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une grille de lecture originale du monde actuel

15 juin 2019
Achat vérifié
Cet ouvrage récent de Pierre Hillard peut être considéré comme un complément de son Atlas du Mondialisme paru en
2017 (qui lui, était axé sur la géopolitique, ce qui n’est pas le cas de ces ‘archives’). On peut cependant commencer la
lecture de l’ensemble par l’un ou par l’autre : ce sont deux points d’accès différents d’un même sujet. Si les livres sur
le mondialisme ne manquent pas, l’originalité de celui-ci consiste en son caractère eschatologique. [L'eschatologie est
le discours sur la fin du monde ou la fin des temps (Wikipedia)]. Je soulèverai ici une difficulté en forme
d’avertissement à l’adresse du lecteur : il est souhaitable que celui-ci possède un niveau de culture religieuse minimale
et plus précisément de culture chrétienne minimale ainsi qu’une capacité de s’éloigner s’il le faut du raisonnement
rationaliste réducteur imposé par la pensée scientifique contemporaine, faute de quoi il risque fort de ne pas passer les
vingt premières pages de l’ouvrage sans le jeter dans un réflexe d’exaspération. L’esprit curieux qui ne connaît pas
l’auteur écoutera préalablement l’une de ses conférences de présentation sur Youtube avant d’acheter l’ouvrage. Il
saura ainsi de quoi il en retourne.

L’étude très documentée de P. Hillard sur les formes contemporaines du mondialisme (UE, institutions internationales,
etc.) s’ancre dans l’expression du passé lointain du peuple juif et notamment dans le premier livre de l’ancien
Testament : la genèse. Pour les chrétiens, l’ancien Testament prépare le nouveau, ce qui n’est pas très évident :
comment en effet le dieu tribal jaloux et génocidaire des juifs reconnu plus tardivement comme créateur du monde
après avoir éliminé la concurrence, a-t-il pu s’incarner dans un Messie -interface humaine- Dieu d’amour ? Cette
filiation a d’ailleurs été dénoncée au départ par des hérétiques comme Marcion. Mais l’auteur qui connaît bien son
sujet éclaire très bien les aspects des textes qui peuvent paraître scandaleux au lecteur moderne. La rupture entre les
juifs qui ont reconnu Jésus comme le Messie prophétisé (et constitué une partie de la nouvelle communauté
chrétienne), et les autres -que Hillard qualifie du terme générique ‘la synagogue’- est une bifurcation historique dont
l’auteur examine toutes les conséquences. L’opposition entre les deux rameaux initiaux (Église/Synagogue) va
s’amplifier puis se radicaliser avec la rédaction du Talmud et de toutes ses métastases (Mishna, Guemara, Kabbale,
Zohar ..). Les deux partis ne se feront désormais plus aucuns cadeaux. Ce sera une lutte à mort. Louis XVI en sera une
victime collatérale.

Deuxième point cher à Hillard, l’instauration de la royauté de droit divin avec le baptême de Clovis par Saint Rémi
(496). L’auteur voit dans cet événement historique une sorte d’analogie avec une prophétie inscrite dans la genèse. Le
rôle sacré de la royauté française est renouvelé par la « triple donation » du royaume de France entre Jeanne d’Arc et
Charles VII (1429).

Les siècles s’écoulent. Les juifs sont dispersés dans toute l’Europe, durement persécutés mais fermement tenus en
laisse de leur côté par la poigne de fer de leurs élites rabbiniques lesquelles se mêlent aux élites chrétiennes
dominantes. Parfois sommés de s’assimiler, ils se convertissent plus ou moins sincèrement : ce sont les maranes. Pour
certains, la destruction de la Royauté et de l’Église de Rome (EDOM) est en tête d’un programme partiellement
accompli. La religion dédiée aux goyims s’appelle le noachisme (ou nohahisme). C’est une sorte de christianisme soft,
privé de ses dogmes fondamentaux, œcuménique, incolore et inodore, au dessus duquel dominera le peuple élu ou
peuple prêtre intermédiaire obligatoire entre les hommes et Dieu. Cette partie de l’histoire est étudiée à la loupe par
l’auteur … et c’est ce qui nous amène au mondialisme.

Ce livre de 773 pages comporte 533 pages d’annexes sous forme d’archives avec leur traduction en français. C’est
dire si le raisonnement de l’auteur est fortement appuyé par un grand nombre de documents originaux de première
importance. Ces documents sont autant de blocs emboîtés les uns aux autres qui vont étoffer le discours sur la marche
du mondialisme depuis le XVIIème siècle, et notamment les rapport entre la synagogue et la constitution de la Franc-
Maçonnerie, le rôle majeur de celle-ci dans la Révolution française, les aspects ambigus de l’émancipation des juifs
sur le continent européen, l’édification de la pensée sioniste, la pénétration hallucinante des loges maçonniques dans
l’Église, l'énoucé officiel de la définition du noachisme, etc. La lecture de ces annexes est donc très instructive.

Le raisonnement d’Hillard est très bien articulé et très bien sourcé. Il est cohérent, synthétique. Une réfutation
éventuelle devrait passer par les points suivant : l’importance donnée à certaines sources peut être exagérée, leur
signification mis-interprétée, la causalité entre deux éléments inversée (vision ‘idéaliste’ vs vision ‘matérialiste’) ou
encore, des éléments importants peuvent avoir été omis. Mais on ne pourra pas accuser l’auteur de fausses
informations … il a fait un travail de recherche sérieux. En tous cas, il donne une grille de lecture originale du monde
actuel.

Je conseillerai fortement aux catholiques ‘post-conciliaires’ (les ‘modernes’) de lire l’ouvrage. Peut-être prendront-ils
conscience qu’il n’y a pas que Notre-Dame qui soit en feu.

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