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L'ABBÉ JULIO
(Monseigneur Julien-Ernest Houssay)
( 1844- 19 I 2)
Sa Vie
Son auvre - Sa Doctrine
< Pour l'ineffable prescience de
DIEU, beaucou p qui paraissent hors de
l'EGLlSE sont dedans, et beaucoup qui
semblent dedans sont dehors f ... ~
(St Augustin ; < Du Baptérne .,
LV, 129/38).
Éditions VERMET
l. - LES PREMICES
Telle est sa signification, que nous donne des Poissons, lui favorisaient l'accés aux hautes
Henri-Cornélius Agrippa, en sa célebre « Philo- charges religieuses.
sophie Oeculle », (S.L. 1551), résumant ainsi
une vieille tradition iranienne. On y retronvera ** *
plus tardo et notre personnage et ses nobles élans, Prétre, il le fut par vocation, et contre le gré
aussi bien que, dans la « femme de beau visage de sa famille, ce qui exclut toute erreur d'orien-
et bien parée », cette Eqlise qui devait devenir, tation a l'origine. Et nous le trouvons, a sa sortie
moins de dix ans aprés sa mort, l'église officielle du séminaire, vicaire de la paroisse du Grand-
du Martinisme, et grouper ainsi plusieurs mil- Oisseau, oü il se trouvera d'ailleurs quand écla-
liers de fidéles dans le monde. tera la guerre avec la Prusse, le 18 j uillet 1870.
Si nous consultons le « Calendrier Thébai- L'abbé Houssay devient aussitót aumónier des
que », familier aux praticiens de l'astrologie volontaires rassemblés par ·Cathelineau. Sans
onomantique, et qui nous fut transmis gráce a doute, ceux-ci, zouaves pontifícaux, sont-ils tous
l'érudition de Johannes Angelus, l'auteur de ce légitimistes, et profitent-ils de la situation, tót
tres rare incunable connu sous le nom de « J s- confuse, pour arborer le drapeau blanco Mais
trolabium planum in Tabulis ascendens » , (S.L. l'abbé Houssay marchera derriere celui-ci corn-
1488). nous voyons que le treiziéme degré des me il eut suivi le drapeau rouge de Garibaldi et
Poissons (degré natal oú se situait le Soleil ce de ses volontaires a chemises rouges. Et cela, il
jour-lá), a pour hiéroglyphe « Un homme el le rapportera plus tard, Iui-rnérne, a son disci-
une femme chevauchanl ti pas lenis s , Pour les ple et ami Fabre des Essarts.
laics, ceci signifie une parfaite entente conju- Le 3 décembre 1870, au combat de Toury, il
gale, un amour partagé, et le bon accord en porte sur son dos, jusqu'á l'ambulance, un offi-
ménage. Pour I'évéque (qu'il deviendra plus cier des zouaves pontiflcaux de Cathelineau
tard), cette femme est sa propre église, cette grievement blessé. Puis, sans prendre de repos,
église mystique qu'il épouse au jour du sacre, il retourne vers le champ de bataille, et sauve
et dont il porte 1'« anneau de fidélité ») a son encore dix autres blessés.
doigt.
Dans la nuit du 3 au 4 décembre, il guirle avec
Ignorant l'heure natale, il ne nous est pas prudence et succes, á travers I'épaisse Iorét d'Or-
possible d'étudier plus avant les augures céles- léans, une vingtaine de soldats qui, sans l u i, se-
tes de l' Abbé Julio. Mais on observera cepenrlant raient infailliblement tombés aux mains des
que Jupiter et le Soleil, en conjonction au signe Prussiens.
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Le 4 janvier 1871, par la neige et le Iroid, il La paix revenue, il est nommé vicaire a Juví-
se háte de rejoindre Cathelineau qui, coupé du gné, puis a Javron, deux paroisses de la Mayen-
reste de l'armée f'raneaise, était sur le point neo Mais sa santé est gravement compromise par
d'étre enserré dans les lignes ennemies, sauvant les fatigues de cette dure campagne ou il s'est
ainsi plus de trois mille hommes des rigueurs dépensé sans compter. Et en 1875, il sera dans
d'une captivité longue et pénible en Prusse. l'obligation d'étre hospitalisé a l'hópital mili-
Le 8 janvier, aprés le combat de Vibray, dans taire d' Amélie-les-Bains, dont il sera I'aurnónier
la Sarthe, au nord-ouest de Vendóme, Catheli- d'ailleurs. L'air pur des Pyrénées aidant, il le
neau lui demande d'aller rechercher des blessés, quittera guéri, en 1878, et sera nommé vicaire
que les zouaves pontificaux, en retraite, ont été de I'église Saint-Joseph, a París.
obligés d'abandonner, dans la neige et le froid. Si notre abbé s'était accommodé d'une vie
L'abbé Houssay part seul, sans hésiter, et comme banale, soignant son avancement et ne s'occupant
toujours a pied. En route, il tombe aux mains pas des affaires des autres, ileut coulé en paix
des Prussiens, qui I'arrétent comme espion, et des jours sans histoires au sein du clergé pari-
se disposent a le fusiller. Pendant quatre heures, sien.
et selon la bonne tradition militaire interna- En faít, il en sera tout autrement...
tionale, il est battu et injurié copieusement par
la soldatesque de Frédéric-Guillaume. Finale-
ment, ayant ten u bon, l'abbé Houssay est reláché,
il peut enfin parvenir jusqu'au champ de ba-
taille de Vibray, et s'occuper des blessés, adminis-
trer les mourants, faire enterrer les morts.
Le 21 janvier 1871, nous le retrouvons a An-
gers, et le général Cathelineau s'exprime ainsi
a son sujet :
« Le brave abbé Houssay remplit admirable-
rnent sa rnission, rarnena avec lui des volontaires,
recueillit des inforrnations sur chacun. Mais il
eut a surrnonter d'irnrnenses difficultés, et il vient
seulernent d'arriver, apres trois sernaines de fati-
gues et de marches... lO
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la plume vengeresse comme son Maitre avait pris pour collaborateurs tous les prétres libéraux de
le fouet cinglant, I'abbé Houssay avait pris l'avis l'époque : l'abbé Deramey, professeur a la Sor-
de son curé. Horrifié, celui-ci lui avait formelle- bonne, les abbés Sanvert, Roca, Jouet.
ment déconseillé de soulever de tels problémes. Mais l'abbé Julio, a un certain moment de sa
C'est dire que lorsque Mgr Richard, archevéqus vi e, et justement a eette époque, sous l'influence
de Paris, lui declara une guerre sans merci, l'abbé de certaines relations laíques, crut pouvoir me-
Houssay se relrouva seul. Et, dans le cours de ner campagne pour le rapprochement de toutes
1885, il démissionna done, quittant Rome sans les religions a caractére commun ; la croyance
nul regret. en un Dieu unique. Il oubliait la que le Christ
Mais ses brochures avaient attiré sur lui l'at- avait donné pour mission ases Apótres une
tention de prétres propres et sinceres. Un des consigne catégoríque, et que cette mission con-
premiers qui le ralliérent, fut l'abbé Sterlin, siste justement a les faire quitter toute autre
anden aumónier divisionnaire de 1870,lui aussi, religion pour les faire devenir chrétiens :
et anden curé de Plainville, dans l'Oise. L'abbé
« Celui qui n'entre pas par la Porte dans la
Sterlin s'était établi a Nogent-sur-Marne ; il dis-
Bergerie, mais qui y entre par un auire endroit,
posait de modestes revenus. Il aida l'abbé Hous-
celui-Ia est uoler r el brigand ... »
saya fonder une petite revue : « La Tribune du (Jean: X, 1.)
Clergé l). Un autre prétre avait suivi l'abbé Hous-
« Moi seul Je suis la Porte ... Et tous ceu.r qui
say, l'abbé Estéve de Sigonce. C'est lui qui conta
oinrent anant Moi [ureni ooleurs et brigands ... »
un jour a Paul-Clément Jagot comment, dans
l'hótel modeste OU il logeait aprés son départ,
(Jean : y, 9.)
on lui avait dépéché une fille facile qui avait « Ne pensez pas que Je sois venll apporter la
pour mission de le faire devenir son amant, et paix sur la terre ! Je suis venu apporter non
d'étre ainsi l'instrument de son déshonneur, en la paix, mais l'épée. Je suis venu mettre la di-
lui offrant de subvenir ases besoins. Il éventa vision entre le [ils et son pére, en/re la [ille el
le píége bien entendu. sa mére, entre la belle-[ille el sa bellc-mérc ... »
C'est a cette « Tribune du Clergé », que l'abbé (Matthieu : X, 34.-3G.)
Houssay prit, pour la prerniére fois, le pseudo- « Allez par le monde eniier, et préche: l'éoati-
nyme d'Abbé Julio. Les bureaux en étaient situés gile a toute créature. Celui qui croira et qui sera
21, me Croix-des-Petits-Champs, dans les mérnes baptisé sera sauné ; mais celui qui ne croira
locaux oú plus tard, devait s'installer le jour- point sera condamné ... »
nal « L'Eclair :., d'Emile Buré. L'Abbé Julio eut (Matthieu : XXVIII, 19 et Marc : XVI, 15-16.)
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Aussi, l' Abbé Houssay et l' Abbé Derarney, et perdre. Il entre alors comme comptable dans
plusieurs de ses collaborateurs, se séparérent- une usine, ce qui lui assure le pain quotidien et
ils f'áchés, et ce fut la fin de « La T'ribu ue du un gite modeste. Mais le soir, dans sa petite
Clergé s , Mais cette nouvelle orientation de l' Ab- chambre de Belleville, sous les toits, il recoit
bé Julio lui avait amené de nouvelles et utiles des sénateurs, des députés, et de futurs minis-
relations. Il avait notamment fait connaissance tres. intéressés par cette conception, nouvelle
de Mme de Morsier, de la comtesse d'Adhérnar, et claire, de l'Eglise, une Eglise qui serait affran-
d' Albert Jhouney, de l'abbé Pochon, du pasteur chie des servitudes que lui imposent depuis des
Wagner. Et Albert Jhouney, martiniste et kaba- siécles une caste et une oligarchie ultra-réac-
liste, fervent de gnose, qui devait donner au tionnaire. Et il s'entretient avec eux de la nais-
cours de sa laborieuse carr-iére une eeuvre litté- sanee d'une république qui ne serait plus anti-
raire et initiatique considérable, fut avec Papus religieuse paree que dans l'obligation d'étre anti-
celui qui devait, tres rapidement, faire com- cléricale, et par l'impérieuse nécessité d'une sor-
prendre a l'abbé Julio la déviation implicite in- te d'auto-défense.
cluse en cette espérance. S'il y a un Messie, un En janvier 1888, nous le trouvons collaborant
Sauveur, son róle est a la fois unique et spé- au journal « L'Ami de l'Humanité », (qu'il ne
cial, et il ne saurait absolument pas étre mis faut pas confondre avec l' « Humanité », que
sur un pied d'égalité avec des dieux illusoires et devait fonder Jean Jaures). De 1888 a 1889. il
douteux, et encore moins avec des « prophétes » crée et anime une petite feuille périodique :
purement humains d'origine. e La Tribune Populaire », organe de la dérno-
Par ailleurs, ce furent justement ces relations cratie relizieuse et de la défense du clergé. Pa-
l:) '1
influentes, citées ci-dessus, qui permirent par la rallélernent, de 1888 a 1902, soit quatorze ans, 1
suite a l' Abbé Julio, de se réconcilier un moment publie un autre périodique : « L'Etincelle »,
avec Rome, on verra comment et pourquoi. (<< Revue religieuse et libérale »), organe de
Mais dans le moment présent, l' Abbé Houssay l'union des Eglises. Par la suite, le titre sera pris
connut des jours sombres. Il publia ses « Contes (sans sapermission bien entendu !), par Vladi-
Danois », ouvrage que nous n'avons pu retrou- mir Oulianov, dit Lénine, pour une revue révo-
ver, mais que Fabre des Essarts assure·« de lutionnaire de langue russe, que les émigrés
haute marque s , Ce livre ne l'enrichit pas, et socialistes groupés autour de Lénine imprime-
l'éditeur non plus. 11 donne alors des lecons en ront a la presse abras secrétement, a París.
diverses matiéres. A I'évéché, on l'apprend, et C'est dans eette revue de défense religieuse,
hientót des interventions occultes les lui font que l' Abbé Julio attaquera catégoriquement la
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fraction athée de la Franc-Maconnerie, en sep- une gráce bien précise, en la reliani iJ. son ar-
tembre 1902, (numéro 116). Et c'est encore en chétype initial, toujours inclus dans les Sainies
cette revue, comme en ses diverses correspon- Ecritures.
dances, que l'on peut découvrir son orientation Et l' Abbé Julio, a son tour, pria, guérit, con-
dogrnatique. Plus qu'en ses divers livres d'ail- sola, avec les dons, les priéres, et le mérne succés
leurs, ceux-ci étant davantage des instruments que Jean Sempé.
de travail. Nous croyons d'ailleurs utile de con- A l'évéché de Paris, on s'inquiéta de l'orienta-
sacrer une partie de sa biographie a l'étude des tion que prenait l' Abbé Julio. L'Eglise a sup-
divers points intéressants de cette doctrine. Il primé il y a déjá pas mal de lustres tous les
se dégage en effet, par ce choix méme de l' Abbé grands exorcismes et rituels de guérison qui,
Julio el par son ralliement a l'ceuvre du grand pendant des siecles, avaient fait sa force et sa
Origéne, une image nouvelle de l'homme, que gloire. Le Pontifical Romain ne conserve guére
l'on peut désormais considérer comme le véri- que l'Exorcisme du Pape Paul V, celui dit de
table fondateur de l'Eglise Gnostique contem- Léon XIII, et un curieux exorcisme pour le jour
poraine. oü l'on se coupe la barbe pour la premie re fois !
C'est vers cette époque (1888), qu'il rencontre Et voila un prétre en rupture de Reme, qui se
Jean Sempé, extraordinaire voyant. guérisseur mélait de guérir, en conséquence d'instructions
mystique, opérant par la seule pr iére. Jean Sem- recues d'un laíc suspect, et non seulement de
pé, qui devait mourir le 9 janvier 1892, a Vin- guérir, mais encore d'exorciser, c'est-á-dire de
cennes, déclarait volontiers qu'il ne devait au- libérer les envoütés, les obsédés, de détruire les
cun de ses pouvoirs a la naissance, mais bien a sortiléges, de purifier les lieux inf'estés, alors que
une transmission, reyue également d'un autre son évéque, non seulement ne l'y avait pas auto-
vieillard, en sa jeunesse. Il se contentait de prier, risé, mais encore ne le faisait pas Iui-mérne.
faisait prier avec lui, bénissait de l'eau, du sel, Mais cet évéque, Mgr Richard (le cardinal
de l'huile, et chassait tout mal « au nom de Richard), a défaut d'étre un grand évéque, était
.Iésus-Christ », que le malade fut en sa pré- un homme intelligent. Il estima plus sage de
sence ou qu'Il fut au loin. Ce don, il le transmit transiger. Il fit ofTrir a l' Abbé Julio de se sou-
a son tour a l'Abbé Julio. Il lui révéla que la mettre, lui assurant alors, avec le pardon absolu
clé simple de la mise en action de cette trans- pour son indiscipline littéraire, sa rentrée en
mission était la Priére, pas la simple pr iére gráce, et un poste important. L' Abbé Julio re-
banale, la récitalion d'oraisons de type tres géné- fusa la charge, et, pour manifester sa soumis-
ral, mais celle que l'on charge d'obtenir de Dieu sion a l'Eglise lorsque celle-ci restait dans sa
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mission, accepta cette soumission sous certaines miére place parmi les docteurs de l'Eglise. Nous
conditions. celles relatives ases reuvres d'exor- retrouverons sa doctrine partieuliere en étudiant
cismes et de guérisons. Mgr Richard capitula. Il par la suite cette nouvelle orientation de l' Abbé
fit nommer l'Abbé Julio curé d'une tres hum- Julio. Notons simplement ici, que cette déeou-
ble cure, celle de Pont-de-Ruan, au sud de Tours, verte fit de lui un théologien plus subtil et plus
entre Monbazon et Azay-Ie-Rideau. L' Abbé Julio averti que le lecteur habituel de ses ouvrages
profita de ce séjour plein de calme et de paix, ne le soupconrie généralement !
dans une province douce entre toutes, pour mé- C'est durant ce séjour a Pont-de-Ruan, oü il
diter sur de multiples problernes. Dans cette cure, demeura deux années, que l' Abbé Julio parvint
il avait trouvé deux ouvrages qui modifíerent a guérir un malheureux, devenu fou a la suite
toute son orientation spirituelle. Le premier fut d'un internement arbitraire dans un asile.
un tres vieux Bénédictional romain, édition de Par la suite, ayant quitté la Touraine, il vint
1665. dans lequel il préleva tous ses curieux habiter a Fontenay-sous-Bois, puis a Paris, au
exorcismes, ignorés de I'Eglise moderne, et qu'il numéro 5 de la rue Vernier, (17me arrondisse-
intégra en ses divers ouvrages. Observons a ce ment), oü il réussit a installer une petite cha-
sujet, et ce n'est pas le moins amusant de l'his- pelle des 1901. Chose curieuse, ce sera dans eette
toire, que nous connaissons plusieurs prétres méme rue que quelques années plus tard, un
et moines qui, devant la disparition du « Liure autre personnage insolite viendra résider, por-
des Exorcismes », (qui est censé étre rernis a teur du méme prénom que notre Abbé ...
l'ordiné lors de la cérémonie de l'Exorcislal, mais Ce sera Jean-Julien Champagne, alchimiste
qui est de nos jours remplacé par le simple « Ri- déjá fort expérimenté, et le laboratoire oü il Lra-
tuale Romanum s ), ont actuellement recours aux vaillera lui sera offert par la famille de Lesseps.
ouvrages de l'Abbé Julio! El Jean-Julien Champagne deviendra célebre
Le second livre qui eut sur lui une action
sous le nom de Fulcanelli (1) ...
décisive, fut une étude sur l'ccuvre d'Origéne,
docteur, évéque et martyr (185-254), une des
gloires de l'église <1' Alexandrie, condamné a tort (1) Nom que certains tenteront de lui arracher apres
sa mort I Nous avons donné en plusieurs conférences,
commc hérétique par le Concile de Constanti- avec documents photographiques et preuves définilive~
nople, dcux slécles aprés sa mort, réhabilité au il l'appui, la démonstration que Champagne et Fulcanelh
dix-neuvicrne siécle, el que Léon XIII n'hésite ne furent qu'un seul el mérne personnnge. Le texte de
cette conférence doit paraitre incessammcnt dan s un
pas a considérer, en son encycIique « De Provi- numéro de 1962 de la revue « La Tour Sainl-Jacques :t,
dentissimus », comme rlevant mériter la pre- avec des photographies éminemment probatriccs.
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sécrateur, Mgr Paolo Miraglia, évéque de l'Eglise Mais devenu évéque, son « eombat » ehangea de
Catholique Indépendante d'Italie, (analogue en plan. Il éleva le débat jusqu'au niveau des Cau-
cet état a l'Eglise Gallicane en Franee). Y assis- ses Invisibles, sources perverses de toute dé-
taient, a titre de témoins officiels, (outre une gradation. Il eomprit que l'Evéque, le Prétre,
nombreuse assistance), Mrs Paul Kaminski, Curé n'ont en fait qu'un seul Adversaire direct, tou-
de eette paroisse vieille-catholique, et Aloysius jours le méme, le « Prinee de ee Monde».
Blum, président du Conseil Paroissial.
Notons, en passant, que l' Eglise Vieille-Caiho-
lique, qui groupe par le monde plusieurs millions ***
de fídeles, en Hollande, Allemagne, Suisse, Afri-
que du Sud, ete ..., est une grande Eglise. Elle Mais ee sacre de l' Abbé Julio était-il valable ?
fut constituée, a l'issue du Coneile du Vatican 1, En un mot, l'Abbé Julio était-il devenu réelle-
en 1869, par les Evéques et les théologiens ro- ment évéque ? C'est ee que nous allons mainte-
mains qui ref'usérent d'admettre le dogme de nant étudier, et démontrer.
l'infaillibilité du Pape, a la demande de Pie IX.
Cerlains des opposants durent étre expulsés par Aux yeux de l'Eglise Catholique romaine, étre
la force ; des horions furent éehangés avee les
licite et étre oalide, sont des ehoses fort diffé-
rentes. Un évéque orthodoxe non « uní » a Rome
gardes, dans les parvis, et le soir mérne, une
est illicite mais valide. Le mérne évéque, dans
violente ternpéte s'éleva sur Rome. Du vent ar-
une Eglíse d'Orient dite « uniate » (réunie á
raehant les arbres et les cheminées, eertains y
virent une réplique du « souffle » qui encerc1a Rome, sous Léon XIII), est licite et valide. C'est
ainsi que lorsque, sous ce me me Ipontificat de
la demeure des Apótres, au jour de la Pente-
Léon XIII, une partie des Eglises d'Orient, (sy-
cóte. Les autres y virent une manifestation de
rienne, maronite, chaldéenne, ete ...), entra dans
réjouissanee démoniaque, Satan étant dit dans
I'Ecriture, le « Prince de l'Air s , (Paul : Ephé- le giron romain, on ne réordonna pas ses prétres
siens, 11, 2). et on ne reeonsaera pas ses évéques. Ils étaient
Voici done l'Abbé Julio devenu Monseigneur
déjá valides, ils devenaient licites.
Houssay. Et eeux qui le eonnurent alors, aff'ir- En un mot, étre nalidc, e'est détenir la Sucees-
mérent tous qu'il avait ehangé. Non point que sion des Apótres, e'est étre :l mérne de prouver
son désir, sa passion mérne, de voir l'EGLlSE que l'on remonte, au long des siécles .. wns qu'il
du CHRlST, revenir a sa grandeur et sa pureté manqu e /In nom, á /In des Dou :e Apotres. Et
premie re, se soit atténué. Bien au eontraire. c'est L"t une comptahilité soigneusement tenue
r
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par toutes les Eglises, on s'en doute ! C'est « Il est absolumenl hors de doule, et stricte-
aussi posséder les documents probateurs de cela. ment éiabli par une longue praiique, que l'Evé-
Etre illicite, c'est, tout en étant valide, apvar- que est le minisire de la consécraiion piscopale,
é
tenir a une Eglise dite « séparée » non unie a el que, pOlIr la validité de ceite consécralion,
Rome. Etre licite, c'est appartenir a l'Eglise un seul Evéque sufTit, qui en accomplisse avec
Catholique romaine, ou a une Eglise d'Orient l'inlention requise, les rites esseniiels ... »
reconnaissant son autorité, sa prééminence. ses (Cf. Pie XII : « Constitutions Apostoliques, -
dogmes. « Episcopalis consecrationis » - 30-11-1944).
Et c'est parce que la succession apostolique Un prélat catholique romain, J. M. Spalding,
représente les Pouuoirs, la Mission, les Prioiléqes, en son « Histoire de la Réforrnation Protes-
conférés par le Christ aux Douze, et par les tante », (New-York 1875, tome 11, page 424, note
Douze a leurs successeurs, les évéques qu'ils 2), nous dit ceci, quant a la validité en général :
consacrérent eux-mérnes, parce que c'est une « Laconsécration ayant été dúmctit accom-
chose essentielle pour l'Eglise Universelle el Eier- plie par des Eoéques qui auaieni sans douie eux-
nelle, que Rome, loyalement, fait une distinc- rnémes le caractére épiscopal, fui, bien que non
tion entre la nalidité et la licéité. canonique el illégale, certainement valide. Ainsi,
L'Abbé Julio, par son sacre, devenait donc un les Evéques hérétiques et schismatiques d'au-
Evéque illicite (puisque consacré par un Evé- jourd'hui, a moins que les Rites de consécration
que et par une Eglise séparés de Rome), mais n'aient été, depuis, matériellement altérés, sont
néanmoins un Evéque valide, puisque sa suc- revétus du caractére épiscopal... » (op. cit.).
cession apostolique était inattaquable. Et c'est C'est d'ailleurs a l'église Catholique rornaine
ce que nous allons démontrer ; non pas pour la que l'on doit l'exposé le plus cohérent de ces
Hiérarchie Catholique, qui ne l'ignore pas et ne principes de licéité et de ualidité, aussi bien
le conteste plus, mais pour le public, souvent que leurs applications les plus dérnonstrntives.
mal averti de ces choses, essentielles pour le Rome, en eff'et, reconnait la validité des Epis-
Christianisme. copats orthodoxe, III t hérien, nieu x-cat holique,
Sur le fait qu'un unique Evéque le consacra, cathotique libérol, (c'est l'Eglise de la Société
alors que la pompe habituelle en prévoit trois, de Théosophie).
le consécraieur et ses deux assistants, nous lisons Ainsi done, dcux conditions sont nécessaires
ceci, dans la revue « La Documenfation Caiho- et essc nliellcs ú la validité d'une consécrul ion
lique », n" 948, page 689 : épiscopale :
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1°) la consécration doit rattacher le consa- négligeable, véritable intersigne, a saint Pierre
cré a la lignée apostolique. Le consécrateur doit lui-méme,
donc étre, et validement, Evéque lui-mérne, c'est-
á-dire, et par l'intermédiaire de ses prédéces- **.
seurs, tenir ses pouvoirs d'un des douze Apótres Mgr Paolo Miraglia, qui con sacra l' Abbé Julio,
du Christ. En somme, il doit posséder la [ilia- fut ordonné prétre au sein de l'Eglise Catholique
tion apostolique pour pouvoir la transmettre. Romaine. n y devint rnérne « prélat de Sa Sain-
2° le Rituel, forme matérielle dans laquelle teté », dignité honorifique.
s'Insére la gráce sacramentelle, doit étre tra- Il fut consacré Evéque le 6 mai 1900, en l'église
ditionnel, c'est-a-dire qu'il doit traduire la vo- de Piacenza (Italie), par Mgr René Vilatte, alors
lonté de transmettre, d'une part, et la volonté Exarque de l'Eglise Métropolitaine d'Arnérique.
de recevoir, d'autre part, ce qui constitue I'Epis-
copat selon le Christ. ***
On entend par épiscopat, la fonction que Qui était Mgr Vilatte ?
l'Eglise primitive nous a transmise, et a laquelle René Vilatte avait été ordonné aux Ordres
sont attachées certaines prérogatives et certains Mineurs et Majeurs par Mgr Herzog, Evéque
pouvoirs : pouvoir de célébrer la messe, pouvoir vieux-catholique de Berne (Suisse). Il avait été
de remettre les péchés (pouvoir dit des « clés »), ordonné successivement clerc, portier, lecteur,
pouvoir de conférer les divers sacrements, pou- exorciste, acolyte, sous-diacre, diacre, et pres-
voir, pour l'Enéque, de transmettre a son tour bytre, les 5, 6 et 7 Juin 1885. Ces ordinations
ces difTérents pouvoirs, alors que le Prétre ne avaient eu lieu selon le Rituel vieux-catholique,
les met qu'en action. tres proche du Pontifical romain. La régularité
Dans ce Rituel, qui varie avec les Eglises selon de l'épiscopat vieux-catholique, et de Mgr Herzog
qu'elles sont orientales ou latines, il y a des élé- en particulier, n'a jamais été mise en doute. La
ments essentiels. Ce sont ces derniers qui con s- succession apostolique de ce dernier remonte en
tituent la forme traditionnelle a laquelle il est efTet a Bossuet, et de Bossuet ü I'un des Douze !
fait allusion plus haut. Sept ans plus tard, l'Abbé Vilatte Iut consa-
cré Evéque, sous le nom de Timothen s, le 25
Voyons donc maintenant les « chainons » mai 1892, en l'église cathédrale de Notre-Dame-
qui, au long de dix-neuf cents ans, rattachérent de-la-Bonne-Mort, il. Colombo (Ile de Ceylan). Le
l'Abbé Julio aux douze Apótres, et, chose non Patriarche jacobite d' Antioche avait envoyé son
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donner des reliqieu x et des prétres, de consacrer I'éqlise « oieille-catholique » de Berne. Les docu-
les Eqlises, les aut els, les cimetiéres, etc ... etc ... , ments qui en fonl [oi porient la signalure el le
tl'accom plir t oul es les fonctions appartenant au nom de Mgr Herzog.
rang de mctro politai n, « Quant a S3 consécration épiscopale, elle eut
lieu le 25 mai 1892. Mgr Vilatte fut consacré
Donrut en notre résidence archié piscopale, Ca- par trois éoéques jacobites dans la Cathédrale
iltedrulc de N. D. de la Ronne-Mort, COLO!l1BO de l'archeoéque Alvarez (Julius I"), c'est-a-
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14 Fabius 250
15 Demetrius 251
16 Paul I 259
17 Domnus I 270
18 Timothée 281
19 Cyrille 291
IV. - TABLE 20 Tyrantus 296
DE LA SUCCESSION APOSTOLIQUE 21 Vitalius :l01
DE Mgr HOUSSAY 22 Philogone 318
23 Eustache 323
« Saint Pierre établit son premier siéqe apos- 24 Paulin 338
iolique a Aniioche en l'an 38 et depuis lors, 25 Philabinus 383
une succession ininterrompue d'éoéques a trans- 26 Evagrius 386
mis les pouvoirs de l'apólre jusqu'a nos jours. » 27 Phosphorius 416
(Cf. : Le Quien : Oriens Christianus, t. 11, col. 28 Alexandre 418
1357-1408). 29 Jean 1 428
30 Théodote 431
PATRIARCHES D'ANTlOCHE 31 Domnus II 442
32 Maxime 450
1 Saint Pierre, apótre 38 33 Accace 454
2 Evodius 40 34 Martyrius 457
3 Ignace 1, martyr 43 35 Pierre II 464
4 Aaron 123 36 Philade 500
5 Corneille ]37 37 Serverius le Grand 509
6 Eados 142
7 Théophile 157 PATRIARCHES D'ANTlOCHE
8 Maxirnin 171 (de la lignée Jacobite)
9 Séraphin 179 38 Sergius 544
10 Asclépiade, martyr 189 Jacques Baradaí Zanzala ayant accom-
11 Philippe 201 pli la réforme jacobite, Sergius adopte
]2 Zehinus 219 ses vues et devient le l " patriarche
13 Babylus, martyr 237 de cette Eglise.
-40 - -41-
tour de lui, puisque, nous le savons, ce sont Ainsi done, les Créations succédent aux Créa-
ceux d'Origene. tions, les Univers succédent aux Univers, pro-
bablement séparés par des périodes de Non-Etre,
• ** analogue au fameux e septiéme jour », durant
De la Créafion. lequel « Dieu se reposa ». (Genése : 11. 1).
Dieu, .Etre Essentiel, Eternel, existant par Soi Lorsque les Etres intégrés dans une de ees
et en SO!, sans besoins et sans variations, infini- Créations se sont libremenl manifestés par leurs
ment. bon, infiniment sage paree qu'infiniment aetes, par une sorte d'autodétermination, lors-
parfaIt, est aussi tout-puissant. qu'intervient la fin de eette Création, ils demeu-
Etant tout-puissant et éternel, sa toute-puis- rent fixés dan s l'état final oú ils sont parvenus.
~anee. s:est done néeessairement exereée de toute Et c'est une sorte de Feu myslérieux qui les fixe,
etermte sur des Créatures : les dureit. et les trempe, pour le róle qu'ils ont
4: Le Seigneur m'a possédée au Commence- a jouer dans la Création suivante.
me~f de Ses Voies, avanl Ses (Euvres les plus Ainsi, fixés dans le Mal, ils demeureronl, dans
anClennes ... » (Proverbes : VIII, .2.2.) la Création nouvelle, des instruments de lcnta-
« Car Je vais eréer de nouoeaux Cieux el une tion, de eorruption, de deslruction. Ce seront
~erre nouvelle. El ~oul ce qui a été auparavanl, des Démons.
s, eltacera de la mcmoire, sans qu'il revienne ti Fixés dans le Bien, ils demeureronl duns la
1 esprit.: » (Isaíe : LXV, 17.) Création nouvelle des inslrnments de libération,
« Car eomme les Cieux nouveaux el la T'erre de purifiealion, de création. Ce seront des Anges,
nouvelle q~e ~e vais eréer subsisteront foujours ou des Ames choisies el mises :'1 part, selon l'heu-
deoant MOI, dii le Seigneur, ainsi votre nom el reusc expression de saint Paul :
votre race subsisteront éternellement ... » (Isaíe
LXVI, .23.) « Si le Seigneur des arrnées du Ciel ne nous
avuit pas réseroé quelques-uns de notre Race,
« Mon Pére et Moi ne eessons point d'agir ... » nous serions devenus semblables i:t Sodorne et a
(Jean : Evangile ; V, 17.) Gomorrhe ... » (Paul : Rornains, IX, 29.)
« M.ain~enanf done, mon Pére, glorifies-."rIoi A l'égard des Créatures non ñxées. paree
~n . TOI-Meme, de eette Gloire que J'ai eue en qu'issues ponr la prerniére fois hors du Non-
TOI aoant que ee Monde [ut ... » (Jean . Evangile . Etre, les uns et les nutres joueront leur rúle,
XVII, 5.) "
tout en portant en soi son propre enfer ou son
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propre paradis, état qui durera autant que la n'a jamais vu les maux qui se [ont sous le
Création a laquelle ils participent. soleil ... » (L'Ecclésiaste : IV, 2, 3).
Ces créations sont nommées « siécles » dans « Vous n'étes tous qu'un seul Corps et qu'un
les Ecritures. Les versions grecques emploient seul Esprit, de méme que vous n'avez été appelés
le mot « éons s . Elles constituent des cycles, qu'a une seule espérance ... » (Paul : Ephésiens,
plusieurs d'entre elles constituant une création IV, 4.)
générale. Cette derrriére est alors nommée « le Nous ferons observer au lecteur qu'en cette
siécle des siécles ». breve étude, nous ne pouvons donner a chacun
des paragraphes de l'exposé de la doctrine ori-
De la Préexislence des Ames.
géniste reprise par l'Abbé Julio, toutes les cita-
Le mot Adam ne désigne pas un étre charnel, tions des Ecritures qui y sont relatives. Nous
mais une collectivité. On dit Adam comme on nous limitons aux principales, a celles qui ne
dit le régimenl, ou la marine. L'Homme Premier nécessitent pas un développement ésotérique trop
était un égrégore, une chorégie, et c'est l'esprit important, ce qui alourdirait l'ouvrage.
central de cette chorégie, qui était le véritable Notons toutefois et déjá, que la plupart des
Adam, la cellule-motrice. D'oú le mot d'Origene : citations bibliques relatives a la « Préexisfence
« Les Ames ont préexisté, comme une sorte de des .4mes » furent souvent retenues pour des
peuple ... s , L'Ecriture nous confirme cette no- arguments en faveur de la « Réincarnation des
tion : Ames », par des partisans de celle-ci, la conf'u-
« Ce n'est poinl pour vous seuls que je fais sion pouvant étre facile. Nous y reviendrons
cetie alliance el ces exécralions, mais pour lous d'ailleurs plus loin.
ceux qui, présents devant le Seigneur notre Dieu, De la Tentalion el de la Chute Originelle.
ne sont point encore avec nous ... » (Deutéro-
La notion de tentation (par le Principe du
nome : XXIX, 14, 15).
Mal et par les Etres qu'il a entrainés dans son
« Avanl de t'aooir formé dan s l'ulérus, Je l'ai orbe), pour les Ames Préexistantes, fait partie
connu, el Je l'avais imposé la Science. El aoant in té gran te du judeo-christianisme. Nier qu'il y
que lu sois sorti du sein de la tnére, Je l'avais ait eu chute et dégradation spirituelle, c'est nier
sancfifié ... » (Jérémie : 1, 5). l'Incarnation du Christ ; et retirer toute valeur
« Et j'ai loué plus abondammenl les morts a la Rédemption c'est également nier la valeur
que les vivanls, el j'ai jugé plus heureux qu'eux de Son Sacrifice. Tout ceci est impensable pour
encore, celui qui n'est pas encore né, el qui un chrétien,
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On peut done concevoir cette Chute comme n'est jamais nommé autrement ; on dit ~ le col-
l'éclatement de l'égrégore dont nous parlions plus lier ». Rompons le fil. Les perles s'échappent,
haut, la dispersion de la collectivité, sa corru.p- tombent aterre, et roulent dans toutes les direc-
tion, analogue a celle qui suit la mort corpo- tions. Des lors, il n'est plus question du collier ;
relle. Et comme il s'agit lá d'une chute causée on part a la recherche « des perles ».
par une dégradation spirituelle, celle-ci implique Les unes iront se perdre sous des meubles,
une descente dans les plans d'existence corres- dans des recoins obscurs. 11 faudra attendre
pondants, c'est-á-dire les plus inférieurs, par lonatemps avant de les retrouver, malgré les
l'effet d'une matérialisation proqressioe, menant recherches, et souvent fortuitement. D'autres se-
vers l'animaliié, et mérne au-delá.
ront rapidement récupérées, elles ne se s~r?nt
jamais éloignées du point de chute, ni de la visión
De la Rédemption.
du propriétaire du collier.
De méme qu'une Intelligence perverse avait Car les perles portent en elles, chacune, leur
enténébré les Ames préexistantes au point de propre destin, comme les Ames préexis~ante.s
les faire déchoir, de rnéme ce sera une Intelli- portent en elles le leur, par l'eITet de l.a Pred~sh-
gence pure qui les réilluminera : nation. Et ces perles sont, elles aUSSl, sounnses
« J'ai vu fous les hommes oioants qui mar- a des destins propres, en fonction de l'instant
chent sous le soleil, et aussi le second Adolescent, de leur, création individuelle.
qui doit se lever, en la place de l' Autre ... » (L'Ec- Lorsque le propriétaire des perles les aura
clésiaste : IV, 15). récupérées, il les enfilera de nouveau, sur un
Nous ne ferons pas l'injure au lecteur de rap- fil neuf, dans l'ordre initial de leur placetuent
peler les tres nombreux versets de l' Ancien Tes- primitif, qui était fonclion de leur gross.ellr. et
tament qui parlent du Messie, de sa venue, et de leur oriento Et lorsque cette reconshtuhon
des circonstances de celle-ci. 11 faudrait pour sera terrninée, de nouveau on reparlera du « col-
cela des pages et des pages. Le prophétisme mes- lier », et on ne dira plus « les perles » ...
siannique est un des éléments les plus considé- S'il en manque, l'absence sera due a I'imper-
rabies (et aussi les plus saisissants), des Ecri- fection des moyens utilisés pour leur recherche,
tures. ou a la négligence du cherchant, ou au peu de
Une image fera rnieux saisir le processlls de durée de cette recherche. Mais si notre proprié-
la Rédemption. taire est un étre parfait, s'il posséde tous les
Si l'on imagine un collier, on observera qu'il moyens nécessaires pour rechercher ses perles,
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et s'il a tout le iem ps nécessaire et aucune im- plis, II réunirail tout en Jésus-Chrisl comme dans
patience, il les récupérera toutes. le Chef (la Téte), lant ce qui est dans le Ciel
Remplaeons les perles par les Ames, le collier que ce qui est sur la Terre ... ) (Paul : Ephésiens,
par I'Homme Total, et le propriétaire par Dieu. 1, 10.)
Tout le probléme de la restitution final e est ré-
« Enfanls d'Israél, vous étes iz Moi, dit le Sei-
solu, et l'Apocatastase est alors justifiée.
gneur. Mais les enfants des Ethiopiens ne M'ap-
De I'Apocatastase ou Réintégration [inale, partiennent-ils pas eux aussi ? J'ai tiré Israel
Selon Origéne, repris par l'Abbé Julio, il n'y de l'Egyple, mais j'ai égalemenl tiré les Philis-
a pas d'enfer éternel. Il n'y a que des séjours tins de la Cappadoce, el les Syriens de Cqrene ... »
dans une Création ; séjours correspondant a (Amos: IX, 7.)
l'état ultime dans lequel la Créature s'est trou- L' Abbé Julio est absolument dan s la ligne de
vée [ixée lors de la fin de l'Univers auquel elle pensée origénienne lorsqu'il nous précise sa pen-
a participé. Il en est donc de mérne, semble-t-il, sée sur I'Enfer. Il admet fort bien la damnation
du paradis, qui, eu égard a ce mode de raison- d'un étre, mais cette « mort éternelIe » n'est
nement, serait impermanent et transitoire. La pas le fait de Dieu, principe de toute Vie, mais
Créature pouvant, par sa tiédeur, de nouveau celui de I'étre méme, Se détournant oolontaire-
démériter et déchoir. En fait, ce second point ment de Dieu, la Créature perdue retombe sous
n'est pas susceptible d'etre retenu, le stade de le joug du Prince de ce Monde pour une durée
perfectibilité accessible a la Créature devant lui telle que cela peul donner l'idée de l'Eternité,
permettre, finalement, de ne plus étre accessible puisqu'il s'agit, en fait, de la durée de toute la
a une tentation quelconque. De plus, la période Création future, ce « siécle qui vient :t.
d'autodétermination de I'étre étant terminée Et ainsi, I'étre égaré et aveuglé retombe au
Dieu, par un effet de sa Gráce, ne l'induit plu; sein du barátre des migrations. De vies en vies,
en tentaiion, poux: paraphraser la pr'iére par tombant chaque fois un peu plus bas par suite
excellence, le « Pater ). Il retire aux Entités de cet enténébrement progressif, la Créature per-
ténébreuses tout pouvoir sur la Créature avant due se dégrade chaque fois un peu plus. En son
enfin terminé son cyc1e de manijestations ·pro- « Liore Secret des Grands Exorcismes el Bé né-
batrices. dictions s , }'Abbé Julio nous dit ceci sur I'Enfer :
Cette fixation final e dans le Bien, les Ecritures « L.'Enfer n'est pas lln lieu, c'est un élat d'éi re,
nous en donnent de nombreux témoignages : la descente indéfinie et oertiqineuse, surtout "0-
« Les Temps ordonnés par Lui étant accom- lontaire, iz travers touies les existences, dans la
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sombre nuit de la Haine, plus épouvantablement par la larve de leur génial bourreau, ou par lui-
, ?
douloureuse que tous les insensés réciis de l'En- meme ....
fer, imaqinés par des moines toriionnaires, dans Quant au Paradis, l' A bbé Julio nous réoéle sa
le but de dominer et de pressurer les foules igno- pensée, en vrai gnostique : « Notre conception
rantes. du Paradis, e'est-a-dire de la Vie de l'Au-de/a,
« Un rayon d'Espéranee, un seul acte d'Amour, est bien différente. Hommes d'étude, nous dési-
« Et l'étre, d'un seul bond, peut remonter au rons eonnaítre mieux, savoir davantage ... Hors
[jour ... » du Savoir, ee n'est pas la peine de vivre. La
Seienee, e'est done la Vie. C'est la conception
« Satan peut, s'il le veut, redevenir Lucifer. mérne du Christ, le Grand Révélateur, pour qui
Mais s'il ne le veut pas, il subira, ainsi que tous
réfléehit bien ... » (op. cit. page 541).
eeux qui l'ont imité, l'imiteni, et l'imiteront, le
terrible Jugement, le Chátiment su préme el final, Ainsi done, pour lui, le Paradis, e'est la Con-
la Mort Eternelle ... » (op. cit. page 503). naissanee, la Gnose (1) !
fréquernment en ses écrits. Nous citerons sim- nom de Napoléon, et ceci ne démontre pas pour
plement en cette breve étude ce passage de sa cela la réincarnation de cet empereur. 11 faut
revue « L'Etincelle ~, numéro de novembre 1902, voir dans ces quelques lignes le résultat de pres-
page 13, ou il nous déc1are ceci : sions extérieures. Mais sa pensée, parfaitement
orthodoxe, n'a jamais varié sur ce point au cours
« Bien loin d'enseigner la réincarnation, Jésus
des quatorze années de publication de <lo L'Eiin-
et ses Ap6tres, au contraire, ont enseigné l'op-
celle s . 11 rompit trop de lances courtoises avec
posé ... ~
ses amis spirites, dans ses colonnes, pour que
Sans doute, dans son livre « Les Grands Se- nous en doutions !
crets Merveilleux ~, publié en 1907, nous dit-il Et pour démontrer que la Réincarnation est
ceci a la page 85, coiffant sa biographie rédigée un enseignement non-chrétien, il nous rappelle
par Fabre des Essarts : dans ce rnéme numéro de sa revue, cette para-
« On sait que u se prononce ou en allemand ; bole du Christ ases Apótres, que nous trouvons
on dit Jean Houss, done Houssay, qui est mon dan s l'évangile selon saint Luc, celle du pauvre
nom, (Houss est), D'ailleurs, poussé par l'Esprit, Lazare et du mauvais riche, que nous conseil-
je suis alié ti Constance ; je n'ai pas reconnu lons fortement au lecteur partisan de la réincar-
la salle du Concile, mais j'ai revu ma maison ei nation de lire et de relire attentivement, au cha-
reconnu le lieu de mon supplice ; j'en ai reoécti pitre XVI, versets 19 a 31 de Luc. Le cadre de
toutes les phases. » cette breve étude ne nous permet pas de la
Cette idée qu'il était la réincarnation de .lean donner, vu sa longueur. Mais elle nous donne
Huss, parce que Houssay, I'Abbé Julio la devait l'enseignement formel du Christ, et c'est a ce
a Fabre des Essarts et a la personne qui lui titre qu'elle est catégorique en sa conclusion.
servait parfois de médium, laquelle était farou- Une autre explication, également du Clirist
chement réincarnationiste. Mais l' Abbé Julio. s'il lui-méme, a ce sujet, est tout aussi catégorique.
supposa avoir été Jean Huss, ne faisail abso- C'est la rencontre de l'aveugle de naissance, citée
lumeni pas de la réincarnation une loi générale, dans l'évangile de Jean, au chapitre IX, versets
il était trop chrétien sincere et avait fait de trop 1 it 41. Un aveugle de naissance présenté au
bonnes études théologiques pour cela. L' An n naire Christ. Ses disciples supposant que son infir-
du Téléphone comporte plusieurs abonnés du mité est, soit le chátiment d'u nc maunaise action
commise dans une oie antéricnre, soil I'expia-
n'élait va lab le que pour les non-initiés, les profanes. tion d'une faute grave commise par ses parents,
Les init iés, de ce [ait mém e, y éc1wppuienf. C'ét ait lIi le
b úl de t'I nitiat ion ... lui demanrlent : « Mnitre, qui a péché. de cet
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homme ou de ses parents, pour qu'il soit né « Ainsi Jésus-Christ a été offerl une fois, pour
aveugle ? .. » Et Jésus répondit : « Ni lui ni. effaeer les péchés de tous, et la seconde fois,
ses parents n'ont péché ... Mais e'est afin que les il apparaitra, sans avoir plus rien du péché,
ceuvres de Dieu soient manifestées en luL.. s , pour le salut de ceux qui l'attendent... » (Paul :
Et efTeetivement, Jésus le guérit, et par la suite, Hébreux, IX, 28).
l'aveugle devient un de ses diseiples. Le Christ, en annoncant qu'il retourne vers
L'enseignement du Christ, saint Paul l'expo- Son Pére, a également, a maintes reprises, fait
sera de f'acon absolument nette dans son « Epi- j ustice de cette hypothése.
tre aux Hébrettx » :
D'autres passages des Ecritures démenlent ou
« Car Jésus-Christ n'est pas entré en ce Sane- rendent impossible la réincarnation. En voici
tu aire fait de main d'homme (le temple de Jéru- quelques-uns :
salem), et qui n'était que la préfigure du véri-
« .41ors Samuel dit a Saiil : « Pourquoi avez-
table (le Christ Lui-mémei, mais il est entré dans
le Ciel rnéme afin de Se présenter désormais
vous troublé mon repos en me faisant éoo-
pour nous devant la Faee de Dieu.
quer ?... » (I Rois, XXVIII, 15, ou 1 Samuel,
XXVIII, 14, dans la version protestante).
« Et il n'y est pas entré pour S'offrir Lui-
mémc en plusieurs fois, eomme le qrand-prétre « Et voiei que deux hommes s'entretcnaient
d'Israel entrail tous les ans dans le Sanetuaire, avee Lui (Jésus), el e'étaient Moise el Elie, qui
en portant le sang d'une victime, el non le sien apparaissaient environnés d'une sorie de gloire.
propre ! Car autrement, il aurait Iallu qu'Il lls parlaient de Son départ, qui deoait s'accom-
soufTrit plusieurs fois depuis la Création du plir a Jérnsalcm ... » (Lue : Evangile, IX, 29. 30).
Monde, au lieu qu'Il n'est apparu qu'une fois
Or, Moíse est mort au sommet du mont Nébo,
vers la fin des siécles, pour abolir le Péehé, en
l'an 1451 avant notre ere, et Elie est mort l'an
S'offrant Lui-méme eomme Victime.
1117 avant Jésus-Christ. Il y a done de quinze
« Et cela, eomme il est arrété que les hommes a onze siécles que l':ime de ces deux prophétes
meurent une fois, et qu'ensuite ils sont jugés ... » est, eomme celles des Patr iarches. dans « l'at-
(Panl : Hébreux, IX, 25-27). ten te ». Ils ne se sont done pas réincnrnés, On
Voici qui eoupe court a toute éventualité d'une observeru d'ailleurs que le « retour d'Elic ». qui
soi-disant « réincarnation » du Christ, aussi a été égalemcnt .lean le Baptiste, n'a nullernent
bien que de ses Apótres. Mais un autre passage trait ü la réincarnution d'Elie dnns .Ienn, cnr ils
souligne eneore cette impossibilité : doivent rcvcnir tOIlS dcu x ü la Fin des Temps.
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(1) L' Abbé Julio oblinl des gráces el des guérisons Evangile, X, 8-10).
surprenanles par l'inlcrcession des Sa ints. Ce qu i serait Mais il laissait une richesse plus grande. Celle
impossible s'ils se réi nca rna ien t.¿ D'o la pur o le du
ü