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Corrigés d’exercices de révisions

On définit sur R2 l’application


N : (x, y) 7→ max{|x|, |2x + y|}.
1. Montrer que N est une norme sur R2 . Décrire la boule ouverte de centre a ∈ R2 et de rayon r > 0.
2. Montrer que N est équivalente à la norme k · k1 , et trouver des constantes strictement positives α et
β telles que
α k · k1 ≤ N ≤ β k · k1 .

3. Décrire l’intérieur et l’adhérence de A = {(x, y) ∈ R2 ; |2x − y| < 1}.


4. A est-il compact ? Est-il connexe ?

Solution .
1. N est clairement homogène, et N (0, 0) = 0. De plus, si N (x, y) = 0, alors |x| = |2x + y| = 0, et donc
x = y = 0. Enfin, vérifions l’inégalité triangulaire : soient (x1 , y1 ) et (x2 , y2 ) deux couples de réels. On a

|x1 + x2 | ≤ |x1 | + |x2 | ≤ N (x1 , y1 ) + N (x2 , y2 )

et
|2(x1 + x2 ) + (y1 + y2 )| ≤ |2x1 + y1 | + |2x2 + y2 | ≤ N (x1 , y1 ) + N (x2 , y2 ),
d’où l’on déduit que N (x1 , y1 ) ≤ N (x1 , y1 ) + N (x2 , y2 ). N est donc une norme sur R2 .
La boule ouverte de centre a = (a1 , a2 ) ∈ R2 et de rayon r > 0 est l’ensemble des couples (x, y) ∈ R2
tels que
( (
|x − a1 | < r − r < x − a1 < r
N (x−a1 , y−a2 ) < r ⇔ ⇔
|2(x − a1 ) + (y − a2 )| < r − 2(x − a1 ) − r < y − a2 < −2(x − a1 ) + r

2. Pour tout (x, y) ∈ R2 ,

N (x, y) = max{|x|, |2x + y|} ≤ max{|x|, 2|x| + |y|} ≤ 2(|x| + |y|) = 2k(x, y)k1 ,

tandis que

k(x, y)k1 = |x|+|y| = |x|+|2x+y−2x| ≤ |x|+|2x+y|+2|x| ≤ 3|x|+|2x+y| ≤ 4 max{|x|, |2x+y|} = 4N (x, y).

Les constantes α = 1/4 et β = 2 conviennent.


3. On remarque tout d’abord que l’application linéaire définie sur R2 à valeurs dans R (muni de la distance
associée à la valeur absolue) par
f (x, y) = 2x − y
est continue pour la norme N : en effet pour tout (x, y) ∈ R2

|f (x, y)| = |2x − y| = |4x − (2x + y)| ≤ 4|x| + |2x − y| ≤ 5 max{|x|, |2x + y|} = 5N (x, y).

Par conséquent, A = f −1 (] − 1, 1[) est donc ouvert comme image réciproque de l’ouvert ] − 1, 1[ de R par
l’application continue f . L’intérieur de A est donc A.
Remarque : on aurait pu aussi invoquer directement le fait que toutes les applications linéaires de
R2 dans R sont continues (pour toutes les normes) car R2 est de dimension finie. On pouvait également,
par le même argument de dimension finie, montrer que f est continue pour une norme plus “simple” que
N , par exemple k · k1 . Toutes les normes sur R2 étant équivalentes, l’intérieur et l’adhérence de A ne
dépendent pas de la norme choisie. En particulier, il n’est pas non plus nécessaire de préciser la norme
que l’on considère quand on parle de convergence de suites.
Montrons que A = {(x, y) ∈ R2 ; |2x − y| ≤ 1}. Tout d’abord, toute suite ((xn , yn ))n∈N d’éléments de
A convergeant vers un certain (x, y) vérifie pour tout n ∈ N,

|2xn − yn | < 1,

1
et donc à la limite, |2x − y| ≤ 1 (par continuité de f , ou tout simplement car xn → x et yn → y). Donc
A ⊂ {(x, y) ∈ R2 ; |2x − y| ≤ 1}.
Réciproquement, soit (x, y) ∈ R2 tel que |2x − y| ≤ 1. Trois cas se présentent : tout d’abord, si
|2x − y| < 1, alors (x, y) ∈ A ⊂ A. Ensuite, si 2x − y = 1, alors pour tout entier n ≥ 2, l’élément (x − n1 , y)
vérifie  
1 2 2
2 x− − y = 2x − y − = 1 − ∈ [0, 1[
n n n
et donc (x − n1 , y) ∈ A. Comme (x − n1 , y) → (x, y) lorsque n → +∞, on en déduit que (x, y) ∈ A. Enfin,
si 2x − y = −1, on montre de la même façon que (x, y) est limite de la suite ((x + n1 , y))n≥2 d’éléments
de A. Dans les trois cas, (x, y) ∈ A et donc {(x, y) ∈ R2 ; |2x − y| ≤ 1} ⊂ A, ce qui conclut la preuve.
4. A n’est pas borné car la suite ((n, 2n − 1))n≥1 est à valeurs dans A (en effet 2n − (2n − 1) = 1) mais
cette suite n’est pas bornée : k(n, 2n − 1)k∞ = 2n − 1 → +∞ lorsque n → +∞. En particulier, A n’est
pas compact.
En revanche, A est connexe car convexe : soient (x1 , y1 ), (x2 , y2 ) deux éléments de A et λ ∈ [0, 1]. On
a donc |2x1 − y1 | ≤ 1 et |2x2 − y2 | ≤ 1, et donc
|2(λx1 + (1 − λ)x2 ) − (λy1 + (1 − λ)y2 )| = |λ(2x1 − y1 ) + (1 − λ)(2x2 − y2 )|
≤ λ|2x1 − y1 | + (1 − λ)|2x2 − y2 |
≤ λ + (1 − λ) = 1.

Ceci montre que λ(x1 , y1 )+(1−λ)(x2 , y2 ) ∈ A, et ce pour tous (x1 , y1 ), (x2 , y2 ) éléments de A et λ ∈ [0, 1].
L’ensemble A est convexe.

Soit (E, k · k) un R-espace vectoriel normé et soit F un sous-espace vectoriel de E de dimension finie.
Soit n sa dimension et soit (e1 , . . . , en ) une base de F .
1. Montrer que k · k induit par restriction une norme k · kF sur l’espace vectoriel F .
2. Montrer que l’application définie sur F par
n
X
N: xi ei 7→ max |xi |
i=1...n
i=1

est une norme sur F , équivalente à la norme k · kF .


3. Montrer que (F, k · kF ) est complet.
On a donc montré que tout sous-espace vectoriel de dimension finie d’un espace vectoriel normé est
complet.
4. Montrer que F est fermé pour la norme k · kF .

Solution .
1. Toutes les propriétés d’une norme sont vérifiées a fortiori pour des éléments de F puisque ce sont
également des éléments de E. k · k induit donc par restriction une norme k · kF sur l’espace vectoriel F .
2. La démonstration du fait que N est une norme est rigoureusement la même que pour la norme k · k∞
sur Rn , qui est faite dans le cours. Je ne la redonne donc pas ici.
Le fait que les normes k · kF et N sont équivalentes vient du fait que F est de dimension finie, donc
toutes les normes sur F sont équivalentes. On remarque au passage (et c’est fondamental !) que ce
résultat n’utilise pas le résultat que l’on cherche à démontrer ici.
3. D’après la question précédente, il suffit de démontrer que (F, N ) est complet. Soit (xk )k∈N une suite
Pk
de Cauchy pour la norme N d’éléments de F . Ecrivons pour tout k, xk = i=1 xki ei . Fixons un entier i
tel que 1 ≤ i ≤ n. Pour tous p, q ∈ N,
|xpi − xqi | ≤ N (xp − xq ) → 0
lorsque p, q → +∞. La suite (xki )k∈N est donc de Cauchy dans (R, | · |) qui est complet, elle converge vers
un certain xi ∈ R. Alors (xk ) converge pour la norme N vers l’élément x = ki=1 xi ei de F , car
P

N (xk − x) = max |xki − xi |


i=1...n

2
converge vers 0 lorsque k → +∞, chacune des n suites (|xki − xi |)k∈N convergeant vers 0 lorsque k → +∞.
Toute suite de Cauchy d’éléments de (F, N ) converge dans F : (F, N ) est complet, ce qui termine la
preuve.
Remarque : il s’agit de la même preuve que celle du fait que (Rn , k · k∞ ) est complet.
4. Tout espace complet est fermé, ce qui est donc le cas de (F, k · kF ).

Soit E l’espace vectoriel des fonctions continues sur R, à valeurs réelles, et ayant pour limite 0 en ±∞.
1. Montrer que k · k∞ est une norme sur E.
2. Montrer que (E, k · k∞ ) est complet.

Solution .
1. L’espace vectoriel E est inclus dans l’espace vectoriel X des fonctions continues bornées définies sur R
à valeurs réelles, car toute fonction continue sur R ayant une limite finie en ±∞ est bornée. L’application
k · k∞ définit une norme sur X, et donc, par restriction, sur E.
2. Soit (fn )n∈N une suite de Cauchy d’éléments de E pour la norme infini. Pour tous p, q ∈ N et tout
x ∈ R,
|fp (x) − fq (x)| ≤ kfp − fq k∞ → 0
lorsque p et q tendent vers +∞. En particulier, pour tout x ∈ R, (fn (x)) est une suite de Cauchy de réels.
Par complétude de R, on en déduit que (fn (x)) converge lorsque n → +∞, pour tout x ∈ R. Notons f (x)
sa limite.
Montrons que fn → f uniformément lorsque n → +∞. Soit ε > 0 fixé. Il existe p0 ∈ N tel que pour
tous p, q ≥ p0 , et tout x ∈ R, |fp (x) − fq (x)| < ε. Lorsque q tend vers +∞, on en déduit que pour tout
p ≥ p0 , et tout x ∈ R, |fp (x) − f (x)| < ε. Ceci prouve l’affirmation. En particulier, f est continue comme
limite uniforme de fonctions continues. Reste seulement à prouver que f a pour limite 0 en ±∞.
Soit ε > 0 fixé. Il existe d’après ce qui précède un entier p tel que pour tout x ∈ R, |fp (x) − f (x)| < ε,
et donc
|f (x)| ≤ |fp (x) − f (x)| + |fp (x)| < ε + |fp (x)|.
Mais fp (x) → 0 lorsque x tend vers ±∞, donc il existe A > 0 tel que pour tout x vérifiant |x| ≥ A, on a
|fp (x)| < ε. On en déduit que pour tout x tel que |x| ≥ A,

|f (x)| < 2ε.

Ceci prouve le résultat. On a donc montré que (fn ) converge au sens de la norme k · k∞ vers une fonction
f ∈ E : (E, k · k∞ ) est complet.

Soit X un ensemble, et soit X N l’ensemble des suites à valeurs dans X. Pour x = (xn )n∈N et y = (yn )n∈N
dans X N , on définit
(
1
où N = min{n ∈ N; xn 6= yn } si ce minimum existe,
d(x, y) = N +1
0 sinon.

Montrer que (X N , d) est un espace métrique complet.

Solution . Montrons que d est une distance. Tout d’abord d est clairement positive et symétrique. De
plus pour x = (xn )n∈N et y = (yn )n∈N dans X N , d(x, y) = 0 si et seulement si

A = {n ∈ N; xn 6= yn }

n’a pas de minimum. Cet ensemble étant un sous-ensemble de N, ceci équivaut au fait que A = ∅, c’est-à-
dire x = y. Montrons enfin l’inégalité triangulaire : pour x = (xn )n∈N , y = (yn )n∈N et z = (zn )n∈N dans
X N , montrons que
d(x, y) ≤ d(x, z) + d(z, y).

3
Cette relation est évidemment vraie si deux des trois éléments x, y, z sont égaux. On peut donc supposer
que x, y, z sont deux à deux distincts. Soient donc

Nx,y = min{n ∈ N; xn 6= yn }, Nx,z = min{n ∈ N; xn 6= zn }, Nz,y = min{n ∈ N; zn 6= yn }

de sorte que d(x, y) = 1/(Nx,y + 1), d(x, z) = 1/(Nx,z + 1), d(z, y) = 1/(Nz,y + 1).
Pour tout n ∈ N tel que n ≤ Nx,z − 1 et n ≤ Nz,y − 1, on a xn = zn et zn = yn , et donc xn = yn . On
en déduit que
Nx,y ≥ min{Nx,z , Nz,y },
et en particulier
 
1 1 1 1 1
≤ max , ≤ + .
Nx,y + 1 Nx,z + 1 Nz,y + 1 Nx,z + 1 Nz,y + 1

Ceci signifie effectivement que


d(x, y) ≤ d(x, z) + d(z, y).
N
d est donc bien une distance sur X .
Montrons que (X N , d) est complet : soit (xp )p∈N une suite de Cauchy d’éléments de X N : pour tout
p, on écrit xp = (xpn )n∈N où xpn ∈ X pour tous n et p. On remarque tout d’abord que pour x = (xn )n∈N
et y = (yn )n∈N dans X N et ε < 1,
1
d(x, y) < ε ⇒ ∀n ≤ − 1, xn = yn .
ε
Or par définition d’une suite de Cauchy, pour tout k ∈ N, il existe pk ∈ N tel que pour tout p, q ≥ pk ,
1
d(xp , xq ) < ,
k+1
et donc pour tout p, q ≥ pk , pour tout n ≤ k, xpn = xqn . Définissons alors pour tout n ≤ k, xn = xpnk .
L’argument précédent montre que xn est bien défini, c’est-à-dire ne dépend pas de k ≥ n. De plus pour
tout p ≥ pk , et tout entier n ≤ k, on a xpn = xpnk = xn . Par définition de d, on en déduit que pour tout
p ≥ pk ,
1
d(xp , x) < .
k+1
Ceci montre que xp → x ∈ X N au sens de la distance d lorsque p → +∞, et donc toute suite de Cauchy
(pour la distance d) d’éléments de X N converge dans X N : (X N , d) est complet.

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