu'ils y trouvent une substance plus éloignée de la combi-
naison intime.
Un changement dans l'état de la composition en nécessite un dans
l'état de l'aggtégation; la forme & le volume des molécules inté-

, ;
grantes étant modifiés, elles ne présentent plus les mêmes points de
contad
che ,
une pierre décomposée prend donc toujours un tissu plus lâ-
une moindre dureté une apparence plus terreuse qui dift nguent
les parties altérées de celles qui font restées dans l'état naturel. Cette
détérioration spontanée de l'aggrégation pronostiquant toujours
une
altération de composition la rend facile à reconnoître, & elle aide
,
a comparer ensemble deux pierres de mêmeespèce dont la composi-
tion n'est pas également parfaire. Les fdd-spaths qui contiennent une
grande surabondance d'argile, éprouvent aisément
ce genre de décom-
pofinonspontanée qui détruit certains granits, & les réduit dans un
état terreux (a). La furfoce d'un trapp ou d'une roche de corne ex-
(0 Le vraikaolin ne se forme que par la décomposition spontanée des granits
dont le feld-Cpath renferme une surabondance d'argile.
écofceterreuse brune ou rougeâtre ,
posés depuis quelque tems à l'influence de l'atmosphère, se couvre d'une
d'autant plus promptement que

;
la pierre contient une plus grande quantité de fer qui n'y est point

cause de décomposition,,
dans un état de combinaison parfaite & lorsque l'argile & le fer
font superflus dans la même composition , ils y portent une double
dont les effets font encore plus prompts.
C'est donc en admettant comme principe qu'une composition est
d'autant plus parfaite qu'elle résiste davantage à toute espèce de dé-
compofîrion; c'est après avoir reconnu que les combinaisons terreuses
plus sujettes encore que les combinaisons salines à se surcharger d'une
de leurs substances constituantes, & plus exposées au mélange des ma-
tières étrangères, pouvoient comme elles s'épurer par de nouvelles
diffolurions & par les filtrations que j'ai cru possible d'appliquer à
,
sant précéder les analyses par les observations de localités ,,
la lithologie les principales loix des affinités chimiques. C'est en fai-
c'est en
étudiant l'influence des circonstances sur les différens produits que j'ai
imaginé qu'il y avoit aussi dans la combinaison des terres un point
de saturation réciproque, au-delà duquel les forces de l'affinité n'é.
tant pas en équilibre, le composé n'avoit plus ni la même permanence
ni la même solidité. C'est en employant la méthode des abstractions ,
,
c'est en voyant que telle substance pouvoit être soustraite en partie

,
ou en toralité d'une combinaison sans nuire à ses propriétésessentielles,
que j'ai cherché à déterminer l'espèce le nombre & la quantité des
substances nécessaires à certaines combinaisons ; c'est après avoir remarqué
que dans le nombre des substances qui composent les pierres, il en est
qu'elles abandonnent avec assez de facilité, sans changer de nature, mais
qu'il en est d'autres dont elles ne pourroient se séparer sans perdre toutes
les propriétés qui les caraélérifent effenriellement; c'efl en observant
encore qu'il est des substances qui tant qu'elles ne font
admises que
comme mélange, ne changent point la nature de la pierre, mais qui
introduites dans la combinaison, y influent tellement, qu'elles lui donnent
,
des qualités différentes, que j'ai senti l'importance de distinguer les
matières essentielles des marié es superflues ou excédentes celles qui
font admisesdans la combinaison,de celles qui ont pu s'introduire dans
la composition sans prendre part à l'alliance chimique. Il me paroît
donc que le lithologiste doit moins chercher à connoître les substances
qui existent dans une pierre, qu'à déterminer les rapports dans lesquels
elles y font enrr'elles; & avant de recourir aux opérations de lart, il
doit suivre le travail de la nature dans toutes les modifications que les
f
circonstances peuvent y apporter. Ce n'et pas en essayant les magma des
à
eaux mères du nirre ou du sel marin, que le chimistë cherchera
connoître les substances essentielles à la composition deces deux fels.
Quelle confiance peut-on donc avoir dans cette immenfîcé daoalyfes
qui ont été faites sur des pierres dont on n'avoit point constaté la
pureté, & qui pouvoient n'être que des magma terreux, du milieu
desquels la filtration pouvoit feule extraire & purifier les vrais produits
de la combinaison ?
Quoiqu'une mérhode fondée sur les principes que je viens de dé-
velopper, me paroisse la feule qui puisse nous conduire à laconnois-

,
sance exacte des pierres composées) je sens les difficultés de l'employer,

;
je vois qu'elle ne peut erre d'aucun usage dans une infinité de cas qui
ne fournissent pas un assez grand nombre de données pour arriver à
la solution duproblème l'application que j'en ai faite sur certaines
espèces de pierre, a mêmeexigé l'appui d'une supposition que les ob-

,
servations postérieures ont ensuiteconfirmée. J'ai imité l'habile cristal-
lographe qui par une forte de diffeétion, découvrit dans le centre
d'un cristal prismatique hexagone de spath calcaire un noyau rhom-
boïdal, & qui partant de la supposition que tous les cristaux devoient
également avoir une espèce de noyau d'une forme simple qui étoit
celle de la molécule constituante , calcula toutes les figures que pou-
voit donner l'accumulation régulière de certaines molécules simples
& trouva qu'un très-petit nombre de formes élémentaires suffisoit
,
pour procurer par certaines loix dedécroissement ou d'aggrégation
tous les cristaux les plus compliqués & les plus variés. Les observa-
tions subséquentes ont été tellement d'accord avec sa théorie que
ce qui dans son début n'étoit qu'une hypothèse ingénieuse, a pu être
,
,
placé ensuite parmi les vérités fondamentales qui donnent une bafe
fiable à la cristallographie. De même j'ai vu des comportions que
les résultats de l'analyse faisoient paroître très-compliquées & qui
pouvoient cependant, sans être dénaturées, se réduire à deux feules fubf-
'rances conftiruantes, pendant que d'autres pour conserver leur manière
d'être essentielle,devoient nécessairement réunir les cinq terres élémen-
taires & j'ai placé entre ces deux limites tous les produits de la
,
combinaison
, , ,
des terres nommant compositions du premier ordre celles
qui n'exigentque deux, terres compositions du fécond ordre celles
qui en admettent trois, compositions du troisième ordre celles qui
demandent le concours de quatre, &c. J'ai supposé que chaque com-

,
binaison devoit avoir des qualités ou des caractères particuliers qui ne
pouvoient être spécifiés que lorsqu'elle étoit ramenée aux feules ma-
tières nécessaires à sa constitution. J'ai donc cherché la vraie molécule
composée constituante par les abftra&ions successîves de tout ce qui m'a
paru étranger ou superflu aux cômbinaisons que j'ai pu foumetrre à
ce nouveau genre d'analyse , comme par différentes fedions, M. l'abbé
Haüy a cherché la molécule centrale de chaque cristallisation qu'il
ne découvroit
autour
d'ellependant
;
qu'après l'avoir séparée de tout ce qui s'étoit accumulé
l'accroissement du cristal & lorsque par de
compositions à l'état de
semblables retranchemens, j'ai porté les
plus grande simplicité dont elles me paroissent susceptibles & j'ai
1 trouvé les mêmes principes constituans dans deux pierres qui cepen-
, la

dant diffèrent entr'elles par des propriétés essentielles & permanentes,


je présume que, quoique les terres élémentaires en soient les mêmes,
elles ne s'y trouvent pas dans un état exaétement semblable ;
car le
matières continuantes ;
résultat des combinaisons ne dépend pas uniquement de la nature des
mais encore de certaines modifications que
chacune d'elles en particulier peut recevoir par l'addition ou la fouf-

,
traélion de plusieursfluides qui influent beaucoup sur les rapports de

,
combinaison que les terres ont entr'elles comme ils influent sur
l'aérion des acides & sur les fels produits par leurs combinai-
sons.
Je ne prendrai maintenant en considération que les compositions dont
la terre quartzeuse est la bafe essentielle que ce lles où le quartz joue
,
en quelque forte envers les autres terres le rôle de dissolvant &
,
je montrerai qu'il y a des limires à sa saturation qui varient félon

,
la nature des terres avec lesquelles il s'unit chimiquement, felon le
nombre de celles qui interviennent dans lacombinaison &c felon leur
état particulier. Je parlerai d'abord des compofirions les plus simples,
c'est-à-dire, de celles du premier ordre dans lelquelles la terre quar-
tzeuse n'admet qu'une feule des terres avec lesquelles elle a des assi.
nités.
D'après les principes établis ci-dessus, je crois donc pouvoir dire

,
que le quartz est saturé d'argile lorsqu'ii en dffout vingt centièmès
de son propre poids & que dans le genre de pierres, dires filicées
qui résultent de la combinaison de ces deux terres, celles qui appro-
,
chent le plus de cette proportion & qui font plus exemptes de tout

i
,
autre mélange, font les plus parfaites. Cette proportion est celle qui
-
constitue la pierre blanche ou bleuâtre demi transparente, laiteuse
nommée calcédoine ( ). Les autres pierres filicées bu contiennent
,
une surabondance d'argile, ou font mêlangées avec des matières ab-
solument étrangères à ce genre de combinaison. Plusieurs considéra
tions me paroissent autoriser cette préférence, & m'ont déterminé à
adopter cette espèce de limite pour la saturation refpedtive de ces deux

, ;
terres. 1°. La dépuration de toute pierre filicée opérée par J'infiltra-
tion produit toujours des calcédoines on les trouve en mamelons

;i
dans les cavités des silex grossïers & des pierres à fusil,comme dans celles
des agathes & des jaspes elles soudent les fentes & des cornalines*
JU,'
1
(1) Les analysêsles plus exades n'ont trouvé dans cent parties de calcédoinesles
1,
,'la
plus tranfparemes que 11060d'argile & 18040de terre quartzeuse calcaire que quelque.
chimistes y ont reconnue n'y étoit sûrement que dans un état de mêJange.
& dèS sardoines. Les calcédoines qui se forment dans l'intérieur des
pierres du genre silicé ne diffèrent pasessentiellement de celles qui se
forment à la manièredesllalaétites à travers les malles d'argile de
celles qui ont pour matrice la pierre calcaire & de celles qui oc-
,
cupent lts cavités des roches de corne & des produits volcaniques.
,
QOel que foit donc le flirre à travers lequel pasle la dissolution de la
matière filicée il n'influe plus sur cette combinaison lorsqu'elle est
arrivée à cet état de pureré ou de faturarion qui distingue la compo-
sition de la calcédoine de celle de toutes les autres pierres du même

,
genre. 2°. Toutes les pierres filicées (e décomposent spontanément à
l'air, elles y prennent une écorce blanchâtre opaque & terreuse qui
avoir fait supposer leur tranfmuration en argile;dans
verts de difFérenssilex en blocs isolés ou en cailloux roulés
les
pays cou-
les-
quels font exposés depuis le même tems à l'influence de l'atmosphère (i),
,
on peut obÍerver que les progrès de cette altération font d'autant plus
avancés, que la pierre renferme une plus grande surabondance d'argile;
mais les veines de calcédoine font toujours les dernières & les plus
foiblement attaquées par ce genre de décomposition, elles présentent
aussi les mêmes réfitfances relatives à l'a&ion des vapeurs acido- sulfu-
reuses.' Jeregarderai donc la calcédoine comme la plus parfaite des
pierres qui naissent de la combinaison directe du quartz & de l'ar-

,
gile, comme le illex par excellence, comme la bafe de tout le genre
,
silicé. Toutes les pierres qui ont des rapports avec la même com-
binaison ne doivent être confidéïées que comme des variétés dans
lesquelles l'argile intervient par excès, ou qui renferment des subs-
tances étran gètes 2). (
(i) Les pierres filicées proprement dites, c'est-à-dire celles où l'argile & le quartz
,
font combinés chimiquement, se décomposent plus aisément que les pierres où
l'argile est feulementmêlangée& enveloppée par le quartz. Dans les premières chaque
molécule intégrantequi se présente à l'influence de l'atmosphère livre immédiatement
à l'aftion de l'air & de l'eau la portion d'argile qui, lui est aiTociée) & qu'elle doit
céder à une affinité plus puisante que celle qui l'y enchaîne ; mais dans les fécondés
le quartz qui n'est point fufceptble d'altération couvre l'argile, & la soustrait ainsi,
au ecntad des substances qui pourroient l'attaquer. ,
(zj Je crois important de relever une erreur de nomenclature dans laquelle je --
- fuis
moi-même tombé, & qui occasionne une grande confusion dans les idées. On

;
regarde improprement comme synonimes les noms de terre quartzeuse & de terre
filicée comme si le quartî & lejilex étoient les mêmes pierres, comme si l'un &
l'autre devoientêtre également considérés comme des êtres simples. Le quartz peut

, ,
être regardé comme une aggrégation des molécules dela terre élémentaire à laquelle
il donne son nom parce qu'elle feule est essentielle à sa manière d'être parce que
d'elle feule il tient toutes les propriétés, parce qu'aucune des matières qu'il peut
casuellement renfermer ne lui est nécessaire, & il s'en dépouille facilement par
l'infiltration. Sa terre qui est ia vraie bafe du cristal de roche ne peut être réduite
à un état de plus grande Simplicité, ni par la nature, ni par l'art (au moins quant à
Il me fera plus difficile de déterminer le point de saturation réci.
proque entre la terre quartzeuse & la terre muriatique , d'autant que

)
ses élémens solides. Le silex au contraire est une pierre essentielementcomposée,

;
dais laquelle il efl nécessaire que la terre quartzeuse & la terre argilleufe soient
combinées ensemble pour être constitué ce qu'il doit être & il tient de cette alliance
chimique Ces propriétés particulières, qui, quoique voisines fous certains rapports,
de celles du quartz., en diffèrent par plusieurs autres. Le, quartz a une tendance
extrême à l'aggrégation régulière que les simples mélanges quoiqu'abond ,ns
;
n'empêchent pas mais combiné avec l'argile jusqu'au point de saturation il ne
cristallise plus. La calcédoine ne donne que des mamelons dans les mêmes circonfr
,
tances, & dans les mêmes cavités où le quartz-fournit les cristaux les plus réguliers.
, ,
Si quelquefois la surface des mamelons de calcédoine efl brillantée & présente de
petites facettes ce n'est point la calcédoine qui tend à la cristalisation mais c'ef!
une écorce purement quartzeuse qui l'a enveloppée , comme elle-même incruste
quelquefois des cristaux de quartz en se modelant sur eux. Je dois encore prévenir

dissout qu'une quantité bien inférieure à celle qu'il peut comporter


moins de Ces propriétés naturelles. On peut remarquer dans
,
que le quartz n'est pas toujours complettement saturé d'argile , & lorcqu'il n'en
certaines
il s'éloigne
géodes calcé-
doniennes que lorsque la terre quartzeuse Curpaffe la proportion des190°0les mamelons
s'allongent, acquièrent des angles & des pyramides, qui font d'abord émousses,
mais qui s'aiguisent à mesure que le quartz s'échappe d'autant plus de l'état de
combinaison. On devroit donc réserver la dénomination de terre filicée à la combi-
naison du quartz avec la terre argilleuCe, & ne jamais confondre le produit d'une
union chimiqte ni avec la terre quartzeuse dans son état de pureté ni avec Ces
simples mélanger. , ,
;
Lesagathes orientales font des calcédoines avec sùrabondance de quartz mais les

,
agathes d'Allemagne réunissent ordinairement dans les mêmes masses & le quartz pur
& le quartz combiné avec l'argile & quoiqu'ils y soient presqu'empâtésensemble,

,
on les y distingue encore par les caraâères extérieurs qui leur font particuliers. Us
paroissent même être devenus étrangers l'un à l'autre pui(qu'ils tendent toujours à
se (éparer, & on peut observer que les parties les plus quartzeuses font voisines de
celles où le silex s'est en quelque forte ressèrré sur lui-même pour former de vraies
calcédoines.
Je crois qu'il est également emntiel d'établir une diGindion entre les pierres
formées par un mêlange de quartz avec une terre quelconque, & celles où ces mêmes
terres font mélangées avec le silex,c'est-à-dire , avec le quartz déjà saturé d'argile ;
& il me Cemble que c'est très-improprement que l'on nomme également jaspes. &
le quartz empâté avec des ochres martiales jaunes & rouges, & le silex empâté avec
ces mêmes chaux métalliques. C'est ainsi qu'en confondant deux états aussi différens,
on nomme quelquefoisjaspescristallisés des cridaux de roche rendus parfaitement
opaques par des mélanges. Le faux jaspe,celui dont la baCe argilleufe ou martiale

; ,
est imbibée de quartz, a une cassure plus vitreuCe, une pâte plus grossière & un
grain dur & fee; ses veines font de quartz blanc & s'il a des cavités,elles font
garnies de petits cristaux de roche la pierre nommée sinople est un de ces faux
fait la bafe doit être ou imbibée ou empâtéedesilex )
jaspes ;le vrai jaspe ( dans lequel, je le répète, la terre argilleufe ou martiale qui en
,j
a une pâte plus fine une
cassure unie, conchoïde& luisante, quelquefois d'un afpeâ un peu terreux Ces
veines font formées de calcédoine, qui tranfudant en mamelons remplit également
(es cavités. Mais par la même raison que le quartz & la calcédoine Ce confondent
jQ
je crois appercevoir deux états très-différns dans la combinaison de
ces deux terres. Dans l'un, le quartz fait en quelquefortel'office de

;
silex
,
menstrue envers la terre muriatique, il s'unit à elle de la même ma-
Dière qu'il s'associe à l'argile lorsqueavec cette terre il constitue les
& il éprouve dans cette nouvelle combinaison plusieurs modi-
fications semblables à celles qu'il reçoit dans la première,entr'autres-
la perte de la faculté de cristalliser. Plusieurs pierres d'apparence fi-
licée font le résultat de cette association auquel appartiennent princi-
palement les pierres dites de poix, qui se forment dans les ferpenrines
décomposées & parmi les argiles mêlées de terre muriatique. Lorsque
les produits de cette combinaison ont éprouvé par des filtrations na-
turelles .la dépuration de tout ce qu'ils contenoient d'étranger ou de
superflu le quartz retient encore à-peu-près
@ 120°0 de magnésie, quantité
,
quiparoît être nécessaire saturation.
à sa
Mais je ne crois pas que ce foit toujours dans des circonstances
semblables, que se fade la combinaison de la terre quartxeufe Bi de la
terre muriatique. Il me paroît que ces deux terres se font associées
fous desrapports bien plus intimes encore pour former certains talcs
-
& quelques stéatites. Elles y font bien plus fortement enchaînées ,
& par conséquent elles cèdent plus difficilement aux affinités qui font
particulières à chacune d'elles. Cette résistance à leur léparation cette
difficulté
, ,
d'attaquer alors la terre muriatique par les menstrues qui lui
fontle plus appropriés ont fait croire à plusieurs chimistes qu'il y avoit
une terre particulière qui conftituoit les talcs. Plusieurs motifs que je
;
déduifai dans une autre occasion me font'penser que le quartz n'est
plus ici dans son -état naturel mais que ce nouveau genre de com-
binaifon exige de sa part une situation analogue à celle où il se trouve
-
,
lorsqu'il intervient dans la constitUtiondesgemmes ( i }. Il me paroît
donc - que dans ce nouvel état les rapports de faruration changent
entièrement, & le quartz peut se combiner avec plus de 1)000 de son
poids de" terre de magnéfle.Associées ainsi ces deux terres luent un
,
j
rôle collectif particulier dans les combinaisons oïl elles interviennent,

dans quelques agathes, le vrai & le faux jaCpe Ce trouvent réunis lorsque le quartz

:
8ç le silex ont simultanémentpénétré dans des masles d'argile, ou de terres ferrugt-
neufès ce qu'on voit fréquemment dans les jaspes de la Sicile.
, ;
Les silexgrossiers diffèrent des calcédoines par un excès d'argile & sur-tout par
des terres étrangères empâtées avec eux sans les rendre entièrement opaques c'elf
;
ainsi que beaucoup contiennent de la terre calcaire qui peut leur donner une fusibilité
quin'appartient pas au silex il sèmble aussi qu'il y ait une espèce de fubflance graffe
qui contribue à leur diaphanité& à leur couleur, & ils perdent Tune & l'autre lorsque
-

la chaleur la dissipe.
(i) Je développerai plus distinctement mon opinion [ur cet état particulier de
la. terre quactzeufe lorsque je parlerai des gemmei ou pierres précieufese -
, ,
elles s'y comportent d'une manière différente que si elles y concou-
roient chacune isolément. Pour exprimer les nouvelles propriétés qu'elles
développent, je les conlidérerai comme une substance particulière que

cet état de la combinaison ,


,
j'appellerai terre talqueuje & par cette dénomination qui exprime
de ces deux terres févirrai des périphra-
ses, & je porterai un peu plus de clarté dans une discussion que la
nature du sujet rend extrêmement obscure & compliquée.
a
La terre talqueuse pour caractère extérieur distinctif une apparence
graffe & ondtueufe qu'elle porte avec elle dans les combinaisons oà
elle entre, *k que ne donne point la terre muriatique y arrivant iso-

,
lément. La terre talqueuse est la bafe essentielle des serpentines, des

,
pierres ollaires des stéatites & de la plupart des pierres savonneuses
de ce genre. Mais elle n'y est pas pure différentes terres y font mé-
langées avec elle, il s'y trouve même une nouvelle portion de terre
de magnésie étrangère à la combinairon. C'est dans les fentes de ces

terre talqueuse dépurée :


pierres que l'infiltration ou une espèce de tranfudation rassemble la
elle y est ou en masse compare ou en la-
mes onctueuses & pliantes qui quelquefois cristallisent en prismes hexa-
,
gones très-courts.
La terre talqueuse est susceptible de se combiner ensuite avec la
terre quartzeuse dans l'état naturel, ou d'être dissoute elle-même par
riatique,
le quartz, comme j'ai indiqué que l'étoient les terres argilleufe & mu-
& c'est ainsi que se constituent les vrais jades ( ). Il est,i
(i) Les caradères extérieurs ont trop souvent influé sur les noms que l'on a
impoCés aux pierres. Une grande dureté & une grande densîté jointes à une apparence
ondueufe à une demi-transparence graffe, & à une cassure ftlicée, ont fait donner
le nom de, jade à des pierres très-différentes entr'elles par leur composition ; une
,
apparence résîneuse,une cassure vitreuse , une dureté inférieure à celle des silex
ordinaires & une grande légereté ont également fait réunir fous le nom de pierres
depoix des pierres qui n'ont aucun rapport de composition; & ce qui est assez
singulier,c'est que chacune des combinaisons qui ont fourni des pierres nommées
jades,en a donné une de celles appelées pierres de poix. Si je n'aimois mieux
remettre les unes & les autres dans les places qui me paroissent leur convenir, je
poix;
pourrais dire qu'il y a trois espèces de jades, ainli que trois espèces de pierres de
mais je crois plus convenable pour faire cesserla confusion qui a régné jusqu'à
présent entr'elles, de faire rentrer ces pierres dans les genres auxquels elles
appartiennent par leur composition. Alors je confeillerois de réserver le nom de
jade à la combinaisonju(qu'au point de saturation du quartz avec la tsrre talqueuse,
& de changer le r.om de pierre de poix en celui de piciforme ou réfiniforme, qui

,,
ne feroit plus censédésigner une espèce particulière de pierre, maisquiexprimeroii
cette modification dans l'aggrégation qui lui donne une apparence de poix ou de
résine cuite.Je dirois donc que parmi les pierres confondues fous le nom de jade il
en est une qui appartient au genre silice, & ce prétendu jade n'efi autre qu'une vraie
;
calcédoine, plus dure, plus dense & d'un œil un peu plus gras que dans l'état
ordinaire il se trouve feus forme de noeuds dans quelques groupes de calcédoines
je crois, trçs-essentiel de bien saisir la dHHnétion entfe la combinai-
son ordinaire duquarz avec la terre mariatique & la combinaison du

,
communes; il se comporte au feu comme elle, c'est-à-dire,-qu'il«réfifle sans Ce
,
fondre à une très-grande chaleur & il y devient blanc& opaque. Il y a également
une pierre de poix qui doit se placer dans le genre purement silicé & qui n'est
-

qu'une calcédoinelégère. Lor[qu'elle est pure, elle a une apparence plus gélaiineufê
& un peu plus de transparence que la calcédoine ordinaire, avec laquelle il y a
d'ailleursdes nuances insensibles de dureté & de densité qui l'unifient ; & elle Ce
comporte de même dans toutes les circonilances ou la fojce d'aggrégarion ne doit
avoir aucune influence* Les opales me paroissentappartenir à ce genre. Les calcé-
doines réfîoiformesfe trouvent principalement dans les argiles provenan(dela décorr-4
pofitioù [pontanéede roches plus anciennes. Telles font les pierres de poix de l'île
d'Elbe, du Piémont, &c. Les bois convertis en pierre de poix jaunes & blanchesqui
viènnent de Hongrie font de cette espèce. Ce genre d'aggrégation lâche & d'appa-

,
rence gélatineuse a des rapports avec l'état du quartz précipité de la liqueur des
cailloux, qui y est également en état de gelée & qui est tellement amplifié dans fcfl
aggrégation,qu'ilarrive à un volume douze fois plus grand que dans l'état ordinaire.
La pierre à laquelle je réserve le nom de jade est ordinairementun peu plus opaque
& plus.colorée que celJe que je viens de laisser parmi les calcédoines; avec ure

, ,
dureté à-peu-près semblable, elle a un peu plus de densité, une apparence plus
onctueuse. Elle résistecomme elle sans Ce fondre à un violent coup de feu mais au
lieu d'y augmenter sonopacité, elle y devient un peu plus diaphane ce qui peut
servir d'indicationpour la diflinguer pendant l'absence de tout autre caraftère. Cn
trouve ce jade parmi les serpentines & autres pierres magnéfiepnes décomposéei
,
Souvent il est entremêlé d'asbeste & d'amianthe. Mais les mêmes circonstances
le
fournissentaussi un faux jade dans lequel quartz aulieu d'être combiné avec la
terre talqueuse , la renferme feulement comme mélange, & est Amplement empâté
avec elle. Il est cependant quelques caraftères extérieurs qui les diftinguert le
faux jade a une cassureplus vitreulè, une apparence moins onétueulè, & il peut
;
:
admettre la cristallisation du quartz, ce qui pourroit faire dire aussi qu'il y a du
jade cristallise & quelquefois la même maiïè réunit le vrai & le faux jade comme

;
dans les jaspes. Le vrai jade peut avoir un excès de terre de magnésîe & de terre
talqueuse dans sa combinaison, & alors il va se réunir aux stéatites durfes ce même
jadeavecunpeu d'excès de quartz ressemble aux agathes,& quelques-unesdes pierres

,
que l'on nomme agathes vertes & jaspes verds appartiennent à cette combinaison.
j
C'est parmi ces mêmes débris de pierres magnésiennesdécomposées queTon trçuve
des pierres d'une apparence vitreuse demi transparentes légères, tendres que
l'on nomme encore pierres de poix, & qui font unrésultat de la comlin l:Con du
quartz avec la terre demagnésie; elles demanderoient, ainsi que tous les autres
;
produits de la même 'combinaison un nom qui les distinguât des pierresfilicées avec

,
lesquelles on les confond à cause de , leur ressemblance extérieure elles
ont un afpeâ
gélatineux comme les calcédoines légères, elles affectent comme elles la forme
mamelonnée & elles résistent également à la fusson. J'ai envoyé en 1786^2 mo»
excellent ami VM. Picot dela Peyroufe,une fuite d'échantillons des ferpentines-
décomposees de l'Imbrunetta près de Florence, dans lesquelles on voyoit tous les
différens produits dela Gombinaifondelà terre muriatiaueavec les autres différentes
terres, & dans lesquellrs.en pouvoit suivre plus particulièrement tous les progrès de
la formation des jades 3îfe;ife pierres réfiniformes muriatiques: il les mit de ma part
fous les yeux de l'Académie de Toulouse,& il en fit mention dans un très-bon
Mémoire inféré dans le volume que cette Cociété savante a publié en 1787.
même quartz avec la terre talqueuse,c'est-à-dire, avec la terre mu-
riatique déjà aÍfociée fous d'autres rapports avec la terre quartzeuse ;

Les pierres réfiniformes de ces deux différens genres font rarement pures, leur
tissu lâche ( dû sûrement à quelque circonstance particulière qui détermine ce genre
d'aggrégation,mais que je ne connois pas) leur permet d'autant mieux d'admettre
des mêlanges de toutes espèces. Elles font Couvent empâtées avec de l'argile qui
peut y conserver encore la propriété d'exhaler fous le souffle l'odeur qui lui est
propre. Plus ordinairement ces substances réfiniformes paroissent avoir imbibé en
,
place des m.?iïès d'argile de différentes couleurs & des chaux martiales, & elles les
ont fait d'autant plus participer à leurapparence vitreuse qu'elles les ont plus
abondamment abreuvées, ou que ledifrolvant qui lestranfportoiten étoit plus chargé
& approchoit davantage de la consistance gélatineuse qu'il pouvait avoir eu quelque-
fois. Il est à remarquer que dans les masses d'argile qui ont été ainsîpénétrées par des
dissolutions de calcédoines ordinaires, ou par ces espèces d'extraits gélatineux &
téfiniformes, le centre en est ordinairement plus chargé que les parties extérieures,
qui en étant imparfaitementimprégnées, ont encore confervé leur grain terreux &
la faculté de happer à h langue. J'ai cru pendant un tems que cètte apparence
;
ferreuse des surfaces avoit toujours*pour cause un commencement de décomposition
qui en avo:t altéré l'aggrégation mais j'ai reconnu que le plus Couvent cet effet
dépendoit d'une espèce d'absorption ou de succion par des tuyaux capillaires, qui

,
avoient attiré dans le centre aux dépens,
des parties voisines des surfaces une plus
grande quantité de la dissolution ce que j'ai vérifié en imbibant d'une eau colorée
des boules d'argile blanche, qui lorsqu'elles étoient sèches Ce trouvoient toujours
beaucoup plus chargées de couleurs dans leur centre. C'ea dans ces parties plus
opaques &plus terreuses, parce que l'argile y est imparfaitement agglutinée par la
matière filicée comme aussi dans les écorces qui ont éprouvé un commencement
,
de décomposition, que l'on trouve les pierres dites hydrophanes, parce qu'elles ont
;
la propriété de devenir demi-transparentes en absorbant l'eau dans laquelle on les
plonge & ce mot hydrophane ne devroit également exprimer qu'un accident
d'aggrégation auquel font sujettes des pierres très-dissemblables 8ct de presque tous
les genres.
Le troisième jade qui ressemble aux deux premiers par son aspect, a un caradère

, ;
qui le rend facileàreconnoître ; c'est une extrême fusibilité. Sa composition d'ailleurs
le rapproche de la nature du pétro-silex mais il est plus fiirchargé de terre de
magnésie & renferme aussi de la terre talqueuse. Il est susceptible de surabondance
de ses parties constituantes &de mélanges comme toutes les autres pierres composées
& félon qu'il est plus ou moins pur, il Ce fond en un verre blanc un peu boursoufflé,
:
,
ou en émail gris. Les pierres blanches & verdâtres nommées jades qui fervent
ordinairementde poignée de fabre en Turquie celles dont on fait beaucoup d'orne-
mens dans les Indes, la pierre dite des Amazones, font de ce genre. Il me paroîtroît
Iléceiïaire de lui donner encore un nom particulier qui le distinguât, puisqu'il diffère
essentiellement par sa composition de celui des jades à qui je conferve ce nom, & qui,
comme je l'ai dit, estle produit de la combinaison du quartz & de la terre talqueuse.
Urepierre réfinlforme extrêmement fufibie se rapporte par sa composition au

, ,
même genre de pétro-silex ; la propriété de se fondre en verre extrêmement bour-
soufflé & blanc quelle qu'ait été sa couleur la distingue des pierres d'un afpeét fetn-

, ,,
blable placées dans les genres précédens. Les pierres réfiniformes jaunes, grisês,
rouges & brunes qui viennent de Saxe font de cette espèce. Quelquefois elles y fervent
de bafe à des porphyres c'eft-:? dire qu'elles renferment de petits cristaux de feld-
spath. D'ailleurs j'jgnore quelles font leurs circonstances locales, j'ignore si c'est la
quoique dans l'un & l'autre cas l'analyse ne puisse extraire des deux
composés que des substances semblables. Ce genre de surcomposîtion
est assez commun dans la lithologie, & peut être une source d'errear
pour ceux qui ne le prennent point en considération , parce que l'ob-
servation leur en est échappée.

,
Les combinaisons de la terre quartzeuse avec l'argile & de la terre
quartzeuse avec la terre muriatique faites chacune à part se rencon-
trent quelquefois se mêlent & forment encore de ces compositions
assez fréquentes qui doivent également faire le tourment du litholo-
,
constituent des compofirions d'un ordre i
giste & du chimiste parce qu'ils y trouvent tous les matériaux qui
ils y observent que
supérieur
les différentes terres y font avec les caractères qui annoncent les al-
liances chimiques, & cependant elles ne donnent point les produits
que leur nature & leur proportion sembleroit promettre.
, )
J'ai déjà dit que je ne connoiÍfois aucune pierre coinpofée du pre-
mier ordre ( c'est-à-dire bipartie dans laquelle je pus reconnoîcre
les caradères de l'union chimique & directe entre le quartz & les
terres martiales & calcaires. Il est possible cependant que leurs com-
binaisons puissent se faire à l'aide de quelques circonstances, mais elles
font si rares que je puis les considérer comme hors de la marche or-
;
dinaire de la nature. Je parlerai donc aux comportions du fecond
ordre je parlerai de quelques combinaisons triparties à baie quartzeuse

lyse; j'y porterai la même méthode des abstraCtions ,


qui m'ont paru les plus faciles à soumettre à ce nouveau genre d'ana-
en prévenant
cependant que les difficultés augmentent, à mesure que les combi-
naifons se compliquent 9
car les limites des saturations deviennent plus
incertaines, les mêlanges y font plus difficiles à distinguer des vraies
combinaisons ; les substances aériformes y jouent un rôle plus impor-

problêmes lithologiques s'entrecroiflent davantage ;


tant, & toutes les conditions à remplir pour obtenir la folurÍon des
mais ne connoiiïant

voie sèche ou la voie humide qui a produit pour elles ce genre d'aggrégation qui est
également ,dans les facultés de ces deux aaens; mais j'ai trouvé des produits volca-
niques parfaitement semblables dans les montagnes du Padouan & dans les îles
,
Ponces, je les y ai confédérés comme une espèce de vitrification d'un tissu lâche qui,
en se raréfiant encore davantage prenoit des fibres apparentes, & passoit à la contexture
de la pierre ponce, pendant que d'un autre coté elles se réunifiaient insensiblement
aux vitrifications les plus compaétes.
Il ne paroîtra donc pas extraordinaire que les. chimifles de différens pays qui ont

;
analysê des jades & des pierres dites de Poix, ayent obtenu des résultats si dissem-
blables puiCque, outré tous lesaccidens de mêlange qui (ont très-fréquens, & qui
placent de l'argile dans du vrai jade, ou du calcaire dins une combinaifbn filicée,
il y a réellement trois genres de compositions différentes qui fournirent des pierres
à-peu-prèssemblables par leur aCpeét & par beaucoup de leurs caractères extérieurs,
& que l'on nomme jades & pierres de poix.
encore autre moyen qui équivaille celui-ci , je vais poursuivre ma ta-
che. Je ferai remarquer qu'en m'élevant ainsi du composé au furcom-
poré, je ne fuis pas exaétement la marche de la nature, qui paroît plu.
tôt descendre des combinaisons compliquées à celles d'une plus grande
simplicité. Car les combinaisons biparties dont je viens de parler ap-
partiennent à un travail bien postérieur à celui qui a produit celles

,
des autres ordres. On ne trouve ni silex ni jades réfradlaires dans les
montagnes dires primitives les pierres de ces deux genres ne se mon-
trent que dans les matières décomposées, & dans les couches de
transport où elles me paroiÍfent avoir été rassemblées par le seul tra-
vail de l'infiltration ( 1 ).
En ne considérant les comportions du fécond ordre que fous le

,
rapport du nombre des terres élémentaires nécessaires à la constitution
de chaque pierre en faisant abftradion, félon ma méthode, des matières
étrangères ou superflues, & réservant pour la distinction des espèces
toutes les modifications particulières que chacune de ces terres éprouve
dans son aÍfociation avec les autres, ou l'influence que peut avoir dans la
combinaison l'état dans lequel elles s'y trouvent, je réduirai à trois

; ,
genres les combinaisons triparties dans lesquelles le quartz est une des
substances constituantes ertentielles savoir, 1°. quartz argile &

(i) L'origine de ces silex si communs dans les bancs calcaires & dans les couches
de craie est une grande question de Géologie. Sont-ils préexiflans aux matières dans
lesquelles on les trouve? S'y font-ils formés? Je fuis de cette dernière opinion,
quoiqu'elle paroisse la moins vraisemblable au premier appterçu. L'exitlence d'une
éil
petite portion de terre quartzeuse dans les pierres calcaires ;
prouvée par l'analyse
la possibilité d'un dissolvant qui l'attaque feule de préférence à la terre calcaire ed
démontrée par les cristaux de roche qui Ce trouvent dans les cavités des marbres de
Carare. La combinaison qui forme les silex me paroît encore plus soluble que le
quartz pur. Je crois donc que c'est l'infiltration qui a rassemblé les molécules filicées
éparses dans les bancs calcaires & qui en a rempli des cavités qui y ont laissé après

j
leur destruction des corps marins d'un tissu très-lâche. Les formes noduleuses &
,
bizarres des silexneparoilfentle plus fbuvent que des jeux duhasard mais quelques-
la
uns aussi rappellent figure de plusieurs corps marins & c'ea principalementdans
leur intérieur qu'on trouve des indices non équivoquesd'organisation, on y reconnoît
le tissu des éponges, des madrépores & autres productions de polypiers. Je ne doute
pas que les silex ne soient venus occuper des places qui leur ont été préparées par des
,
éponges & par ces animaux pulpeux si communs dans les mers, qui ressemblent
à une gelée & qui fous un très-gros volume ne contiennent prefqu'aucune matière

,
solide. L'intérieur des coquilles, & sur-tout des échinites, ont aussi reçul'infiltration
:
du silex mais il est arrivé pour elles un petit phénomène qui tient aux affinitf f
,,
entre parties similaires jamais les tefis de ces coquilles n'ont été changés en silex ,
mais ils se fort souvent convertis en spath calcaire parce que lorsque ces coques
permettoient la libre tranfudation des molécules filicées elles retenoient les molé-
cules calcaires q i leur étoiest assimilées & que la dissolution faisoit palier à portée
,
de leur Cphère d'aétivité. Cette explication bien simple donne la théorie d'un fait
qui a embarrassé beaucoup de naturalises.
calcaire; 2°. quartz,argile & muriatique; 30. quartz muriati que &
calcaire. (Je ne connois point de composition de cet ordre dont le fer
foit une des trois matières constituantes essentielles. )
,
Le premier genre des compositions de cet ordre celui dans lequelle
calcaire se réunit au quartz & à l'argile, est le plus important de toute
la Lithologie, tant par la valeur de plusieurs de ses produits que par la
dissemblance que Fabfenceou la présence de quelques fluides, apporte à

, ,
ses résultats; & c'est principalement ici que je puis appliquer ma
maxime sur l'analyse des pierres & dire qù,il eftplus nécessaire encore

,
de çonnoître les rapports chimiques où font entrelles les matières consti-
tuantes qu'il estplusimportant de distinguer & despécifier l'espèce
d'alliance quelles ont contractée ensemble par tintermède de quelques
fluides ou par leursoustraction , qu'il ne l'est de savoir le nombre & les
proportions-exactes des substances solides qu'y découvre leur analyse ;
car cestVétat particulier de la combinaison , plus encore que les
matières qui interviennent, qui détermine&fixeréellement la nature
y
du produit. C'est donc ainsi qu'appartiennent auxcompolitions de ce
genre, les pierres les plus denses6c les plus légères, les plus dures & les
-plus tendres, les pierres inattaquables par les acides & celles qui cèdent
aisement à leur action, les pierres qui opposent le plus de résistance à la
décomposition & celles qui s'altèrent le plus promptement, les pierres
que le feule plus aétif ramollit à peine, & celles dont la fusion est la plus
facile; en un mot, les pierres les plus dissemblablespar tous les caradères
extérieurs présentent ici à l'analyse les mêmes terres constituantes,ce qui
prouve que la Chimie fera d'un très-foible secours à la Lithologie aussi
long-tems qu'elle se bornera à extraire & à peser les doses de chacune
des matières composantes solides, en négligeant les circonstances les
plus
les importantes de la combinaison, celles qui influent le plus sur tous
résultats,& qui font que telle pierre est réellement différente de
telle autre, quoique les matériauxen paroissentà-peu-prèssemblables (1).

(i)
,
,
Les naturalistes qui ne font pas irès-familiarisés avec les opérations de la
Chimie ,&avec ses réftiltats en lisant la fuite de,ce Mémoire croiront peut-être'
que j'exagère l'importance des fluides élastiques dans les produitsdurègne minéral
ils pourroient s'imaginer que je donne trop d'influence à des circonstances qui leur
;
paroîtroientminutieusès, si je ne les priois de remarquer que les corps les plus dissem-

,
blables par leurs caraétères extérieurs ne doivent souvent les qualités particulières qui
les placent à des diflances immensès les unes-des autres qu'aux mêmes causès que je
fais intervenir pour la formation des pierres. La pyrite qui brille de l'éclat de l'or ne

,
diffère du (el qui a la couleur & la tranlparence de l'émeraude que par une fubûance
qui Ce soustrait à nos regards, laquelle, suivant une des hypothèses chimiques,pft

,
incoercible & échappe fous le nom de phlogistique aux vases dans lesquels nous
voudricns la renfermer, & qui Celon l'autre hypothèse efl un fluide impalpablenommé
gaz oxigène. La pyritemartiale perd son brillant métallique cède ses formes déri-
vées du cube pour prendre d'autres formes dérivées du parallélipipède rhomboïdal,
Les produits les plus remarquables de ce genre de composition ront
les pierres dites précieuses ou les gemmes. C'dl: encore moins par cette
estime arbitraire qu'elles doivent à leur rareté & qui en a fait tellement

;
monter la valeur, que dans un volume de deux pouces de diamètre on
peut concentrer la fortune de dix familles opulentes c'efl moins à cause
du préjugé qui les place parmi les premiers objets de luxe qu'elles

, , , ,
méritent de fixer plus particulièrement l'attention du naturalifie, que par
les propriétés qui leur font particulières savoir leur dureté leur éclat,
leur denfiré leurrésistance à l'aétion des acides, à celle du feu & à la
décoml oficion. Cependant si on ne confidère que les matières qui les

,
com poftnt, on est étonné de n'y voir que les mêmes terres que l'on

;
retrouve dans la marne dans les pierres & dans les glebes les plus
communes car les analyses de Bergman, d'Achard, de Wiegleb, prouvent
que les gemmes n'ont point de terre particulière comme on l'avoit
supposé par la difficulté que l'on avoit à séparer leurs principes prochains.
C'est donc dans l'état de la combinaison des terres qui les con ftituent,
qu'on doit chercher la cause des propriétés qui les distinguent, & cette
çombinaison doit avoir des circonstances bien singulières, puisque les
gemmes font si rares, quoique leurs matériaux semblent être par-tour.
Après avoir examiné dans d'autres compositions de ce même genre
les différences que peuvent apporter dans les résultats l'ablence ou la

,
change Ton opacité en transparence, (on insîpidité en faveur très- forte &c. par le
simple déplacement du phlogistique félon la doéhine de Stalh par la feule absorption
,
de l'oxigène suivant le systême des gaz. Et ce même acide vitriolique félon qu'il reste
plus ou moins chargé de plilogiftique ou d'oxigène Ce comporte très-différemment
,
dsns ses combinaisons avec d'autres substances; il n'a plus les mêmes affinités
;
d'éleftion il n'a pas les mêmes termes de [aturation. L'acide vitriolique proprement
dit adhère fortement à toutes Ses bases, il ne les cède à aucun autre acide l'acide

,
vitriolique sulfureux Ce les laisse enlever par presque tous. Le Cel sulfureux de Stalh,
ou sulfite de potasse, ne ressemble ni par sa forme ni par Ses autres propriétés au
tartre vitriolé ou lùlfate de potasse , quoiqu'ils Coient composés du même alkali & du
même acide. L'acide mar'n dans Ses différentes modifications présente encore des
effets plus dissemblables.
L'état des bases (lorsqu'elles ne font pas forcées à Ce simplifier, dans l'ade de la
combinaison, par l'expulsion des fluides qui leur font propres) aune égale influence
sur les comporés. Les alkalis contradent des alliances plus ou moins étroites avec le
soufre, félon qu'ils font caustiques ou aérés. Faits avec des alkalis cauniques, les
foies de soufre font plus bruns, plus fétides, plus permanens, le gaz que les acides
en dégagent est plus inflammable. Les alkalis qui conservent une partie de leur air
méphitique
,
;
dans leur combinaison aTec le soufre, s'enchaînent à lui moins fortement;
l'odeur du foie de soufre est plus foible sa composition moins durable le gaz qu'il
,
donne par l'addition des acides n'est inflammable
,
que lorsque l'eau de chaux lui a
enlevé la portion d'air méphitique avec lequel il est mêlé &c. Les exemples de ce
genre pris dans les compositions les plus familières, pourroient être extrêmement
nombreux.
ptéfence
,
présence de l'eau ou de l'air méphitique combinés ala terre calcaire
qui y intervient jen'ai point vu que ces circonstances quelques (
;
influences qu'elles aient d'ailleurs) donnassent aux produits aucun des
caradtères qui appartiennent aux gemmes c'estdonc dans l'état des
autres principes prochains que j'ai dû chercher la cause de ces qualités
particulières, & j'ai été ainsi conduit à examiner plus attentivement
chacune des deuxautresmatières confiiruantes. En dirigeant plus par-
ticulièrement mes observations sur le quartz, il m'a paru que nous
n'avions encore que des notionsbienimparfaites sir cette substance &
j'ai cru appercevoir dans une des modifications qui lui font particulières
,
la cause de la formation des gemmes.
La terre quartzeuse dans l'état où la nature nous la présente commu-
nément, est-elle une terre élémentaire simple?
J'ai déjà plusieurs fois témoigné mes doutes sur cette question, sans
qu'il m'ait été encore nécessaire de l'approfondir; car lorsque j'ai parlé
du quartz, je n'ai encore eu besoin de le considérer que tel qu'il existe
;
dans les cristaux de roche & dans la plupart de ses combinaisons ordinaires
réservant cette discussîon pour le moment où je traiterois des gemmes
parce qu'elle m'a paru avoir une relation plus directe avec leur formation.
,
La phosphorescence du quartz & l'odeur particulière qui se développent
par la collision annoncent la présence d'une substance inflammable son
décrépitement lorsqu'on le chauffe (1),son bouillonnement considé-
;
rable lorsqu'on le fond seul par l'action du.feu qu'alimentel'air vital, &
le verre plein de bulles qu'il donne pour lors, y prouvent l'exifience d'un
fluide élastique (2); mais le phénomène le plus remarquable est sa grand »
eflrervefcence & son grand bourfouffiement lorsqu'on le fond avec un des
alkalis fixes, substancesavec lesquelles il a une très-grande affinité & dans,
lesquelles il se dissout complettemenr, & ce caractère important lui
appartient à l'exclulion des autres terres élémentaires. Cette efrervef-
; ,
cence à été attribuée par la plupart des chimistes à l'acide méphitique de
l'alkali mais elle existe également, quoique moins vive lorsque le quartz
s'unit par la voie sèche avec les alkalis caufiiques; d'ailleurs les propriétés
de la terre quartzeuse dans le moment où elle se sépare de sa combi-

(1) Le quartz décrépite d'autant plus qu'il est plus phofpliorefcent.

, ,
(z) L\iirdu feuou vital fond les pierres quartzeuses plusdifficilement que
toutes les autres pierres avec un bouillonnement remarquable, en globules Ja
plupartdemi-transparens remplis de bulles. Vcyel Ehrmann art. de fusion à
J'aide de l'air vital.
,
Le quiirtî exposè à un courant d'air vital tiré du nitre a commencéà bouil-
lonner au bout d'une minute & demie.Lavoisier Mémoires de l'Académie des
Sciences, année 1783. Avant eux M. Delamétherie avoit é galement fait fondre
du quartz par l'air vital, & avoit remarqué son bouillonnement. Journal de
Physique,août 1785-
naison avec les alkalis par la précipitation qu'opèrent les acides dans le

,
liquor filicum , ne font plus celles de la terre quartzeuse naturelle & la
différence de ces deux états est si grande elle a tellement frappé de très-
,
:
bons chimistes , qu'ils ont été jusqu'à croire à la transmutation du quartz
en terre absorbante ou en argile (l) ils se font sûrement trompés dans
cette conjeéture, mais ils ont bien vu les faits par lefqueis ils s'y étoient
laissés conduire, car la même terre quartzeuse qui avant cette opération
réfiftoit complettement aux acides les plus puissans, cèJe ensuite à l'aétion
de ceux mêmes qui fontles plus foibles, ainsi que je le prouverai bientôt.
Plusïeurs favaas illuftresontcherché à connoître ce que fournissoit la
distillation du quartz. Les uns en le pouffant seul au feu disênt en avoir
tiré une huile empyreumatique (2); d'autres annoncent qu'ils en ont
extrait une liqueur acide d'une odeur fulfrireufe (3). Glauber & Srahl.
en le traitant avec de la potasse, dans une distillation accompagnée de
bourfoussement,en ont tiré une liqueur acide d'une odeur semblable à
l'acide muriatique; mais l'un présume qu'elle vient de l'alkali l'autre
l'attribue à la matière quartzeuse elle-même. Bergman dit que lorsqu'on
,
recueille la vapeur qui fort de l'effervescence qu'occasionne l'union du
quartz avec les alkalis, on ne trouve que du phlegme & de l'acide
aérien (4). Quelque confiance que j'eusse dans »les procédés de ces

,
chimistes, je me doutois depuis long-tems qu'il existoit dans le quartz
un fluide élastique qui n'avoit pas été recueilli par eux & que ce fluide
qui se dégageoit foit pendant la fusion du quartz par l'air vital, foit

;
pendant son union avec les alkalis fixes, n'étoit pas cet acide aérien
indiqué par Bergman car en préparant du liquorfilicum ou en faifanc
des analyses de pierres quartzeuses, j'avois observé plusieurs fois pendant
ia plus forte effervescence, une flamme qui s'établissoit sur la surface du
creuset, & qui paroissoitconsumerune substance qui en sortoit Cf).
iVoulant enfin éclaircir mes doutes à ce sujet, trouvant dans la com-
plaisance & dans l'amitié de AI. Pelletier les moyens de suppléer à
l'éloignement où je fuis de mon laboratoire, Se profitant des lumières,
des talens, de l'expérience & de l'exaditude de cet habile chimifie, pour
éviter toutes les erreurs & les surprises qui auroient pu m'égarer sur les
réfulrats, je fis avec lui dans son laboratoire les expériences suivantes:
Nous mîmes dans une cornue d'argile de douze pouces de capa-
cité un mélange de dix gros de quartz porphyrisé & de deux onces
de potasse caustique concrète ou pierre à cautère, à laquelle nous ne

(1) MM. Geoffroi, Pott,Beaumé, &c.


(2) Neuman. Prælection. Chem.
(3) Ludovic.Ephemer. Nat. Cur. ann. 6 & 7.
(4) Bergman. de Terra quarirofa.
(5) M. Pelletier faisant pendant la nuit la préparation de la liqueur des cailloux
--- a
remarqué la même flamme sur (es creusets.
laissames pas le temps d'attirer l'humidité de foir. Nous plaçâmes cette
cornue dans un fourneau dereveibère capable de bien chauffer. Nous
montâmes l'appareil pour faire palier à travers l'eau les fluides élas-
tiques qui se dégageroient, & nous nous préparâmes à recevoir dans
différentes cloches les produits de chaque instant de l'opération.
-
Peu de momens après que nous eûmes placé quelques charbons
pour chauffer la cornue, je vis sortir de grosses bulles d'air que je crus
appartenir à l'air atmosphérique renfermé dans les vaisseauxaussi long-
temps que je n'en eus que le volume répondant à la capacité de la
cornue; mais, excepté les deux ou trois premiers pouces, cet air n'est
plus capable d'entretenir la combustion des corps enflammés, comme

,
si tout l'air vital, qui devoit être mêlé avec le reste de l'air atmos-
phérique eût été absorbé. Tout ce qui fort donc dans ce premier
instant est de l'air phlogistiqué ou gaz azotique, dont la quantité,
bien supérieure à celle que pouvoient contenir les vaisseaux, monte à
près de vingt-deux pouces ( i ). Il y a après cela une petite suspen-
sion dans le dégagement qui indiquelanécessîté de pouffer plus vi-

,
vement le feu afin d'éviter une abforprion dont on voit la menace par
l'ascension del'eau dans le tube. Peu après c'est-à-dire lorsque le fond
de la cornue commence à rougir, il fort de nouveau un fluide éla!--
t; que dont la produétion est accompagnée de beaucoup de vapeur
blanches aqueuses, &" d'une fumée blanche qui ne se combine pFs.
entièrement avec l'eau en la traversant, qui remplit les bulles d'à r
en s'élevant avec elles, qui s'échappe dans la cloche lorsqu'elles y
éclatent, & qui y dirparoît ensuite. Douze pouces font à-peu-près le vo-
lume de ce fecond produit dont la limite est de nouveau marquée
*,
par une fufpenÍÎon dans le dégagement
est alors plus grande encore que la première fois ,
la crainte de l'absorption'
elle exige qu'on,
foit préparé à introduire de l'air au cas qu'on ne parvienne pas x'
l'éviter, en augmentant par des fouffiets l'aétiviré du feu, d'autant
qu'il pourroit y avoit du danger à laisser arriver de l'eau sur la ma-
tière qui est en fusion dans la cornue. La nature de ce fecond pro-
duit est très-différente du premier. Il brûle entièrement, l'excep- à
tion d'une petite quantité qui est mélangée d'air fixe & d'air phlo-
gistiqué. Cet ait inflammable détonne avec l'air atmosphérique. Le
troisième produit, qui demande une chaleur très-forte, arrivejusqu'à
occuper vingt à vingt-deux pouces dans la capacité des cloches ,
mais les quatre cinquèmes, qui font de l'acide méphirique. en font'
ensuiteabsorbés par l'eau au-dessus de laquelle les cinq ou six pouces'

,
(i) Les volumes des fluides obtenus dans les différentes expériences font toujours
indiqués par des approximations la mesure très précise n'en étant pas nécessaire à
la recherche qui étoit l'objet principal de notre travail.
restans se trouvent être un mêlange d'airs inflammable & phlogisti-
qué où ce dernier domine. L'opération finit là ; car on n'obtient
plus aucun dégagement quelque temps & quelque chaleur qu'on donne
ensuite aux fourneaux.

;
Dans ces différens produits, deux font très-remarquables, l'air phlo-
gistiquéSel'airinflammable & je
crus reconnoître dans ce dernier air
l'aliment de la flamme que j'avois vue sur les creusets où j'avois précé-
demment préparé le liquor filicum & que M. Pelletier avoit obser-
,
vée dans les mêmes circonfiances. Mais, comme dans toutes les expé-
riences il peut y avoir des sources d'erreurs qu'on n'apperçoit pas d'abord
nous crûmes celle-ci trop capitale pour ne pas devoir être répétée.
,
mes le même alkali caustique ;
Nous fîmes donc une feconde opération dans laquelle nous employâ-
mais au lieu du quartz nous nous fer-
vîmes du cristal de Madagascar pulvérisé. Nous obtînmes les deux

,
premiers produits; mais le dernier, ,
celui de l'acide méphitique, fut
presque nul parce que le feu fut pouffé moins vivement, & l'ab-
sorption nous obligea de donner de l'air à l'appareil. M. Pelletier
c-pendanr craignant que malgré le foin avec lequel il prépare sa pierre
à cautère, il ne s'y fût introduit quelques matières qui cuiTentpu fournir
l'air inflammable, voulut bien en faire préparer d'autre où il évita
scrupuleusement tous les vaisseaux & toutes les matières qui auroient pu
concourir à une pareille production, &notre troisième expérience, faite
avec une quantité semblable de ce nouvel alkali caustique Se decristal de
Madagascar, a confirmé l'exactitude du résultat des deux premières, à
quelque petite différence près dans les volumes des différens gaz (i).

; ,
Dans la première & la dernière de ces opérations le
réndu
de la
cornue, laquelle n'étoit pas attaquée étoit une matière vitreuse blanche,
opaque & bcurfoufflée dans la feconde c'étoit un verre verdâtre tranfpa-
,
xent, mais les uns & les autres étoient extrêmement caustiques,attiroienc
,
fortement l'humidité de l'air se diflolvoient entièrement dans l'eau au
fond de laquelle se précipitoit une substance noire d'un afpeél gras &
,
fuligineux.
A laquelle des deux substances appartiennent les produits aériformes
?
de ces opérations On ne peut pas douter que les deux premiers airs, le
phlogistique & l'inflammable,ne soientabsolument étrangers à l'alkali

(i) Je fuis tenté de croire que sinous eussîons pu opérer dans un appareil de
mercure, nous aurions retiré encore un autre fluide qui auroit pu être permanent
'dans l'état de sécheresse, mais qui doit se combiner en entier avec l'eau. J'ai vu

,
dans chaque opération & pendant long-tems une espèce de bouillonnement à la
sûrface de l'eau au-dessus de l'extrémité du tube je l'ai fait remarquer à ceux qui
il
,
'étoient dans Je laboratoire,
;
sembloit dépendredebouffées de vapeurs qui fou-
levoient l'eau & cependant il ne passoit rien dans les cloches je vérifierai ma
conjedure quand j'aurai à ma dif^ofition un appareil au mercure.
auquel je crois qu'on pourroît attribuer l'acideméphitique, en supposant
que, quelle que foit l'attention quel'on porte pour le lui enlever entière-
ment par le moyen de la chaux, il en retient une dernière portion qu'il
ne cède que dans l'ade de la combinaison la plus intime avec la terre
quartzeuse; car quoique quelques chimistes prétendent que l'azote ou
l'air phlogistiqué foit un des principes prochains ou constituans des
alkalis, il faudroit pour qu'ils le fournirent, qu'ils fuirent décomposés, &
ils ne le font pas dans le cours de ce genre d'expérience, puisque les
acides les retrouvent & les reprennent dans la liqueur des cailloux tels-
qu'ils étoient avant l'opération. Mais il n'en est pas de même de la terre
quarrzeufe, c'est elle qui a éprouvé une altération réelle & tres-essentielle
lorsqu'elle a contracté son alliance avec les alkalis. Tous les acides ,
j
même l'acéteux, peuvent alors la dissoudre, pourvu qu'ils la prennent au
moment où elle le sépare de la combinaison & c'estainsi qu'en versant
plus d'acide qu'il n'en faut pour la saturation exaéte de l'alkali, le préci-
pité qui s'était fait dans la liqueur des cailloux se rediiTcur, f.-..:.la liqueur
redevient claire. Ce phénomène observépar la plupart des chimistes, en
excitant leur surprise,avoit faitcroire à quelques-uns que la terre
quarrzeufe avoir changé de nature, puifqu'elle avoit acquis une propriété
qui lui est si étrangère (i). J'ai même remarqué qu'avec l'acide vitrio-

,
lrque sulfureux, il n'y avoit jamais d'indice ni de commencement de
précipitation parce que l'acide s'empare aussî-tôt de la terre quartzeuse
que de l'alkali, ou peut-être même la prend avant de se combiner lui-
même avec l'alkali.11 n'y a point non plus de précipitation par aucun
acide lorsque la liqueur est étendue de beaucoup d'eau, &,félon toute
apparence, par les mêmes raisons.
, ,
Ce refus de précipiter qu'oppose à l'adion des acides la liqueur des
cailloux délayée dans trois ou quatre fois plus d'eau qu'il n'en faut pour
tenir ce sel composé en diÍfolution a embarrasse M. Bergman
qu'il vouloir toujours croire le quartz ,
,
inattaquable par les acides
naires; il a cherché à ce fait une explication il a cru la trouver dans
l'extrême ténuité des molécules quartzeuses qui les auroit empêchées de
parce
ordi-

vaincre la résistance du frottement & de se frayer un passage à travers la


liqueur dont elles ne troublcient point la transparence étant elles-mêmes
de nature diaphane. M. Bergman n'auroit pas eu besoin de recourir à une
explicationdont il devoit être lui-même peu fatisfaitfidans cette liqueur,
où il croit que les molécules quartzeuses font en simple suspension il eût
,

;
ajouté une quantité d'alkali fixe aéré, ou d'alkali volatil suffîssante pour
saturer l'acide combiné avec le quartz alors il auroit vu paroître cette
il
même terre qu'il croyoit déjà séparée de toute alliance, auroit reconnu

(1) Geoffroi, Pou, Beautné, Macquer, &ç.


,
que ce n'étoit pas la quantité du fluide qui mettoit obstacle à la préci-
pitation en présentant une trop
;
grande réfiftancee à la
de
gravitation ces
molécules d'une subtilité extrême mais qu'elles ne se précipitoient pas»
parce que leur union avec l'acide les rendoit solubles (i).
Si c'est par un alkali caustique que l'on tente de précipiter le quartz
qui a été redifïous par une surabondance d'acide versé dans la liqueur

;
des cailloux, il faut que la quantité ne surpasse pas ce qui doit s'unir à
l'acide tout ce qui y feroit sùperflu réagiroit sur la terre quartzeuse s'y
,
combineroit & la feroit de nouveau disparoître ; on pourroit ainsi livrer
alternativement & aussisouvent qu'on le voudroit la terre quartzeuse aux
alkalis fixes caustiques & aux acides, & avoir une succession de
dissolution & de précipitation. Mais les alkalis fixes aérés & les alkalis
volatils n'ayant prefqu'aucune a&ion sur elle, la précipitent sans pouvoir
la reprendre.
Je n'ai aucun doute que ce ne foit le quartz qui donne l'air inflam-
mable & l'air phlogistiqué produits dans cette opération. Il me paroît
évident que les fluides élastiques, qui se dégagent lorsque le quartz
& les cristaux de roche bouillonnent d'une manière remarquable en
fondant fous la flamme de l'air vital, doivent être les mêmes que,
ceux qui se développenr pendant la réaction de l'alkali sur la terre

(i) Hocphœnomenon notatu efi dignissimum;en, ni fallimur, rationem. Aqua


diluente omnes parciculæ filiceœ valdé removentur, vel pothtsfubtiliores fiunt
per totam hanc massamdistractœ. Omni vero voluminisdiminutioneampliatur
superficies, & cum..illa contactus fluidi.ambientis. Licu igitur JUiceum mi.
specïfice gravius semper fundumpetere debeat,interius tameti in casu presents
,
refijlentiam frictionis
, ,
vincere nequit majori enim potetitha opus efl vicein
defcetidendo aperiendee. qwim, quœ locum habet différentielgravitation
,
invijibiles tam ob tenuitatem
ffliceci.
,
fpecificarum. Ressant igitur jiLiceæ moleculct in fluido fufpenfz Jimulque
quàmobperluciditatem. Bergman. de Terra

Il me paroît d'autant plus singulier de voir une pareille explication satisfaire

,
M. Bergman & recevoir des applaudissemens de son illufire traduéteur & commen-
tateur M. de Morveau, qu'immédiatementaprès, ils rappellent un autre phénomène
qui en prouve toute l'insuffisânce. La liqueur des cailloux étendue d'une grande
quantité d'eau se décompose d'elle-même, & la terre quartzeuse se précipite. Or,
comment arriveroit elle à vaincre cette fois-ci un obflacle beaucoup plus puissant»
,
que dans l'autre cas, puirque l'eau est encore plus abondante & les molécules en
,
moindre nombre la précipitation étant successive. M. Bergman prétend que cette
décompolîtionspontanée arrive, parce que, le menstrue alkalin affoibli par l'eau,
retient moins le quartz, & trouve plus aisément à Ce saturer d'air fixe dans l'eau
ambiante. Nimia quoque aquœquantitate liquor jïlicum decomponitur, hac
enimpartim ita debilitatur menflrui alkalini efficacia, utfolutarainendosiar
impar, partim acido aëreo , aquæ inlzœreme. fatiatur. En admettant cette
explication, j'ajouterai que la terre quartzeuseelle-même reprend aussilasubstance
dont elle a été privée, & qui contribue pour sa part à faire cesser l'alliance du quartz
avec l'alkali.
, , i
quartzeuse, les mêmes qui s'enflammant par l'attririon donnent la
lueur phosphorique & l'odeur d'air inflammable caractères particuliers
du quartz. Il me semble incontestable que ces deux aiis ( qui ne font peut-
)
être qu'une simple modification l'un de l'autre font par eux-mêmes
ou par leurs radicaux des principes constituans essentiels au quartz,
,
dans l'état où la nature nous le présente communément, puisque ,
,
d'indissoluble qu'il est pour lors il devient, par la privation de ces
airs si susceptible de conibinaifons avec ces mêmes acides, qui anté-
rieurement n'auroient eu aucune aétion sur lui dans quelqu'état de
division qu'on le leur eût livré. Réduite à ses principes fixes la
terre quartzeuse est dans un état semblable à celui des autres terres
,
;
élémentaires privées des substances élastiques qui font associées avec
elles dans leur état naturel & acquérant pour lors une plus grande
tendance à la combinaison, elle jouit de cette causticité qu'elles

;,
perdent toutes en réabsorbant celui des fluides aériformes qui leur
convient
exposée
si la chaux retrouve dans l'air atmosphérique où elle est
l'acide méphirique qui la reconstitue terre calcaire, il paroît
que la terre quartzeuse caustique peut reprendre dans l'eau même
où elle séjourne ( en la décomposant sans doute), l'air inflammable
qui lui appartenoit, ou plutôt la substance qui en acquiert les pro-

quartzeuse , ,
priétés lorsque la chaleur aide à son développement ; car la terre

;
précipitée de la liqueur des cailloux reste peu de tems
,
dissoluble par les acides il semble, dis - je qu'elle retrouve dans
l'eau même la substance qui peut la rétablir dans son état le plus
naturel. Au moment de sa précipitation on la voit s'entourer de
petites bulles d'air, qui grossissent avant de s'élever & de venir quel-
que tems après éclater à ta surface de la liqueur. La chaleur hâte
ce petit phénomène qui cesse bientôt & qui laisse la terre quartzeuse
,
ôc ,
en état de résister à l'adion des acides autant que le quartz, porphyrisé,
lorsqu'après l'avoir séchée on la fond de nouveau avec les
alkalis, elle produit la même effervescence qu'avant ces manipu-
lations.

,
Quoique ce foit bien réellement une substance élastique qui s'échappe
du quartz lorsqu'on le fond seul par un feu très-adis ou lorsqu'on
le combine avec les alkalis; quoique j'aie reconnu dans cette fubf-

; ,
rance aériforme les propriétés de l'air inflammable & de l'air phlo-
gistiqué je ne dis pas je ne crois pas qu'elle rélide précisément
dans cet état & avec ces mêmes propriétés dans le quartz ,c'est

, ,
sans doute l'aétion de la chaleur qui les lui donne; car l'air inflam-
mable ne sauroit rentrer dans le quartz comme l'air méphitique rentre
dans la chaux aussîtôt qu'elle lui est présentée. Les nouvelles pro-
priétés qu'il a acquises pendant l'opération à laquelle il doit son déve-
loppement, le rendent en quelque forte étranger à l'hospice donc il
est forti, Se

, ,
il ne produit ni n'éprouve aucun effet sensible lorsquon
le fait paÍfer à travers la liqueur des cailloux ou lorsqu'il séjourne
deÍfus. Il ne la précipite pas parce que dans ce nouvel état il ne
sauroit se recombiner avec la terre quartzeuse & la soustraire à l'ac-
tion des alkalis. Il n'en est pas ainsi de l'air méphitique que l'on fait
,
paÍfer dans cette mêmediiïblution, & qui, rentrant dans l'alkali le
rend inhabile à conserver la terre quartzeuse laquelle se précipite ,
dans un état de causticité où elle peut être reprise par les autres acides.
En disant que l'air inflammable n'existe pas tel dans le quartz,
je n'en dois insister que plus fortement encore sur l'opinion où je
fuis que c'est bien lui qui en contient les principes prochains ,
que c'est
completter
composé
;
lui qui renferme la bafe de cette substance que le feu vient enfuice

; j'aurois pu l'attribuer à l'alkali si l'opération l'eût dé-


j'aurois pu le croire un produit de la portion d'eau adhérente

,:
à ce sel,occasionné par l'absorption de l'oxigène qui auroit laisse l'hy-
drogène en liberté si aucun autre phénomène n'eût répandu des lu-
mières sur celui-ci mais rien d'étranger au quartz ne concourt avec

,
la chaleur au dégagement d'air qu'il éprouve lorsqu'il bouillonne vi-
vement en fondant fous la flamme de l'air viral rien que lui-même
ne fournit la bafe du fluide qui pour lors le bourfoufïle , comme lui
seul fournit & la lueur phosphorique (i), & l'odeur d'air inflammable
qu'il donne par la collision (3).

(1) M. le chevalier de Lamanon regardoit aussi la phosphorescence du quartz


, ,
comme un figne de combustion, & de ce seul caradère il concluoit que le quartz
étoit un corps combustible. Un quartz frappé d'un autre quartz tire dit-il de
lui-même lefeu qui le confume, & on ne peut passupposerque les étincelles qu'il
donne & le grandfeu qr/ilproduitfoientalimentéspar des substancesétrangères
àsa composition. En frappant deux quartz l'un contre l'autre de manière à
,
recevoir sur un papier blanc tout ce qui tombe, on voit, dans le détritus,depetits
corps noirs qui frottés sur le papierylaissent une trace semblable à celle du
charbn, & qui examinés au microscopeparoissent vitrifiés & ftorifiés. Voyez le
Journal de Physique de juillet 1785.
-
(1) Si, comme je n'en doute pas, une portion du dissoolvant,
-- - quel quil -- doit
.u foit,

,
nécessairement rester unie avec la [ublhnce dissoute lorsqu'elle cristallise, je crois

;
trouver dans la composition du quartz un nouvel appui à l'opinion que j'ai établie
au commencement de ce Mémoire sur le diiïolvant du quartz il me sèmble y voir

,
une nouvelle indication sur la nature de cette substance qui donne à l'eau la faculté de
transporter sans cesse la terre quartzeuse d'un lieu dans un autre & qui agittoujours
;
dans le silence & l'oblèurité de l'intérieur des montagnes. La composition de ce
ditTolvant doit être bien facile, puisque la nature l'emploie journellement sa décom-

,
position doit être bien subite, pUÍfque nous ne le retrouvons jamais. Le quartz ainsi que
le spath calcaire font sûrement transportés dans l'état aéré chacun par le diiïolvant
;
qui lui convient car quoique la chaux Ce sépare beaucoup plus aisément que le
quartz de la substance aériforme qui la constitue terre calcaire, ce n'est jamais dans
son état caustique qu'elle est charriée par Tes eaux, à moins qu'elle ne Coit en com-
J
-
m i »m i
Je pourrois rapporter d'autres observations,j'aurois faitde nouvelles
expériences, je me livrerois peut-être au développement de quelques
——— i ; —^|
binaifon avec des fabftances qui exigent le départ de Ton acide aérien c'efl toujours
dans l'état de Saturation qu'elle arrive dans les lieux où elle doit cristalliser. La
terre calcaire est le plus Couvent dissoùte par la surabondance de ce. même acide
méphitiquequi est un de ses principes confiituans. C'ert par la dissipation de cette
ftbftance excédente qu'elle se précipite , & non par l'introdudion d'une subst-nce
;
étrangère qui feroitcesser sa Solubilité car on ne feroit pas cristalliser du fpatlt
calcaire en rendant de l'acide méphitique à l'eau de chaux, comme on peut le fdire
en laissànt dissiper lentement la portion de cet acide qui lui donnoit la faculté de
s'unir à l'eau dans un état ietnblable à celui on elle est déposée. Les eaux hépatiquee-
;
ne formant que des concrétions calcaires amorphes, d'un tiilii lâche & d'un grain
terreux les eaiix gazeuses les donnent Couvent cristallisées & presque toujours d'un
tissu ferré & d'un grain spathique. Si, comme je le crois, les opérations de 1$
nature sur le quartz font analogues à sa manière de traiter la terre calcaire, iL me
parât néceffoire qu'un des principes constituans du dissolvant de la terre quartzeuse
îolt une [ufiance sèmblable à ce le qu'il renferm^dans sa composition & modifiée

activité, a hefoin de la privationde la ,


à-peu-près de même; & je fuis pertuadé que ce dissolvant pour maintenir
lumière car ce n'est pas sans
,
étonnement
(on
que

,
je remarque depuis long-tems que jamais aucune eau qui coule à la sùrface de It
terre n'attaque le quartz aucune n'en tient en dissolution, pendant que celles qui
-circulent intérieurement le corrodent aussiCouvent qu'elles le dépotent. Serait-ce la
?
lumière qui fait ditparoitre ce dissolvant Seroit-ce elle qui se combinant avec lui,

,?
lui donneroit des ailescomme le feu en donne à la substance qui est une des parties
constituantesdu quartz? Cette substance deviendroit-elleair inflammable-avecplus de
facilité lorfquelle ne tient au quartz que .par surabondance que pouHe dissoudre;
8c se dissiperoit-elle à l'afpeâ du jour comme l'air méphitique qui dissout le spath
calcaire, s'échappe à la présènce de l'air atroofphérique Seroit-ce par cette raiton
que le dissolvant du quartz s'est soustraitjusqu'à présent à la connoissance des hommes
pendant que loin de ses regards il prépare paisiblementpour lui les criHaux de roche
,
& les pierresprécieusès, & qu'il les dépoté dans les cavités des montagnes? Ceux qui
connoiflfént l'influence de la lumière sur différentes substances ne trouveront peut-
être pas mon opinion à cet égardtrop extraordinaire; n'est-ce pas elle qui contribue

, ,
à la formation des matières combustibles dans les végétaux?
Ce qui me paraît certain c'ea que le dissolvant du quartz n'est pas l'acide méphi-
tique comme l'ont cru quelques habiles chimistes. Par aucune manipulation ie n'a,
pu le faire pgir sur la terre précipitée de la liqueur des cailloux, quoique l'extrême
j
djvifion dût faciliter son effet d'ailleurs le dijfolvunt attuel du quartz reçoit pas
être celui de la terre calcaire, puÎCqu'il extrait la terre quartzeuse du mélange des
terres crétacéessans toucher à elles. Ainsi se forment les silex des craies de Champagne
&de Normandie, & les cristaux de roche des marbres de Carare & ceux des géodes
marneuses du Dauphiné. Ainsi des eaux chargées de terre quartzeuseviennent revêtît
, & incruster avec de petits cristaux de roche, des cristaux de spathcalcaire sans causèr
la moindre corrolîon à leur surface.. (J'ai dit le dissolvant aOuel pour ne pas
confondre les opérations de la nature postérieures à la formation de nos continens
avec ce procédé beaucoup plus ancien par lequel toutes les matières de la fiirface
du globe étaient tenues en dissolution,& qui avoit les mêmes facultés sur toutes les;
espèces de terre.) Je crois que c'efi parce que maintenant ils n'ont pas un dissolvant
jcommun que la terre quartzeuse & la terre calcaire ne se combinent jamais directe-
idées tbéoriques, si le quartz étoit le principal deceMémoire, Ci
j'avois eu d'autres motifs en faisant cette espèce de digression, que de
fournir des preuves sur l'état de compofirion d'une substance regardée
comme simple par la plupart des naturalises & des chimifies; mon unique
but étoit de montrer la terre quartzeuse,non pas changée de nature, mais
changée dans sa manière d'être la plus ordinaire lorsqu'elle se sépare des
alkalis avec lesquels elle a été combinée *,
j'ai voulu indiquer pour elle
deux états différens qui peuvent influer diversement sur les compositions
naturelles dont elle fait partie. Ce que je viens de dire me paroît donc
ment ensemble , quoique leurs mélanges [oient si fréquens, & quoique par la voie
sèche ces deux terres aient une très-grande aftion l'une sur l'autre.
Si l'acide méphitique a pu contribuer dans quelques occasions à la dissolution du
quirtz , ce n'ea point direétement) ce n'est pas en agitant lui-même, mais c'est lort-

, ,
qu'il s'unissoit à une autre CubaInce en remplacement du principe qui pouvoit agir sur
le quartz ou en hâtunt sa formation d'une manière quelconque. Je ne puis allez
m'étonner que M. de Morveau ait continué à croire à la dissolubilité du quartz par
,)
l'acide méphitique ou plutôt qu'il ait pu regarder cet acide comme le principal
(
agent de cette dissolution & qu'il ait dit dans l'article Acide vitriolique de
l'hncyclopédieméthodique que le quaril ell dissous à lalongue parl'eau chargée
, ,
degaz méphitique & de fer. Il auroit pu remarquer dans les expériences qu'il a
tentées à cet égard & dort il donne les détails dans l'article Acide méphitique, une
circonflance bien frappante qui auroit dû répandre du jour sur la question qui

, ,
méphitique avec des fragmens de criflaux de roche mais dans le fecond flacon il
, ,
l'occupoit. Il avoit mis dans quatre flacons pareils de l'eau très-chargée d'acide
avoit ajouté de la terre d'alun dans le troisieme de la terre calcaire aérée dans le

qua-tz ; , :
quatrièmeun petit lingot de fer. Au bout de neufmois, les trois premiers flacons ne

,
d nnoient aucun indice de changement en ne voyoit aucune corrosion sur le
aucun nouveau produit mais dans celui où le cristal de roche étoit associé
au fer, le fer& le quartz étoient attaqués l'un & l'autre le trouvoient diminués de
poids après qu'on en eut ôté la rouille abondante dont ils étoient couverts. De très-
petits criflaux de quartz y furent découverts, ils adhéroient au fer sur lequel ils
s'étoient formés, & étoient prefqu'ensevelisdans sa rouille. On voit clairement dans
cette expérience que ce n'est point l'acide méphitique qui a agi sur le quartz,
puisqu'il l'a refpefté dans les trois autres flacons; la condition nécessaire à la

;
formation de ces très-petits criflaux a été le fer. C'est donc lui qui a fourni l'agent de
cette opération il auroit agi de même sans l'intervention de l'acide méphitique,
comme nous en avons journellement des exemples. Si cet acide a eu quelqu'influence..
;
c'est tout au plus en hâtant la rouillure du fer car c'est en se rouillant, ainsi que je
l'ai déjà dit au commencement de ce Mémoire, que le fer corrode les criflaux de
,
roche, ou, pour parler le langage de la nouvelle théorie chimique, c'est lorsque le fer
s'oxigène parla décompositionde l'eau que l'air hydrogène ou Ces principesprochains

,
agissènt sur le quartz d'une manière quelconque & contribuent à sa solution dans l'eau.

,
Mais cette aaion réciproque du fer sur le quartz, & du quartz sur le fer, ceiïe lorsque
le quartz est combiné avec un alkali ; j'ai remarqué par exemple avec surprise que

,
le fer ne s'altéroit pas, n' éprouvoit aucune espèce de rouille dans la liqueur dee

; ,
cailloux-,même aidé par la chaleur il y conferve son éclat métallique dans sa plus
grande vivacité & l'on fait qu'il s'altère très-facilement dans l'eaupure &plus vite-
encore dans une eau alkaline.
Ce qui nous a peut-être encore éloignés de laconnoissance du dissolvantdu quartz
suffire maintenant à l'usage que je prétends faire des propriétés particu-
lières attachées à chacune des modifications de la terre quartzeuse (i).
Si la réunion de rous les phénomènes sur lesquels j'appelle l'attention
des naturalistes me fait conclure la composition de la terre quartzeuse
telle qu'elle existe dans les cristaux de rcche & dans la plupart des
pierres du même genre, je ne dois pas croire que la terre argilleufe foit

;
la feule qui dans l'état de nature se refuse à toute combinaison avec les
fluides aériens je ne puis pas supposer qu'elle fafle feule une exception
de la loi à laquelle cèdent toutes les autres terres, & qui les met en rela-
tion avec les différent élémens. Il me paroîr impossible qu'elle puiÍfe se
maintenir dans un état de simplicité abrolue qui paroîc répugner à la
nature. Mais quel est fluide le phis approprié à la terre argilleufe ?
L'eau feule fuflÎroit-elle pour satisfaire à ce besoin d'alliance inhérent
a chaque molécule de matière solide? Et quelles font les propriétés qui
distinguent les différentes modifications dont la terre argilleufe est
susceptible & qu'elle reçoit ou par la saturation ou par la privation de
?
la substance qui lui est appropriée Pour arriver à la solution de ces

c'est que nous l'avons cherché parmi les acides,c'est que nous avons cru le trouver
parmi les substances qui font une vive impressîon sur d'autres matières, eu qui

,
affeftent nos organes par une forte faveur ou par de la cauflicité. Mais ce dissolvant
peut être tellement approprié au quartz qu'il n'ait d'attion (enfible que sur lui
du sur les pierres qui le contiennent. Je répéterai donc encore que toutes les
,
,
indications se réunissent pour diriger nos recherches à cet égard vers les combi-
naisons phlogistiques vers celles d'où le feu développe aussi de l'air inflammable. Les
cristaux de roche font fouvenc noirci, & rendus opaques par une mat ière gradé qui
semble y être un reste du menflrue dans lequel ils se font formés. La chaleur diflfipe
cette fiibftance phlogiflique & rend aux criflaux leur blancheur & leurtransparence.
,
Tous les silex contiennent aussi une matière graÍfe qui en tranÍfude lorsqu'on les
expose au feu & qui se dissipe en les laissant opaques quand la chaleur a été affei
forte pour les faire rougir. Si, romme je n'en doute pas, c'est parmi les combi-

, ,
naisons du phlogistique ou des substances combustiblesqu'il faut chercher le princ'pe
qui donne à i'eau la faculté de diiïoudre le quartz il impo te beaucoup d'avoir égard
,
à l'adion de la lumière qui je le répète me paroit influer puissamment sur ce genre
,
de procédé & la nature semble suspendre les opérations les plus importantes dans le
règne minéral aussi-tôt que le jour vient percer l'obscurité de ses laboratoires.
(i) J'ajouterai encore uneréflexion en faveur de l'état de composition de la terre
quartzeuse & je la tirerai de son inertie. L'insipidité du quartz Con insolubilité sa
,
, ,
résistance ou son indifférence à toute combinaison répugrent à l'idée ,
que nous avons
d'une fubflance simple & font contraires à nos notions sur la manière dont ag'flent
les affinités. Cette modification de la force d'attraction qui tend à enchaîner entemble
les différens élémens, & à laquelle la nature doit la variété de Ces produdions dans
ses trois règnes, ne peut paroître sans énergie qu'au'ant qu'elle s'exerce dans quelque
combinaiCon, & qu'elle y eG en quelque forte rafftfiée ; la force d'agrégation peut
modérer, peut quelquefois balancer son attion, mais ne sauroit l'anéantir. Cette
feule confédération m'aurait convaincu de la composition de la terre quartzeuse dans
Tabfence même de toutes les observations qui viennent 4 l'appui de cette opinion.
questions, il faudroit des expériences très-délicates que ni moi, ni auc-un
aeschimiftes dont j'ai pu consulter les ouvrages n'avons faites. La terre de
l'alun, au moment où elle se précipite de sa combinaison avec l'acide
vitriolique, peut s'unir à une petite quantité d'acide méphitique mais
ce fluide aériforme luiadhère Ci peu que l'exposition à l'air libre & une
;
foible chaleur suffisent pour le lui enlever. Il ne lui est donc pas naturel,

autre,
c'est donc une alliance accidentelle qu'elle contracte au défaut de toute
alliance qui n'est plus possible lorsque cette terre a été sechée &
durcie. ou qu'elle a séjourné quelque tems dans l'eau. D'ailleurs quoique la
terre qui est dans les argiles ordinaires & celle qui fert de bafe à l'alun
soient identiquement les mêmes, elles n'ont pas exactement les mêmes
propriérés;celle-ci se combine aisément avec presque tous les acides,
,
l'autre présente quelques difficultés pour s'unir à eux elle demande un
certain tems elle exige une espèce de préparation dans laquelle l'air
,
joue un rôle, avant de céder à l'aétion de l'acide vitriolique. Ce n'est pas
en les immergeant dans cet acide où elles feroient restées iutattes, que
M. Bayen est parvenu à extraire l'argile de beaucoup de pierres com-
pofévs, mais par un moyen aulli simple qu'ingénieux, en baignant la
surface de ces pierres avec quelques gouttes d'acide vitriolique, & en les
livrant ensuite à l'air & au tems qui travaillant conjointement produi-
soient à la longue une efflorescence saline dans laquelle il retrouvoit
enfuire toutes les terres suscepu bles de combinaison avec l'acide. J'ai
lieu de croire qu'alors l'air fournit quelque chose qui concourt à la
d Ifolurion de la terre arglleufe, puifqu'on voit des preuves d'abforprion
lorsqu'on laisse opérer la vitr o!isation fous une cloche pleine d'air ÔC
reposant sur l'eau N'ayant pour le présent aucune autre idée nouvelle
ni aucune expérience précisepréfenrer sur cet objet, je me bornerai
à cette foible indication d'autant que j'ai des raisons pour présumer
,
,
que c'est toujours dans l'état de simplicité,c'est-à-dire exempte du ,
fluide quelconque qui peur lui appartenir que la terre argilleufe inter-
vient dans les combinaisons ; car la réabforprion de ce fluide, qui rend
à l'argile sa tendance à s'unir à l'eau, est une des causes les plus puissantes
de la décomposition naturelle de la plupart des pierres. L'argile reprend

;
pour lors l'odeur particulière qu'elle développe lorsqu'elleest légèrement
humectée odeur qui s'éteint entièrement dans t'aéte de la combinaison
mais qui se conferve dans les simples mélanges (t).
,
Quoique le diamant foit la premièredes gemmes (en donnant à ce

(i)
la quartieufe, venoit de ce qu'elles n'avoient pas de d(Tolvant commun je fuis ,
En présumant que le refus de combinaison dirffte entre la terre calcaire &

induit à croire que le dissolvant naturel du quarts est aussi celui de la terre argilleufe,
puisque leurs combinaisons font si fréquentes, & sans un véhicule commun elles
ne pourroient pas exercer leur action J'une sur l'autre.
mot sa significationordinaire), je ne parlerai pourtant pas de lui,puifqu'il
est d'une nature entièrement différente des autres. L'expérience nous a

;
appris qu'il étoit inflammable, qu'il brûloit à la manière des autres
corps combustibles mais nous ne connoissons pas la bafc sur laquelle
est fixée la substance inflammable qu'il renferme (i). Après sa défla-
gration, tout est dissipé, un éclat vit annonce le dernier instant de foa
existence, & en vain on cherche ensuite quelques traces de ce qui avoit

Les autres gemmes font d'une bien moindre valeur mais au moins ,
pu le former. Il peur servir d'emblème à toutes les vanités du monde.

pouvons-nous recueillir les principes qui les ont constituées ; au moins


nous reste-t-il encore un peu de terre, lorsque nous avons dérangé

prendrai principalement en considération


,
l'ordre auquel elles devoient & leur éclat & leurs brillantes couleurs.
De tous les caraétères qui distinguent les gemmes celui que je
refaire de la manière dont
elles se conduilent par la voie sèche avec les alkalis fixes. D'abord elles

;
résistent beaucoup plus à leur aétion que ne le fait aucune autre des
pierres qui contiennent de la terre quartzeuse ce qui prouve que cette
terre exerce ici une force d'affinité sur les autres terres qui balance sa
tendance avec les alkalis, ou leurs efforts sur elle & comme les ;
affinités font réciproques, les autres matières constituantes résistent éga-
lement à l'aétion des acides & des aurres fubftanccs qui leur font les
plus appropriées. Cetre énergie des affinités, cette force de composition.
qu'ont ici les terres indiquent évidemment une causeparticulière &

(t) long-tems que l'analyre & la fynthèCè réfutent de répandre leurs


Aussi
lumières sur certains objets, ilest permis de Ce livrer à des conjectures,sur-tout
quand on les présente pour ce qu'elles font sans aucune prétention à leur donner de
l'importance. C'efi donc ainsi que je hasàrderai quelques doutes sur la nature du
diamant.
Le diamant, félon les expériences de M. Bergman,élude l'action de tous lesacides
cependant en traitant sa poudre avec de l'acide vitriolique, ce chimiste croit avoir
;
obtenu quelques indices de l'extraction d'une matière grasse par des pellicules noires
qui ressent après l'évaporation, qui brûlent & se consument prefqu'entièrement.
L'attion des alkalis sur la même poudre lui a fait présumer qu'elle avoit pour bafe
an peu de quartz, mais fortement enchaJn. Silicei quidquam inesse,sed firmissime
irretitum. Les diamansnedifférecoient-ilsdonc duquartzquepar une surabondance de
matière inflammable, que par une efbèce de (i, erfaturption de cette même fubfiance
dont ncis avons prouvé l'exifience dans le 'J.Tl., & à laquelle il doit une partie des

t
propriétés que nous lui avonsreconnues? Le dm..ant dont la phofphorercence&l'éleâri.
citro si grandes, auroit-il une meme ba.e que le quartz qui est lui-même éledrique
& i)ho(-,!lorecert-&. unt quantité infiniment petite de cette bafe suffiroit-elle pour
concentrer une telle abondance de substanceinflammable & pour l'enchaîner avec une
il
exréme force? N'y auroi* entr'eux qu'une différence dans les proportions, & le
i.
diamant seroit-il en quelque forte au quar, ce que le soufre est à l'acide vitriolique ?
La phorphorefcence du quartz avoit aussi décidé M. de Lataanorç à lui réunir le
diamaou
ntrittsèque qui ne trouve pas dans les autres combinaisons. tes
se
oemmes font ensuite les feules des pierres contenant de la terre quartzeuse,

,
qui s'unifient aux alkalis sans la moindre effervescence. Ces caractères
font si frappans que M. Bergman s'en fert pour reconnaître les particules
des gemmes qui n'ont pas été décomposées & pour les distinguer des
molécules quartzeuses qui font restées sur le filtre après que les acides
emporté solubles , Cependant
ont toutes les terres par eux (i). la terre
quartzeuse des gemmes pendant la préparation qui précède l'analyse &
qui est absolument nécessaire pour rompre ses liens, s'unit aux alkalis
& devient avec eux soluble dans l'eau, de la même manière qu'elle l'est
dans la liqueur des cailloux ordinaires. Où est donc ici la substance qui

;
lui est adhérente dans son état naturel & qui occasionne sa vive effer-
vescence lorsqu'on la soumet à l'action des alkalis substance qu'elle
conferve & qui la fait bouillonner avec eux, lors même qu'elle est

,
combinée avec les autres terres qui unies à elle constituent les feld-

,
spaths les fchorls, les micas &c. En comparant donc ce qui se paffe
,
dans l'ade de l'union des gemmes avec les alkalis avec ce qui arrive
entre les autres pierres quartzeuses& ces mêmes alkalis, voyant qu'en les
séparant ensuite je trouve dans les résultats de l'une & l'autre opération
la terre quartzeuse dans un état absolument semblable, & rapprochant
tous les phénomènes que j'ai observés dans mes expériences sur le
quartz, je reste convaincu que la terre quartzeuse des gemmes y est
dans un état caustique pareil à celui où elle est lorsqu'après avoir été

;
précipitée de la liqueur des cailloux par les acides, elle peut être reprise
par les alkalis sans occasionner d'efrervefcence & cette feule circons-
tance me paroît suffisante pour donner aux gemmes toutes les propriétés
qui les distinguent des autres pierres composées. Le quartz caustique,
,
ainsi que toutes les substances qui font réduites au dernier état de
implicite, exerce une plus grande tendance à l'union il adhère avec

, ;
d'autant plus de force aux autres terres qu'il ne s'cft encore épuise
d'aucune manière en contractant d'autres alliances il en admet une
quantité d'autant plus grande à sa combinaison qu'il n'a reçu aucune
autre association. Ainsi les termes de la saturation ne doivent plus être

(i) Hœcresidua infolubilia


aut gemmeas moleculas , nondum satis divisas,
promuni, aut filicea funt, omnes enim aliæ terrez , haclenus notœ , acidorum

,
vi cedunt. Tubo .ferruminatorio negotium facile hoc modo pcragltur. In
cochleari argenteo fundatur globulus alkalimineralis eidem addatur residus
ëxilis portiuncula &
,
probe obfervetur coalitionis momentum. Si nempe heec
globulum fusum intrat cum vehementiefftrvefcentia totaquesubitosolvitur,
,
vere filicea est, si autem fine ebullitione globulum intrat, & dein intra Muni
4iu instarpulveris circumagitatur, quod inmafiay sub fufione perlucidafacile,
dicernitur, adhuc particulas gemme
Ttrra gemmarum , V. M.
as effe hinc concludere licet. Bergman. de
;
les mêmes pour la terre quartzeuse caustique que pour celle qui est
saturée du fluide ou de la substance qui lui est appropriée & comme
entre ces deux points extrêmes, il peut y avoir beaucoup de nuances
intermédiaires ainsi qu'il en existe dans l'acide vitriolique relativement
,
à sa phlogifticarion ou oxidation, il n'tft pas douteux qu'il n y ait pour
la terre quartzeuse des termes de saturation également relatifs à la
force des affinités de ses différentes modifications.
;
Les pierres nommées g.mmes font très-nombreuses l'analyse a déci-
dé que dans toutes celits qui méritent cette qualification les terres
quartzeuses argilleufes & calcaires en font les parties constituantes
,
efienrielles. Ces terres y font dans différentes proportions sans qu'on

,
dans les unes d'argile dans les lecondes
troilièmes
,
foit aurorifé à inférer de cela leul qu'il y ait futabondance de quartz

; ou de calcaire dans kles


pas plus qu'on ne doit supposer qu'il y a excès d'acide
dans le sel sulfureux de Stalh ou excès de bafe dans le tartre vitriolé,
parce que ces deux fels présentent en différentes proportions les subs-
tances semblables dont ils font composés, & qui y font feulement un peu
différemment modifiées. Chaque gemme contient évidemment tout ce
qui est nécessaire à ses affinités particulières, lesquelles dépendent certaine-
ment de l'état où se trouve chacune des substances confiituantes. Il faut
;
remarquer que toutes les gemmes ont une limpidité qui annonce une
combinaison parfaite que pour crifiallifer, elles ont toutes passe par
des filtres naturels qui ont dû les purger de tout ce que les affi-
-
;
nités n'y auroient pas fortement enchaîné, & sur tout qu'elles ne
dégénèrent pas les unes dans les autres car nous verrions la topase
se changer en rubis, l'émeraude prendre la dureté, la densité & les
formes du saphir ; nous verrions toutes les gemmes se transmuter lés
9 ,
unes dans les autres s'il n'y avoit pas des limites qui les contins-
sent invariablement cans leurs espèces refpeâives & s'il étoit posc
sible que, par une espèce de dépuration plus complette, elles acquittent
dans leur composition un degré succffif de perfection qui les ramé-
neroir routes à une feule espèce. Je prie de ne pas perdre de vue que
je n'ai jamais prétendu dire que ce fût en comparant deux pierres qui
ont des modes différons d'exifience, quoique composées des mêmes
élémens solides,que l'on pourroit supposer dans l'une excès ou defi-

la
de
;
cence d'une des matières constituantes, parce qu'elle s'y trouveroit en
plus oumoins grande quantité mais c'est en comparant deux pierres
même espèce dont j'aurois préalablement bien déterminé les qua-
li és essentielles. En oblervant, par exemple, deux grenats, dont l'un
est opaque & l'autre transparent, l'un agit fortement sur Faiguille ai-

,
manrée, l'autre ne fait sur elle aucune impression, l'un s'altère facile-
ment à l'air l'autre y résiste, je pourrois dire qu'il y a un excès ou
d'argile ou de fer, qui éloigne l'un de l'état d'une composition par-
,
faite à laquelle l'autre est arrivé. Mais je ne mettrai pas en opposi-

,
tion un grenat & un schorl pour dire du fécond qu'il y a un excès
d'argile pour cela feulement qu'il se trouveroit en contenir plus que
le premier.
Quoique la terre calcaire foit certainement essentielle à la compo-
sition des gemmes, puiiqu'on la trouve dans toutes, elle participe

; ;
moins que les deux autres à cette grande énergie de l'affinité qui rend
leur alliance presque indiiïoluble car elle cede beaucoup plus aisé-
ment à l'action des substances étrangères les acides aidés de la diges-
tion & de l'ébullirion l'arrachent sans beaucoup d'efforts à cette com-
binaison sans que les liens qui unissent ensemble les terres quarrzeufes
,
& argilleufes en paroissent affoiblis. La difficulté de séparer ces deux

,
dernières terres, après même que la terre calcaire & la terre ferrugi-
neafe en avoient été extraites avoir maintenu pendant long-temps

,
M. Bergman dans l'opinion qu'il existoit réellement une terre primi4

,
tive particulière aux gemmes, & il l'avait nommée terre noble ( i ).

,
Ce ne fut que par une fuite d'expériences & avec le secours des al-
kalis fixes qu'il parvint à décomposer ce résidu. Il se convainquit
alors & nous annonça le premier, que les trois terres existoient réel*
lement dans les gemmes sans qu'elles en continssent aucune qui leur
fut particulière.

que toujours ,
Il y a une quatrième matière dans les gemmes, qui s'y trouve prei:
,
& que cependant je ne mettrai pas au nombre des
substances essentielles à aucune d'elles puifqu'elles peuvent toutes,
sans changer ni d'état ni de forme, en être privées, & qu'elle tient
bien moins encore que le calcaire à la combinaison intime des deux
autres. Je parle du fer, & je dirai que,quoiqu'il ajoute à la beauté
,
de convention des gemmes, puifqu'il leur donne ces brillantes cou-

puifqu'il y est en quelque forte étranger , ,


leurs qui font leur prix il nuit à la perfection de leur composition
& que dans une combi-
;
naison tout ce qui n'est pas néceÍfaire est nuisible en ce qu'il divertit
une portion des forces de l'affinité ou qu'il en gêne l'adion (2). Un

(0 ,
Videmus itaque è gemmis,propriè ita dictis paulum calcis & ferri
acidis menftruis elici poffi, cum autem extracîum totius quintam fere partent
attingeret, & eo feparato residuum nihilo minus eamdem fermeindolem ac antea
monfiraret, conjehuravi extraélivum effi accidentale , residuum vero particu-
larem conflituere terram primitivam, & hanc quoque in nonnullisferiptis
divulgavi opinionem. Bergman. de Terra gemmârum, §. IV. C.
- --
(i) C'estpar cette raison que l'alun rougetre , dit de Rome (& fait a- la- Tossâ
,
avec une mine d'une ancienne carrière qui contenoitun peu de fer) est moins parfait

,
que le blanc, parce que cette fubflance colorante, quoique fort adhérente à l'alun
puirque les filtrations multipliées ne peuvent l'en purger est étrangère à ce fèl, &
pauit aux opérations qui l'exigent décoloré.
lubiî
rubis oriental mi-partie
dans rouge & blanc est plusparfait dans sa partie
décolorée que celle qui a l'éclat d'un charbon ardent, comme le
cristal de roche bien blanc & transparent est plus parfait que ce même
cristal, prenant la dénomination d'amérbifte à cause de sa belle couleur
violetre. Un saphir oriental quoique d'une bien moindre valeur pour le
,
jouaillier, estessentiellement une plus belle pierre pour le naturaliste,
que le rubis oriental, puilqu'étant de même espèce , l'un renferme
moins de fer que l'autre; aussile saphir a-t-il plus de dureté, qualité
qui est un apanage des gemmes & dont elles jouissent plus ou moins
felon qu'elles polledent à un plus haut degré cette perfection de com-
,
position qui appartient à la majeure énergie des affinités, & qu'elles
l'unifient à cette force d'aggrégation qui dépend du conrad: plus in-
time des molécules intégrantes.
,
Je ne parlerai pas de chacune des gemmes en particulier je n'ai
aucune notionassezprécise sur ce qui établit leurs propriétés indivi-
duelles. Je ne fais pas si elles peuvent toutes comme les grenats ad-
mettre par excès quelques unes de leurs parties constituantes essen-
tielles, & renfermer dans l'intérieur de leurs cristaux des matières étran-
a
forces de laggrégation exemptent de ce genre imperfection il fau-;
gères, ou s'il en est quelques-unes que l'énergie des affinités & les
droit pour en juger, voir chacun d'elles dans les circonstances où elles
se font formées) observer les variétés de forme qu'elles ancrent plus
particulièrement sortant de différentesgangues, & ayant _paffé par
différens filtres. Je n'entreprendrai pas non plus de fixer des quantités
précises de matières pour termes de saturation d'aucune d'elles; car quoique

analysées foit très-grande,,


mon estime pour les chimistes Bergman, Achard & Wiegleb, qui les ont
, je ne vois dans leurs travaux que la certitude
de l'existence des trois terres Se une grande incertitude dans les pro-
portions de chacune d'elles. Je foupçonnerois que la dissemblance qui
existe dans leurs résultats vient de l'état de la terre quartzeu(e (ortant de
la combinaison avec les alkalis fixes dont ils se font servis pour rompre

,
l'alliance des différentes terres. Une partie de la terre quartzeuse disso-
luble alors comme nous l'avons dit, par les acides a pu être em-
portée par eux, & tomber mêlée avec l'argile lorsqu'cn précipite cette
dernière terre. Cette propriété du quartz à laquelle il ne me paroît pas
qu'aucun d'eux ait eu égard, & qui est cependant trèsessentielle à
prendre en conúdération, me paroît être la cause qui a fait trouver à
quelques analystes une telle quantité de terre argilleufe aux dépens de la
terre quartzeuse. Mais en réunifiant & résumant tout ce que je fais de
chacune des terres qui composent les gemmes, & toutes les expériences
faites sur chacune d'elles en particulier, je crois pouvoir placer toutes
les gemmes entre les deux limites de la terre quartzeuse entièrement
caustique, & de la terre quartzeuse complettcment saturée d'air ou de
la fubfiance à laquelle le feu donne l'élasticité aériforme. Toutes celles
dites orientales, & désignées fous les noms de rubis, topafes, saphirs &
améthiftes, àcausedes couleurs différentes dont elles brillent, touchent à la
première limite; les grenats& lesaigues-marines font sur la ligne qui trace

, ,
la feconde. Entr'elles se classent félon l'état de leur composition d'abord
le rubis ottaèdre, enfuire la topase blanche bleue rouge ou jaune ,
du
Brélil; après elles viennent les topafes de Saxe, de Sibérie, les émeraudes,
les hyacinthes, &c. toutes pierres dont les espèces ne doivent pas être
déterminées par leur couleur, mais peuvent être établies d'après les
formes, jusqu'à ce que la réurion de tous les autres moyens nous ait
donné des connoiÍfances plus exactes sur leur nature. Car, comme le
-
dit trè bien M. de la Métherie dans son Mémoire sur une cristallisation
:
du diamant (l) Nul effet confiant sans cause confiante, & il doity
avoirunecause confiante qui oblige telle fubfiance à criflallifer
toujours fous la même forme. rajouterai que si de la similitude des
formes on ne doit pas présumer une similitude de compolition; de leur
dissemblance confianteon doit au moins conclure une différence quelconque
danr, la composition ; différence qui tient à l'état essentiel de la combi-
naiton lorsqu'elle influe sur la forme même des molécules intégrantes,
mais qui peut ne dépendre que de l'excès d'une des matières confci-
tJntes,lorsqu'elle n'influe que sur l'arrangement des mêmes molé-
cules (2). C'est ainsi que le grenat dodécaëdre peut devoir cette forme,
qu'il prend constamment dans quelques matrices, à l'excès d'une de ses
matières constituantes,& il paroît ne dfférerque par cette espèce de
supersaturation des grenats à vingt-quatre facettes, dont la forme est
également confiante pour ceux que renferment d'autres roches mais le
grenat diffère plus essentiellementde l'hyacinthe, quelque rapprochement
;
(1) Joivrnal dePhysîque de mars 17^2.
(z) Je ne dirai pas en voyant de l'alun cubique & du fèl marin cubique que l'un
& l'autre soient le même sel, mais les expériences de M. le Blanc m'ont appris que

,
l'alun avec excèsd'acide criftaliife constamment en oftaëdres qu'avec moins d'acide
il criftaliife en cubes
, , ,
me joindrai à M. Delamétherie pour conjefturerque les
& je
mêmes causes doivent agir sur la criftaliifacion du sel marin quedes causes à-peu-
près (emblables doivent influer sur les cristallisations du spath calcaire & sur toutes
les substances dont les molécules intégrantes, consèrvant la même 6gure, font faiettes
à varier dans leur difpocition. Mais je dirai que ce n'est pac feulement un excès de

, ;
tàturation, mais une cause plus puillante encore qui fait d:fférer entr'elles les formes
du sel sulfureux de Stahl, du tartre vitriolé & du sel de Glauber trois (els qui ont
pour bafe l'acide vitriolique & l'alkali fixe, puisque les molécules intégrantes ne font
pas les mêmes;c'est donc dansles modifications de l'acide ou de sa bafe que je
chercherai la cause de cette dissemblance. C'est ainli que la cristallisation est un
;
moyen incertain, inutile même pour parvenir à connoitre la composîtion despierres
tant qu'il est isolé mais subsidiaire à leur analyse, elle peut indiquer des modifications
qui échappent aux reïTources de la Chimie.
,
qu'il y ait dans leur forme extérieure puisque cette petite dissemblance
tient à la figure de la molécule intégrante elle-même. Audi voyons-
nousque la
dureré, la fufbiliré & les autres qualités de ces deux pierres
ne le reÍfcmblenr plus. M. l'abbé Haüy a trouvé dans les gemmes au
moins dix formes essentiellement différentes, puisqu'il ne lui a pas été
possible de les ramener aux mêmes molécules intégrantes, c'est-à-dire,
à des molécules dont les angles susTent semblables.
On doit aussi faire entrer en confédération dans la conftiturion des
gemmes l'état de la terre calcaire; elle peut y être renfermée ou caustique
ou aérée, & cette modification doit être d'une grande influence dans l'état
de la composition. Peut-êtreest-ce à cette circonstance que l'on doit
certe espèce d'embranchement que je crois observer parmi les gemmes j
il me fenble qu'elles partent des pierres orientales comme d'un tronc
commun ,& qu'elles vont dans deux directions différentes rejoindre les
pierres composées ordinaires. Je vois d'une part les torares, les éme-
,
raudes, les aigues-marines, c'est-à-dire les gemmes prismatiques,qui
dégradarionsuccessïve dans leur dureté & dans leur résistance à
par une
la fusion & à l'action des acides, vont jondre les tourmalines; elIet
fondent en bouillonnant, les plusréfractairs fous la fl-unme de l'air vital,
les plus fusibles fous celle du simple chalumeau, & ce bourfouffl.'ment
assezconsidérable dans quelques-unes, n'appartient pas à la terre filicée,
puifqtfil n'a pas lieu lorsqu'on unit ces gemmes aux alkalis fixes. Dans

l'autreembranchement jecrois la terre calcaire caustique,laquelle pour
cette raison y estadmise en beaucoup plus grande quantité , je placerois
les rubis odtaedres, les hyacinthes, les grenats (l),
gemmesplus ou moins

(i) Je ne fais pas encore si toutes les pierres qu'on nomme grenats appartiennent
S une compolition semblable, je n'oferoic pas décider que quelques-uns ne fufr nt pas
entièrement en dehors de la ligne de démarcation des gemmes; j'en ai vu qui en
(
fondant bouillonnoient comme les fchorls. En parlant ici de leur compolition , je
fais abftraftion de cette grande quantité de fer qui en rend quelques-uns opaques & ,
qui leur permet d'agirsur l'aiguille aimantée,ainsiqu:de ce nélange de terretalqueusê
qui donne à d'autres une couleur verdâtre. ) Je fuis également incertain Ci je dois
regarder les grenats blancs comme dépendans de la mêmecomposîtion qui produit
les grenats colorés, & si je dois croirequ'ils ne diffèrent entr'eux que par le fer qui
alors ne feroit point essentiel à la compolition des uns & des autres. Je pencherois en

, s'il ,
faveur de cette dernièreopinion, qui me paroît soutenue par une dégradatidn insensible
de couleur laquelle sans rien changer aux formes & aux duretés les rapproche les
uns des autres; n'étoit une autre conlidération qui me retient,enfaisant même
abstraction de la très-grande différence qu'ils ont dans leur fulibilité que la feule pré-
sence du fer peut rendre facile La compolition des uns a une grande tendance à
admettre le fer, elle en dépouille même les matières qui les avoisinent ; la compoti-
tion des autres remble le rejetter. J'observe ce refus d'admettre le fer d<n; ces grena's
blarcs renfermés dans des laves. Ils Ce font formés dans une pâte qui contenoit beau-
coup de cette terre métallique; une portion de cette pâte a pu être quelquefoisenfer-
mée dans l'intérieur de leurs cristaux comme pour servir de preuve à une formation
fusibles, qui rentrent dans la classe des pierres composées ordinaires par
l'espèce de ?éolithe, dont les formes dérivées du cube donnent des cristaux
à vingt quatre & à trente facettes. Leur fusion n'est accompagnéed'aucun
boursoufflement, ce qui indique l'absence du fluide élastique qui fait
bouillonner les autres.
s
Ces deux causesrésident - dans la terre quartzeuse & dans la terre
calcaire, & qui chacune influe à sa manière sur la composition des
gemmes, peuvent avoir des gradations infinies & donner lieu à beaucoup
;
de productions intermédiaires qui pourront trouver leur place entre les
gemmes que nous connoiÍTons déjà car je ne doute pas que nous
ne découvrions encore beaucoup d'espèces nouvelles, sur-tout dans le
voisinage de la limite qui sépare les gemmes des pierres composées
ordinaires. Nos connoissances à cet égards'étendront d'autant plus
que les beautés deconvention pour les jouailliers ne font plus celles qui

, ,
intérs fient le na'uralfte,& que ce n'est pas uniquement pour en faire
des objets de luxe mais pour y trouver des sujets de contemplation &
d'étude que le lirhologifie s'épuise en fatigue pour arracher les gemmes
des lieux où la nature les recèle (i). Z>

conrempordine; quelques-uns contiennent des fchorls ferrugineux & même des


grenats noirs forméssimultanément, & eux seuls ont refusé de prendre leur part du
fer qui colore tout ce qui les environne. Rien n'indique mieux une différencetrès-
eflenfielledansl'état de la combinaison, que cette contradifïion dans les affinités. Ce
phénomène me paroît assez important pour me décider à faire deux espèces des
grenats blancs & des grenats rouges, en sortant les premiers de la classe des gemmes,
& peut être même à établir une troisième espèce pour certains grenats noirs dont je
parlerai lorsque je traiterai des compositions du troilième ordre.
Les grenats blancs n'étoient connus jusqu'àprcfent que par ceux , que l'on trouve

,
parmi les déjedions volcaniques,onvoyoit bien cependant qu'ilsn'appartenoient pas
essentiellementaux volcans on avoit depuis long-tems rejetté l'opinion de ceux qui
leur attribuoient un genre d'altération de la part des feux souterrains qui les auroient
décolorés. On les avoit même trouvés dans ces blocs de pierre reiettés par le Vésuve,
sans avoir éprouvé radion de la chaleur ( Voyel M. G:oenni dans sa Lithologie.
Vésuvienne) mais je crois être le premier qui les ait reconnus dans des circonstances
,
absolument étrangères aux volcans. J'ai un échantillon de mine d'or du Mexique
;
dont ils font la gangue; ils font demi-transparens, durs, & en petits cristaux à vingt-
le
quatre facettes ils font mêlés avec des chaux de fer & de cuivre. M. Lièvre les a
aulIi trouvés dans un granit des Pyrénées.
Les gr nats blancs font sujets à un excès d'argile qui rend leur décomposition facile-,.
ils deviennent alors farineux. Les chimistes qui voudront
en répéter l'analyse doivent
être prévenus de cette circonstance & choisir ceux qui font durs & transparens.
(i) J'ai trouvé dans la cavité d'un granit de l'île d'Elbe une gemme d'une

extrêmites (ur le granit. Sa cristallisation décrite


;
blancheur & d'une transparence parfaite. Le cristal qui est d'uney extrême régularité
a quatre lignes de hauteur, & autant de diamètre il est implanté par une de Ces
par M. Romé de l'Iste,planche'IV ,
,
fig. loo, est un prifrne hexaëdre tronqué sur ses angles solides diagonalement c'eff-
i-dice jfaifant avec les deux côtés l'angle de r3 So. Seconde troncature fig. , ror ,
Deux causes contribuent à la rareté des gemmes, les difficultés de leur
composition & celle de leur agrégation. Ces deux circonstances trop
long-tems confondues font d'une telle importance à connoître & à bien
distinguer, que je me fuis réservé cerre occasion , pour faire mieux sentit
encore ce qu'elles ont de particulier, & pour faire l'applicationde ce que
j'ai dit ailleurs sur le même sujet. "J
En donnant le dérail des expériences & des observations par lesquelles

, la
j'ai cru acquérir
quartzeuse
certitude de deux modifications différentesdans la terre
jai fait sentir que son état de causticité éroit très-précaire)
puifqu'elle le perd par le leul séjour dans t'eau; & pour qu'elle puisse
porter cette modification dans une autre combinaison , il faut qu'elle y
entre au moment même où elle échappe à la substance qui l'a mis ou con-
servé dans un état pareil. Il faut aussi que ces molécules quartzeuses
caustiques trouvent au même instant à la portée de leur petite sphère
dadiviré les molécules des autres terres nécessaires à la constitution des
gemmes dans l'état & dans la proportion qui convient à ce genre de
compofirion. J'ai dit que je ne croyois pas que les trois terres qui appar-
tiennent nécessairement aux gemmes eussent maintenant un diiïolvant
commun, ce qui me paroît augmenter encore la difficulté de les faire
se rencontrer dans une firuarion favorable à leur combinaison. Je nt
fais même pas si l'on peut regarder lacomposition des gemmes comme
possible aux feules facultésqu'exerce préfentemenc la nature dans le
règne minéral, & s'il ne faut pas remonter aux tems de la dissolution
générale de toutes les matières qui forment l'écorce de notre globe, pour
D'ailleurs c'ci
y trouver la pofllbilité d'une semblable produétion.
toujours dans les roches les plus antiques qu'elles existent,c'est du
milieu des premiers produits de la précipitation qu'elles ont été extraites5»
En général toutes les combinaisons un peu compliquées me paroiffenc
appartenir à cette même époque. Car j'observe depuis long-rems qu'il
est des compositions qui s'altèrent, qui se défont, mais qui ne peuvent
plus se reformer. La majeure rareté des espèces de gemmes qui exigent
le plus de causticité dans la terre quartzeuse est encore d'accord avec ma

,
faisant avec les faces du prisme un angle de 120°. Cet angle n'a pas été déter-
miné par M. Rome ou l'a été à 138 ce qui feroît une erreur considérable.)Deux.
côtés opposés de la (econde troncature ,
ayant empiété sur la première, ont donné
à toute 13 pyramide une apparence étrangère à cette cristallisation. Elle peut servir
d'exemple de l'attention que demande la Cristallographie pour éviter les erreurs
fondée' sur de sausses apparences. Cttte gemme par fr forme paroît donc deVeCpèGe
de ta chrysolite de Saxe, du péridot du Brésil, ou de l'émeraude du Pppou. Sa dureté
est plus considérable que celle de l'aigue-marine de Sibérfe & beaucoupplus encore
,
que celle des chryfolites de Saxe qui fê laissent égriser par le canif. Le granit qtlî
fert de1 gangue est composé de quartz blanc feld-fparh bîartc & schorlnoir. Dans
, te
granit de File du Giglio j'ai trouvé la. même gemme , mais moins régulière,
théorie, car elles font avec les autres en proportion relative la diffi-
à
culté de séparer cette terre de la dernière portion d'une substance avec
laquelle elle a une extrêmeaffinité, ou la préserver de son introduction ;
& comme son avidité de la reprendre diminue certainement à mesure
qu'elle approche davantage de la satiété, les gemmes font d'autant plus
communes qu'elles jouissent moins de toutes les propriétés qui appar-
:
tiennent à une pénétration plus intime de toutes les matières consti-
tuantes & qui dépendent de l'état de la terre quartzeuse les modifica-
tions de la terre calcaire augmentent les difficultés de la composition
de celles qui l'exigent dans l'état de causticité, état qu'elle ne sauroit
aussi conserver long-tems ; & cette feconde cause ajoute encore à la
rareté des pierres qui, telles que celles que nous nommon-s orientales
doivent leur résistance à tous les genres d'altérations leur dureté & leur
,
,
densité à la grande énergieie
-cr
des affinités
aflinités de toutes terres constiruantes.
-,outes les con flituantes.
Ces pierres dont l'éclat & les couleurs brillantes rehaussent les

,
charmes de la jeundre, & que la vanité décrépite ose disputer à la
beauté les gemmes, dis-je, n'existent point encore pour nous, lors
même que les circonstances nécessaires à ce genre de combinaison ont
toutes cojncidé pour la formation de leurs molécules intégrantes, if
,
ces molécules restent disseminées dans les matières qui leur fervent
de matrice si elles manquent d'espace & de moyen pour se réunir.
Et comme nous eussions ignoré que quelques molécules quartzeuses
fussent éparses dans la pâte des marbres blancs de Carare parce qu'elles
y
,
font
exactes
en
,
si petit nombre qu'elles échappent aux analyses les plus
si un dissolvant approprié à elles ne se fût pas infiltré à travers
les masses, s'il n'eût pu les recueillir & s'en charger sans toucher au

;
calcaire, & s'il n'eût pas exiftédes cavités où elles puflfent se rassembler
& former masse de même nous n'aurions pas soupçonné l'exifience des
gemmes dans les matières dont elles ont été extraites, si une dissolution
poltérieure n'eût pas pu les saisir sans rien changer dans l'état de leur
composition,8c si en traversant la masse, elle n'eût pas rencontré des
fentes ou des espaces quelconques danslesquelleslesmolécules,n'obérant
plusqu'à la force d'agrégation,eufifent pu choisir les places qui conviennent

,
le mieux à leur forme, & qui laiÍfent le moins d'espace entr'elles.
;
Les procédés de l'art sur les fels comme ceux de la nature ssirles
pierres, se divisent en trois tems très-distincts compontion, agré-

,, ,
gation & dépuration. Ces trois degrés de l'opération font ordinaire-
ment faciles au chimiste parce qu'il a à sa disposition le diÍfolvant
;
commun des fels, l'eau, qui sans altérer leur composition les re-
cueille & les réunit dans des espaces préparés d'avance ses moyens
de dépuration dépendent du degré de solubilité, & de l'attradion
entre parties similaires, & il a presque toujours lafaculté de les mettre
en alHon au moment qui lui convient.Par exemple,
lorsque l'alun est
composé par la réaction de l'acide vitriolique sur la terre argilleufe& par
le concours de l'eau & de l'air, il lui est facile de l'extraire des terres qui
le renferment également facile de le dépurer. Mais il arrive quelquefois
,
aussi que le sesqui a été formé n'est plus ioluble par les mêmes menstrues
qui ont été les véhicules de la combinaison , & que les procédés de l'arc
j
ne peuvent plus le tirer de son état d'inertie sans altérer sa composition;
alors le fecond degré de l'opération- devient impossible si donc l'emploi
auquel on destine cette combinaison tient ou à sa maiTe ou à sa dureté ,
ou à sa tranlparence, ou à

,
la forme
propriétés dépendantes de l'agrégation
de ses
,
cristaux
, ou
à
,
quelques autres
quoique les molécules inté-
grantes soient préparées on ne s'est pas plus rapproché du but qu'on
se proposoit, que si la composition ellemême eûtéréimpossïble. Ainsi
le chimiste a pu dérober à la nature le fecrer de la composition du
spath pefanr, il a découvert les moyens de rétablir cette composition

; ,
dont il a pu séparer les principes prochains, mais il n'a point la faculté
de rétablir son agrégation ce sel pierreux cessant d'être soluble dans
l'eau que lui serviroit donc d'être arrivé jusqu'à constituer ses molé-
cules intégrantes s'il lui importoit de l'avoir en cristaux transparens ?
quel usage pourroit-il faire de ces molécules incohérentes, s'il ne
?
pouvoir les agréger en masses solides la composition des gemmes
,
opérée par la nature feroit donc vaine, la poflibiLré que nous aurions
de l'imiter à cet égard feroit donc inutile aussi long-temps qu'il ne
nous feroit pas possible de donner une agrégation convenable aux molé-
cules qui les constituent. Une glebe de terre dont chaque molécule
ressembleroit à celle du rubis oriental, n'aurait pas, plus de valeur qu'une,
feraientexemptes
motte de marne où les trois mêmes terres conftituancesleur
d'affociarion. C'est donc une opération postérieure à
c'est donc l'agrégation qui nous donne réellement les gemmes
elle nous fait jouir de toutes les pierres qui ont des propriétés dé-
pendantes de la solidité de la malle & de la pureté de la compo-
,
constitution,
comme

sition ( i ). Il feroit possible que dans le temps de la dissolution gé-


t)
-

(i) J'insiste beaucoup sur cet article, parce qu'il me paroît très-essèntiel de,
prendre cette distinction dans la plus grande confédération , parce qu'elle a échappé
à la plupart des naturalises, & parce qu'elle feule peut donner une idée précise & une

,
explication claire des phénomènes les plus importans de nos montagnes. On dit
souvent de telle pierre qu'elle est d'une formation Cecondaire,sans se rendre rairon
de ce qu'on veut exprimer sansdistinguer précilément si c'est fous le rapport de la
composition, ou fous celui de l'agrégation ; & mni aussi dans la fuite de ce Mémoire
j'aurai ocofion de dire de quelquespierre- qu'elles font réellement de formation
à
fr-cordaire quant leur comoofition, &je ferai, rerrarquer qu'elles font en petit nombre.
Mais je dirai de beaucoup 'autre'i qu'elles font de formation secondaire quant à leur

,
agrégation, quoique contemporaines aux plus anciennesquant à la composition ou la
constitution de leurs molécules intégrantes. Je pourrai dire, par exemple des fchoris
& des feld-spaths que je treuverai criftaUjfés daiis des çavités ou des fentes, que la
ncrale, la nature eût préparé mille combinaisons qui nous font reflées

,
inconnues, parce que, éparses dans les matières qui font l'écorce de
notre globe il leur manque le véhicule nécessaire pour être rassem-
blées & pour former des corps difiinas.

près le même que celui du quartz ,


Quel est donc le dissolvant des gemmes ? Je crois qu'il est à peu-
que celui de toutes les pierres
quartzeuses, peut- être feulement exige-t-il plus de concentration. Je
vois les gemmes cristalliser avec le quartz dans les mêmes cavités
j'observe que leurs cristaux entrecroisés se pénétrent mutuellement, Se
,
je dois présumer qu'ils ont été tenus en dissolution dans le même
rnenltrue. Je pense donc que si la formation des molécules précieuses
n'estplus dans les facultés présentes de la nature il lui reste toujours
,
le pouvoir de les extraire des milieux où elle les, a placées, & que
constamment elle travai lle à les réunir, à les dépurer Se à leur don-
ner les propriétés qui font leur prix; & nous pouvons en quelque
forte dire (luetellepierre efl mûre (en nous servant de l'expression
de quelques artistesqui supposent que le temps peut donner des qua-
lités aux pierres dans lesquelles ils
trouvent certaines imperfeétions);
puifqu'une nouvelle dilTolution pourroit produire une cristallisation
plus parfaite & plus épurée. Les montagnes dont les filons contiennent

; ,
formation de leurs cristaux eSt secondaire c'est-à-dire, postérieure à celle de la
mafle je pourrai dire de certains bancs de granit & de porphyre qu'ils font de
formation secondaire, parce que leur agrégation, leur disposition font postérieures à
celle des autres bancs, mais j'ajouterai,que la compolition des molécules intégrantes
;
remonte pour tous à la même époque. Je croirai avoir beaucoup fait pour la Géologie
Ii je parviens à bien développer cette idée & à la rendre familière j'espérerai que
,
le naturaliste me pardonnera les détails longs, minutieux & même triviaux dans
lesquels je le fais paffer, en faveur des lumières que peut répandre sur la constitution
des montagnes le genre d'analyse auquel je me livre. Je parle du naturaliste qui
fait que la Lithologie n'ell pas une science de simple nomenclature, qu'elle ne se
borne pas à nous apprendre que les pierres calcaires font effèrvescence avec les
acides, que l'argile durcit au feu, &c.& qui voit les relations de ce genre d'étude avec
des connoissances d'un ordre Cupérieur. Je remercie MM. de Saussure des témoignages
obligeans dont ils veulent bien encourager mes essais ; je remercie M. de Luc des
suffrages dont il les honore. Je remercie mes illustres amis MM. Picot de la Peyroufê
& Fontana de l'approbation qu'ils donnent à la plupart de mes opinions, je remercie
mon aimable camarade de voyage M. Fleuriaux de Bellevue de l'intérêt qu'il prend
des montagnes que nous avons visitéesensemble ;
à la publication de mes systêmes dont il m'a vu faire l'application sur les phénomènes
c'ea par des hommes pareils que je
desire être jugé. Mais ne devant pas me -flatter de les entraîner dans toutes mes
opinions, je leur demande des observations & même des critiques qui éclaireront
,
davantage les sujets que je traite. D'ailleurs je me dispenserai d'avoir égard à celles
que me feroient des gens qui ne Ce feroient pas donné la peine de m'entendre ou
qui n'envisageant pas la question fous le même point de vue, ne peuvent pas lui
trouver les mêmes rapportS.
des
,
des gemmes, les massïfs dont les cavités en recèlent ne font sûre-
ment pas épuisés de toutes les molécules intégrantes propres à de par
& le véhicule ont manqué pour pouvoir s'agréger ;
reilles productions, il leur en refle encore à qui le tem ps l'espace
,
si nous avions à
notre disposition leur dissolvant, s'il nous étoit permis de le faire agir
avec quelqu'adivité, il faudroit quitter nos laboratoires où nous avons
à vaincre le double obstacle de la composition & de l'agrégation, al-
ler dans ces mêmes montagnes réunir toutes ces molécules éparses &
les agréger fous un volume qui n'auroit de borne que notre volonté ;
comme on va extraire dans les montagnes de la vallée du Zillerthal
en Tyrol, ces molécules d'or éparsesdans une roche schisteuse , qui y
;
font en si petit nombre qu'à peine arrivent-elles au poids de quatre
grains dans un quintal de pierre pour un autre objet nous imiterions
cette opération, dont le mercure est l'agent lorsqu'il s'agit d'extraire

,
l'or des roches où il est disséminé, & qui présente au moraliste un sujet
deméditation où il trouve également un motif de déclamer contre la
cupidité de l'homme ou une raison pour exalter son induLtrie; car il
semble que pour exciter l'une, la nature se foit réservé la formation de
ce métal précieux,& que, pour exercer l'autre, elle lui air donné des
moyens pour l'extraire & pour l'agréger, sans lesquels sa produétion éroit
inutile, & les efforts de l'homme auroient été impuiflàns, comme le
feronttousnos travaux pour la formation ou l'imitation exaéte des gemmes,
non pas autant, parce que nous ignorons le véritable secret de leur com-
,
position, que parce que le seul moyen d'agrégation qui foit encore dans
notre puissance est le feu & cet agent attaque dans leur composi-
tion les molécules qu'il a la faculté de réunir, il les déforme, ce qui
nuit au contaét immédiat, cause de la dureté, première propriété de
toutes les pierres précieuses.
Larésistance à la fusion étant un caractère des gemmes, & cette
résistance augmentant à raison de la perfeétion de ces pierres, il ne
fera pas inutile que je m'arrête quelques instans sur cet effet du feu,
& que j'examine comment cet agent exerce son aétion sur toutes les
pierres en général, puisque le degré de fusibilité & le résultat de la
fusion font devenus des indications auxquelles le lithologiste a le plus
souvent recours pour distinguer les genres & déterminer les espèces des
pierres dans lerquelles les autres caraétères font incertains.
La fusion d'un corps est son passage de l'état solide à l'état fluide
par l'aftion immédiate du feu, & ce changement s'opère par un effet
particulier de la chaleur qui diminue l'adhérence des parties & qui
les éloigne les unes des autres jusqu'à leur permettre de se mouvoir
& de changer leur position refpeâive. Tous les corps font fufeep-

un certain relâchement dans l'énergie de l'agrégation ;


tibles d'être dilatés par le feu , tous éprouvent donc par sa préfencc
mais cet effet
,
de la chaleur a beaucoup de gradation avant de faire perdre à tous
leur solidité. La fusion de quelques-uns est facile les autres ne peuvent
y être entraînés que par
la plus grande véhémence de cet agent;& la
cause de la résistance de ceux-ci & de la promptitude av&c laquelle
les autres reçoivent une semblable modification doit se trouver non-

la forme & de l'arrangement des molécules , ,


seulement dans cette adhérence plus ou moins forte qui dépend de
mais encore dans cer-
taines dispositions que ces molécules ont intrinséquement à s'unir à
la chaleur par une efrèce de combinaisoninstantanée. En voyant les
effets qu'il produit, on croiroit que le feu gonfle chaque molécule,
l'arrondit & finit par réduire à un seul point les contracts que mul-
tiplioient les formes polièdres les plus simples. Mais je craindrois de
trop m'éloigner de mon sujet si jem'arrcrois à tous Les phénomènes de
nouvelle,
la liquéfaction, quoique chacun d'eux me paroisse mériter une discussion
& je me bornerai à prendre en considération les seuls faits qui

,
ont un rapport plus immédiat avec la question que je traite.
Pour qu'un corpssolide se fonde il faut que ses molécules aient plus
de tendance à s'unir à la chaleur & à participer au mouvement qu'elle
imprime, qu'elles n'ont d'énergie dans leur agrégation. Il faut que la
chaleur qui se fixe dans chaque molécule foit aitezconsidérable pour la
fou'enir à une distance des autres, telle que suspendant & balançant les
efforts de l'atrradion, file lui permette de changer de situation respec-
tive, sans cependant la faire sortir entièrement de la sphère d'activité par
,
laquelle elles agissent les unes sur les autres. Il faut qu'il y ait équilibre
entre ces deux forces, sans quoi ou il n'y auroit point de fusion ou le
corps absolument détruit ne présenterois plus que des molécules isolées,
devenues en quelque forte étrangères entr'elles, sans pouvoir participer

,
à ce genre de liaison qui distingue la fluidité de l'incohérence de la
poussière; de manière donc que si le feu change les rapports d'attraétion
foit en favorisant la dissïpation d'une substance composante foit en
permettant l'introduétion d'une substance nouvelle, la fusion cdle, parce
>

qu'il n'y a plus le même équilibre entre les deux forces, & la distance
entre chaque molécule devient ou trop petite pour rester nlouvante,
ou trop grande pour conserver quelqu'adhérence. Le feu qui augmente
le volume de chaque molécule, puifqu'illui fait occuper plus de place»
qui attaque les effets de l'attraction , puifqu'il délie ce qu'elle enchaîne,
a encore la propriété d'accroître la sphère d'aétiviré par laquelle les
molécules établissent des relations entr'elles, car il fert de véhicule à
l'union & à la .combinaison de beaucoup de substances inaétives sans
,
lui mais qui par son concours se lient entr'elles. C'est ainsi que des
matières pulvérulentes après être devenues fluides peuvent constituer un
corps solide par la dissipation de la chaleur qui y a rétabli les rapports
d'attraction.Depuislong-tems on a comparé les effets du feu à une
;
dissolution
servirai pour arriver plus promptement à
sans discuter l'exaditude de cette comparaison ,
je m'en
l'explication que je cherche.

;
La dissolution dans l'acception ordinaire est l'aâe d'union d'un corps
solide avec un fluide quelconque qui le fait participer à sa fluidité ce
qui
solidene peut s'opérer qu'autant que les molécules intégrantes du corps
font sollicitées à s'unir à celles du fluide par une forceplus grande
que celle qui les lie entr'elles. On doit remarquer dans cette alliance
des effets permanens, ou des effetsinstantanés, qui donnent lieu à
faire une distinction dans la manière dont agissent les diÍfolvans. Le

,
dissolvant peut s'associer à la molécule du solide telle qu'elle estconsti-
tuée sans produire sur elle d'autre changement que celui que néceffice
sa présence, sans exiger d'autre sacrifice que celui de son agrégation, Be

;
en lui imprimant feulement une forme différente qui lui permet de se
mouvoir librement il sembleroit qu'il se borne à l'envelopper ; il peut
se séparerd'elle sans beaucoup de difficultés, en la laiÍfant dans le même
état & avec les mêmes propriétés qu'auparavant. C'est ainsi que l'eau
dissout les fels, & après cette opération elle les laiÍfe dans un état de
composition si parfaitement semblable à celui où elle les a pris, qu'on
pourroit croire qu'elle n'a fait que s'entremettre dans leurs molécules,
qu'elle les a portées & soutenues par la feule résistance que le frottement
p
oppofoit à leur précipitation, si on ne voyoit que l'agrégation ne
peut céder qu'à l'empire d'une affinité plus puissante, & si on ne
re:onnoifToit dans le degré de majeure fixité qu'acquiert le dissolvant
le caractère de la véritable union chimique. On a diflingué par le nom
,
de folurion ce genre de dissolution , sans toujours le bien définir; je ne
-
le considérerai moi même dorénavant que par ses effets , & faisant
abftra&ion des causes par lesquelles il agit, je ne le regarderai que
comme un moyen d'attaquer l'agrégation des corps sans changer leur
composition que comme une espèce d'agent mécanique qui désunit les
,
molécules intégrantes.
Il est pour la dissolution une autre modification dans laquelle l'affi-
nité paroît produire une pénétration plus intime, un effet plus perma-
nent. Le dissolvant attaque le corps solide dans sa compofirion elle-
même. Car non-seulement il altère l'agrégation, mais il change la consti-
tution de sa molécule, foit en se combinant avec elle d'une manière
ferme & fiable, foit en obligeant à la fuite une des substances qui s'y
trouvoient & à laquelle il se substitue. Il en naît des molécules nouvelles
qui n'ont plus ni les mêmes formes ni les mêmes propriétés, & qui ne
font plus susceptibles de reprendre le même genre d'agrégation ; & si par
la dissipationl d'une partie du menstrue elles peuvent repasser à l'état
solide ce n'est plus le même corps qu'elles présentent. C'est à cette
,
manière d'agir (qui est celle des acides sur des bases quelconques) que
l'on a particulièrement attaché l'idée d'une vraie dissolution.Quelques
diflolvans comnwnceat par rompre l'agrégation avant de parvenir à agir

;
la
sur la compositio,d'autres attaquant composition elle-même, arrivent
à détruire successivementl'agrégation mais il est important de remarquer
ques'ils peuvent rompre l'agrégation. sans changer la composition,ils nc.
lauroient attenter à celle-ci,c'est-fà-dire,à la constitution de la owjlécuW;
intégrante , sans dérangée sonagrégation.
Les mêmes effets s'observent à-peu-ptès dans l'aétion du feu lorfquil
procure ia fluidité des corps solides, & on peut faire les mêmes dif-
tindions dans les e [pècs. de diflbiution qu'il opère. On pourroit dire ,
par exemple, qu'il rend fluides les métaux par une simplesolution 8ç
qu'il agit sur eux comme l'eau sur les pierres (i). Car il attaque &
relâcheleuragrégation {ans toucher à leur composition & par la
dissipation du degré de chaleur qui avoit écarté leurs molécules au
i
point de se mouvoir, ils reprennent leur solidité & toutes leurs pro-
pciétés antérieures. Il peut aussïles attaquer dans leur composition, foit

,
en leur arrachant une substance qui leur appartiendroit essentiellement
& l'emportant avec lui foit en ouvrant & préparant une place pour
l'adrniilion d'une substance étrangère. Mais alors le corps qui redevient
solide n'est plusle métal) c'est un être nouveau qui n'a plus les propriétés
de l'ancien. La litharge & le verre de plomb ne reÍfemblenr pas plus all;
méral qui leur fert de bafe, que le nitrate calcaire ne ressemble à la pierre
nui y efl dissoute. Mais ils font en petit nombre les corps que le feu

;
peut attaquer successivement dans leur agrégation & dans leur compo-
sition la plupart des autres lui réfifteroientcomplettement par la.feule
énergie de l'agrégation , s'il ne les atraquoit en même-tems dans leur
composition. La forte agrégation des pierres ne céderoit jamais à Ion.
aétion ; jamais il ne les rendroit fluides, si le feu tel que nous remployons
& de la feule manière dont nous pouvons le faire agir (2)» ne portoit pas

(1) Si l'eaqn'agît sur les la faveur d'une portion de ce même fluide,déjà


Tels qu'à
placé dans leur composition , le ne doute pas que le feu opérant d'une manière lèrn-

,
blable sur les métaux ne foit également favorisé par une substance analogue à lui
combinée avec eux qui le retient à Ton passage & le force lui-même à une combinai-
fbn momentanée; ce qui nous ramène à ce phlogistique fidécr.éaujourd'hui,& qu'on ne
méconnoit peut-être que parce que sans rien laifrec qui rappelle Ton fiuvenir, il cède
sa place à un hôte étranger auquel, à cause de sa nouveauté, on se plait à faire tous
les honneurs, sans penser à li substance que sa préfènee a chaITèe.
(z) Je dislefeu tel quenousl'employons pour diihnguer le feu - naturel des
volcans, du feu de nos fourneaux & de celui de nos chalumeaux.Nous sommes obligés
de donner une grande adivité à son aftion pour suppléer & au volume qui.ne fèroit pas
à notre dirpofition & au tems que nous sommes forcés de ménager, & cette manière
d'appliquer une chaleur très-attive communique le mouvement & le désordre jusques
dans les molécules contfituantes.Agrégation & composition, tout est troublé Dans
j
les volcans la grande malle du feu supplée à (on intensité , le tems remplace fan
aétivité de manière qu'il tourmente moins les corps fournis à son adtW il ménage
1
quelques modifications dans leur compotition, s'il ne nécessîtoit pas
quelque changement constant dans la figure de la molécule intégrante,
qui relâchâtoudétruisîtsonagrégation. Voilà pourquoi la fusion des
pierres ne peut avoir lieu sans une vitrification,c'est-à-dire, sans un
changement simultané dans la compofirion & dans l'agrégation qui fous
ce double rapport donne au corps une existence nouvelle. Ce change-

,
ment dans la cbmpofition arrive ou par la dissipation d'une substance,
ou par l'admission d'une autre ou par une combinaison plus intime de
celles qui y font déjà, ou par un changement dans l'ordre qu'elles observent
cntr'elles, ou par le rapprochement & l'alliance de celles qui n'étoient
que mélangées. Tous les procédés de la vitrification ne tendent qu'à
hâter & à faciliter cette nouvelle compofirion des molécules intégrantes.
Il paroît que dans cette opération l'agitation du fluideignée mettant les
molécules constituantes dans un certain désordre fait perdre aux molé-
cules intégrantes les formes simples qui leur permettoient un rappro-
chement plus exad pour leur donner une forme polièdre irrégulière ou
arrondie qui rend les points de contaét plus rares, sans cependant les
forrir de la sphère d'attraâion ; car la figure globulaire a cet avantage
sur les formes polièdres les plus simples de ne présenter aucun point de
contad qui foit trop éloigné du centre de gravité , comme de ne point
en donner qui foittellement rapproché que l'énergie de l'attradion en
foit fort augmentée. Aussi les pierres vitrifiées font-elles pour la plupart
moins dures, moins pesantes & plus facilement décomposables qu'avant
d'avoir subi cette modification de la chaleur.
,
De la manière dont le feu agit sur les pierres il s'enfuit qu'une pierre
simple ne peut pas être vitrifiée, parce que le feu ne peut pas ôter à une

mentaire parfaitement simple ne peut pas être fondue parce que ses,
molécule simple une forme qui est de son essence, & qu'une terre élé-

angles éloignent trop les contads du centre de gravité & s'opposènt au


mouvement de rotation qu'exige la fluidité. L'expérience est parfaitement
d'accord avec ma théorie. C'est par la même raison qu'une pierre comoc
posée est d'autant moins fusible que sa constitution est plus solide, que
la combinaison des différentes matières est enchaînée par des affinités
plus adives, qu'elles contiennent moins de substances sur lesquelles le

leur composit:on en relâchant leur agrégation, & les pierres qui ont été rendues fluides
par l'embrasement volcanique peuvent reprendre leur état primitif; la plupart des
substances qu'un feu plus aftif auroit expulsées y ressent encore. VoUa pourquoi les
laves ressemblent tellement aux pierres naturelles des espèces analogues, qu'elles ne
;
peuventen êtredifiinguées voilà égalementpourquoiles verres volcaniques eux-mêmes

, ,
renferment encore des substances élastiques qui les font bourfouflfer lorsque nous les
fondons de nouveau & pourquoi ces verres blanchissent aussi, pour lors par la
dissipation d'une substance gratte qui a résisté à la chaleur des volcans, & que
volatilis la chaleur par laquelle nous obtenons leur fécondé fusion.
feu ait une aftion particulière(telles que le fer), qu'elles n'en ren-
ferment aucunes auxquelles la chaleur puiiïe donner une élasticité qui la
faisant déloger troubleroitl'ordre précédent. Voilà pourquoi les gemmes

;
résistent d'autant plus à la fusion & àla vitrification, qu'elles font plus
parfaites & dans celles dites orientales l'énergie des affinités est telle
que la molécule composée représente une molécule simple par la résistance
dans sa modification; ,
prodigieusequ'elle oppose à l'aétion de la chaleurcontre tout changement
la solidité de leur composition arrête ainsi tout
changement dans l'agrégation par cela seul qu'elle s'oppose à cet
arrondissementde la molécule, nécessaire pour la déplacer sans la féparec

;
entièrement, Se nécessaire également pour rapprocher par la fusion ces
mêmes molécules lorsque l'agrégation a été rompue car les gemmes
réduites en poudre résistent autant àla fusion & par la m êmeraison qui

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