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Flash Economie A quoi a servi la déformation du partage des revenus

au détriment des salariés dans les pays de l’OCDE ?


26 novembre 2019 - 1566

Depuis 1999, le partage des revenus se déforme très nettement en


faveur des profits et au détriment des salariés dans les pays de
l’OCDE.

Quel a été l’usage fait par les entreprises de la déformation du


partage des revenus en leur faveur ? Il peut s’agir :

 d’une hausse de l’investissement ;

 du désendettement ;

 de la hausse de la rémunération des actionnaires ;

 du financement d’acquisitions ;

 de la hausse de la détention de cash.

On observe dans les pays de l’OCDE que la hausse de la part des


profits dans le PIB a servi : à accroître la rémunération des
actionnaires, à financer des acquisitions plus importantes, à accroître
la détention de cash, mais pas à accroître l’investissement ou à
réduire l’endettement.

Ceci montre que la faiblesse de la demande des ménages due à celle


des salaires n’a pas été compensée par la hausse de l’investissement
des entreprises.

Patrick Artus
Tel. (33 1) 58 55 15 00
patrick.artus@natixis.com
@PatrickArtus

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Déformation du partage des revenus au détriment des salariés


dans les pays de l’OCDE
Le graphique 1a montre la déformation du partage des revenus au détriment des salariés
dans les pays de l’OCDE depuis 1999, le graphique 1b montre la hausse de la profitabilité
des entreprises (avant distribution de dividendes).

Graphique 1a Graphique 1b
OCDE* : salaire réel et productivité par tête OCDE* : profits après taxes, intérêts et avant
(100 en 1995:1) dividendes (en % du PIB valeur)
Salaire ré el p ar tête (déflaté p ar l e p rix du PIB) (*) Etats-Unis + Royaume-Uni + Zone euro + Japon
140 Produ ctivité par tête 140 16 16
(*) Etats-Unis + Royaume-Uni + Zone euro + Japon
135 Pour les Etats-Unis : non -farm business (hors benefits) 135
15 15
130 130
14 14
125 125

120 120 13 13
115 115
12 12
110 110

105 105 11 11
Sources : Datastream, BLS, BEA, ONS, Eurostat, CAO, NATIXIS Sources : Datastream, BEA, ONS, Eurostat, CAO, NATIXIS
100 100 10 10
95 97 99 01 03 05 07 09 11 13 15 17 19 95 97 99 01 03 05 07 09 11 13 15 17 19

Cette déformation du partage des revenus en faveur des profits, qui a affaibli le revenu des
salariés, a-t-elle eu des effets favorables sur l’économie de l’OCDE ?

A quoi les entreprises ont-elles utilisé la hausse de leur


profitabilité depuis 1999 ?
Regardons l’usage qui a été fait de la hausse de la profitabilité des entreprises, de la
déformation du partage des revenus au détriment des salariés, depuis 1999. Passons en
revue les différents usages possibles de cette déformation.

1. Baisse de l’endettement des entreprises ?

Le graphique 2 montre que le taux d’endettement des entreprises a augmenté.

Graphique 2
OCDE* : dette des entreprises (en % du PIB valeur)
(*) Etats-Unis + Royaume-Uni + Zone euro + Japon
80 80

78 78

76 76

74 74

72 72

70 70

68 68
Sources : Datastream, Banques Centrales, NATIXIS
66 66
95 97 99 01 03 05 07 09 11 13 15 17 19

2. Hausse de l’investissement des entreprises ?

Le graphique 3 montre que le taux d’investissement des entreprises a en moyenne baissé


depuis 1999.

2
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Graphique 3
OCDE* : investissement total des entreprises
(valeur, en % du PIB valeur)
15 (*) Etats-Unis + Royaume-Uni + Zone euro + Japon 15

14 14

14 14

13 13

13 13

12 12

12 12
Sources : Datastream, Sources
Nationales, NATIXIS
11 11
95 97 99 01 03 05 07 09 11 13 15 17 19

3. Hausse de la rémunération des actionnaires ?

Nous ajoutons les dividendes versés par les entreprises non financières et les rachats
d’actions effectués par les entreprises non financières (graphiques 4a/b).

Le graphique 4b montre une hausse de la rémunération des actionnaires depuis le point


bas de 1999.

Graphique 4a Graphique 4b
OCDE* : dividendes versés et rachats d'actions par OCDE* : rém uneration des actionnaires
les entreprises non financières (en % du PIB valeur) (en % du PIB valeur)
Divide ndes versés p ar les entrep rise s non financière s 8 (*) Etats-Unis + Royaume-Uni + Zone euro + Japon 8
Ra cha ts d 'a ctions par les en trep rises non financière s
5 5
(*) Etats-Unis + Royaume-Uni + Zone euro + Japon 7 7
4 4
6 6
3 3
5 5
2 2
4 4
1 1

0 0 3 3
Sources : Datastream, NATIXIS Sources : Datastream, NATIXIS
-1 -1 2 2
95 97 99 01 03 05 07 09 11 13 15 17 19 95 97 99 01 03 05 07 09 11 13 15 17 19

4. Financement accru d’acquisitions ?

Les acquisitions se voient à l’encours d’actions cotées et non cotées à l’actif des
entreprises (graphique 5).

Le graphique 5 montre la forte hausse de cet encours.

Graphique 5
OCDE* : encours d'actions cotées et non cotées à
l'actif des entreprises non financières
(en % du PIB valeur)
70 (*) Etats-Unis + Royaume-Uni + Zone euro + Japon 70

65 65

60 60

55 55

50 50

45 45

40 40

35 35
Sources : Datastream, FoF, BCE, ONS, BoJ, NATIXIS
30 30
95 97 99 01 03 05 07 09 11 13 15 17 19

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5. Hausse de la détention de cash ?

Le graphique 6 montre que la détention de cash (d’actifs monétaires) par les entreprises non
financières des pays de l’OCDE a augmenté depuis 1999.

Graphique 6
OCDE* : encours d'actifs liquides et monétaires
détenu par les entreprises non financières (en % du
PIB valeur)
21 21
(*) Etats-Unis + Royaume-Uni + Zone euro + Japon

20 20

19 19

18 18

17 17

16 16

15 15
Sources : Datastream, FoF, BCE, ONS, BoJ, NATIXIS
14 14
95 97 99 01 03 05 07 09 11 13 15 17 19

Synthèse : au total, quel jugement porter sur l’utilisation par les


entreprises des pays de l’OCDE de la hausse des profits qui
vient de la déformation du partage des revenus au détriment
des salariés ?
La déformation du partage des revenus au détriment des salariés a permis aux entreprises des
pays de l’OCDE, on l’a vu, d’accroître la rémunération des actionnaires, de financer des
acquisitions plus importantes, d’accroître leur détention de cash, mais pas de se
désendetter ou d’accroître leur investissement.

Ceci montre que la déformation du partage des revenus n’a pas eu l’effet central
escompté, qui aurait compensé la baisse de la demande des ménages, et qui aurait été
une hausse de l’investissement.

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