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PLASTICITÉ
Catherine Malabou
S.E.R. | « Études »
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Souffrance cérébrale,
souffrance psychique
et plasticité
Catherine M alabou
Études – 14, rue d’Assas – 75006 Paris – Avril 2011 – n° 4144 487
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servitude humaine ».
Spinoza ne semble-t-il pas admettre ici cette sorte de
fin qui n’est pas la mort mais correspond au changement
radical de personnalité, lié à une mystérieuse métamorphose
du corps et des affects ? Il y aurait une mutation destructrice
qui ne serait pas la transformation du corps en un cadavre,
mais la transformation du corps en un autre corps dans le
même corps, le surgissement d’un corps étranger à même le
corps d’origine. Dans Spinoza et le problème de l’expression,
Deleuze semble bien admettre une telle possibilité :
« Croissance, vieillissement, maladie : nous avons peine à
reconnaître un même individu. Et encore, est-ce bien le
même individu ? Ces changements, insensibles ou brusques,
dans le rapport qui caractérise un corps, nous les constatons
aussi dans son pouvoir d’être affecté, comme si pouvoir et
rapport jouissaient d’une marge, d’une limite dans laquelle
ils se forment et se déforment.15 » Comment caractériser 15. Gilles Deleuze, Spinoza
davantage cette marge de formation et de déformation de et le problème de l’expres-
sion, Editions de Minuit,
l’identité ? C’est bien le mot de plasticité que nous attendons 1969, p. 202.
ici, qui désigne précisément ce pouvoir de changement de
l’identité. Un changement qui peut prendre des proportions
telles qu’il est comparable à une forme de mort. L’individu
pourrait donc bien être soumis, sous l’effet d’une certaine
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plastiquage de toute identité possible.
rev
Les discours neurobiologique et psychanalytique www
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Catherine Malabou
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